24
Dossier À la recherche du bien commun territorial t raits d’ a gences L’actualité des agences d’urbanisme Supplément n° 24 de traits urbains 70, le magazine opérationnel des acteurs du développement et du renouvellement urbains (ne peut être vendu séparément) Dominique Alba / Valérie Mancret-Taylor APUR – IAU îdF, perspectives croisées Automne 2014

Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

  • Upload
    dinhnga

  • View
    214

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

Dossier À la recherche du biencommun territorial

traits d’agencesL’actualité des agences d’urbanisme

S u p p l é m e n t n ° 2 4 d e t r a i t s u r b a i n s n ° 7 0 , l e m a g a z i n e o p é r a t i o n n e l d e s a c t e u r s d u d é v e l o p p e m e n t e t d u r e n o u v e l l e m e n t u r b a i n s ( n e p e u t ê t r e v e n d u s é p a r é m e n t )

Dominique Alba / Valérie Mancret-TaylorAPUR – IAU îdF, perspectives croisées

Automne 2014

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 1

Page 2: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

2 traits d’agences 24 automne 2014

CONSTRUIRE DES POLITIQUESPUBLIQUES INNOVANTES

Maire de Mulhouse et passionné par les questionsde la ville et des territoires, je remercie les élus desagences d’urbanisme qui m’ont élu récemment à laprésidence de la FNAU et m’ont accordé leur confiancepour piloter, avec l’équipe collégiale du nouveau bureau,pour les six années à venir.Je souhaite mettre mon temps au service du réseau

des agences, avec l’ambition qu’il prenne toute sa place et soit un « ferde lance » dans les mutations territoriales à venir, pour construire des poli-tiques publiques innovantes qui changent positivement la vie des citoyens,mais aussi pour contribuer au débat sur la ville et le territoire en Franceet à l’international. J’invite les élus et les professionnels des agences àpartager et capitaliser leurs expériences, à diffuser leur philosophie d’ac-tion partenariale et à cultiver leur touche d’impertinence, indispensablesà l’innovation.À l’occasion de la 35e Rencontre annuelle des agences d’urbanisme, laFNAU a décidé de s’intéresser au concept de « bien commun », récem-ment renouvelé par les démarches écologiques, numériques et les prati-ques émergentes du « partage » qui explorent de nouvelles pratiques socia-les, de nouveaux modèles économiques et de nouvelles formes degouvernance.Encore peu associée au territoire et aux politiques publiques, la notionde « communs » trouve pourtant un écho dans beaucoup de démarchesterritoriales et de travaux des agences d’urbanisme : la gestion partagéede ressources naturelles, d’espaces publics ou de ressources économi-ques. Elle fraye des pistes pour l’apparition de nouveaux modèles degestion entre l’action publique, celle des entreprises et celle des individus,par exemple dans les nouveaux modèles énergétiques ou de mobilité.La création d’un capital immatériel territorial économique ou culturel com-mun, mais aussi la co-construction des politiques locales, sont des pro-cessus qui trouvent un écho dans la notion de « bien commun ». À traversce numéro de Traits d’agences, la FNAU a décidé de se mettre « à la recher-che du bien commun territorial ». �

Jean Rottner, Président de la FNAU, Maire de Mulhouse

traits d’agencesAutomne 2014 - Numéro 24

EN BREF� L’IAU occupe le sol ! 3

Strasbourg : territoire en transition -convoquer le numérique comme levier politique 3Saint-Etienne : e-mob évalue la mobilité et le budget des ménages 3Bassins de vie, mythe ou réalité ? Les Cahiers de l’IAU ouvrent le débat 3

� Un nouveau bureau et un nouveauprésident pour la Fnau 4

� Publications 6

DOSSIER 7À la recherche du « bien commun territorial »�� Les communs territoriaux

et les différentes catégories de biens et de services 8

� Penser par le bien commun pour imaginer le territoire 9

� La transition énergétique seraterritoriale ou ne sera pas ! 10

� Agence de Bordeaux : l'eau à la source du bien commun 11

� Agence de Strasbourg : les lisières urbaines, des lieux stratégiques pourfabriquer du bien commun 12

� Agence du Havre : le littoral, espace du lien et du liant, premier « bien commun territorial » 13

� Agence de Belfort : la notion d’espace-projet métropolitain 14

� Agence de Saint-Omer : la santé dans les territoires, responsabilité partagée et mobilisation générale 14

� Agence de Dunkerque : voyage au cœur des écosystèmes productifs 15

� Agence de Saint-Étienne : Saint-Étienne,laboratoire d’expérimentation et d’innovation par les usages 16

� Agence de Reims : d’un bien embléma-tique au concept de « Valeur UniverselleExceptionnelle » de l'Unesco 17

� Agence de Clermont-Ferrand : la ville temporaire et durable 18

� IAU-îdF : carte collaborative : une visionde la transformation du territoire 19

� Agence de Caen : la connaissance partagée, premier bien commun territorial 19

� Un pic ? Que dis-je : une péninsule ! 20� Tours, contours et détours du bien

commun territorial 21

PERSPECTIVES CROISÉES� Dominique Alba 22

Valérie Mancret-Taylor

traits d’agences, actualité des agences d’urbanisme, supplément au n° 70 de Traits urbains, le magazine opérationneldes acteurs du développement et du renouvellement urbains (ne peut être vendu séparément). • Editeur : Innovapresse & Communication - 18 rue Mozart - 92110 Clichy - Tél. : 01 48 24 08 97 - Fax : 01 42 47 00 76 - www.urbapress.fr - RCS Paris B 329255 566 - ISSN : 1776-9604 - Commission paritaire : 0218 T 87608 • Directeur de la publication : ChristianCoustal • Traits d’agences est réalisé en partenariat avec la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme : 22 rue Joubert,75009 Paris - Tél. 33 (0)1 45 49 32 50 - www.fnau.org • Comité éditorial : Brigitte Bariol, Florence Gall-Sorrentino, Marie-Christine Vatov • Ont participé à ce numéro : Céline Amadon (AUDCM), Sylvie Blaison (ADEUS), Anne-Sophie Boisgallais(AUCAME), Hélène Bucheli (a-urba), Pierre Calame (Fondation Charles Léopold Mayer), Amandine Crépin (AURR), PierreDerrouch, Juliette Duszynski (AURH), Brigitte Fouilland (SciencesPo Paris), Emmanuelle Gallot Delamézière (EPURES), NicolasGarnier (AMORCE), Christel Griffoul (AUDCM), Violaine Hacker (Common Good Forum), Matthieu Hugot (AULAB), MarianneMalez (FNAU), Julie Mezrag (FNAU), Frédéric Theulé (IAU-îdF), Laurend Renavand (AUDRSO), Jean-François Vereecke (AGUR),Bruno Vidalie (AUTB) • Directeur artistique : Alain Martin • Maquette : Marie-Hélène Regnier • Abonnement annuel à TraitsUrbains : 99 € TTC (7 numéros) - 15 € le numéro, 25 € le hors série - TVA : 2,1 % - renseignements et abonnement :[email protected] • Imprimeur : Corlet Imprimeur (14) • Dépôt légal : à parution.

ÉDITORIAL

DR

(Image de couverture : Philippe David)

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 2

Page 3: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

L’IAU OCCUPELE SOL !« On occupe le sol ! » : c’est en cestermes que l’IAU îdF présentait, aumois de juin dernier, l’expositiondédiée au Mode d’occupation dessols (Mos) de l’Île-de-France.Développé dès la fin des années1970, cet outil constitue une carto-graphie interactive de grande valeurqui, tous les quatre ans, détaille lesévolutions de l’occupation des solsde la région capitale. Les apportssont précieux. L’édition 2014 permetde repérer un niveau relativementbas de consommation d’espaces agri-coles, boisés et naturels, mais éga-lement un renouvellement de la villesur la ville. Une indéniable inflexiondans l’évolution de l’usage des solsest enclenchée.Ces différents apports ont été large-ment analysés dans les éditions del’institut (Note rapide n° 636, Cahiersn° 168 et 169), et présentés lors d’unetable ronde ou à travers des produc-tions digitales et de datavisualisa-tion… Qui dit mieux ?> www.iau-idf.fr

STRASBOURG :TERRITOIRE EN TRANSI-TION - CONVOQUERLE NUMÉRIQUE COMMELEVIER POLITIQUESi le numérique change nos maniè-res de produire, nous déplacer, nousorganiser, etc., il ne décide pas seulde l’orientation de ces changements.Les mêmes technologies peuventservir à libérer ou à surveiller, à coo-pérer ou à rivaliser, à partager ou àexclure. Pour que le numérique

puisse accompagner les transitionsauxquelles nos territoires sontconfrontés, il nous faut en faire unvéritable objet politique et non lasimple résultante de choix industrielsou techniques. Le mouvement desbiens communs, qui met en placede nouveaux régimes de gestion des

ressources et invente des formes degouvernance participative, trace unevoie pour un numérique durable etintégré dans la vie des citoyens. Laville, qu’on l’appelle connectée ouintelligente, est un creuset essentielpour ces nouvelles activités coopé-ratives. C’est le sujet de la rencon-tre organisée par l’ADEUS avecValérie Peugeot, chercheur à OrangeLabs, présidente de Vecam, vice-présidente du Conseil national dunumérique, le 11 septembre 2014,à Strasbourg.> www.adeus.org

SAINT-ETIENNE : E-MOBÉVALUE LA MOBILITÉ ETLE BUDGET DES MÉNAGESInformer les ménages sur les consé-quences, notamment budgétaires etécologiques, du choix de localisationde leur habitat et de leurs modes dedéplacements, tel est l’objectif del’application e-mob, développée et

mise en ligne gratuitement par epu-res, l’agence d’urbanisme de la régionstéphanoise. Dans le cadre du pro-gramme de recherche PREDIT 4 d’in-novation dans les transports terres-tres, epures a travaillé sur ledéveloppement d’une méthodologieet d’un calculateur à l’attention dugrand public en partenariat avecl’Ademe. Cet outil unique en Frances’appuie très largement sur des don-nées propres au territoire du sud dela Loire, issues pour une large partdes observatoires de l’agence. Unefois les différents champs de l’appli-cation renseignés, le ménage accèdeà trois niveaux d’information : le bilande sa situation actuelle ; celui de sonprojet immobilier ; et enfin l’évolutionde la situation financière du ménage.L’outil e-Mob permet aux ménagesd’anticiper l’évolution de leur budgetet ainsi de choisir leur lieu de rési-dence en pleine connaissance descoûts induits par ce changement.> www.e-mob.fr

BASSINS DE VIE,MYTHE OU RÉALITÉ ? LES CAHIERS DE L’IAUOUVRENT LE DÉBATModernisation de l’action publi-que territoriale et d’affirmation desmétropoles (Maptam), Organisationterritoriale de la République… Lesprojets de loi ou lois en cours posentles « Bassins de vie » comme devantlégitimer les futurs découpages ter-ritoriaux institutionnels afin que cesderniers soient cohérents avec lespratiques et les usages des habi-tants. Les espaces de vie desFranciliens forment-ils des bas-sins aux frontières identifiables ?Cette question fait actuellementl’objet d’une recherche approfon-die de la part de l’IAU îdF, donnantlieu à des mises en débat et despublications en ligne de cartes etd’articles. Avant qu’une publicationpapier ne vienne, en 2015, parache-ver cette démarche.> www.iau-idf.fr

Automne 2014 � BRÈVES D’AGENCES

automne 2014 traits d’agences 24 3

Sour

ce: A

DEU

S

© J.

-M. S

icot

- IA

U îd

F

© E

pure

s

< Le 18 juin dernier se tenaità l'IAU un colloque surles évolutions de l'occupationdu sol en Ile-de-France.

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 3

Page 4: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

Mireille Ferri,IAU îdF,première Vice-présidente

Conseillère régionale d’Île-de-France depuis 2004,Mireille Ferri est active dansplusieurs commissions thé-

matiques, notamment celle de l’aménage-ment du territoire, de la coopération interrégio-nale et des contrats ruraux, celle de la cultureet celle de l’enseignement supérieur et de larecherche. Spécialiste des enjeux de l’aména-gement francilien, Mireille Ferri s’est impliquéesur le SDRIF, au sein du Syndicat Paris Métro-pole et a participé au comité de pilotage de laconsultation sur le Grand Paris. Elle est vice-présidente de l’IAU îdF et vice-présidente de laFNAU depuis 2008. �

Laure-Agnès Caradec,agence de Marseille,Vice-présidente

Laure-Agnès Caradec estadjointe au maire de Marseille,en charge de l’urbanisme, duprojet métropolitain, du patri-moine municipal et foncier et

du droit des sols. Vice-présidente de la commu-nauté urbaine Marseille Provence Métropole, elley est en charge de l’urbanisme, du PLUI et de l’amé-

nagement communautaire. Elle a été élue en juil-let 2014 présidente de l’Agence d’urbanismede l’agglomération marseillaise (AGAM). �

Emmanuel Couet,agence de Rennes,Vice-président

Historien de formation,Emmanuel Couet est mairede la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande depuis2007. Il est aujourd’hui pré-sident de Rennes Métropole

et de l’Agence d’urbanisme et de développe-ment de l’agglomération rennaise (AUDIAR). Ilest également impliqué au sein de l’AdCF. �

Robert Herrmann,agence de Strasbourg,Vice-président

Robert Herrmann est prési-dent de la communautéurbaine de Strasbourg (CUS)et adjoint au maire deStrasbourg. Il est également

conseiller général du Bas-Rhin. Il présidel’agence de développement et d’urbanisme del’agglomération strasbourgeoise (ADEUS) depuis2008 et était trésorier de la FNAU depuiscette date. �

Annette Laigneau,agence de Toulouse,Vice-présidente

Ingénieure de formation,Annette Laigneau est adjointeau maire de Toulouse déléguéeà l’urbanisme, au patrimoine,aux opérations foncières et

d’aménagement. Elle est également vice-présidentede Toulouse Métropole, en charge de l’urbanismeet des projets urbains. Elle est présidente del’Agence d’urbanisme et d’aménagement Toulouseaire urbaine (aua/T) depuis juin 2014. �

Louis Nègre, agence des Alpes-Maritimes, Vice-président

Maire de Cagnes-sur-Merdepuis 1995 et sénateur desAlpes-Maritimes depuis2008, Louis Nègre est pre-mier vice-président de la

Métropole Nice Côte d’Azur, délégué à la coor-dination des politiques publiques. Président del’Agence de Déplacement et d’Aménagementdes Alpes-Maritimes (ADAAM) depuis sa créa-tion en 2004, il est membre du bureau de laFNAU depuis 2008. Louis Nègre a été rappor-teur au Sénat du Grenelle 2 et est égalementtrès impliqué au sein du Groupement des auto-rités responsables de transport (GART). �

BRÈVES D’AGENCES � Automne 2014

4 traits d’agences 24 automne 2014

Président : Jean Rottner, agence de Mulhouse

Médecin urgentiste de formation, Jean Rottner est maire de Mulhousedepuis 2010. Il est vice-président de Mulhouse Alsace Agglomération,délégué à l’habitat jusqu’en 2014 et désormais délégué à l’aménagementde l’espace communautaire et au développement de la nouvelle écono-mie. Il préside l’Agence d’urbanisme de la région mulhousienne (AURM)depuis 2008. Il est également vice-président de l’AMGVF. �

À l’issue des élections municipales, de nouvelles équipes élues se sont mises en place dans les instancesdes agences d’urbanisme. Le 4 septembre 2014, l’assemblée générale composée des représentants de chaque agence, a élu le nouveau bureau de la FNAU : une équipe collégiale pilotée par Jean Rottner, maire de Mulhouse, qui a été élu nouveau président de la FNAU. La composition du bureau vise une représentation équilibrée des sensibilités politiques, des origines géographiques, des tailles d’agencesd’urbanisme, des élus renouvelés issus de l’ancienne équipe et de nouveaux élus pour porter l’action du réseau des agences pour les 6 ans à venir. Avec 40 % de femmes il s’approche de la parité entre hommes et femmes qu’avait souhaité introduire Vincent Feltesse, qui a été président de la FNAU de 2010 à 2014. André Rossinot, ancien ministre, président de la Fédération de 1995 à 2005, a été désigné président d’honneur.

