Surdouance Et Echec Scolaire

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    Surdouance et chec scolaireClaudia Jankech

    Abstract :Cet article traite sur les enfants et adolescents surdous qui ont consult notre cabinet.Lhtrognit est la rgle. Lexamen psychologique savre tre un outil scientifique trs utile pourcomprendre le fonctionnement du sujet, aussi bien intellectuel quaffectif. Cette comprhension permetdorienter les diffrentes prises en charge psychothrapeutiques ou pdagogiques et mettre envidence dventuels troubles associs qui sont trs tardivement dtects chez lenfant et ladolescent haut potentiel intellectuel, masqus par une intelligence surdimensionne qui leur permet uneadaptation suffisante, qui peut, paradoxalement, les amener lchec. Ds lors, face une tellevarit de situations, seules les mesures adaptes au fonctionnement de lindividu singulier peuventleur permettre de trouver la voie de lintgration et la russite hauteur de leurs comptences.

    Lexamen psychologique avec lenfant surdou: une analyse scientifique du fonctionnementEn tant que psychologues, nous devrions revaloriser l examen psychologique. Un bilan complet,affectif et intellectuel, permet en effet danalyser le fonctionnement dun sujet en mettant en videncela gestion motionnelle, la structure de la personnalit, le niveau intellectuel et la dtection dventuelstroubles associs. Il permet en outre lvaluation des progrs (Berger (1))*. Si ce constat est valablepour tous les enfants afin de favoriser une croissance psychique harmonieuse, il savreparticulirement fructueux avec lenfant surdou non reconnu car il ne parvient pas utiliser ses

    comptences.

    Lhtrognit est frquente chez les enfants HP, inexplique scientifiquement mais objectivable.Les concepts de dysharmonie labors partir de sujets prsentant des troublespsychopathologiques ne peuvent apporter un clairage satisfaisant : il faudrait savoir si elle seretrouve dans la population tout venant et si elle est lie une souffrance ou une inadaptation. Dansma patientle, les sujets prsentant un cart important entre le verbal et le performance se portaientparfois trs bien et certains prsentant une grande homognit intellectuelle prsentaient despathologies psychiques. Terrrassier (2) a parl de dysynchronie pour illustrer les dcalages entre leniveau social, intellectuel, s motionnel chez le HP. Il en va de mme pour le niveau attentionnel, lamotricit, le langage crit ou oral et du niveau scolaire. Mme le sujet brillant dans tous les domaines,y compris relationnel, naura jamais la maturit affective de son ge mental, i l lui manquera toujourslexprience. Dailleurs cela devrait nous rjouir car un enfant qui aurait la maturit dun adulte seraitbien malheureux. De tels contrastes peuvent exister chez un individu trs dou sur le plan moteur

    mais limit sur le plan intellectuel mais cela interpelle moins.

    Les enfants HP peuvent rencontrer des problmes dadaptation, constat qui a t fait dans les annes70 par le prof Ajurriaguerra (4), le premier parler de surdou , constat oubli par les spcialistes.Ltude longitudinale de Terman sur ce sujet (5) a mis en vidence une image exclusivement positivedes gifted car il ntait constitu que de bons lves (les enseignants ayant choisi les sujets deltude). Or, nous rencontrons bien des enfants avec des QI trs levs qui dysfonctionnent aussi biensur le plan scolaire que relationnel, sans forcment prsenter des troubles de la ligne psychotique oudes troubles de la personnalit.

    Observations faites par les neurosciences : lenfant surdou a un fonctionnement crbral plusperformantE. Winner dans son ouvrage (6) mentionne que le seuil dactivation du cerveau est plus lev chez lesindividus lintelligence hors norme(4). Selon J.C.Grubar (7), ltude des potentiels voqus, le

    surdou transmet plus rapidement linformation au cortex. En ce qui concerne la mmoire de travail,elle serait 2,5 fois suprieure entre un sujet ayant un QI de 140 et celui avec un QI de 95, celaconcerne la dure de la mmoire de stockage et la quantit dinformation stocke.

