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Guidelines SFGM Suivi et prise en charge des troubles endocriniens en post-greffe de cellules souches he ´matopoı¨e ´ tiques : dyslipide ´ mie et thyropathie Management of endocrine dysfunctions after allogeneic hematopoietic stem cell transplantation: A report of the SFGM-TC on dyslipidemia and thyroid disorders J. Cornillon a , M.-C. Vantyghem b , M.A. Couturier c , E. de Berranger d , S. Franc ¸ois e , E. Hermet f , N. Maillard g , A. Marcais h , R. Tabrizi i , C. Decanter j , R. Dule ´ry k , F. Bauters k , I. Yakoub-Agha k, * a Service d’he ´matologie adulte, institut de cance ´rologie de la Loire, 108 bis, avenue Albert-Raimond, Saint-Priest-en-Jarez, France b Service d’endocrinologie, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France c Service d’he ´matologie, hoˆpital Morvan, CHU de Brest, 2, avenue Foch, 29609 Brest cedex, France d Service de pe ´diatrie et he ´matologie, ho ˆpital Jeanne-de-Flandre, CHRU de Lille, rue Euge `ne-Avine ´e, 59037 Lille cedex, France e Service des maladies du sang, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49033 Angers cedex 2, France f Service d’he ´matologie clinique adultes et de the ´rapie cellulaire, ho ˆpital Estaing, CHU de Clermont-Ferrand, 1, place Lucie-Aubrac, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, France g Service d’he ´matologie et de the ´rapie cellulaire, CHU de la Mile ´trie, 2, rue de la Mile ´trie, 86021 Poitiers cedex, France h Service d’he ´matologie adulte, hoˆpital Necker, 149, rue de Se `vres, 75473 Paris cedex 15, France i Service des maladies du Sang, Haut Leveˆque, groupe hospitalier sud, CHU de Bordeaux, avenue de Magellan, 33604 Pessac, France j Service de gyne ´cologie endocrinienne et me ´decine de la reproduction, ho ˆpital Jeanne-de-Flandre, CHRU de Lille, rue Euge `ne-Avine ´e, 59037 Lille cedex, France k Service des maladies du sang, EA 2686, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France 1. Dyslipide ´ mies Me ˆme apre `s l’interruption d’une immunosuppression, les malades allogreffe ´s semblent pre ´ senter un risque accru de diabe `te et d’hypertension arte ´ rielle compare ´s a ` leur fratrie. Les e ´ tudes dans ce domaine ont comporte ´ un ajustement pour l’a ˆge et le sexe et sont inde ´ pendantes de l’obe ´ site ´. Le syndrome me ´ tabolique Pathologie Biologie 61 (2013) 168–170 I N F O A R T I C L E Historique de l’article : Rec ¸u le 12 juin 2013 Accepte ´ le 19 juillet 2013 Mots cle ´s : Allogreffe de cellules souches he ´matopoı¨e ´ tiques Troubles me ´ taboliques Dyslipide ´ mie Thyropathie Keywords: Allogeneic stem cell transplantation Guideline Metabolic dysfunction Dyslipidemia Thyroid disorders R E ´ S U M E ´ Dans une de ´ marche qui vise a ` uniformiser la prise en charge des malades faisant l’objet d’une allogreffe de cellules souches he ´matopoı¨e ´ tiques, la socie ´te ´ franc ¸aise de greffe de moelle et de the ´ rapie cellulaire (SFGM-TC) a organise ´ les troisie ` mes ateliers d’harmonisation des pratiques en octobre 2012 a ` Lille. Le but de ces ateliers e ´ tait de trouver un terrain d’entente entre les centres qui le souhaitent dans les domaines ou ` la litte ´ rature ne fournit pas de re ´ ponses incontestables et consensuelles. Dans cet atelier nous abordons la prise en charge la dyslipide ´ mie et des troubles thyroı¨diens apre `s allogreffe de cellules souches he ´matopoı¨e ´ tiques. ß 2013 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. A B S T R A C T In the attempt to harmonize clinical practices between different French transplantation centers, the French Society of Bone Marrow Transplantation and Cell Therapy (SFGM-TC) set up the third annual series of workshops which brought together practitioners from all member centers and took place in October 2012 in Lille. Here we report our results and recommendations regarding the management of short and long-term endocrine dysfunction following allogeneic stem cell transplantation. The key aim of this workshop was to give an overview on dyslipidemia and thyroid disorders post-transplant. ß 2013 Published by Elsevier Masson SAS. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (I. Yakoub-Agha). Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com 0369-8114/$ see front matter ß 2013 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.patbio.2013.07.010