Un nouveau bureau et un nouveau président pour la FNAU

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 4

Page 5: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

Automne 2014 � BRÈVES D’AGENCES

automne 2014 traits d’agences 24 5

NAU Patrice Vergriete,Agence de Dunkerque,Vice-président

Ingénieur en chef des Pontset Chaussées et docteur enaménagement, PatriceVergriete est maire deDunkerque et président de

la communauté urbaine de Dunkerque depuis leprintemps 2014. Il est aujourd’hui vice-présidentde l’Agence d’urbanisme et de développementde la région Flandre-Dunkerque (AGUR) dont ilavait été le directeur général de 2000 à 2008. �

Olivier Bianchi, agence de Clermont-Ferrand,Trésorier

Olivier Bianchi est maire deClermont-Ferrand et prési-dent de la communautéd’agglomération clermon-

toise. Il est président de l’Agence d’urbanismeet de développement du territoire clermontois,« Clermont Métropole », depuis juin 2014. Il pré-side également la commission Culture etIntercommunalité de l’AdCF. �

Sonia de la Provôté,agence de Caen,Secrétaire générale

Médecin du travail de pro-fession, Sonia de la Provôtéest première adjointe aumaire de Caen, chargée del’urbanisme, de l’habitat et

du renouvellement urbain. Au sein de la com-munauté d’agglomération Caen la Mer, elle estvice-présidente déléguée à l’aménagement del’espace. Elle est présidente du syndicat mixtedu SCoT et préside depuis juillet 2014 l’Agenced’urbanisme de Caen-Métropole (AUCAME). �

Catherine Barthelet,agence de Besançon,Vice-présidente

Maire de Pelousey, CatherineBarthelet est égalementconseillère communautairedéléguée du Grand Besançon,chargée de la planification et

de l’urbanisme opérationnel. Elle est impliquéedans le syndicat mixte du SCoT et l’EPF duDoubs. Elle préside l’Agence d’urbanisme del’agglomération de Besançon (AUDAB) depuisjuin 2014. �

Véronique Ferreira,agence de Bordeaux,Vice-présidente

Maire de Blanquefort depuis2012, Véronique Ferreira estconseillère communautairede la communauté urbainede Bordeaux (CUB), déléguée

aux opérations d’aménagement urbain. Agrégéed’histoire et enseignante, elle est présidente del’Agence d’urbanisme Bordeaux métropoleAquitaine (a-urba) depuis juillet 2014. �

Jean-François Husson,agence de Nancy,Vice-président

Sénateur de Meurthe-et-Moselle depuis 2011, Jean-François Husson est conseil-ler municipal de Nancy encharge des stratégies terri-

toriales, de la promotion et du tourisme, ainsique vice-président du Grand Nancy délégué àl’économie, à l’énergie, au développement dura-ble, aux partenariats territoriaux. Il est présidentdu SCoT Sud 54 et, depuis juin 2014, présidentde l’Agence de développement et d’urbanismede l’aire urbaine nancéienne (ADUAN). Il étaitégalement impliqué dans la Fédération nationaledes SCoT. �

Michel Le Faou, agence de Lyon,Vice-président

Ingénieur de formation, issudu monde industriel, MichelLe Faou a été adjoint à l’ur-banisme du 8e arrondisse-ment de Lyon et président de

la SACVL de 2008 à 2014. Il est depuis avril 2014adjoint au maire de Lyon, en charge de l’aména-gement, de l’urbanisme, de l’habitat et du loge-ment, et vice-président de la Communauté urbainedu Grand Lyon en charge de l’urbanisme et ducadre de vie. Il a été élu en juillet 2014 présidentde l’Agence d’urbanisme pour le développementde l’agglomération lyonnaise. �

Hugues Saury, agence d’Orléans,Vice-président

Docteur en pharmacie de for-mation, Hugues Saury estmaire d’Olivet depuis 2001.Il est vice-président de lacommunauté d’aggloméra-

tion Orléans Val de Loire en charge de la plani-fication, de l’aménagement urbain, de la politi-que foncière et de l’action foncière. Il estégalement vice-président du conseil général duLoiret et président de l’ADIL-EIE. Il présidel’Agence d’urbanisme de l’agglomération orléa-naise (AUAO) depuis juin 2014. �

Philippe Baumel,agence de SudBourgogne,parlementaire associéDéputé de Saône-et-Loire,Philippe Baumel est vice-président de la communautéurbaine du Creusot Montceau.Il préside l’Agence d’urba-

nisme Sud Bourgogne depuis 2014. Auprès dubureau, il assurera le relais auprès des parle-mentaires présidents d’agences d’urbanisme. �

Président d’honneur : André Rossinot

Ancien ministre, actuellement président de la communautéurbaine du Grand Nancy, André Rossinot a exercé, au coursde sa carrière politique, les fonctions de député de Meurthe-et-Moselle, de maire de Nancy de 1983 à 2014, et de prési-dent du parti radical. Il a été président de la FNAU de 1995 à 2010, puis en a été le premier vice-président. Il est égale-ment secrétaire général de l’AMGVF et de l’AMF. �

© M

urie

l Cha

ulet

Parlementaires présidents d’agences d’urbanisme

Marcel Bonnot, député du Doubs / Philippe Briand,député d’Indre-et-Loire / Marc-Philippe Daubresse,député-maire de Lambersart / Alain Gest, député dela Somme, président d’Amiens métropole / DamienMeslot, député-maire de Belfort / Edouard Philippe,député-maire du Havre / Christophe Béchu, séna-teur-maire d’Angers / Jean-François Husson, séna-teur de Meurthe-et-Moselle / Philippe Marini, séna-teur-maire de Compiègne / Louis Nègre,sénateur-maire de Cagnes-sur-Mer

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 5

Page 6: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

6 traits d’agences 24 automne 2014

� Les Industries Créatives etCulturelles du bassin rémois

Dans le cadre de son observatoire dédiéà l’économie et à l’emploi, l’agence d’urba-nisme de Reims a pris l’initiative de leverun coin du voile sur un secteur économi-que insuffisamment mis en valeur et pour-tant au cœur de nos pratiques et de nosvies : les Industries Créatives et Culturelles(ICC). Longtemps considérées comme mar-ginales, les ICC sont aujourd’hui amenéesà occuper une place croissante dans l’éco-nomie. Selon le 1er panorama des ICC, ellesreprésentaient 1,2 million d’emplois et ontgénéré 74 milliards d’euros en 2011. Mais qu’en est-il sur le bassin rémois ?Dans cet observatoire, l’Agence de Reimss’attache à démontrer que ces secteursconstituent un enjeu important pour le déve-

loppement écono-mique du terri-toire et jouent unrôle clé dans sonattractivité parl’innovation et lacréativité qu’ilsportent. �

Consultable surwww.audrr.fr

� Dossier FNAU : les agencesau cœur du renouvellementurbain

À l’occasion du Nouveau programme natio-nal de renouvellement urbain, la FNAU publieun dossier sur le travail des agences dansce domaine. Ce dossier décline les expé-riences d’agences qui s’investissent dans lapolitique de la ville, à toutes les étapesdes projets et à toutes les échelles. De l’ob-servation à l’animation du débat local, enpassant par la construction des projets avecles habitants et les acteurs locaux, le dos-sier dessine le rôle d’interface des agencesdans les projets de renouvellement urbain.

En outre, la publi-cation décrit leurtravail multi-échel-les et notammentla manière dontelles inscrivent lesprojets de rénova-tion urbaine dansles dynamiquesd ’ a g g l o m é r a -tion. �

PUBLICATIONS FNAU ET AGENCES � Automne 2014

� Le Manuel 3 de la régionFlandre-Dunkerque

Publié par l’Agence d’urbanisme de la régionFlandre-Dunkerque (AGUR), cet ouvrage de108 pages propose un diagnostic détaillé degrandes tendances démographiques, socia-les, économiques, urbaines et environnemen-tales du territoire. Il identifie les ressourcesmobilisables pour un développement localdurable. Il invite également le lecteur à ima-giner plusieurs pistes stratégiques et oppor-tunités pouvant être saisies en faveur de l’amé-lioration de la qualité de vie dans les différentsespaces de la région dunkerquoise. �

Le Manuel 3 de larégion Flandre-Dunkerque, docu-ment disponiblegratuitement àl’AGUR et téléchar-geable sur le sitewww.agur-dunker-que.org

� Le Bas-Rhin à l’ère du numé-rique : généralisation et exclusion

Les technologies numériques font désor-mais partie intégrante de la vie. Pour autant,des études nationales parlent toujours defossés numériques, du fait d’écarts dans lacapacité d’appropriation de ces outils selonles catégories de population. L’enquête de2012 sur les modes de vie dans le Bas-Rhinpermet d’apporter des éclairages au niveaulocal. Ainsi, l’équipement en réseaux nerépond qu’en partie à l’ouverture à tous despossibilités d’usages. D’autres aspects,comme les inégalités de diplômes ou derevenus, concourent aux fractures numéri-

ques et méritentd’être pris encompte pourdémocratiser l’ac-cès aux nouvellestechnologies decommunication. �

Note de l’ADEUSn° 124 surwww.adeus.org

� Dossier FNAU : les enjeux de l’aménagementen Outre-mer

L’aménagement en Outre-mer présentedes particularités par rapport à celui de lamétropole. Les trois agences domiennes deGuyane, de Martinique et de La Réunion réflé-chissent quotidiennement à la manière d’in-venter des solutions d’aménagement appro-priées à leur territoire. Ce dossier, soutenuet accompagné par le ministère de l’Outre-mer, présente les problématiques spécifi-ques des territoires ultramarins, notammentsur les questions de planification, d’habitatou de patrimoine. Il met d’autre part enlumière les outils originaux mis en œuvre parles agences d’urbanisme d’Outre-mer, ingé-nierie sur mesure, pour observer, évaluer etélaborer des projets sur leur territoire. �

� Béthune : atlas del’accidentologie routière

La réduction de l’insécurité routière est unenjeu partagé par toutes les collectivités. Enpartenariat avec les services de l’Etat, l’AULABa élaboré un atlas de l’accidentologie rou-tière sur le SCoT de l’Artois. Cet atlas a per-mis d’avoir une vision de l’accidentologie surplusieurs années, de situer le territoire parrapport aux tendances nationale et départe-mentale et d’identifier les secteurs les plusaccidentogènes. Ces enseignements ont étédéterminants dans l’élaboration du schémade hiérarchisation des voiries inscrit dans lePlan de déplacements urbains. La capitali-sation sous forme de bases de données per-mettra également d’alimenter le suivi et l’éva-luation de ce document. �

http://www.aulab.fr/observation/obser-vatoire_deplacements.html

© F

nau

© F

nau

Sour

ce:©

ADE

US

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 6

Page 7: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 7

À LA RECHERCHE DU« BIEN COMMUN TERRITORIAL »