    La dernire recherche concerne les observations de la passation de QI sous IRM : Philipp Shaw etcoll. (8) ont suivi longitudinalement 307 jeunes pendant 15 ans. Ils constatent : les jeunes ayant unQI lev (dans leur chantillon des QI allant de 121 145) se distinguent par la rapidit avec laquellela partie pensante de leur cerveau spaissit puis samincit au cours de leur dveloppement . Celasignifie quils ont un cerveau particulirement plastique. Il est intressant de constater que lors de lapassation du test de QI sous IRM, les zones actives sont les zones prfrontales.

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    Ce fonctionnement trs performant peut tre en grand dcalage avec le niveau de maturit affective,cette dernire tant lie lexprience et la structure de la personnalit. La grande sensibilit delenfant HP est souvent considre comme un manque de maturit mais serait plutt mettre enrelation avec une lucidit embarrassante qui lui fait percevoir des problmes ingrables etgnrateurs danxit au vu de son jeune ge.

    Cette htrognit, entrane souvent un regard ngatif et ainsi une altration de limage de soi, une

    baisse de lestime de soi, il sera trs vite tax de paresseux , immature , car il est intelligent et ilse comporte comme un enfant. Le bilan psychologique permet de reconnatre les comptences ainsique les faiblesses, souvent relatives, de poser un nouveau regard sur le fonctionnement de lenfant,plus complet et plus scientifique. Cela amliore lestime de soi avec des rpercussions importantessur le comportement (cf. Evaluation des mesures prises , Asep 2001) (9). Lenfant se sent mieux,reconnu. Parmi mes patients, un enfant de 10 ans avec un QI de 151(homogne), sa matresse lesituait dans la moyenne suprieure de la classe (il souffrait dune dyslexie) malgr son excellence enmathmatiques. Ses parents le considraient dans la norme. Le psychothrapeute traitant affirmaitquil ntait pas surdou (sans avoir pratiqu de tests). La possibilit dtre considr en fonction detoutes ses aptitudes et particularits lui a permis de se construire une image plus cohrente de lui-mme.

    Lintelligence motionnelle :un bilan psychologique correctement men permet de mettre en vidence la gestion motionnelle etson influence trs importante sur le fonctionnement intellectuel. Comme la justement dit le clbreneuropsychologue amricain Damasio (10) je suis donc je pense au lieu du je pense donc jesuis de Descartes. En tant que psychologues cliniciens nous le savons depuis longtemps. Parexemple, nous constatons souvent que les anxieux doutent deux-mmes et peuvent se trouver enchec ou ne pas utiliser leurs comptences.

    Nous pouvons observer la gestion motionnelle du sujet tout au long de lexamen psychologique. Eneffet, si le test de QI concerne incontestablement plusieurs formes dintelligence (linguistique, logique,et visuo-spatiale notamment) la passation sollicite fortement les motions. Ainsi, il est difficile pourcertains enfants de grer la situation dexamen au cours de laquelle lexaminateur est constammentface au sujet, pose des questions non-prpares, utilise le chronomtre, le confronte lchec. Il estdonc important dobserver les ractions du sujet mais aussi de faire un bilan affectif (entretien, dessin,tests projectifs) et refuser catgoriquement de passer le test de QI tout seul car nous devons resituerle fonctionnement intellectuel dans le cadre de la personnalit globale.

    Si nous nous rfrons aux critres qui concernent la dite intelligence motionnelle , i ls sont, monavis, indispensables pour sadapter la situation de test (matrise de soi, motivation, enthousiasme etpersvrance) et observables tout au long du bilan psychologique, notamment lors de lentretienclinique (conscience de soi, empathie, adquation sociale).

    Les tests projectifs sont indispensables si les parents ou les enseignants signalent des troublesrelationnels, comportementaux ou tout autre symptme invalidant et, bien sr, si le sujet est ensouffrance. Des questionnaires tels que le R-CMAS (anxit) (11) ou le MDIC (chelle de dpression)(12) savrent par ailleurs des outils fiables et rapides util iser, nous permettant de dtecter destroubles qui ne sont pas toujours visibles, mme aux preuves projectives.

    Une gestion motionnelle difficile peut parfois, expliquer linadaptation scolaire. Lvolution du QI dedeux filles testes 3 fois au cours de leur enfance met en vidence lhtrognit des niveaux au fildu temps.

