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SUR UNE INSCRIPTION PUNIQUE RÉCEMMENT TROUVÉE A CONSTANTINE Author(s): A. Judas Source: Revue Archéologique, 15e Année, No. 1 (AVRIL A SEPTEMBRE 1858), pp. 129-136 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41746453 . Accessed: 19/05/2014 02:27 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.50 on Mon, 19 May 2014 02:27:16 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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SUR UNE INSCRIPTION PUNIQUE RÉCEMMENT TROUVÉE A CONSTANTINEAuthor(s): A. JudasSource: Revue Archéologique, 15e Année, No. 1 (AVRIL A SEPTEMBRE 1858), pp. 129-136Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746453 .

Accessed: 19/05/2014 02:27

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SUR

UNE INSCRIPTION PUNIQUE

RÉCEMMENT TROUVÉE A CONST ANTINE. *

L'Afrique septentrionale, qui a été, dès les temps les plus reculés, le théâtre de si grands événements et dont le sol a été, jusqu'à nos jours, pressé par les pas de tant de nations diverses, l'Afrique a con- servé dans son épigraphie le témoignage de toutes ces vicissitudes. Inscriptions libyques ou du peuple le plus anciennement fixé sur cette terre essentiellement historique, et dont les descendants sur- vivent dans les Berbères; inscriptions carthaginoises, numidico-pu- niques, romaines, grecques, palmyréniennes, berbères (semblables à celles des Libyens), arabes, espagnoles, telle est la variété des formes sous lesquelles sont parvenus jusqu'à nous les accents des générations entassées sous cette noble poussière. Depuis notre occu- pation, nous avons religieusement recueilli ce précieux héritage, et nous nous sommes efforcés de lui donner sa valeur scientifique. La partie incomparablement la plus étendue et la plus fertile en ren- seignements importants est sans contredit celle de l'épigraphie ro- maine. Aussi a-t-elle particulièrement attiré l'attention, les soins, les études : elle est surtout en ce moment, entre les mains de M. Léon Renier, l'objet d'un vaste et savant travail. Mais les autres parties n'ont pas été négligées; elles ont aussi donné lieu à des recherches qui, pour avoir eu moins de retentissement, n'ont pas été, je pense, sans intérêt. Celle qui comprend les monuments numidico-puniques vient tout récemment encore, par les soins de la Société archéolo- gique de Constantine, de s'enrichir d'une découverte digne d'être signalée aux lecteurs de la Revue archéologique ; je m'empresse de la leur communiquer, en leur soumettant en même temps les re- marques qu'elle m'a suggérées.

11 s'agit d'une pierre allongée, terminée supérieurement en pointe et présentant sur l'une des faces, dans le tiers inférieur, une inscrip- tion de cinq lignes gravées dans une aire quadrilatère circonscrite par un liséré en creux; au-dessus, est tracée au trait l'image d'un personnage dont le corps est représenté par un triangle; la tête est

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posée au sommet de ce triangle, et les bras élevés sont attachés sur les côtés. Je donne, planche 334, une copie réduite de l'ensemble, et une reproduction exacte , grandeur réelle, de l'inscription , telle que me l'a fournie un excellent estampage que M. le professeur Charbonneau, le savant et zélé secrétaire de la Société archéologique de Constantine, a eu l'obligeance de m'envoyer.

Je m'étais d'abord fait un devoir de réserver pour celte laborieuse et utile Compagnie les explications dont le monument me paraît susceptible. Mais la réflexion m'a donné à penser que ces explica- tions sont peut-être de nature à résoudre quelques questions con- troversées de l'épigraphie numidico-punique et que, par cette consi- dération, il y a convenance à les présenter sans délai aux personnes qui s'occupent de ces matières, afin de les mettre en mesure de se prononcer en complète connaissance de cause. Or, l'impression ne pourrait avoir lieu que dans le quatrième cahier de l'Annuaire de la Société de Constantine, et la publication de ce cahier ne pourra probablement pas s'effectuer à une époque suffisamment rappro- chée. Je prie donc cette Société de me pardonner, en faveur du mo- tif, le détournement que je me permets ici.

Je m'occuperai d'abord de l'inscription, puis de la figure qui la surmonte.

