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w- NOTICE HISTORIQUE SUR LA BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE LA VILLE DE COUBEIL PAR A. DTJFOUR CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE ET ORS AIICIIIVES DE LA VILLE OFFICIER flACADÉ)ILR ï ë r Mm iii ( çt1zn\ \s c' IL C 011 B E I L j i p nJI111.Ji c.RÉ'rÉ 1889 I Document Il III Il lU 1111 iii 111111110 -

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NOTICE HISTORIQUE

SUR LA

BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE

LA VILLE DE COUBEIL

PAR

A. DTJFOURCONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE ET ORS AIICIIIVES DE LA VILLE

OFFICIER flACADÉ)ILR

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1889

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LA

BIBLIOTHÈQUE COMMUNALEDE LA. VILLE DE CORBEIL

SON PASSÉ, SON PRÉSENT, SON AVENIRSES BlBl.IOTitCA1llES. SES BIENFAITEURS

lialiciat sua rata liijelli.

Comme la plupart des bibliothèques communales, celle deGorheil doit son origine à la Révolution; sou premier Fonds fut eneffet formé par les livres des couvents supprimés et les bibliothèquesdes émigrés qui habitaient les châteaux des environs de cette ville.

Nous possédons peu de documents concernant cette dernière caté-gorie, mais parmi tant de demeures seigneur

iales qui embellissaient

alors les alentours de Corbeil, il est possible de.ciler les châteauxdé Villeroy, PetiI-Bour g, Ris et la maison de Noailles-Mouchy (I),comme ayant largement contribué à former ce que l'on appelaitalois le dépôt littéraire du district de Corbeil.

Quant aux couvents qui ont enrichi ce dépôt de leurs dépouilles,jiotis sommes beaucoup mieux renseignés à leur égard, grâce àl'ex-libris manuscrit, que portaient la plus grande partie de leursvolumes. De ce côté, trois communautés religieuses ont fourni àelles seules une grande partie de notre bibliothèque, ce sont lesrécollets de Corbeil, les clunistes du prieuré de Longpont, près deMontlhéry, et la maison de la congrégation de Notre-Dame, de-Gorbeil, (lui occupaft les bâtiments qui ont servi pendant plus d'undemi-siècle, après la suppression de cette communauté, à l'hôpital-hospice de notre ville, jusqu'au jour où celui-ci fut transférédans les bâtiments actuels, dus h la généreuse bienfaisance desfrères Galignaiti (2).

(I) Nous 'l'avons pu savoir où se trouvait cette maison de PoailIs-MoucIiynous savons cependant que cette famille possédait les grands moulins (le corbeil.

(2) C'est oit novembre 1866 queut lieu cette translation.

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-6—Quant aux récollets, on sait que leur couvent leur avait été

donné par la ville en reconnaissance du dévouement dont ils avaientfait preuve dans une épidémie qui avait désolé Corbeil en 1638,et qu'il occupait tout l'espace circonscrit entre les rues des Grandes-Bordes, des Petites-Bordes etChantereine, formant un vastetriangledont le sommet se terminait tout près des Grands-Moulins (1).

D'autres communautés religieuses; comme les abb&yes d'Yèreset de Jarcy, ont fourni aussi leur contingent de livres à notrebibliothèque. Ah 1 si Corbeil avait pu conserver tons les Lrsorsainsi recueillis, sa bibliothèque, quelque intéressante qu'elle soit,tiendrait un bien autu-e rang; mais hélas I Versailles est venuexciper de son titre de chef-lieu du département pour, faire valoirun nouveau droit du seigneur, c'est-à-dire celui de choisir, danstoutes ces épaves, pour son école centrale, cequi était à sa conve-nance, et il va sans dire qu'elle choisit le meilleur, pars leonis (2).C'est ainsi que les inanuscrils, les incunables, les livres rares etprécieux, les brillantes éditions illustrées du dix-huitième sièclefurent enlevés aussi bien à Corbeil qu'à Pontoise, Mantes, Étampes etRambouillet, et altèrent plus lard augmenter encore cette admi-rable bihliohtè 'que de Versailles, déjà si riche par le fonds du pa-lais et les livres de Mdu Barry.

A cette époque!! y avait une sorte d'émulation entre les com-munes pour se débarrasser des livres provenant des églises et desfabriques, et l'on retrouve encore quelques récépissés délivrés àleurs muuicipalités pour les volumes qu'elles apportaient ainsi auchef-lieu du district.

La commune d'Étiolles, par exemple et pour n'en citer qu'une,envoyait soixante-douze livres pesant de vieux livres et papiers,parmi lesquels cinq processionaux, six missels, un rituel, deuxgrands livres de chant et deux autres livres (3).

Et il en était ainsi partout! mais le plus regrettable, c'est qu'unegrande partie de ces livres furent détruits en vertu de la loi du O ger-minal an H sur la refonte des papiers. Nous en trouvons la preuve

(1) M. l'abbé Colas, curé de Soisy-sous-tioIles, a publié tout récemment,d'après des' documents inédits, une notice intéressante sur cette communauté,dans laquelle il a réuni un grand nombre de renseignements utiles.

(2) une note manuscrite, qui » se trouve à la bibliothèque de Corbeil, dit queVersailles a fait enlever du dépôt littéraire de Corbeil 4032 votu,nea, dent532 in-folio, 491 in-4 0, bIC jaS', 2413 in-12, et Soin-18. Il est probable que ceprélèvement n'est pas le seul qui ait été fait.-

(3) Archives do la ville do Corbeil.

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dans une lettre du citoyen Didot (4) au citoyen Van TErnI, préposéalors à ]a garde du dépôt littéraire, par laquelle il accuse réceptionï celui-ci de « deux initie cinq cent quarante-cinq livres pesant delivres et papiers imprimés ou manuscrits, les livres, dépouillés de leurscouvertures, qui ont é/.é renvoyées o (2). Et cet énorme envoi de livresà refondre n'est pas le seul, hélas qui ait été fait.

Ceci se passait en 4793 et, dès le 8 pluviôse de l'an 11(27 jan-vier 4794), la Convention nationale rendait un décret dont le1 ee article était ainsi conçu

« Aussitôt après la publication du présent décret, les administrationsde district, en conséquence des instructions ci-jointes, feront dresser unrécolement des inventaires qu'elles ont dù faire des livres et manuscritsdes ci-devant corps et communautés ecclésiastiques, et de ceux qu'ellessont tenues de faire encore des livres des émigrés, ainsi que des con-damnés dont les biens sont confisqués, ensemble des objets d'histoirenaturelle, des instrumens de physique, (le mécanique, des antiques, mé-dailles, pierres gravées, tableaux, dessins, gravures, plans, cartes etantres tnonumens des arts et d'instruction qui leur appartenaient, enferont parvenir une copie au département, et une autre au Comitéd'instruction publique. » -

Les livres recueillis un peu partout, étaient alors jetés en tasdans une pièce du district (8), et mêlés à une quantité d'objetsdisparates, Van Tho], qui fut le premier bibliothécaire de Corbeil,dit lui-môme à ce sujet, dans une lettre bien postérieure qu'iladressait à l'administration municipale le .24 frimaire an VI (44 dé-cembre 1797), « qu'en Commençant ses fonctions, il avait trouvéles livres empilés, mêlés avec dessouliers, linges et autres choses (4.»

Ce Van Thol, qui prit une si grande part à la création de notrebibliothèque, était tin Hollandais qui avait été libraire à la Haye.Nous ignorons par suite de quelles circontances il était venu de-meurer à Corbeil, où il parait avoir épousé les idées de cetteépoque troublée, à en juger par les nombreuses lettres qit'on a delui et qui sont toute rédigées dans le style emphatique particulier

(1) Léger Didot, beau-père do Bernardin de Saint-Pierre, était directeur de lapapeterie d'Essonnes, ce qui explique ses achats de vieux livresqu'il jetait danstes cuves pour en refaire du papier. neuf,

(2) Archives de la vitre.(3)Le district occupait alors l'ancien prieuré de Saint-Guenautt, reconstruit

en 1784. li devint plus tard l'hôtel de la sous-préfecture; la mairie l'occupeaujourd'hui.

(1) Archives de la ville. Dans une autre lettre, Van Tl,nt dit qu'au commence-ment, ou avait déposé les livres partie au district, partie h l'hôtel de l'Humanité(l'hospice),

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à la période révôlutionnaire. Il fut d'abord chargé de la gardedu dépôt littéraire de Corbeil, par arrêté du 8 prairial an Il(27 mai 1794). Plti tard, lø 41 pluviôse an 111III (30 janvier 4795), ilétait nommé bibliothécaire titulaire, aux appointemehts de cieuxmille livres par an ;nous donnons plus loin le texte de la délibé-ration qui consacre cette nomination.

Le citoyen l'an Thol ne jouit pas.longtémps de cette situation,car avant môme l'ouverture définitive de la bibliothèque, il donnasa démission, le 4 nivôse an VI (4 décembre 1797), pour aller àParis, où il venait d'être nommé conservateur. diidépôt littérairede la Culture, rue Si. i't-Antoine (1).

On le retrouve, en 1814, conservateur à l'Arsenal, aux appoin-tements de 3,600 francs; il fut mis à la retraite à la Restauration,avec une pension dcl ,200 francs dont il jouissait encore en 1823(2).Van Thd, s'est beaucoup occupé de bibliographie, et Barbier lecite comme lui ayant fourni beaucoup d'articles pour son Diction-naire des anonymes (3).

Le décret de la Convention cille nous avons cité pins haut stimulacertainement le zèle des administrateurs et du bibliothécaire deCorbeil, qui adressèrefit au Comité d'instruction publique les ren-seignements qui leur étaient demandés (4) ; nous en trouvons lapreuve dans la lettre suivante, adressée aux administrateurs dudistrict de Corbeil

« Paris, Je 12 Messidor (30 juin 1794), l'an deux de, lu Républiquefrançaise.

Les membres du Comité d'instruction publique, commissaires de labibliographie, aux administrateurs du district de Corbeil (5)

cc CITOYENS,

« Le Comité d'instruction publique a reçu votre lettrcdu 18 Floréal.Nous voyons avec plaisir par le dénombrement des bibliothèques (6) devotre district que vous possédez beaucoup dé richesses littéraires.

(1)On disait aussi le dépôt de Suint-Louis ta Coûture.(2) Notice sur les dépôts littdraires et la rdvolution bibliographique de la fin

du demie,' siéele, par J.-B. Labiche, Paris, 1880, pp.-26, 63, 64.(3)Dans la dernière édition de ce dictionnaire, Paris 1872, tous les articles

provenant de"Van TI,ol sont suivis des lettres V. T.(4)Cette lettre du district au Comité d'instruction publique est du 18 floréal

an Il (i mai 1794); 'cous nu la possédons pas, mais nous citons la réponse qui yfut faite.

(5) Bibliothèque de Bacon. Ms Guiot. Fonds de MontbreC No 406, vol. V. p. 4.(6) C'est-à-dire les bibliothèques des émigrés et des couvents supprimés.

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Vos idées sur l'importance de l'éducation nationale et sûr la nécessité depropager les lumiôrds, nous répondent de votre zèle à veiller à la con-servalion de ces dépôts précieux Nous ne doutons pas que vous nedonniés (sic) surtout une attention particulière aux collections rehferméesdans la maison dAnisson (1) et dans celle de Villeroy. Il doit s'y trouverdes objets d'un très grand prix et dont la conservation est essentiellepour l'instruction publique. Des administrateurs aussi éclairés quepatriotes et tels que vous.paroissés l'être, ne négligeront rien pourconserver des dépôts dont ou peut espérer de tirer les plus grandssecours.

Le choix que vous avez fait d'un homme (2) qui doit avoir beaucoupde connaissances dans la partie bibliographique nous est très agréable,et nous espérons que son travail secondera parfaitement nos vujis. Leterme fixé par la loi du S Pluviôse (3) étant expiré, nous vous invitonsà accélérer pur tous les moyens possibles les opérations relatives à laconfection des Catalogues, et à nous les envoyer dans le plus court délaiils doivent être faits avec des cartes et de la manière prescrite par lesinstructions qui vous ont été adressées. »

Suivent les signatures : « Cisécuina, MATHIEU. »

Six mois plus lard, la besogne (le classement était avancée,paraît-il, car l'adminiam'ation du district de Corbeil, sachant enoutre que le choix de Van 'l'hol était agréable en haut lieu, pro:céda dans les formes à la nomination officielle de celui-ci. Cettedélibération est intéressante et mérite (l'être reproduite ici, neserait-ce que pour en assurer la conservation..

« Extrait du registre (les délibérations du Conseil général del'administration du district de Corbeil (4).

