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5? ESSAI S U R les couleurs obtenues des oxydes métal- liques, et fixées par lafizsion sur les diffé- rens corps vitreux. Par ALEX. BRONGNIART directeur de la manufacture nationale de porcelaine de Sèvres , ingénieur des mi- nes , etc. L'ART d'employer les oxydes métalliques, pour colorer par la fusion différentes matières vi- treuses, est très-anciennement Connu; tout le mon de sait que les anciens fa briquaient des verres et des émaux colorés, et que cet art était sur- tout pratiqué par les Égyptiens, qui les premiers imitèrent ainsi les pierres précieuses. Sa pratique a été portée dans ces derniers tems à un haut degré de perfection, mais sa théorie a été négligée ; c'est presque le seul des arts chi- miques auquel on n'ait point encore essayé d'ap- pliquer les nouveaux principes de cette science. Les ouvrages assez nombreux qui traitent de la préparation et de l'emploi des couleurs mé- talliques vitrifiables, ou ne renferment aucune théorie, et par conséquent aucuns principes gé- néraux, ou ne donnent que des explications fondées sur ces hypothèses souvent ridicules qui composaient autrefois la théorie de la chimie. Un des mieux faits, parce qu'il est l'ouvrage d'un praticien éclairé, est le Traite' de laPein- titre en émail, de Montazny. Les archives de la manufacture nationale de" Sèvres , renferment aussi des procédés simples, et bons pour la fabri-. SUR LES COULEURS OBTENUES , etc. 59 cation des couleurs ; ils sont dûs à MM. Bailly, Fontelliau , et de Montigny ; mais ce sont de simples descriptions sans aucune observation, qui conduise à des principes généraux. Les autres- ouvrages tels que celui de Kunckel, les manuscrits de Hellot , que pos- sède la manufacture de Sèvres, et les deux En- cyclopédies , n'offrent qu'une réunion indi- geste, une compilation faite sans choix, sans raisonnement , d'une multitude de procédés recueillis de tous côtés. Lorsqu'on a quelque connaissance de l'art, il est plus facile d'inven- ter un procédé de fabrication, que de décou- vrir parmi cette .foule de recettes, celle à la- quelle on doit donner la préférence. On a remarqué qu'un des signes les plus cer- tains des progrès, que fait une science vers sa perfection, est la possibilité qu'elle laisse de réunir les faits qui la composent, en un corps de docrine d'où l'on peut déduire des principes généraux; c'est à cette époque seulement qu'elle mérite le nom de science et c'est à l'exposition de ses principes , ainsi généralisés, qu'on a donné le nom plus imposant qu'exact de philosophie de la science. Les arts qui sont souvent plutôt une branche d'une science, que la simple application d'une de ses parties, présentent des faits également susceptibles d'être réunis en un corps de doc- trine ; il suffit qu'ils soient pratiqués par des hommes habitués à saisir des rapports , et à ti- rer des conséquences, pour qu'ils reçoivent bien- tôt ce genre précieux de perfection. Les savans , que des spéculations plus éle- vées éloignent de la pratique de ces arts , en

SUR LES COULEURS OBTENUES , ESSAIannales.ensmp.fr/articles/1801-1802-2/42-53.pdftrès - distinctes , par la nature des substances qui les composent, par les effets qu'y produi-sent

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  • 5?

    ESSAIS U R les couleurs obtenues des oxydes métal-

    liques, et fixées par lafizsion sur les diffé-rens corps vitreux.

    Par ALEX. BRONGNIART directeur de la manufacturenationale de porcelaine de Sèvres , ingénieur des mi-nes , etc.

    L'ART d'employer les oxydes métalliques, pourcolorer par la fusion différentes matières vi-treuses, est très-anciennement Connu; tout lemon de sait que les anciens fa briquaient des verreset des émaux colorés, et que cet art était sur-tout pratiqué par les Égyptiens, qui les premiersimitèrent ainsi les pierres précieuses.

    Sa pratique a été portée dans ces derniers temsà un haut degré de perfection, mais sa théoriea été négligée ; c'est presque le seul des arts chi-miques auquel on n'ait point encore essayé d'ap-pliquer les nouveaux principes de cette science.

    Les ouvrages assez nombreux qui traitent dela préparation et de l'emploi des couleurs mé-talliques vitrifiables, ou ne renferment aucunethéorie, et par conséquent aucuns principes gé-néraux, ou ne donnent que des explicationsfondées sur ces hypothèses souvent ridicules quicomposaient autrefois la théorie de la chimie.

    Un des mieux faits, parce qu'il est l'ouvraged'un praticien éclairé, est le Traite' de laPein-titre en émail, de Montazny. Les archives de lamanufacture nationale de" Sèvres , renfermentaussi des procédés simples, et bons pour la fabri-.

    SUR LES COULEURS OBTENUES , etc. 59cation des couleurs ; ils sont dûs à MM. Bailly,Fontelliau , et de Montigny ; mais ce sont desimples descriptions sans aucune observation,qui conduise à des principes généraux.

    Les autres- ouvrages tels que celui deKunckel, les manuscrits de Hellot , que pos-sède la manufacture de Sèvres, et les deux En-cyclopédies , n'offrent qu'une réunion indi-geste, une compilation faite sans choix, sansraisonnement , d'une multitude de procédésrecueillis de tous côtés. Lorsqu'on a quelqueconnaissance de l'art, il est plus facile d'inven-ter un procédé de fabrication, que de décou-vrir parmi cette .foule de recettes, celle à la-quelle on doit donner la préférence.

