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Et l’énergie thermique des mers ? Le journal de l'IRD Éditorial n° 40 - juin/juillet/août 2007 3,81 bimestriel synthétiques qui sont uniques chez les rhizobiums. Cette caractéristique confère au micro-organisme la possibilité de créer des nodules non seulement sur les racines de la plante, mais aussi sur sa tige. Aeschynomene acquiert ainsi une capacité fixatrice d’azote excep- tionnelle. En étudiant le génome de Bradyrhizo- bium, les chercheurs ont découvert que cette bactérie ne possédait pas les gènes nod indispensables aux méca- nismes de nodulation chez tous les rhi- zobiums. Ces derniers utilisent un fac- teur Nod, issu du gène nod, comme molécule signal leur permettant de pénétrer à l’intérieur de la plante au niveau de poils racinaires et de former les nodules. Ce processus était consi- déré comme universel jusqu’à la publi- cation du LSTM. L’équipe de chercheurs oriente donc ses travaux sur la molécule signal rem- plissant la même fonction que le fac- teur Nod. Elle compte ainsi mettre à jour la voie de signalisation originale permettant le dialogue moléculaire L es légumineuses tiennent une place centrale tant dans l’ali- mentation humaine (pois, soja, arachides…) qu’animale (luzerne, trèfle, sainfoin). Ces plantes possèdent l’aptitude de pousser sur des sols pauvres en azote grâce à leur associa- tion symbiotique avec des bactéries de type rhizobium capables de fixer l’azote de l’air. Le Laboratoire des Symbioses tropicales et méditerra- néennes (LSTM) et leurs partenaires 1 cherchent à déterminer quels sont les gènes engagés dans le dialogue molé- culaire entre une légumineuse aqua- tique, Aeschynomene, et une bactérie photosynthétique, Bradyrhizobium. Ce modèle de symbiose est original pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la bactérie possède des propriétés photo- P réservation ou gestion de la biodiversité, prévention des aléas climatiques, sécurité alimentaire, gestion de la ressource en eau... les sociétés du Nord et du Sud ont en partage ces grandes questions à l’échelle planétaire. Les attentes des populations n’ont jamais été aussi fortes envers les décideurs publics et les communautés scientifiques. Aux premières de définir les grands choix et les règles communes permettant la meilleure cohabitation possible, aux secondes d’éclairer par leurs recherches ces options pour le futur où les impacts de court, moyen et long terme doivent être pris en compte. Pour répondre à ces questions majeures, le monde de la recherche adopte de nouvelles stratégies qui intègrent les changements conceptuels de cette dernière décennie que sont les notions de complexité et d’interactions multiéchelles. Ces stratégies se développent dans un cadre partenarial national et international, à l’instar des grandes missions multi disciplinaires comme Santo 2006 dans le domaine de la biodiversité, qui a mobilisé près de 150 scientifiques. Les programmes internationaux qui se développent sur plusieurs années représentent d’autres formes de coopérations scientifiques pour et avec les partenaires du Sud : Amma, Analyse multidisciplinaire de la mousson africaine en est une belle illustration. L’expérience acquise par l’IRD dans la coordination de programmes associant acteurs du Nord et du Sud autour d’une large diversité de disciplines est un atout que l’Institut met à profit, non seulement pour accompagner d’ambitieuses opérations d’exploration de la planète, mais aussi pour gérer et participer à de nombreuses structures comme les observatoires dans des domaines de l’environnement ou de la santé ou des plates-formes technologiques à vocation internationale. Dans ce contexte où la dimension planétaire – continuum Nord/Sud – marque la production des nouvelles connaissances, l’articulation recherche- expertise doit être l’objet de toute notre attention. L’impact de nos actions, productions et avis sur l’environnement et la place que les hommes y occupent exige désormais la mise en place rapide de principes et codes en matière d’éthique et de déontologie que nous devons faire partager et qui soient en rapport avec la nature des enjeux et les attentes légitimes des populations. Il en va de notre crédibilité. par Michel Laurent directeur général de l’IRD Développement durable et responsable entre les deux organismes. Leurs résul- tats actuels les conduisent à soupçon- ner fortement une phytohormone, la cytokinine, d’intervenir dans le proces- sus de formation des nodules. « De nombreux végétaux vivent en sym- biose avec des bactéries, indique Éric Giraud, mais nous sommes loin de connaître tous les mécanismes en jeu. La découverte chez les rhizo- biums de nouvelles voies alterna- tives relance l’espoir d’étendre l’association de ces bactéries à d’autres plantes que des légumi- neuses. Il deviendrait alors envisageable d’accroître le rendement de la produc- tion agricole pour un nombre plus important de végétaux tropicaux, tout en limitant l’utilisation d’engrais. » Contact Éric Giraud [email protected] Legumes Symbioses : Absence of Nod Genes in Photosynthétic Bradyrhizobia, Science, 1 er juin 2007. Dans ce numéro Michel Gauthier, océanographe, membre du club des Argonautes, dresse un plaidoyer pour l’utilisation de l’énergie thermique des mers. L es écarts de température entre eau de surface et eau profonde dans les océans per- mettent la production d’énergie. Particulièrement marqués en zone tro- picale, ils pourraient devenir une source très abondante d’énergie renouvelable. Les conditions environ- nementales et économiques justifient aujourd’hui pleinement de réinvestir ce thermique rapide entre eaux super- ficielles et eaux profondes) et qu’il est – par principe – possible d’exploiter ce gradient pour produire de l’énergie mécanique. Un avenir énergétique pour le Sud Le développement de grandes concen- trations humaines dans le Sud conduit au déplacement, vers les mégalopoles des régions intertropicales, d’une par- tie des gros besoins en énergie. La large disponibilité en énergie ther- mique marine qu’offrent les océans tropicaux pourrait être un élément de solution à cette nouvelle donne. (suite page 15) © IRD/O. Dargouge Destination biodiversité D’août à décembre dernier a eu lieu, sur l’île d’Espiritu Santo, au nord de Vanuatu, l’une des expéditions d’explo- ration de la biodiversité les plus ambitieuses jamais réali- sées : Santo 2006. Une dizaine de chercheurs de l’IRD ont participé à cette aventure scientifique, que l’Institut de recherche pour le développement a organisée conjointement avec le MNHN et l’ONG française Pro-natura International. p. 7 à 10 Une équipe de l’IRD met au jour un mécanisme original qui ouvre des perspectives pour la maîtrise de la symbiose fixatrice d’azote. S y m b i o s e p l a n t e - b a c t é r i e Dialogue moléculaire inédit En haut : Mise en évidence de l’importance de la photosynthèse bactérienne lors de la symbiose de tige Aeschynomene/Bradyrhizobia. (Puf : inoculation avec des bactéries ne réalisant plus la photosynthèse ; ORS278 : inoculation avec une souche sauvage de bactéries.) En bas : Détection de l’activité photosynthétique bactérienne grâce à un gène rapporteur (coloration bleue) sur une section transversale d’un nodule de tige d’Aeschynomene sensitiva. domaine de recherche, dominé jadis par des équipes françaises. L’idée d’exploiter l’énergie produite par le soleil et accumulée dans les mers n’est pas récente. Les hommes utilisent depuis l’Antiquité les vents et les cou- rants marins pour mouvoir leurs navires et entraîner leurs moulins. Mais ce n’est que dans la seconde moitié du XIX e siècle que l’océanographie phy- sique et la thermodynamique ont per- mis d’envisager les potentialités de l’énergie thermique des mers. À savoir qu’il existe, dans l’océan intertropical, un gradient de température pouvant dépasser 20 °C entre l’eau chaude de surface et l’eau froide à quelques cen- taines de mètres de profondeur sous la thermocline (couche de transition Et l’énergie thermique des mers ? © IRD/B. Osès © IRD/LSTM © IRD/LSTM

Symbiose plante-bactérie Dialogue moléculaire inédit · la ressource en eau... ... tie des gros besoins en énergie. La large disponibilité en énergie ther- ... inventaires qualitatifs

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Page 1: Symbiose plante-bactérie Dialogue moléculaire inédit · la ressource en eau... ... tie des gros besoins en énergie. La large disponibilité en énergie ther- ... inventaires qualitatifs

Et l’énergie thermique des mers ?

Le journal de l'IRD

É d i t o r i a l

n° 40 - juin/juillet/août 20073,81 €

bimestriel

synthétiques qui sont uniques chez lesrhizobiums. Cette caractéristique confèreau micro-organisme la possibilité decréer des nodules non seulement surles racines de la plante, mais aussi sursa tige. Aeschynomene acquiert ainsiune capacité fixatrice d’azote excep-tionnelle. En étudiant le génome de Bradyrhizo-bium, les chercheurs ont découvert quecette bactérie ne possédait pas lesgènes nod indispensables aux méca-nismes de nodulation chez tous les rhi-zobiums. Ces derniers utilisent un fac-teur Nod, issu du gène nod, commemolécule signal leur permettant depénétrer à l’intérieur de la plante auniveau de poils racinaires et de formerles nodules. Ce processus était consi-déré comme universel jusqu’à la publi-cation du LSTM. L’équipe de chercheurs oriente doncses travaux sur la molécule signal rem-plissant la même fonction que le fac-teur Nod. Elle compte ainsi mettre àjour la voie de signalisation originalepermettant le dialogue moléculaire

L es légumineuses tiennent uneplace centrale tant dans l’ali-mentation humaine (pois,

soja, arachides…) qu’animale (luzerne,trèfle, sainfoin). Ces plantes possèdentl’aptitude de pousser sur des solspauvres en azote grâce à leur associa-tion symbiotique avec des bactéries detype rhizobium capables de fixerl’azote de l’air. Le Laboratoire desSymbioses tropicales et méditerra-néennes (LSTM) et leurs partenaires1

cherchent à déterminer quels sont lesgènes engagés dans le dialogue molé-culaire entre une légumineuse aqua-tique, Aeschynomene, et une bactériephotosynthétique, Bradyrhizobium. Ce modèle de symbiose est originalpour plusieurs raisons. Tout d’abord, labactérie possède des propriétés photo-

P réservation ougestion de la

biodiversité,prévention des aléasclimatiques, sécuritéalimentaire, gestion dela ressource en eau...les sociétés du Nord et du Sud ont enpartage ces grandes questions à l’échelleplanétaire. Les attentes des populationsn’ont jamais été aussi fortes envers lesdécideurs publics et les communautésscientifiques. Aux premières de définirles grands choix et les règles communespermettant la meilleure cohabitationpossible, aux secondes d’éclairer parleurs recherches ces options pour lefutur où les impacts de court, moyen etlong terme doivent être pris en compte.

Pour répondre à ces questionsmajeures, le monde de la rechercheadopte de nouvelles stratégies quiintègrent les changements conceptuelsde cette dernière décennie que sont lesnotions de complexité et d’interactionsmultiéchelles. Ces stratégies sedéveloppent dans un cadre partenarialnational et international, à l’instar desgrandes missions multi disciplinairescomme Santo 2006 dans le domaine de la biodiversité, qui a mobilisé près de 150 scientifiques.

Les programmes internationaux qui sedéveloppent sur plusieurs annéesreprésentent d’autres formes decoopérations scientifiques pour et avecles partenaires du Sud : Amma, Analysemultidisciplinaire de la moussonafricaine en est une belle illustration.

L’expérience acquise par l’IRD dans lacoordination de programmes associantacteurs du Nord et du Sud autour d’unelarge diversité de disciplines est un atout que l’Institut met à profit, non seulement pour accompagnerd’ambitieuses opérations d’explorationde la planète, mais aussi pour gérer et participer à de nombreuses structurescomme les observatoires dans des domaines de l’environnement ou de la santé ou des plates-formestechnologiques à vocation internationale.

Dans ce contexte où la dimensionplanétaire – continuum Nord/Sud –marque la production des nouvellesconnaissances, l’articulation recherche-expertise doit être l’objet de toute notreattention. L’impact de nos actions,productions et avis sur l’environnementet la place que les hommes y occupentexige désormais la mise en place rapidede principes et codes en matièred’éthique et de déontologie que nous devons faire partager et qui soienten rapport avec la nature des enjeux etles attentes légitimes des populations. Il en va de notre crédibilité. ●

par Michel Laurentdirecteur général de l’IRD

Développementdurable et responsable entre les deux organismes. Leurs résul-

tats actuels les conduisent à soupçon-ner fortement une phytohormone, lacytokinine, d’intervenir dans le proces-sus de formation des nodules. « De nombreux végétaux vivent en sym-biose avec des bactéries, indique ÉricGiraud, mais nous sommes loin deconnaître tous les mécanismes enjeu. La découverte chez les rhizo-biums de nouvelles voies alterna-tives relance l’espoir d’étendrel’association de ces bactéries àd’autres plantes que des légumi-neuses. Il deviendrait alors envisageabled’accroître le rendement de la produc-tion agricole pour un nombre plusimportant de végétaux tropicaux, touten limitant l’utilisation d’engrais. » ●

ContactÉric [email protected]

Legumes Symbioses : Absence of NodGenes in Photosynthétic Bradyrhizobia,Science, 1er juin 2007.

Dans ce numéroMichel Gauthier,océanographe, membre du club des Argonautes, dresse un plaidoyer pourl’utilisation de l’énergiethermique des mers.