Au premier aperçu, l'inscription, eu égard au lieu de provenance, frappe par la forme de ses lettres. L'épigraphie punique de l'Afri- que présente en effet, sous ce rapport, deux conditions bien dis- tinctes. Certains monuments, inscriptions lapidaires ou monétaires, offrent des lettres semblables à celles de l'alphabet phénicien propre- ment dit, des lettres correctes, normales par conséquent ; sur d'au- tres monuments analogues, les lettres sont plus ou moins modifiées, dégradées, altérées, transformées, de manière à arriver à composer un alphabet presque complètement différent. Le premier alphabet est celui des inscriptions lapidaires et monétaires du domaine de Carthage et, en dehors de ce domaine, de légendes des plus an- ciennes médailles numidiques, celles, par exemple, qui paraissent correspondre à l'époque de Syphax. Le second alphabet avait été, jusqu'àprésent, trouvé sur toutes les inscriptions lapidaires en dehors du territoire de Carthage, c'est-à-dire de la Tripolitaine, de la Nu- midie et de la Mauritanie; il caractérise aussi les médailles à partir au moins de Juba I et probablement un peu au-dessus. On a, entre autres, découvert déjà à Constantine, une inscription numidico-pu- nique (Voir mon Étude démonstr. pl. 24), et elle est écrite avec cet alphabet. Au contraire, celle dont il s'agit aujourd'hui a toutes ses

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lettres conformes à celles de l'alphabet carthaginois. C'est pour elle un caractère d'ancienneté qui lui assigne une valeur spéciale.

Elle se distingue, en second lieu, par le contexte, notamment par la nouveauté de la partie formulaire.

La plupart des lettres sont facilement reconnaissables ; mais en deux ou trois points, l'altération ou l'effacement ne permet pas une restitution sûre.

rfn pn bvib prcS » jÓyjD T)ob (? d)S p

Tw m ^ nhsh rb on aan «pi!,,

.r© Tutelad Baali misericordi et fir - mitati Milcatœ. Feci Ba - lolymus mihi hoc votum : .... regionem ; incurvavi tumultem ad se- pulturam .

N'ayant d'abord reçu qu'une copie de l'inscription, j'avais cru qu'il y avait inexactitude dans le tracé du premier groupe ; la deuxième lettre me paraissait devoir être un aleph semblable à ceux de la 3e et de la 4e ligne, et la troisième lettre un daleth dont on avait omis la queue ordinairement courte ; en un mot, je me croyais fondé à restituer přó, Au Seigneur , titre qui commence si souvent les dédicaces à Baal. Mais l'estampage m'a désabusé. Le mot est cer- tainement tel que le porte la planche et la leçon pnň est indubitable. Le thème pfir répond à l'hébreu py, texit , protexit, asservavit, en arabe en éthiopien py. La notoire prédilection des Nu- mides pour Yaïn rend très-naturelle la mutation en cette lettre de la seconde radicale qui varie aussi, comme on vient de le voir, en arabe et en éthiopien. Dans cette dernière langue, le substantif par est précisément appliqué à Jéhova, comme traduction de l'hébreu pVO, refugium HTiSD, arx , muniment um, refugium , protection praesi- dium, etc., dans les invocations des psaumes xvm, v. 3, xc, i, et xci, v. 2 (1).

De même, pour ïë troisième groupe, ma première pensée avait

(1) II est impossible de ne point rapprocher du titre pft? ou p¥ cette glose d'Hé- syclvius : Zavávaç * 6eóç ti ç év StSwvt. Mais la position du mot sur l'inscription prouve que ce n'est pas réellement un nom propre de dieu; c'est une qualification : le nom propre est Baal. Toutefois la qualification, consacrée par l'usage, a pu, même em- ployée seule , être entendue dans le sens d'application [à une divinité et devenir ainsi équivalente à un nom propre de dieu.

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132 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. été ďy voir pan, solaire , épithète de Baal sur les pierres numidico- puniques. Mais l'examen attentif de l'estampage m'a convaincu que la leçon est pn, miséricordieux . Il est facile de reconnaître que dans la seconde figure du groupe, le jambage descendant n'est pas fléchi de droite à gauche, comme dans les mem des 3e et 4e lignes, et le petit trait qui devrait couper la ligne transversale pour que ce fût un mem manque certainement.

