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i N à LI NOTE Suit LA FORMULE SancL sedis apostolim grati episcopus DANS LES DIPLOMES DES ÉVÊQUES DORLÉANS PAR JULES DOINEL ancien Élève pensionnaire de l'école des Chartes, Archiviste du Loiret. - ORLÉANS IMP DE PUGET ET &, RUE VIEILLE-POTERIE 9. 1875. -' - I

Suit LA FORMULEbibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fe02d11c...jadis abbé de Saicit-Mesmin. Il vivait au U siècle. lia pour suscription: Ernientheus hurni.11s Aure/ianorum

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i Nà

LI

NOTE

Suit

LA FORMULESancL sedis apostolim grati episcopus

DANS LES

DIPLOMES DES ÉVÊQUES DORLÉANS

PAR

JULES DOINEL

ancien Élève pensionnaire de l'école des Chartes,Archiviste du Loiret.

- ORLÉANSIMP DE PUGET ET &, RUE VIEILLE-POTERIE 9.

1875.

-' -

I

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PPN 421SC131-*4O

NOTE SUR LA FORMULE

« Sanotœ sedis apostoliam grati& episcopus.

DANS LES

DIPLOMES DES ÉVÉQUES D'ORLÉANS,

s

Un savant archiviste, M.. d'A.rbois de Ju-hainville, fait observer que la formuleEvéqvs par la grâce du saint siège aposto-lique, « n'est pas de date tellement anciennequ'on ne puisse fixer l'époque oà elle a com-mencé à être usitée en Franco (1). »

A. l'aide des chartes épiscopales que ren-ferment les archives du Loiret, il est aisé dedéterminer le moment où elle s'est intro-duite dans ce diocèse.

On no prétend traiter ici qu'an point res-treint de la question, le point d'éruditionpure; car, bien que l'on soit persuadé queles évêques tirent leur pouvoir i mmédiate-ment de Jésus-Christ (2) (les formules an-ciennes ne laissant aucun doute sur-cetteopinion), cependant il ne conviendrait pas àun simple laïque d'aborder le terrain de ladiscussion sacrée.

(U Bibliothèque dol'Ecolo des chartes. Tome XXXII,. 84. 1871.(2) Posuit nos episcopos regere cccicsiam Dei,

dit itapôtre saint Faut.

Document

V I Il I Il III VOMI liii D IDt0000005547937

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C'est d'ailleurs un fait reconnu que lesplus anciens exemples de la formule qui faitl'objet de cette note, ne remontent en France,qu'au quatorzième siècle. Elle ne devint quepeu à peu d'un usage universel, dit M. d'Ar-bois de Jubainville (1).

C'est un fait reconnu également, que laconfirmation de l'élection des évêques, par lepape, n'était pas originairement nécessaire.Le souverain-pontife n'intervenait en qua-IiU de juge que si la validité de cette élec-tion était contestée.

Une législation nouvelle, en contradictionavec les usages de la vénérable antiquité,s'établit sous les papes Innocent 111, Gré-gaire X et Nicolas III (2). La formule incon-nue à nos pèreà naquit de cette réglementa-lion. Le concordat de 1516 ayant supprimées élections qu'il - remplaça par la nomina-

tion royale, la formule prit plus d'extensionencore, et l'on peut dire avec notre confrèrequ'en France elle paraît destinée à rappelerqué l'évêque a reçu la bulle papale exigéepar la décrétale de 1274, dont les disposi-tions ont été maintenues par le - concordatde 1516 et par celui de 1802(3).

Les évêques d'Orléans n'admirent quetrès-tard, d'une manière définitive, l'expres-sion: Gratiâ sancice sedis apostolicœ epis-copus.

(1) Ibid. p. 85.(2) 1215, 1274, 1278.(3) Ibidem, p. 87.-

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On ne la rencontre dans leurs diplômesqu'à partir du XVI° siècle. Notons une ex-ception toutefois. Jean 1V qui occupa lesiège épiscopal, entre 13443 et 1354, employadeux fois, à notre connaissance, la formuleCratiâ sanclœ sedis; une première foisen 1351, dans une charte de donation (1);une seconde fuis en 1353 (2), dans un actedu 17 février. Mais en cette même année1353, l'évêque Jean IV reprit la formuleusuelle: Miseratione dlvina (3).

