17
Surcharge informationnelle, urgence et TIC. L’effet temporel des technologies de l’information. Henri ISAAC Eric CAMPOY Maîtres de conférences Michel KALIKA Professeur CREPA, Centre de Recherche en Management & Organisation Dauphine Recherches en Management - CNRS UMR7088. Université Paris Dauphine [email protected] [email protected] [email protected] Résumé. La présente recherche s’intéresse à la contribution des TIC au développement du sentiment d’urgence dans les entreprises et à son lien avec les notions de surcharge informationnelle et de surcharge d’activité. Si la notion de surcharge informationnelle n’est pas nouvelle en soi, sa dimension temporelle a été peu étudiée. La généralisation des TIC dans le travail quotidien des salariés recompose l’espace-temps du travail. Peu de recherches ont tenté d’analyser le niveau individuel de la surcharge informationnelle, concept qui s’est enrichi d’une dimension communicationnelle avec les TIC. La recherche s’appuie sur une analyse empirique longitudinale de cinq ans sur un échantillon de plus de 12 000 salariés 1 . Les résultats montrent que la perception de la surcharge d’information, de la surcharge d’activité, d’urgence est croissante sur la période 2001-2005. De plus, ces variables sont corrélées. Un modèle d’équations structurelles indique que la suractivité est déterminée par la surinformation, l’urgence et, à un degré moindre, par les TIC. Mots-clés : surcharge informationnelle, urgence, surcharge d’activité, temps, TIC . Abstract. 1 Les données utilisées dans cet article sont issues de l’Observatoire Dauphine-Cegos du e- management. halshs-00155119, version 1 - 15 Jun 2007 Manuscrit auteur, publié dans "revue Management & Avenir 12 (2007) 153-172"

Surcharge Informationnelle

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La présente recherche s’intéresse à la contribution des TIC au développement du sentiment d’urgence dans les entreprises et à son lien avec les notions de surcharge informationnelle et de surcharge d’activité. Si la notion de surcharge informationnelle n’est pas nouvelle en soi, sa dimension temporelle a été peu étudiée. La généralisation des TIC dans le travail quotidien des salariés recompose l’espace-temps du travail. Peu de recherches ont tenté d’analyser le niveau individuel de la surcharge informationnelle, concept qui s’est enrichi d’une dimension communicationnelle avec les TIC. La recherche s’appuie sur une analyse empirique longitudinale de cinq ans sur un échantillon de plus de 12 000 salariés1. Les résultats montrent que la perception de la surcharge d’information, de la surcharge d’activité, d’urgence est croissante sur la période 2001-2005. De plus, ces variables sont corrélées. Un modèle d’équations structurelles indique que la suractivité est déterminée par la surinformation, l’urgence et, à un degré moindre, par les TIC.

Citation preview

  • Surcharge informationnelle, urgence et TIC.

    Leffet temporel des technologies de linformation.

    Henri ISAAC

    Eric CAMPOY Matres de confrences

    Michel KALIKA Professeur

    CREPA, Centre de Recherche en Management & Organisation

    Dauphine Recherches en Management - CNRS UMR7088.

    Universit Paris Dauphine

    [email protected]

    [email protected]

    [email protected]

    Rsum.

    La prsente recherche sintresse la contribution des TIC au dveloppement du sentiment

    durgence dans les entreprises et son lien avec les notions de surcharge informationnelle et

    de surcharge dactivit. Si la notion de surcharge informationnelle nest pas nouvelle en soi,

    sa dimension temporelle a t peu tudie. La gnralisation des TIC dans le travail quotidien

    des salaris recompose lespace-temps du travail. Peu de recherches ont tent danalyser le

    niveau individuel de la surcharge informationnelle, concept qui sest enrichi dune dimension

    communicationnelle avec les TIC. La recherche sappuie sur une analyse empirique

    longitudinale de cinq ans sur un chantillon de plus de 12 000 salaris1. Les rsultats montrent

    que la perception de la surcharge dinformation, de la surcharge dactivit, durgence est

    croissante sur la priode 2001-2005. De plus, ces variables sont corrles. Un modle

    dquations structurelles indique que la suractivit est dtermine par la surinformation,

    lurgence et, un degr moindre, par les TIC.

    Mots-cls : surcharge informationnelle, urgence, surcharge dactivit, temps, TIC .

    Abstract.

    1 Les donnes utilises dans cet article sont issues de lObservatoire Dauphine-Cegos du e-

    management.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07Manuscrit auteur, publi dans "revue Management & Avenir 12 (2007) 153-172"

  • Introduction

    La gnralisation des technologies de linformation dans les entreprises (Kalika et al., 2003 ;

    Kalika et al., 2006) traduit une recherche de performances accrues. Les outils dploys dans

    les diffrentes strates de lorganisation visent amliorer la gestion des oprations, faciliter la

    communication, faciliter les dcisions. Nombreuses sont les entreprises qui remodlent leur

    systme dinformation, principalement en introduisant des technologies accentuant

    lautomatisation des processus (ERP) et le pilotage en temps rel de lactivit (outils

    dcisionnels, intranets) (Kalika et al., 2006). Lintroduction des TIC ne se limite pas pour

    autant aux seuls processus oprationnels. Les technologies de linformation supportent

    galement les processus de coordination, de communication contribuant modifier les

    environnements de travail, le management et par l mme la question temporelle du travail

    (Boukef, 2005). Si les effets du dploiement des TIC produisent les effets attendus, il nen

    demeure pas moins que lintroduction des technologies de linformation produit souvent des

    dysfonctionnements multiples, au premier rang desquels figure la surcharge informationnelle.

    Si ce phnomne nest pas nouveau dans le champ du management2, il est largement peru

    par les managers. A cet gard, il est significatif de constater la progression des recherches sur

    le sujet dans les diffrents champs des sciences de gestion (Eppler et Mengis, 2004).

    Lanalyse de la littrature met en vidence une focalisation des travaux sur la capacit de

    traitement des individus face la surcharge informationnelle. La question du temps pour

    traiter une tche est peu aborde. Ceci nous semble une approche insuffisante dans la mesure

    o les TIC recomposent fortement la question temporelle dans lentreprise. Instantanit,

    ractivit, acclration des processus, ont des consquences sur le temps dont dispose un

    salari pour rpondre une sollicitation, effectuer une tche. Par consquent, laspect

    temporel de la surcharge informationnelle nous semble dterminant dans un contexte de

    gnralisation des TIC.