Ce sont ces deux groupes surtout, le premier et le troisième, qui marquent d'un cachet de nouveauté la formule dédicatoire : on rie les a vus encore sur aucun autre monument.

On trouve ensuite pyîn , puis un groupe qui s'y lie au moyen du lamed préfixe indiquant le rapport de connexion comme dans SynS à Baal , après , à la protection . On rencontre fréquemment, de- vant tyaS aussi, pyS ou paS sur les monuments numidico-puniques et l'on rend alors ce dernier mot par Au Seigneur .... (Au seigneur Baal). Mais ici le complément, c'est-à-dire le second groupe de la seconde ligne, à raison du tau qui le termine, paraît féminin. Cette présomption est fortifiée par l'impossibilité, ce me semble, de resti- tuer autrement que par un mem la lettre qui manque , de manière à avoir nbiob , à la reine , la reine par excellence, Milcata , comme Baal signifie au propre le maître par excellence. Or pN , dans le sens seigneur , ne s'emploie qu'au masculin : cette acception ne peut donc être ici admise. Il faut voir dans pyS un terme faisant parallé- lisme avec jyxS, c'est-à-dire un substantif servant à Milcata de qua- lification analogue à celle de tutelle, protection, donnée à Baal. Cette condition est parfaitement remplie en prenant pK ou py dans le sens de fundamentum, base , soutien , appui , force : « a la tutelle, Baal miséricordieux , et au soutien, Milcata . » La justesse de cette interpré- tation trouve sa preuve, si je ne m'abuse, à la fin de la 11e carthagi- noise de Gesenius, script . linguœq. phœn. monum ., pl. 47, où on lit : miroy po by2 pN , Firmitas Baal , clypeus Astarte (voir mes Nouv . études sur une série ď inscript, numid. pun . Paris, 1857). David dit aussi de Dieu kxq , (il est) mon bouclier , au commencement du psaume xci où nous avons vu que la traduction éthiopienne met ma tutelle , pour l'hébreu otiïq. Sauf la transposition d'une divinité à l'autre, la locution de l'inscription carthaginoise est rigoureuse- ment équivalente à celle de l'inscription de Constantine, car fjy est synonyme de pa, protexit , d'où est formé pD, clypeus , et l'on a aussi nay, scutum , clypeus. Les deux textes s'expliquent donc l'un par l'autre. Ce rapport peut concourir à indiquer une rédaction con- temporaine.

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La phrase suivante, comprise dans la seconde moitié de la deuxième ligne et la troisième ligne, ne me paraît susceptible d'au- cun doute sérieux sur la valeur des lettres, bien qu'il manque un trait à Yaleph de la seconde ligne. Mais des explications sont néces- saires au sujet, Io du rôle que j'attribue, dans à Yaleph termi- nal, celui de formativi de la lre p. s. du prétérit ; 2° au sens de mo- nument funéraire queje donne à ttj, votum. Ces deux points ont été traités avec beaucoup de développements, à l'aide ďautres textes, dans mes Nouv. études précitées ; je me bornerai donc ici à de brèves observations. La première consiste à établir que, quelques combinaisons différentes que j'aie tentées, je n'ai trouvé d'admis- sible que celle que je soumets aux lecteurs.

ìòys se trouve sur une inscription de Calamo, (Ghelma), la 25 nu -

midique de mon Étude démonstrative , etc. Dans ma dernière bro- chure, Nouv . ¿t., etc., j'ai hésité à en faire un seul groupe; j'en ai détaché Yaleph pour l'unir au nom propre suivant, et j'ai lu : Sys

IKppSpN, Fecit Ákelman, ßlius Ori ( 1). Le nouvel exemple fourni par notre inscription ne me laisse aucun doute sur la leçon qu'il faut définitivement adopter, savoir : in p yoSp tóys, Feci Calamus ßlius Ori.