    On a remarqué qu'un des signes les plus cer-tains des progrès, que fait une science vers saperfection, est la possibilité qu'elle laisse deréunir les faits qui la composent, en un corpsde docrine d'où l'on peut déduire des principesgénéraux; c'est à cette époque seulementqu'ellemérite le nom de science et c'est à l'expositionde ses principes , ainsi généralisés, qu'on a donnéle nom plus imposant qu'exact de philosophiede la science.

    Les arts qui sont souvent plutôt une branched'une science, que la simple application d'unede ses parties, présentent des faits égalementsusceptibles d'être réunis en un corps de doc-trine ; il suffit qu'ils soient pratiqués par deshommes habitués à saisir des rapports , et à ti-rer des conséquences, pourqu'ils reçoivent bien-tôt ce genre précieux de perfection.

    Les savans , que des spéculations plus éle-vées éloignent de la pratique de ces arts , en

  • 6o seul. LES COULEURS OBTENUESapercevront alors plus facilement les princi-pes ; ils pourront appliquer plus directementleurs recherches aux progrès des arts , dontla marche, dirigée par le raisonnement, seraplus assurée, plus directe et plus rapide.

    J'ai entrevu que l'art de la préparation et "del'emploi des couleurs vitrifiables, était suscep-tible de recevoir l'application des moyens deperfection que je viens d'indiquer, et .que lesfaits qui le composent, commençaient à êtreassez nombreux et assez exacts pour être pré-sentés d'une manière générale; j'ai pensé que laconnaissance précise de ces faits, que l'exposi-tion des principes qui les lient, et qui amènentnaturellement l'explication d'un grand nombred'entre eux, pourrait intéresser les chimistes,qui , occupés de recherches plus générales etplus

    importantes'ne peuvent connaître tous les

    détails d'un art fort compliqué.J'ai désiré aussi faire connaître aux chimistes

    avec exactitude, les principes de cet art, afinde les mettre à même de déterminer avec plusde sûreté ce qu'offrent réellement de neuf lespratiques que l'on soumet à leur jugement.

    Enfin , j'ai cru qu'il était utile aux progrès de \l'art, et ,ou'il était du devoir de la manufacturenationale de Sèvres, de faire connaître le pré-tendu secret de la composition des couleurs deporcelaine qui ne changent point au feu. On n'apoint oublié que ces couleurs ont été présen-tées à l'Institut en l'an 6, par un fabricant de por-celaine, justement recommandable par la beautédes ouvrages qui sortent de sa manufacture. Jene me permettrais pas de publier ce secret, s'ilm'eût été confié , mais lorsqu'on le connaîtra,

    DES OXYDES 1VdTALLIQUES etc. 6i

    j'espère qu'on ne me soupçonnera pas du plusléger abus de confiance.

    D'après ce que je viens de dire, on voit quemon objet n'est pas de traiter en détail de la com-position exacte de toutes 'les couleurs vitrifia-bles ; un pareil travail ne peut être le sujet d'un.simple Mémoire.

    On sait que les couleurs vitrifiables ont toutespour base des oxydes métalliques emais tous lesoxydes métalliques ne sont pas propres à cetusage ; d'ailleurs, n'étant point vitrifiables pareux-mêmes, ils ne peuvent presque jamais êtreemployés seuls.

    Les oxydes très-volatils, et ceux qui tiennentpeu à l'oxygène abondant qu'ils contiennent,ou ne peuvent être employés en aucune ma-nière comme l'oxyde de mercure, celui d'arse-nic , ou bien ne sont employés que commeaens. On ne peut compter sur la couleur qu'ilsoffrent, puisqu'ils doivent la perdre à la pluslégère chaleur en perdant une partie de leuroxygène; tels sont les oxydes puces et rougesde plomb, l'oxyde jaune d'or, etc.

    Les oxydes dans lesquels les proportions d'oxy-

    gène sont susceptibles de varier avec trop de fa-

    cilité, sont rarement mis en usage ; on n'em-ploie jamais pour le noir l'oxyde de fer qui est

    de cette couleur. L'oxyde vert de cuivre est dansbeaucoup de circonstances d'un emploi très-in-certain.

    J'ai dit que les oxydes n'étaient pas suscepti-bles de se fondre seuls ; cependant étant desti-

    nés à être placés en couches minces sur des subs-

    tances vitrifiables, on parviendrait à les y atta-cher. par un feu -violet; mais à l'exception des.

  • 62 SES. LES COULEUELS 013TENUE5oxydes de plomb ou de bismuth, ils ne donne-raient que des couleurs ternes. Le feu souventtrès-violent qu'on serait obligé d'employer pourles fixer, changerait OU détruirait totalementles couleurs. On ajoute donc à tous les oxydesmétalliques un fondant.

    Ce fondant est ou un verre de plomb et de sili-ce, ou un verre de borax, ou le mélange des deux.

    Son effet eénéral est de donner de l'éclat aux -couleurs après leur fusion, de les fixer sur lapièce que l'on peint en facilitant plus ou moinsle ramollissement de sa surface, d'envelopperles oxydes métalliques , et de conserver leurcouleur en les abritant du contact de l'air, enfinet sur-tout de faciliter la fusion de la couleurà une température peu élevée, et qui ne soit pascapable de la détruire.