Suivi et prise en charge des troubles endocriniens en post-greffe de cellules souches hématopoïétiques : dyslipidémie et thyropathie

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Page 1: Suivi et prise en charge des troubles endocriniens en post-greffe de cellules souches hématopoïétiques : dyslipidémie et thyropathie

Pathologie Biologie 61 (2013) 168–170

Guidelines SFGM

Suivi et prise en charge des troubles endocriniens en post-greffe decellules souches hematopoıetiques : dyslipidemie et thyropathie

Management of endocrine dysfunctions after allogeneic hematopoietic stem cell

transplantation: A report of the SFGM-TC on dyslipidemia and thyroid disorders

J. Cornillon a, M.-C. Vantyghem b, M.A. Couturier c, E. de Berranger d, S. Francois e,E. Hermet f, N. Maillard g, A. Marcais h, R. Tabrizi i, C. Decanter j, R. Dulery k,F. Bauters k, I. Yakoub-Agha k,*a Service d’hematologie adulte, institut de cancerologie de la Loire, 108 bis, avenue Albert-Raimond, Saint-Priest-en-Jarez, Franceb Service d’endocrinologie, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, Francec Service d’hematologie, hopital Morvan, CHU de Brest, 2, avenue Foch, 29609 Brest cedex, Franced Service de pediatrie et hematologie, hopital Jeanne-de-Flandre, CHRU de Lille, rue Eugene-Avinee, 59037 Lille cedex, Francee Service des maladies du sang, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49033 Angers cedex 2, Francef Service d’hematologie clinique adultes et de therapie cellulaire, hopital Estaing, CHU de Clermont-Ferrand, 1, place Lucie-Aubrac, 63003 Clermont-Ferrand

cedex 1, Franceg Service d’hematologie et de therapie cellulaire, CHU de la Miletrie, 2, rue de la Miletrie, 86021 Poitiers cedex, Franceh Service d’hematologie adulte, hopital Necker, 149, rue de Sevres, 75473 Paris cedex 15, Francei Service des maladies du Sang, Haut Leveque, groupe hospitalier sud, CHU de Bordeaux, avenue de Magellan, 33604 Pessac, Francej Service de gynecologie endocrinienne et medecine de la reproduction, hopital Jeanne-de-Flandre, CHRU de Lille, rue Eugene-Avinee, 59037 Lille cedex, Francek Service des maladies du sang, EA 2686, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59037 Lille cedex, France

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article :

Recu le 12 juin 2013

Accepte le 19 juillet 2013

Mots cles :

Allogreffe de cellules souches

hematopoıetiques

Troubles metaboliques

Dyslipidemie

Thyropathie

Keywords:

Allogeneic stem cell transplantation

Guideline

Metabolic dysfunction

Dyslipidemia

Thyroid disorders

R E S U M E

Dans une demarche qui vise a uniformiser la prise en charge des malades faisant l’objet d’une allogreffe

de cellules souches hematopoıetiques, la societe francaise de greffe de moelle et de therapie cellulaire

(SFGM-TC) a organise les troisiemes ateliers d’harmonisation des pratiques en octobre 2012 a Lille. Le

but de ces ateliers etait de trouver un terrain d’entente entre les centres qui le souhaitent dans les

domaines ou la litterature ne fournit pas de reponses incontestables et consensuelles. Dans cet atelier

nous abordons la prise en charge la dyslipidemie et des troubles thyroıdiens apres allogreffe de cellules

souches hematopoıetiques.

� 2013 Publie par Elsevier Masson SAS.

A B S T R A C T

In the attempt to harmonize clinical practices between different French transplantation centers, the

French Society of Bone Marrow Transplantation and Cell Therapy (SFGM-TC) set up the third annual

series of workshops which brought together practitioners from all member centers and took place in

October 2012 in Lille. Here we report our results and recommendations regarding the management of

short and long-term endocrine dysfunction following allogeneic stem cell transplantation. The key aim

of this workshop was to give an overview on dyslipidemia and thyroid disorders post-transplant.

� 2013 Published by Elsevier Masson SAS.

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (I. Yakoub-Agha).