L a 35e Rencontre des agences d’urbanismesera exceptionnellement organisée par laFNAU à Paris les 17 e t 18 novembre 2014. Lesujet choisi, celui du « bien communterritorial », est à aborder au pluriel et au

singulier. Il s’agit d’un thème riche, diffusé par denombreux réseaux et par le Prix Nobel d’Elinor Ostrom,qui l’a étudié sous l’angle économique. Mais il serattache également à de nombreux sujets concrets surlesquels travaillent les agences d’urbanisme et dont cenuméro de Traits d’agences donne un aperçu.La notion de « biens communs » s’appuie sur des cadresjuridiques formels ou informels anciens utilisésnotamment pour la gestion de ressources agricoles,mais elle repose aussi sur le principe philosophiqued’intérêt général. Le concept des « communs » connaîtaujourd’hui un renouveau d’intérêt autour de nouveauxenjeux, notamment écologiques et numériques. Ilpermet de défricher de nouvelles voies entre bien publicet bien privé, entre économie publique et économie demarché, grâce à des gouvernances basées surl’approche partenariale et l’intérêt partagé.La notion de « biens communs » peut s’appréhenderaujourd’hui dans des réalités très diverses : qu’il s’agissede gestion de ressources naturelles comme la gestiond’une ressource en eau, ou d’espaces stratégiquessoumis aux conflits d’usages (espaces publics, lisières,littoraux…), qu’il s’agisse de nouveaux modesd’organisation du travail ou de gestion de biens ouservices basée sur des principes de partage (tiers-lieux,systèmes de mobilité participatifs…), qu’il s’agisse del’émergence de nouveaux modèles économiques pourla gestion de services d’intérêt général commel’énergie, ou encore d’un « capital territorial » fondé surun système de valeurs partagées (ressourcespaysagères, patrimoines matériels et culturels,écosystèmes économiques…).À côté de l’individualisation de plus en plus présentedans les sociétés, se développent des modalités etpratiques sociales inédites de communautés et de miseen réseau (co-working, fab’labs, auto-partage, réseaux

sociaux et démarches participatives liés aunumérique…). Deux modèles économiques coexistent,s’affrontent, parfois se conjuguent : la tendance à laconcentration et à la polarisation conçues comme gaged’efficacité dans la mondialisation (grandes firmes etdistributeurs, grands opérateurs de services, grandspôles universitaires…) et la tendance à uneorganisation décentralisée, diffuse et en réseau(réseaux de PME et micro-entreprises, circuits courtsagricoles, économie collaborative et solidaire,production énergétique décentralisée…).Est appelée une responsabilité « sociétale » accrue desindividus et des entreprises dans les territoires, maisqui suppose l’adhésion à des valeurs et référencespartagées et la construction d’un « capital commun ».A cet égard, l’enjeu du partage des connaissances etde l’open data se révèle essentiel.Les « valeurs–repères » apparaissent en permanenteoscillation entre les logiques de compétition, desélection et de leadership et les enjeux de solidarité,de coopération, d’équité. Alors que ce qui fait l’intérêtgénéral se révèle de plus en plus insaisissable et qu’enconséquence les modes d’action publique sont de plusen plus complexes à mettre en place, le concept de« biens communs » interroge la manière dont unesociété de plus en plus individualisée et en réseau peutfaire émerger des intérêts collectifs, dans la conduitedes politiques territoriales. La notion de « biencommun » est toutefois loin de n’être que locale : lesgrandes questions comme le climat, la gestion deressources naturelles non renouvelables, l’accèséquitable à l’alimentation et la santé, sont aussi des« communs » d’échelle planétaire. Aux échelles locales,nationale, européenne, internationale, est donc attenduun rôle accru des pouvoirs locaux et des écosystèmesterritoriaux pour apporter des réponses contextualiséesaux défis globaux, ce qui suppose l’émergence denouvelles formes de transactions et de gouvernanceentre les différents niveaux de collectivités, les acteurséconomiques et les citoyens.

Brigitte Bariol-Mathais, déléguée générale de la FNAU

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 7

Page 8: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

DOSSIER � À la recherche du bien commun territorial

8 traits d’agences 24 automne 2014

Les communs territoriaux et les différentes catégories de biens et de servicesPar Pierre CALAME, directeur général de la Fondation Charles Léopold Mayer

Mettre en avant la nécessité d'une gestioncollective de nombreux biens et services aux-quels une communauté doit pouvoir avoiraccès permet de redécouvrir des conceptsancrés dans l'histoire, comme le Res com-munis omnium du droit romain, et dont lamodernité se révèle soudain. Cette redécou-verte n'est pas isolée. C'est la révolutionindustrielle, avec l'illusion d'une planèteaux ressources infinies, qui se révèle aucontraire comme une parenthèse historique.Dans le même mouvement, on redécouvrele concept d'« œconomie », terme utiliséjusqu'à ce que l'Encyclopédie, au milieu dudix-huitième siècle, abandonne le o initial.Carl von Linné, le grand botaniste suédois,en donnait une définition d'une parfaite moder-nité : oeconomie, au sens étymologique lesrègles (nomoï) de gestion de la maison com-mune (oïkos), c'est l'art d'assurer le bien êtrede tous dans le respect des limites des res-sources.La question qui nous est posée à travers leconcept de « communs », c'est de détermi-ner les régimes de gouvernance les plus légi-times, les plus efficaces pour gérer notre« maison commune » dont le territoire estle modèle réduit. Dans un travail récent, leréseau allemand des biens communs a rap-pelé que pour gérer un commun il fallait répon-dre à cinq questions : quel est le besoin àsatisfaire ? Quelle est la communauté concer-née ? Quelles sont les modalités d'interac-tion entre les membres de la communauté(concrètement, comment se gère le bien etcomment sont distribués les bénéfices de sajouissance) ? Quelle est la nature des bienset services produits ? Quelle est la formede gouvernance adaptée (la répartition dupouvoir, la forme juridique) ? La réponse àces cinq questions forme le « régime de gou-vernance » d'un bien et d'un service. Et l'onconçoit que ces régimes peuvent être trèsvariables, le marché et la gestion publiqueétant deux réponses parmi mille autres.Comment caractériser les biens et les servi-ces et inventer les régimes de gouvernanceles mieux adaptés à la nature de chacund'eux ? Souvent on oppose biens privés etbiens publics en mélangeant la nature du bien

et sa finalité. Une séance chez le coiffeur etune consultation médicale sont deux servi-ces à la personne de même nature et la santén'est un bien public que dans la mesure oùla société décide que le droit à la santé estfondamental. Si on se centre sur la naturedu bien ou service, le meilleur moyen de lacaractériser est de se demander ce qui sepasse quand on veut le partager. Ce test per-met de distinguer quatre grandes catégoriesde biens et services.Première catégorie, les biens qui se détrui-sent en se partageant. Le patrimoine histo-rique ou les écosystèmes en font partie. Cesbiens ne peuvent pas être gérés par le mar-ché et impliquent une forme de gestion publi-que.Deuxième catégorie, les biens qui se divisenten se partageant mais sont en quantité finie.C'est la catégorie des ressources naturelles,l'énergie fossile, l'eau, les sols, etc. Pour cesbiens, les régimes de gouvernance doiventprocéder à la fois d'un principe de justiceet d'un principe d'efficacité. Dans l'Essai surl'oeconomie (www.eclm.fr), j'ai montré queles régimes de gouvernance correspondantsétaient caractérisés par des quotas territo-riaux et individuels négociables et par unegouvernance à multi-niveaux.Troisième catégorie, les biens qui se divisenten se partageant mais dont la quantité estdéterminée essentiellement par l'ingéniositéet le travail humain. Biens industriels etservices à la personne en font partie. C'estla catégorie pour laquelle la gestion par lemarché est légitime, même si la société peutlui préférer des formes plus coopératives.Enfin, la quatrième catégorie, dont dépendnotre prospérité commune dans le respectdes limites de la planète, ce sont les biensqui se multiplient en se partageant. Ce sonttoutes les productions de l'esprit, toutesles productions résultant de l'échange d'ex-périences, de la diffusion des savoir-faire. Lemarché en fabrique la rareté artificielle. C'estla mutualisation qui est pour eux le régimede gouvernance le plus légitime.La notion de « commun » englobe les bienset services de catégories un, deux et quatre.Définir collectivement les régimes de gou-

vernance les mieux adaptés à chacun d'euxest une dimension essentielle de la gouver-nance territoriale.Le territoire lui-même, en tant que commu-nauté, ressources partagées et système derelations, est un bien commun. Son régimede gouvernance est irréductible aux politi-ques publiques locales. S'intéresser au ter-ritoire comme à un acteur collectif amené àse doter de son propre régime de gouver-nance conduit à se demander de quels atouts,de quels capitaux (au sens de biens accumu-lés au fil des années et utiles pour l'avenir)un territoire dispose pour son développe-ment. On découvre alors que le capital le plusprécieux est aussi le plus méconnu : c'estle capital immatériel. Quand des territoiressont confrontés à une crise, certains en sontstimulés tandis que d'autres la subissent. Lacapacité de rebond est la résilience des ter-ritoires. De quoi dépend-elle ? de l'appren-tissage longuement construit de la manièrede prendre en charge des problèmes ensem-ble. C'est aussi ce capital immatériel qui expli-que, par exemple, les districts industriels, oùdes traditions anciennes de coopération entreacteurs permettent à des PME de trouver descréneaux sur le marché international. Le capi-tal immatériel, bien qui se multiplie en se par-tageant, est un commun territorial par excel-lence.Le capital immatériel se développe, s'entre-tient ou s'érode ; il peut se réinvestir pourfaire face de nouveaux défis. Il ne se construitpas en vase clos mais doit s'enrichir sanscesse, en particulier dans les périodes demutation, de l'échange international d'expé-riences entre villes et territoires, qui permetde bénéficier de l'apprentissage des autreset de découvrir d'autres manières de faire,d'autres régimes de gouvernance.

Les « communs » sont un concept vieux comme le monde, remis à la mode grâce au Prix Nobel d'ElinorOstrom. Ce retour en grâce d'un vieux concept agit comme un aimant, unit soudain tous ceux quiestiment que l'alternative marché/service public ne permet pas de penser au XXIe siècle la diversité desbiens et services à offrir aux sociétés dans le respect des limites de la biosphère.

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 8

Page 9: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 9

Penser par le Bien commun pour imaginer le TerritoirePar Violaine HACKER, docteur en droit/sciences politiques, directrice du Common Good Forum (France)

La ville sensible du XXIe siècle semble se rap-procher de l’humain et donner la part belleaux émotions. Elle permet surtout d’aborderde manière holistique la durabilité spatiale,de sortir d’une approche essentiellement cen-trée sur les questions techniques, et d’inté-grer une vision plus phénoménologique etsociale2. L’Homme n’est plus considéré commeun simple homo-economicus isolé et ration-nel, mais comme un être communautairedoué d’affect, de spiritualité et d’imagination.Le matérialisme de Marx trouve là ses limi-tes, dans la mesure où il considérait que laréalisation du Bien commun ne devait pasêtre attendue des personnes, mais simple-ment du développement de la société indus-trielle3.Or la supériorité du Bien commun ne portejamais atteinte à la primauté de la Personne4,- notion permettant de trouver un juste milieuentre totalitarisme communautaire et idéo-logie individualiste. Déjà, au XXe siècle,néo-thomisme et personnalisme avaient reprisles théories de Saint Thomas sur la défini-tion du Bien commun d’Aristote contre la pré-gnance du concept d’individu. Pour ce der-nier, la Cité n’est ni une communauté de lieu,ni le territoire national qui existerait en vued’éviter les injustices mutuelles, et de prati-

quer l’échange. C’est davantage en vue desbelles actions ou de l’épanouissement descitoyens, et non du seul vivre-ensemble(suzên), que la communauté politique est ins-tituée5. Les Hommes se voient réunis par unchoix - proairésis - de vie commune, assuréeet consolidée par la référence à un mêmepassé mythique, à des héros communs, à desrites et des lois intégrées progressivementet partagées6. Le territoire naît de la vie etde la pratique sociale, il fait sens. On oppo-sera ainsi les territoires qui évoquent unecommunauté de vie, aux espaces (regroupe-ment de communes ou création de districtspar exemple).

Penser par le Bien commun permet de décom-poser ces diverses composantes selon troiséléments inter-reliés autour d’un projet7 :1° - Le bien de la communauté : des biensmatériels et immatériels.2° - La communauté du bien : l’accès dechacun au bien de la communauté et le sen-timent d’appartenance.3° - Le bien du bien commun : l’équilibrede la relation entre la Personne et la com-munauté.

Ce qui importe dans la pensée du Bien com-mun, ce n’est donc pas tant le contenu dudiscours que le processus dans lequel il s’ins-crit. Penser par le Bien commun ne repré-sente surtout pas une injonction, une conduiteà suivre, ou une livraison de solutions. Il posedes problèmes qui supposent l’affirmationdes capacités de l’Homme à évaluer les situa-tions, et les conduites à tenir en tant qu’ex-pression du désir8, au-delà de tout dogma-tisme ou relativisme9. Que serait un biencommun défini par une seule personne ouun groupe de personnes, sinon une tyran-nie ? Ce travail procède plus de la dynami-que créatrice de l’imagineur que de la purelogique déductive10. Le Bien commun n’estpas du seul ordre du bien et du mal, ou dela notion de morale de droits de l’Homme quifixe des interdits (violation des droits fon-damentaux) et des possibilités (égalité deschances dans la diversité des talents). Il ren-voie plutôt à la mise en pratique de princi-

pes, eux-mêmes forgés par notre histoire,nos valeurs, et qui sont devenus non-négo-ciables et intangibles. La morale commande,l’éthique recommande.La pensée du Bien commun tient ainsi comptedes phénomènes de contradictions socia-les et de la complexité de la décision. Parexemple, lors du développement des projetsurbains, les habitants souhaitent des ruespiétonnes, mais veulent pouvoir circuler libre-ment en voiture et jusqu’à la porte de leurlogement. Au-delà de l’intérêt général, laconcertation devient ainsi un moyen d’iden-tifier les jeux d’acteurs. Ces arènes de choixcollectifs peuvent désigner des entités col-lectives imbriquées, du micro au macro, tel-les qu’une famille, une entreprise, une com-munauté d’usagers jusqu’aux « arènes dechoix constitutionnels » d’une nation ou d’ungroupe de nations11. Penser par le Bien com-mun et imaginer le territoire…

Penser par le Bien commun permet d’envisager, de façon pragmatique, les choix collectifs, - au-delà de la notion abstraite d’intérêt général. Dans une ville considérée comme sensible,l’affirmation des capacités de l’Homme à évaluer les situations, et les conduites à tenir en tantqu’expression de désir1, sont alors pris en compte.