    Lobjectif de cette recherche est dapprcier la contribution relle des technologies de

    linformation au sentiment durgence, de surcharge dinformation, de surcharge dactivit

    chez les salaris. La littrature sur la surcharge informationnelle minimise souvent laspect

    temporel de la surcharge. En revanche, la littrature sur lurgence dans lentreprise relie

    fortement le concept durgence celui de surcharge informationnelle, phnomne lui-mme

    largement attribu lintroduction des TIC (Autissier et Lahlou, 1999 ; Eppler et Mengis,

    2004 ; Metzger et Clach, 2004).

    La premire partie de cette recherche propose donc une synthse de la littrature sur la

    surcharge informationnelle et plus particulirement des effets temporels des technologies de

    linformation et le rle de celles-ci dans laccroissement du phnomne de surcharge

    informationnelle. Dans une seconde partie, une recherche empirique mene sur une priode de

    5 ans sur un chantillon de 12 737 salaris permet dapprcier la progression de la perception

    de lurgence en entreprise, et en parallle la progression du phnomne de surcharge

    informationnelle. Le lien entre urgence, surcharge informationnelle, surcharge dactivit et

    TIC est explor laide dun modle dquations structurelles. Cette recherche appelle les

    chercheurs et les praticiens une rflexion accrue sur lintgration des TIC dans le

    management de lentreprise et son impact sur les perceptions de surcharge.

    2 Les premiers travaux acadmiques datent du milieu des annes 1970, cf. la synthse des travaux

    proposes par Eppler et Mengis, 2004.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • 1. Surcharge informationnelle : de la volumtrie dinformations au temps

    de traitement de linformation

    La notion de surcharge informationnelle est envisage dans la recherche en management

    comme un concept plusieurs dimensions : informationnelle, communicationnelle, cognitive.

    La volumtrie des donnes traiter est souvent mise en avant au dtriment de laspect dlai

    qui est directement li aux effets temporels des TIC. Or, plusieurs effets temporels des TIC

    sont identifiables : lacclration de lexcution des processus oprationnels, linstantanit.

    Aussi, il nous semble pertinent dexaminer les effets des TIC sur le temps de traitement de

    linformation et par consquent les effets possibles sur la notion de surcharge

    informationnelle au travers de la notion durgence.

    1.1. Surcharge informationnelle

    La prise en considration de la notion de surcharge informationnelle (information overload)

    dans lanalyse du fonctionnement des organisations nest pas une nouveaut. Ds les annes

    1960, Meier (1963) identifie la surcharge dinformations comme source de stress chez les

    employs, productrice de dysfonctionnements oprationnels et de pertes defficacit.

    Principalement analyse du point de vue de la thorie de la dcision, la surcharge

    informationnelle sanalyse comme un volume dinformations traiter pour prendre la

    meilleure dcision occupe une place centrale (OReilly, 1980). Une premire dfinition de

    cette notion est souvent donne par les salaris comme le fait de recevoir trop dinformations.

    Shenk (1998) parle de brouillard informationnel !

    De nombreux rsultats (obtenus pour la plupart en laboratoire) mettent en vidence quil

    existe un volume optimal dinformations, qui, une fois franchi, dgrade la qualit du

    processus de dcision (allongement du processus, qualit de la dcision). Les recherches au

    niveau individuel dmontrent que les salaris nont pas conscience du volume optimal

    dinformations ncessaires une dcision, et quils surestiment toujours le volume

    dinformations ncessaire afin de se rassurer (OReilly, 1980).

    Ces recherches, pour intressantes quelles soient, datent dune poque o linformatisation

    des entreprises tait trs en retrait par rapport ce quelle est aujourdhui (Autissier et Lahlou,

    1999). Est-il pertinent de se contenter dune analyse du seul point de vue de la quantit

    dinformations ? La notion de surcharge informationnelle doit tre enrichie. Plusieurs

    ensembles de travaux permettent dlargir le concept initial un concept trois dimensions.

    1.1.1. La surcharge informationnelle, un concept tri-dimensionnel

    Le champ acadmique des SI na pas apport de dfinition prcise au concept de surcharge

    informationnelle (Eppler et Mengis, 2004, p.339). La recherche considre le fait comme

    acquis et comme un point de dpart, problme auquel des solutions doivent tre apportes. Or,

    le concept ncessite dtre dfini tant il est polymorphe et ses causalits multiples.

    La premire dimension, la volumtrie dinformation trop abondante traiter par un individu,

    un groupe, ou une organisation est sans conteste la dimension la plus consensuelle. La

    seconde dimension est la capacit cognitive des individus traiter cette volumtrie

    dinformations. La troisime dimension est lie la surcharge de communication et

    principalement dans le cadre de lentreprise, le courrier lectronique comme source de

    surcharge informationnelle.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • 1.1.2. Volumtrie dinformation

    La surcharge informationnelle trouve sa source dans deux phnomnes distincts mais

    complmentaires. En premier lieu, laccroissement constant du volume dinformations

    traiter (Autissier et Lahlou, 1999). Lun des aspects de la surcharge informationnelle est le fait

    que les salaris estiment recevoir trop dinformations dont ils ne peroivent pas lutilit dans

    lexcution de leur tche. En outre, la surcharge informationnelle peut provenir de la pitre

    qualit des informations reues (Simpson et Prusak, 1995), amenant les salaris consacrer

    davantage de temps rechercher linformation pertinente qui ajoutera de la valeur leur tche

    (value added information). Il apparat donc une dimension temporelle dans la notion de

    surcharge informationnelle.

    En second lieu, volume dinformation constant, le raccourcissement des dlais pour traiter

    ce mme volume dinformation est galement un aspect de la surcharge informationnelle

    (Assadi et Denis, 2005 ; Farhoomand et Drury, 2002 ; Metzger et Clach, 2004 ; Schick,

    Gordon et Haka, 1990). Cette dimension temporelle de la surcharge informationnelle peut tre

    lie au rle des TIC dans la gestion de linformation. En rduisant les temps de traitements, en

    acclrant la circulation de linformation, en autorisant la disponibilit permanente, les TIC

    contribuent la surcharge informationnelle. La perception de lurgence est donc souvent

    associe chez les salaris la surcharge informationnelle (Autissier et Lahlou, 1999). Laccs

    des informations par le biais dInternet est galement une source daugmentation de la

    volumtrie de linformation traiter par les salaris.