0369-8114/$ – see front matter � 2013 Publie par Elsevier Masson SAS.

http://dx.doi.org/10.1016/j.patbio.2013.07.010

1. Dyslipidemies

Meme apres l’interruption d’une immunosuppression, lesmalades allogreffes semblent presenter un risque accru de diabeteet d’hypertension arterielle compares a leur fratrie. Les etudes dansce domaine ont comporte un ajustement pour l’age et le sexeet sont independantes de l’obesite. Le syndrome metabolique

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post-transplantation associe, outre une resistance a l’insuline et unetat pro-thrombotique ou inflammatoire, une dyslipidemie, unehypertension arterielle et une repartition abdomino-viscerale dutissu adipeux. Il constitue un facteur de maladie cardiovasculaireprecoce. Il entraıne progressivement un diabete de type 2 et desrisques de maladies cardiovasculaires sur atherosclerose. L’inci-dence de ces complications varie en fonction des etudes. Selon unerevue recente, elle varie de 30 a pres de 50 % dans les cinq ans quisuivent la greffe.

Une analyse retrospective recente portant sur pres de350 receveurs de greffe de moelle a montre que la moitiepresentait un taux de cholesterol superieur a 2 g/L trois mois apresla greffe et que la mediane des taux de cholesterol et detriglycerides augmentait en pourcentage respectivement de33 % et 66 % chez l’adulte, et de 50 et 100 % chez l’enfant parrapport aux valeurs pre-greffe. Une hypertriglyceridemie severeetait observee chez pres de 5 % des adultes et 8 % des enfants. Laprevalence de maladies cardiovasculaires prematurees chez lestransplantes de moelle n’a pas ete determinee mais des cascliniques recents montrent la survenue de coronaropathies oud’insuffisances cardiaques precoces et fatales chez ces patients aun age median de 35 ans avec une mediane de deces de 7,5 ansapres la transplantation. L’hyperlipidemie etait presente chez lamajorite des patients porteurs d’un taux de lipides documente atrois mois.

Rappelons que la dyslipidemie est caracterisee par unehypertriglyceridemie superieure a 1,5 g/L et un taux de HDLcholesterol bas. Par ailleurs, des taux eleves de LDL–cholesterolconstituent egalement un facteur de risque vasculaire [1–3].

1.1. Moyens therapeutiques

1.1.1. Regles hygieno-dietetiques

Il est necessaire de diminuer la quantite de graisses saturees,c’est-a-dire d’origine animale (charcuterie, fromage, sauces,fritures). L’alimentation peut etre enrichie en acides gras richesen omega 3 (graines de lin, huile de canola et de noix, germe de ble,soja, maquereaux, harengs, saumons).

Le maintien d’un poids corporel normal et d’un exercicephysique regulier est egalement indispensable.

1.1.2. Inhibiteurs de l’HMG-CoA reductase

Les statines diminuent efficacement le taux de cholesterolsanguin et ameliorent la survie chez les adultes ayant finalementdes taux de cholesterol assez variables, que ceux-ci soient ou nonconnus comme porteurs d’une coronaropathie. Les statinesrevetent des effets pleiotropes et agissent notamment sur lafonction renale, le controle de l’hypertension, l’osteopenie, lanecrose avasculaire. Toutefois, a l’heure actuelle, la securited’emploi des statines n’a pas ete etablie chez ces patients. Si lemalade est deja traite par un hypolipidemiant avant greffe, ondiminuera la dose de statine lorsque l’on introduit un inhibiteurdes calcineurines. De maniere generale, il faut eviter de donner lesposologies de statine les plus elevees car c’est a ces doses (engeneral 80 mg) que le risque d’effets secondaires est le plusimportant. Si la dyslipidemie est severe, il vaut mieux associer a lastatine un inhibiteur de l’absorption des lipides de type ezetimibequ’augmenter les doses.

Un certain nombre d’hypolipidemiants interferent avec lesmedicaments metabolises par le cytochrome P3A4. Ces interfe-rences metaboliques augmentent la concentration plasmatiquedes statines. La pravastatine, la rosuvastatine et la fluvastatine sontmetabolisees par des voies alternatives et correspondent aumeilleur choix chez les patients requerant une co-administrationd’agents inhibiteurs du cytochrome P3A4, comme les immuno-suppresseurs ou les azoles.

1.1.3. Fibrates

Les fibrates reduisent en general les triglycerides de 20 a 50 %.Leurs effets secondaires incluent des lithiases vesiculaires, destroubles du transit intestinal et des myopathies. Le risque demyopathie augmente lorsque le fibrate est associe a une statine,en particulier chez les patients presentant une fonction renalealteree ou sous ciclosporine. Le fenofibrate est en general unmeilleur choix que le gemfibrozil car il a moins d’effetssecondaires, en sachant qu’il peut toutefois augmenter lacreatinine.