Cette expression par la grâce du saintsiége apostolique qui, suivant la remarque'le M. de \Vailly(4), devint ordinaire enFrance dans le cours du XIV' siècle, ne de-vint habituelle dans le style de nos évêquesd'Orléans, que dans le cours du XVIO.C'est ce que l'on va démontrer avec l'aide destextes:

A glus tout d'abord s'offre à nous, A glus,dont la chancellerie nous a laissé une charteprécieuse, deux fois sauvée du naufrage, etl'honneur de nos bellesarchives (5). 0e grandévêque du neuvième siècle emploie la for-mule suivante :EgoAglus nullisproeceden-

(1) A. D. Fonde Sainte-croix. Donation do LaChevrière.

(2) Même fonds.(3) J'r juin 1353.-t) Elérnents

dé paldoQrap1ie, tome I, p. 148.

(c) M. Bouclier dé lUolandon ii publié sur la chartedAgius, un trôR-beau travail dans le tome 1711 (leSAidmoires cc la Socidld orchduloqigve d'Orldan-.C'est un modèle de discussion et de critique ttisl.oi,irIucs.

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iWus (mcritis) sed sola graluila Dei tn'i-scratione Aurelianensis civilatis episco-pus (1). Ce sola graluita n'est pas sansquelque intérêt et vaut la reine qu'on. s'yarrête. Qu'aurait-on dit auXVIIe siècle, quodirait-on encore aujourd'hui d'un prélat quis'intitulerait Evêque par la seule gratuitemiséricorde de Dieu? Et cependant voilà lelangage de Pantiquité; nous entendons lavoix de la tradition. Ce qui n'empêchait pas,du reste, le saint pontife Agiusd'être, commeil le devait, en communion parfaite avec leSaint-Siége, centre de l'unité alors commemaintenant.

Poursuivons. Voici I'évèque Ermentizée,,jadis abbé de Saicit-Mesmin. Il vivait auU siècle. lia pour suscription: Ernientheushurni.11s Aure/ianorum rpiscopus (2).

Cette formule et celle d'Agïus sont lesdeux plus anciennes qu'il soit possible ac-tuellement de fournir aux lecteurs. Mais ellessupposent des formules antérieures et ser-ventde chaînon entre l'antiquité et lemoyen-

Saint Tijeodoric II. dans un diplôme de016, est dit Telzodericus. Aurelianorum

cpiscopus (3). Le témoignage qu'il nous ap-puY-te, dans la brève et concise éloquence de

(I) Moi Agius, évêque de la cité d'Orléans, sansmérites precedents de ma part, mais par la seule et1jfltuite miséricorde de Dieu,

(2)Ermenthéc, humble éQque d'Oilêans.(3)Théoderie, évêque d'Orléans.

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sa formule, est le témoignage d'un saint. Ila donc une double valeur.

Son successeur, Odoiric de Broyes, s'inti-tûle, dans une charte de 1027 : Odoirtcus.gratta Dei liumitis AurcUanorunz epis-copus (1).

Arnoul II, quatrième évêque après Odol-ric, nous a laissé une formule analogue:Arnulfus Dei gratta sancte Auretianensisecclesle episcopus (2). Jean L qui succéda àArnoul IJ, nous a légué cinq diplômes lepremier de 1115, le dernier de 1129. Danscelui de 1115, il se nomme: (3) Ioltannessc-cundus gratta Dei Aureltanensium e'plsco-pus: dans celui de 1122: Aurclianorumepiscopus; dans celui de 1123: Auretianen-sium episcopus; dans ceux de 1127 et 1129Aurelianensis episcopus.

Les actes de Manasses J de Garlande,sont moins rares dans nos archives. Nous enpossédons xieur, de 1148 à 1176. Cet évêqueavarié dans la formule de ses suscriptions;mais ces variations ne touchent pas ausens. En 1148 et en 1166, il se dit: Manas-

(I) Odoirie, parla grâce de Dieu, humble évêqued'Orléans.

(2) Arnoul, par la grâce de Dieu, évêque de lasainte Eglise d'Orléans. - Nous n'avons pas men-tionné une charte d'lscmbard de Broyes, successeurd'Odolric, parce que nous n'en poseérlons pasle texteauthentique. Néanmoins on peut se fier a la GauiaChristiana qui la reproduis. (I'ome VIII, col. 494.)Isembard y est dit: Paflor datifs ceclesic Aurelia-tien-si.