Séance publique du Il pluviôse, troisième année de la tiépru-huique française (30 janvier 1795)

Vu le mémoire du citoyen Van fol, chargé, par l'administration, ducatalogue et de la recherche des livres, estampes et autres objets d'art,provenant des domaines nationaux, maisons d'émigrés, déportés, con-damnés, et tans aùlros mis pur la loi sous la main de la nation, compo-sant la collection réunie à la bibliothèque du district; portant rmulié-ration des démarches par lui faites pour remplir le voeu de l'administrationà cet égard, et tendant à obtenir de sa justice un traitement définitif;

e Le Conseil général Considérant que, duis le travail qui lui a étéconfié, le Citoyen Voit Thol aj depuis onze mois, déployé' dans les opéra-

(1)Le cI,tteau de Ris, possédé alors par Anisson-J)upei'ron, ancien directeurde rtniprituerie [loyale.

(2) Van Thol.(:3) Nous avons cité plus haut cette loi dû S Pluviôse an li.(4) Nous ne savons ce qu'est devenu ce registre. Nous avons trouvé ce docu-

tuent, ainsi quo plusieurs autres, dans le ras. Gniot de la bibliothèque de Rouen,n° 496,dn fonds de l\tontbret, vol. V, P. 3.

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tiens et les missions que ce travail n nécessité (sic) le zèle, l'activité etl'intelligence propres à remplir les vues de l'administration et justifié cequ'elle doit attendre, d'un ami des arts et de la pairie;

Considérant qu'il est du devoir de l'adminisftaLion (le nommer uncitoyen instruit, tant pour complelter ce qui peut rester à faire,du natta-logup des objets ci-dessus désignés, que pour prendre dorénavant SOIR deces objets et veiller à cc qu'ils ne dépérissent;

((Considérant que dans le choix qu'il pourrait faire d'un sujet propre âremplir cette place, le citoyen Van Thol, d'après soit et lesconnaissait ces qu'iL lui a reconnu (sic) petit remplir cette place à sasatisfaction et pour le plus grand bien de la chose publique;

« l'Agent national entendu,« Le Conseil général arrête qu'il nomme à la place de bibliothécaire du

district de Corheil le citoyen Van Thol, aux appointemens fixes de lasomme de deux mille livres par an, k compter du premier Vendémiairedernier (1), et qu'expédition du présent arrêté lui sera délivrée dès cemoment.

« Pour expédition Sanars, président; CATLLÀRD, secrétaire,

Et plus loin est écritu Séance publique (tu 13 pluviôse, l'an 3 de la République fran-

çaise (D février 179). -

« Le cito y en Voit nommé, par délibération du 11 présent mois,bibliothécaire de ce district, n prêté, en cette qualité, entre les mains di'Conseil, le serment prescrit par la loi aux fonctionnaires publics, et illui a été délivré expédition de cette prestation de serinent.

« Pour expédition Sunnus, président; RANDON, secrétaire.

- Il y avait alors, dans notre département, un personnage quiParait y avoir joui d'une certaine importance; c'était le citoyenFayolle, qui, sur les en-tête (le SCS lettres, prenait les titres deCommissaire du gonve?'ncment, conservateur du Cabinet d'histoirenaturelle, chargé de rassembler les objets de science dans le ddparte-nient de Seine-et-Oise. Fayolle était lié d'amitié avec 1e présidentde l'administration cantonale du canton de Corbeil, et cette cir-constance paraît avoir aidé à la création de notre bibliothèque.Quoi qu'il en soit, voici la lettre qu'il écrivait do Versailles,le t; floréal aie (24 avril 1791), ait Président (le l'adminis-tration cantonale du chef-lieu di' canton de Corbeil

« Le Ministre de l'intérieur étant dans l'intention de prendre incessantment une mesure générale pour l'évacuation des dillérens dépôts de

(I) Le Conseil général faisait ainsi remonter au 22 septembre 1794, commence-nient de l'année républicaine, le traitement qu'il allouait au bibliothécaire.

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H -bibliothèque et autres objets des sciences et d'arts qui existent dans lesdifférens chefs-lieux (lui département de Seine-et-Oise, je vous serai ITt

obligé de vouloir bien me faire connoili'e les dispositions précises del'administration municipale (le Corbeit pour lit conservation d'unebibliolhèqueàl'usage dcshabilans; vous sçavés(sic) que cette facilite n'estaccordée qu'à condition de pourvoir au local et aux frais d'entretien etde conservation (I).

« Salut et fraternité,FAYObLE. n

Un mois plus tard, le 9 prairial an V (28 mai 1797), l'adminis-tration recevait du ministre de l'intérieur la circulaire annoncée,par Fayolle elle était ainsi conçue

ei La nécessité d'économiser les frais de garde et de conservationqu'exigent, citoyens, les différons dépôts d'objets de science et arts éparsdans le département de Seine-et-Oise, l'examen et le choix qu'il fan?, enfaire, soit pour l'instruction publique, soit pour le s utiliser autrement,exigent qu'ils soient réunis nu chef-lieu du département. En conséquencej'ai chargé le Citoyen Fayolle de faire transporter à Versailles tous lesobjets de science et arts qui se trouvaient dans les dépôts de la communede Corbeil. Le citoyen Fayolle recevra tous ces objets sur l'inventairequi a dû en être fait, et son récipissé sera votre décharge ainsi quo celledes gardiens ou dépositaires desdits objets. Je vous invite à procurerau citoyen Fayolle toutes les facilités dont il aura besoin pour remplirsa mission.

« Salut et fraternité.t, lleuuzET& (?).

« Contresigné parle directeur de l'instruction publique (2),« GlNcuEN. »

On a vu, par la lettre beaucoup plus explicite du citoyen Fayolle,que l'administration supérieure laissait aux municipalités la fa-cuité de conserver un certain nombre de livres extraits (c'était leterme employé alors) des couvents et des maisons d'émigrés pouren former des bibliothèques à'. l'usage des habitants. On l'avaitainsi compris à Cor'beil, où, dès 1794, on avait nommé un conser-vaLeur tIn dépôt littéraire (3), chargé de l'inventorier et de leclasser; et ce qui prouve plus encore, sinon l'intention, du moins le•désir de conserver à Corbeil tout ou partie de ce dépôt, c'est l'in-téressante délibération suivante, qu'avait prie, la même année,l'administration du districVde Corbeil

(I) Archives de la ville.(2) Archives de la ville. La première signature est à peine lisible, la lecture

en est donc douteuse. -(3). Le citoyen Van Thol.

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Extrait des registres (les délibérations de l'administration du dis-trict de Corbeil.

Séance publique du 49 frimaire, l'an troisième de la Républiquefrançoise une et indivisible (9 décembre 1794):Il

la lettre du citoyen Van Thol, bibliothécaire de cc district, endatte du 17 de ce mois, par laquelle il annonce que le citoyen Oyou,architecte, ne peut pas faire le devis pour la bibliothèque provisoireavant qu'il sache la quantité de corps de bibliothèque qui sont à la dis-position de l'administration; qu'il yen n deux, un chez feu Neuville (1),à.Villeroy, et l'autre à Épinay-sur-orge, chez feu Montcloux; que le pre-mier n'est pas sous scellés, mais que le second y est, ainsi que deuxmarchepieds absolument nécessaires pour l'usage journalier;

« Qu'il croit qu'il serait nécessaire d'autoriser un citoyen de se trans-porter sur les lieux et de faire transporter le plus tût possible ces effets;

Ilnational entendu,

«Le Conseil général, considérant que l'intérêt de la République exigequ'il soit pris les mesures les plus promptes pour la conservation deslivres qui doivent composer la bibliothèque de ce district;

Il Que cette conservation dépend du local provisoire destiné à recevoirles livres;

« Que ce local ne peut être préparé qu'avec les corps de bibliothèquequi se trouvent maintenant à la disposition de l'administration dans lamaison de Neuvitie, à Villeroy, et dans celle de Montcloul, à Epinay;

« Qu'il ne s'agit que de faire apporter ces deux corps de bibliothèqueà Corbeil,aprés avoir pris les précautions nécessaires en pareil cas;

II En conséquence, arrête qu'il sera nommé des commissaires qui setransporteront le plus tût possible, l'un à Vitleroy et l'autre à Epinay-sur-Orge, à l'effet de faire extraire des maisons de Neuville et l\tontcloux lescorps de bibliothèque et marchepieds qui s'y trouvent, et de suite lesfaire conduire à Corbeil.Il Lesquels comibissaires feront faire lesdites extractions en présencede deux commissaires nommés par chacune des municipalités deslieux, après avoir lait constater la valeur des objets par gens d'arts k ceconnaissans, et surtout dresseront procès-verbal, chacun eu ce qui leconcerne, -

Il Nomme' pour commissaire pour la maison de Villeroy le ci-toyen Notta,Il pour la maison de Monteloux ô-Epinay, le Cilovên Vanthol (2).Il Signé : SERPES et RANDeuIN (3). e

(t) Le duc (le ''il1ercy.(2) Son nom est souvent écrit ainsi cli un saut mot, 'nais lui-même signe

toujours Van TtjoT, en deux mots. -(3) Archives du ta ville, Cette pièce, (lui porte In timbre bu wide do district de

Curbeii, a paru devoir étre citée en entier, malgré sa longueur, parce qu'ellemontre lien l'état des esprits il époque, et les moyens pli étaie,,t alors em-ployés pour se procure]', au '10m de I' inlérût de la réj, u 1, Il ne, les objets dont onavait besoin.

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L'on voit par ce document que l'administration du districts'occupait sérieusement et par tous les moyens d'arriver à la cons-titution d'une bibliothèque publique à Corbeil. Les Archivesde la ville renferment sur ce sujet de nombreuses correspondanceset de non moins nombreux rapports qu'il serait trop long de citerici, quelque intéressants qu'il soient. Ces documents nous appren-nent qu'après beaucoup de pourparlers et de démarches diverses,la bibliothèque fut enfin constituée comme bibliothèque publiqueà l'usage du canton de Corbeil, par nu arrêté de l'administration dudistrict en date du 23 prairial, an V (if juin 1797), approuvé parle ministre de l'intérieur (1).

C'est à partir de ce jour que la ville de Corbeil n pu posséder,mais sans en jouir encore cependant, une bibliothèque qui jusque-là n'avait été considérée que comme un dépôt qui, d'un instant àl'autre, pouvait lui être réclamé par le département. Cet heureuxrésultat doit être attribué, comme on l'a dit plus haut, aux excel-lents rapports (lui existaient entre le président de l'administrationcantonale de Corbeil et le citoyen Fayolle, commissaire du gouver-nement. Ce dernier écrivait en effet à son ami, le 20 prairial, un V(8juin 4 797), trois jours seulement avant l'arrêté de constitu tiotide la bibliothèque, une lettre dans laquelle il le pressait d(-,faireprendre une décision au sujet de la conservation ou tic l'évacua-lion de ce qui restait de livres à Corbeil, après les prélèvementsantérieurement faits par Versailles (2), et il terminait sa lettre parla phrase suivante, qui peint bien les rapports d'intimité qui exis-taient entre eux o Vous connaissez, cher citoyen, les sentimentstic fraternité et surtout d'amitié (111e je vous ai voués pourla vie (3). n

En conséquence de l'arrcité du district du 23 prairial, ;in V,l'administration municipale du cardon en prenait un autre le 5 mes-sidor de la même année (23 juin 1797), par lequel elle déclaraitque la bibliothèque était constituée, qu'elle était publique, tant

(I) Ce résultat ne frit pas obtenu sans pelure, car si tes lins demandaient unebibliothèque, d'autres, non moins éncrgiquemeut, la refusaient. J'ai trouvé à - cesujet, dans les Archives départementales, à Versailles, une lettre du citoyenVans Thot, du 20 prairial an 1V (8 juin flaC), par laquelle il réclame avec vélié-inence coutre la suppression projetée de ta hihtiotlmèqnme de Corljcil.

(2) lI existe dans tes Archives (te ta ville un long 7apport (In citoyen bibliothé-caire Van '[1,01, qui énumère les livres qu'il désirerait conserve', ainsi que ceuxqu'il a déjà envoyés au département; il y ajoute des observations personnellesau sujet de la création projetée. Ce rapport est du mois de juin 1197.

(3) Archives de la ville.

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pour les habitants de la ville (le Gorbeil que pour ceux du canton (I).Mais ceux-ci ne devaient pas jouir immé di atement de celte nou-

velle création, et une année allait s'écouler encore pour trou ver unlocal spécial, et procéder à son aménagement, ainsi qu'au classe-ment et an rangement des volumes, avant de pouvoir ouvrir labibliothèque au public.