    Variation au cours du dveloppement du QI total chez deux filles HP

    1er test (enfantine) 2me test(primaire)

    3me test(secondaire)

    Fille (exemple no 1) WPPSI R : 115global

    WISC III 110 WISC IV 138

    Fille (exemple no 2) WPPSI R : 114global(Columbia : 132)

    WISC III 136 WISC IV 125ICV 130, IRP132IVT 106, IMT 94

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    Il sagit l de deux exemples parmi tant dautres. I l semble ds lors important de rester trs prudentsavant de se prononcer sur le potentiel intellectuel dun patient. En effet, le QI mesure lutilisation delintelligence dans des conditions et des talonnages standardiss. A partir de cette mesure nousinfrons le potentiel, ce qui implique que le rsultat peut ne pas correspondre au potentiel du sujet.Les retests sont essentiels, condition de respecter un intervalle de 2 ans (sauf si lenfant change detranche dge). En effet, si avec un QI gal ou suprieur 130, nous sommes incontestablement face un enfant trs suprieurement dou, il est au contraire trs diff icile, dans certains cas, daffirmer le

    contraire. Les donnes anamnestiques et lobservation de lenfant, en famille et lcole, sont trsimportantes pour faire lhypothse dun dcalage entre le potentiel et son utilisation. Cette hypothsesera dautant plus probable que la russite aux preuves lies lintelligence verbale, logique et labstraction, est trs suprieure. Les causes de cette mauvaise utilisation des aptitudes est chercher dans le fonctionnement du sujet et lies des problmes spcifiques de type affectif ouinstrumental.

    Lchec scolaire du surdou (voir paragraphe no 5 sous Prsentations)

    Surdouance et troubles associsAu dbut de ma pratique intensive avec lenfant haut potentiel intellectuel, javais tendance penserque face un QI trs lev et homogne, nous pouvions, avec forte probabilit, exclure un troubleassoci de type thada. Trs rapidement, jai constat que le dysfonctionnement de lenfant surdou lcole peut, frquemment, tre attribu une difficult au niveau du langage crit (dyslexie) et de

    lattention (dficit dattention). Mme si la premire cause reste linadaptation au niveau delenseignement reu et les difficults relationnelles.

    Donnes scientifiquesDaprs mon exprience, le nombre de HP qui ont eu besoin de psychothrapie (cf.mon tude sur 90enfants HP sur le compte rendu du congrs Asep 2001(9)) est de 20%. Ce pourcentage semblecorrespondre aux rsultats des recherches sur les sujets tout-venant . En effet, La prvalence destroubles psychiques de lenfant et de ladolescent a t abondamment tudie. Elle constitueactuellement un problme majeur de sant publique. Les recherches actuelles lestiment autour de20% (15), les auteurs citent en particulier le livre de Roth et Fonagy : What works for Whom ? Acritical review of psychotherapy research ). Abella et Manzano soulignent notamment que lespathologies sont estimes banales et tendant spontanment disparatre, et ceci dautant plus sielles naffectent pas svrement ladaptation sociale ou les apprentissages scolaires et ne drangentpas fortement leur entourage .

    Ltude de Escribe, Rog, Blicharscky (16) effectue sur 98 enfants de lANPEIP (AssociationNationale pour les Enfants Intellectuellement Prcoces, France ) met en vidence un taux biensuprieur et cest seulement 31% de ces enfants, de 10 15 ans, qui ont t retenus nayant pas deproblmes dadaptation ni de pathologie psychique.

    Les tudes faites avec les enfants HP posent un problme important dchantillonage : en effet,quoique le groupe provenant dune association ne soit pas un groupe clinique, il ne correspond pasforcment non plus un chantillon reprsentatif des sujets haut potentiel intellectuelcorrespondant, au dessus de 130 de QI, 2% de la population gnrale.

    La recherche de Terman (Gifted growns up, 5) a dcrit un tableau trs optimiste partir des enfantsquils ont suivis longitudinalement pendant plusieurs annes. Il a par exemple mis en vidence queces enfants dormaient trs bien . Actuellement, au sein de lASEP, le taux de difficults de sommeilest important (62% (9)). La recherche de Escribe et coll met galement en vidence un taux trsimportant de troubles du sommeil (60,42% ayant des troubles du sommeil 10 ans). En ce quiconcerne dautres troubles il faut relever quils ont mis en vidence : 55,21% de troubles dpressifs,31,25 % de troubles alimentaires et 25% de problmes visuels.