    Outre le volume et le temps pour traiter linformation, la capacit de traitement des individus

    est galement en cause.

    1.1.3. Surcharge cognitive

    Pour faire face au volume dinformation, mais aussi sa complexit croissante (multiplicit

    des sources, informations faiblement structures et peu agrges), les individus et les

    organisations sappuient sur leurs capacits cognitives qui sont forcment limites (Schick,

    Gordon et Haka, 1990). Cette capacit de traitement est souvent nomme dans la recherche

    IPC (Information Processing Capacity). Schik, Gordon et Haka (1990, p.204) utilisent le

    temps de traitement comme mesure de lIPC ; la capacit de traitement de linformation est

    donc bien contrainte par le temps allou par lorganisation pour excuter les tches qui

    incombent chaque salari.

    La gnralisation des outils de traitement de linformation dans le travail quotidien des

    salaris conduit ceux-ci consacrer une part importante de leur temps la manutention de

    linformation (Vacher, 1998). Cette tche nest ni de la coordination, ni du reporting, ni de

    lexpertise mtier. Elle consiste rceptionner (courrier, messagerie, intranet), traiter (lecture,

    confrontation avec dautres informations, impression, photocopie, classement, tri, recherche)

    et formater linformation. Autissier et Lahlou (1999) montrent que, dans lentreprise quils

    tudient, les managers consacrent un tiers de leur temps en moyenne ces tches de

    manutention de linformation et que cette tche est concentre en dbut de journe.

    Ces temps de traitements ncessitent par ailleurs des comptences particulires afin de rduire

    le temps consacr cette manutention de linformation, trs consommatrice de temps. Do

    une perception dun dbordement ou une saturation cognitive. Dans ce cas de figure, qui est

    un fait gnralis dans les entreprises, la surcharge est directement lie la notion de matrise

    du temps et au fait que les TIC contribuent augmenter le temps de traitement de

    linformation au dtriment des activits lis lexercice du mtier.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • 1.1.4. Surcharge communicationnelle

    Le systme dinformation gnre donc davantage dinformations. Mais une grande part de la

    surcharge dinformations provient non pas des applications oprationnelles ou dcisionnelles,

    mais des nouveaux moyens de communication lectroniques. En quelques annes, le courrier

    lectronique est rapidement devenu lun des principaux modes de communication dans

    lentreprise.

    La multiplication des changes par ce canal de communication est largement perue comme

    une source de la surcharge informationnelle (Assadi et Denis, 2005 ; Helmersen, Jalalian,

    Moran et Norman, 2001 ; Kimble, Grimshaw et Hildreth, 1998 ; Saintive 2000). Cependant

    certaines recherches montrent (Kimble, Grimshaw et Hildreth, 1998) que le nombre excessif

    de courriers lectroniques ne concernent quun nombre restreint de salaris (0,5% des

    managers interrogs reoivent plus de 50 courriels par jour et 3% seulement et consacrent

    plus de deux heures leur traitement). Ces mmes auteurs montrent en revanche que 90% des

    salaris dclarent recevoir trop de courriels inutiles et que ceux-ci reprsentent 25% des

    courriels reus. Ces rsultats sont largement confirms par les enqutes franaises (Kalika et

    al., 2006).

    Le traitement de ces courriels contribue une perception de perte de temps supplmentaire. A

    cette multiplication de courriels dans lentreprise vient sajouter le phnomne des pourriels

    (spam) qui contribuent augmenter le nombre de messages reus qualifis de non pertinents

    et dont le cot social nest pas rellement peru (Withworth et Withworth, 2004). Cette

    surcharge communicationnelle est perue de faon plus forte encore par les salaris en

    situation de tltravail et en situation de nomadisme (Saintive, 2000). Enfin, le mode de

    traitement des courriers lectronique entrants peut lui-mme avoir des effets sur lorganisation

    du travail. En effet, souvent considr par les metteurs comme peu perturbateur pour le

    rcipiendaire (Assadi et Denis, 2005), lenvoi dun courrier lectronique est peu coteux en

    temps. Or, nombre de salaris traitent leurs courriers lectroniques au fil de leau (Gupta,

    Sharda, Greve et Kamath 2004), cest--dire ds la rception du courrier. Ce phnomne

    contribue fragmenter le temps de travail (Assadi et Denis, 2005) et perturber

    lorganisation (notamment les runions dans lesquelles les salaris ont accs leur courrier

    lectronique).

    Si le courrier lectronique est une source de surcharge informationnelle, dautres technologies

    contribuent gnrer un flux dinformations considrables traiter, comme les forums de

    discussion en ligne. Linterconnexion mondiale des individus contribue un trs grand

    nombre dchanges crits sur ces forums de discussion (Jones, Ravid et Rafaeli, 2004).

    Dans lidentification des causes de la surcharge informationnelle, les TIC occupent donc une

    place de plus en plus importante mme si la plupart des recherches envisagent une varit

    importante de facteurs causaux, comme les traits personnels et les capacits cognitives des

    individus, les caractristiques de linformation traite, la caractristique des tches et des

    processus, la structure organisationnelle (Eppler et Mengis, 2004).

    Ce phnomne de surcharge est accentu par les effets de superpositions des diffrents mdias

    de communication observs. Loin dobserver une substitution entre les mdias traditionnels

    (runions, communications face face ) et les nouveaux mdias utilisant les TIC, lon

    constate un effet dempilement conforme la thorie du millefeuille (Kalika, 2007).

    Les TIC sont donc largement perues comme une des causes de la surcharge informationnelle

    en entreprise. Plus encore, les salaris ne peroivent pas davenir meilleur mais plutt une

    aggravation du phnomne (Farhoomand et Drury, 2002). Il nen demeure pas moins que, si

    les TIC constituent trs certainement une des causes identifiables et de laccroissement des

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • volumes dinformations gnres et changes et dune rduction des temps de traitement

    accords aux salaris, elles sont galement souvent envisages comme un moyen de rduire

    ce problme (Edmunds et Morris, 2000). De trs nombreuses recherches tentent dapporter

    une solution technique au problme de la surcharge informationnelle dans lentreprise (cf.

    Eppler et Mengis, 2004, tableau 5, p.336) par des systmes dagents intelligents utiliss pour

    prioriser linformation, trier celles-ci (Schick, Gordon et Haka, 1990), rduire le volume

    dinformation traiter (notamment grce au SIAD). Cest pourquoi il apparat ncessaire de

    clarifier les effets temporels des TIC afin de mieux apprhender leur contribution la

    modification de la surcharge informationnelle.