    L'observation qui prouve ce dernier usagedes fondans , est prise des couleurs délicates ,telles que les carmins obtenus de l'or ; ces cou-leurs demandent beaucoup plus de fondant queles autres.

    Tantôt les oxydes métalliques sont employésdirectement, et simplement mélangés avec leurfondant sans avoir été préalablement fondusavec lui; ce sont les couleurs qu'un feu violentou trop souvent répété peut altérer. On con çoîtqu'il faut une chaleur plus forte et plus long-tems continuée pour fondre un creuset de verrecoloré, qu'une couche de couleur qui n'a pasun dixième de millimètre d'épaisseur.

    Je reviendrai sur ce sujet en parlant des rou-ges faits avec de l'or.Dans beaucoup de circonstances les oxydes

    sont fondus préalablement avec leur fondant et

    DES OXYDES IVETALLIQUES , etc. 63broyés ensuite. En parlant des couleurs en par-ticulier , j'indiquerai celles qui éprouvent cettefusion.

    Ces principes généraux sont si simples, queje ne dois pas m'y arrêter davantage.

    Je ne parlerai ici que de l'application des cou-leurs métalliques sur des corps vitreux ou àsurface vitreuse.

    Ces corps peuvent être divisés en trois classestrès - distinctes , par la nature des substancesqui les composent, par les effets qu'y produi-sent les couleurs, et par les changemen.s qu'ellesy éprouvent, ce sont :

    10. , la porcelaine tendre et toutesles couvertes, émaux ou verres qui contiennentdu plomb en quantité notable.

    20. La porcelaine dure ou à couverte feld-spathique.

    30 Le verre dans la composition duquel iln'entre point de plomb, tel que le verre à vitreordinaire.

    Je vais examiner successivement les princi-pes de composition de ces couleurs, et les phé-nomènes généraux qu'elles présentent sur cestrois sortes de corps.

    Les couleurs pour la peinture en émail sontles plus anciennement connues, les recettes quel'on trouve dans les ouvrages que j'ai cités aucommencement de cette notice, sont toutes re-latives à ces couleurs.

    On sait que l'émail est un verre rendu opaquepar de l'oxyde d'étain , et très-fusible par del'oxyde de plomb. C'est sur-tout l'oxyde deplomb qu'il contient, qui lui donne des pro-priétés très différentes de celles des autres

  • 64 SUE. LES COULEURS OBTENUESexcipiens des couleurs métalliques. Ainsi tondles verres et couvertes qui contiendront duplomb, participeront des propriétés de l'é-mail , et ce que nous dirons des uns s'appliqueraaux autres avec de très-légères différences.

    Telles sont les couvertes blanches et transpa-rentes des faïences, et la couverte de la porce-laine appelée tendre.

    Cette porcelaine, qui a été la première faiteen France, et notamment à Sèvres, qui a mêmeété fabriquée presque exclusivement pendantun res-long tems dans cette manufacture, apour base une fritte vitreuse rendue presqueopaque, et susceptible d'être travaillée par dela marne, et pour couverte un verre très-dia-phane dans la composition duquel il entre beau-coup de plomb.

    Les couleurs que l'on y emploie sont cellesqui servent pour la peinture en émail, par con-séquent les changemens que ces couleurs éprou-vent sur l'émail, elles doivent les éprouver surcette espèce de porcelaine, puisque les causesde ce changement, que nous connaîtrons bien-tôt, sont les mêmes de part et d'autre.

    Les couleurs d'émail ou de porcelaine ten-dre, exigent moins de fondant que les autres,parce que le verre sur lequel on les place se ra-mollit suffisamment pour s'en pénétrer.

    Ce fondant est indifféremment le verre deplomb et de silice pur nommé rocaille, ou cemême verre mêlé avec du borax.

    Montamy prétend que le verre de plomb doitêtre proscrit des fondans des émaux, et il n'em-ploie que le borax. Il délaie alors ses couleursdais une huile volatile,

    Les

    DES OX`YDES 3dTALLIQUES , etc. 65Les peintres de la manufacture de Sèvres

    n'emploient au contraire que des couleurs sansborax, parce qu'ils les délayent à la gomme,et que le borax ne s'y délaye pas bien. Je mesuis assuré que l'une et l'autre méthode étaitégalement bonne, et il est certain que Montamya exclu à tort les fondans de plomb, puisqu'on.les emploie tous les jours sans inconvénient, etqu'ils rendent même l'emploi des couleurs plusfacile.

    J'ai dit que dans la cuisson de ces couleursla couverte ramollie par le feu s'en laissait fa-cilement pénétrer; c'est une première cause duchangement qu'elles éprouvent. En se mêlantà la couverte elles s'affaiblissent, et le premierfeu change un dessin qui paraissait fini, en uneébauche très-légère.

    L'oxyde de plomb que contient la couverteest une seconde cause bien plus puissante deschangemens considerables qu'éprouvent lescou-leurs. L'action destructive que ce métal exerceprincipalement sur les rouges de fer, est singu-lièrement remarquable. Je rapporterai bientôtquelques expériences qui le prouvent d'une ma-nière très-sensible.