    La diffrence entre ces tudes est avant tout une diffrence la constitution de lchantillon : alors queTermann a choisi les surdous travers les enseignants, qui ont videmment signal les bons lves,et dpeint une volution trs favorable de ces enfants, les autres (aussi bien mon tude que celle deEscribe et coll) partent de groupes denfants ayant rejoint une consultation ou une association car,dans bien des cas, ils prsentent des troubles. En ce qui concerne ma consultation, 12% des enfantset adolescents venaient par simple curiosit le reste prsentait des problmes, plus ou moins

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    importants, dans les domaines scolaire, relationnel et/ ou comportemental. Soulignons par ailleurs queltude de Escribe a t tudie grce une analyse statistique ce qui nest pas le cas de mon travailqui est considrer plus comme une photographie de mes consultants que comme une recherchescientifique, que je nai pas le moyen de mener en cabinet priv. Nous pouvons toutefois fairelhypothse que, dans la population totale des HP, ceux qui ne rejoignent pas une association ou neconsultent pas, ne sont pas forcment des enfants qui vont trs bien mais galement des enfants engrande souffrance dont le haut potentiel nest pas dtect ou considr.

    Il sagit donc de retenir que la surdouance reste un facteur de risque important et que, cest surtout aucours de leur dveloppement que les problmes apparaissent. Ainsi, Escribe et collaborateursconcluent : Nos rsultats nous loignent dune attribution causale impliquant uniquement desprdispositions biologiques, ils nous rapprochent dune causalit davantage dtermine par desfacteurs contextuels et des dgts occasionns par des stress chroniques. Et les auteurs deconseiller : lurgence dune prise en compte plus consensuelle . Comme pour lchec scolaire, quidevient important partir de 11-12 ans, les problmes apparaissent ou sont dtects au cours de lacroissance.

    I. Le TDAH: trouble dficit dattention avec hyperactivit : Troubles hyperkintiques (ICD-10 :F90)Le thada se manifeste de manire trs diffrente chez un enfant HP. Lenfant HP souffrant dun dficitdattention sera capable de se concentrer dans des activits intressantes et adaptes son niveauintellectuel. Par contre, sil est en classe, avec un enseignement un rythme trop lent et peu adapt son niveau, il prsentera des difficults dattention, dorganisation trs importantes, et/ou desdifficults dintgration avec ses pairs.

    Exemple no 1: Pendant la passation de la partie verbale du WISC III, Arthur na pas cess dearpenter la pice, ce qui ne la pas empch davoir un QI verbal de 148 mais un QI performancede 93 car lorientation spatio-temporelle et le graphisme semblaient compromis, il narrivait pas rester assis et canaliser son attention, tait-ce la cause de cette dysharmonie entre verbal etperformance? (code 1, cubes 7, symboles 8). La prise de Ritaline a trs rapidement amlior lefonctionnement ce cet enfant, notamment le problme de comportement aussi bien en classe qula maison.

    Ce quil est important de souligner : on ne peut pas dcrire un tableau typique du HP souffrant deThada. Parfois le comportement est difficile et lenfant na pas de problme scolaire, ou biendautres fois le verbal est trs bon et le performance beaucoup plus bas mais le contraire existeaussi. Dautres fois les indices intellectuels sont bons et seulement les indices vitesse et mmoirede travail sont bas.Il est important dexclure un trouble de la personnalit, une dpression ou tout autre trouble dela sphre affective.

    Critres diagnostiques : alors quil faut que les symptmes se relvent dans les deux domaines(scolaire et familial), chez les HP il ressort clairement que, trs souvent, les symptmes ne semanifestent pas dans les deux endroits.