(3) Jean Il, parla grâce do Dieu, évêque d'Orléans.

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ses Dci gratta Aurelianensis ecclesic itumi-lis rnintster). En 1151,11 s'intitule: Ma-nasses Dei gratia Aurgliancnsiurn episco-pus. Cette formule, moins le : Dci gratta,revient en 1156 et 1176; seulement, Aurelia-nensium fait place à: Aurelianensis eccle-sic. 1153 nous présente une formule parti-culière : Manasses, Dei pennissione, viclo-riosissirne crucis ecclesie n?inister izurni-lis (2). En 1167, l'évêque se dit: Manassis,Dei pernissione, Aurelianensis ecclesic mc-mills'minister. Enfin, en 1167 et 1171, iladopte cette expression: Mantisses, Delper-missione, Aurelianensfs ecclesie clictusepiscopus (3). Pour la première fois, le motde 9ninister se rencontre dans le style de lachancellerie de Manassès 1. Pour la pre-mière fois aussi, nous trouvons Je texteDei pennissione. Désormais ce dernier seraemplbyé fréquemment (4).

L'évêque Henri I de Dreux, dont nouspossédons dix diplômes, s'intitule dans lesdix (5) : Henricus, Dei gratta, AV.retlanen-sis episcopus.

(1) Manassè, par la permission de Dieu, humbleministre de l'Egl,se de la très-victorieuse Croix.

(2) Manassès, par la grâce de Dieu, humble minis-tre de I'Eglise d'Orléans.

(3) Manassès, par la permission de Dieu, dit évêqued'Orlèaos.

(4) Dans une charte de 1146, citée par la Galtia,(tome VIII, col. 506) Mansssès t est dit évêque par lapatience de Dieu. Dei patientia.

t5) Hem,, par la grâce de Dieu, évêque d'Orléans.Chartes de 1189 à 1197.

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L'évêque Hugues I de Garlande, a deuxformules. La première, qu'il emploie en194, 1200, 1201, 1202, 1203. 1204 et 120G

est celle-ci Ilugo, Dci grùtia. Aurclianen-sis episcopus. C'est la formule ordinaire,celle de fleuri J. Mais en 1204, dans une let-tre adressée au roi de France, Hugues senomme Hugo, Dei permissione. Aurelia-nensis Ecclesle minister lzumilts. C'est laformule de Manassès I, de 1137.

Manassês 11 de Seignelay (notre dépôtpossède beaucoup de chartes de cet évêque),use toujours de la même formule ManasLses, Del gratia, A urelianensis episco -pus (1).

,Philippe Ide ,Touy (2), a deux formulePliilippus, Dcl gratta, Aurellanensis epis-copus; et Pllillppus, permissione divina,Aurellanensis episeopus. Cette dernière, àpartir de 1233.

Philippe flBentyer (3), emploie les mê-mes formules que son prédécesseur; seule-ment il change per;nissione divina en di-vina permissione.

Guillaume lac Bucy, outre l'expressionDei gratta. Aurelianensis episcopus, qu'on

(1) Manassès, parla grâce (le Dieu, évêque d'Or-léans. —• Dans las chartes de la Gatlic, le terme Ski

esgratin t une fois supprimé (Tome VIII, col. 52).(2) 1221, 1234 &)(3) Dans une charte de la Galtia (t. VIII, col. 532),

il se dit electus .fluturicensis,— Etu de Jiourpes.On sait en effet qu'il fatarchevêquc de Bourges en 1236.

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trouve dans ses diplômes de 1239, 1249,1253, 1254, 1255, employa celte de: Ouiller-mus, dft'fnapermissione, en 1240; et cellede: divina miseratlone (1), en 1242, 1243,1245, 1247, 1249, 1257.

Ce terme : divina miserationc, remonteccmme on a pu le voir au grand Agios.

Rôbert de Courtenay, emploie indifférem-ment : Miseratione ilivina, et : Divina mt-seratione. En 1262,11 se sert de: Dcl gratiû.

Gilles Patay, dont nous possédons deuxtitres, use de: Dei grtitia, et de : Permis-sione cilvina.

Pierre if de Mornay, préfère : Misera-tione divina.