L es écarts de températureentre eau de surface et eauprofonde dans les océans per-

mettent la production d’énergie.Particulièrement marqués en zone tro-picale, ils pourraient devenir unesource très abondante d’énergierenouvelable. Les conditions environ-nementales et économiques justifientaujourd’hui pleinement de réinvestir ce

thermique rapide entre eaux super-ficielles et eaux profondes) et qu’il est– par principe – possible d’exploiter cegradient pour produire de l’énergiemécanique.

Un avenir énergétique pour le Sud

Le développement de grandes concen-trations humaines dans le Sud conduitau déplacement, vers les mégalopolesdes régions intertropicales, d’une par-tie des gros besoins en énergie. Lalarge disponibilité en énergie ther-mique marine qu’offrent les océanstropicaux pourrait être un élément desolution à cette nouvelle donne.

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Destination biodiversité

D’août à décembre dernier aeu lieu, sur l’île d’EspirituSanto, au nord de Vanuatu,l’une des expéditions d’explo-ration de la biodiversité lesplus ambitieuses jamais réali-sées : Santo 2006. Une dizaine de chercheurs del’IRD ont participé à cetteaventure scientifique, quel’Institut de recherche pour ledéveloppement a organiséeconjointement avec le MNHN etl’ONG française Pro-naturaInternational. p. 7 à 10

Une équipe de l’IRD met aujour un mécanisme originalqui ouvre des perspectivespour la maîtrise de lasymbiose fixatrice d’azote.

S y m b i o s e p l a n t e - b a c t é r i e

Dialogue moléculaire inédit

En haut : Mise en évidence del’importance de la photosynthèsebactérienne lors de la symbiose detige Aeschynomene/Bradyrhizobia.(Puf : inoculation avec des bactéries ne réalisant plus la photosynthèse ; ORS278 : inoculation avec une souche sauvage de bactéries.)

En bas : Détection de l’activitéphotosynthétique bactériennegrâce à un gène rapporteur(coloration bleue) sur une sectiontransversale d’un nodule de tiged’Aeschynomene sensitiva.

domaine de recherche, dominé jadispar des équipes françaises. L’idée d’exploiter l’énergie produite parle soleil et accumulée dans les mersn’est pas récente. Les hommes utilisentdepuis l’Antiquité les vents et les cou-rants marins pour mouvoir leurs navireset entraîner leurs moulins. Mais cen’est que dans la seconde moitié duXIXe siècle que l’océanographie phy-sique et la thermodynamique ont per-mis d’envisager les potentialités del’énergie thermique des mers. À savoirqu’il existe, dans l’océan intertropical,un gradient de température pouvantdépasser 20 °C entre l’eau chaude desurface et l’eau froide à quelques cen-taines de mètres de profondeur sous lathermocline (couche de transition

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

marins en trois dimensions et d’élé-ments de la géologie sous-marine dece pays.Cette synthèse cartographique reposesur la compilation de très nombreusesdonnées bathymétriques, obtenues lorsde sondages acoustiques multifaisceauxpar des institutions allemandes, nord-américaines, espagnoles et françaisesdans les eaux de l’Équateur. La mobilisa-tion de l’IRD, et notamment les récentescampagnes de géophysique marinemenées en Équateur par l’unité mixte derecherche Géosciences Azur, UR082 (voirSciences au S n° 29, page 12), a suscitéce concours entre organismes et leregroupement des relevés épars. Les données de bathymétrie haute réso-lution, superposées à la carte des fondsmarins obtenue par altimétrie spatiale(voir Sciences au S n° 37) ont permis dedécouvrir et de mettre en relief de nom-breuses structures jusque-là inconnuesdans leurs détails. Leur exploitation per-

C es quatre cartes3 présententune synthèse de la couverturebathymétrique de la marge

continentale de l’Équateur, dudomaine marin équatorien s’étendantdepuis le continent sud-américain jus-qu’aux îles Galapagos, ainsi que de labathymétrie détaillée des secteurs nordet sud de la marge de l’Équateur. Cesdeux dernières cartes sont accompa-gnées de représentations des fonds

L es bénitiers de l’espèceTridacna maxima, des coquil-lages en voie d’extinction

dans de nombreuses régions duPacifique, abondent encore et sontexploités dans quelques îles et atolls dePolynésie française. Des spécialistes del’IRD ont travaillé en partenariat avec leService de la pêche de Polynésie fran-çaise (SPE) pour étudier la répartition deces stocks de bénitiers, leur taux dereproduction, le renouvellement despopulations et l’évolution de la pres-

sion de pêche. Leurs travaux devraientservir de base à une exploitation rai-sonnée et une gestion durable de laressource.Tout est valorisable dans le bénitier, lecoquillage qui est très apprécié destouristes comme ornement, mais aussila chair qui constitue un mets fort priséà Tahiti. Exploité localement, avec50 tonnes de chair vendues chaqueannée, le bénitier représente un apportfinancier non négligeable. L’accroisse-ment de la population polynésienne etle développement des possibilités d’ex-portation augmentent la pression surles populations de bénitiers.Ces dernières apparaissentd’autant plus menacéesque la taille des lagonsexploités est restreinte. Le

Service de la pêche de Polynésie fran-çaise a confié à l’IRD l’établissementd’un bilan de la ressource, préalablenécessaire à des mesures de gestionsur le long terme.Les chercheurs ont utilisé la télédétec-tion haute résolution pour réaliser desinventaires qualitatifs et quantitatifsdes stocks de bénitiers sur cinq atollsde l’archipel des Tuamotu (Fangatau,Tatakoto, Napuka, Reao et Pukarua) etdeux îles hautes de l’archipel desAustrales (Raivavae et Tubuaï). Ils ontconfirmé la présence de populations detaille exceptionnelle, et révélé des den-sités 100 à 10 000 fois supérieures àcelles que l’on rencontre dans d’autresparties du monde. Les quantités de bénitiers prélevées parles pêcheurs ne constituent pas,aujourd’hui, une menace immédiatepour les stocks des îles polynésiennesétudiées. Néanmoins, le maintien dustock total dépend beaucoup deszones où les densités et le succès repro-ductif sont importants. Or, l’effort depêche se focalise précisément sur ceszones peu profondes des lagons, les

[email protected] - 213, rue La Fayette -F - 75480 Paris cedex 10Tél. : 33 (0)1 48 03 77 77Fax : 33 (0)1 48 03 08 29

http://www.ird.fr

Directeur de la publicationMichel Laurent

Directrice de la rédactionMarie-Noëlle Favier

Rédacteur en chefOlivier Dargouge ([email protected])

Comité éditorialRoger Bambuck, Jacques Boulègue,Jacques Charmes, Nathalie Dusuzeau,Éva Giesen, Alain Leplaideur, DanielLefort, Christian Marion, Jacques Merle,Georges de Noni, Gérard Winter

RédacteursFabienne Beurel-Doumenge([email protected]),Olivier Blot ([email protected])

Ont participé à ce numéroOuidir BenabderrahmaneStéphane SapolinMarie Lescroart

Correspondants Jacqueline Thomas (Dakar) Mina Vilayleck (Nouméa)

Photos IRD – Indigo BaseClaire LissaldeDanièle Cavanna

Photogravure, ImpressionIME, 3, rue de l’Industrie, 25112 Baume-les-DamesTél. : 03 81 84 11 78

ISSN : 1297-2258Commission paritaire : 0909B05335Dépôt légal : juillet 2007

Journal réalisé sur papier recyclé.

Le journal de l'IRD

Vers une gestion durable de la pêche aux bénitiers

L’IRD vient d’élaborer, en coopération avecl’Institut océanographiquede la marine équatorienne1

et l’Institut de géophysiquede l’École polytechniquenationale de Quito2, les premières cartesbathymétriques fines du domaine marin de l’Équateur.

mettra d’avancer les recherches sur lesséismes de subduction, les transfertssédimentaires continent-océan et lesprocessus géologiques qui façonnent lesfonds marins. Cette synthèse contribue également àla connaissance de la zone écono-mique exclusive de l’Équateur, etfournit une aide à l’orientation desexplorations futures dans le cadre del’extension potentielle de la plate-forme continentale et de l’adhésion del’Équateur à la Convention des Na-tions unies sur le droit de la mer(Convemar). ●

1. Inocar.2. IG-EPN.3. Publiées par Inocar.

ContactJean-Yves Collot [email protected]

Coopération internationale et cartographie bathymétrique

pêcheurs ciblant involontairement lesindividus qui ont le plus de chance dese reproduire. Pour assurer la survie des populationsde bénitiers, tout en permettant auxpêcheurs locaux de poursuivre l’exploi-tation, les spécialistes préconisent lamise en place de refuges de reproduc-tion et l’établissement de quotas deprélèvement. Dans un second temps,des indicateurs décrivant l’état del’écosystème et de la pêcherie devraientpermettre d’adapter les mesures de gestion au contexte de chaque lagon. ●

ContactsSerge Andrefouet (IRD Nouméa)[email protected] Gilbert (IRD Tahiti)[email protected] RemoissenetArsène Stein(Service de la pêche de Polynésie française)[email protected]@peche.gov.pf

Étude des populations de bénitiersdans les zones peu profondes deslagons où l’effort de pêche sefocalise.

La pêche aux bénitiers en Polynésieest une activité familiale, de petiteintensité. Réalisée dans les partiespeu profondes des lagons ellepourrait cependant avoir desconséquences néfastes si elles’accentuait ne serait-ce quelégèrement.

Bénitier, Tridacna maxima. Considérée en voie d’extinction, l’espèce estencore abondante en Polynésie française.

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petits tracas techniques quedoit affronter le matériel

soumis à de telles condi-tions, on mesure la diffi-

culté exceptionnelle de cettemission. Mais l’ingéniosité des

scientifiques et la dextérité du piloteont permis de surmonter tous ces pro-

blèmes. Et l’équipe est parvenue àextraire et rapporter intactes plusieurscarottes, dont une couvrant la totalitéde l’épaisseur du glacier, soit 122 m. Lamission, qui s’est achevée le 6 mai enPatagonie, a permis au total de préle-ver et conserver 1,7 tonne de glace,représentant environ 7 m3.Jusqu’à présent, aucun forage menédans la calotte patagonienne n’avaitpermis d’échantillonner la totalité deson profil avec de la glace de bonnequalité, non polluée par des percola-tions d’eau de fonte, ce qui laissait uneimportante lacune géographique dansles données glaciaires relatives à la troi-sième calotte d’eau douce mondiale.Ce nouveau forage est donc « lemaillon manquant » entre les régionstropicales de l’Amérique du Sud etl’Antarctique. Il devrait ainsi permettred’étudier finement les mécanismes cli-matiques de téléconnexions entre ces

L e carottage d’un glacier d’al-titude aux confins de laPatagonie n’est pas une pro-

menade de santé. Surtout lorsqueles éléments s’en mêlent. Lesmembres de l’expédition franco-chilienne qui se sont maintenusdouze jours durant au sommet duSan Valentin, du 21 avril au 3 mai,en ont fait l’expérience.Neuf rotations d’hélicoptèreavaient permis d’installer, pen-dant que la météo l’autori-sait encore, le chantier deforage et un camp de viesur le glacier. Mais ensuite, letemps s’est gâté, avec un vent établicertains jours à plus de 50 nœuds, etbien sûr en altitude du froid et de laneige, beaucoup de neige et beaucoupde froid. Si l’on ajoute à cela les mille

Une mission est parvenue récemment à effectuer un sondage complet de la calotte sommitale d’un glacier patagonien, le San Valentin, à 3 900 mètres d’altitude. La calottepatagonienne n’avait encore jamais fourni de glace de bonne qualité sur la totalité de sonprofil. Les conditions climatiques et techniques de cette première scientifique étaient à la hauteur du défi.

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

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Actu

alités

Les insectes nenaissent plusdans les chouxProtéger efficacement les culturesmaraîchères des insectes aux abordsdes grandes villes africaines tout enlimitant l’utilisation de pesticides : voilàle défi que se sont lancés l’UR016 de l’IRD

et ses partenaires du Cirad et de l’Inrab.Leurs travaux portent sur des planta-tions de choux autour de Cotonou auBénin. Les chercheurs ont eu l’idée ori-ginale d’utiliser des moustiquairesimprégnées d’insecticides, habituelle-ment destinés aux humains, pour pro-téger les jeunes pousses en pépinièrespuis les plants repiqués en extérieur. Lapose des moustiquaires ne s’effectueque la nuit, ce qui, d’une part, préservele filet et l’insecticide des UV et, d’autrepart, facilite les travaux d’entretien etd’arrosage. Le choix de cette périodeest aussi lié à la chaleur et à l’ombrageexcessifs sous les filets de protectionpendant la journée, préjudiciables à lacroissance des plants. Les résultats sonttout à fait satisfaisants puisque la plu-part des insectes nuisibles ont étérepoussés , notamment le lépidoptèrePlutella xylostella et le puceron Lipaphiserysimi qui font partie des plus impor-tants ravageurs de crucifères. Ce procédé présente plusieurs intérêtspar rapport à la pulvérisation foliaire depesticides sur les plants tout en répon-dant aux contraintes locales. Un avan-tage écologique d’abord, puisque le pes-ticide, fixé sur la moustiquaire, ne dérivepas aux abords des cultures comme c’estle cas lors des pulvérisations. Cela réduitdonc l’excès de pesticide dans les eauxde ruissellement, dangereux pour lespopulations, et améliore la qualité desproduits agricoles.