    On voit déjà que les deux principales causesdes changemens que 'les couleurs sur émail etsur porcelaine tendre , sont susceptibles d'é-prouver, ne tiennent nullement à la composi-tion de ces couleurs, mais bien à la nature duverre sur lequel on les place. Quand on a dit queles couleurs de porcelaine changeaient consiClé-rablement, il ne fallait point faire de réticence,mais ajouter que c'étaien.t celles de porcelainetendre,espè ce de porcelaine presqu'abandonnée.

    Falune 12,

  • 66 SUR LES COULEURS OBTENUESIl suit de ce que je viens de

    dire'que les pein-;

    tures sur porcelaine tendre, ont besoin de plu-sieurs retouches et de plusieurs feux pour êtreportées au point de vigueur nécessaire. Que cespeintures ont toujours une certaine mollesse,mais qu'elles sont constamment plus brillantes,et n'ont jamais l'inconvénient de se détacher parécailles.

    La porcelaine dure est, d'après la division quej'ai établie, la seconde sorte d'excipient des cou-leurs métalliques. On sait que c'est une porce-laine dont la base est une argile très-blanchenommée kaolin , mêlée avec un fondant siliceuxet calcaire, et dont la couverte n'est autre choseque du feld- spath fondu sans un atome de plomb.

    Cette porcelaine, qui est celle de Saxe, est beau-coup plus nouvelle à Sèvres que la porcelainetendre. Les couleurs qu'on y place sont de deuxsortes, les unes destinées à représenter différensobjets, sont cuites à un feu très-inférieur à ce-lui nécessaire pour la cuisson de la porcelaine.Elles sont très-nombreuses et très-variées.

    Les autres, destinées à se fondre au même feuque celui qui cuit la porcelaine , se mettent à.plat, et sont beaucoup moins nombreuses.

    Les couleurs de peinture sont faites à-peu-près comme celles destinées pour la porcelainetendre; elles contiennent seulement plus de fon-dant. Leur fondant est composé du verre deplomb appelé rocaille, et de borax. Je ne con-nais encore aucun ouvrage qui traite de la com-position , de l'emploi et des effets de ces couleurs;en sorte qu'on n'a imprimé nulle part, qu'à l'ex-ception d'une seule dont on peut se passer, cescouleurs ne changeaient presque pas au feu ;

    DES OXYDES M1TALLIQtJEs , etc. 67

    tandis qu'on a imprimé et dit très-souvent queles couleurs pour la peinture en. émail chan-geaient con sidérable men t.

    Lorsqu'on passe la porcelaine au feu de pein-ture pour cuire les couleurs , la couverte feld-spathique se dilate 5 ouvre ses pores, mais nese ramollit point. Les couleurs n'y pénétrant:pas , elles n'y éprouvent aucun des change-mens qu'elles su bissent sur la porcelaine tendre.Cependant on doit dire qu'elles perdent un peude leur intensité, en acquérant la transparenceque leur donne la fusion.

    Lorsqu'on fait des ouvrages peu importanson peut négliger la retouche , mais elle est né-cessaire pour donner à un tableau tout l'effetqu'on doit y désirer ; au reste, cette retouchene distingue point la peinture sur porcelainedes autres genres de peinture.

    Un des grands in convéniens de ces couleurs,sur-tout pour la manufacture de Sèvres, c'est lafacilité qu'elles ont d'écailler , c'est-à-dire , dese détacher par écailles lorsqu'on la passe plu-sieurs fois au feu.

    Cet inconvénient se remarque plus à Sèvresqu'ailleurs , parce qu'il tient à la solidité et àl'infusibilité de la porcelaine qu'on y fabrique.Mais ce sont ces qualités qui la font résisterbeaucoup plus long-teins aux alternatives duchaud et du froid, et qui donnent à sa pâte uneblancheur plus éclatante. Les porcelaines deParis, au contraire ;plus vitreuses , plus trans-parentes , plus bleuâtres, finissent presque tou-jours par se fêler lorsqu'on y met souvent desliqueurs bouillantes.

    Pour remédier à ce mal sans altérer la qualitéE 2

  • 68 SUA. LÉS COULEURS OBTENUESde la pâte, j'ai pensé qu'on devait seulementattendrir un peu la couverte ett y introduisantplus de fondant siliceux ou calcaire, selon lanature du feld-spath. Ce moyen a réussi, et de-puis un -an environ, les couleurs peuvent passerdeux à trois fois au feu sans écailler, si d'ailleurselles ne contiennent pas trop de fondant, et sielles ne sont pas mises trop épaisses.- On a remarqué que la soude et la potasse in-

    troduites dans les couleurs les faisaient écailler,.aussi ne s'en sert-on point comme de fondons.On voit que ces alkalis, en se volatilisant, aban-donnent la couleur qui seule ne peut contracterd'adhérence avec la couverte.

    .T'ai dit qu'on préparait aussi des couleursqui mises à plat , étaient destinées à se fondreau feu de cuisson de la porcelaine. Ces couleurssont peu nombreuses , parce que peu d'oxydesmétalliques peuvent supporter un pareil feu sansse volatiliser ou se décolorer. Leur fondant estle sable ou le feld-spath. Comme elles s'incor-porent avec la couverte , elles sont plus bril-lantes et n'écaillent jamais.

    La troisième sorte. d'excipient des couleursmétalliques vitrifiables est le verre sans plomb.