Ber11zol ou Bertand de Saint-Denis, s'in-titule : Bertriudus, miseratione divina,aurelianensis episcopus, dans un actede 1303. Dans son testament, daté de 1306, ilse dit : Per;nitlente Deo, vocatus aurelia-nensis episcopus (2).

Avec Bertaud, nous sommes entré dansle Xjyo siècle.

L'évêque Raout Orosparn1i (3). dans sesdernières volontés, en 1:307, est dit: Misera-houe divina aureiianensls episcopus.

(1)Par la miséricorde divine,(2)Dieu le permettant, évêque d'orléans.(8) Et non Giospain. Lui-môme s'intitule quelquepari : Graz parmi.

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- Il -Milon de CJiaiily emploie le même texte,

ainsi que le bienheureux Roger le Fort,en 1323.

Jusqu'à présent le droit nouveau n'a pasforcé la. barrière. Le bienheureux Roger,lui-même, n'a pas mis à exécution la décré-tale de 1274.

Jean III -de Con/la.ns, se sert en 1330, duterme: Dei gratia; en 1334, du termePerniissione dftina en 1338, du termeMiseratione divina.

Nous rencontrons effila Jean IV. Jean IVva innover, niais il retournera bientôt auxerrements de ses prédécesseurs. En 1346,dans une charte française il appelle : Je-han, par la grâce de Dieu, evesquc d'Or-léans. En 1348, dans une pièce latine, il senomme tniserattone alvina, AureHanensisepiseopus. Et voilà que nous sommes toutsurpriade vcirdansune charte du4 août l35l,cette formule Johannes, Dei ct Apostoticesedis gratta, episcopus Aurclianensis (1).Notre étonnement augmente quand aprèsavoir vu cette formule persister jusqu'au 7février 1353 (2), nous la voyons disparaî-tre dès le W juin de la même année (3). 11 ya dans cette double coïncidence une énigmeque nous allons essayer d'expliquer. Le bon

(1)Voir pilla haut,(2) Item, Lettre aux confrères de N.-D. et de Saint-Vrais du Martroy.() L'ancien miseratione cHyme la remplace.

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Symphorien Guyon (1) nous donne, ce noussemble, la clef de la difficulté; et cela, sansmalice, dans une toute petite ligne, un en-trefilet comme l'on dirait de nos jours,Jean IV, qu'il appelle Jean VI, était en dif-férend avec le chapitre de Sainte-Croix, ausujet (les réparations à faire à l'église cathé-drale- L'évêque était à court d'argent et serefusait à payer. Or, le différend ne fut ter-miné qu'en 1365. De 1351 à 135, l'évêqueest dans un grand embarras pécuniaire hcause, dit Guyon « des grandes sommes dedeniers qui estoient deiies par cet evesqucau sainct siége npotolique. » La cour ro-maine ne le contraignit à payerqu'en 1353(2).En 1353, le pape s'appelait Innocent VI,homme énergique et juste; mais comme leremarquent les Bénédictins, indulgent pourses parents qu'il combla de faveur. Jean 1V,fort gêné, adopta une formule agréable nuaint-siége et que ses prédécesseurs avaient

repoussée, tant qu'il espéra que la cour ro-maine lui donnerait du répit pour ses paie-ments. La formule plaisait à Innocent VI;niais moins patient que son prédécesseurClément VI, ce pape insista pour avoir l'ar-gent qui lui plaisait aussi parce qu'il enavait besoin. L'évêque d'Orléans paya, soi-vii, dit la Cailla; mais il biffa la formule.

On ne donne cette explication que commeplausible et très-probable, en attendant une

(I) Histoire, tome Il, p. 115. Edit, de 1&'O, in- folio-(2) Voir la Gailia (tome VIII. ce!. 1474).

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solution meilleure cl appuyée sur des faitsxnieuf établis et inabordables à la conjec-turc.

En somme le fait est là. Nous savons pardes chartes authentiques que Jean IV a em-ployé le premier la formule nouvelle, etqu'il la rejetée après deux années d'usage.Elle né présente qu'un incident et non unerègle dans la chancellerie épicop&e d'Or-léans. On ne peut donc arguer des deux di-plômes de Jean IV pour établirson antiquitérelative. C'est ce qu'il importe de bien ob-Eerver.