Quant à lì: , que je regarde comme signifiant en général objet consacré , ici monument consacré , monument funéraire , cette acception me paraît ressortir invinciblement du contexte, particulièrement du

groupe indiscutable, si je ne me trompe, à moi . J'ai fait voir, dans la brochure déjà; plusieurs fois citée , que le latin votum , tra-

(1) Dans un article où perce peut-être la mauvaise humeur d'avoir été contre- dit en quelques-unes de ses assertions, le savant M. Ewald maintient qu'on doit lire et traduire ; DQ^p nSjD, les habitants de Calama sur le fleuve. Mais sur le monument, qui est à notre Musée du Louvre, et où les lettres sont très-nette- ment tracées, le beth, là où il existe incontestablement, c'est-à-dire en trois en- droits, est gravé avec une tête arrondie en cercle fermé, dans la forme la plus cor- recte; il n'y a aucune trace de ce cercle à la figure qni commence le groupe lu par moi îrtyS et par M, Ewald ttSyi : la dernière leçon est donc absolument impos- sible, et celarne dispense d'insister, sur le peu de vraisemblance, entre autres points, de la qualification distinctive sur le fleuve , lorsque la Calama de Mauri- tanie était aussi sur un fleuve , et sur un fleuve plus considérable , plus connu que le Rubricatus. M. Ewald a, d'une manière tranchante, opposé sa leçon à l'opi- nion que j'ai émise sur l'étymologie du nom de ville Calama, lecture rétrograde par les Romains, selon moi, du nom punique Malaca que je vois dans un groupe robou et ioSou revenant dans une série nombreuse d'inscriptions découvertes à Ghelma, exclusivement à Ghelma : on voit que l'objection manque de base. M. Levy, dans le second cahier de ses Phonizische Studier a proposé, pour le groupe que je

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134 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. duction littérale de ttj, a assez souvent aussi la même valeur ; j'ai ; entre autres, mentionné une inscription chrétienne qui contient l'expression ponere votum exactement dans le même sens qu'ici Tu , Façere votum. Je pense faire plaisir aux lecteurs en em- pruntant un nouvel exemple au grand et si intéressant ouvrage de M. Léon Renier; c'est le n° 3614, consistant en une inscription mé- trique trouvée à Amia (Sour Ghozlan) par M. de Gaussade.

D. M. S.

Reddere quot solum licuit post mortem rite , Hune tumulum vobis , Manes , mnemaque sacratum ,

Obsequiumque mei Victorinus vovi dolor is.

Indépendamment de vovi , qui est le motif de cette citation, je ferai remarquer que rite et obsequium rentrent dans les explications que j'ai données de ymr, souvent employé dans les mêmes inscrip- tions.

Le reste de notre épigraphe est fort obscur. Deux lettres, au com- mencement de la 4e ligne , c'est-à-dire au début de la nouvelle phrase, paraissent évidemment mal conservées et de là, en grande partie, l'incertitude sur la suite du contexte. On peut supposer que les deux aleph qu'on remarque à la 4e ligne sont en concordance avec celui de sòys ; que, de même que lui, par conséquent, ils an- noncent deux verbes à la lrť p. s. Dès lors, dans intermédiaire, on doit voir un substantif, régime du premier de ces verbes. En

viens de citer en dernier lieu et les lettres qui s'y rattachent immédiatement sur les monuments, une nouvelle interprétation, que je reconnais très- ingénieuse, sous ces variantes : WHK NWl VKH DISK «PKTÏN "|Sd1, le ma- gistrat de ce lieu . Mais, sans m'arrèter à toutes les difficultés, je ferai observer que, de lettres qui sont certainement des schin , il faut faire des tsadé , et que le savant auteur a passé sous silence plusieurs monuments de cette série , entre autres ceux Où la formule contient , à mon avis, une concordance de pluriels qui ne peut se plier à cette interprétation. Je crois donc pouvoir persister dans mon opinion. In- dépendamment des particularités de texte , le rapport de Malaca avec Calama me semble trop naturel pour n'être pas pris en considération. Ce rapport ne réside pas seulement dans la composition alphabétique; il se lie aussi à la signification, c'est- à-dire à la concordance de malaca et de rubricatus dans le sens de couleur rouge ; j'ai longuement exposé les exemples à l'appui; je crois cependant pouvoir encore ajouter ici ce passage du premier volume des Mémoires de Quatremère sur l'Egypte, p. 550 : «L'endroit où est situé ce couvent se nomme Wady-al-Molouk , parce qu'il y croît une plante appelée mouloukah , qui ressemble aij raifort, et dont le jus, qui est d'un rouge foncé, s'emploie dans la teinture.»