1 - A. Sen, L’économie est une science morale, éditions La Découverte, 2004.2 - Voir la recherche pluridisciplinaire sur la ville sensible au MIT, USA : http://senseable.mit.edu3 - C. Ayati, L'économie selon Emmanuel Mounier, ou la rencontre du spirituel et du temporel, DEES,n° 116, juin 1999, pp. 59-68 ; J.-L. Dubois, F.-R. Mahieu, Personnalisme, capacités et durabilité,fondements éthiques pour un développement sociale-ment durable, d'Emmanuel Mounier à EmmanuelLévinas, Communication for de 3rd Conferenceon the Capability Approach, University of Pavia, 7-9 September 2003.4 - J. Maritain, les droits de l'homme et la loi naturelle,publié dans Christianisme & démocratie, les droits de l'homme, préface de M. Fourcade, 1942, Paris,Desclée de Brouwer, 2005 ; La personne et le biencommun, Desclée de Brouwer, 1947.5 - Aristote, Ethique à Nicomaque, Bibliothèque des Textes Philosophiques – Poche, Paris, 1990.6 - Revue, Bridge-Builder #3, 12/2013, Common Good& Ubuntu, www.commongood-forum.prg7 - G. Fessard, Autorité et bien Commun, Aubier, 1944.8 - A. Sen, L’économie est une science morale, éditions La Découverte, 2004.9 - K. Popper, The Abdication of Philosophy: Philosophy and the public good, The Myth of the Framework, in defence of science and rationality,Routledge, 1994.10 - C. Castoriadis, L’Institution imaginaire de la société, Seuil, 1975.11 - Voir la pensée de la diversité institutionnelle en droit (C. Berry-Gray, The Methodology of MauriceHauriou, Rodopi, N-Y, 2010) et en science politique(Autour d’Ostrom : communs, droits de propriété et institutionnalisme méthodologique, Revue de la Régulation, Aut. 2013).

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 9

Page 10: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

DOSSIER � À la recherche du bien commun territorial

10 traits d’agences 24 automne 201410 traits d’agences 24 automne 2014

La transition énergétique sera territoriale ou ne sera pas ! Nicolas GARNIER, délégué général d’Amorce (Association des collectivités pour la gestion de l’énergie et des déchets)

La politique énergétique française a étéconstruite au sortir de la Seconde Guerremondiale sur la recherche publique et la créa-tion de grands groupes industriels, dans unevision très centralisatrice et dans un objec-tif d’autonomie énergétique. A l’heure du défide la transition énergétique, ce modèle est-il encore pertinent ? Si le débat est aujourd’huimonopolisé par la question technologique etl’évolution du mix énergétique (faire plus oumoins d’éolien, de nucléaire, etc.), il appa-raît que les enjeux fondamentaux ne sont pasceux-là. Ils relèvent de la gouvernance, deculture, d’appropriation et de démocratisa-tion de la question énergétique qui devraits’appuyer prioritairement sur le niveau terri-torial afin de mobiliser chacun en matière demaîtrise de l’énergie, et de valorisation desressources énergétiques locales.Dans la seconde moitié du XXe siècle, le sec-teur énergétique s’industrialise : il faut pro-duire de l’énergie pour les Français. Le modèles’appuie sur la création d'EDF et GDF etrepose sur une approche étatique, centrali-

sée, industrialisée de la question énergéti-que. Cinquante ans plus tard, la quasi-tota-lité des Français a accès au gaz et à l’élec-tricité et de ce point de vue, la réussite dumodèle est avérée, mais dans une approcherelativement déresponsabilisante pour leconsommateur et les collectivités territoria-les.Cependant, l’équation a changé. Aujourd’hui,l’énergie est chère sur le marché mondial,l’impact environnemental est grand et ladimension sociale prégnante : la progressionde la précarité énergétique est fulgurantedepuis 20 ans. Alors que 9 millions de per-sonnes ont des difficultés à payer leur fac-ture énergétique, il faut maintenir l’accès àce bien commun qu’est l’énergie.Comment assurer la transition énergétique ?Le modèle centralisé et industrialisé ne fonc-tionne plus quand il s’agit de consommermoins d’énergie, de changer les comporte-ments, les modes de construction, de dépla-cement, de consommer mieux, de produiresa propre énergie en valorisant les ressour-

ces locales. Le grand enjeu des deux derniè-res années, sur lequel Amorce a travaillé, aété de démontrer que l’acteur clé de la tran-sition énergétique n’est pas EDF ou GDF, maisbien les habitants et les acteurs économiquesde toutes tailles, donc les territoires.Les collectivités sont protéiformes dans leurcapacité d’agir pour la transition énergéti-que, entre production et distribution d’éner-gie, lutte contre la précarité énergétique,rénovation, planification, etc. Mais leurs com-pétences, les prérogatives, leurs moyens res-tent encore trop limités pour impacter glo-balement la transition énergétique de leurterritoire. Les plus avancées en la matièreont souvent dû faire face à beaucoup de résis-tance. Il s’agit donc, dans la future loi de tran-sition énergétique, de leur donner davantagede pouvoir et des moyens d’intervention, etde sortir d’une approche volontaire pour géné-raliser l’émergence de politiques énergéti-ques territoriales.La transition énergétique sera territoriale oune sera pas !

Cet événement organisé par la FNAU se déroule à Paris eten Île-de-France. Il est l’occasion de mobiliser les élus et lespartenaires de la FNAU autour une réflexion commune àl’aube d’une nouvelle étape de décentralisation et d’une muta-tion de l’action publique territoriale, à toutes les échelles.

� La journée du 17 novembre est consacrée à des ateliers-débats dans différents lieux de la capitale, reflétant ladiversité des partenariats des agences d’urbanisme. Enparallèle de ces ateliers thématiques, des visites sontorganisées dans le territoire francilien, afin de mettre en avant

la richesse du bien commun territorial de la région Île-de-France. La journée se clôt par la remise du prix de thèse sur laVille et une soirée au Centquatre, lieu culturel de Paris.

� La journée du 18 novembre, qui se déroule au Centquatre,est dédiée à une plénière qui aborde les enjeux de gouvernancedes biens communs territoriaux (ressources naturelles, énergie,capital économique, espaces publics, projets territoriaux,agenda urbain international), au prisme des nouvellespratiques sociales et de l’émergence de nouveaux modèleséconomiques.

Inscriptions, programme détaillé et actualités de la rencontre disponibles sur le site internet de la FNAU : www.fnau.org

La 35e Rencontre des agences d’urbanisme se tient les 17 et 18 novembre 2004 sur le thème du bien commun territorial

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 10

Page 11: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 11

Agence de Bordeaux : L'EAU À LA SOURCE DU BIEN COMMUNPar Hélène BUCHELI, ingénieur agronome urbaniste, a'urba

À l'origine du partenariat : la volonté d'inté-grer les enjeux liés à l'eau portés par le SDAGE(Schéma Directeur d'Aménagement et deGestion des Eaux) dans les documents d'ur-banisme. En 2010, la première convention departenariat entre l'AEAG et l'agence d'urba-nisme est ciblée sur la prise en compte del'eau dans les deux SCoT(s) alors en coursd'élaboration au sein de l'a-urba : le SCoT del'Aire métropolitaine bordelaise et le SCoTdu Bassin d'Arcachon Val de Leyre. Afin depoursuivre la réflexion à une échelle plus fine,l’agence d’urbanisme a proposé à l'Agencede l'eau de travailler sur un bassin versantparticulier les années suivantes.

L'estey du Guâ : un bien commun retrouvéSitué en périphérie Est de l’agglomérationbordelaise, l'estey du Guâ, affluent de laGaronne, parcourt sur près de 20 km 13 com-munes dont 8 sur la communauté urbaine deBordeaux (CUB). C'est en raison de la mul-tiplicité des enjeux mais également de l’exis-tence d'un syndicat de bassin versant que lechoix s'est porté sur ce territoire. Principalémissaire du système pluvial de la CUB enrive droite, l'estey du Guâ assure une fonc-tion hydraulique majeure. Marqué par lesimportants aménagements hydrauliques delutte contre les inondations pluviales (6 bas-sins d'orage, 1/3 du lit canalisé), le Guâ estsoumis à forte artificialisation ainsi qu'àdes pressions domestiques et industrielles.Malgré ce constat sévère, l'analyse paysa-gère, urbaine et foncière des abords duGuâ a mis en évidence les nombreux usageset qualités de la trame verte et bleue ainsique des potentialités de reconquête.

Le bassin versant comme échelle fédératriceLes entretiens réalisés avec les 13 commu-nes, ainsi que des principaux gestionnaireset acteurs du bassin versant, ont permis d'ap-préhender la diversité des perceptions loca-les du Guâ, mais également l'hétérogénéitédes modes de gestion pratiqués sur le coursd'eau. En 2013, à l’issue du diagnostic, unejournée d’échanges a été organisée avec l’en-

semble des acteurs impliqués : communes,CUB, Agence de l’eau, DDTM, Conseil géné-ral, Chambre d’agriculture, fédération depêche, association MIGADO… Cette étapea été cruciale pour partager les enjeux et lesinteractions amont-aval. La réalisation d'unevidéo sur les pratiques viticoles vertueusesen amont du bassin versant a égalementcontribué à une appropriation collective.

Vers une gestion intégrée « eau-urbanisme » ?En 2014, des groupes de travail ont ensuiteidentifié des pistes d'actions. Malgré les inon-dations du 26 juillet 2013 qui ont ont foca-lisé toute l'attention sur la vulnérabilité duterritoire, l'objectif d'une gestion plus res-pectueuse des fonctionnalités écologiquesdu cours d'eau a été poursuivi. Dix actionsont été proposées autour de trois enjeux prio-ritaires pour le bassin versant : lutter contreles inondations en préservant les milieux,restaurer et entretenir les cours d'eau et leursespaces d'accompagnement, restaurer la qua-lité de l'eau. Pour chacune des actions, lesoutils, partenaires et financements poten-tiels ont été fléchés. Bien que certainesrestent encore au stade des principes, d'au-tres sont déjà initiées : une étude pour unegestion coordonnée des ouvrages hydrauli-ques à l'échelle du bassin versant et lamise en place d'un groupe de travail visantà harmoniser les règles d'urbanisme impac-tant la gestion des eaux pluviales. Sans doutemoins tangible, la contribution de la démar-che à la construction durable de solidaritésamont-aval reste à porter dans la durée.

Conduite dans le cadre d'un partenariat avec l’Agence de l’eau Adour Garonne (AEAG) entre 2012 et 2014, la démarche intitulée « Stratégie de reconquête de l’estey du Guâ » s’inscrit dans une tripleperspective : la valorisation de la trame verte et bleue, la contribution à l'atteinte des objectifs fixés par la directive cadre sur l’eau et la construction d’une stratégie globale dans un souci de mutualisationdes moyens existants.

© a

'urb

a

L’estey du Guâ.

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 11

Page 12: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

DOSSIER � À la recherche du bien commun territorial

12 traits d’agences 24 automne 2014

Agence de Strasbourg : LES LISIÈRES URBAINES, DES LIEUX STRATÉGIQUES POUR FABRIQUER DU BIEN COMMUNPar Sylvie BLAISON, chef de projet, ADEUS

Les lisières urbaines, un levier pour construire un territoire durableLe concept de lisières urbaines vise à met-tre en relation l’espace urbain avec l’es-pace naturel ou agricole. Les lisières urbai-nes fabriquent du bien commun à plusieurstitres. En identifiant des limites claires eten leur donnant du sens, elles contribuentà contenir l’étalement urbain et, en consé-quence, à préserver les ressources naturel-les. En créant des espaces publics qui, parleur proximité avec les champs, la forêt, larivière, les coteaux, donnent à voir le soclenaturel du territoire, les lisières urbaines fabri-quent un effet de synergie majeur pourfaciliter l’acceptation de la densité et répon-dre aux besoins de nature de la population.En créant un espace de transition, les lisiè-res basculent le rapport ville-nature de l’op-position à la mise en relation, par la mutua-lisation de l’espace qu’elle permet et qui estle premier bien commun. Aujourd’hui, le« zoning », la sanctuarisation des espacesnaturels, la non intégration de l’agricultureau projet urbain, mettent à distance le citoyenurbain de l’espace naturel et agricole, leprivant ainsi de l’accès à ce bien commun.Les lisières urbaines, en développant desespaces publics en lien avec la géographie,comme une promenade au bord de l’eau ousur les coteaux, ne sont pas de même naturequ’un espace public de rue ou un square, quirépondent à des besoins de quartier. Ellesfabriquent un espace collectif qui renvoie àune dimension territoriale plus vaste et appro-priable par tous. En ce sens, elles contribuentà l’émergence d’une citoyenneté territorialeau-delà de sa rue, de son quartier ou deson village. En articulant différentes échel-les de territoires et la prise en compte d’unediversité de modes de vie, elles favorisent lamixité sociale par le croisement des indivi-dus et créent l’échange.

Le travail de l’ADEUSCe concept de lisières urbaines découle desnombreux travaux de l’ADEUS qui – à travers

notamment le Plan vert de la communautéurbaine de Strasbourg en 1996, la variable« paysage-ressource » dans les travaux pros-pectifs de l’agence depuis 2010, le Référentielpaysager du Bas-Rhin en 2013 – ont identi-fié à la fois le rôle de la trame verte etbleue et celui de l’interface ville-nature commelevier d’un territoire durable.L’ADEUS cherche à définir les conditions pourcréer une synergie « ville-nature » et élaboredes principes pour formaliser les lisières urbai-nes. Ceux-ci seront déclinés sous la formed’un cahier de préconisations destiné auxdocuments cadres tels que le Plan local d’ur-banisme intercommunal et les Schémas decohérence territoriale.

Des enjeux qui vont orienter les préconisationsA travers les premières analyses des typolo-gies de lisières urbaines, des enjeux appa-

raissent et interrogent la stratégie d’organi-sation territoriale.La prégnance de l’espace naturel au contactde la Communauté urbaine de Strasbourgidentifie l’enjeu de fabriquer un réseau delisières qui mette en relation l’espace natu-rel et l’espace urbain, en particulier quanddes logiques de densification sont à l’œuvre.La qualité et la fragilité des lisières urbai-nes au regard de l’espace agricole posentla question de l’attractivité de ces villagesagricoles représentatifs de l’image de l’Alsace.Face aux enjeux qui sont identifiés, les pré-conisations telles que préserver des perméa-bilités visuelles entre la ville et les espacesde nature, ou préserver et valoriser une conti-nuité d’espace de nature accessible aux pié-tons et cyclistes le long des espaces bâtis,peuvent se retrouver dans les orientationsd’aménagement et de programmation desPLU par exemple.