Jean V se servit cia : *niseratione divina;Hugues 11, du : permissione divinaJean VI: du iniseratione divina.

Foulques 114€ Cizenac imita Jean VI. -

Guy de Prunelap employa en 1410 cettemême formule. En 1425, il la remplaça parle: Dei gratid (D

Pierre III Bureau, en 1450; 77zibaudd'Aussigny, en 1459 (2); François I de Bril-hac de 1477 à 1505, usèrent de la formuleantique: mlscraUone divina. En 1505,François I se dit, dans une pièce française:Evêque par ta permission divine.

Ainsi nous sommes en plein XVIe siècle etnos évêques d'Orléans, fidèles à cette tradi-

(1) Dans son testament.(2) Theobaidus, miecratione divina Atretianefl-

sis episcopus.

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lion qui remonte aux premiers pasteurs,ri'ontpas encore ,dopté la nouvelle formule ; etdepuis 1274, cette formule s'imose à euxsans qu'ils l'aient subie. Pouvaient-ils direplus clairement qu'ils tenaient, de Jésus-Christ seul leur juridiction sainte?•:

Voici encore deux pontifes : Christophede Brilliac et Germain I dé aannay. Tousdeux se proclament évêques par ta permis-sion divine (1).

En 1525, enfin, nous rencontrons Jean d'Or-léans. II se dit: Joannes. .Dei et sancte sedisapostolice gratia episeopus aurelianensis.Ce texte n'est pas manuscrit (2). Encore)cette formule n'est-elle pas définitivementacceptée; puisque, dans un acte français dumême prélat, de l'année 1529, nous lisons:Jeltan OEOrlans,parla permission divine,arcevesque de Tolouze et eves que d'Or-léans.

François II de Faucon et Jean XI deMorviltiers semblent avoir adopté la for-mule romaine (3).

Jean XII de t'Aut'esjlne la met de côté,du moins dans les actes que nous avons puvoir. En 1589, il s'intitule : bannes dei'Àuôespine, miseratione divina, aurelia-nensis episcbpus. En 1593, 11 se dit : Jeizan

(1) 1501 et 1516.(2) 11 et tiré des Ordinations synodales, impri-

mees chez O?. Chevasson, Paris, 1525.(3) 1550 et 1552.

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de lAubespine, par permission divine,evesque d'Orléans.

Nous quittons le XVI 0 siècle ; nous voicidans le XVII'. Désormais, plus d'hésitation,nos évêques adoptent et d'une façon perma-nente l'expression: Par la gr4ce du saintsidge apostolique.•tTourà-tour (I), Gabriel de l'Anbespine,en 1624 et 1629; Nicolas de 'Nets, de 1631 à1643; Pierre du Cambout de Coislin,ten1692; Louis-Gaston Fleurlau d'Armenon-ville, en 1715; Louis-Joseph de Mont7no-rend-Lavai, en 1755; et Louis Secctius de/arente dçLa Bruyère, en 1780, emploientla formule désormais consacrée par l'usage.

Pour résumer, disons que la formule qui'fait le sujet (le cette note, si elle a un Mo-ment apparu dans notre style épiscopal au

• XIV° siècle, si elle a reparu au XVI° avecplus de persistaice, ife'.s'est définitivementintroduite chez les 4vêTites d'Orléans, qu'auXVII", et que l'évêque de Montpellier, jeGi'and Colbert, comme on disait dans lecamp janséniste, n'innovait pas le moins dumondé, lorsqu'il rétablissait la formule -par la permission divine - en tête de sesmandements. Notre ÀgiusMllait pins loinencore, lui qui y joignait les épithètes desola et gratuita.

(I) En 1629, au lieu de : gratia sanctw sedis, l'è-vquo mot autiioritate, par l'autorité.

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t. • e*

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Disons aussi qu'il est bon de respecterl'usage actuel, et que d'ailleurs l'emploi dela formule romaine n'enlève rie

1. droitssacrés de nos prélats, à ceux surtout de no-

tre grand évêque; comme la suppression detcette même formule ne porterait atteints enfin à notre amour et à notre respect -pourle chef de 1'Eglise Càiholique.

.e'JULES DOINEL,

è -ancien élève pensionnaire de l'Ecole -des Chartes. archiviste die Loiret.

s*. t

Extrit du Journal RtLoiret, du 18 juin l85.

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