    1.2. Effets temporels des TIC dans lorganisation

    1.2.1. Acclration des processus oprationnels (automatisation)

    Lacclration du temps dans lentreprise nest pas en soi une nouveaut. La taylorisation des

    tches est une des premires manifestations de la volont de matrise du temps de production

    et dacclration des cadences de production. La gnralisation de lutilisation des TIC dans

    les entreprises a cependant conduit acclrer dautres processus que ceux de production. Les

    phases de conception des produits ont t considrablement raccourcies. Une notion rend bien

    compte de cette ide : la notion de temps de mise sur le march dun produit (Smith et

    Reinertsen, 1998), qui mesure le dlai entre la phase de conception dun produit et sa date de

    mise sur le march (time to market). Les outils de conception numrique (Computer Aid

    Design, CAD), le recours aux maquettes numriques, aux bases de donnes de composant et

    matriaux, les plates-formes collaboratives de conception entre fournisseurs et donneurs

    dordre ont contribu rduire les dlais de conceptions. Plus rcemment, le dveloppement

    de suites applicatives de type PLM (Product Life Cycle Management), afin damliorer la

    matrise des diffrentes phases de vie dun produit tmoigne bien de la volont dune matrise

    accrue du temps et de la rduction des dlais de conception et de production.

    Le dveloppement des progiciels de gestion au cours des quinze dernires annes a galement

    contribu automatiser des pans entiers de processus administratifs dans les entreprises

    acclrant le traitement de linformation dans lentreprise.

    1.2.2. Disponibilit de linformation et instantanit (temps rel)

    Lacclration des processus oprationnels dans lentreprise est galement permise par la

    disponibilit de linformation qui est disponible et accessible de faon plus aise grce aux

    TIC. A cet gard, le dveloppement des intranets et des outils de travail collaboratifs facilitent

    le partage et la communication dinformations qui deviennent immdiatement accessibles

    pour les salaris o quil se situent (Metzger et Clach, 2004). La disponibilit devient mme

    une caractristique de certaines technologies comme les messageries instantanes qui

    indiquent ltat de disponibilit de la personne au moment o linterlocuteur cherche entrer

    en contact avec elle. Il en va de mme avec le dveloppement des relations daffaires

    lectroniques (e-business) entre les entreprises leurs fournisseurs et leurs clients. Lentreprise

    doit tre disponible sur des plages horaires plus longues (voir en permanence) et noffrir des

    interruptions de service trs limites ses clients.

    Acclration des processus, instantanit des interactions, la matrise du temps dans

    lentreprise devient un dfi pour les individus. Et il nest pas certain que les outils favorisent

    une meilleure matrise du temps au niveau individuel.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • 1.2.2.1. Matrise personnel du temps

    Les effets temporels au niveau individuel dans lentreprise ne sont pas unidirectionnels.

    Disponibilit permanente, matrise de lagenda, joignabilit , temps priv, temps de travail,

    les effets temporels des TIC sont en effet multiples pour les salaris. On assiste sous leffet

    des TIC, une relle recomposition du rapport au temps dans lentreprise.

    1.2.2.2. Partage de lagenda et matrise de la planification du temps

    Lintroduction des outils de travail collaboratif dans les entreprises a t loccasion

    dintroduire des calendriers lectroniques partags (Group Calendar Systems, ou Electronic

    Calendar Systems). Chaque employ accde grce un tel systme au calendrier de chaque

    employ de lentreprise. Il est ainsi plus ais de trouver des plages horaires compatibles et

    donc damliorer la coordination de lactivit (van den Hooff, 2004). Cependant, la

    publication du calendrier individuel est perue comme une publication de donnes

    personnelles par certains salaris les exposant aux jugements des pairs sur leur allocation

    temporelle et leur activit. Des comportements de protection de lespace temporel sont alors

    visibles : certains salaris remplissent leur calendrier avec des rendez-vous fictifs pour

    prserver leur temps de travail (Lee, 2003). Lee (2003) montre que les salaris subalternes

    sont moins nombreux intervenir sur le calendrier de leur suprieur que linverse, lespace

    temporel des cadres dirigeants tant protg . Par consquent, lutilisation du calendrier

    lectronique entrane une moindre matrise de son temps de travail pour certains salaris.

    1.2.2.3. Joignabilit accrue

    Le dveloppement des technologies mobiles a dvelopp des pratiques de travail dconnect

    du lieu de travail habituel et dans des espaces temporels nouveaux (Isaac, 2006). Le fait dtre

    joignable en tout lieu et tout moment grce au tlphone portable conduit certaines

    entreprises exiger une disponibilit permanente de leurs salaris, entranant souvent un

    sentiment de laisse lectronique chez ces salaris. On assiste ici une gnralisation de la

    notion dastreinte jusqualors rserve certaines catgories de personnels. La matrise des

    temps personnels devient plus dlicate pour nombre de salaris. Cette astreinte conduit une

    recomposition des temps sociaux.

    1.2.2.4. Enchevtrement des temps sociaux (ubiquit)

    Le dveloppement rapide des technologies de tlphonie mobile, larrive maturit des

    technologies rseaux sans-fil (Wi-fi), le dveloppement de laccs haut dbit domicile

    facilitent le travail en dehors du lieu de travail. La frontire entre la vie prive et la vie

    professionnelle devient chaque jour plus floue pour de trs nombreux salaris (Isaac, Kalika,

    2001). Lintrusion de la vie professionnelle constitue donc une perturbation du temps

    personnel qui est parfois interrompu par des sollicitations professionnelles. Il faut toutefois

    noter que plus quune invasion de la vie personnelle par la vie professionnelle, on assiste un

    enchevtrement des diffrents temps sociaux. De nombreux salaris utilisent leur temps

    professionnel pour rgler des affaires prives grce une connexion constante avec leurs liens

    personnels grce aux outils de communication lectroniques (messagerie instantane, courrier

    lectronique, SMS, tlphone mobile). Cet enchevtrement des temps sociaux constitue

    toutefois un facteur aggravant de lurgence dans la mesure o les individus, joignables, se

    doivent souvent de rpondre aux sollicitations de leur entreprise, des clients quel que soit le

    moment o ils sont joints (Metzger et Clach, 2004).