    L'application de ces couleurs sur le verreconstitue la peinture sur verre, art très-prati.que dans les derniers siècles, que l'on a cruperdu, parce qu'il est passé de mode, mais quiest une dépendance trop directe de la peintureSur émail et sur porcelaine, pour se perdre en-tièrement. D'ailleurs on en trouve la descriptiondans un assez grand nombre d'ouvrages.

    Un petit livre intitulé : l'Origine de l'Art dela peinture sur verre publié a Paris en 1693 e

    DES OXYDES MTAELIQUES , etc. 69et le Traité de l'Art de la verrerie) par Neriet Kunckel, paraissent être les premiers ouvragesqui contiennent une description assez completede cet art. Ceux qui ont été publiés depuis,même le grand ouvrage de Leviel , qui fait par-tie des arts et métiers de ['Académie, et ce quien est dit dans P Ecyclopédie méthodique ,sont que des compilations des deux ouvragesprécédens.

    Il est assez remarquable que si on suivait àla lettre les procédés décrits dans ces ouvrages;ainsi que nous l'avons fait pour quelques-uns,on n'arriverait jamais à fabriquer les couleursdont ils prétendent donner la recette. Ils met-tent seulement le praticien habile sur la voie ;niais il faut toujours qu'il réforme ou qu'il ajoute.C'est ce qui est arrivé au Cit. Meraud, chargé dela préparation des couleurs de la manufacturede Sèvres. Il a été obligé de faire, plutôt d'aprèsses connaissances, que d'après les livres que jeviens de citer, les couleurs qui ont servi à pein-dre sur le verre.

    Les bornes d'un Mémoire ne me permettentpas d'entrer dans les détails historiques de lapeinture Sur verre; son histoire est longuementécrite dans l'ouvrage de Leviel, cité plus haut ;les matières et les fondans qui entrent dans lacomposition des couleurs que l'on emploie surle verre , sont en général les mêmes que ceux descouleurs appliquées sur la porcelaine. Les uneset les autres ne varient que par les proportions ;mais un grand nombre de couleurs d'émail oude porcelaine, ne peuvent pas aller sur le verre;privées du fond blanc qui les fait ressortir, etvues par réfraction, plusieurs changent entière-

    E 3

  • 70 SUR LES COULEURS OBTENUES

    ment de ton , et prennent une teinte sale quine peut être d'aucun usage. Nous les ferons con-naître en traitant des couleurs en particulier.Celles qui -peuvent être employées sur ce corpschangent quelquefois en cuisant, et acquièrentune grande transparence. Elles ne sont généra-lement belles, que lorsqu'on les place entre lalumière et l'oeil , elles remplissent alors le seulobjet qu'on puisse se proposer ,en peignant surle verre.

    La cuisson des plaques de verre peintes, offreplus de difficultés qu'on ne pense. Il faut éviterla déformation de la pièce e t l'altération des cou-leurs. Tous les ouvrages que nous avons consul-tés, conseillent le gypse. Cette méthode nous aquelquefois réussi , mais plus souvent le verreest devenu blanc et s'est fendillé de tous côtés.Il paraît que les verres trop alkalins , et ceux-ci, sont les plus communs dans les verres blancs,se laissent attaquer à chaud par l'acide sulfuri-que du sulfate de chaux. Nous sommes parve-nus à cuire facilement des verres beaucoup plusgrands que ceux peints précédemment, en lesplaçant sur des plaques très-droites de terre oude porcelaine dégourdie.

    Des couleurs en particulier.Après avoir rassemblé les phénomènes géné-

    raux qu'offrent chaque classe de couleurs vitri-fiables, considérées par rapport au corps sur le-quel on les place , je dois faire connaître les phé-nornèn es particuliers les plus in téressan s que pré-sente chaque espèce principale de couleurs, em-ployée sur la porcelaine tendre, sur le verre,et au feu de cuisson de porcelaine,

    DES OXYDES METALLIQUES , etc. 71

    'Des rouges, des pourpres , et des violets faitspar l'or.

    Le rouge carmin est obtenu par le précipitépourpre de Cassius ; on le mêle avec environ sixparties de son fondant, et on emploie directe-ment ce mélange non fondu. Il est alors d'unviolet sale ; il acquiert par la cuisson une bellecouleur d'un rouge carmin ; mais il est trés-dé-licat ; un peu trop de feu, des va-peurs carbo-nées le gâtent avec beaucoup de facilité ; aussiest-il plus beau cuit au charbon que cuit au bois.

    Cette couleur et le pourpre qui n'en diffèreque très-peu, ainsi que toutes les nuances qu'onobtient en la mêlant avec d'autres couleurs,changent réellement sur toutes les porcelaineset dans toutes les mains. Mais c'est la seule quichange sur la porcelaine dure. Elle peut êtreremplacée par un rose de fer quine change pas,en sorte qu'en supprimant d'une palette le car-min fait avec de l'or, y substituant l'oxyde rosede fer dont je viens de parler, on peut présenterune palette composée de couleurs dont aucunene change d'une manière remarquable. Cet oxy-de rose de fer est connu depuis long-teins, maisil n'était pas employé sur l'émail, parce qu'il ychange trop. Or, comme ce sont les peintres surémail qui sont devenus peintres sur porcelaine,ils ont conservé leur ancienne méthode.