    II Troubles des conduites (ICD-10 : F91)Les critres ICD 10 pour ce diagnostic sont : un rsultat de 10 points infrieurs lchelle de Bayley,faibles capacits de symbolisation et de langage, donc plutt un dveloppement cognitif faible. Il fautdonc tre trs prudent avec ce diagnostig lorsquil sagit dun enfant surdou intellectuel. Dans monchantillon les parents parlent de manifestations comportementales drangeantes telles que

    lopposition, les crises de colre dans le cadre familial ou de comportement inadquat lcole. Laplupart des enfants que jai rencontrs dans le cadre dun bilan pour dtecter la surdouance et pourlesquels les parents voquaient des difficults comportementales, ont vu leur comportementsamliorer suite au diagnostic de surdouance (69%, cf prsentation sur lEVALUATION DESMESURES PRISES (9).

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    Exemple no 6: Garon examin en 1P vu ses problmes comportementaux trs importants enclasse. Suite la mise en vidence de sa surdouance et une adaptation de lenseignement (sautde classe) lenfant se calme, participe et ne pose plus de problmes. Jai revu ce jeune qui finitactuellement son cole obligatoire, sans avoir eu des problmes de comportement mis part unetendance donner facilement son avis aux enseignants, ce qui est considr comme delinsolence.

    III Les troubles du langage: dysphasie (ICD-10 : F80), retard dapparition du langage,dyslexie/dysorthographie (ICD-10 : F81) :La dysphasie est souvent diagnostique trs prcocement dans la vie de lenfant. Mais chez lesenfants surdous il arrive que les troubles soient dtects plus tardivement, notamment la dyslexie.

    1) La dysphasieLes enfants dyslexies ont souvent prsent une dysphasie dans la petite enfance. Sur le tableausuivant nous retrouvons lvolution dun garon dysphasique qui sest avr surdou.

    Garon 1erexamen 4ans5 mois

    1er bilanQI verbal invaluableNon verbalColumbia 131

    2me bilanQI verbal 86Non verbal 131Global 110

    3me bilanQI gal ou suprieur 130

    2) Au niveau du langage crit :En ce qui concerne la dyslexie : dans les petites classes, et parfois jusquen 7me , un enfantsuprieurement ou trs suprieurement surdou peut masquer compltement un tel trouble. Lenfantsadapte toujours, il va donc apprendre les lectures par cur, lire en diagonale (quelques mots cls luisuffiront pour comprendre lensemble), dduire les consignes partir du contexte (trs souventabondamment illustr). A ce sujet, la remarque dune fillette ne sachant pas lire et prsentant un QIsuprieur 130 est instructive : lorsque je lui demande comment elle se dbrouille lcole pour avoirdes apprciations excellentes en franais sans savoir lire elle me rpond : moi je lis seulementquand je ne comprends pas . Vu les fiches quelle doit remplir lcole alors quelle a unesurcapacit vidente, cette enfant navigue travers les apprentissages sans lire. Elle obtient desnotes excellentes mais elle nexerce pas sa lecture, sans aide en 5me elle sera en chec.

    Exemple : Marcel, pour viter sa dysorthographie, utilise uniquement des mots quil sait orthographier,comme il est trs intelligent il trouve facilement des structures de phrases diffrentes et dessynonymes possibles afin dcrire des mots pour lesquels il est sr.Exemple no 3: pour Sbastien, dont la dyslexie a t dtecte 12 ans, que je rencontre en 9meVSO (voie secondaire option, VD), lvolution a t difficile : il a fait une dpression suite lchecen franais dont le rsultat insuffisant lui a ferm la voie vers le baccalaurat et la conduit dans unevoie de garage. Le parcours de Sbastien nest pas considr par le systme scolaire vaudoiscomme un chec. Au vu de ses capacits et ses aspirations, cet adolescent pourrait tre en voiebaccalaurat.

    QI global: 116, verbal 111, performance 117Comprhension verbale: 113 (information bas), organisation perceptive 123

    Indices de BROWN: Indice verbal 120,8, Indice spatial 119,8, Indice deconcentration non calcul mais code 8 et arithmtique 9PM de RAVEN: 57/60, trs suprieur au centile 95 ce qui correspond au niveaucent 95 de BAC/BAC+2

    (cf : Compte rendu des confrences organises le 12 mai 2007 : Intelligence et Dyslexie, Lausanne(17)

    3) De la ncessit de dtecter et traiter trs prcocement : la rcupration est souventspectaculaire pour la lecture, vu leur curiosit intellectuelle, leur envie dapprendre et de dcouvrir toutce qui touche la connaissance ou aux histoires (nombreux sont les HP qui dclenchent la lecturegrce Harry Potter) et elle sera dautant plus importante que lintervention de la logopdiste seraprcoce. De plus, il faut absolument tenir compte de l cart entre le niveau de lecture et le niveauintellectuel. Ecart qui se fera sentir trs fort chez des enfants qui ont envie souvent de lire trs tt.