Le deuxième avantage de cetteméthode est économique car le maté-riel est réutilisable plusieurs années. Parailleurs, sa plus grande efficacité per-met d’accroître la production de chouxsains, donc commercialisables sur lesmarchés. Les agriculteurs voient ainsileurs bénéfices augmenter : 247 $USavec les moustiquaires pour 100 m2 deculture contre 149 $US en utilisant despesticides. Enfin, cette technique utilisedes outils existants déjà sur place, lestissus des moustiquaires et le fer àbéton utilisé pour les arceaux étant dis-ponibles sur les marchés locaux. La mise en place de moustiquaires trai-tées se révèle donc un moyen de protec-tion facile à utiliser et bien adapté auxpetites cultures maraîchères dans leszones périurbaines des pays africains. Ilnécessite toutefois le développementd’un nouveau secteur économique. « Ilreste désormais à encourager l’expé-rimentation de cette méthode auprèsdes maraîchers grâce aux appuisfinanciers des ONG locales », conclutJean-Marc Hougard. ●

J. Econ. Entomol. 99(2) : 450-454 (2006).

ContactsThibaud [email protected] [email protected] Chandre [email protected]

terres en altitude. La Deuxième périodedébute avec la conquête espagnole etson cortège d’épidémies provoquant ledécès de 90 % de la population in-dienne et la quasi-disparition des lamas,eux-mêmes décimés par des maladiescutanées. À partir des années 1600,s’étend la Troisième période pendantlaquelle les Espagnols diffusent large-ment le bétail européen. La Quatrièmepériode, autour de la fin du XVIIe et ledébut du XVIIIe siècles, voit s’installer unclimat plus froid (le Petit âge de glace) ;une épidémie frappe la grande ville deCuzco, décimant en une seule journée600 personnes. Les bergers de la région

du lac de Marcacocha disparaissent etles pâturages sont abandonnés. Au-delà de la reconstruction de l’évolu-tion de la civilisation inca, cetteméthode pourra désormais être utiliséedans d’autres zones du globe, parexemple pour comprendre les consé-quences de l’introduction des maladiessur le cheptel et les animaux sauvages etanalyser les étapes de l’épanouissementet du déclin de certaines civilisations. ●

1. Evaluating socio-economic changes in theAndes using oribatid mites abundances asindicators of domestic animal densities, AlexChepstow-Lusty, Alain Gioda (IRD, Mont-pellier), Michael Frogley (Université duSussex, Angleterre), Brian Bauer (Universitéde Chicago, États-Unis) et collaborateurs.Journal of Archaeological Science, 34 (7),1178-1186. 2007.2. UR032 Glaciers et ressources en eau d’al-titude – Indicateurs climatiques et environne-mentaux.

ContactAlain [email protected]

L es scientifiques ont eu l’idéed’utiliser comme indicateur del’occupation du milieu un aca-

rien qui colonise les zones de pâturage,l’oribate. Ce dernier se nourrit essentielle-ment d’excréments du bétail. Son oc-cupation du terrain est donc proportion-nelle au nombre de têtes du cheptel quipeut alors être mesurée par comptagedes cuticules (squelette externe) accumu-lées dans les sols. La méthode a été tes-tée sur le site d’un petit lac, àMarcacocha (3 350 m, Pérou), qui a ledouble intérêt d’être entouré d’un vastepâturage et de se trouver à proximitéd’un grand chemin qu’empruntaientdéjà les caravanes de lamas avant

l’Empire inca. Les carottages dans lescouches de sédiments lacustres ont auto-risé la reconstruction d’une séquencecontinue de plusieurs milliers d’années. La partie la plus superficielle a livré desindications sur quatre périodes récentesqui correspondent à des changementssociaux et économiques des empiresinca et espagnol attestés par des docu-ments d’archives. La Première périodecorrespond à l’apogée de l’Empire inca,du début du XVe siècle à l’arrivée desEspagnols, comme en témoigne l’abon-dance d’acariens liée à l’utilisationintensive des lamas notamment pour letrafic caravanier. Le climat était alorstempéré, propice à la colonisation de

La preuve par les acariens...Faute de traces écrites, les chercheurs ont fait preuve d’ingéniosité pour analyser et dater les changements socio-économiques dans les sociétés andines avant la conquêteespagnole intervenue vers 1530. Une publication1 associant le Centre de bio-archéologie et d’écologie de Montpellier, l’UR Great Ice2 de l’IRD, l’université du Sussex (Grande-Bretagne)et l’université d’Illinois à Chicago, fait le point sur cette période.

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différentes régions, toutes deux forte-ment vulnérables au changement cli-matique actuel, et le reste du monde.Les carottes prélevées sur le San Valentindevraient fournir des informations pré-cises sur le climat des 1 000 dernièresannées, avec une résolution saisonnièresur les derniers siècles, ainsi que l’enre-gistrement de la dernière transitionglaciaire/interglaciaire, voire le DernierMaximum Glaciaire (DMG), à compareraux résultats obtenus sur les foragesandins et antarctiques.Depuis plusieurs décennies, l’étude dela variabilité climatique passée s’est lar-gement développée grâce à l’exploita-tion de l’archive « carotte de glace ». Denombreux résultats ont déjà été tirés del’analyse des carottes polaires et ce n’estque plus récemment que l’étude descarottes de glace tropicales s’est déve-loppée dans les Andes centrales. ●

ContactsFrançoise Vimeux [email protected] Pouyaud [email protected] Girot [email protected]

P a t a g o n i e c h i l i e n n e

Conditions extrêmes pour le premier forage complet du San Valentin

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Conditions extrêmes pour le premier forage complet du San Valentin

Le campement au sommet du mont San Valentin.

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Installation du matériel de forage.©

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Fouille archéologique d’un ancien habitat à quelque 100 m du petit lac de Marcacocha et de son pâturage riverain visibles à droite. Juste au-dessus, le versant est entaillé par le grand chemin caravanier des Incas qui le longe.

Vue agrandie d’un acarien oribate piégé il y a plusieurs siècles par la bouedu lac de Marcacocha. Sa taille est d’environ 0,5 mm et sa bouche est située tout en bas, l’exemplaire étant photographié tête-bêche.

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

C onscription, éducation, modali-tés nouvelles d’accès aux res-sources naturelles, les régions

du nord de la péninsule indochinoiseont connu au cours des dernièresdécennies un encadrement plus strictdes États, en même temps qu’uneréouverture des frontières (à l’excep-tion de la Birmanie) avec un accroisse-ment des flux humains et commer-ciaux, nationaux ou transnationaux.Ces deux influences ont pu s’exercerdifféremment selon les pays, mais ellesont partout contribué à une transfor-mation profonde des relations socialeset du rapport au territoire. Dans cecontexte, la valeur accordée aujour-d’hui à la problématique de l’ethnicitédans cette région mérite d’être réexa-minée. Comment les identités desgroupes dits « ethniques » sont-ellestransformées et perpétuées, et avecquelles conséquences ? Une compréhension fine des enjeuxcontemporains de l’ethnicité demandeque l’on dépasse l’image de « mosaïqueethnique », cliché particulièrement re-battu en ce qui concerne l’Asie du Sud-Est, et que l’on montre comment lesclassifications locales ou nationales sesont élaborées, modifiées et comment

elles sont utilisées. En d’autres termes,l’intelligence des dynamiques socialesdans cette région suppose de dé-construire les « catalogues ethniques »,en considérant que l’on a affaire moins àdes groupes stricto sensu qu’à descontextes relationnels locaux. Dès lors,une démarche comparative s’impose, àla fois dans le temps et dans l’espace, cequi nécessite un accès à des terrains dif-férents mais également à des sourcesd’information souvent dispersées et malidentifiées.Le développement et la modernisationdes ressources documentaires duCentre of Ethnic Studies and Develop-ment (CESD, un des départements duSocial Research Institute de l’universitéde Chiang Mai), auxquels participedepuis 2005 Olivier Evrard, anthropo-logue à l’UR107, Constructions identi-taires et mondialisation, devraient four-nir les ressources nécessaires à de telstravaux. Depuis la disparition du TribalResearch Institute, avec lequel plusieursanthropologues de l’Orstom avaienttravaillé au cours des années soixante-dix et quatre-vingt, il n’existait en effetplus en Thaïlande de centre de réfé-rence pour la recherche sur l’ethnicitéet le changement social.

Bergers d’ici et de là-bas...Plusieurs membres de l’associationUne Mémoire pour Demain, qui fédèrela plupart des bergers transhumantsdes Cévennes, sont allés au Marocpour rencontrer des bergers transhu-mants de la tribu Aït Zekri, dans la pro-vince de Ouarzazate, dans le Haut-Atlas. Ce premier contact leur a permisde jeter les bases d’un projet de parte-nariat dédié à l’Appui de la transhu-mance pour un développementdurable dans le Haut-Atlas marocain.Le territoire des Aït Zekri – membres duclan des Imghranes – abrite une popu-lation d’environ 10 000 habitants. Elleest particulièrement touchée par lasécheresse et la pauvreté. Une soixan-taine de troupeaux d’ovins et caprinseffectue continuellement une transhu-mance au sein du territoire sur un tran-sect Nord/Sud. Mais un grand nombrede têtes de bétail est sédentaire. Lepartenariat avec l’association cévenolevise à maintenir la mobilité et le déve-loppement de la transhumance ovinepar l’entraide entre bergers du Nord etdu Sud (aide matérielle et technique),des échanges culturels et la profession-nalisation du métier de berger (valori-sation, appuis à la formation, recon-naissance économique et sociale).

L’ouverture procurée sera propice à uneréflexion sur les changements sociauxet économiques qui affectent le métierde berger ainsi que sur les inévitablesadaptations entraînées. Cette opérationest associée à la démarche scientifiqued’Olivier Barrière, juriste de l’environne-ment à l’IRD, portant sur la gouver-nance de la biodiversité et conduite enpartenariat avec l’Office régional demise en valeur agricole de Ouarzazate– université Rabat / École nationaleforestière d’ingénieurs. Il s’agit d’éla-borer puis de mettre en place unecharte de territoire agro-sylvo-pasto-rale. Les règles et les procédures for-mulées dans la charte visent à harmo-niser entre elles les différentes activitésprésentes sur le territoire, ici, la mobi-lité des troupeaux et la sédentarité desagriculteurs, et à les rendre compa-tibles avec le respect environnementalpour assurer un développementdurable. ●

ContactOlivier Barrière, US140, [email protected]

Regrouper, préserver,valoriserL’objectif de cette optimisation desfonds du CESD est de mettre à dispo-sition des étudiants, chercheurs ou com-munautés locales un ensemble deressources bibliographiques et iconogra-phiques, auparavant dispersées et diffi-ciles d’accès, concernant l’ethnicité aunord de la Thaïlande, mais aussi au Laos,au Viêt-nam, en Birmanie et au Yunnan.Il s’agit également de former le person-nel à l’identification, la préservation et lavalorisation des documents, et de per-mettre ainsi la constitution de nouveauxoutils et méthodes pour la recherche ensciences sociales dans cette région. La banque de données du CESD, consul-table sur place dans les locaux du SocialResearch Institute et via un site Internet,est conçue pour rassembler livres,articles scientifiques, articles de presse,photos et films. Au cours des 16 pre-miers mois, l’équipe franco-thaïe a bâtil’architecture générale du site Internet etcommencé à rassembler et indexer l’en-semble des références bibliographiquesprésentes, soit plus d’un millier de livreset d’articles scientifiques. Une collabora-tion avec le centre documentaire del’École française d’Extrême-Orient et leTribal Museum a permis de recueillirenviron 1 200 références supplémen-taires toujours en langue anglaise etthaïe. De nombreuses références enlangue française ont aussi été identifiées,

mais leur traitement pose pour l’instantdes problèmes d’ordre linguistique ettechnique.Un travail similaire est en cours pour lesarticles de journaux traitant de l’ethni-cité, dont un millier, couvrant la périodede 1990 à nos jours, est d’ores et déjàdisponible. Grâce au partenariat avec leTribal Museum, plusieurs autres millierspour la période 1960-1990 seront bien-tôt en ligne. L’équipe du CESD assure parailleurs un suivi quotidien de l’actualitéet insère régulièrement de nouveauxarticles dans la banque de donnée. Lefonds iconographique, déjà riche de1 300 photos sur la Thaïlande et leLaos, devrait s’étoffer dans les pro-chains mois grâce à de nouveaux do-cuments, notamment des archives pho-tographiques d’anthropologues et demissionnaires. Cette entreprise, quibénéficie du soutien matériel de l’uni-versité de Chiang Mai et de l’IRD, pour-rait accueillir de nouveaux partenaires,comme le Centre d’anthropologieSirindhorn à Bangkok, afin de garantirla pérennité financière et technique duprojet. ●

ContactOlivier [email protected] / [email protected]

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S ituation d’urgence pour Ptero-carpus officinalis : dans leGalion, à la Martinique, il ne

reste plus qu’une centaine de cesarbres, et avec eux risquent de dispa-

raître un habitat de choix pour desespèces végétales rares des PetitesAntilles ainsi qu’un refuge pour desoiseaux endémiques, poissons et crus-tacés qui s’y reproduisent. De plus, la

plus efficaces sont encourageants. Deseffets très positifs sur la nutrition miné-rale et la croissance de P. officinalis,inoculés aussi bien avec des bactériesfixatrices d’azote qu’avec des champi-gnons mycorhiziens à arbuscules, ontété observés en milieu inondé. Ainsi,une collaboration avec l’ONF pour l’ino-culation contrôlée de P. officinalis, dansune optique de restauration des forêtsmarécageuses en Guadeloupe etMartinique, devient techniquementenvisageable. ●

1. Amadou Bâ et Félix Muller, enseignants-chercheurs de l’université des Antilles et dela Guyane, attachés à l’UR040, Laboratoiredes symbioses tropicales et méditerra-néennes (LSTM), unité mixte université deMontpellier 2/IRD/Cirad/Inra/ENSA-M, etleurs collègues, Bernard Dreyfus du LSTM,Gilles Béna de l’IRD et, Jean-Marc Bouvet etYves Prin du Cirad.