    1.2.2.5. Dveloppement de la polychronie

    Travailler chez soi en alternant tches de la vie familiale et tches professionnelles est une

    forme de polychronie. Dans un mme temps, lindividu est dans deux mondes cognitifs

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • diffrents. Les TIC ont fortement contribu au dveloppement de ce phnomne qui

    samplifie aujourdhui au sein mme de lentreprise avec les TIC mobiles. En effet, de

    nombreux salaris assistent des runions tout en tant connect grce leurs outils mobiles

    au rseau de lentreprise et effectuent simultanment plusieurs tches au mme moment.

    1.2.2.6. Maximisation du temps (la fin des temps morts )

    Lexamen des pratiques de travail des managers nomades met en vidence que ceux-ci

    maximisent lutilisation de leur temps quotidien (Isaac, 2006 ; Isaac et Besseyre des Horts,

    2007). Grce aux technologies mobiles, ceux-ci profitent des temps morts (attente,

    transport, embouteillage) pour traiter leur courrier lectronique, lire des documents

    lectroniques, communiquer avec leurs collaborateurs. De faon plus globale, cette chasse aux

    temps morts sinscrit dans des logiques dintensification du travail (Queinnec, Barthe et

    Verdier, 2000).

    Il est donc indiscutable que les TIC gnrent des effets temporels sur le management de

    lentreprise (conception, production, gestion) et plus particulirement un sentiment durgence

    permanente (Jaurguiberry, 1998) chez les salaris li la vitesse accrue des processus et de

    linformation, la disponibilit permanente, la ncessit de ractivit. Ces effets temporels

    contribuent accrotre la surcharge informationnelle parce que les technologies de

    linformation contribuent fortement la rduction des temps dont disposent les salaris pour

    traitement une tche. Cette compression temporelle gnre un sentiment durgence permanent

    dans de nombreuses organisations.

    1.3. Urgence, TIC, surcharge informationnelle

    Lanalyse des effets temporels des TIC et lanalyse du phnomne de la surcharge

    informationnelle montre bien le lien que les TIC constituent entre ces deux notions.

    Longtemps focalise sur la dimension volume dinformation , lanalyse de la surcharge

    doit intgrer la dimension temporelle compte tenu du rle croissant des TIC dans le

    management de lentreprises. Un ensemble de travaux de recherche accorde TIC un rle

    exacerbant dans lmergence dune situation gnralise durgence (Aubert,1998, 1999, 2000,

    2005 ; Jaurguiberry, 2003a,b, 2004, 2005) que notre analyse a dtaill.

    Par consquent, le modle que nous proposons vise clairer le rle particulier des

    technologies de linformation sur la surcharge informationnelle et plus particulirement sur

    leur rle aggravant dans la rduction des temps de traitement (compression du temps), des

    temps de rponse (ractivit), la disponibilit permanente (lubiquit), la maximisation du

    temps (fin des temps morts). La notion durgence permet de rendre visible la dimension

    temporelle de la surcharge. Selon Jaurguiberry (2003), lurgence nat toujours dune

    double prise de conscience : dune part, quun pan incontournable de la ralit relve dun

    scnario aux consquences dramatiques ou inacceptables et, dautre part, que seule une action

    dune exceptionnelle rapidit peut empcher le scnario daller son terme .

    Le modle intgre donc les trois dimensions de la surcharge informationnelle (volumtrie,

    communicationnelle, cognitive), les effets temporels (lurgence), et des variables modratices

    comme les caractristiques des individus et des caractristiques organisationnelles (Figure 1).

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • Figure 1. Le modle

    De cette revue de littrature, et partir de ce modle, nous formulons les hypothses

    suivantes :

    H1 : La surcharge informationnelle est influence positivement par les TIC.

    H2 : Lurgence perue est influence positivement par les TIC.

    H3 : La surcharge dactivit est influence positivement par les TIC.

    H4 : La surcharge informationnelle et lurgence perue sont corrle positivement.

    H5 : La surcharge dactivit est influence positivement par la surcharge informationnelle.

    H6 : La surcharge dactivit est influence positivement par lurgence perue.

    Linfluence du contexte de lentreprise (taille, secteurs), du contexte organisationnel (niveau

    hirarchique, ventail de subordination, activit internationale), du contexte individuel (ge,

    sexe, formation) nest envisage qu titre exploratoire.

    2. Recherche empirique

    2.1 Mthodologie

    Les donnes ont t collectes auprs de salaris en formation au sein de la Cegos dans le

    cadre de lObservatoire Dauphine-Cegos du e-management. Les questionnaires ont t

    remplis par les salaris la fin des sminaires de formation. Les items proposs taient

    associs des chelles en 7 points allant de pas du tout daccord tout fait daccord

    compltes de la modalit non concerne . Les enqutes ont t ralises au printemps de

    chaque anne de 2001 2005.

    2.1.1. Prsentation de lchantillon

    Tableau 1 : Effectifs interrogs

    2 001 2 002 2 003 2 004 2 005 Total

    2 929 2 563 2 889 1 358 2 998 12 737

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • Tableau 2 : Secteurs des entreprises auxquels appartiennent les salaris interrogs

    BTP Industrie Commerce

    Distribution

    Htellerie

    Restauration Transports

    Tlcommunications

    services

    informatiques

    Activits

    financires

    immobilires

    Services

    aux

    entreprises

    Services

    aux

    particuliers

    Autres

    416 6 105 1 135 173 361 1 145 1 105 1 098 928 271

    3,3% 47,9% 8,9% 1,4% 2,8% 9,0% 8,7% 8,6% 7,3% 2,1%

    Tableau 3 : Taille des entreprises auxquels appartiennent les salaris interrogs

    < 50 51-500 501-5 000 5 0001-10 000 > 10 000

    768 4 289 3 830 718 3 131

    6,0% 33,7% 30,1% 5,6% 24,6%

    Lchantillon a t redress par rapport deux variables de nature dmographique dont

    linfluence sur les rponses a t observe, la taille de lentreprise et le secteur auquel les

    salaris appartiennent.

    2.1.2. Mesure des concepts

    Le questionnaire prcisait en titre Observatoire Dauphine Cegos du e-management :

    Comment vivez-vous lintroduction des technologies de linformation & de la

    communication ? et comportait 70 questions didentification, dusage des TIC et dopinion.

    Les items suivants taient associs la phrase dintroduction suivante Du fait de

    lintroduction des nouvelles technologies : . .