    On pourrait croire qu'en réduisant d'abord enune matière vitreuse la couleur appelée carmin,déj à mêlée avec son fondant , on lui ferait pren-dre sa dernière teinte. Mais le feu qu'on estforcé de donner pour fondre cette masse vi-treuse, détruit la couleur rouge comme je l'aiE4

  • 72 SUR LES COULEURS OBTENUESéprouvé. D'ailleurs on remarque que pour avoircette couleur très-belle, il faut la faire passerau feu le moins souvent possible.

    Le carmin de porcelaine tendre se fait avecde l'or fulminant décomposé lentement, et dumuriate d'argent ; il n'y entre pas d'étain ; cequi prouve que la combinaison de l'oxyde de cemétal avec celui d'or, n'est point nécessaire àl'existence de la couleur pourpre.

    Le violet se fait aussi avec l'oxyde pourpred'or. Une plus grande quantité de plomb dansle fondant, est ce qui lui donne cette couleurqui est presque la même crue et cuite.

    Ces trois couleurs disparaissent totalement augrand feu de porcelaine.

    , Le carmin et le pourpre ne nous ont donnésur le verre que des teintes d'un violet sale. Leviolet an contraire y fait un très-bel effet; maisil est sujet à passer au bleu. Je n'ai pu encoreapprécier la cause d'un changement aussi sin-gulier que j'ai vu pour la première fois il y apeu de jours.

    Rouges, roses, et bruns tirés du fer.

    On les fait avec du fer oxydé rouge préparépar l'acide nitrique. On calcine davantage cesoxydes en les tenant exposés à l'action du feu.Si on les chauffe trop on les fait passer aubrun.

    Leur fondant est composé de borax, de sableet de minium en petite quantité.

    Ce sont ces oxydes qui donnent les roses etles rouges, qui peuvent remplacer les mêmescouleurs faites avec de l'oxyde d'or. Employées

    DES OXYDES 111ETALLIQIYES , etc. 73convenablement sur la porcelaine dure, ellesne changent point du tout. J'ai fait faire desroses avec ces couleurs, et il n'y a de diffé-rence entre la fleur qui est cuite et celle qui nel'est pas, que celle qui doit résulter du bril-lant que la fusion donne aux couleurs.

    Ces couleurs peuvent s'employer indistincte-ment fondues ou non fondues préalablement.

    Au grand feu elles disparaissent en partie, ouproduisent un fond rouge briqueté et terne,qui n'est point agréable.

    Leur composition est la même, et pour laporcelaine tendre, et pour le verre. Elles nechangent pas non plus sur ce dernier , maissur la porcelaine tendre , elles disparaissentpresqu'entièrement au premier feu, et il fautles employer très-foncées pour qu'il en restequelque chose.

    C'est à la présence du plomb dans la cou-verte qu'il faut attribuer cet effet singulier. Jem'en suis assuré par une expérience fort sim-ple. -J'ai placé cette couleur sur du verre devitre, je l'ai fait cuire fortement, elle n'a paschangé.

    J'en ai recouvert plusieurs parties avec duminium, et en repassant au feu, là couleur aété totalement enlevée dans les endroits où onavait placé l'oxyde rouge de plomb.

    En faisant cette opération plus en grand dansdes vaisseaux fermés, il se dégage urne grandequantité de gaz oxygène.

    Il me semble que cette observation prouveas§ez clairement l'action du plomb oxyde dansle verre comme décolorant ; on voit qu'il n'agitpoint, comme on l'a cru, en brûlant les corps

  • 74 SUR LES COULEURS OBTENUEScombustibles qui peuvent salir le verre, maisen dissolvant et décolorant ouvolatilisant aveclui l'oxyde de fer qui pourrait en altérer la

    Des jaunes.

    Les jaunes sont des couleurs qui exigentbeaucoup de précaution clans leur fabricationà cause du plomb qu'elles contiennent, et quise rapprochant quelquefois de l'état métalli-que, y produit des taches noires.

    Les jaunes de porcelaine dure et de porce-laine

    tendre'sont les mêmes , ils sont compo-

    sés d'oxyde de plomb, d'oxyde blanc d'anti-moine et de sable.

    On y mêle quelquefois de l'oxyde d'étain, etlorsqu'on veut les avoir plus vifs et voisins de lacouleur du souci, on y ajoute de l'oxyde rougede fer , dont la couleur trop rouge , disparaîtdans la fusion préalable qu'on leur fait subir,à cause du plomb que contient ce jaune. Cescouleurs une fois faites ne changent donc plus;elles disparaissent presqu'entièrement au feude porcelaine.

    Ces jaunes ne peuvent point aller sur le verre;ils sont opaques et sales. Celui employé par lesanciens peintres sur verre , est au contraired'une belle transparence , très-brillant, et d'unecouleur approchant de l'or. Les procédés qu'ilsdonnaient indiquaient bien qu'il y entrait del'argent, mais suivis exactement , on n'obte-nait rien de satisfaisant. Le Cit. Meraud , quej'ai eu déjà occasion de citer , est parvenu àle faire aussi beau que celui des anciennespeintures sur verre, en employant du muriate

    DES OXYDES MÉTALLIQUES, etc. 7-)d'argent, de l'oxyde de zinc, de l'argile blan-che, et de l'oxyde jaune de fer. On appliquesur le verre ces couleurs simplement broyéeset sans fondant. L'oxyde de fer rapproche lejaune de la couleur qu'il doit avoir après lacuisson, et contribue avec l'argile et l'oxydede zinc à décomposer le muriate d'argent sansdésoxyder l'argent. Il reste après la cuissonune poussière qui n'a pas pénétré dans le verre,et que l'on enlève facilement.