Les « lisières urbaines » posent la question du bien commun, dans le sens où elles développent unenouvelle forme d’espace public qui contribue à préserver les ressources naturelles et à mutualiser lesespaces naturels au profit du citoyen, favorisant ainsi l’appropriation par tous. L’Agence dedéveloppement et d’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise (ADEUS) développe ce concept de« lisières urbaines » en identifiant les enjeux qu’il représente, ses différentes typologies, et décline despréconisations destinées à être intégrées dans les documents cadres.

© A

DEU

S

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 12

Page 13: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 13

Agence du Havre : LE LITTORAL, ESPACE DU LIEN ETDU LIANT, PREMIER « BIEN COMMUN TERRITORIAL »Par Juliette DUSZYNSKI, chef de projets économie, portuaire, projets européens, AURH

Entre mer et terreLe littoral, cette bande de terre qui sépareétendue maritime et étendue terrestre, peutsouvent être appréhendé comme une fron-tière entre deux mondes ; il serait particuliè-rement opportun de le considérer commeune interface, un carrefour les reliant. Espaceconvoité, attractif, propice aux différents flux,l’espace littoral accueille la majorité de l’hu-manité, nombre d’agglomérations et de nom-breuses activités. Il est par essence le lieude toutes les complexités et de toutes lescontradictions. C’est à la fois le lieu des res-sources naturelles et halieutiques, le lieu d’ac-tivités économiques plurielles et complé-mentaires : loisirs, économie résidentielle,industrie, pêche, commerce, etc.Le contexte mondial de forte démographielittorale est vérifié en France métropolitaine :la densité de population des communes lit-torales, 315 habitants par km2, est trois foissupérieure à la moyenne nationale. L’une desconséquences directe de cette forte densitéest le niveau élevé de l’artificialisation du lit-toral au détriment des terres agricoles et desmilieux naturels.

Aménager le littoral, la question de la « gestion de la bordure »Les outils de protection existent et peuventdevenir de véritables leviers pour l’aménage-ment « soutenable » de ces zones littoralesparticulièrement complexes. Citons au niveaueuropéen la démarche de Gestion intégréedes zones côtières qui prend en compte lesenjeux terrestres et marins, naturels, écono-miques et sociaux d'une zone littorale défi-nie comme territoire cohérent de réflexionet d'action.

Dans le SCoT Le Havre Pointe de CauxEstuaire, la loi Littoral a servi de prétextepour développer un véritable projet de terri-toire en permettant de repréciser une typo-logie des espaces littoraux. Le cadre législa-tif a permis de prendre en compte des« secteurs d’enjeux agricoles », en donnantdes limites franches d’urbanisation et unefonction reconnue aux espaces naturels etagricoles.

Le littoral, une interface de connexionsAujourd’hui plus de 80 % des marchandisessont transportées, à faible coût, par voie mari-time. Les flux sont ainsi devenus le vecteurde l’économie moderne, avec pour unité decompte le conteneur. Appréhender le terri-toire comme un « système territorial orga-nisé par les flux » est nécessaire. La concur-rence entre les ports se déroule de plus enplus sur terre et ceux-ci ne raisonnent plusen places portuaires mais en chaînes de valeuret en corridors. Le littoral joue alors ce rôlede passage et de connexion entre mer etarrière-pays. Citons deux exemples pour illus-trer ce propos.En 2012 naissait le Groupement d’IntérêtEconomique HAROPA, composé des ports dela Vallée de Seine (Le Havre, Rouen, Paris).Cette coopération s’est ouverte à de nou-veaux partenariats et dessine une doublestratégie spatiale, à la fois intérieure et defaçade maritime. L’outil « Toile industrielle » créé et développépar l’Agence d’urbanisme Flandre-Dunkerque,analysant les interrelations entre entrepri-ses, fait admirablement le lien entre tissuéconomique local, terminaux portuaires, tra-fics et donc marchés internationaux.

L’économie du Dunkerquois n’est pas raison-née en « île » mais bel et bien connectée àson environnement et aux échanges mon-diaux.Parfois réduits à de simples vocations de loi-sirs, les littoraux transcendent nos appro-ches des problématiques d’aménagement etdoivent être compris comme le lieu de tou-tes les innovations économico-urbanistico-portuaires. Comme nulle part ailleurs, cesespaces multiples posent les questions devoisinages, d’acceptation, de conciliation, deconfrontation, de cohabitation, de frontièreet de passage, etc. Ils ne sont plus unique-ment des espaces « tampons » mais doi-vent être appréhendés sous l’angle de l’hy-bridation. Il s’agit désormais de placer lelittoral dans un rôle d’interface, d’articula-tion et d’interdépendance et donc d’appré-hender ce bien commun comme le lieu desdéfis territoriaux majeurs des urbanistes 2.0.

De par ses natures, ses vocations et ses usages, le littoral transcende les réflexions quotidiennes d’une agence d’urbanisme. Il est un espace partagé, le lieu des valeurs ajoutées territoriales etl’exemple idoine de ce qui peut être qualifié de « bien commun territorial ».

Front de mer du Havre vu de la Pointe de Floride.

© A

UR

H

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 13

Page 14: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

DOSSIER � À la recherche du bien commun territorial

14 traits d’agences 24 automne 2014

Agence de Belfort : LA NOTION D’ESPACE-PROJET MÉTROPOLITAIN Par Bruno VIDALIE, directeur, AUTB

Est-il raisonnable d’inscrire des objectifs aussiambitieux dans la planification ? Les poten-tialités de ces espaces sont à la fois horsnormes et décisives pour l’avenir. Mais onne manie pas un cœur urbain comme unevulgaire Zac, ni même à coup de procédures.Si les impulsions publiques sont indispensa-bles, ce sont des espaces où la surcharge devaleur est exposée au risque de perte decontrôle qualitatif de l’urbanisation : enjeumajeur, mais maîtrise complexe, pour ne pasdire aléatoire.

Légitimer l’objectif territorial décisifLa responsabilité du SCoT est d’insuffler lesnouvelles stratégies territoriales. Or le biencommun attaché à ces espaces particuliersbouscule la perception des acteurs. La pers-pective du renouvellement métropolitain d’unecentralité est abstraite, coûteuse, difficile,

portée sur le long terme, sans gouvernancepublique hiérarchisée, sans processus opé-rationnel écrit à l’avance. En outre, le projeten est difficile à lire car les lieux sont déjà làdepuis longtemps, perçus avec une matéria-lité qui souvent masque les potentialités.Le SCoT expose de nouvelles fonctionsqu’il légitime et met en place pour dire unefinalité simple : le sursaut de compétitivitéqu’il faudra effectuer.En posant l’identité, la vocation et le statutmajeur de ces espaces, le SCoT instaure undouble jalon qualitatif : qualité de l’écritureurbaine et sélectivité de l’affectation des sols.Il désigne et dénomme les périmètres sensi-bles, auxquels il associe des orientations.Mais au-delà d’un effet préventif, ce qui estrecherché, c’est que la convergence desacteurs se fasse à travers un investissementvéritable.

Le territoire serait-il le nouveau prisme parlequel est appréhendée la santé ? Après laloi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires »ou le « contrat de praticien territorial », devraitêtre bientôt créé le « service territorial desanté ». Les territoires font en effet face àune problématique sanitaire croissante, liéeaux départs à la retraite de nombreux méde-cins, à l’évolution d’exercice des jeunes pra-ticiens privilégiant les zones urbaines.Dans les territoires, l’heure est donc à lamobilisation des différents acteurs locauxpour essayer d’imaginer ensemble des solu-tions sans s’en remettre uniquement à despolitiques « descendantes ». Nombre d’élusruraux considèrent en effet que tous les pro-

jets de développement territorial sont vainssi un service de base tel que l’offre de santédisparaît. De nombreux professionnels desanté, pouvant prétendre au départ à laretraite, n’acceptent pas de partir si leur suc-cession n’est pas assurée. C’est cetteconscience collective et ce sentiment de res-ponsabilité partagée qui poussent ces acteursà s’engager ensemble.Dans le Pays de Saint-Omer, l’agence d’ur-banisme appuie les intercommunalités sou-tenues par le Conseil Régional Nord – Pas-de-Calais, afin de parvenir à une véritablevision partagée permettant d’imaginer dif-férentes solutions, notamment un plan deprévention ou un projet de maisons de santé.

C’est riches de cette vision collective, bâtieen proximité, que les acteurs du territoirepeuvent nourrir et porter des politiques quigarantiront la pérennité d’une offre de santécomplète et accessible pour tous.

En créant les espaces-projets métropolitains, le SCoT du Territoire de Belfort, approuvé en février 2014,désigne les secteurs où se jouera la crédibilité métropolitaine du territoire : le cœur d’agglomération,l’espace médian TGV, le corridor transfrontalier.

Agence de Saint-Omer : LA SANTÉ DANS LES TERRITOIRES, RESPONSABILITÉ PARTAGÉE ET MOBILISATION GÉNÉRALEPar Laurent RENAVAND, chargé de mission, AUDRSO

Pour garantir le maintien d’une offre de santé complète dans les territoires, de nouvelles collaborationsse développent : élus et professionnels de santé, ensemble pour défendre un service essentiel pourla population.

Principes d’aménagement du cœur urbain dans le SCoT.

© A

UTB

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 14

Page 15: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 15

Agence de Dunkerque : VOYAGE AU CŒUR DES ÉCOSYSTÈMES PRODUCTIFS Par Jean-François VEREECKE, directeur de l’observation et de la prospective, AGUR

Les économistes ne sont pas toujours à l’aiseavec les territoires. La microéconomie etl’économie industrielle restent des discipli-nes peu spatialisées et envisagent les systè-mes productifs comme des objets créant dela valeur hors sol. Le bien commun territo-rial est généralement envisagé comme unsupport de ressources productives, d’exter-nalités et d’avantages comparatifs.De même, les approches statistiques tradi-tionnelles traduisent la réalité des territoirespar le biais de mailles d’analyse. La zoned’emploi, l’aire urbaine, les pôles urbains, lesaires métropolitaines, etc., constituent autantd’échelles de références permettant d’agré-ger des statistiques pour les comparer, lesmettre en perspective et en faire émerger dusens. Les données mobilisables peuvent expli-citer les dynamiques de l’emploi, de la pro-ductivité, de l’innovation ou encore du tissuproductif. En revanche, elles ne permettentpas de rendre perceptible la force des liensexistant entre les établissements d’un mêmeterritoire, ni la prégnance des relations déve-loppées avec les autres espaces productifs.Or ces liens de proximité, tissés au fil dutemps, représentent à la fois des espacesde coopération et des vecteurs d’interdé-pendances plus ou moins puissants. Ils sontle fruit du processus de construction d’unbien commun trop souvent négligé par lesexperts : l’écosystème productif local et inter-territorial.

L’expérience de la « Toile industrielle »Observer et comprendre la réalité de ce biencommun est essentiel si l’on estime que leterritoire peut endosser la vocation d’acteurpivot de l’économie. Le Dunkerquois en a faitl’expérience en créant, en 2009, sa première« Toile industrielle ».La Toile industrielle dunkerquoise est unereprésentation (90 cm sur 1,20 m) des prin-cipaux échanges et relations qu’ont dévelop-pés les industries implantées sur le bassind’emploi de Dunkerque. Leurs liens avecles grands marchés internationaux, les portset les sous-traitants sont représentés par desflèches de couleur. L’outil a été conçu pourconstruire une culture commune. Il s’adresse

en premier lieu aux acteurs économiqueslocaux en leur fournissant une vision globaledes relations productives. Pour leDunkerquois, elle dresse le portrait d’uneorganisation industrielle puissante et liée àplusieurs grands marchés (énergie, automo-bile, agroalimentaire, etc.). Les échangesinterindustriels relèvent à la fois de relationsclient-fournisseur et de synergies économi-ques et écologiques (récupération d’énergie,de déchets, d’effluents, etc.). L’ensemblede ce système constitue une véritable forced’attraction pour l’investissement industrielsur le territoire et donc pour le renforcementde ce bien commun.L’intensité des relations est également révé-latrice d’interdépendances pouvant provo-quer des réactions en chaîne en cas de crisesectorielle. La Toile pose donc également laquestion de la fragilité de l’économie locale.

Intelligence et stratégie économiqueterritorialeAu-delà de ces clés de lecture, la représen-tation des écosystèmes productifs peut avoirdes effets bénéfiques pour les dynamiqueséconomiques locales. Elle peut, par exem-ple, favoriser des pratiques coopératives (mise

à disposition de main d’œuvre, écologie indus-trielle, etc.). C’est aussi un outil de prospec-tive qui permet d’anticiper d’éventuels chocsconjoncturels et autres effets dominos. Parson impact didactique, il permet la prise deconscience d’une communauté d’intérêt ; ence sens, il peut devenir un véritable outil stra-tégique pour la résilience économique desterritoires.Depuis sa publication, la Toile nourrit de nom-breux débats. Présentée dans diverses ins-tances, elle a notamment servi de documentd’appui aux négociations liées à l’arrêt de laraffinerie Total.L’expérience dunkerquoise inspire égalementde plus en plus d’espaces économiques. Aprèsle port de Nantes-Saint-Nazaire et le SANOuest Provence, l’agence d’urbanismedu Havre a récemment décidé de se lancerdans sa propre « toile de l’Estuaire de laSeine ».

Pour en savoir plus : > www.agur-dunkerque.org et http://www.aurh.fr/prospective/la-toile-industrielle-de-l-estuaire-de-la-seine

Les relations tissées entre les acteurs économiques constituent un patrimoine immatériel de grandevaleur pour le développement d’un territoire. Celles-ci produisent des externalités, parfois positives,parfois négatives, pouvant déboucher au fil du temps sur des coopérations, des échanges, des contratsde proximité ou encore de l’écologie industrielle. Comment observer et comprendre ce bien commun ?Retour sur un nouveau savoir-faire né en agence d’urbanisme.

Diester Industrie, aujourd’hui à l’arrêt, dont l’activité était très liée à la raffinerie Totale.