ContactAmadou Bâ [email protected]

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Sauver la forêt marécageusequalité des sols de cette forêt, caracté-risée par une importante diversité enmicro-organismes associés à Ptero-carpus officinalis, comme les champi-gnons mycorhiziens à arbuscules et lesbactéries fixatrices d’azote, pourraitsubir une forte dégradation.Les travaux d’une équipe d’ensei-gnants-chercheurs de l’UAG1 sur ladiversité infraspécifique de P. officinaliset de ses micro-organismes associésdans la région Caraïbes tentent decomprendre leurs adaptations dans dessols marécageux. L’étude génétique a révélé unemoindre diversité des populations insu-laires de P. officinalis, dont la consan-guinité est probablement liée à lapetite taille et au faible taux de migra-tion des populations.Ces recherches ont en outre permisd’inventorier la ressource et de repérerles populations isolées et menacéesd’extinction au sein des deux îles,Guadeloupe et Martinique. Un tel tra-vail est important pour définir les stra-tégies futures de conservation de labiodiversité de l’espèce.La solution, pour préserver et restaurerles forêts marécageuses des Antillesfrançaises, pourrait venir de la réintro-duction des populations de P. officinalisavec des micro-organismes symbio-tiques dans les sites dégradés. Lesrésultats des expériences destinées àsélectionner les organismes associés les

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L’IRD apporte son concours à la mise en place, par l’universitéde Chang Mai en Thaïlande, d’un centre documentaire sur l’ethnicité, le développement et le changement social en Asie du Sud-Est. Cet outil devrait permettre une analyseplus réaliste des composantes ethniques des sociétés, dans cette région soumise à de profondes mutations sociales.

Ethnologieet documentationen Thaïlande

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La forêt marécageuse à Pterocarpus officinalis,un écosystème remarquable des Caraïbes, est menacée par la forte pression anthropique en milieu insulaire. Des scientifiques de l’université Antilles-Guyane, de l’IRD,du Cirad et de l’Inra étudient Pterocarpus officinaliset les micro-organismes symbiotiques qui lui sont associés. Ces travaux ouvrent d’intéressantes perspectives deconservation et régénération de cet environnement spécifique.

Nodules fixateurs d’azote à la basedes contreforts.

Pterocarpus officinalis avec sescontreforts remarquables en forêtmarécageuse inondée.

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Fragmentation de la forêt marécageusedu Galion en Martinique.

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Au temple de Doï Su Tep, une femme originaire des montagnes vient se recueillir avec ses enfants.

WEBwww.sri.cmu.ac.th/~ethnic/en

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A u cours d’une mission de for-mation à la recherche, ThierryRuf (IRD, UR168, professeur

associé de la formation Gestion socialede l’eau de l’IRC-Supagro) et les parte-naires marocains des associations dedéfense des khettaras de Jorf sont des-cendus dans une galerie en cours deréfection avec les villageois fiers de leurfaire partager ce patrimoine façonné aucours des siècles. Descendre, sanslumière, dans l’un des 270 puits d’accèstrès étroits, juste tracté par une cordependant 18 longs mètres, demande unegrande confiance mais l’émotion est aurendez-vous en bas. L’eau de la nappesouterraine arrive aux cuisses, les paroisdu sol marneux orangé juste éclairéespar une bougie procurent une ambiancemystérieuse, les hommes progressentlentement de biais, l’oxygène estcompté dans la khettara Lahloua (gale-rie drainante affectueusement baptisée« la sucrée »). C’est l’une des 250 khet-taras encore en activité sur les 450 quiont été recensées dans la Province duTafilalet (région de Meknès, Maroc).Effectif depuis 2005, le partenariatentre, d’une part, l’IRD (équipe Gestionsociale de l’eau de l’UR168, Dynamiquesenvironnementales entre forêt, agricul-ture et biodiversité) et l’IRC-Supagro et,d’autre part, l’Institut agronomique etvétérinaire Hassan-II (Ahmed Bouaziz,directeur du département d’agronomie)et l’université de Marrakech (Moham-med El Faiz, directeur de l’UFR Analyseéconomique et développement) a étérenforcé en 2007 par le soutien du pro-jet Oasis du Tafilalet financé par leProgramme des Nations unies pour ledéveloppement et animé sur place parErik Mahé. Pour renouveler profondé-ment l’approche de la gestion des eauxdans le contexte oasien, une recherchesur les innovations locales est engagéesur la base de travaux de terrain ensciences humaines et en science agro-nomique. Pour les zones irriguées à par-tir des galeries drainantes, l’équipes’appuie sur l’Association de luttecontre la désertification de Jorf(Lhassan Lamrani) et les diverses asso-ciations locales de gestion des khetta-ras. Il s’agit de comprendre comment laconstruction s’est mise en place dans le

temps et dans l’espace. Face à la pénu-rie d’eau de surface et à l’intense éva-potranspiration, les habitants de cesrégions ont astucieusement inventé lecaptage des eaux souterraines pourdévelopper des oasis avec une certainemaîtrise des techniques mais aussi del’organisation collective et du dévelop-pement agricole.Le principe de construction consiste àintercepter la nappe phréatique quiaffleure au piémont d’un relief, encreusant une galerie presque horizon-tale de l’aval vers l’amont – jusqu’au« puits mère » – avec une pente infé-rieure à celle de la topographie (voirschéma) afin d’amener par gravitél’eau des nappes souterraines à la sur-face pour irriguer vergers et jardinsmaraîchers. Les puits successifs d’éva-cuation des déblais sont les seuls signesvisibles de ces ouvrages ayant exigé destravaux considérables impliquant touteune collectivité. Ces puits serventensuite d’accès pour l’entretien desgaleries. Dans la zone oasienne deTafilalet, les galeries font de 5 à 10 kilo-mètres de long et les puits, distants de30 m environ, ont des profondeursallant de 2 à 18 mètres. La galerie elle-même fait 2 à 4 m de haut et moins de50 cm de large. Le dernier puits creusé,dit puits de la source, est appelé leJbaa. Chaque khettara a un chef, res-ponsable du partage de l’eau.À Jorf, l’enquête autour de plusieurskhettaras, dont la gestion se base sur latradition orale et sur des droits etrègles écrites, tend à montrer que lesplus anciennes auraient été creusées àla fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle,bien que la présence humaine en ceslieux soit attestée depuis 2 000 ans.Sur l’ensemble du Maroc, on sait que latechnique était connue bien avant (àMarrakech, les premières khettarassont mises en place au XIIe siècle) et quedes khettaras ont été encore creuséesjusqu’en 1950. Mais, dans la deuxièmemoitié du XXe siècle, la modernisationde l’hydraulique publique et l’essor deforages privés ont fragilisé les khettaraset un grand nombre de galeries sontaujourd’hui hors service. Or, c’est préci-sément dans le Tafilalet que les oasiensont le mieux conservé ces ouvrages.

De loin, seul l’alignement de petits cônes de terre sur plusieurskilomètres permet de repérer l’existence de « galeriesdrainantes », ces galeries souterraines de captage creuséespar l’homme. Cette technique ancestrale que l’on retrouvesous différentes appellations de la Chine à l’Espagne, bienadaptée aux pays arides ou semi-arides où les écoulements de surface sont très limités et surtout non pérennes, est encore utilisée au Maroc au sud de la région de Meknès.

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

Un peu d’histoire....

Il paraît admis que les qanâts trouvent leur origine dans une zone sousinfluence persane (Iran ou péninsule Arabique). Cette technique s’est ensuitepropagée vers l’ouest (foggara sahariens) et vers l’est (kâriz centre-asiatiques)puis a suivi l’axe de diffusion de l’Islam (jusqu’en Europe). Son ancienneté tou-tefois est sujette à débats. Certains rapportent que « l’historien hellénistiquePolybe (203-120 av. J.-C.) donne la seule description antique de qanâts, grâceà l’eau desquels l’armée d’Antiochos est parvenue à franchir le désert (en -201).Il souligne que ces qanâts sont dus, non à l’État qui ne mobilisait donc pas pourles construire une foule de travailleurs, mais aux communautés locales »...Tandis que pour les autres « ces ouvrages de troisième génération seraient une“invention polygénique”, [...] réponse locale au manque d’eau ou à sa raréfac-tion, en aucun cas antérieure au Ier millénaire de l’ère chrétienne ». Sur l’étatdes galeries drainantes, il est précisé qu’en Iran « en 1950, la moitié des terresétaient encore irriguées avec cette technique mise au point voici plus de troismille ans » et en Syrie « après un long abandon, elles ont servi de base à laremise en valeur des terres à partir du milieu du XIXe siècle et surtout pendantla première moitié du XXe siècle ». En France, ces constructions étaient « issuesdu travail de toute une communauté rurale » comme c’est encore le cas aujour-d’hui au Maroc. ●

Pour en savoir Plus : Irrigation et drainage dans l’Antiquité, quanâts et cana-lisations souterraines en Iran, en Égypte et en Grèce, séminaire tenu au Collègede France sous la direction de Pierre Briant, Persika 2. Paris, Thotm éditions,2001, 27 € (http://www.thotm-editions.com).

Plus spectaculaire encore a été la réac-tion de la population de Jorf, face auretour des pluies abondantes et régu-lières depuis plus d’un an (mai 2006-mai 2007). Certains puits se sonteffondrés du fait d’inondations.D’autres, qui avaient été abandonnés,ont vu la nappe à nouveau alimenter lazone amont de captage. Partout oupresque, les habitants ont entamé untravail de réhabilitation des galeriespour rétablir le bon fonctionnement etréinvestir dans l’agriculture oasienne.En fait, l’enquête démontre que lesouvrages hydrauliques ne sont pasfigés, ils sont sans cesse en évolution,au gré des baisses de la nappe phréa-tique au cours des ans. Un chef dekhettara explique qu’il a allongé lagalerie pendant les trente ans de sagestion, à raison de segments de trentemètres séparés par des puits (un seg-ment tous les ans ou tous les deux ans).Si l’on considère ce rythme commereprésentatif, le premier des 270 puitsde la khettara Lahloua aurait été creusévers 1800… Même si la roche sédi-mentaire n’est pas très dure, creuser lespuits, les galeries et les entretenirreprésente un travail acharné : 3 à4 fois par an pendant 2 mois pour40 personnes ! Ces chantiers sont déci-dés et financés par les communautésrurales. L’Office régional de mise envaleur agricole du Tafilalet estconscient de l’importance de cetteculture particulière de l’eau et il afourni des aides ponctuelles pourremettre en état des zones de galeriestotalement effondrées. Il dispose aussid’une étude technique et économiquetrès complète de la coopération japo-naise (Jica) qui recommande un enga-gement public important pour renfor-cer les galeries encore vives.

Ces khettaras sont à la fois un capitalprécieux, un savoir manifeste et témoi-gnent d’une capacité encore vivace àrassembler les forces autour d’un pro-jet commun. Elles représentent égale-ment un modèle d’allocation desressources en eau qui est enseignéen gestion sociale de l’eau à l’IRC-

Supagro à Mont-pellier (master de dé-veloppement agro-nomique tropical). ●

Contact Thierry Ruf, [email protected]

Autour du mondeLa technique ancestrale des galeriesdrainantes se retrouve sous diffé-rentes appellations dans de nom-breux pays :Au Maroc : khettara (encore vivant)En Algérie : foggaraEn Iran : qanât (3 000 à 5 000 ansd’histoire)En Égypte (ont fonctionné pen-dant 7 siècles avant J.-C.)Au Yémen : aflajEn Chine : karez (encore vivant)En Afghanistan : kiraz (encorevivant)En Syrie : kanawatAu sultanat d’Oman : falaj(encore vivant)Au Pérou : vallée du Rio Nazca(encore vivant)En France : mines, sous-terres(encore vivant : Ardèche, Drôme,Gard, Hérault, Pyrénées orientales,Vaucluse)En Espagne : mina jusqu’auXIXe siècle (région de Madrid)

Schéma simplifié d’une khettaraSource : Étude de développement du projet de développement descommunautés rurales à travers la réhabilitation des khettaras dans lesrégions semi-arides de l’est sud-atlasique au royaume du Maroc , rapportfinal de l’Agence japonaise de coopération internationale, (décembre 2006).

WEBwww.mpl.ird.fr/ur168/

Au fond de la khettara Lahloua

Les villageois entretiennent les khettarasou galeries drainantes (Tafilalet, Maroc).