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donnant à ce substanlif le sens ou d'espace de terrain, ou d'éminence, on peut supposer un verbe qui indique avec lui un acte très-appro- prié à la signification générale du monument, par exemple : Jai enclos l'espace environnant. Pour le reste, il me semble impossible de ne pas isoler les trois dernières lettres, car, par aucune combi- naison on ne peut , je crois, trouver d'autre solution que ron. Ce mot, quelle qu'en soit l'étymologie, me paraît, dans l'acception la plus large, ne vouloir dire que sépulture, comme Gesenius l'a bien établi dans son lexique. Ce sens s'adapte encore au contexte. Il est probable que le lamed qui précède immédiatement est une servile, la particule avec le sens pour. Entre cette lettre et le second verbe, ton , il ne reste donc que Da qui doit être aussi un substantif, ré- gime de ce verbe, en harmonie avec «p. Je ne vois de possibilité d'explication qu'en le rattachant à nna , qui signifie en général lieu élevé, et quelquefois , par ex. Isaïe, lui, 9, Tumulus sépulcral : le sens du membre de phrase serait : J'ai incliné le tumulus en signe de sépulture ou à l'usage de sépulture. Il y aurait donc unité de signifi- cation dans l'inscription. Mais je reconnais ce que laisse de douteux la dernière partie. Je ferai cependant observer que Da, sans hé final, se rattachant à ma, racine inusitée en hébreu, mais dont la virtua- lité est reconnue, a son analogue dans le persan dn3.

Quoi qu'il en soit, l'ensemble du contexte me paraît manifeste- ment proclamer la destination funéraire du monument. Cette con- séquence définitive confirme l'appréciation que j'ai faite en ce sens des monuments analogues , qui sont regardés comme simplement votifs. Si cette dernière opinion pouvait continuer à prévaloir, il en résulterait qu'à l'exception d'une contrée circonscrite fournissant les inscriptions qui contiennent le mot pru ou ses variantes, inscrip- tions évidemment sépulcrales, l'épigraphie punique du reste de l'Afrique ne posséderait que des dédicaces votives, et point ou très- peu d'épitaphes : ce serait contraire à ce que montrent les autres parties de l'épigraphie antique et partant, à mon avis, inadmissible.

La figure tracée sur la pierre de Constantine , au-dessus de l'in- scription, s'accorde avec mon énoncé. On la voit sur un très-grand nombre de monuments des diverses parties de l'Afrique ancienne : elle en est, en quelque sorte, caractéristique. Elle figure aussi, ac- costée d'un caducée, au revers d'une médaille d'une île africaine, avec la légende did au droit, sous un crabe. Si ma mémoire est exacte, je l'ai vue sur une des planches de monuments égyptiens pu- bliées par Champollion ou par M. Lepsius. Sur trois médailles sas- sanides publiées par Sylvestre de Sacy dans ses Mémoires sur div.

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136 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

antiq . de la Perse , pl. 8, elle décore au revers le milieu d'une base de pyrée. Cet illustre auteur, à la p. 270, émet l'opinion que celte image est une réduction, sous la figure la plus simple, du férouher, symbole de l'âme vigilante et protectrice des génies ou des person- nages humains. 11 dit à la p. 269 : « Il n'est pas difficile après cela de comprendre pourquoi cette figure symbolique accompagne pres- que tous les monuments de Persépolis, pourquoi on la voit placée au-dessus du prince qui est en présence de l'autel sur lequel brûle le feu sacré, pourquoi elle couronne les décorations des tombeaux. » Je crois que l'emblème est équivalent sur les monuments antiques de l'Afrique, et que c'est le ir/sa des Sémites.

A. Judas.

P. S. Je viens de recevoir le 4e cahier de Y Annuaire de Constantine. Il s'y trouve une lettre de moi sur diverses incriptions puniques, berbères et palrayréniennes. Je profite du peu d'espace qui me reste ici pour corriger une erreur qui m'est échappée dans la précipitation avec laquelle j'ai dû faire ce travail que je n'ai pu revoir; il s'agit de la date de l'inscription palmyrénienne de M. Renier, p. 20 et 21. Perdant de vue que les inscriptions bilingues ne sont pas toujours équivalentes en tous points, j'ai cru que l'âge du défunt indiqué dans la partie Ialine, devait se re- trouver dans la seconde partie. Il n'en est point ainsi. Le texte palmyrien ne contient qu'une date; elle appartient à une ère : c'est 461 ,

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