    Tableau 4 : Concepts, items et rfrences

    Perception Items Rfrences dans la littrature justifiant les items

    Je dois prendre des dcisions dans un laps

    de temps plus court Aubert (2004)

    De lurgence Je reois plus frquemment des

    informations ncessitant une rponse

    immdiate

    Assadi et Denis (2005)

    Je reois trop de courriers lectroniques que

    je n'ai pas le temps de traiter

    Assadi et Denis (2005)

    Kimble, Grimshaw et Hildreth (1998)

    Helmersen, Jalalian, Moran et Norman (2001)

    Metzger et Clach (2004)

    De la surcharge

    communica-

    tionnelle

    Je reois trop de courriers lectroniques

    inutiles ne me concernant pas

    Kimble, Grimshaw et Hildreth (1998)

    Saintive (2000)

    Helmersen, Jalalian, Moran et Norman (2001)

    De la surcharge

    informationnelle

    Je traite un volume d'informations plus

    important

    Assadi et Denis (2005)

    Helmersen, Jalalian, Moran et Norman (2001)

    Autissier et Lahlou (1999)

    De la surcharge

    cognitive

    Je passe davantage de temps classer

    l'information

    Helmersen, Jalalian, Moran et Norman (2001)

    Autissier et Lahlou (1999)

    Je travaille plus souvent sur mon temps

    personnel en dehors des horaires de travail

    Assadi et Denis (2005)

    Metzger et Clach (2004) De la suractivit

    Je traite plus de dossiers qu'auparavant Hovmark et Thomson (1995)

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • 2.2. Rsultats

    2.2.1. Evolution de la perception sur 5 ans.

    Tableau 5 : Pourcentages daccord avec les items (modalits > 3/7)3

    2001 2002 2003 2004 2005 Moyenne

    Je dois prendre des dcisions dans un laps

    de temps plus court 65,5% 67,4% 67,1% 70,4% 70,9% 68,1%

    Urgence Je reois plus frquemment des

    informations ncessitant une rponse

    immdiate

    81,3% ND ND ND ND 81,3%

    Je reois trop de courriers lectroniques que

    je n'ai pas le temps de traiter 37,7% 39,4% 42,4% 49,2% 50,2% 43,4% Surcharge

    communica-

    tionnelle Je reois trop de courriers lectroniques

    inutiles ne me concernant pas 39,8% 42,3% ND ND ND 41,0%

    Surcharge

    informationnelle

    Je traite un volume d'informations plus

    important 71,7% 70,8% 74,4% 77,4% 79,3% 74,6%

    Surcharge

    cognitive

    Je passe davantage de temps classer

    l'information 42,9% 47,4% 49,6% 58,3% 57,2% 50,5%

    Je travaille plus souvent sur mon temps

    personnel en dehors des horaires de travail 32,2% 36,8% 40,7% 43,5% 44,6% 39,2% Surcharge

    dactivit Je traite plus de dossiers qu'auparavant ND 49,8% 55,6% 59,8% 61,0% 56,4%

    Lobservation des rsultats moyens sur 5 annes et de leur volution appelle les commentaires

    suivants sur les effets des TIC:

    Lurgence perue par les salaris au travers de lexigence de prendre des dcisions dans un laps de temps plus court est ressentie en moyenne par un pourcentage trs

    lev des salaris (68,1%). Il faut en outre noter que cette perception est croissante

    sur les cinq annes et passe de 65,5% prs de 71%. Lexige dinstantanit dans la

    rponse tait perue par plus de 81% de la population interroge en 2001.

    La surcharge communicationnelle apprhende au travers de la perception dun nombre trop important de messages reus est perue par environ 40% de lchantillon.

    Sur 5 ans la perception dun nombre trop grand de courriels reus passe de 37,7%

    50,2%.

    La surcharge informationnelle, cest--dire, le volume trop important dinformations traiter est ressenti par les de la population interroge(74,6%). Cette proportion est croissante sur les 5ans.

    La surcharge cognitive, estime au travers du temps requis pour classer linformation, augmente et passe de 43% en 2001 57% en 2005.

    La surcharge dactivit concerne prs de 40% de la population pour ce qui est de lempitement du temps de travail sur la vie personnel et de plus de 56% pour le

    volume de dossiers traits. Cette perception de surcharge dactivit est, elle aussi,

    croissante avec le temps.

    3 ND : non disponible, question non pose cette anne-l. % calculs excluant les non-rponses.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • 2.2.2. Les relations entre perceptions

    2.2.2.1. La construction dindices

    Nous navons retenu que les variables disponibles sur 2001-2005. Un indice de

    surinformation a t construit par addition des rponses aux items surcharges

    communicationnelle, informationnelle, cognitive. Un indice de suractivit a t constitu de la

    mme faon partir des items portant sur le travail hors de lentreprise (dbordement) et sur

    le volume de dossier traiter.

    Pour les TIC nous avons cr deux indices par sommation

    TIC quipement & usage :

    - dquipement : ordinateur au domicile, portable,

    - de connexion : accs internet au travail, au domicile,

    - dapplications disponibles : intranet, ERP, agenda partag, agenda lectronique,

    - dusage : nombre de courriels reus par jour.

    TIC exprience dutilisation :

    - dure dutilisation des TIC.

    2.2.2.2. Les corrlations entre perceptions

    Tableau 6 : Corrlations

    Variables 1 2 3 4 5

    1. TIC quipement et usage 1

    2. TIC exprience 0,315 1

    3. Surinformation 0,256 0,168 1

    4. Urgence 0,132 0,104 0,272 1

    5. Suractivit 0,282 0,124 0,412 0,336 1

    Toutes les corrlations sont significatives (p < 0,01)

    Les corrlations entre les cinq indices sont toutes positives et significatives. Les corrlations

    les plus fortes sont entre surinformation et suractivit (.412), urgence et suractivit (.336).

    2.2.3. Les dterminants de la suractivit

    Lensemble des hypothses ont t testes simultanment laide dun modle dquations

    structurelles (figure 2). Ce modle prsente un trs bon degr dajustement aux donnes, quel

    que soit lindice dajustement considr (Roussel et alii., 2002) : 02 = 8489 [ddl0 = 36] ; 12 = 235 [ddl1 = 17] ; NFI = 0,972 ; CFI = 0,974 ; GFI = 0,989 ; AGFI = 0,974 ; RMSEA (90%) = 0,044 (0,039-0,049).