Alignement des cônes d’éjection de plus d’une dizaine de galeries drainantes dans la région de Tafilalet (Maroc).

Carte des khettaras de Tafilalet sur fond d’imagesatellite (2006).

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Partenaires

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L’équipe responsable du master(université et IRD-UR151/UMR

LPED) a très tôt cherché dessolutions pour concilier les 640 heuresd’enseignement réglementaires avecles obligations professionnelles desétudiants (les cours ont lieu de 19h à21h). Adossé à la plate-forme de for-mation à distance de l’université(Moodle, disponible en open source surhttp://moodle.org/), le site d’enseigne-ment « virtuel » bénéficie ainsi de sadiffusion auprès d’une large commu-nauté d’utilisateurs à travers le monde.Développé avec l’appui et les res-sources du service informatique de

l’UMSA, le site constitue unepremière en Bolivie et placel’université à l’avant-garde

de l’utilisation des TIC à desfins pédagogiques.

En dépit de la contrainte que représentepour ses concepteurs l’accessibilité dela plate-forme à tout utilisateur, quel

que soit son niveau en informa-tique, le nouvel outil offre unelarge gamme de prestations :

mise à disposition de ressources detoute nature, suivi des travaux, mise enligne d’événements, forums, examenssous forme de QCM, d’enquêtes ou dedocuments téléchargeables, évaluationinteractive et notation en direct.L’ensemble se décline en 6 services(information, modules d’enseigne-ment, séminaires, conférences, forumet bibliothèque virtuelle), chacun don-nant accès à des interfaces interactivesde suivi du travail par les étudiants etles enseignants. Les enseignementssont organisés en 13 modules, chacunregroupant en moyenne 5 thèmes sousla responsabilité d’un enseignant.

L’étudiant dispose de 15 jours pourprendre connaissance des cours et desdocuments en ligne, et rendre les tra-vaux correspondants ; la possibilité luiest offerte de dialoguer avec le profes-seur responsable via le chat ou la mes-sagerie électronique mis en place à ceteffet. Cette phase « virtuelle » est sui-vie d’une semaine de cours à l’univer-sité dont l’objectif est d’approfondirl’enseignement à distance, de corrigerles travaux des étudiants, mais aussi detisser des liens dont l’expériencemontre qu’ils perdurent souvent bienau-delà de la validation du module.Malgré le bouleversement induit dansleurs habitudes de travail, enseignantset étudiants ont assez rapidement assi-milé les concepts et les méthodes decette nouvelle forme d’apprentissage,notamment grâce à un accompagne-ment technique et pédagogique initialadapté. Du point de vue académique, les avan-tages sont considérables : les étudiantsdisposent de documents de toutenature, de bibliothèques virtuelles,d’interfaces de dialogue, etc. En outre,et par sa nature même, cet enseigne-ment à distance replace le travail per-sonnel de l’étudiant au cœur du pro-cessus de transmission des savoirs. Parsa souplesse d’utilisation et sa richessede contenu, il ouvre par ailleurs denouvelles perspectives dans les pays duSud où les infrastructures universitairesdemeurent sommaires. Hormis les frais relatifs à l’implémenta-tion et à l’administration de la plate-forme, ce mode d’enseignement réduit

L’IRD fut à l’initiative en 2005 de la création d’un master en géographie humaine à l’université Mayor de San Andrés(UMSA) de La Paz, en Bolivie. À l’origine du projet : un constat, en dépit d’un besoin récurrent de cadres dans des domaines aussi divers que la planification

territoriale, la gestion des parcsnationaux, la gestion du patrimoine

ou la médecine épidémiologique,la géographie humaine ne faisait

l’objet d’aucun enseignement àce niveau dans le pays.

Expérience d’un master en Bolivieles coûts, ce qui permet d’impliquerdavantage de professeurs étrangers,dont des chercheurs de l’IRD. La mise enréseau de spécialistes de plusieurs paysautour d’un module partagé, l’infra-structure allégée et les procédures sim-plifiées entre professeurs et étudiantspourraient favoriser l’éclosion de nom-breux projets de masters internatio-naux, tel celui sur le thème de la plani-fication territoriale entre des universitésde Bolivie, d’Équateur et de Colombie. Plus immédiats, les effets en matière degestion sont manifestes : moindre coûthoraire de l’enseignement et économiessur la reprographie dégagent autant defonds supplémentaires pour des ateliersde terrain ou l’achat d’ouvrages.Ainsi, en permettant de repenser lesrapports entre les enseignants et lesétudiants à travers la formalisation deréseaux effectifs, l’enseignement à distance se révèle un outil pédago-gique d’avenir dans le contexte de cer-tains pays du Sud où il remédie, parune ouverture au monde, aux carencesbudgétaires et au manque d’infrastructures. ●

ContactsLouis Arreghini : [email protected] Mazurek : [email protected] Leplaideur : [email protected] Dionigi : [email protected]

Le site est accessible à l’adresse sui-vante : http://cv.umsa.bo/geografia/Pour une utilisation plus académique,contacter Miriam Canaza, gestionnairedu site : [email protected]

Au prix d’un important travailde formation de formateursen amont, l’AUF présentait dès

2006 cinq diplômes (licence et master),entièrement ou partiellement à dis-tance, proposés par des établissementsafricains, sénégalais et camerounais.Pour la prochaine rentrée, outre undoctorat du Sénégal, de nouveauxmasters sont proposés par des établis-sements algériens, bulgares, burkina-bés et tunisiens. Chaque appel à candidatures à desti-nation des étudiants se double d’unappel à tuteurs auprès des ensei-gnants. L’objectif de l’agence est d’in-tégrer, au terme de leur formation detuteur à distance, des enseignants duSud et de l’Est dans les équipes péda-gogiques des diplômes qu’elle proposeen FOAD. Cette formation à la forma-tion devrait très prochainement donnerlieu à une certification au tutorat à dis-tance.Une fois sélectionnés, les candidatspeuvent utiliser les campus numériquesfrancophones et les centres d’accès àl’information de l’agence qui leur offrepar ce biais, outre les infrastructures

techniques et de réseau nécessairespour suivre ces formations dans debonnes conditions, des conseils, desaides, des médiations destinés à facili-ter leurs apprentissages. Ces forma-tions virtuelles donnent cependant lieuà des examens bien réels, en salle sur-veillée, garantissant aux diplômes ainsiobtenus la même valeur académiqueque les diplômes classiques.

Soutenir l’excellenceoù elle se trouveL’AUF offre des allocations d’études à dis-tance aux meilleurs candidats sélection-nés par les universités, selon des critèresdéfinis par son Conseil scientifique, avecune priorité accordée, entre autres, et àqualité scientifique égale, aux candida-tures féminines. En 2006, l’agence avaitreçu plus de 8 000 candidatures et 920nouveaux étudiants, allocataires oubénéficiant d’un tarif réduit, ont étérégulièrement inscrits dans les établisse-ments d’enseignement supérieurmembres de l’AUF. Plus de 80 % de cesnouveaux inscrits sont originairesd’Afrique sub-saharienne. Pour 2007-2008, près de 700 allocations d’études

à distance sont à nouveau proposées,complétées pour certaines d’entre ellespar des prises en charge supplémen-taires que certaines ambassades deFrance ont mis en place à destinationdes ressortissants africains.Le rapprochement entre l’AUF et l’IRD,fruit d’une convergence de pratiques etd’objectifs, prévoit d’ores et déjà lemontage de deux masters profession-nels, l’un en télédétection et systèmesd’information géographique1, l’autre enbiotechnologie végétale. Le partenariatvise en outre à définir un cahier descharges fixant les modalités d’ouverture,via une plate-forme FOAD, d’une biblio-thèque virtuelle de modules en cours deconstitution sous l’impulsion de l’IRD. ●

1. Rattaché au master de géomatique del’université d’Orléans, il débouche sur la déli-vrance d’un master professionnel en cohabi-litation avec les universités et institutions

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L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) proposedepuis quatre ans une offre diversifiée de formationsinitiales ou continues ouvertes et à distance (FOAD)

sur appels à candidatures. Elle s’est récemment donnécomme objectif de l’enrichir de partenariats avec desétablissements d’enseignement supérieur des pays duSud et de l’Est.

E n s e i g n e m e n tà d i s t a n c eAction locale,pensée globale

P ublier est indissociable du métier dechercheur, transmettre les acquis les

plus récents de la recherche aux nou-velles générations devrait l’être au moinsautant. Les chercheurs de l’IRD présententd’ores et déjà leurs résultats au sein desuniversités partenaires du Sud. Il en estde même pour les unités de recherchetravaillant en France et dont les contribu-tions sont organisées le plus souvent sousforme de modules d’enseignement, ces« briques » de l’enseignement supérieur.À l’heure des nouvelles technologies, aumoment où les systèmes européensd’enseignement supérieur tendent versl’harmonisation sous l’impulsion del’Union européenne à travers la réformeLMD, fallait-il en rester au stade des seulesinitiatives locales ? Ne fallait-il pas allerplus loin et offrir à un plus grand nombred’étudiants l’accès à ces ressources depointe ?C’est précisément pour prendre toute lamesure de ce nouveau champ d’interven-tion que le département Soutien et for-mation des communautés du Sud jetaiten 2006 les bases d’un passage progres-sif de l’enseignement ex cathedra clas-sique à un enseignement à distance.L’adhésion enthousiaste au projet de plu-sieurs directeurs d’unités de recherche etpartenaires a déterminé l’IRD à se rappro-cher de l’Agence universitaire de la fran-cophonie (AUF). Son expérience reconnuedans le domaine donnera à l’IRD lesmoyens de concevoir son mode d’inter-vention selon les normes internationales,en particulier pour les diplômes de master.Les chercheurs de l’institut et leurs col-lègues du Sud seront ainsi amenés àconcevoir ensemble des modules d’ensei-gnement à distance qui, intégrés commeressources à plusieurs masters dans lespays partenaires, donneront à ces filièresune dimension internationale. ●

Comment réussir avec maestria◗ Obligation pour les enseignants destructurer leur enseignement demanière systématique et standardisée ;

◗ Diminution du temps de travail ensalle et possibilité de dispenser desenseignements plus complets asso-ciant cours, analyse de publications,débat en ligne, etc. ;

◗ Possibilité, dans la mesure où les étu-diants ont au préalable connaissancedu thème qui y sera abordé, d’enrichirles cours en salle ;

◗ Possibilité d’utiliser le système depuisn’importe quel lieu via Internet, ce quifacilite la participation des professeursétrangers ;

◗ Facilité de téléchargement des courspour les étudiants, où qu’ils se trou-vent ;

◗ Obligation pour les étudiants de lireles cours et les textes, aspect trèsimportant dans le contexte de certainspays du Sud où les étudiants sont peupréparés à la lecture critique destextes ;

◗ Liberté d’organisation du temps detravail ;

◗ Progressivité des apprentissages etde l’évaluation ;

◗ Paradoxalement, meilleure présencede l’enseignant via les outilsd’échange et d’interpellation que laplate-forme offre à l’étudiant. ●

A U F

Une approcheconvergente

françaises et africaines impliquées dans leprojet. Les titulaires favoriseront la diffusionen Afrique centrale d’une approche durablede la gestion de l’environnement et des ter-ritoires ainsi que l’émergence, à terme,d’une expertise locale en cartographie.