Quant à ce local, l'embarras était grand et il y eut bien des hési-tai ion et des pourparlers; enfin l'on lit choix de l'église Saint-G ueiiault, qui venait d'être supprimée et dans laquelle on avaitinstallé les prisons qui avaient été jusqu'à cette époque sur laplace du marché. On consirrihit un plancher à mi-hauteur del'édifice; lu partie inférieure servit aux prisonniers pont lesquelstant de hauteur n'était, pas nécessaire, et la partie supérieure futréservée à la bibliothèque. ]tieri de plus curieux que cette dispo-.si lion.

Il existe, en effet, à la bibliothèque de Corbeil (2), une rareestampe du temps qui représente l'église Saint-Guenault en coupe;on voit en bas les prisonniers, les uns couchés, les antres se livrantau travail, tandis qu'en haut, soirs les voûtes de la vieille église, labibliothèque montre ses rayons garnis de volumes, ses tables etson personnel de bibliothécaires et de lectéurs. En dessous de cettegravure, se lit l'inscription suivante

Dépôt littéraire et public Formé à Corbeil depuis 1791 (3), où setrouvent les ouvrages et les monuments énoncés dans le poèmeJiibliot/teca Gorboiiaria (4).-

C'est dans ce local improvisé que la bibliothèque de Gorbeil futd'abord installée, ce fut là qze, pour la première fois, clIc ouvritses portes au public le 13 messidor, ah VI (4cr juillet 1798).

Il y avait alors à Corbeil un homme d'une grande érudition, quiprit une part importante à la fondation de notre bibliothèque; cethomme, qui mérite non seulement le titre de fondateur, mais aussicelui de bienfaiteur de cet établissement, car il se plut à t'enrichir'de nombre de volumes précieux et de quelques manuscrits, cethomme était l'abbé Joseph-André GuioÇ le dernier curé-prieur deSaint-Guenault de Corbeil, où il était venu à ce titre en ruai 1785.

iloucti Pavait vu naître en 1730, et ses sentimets religieux.

(1)Arclrives de la ville.(2) Album Pinard.(3) cette date est erronée; c'est 1704 que le graveur a voulu dire,(4) Poème latin de l'abbé Cuiot il cri sera parlé plus loin.

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- 15 -comme ses goûts littéraires l'avaient amené à entrer dans la puis-saute abbaye de Saint-Vicier, dont Saint-Guenanit dépendait.Avant d'ètre envoyé à Corbeil, il avait été le bibliothécaire de lagrande bibliothèque de' cette abbaye, qui, aujourd'hui encore,tientune place si importante dans les collections de la Bibliothèquenationale.

Par les nombreux écrits qu'il a laissés, l'abbé Guiot a tenu etoccupe encore une place estimable dans le monde savant. C'èst àlui que nous devons les Almanachs de Gorbeil de 1789,1701 et 1702,qui sont considérés comme les modèles du genre et qui contien-nent tant de renseignements intéressants pour notre ville. Lasuppression de sa paroisse et de ses fonctions avait fait au pauvrecuré des loisirs forcés qu'il utilisa intelligemment en écrivant lesnombreuk ouvrages qu'il n laissés et dont la plupart sont consacrésà Gorbeil.

L'abbé Guiot (Josepli-André), d'après sàn ex-libris.

- Mais hélas! la plus grande partie de ses travaux sont restésmanuscrits et ils sont aujourd'hui disséminés dans diverses bi-blio[hèques plus ou moins éloignées. La Bibliothèque nationalepossède les /?asti (Jorbolienses (lue. Guiet avait composés à limi-tation des Pagli. /?otitomagenses d'Hercule, Grise], son compa-

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16 -triote, ancien curé de Saint-Maclou de Ilouen, C'est un gros

volume in-folio qui renferme, en vers latins, les éphémérides de

Coi-heu, accompagnées d'une quantité de notes et de documentsdes plus intéressants Pet[' nous (4). Ceux qui s'occupent de l'his-toire de notre ville connaissent bien ce volume et lui ont fait defréquents emprunts. Il serait à désirer qu'il pût un jour venirreprendré sa traie place sur les rayons (le la bibliothèque de

Corbeil. D'autres manuscrits du savant abbé se trouvent encoredans les bibliothèques de ltoucn(2) de Caen, de Melun, de Sainte-Geneviève de Paris (3), et môme dans celle de su' Thomas Phi-lipps, à Chclleuham (4) (Angleterre), et il peut encore en exislerailleurs que nous ne connaissons pas.

Corbeit ne possède qu'un seul des manuscrits du savant abbé

on l'a obtenu de la Bibliothèque nationale, il y peu d'itnuées (5),par voie d'échange et après de longues négociations. C'est un

volum e in-folio, intitulé Cueilloir des revenus de Saint-Guenaufede Co,'bei.i (G), suivi de plusieurs pièces i'elot ives è l'histoire de ce'bénéfice-cure et des chanoines réguliers de Saint-'Victor de Paris,qui l'ont desservi et possédé jusqu'en 179!. Eu plus des revenus deSaint-Guenauti, ce manuscrit renferme une quantité de docu-

ments (les ltlS utiles pour Corbeil on y-trouve même une auto:.biographie de l'auteur (7).

(I) Bibliothèque nationale, département des inss, fonds latin, 1109969.(2) La bibliothèque de noti on possède liait manuscrits de l'abbé Culot, qui

tous concernent spécialement Col rjeil ; ils font partie d'une donation importantefaite à cet établissement par M. Coquebert de Montbret, qui habitait Gisors.

(3) Les manuscrits Guiot de la bibliothèque Sainte-Geneviève lui ont été donnéspar feu Pinard, do Corbeil. Nous ne comprenons paà tien pourquoi il no les a asdonnés de préférence à la bibliothèque de sa ville natale. Il est probable quel'état d'abandon dans lequel celle-ci était tombée, et le manque de bibliothécairesdignes de ce noua, l'auront détourné do faire ce don à la ville de Corbeil, où ileût été bien mieux placé qu'à la bibliothèque Sainre .Coneviève, où ces manuscritssont à peu près ignorés.

(4) Cette bibi iothèq ne an glaise, bien étonne des érudits français, t'enfermetrois manuscrits de l'abbé Ginot dont deux concernant Corbeil, et on attire rns,très précieux de Jean do la Barre, qui fut l'révost de Corl,ell de 1607 à 1624.

(5) En juin 1884.- - -(6) vers 1750.(i) Ce n'est point ici le lieu de faire on détail la bibliographie et la biographie

de l'abbé Guiot, qui pourront faire l'objet d'un travail ultérieur; disons seule-mont qu'à partir de la Ilévol ution, le pauvro-ablié cul une existence des pinsagitées. Il avait prêté In serment exigé, tuais il le révoqua plus lard, parait-il.Quoi qu'il ci' soit, il fut momentanément curé de Saint-spire lors du réthl use-tuent du' culte, et après avoir occupé diverses situ:tlioils peu élevées, il devintcuré de Bourg-la-lleine, où il [nourit t en 1807, le 21 septembre, ùgé de soi (e-liait ans:- -

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En outre des Almanachs de Corbeil, l'abbé Guiot a publié quel-ques petites plaquettes aussi rares que recherchées; l'une d'ellesse rapporte directement au sujet qui nous occupe ici, c'est-à-direà la bibliothèque de Corbeil.

C'est un petit poème latin de cinquante-deux vers, suivis d'unetraduction en prose Française, d'une antre en vers français,et de notes explicatives; le tout, précédé «une introduction pré-sentée sous le titre de Précis historique et suivie du règlement(le la bibliothèque de Corbeil, forme un petit voltune in-16 do20 pages, compris le titre, qui est ainsi conçu

liibiiotiieca Corboliana publici funs facto., J(ai. lviii MDCCXCVIII,latinè, gaiticô et metnicè. Corbolii, typis Christ. ban. Gelé, amroprtefatum sequente.

Ce petit poème est très rare; on n'en connaît que trois exem-plaires: un à la bibliothèque de Corbeil, un autre en la possession(le celui qui écrit ces lignes, et le dernier chez un lettré parisienbien connu, Al. Maurice Tourneux.

Il convient d'ajouter que l'abbé Guiot a inséré cet ouvrage dansplusieurs de ses manuscrits, ruais il est à remarquer que ce qu'ila imprimé soirs le titre de IJibliot/ieco Co;'botiana n'est en quelquesorte qu'un extrait d'un autre poème resté inédit; en effet,taudis que dans l'imprimé on ne compte que 52 vers latins, on entrouve 852 dans le manuscrit n° 496 (le la bibliothèque de Rouendans ce volume in-folio, intitulé JJibiiot'ièque de Corbeil, le lJi&iio•(Iicca Corboiiana, avec ses traductions en prose et en vers français,ses notes et ses tables, commence à la page 33 et finit avec lapage 123. On voit par là que le petit poème imprimé que nouscitons n'est qu'un faible extrait d'un travail important de l'abbéGuiot; et il nous sera permis de regretter de n'avoir point à notredisposition le manuscrit de Rouen n° 496, entièrement consacré ànotre bibliothèque, parce que nous y aurions trouvé beaucoup derenseignements utiles pour rendre complète cette étude sur' labibliothèque de Corbeil (fi.

Néanmoins, dans soit imprimé, l'abbé Guiot célèbre avec

(I) ce manuscrit a été depuis obligeamment confié à la bibliothèque tic corbeilpar cellia de flocon. Noire travail était dtj.'t très avancé, mais nous avons pu encorey puiser nombre de renseignements utiles. Nous sommes heureux tIc profiter det'occasioit qui nous est offerte pour remercier ici M. Noel, l'aimable bibliothécairede Rouen, du gracieux bon vouloir q s'il n bien voulu nous témoigner en cellecirconstance.

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ûatltousiasme l'ouverture d'une bibliothèque à Corbeil (1) et, enraison (le la rareté de cet opuscule et tic l'intérêt tout spécial qu'ilprésente pour le sujet qui nous occupe, nous croyons utile dereproduire ici la traduction en prose française qu'en a donnée sonauteur, cri la faisant précéder d'un passage intéressant (le sonPrécis historique, dans lequel il s'exprime ainsi

o Chaque district devait avoir sa bibliothèque particulière, et celui deCorbeil n'était pas des mains bien partagés dans la réunion de toutes lesbibliothèques des châteaux et des inona1ères soumis à la rigueur de laloi, dans son arrondissement. La réquisition de tant de livres fut contiéeà un conservateur (2) tout à fait propre à ce rassemblement bibliogra-phique, et soi zèle lui a valu dans la suite une place de môme genre,mais plus importante, dans la capitale. Cependant les espérances desgens de lettres k Corbeil pensèrent s'évanouir, en voyant la suppressiondes districts. Cette réforme semblait devoir culmIner la privation de labibliothèque; mais le département de Seine-et-Oise, eh réclamant pourVersailles la majeure partie des livres de Corbeil, consentit à en laisserencore assez pour avoir uue bibliothèque municipale, k la charge néan-moins de faire tous les frais nécessaires pour l'entretien des lieux, deslivres et des bibliothécaires; ce qui fut consenti par l'administration dela commune et du canton. -

« Le changement de bibliothécaire (3) accéléra les réparations inté-rieures de l'édifice et la dispoilion classique des ouvrages. Après cepremier travail, on se hâta de faire jouir le public, et il put se rendre kce muùe dès le W juillet 1708, vieux style, et -13 messidor an VI de laRépublique française.

À la suite de cet exorde, viennent les 52 vers latins du poèmeimprimé, enregard desquels l'auteur donne lui-même la traduc-tion eut prose française que nous reproduisons textuellementci-dessous.

OUVERTURE PUBLIQUE 'DE LA ]IlBLlûTl]ÈQUE. DE CORIIEIL (4)

« Placez-vous au continént de la J uiie et de la Seine qui la reçoit,

(I) Grâce à la bienveillante co,nifluinication (lu 'ifs, de Itouen, il flous n étédonné de pouvoir constater que la tiblio(/,eca Cm'boliana. en 852 vers, restéemanuscrite, est un poème qui traite spécialement (tes ouvrages possédés parta bibliothèque de Corbeil, ainsi que de tours auteurs, taudis que le petit poénleimprimé est entièrement consacré à l'ouverture de cet établissement.

(2) Le citoyen Van Thol.(3)Canée Simon, qui succéda h Van Thol.(4) lI cf,t été trop long de reproduire en son entier l'opuscule de l'abbé Geint;

on a (ait choix do ta traduction en pi-ose française comme étant accessible auplus grand nombre et surtout aussi parce qu'elle rend plus clairementla penséepremière de t'a uteur.