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • Figure 2 : Modle test

    TICquipement/usage

    TICexprience

    Surinformation

    Urgence

    Suractivit0,097

    0,138

    0,532

    0,435

    0,370

    0,535

    0,128

    0,249

    0,357

    0,613

    Tous les coefficients sont significatifs pour p < 0,01.

    Le bon degr dajustement du modle aux donnes permet de conclure que les hypothses

    poses suffisent bien rendre compte de la ralit mesure par les donnes. Le fait que

    lensemble des coefficients structurels sont statistiquement significatifs permet de conclure

    que toutes les hypothses sont valides.

    Les rsultats montrent plus prcisment que :

    la surinformation est influence directement par les TIC, plus fortement par

    lquipement / usage (0,532) que par lexprience (0,370) ;

    lurgence est influence directement par les TIC plus fortement par lexprience

    (0,535) que par lquipement / usage (0,435) ;

    surinformation et urgence sont corrles positivement (0,249) ;

    la suractivit est influence directement par la surinformation (0,357) et surtout par

    lurgence (0,613) ;

    Linfluence des TIC sur la suractivit est partiellement mdiatise par la

    surinformation et lurgence, puisquil subsiste une influence directe, assez faible mais

    significative, de lquipement / usage (0,138) et de lexprience (0,128) sur la

    suractivit.

    2.2.4. Analyse des perceptions durgence, de surcharge informationnelle et dactivit par rapport au contexte

    De faon rduire les donnes, une analyse en composantes principales sur les 6 variables

    disponibles quatre annes (2002-2005) a permis didentifier un facteur traduisant un axe

    croissant durgence, de surcharge informationnelle et dactivit.

    Les scores moyens sur cet axe ont t calculs par rapport aux caractristiques suivantes :

    - de lentreprise : secteur, taille ;

    - du salari : age, sexe, formation ;

    - du poste de travail : niveau hirarchique, nombre de collaborateurs, activit

    international.

    Les rsultats sont rsums dans le tableau 7.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • Tableau 7 : Perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit

    Critres Rsultats

    ENTREPRISE

    Secteurs

    La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit est particulirement

    leve dans les tlcoms et dans les services informatiques, trs faible dans le BTP, les

    services aux particuliers

    Taille La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit augmente avec la

    taille de lentreprise

    SALARIE

    Formation La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit augmente avec le

    niveau de formation

    Sexe La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit est plus leve chez

    les hommes

    Age La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit augmente avec lge

    POSTE DE TRAVAIL

    Niveau

    hirarchique

    La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit augmente avec le

    niveau hirarchique

    Eventail de

    subordination

    La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit augmente avec

    lventail de subordination

    Travail

    linternational

    La perception de lurgence, de la surcharge informationnelle et dactivit est plus forte pour

    les salaris qui travaillent linternational

    Conclusion

    Cette recherche a mis en vidence les effets temporels luvre dans la surcharge

    informationnelle, la surcharge dactivit. Loin dtre un piphnomne, ces surcharges sont perues par un nombre croissant de salaris chaque anne comme en attestent les

    donnes empiriques. Plus encore, cette recherche a permis de relier conceptuellement les notions durgence et de surcharge informationnelle, de suractivit grce la prise en

    compte des effets temporels des TIC. Ces quatre dimensions apparaissent comme tant corrles positivement. De plus, la surcharge informationnelle, lurgence et, un degr

    moindre, les TIC apparaissent comme des dterminants de la surcharge dactivit.

    Le contexte de lentreprise, du salari, du poste de travail diffrencient significativement

    les rsultats de perception en matire durgence, de surcharge informationnelle et dactivit.

    Cette recherche porte sur la perception individuelle des salaris de la surcharge informationnelle. En isolant le rle des TIC nous avons nglig un certain nombre

    variables organisationnelles (nature de la tche, structure de lorganisation, nature des processus en jeu) dont plusieurs recherches prcdentes montrent le rle dans les

    situations de surcharge informationnelles. Cette premire recherche devrait senrichir dans le futur de plusieurs tudes qualitatives qui se focalisent en premier lieu sur le

    niveau de groupes (les quipes projet, par exemple, dans lesquelles la matrise du temps (gestion des dlais) occupe une place centrale), en deuxime lieu sur des contextes

    structurels diffrents (centraliss/dcentraliss), et en troisime lieu sur les situations de tltravail et de nomadisme.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • Bibliographie.

    H. Assadi et J. Denis (2005), Les usages de l'e-mail en entreprise : efficacit

    dans le travail ou surcharge informationnelle ? , in Le travail avec les

    technologies de l'information, E. Kessous et J.M. Metzger, Paris, Hermes,

    p. 135-155.

    N. Aubert (1998), Le sens de lurgence , Sciences de la Socit, n44, pp 29-

    41.

    N. Aubert (1999), Le Management par lurgence , in Ingrid Brunstein (dir.)

    Lhomme lchine plie , Paris, Descle de Brouwer.

    N. Aubert (2000), Les pathologies de lurgence, disponible en-ligne

    http://www.cee-recherche.fr/fr/sem_intens/seance16/patho_urgence.pdf.

    N. Aubert (2005), Lindividu hypermoderne, Ers.

    D. Autissier et S. Lahlou (1999), Les limites organisationnelles des TIC :

    mergence dun phnomne de saturation cognitive , Actes du IV

    Colloque de lAIM, Cergy, pp. 121-139.

    N. Boukef (2005), Utilisation du courrier lectronique dans lactivit

    managriale : usages, intrts et limites. Thse doctorat Universit Paris

    Dauphine, Crepa-DRM.

    N.Boukef, M. Kalika, (2006) La thorie du millefeuille, le rle du contexte ,

    Systme dInformation et Management, vol 11, n4, pp. 1-26. 2006.

    A.F. Farhoomand et D.H. Drury (2002), Managerial information overload ,

    Communication of the ACM, 45,10, pp. 127-131.

    A. Edmunds et A. Morris (2000), The problem of information overload in

    business organisations: a review of the literature , International Journal of

    Information Management, 20, pp.17-28.

    M.J. Eppler et J. Mengis (2004), The concept of information overload : a

    review of litterature from Organization sience, Accounting, Marketing,

    MIS and Related disciplines , The Information Society, 20, pp. 325-344.

    A. Gupta, R. Sharda, R. Greve et M. Kamath (2004), An exploratory

    analysis of email processing strategies , Proceedings of 22nd

    Annual

    Decision Sciences Meeting, Boston.