ContactPierre-Jean Loiret, chef de projet« Formation à distance et technologieséducatives » à l’AUF

[email protected]

En savoir plusFédération interuniversitaire de l’ensei-gnement à distance (FIED) : http://www.fied-univ.fr

WEB www.auf.org

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Bouchet, directeur de l’unité Taxonomieet collections du Muséum, et co-directeur scientifique de Santo 2006.L’île est toutefois loin d’être déserte.L’Homme y aurait débarqué il y aquelque 3 000 ans et elle est aujourd’huipeuplée d’environ 30 000 habitants. Letiers se concentre dans le Sud, à Lugan-ville, tandis que le reste de la populationest dispersé dans des villages, principale-ment situés dans l’est de Santo, et vitd’agriculture traditionnelle.Côté organisation, cette grande expédi-tion a été structurée en quatre volets, oumodules indépendants. Basé au collègemaritime de Luganville, la plus grandeville de l’île, le module Marin (97 partici-pants) s’est concentré dans le sud de

D eux cent trois participantsdont 153 scientifiques,25 nationalités différentes,

plus de quatre mois de présence sur leterrain … L’expédition Santo 2006 mar-quera l’Histoire comme l’une des plusgrandes opérations d’inventaire de labiodiversité jamais réalisées. « Nousavons voulu l’inscrire dans la lignée desgrands voyages exploratoires entreprisau XVIIIe siècle par Cook ou parBougainville. Cependant, elle bénéficiedes meilleurs équipements techniquesdu XXIe siècle : localisation par GPS, navireocéanographique équipé d’un sondeurmultifaisceau et même un nouvel engind’exploration de la cime des arbres,l’Arboglisseur, conçu par l’équipe du“radeau des cimes” », résume Hervé LeGuyader, directeur de l’UR148, Systé-matique, adaptation, évolution, unitémixte Paris 6, CNRS, IRD, MNHN et co-directeur scientifique de l’expédition.Cette mobilisation sans précédentrépond à une ambition de taille : dresserun bilan global de la biodiversité de l’îled’Espiritu Santo (plus communémentappelée Santo), à Vanuatu, en incluantles groupes d’organismes très diversifiéset relativement ignorés que sont lesinsectes, en milieu terrestre, et les mol-lusques et les crustacés, en milieu marin.Cet inventaire permettra notammentd’obtenir une estimation fiable de lamagnitude de la biodiversité, dans sescompartiments les plus divers et dans lesmilieux les plus riches, d’évaluer le poidsdes espèces rares dans la compositiondes peuplements et de mieux saisir ladimension spatiale de la biodiversité, afind’avoir une meilleure idée de la repré-sentativité d’un site à l’échelle régionale.À l’heure de la phylogénie et de la taxo-nomie moléculaire, il s’agissait aussi demettre les collections au goût du jour.Ainsi, les échantillons collectés sur Santoont tous été conditionnés dans l’alcool,ce qui, contrairement au formol, les rendutilisables pour le séquençage de rou-tine. Par ailleurs, plusieurs milliers demollusques marins ont été directementpréparés en vue d’être “bar-codés”.« Cette opération consiste à identifierune courte séquence d’ADN dont lerythme des mutations est tel qu’elle peutservir, par la suite, à distinguer lesespèces entre-elles, et à les recon-naître », explique Hervé le Guyader.Aussi vaste que la moitié de la Corse(4 000 km2), Santo présente une variétéde milieux naturels, en assez bon état deconservation. « On y trouve des forêtstropicales, des grottes karstiques, desrécifs coralliens… C’est un peu unmodèle réduit de ce qu’il reste à exploreren milieu tropical », résume Philippe

tative dans la forêt tropicaledésigné par l’acronyme Ibisca(pour Inventaire de la biodiver-sité des insectes, du sol à lacanopée). Enfin, un moduleFriches et Aliens (onze partici-pants) s’est penché sur l’in-fluence de l’homme sur la biodi-versité, en faisant l’inventairedes espèces introduites surSanto. Cette opération aura permis de récolterplus de 10 000 espèces. Mais comme lesouligne ses organisateurs : l’un de sesprincipaux résultats est d’avoir permis dedémontrer qu’il est possible de « bou-cher les trous » dans la connaissance dela biodiversité de notre planète, en

en collaboration avec l’Institut nationalde la recherche pédagogique et l’ENS-Lyon, pour favoriser l’intégration desapports de l’expédition dans les ensei-gnements scolaires, dans le cadre desprogrammes officiels de l’Éducationnationale française. ●

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WEB http://santo2006.ens-lyon.fr

Le coût global de cette expédition (1 100 000 euros) a été couvert grâceau soutien de : la Fondation Stavros S. Niarchos, la Fondation d’en-treprise Total, le Comité pour la recherche et l’exploration de laNational Geographic Society, la Fondation Sloan, la FondationVéolia, Triballat, Universal Sodexho, Telecom Vanuatu Limited,ainsi que de divers fonds publics : le Fonds Pacifique du Ministère desAffaires étrangères, le Programme européen Edit, le CNRS, l’Ambassade deFrance à Vanuatu, la représentation de l’Union européenne à Vanuatu.

Vanuatu,archipel de laMélanésie dansle Pacifique Sud,comprendquatre-vingtsîles et îlots dontcinquantedéserts ets’étend sur800 km.Le nombred’habitants estd’environ170 000. SurSanto, la plusgrande île, et laville deLuganvillecompte quelque9 000 habitants.Carte extraite del’Atlas despêcheriescôtières deVanuatu,Cillauren E.,David G.,Grandperrin R.,Hors collection,IRD 2001.

Olivier Pascal (PNI-Pro-Natura International) et Herve Le Guyader (IRD), co-directeurs de l’expédition,au camp de Penaorou.

Santo. Le navire océanographique Alis atoutefois effectué des opérations de dra-gage profond et de chalutage toutautour de l’île, et plus particulièrement àBig Bay, au nord. Le module Karst (unevingtaine de participants) a exploré lemilieu souterrain de Santo, en seconcentrant dans sa moitié est, où lesgrottes sont les plus nombreuses et lesplus vastes. Le module Forêt,Montagnes, Rivières, auquel partici-paient 90 personnes, était composé depetits groupes itinérants et d’une équipe“sédentaire”. Les premiers ont échan-tillonné plusieurs zones de Santo, gravi lemont Tabwemasana (1879 mètres), tra-versé la chaîne des Cumberland (qui cul-mine à 1 444 mètres)… Quant à laseconde, établie dans un camp debrousse, au-dessus du village dePenaorou (nord-ouest de l’île), elle amené un programme d’écologie quanti-

inventoriant les groupes d’organismesles plus diversifiés.Une importance particulière a été appor-tée à la collaboration avec la populationlocale et à la restitution des résultats augrand public, et, en particulier, aux sco-laires. Durant toute la mission, diversesactions pédagogiques ont été menéesvers des classes de l’archipel. Un siteInternet a par ailleurs été mis en place,

ContactHervé Le [email protected]

D’août à décembre dernier a eu lieu, sur l’île d’Espiritu Santo, au nord de Vanuatu, l’une des expéditions d’exploration de la biodiversité les plusambitieuses jamais réalisées : Santo 2006. Une dizaine de chercheurs de l’IRD ontparticipé à cette aventure scientifique, que l’Institut de recherche pour le développement a organisée conjointement avec le Muséum national d’Histoirenaturelle et l’ONG française Pro-natura International.

Santo 2006Destination biodiversité

Santo 2006Destination biodiversité

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L a complémentarité entre l’IRD, le Muséum national d’Histoire

naturelle et l’ONG Pro-naturaInternational a permis de déployer une “force de frappe” à la dimension de la biodiversité de cette île tropicale,soit 150 chercheurs, avec un navireocéanographique (l’Alis), un “Arboglisseur”…

Vanuatu est un pays bien connu de l’IRD : géologues, botanistes,archéologues ont arpenté ces îles, sans oublier le regretté JoëlBonnemaison, qui nous a fait connaître la culture si attachante des« gens de pirogue et gens de la terre ».Le Fonds Pacifique l’a bien compris, en soutenant la mission.

La pluridisciplinarité qui fait la force de l’IRD a pu se déployer. Biologistes marins, ichtyologues,entomologistes, botanistes,palynologues, mais aussi archéologues,vont décrire la biodiversité, réalisantainsi une mesure de référence,indispensable pour le suivi de la réponse du vivant au changement global.

Trois traits sont à souligner. Nous avons visé les organismes de petite taille, là où les espèces sont les moins connues : mollusques et crustacés marins, insectes de la canopée, faune du sol, mousses…Nous avons voulu l’approche la plusmoderne : collections accessibles à la biologie moléculaire, relevésgéographiques avec la précision du GPS,images numériques… Enfin, nousavons intégré l’homme, tant par son impact sur la biodiversité que par les relations fortes établiesavec les Ni-vanuatu.

Le développement a été pensé dès le départ : intégration desnationaux – mais aussi de Philippins,Fidjiens, Indonésiens ; restitution des résultats (herbier, collectionentomologique, bases de données) ;relations entre des classes de Vanuatuet de France, avec le concours de l’Éducation nationale.

La biodiversité n’est plus maintenantexclusivement une affaire de biologistes, elle doit intégrerd’autres dimensions qui vont de la culture à l’économie, en passant par l’histoire. ●

Santo 2006,pari gagné !

Le journal de l'IRD

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

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L a volet Marin de Santo 2006se situe dans la droite lignedes ateliers similaires conduits

à Lifou, en Nouvelle-Calédonie, en2000, à Rapa, dans l’archipel desAustrales, en Polynésie française, en

E n zone tropicale, le couvertforestier, abondant, est sou-mis à d’importantes intempé-

ries. Une grande quantité de bois estdonc entraîné dans la mer, puis aufond de l’eau. Les alentours de Santone font pas exception. Big Bay, en par-ticulier, où s’écoulent de nombreuxfleuves dont le cours suit des pentesarborées, est un lieu d’accumulation dedébris végétaux. En l’absence de lumière, donc de pho-tosynthèse, ces substrats fournissentaux organismes marins des profon-deurs une source supplémentaire dematière organique, qui permet la nais-sance d’un écosystème complexe, aussiméconnu que captivant au plan scien-tifique. Comme des campagnes préli-minaires l’ont montré, les bois couléssont colonisés par divers groupes demacro-organismes : mollusques gasté-ropodes, polyplacophores et bivalves,crustacés décapodes et péracarides,

polychètes, échinodermes. Maisaucune étude intégrée n’a jamais étémenée sur cette faune, qui semble, engrande partie, spécifiquement associéeà ce substrat. Hormis l’inventaire et la description dela faune bathyale de Santo, la cam-pagne Santo Boa, qui constitue le voletécosystèmes profonds de Santo 2006,avait pour objectif l’étude du fonction-nement et de l’origine de l’écosystèmeassocié aux bois coulés. Les organismesqui colonisent ces milieux récupèrent-ils le carbone organique dont ils ontbesoin dans les détritus planctoniquestransmis de la surface à la zonebathyale, ou bien sont-ils capables defaire de la chimiosynthèse ? Le caséchéant, se servent-ils de bactériessymbiotiques ? Quid des capacités dedispersion des espèces des bois cou-lés ? Quelles relations phylogénétiquesont-elles avec les espèces des sourceshydrothermales ou des suintementsfroids ? À bord de l’Alis, navire océanogra-phique de l’IRD venu de Nouméa, uneéquipe pluridisciplinaire de l’UR148,unité mixte Systématique, adaptation,évolution, constituée de deux micro-biologiste (Magali Zbinden, de l’Uni-versité de Paris 6 et Olivier Gros, del’Université des Antilles et de laGuyane), d’une généticienne despopulations (Sarah Samadi, IRD), d’unspécialiste de la biodiversité des milieuxtropicaux profonds (Bertrand Richer deForges, IRD), et d’un biosédimentologueChristophe Chevillon (spécialiste de latélédétection acoustique des fonds etdes habitats, IRD) et à laquelle s’était

joints un malacologue (Takuma Haga,Université de Tokyo) et une mycologue(Joëlle Dupont, MNHN), a mené durantdeux semaines des opérations dechalutage et de dragage profondsautour d’Espiritu Santo. Cette cam-pagne a également permis de récupérerdeux filières de cinq et six casiers conte-nant divers substrats organiques (os debœuf et de cachalot, os de seiche,plumes de dindon, carapaces de tortue,morceaux de bois de différentesessences…), que l’équipe avait immergéà 500 mètres de profondeur, lors d’uneprécédente campagne, en septembre2005. L’étude de la microfaune et de lamacrofaune qui les a colonisés devraitêtre riche d’enseignements. ●

ContactSarah Samadi [email protected]

Lever le voile sur la faune des bois coulés

Les 97 participants du module Marin se sont déployés de début août à fin octobre, principalement dans le sud de l’île. De la zone intertidale (qui découvre à marée basse)jusqu’à mille mètres de profondeur, ils ont mis en œuvre un éventail de méthodes pour collecter la flore et la faune, avec un effort d’échantillonnage particulierpour les mollusques et les crustacés décapodes (crabes, crevettes, bernard-l’hermite).

2002, et à Panglao, aux Philippines, en2004. Il s’agissait de poursuivre cesinventaires menés le long du gradientde biodiversité marine du Pacifiquesud, qui s’étend de la zone la plus richeen espèces (Philippines), à la zone laplus pauvre (archipel des Australes).Hormis le bois coulé et le benthos pro-fond (jusqu’à mille mètres), le modulea prospecté les plages, les fondsmeubles, et les récifs coralliens. Cesderniers ont pu être échantillonnés jus-qu’à 150 mètres de profondeur, grâceà la présence de plongeurs hawaïensutilisant la technologie « trimix » (unmélange d’hélium, d’azote et d’oxy-gène), et grâce à celle de Jo Arbasto,pêcheur de coquillages philippin, quiavait déjà collaboré à l’atelier dePanglao, en 2004, et qui est venumouiller ses filets, les tangle nets lelong de la rive sud de Santo. « Du faitde leurs difficultés d’accès, les récifsprofonds de 60 à 150 mètres ont ététrès peu prospectés par le passé, com-mente Philippe Bouchet, directeur del’unité Taxonomie et collections duMuséum et coordinateur du module. ÀSanto, leur exploration a été très fruc-tueuse. »Les premiers résultats de ce modulesont impressionnants : 1 103 espècesde crustacés décapodes, 3 000 à4 000 espèces de mollusques et 486espèces de poissons ont été collectées,parmi lesquelles une centaine, un mil-lier et quinze espèces, respectivement,

seraient nouvelles pour la science. Sansoublier quelque 250 espèces d’algueset 7 phanérogames marines récoltéespar l’équipe de Claude Payri, profes-seur à l’université du Pacifique et déta-chée à l’IRD de Nouméa. Parmi lesalgues, au moins 9 taxons sont nou-veaux pour la science (2 d’entre euxsont décrits et en cours de publication).La flore montre de fortes affinités avecles archipels avoisinants, et certainesespèces, jusque-là signalées commeendémiques aux Iles Hawaii, ont étérécoltées à Santo. Pour qui ne se fierait qu’à ces chiffres,Santo serait l’un des sites mondiaux lesplus riches en espèces marines, justeaprès Panglao, aux Philippines.« Toutefois, souligne Philippe Bouchet,certains habitats, comme les herbiers

Sur le pont du navireocéanographiqueAlis, BertrandRicher de Forges,chercheur à l’IRDexamine leséchantillonsremontés au coursd’un dragageprofond au largede Santo.

sous-marins et les sédiments minéraux,étaient peu représentés ou absents denotre site d’étude. De plus, les récifscoralliens de l’île nous ont paru enmauvais état, peut-être à cause desnombreux cyclones qui sont passésdans le secteur, au début des années1980. Enfin, il s’est avéré que la plupartdes espèces avaient un très faiblenombre de représentants. Tout celanous incite à pondérer ces résultats : ilsreflètent peut-être davantage la qualitédu travail accompli que la biodiversitédu site. » ●

ContactsPhilippe Bouchet [email protected] Payri [email protected]

Bernard L’hermite vivant dans unbambou, remonté lors d’undragage profond au large de l’îlede Santo.