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- -19et semble en être flattée; h s'élève un édifice consacré aux ,M6ses,et tout à fait propre èrassernhlcr avec agrément les gens deoffres. Une abondante collection de livres en tout genre s'y trouve

réunie, débris précieux des différents cloîtres dont ils firent larichesse. La République se les est appropriés pour en offrir l'usageà tout ce qu'il y a d'hommes probes et éclairés.

Astre éclatant, qui nous ramènes et nous dérobes successivementle jour dont ton char radieux est le foyer; (le quoi leur servi-raient ces avantages, sans celui de ta lumière-? Ah! ne la refuseP as à cet édifice !privilégié, et que jamais aucun nuage n'inter-cepte pour nous le moindre de tes rayons. Sache néanmoins entempérer la trop grande ardeur; la couverture des livres en rece-vrait trop de dommage et leur sort serait peu différent de celuide Sémélé, qui, voulant dans ses transports voir Jupiter danstoute sa majesté, en fut réduite en cendres.

« Voudrais-tri changer de séjour et de nom? Tu trouver-as ici unconcours de lettrés digne de tes regards avec tout ce que peutt'offrir le Parnasse, dont cet asile littéraire est une portion remar-quable. Claude (4) est le dépositaire des richesses bibliographiquesqu'on y conserve, et remplit tes fonctions auprès de tes favoris.C'est des mains de Pierre (2) qu'il Lient les clefs de cet Olympe, etil est le second à qui la garde en soit confiée: l'un en avaitamassé les tr6ors, l'autre en dispose les différentes espèces.Paris, comme ou sait, est la patrie de celui-ci, ainsi que la liai-lande de celui-là. Leurs iioins sont également connus, demêmeque la réputation qu'ils se sont faite. C'est elle qui leur a conciliéla bienveillance des municipaux, qui les ont honorés de leur cou-fiance. S'il est donc quelque littérateur qui veuille s'exercer dansl'art des vers, le conservateur de tant de poésies lui présenterale premier génie du siècle. Est-ce dans les trésors de l'histoirequ'on voudra puiser? Tacite ou Thucydide vous seront aussitôtouverts de la même main. Pareil service et aussi prompt pourtout ce qu'il y n de plus curieux dans les beaux-arts ; et lespeines ainsi que les pas, ne sont comptés pour rien. Voyez-le,cet homme officieux, au haut d'une échelle, vous chercher la)r'épublique de Bodin ou l'Utopie de Monts; car voilà les ouvragesdont lit lecture est devenue le plus à la mode, depuis qu'on estembrasé de l'amour de la patrie.

(I) Claude Simon, deuxième biblietJiécaire de Corbei!. --(i) Pierre Van 'flic!, prédécesseur' de Claudo Simomi. -- -

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« 'Descendu de I, considérez-le, allant çà cil à, quelque mari -ccii en main, pour satisfaire la curiosité des lecteurs, et les com-blant de politesses. Dieu, qui présides aux sciences, fais qu'ilsoit pour les tiens un oracle digne de toi-même. Et vous, quiaimez et cultivez les lettres, empressez-vous de vous désaltérerà la source où vous trouverez toujours qui vous aidera à éteindrela soif (le savoir.

« C'est dans des circonstances bien remarquables que je publieces vers; peut-Ot;e devraient-ils attendre plus longtemps leurémission dans la république littéraire; niais quhd arrive des bou-ches du Nil sur les bords de la Seine le triomphaLeur i ustre,dont le nom glorieux est d'un si heureux présage, ce héros au-quel tant d'opprimés doivent leur liberté, comment ne pas serendre aux voeux d' une Muse impatiente qui n'en a plus qu'unseul à former, c'est de vivre autant que le consul I3oiaparte dansla mémoire des hommes (1) t n

Cet extrait montre bien l'enthousiasme qu'avait fait naître chezle savant curé de Saint-Guenaultl'ouverturû si longtemps attendue(le la bibliothèque; il est permis de penser que cet enthousiasmeétait partagé par la partie instruite de la population.- A la suite de son poème. , l'abbé Grief, nous donne le règlementqui fut alors élaboré et affiché dans la salle dia nouvel établisse-ment. Nous ne pouvons mieux faire que de l'imiter en reprodui-sant, d'après lui, ce document (2):

Extrait du registre des délibérations de l'administration muni-cipale du canton de Corbeil.

Séance du 5 messidor, l'an VI de la République française uneet indivisible (3). -'

L'administration municipale considérant que, par les soins qu'ellea pris, et les Commissaires qu'elle a nommés h cet effet, la bibliothèque

(1) Cet hommage à Bonaparte, qui est séparédu texte principal, est la traductionlibre de C vers latins qui paraissent avoir ôté ajoutés aprôs coup, c'est-à-dire auiiotnçnt do l'impression, qui n'eut lieu, c'est le titre qui nous l'apprend, que dans

I année qui suivit l'ouverture de la bibliothèque, c'est-ii-dire en 1799-

(2) La bibliothèque conserve dans ses arcinves un exemplaire du placard on-

ginal de Co, règlement.-t} 23 juin

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de ce canton se trouve actuellement rangée en bon ordie; el4it'eII.edpits'empresser d'en donner l'ouverture au public;.

Ouï le Commissaire du Directoire exécutif, arrête ce qui suit-A RTI cLEI Or . - A-dater du 10 Messidor présent mois, Ia.liibliolhèque

du canton de Corbeil est déclarée Bibliothèque publique, et eu consé-.quence distincte et séparée de tout autre dépôt littéraire. Le Bibliothé-caire en est seul responsable, sur la surveillance des Président etAdministrateurs municipaux du canton de Corbeil et du Commissaire duPouvoir exécutif. Nul autre que le Bibliothécaire n'ait les clefs.

ART. Il. - Tous les livres seront marqués d'une estampille, ou ducachet de l'Administration.

ART. iII.Le Catalogue desdits livres sera coté et paraphé par lePrésident de l'Administration et par le Bibliothécaire.

ART. IV. - La Bibliothèque sera ouverte au public, les 3, 5, î, 10 dechaque décade, depuis neuf heures du matin jusqu'à deux de relevée, âl'exception des jours de Fêtes nationales.

ART. V. - Nul ne sera admis avec armes, bâtons ou animaux; oitintroduira ni feu ni lumière.

ART. VI .Aucun lecteur ne pourra prendre ni replacer lui-mêmeles livres sur les tablettes; chacun, en se retirant, les remettra au Bi-bliothécaire. --

ART, Vit. - Personne ne pourra exiger du Bibliothécaire la communi-cation de plusieurs livres à la fois.

ART. VIII. - Le Bibliothécaire est autorisé à refuser aux jeunes gens,jusqu'à l'âge de dix-huit ans, tous les livres qu'il jugerait pouvoir porteratteinte aux bonnes moeurs.

ART. X. - Toute conversation dans la Bibliothèque est interdite auxlecteurs; le plus grand silence est recommandé.

ART. X. Le Bibliothécaire pourra, sous sa responsabilité personnelleet sur récépissé, prêter pour une décade, par volume, les livres avecdéplacement, aux gens de lettres et artistes, connus et domiciliés dansle canton de Corbeil; sont exceptés cependant tes livres rares et pré-cieux. -

ART. Xi. - Outre ï'inscriplion ait général, le Bibliothécaireinscrira sur un registre particulier les livres acquis par la Bibliothèque,ou donnés parles Auteurs et autres particuliers.

Aar. XI]. - Le Garçon de bureau de l'Administration nettoiera InBibliothèque les jours où il n' y aura point de séance.

ART. XIII. - Pendant les vacances, qui seront à complet , depuis leIl Fructidor (1) jusqu'au 3 Vendémiaire (2), la Bibliothèque sera fermée:le Bibliothécaire pourvoira, pendant ce lents, au nettoiement généraldes livres. --

Mn. XIV. - Le Bibliothécaire sera tenu de faire deux copies exactesdu Catalogue général des livres de lr( Bibliothèque; il en sera déposéune copie, reconnue de l'Administration et du Bibliothécaire, dans lesarchives de ladite Administration, et une autre déposée h la Bibliothèque.

(I) 28 août.(7) 25 septembre

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ART. XV. - Il sera fait aussi deu copies du pMsent règlement, l'uneappliquée au dehors de la porte de la Bibliothèque, et l'autre utsdedans (1).

4ar. XVI. - Le présent règlement sera envoyé à l'Administrationcentrale du département, pour lui en donner connaissance, et l'homo-loguer, si besoin est. -

SignéBERNA0AS, Président; lLxNaoulN, Secrétaire; P.-J. BROCUTEII,F. DELELÉ, 3.-Â. CuloT, Commissaires susnommés. n

L'on se souvient que Van Tbol avait donné sa démission le24 décembre 4.797; ce ne fut donc pas lui qui présida, le 4or juil-let 1798, à l'ouverture de la bibliothèque dont il avait été, hvecl'abbé Guiot,le principal organisateur, mais bien Simon Claude (2),son successeur, nommé à sa place avec le titre de Conse,'vatcwdu dépôt littéraire du cg-devant district de Corbeil. Puis arriva, enFan VIII, la suppression des administrations cantonales et dedistricts; la ville de Corbeil devint alors le chef-lieu de l'arrondis-sement do même nom et, parce fait même, la bibliothèque restasa propriété. N. Simon fut alors confirmé dans ses fonctions dèbibliothécaire (s), et-la ville lui assigna on traitement qui fut au-torisé par M. le préfet comme charge communale.

La bibliothèque était-elle très fréquentée dans la vieille égliseSaint-Guenault? c'est ce que nous ne saurions dire, car à partir decette époque, c'est-à-dire vers 1800, l'abbé Cuiot, qui s'était tantoccupé de cet établissement, qui avait même pris, sur soli exlibris, le titre de bibliothécaire de Corbeil, fonctions qu'il n'exerçajamais officiellement cependant, l'abbé Guiot, disons-nous, n'étaitplus là pour prendre des notes et nous transmettre des docu-ments; aussi une obscurité relative règne, à partir de cetteépo-que, sur notre bibliothèque. Nous savons cependant qu'elle futnégligée, et qu'alors commença pour elle une période de déca-dence. Claude Simon ne fuitpas longtemps bibliothécaire; il eutpour successeur un notaire de Corbeil, du nom de Vénard, quicumulait alors diverses fonctions, car il était en même temps

• adjoint au maire. On comprend, dans ces circonstances, que labibliothèque fut un peu délaissée; Vénard s'en excuse lui-même

(1) Ainsi que nous ] *avons dit plus haut. cc règlement fut impriméS(2) lI était le fils de Simon Pierre-Guillaume, itiipriineur du Parlement, qui

avait lui-mûme succédé à son père dans cette charge. On a do lui. à la biblio-thèque de Corbeil, un beau portrait gravé par de Saint-Aubin en 1770.

(:1) Comme ses successeurs Vénard et Polit (Jean-Pierre), M. Simon fut aussiadjointnou, avons trouvé sa nomination e" Cotte qualité h la date du 20 mes-sidor an VIII (I juillet. I sO0)

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dans' une lettre à M. de Boisneuf, maire de Corbeil, en disant queles soins de son étude absorbent la majeure partie de son temps.

Dans ces conditions, il est aisé de comprendre que la biblio-thèque n'ait pas rendu* tous les services qu'on en attendait. Ellene fut pas beaucoup mieux partagée avecle successeur du notaire-adjoint Vénard c'était tin nominé Petit, Jean-Pierre, dit lefiance1, qui, lui aussi, était adjoint, et exerçait en outre la pro-fession de docleur en chirurgie (i)

Les Van Thol, les Culot, les Claude Simon, qui avaient tant tra-vaillé pour notre bibliothèque, n'avaient pas fait école; leurzèle ardent, leur dévouement n'avaient point été le partage deleurs successeurs, pour qui la bibliothèque ne représentait qu'untitre et un traitement.

Hâtons-nous de dire quo les 2,000 livres allouées pat le dépar-tement à Van Thol avaient été rédnitesk 700 francs pour son suc-cesseur, et que lorsque la bibliothèque devint, en 1800, lit

de la ville, c'est-à-dire bibliothèque communale, les faiblesressources de la commune ne permirent pas d'attribuer au biblio-thécaire plus de 200 francs de traitement annuel.

C'était bien peu, aussi les obligations Ue ce fonctionnaire furentdiminuées, et l'on choisitpour titulaires des personnes qui avaientd'autres occupations, partant d'autres ressources.