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    Prcocement, cela signifie pour moi au plus tard 6 ans. Les enfants que jai rencontrs ayantbnfici de logopdie trs rapidement ont pu dvelopper un plaisir et un niveau de lecture trs levet en rapport avec leur intelligence. Par contre, ils restent dyslexiques dans de nombreux domaines(inversions, attention au niveau de l crit) et ont souvent une dysorthographie tenace.

    Une association dvastatrice : Thada, surdouance et dyslexie/dysorthographie:la surdouance commence par masquer le dficit dattention, puis la difficult dattention fait obstacle

    lapprentissage de la lecture et ainsi la surdouance nest plus visible. Exemple no 4 : Martial me consulte aprs avoir fini ses 4 ans de primaire de manire plus ou

    moins difficiles, au cours de laquelle la surdouance a t dtecte en premier lieu, ensuite ladyslexie. Malheureusement, le traitement a t arrt en 3/4P. En 4me un thada estdiagnostiqu et en 5me cest la dbandade. Cest alors que je le vois pour la premire fois. Lebilan que jeffectue alors met en vidence : un QI total de 131 (ICV 146, RP 124, MT 103, VT115), un niveau de lecture de 7 ans 7 mois (objectiv par le test de lAlouette par la logopdiste),et un dficit dattention visible, notamment lcole. Ce qui est caractristique des HP souffrant deThada , dont les symptmes napparaissent dans toutes les situations. Actuellement, ce garonest sous Ritaline et il sorganise mieux, parvient se mettre au travail, noublie pas ses affaires. I lsemble rtrospectivement, que le dficit dattention ait aggrav la dyslexie dont la gravit a tmasque par la surdouance.

    Exemple no 5 : Balthazar, vu en consultation pendant lcole enfantine, ce garon tait peru par

    sa mre comme un hyperactif mais son niveau intellectuel. Toutefois, vu son trouble ducomportement et son besoin de toute puissance ce diagnostic est cart. Il prsente un QI de 120et je conseille une psychothrapie. Il va dvelopper une dyslexie. Aprs psychothrapie et untraitement logopdique, il va mieux, au test de QI il ressort quil prsente un QI T de 136, avec unQI V de 141, un QIP de 119, un niveau aux matrices de Raven est suprieur au centile 95) maisles tests dattention (test de Stroop, test dAppariement dimages) ont mis en vidence un dficitdattention. Un traitement la Ritaline est instaur et en 6me un soutien pdagogique avec M.Anthamatten (cf HP et chec scolaire) il russit scolairement et entre en voie baccalaurat.

    IV. Les troubles motionnels (ICD-10 : F93)

    1) Le repli social

    Lenfant a peu de moyens dexpression et toutes les situations difficiles sont lisibles dans son attitudeenvers lentourage. Lenfant qui sagite sera vite envoy chez un psychologue, lenfant introverti le

    sera moins souvent.Exemple no 7: un garon arriv en consultation suite un repli important en classe en 2meenfantine, suite au bilan permettant de mettre en vidence un QI suprieur 130, il devint participatifet russit montrer ses capacits en classe, inhibes car il avait une grande diffrence entreintelligence et grapho-motricit.

    2) Linhibition intellectuelle

    Les sujets souffrant dune inhibition intellectuelle nobtiennent pas des QI du niveau de la surdouancecar leur dysfonctionnement intellectuel peut tre important et se rpercute au cours du test. Le QIverbal est frquemment plus bas que le QI performance (profil frquent chez les enfants qui sont enclasse de dveloppement) et infrieur la norme.

    Certains ont un raisonnement logique trs bon sur le plan non verbal mais chouent au niveau du QIverbal.

    Il y a une inhibition de la pense dans ce cas pour un enfant trs suprieurement dou il sagit duneauto-mutilation de son intelligence (telle que la dcrite Gauvrit).