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Récupération des organismessur un bois couléremonté lors d’un dragageprofond au largede l’île de Santo.

Friches et aliensInventorier lesespèces allochtonesde l’île de Santo, ense focalisant surquelques “groupescibles”, étudier leurdistribution selonun gradientd’anthropisationdes sites et desmilieux, et précisercomment lespopulations localesperçoivent cesespèces, tellesétaient lesprincipaux objectifsdu module Fricheset Aliens, dédié aurôle de l’Hommedans l’évolutionlocale de labiodiversité. Pourles remplir, onzescientifiques se sontdéployés duranttout le moisd’octobre dans lamoitié est de l’île,où la présence del’Homme estactuellement la plusimportante. Hervé Jourdan (IRD) recherche

sur ce drap blanc les insectes que la lumière attire.

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Une impressionnante récolte

Claude Payri (chercheuse IRD) et Catherine Geoffray trient les échantillons récoltés. Au total, 250 espèces d’algues,1103 espèces de crustacésdécapodes, 3 000 à 4 000 espèces de mollusques et 486 espèces de poissons.

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ContactHervé [email protected]

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S pécialistes des rongeurs enva-hissants à l’Inra de Rennes,Michel Pascal et Olivier

Lorvelec ont réalisé un inventaire de cegroupe de mammifères sur Santo.D’après leurs premiers résultats, aumoins quatre espèces introduites y sontactuellement présentes : le rat duPacifique (Rattus exulans), le rat noir(Rattus rattus), le rat surmulot (Rattusnorvegicus) et la souris grise (Mus mus-culus). Le grand rat épineux deNouvelle-Guinée, Rattus praetor, qui aété trouvé dans des sites archéologiquesdes îles de Vanuatu, mais n’a jamais étésignalé dans la nature depuis la venuedes Européens, est absent des échan-

tillons collectés lors de l’expédition. Seulle rat du Pacifique serait parvenu sur l’îleavec les premiers Mélanésiens, qui y ontaussi introduit le porc. Les trois autresrongeurs présents à Santo seraient,quant à eux, arrivés ultérieurement,avec les Européens. Deux nymphes de latique Amblyomma cyprinus, espèce lar-gement répandue dans le sud-est asia-tique, ont par ailleurs été collectées surun rongeur, sans doute un rat duPacifique, tandis que des adultes dumême parasite ont été trouvés en abon-dance sur deux porcs “marrons”. Cettetique aurait-elle été introduite par lespremiers Mélanésiens en même tempsque le rat du Pacifique et le porc ?Toujours est-il que tous les mammifèresactuellement présents dans la nature àSanto, ainsi que leur cortège de para-sites et de pathogènes, ont été intro-duits par l’Homme, à l’exception deschauves-souris. ●

ContactMichel [email protected]

L’île de Santo présente la plus grande surface de relief karstique de toutes les îles du Pacifique, à l’exception de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle est aussi l’une des moinsconnues pour la faune souterraine. De quoi justifier la présence d’une vingtaine de spécialistes du milieu souterrain. Ils constituaient le module Karst de l’expédition, qui s’est installé sur l’île durant tout le mois de septembre.

S anto est une île d’origine vol-canique. Mais, dans toute sapartie est, elle est recouverte

d’une épaisse croûte de corail soulevé.C’est ce relief calcaire, dans lequel lapluie a creusé des cavités, que les spé-cialistes appellent un karst. En plus detopographier les grottes, le moduleKarst de Santo 2006 a échantillonné lafaune de ce milieu particulier, ainsi quecelle du sol forestier et de la litière defeuilles mortes.

Michel Pascal mesure et dissèqueun rat sur le site de Vathe à Matantas. À chaque fois, trois zones de piégeages ont étésélectionnées, selon un gradient de modification du milieu par l’homme. Trois espèces ont ététrouvées : le rat noir Rattus rattus,le rat du Pacifique Rattus exulans,le rat surmulot ou rat d’egoutRattus norvegicus. Une espèceconnue de l’ile de Santo, le ratépineux Rattus praetor, n’a pas étéretrouvée pendant le temps del’expédition, a-t-elle disparu ?

Si une faune troglobie existe sur cetteîle, elle est apparemment peu abon-dante. C’est ainsi que les spécialistesnomment la faune strictement inféo-dée au milieu souterrain terrestre (paropposition au milieu souterrain aqua-tique). Comme les troglobies ont évo-lué isolément de ceux de la surface, ilssont susceptibles de présenter descaractères originaux. « On constatesouvent une perte des yeux et de lapigmentation, ainsi qu’un allonge-

Des rongeurs et des hommes

« Les fourmis sont reconnuespour leur rôle structurantdans les écosystèmes tropi-

caux», explique Hervé Jourdan, de l’IRD

de Nouméa, spécialiste de ces insectes.« On considère généralement que si lacommunauté de fourmis est équilibrée,il y a de bonnes chances pour quel’écosystème soit en bonne santé. »Pour s’en assurer, le chercheur a mené,avec Bruno Gatimel, volontaire civil àl’Aide technique et membre de sonéquipe, un inventaire de ces hyméno-ptères sur Santo dans le cadre dumodule friches et aliens, en explorantle gradient d’anthropisation depuis lesabords du port de Luganville jusqu’à laréserve naturelle de Vathé, sur Big Bay.Avant ce travail, 36 espèces de fourmisétaient connues sur l’île. Les deuxscientifiques en ont isolé une cinquan-taine, dont une quinzaine sont alloch-tones de façon certaine.Parmi elles, la redoutable fourmi élec-trique, Wasmannia auropunctata, qui,non seulement, pique les humains,mais décime les communautés d’in-

sectes. Originaire d’Amé-rique Tropicale, cetteespèce de petite taille, quivoyage facilement, est pré-sente un peu partout dansle Pacifique où elle causede gros dégâts. « Heureu-sement, précise HervéJourdan, sa répartition surSanto est apparemmentlimitée à un hectare. Il estdonc possible d’envisagerson éradication. »Le chercheur devrait retour-ner sur place prochainement pourencadrer cette opération, financée surle budget de Santo 2006. ●

Haro sur la fourmi électrique !

L’ethnologue MarineRobillard (Muséum)s’entretient avec leshabitants du village. Le travail du module friches et aliens a permis de percevoir l’importancedes voies de communicationdans la propagation des espèces allochtonespuisque, d’après les témoignages des villageois, la sourisgrise est arrivée à Butmaspar la piste ouverte en 2000.

« Envahissante » pas nécessairement« introduite »

D es 250 espèces de plantes liées aux activités humaines récoltées lors de l’expédition parMarc Pignal, botaniste au Muséum national d’histoire naturelle, la plus énigmatique est

peut-être la liane Merremia peltata. À Santo, cette espèce se trouve en effet dans son airede répartition « naturelle », puisqu’elle est considérée comme autochtone aux îles Salomon,Fidji et Samoa, ainsi qu’en Australie. De plus, cette liane possède un nom dans la langue dela commune de Butmas, en plein centre de l’île, ce qui semble indiquer que sa présence estancienne. Mais, d’un autre côté, Meremia peltata est notoirement envahissante à Santo :dans tout espace perturbé par l’homme, elle se propage rapidement et étouffe la végétation.« Deux possibilités : ou il s’agit d’une espèce introduite très anciennement, ou d’une espècelocale dont l’“agressivité” est apparue récemment, peut-être à la suite d’un changementdans les pratiques culturales », commente le botaniste. « Les analyses du pollen fossileretrouvé dans des sédiments anciens par les chercheurs du module “Karst” pourraient nousaider à trancher entre ces deux hypothèses. » ●

ContactMarc Pignal - [email protected]

La faune insolite des entrailles de Santoment des pattes et des antennes »,précise Louis Deharveng, directeur del’unité mixte Muséum/CNRS, Origine,structure et évolution de la bio-diversité, et coordinateur du module.En revanche, les eaux souterraines deSanto renferment apparemment unassez grand nombre de crustacésstygobies (strictement inféodés aumilieu souterrain aquatique), transpa-rents et aveugles. Proviennent-ils de lamer ? Le cas échéant, comment ont-ilsréussi à coloniser les eaux souter-raines ? Parce que la réponse se trouvepeut-être dans les grottes anchialines,qui renferment à la fois de l’eau douceet de l’eau de mer, l’équipe a consacréun effort particulier à leur exploration.Grâce à des dispositifs de piégeage,quelques crabes et crevettes très parti-culiers y ont été capturés. Ils sont encours d’étude. ●

ContactLouis [email protected]

Marc Pouilly(IRD) pose dansune grotte des pièges a insectesconstitués par une fiolecontenant de l'eau sucréequi attire les insectes.

D urant le mois de septembre 2006,Jean-Christophe Galipaud et Anne-

Marie Sémah, respectivement archéologueau centre IRD de Nouméa et palynologue àl’IRD de Bondy, accompagnés de DenisWirrmann, sédimentologue IRD en affecta-tion à Nouméa et Antoni Alcover Tomas,paléontologue de l’Institut Mediterranid’Estudis Avançats, à Majorque, se sontpenchés sur le “remplissage” des grottespeu profondes et des abris sous roches deSanto. Résultat : les vingt sites prospectés,répartis entre le cap Cumberland (nord-ouest de Santo), le cap Queiros (sud-ouest),la côte est de Santo et l’îlot d’Aoré, face àsa rive sud, renfermaient des restes archéo-logiques ou paléontologiques. Nulle tracedu fameux mégapode, un oiseau terrestrequi aurait pu exister à Santo par le passé(puisqu’on a pu montrer qu’il a disparu il ya seulement 3 000 ans de NouvelleCalédonie), na pu être trouvé. Mais Jean-Christophe Galipaud a eu la bonne surprisede découvrir, presque dans chaque site, des

céramiques estimées à plus de mille ans,ainsi que des traces de foyers, parfoisaccompagnés d’outils et de fossiles de rats,d’oiseaux, de chauves-souris, de lézards,probablement consommés par les Méla-nésiens de l’époque. Des ossementshumains ont aussi été découverts, quelque-fois associés à des canines de suidés, quiattestent, en principe, du haut statut socialde la personne inhumée. Grâce aux sédi-ments prélevés à l’entrée des grottes etdans diverses zones marécageuses de l’île,Anne-Marie Sémah espère, quant à elle,retracer l’évolution de la composition floris-tique de cette île du Pacifique Sud au coursdes derniers millénaires. « Des changementsdans la flore peuvent attester d’événementsclimatiques majeurs ou de variations inter-annuelles répétitives, comme des épisodesEl Niño », précise-t-elle. ●

ContactAnne-Marie Sé[email protected]

Sur les traces du passé

Frank Brehier(attaché auMuséum) enplongee dansune grotteimmergée, acapturé unecrevette,probablementd’unenouvelleespèce.

Dans une grotte de Salea, région d’Hokua - Nord Cumberland, ossementshumains et canines (tusker) de suidés.

Hervé Jourdan, entomologiste à l’IRD à Nouméa, faitl’inventaire des différentes espèces de fourmis.