© A

GU

R

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 15

Page 16: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

DOSSIER � À la recherche du bien commun territorial

16 traits d’agences 24 automne 2014

Agence de Saint-Étienne : SAINT-ÉTIENNE, LABORATOIRE D’EXPÉRIMENTATION ET D’INNOVATIONPAR LES USAGESPar Emmanuelle GALLOT-DELAMEZIERE, urbaniste, epures

Transport, consommation, travail, projetsurbains, NTIC… Les pratiques collaborativesimpactent l’ensemble de la société. Ellesapparaissent comme des alternatives auxsystèmes productif, politique et décisionneltraditionnels ébranlés par la crise. Elles amè-nent à réinterpréter le lien social, le rapportà l’usager, les modalités de diffusion de l’in-formation et de l’expérimentation. Elles ins-pirent désormais les collectivités locales, àl’image de Saint-Etienne et de la mise enœuvre de sa stratégie de développementpositionnant le design comme levier écono-mique, mais aussi territorial et social, dansle cadre de démarches pilotes mettant aucœur des process la co-conception, l’inno-vation et le partage d’expériences.La mise en œuvre de cette stratégie sem-ble s’être construite par étapes autour deplusieurs phases successives ou concomi-tantes : amorce de la dynamique fortementportée politiquement et marquage du terri-toire par la construction d’objets architectu-raux singuliers ; acculturation du milieu local- politique, technique, économique - par leprojet ; quête de visibilité extérieure et démar-che de marketing territorial… Elle a de plusbénéficié de la concordance de plusieurs élé-ments moteurs : la présence historique d’uneécole supérieure d’Art et de Design ; la créa-tion d’un centre d’innovation et de recher-che, la Cité du Design, avec ses dispositifsd’accompagnement spécifiques Living Labou Laboratoire des usages et pratiques inno-vantes ; une source de financement des pro-jets permise dans le cadre d’un Grand ProjetRhône-Alpes ; une reconnaissance et uneouverture aux réseaux extérieurs acquises àtravers la Biennale, l’adhésion au réseauUnesco « villes créatives » ; l’intégration parla collectivité d’une fonction de design mana-gement dans la conception et le déploiementdes politiques publiques.

La création d’un véritable écosystèmeautour du designL’ensemble de ces paramètres permet deconstruire un véritable écosystème localautour du design, susceptible d’être sourced’attractivité. Un des défis à surmonteraujourd’hui est sans doute l’appropriation decette dynamique par les habitants. Depuiscinq ans, des expériences innovantes de col-

laboration collectivité/habitants usagers sontmises en place, réinterrogeant les manièresde concevoir le projet et la prise en comptede la participation citoyenne. Elles s’articu-lent autour du design de service public et dudesign participatif et visent à positionner leterritoire stéphanois comme un laboratoired’expérimentation dans la prise en comptede l’innovation par les usages.Depuis 2013, les collectivités locales sesont saisies du design pour réinterroger laplace de l’innovation dans leur fonctionne-ment interne. La démarche s’est focalisée surla prise en compte de l’usager, à la fois rai-son d’être des services et élément suffisam-ment fédérateur et consensuel pour impulserle changement. Elle s’est déclinée en projetsprenant en compte la notion d’expertise d’usa-ges pour améliorer la fonction d’accueil d’unlieu public, avec le projet « Hôtel de ville dedemain » et en actions de réflexion collectiveautour du design d’action public comme les« Managériales », « Ré-enchantez l’action publi-que » ou « la Manufacture d’action publique ».

Depuis 2010, plusieurs projets participatifsà l’initiative des institutions locales ont vule jour. Ils visent notamment la création d’es-paces publics éphémères comme la« Cartonnerie » co-construite par et pour leshabitants, ou pérennes comme l’aire de jeuxdu Parc François Mitterrand réalisée en col-laboration avec le Conseil municipal desenfants. Ils contribuent à la rénovation parétapes d’écoles stéphanoises en faisant tra-vailler côte à côte équipes pédagogiques,enfants, designers et services techniquesmunicipaux dans le cadre de « Je participeà la rénovation de mon école ». Ils investis-sent les quartiers « en creux », ne bénéfi-ciant pas de l’éclairage de grands projetsurbains, en associant les compétences des-ign à l’élaboration de projets co-conçus avecles habitants dans le cadre des conseils dequartiers (Design dans les quartiers). Desprojets qui permettent également une démo-cratisation culturelle du design auprès desStéphanois.

L’agglomération de Saint-Etienne relève le défi des pratiques collaboratives à travers le design.

© L

IN F

inn

Gei

pel /

Gui

la A

ndi /

P. C

oupe

lon

- ep

ures

La Cité du Design.

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 16

Page 17: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

Agence de Reims : D’UN BIEN EMBLÉMATIQUE AU CONCEPT DE « VALEUR UNIVERSELLEEXCEPTIONNELLE » DE L'UNESCOPar Amandine CRÉPIN, chef de projet, chargée d’études, AUDRR

C’est l'histoire d'une métamorphose : celle du changement de regard, d’une révélation enfouie et réexprimée au travers d’une démarche de management territorial portée par une candidature au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Le Champagne résulte d'une longue histoirequi s'inscrit tout à la fois dans l'élaborationd'un vin devenu prestigieux, des exigences deproduction et de savoir-faire uniques, passéesde l'ère artisanale à l'ère industrielle, dansun contexte où chaque acteur en présence,des vignerons aux Maisons de Champagne,ont su nouer des liens professionnels respec-tueux, commerciaux et novateurs.Cette dimension internationale et innovante,tant sur le plan technique qu’organisation-nel, avec la constitution notamment de l’unedes premières AOC françaises qui favorisela protection de l’appellation Champagne, arapidement mis en avant un patrimoine juri-dique hors des frontières. La démarche enga-gée par la candidature des Coteaux, Maisonset Caves de Champagne au Patrimoine mon-dial de l’Unesco a permis d’assembler tou-tes les dimensions et ainsi révéler la ValeurUniverselle Exceptionnelle.En 2007, le Comité interprofessionnel du vinde Champagne propose de tester l’idée d’unecandidature de la Champagne viticole au titredu Patrimoine mondial de l’Unesco en élabo-rant un dossier de préfiguration. Un an plustard, les acteurs locaux se fédèrent au seind’une association loi 1901. Accompagnée d’unexpert des questions relatives au Patrimoinemondial de l’IAU d’Île-de-France, l’associa-tion « Paysages du Champagne » lance desinventaires et des expertises localement.C’est dans ces circonstances que l’agenced’urbanisme de Reims intervient dans un pre-mier temps pour établir une base de don-nées sur SIG des documents d’urbanismedes 319 communes viticoles ainsi qu’un diag-nostic du niveau de protection du patrimoineen place sur le territoire.

Une dynamique collectiveLa réalisation d’un dossier de candidatureau Patrimoine mondial relève d’un proces-sus complexe qui suppose de fédérer desacteurs gestionnaires issus des collectivitéset du monde vitivinicole, de mener des tra-vaux d’expertise de haut niveau, d’appréhen-der une procédure d’instruction à l’échelonnational et international, de mettre en mou-vement un territoire derrière l’objectif d’ob-tention de l’inscription, et enfin d’assembler

toutes les pièces du puzzle dans un dos-sier scientifique.L'agence a su se positionner en centre deressource, de production, d'animation, etde créativité sous la direction du Présidentde l'Association des paysages duChampagne. Un tel dossier exigea bienentendu de mobiliser des experts de hautniveau et en parallèle de disposer d'uneéquipe de maîtrise d'œuvre, créative, réac-tive, maîtrisant les langages, connaissantles stratégies d'acteurs en lien étroit avecles personnalités techniques et politiquesdes chaînes de production.

La dynamique engagée pour l’élaboration dela candidature Coteaux, Maisons et Cavesde Champagne au Patrimoine mondial a pro-fondément changé le regard des acteurslocaux sur leur patrimoine. La candidature aapporté une prise de conscience collectived’une richesse historique, patrimoniale etsociale unique au monde, renforçant ainsiles liens qui unissent ce nectar universelle-ment reconnu à son territoire. L’agence d’ur-banisme a su recoudre, et parfois assembler,à la manière d’un artisan, ce lien qui fait laforce d’un territoire.

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 17

Crayère de la Maison Ruinart.

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 17

Page 18: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

DOSSIER � À la recherche du bien commun territorial

Agence de Clermont-Ferrand : LA VILLE TEMPORAIRE ET DURABLEPar Céline AMADON, assistante d’études projets urbain, et Christel GRIFFOUL, directrice des études et stratégies territoriales, Clermont Métropole

Le temporaire au service d’un meilleurenvironnement urbainLe temps des projets urbains est souventlong, surtout lorsqu’il s’agit de donner exis-tence à des espaces en mutation, délaissésou en désuétude, à des secteurs en perte devitesse, à tout ce qui fait friches. La gestiondes espaces et du temps « en attendant le(s)projet(s) » constitue une occasion unique desoigner les maux dont souffrent les territoi-res. D’un point de vue environnemental etpaysager d’une part, par l’assainissement desols pollués, la recomposition d’un maillagevert aux vertus écologiques, l’améliorationdu cadre de vie pour les populations. D’unpoint de vue fonctionnel d’autre part, enrépondant à des besoins spécifiques dansces périodes où le changement est parfoisvecteur de déséquilibres.Plus ou moins petites et visibles, pas tou-jours institutionnalisées, ces occupationséphémères mettent en jeu le caractère péris-sable, insolite, inattendu, singulier des lieuxet des temps de la ville. En proposant desinterventions divertissantes, s’inscrivant dansles domaines de l’art, de la musique, du sportou de la culture, les meneurs de projets lut-tent contre la monotonie, attisent l’intérêtdes citoyens pour leurs espaces de proximitéet font naître de nouvelles façons de prati-quer la ville, favorisant les rencontres et leséchanges.

Faire de ses friches des atouts, l’ambition d’un territoire laboratoireAu cœur de la métropole clermontoise, lesecteur Saint-Jean/Cataroux subit aujourd’huiune mutation profonde. Touché par le départprogressif des activités industrielles et fer-roviaires, cet espace dispose de près de 80hectares de foncier mutable à court, moyenet long termes, constituant autant d’entitésstratégiques pour l’élaboration d’un futur pro-jet métropolitain ambitieux, que d’espacesméritant dès à présent une attention parti-culière. Sans gestion temporaire, ce fonciergelé, sous-occupé ou laissé à l’abandondevient rapidement un vecteur de dynami-ques négatives, susceptibles de nuire à laréussite de son renouvellement.

L’Agence d’urbanisme Clermont Métropole asouhaité placer un projecteur sur ce secteurd’intérêt communautaire, classé « Espace deValorisation et de Requalification UrbainePrioritaire » au SCoT du Grand Clermont, puislabellisé Ecocité, afin d’interroger la capacitédu territoire à recycler ses vides et se régé-nérer en mettant en avant la capacité d’in-novation, le volontarisme et la créativité deses acteurs. A partir d’une approche compa-rative de diverses expériences d’occupa-tion temporaire de l’espace, l’étude del’Agence Clermont Métropole a consisté d’unepart à mettre en avant l’opportunité d’agirsur ces espaces, et d’autre part à évaluer lafaisabilité et les modalités de mise en œuvrede la ville éphémère.

Vers de nouvelles dynamiques de création de la villeRevendiquant le droit à l’hésitation et la pos-sibilité de faire et de défaire, l’occupationtemporaire des espaces délaissés permet de

prendre le temps de mûrir les choix en accu-mulant des expériences diverses et en forti-fiant des dynamiques partenariales. Pouvants’inscrire dans des stratégies d’aménage-ment de plus long terme, les projets permet-tent à la collectivité d’anticiper des muta-tions futures, d’expérimenter des projets àpetite échelle, d’initier les prémices d’uneurbanisation progressive et partagée.La fabrication de la ville temporaire, ins-crite dans une logique « bottom-up » faisantdu citoyen un acteur incontournable, marqueégalement un renouveau dans les modesde production des projets urbains. Elus, tech-niciens, entreprises ou habitants, nous som-mes tous appelés à investir ces espaces lais-sés à l’abandon de manière à reconnaître lavaleur collective, stratégique, inclusive… dece bien commun territorial.

> http://clermontmetropole.org/eco-cite/ville_temp.pdf

Face au défi de renouvellement urbain dans un contexte économique difficile, l’Agence d’urbanismeet de développement Clermont Métropole s’est engagée dans une réflexion prospective, qui présenteles raisons d’investir les friches et délaissés, interroge de nouveaux modes de faire et abordeles dynamiques humaines à appréhender, afin d’engager des actions plus concrètes.

© Clermont Métropole

18 traits d’agences 24 automne 2014

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 18

Page 19: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 19

Agence de Caen : LA CONNAISSANCE PARTAGÉE, PREMIER « BIEN COMMUN TERRITORIAL »Par Patrice DUNY, directeur de l’agence d’urbanisme de Caen Métropole, Aucame

Le premier bien commun territorial est laconnaissance partagée du territoire. Socle àpartir duquel des décisions argumentées etconsensuelles peuvent être prises, la connais-sance constitue aussi une forme d'accultu-ration qui permet aux acteurs de se retrou-ver et d'élaborer une vision commune pourleur territoire.L'Agence d'urbanisme de Caen Métropole(Aucame) a une politique d’open data trèslarge qui correspond à ces objectifs de trans-parence, d’économie et d’efficacité dansl’utilisation de l’argent public. Cette politiques’illustre par exemple avec l’établissementconjoint de la base de donnéesOpenEquipement14 avec le Conseil général

du Calvados, et par l’élaboration collectivede la trame verte et bleue du Schéma decohérence territoriale.

Ouvrir et transmettreLa démarche open data de l'Aucame n'estpas seulement une mise à disposition pas-sive des productions de l'agence, car desoutils d'animation et de pédagogie sontnécessaires pour accompagner la compré-hension de ces données. L’Agence d’urba-nisme de Caen Métropole mène donc unepolitique d'animation de plus en plus baséesur le visuel (cartes, maquettes 3D, vidéos,etc.) avec des outils de formation spécifiqueà l'outil cartographique du territoire :

Gé'Aucame. L'interaction directe et la trans-mission orale (réunions dans les EPCI, évé-nements conviviaux transversaux, rencon-tres dédiées, etc.) forment un nécessairecomplément à une politique d'open data pourque les territoires s'en emparent et en fas-sent un facteur d’innovations, de créationd’emplois et de nouveaux services auxcitoyens.L'Agence d'urbanisme de Caen Métropole eststatutairement l'outil transversal indépendantqui appartient à toutes les échelles du terri-toire : elle peut légitimement mener à biencette mission de gestion du bien commun enconstante co-construction que représente laconnaissance du territoire.