1.2. Indications therapeutiques

La decision de debuter un traitement se fait en preventionsecondaire (c’est-a-dire chez un malade ayant deja presente unecomplication cardiovasculaire) ou primaire (chez les patientn’ayant jamais presente d’evenements cardiovasculaires) maisconsideres a haut risque du fait :

� d’antecedents vasculaires familiaux precoces ;� d’une albuminurie superieure a 0,3 g/j ou d’une insuffisance

renale ;� d’un diabete de type 2 evoluant depuis plus de dix ans ;� ou presentant deux facteurs de risque cardiovasculaire parmi :

- antecedents familiaux de coronaropathie precoce : infarctusmyocardique ou mort subite chez le pere ou un apparente maledu premier degre de moins de 55 ans ; ou chez la mere ou uneapparentee du premier degre de moins de 65 ans ; ouantecedents familiaux d’accident vasculaire cerebral a un ageinferieur a 45 ans,

- age au-dela de 50 ans chez les hommes, 60 ans chez lesfemmes,

- tabagisme actuel ou arrete depuis moins de trois ans,- hypertension arterielle (HTA), meme traitee,- HDL inferieure a 0,4 g/L,- microalbuminurie superieure a 30 mg/24 h,- joker : protection si HDL–cholesterol superieure a 0,60 g/L.

Un patient a haut risque cardiovasculaire necessite le traite-ment de sa dyslipidemie. Un patient a risque cardiovasculairefaible ou eleve requiert un traitement en fonction :

� de la severite de la dyslipidemie ;� du pronostic de la transplantation.

Un patient a risque cardiovasculaire bas et qui developpe unedyslipidemie secondaire peut etre traite simplement en adap-tant le traitement immunosuppresseur. Le risque cardiovascu-laire apres allogreffe de moelle est assimile a celui d’un patientdiabetique, la transplantation etant consideree comme unfacteur de risque similaire au diabete. Le LDL-cholesterol doitainsi etre inferieur a 1,3 g/L chez tous les transplantes, etinferieur a 1 g en prevention secondaire et chez les patients atres haut risque.

1.3. Conduite a tenir pratique

1.3.1. Surveillance annuelle

Elle comprend le dosage des triglycerides, HDL/LDL–cholesterol.Elle doit aussi controler les autres risques :

� Dietetique equilibree, exercice, maintien d’un poids normal ;� Arret du tabac ;� Controle de la glycemie en cas de diabete ; HbA1c inferieur a

6,5 % ;� Pression arterielle stable ou HTA controlee.

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Il importe avant tout traitement de doser la TSH, la T4L, laproteinurie des 24 heures, la bilirubine, les phosphatases alcalineset les transaminases de facon a ecarter une hypothyroıdie, unsyndrome nephrotique, ou une atteinte hepatique.

1.3.2. Choix du traitement

Si le LDL–cholesterol est eleve avec des triglycerides peuaugmentes (> 2 g/l), on proposera une statine, de preference de lapravastatine ou de la fluvastatine a la dose la plus faible pourdebuter.

En cas d’hyperlipidemie mixte, si les statines ne sont pasparvenues a diminuer a la fois le LDL-cholesterol et lestriglycerides, on ajoutera de l’ezetimibe ou eventuellement unfibrate. Cependant, cette association augmente le risque demyopathie et il est necessaire de prendre un avis specialise.

En cas d’hypertriglyceridemie isolee superieure a 8 g/L, ontraitera par fibrate afin d’eviter le risque de pancreatite aigue.

1.3.3. Surveillance apres l’introduction du traitement

Il est necessaire de surveiller :

� les CPK en cas de myalgies ou de faiblesse musculaire ;� de doser les transaminases (TGO, TGP) au terme de deux et

quatre semaines, puis mensuellement, ou de facon ponctuelle encas d’evenement nouveau.

Si les transaminases sont a plus de cinq fois la normale ou s’ilexiste des signes musculaires cliniques, il convient d’arreter latherapeutique.

2. Thyropathies post-allogreffe

Les dysthyroıdies apres greffe et en particulier l’hypothyroıdierestent des complications relativement frequentes. La mediane desurvenue est de quatre ans environ. L’incidence de l’hypothyroıdievarie en fonction des conditionnements, avec une frequence pluselevee en cas d’irradiation corporelle totale (ICT). Elle peutconcerner de 10 a 20 % des malades ; 7 a 15 % de ceux-cipresentent une insuffisance des la premiere annee. Il faut parailleurs tenir compte des antecedents (troubles endocriniens,irradiation de la zone cervicale comme dans certains cas demaladie de Hodgkin. . .) [4–7].