Dans une lettre du 7 décembre 1808, adressée par M. de Bois-neuf au sous-préfet (2),1e maire de Corbeil s'exprime ainsi au sujetde la bibliothèque

« Lors de son établissement, elle était beaucoup plus considérablequ'elle n'est à présent, quoique composée encore de quatre mille deuxcents volumes; mais dans les troubles de la révolution, bien des livresen ont été soustraits par défaut de surveillance, jusqu'au moment où lagarde en a été confiée à un bibliothécaire. Nombre de volumes ont étérendus à des particuliers qui les ont réclamés; soit qu'ils aient été re-connus non émigrés ou réhabilités (3), et enfin la Commission des artsen n extrait différents ouvrages rares et précieux, qui ont été transférés àVersailles.

M. de Boisneuf s'étend ensuite assez longuement sur les livres

(t) il était l'oncle du docteur Édouard Petit, le père, que flous avons tousconnu et qui est mort du choléra, à Corbeil, on 1849. Sa feintas mourut la -mémonuit que lui, et son fils, médecin aussi à Corbeil, avait succombé à la terrible ma-ladie peu de jours avant ses parents.

(2) C'était alors M. de Cliat.eauhourg.(:5) Nous n'avons trouvé nulle part les traces de ces rosi-i tut ion s.

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qui composent la bibliothèque; mais il est muet sur son fonction-nement, et il a pour cela les bonnes raisons que nous avons indi-quées plus haut.

Cette situation négligée dura ainsi jusqu'en 4822; c'est alors quel'on entendit de nouveau parler de la bibliothèque.

L'on se souvient qu'elle avait été installée tout d'abord dans lapartie supérieure de l'ancienne église de SaintGuenault, dont leleste était réservé aux prisonniers; mais la population augmen-tant, cette prison devint insuffisante, et la bibliothèque dut luicéder la place pour aller s'installer dans une salle de l'ancien col-lège (I). Nous trouvons, dans les archives de laville, une petitenote très explicite à. ce sujet, voici ce qu'eu y lit

« Une d4ûche de M. le Préfet, du 20 septembre 1822, porte quo,d'après le voeu de h Commission des prisons, il a reconnu la necessitéd'agrandir la maison d'arrêt du local occupé par la bibliothèque. Euconséquence, il a fait dresser le devis des frais qu'occasionnera le dépla-cement des livres dans une salle de l'ancien collège.

Ce projet ayant eu l'assentiment du Conseil d'arrondissement,M. le Préfet u chargé M. le Sous-Préfet de faire délibérer le Conseil muni-cipal sur cette proposition, et de comprendre au budget de la ville la dé-pense devenue nécessaire, attendu que la bibliothèque est une propridWcommunale (2) et tout à fait étrangère au département, h qui appartientl'emplacement qu'elle occupe aujourd'hui.

Suit une délibération du Conseil municipal, du t! octobre 4822,par laquelle « il u été arrêté que les livres composant la biblio-thèque de la ville seront transférés et placés dans un local de l'an-cien collège qui appartient à la ville, et qu'il scia alloué en dé-pense une somme de 454 (r., 04, nécessaire pour ce déplacement.

Ce transfert fut opéré dans le courant de l'année 4823, et labibliothèque installée dans la salle qui servait précédemment à laclasse de l'enseignement' mutuel (3).

M. Petit, Jean-Pierre, était alors bibliothécaire, plutôt de nom

(P Le collège de Corboit avait, été fondé, en 166, par Jacques Bourgoiu, danssa propre maison située quai Saint-Laurent. Ce collège -subsista jusqu'à la 86-volution,, époque à laquelle - il Fut transformé en école communale. Le quai.Saint-Laurent prit alors le nom de quai de l'Union; depuis on l'a appelé quaido l'instruction. Les écoles actuelles y ont été reconstruites sur l'ancien omnp1a-cernent du collège. Do cet établissement il ne reste plus que le souvenir du gé-néreux donateur et une jolie petite cloche, artistement décorée, qui se trouveactuellement dans le clocher do l'église Saint-Spire,

12) Cotte phrase en italiques est soulignée dans le texte. -(3) Un autre document (lit o la salle d'misilc'o ;- ces 'deux tortues désignent pro-

bablement la nième pièce.

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25 -que de fait, cari] était très malade. En effet, il existe une lettre (4)d'un sieur Domange, instituteur à Corbeil, par laquelle il sollicitela place de bibliothécaire, M. Petit, dit-i], étant trop malade pourpouvoir exercer ses fonctions. Cette requête n'eut pas de succès,car l'on trouve, à la date du 30 avril 1824, la nomination de Petit,Louis, comme bibliothécaire en remplacement de son père (2).

Ce nouveau bibliothécaire ne resta en fonctions que jusqu'en4829, et pendant cette période, la bibliothèque ne parait pas avoirprospél'é, puisqu'on ne rencontre aucun document où il en soitquestion. An contraire même, car un inventaire fait à la sortie dece fonctionnaire révéla de douloureuses lacunes. A ce moment,M. Petit n'eut pas de successeur, et il est probable que la biblio-thèque resta fermée, caron n'en entend plus parler avant le moisd'octobre 1833, époque oit elle fut transférée à la mairie, qui setrouvait alors installée dans une maison isolée, située au fond (lumarché dans l'axe central, et connue dans ce temps-là sous lenom de maison Vauclin.

Là encore iYy eut lieu à nouveaux travaux et installations non -velles; on nomma une commission d'organisation et un habitantde Corbeil, nommé Victor Piat, fut chargé du travail matériel derangernen.t et de classement.

Il fournit à ce sujet un mémoire de 250 francs, dans lequel il ditavoir consacré six mois de sen temps à reconnaître et feuilleterles trois mille neuf cent cinq volumes, tous pôle-mélo, composantla bibliothèque de la ville.

Ce mémoire fut réduit à 200 francs par le maire, qui était alorsM. Magniant.

Malgré ces travaux, la bibliothèque n'était pas encore en état(l'être ouverte au publie, et elle était toujours sans bibliothécaire.On trouve des renseignements très instructifs à ce sujet dans leCompte moral et exposé des motifs du budget de l'année 1836, pré-senté par le maire (3), au conseil municipal, dans la sessiond'août 1835. Dans ce document, le maire, s'étendant longuementsurla bibliothèque s'exprime ainsi

On sait dans quel état étaient les livres à non entrée en fonctions;nul ordre, nul classement, impossibilité d'avoir un volume, des catalo-gues incomplets et inexacts...

(1)Archives de Seine-et-Oise.(2)Archives do Seitme-et-Oime.(3) N. Migniani.

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Mou premier soin fut donc de !établir rorare par un classement ré-gulier des ouvrages, et de faire dresser tin catalogue. J'invilai doncMM. Aclocque, Petit, Lemaître, Guignard et Hersant à vouloir bienS s'as-socier à ce travail, et grâce à leurs soins, la bibliothèque fut organisée etpourvue d'un catalogue exact. Tous ces travaux, auxquels j'ai participé,-m'ont convaincu de l'impossibilité actuelle d'ouvrir utilement la biblio-thèque au public, et de la pourvoir d'un bibliothécaire salarié. »

Le maire parle encore longuement de ].a il dit qu'ily existe cent douze ouvrages incomplets, que cela tiént à l'aban-don absolu dans lequel cet établissement a été laissé depuis longztemps, et à la facilité que les bibliothécaires ont apportée dans leprêt des livres, sans constat ni récépissé. Il est résulté de là despertes fort sensibles pour la ville.

Ce document, très détaillé, nous apprend donc qu'en 1835, labibliothèque avait déjà subi des pertes sérieuses, qu'elle était de-puis longtemps dans un état d'abandon complet,, qu'elle étaitfermée au publie, et enfla qu'il n'y avait pas de bibliothécaire. Lecompte annuel, présenté par le même maire au conseil municipal,l'année suivante, c'est-à-dire en 1836, pour le budget de 1837, s'oc-cupe encore de la bibliothèque. On y lit que cet établissement aété enfin ouvert au public le l er janvier 1836 (fl, mais (lue la population étant déshabituée de la bibliothèque, peu de personnes s'ysont présentées. 400 francs sontvotés, comme l'année précédente,pour acquisition de livres, mais il n'y est pas encore question dubibliothécaire.

Ce fonctionnaire ne fut désigné que l'année suivante, en f837.C'était un ancien mai tre de pension du nom de Lefort, bien connudes jeunes gens de ce temps-là, car il avait enseigné les principesde l'écriture à beaucoup d'entre eux. Le père Lefort, comme onl'appelait, recevait 200 francs do traitement annuel, pour se tenirà la bibliothèque, de midi à 2 heures, le dimanche et le jeudi,alla de prêter des livres à ceux qui venaient en emprunter. C'étaitdonc uniquement une bibliothèque de prêt, et les services qu'ellePouvait rendre étaient parconséquetit très limités. A cette époque,la ville votait 100 francs par an pour l'entretien de la bibliothèque.

(I'. A l'occasion de la réouverture de [ab il)] iothêque lei janvier 1836, le n'aireélabora et fit imprimer un nouveau règlement, en 4G articles, qui est à peu dechose près la reproduction do celui (je l'an VI. Il y est dit quo la bibliothèquesera ouverte le dimanche et le jeudi do li heures h 3 heures. Nous ignorons s'ilen a été ainsi bien longtemps, mais nous avons été souvent témoin, dans lesannées suivantes, que M. Lefort, alors bibliothécaire, n'ouvrait la bibliothèqueque les dimanches (le midi â 2 heures.

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Cet étal (le choses dura ainsi jusqu'à la fin de l'année I859époque à laquelle, par suite du déplacement de la mairie, la hibho-thèque dut à subir un nouveau déménagement, qui ne devait pasêtre le dernier.

Depuis longtemps, en se plaignait de l'exiguïté et de l'insufft-sance de la place du Marché; on résolut de l'agrandir paria démo-lition d'un certain nombre de maisons; celle qui servait d'hôtelde ville fut du nombre, et provisoirement, la mairie dut aller s'ins-taller sur la place Saint7Guenanit (1), dans, un grand immeubleloué à cet effet, qui porte le no 13 (2), et se trouve presque àl'angle de la rue du Grand-Pignon.

Dès lors, le sort de la bibliothèque fut lié à celui de la mairie,quelle suivait dans ses pérégrinations successives; mais, hélastous ces changements étaient loin de lui être avantageux. Dans'son nouveau domicile, qui ne devait être que provisoire, son ins-tallation fut aussi plus que sommaire, et les services qu'elle rendit,à peu près nuls.

Entre temps, le bibliothécaire, M. Lefort, déjà très âgé, avaitcessé de vivre (3); il n'eut pas de successeur, et son traitement futdonné au secrétaire de la mairie pour arrondir ses appointements,en môme temps qu'il était dépositaire des clefs de la bibliothèque.C'étaitunbibliolhécaire purement nominal, qui donnait ces clefs àqui les lui demandait, et inscrivait les prêts quand il y pensait.Aussi, dans cette période qui dura près de vingt ans, la biblio-thèque eut-elle beaucoup à souffrir, et elle garde encore aujour-d'hui la trace de nombreuses et bien tristes déprédations.

L'on a toujours dit que les plus grands ennemis des livres étaientles emprunteurs; la bibliothèque de Corbeil, comme bien d'autres,hélas I en offre la preuve navrante. L'abbé Guiot, qui a beaucoupécrit sur cette bibliothèque, a inséré, clans plusieurs de ses manus-crits, des, catalogues raisonnés, alphabétiques et méthodiques,des ouvrages qui la composaient de son temps, et en lisant sessavantes énumérations, c'est avec une profonde tristesse que l'onconstate le grand nombre des ouvrages importants qui ont dis-

(I) On a depuis donné à cette place le nom dù frères Galignani.(2) Le bail par lequel la ville loue cet immeuble est du VI décembre 1859; plus

tard, eu 1804, elle acquit du département, au prix de 50,000 (r., les bâtiments del'ancien prieuré de Saint-Guonault qui allaient être délaissés par la sous-préfec-ture, qui les avait occupés dopais la Révolution.

(3)Lefort, Jean-ilaptiste-Nicolas-Aubio, est morLh Corbeil le 21 juin 1855, âgéde quatre-vingt-un ans.

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paru depuis; et, chose plus triste encore, beaucoup de volumesont été mutilés, dépouillés plus ou moins de leurs gravures; le belOnde de flannier, par exemple, un des plus beaux ouvrages duXVIIL° siècle, auquel on n indignement enlevé trente-quatre desbelles estampes qui en font l'ornement et la valeur (I).

Depuis, l'on aretrouvé quelques volumes chez des emprunteutspeu scrupuleux, et l'on n pu, par achat, compléter quelques ou-vrages auxquels fin ou plusieurs tomes manquaient, niais il yaura toujours des vides douloureux qu'il scia impossible decombler.