Une cartographie interactive des projetsd'aménagement qui vont transformer l’Île-de-France ? Nous en avions rêvé… L’IAU îdFl’a fait ! Pas de triomphalisme pour autant :« Soyons honnêtes : je préfère que nous par-lions de "secteurs de projet" plus que de pro-jets d’aménagement », explique ChristopheCavaillès, géomaticien et responsable decette base de données à l’institut d’aména-gement et d’urbanisme d’Île-de-France. « Cettecarte permet d’identifier chaque projet fran-cilien. Sont recensés le plus souvent des sec-teurs au sein desquels plusieurs opérationssont annoncées ou engagées ». Le constatest intéressant puisque la carte actuellementmise en ligne présente plus de 1 500 sec-teurs de projets.La méthode de collecte repose d’abord surle recensement d’informations (veille territo-riale réalisée par les chargés d’études de l’ins-titut). Elle est ensuite croisée avec différen-tes bases de données thématiques (Zac,commerces ou encore zones d'activités).Enfin, plusieurs sources externes viennent lacompléter, en particulier les articles du sitetechnico-journalistique cadredeville.com, par-tenaire de l’IAU.

Île-de-France : un territoire en projet de façon permanenteUne mission de mise à jour est égalementdéveloppée en partenariat avec les collecti-vités territoriales. Il s’agit d’une nouvelle étapede développement cartographique. « Nouslançons une version collaborative de la carteprojets, accessible en ligne et gratuitementà l'ensemble des acteurs de l'aménage-ment en Île-de-France : à tous les maîtresd'ouvrages que sont l’État, la Région, les éta-blissements publics, lesdépartements, les inter-communalités et les com-munes, mais aussi à ceuxqui les assistent dansleurs décisions (observa-toires, agences d'urba-nisme, bureaux d’études,architectes, paysagistes)et ceux qui les réalisent(Sem, opérateurs privés,etc.) », conclut ChristopheCavaillès. « L'idée est depermettre à chacund'ajouter des projets oude la connaissance parta-

gée. En échange de ces contributions, nousouvrons totalement la base de données, enconservant un pouvoir modérateur pour assu-rer la fiabilité de l'information ». Une nouvelleétape de l’open data en faveur de l’aména-gement et de l’amélioration du cadre de vieen Île-de-France.

Le code de l’urbanisme spécifie que le territoire français est le patrimoine commun de la Nation, avec chaque collectivité comme gestionnaire. De même, les données sur le territoire devraientconstituer notre patrimoine commun : dans une démocratie, l’information produite par la puissancepublique appartient à tous.

IAU-ÎdF : CARTE COLLABORATIVE : UNE VISION DE LA TRANSFORMATION DU TERRITOIREPar Frédéric THEULÉ, directeur de la communication, IAU-îdF

La carte de l'IAU référence quelque 1 500 « secteurs de projet ».

© IA

U-îd

F

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 19

Page 20: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

DOSSIER � À la recherche du bien commun territorial

20 traits d’agences 24 automne 2014

Un pic ? Que dis-je : une péninsule !Par l'équipe du Journal du Off.

« Oufffff… difficile question ! » Lorsque l’ondemande à un chargé d’études de réagir authème de la 35e Rencontre de la Fnau, la réac-tion est à peu près identique. Que l’on tra-vaille à l’Aguram ou à l’IAU îdF, à Urbalyonou à l’Agence d’urbanisme et de développe-ment de Saint-Omer, la réponse servie àchaud relève d’un subtil mélange d’onoma-topées, de roulements d’yeux, de soupirs etde larges gestes. Au-delà du caractèredémonstratif, les réponses se révèlent conci-ses, réfléchies, et pour tout dire relativementcomplémentaires. Voici quelques extraits,délivrés à la manière d’un Cyrano de Bergerac.

Moraliste : « Le bien commun territorial estl’obligation pour un individu de ne pas déciderseul de la pondération qu’il va faire, sur "son"territoire, entre ces deux grandes vertus mal-heureusement inconciliables : la virginité etla fécondité » (Bernard Demonty, Aguram).

Idéaliste : « Voilà un thème qui remet enperspective quelques notions fondamenta-les pour la démocratie ! Il pose une questionforte : les territoires peuvent-ils se structu-rer durablement par l’action isolée d’indivi-dus portés par des préoccupations person-nelles, ou bien doivent-ils être façonnés pardes femmes et des hommes liés par une cer-taine communauté d’intérêts ? » (Pierre-Mathieu Degruel, Agence de Dunkerque).

Corporate : « Dans nos métiers et pour lescollectivités territoriales avec lesquelles nous

travaillons au quotidien, produire du biencommun, c’est déjà se mettre en capacitéde produire des visions et des stratégies ter-ritoriales partagées. […] Dans ce travail, lesagences d’urbanisme ont un rôle primordial »(Sylvain Crespel, Agam).

Légaliste : « L’article L121-1 du Code de l’ur-banisme (plus les lois Littoral et Montagne)définit bien d’un point de vue juridique etdoctrinal ce qu’est le bien commun territo-rial » (Mathieu Mirales, Agam).

Pétri de bon sens paysan : « Il s’agit de cequi concerne tout le monde, qui est de laresponsabilité de tous » (Sophie Caillerez, Agence de Saint-Omer).

Culturel : « Le "bien commun territorial" peutcaractériser des spécificités qui contribuentau patrimoine identitaire d’un territoire etconstituent des éléments essentiels à lavie de la population » (Elisabeth Faguer, IAU îdF).

Géostratégique : « Pour moi, le bien com-mun territorial est ce qui fait le caractèred’un territoire : le paysage dans lequel s’ins-crit une commune, sa morphologie, ses spé-cificités – économiques, culturelles, indus-trielles et son positionnement géographique :une ville-frontière, une ville-port… » (Frédéric Roustan, Agam).

Magistral : « La gestion, planification et amé-nagement des territoires d’avenir doivent

prendre en compte quatre enjeux pour réus-sir les territoires de demain : la constructionde territoires (macro et micro agrégatifs,équilibrés et solidaires, d’une "urbanité inclu-sive", d’une "patrimonialité multiple et huma-niste", et d’une "citoyenneté multiple etactive".(Silvia Rosales-Montano, Urbalyon). N’en jetez plus !

Une petite fableLe moins que l’on puisse dire, c’est qu’ilsn’ont pas démérité, nos chargés d’études, etqu’aucun ne nous a déçus, la palme revenantsans conteste à notre collègue SandrineBabonneau. « Le bien commun ? Cela me rap-pelle une anecdote, celle d’un petit terrainlaissé à l’abandon au bout d’une impasse »,nous a expliqué la Dunkerquoise. Voici l’his-toire, digne d’un conte oriental : « au débutde l’été, un papa attentionné débroussailleles hautes herbes pour que les enfants puis-sent y jouer à l’abri de la circulation auto-mobile. Le soir, des jeux y sont laissés, unesorte de cabane a pris forme avec de vieuxcartons et de vieilles couvertures, les enfantsse découvrent aventuriers et courent aprèsles lézards qui s’y attardent. Cet espace n’ap-partient pas vraiment à quelqu’un, mais durantces après-midi d’été il est à eux. Un jour, cebout de terrain disparaîtra. Le lotissementva s’agrandir et la route va se poursuivre…Il est parfois si simple de créer un bien com-mun… même éphémère ». À méditer.

Que pensez-vous du thème de cette 35e Rencontre ? L’équipe du Journal du Off, composée decommunicants d’agences d’urbanisme, a posé la question à quelques chargés d’études de Dunkerque,de Marseille, de Lyon, de Saint-Omer, de Moselle et d’Île-de-France. Voici quelques pistes de réflexion,que nous vous livrons à la manière de… Cyrano.

© Frédéric Theulé

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 20

Page 21: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

À la recherche du bien commun territorial � DOSSIER

automne 2014 traits d’agences 24 21

Tours, contours et détours du bien commun territorialPar Brigitte FOUILLAND, Responsable des Masters d’Affaires urbaines, Sciences Po

La préoccupation du « bien commun » esttrès ancienne : l’existence en Europe de ter-rains et équipements communaux, transfor-més en Angleterre en propriétés privées lorsdu mouvement des enclosures en est unexemple célèbre qui trouve son prolonge-ment dans l’expansion du capitalisme lors dela Révolution industrielle, en Angleterre à lafin du 18e siècle puis en Europe continentaleau 19e, accompagnée de l’émergence puis del’affirmation du rôle de l’État : gestion publi-que et marché, selon les termes de PierreCalame, sont alors en place. Aujourd’huiles limites de ces deux modes de régulationouvrent à nouveau le champ de ce « com-mun »* et le souhait de la FNAU de s’inter-roger sur son existence dans les villes et ter-ritoires, comme en attestent les exemplesinnovants présentés dans ce numéro par lesdifférentes agences.Quelques points de conclusion - modestes -permettront peut-être d’approfondir leséchanges.La notion de commun est à la fois frontièreet point de convergence entre de nombreu-ses disciplines : l’histoire économique (desenclosures au capitalisme), la philosophie(aristotélicienne, marxiste, personnaliste),les sciences économiques avec leurs diffé-rents courants (néoclassique, hétérodoxe,néo-institutionnaliste), la sociologie et la

science politique (logique de l’action collec-tive de l’Ecole du public choice versus insti-tutionnalisme d’Elinor Orstrom).Pluridisciplinarité et transversalité n’étantpas monnaie courante dans le monde uni-versitaire, il est nécessaire de travailler à arti-culer les apports afin de se doter d’une grilled’analyse et d’interprétation. De plus, au seinde chaque discipline, les auteurs introduisantla notion de bien commun ne sont souventpas inscrits dans les paradigmes dominants(cf. Amartya Sen, Prix Nobel d’économie hété-rodoxe). Le concept même de « bien com-mun » n’est donc pas encore complètementrobuste, il faut y mettre de l’intelligibilité sion souhaite l’utiliser.Une certaine prudence s’impose ainsi afin dene pas se lancer dans la défense du bien com-mun au nom d’une morale sans en appréhen-der correctement les références. Thème phi-losophique militant, l’invocation du « biencommun » peut vite devenir simplificateuravec un « Bien » commun et un « Mal » depenser en termes de gestion publique ou demarché. Toute analyse critique est bienvenueafin d’éviter de tomber dans ce piège.Retenons surtout que cette réflexion nousplace au cœur de la relation entre individuelet collectif. Le mouvement des enclosuresbritannique avait été conçu comme un pro-grès dans l’affirmation de l’individu. Ce pro-

cessus d’individualisme a accompagné laRévolution industrielle, l’expansion du capi-talisme et le sacre de l’individu par l’écono-mie néo-classique : il a constitué l’un dessocles de la genèse de la sociologie qui lui aopposé la nécessité de penser le collectif. Lesbiens communs doivent donc être compriscomme émanant de processus collectifs maiscomposés d’acteurs, en accord ou en conflits,s’efforçant de produire des biens et servi-ces mais réalisant aussi des produits inadap-tés ou générant des effets indésirables.Mais en quoi le territoire est-il interrogé surcette question ? Qu’appelle-t-on bien com-mun territorial ? Au fil de la lecture desintéressantes contributions des agences àce numéro, on voit bien que là se profilentdes expériences, des outils d’ouverture publi-que de données, l’organisation de servicescommuns, le traitement interactif et collec-tif de certains espaces. C’est alors claire-ment le territoire, les villes qui sont le lieud’intégration des politiques publiques, demobilisation des acteurs, pour proposer uneforme de régulation nouvelle du « commun ».Reste donc à « relire- relier » les expériencesterritoriales et urbaines avec les apports deschercheurs en sciences sociales, en mobili-sant la géographie mais aussi l’économie, ledroit, l’anthropologie, la sociologie, la sciencepolitique et notamment les politiques publiques.En effet, de quels territoires parlons-nous,comment pouvons-nous les appréhendercomme systèmes sociaux, comme lieux deproduction et de distribution, mais aussi commeprocessus d’acteurs publics, privés, associa-tifs, qui produisent - ou non - du « commun » ?Allons donc au-delà des territoires et villescomme simples exemples d’application, choi-sissons-les comme point de départ de l’in-terrogation sur le bien commun, car commele montre la fresque du bon et du mauvaisgouvernement (1338) de la ville de Sienne,ayons « le bien commun pour seigneur, …ce qui fait le bon gouvernement de la villen’est pas la sagesse des princes qui l’inspi-rent ou la vertu des hommes qui l’exercentmais ses effets concrets, visibles et tangi-bles sur la vie de chacun »**.

* Dardot Pierre, Laval Christian, Commun, Essai sur larévolution au XXIe siècle, La Découverte, 2014** Boucheron Patrick, Conjurer la peur, Sienne, 1338,essai sur la force politique des images, Seuil, 2013

Le « bien commun » paraît un thème original, il est en fait une préoccupation à la fois ancienne eten réalité également au cœur de l’action publique urbaine contemporaine. Mais il est indispensablede ne pas brandir cette notion sans prendre le temps de l’analyse et de la réflexion sur sa signification.

« Palazzo Pubblico Siena », Ambrogio Lorenzetti, première représentation du « Bon Gouvernement ».

DR

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 21

Page 22: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

PERSPECTIVES CROISÉES � Dominique Alba / Valérie Mancret-Taylor

22 traits d’agences 24 automne 2014

Alors que l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) et l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France (IAU îdF) se sont récemment rapprochés, Dominique Alba et Valérie Mancret-Taylor,leurs directrices générales respectives, dressent un panorama des réflexions en cours.