    P. Helmersen, A. Jalalian, G. Moran et F. Norman (2001), Impacts of

    Information Overload, Eurescom, disponible en ligne

    http://www.eurescom.de/public/projectresults/P900-series/947d1.asp.

    B. V. Hooff (2004), Electronic coordination and collective action : use and

    effects of electroning calendaring and scheduling , Information &

    Management, 42, pp. 103-114.

    S. Hovmark et H. Thomsson (1995), A questionnaire for measuring

    workload, social

    support, control and competence in work life , Report n86, Department of

    Psychology, Stockholm University, Sweden.

    H. Isaac et M. Kalika (2001), Organisation, technologie de linformation et

    vie prive. , Revue Franaise de Gestion, n134, Juillet.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • H. Isaac (2002), Les dfis du management lre numrique , in M .Kalika,

    Les dfis du management, Editions Liaisons.

    H. Isaac (2006), Le manager distance : mergence dun manager nomade.,

    in Management & TIC. 5 ans de e-management, ouvrage dirig par M.

    Kalika, 256 p., Editions Liaisons, Paris.

    H. Isaac et C.H. Besseyre des Horts (2007), Limpact des TIC mobiles sur

    les activits des professionnels en entreprise , Revue Franaise de

    Gestion,n168-169, pp.243-266, Janvier.

    F. Jaurguiberry (1998), Tlcommunications et gnralisation de l'urgence

    , Sciences de la socit, n 44 , pp. 83-96.

    F. Jaureguiberry (2003a). "L'homme branch : mobile et press", in Modernit

    : La nouvelle carte du temps, Ascher F., Godard F. (dir.), Paris, L'Aube, pp.

    155-167.

    F. Jaureguiberry (2003b), Les branchs du portable. Sociologie de la

    tlphonie mobile, 196 p., PUF, Paris.

    F. Jaureguiberry (2004), "Hypermobilit et tlcommunication", in Les sens du

    mouvement. Modernit et mobilits dans les socits urbaines

    contemporaines, S. Allemand, F. Ascher et J. Levy (dir.), Paris : Belin, pp.

    130-138.

    F. Jaureguiberry (2005), "L'immdiatet tlcommunicationnelle", in

    Nouvelles technologies et mode de vie, Ph. Moati (dir.), Paris, lAube, pp.

    85-98.

    Q. Jones, G. Ravid et S. Rafaeli (2004), Information overload and the

    message dynamics of online interaction soaces : a theoritical model and

    empirical exploration. , Information Systems Research, 15,2, pp. 194-210.

    M. Kalika, M. Ledru, H. Isaac, C. Beyou et E. Josserand (2003), Le e-

    management: quelles transformations dans lentreprise ? , Liaisons.

    M. Kalika & alii (2006), Management & TIC. 5 ans de e-management, 256

    p., Editions Liaisons, Paris.

    M. Kalika (2007), Du choix des mdias au management dun portefeuille de

    mdias : La thorie du millefeuille , in Connaissance et

    management , Hommage Robert Reix, Dubois P.L., Dupuy Y. (eds.).

    M. Kalika, N.Boukef et H. Isaac (2007), La thorie du millefeuille. De la

    non-substitution entre communications lectroniques et face face. ,

    Revue Franaise de Gestion.

    M.G. Kocher et M. Sutter (2005), Time is money-Time pressure, incentives,

    and the quality of decision-making , Journal of Economic Behavior &

    Organization, corrected in proof.

    C. Kimble, D.J. Grimshaw et P.M. Hildreth (1998), The role of contextual

    clues in the creation of Information Overload. Matching Technology with

    Organisational Needs , Proceedings of 3rd

    UKAIS Conference, April,

    Lincoln University, McGraw Hill, pp. 405-412.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07

  • H. Lee (2003), Your time and my time : a temporal approach to groupware

    calendar systems , Information & Management, 40, pp.159-164.

    R. Meier (1963), Communication overload : proposals from the study of a

    university library , Administrative Science Quarterly, 7, pp. 521-544.

    J.L. Metzger et O. Clach (2004), Le tltravail des cadres : entre suractivit

    et apprentissage de nouvelles temporalits , Sociologie du Travail, 46,

    pp.433-450.

    S. Nordqvist, S. Hovmark et A. Zika-Viktorsson (2004), Perceived time

    pressure and social processes in project teams , International Journal of

    Project Management, 22, pp. 463-468.

    C.A. OReilly (1980), Individuals and information overload in organizations :

    is more necessarily Better ? , Academy of Management Journal, 23, 4, pp.

    684-696.

    Y. Queinnec, B. Barthe et F. Verdier (2000), Rduction du temps de travail

    et organisation de lactivit de travail : des rapports ambigus et

    complexes , in Terssac G. (de), Tremblay D.G., O va le temps de

    travail ? Octars, Toulouse, pp. 133-142.

    V.P. Rindova et S. Kotha (2001), Continuous Morphing: competing

    through dynamic capabilities, form, and function, Academy of

    Management Journal, vol 44.

    P. Roussel, F. Durrieu, E. Campoy et A. El Akremi (2002), Mthodes

    dquations structurelles : recherch et applications en gestion ,

    Economica, Paris.

    B. Saintive (2000), Trois formes diffrencies dusage de la messagerie

    lectronique au sein dune organisation , Rseaux, 104, pp. 119-136.

    A.G. Schick, L. Gordon et S. Haka (1990), Information overload : a

    temporal approach , Accounting, Organizations and Society, 15,3, pp.

    199-220.

    D. Shenk (1998), Data Smog : surviving in the information glut, Harper, San

    Francisco, 256 p.

    C.W. Simpson et L. Prusak (1995), Troubles with information overload.

    Moving from quantity to quality in information provision , International

    Journal of Information Management, 15, 6, pp. 41-32.

    P.G. Smith et D.G. Reinertsen (1998), Developing Products in Half the

    Time , 2nd Edition, John Wiley and Sons, New York.

    B. Vacher (1998), Les enjeux de la manipulation de linformation , Systme

    dInformation et Management, 2,3, pp. 65-83.

    B. Vand den Hooff (2004), Electronic coordination and collective action : use

    and effects of electronic calendaring and scheduling , Information &

    Management, 42, pp.103-114.

    B. Withworth et E. Withworth (2004), Spam and the socio-technical Gap ,

    IEEE Computer, October, pp ; 38-45.

    hals

    hs-0

    0155

    119,

    ver

    sion

    1 - 1

    5 Ju

    n 20

    07