Si la bibliothèque de Corbeil n eu à souffrir des emprunteurspeu délicats, en revanche elle a compté un certain nombre de bien-faiteurs; c'est un devoir de reconnaissance que de rappeler ici leursnoms, et de leur rendre le juste hommage qui leur est dû. Lepremier en date de ces bienfaiteurs est l'abbé Manette, qui était,avant la Révolution, chanoine de la collégiale de Saint-Spire.L'abbé Guiot nous apprend, dans un de ses manuscrits, queM. Manette donna un certain nombre de livres à la bibliothèquedo Cobeil; c'estle seul renseignement que nous ayons sur ce don,et nous ne pouvons, par conséquent, en fixer ni l'importance nila qualité.

Vient ensuite l'abbé Guiot lui-même, dernier curé-prieur deSaint-Guenault, dont nous avons cii occasion de parler commesavant et comme tin des principaux organisateurs de notre biblio-thèque. Celui-là fut un vrai bienfaiteur, car non content de con-sacrer son temps (il est vrai que la Révolution lui avait fait desloisirs) à l'installation et ait do notre dépôt littéraire : ill'enrichit encore en lui donnant titi nombre d'ouvragesanciens,. souvent annotés par lùi et plusieurs manuscrits, entreautres un ancien Nécrologe de l'abbaye de Longpont, qui n étééchangé, cii 1884, avec la Bibliothèque nationale, contre un ma-nuscrit de ce même abbé Guiot, très important pour l'histoire deCorbeil (2).

M. de Fille, député de Cortuuil sous Louis-Philippe, qui habitaità Auverneaux; fut aussi le bienfaiteur de notre bibliothèque, caril sut mettre à son profit son influence de député, pour obtenfr de

(i) Voir, à ce sujet, dans le catalogue i inprhnd, le n". 949 cl la note qui lac-ce ni pagne.

(2) voi,', ais sujet de ces deux manuscrits,ts, les j '' i s cf I 819 do cataloguej upri té.

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M. Giizol., nlors ministre, d'assez nombreux ouvrages pour labibliothèque (le Corbeil. E existe, dans les archives de la ville, uncertain nombre de lettres du ministre et du député, qui confirmentces faits.

Al. de nue nous fit en plus un don direct, en offrant à la villede Corbeil, en 1840, un magnifique exemplaire, relié en maroquinrouge, du beau Don Quichotte d'lbarra, si recherché par les biblio-philes (4).

Ces générosités étaient le résultat des excellentes relations quiexistaient à cette époque entre le député et le maire de Corbeil,M. Magniant, qui, lui aussi, frit Li n bienfaiteur, à cause du grandintérêt qu'il porta h la bibliothèque, et des très nombreusesdémarches qu'il rit pour l'enrichir, indépendamment du tempsqu'il consacra personnellement à sa réorganisation et à son admi-nistration. -

Les mêmes motifs nous valurent encore la faveur de M. -de Sal-vandy, beau-frère de M. Feray, de Chantemerle, et alors ministrede l'instruction publique ce fut lui qui fit donner, par le roi, en4833, à la bibliothèque de Corheil, le grand ouvrage sur l'Égypte,dont les immenses volumes ont nécessité la création d'un meublespécial pour les renfermer (2).

En agissant ainsi, M. de Saivandy ne faisait, du reste, que suivreles traditions du ministère qu'il dirigeait, car cette administrationa depuis longtemps gratifié la bibliothèque de Corbeil d'une bonnepartie des ouvrages qu'e lle édite et de beaucoup de livres prove-nant de ses souscriptions; cette excellente habitude se continuetoujours.

Parmi les noms de ceux qui ont porté de l'intérêt à la biblio-thèque de Corbeil, nous ne devons pas oublier celui de M. MarcBalthazar du Pin, ancien agent de change, qui demeurait à Beau-voir, commune d'Evry-sur-Seine (3). Par son testament ologra-phe, en date khi 23 février 18W, M. du Pin léguait laiille 4eCorbeil, pour sa bibliothèque, l'Encyclopédie universelle et -le Mo-niteur universel, qui était alors le moniteur officiel du gouverne-nient (4). tette dernière collection comprenait le journal depuis

(I) Voircatalogue imprieié u' 120 9 --(2) Ibid. 2062.(3) Les descendants de M. du Pie habitent encore cette belle propriété de

Beauvoir qui s été possédée autrefois par la duchesse (le Rohan.(4) Voir au catalogue imprimé les n° 2209,et 2221.

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- 30 -son origine, cii 1789, jusqu'à et y compris l'année 1822, .soit '67 vo-lumes in-folio. La ville, par les soins de son maire, N. Magniant.a complété cette collection en achetant an prix de 31 francs cha-cune, reliure comprise, toutes les années de 1823 à 1846. Depuiscette époque, la ville reçoit régulièrement ce journal, qui u étécontinué, après 1809, par le Journal officiel. Cette importantecollection, qui donne au jour le jour l'histoire de notre pays,compte à ce moment (1888), 353 volumes.

M. du Pin mourut le 26 mars 1847, et la ville de Corbeil futautorisée, par arrêté du préfet du 3 août de la même année, à ac-cepter le legs qu'il lui avait fait.

Un autre nom, cher aussi à la bibliothèque, est celui de M. Crétépère, qui a créé et fondé à Corbeit un magnifique établissement,une imprimerie modèle qui fait vivre un nombreux personneld'ouvriers des deux sexes. -

Si M. Crété n'a pas été, dans le sens exact du mot, le premiercréateur de l'imprimerie à Corbeil, c'est à lui qu'oû en doit lesdéveloppements et l'importance qu'elle y a prise.

Ce fut le S février 1794, qu'un nominé Rousseau, do Motlliéry,vint s'établir à Corbeil comme imprimeur; son établissenient étaitplus que rudimentaire une simple presse à bras qu'il manoeu-vrait lui-même. Peu de temps après, vers, la fin de 1707, il avaitpour successeur Christophe-Jeani Gelé, qui continua sans grandschangements l'oeuvre de son prédécesseur.-

Gelé mourut dans- les premières années de notre siècle et safemme, qui avait été son premier ouvrier, et peut-être le seul,continua à imprimer les affiches et les papiers administratifs dela sous-préfecture et de la mairie jusqu'en 1827, époque oùelle céda soit à M. Crété père, qui devait lui don-ner une si intelligente et si grande impulsion (I). Pendant qua-rante ans, M. Crété ne cessa d'augmenter, d'agrandir son impri-rie, de lutter avec énergie et opiniâtreté, lui sans patrimoine,contre des diÇficultés sans cesse renaissantes, pour enrichir soncher établissement des perfectionnements 'que la science modernene cessait d'apporter à sa belle industrie.

• (I) L'imprimerie de Celé se trouvait an faubourg Saint-Jacques, rue de laPoterie, dans l'immeuble qui fut occupé plus tard par la gendarmerie et qui porteaujourd'hui le n° S. c'est peu de temps avant sa cession n t Crété queMir Gelé l'avait transportée au fond de l'impasse Notre-Darne (le quai n'existaitPas à cette opoque). où elle grandit bien vite sous la direction de M. Grété, nula transféra pI os tard dans les liétimnen ts où elle est actuellement.

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Ceux qui l'ont vu à l'oeuvre sont émerveillés des résultats ob-tenus et s'inclinent avec respect devant ce lutteur énergique, CO

travailleur infatigable, dont les efforts ont contribué dans troclarge mesure à l'honneur comme au développement et k la pros-périté de notre chère ville de Corbeil. Aussi, lorsqu'en 1867, lacroix de la Légion d'honneur vint récompenser tant de travail,tant de mérites, il y eut dans notre ville comme une acclamationgénérale pour Féliciter le nouveau légionnaire et applaudir àcetterécompense si noblement méritée.

Cette belle imprimerie, qui occupe aujourd'hui près de 400 ou-vriers, est dirigée maintenant par M. Jules Crété (I), qui a en-core augmenté, dans une large mesure; l'importance de l'établis-sement créé par son père, et dans lequel, avec l'aide de ses deuxfils, il continue les beaux travaux et les bonnes traditions pa-ternelles.

L'imprimerie est la mère dès livres, leurs histoires en quelquesorte n'ei font qu'une, ce n'était donc point une digression inu-tile que de parlerici des débuts et des développements de l'impri-merie à Gorbeil (2), et nous étions heureux de saisir cette occa-ion de rendre un hommage mérité à un homme éminent quirendit de grands services à notre ville et fut aussi le bienfaiteur dela bibliothèque.

M. Crété père avait la louable habitude d'offrir k cet établis-suaient un exemplaire de la plupart des ouvrages qu'il imprimait.Il avait rnôme'fait faire,à cet effet, une jlanche spéciale qui luiservait à indiquer, entête de chaque volume offert, la mention dela donation. Cette mention a été retrouvée sur 42 ouvrages for-mant 65 volumes, mais il est certain que M Crété cri n donnébien davantage, soit que la confection de sa planche fût posté-rieure à ses premiers dons, soit qu'on ait omis de l'imprimer surplusieurs. Il existe dans les archives de la ville une très aimable

(I) C'est vers la fin de 1807 que M. Jules Grésé a succédé à son père; celui-ciest mort à Versailles eu 1883.• (2) On a cru pouvoir faire remonter plus loin les débuts de l'imprimerie àCorbeil il existe eu effet une pièce imprimée à la date de 1590, sous la rubriqueGvrbeil; mais cette pièce a été produite par l'imprimerie colonie rie l'imprimeurparisien Jauiet Mettayer, qui avait suivi le Parlement à l'ours, l'année précédenteelle a été iusprirnée à Corboil, c'est vrai, niais à laide d'un matériel ambulant etde passage en notre ville. Il n'y a donc pas de doutes il sur l'origine (lecette pièce, dont voici le titre Disco ens de ce qui s'est passé eu l'année du Boy,depuis que le duc de l'arme scsi ioi,,ct ù celle de ses ennemis, jusques ou quin-zicsrne de septembre 1590. Corbeil, S. 0. (1590) in-S'.--

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lettre de M. Crété au maire, lui annonçant tin envoi de 44 volumespour la bibliothèque. Cette lettre a sa place marquée ici, et c'estavec un sentiment de gratitude que nous la reproduisons ci-dessous

Corbeil, 47 juin 4847.

MoNstEun LE MAIRE,

Permettez-moi, en m'associant à vos sentiments de sollicitude, de vousoffrit, pour la bibliothèque de la ville que vous administrez, et commeun témoignage de ma reconnaissance de la bienveillance dont m'lionorent mes concito y ens, les quelques ouvrages qui accompagnent cettelettre.

J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments de la considération la plusdistinguée, Monsieur le Maire, votre très humble et très obéissantserviteur, - -

Cnéît.

Et plus bas est écrit: 30 vol. in-8; 14 vol. in-1 8.

Cette lettre de l'éminent imprimeur montre bien clans quelsbons termes il était avec l'administration de notre ville, et toutl'intérêt qu'il portait ànotre bibliothèque, clans le but do seconderla sollicitude édlairée de M. Magniant, le maire d'alors. Mais si c'estun devoir d'exprimer notre profonde gratitude envers-M. Crétépète, qu'il nous soit permis aussi de manifester les regrets quenous éprouvons de ne pas voir M. Jules Crété suivre, à l'égard denotre bibliothèque, les généreuses traditions de son -cligne père..Ce n'est point que nous ne l'ayons sollicité à plusieurs reprises àce sujet,. mais il nous a toujours répondu que les traités qui ontlieu maintenant entre imprimeurs et éditeurs s'opposent abso-lument àtoute générosité de ce genre. Il ne nous appartient pointde nous en plaindre, mais nous ne pouvons nous empêcher deregretter vivement que les circonstances actuelles ne permettentplus à- Al. Jules Crété de manifester de ce côté sa bienveillancenaturelle envers sa ville natale.

MM. Jules et Adolphe Salmon, tous deux enfants de Corbeil,ont aussi enrichi notre bibliothèque, en lui faisant don, vers 4876,de 104 ouvrages, formant un total de 3743 volumes, de jurisprn-clence et de voyages pour la plupart, et provenant de là bliblio-thèque de leur père, qui avait parcouru, à Corbeil môme, une

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longue et honorable carrière d'avoué, avant d'être magistrat àParis, où il est mort (1).

Un don très important a encore été fait à la bibliothèque, parM. Delaunay (Louis-Auguste), avoué honoraire à Corbeil, autourd'un livre important sur les arquebusiers en généra].