    Ce jaune employé plus épais , donne desnuances plus foncées et produit le roussâtre.

    Des bleus.

    On sait qu'ils sont obtenus avec l'oxyde decobalt. Tous les chimistes connaissent leur pré-paration; celui de Sèvres, qui a une juste ré-putation de

    beauté'ne la doit qu'au soin qu'on

    apporte dans sa fabrication, et à la qualité dela porcelaine qui paraît plus propre à le rece-voir, en raison du feu violent qu'elle peut sup-porter.

    J'ai remarqué sur l'oxyde de cobalt un faitqui n'est peut-être pas connu des chimistes -il est volatil à un feu violent ; c'est à cettepropriété qu'il faut attribuer la teinte bleuâtreque prend l toujours lé blanc qui avoisine lebleu. J'ai fait mettre exprès dans le mêmeétui une pièce blanche à côté d'une bleue,le côté de la pièce blanche tourné vers lableue , était devenu très- bleuâtre.

    Le bleu de porcelaine dure , destiné pource que l'on appelle les fonds au grand féu ,est fondu avec le feld-spath ; celui de porce-.

  • 76 SUR LES COULEURS OBTENUESlaine tendre a pour fondant de la silice, dela potasse et du plomb ; il ne se volatilise pascomme le précédent, mais aussi le feu qu'iléprouve est très-inférieur à celui de porcelainedure.

    Ces couleurs étant fondues préalablement,ne changent point du tout dans l'emploi.

    Les bleus sur le verre se font comme ceuxde porclaine tendre.

    Les verts employés en peinture sont faitsavec l'oxyde vert de cuivre, ou quelquefoisavec un mélange de jaune et de bleu. Ils ontbesoin d'être fondus préalablement avec leurfondant ; sans cette précaution, ils deviennentnoirs ; mais après cette première fusion ils nechangent plus.

    Ils ne peuvent aller au grand feu, ils y dis-paraissent entièrement. Les fonds verts augrand feu se composent avec des oxydes decobalt et de nickel, mais on n'obtient qu'unvert brun.

    Les verts bleuâtres nommés bleus célestes,qui étaient autrefois des couleurs très à lamode, ne peuvent aller que sur la porcelainetendre ; sur la porcelaine dure , ils écaillentconstamment, parce qu'il entre de la potassedans leur composition.

    Ces verts ne peuvent pas aller sur le verre,ils donnent une couleur sale; on est obligé pourobtenir du vert, de mettre du jaune d'un côtéet du bleu plus ou moins pâle de l'autre. Onpeut aussi fabriquer cette couleur par un mé-

    Des verts.

    )ES OXYDES M'TALLIQUES , etc: 77/auge de bleu et d'oxyde jaune de fer. J'espèreobtenir de l'oxyde de chrome un .e couleur vertedirecte, et les essais que j'ai me font espé-rer du succès. Le chromate de plomb pur quej'ai fait passer sur la porcelaine, au grand feu,m'a déjà donné un vert assez beau, très-in-tence et très-fixe.

    Des bistres et rozzssdtres.

    On lés obtient par des mélanges en diversesproportions de manganèse, d'oxyde brun de cui-vre, et de l'oxyde de fer de la terre d'ombre. Ilssont aussi fondus préalablement avec leur fon-dant , ensorte qu'ils ne changent en aucunemanière sur la porcelaine tendre , le plombn'ayant pas la même action sur l'oxyde de man-ganèse que sur celui de fer, comme je m'en.suis assuré par une expérience semblable à celleque j'ai déjà rapportée.

    Cette couleur va très-bien sur le verre.Les fonds roussâtres au grand feu , connus

    sous le nom de fonds-écaille, sont faits de lamême manière. Ils ont pour fondant le feld-spath; il n'entre pas de titane dans leur coin-position, quoiqu'on l'ait imprimé partout : onne connoissait point à Sèvres le titane, lorsqueje suis arrivé à cette manufacture : j'ai traité deplusieurs manières ce singulier métal, et je n'aijamais obtenu que des fonds d'un petit jaunesale et très-variable de tons.

    Des noirs.Les noirs sont les couleurs les plus difficiles

    a obtenir très-belles. Aucun oxyde métallique

  • 78 SUR LES COULEURS OBTENUES7ne donne seul un beau noir. Le manganèse estcelui qui en approche le plus. Le fer donne unnoir opaque, terne, bouillonné, qui passe très-facilement au rouge ; les fabricans de couleursont donc réuni, pour avoir du noir avec un succèsqu'on ne pourroit pas espérer du meilleur théo-ricien, plusieurs oxydes métalliques qui sépa-rément ne donnent pas de noir, etils ont obtenuune couleur fort belle, mais qui est sujette àécailler et à devenir terne.

    Ces oxydes sont ceux de manganèse, les oxy-des bruns de cuivre et un peu d'oxyde de cobalt.On obtient le gris en supprimant le cuivre etaugmentant la dose de fondant.