2.1. Place de la surveillance biologique

Une surveillance biologique systematique doit etre envisagee asix mois post-greffe puis annuellement. Elle comprend un dosagede TSH et de T4L. Ces recommandations sont valables quel que soitle type de greffe (auto/allo) et quel que soit le type deconditionnement myeloablatif [7]. Il n’existe pas de donneesformelles en ce qui concerne les conditionnements attenues memesi certaines etudes soulignent l’absence de difference. Des etudes along terme soulignent la possibilite de dysthyroıdies tres tardives(jusqu’a 30 ans post-greffe). Une surveillance a vie est doncnecessaire [8]. La frequence des dystrophies nodulaires pouvantetre evaluee a 20 % 20 ans apres radiotherapie, une palpationannuelle de la loge thyroıdienne doit etre exercee en cas deconditionnement comportant de la radiotherapie.

En cas d’anomalie des dosages de T4L et/ou de la TSH, le diagnosticet la prise en charge peuvent etre dans certaines situations plus oumoins complexes. Par exemple, entre 2 a 5 % des cas de dysthyroıdiepeuvent etre d’origine auto-immune. Il est par ailleurs decrit des casdetransfertdemaladiesauto-immunes telles qu’unBasedow presentchez le donneur. Les mecanismes doivent en etre bien analyses. Unesurcharge iodee peut egalement favoriser une hyperthyroıdie, et lestress l’apparition d’une maladie de Basedow. Le traitement

immunosuppresseur modifie l’expression de ces affections. Uneprise en chargeenmilieu specialiseestdoncnecessairepoureffectuerle bilan et initier un eventuel traitement.

2.2. Place de la surveillance echographique

Dans une etude retrospective europeenne portant sur pres de69 000 cas, le risque relatif de cancer thyroıdien est de 3,26, encomparaison avec la population generale. En analyse multivariee,ce risque est d’autant plus eleve que le patient est jeune lors de latransplantation (risque relatif a 24 entre l’age de zero et dix ans ;4,8 entre 11 et 20 ans). L’irradiation multiplie le risque relatif par3,4, le sexe feminin et la presence d’une reaction du greffon contrel’hote (GVH) par 2,8. Un tiers des patients etait asymptomatique ala decouverte du cancer et tous sauf un (sur 32 malades), ontparfaitement repondu au traitement classique par thyroıdectomieet par iode radioactif (IRAtherapie).

Compte tenu des donnees actuelles, il semble raisonnabled’envisager une surveillance echographique reguliere chez l’enfant,probablement annuelle, en particulier si une irradiation a etepratiquee avant l’age de dix ans. Dans les autres situations,particulierement en cas d’antecedent d’ICT, une surveillanceclinique annuelle est indispensable avec echographie tous les cinqans si la palpation est normale, annuelle en cas de palpationanormale [9].

2.3. Questions residuelles

� Existe-t-il un interet a une evaluation biologique avant la greffe,en dehors d’antecedents personnels ou familiaux ?� A quelle date faut-il initier la surveillance echographie chez

l’enfant ?� Faut-il realiser une echographie systematique chez l’adulte

euthryroıdien ?� Il n’existe pas de donnees formelles apres allogreffe non

myeloablative. Une etude retrospective, voire prospective,pourrait etre utile.

Declaration d’interets

La SFGM recoit l’aide financiere des laboratoires Amgen, Astellas,Biosase, Celgene, Chugai, Eusapharma, Gentium, Genzyme, Gilead,Macopharma, MSD, Mundipharma, Orphelpharm, Pfizer, PierreFabre, Sandoz, Spectrum, Takeda, Therakos, Vifor pharma.

References

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and parameters of the metabolic syndrome after bone marrow transplantationduring childhood and adolescence. Bone Marrow Transplant 2006;37(12):1109–17.

[3] Annaloro C, Airaghi L, Saporiti G, Onida F, Cortelezzi A, Deliliers GL. Metabolicsyndrome in patients with hematological diseases. Expert Rev Hematol2012;5(4):439–58.

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[8] Sanders JE, Hoffmeister PA, Woolfrey AE, Carpenter PA, Storer BE, Storb RF, et al.Thyroid function following hematopoietic cell transplantation in children:30 years’ experience. Blood 2009;113(2):306–8.

[9] Cohen A, Rovelli A, Merlo DF, van Lint MT, Lanino E, Bresters D, et al. Risk forsecondary thyroid carcinoma after hematopoietic stem-cell transplantation: anEBMT Late Effects Working Party Study. J Clin Oncol 2007;25(17):2449–54.