M. Delaunay s'était fait une très intéressante spécialité de l'his-toire de ce anciennes compagnies d'archers, d'arbalétriers etd'arquebusiers, qui jouèrent un rôle si important dans l'histoiremilitaire de la France au moyen âge. . Le bel ouvrage auquelM. Delaunay a attaché sou nom et qu'il a publié en 1879, sous letitre modeste de Étude sur les anciennes companics d'archersd'arbalétriers et d'arquebusiers (2), fut le fruit de ses longues etpatientes recherches. Pendant vin gt-cinq ans, il n'a cessé d'accu-mule", sans compter, de nombreux documents de toutes sortes,livres, brochures, manuscrits, chartes, estampes, etc., qu'il are-cueillis un peu partout, en France comme à l'étranger, ou qu'ila fait copier dans les bibliothèques publiques; il faut citer, parmices derniers, un beau volume, richement relié, qui a coûté uneaimée de travail; c'est l'armorial de toutes les compagnies deFrance et de l'étranger, dont il a pu retrouver les blasons dansd'llozier ou ailleurs; chaque compagnie citée y a ses armoiries encouleurs (3); et deux albums qui renferment des centaines d'es-tampes se rapportant toutes au sujet cher ait (4).

C'est cette collection si spéciale et si intéressante, dont la pa-reille n'existe probablement pas, cille M. Delaunay a généreusement offerte, en février 1887, à la bibliothèque, et par conséquent,à la ville de Corbeil, en l'accompagnant de l'aimable lettre sui-vante -

Corbeil, la février 1887.

Mûri eues Hill LIOTIIÉCtliés,« Je suis trop vieux maintenant, P on t

. faire une deuxkrnc édition demon livre Étude sur (es anciennes compagnies d'orc/ters, d'arba/djrje,-s etd'arquebusiers, h l'aide des livres, brochures, plaquettes, notices, etc.,(I) M. Ado!pl,e Salmon habite encore, à Corheii, la maison p'ternelle Sonfrère, M. Jules Saluion, est mort à Paris, le IS août ISSU, pMsideut do chambrela cour d'appel de Paris et. chevalier de la Légion d'lionheuren . Ses obsèques ontlieu à Corbeil le 18 août. suivaot, au milieu 'l'une affluence considérable.(2) Voir ait iinpi'imé les ii'' 1853 et 2?9.() Catalogue imprimé ri' 7501.(l Ibid. ri" 2519 et 2520.-

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que j'ai continué k collection ner. Pour en éviter la dispersion je viensvous prier de les accueillir clans la bibliothèque de la ville de Corbcil,comme un fonds spécial. C'est une bibliogrnpiie non encore complète,certainement, mais qui, réunie comme elle est, me parait intéressante b

conserver.--1e mets donc la collection à votre disposition, heureux d'être assuréde sa conservation sous vos bons soins; j' y joins un grand album degravures, qui en forme le complément.

Il Recevez, mon cher bibliothécaire, la nouvelle expression de niessentiments affectueux. iI DaLAIJNAv.

Le désir de M. Delaunay a été satisfait; sa collection est restéeentière, formant un fonds spécial et réunie sut les mêmes rayons;CL afin d'en assurer la conservation, on a fait reliem' tout ce quiétait broché.

Cette collection, qui comprend 234 volumes, dont un certainnombre manuscrits, fait l'objet d'un chapitre spécial du catalo-gue imprimé, où, sous le titre de fonds Delainay, elle occupe lesN°' 2293 à 2520,indiquant un total de 227 ouvrages dontquelquesuns offrent un certain degré de rareté.

Puissent nos successeurs veiller avec un soin jaloux sur cetteintéressante collection, afin de la transmettre intacte, sinon aug-mentée, à nos descendants, et les généreuses intentions du sa-vaut inventeur se trouveront ainsi accomplies!

Pour clore cette liste des bienfaiteurs de la bibliothèque (le Cor-lied, nous avons encore à remercier M. Chevalier, propriétaire àSoi sy_sous-ltiolles, qui vient, tout récemment, de faire à cet éta-blissement un don important, sinon pour k nombre, du moinspour 'la qualité des livres offerts. Il s'agit d'opuscules de l'abbéCulot, d'une rareté extrème et que nous ne possédions pas.

Ces plaquettes, toutes imprimées' à Corbeil, à la fin du siècledernier, par C. Gelé, se rapportent à l'histoire de notre ville, cequi justifie amplement l'intérêt que nous avons à les posséderet le gré que nous devons savoir à l'aimable donateur qui a bienvoulus'en dessaisir en faveur de la ville de Corbeil.

Voici les titres de quelques-unes de ces raretés bibliographi-ques que nous ne connaissions que par rexemplaire uniquepossédé par la Bibliothèque nationale de Paris

Mélanges historiques, oratoires et poétiques relat ifs ô quelques

événemens de la fin de l'an FII/ et du commencement (/ C l'an IX d

C orbe ii

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2° Ma forts instctu ratio, ex [astis Corboliensibus (1), Junù deciinti-flofla, latinè, gal/icè et matricé;

30 Jiibliotltcea Corboliana publici jans factaKal. Julii MDCCXC VIIIla tint! gallicô et flac Wicé (2);

40 i'ypograp/aia Co,'bt3 lii institut e, ex Fastis Corboliensihus, Oc--taud Feh;unnii, tatiné, gal/.icè et »actricè;• 5 6 Liber ex ingenii ,familia, autore Gabniele Cossant, (aimé, gallicèet rnetnieè;

60 GeorginsAmbasins Cardinalis, Lugduni 25 mati 4510 extinctus,okm Corbotii cap huais...

Ces petits poèmes latins sont toujours accompagnés d'une don-hie-traduction française, prose et vers, et de notes fort inté-ressantes.

En outre de ces curieuses plaquettes, le don de M. Chevaliercomprend encore plusieurs opuscules religieux, relatifs pour laplupart aux patrons de la ville de Corbeil et dont l'auteur esttoujours l'infatigable abbé Guiot; l'un d'eux est intitulé Cérd-•anonie de la Confirmation en l'église de Saint-Spire de Corbeil, lemercredi des Quatre-Temps, 40 septembre 4801. L'auteur y a jointla liste des enfants confirmés, qui étaient au nombre de 08,21 garçons et 77 1111es, et c'est avec plaisir que l'on voit danscette liste beaucoup de noms d'anciennes familles de Corbeil, dontquelques-unes sont encore existantes aujourd'hui.

En résumé, grâce k la générosité de M. Chevalier, nous avonspu combler une lacune importante dans notre bibliothèque, et si,ious ne possédons pas encore dans son entier l'oeuvre impriméde l'abbé Cuiot, du moins il nous en manqué si peu de choseque nous pouvons considérer cette collection comme à peu prèscomplète.

C'est à notre demande que M. Chevalier u bien voulu consentirà ce sacrifice, aussi nous sommes heureux de lui en témoigner icinotre gratitude personnelle.

L'abbé Guiot a largement frayé la voie à ceux qui ont voulu,après lui, s'occuper de l'histoire de notre pays, et il u eu sinondes imitateurs, du moins des continuateurs, qui, s'inspirant des

(t) Les Fasti Corbolienses de tabbé Guiot, dont il s déjà été parlé ici, setrouvent à la Bibliothèque nationale de Paris, au département des anauùsci-its,sous le n° 9069 du ronds latin.

(2) La bi bliotlièque possédait déjà Cr, petit poème, le seul tics opuscules deIabbd Culot qui fût sur ses rayons

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Iravatix si précieux des La Barre (1), (tes Leheuf ( i), des Guiot,ont travaillé et travaillent encore à la connaissance et à la diffu-sion de notre histoire.

Sans parler des travaux récents dont ta critique serait préma-turée, nous citerons Pinard (Tliéodule), un enfant de Corbeil (3),lui aussi, qui a vécu dans la première moitié de notre siècle, etqui s'étàit consacré tout entier à l'étude de tout ce qui intéressaitsa ville natale.

Il a écrit un certain nomhrè de monog&aphies qui se trouvent

Sur les rayons de la bibliothèque. Pinard a beaucoup cultivé l'air-chéologie, et la meilleure, comme la plus importante partie de sestravau,a été insérée dans les différents volumes de la Revue us-c/téologique. Parmi ces publications, il convient de citer commenuits intéressant particulièrement, une éttide sur l'ancienne égliseNotre-Dame, avec des gravures (lui fl005 donnent d'utiles rensei-gncments s u r ce curieux monument, aujourd'hui disparu; untravail. sur Saint-Jean en l'lleet son intéressante chapelle duxiii 0 siècle; une notice sur le vieux château de Corbeïl,.puis d'as-sez nombreuses monographies sur différentes communes des en-virons de cette ville.- Pinard avait projeté d'écrire, commune par commune, l'histoire

dc chacun des quatre cantons de l'arrondissement de Corbeil, qui(levait former quatre volumes. Un seul a parti, c'est l'histoire (lucanton de Longjumeau, volume publié en 1804 et donnant lesmonographies des 24 communes de ce canton.

Des revers de fortune et des embarras d'argent empêchèrent.l'auteur de contijûter. cette publication; le canton. de Foissy-Saint-Léger étai t cependant su r. le point de paraître, car on en as retrouvé14 communes sur 25, à l'étal d'épreuves. Comme complément doses études su r nos cantons, Pinard avait formé sur chacun d'euxun album contenant les vues anciennes et modernes, ies portraits,gravures de toutes sortes, toutes les raretés iconographiqtics enfinqu'il avait pu rasseinbler t dit lui-même, dans titi de ses manu-

(I) Jean de la Barre, prévôt (le Corbeil de 1007 h 1624, période pendant ] ai ] ueIleil écrivit soi] livre sur l'histoire et les antiquités de corbeil, publiù it Paris ciilai?. Voyez catalogue imprimé les u°' 1881 h 1834.

-(2) L'abbé .Lehen I, membre de l'Académie f ra n çaise et ou ton,' du,, ouvrage trèsestimé Histoire de la ville ce dc tout le diocèse di: Paris, Paris, 1754, 12 vol.in-12 Cerbeil y occupe les chapitres très i utél'essants. V cal al. in p. u° 1804.

(3) Pinard est né à Curbeil le 4 février 1803, il est mort à p aris, cirez les frôresde Saint-Jean de Dieu, le 10 novembre 1871.

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- 37 -scrits, qu'il a consacré dix ans de sa vie (et il ne parle pas de cequ'il a dépensé pour cela) à rassembler ce grand nombre de gra-vures, dont un certain nombre sont devenues fort rares et valentaujourd'hui dix fois ce qu'il les a payées.

Pinard, devenu très gêné, vendit ses albums; il vint alors offrirau Conseil municipal de Corbeil celui qui concernait cette ville;cette assemblée, n'appréciant pas la valeur de cette collection,en refusa l'acquisition..Mais un conseiller, plus éclairé que sescollègues (t), l'acheta au prix de 100 francs et l'offrit à lit

de la ville, où, sous le nom d'Album Pinard, il est trèsconnu et bien souvent feuilleté.

Pinard se défit aussi des autres albums celui de Boissy-Saint-Léger fut acquis par le baron Richerand; le baron Alphonse de Cour-ce], propriétaire du château d'Athis, possède celuidehongjumeau;quant Ù celui d'Arpajon, nous avons appris depuis peu qu'il estresté entre les mains d'uh membre de sa famille.

Nous avons laissé la bibliothèque provisoirement installée, avecla mairie, dans l'immeuble loué à cet effet à la fin de l'année 1859,au n° 13 de la placè Saint-Guenault. Elle resta là jusqu'en 1865, laville ayant fait, l'année précédente, au prix de 50,000 francs, l'ac-quisition de l'ancienne maison priorale de Saint-Guenault; hsous-préfecture, qui lavait occupée depuis 4790, l'abandonnaitalors pour aller s'installer dabs le nouvel hôtel qu'on venait delui construire près du chemin de fer.

Dans le nouvel hôtel de ville, deux pièces furent affectées à labibliothèque, ce sont encore celles qu'elle occupe anjouï'd'hui;mais les livres y furent entassés sans ordre ni classement métho-dique Là encore les fâcheux errements précédents continuèrent;le secrétaire de la mairie, brave homme, mais lourd et âgé, avaitla garde de la bibliothèque et les appointements de bibliothécaire;pour lui c'était une sinécure qui augmentait son traitement desecrétaire; aussi cette période fut-elle très funeste à notre biblio-thèque, qui conservera longtemps, sinon toujours, la trace desrapts indignes qu'elle a subis à cette époque. Puis vint la guerre

(Il Ce généreux conseiller était M. Tandou, propriétaire, h Corbeil, du domainedu Tremblay, habité encore aujourd'hui par sa veuve.