    La manufacture de Sèvres est la seule qui aitfait, jusqu'à présent, de beaux noirs au grandfeu. Cela tient plutôt à la qualité de sa pâte qu'àses procédés particuliers, puisqu'elle ne les ca-che pas. C'est en gâr ant le bleu, par des oxydesde manganèse et de fer , que l'on parvient àobtenir dans cette fabrique des noirs très- bril-lans.

    Les noirs sur le verre qui sont opaques, sefont comme ceux de peinture, en dosant diffé-remment le fondant.

    J'ai fait connaître les principes de fabricationde chaque couleur principale ; on sent très-bienqu'en mêlant ces couleurs ensemble on obtien-dra toutes les nuances possibles. On sent éga-lement que le soin dans la préparation, le choixdes matières premières, la juste proportion desdoses, doivent apporter dans les résultats desdifférences très-sensibles à l'oeil exercé du pein-tre. La connaissance de la composition des cou-leurs ne donne pas le talent de les bien faire.

    DES OXIEDES 1V1TALLIQUES etc: 79En récapitulant les faits que je viens de rap-

    porter , pour les présenter sous un autre pointde vue général, on voit, 1°. que parmi les cou-leurs employées ordinairement sur la porce-laine dure , une seule est susceptible de chan-ger; c'est le carmin et les teintes dans lesquellesil entre ; qu'on peut le remplacer par les rougesde fer, et qu'alors aucune couleur ne change.

    J'ai présenté à l'Institut une tête, non cuite,faite d'après cette méthode, et la peinture dedeux roses, celle de l'une était cuite, et cellede l'autre ne l'était pas. On a vu qu'il n'y avaitentre elles aucune différence.' 2°. Que parmi les couleurs de porcelaine ten-dre, et d'émail, plusieurs changent considéra-blement. Ce sont principalement les rouges d'oret de fer, les jaunes , les verts, les bruns. Onne les a pas remplacés, parce que ce genre depeinture est presque abandonné.

    3°. Que plusieurs des couleurs sur le verre chan-gent aussi en acquérant une transparence com-plète. On voit que ce sont sur-tout les jauneset les violets.

    40. Que ce n'est ni en calcinant davantage lescouleurs, ni en les fondant d'avance, commeon l'avait soupçonné , qu'on les empêche dechanger, puisque ces moyens altèrent les cou-leurs réellement changeantes, et ne font rienaux autres. Le changement que plusisurs cou-leurs éprouvent sur la porcelaine tendre, et surle verre, ne tient donc point à la nature de leurcomposition, mais plutôt à celle du corps surlequel on les place.

    Par conséquent, en supprimant des couleurs

  • 8o SUR LES COULEURS OBTENUES, etc:de porcelaine dure le carmin d'or, qui n'est pasindispensable , on aura une suite de couleursqui ne changent pas, et qui seront absolumentsemblables à celles qui ont été présentées à l'Ins-titut en l'an 6 (1).

    (i) La préparation des couleurs destinées pour les fandsbrillans au grand feu, est confiée au Cit. Chanou , et celledes couleurs pour la peinture, au Cit. Meraud , que j'aidéjà cité. L'est à leurs soins et à leurs connaissances danScet art chimique, que la manufacture de Sèvres doit la con-servation des belles couleurs qu'elle possède , et qu'ils ontsu perfectionner et varier d'une manière utile aux progrèsde cet art.

    ANNONCES

    ANNONCESCON CERN .212V- T les Mines, les Sciences etlesArts

    T. Cohésion ou résistance absolue du cuivre, du fer, duchanvre et du papier.

    UN tube de cuivre dont les paroisn'ont qu'un v,ingtièrnede pouce d'épaisseur. ( om,00i3), étant recouvert d'une eii-veloppe de: fort papier roulé avec de-la èolle jusqteeinieépaisseur double de celle du métal, la force du ttibelsètrouve plus que doublée.

    La,force du papier collé en plusieurs doubles les 1.1i2isur les autres, est telle, qu'un_ cylindre solide deteitesub's-tance , dont la Section transversale n'aurait qu'un7pouce dûsurface. (L0500064 mèt..carrés ) , suspendrait uti-IpbidS' deBo,000 livres .( avoir du poids ) , où plus de i3 t'urines( s347 Myriagrames salis se séparer ni' se 'totiipt.

    La force du chanvre , tiré unifOrmr,rnent dans le' sensde la longueur de ses fibres, est,pluS considéra blei Un cy-lindre-, des.dimensions ci-dessus, fOriné d e, fibres.' droites dechanvre.collées ensemble., supporterait sans se:irornpre'unpoids. deoco livres (413s inyriagrammes

    4, .-Ji.Trixylindre des mêmeeidirnensions , fait ;du meilleurfer, ne Supporterait pas plus de66,000 livres (2964 myria-grammes ).3 du fer, mètrie de bonne qualité , ne supporte or-dinairement que 55,000 ( ). Extraitd'un eei. Cinnte.de Rumford.II. Far'z'c'' di ion de tuyaua de.. plomb d'une seule pièce ,

    sans soudure, et d'une longueur indéterkinée.

    i Nous lisons, dans le kePàtOry of asrtsposé d'une patente qui '-vient'd'àre aceordée à M. JohnWil-kinson , pour fabriquer des tuyaux en plomb par le procédé6uivant.

    On coule d'abord le plomb dans des moules cylindriques,au centre desquels on a placé un noyau ou axe cyfindriquo

    Yoluine 13.