    Linhibition intellectuelle est traiter par une psychothrapie, imprativement, pour donner lapossibilit au sujet de se permettre de trouver, ou retrouver, la libert de penser, indispensable poursoutenir lintelligence et viter que cette dernire ne devienne strile . La souffrance de lenfant est amortie en grande partie par linhibition de la pense chez ceux qui gardent une possibilit dagirmais elle est trs importante chez ceux qui ratent lcole tout en ayant un bon niveau intellectuel,notamment au niveau du raisonnement.

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    3) La nvrose : diagnostic rserv aux adultes (F34, F40, F42) dans lICD-10. Elle est dfinie par leconflit intrapsychique entre les instances morales et le moi du sujet. La nvrose peut tre favorisepar un cart important entre maturit affective et intelligence. Le conflit intrieur entre idal du moi,surmoi, et pulsions peut savrer trs fort. Le contrle excessif des mouvements pulsionnels,notamment lagressivit, peut favoriser la formation de symptmes (phobies par exemple). Lenfantsurdou prsente donc parfois un profil diagnostic proche plus proche de ladulte.

    4) Lhyperanxit (F93.8): la lucidit, la prcocit et la sensibilit du surdou lamnent tropanticiper des difficults sans pour autant avoir, du fait de l immaturit naturelle de lenfant, matriserles situations comme pourrait le faire un adulte. Il peut de surcrot avoir des troubles anxieux au sensdiagnostic du terme, cest--dire quils seront invalidants, le principal critre tant sa souffrance etleffet du point de vue intellectuel et affectif.

    5) Les troubles envahissants du dveloppement (F84) : Termann a relev moins de 1% depsychoses dans son tude longitudinale. Le HP peut souffrir de tels troubles, quil peut masquer pluslongtemps que lenfant tout venant. Des tests projectifs sont souvent indispensables pour les dtecter.La dfinition des troubles de la ligne psychotique fait lobjet de controverse : faut-il parler de troublespsychotiques quand la personne vit un quilibre psychique satisfaisant tout en ayant une structure psychotique telle quil est possible de mettre en vidence travers les tests projectifs ou doit-onrserver ce diagnostic aux sujets dcompensant sur le mode psychotique (perte de contact avec laralit, grave trouble relationnel, comportements rigides, ritualiss, strotyps) comme ltude deTermann.

    Si les enfants surdous peuvent prsenter des troubles de cette ligne, et il nexiste aucune tudemontrant un lien spcifique entre surdouance intellectuelle et psychose.

    Ces troubles constituent les plus frquents. Cette liste nest pas exhaustive.

    Il ny a pas de preuve scientifique que les HP prsentent des pathologies psychiatriques plusnombreuses et/ou plus graves. Il est ainsi indispensable de bien se rappeler que les HP quiconsultent prsentent des problmes, ils aboutissent ainsi dans les services psychiatriques ce quipeut amener les spcialistes penser quils reprsentent les sujets surdous.

    Pourquoi le diagnostic est particulirement difficile avec lenfant HP ?De mon exprience (environ 300 enfants HP), le diagnostic est masqu par lintelligence leve. Cecipour diffrentes raisons :

    1) lintelligence amne lenfant essayer de se comporter de faon correspondre sespropres attentes et lattente de son entourage (parents, enseignants). Lintelligence valamener exercer un contrle sur ses affects, masquer ce quil peroit comme undysfonctionnement ou une dviation du comportement.

    2) A force de tenter de bien se comporter et dtre gratifi de flicitations, il finira souvent parimaginer que les adultes laiment parce quil est performant, bon lve, sagececi va leconforter dans une tendance excessif de contrle.

    3) Cet excs de contrle va lamener cacher tous les problmes quil pourra rencontrer et quilpressent tre des dviations

    4) Il va dvelopper des stratgies compensatoires afin de ne pas montrer ses problmes, ceciest notamment visible en cas de dyslexie.