Pinard avait d'abord demandé 300 francs do soi' album; par délibération du20 mais 18G3, le conseil avait rejeté cette proposition. Dans cotte mème séanceM. Tandou avait offert de participer pour 100 francs à cette acquisition. Cette offrefut sans doute le point de départ de son marché avec Pinard.

3*

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de 4810-1 871, pendant laquelle notre pauvre ville eut à subir lesdouleurs d'une longue et écrasante invasion.

La pôpulation de Corbeil était submergée par la soldatesqueétrangère; tout, jusqu'à la monnaie, était devenu allemand et l'olin'entendait plus par nos rues que le langage tudesque. La mairieétait remplie de soldais et d'officiers, et cos derniers étaient plusordinairement reçus dans la grande salle de la bibliothèque; celle-ci no fonctionnant plus, comme on doit bien le penser. Elle n'eutcependant point à souffrir de cette tempête qui dura six mois, etnous ne croyons pas qu'aucun volume fit disparu à cette épo-que du fait des Allemands. Après cette épreuve, la bibliothèquedemeura plus que jamais sans dit'ection, et son local servait delien de débarras pour la mairie.

Aussi, lorsqu'en 387, l'auteur de ces lignes fut nommé auxfonctions de bibliothécaire, à •titre purement honorifique (1),fonctions qu'il exerce aux mêmes conditions depuis cette époque,trouva-t-il la bibliothèque encombrée par les objets les plusdisparates et absolument étrangers au but de cet établissement.Il y avait de tout dans ce local, jusqu'à des vieilles chaussures et,qui le croirait, des armes et une assez grande quantité (le car-tou e s

Mû par son amour pour la ville de Cor'beil, où il est né le14 juillet ISfl, et aussi par ses g6ûts de bibliophile, le nouveaubibliothécaire se mit à l'oeuvre avec ardeur. Il eut à lutter d1abordcontre les mauvaises habitudes qui avaient amené peu à peu l'en-½dhissément de la bibliothèque, puis il fallut créer un mobilierconvenable et installer une salle de travail.

Il utilisa d'abord le crédit qui était alloué pour l'entretien dela bibliothèque, à faire recouvrir de buis les murs du fond descasiers, dont l'humidité avait déjà gagné de trop nombreux vo-lumes.

Il créa ensuite lu catalogue fiches, préliminaire du catalogueimprimé qui s'achève; puis il entreprit de faire relier, successi-vement chaque année, tous les livres brochés, qui représentaientenviron le tiers du fondsgénéral; aujourd'hui plus de 1500 volu-sues ont subi cette opération et voient ainsi leur conservationassurée pour longtemps. Cette opération peut être considérée

(I) cette nomination eut lieu, sur la proposition de M, Paul Darblay, maire decorboil, dans la séance du conseil municipal du 12 novembre 1815.

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- 30 -maintenant comme terminée, et il n'y aura plus à relier doréna-vant que les volumes qui arrivent journellement..

Envue de la préparation du catalogue, dont l'impression fut dé-cidée par le conseil municipal dans sa séance du 5juin 1885, ily eut lieu d'établir Je classement méthodique «t régulier qui rendles recherches faciles; ce travail, terminé depuis longtemps, donneles meilleurs résultats etrend do grands services. Le bibliothécaire,bibliophile lui-même (l'un ne peut aller sans l'autre), sut encoremettre à profit ses nombreuses relations avec le monde savantpour obtenir des dons eu faveur de cette bibliothèque à laquelleil avait voué ses soins et son temps; il renoua aussi avec le minis-tère d'anciennes relations quelque peu abandonnées, et grâce àtoutes ces démarches, il a pu voir le nombre des volumes de labibliothèque, qui était de 4000 environ lors de soit en fonc-tions, dépasser de plusieurs centaines le chiffre de 6000.

Il y eut lieu aussi de compléter la collection du foin-uni officiel(lui était abandonnée depuis nombre d'années, et cette opérationne fut pas sans difficultés, à cause de l'incendie (le la rue du Bacqui venait de détruire les magasins et les réserves du journal;ce ne fut que chez les marchands de vieux papiers que l'onput parvenir à retrouver les nombreux manquants qui formaientde sérieuses lacunes dans cette précieuse collection dont l'origineremonte à 1780. Aujourd'hui elle est à jour, complète et entière-ment reliée ; il n'y manque (lue quelques tables qu'il n'a pas étépossible de retrouver. Il fallut encore s'occuper de l'estampillagedes livres et l'on fit faire un cachet spécial pour estampiller lesgravures, précaution très nécessaire pour éviter les déprédations

Les ouvrages incomplets étaient très nombreux, hélas! d'aprèsun recensement fait à l'entrée en fonctions du bibliothécaire, leurnombre se montait à143 on a pu réussir à en compléter quel-ques-uns; l'on a en outre retrouvé plusieurs volumes chez un ha-bitant de la ville, M. G..., qui les détenait indûment depuis long-temps, entre autres un précieux exemplaire des antiquités de-Corbeil, de Là Barre; si. difficilo à rencontrer, aujourd'hui.

Enfin le bibliothécaire a entrepris depuis longtemps déjà legrand travail du catalogue dont l'impression est à 'peu près ter--minée maintenant. IL ne reste plus qu'à achever les tables quisont déjà très avancées. Ce travail n été longtemps retardé par (lescirconstances indépendantes de la volonté de l'auteur; mais telqu'il est, avec ses 385 pages imprimées, le catalogue, à l'état d'é-

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- 40 -preuves jusqu'à aujourd'hui, a déjà rendu depuis longtemps deréels services; il est destiné à en rendre de plus grands encoredansl'avcnir,ne serait-ce qu'en donnant aux ouvrages de la biblio-thèque une sorte d'existence officielle, un état civil pour ainsi(lire, (lui rendra désormais plus difficiles les vols et les dépréda-tions de toutes sortes.

C'est dans cet esprit que l'administration supérieure recoin.mande partout la rédaction cl l'achèvement des catalogues desbibliothèques, et afin d'en faire ressortir l'importance, le minis-tre de l'instruction publique disait dans sa circulaire du 24 décem-bre 1884

« Le Catalogue permet aux bibliothécaires de remarquer l'absence oula présence d'un volume sur les rayons; quelquefois, parles descriptionsqu'il en fournit, de le distinguer de tout autre et de le revendiquer, s'il aété soustrait et si on le retrouve.

Quant à l'apparition. un peu tardive de ce catalogue, attendu de-puis longtemps déjà, il n'y a point lieu de trop la regretter, puis-que les retards apportés à sa publication auront permis d'y join-dre un important supplément qui comprendra les acquisitionsnouvelles et les dons faits depnis.ces dernières années.

Aujourd'hui la bibliothèque, complètement réorganisée, est enplein fonctionnement; elle n'ouvre qu'un jour par semaine, il estvrai, le vendredi de 2 à 7 heures, mais cet état de choses a parusatisfaire jusqu'ici aux besoins de la population studieuse, quin'est pas très nombreuse à Coi'b'eil, ville essentiellement indus-trielle et commerçante; et puis le bibliothécaire s'est toujours misà la disposition des personnes qui auraient des recherches à faireen .dehors desjours douverture, et l'on n'hésiterait pas, du reste,à augmenter le.nombre des séances hebdomadaires si.la nécessités'en faisait sentir••

Sauf de rares exceptions, les livres ne sortent pas; cette décisiona été prise afin d'éviter le retour des faits regrettables qui ont,à certaines époques, tant contribué à appauvrir notre biblio-thèque.

Il existe du reste à Corbeil une bibliothèque populaire qui n étéinstituée spécialement en vue du prêt, et qui a déjà rendu et ren-dra encore des services utiles à la nombreuse population ouvrièrede ce pays.

La bibliothèque communale s'est augmentée, en 1887, de

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- 41 -317 volumes; il est 'à observdr que c'est dâns le cours de' cettemôme année qu'a été fait le don Delaunay qui en compte à luiseul 234. En 1888, le nornlYrè des volumes offerts ou acquis s'estélevé à.81..

L'augmentation successive de la bibliothèque avait rendu insuf-fisante la place dont elle disposait à l'hôtel de ville; le récent dé-part du tribunal, qui occupait une partie de celui-ci, a laissé va-cants divers locaux; il en est résulté qu'on à pu faire droit auxréclamations du bibliothécaire, en attribuant, comme annexe à labibliothèque, le local jusque-là occupé par le greffe du tribunal.Cotte extension a cri pour résultat très utile de désencombrer lesdeux salles de la bibliothèque, elle aura en: outre celui.non moinsappréciable de pouvoir centraliser et ranger les archives de laville, qui étaient disséminées un' pou 'partout, sans place fixe; ilsera possible maintenant d'en opérer le classement régulier, ceque l'on n'avait pu faire jusqu'à présent, faute de place suffisante.Ce travail devra venir naturellement après l'achèvement du Cata-Iogfie de la bibliothèqtie.

Au moment de terminer cette étude, c'est un devoir pour nous,et nous sommes heureux de l'accomplir, d'exprimer nos plus sin-cères remerciements air municipal, qui a toujours mani-festé une sollicitude éclairée pour notre bibliothêqué, en votantchaque année le très utile crédit nécessaire à son entretien. Cecrédit est aujourd'hui de 600 flancs; il est suffisant pour les be-soins actuels, et ce sera un honneur pour notre conseil municipald'avoir permis, par son intelligente générosité, de pouvoir trans-mettre ce précieux dépôt à nos descendants, dans un étatde pros-périté qu'il n'avait point connu jusqu'à présent.

Nous avons raconté les débuts et l'histoire passée de notre bi-bliothèque, nous avons dit ce qu'elle était dans le présent, nousvoudrions pouvoir lui prédire une longue ère de prospérité dansl'avenir; il ne dépend point de nous, hélas! de pouvoir lui assurercette bonne fortune; notre temps et notre dévouement lui sont ac-quis tant qu'il nous sera permis, de pouvoir les lui donner, maistoute existence a ses limites,, et ce n'est point sans inquiétude quenous pensons à ce que deviendra après nous cette chère bibliothè-que à laquelle nous avons donné, sans compter, tant de soins ettic temps. Son avenir est lié à sa prospérité, car un établissementen décadence voit rapidement se tarir la source des dons géné-reux qui lalimentent; alors tout le travail antérieur est perdu, le

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- -désordrearrive, suivi bientôt des larcins qui en sont la consé-quence inévitable.

Qu'on n'oublie pas que dans toute bibliothèque, quel que toit lenombre des livres qui la composent, chaque volume a sa placefixe, immuable, et ne doit occuper que cette place; si par manqued'ordre, il est placé ailleurs, il est égaré, perdu peut-être pourlongtemps. Et alors le catalogue imprimé, qui a exigé de longuesannées de travail et des sommes importantes, devient presqueinutile, puisqu'il ne permet plus de mettre facilement la main surdes volumes égarés. -

Nous exprimerons donc le voeu, en terminant, que le conseilmunicipal, sagement inspiré quand il aura à prendre une déci-sion à ce sujet, attribue un traitement rémunérateur et fixe ànotre successeur, quand même il devrait pour cela réduire, dansune assez large mesure, le crédit annuel d'entretien de la biblio-thèque. Il faut conserver avant d'entretenir, et le bibliothécaire estavant -tout un conservateur..

Il est, en effet, peu probable que l'on puisse trouver quelqu'un,réunissantles conditions voulues, qui consente à donner, sans ré-mûnération, son temps et son travail, sans parier de son dévoue-ment; on obvierait à coup sûr à cet inconvénient en créant uneplace de bibliothécaire, régulièrement et à toujours rétribuée,ainsi que cela, existe à peu près dans toutes les villes. A ce prixseul, la bibliothèque aurait son existence et son avenir assurés,et notre plus cher désir se trouverait accompli•--

Nous voudrions encore que nos successeurs n'exerçassent pasplusieurs emplois à la fois, la bibliothèque pouvant largement uti-liser le temps de celui qui veut s'y dévouer, et le cumul amenantforcément la négligence dans les fonctions exercées, quellesqu'elles soient. Nous souhaitons enfin à nos successeurs que, s'ins-pirant des bonnes traditions de leurs éminuts'prédécesseurs, lesGuiot, les Van Tbol, les Simon, ils marchent toujours dans la voiesi dignement tracée par eux, et travaillent avec une ardeur et undévouement toujours nouveaux à l'oeuvre commencée et conti-nuée par ces savants bibliographes,. afin de transmettre intact,et augrhentcr encore si c'est possible, le préciedx dépôt qu'ilsCil auront reçu..

Duroun,.Biljljothôcaire de la ville dc Corbeli.

Corbeil, 17 avril JSSC.

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