APUR – IAU ÎdF, PERSPECTIVES CROISÉES

� L'affirmation de la métropole, avec seseffets en termes d'échelles territoriales etde gouvernance, a-t-elle des conséquencessur le rôle des agences d'urbanisme ? Si oui, lesquelles ?Dominique Alba : Cette affirmation de la métro-pole s’inscrit dans les gènes des agences d’ur-banisme, créées hors des périmètres adminis-tratifs, et, de ce fait, en capacité d’étude surdes périmètres à géométrie variable. Maisbien sûr, si le modèle est durable, les agencesse transforment, et l’APUR en est un des exem-ples.Valérie Mancret-Taylor : Cela vaut égalementpour l’IAU îdF qui intervient historiquement surdes territoires et niveaux variés. À l’échelle d’unerégion de 12 millions d’habitants et de la capi-tale, l’IAU îdF et l’APUR sont deux agences com-plémentaires, l’une au niveau régional, l’autreau niveau métropolitain. Cela va dans le sensdes réformes législatives, avec la création de lamétropole consacrée par la loi de modernisa-tion publique territoriale et d'affirmation desmétropoles (MAPTAM) et le projet de loi relatifà la nouvelle organisation du territoire de laRépublique qui sera débattu cet automne auParlement. Ces évolutions confortent les appro-ches différentes de nos agences qui ont besoinde travailler ensemble pour contribuer utilementà la transformation du territoire.

� Qu'est-ce qui différencie les agencesd'aujourd'hui et de demain de celles d'hier ?Dominique Alba : Depuis l’accompagnementinitial lié au développement des Zac parisien-nes, le champ d’intervention de l’APUR s’estcomplexifié, la ville et les territoires devenanteux-mêmes plus complexes et les sujets d’inté-rêt plus vastes : les sujets de formes urbaineslaissent place aux questions socio-économiques,environnementales, aux sujets de recyclage,d’économie circulaire et de la place du citoyen.Les agences restent en première ligne desréflexions sur les territoires. Leur rôle va bienau-delà de la seule définition des SCoT, des PLUet d’états réglementaires.Autre évolution notoire : avec l’open data, lesagences rassemblent un nombre important dedonnées qu’elles peuvent traiter grâce à dessystèmes d’information dont elles ne disposaientpas auparavant, pour les traduire en cartogra-phie ou études.Valérie Mancret-Taylor : Face à une forme dedésintérêt pour la chose publique et politique,

le citoyen – paradoxalement – est avide deconnaissances sur son cadre de vie. Le modèledes agences reste pertinent, mais les objetsd’études ont évolué. L’époque des RER et desvilles nouvelles est révolue. Nous intervenonsaujourd’hui sur l’existant et en milieu occupé,en aidant à faire comprendre ce qu’il s’y passeet la nécessité des évolutions. Nous travail-lons aussi sur des sujets fondamentaux commela santé et les questions agricoles, qui n’étaientoriginellement pas dans le périmètre de nos programmes lors de leur création dans lesannées 60. Tous ces sujets participent de lacompréhension et de l’amélioration du cadre devie. Face à la complexité, l’enjeu est de les ren-dre intelligibles, avec des mots, des donnéeset des images simples.

� L’APUR et l’IAU îdF se sont récemment rapprochées : à quelles occasions, pourquoi ?Dominique Alba : Ce rapprochement, pertinentdans le croisement des échelles, s’est fait natu-rellement, dans le cadre du SDRIF, avec laproduction commune de documents. Nous nousinscrivons par ailleurs dans un souci d’intelli-gence collective pour, notamment, éviter lesdoublons dans le traitement des données publi-ques. L’objectif est aussi d’avoir une pertinencede regard. Ce qui peut se passer à l’échelonrégional peut en effet avoir besoin d’être conso-lidé à d’autres échelles. Inversement, ce qui seproduit à l’échelle d’un arrondissement parisienpeut nécessiter l’appui d’une vision au niveaude l’agglomération. Pour rendre ces échellespertinentes et efficaces, il nous faut travaillerensemble.Valérie Mancret-Taylor : Il y a, à l’échelle desmétropoles, des effets d’emboîtement. Nosréflexions collectives sont fertiles.Le croisement de nos cultures professionnellesinitiales (l’APUR : projet urbain – l’IAU îdF :planification) est important et nécessaire,pour démultiplier les connaissances et l’intelli-gibilité des savoirs. Nous avions, en outre, à titreplus personnel, envie de travailler ensemble.Dominique Alba : Nous souhaitons en effetpouvoir confronter nos histoires et nos parcoursensemble mais partager nos expériences aussiavec les services de l’État et ceux des intercom-munalités, ainsi bien sûr qu’avec l’Atelier inter-national du Grand Paris.Valérie Mancret-Taylor : Nos partenaires – lescollectivités ou encore les opérateurs de trans-

port, pour ne citer qu’eux – sont satisfaits dece rapprochement par la complémentarité descultures et des données qu’il permet. Par exem-ple, notre connaissance du maillage numériquedu territoire qui dépasse les limites administra-tives peut intéresser l’APUR. C’est le cas éga-lement du repérage des différentes sourcesd’énergie renouvelable. Que ce soit l’APUR (asso-ciation) ou l’lAU îdF (fondation), nous sommesdes entités d’utilité publique, traitant des don-nées qui font partie d'un bien commun.

� Comment ce rapprochement se traduit-il concrètement aujourd'hui ?Dominique Alba : S’il y a déjà eu des publica-tions communes sur les pôles d’emploi ou lecommerce par exemple, la synergie se déve-loppe pour mettre plus d’idées et d’intelligenceau service des habitants. Ce rapprochement misen place dès la création du syndicat mixte ParisMétropole se confirme dans le cadre de l’ac-compagnement de la mission de préfigurationde la métropole du Grand Paris, avec la paru-tion conjointe du carnet 1 de l’Abécédaire de lamétropole.

� Quels sont vos projets respectifs ?Valérie Mancret-Taylor : La rentrée 2014 s’an-nonce riche. Nous nous inscrivons dans la pers-pective d’accompagnement du fait métropolitain,en prenant celui-ci en compte tant à l’échellenationale qu’européenne et mondiale. Nous sou-haitons accompagner la réflexion sur les « bas-sins de vie » franciliens afin de décrypter la partde mythe et de réalité de ces entités ; on ne vitpas forcément là où on travaille. Il s’agit d’éclai-rer les « relations » entre périmètres administra-tifs et vécu citoyen, au moment où l’État va pro-poser une nouvelle carte de coopérationintercommunale. Par ailleurs, nous sommes mis-sionnés par la Région et l’État pour l’élaborationdu schéma sur l’habitat et l’hébergement et nousparticipons à des travaux sur les conséquencesdu changement climatique et leur impact enmatière de transition énergétique. Ceci amèneaussi à poser la question des risques, par exem-ple d’inondation. Notre objectif : éclairer les débats.Enfin, en octobre, l’Observatoire régional desanté (ORS) d’Île-de-France fête ses 40 ans.C’est un anniversaire important alors que réap-paraissent certaines maladies, que des inquié-tudes persistent quant à l’émergence de patho-logies urbaines et que des écarts existent entreles territoires.

22 traits d’agences 24 automne 2014

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 22

Page 23: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

Dominique Alba / Valérie Mancret-Taylor � PERSPECTIVES CROISÉES

automne 2014 traits d’agences 24 23

Dominique Alba : L’APUR est très engagé dansl’accompagnement du fait métropolitain, maisaussi auprès de la maire de Paris, Anne Hidalgo,autour du programme de la mandature. Celaconcerne notamment la création de 10000 loge-ments annuels prévue par la nouvelle manda-ture et les questions concomitantes d’écono-mie sociale, solidaire et circulaire mais aussila révision du PLU, la transition énergétique,l’agriculture en ville, le champ de l’exclusion,pour ne citer que les principaux sujets. Le champde nos études est sans cesse renouvelé, asso-ciant prospective et pragmatisme.Sur le périmètre métropolitain, au-delà des tra-vaux liés à la mise en place de la métropole duGrand Paris, parmi les études en cours figu-rent l’Observatoire des quartiers de gare duGrand Paris, la cartographie des ressources etde la consommation d’énergie. L’espace public

avec les études sur la trame viaire, les boule-vards de la métropole, l’offre culturelle, le patri-moine, l’offre sportive, les questions de mobi-lité résidentielle et de l’accès aux services sontégalement étudiés.

� Comment définissez-vous chacune le rôle de directeur/trice d'agence d'urbanisme ?Valérie Mancret-Taylor : La gestion et l’anima-tion de l’agence font partie des fonctions de direc-tion. L’enjeu essentiel est de savoir prendre desrisques en initiant des études dont les conclusionsne seront pas forcément faciles à dévoiler.Nous devons également laisser libre la paroledes experts de très bon niveau que sont noscollaborateurs, tout en respectant nos program-mes d’études définis par nos conseils d’admi-nistration.

Dominique Alba : Ecouter, partager, inventer,anticiper sont les cadres de nos missions. Notrerôle est bien d’accompagner les décideurs eten premier lieu les élus, de faciliter la compré-hension des sujets par les citoyens, de se sai-sir de ce qui se réalise, au service de politiquesurbaines toujours plus riches et complexes. Lesagences d’urbanisme constituent un bien extrê-mement précieux lié à leurs connaissances maisaussi parce qu’elles sont des lieux d’échanges,d’expressions diverses, préservant un espacede liberté indispensable pour enrichir les poli-tiques urbaines de demain.

Propos recueillis par Pierre Derrouch

DOMINIQUE ALBA

Dominique Alba, architecte DPLG(École nationale supérieure desbeaux-arts de Paris) travaille en 1982aux côtés de Jean Nouvel avant degagner le Congo où elle copilote unprogramme de développement rural.Lauréate du concours international« Structures et concept des villes dedemain » organisé par la FIHUAT(Fédération internationale pour l'ha-bitation, l'urbanisme et l'aménage-

ment des territoires), elle voyage en Afrique et Amérique latineet travaille à l’École des Mines de Paris sur « Développement dura-ble et développement minier ».De 1986 à 2000, elle s’associe avec l’architecte Philippe Roux.Pendant cette période, elle enseigne à l’École des Mines d’Alèset à l’École d’architecture de Bretagne. De mars 2001 à mai 2003,elle est chargée de mission à la Mairie de Paris, auprès de BertrandDelanoë, comme responsable de l’architecture, de l’espace publicet du renouvellement urbain. En mai 2003, elle prend la directiongénérale du Pavillon de l’Arsenal. De septembre 2008 à janvier 2012,elle est également directrice déléguée de l’Atelier Parisiend’Urbanisme (APUR) dont elle prend la direction générale le 1er février2012, fonction qu’elle occupe actuellement.

VALÉRIE MANCRET-TAYLOR

Auparavant directrice de la planifi-cation, de l’aménagement et des stra-tégies métropolitaines à la RégionÎle-de-France, Valérie Mancret-Taylorest devenue en 2014 la premièrefemme à diriger l’Institut d’aména-gement et d’urbanisme d’Île-de-France.Architecte de formation (doublediplôme École d’architecture deVersailles et School of Architecture

University of Illinois), titulaire d’un Master en Aménagementet Urbanisme de l’IEP de Paris, elle est architecte urbaniste enchef de l’État.Entre 1990 et 1998, elle exerce au sein de l’agence d’architec-ture DPM créée avec deux associés, avant d’occuper les fonctionsde maître d’ouvrage à l’OPAC de Paris. En 1999, elle rejoint la fonc-tion publique comme déléguée départementale de l’Anah pourParis à la Préfecture de Paris, puis intègre en 2003 la DirectionRégionale de l’Équipement ÎdF en tant que responsable du groupeUrbanisme et projets spatiaux à la division Urbanisme et schémadirecteur, avant de rejoindre les services de la Région Île-de-Franceen 2005.

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 23

Page 24: Supplément n° 24 de traits urbains (ne peut être vendu ... · Emmanuel Couet, agence de Rennes, Vice-président Historien de formation, Emmanuel Couet est maire de la commune de

LES MÉTAMORPHOSESDE L’AUTOROUTE URBAINE

Longtemps synonymes de progrès, les por-tions urbaines des autoroutes sont deve-nues synonymes de congestion et de nui-sances pour les deux millions de Françaisvivant à leur proximité immédiate. Elles sus-citent désormais de plus en plus de réflexionsquant à leur requalification. Cet ouvragepropose de revenir sur l’histoire de ces auto-routes urbaines, histoire de la ville automo-bile en voie de métamorphose et de mon-trer comment aujourd’hui de nombreuxprojets sont en cours pour adapter ces infra-structures aux besoins actuels des villes,tant en France qu’à l’étranger. 128 p.

POUR DES ESPACESPUBLICS ORDINAIRESDE QUALITÉ

En marge des places remarquables et des grandsprojets d’aménagement urbain, les « espacespublics ordinaires » – rues, placettes, jardins,pistes cyclables, etc. – sont au cœur du renou-veau des villes françaises. Ces espaces sontporteurs de divers enjeux parmi lesquels lacohésion du territoire, la qualité de la vie locale,la fluidité des échanges intercommunaux, laconnexion aux réseaux de transports, l’optimi-sation spatiale des usages ou encore la valori-sation du paysage.Conçu comme un recueil de bonnes prati-ques issues d’expériences menées par troisagences d’urbanisme, cet ouvrage déclineen sept thématiques les conditions de réus-site pour l’aménagement de ces espacesordinaires, mais pas banals. 114 p.

LES AGENCESET LE PROJET URBAIN

Les agences d'urbanisme travaillent à l'éla-boration de projets urbains dans leur terri-toire. Mais leur posture a évolué dans letemps. Quel est leur rôle à ce jour dansles projets urbains ? Quelle est leur placeparmi les autres acteurs de l'urbanisme (ser-vices des collectivités locales, bureaux d'étu-des, cabinets d'architecture, de paysage,etc.) ? Quelles compétences et quelles pos-tures adoptent-elles pour accompagner lestransformations des territoires dans le pro-cessus de projet ? Cette publication dresse un état des lieuxde la question en s'appuyant sur des exem-ples concrets rassemblés par une trentained'agences d'urbanisme. 128 p.

Les trois premiers ouvrages de la collection Points FNAU

Points FNAU est une nouvelle collection d’ouvrages sur l’urbanisme conçus par le réseau des agences d’urbanisme pour inventer, entre pistes de

réflexion et exemples concrets, la ville de demain.

ÉDITIONS ALTERNATIVESFormat 162 x 230 mm - Parution 18 septembre 2014

TA 24 AUTOMNE14 V5 16/09/14 11:05 Page 24