    5) Ses capacits de contrle lui garantiront des rsultats scolaires au moins suffisants6) Il va russir rester en bons termes avec ses camarades, personne nimaginera sa

    souffrance et lorsquil en parlera ses interlocuteurs lui diront quil exagre. Sa souffrance sera

    invalide et il se retrouvera isol.7) Lidalisation de lintelligence nous amne encore et toujours penser que quelquun

    dintelligent doit toujours sen sortir. Cela amne souvent lentourage ne pas dtecter lesproblmes associs la surdouance et ne pas consulter si les rsultats scolaires sontmoyens.

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    Mesures ncessaires

    1. Pdagogiques : elles sont pratiquement toujours incontournables pour les HP qui consultent. Ellessont indispensables pour ceux qui sont en difficults scolaires mais aussi pour ceux qui se reposentsur leurs capacits, sans faire defforts. Elles peuvent parfois constituer une vraie ranimationintellectuelle. Il est ncessaire de remplir quelques conditions : le travail doit tre accompli par unpdagogue qui comprenne les HP et qui sache sappuyer sur leurs capacits, notamment logiques,

    exceptionnelles de ces enfants. Telles que celle propose par Jean Claude Anthamatten (cfwww.jankech.ch, le chapitre Le Surdou en chec scolaire). Lappui pdagogique nest pas la seulemesure possible mais la plus profitable, car elle permet ladolescent de reprendre pied sans changerde milieu et dapprendre apprendre, entrer finalement dans un processus dapprentissage. Pourcertains, une cole pour enfants HP peut tre ncessaire, surtout sil est en souffrance sur le planrelationnel et quil sennui scolairement. Lennui scolaire ne peut tre support dans certains cas siladolescent est au moins bien intgr socialement. Les troubles associs, quels quils soient,nexcluent que rarement la ncessit de mettre sur pied des mesures pdagogiques. Il est en effettrs rare quun lve parvienne russir grce une psychothrapie. Pour certains enfants, il estindispensable de les intgrer parmi des pairs HP afin quils puissent souvrir. Les associations, lescoles prives ou les classes du mercredi peuvent lui permettre de sidentifier des enfantsfonctionnant comme lui.

    Le saut de classe est une mesure trs profitable, particulirement en enfantine et en primaire. Lessurdous ayant raccourci un cycle et ne souffrant pas de troubles associs, se sont sentis mieux avecdes enfants plus gs (12 sur 20) ou nont pas vu de changement (8 sur20), selon mon tude de 2001(9).

    2. Psychothrapeutiques : des psychothrapies individuelles, ou en groupe. Le regard dupsychothrapeute doit tre bienveillant et valorisant par rapport la surdouance, cest primordial, pourne pas rpter la marginalisation ou lincomprhension vcue dans son quotidien. Les prises encharge en groupe sont trs porteuses car lenfant HP ralise quil nest pas seul souffrir malgr descomptences excellentes, dinadaptation et de mauvaise estime de soi.

    3. Pdago thrapeutiques: traitement logopdique et/ou psychomoteur afin de favoriserlinvestissement des apprentissages scolaires le plus tt possible, de combler des carts qui serontsource dchec (29% des garons et 21% des filles HP ont une motricit moins performante, ASEP2001 (9).

    Conclusion :La solution standard nexiste pas et la dcision doit tre prise en tenant compte du fonctionnementmais aussi des souhaits et des limites de lenfant. La solution de le laisser sennuyer longueur dejourne en classe tout en laccablant dactivits extrascolaires savre souvent tre une trs mauvaisesolution car lenfant napprend pas affronter lapprentissage. De plus, ses nombreuses activits lepriveront de moments de loisirs informels avec ses pairs.

    La mise en place de solutions doit sappuyer aussi sur lexamen psychologique et lanalyse dufonctionnement, souvent htrogne.Accepter lhtrognit, bien lanalyser et, si ncessaire, traiter les domaines en difficult ou la grer.Finalement, nous devons aider les pdagogues poser un regard plus bienveillant sur les enfantsdiffrents et leur donner des outils pour comprendre leur fonctionnement. La reconnaissance reste lepremier et le plus important pas vers lintgration de tous les enfants hors norme. La volont politiquepourrait, en favorisant le changement des cursus scolaires, favoriser la diffrenciation ds la primaire

    en pratiquant lenseignement niveau, comme cela se pratique aux Etats-Unis. Cela favoriseraitlintgration des enfants en dficit intellectuel comme les enfants surdous.