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Vie souterraine

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I b i s c a

De l’effet de l’altitude sur lescommunautésd’arthropodes

S i l’île de Santo a été choisiepour le bon état de ses milieuxnaturels, les botanistes de l’ex-

pédition ont été frappés par le fortcontraste existant entre la forêt quasi-ment intacte, qui subsiste encore à plusde 600 mètres d’altitude, dans la partieouest de l’île en particulier, et la végé-tation “secondarisée”, qui prédomineà plus basse altitude.Selon eux, deux grands types de forêtsanciennes se distinguent dans l’île : de600 à 1 100 mètres, la végétation estmarquée par la présence d’une espècede conifère sans aiguilles, proche desaraucaria. Il s’agit d’un arbre majes-tueux, du genre Agathis, communé-ment appelé kaori. Émergeant dans lavégétation, il se reconnaît facilement àson port massif et à son écorce ocre quise desquame. De telles forêts de kaorisne sont répertoriées que sur deuxautres îles de Vanuatu, Anatom etErromango, où ces arbres, dont le boisest très prisé, sont fortement surexploi-

tés. À l’échelle de l’archipel, Santopourrait donc receler les dernières for-mations végétales intactes de ce type.À partir de 1 000 mètres apparaît undeuxième type de forêt ancienne,caractérisée par l’abondance et ladiversité des hépatiques (végétauxproches des mousses) et par la pré-sence de très grands arbres du genreMetrosideros. Tout comme les kaoris àplus basse altitude, ces derniers émer-gent de la canopée, ce qui les rend par-ticulièrement favorables au développe-ment des épiphytes. La présence degrimpeurs-élagueurs dans l’expéditiona permis de procéder à la cueillette deces dernières, et notamment de nom-breuses orchidées. Au total, 300 à 350 taxons de champi-gnons et 700 à 800 espèces de plantesvasculaires ont été récoltés au cours del’expédition. Déjà des nouveautés ontété identifiées dans les Araliaceae,Alangiaceae, Cardiopteridaceae, ainsiqu’une espèce du genre Geissois

(famille des Cunoniaceae) selon YohanPillon, un membre de l’expédition quiprépare un doctorat sur cette familleau centre IRD de Nouméa. Toutefois,seul un examen approfondi des échan-tillons, à la lumière des collections deréférences, permettra d’établir leurnombre avec certitude. Une partie desbotanistes de l’expédition a par ailleursdéjà prévu de retourner à Santocourant 2007. « Certaines espècesétaient uniquement présentes à l’étatvégétatif lors de notre premier pas-sage, explique Jérôme Munzinger,botaniste à l’IRD de Nouméa et coordi-nateur du volet botanique de Santo2006. Nous voulons nous donner uneseconde chance de les récolter enfleurs ou en fruits. » ●

ContactJérôme [email protected]

E n forêt, et particulièrementdans les régions tropicales,c’est le groupe des arthro-

podes (insectes, arachnides, collem-boles) qui renferme le plus d’espècesanimales. Mais à quel “étage” de lavégétation ces espèces sont-elles lesplus nombreuses ? Et comment lastructure de leurs communautés varie-t-elle avec des paramètres telle que l’al-titude ? Ces questions qui intéressentles scientifiques ont également desimplications en matière de conser-vation.Pour tenter d’y répondre, un groupeconstitué d’une dizaine d’entomolo-gistes français, belges, allemand, biélo-russe, australien ou encore brésiliens’est établi pendant plus d’un moisdans un camp de brousse, au-dessusdu village de Pénaorou, sur la côteouest de Santo. De là, ils ont mis enœuvre leur protocole de recherche,appelé Ibisca (Inventaire de la biodiver-

sité des insectes,du sol à la ca-nopée). Ils ontd’abord délimitédans la forêt dessurfaces carréesde 20 mètres decôté, et répliquéces quadrats deuxà trois fois à cinqaltitudes diffé-rentes, de cent à1 200 mètres. Envue de caractéri-ser la végétationdans chacun deces réplicats, uneéquipe coordon-née par Jérôme

Munzinger, botaniste à l’IRD deNouméa, y a ensuite compté et échan-tillonné tous les arbres de plus de cinqcentimètres DBH (diameter at breastheight ou diamètre à hauteur de poi-trine). Puis les entomologistes ont pro-cédé à un inventaire le plus completpossible des arthropodes de ces par-celles. Pour cela, ils ont utilisé une bat-terie de méthodes, allant du tamisagede la litière à la cueillette des plushautes branches grâce à la présence degrimpeurs-élagueurs, en passant par lapulvérisation d’insecticide (rapidementbiodégradable) sur l’écorce des arbres.Les échantillons récoltés, conditionnésdans l’alcool, feront l’objet d’un tri etd’une détermination ultérieure. « Cetravail devrait notamment nous per-mettre d’établir quels sont les arthro-podes dont la présence dépend le plusétroitement de l’altitude, précise BrunoCorbara, maître de conférence à l’uni-versité Blaise Pascal, Clermont-Ferrand,et coordinateur scientifique du pro-gramme Ibisca. Ce qui fournirait unbon modèle pour évaluer et anticiperles conséquences du changement cli-matique. Le travail des botanistes nousaidera à déterminer la part des varia-tions des communautés végétales dansles modifications des communautésanimales. Il sera également intéressantde comparer les résultats obtenus àSanto avec ceux des campagnes Ibiscaprécédentes. » Un protocole analoguea en effet été déployé au Panama en2003 et en Australie, dans l’État duQueensland, en octobre 2006. ●

ContactBruno [email protected]

De mi-novembre à mi-décembre, le module « FMR » (90 participants environ) s’est penché sur labiodiversité des forêts anciennes et des eaux douces de surface. Les membres de ce moduleétaient répartis selon deux modes de fonctionnement : plusieurs petits groupes ont prospectéSanto de manière itinérante, en collectant les espèces en fleurs ou en fruits au passage, tandisqu’un groupe « sédentaire » était basé au-dessus du village de Pénaorou, dans un camp debrousse bâti de main de maître par les villageois.

Des pépites dans les rivières

S ous la coordination de Philippe Keith, Professeur auMuséum national d’Histoire naturelle, l’équipe Rivières

a réalisé l’inventaire des poissons et des crustacés déca-podes d’une soixantaine de kilomètres de cours d’eau,autour de trois sites distincts de Santo. « D’après nos résul-tats, la faune dulçaquicole de Santo est très riche », com-mente-t-il. À l’issue de la mission, le nombre d’espèces depoissons de rivières sur Santo est porté à 47, et le nombrede crustacés décapodes à 28. « Cela représente une cen-taine d’espèces de ces deux groupes pour l’archipel deVanuatu, poursuit le chercheur. Soit autant que pour toutela Nouvelle-Calédonie, pourtant beaucoup plus vaste. »Autre résultat important de la mission : la découverte d’unmembre de la famille des Rhyacichthyidae, représentée pardeux espèces dans le monde. « L’une est présente en Asie,l’autre en Nouvelle-Calédonie, s’enthousiasme le chercheur.Or cette dernière n’est connue que par quatre spécimens !Ceux que nous avons collectés à Santo nous permettrontdonc d’en savoir plus sur ces poissons primitifs. » ●

ContactPhilippe Keith, [email protected]

S pécialiste des arachnides au Muséum national d’Histoire naturelle,Christine Rollard a prospecté l’île de Santo pendant un mois, en se

concentrant sur quatre zones principales. Elle a échantillonné diversesstrates de la végétation : arbustive, herbacée, litière et sol, et récolté plu-sieurs centaines de spécimens. « À première vue, cela représente cent àdeux cents espèces appartenant à 25 familles différentes », estime-t-elle.La biodiversité sur Santo est donc importante. Il est trop tôt pour avancerun nombre d’espèces nouvelles mais déjà, ces résultats représentent uneavancée importante dans la connaissance de cette faune sur l’île. « Avantla mission, seules 23 espèces d’araignées, de 10 familles différentes,étaient connues sur cette île. » Les araignées occupent différentes nichesécologiques selon le type de chasse qu’elles exercent. « Certaineschassent à l’affût sur des supports végétaux, ou postées à l’entrée de leurterrier, d’autres sont tapies ou courent au sol, d’autres encore tissent leurtoile dans la forêt, ou au-dessus des rivières… » Si certaines espèces ontune large répartition sur l’île, un grand nombre semblent très localiséeset n’avoir que de rares représentants. La mission a, par ailleurs, permis derécolter des scorpions, opilions et pseudo-scorpions, groupes pour les-quels il n’existait pratiquement aucune donnée sur Santo. ●

ContactChristine Rollard, [email protected]

Christine Rollard, du Museum nationald’Histoire naturelle arachnologue, en train de prélever une araignée. À 800 mètres d’altitude, dans la foretprimaire du centre de la péninsulevolcanique du Cumberland, pendant la traversée du cap d’Ouest en Est.

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Une belle moisson d’arachnides

Deux grands types de forêts anciennes

“Chevrette”pêchée dans la rivièrePénaorou, à 400 mètresd’altitude aunord-ouest del’île de Santo.

JeromeMunzinger (IRD) etPete Lowry(MissouriBotanical Garden,St Louis, USA)auscultent la canopée à la jumelle, afin de trouver des échantillonsfertiles à préleverau sommet des arbres d’unedes parcelles à1 200 mètresd’altitude.

L’Arboglisseur est un aérostat motoriséservant à la collecte intensived’échantillons. Une enveloppe toriqueremplie d’hélium se situe en dessous de la partie "montgolfière", une enveloppe à air chaud. La nacellepermet d’embarquer deux scientifiques.L’autonomie du vol est de 2 heures pour une vitesse maximale de 20 km/h.

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Bruno Corbara ramasse de la litière, pour la tamiser. Lalitière sera ensuite décantée au camp pour retenir lesinsectes qui la peuplent. Site de Pénaorou au nord-ouest de l’île de Santo.

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Forêts, montagnes, rivières

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

L es moustiques responsables dela transmission du paludisme àl’homme appartiennent au

genre Anopheles. L’un des plus connuset des plus étudiés est Anopheles gam-biae, le principal vecteur du paludismeen Afrique. Afin de protéger les popula-tions menacées par ce fléau, l’OMS

recommande l’utilisation de mousti-quaires imprégnées d’insecticides pyré-thrinoïdes, faiblement toxiques pour lesmammifères et très actifs contre lesmoustiques. Malheureusement, l’utili-sation excessive et inappropriée decette famille d’insecticide, notammentpar pulvérisation, est à l’origine d’unaccroissement inquiétant du nombred’individus résistants dans les popula-tions d’anophèles. Les moustiquairesimprégnées perdent alors leur effica-cité. Il est donc indispensable d’envisa-ger de nouvelles stratégies de gestiondes vecteurs de transmission du palu-disme résistants à ces insecticides.Des chercheurs de l’IRD et leurs parte-naires au Bénin et au Burkina Faso1 ontobtenu des résultats encourageants encombinant un insecticide non-pyréthri-noïde et un répulsif. Ils se sont appuyéssur des travaux antérieurs qui ont misen évidence une forte synergie entreces deux composés, leur association semontrant en effet beaucoup plus effi-cace que la simple addition de leurspropriétés respectives. Les mousti-quaires imprégnées de ce mélangeprésentent ainsi un pouvoir létal et irri-tant qui empêche les piqûres de mous-tique. En outre, les moustiques subis-sent un puissant effet paralysant, diteffet knock down2, au contact dumélange. Les taux de mortalité mesu-rés se révèlent satisfaisants, puisqu’ilségalent ceux obtenus avec la delta-méthrine, un pyréthrinoïde de syn-

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L e paludisme à Plasmodium fal-ciparum est une maladie parasi-taire, transmise par le mous-

tique anophèle, responsable de plusd’un million de décès chaque année,essentiellement chez les enfants afri-cains de moins de 5 ans. La prévalencede cette affection croît ou reste stabledans la plupart des pays d’endémie, enraison de l’augmentation de la résistancedu parasite aux traitements antipalu-diques courants, comme la chloroquine,l’amodiaquine et la sulfadoxine-pyrimé-thamine. Afin de mieux combattre lesparasites polychimiorésistants, de nou-velles combinaisons et de nouveaux

médicaments sont nécessaires. En cesens, une série chimique de synthèsedécouverte par le laboratoire Pharmaco-chimie des substances naturelles etpharmacophores redox, UR152, unitémixte de recherche associant l’IRD etl’université Paul Sabatier de Toulouse,va faire l’objet de travaux poussés dansle cadre d’un projet multipartenairesoutenu par l’Union européenne.Le projet de recherche Read Up (RedoxAntimalarial Drug discovery), avec unbudget de 2 millions d’euros sur 3 ans(décembre 2005-novembre 2008), asso-cie une firme pharmaceutique française,une société privée de management, trois

thèse courant très efficace contre lesmoustiques.Les chercheurs ont testé deuxmélanges comprenant un insecticidenon-pyréthrinoïde de la famille desorganophosphorés, associé soit à unrépulsif standard (le DEET), soit à unrépulsif de synthèse de nouvelle géné-ration. Chacun de ces mélangesmontre une synergie importante entermes de pouvoir létal et d’effet para-lysant sur les anophèles. Cependant,seule l’association entre l’insecticide etle répulsif standard produit un effetsynergique capable d’empêcher lemoustique de prendre son repas desang. Cette synergie s’observe égale-ment avec la durée d’efficacité qui sevoit prolongée de plusieurs mois parrapport à celle qui est obtenue avec lesproduits appliqués seuls. La propriété

synergique des combinaisons se révèled’autant plus avantageuse qu’elle per-met de diminuer de façon importanteles doses efficientes à utiliser sur lesmoustiquaires (environ 6 fois par rap-port à l’insecticide seul), pour une effi-cacité équivalente à celle de la delta-méthrine.Les moustiquaires traitées avec les deuxmélanges étudiés au laboratoire ontensuite été testées sur le terrain, dansune zone de culture rizicole située à40 km au nord de Bobo-Dioulasso, auBurkina Faso. Cette région présente laparticularité d’abriter deux formesd’Anopheles gambiae différentes. Lapremière apparaît en mai-juin dans lesrizières et ne présente pas de résistanceaux pyréthrinoïdes. La seconde émergeen septembre-octobre dans des flaquesd’eau issues de la mousson et résiste àces insecticides. De façon attendue, lesmoustiquaires usuelles traitées auxpyréthrinoïdes se sont avérées efficacesuniquement vis-à-vis des moustiquesnon résistants de la première popula-tion. En revanche, les moustiquairesimprégnées des mélanges insecticidesnon-pyréthrinoïdes – répulsif se sontrévélées d’excellentes protections pourles habitants des villages locaux, quelle

que soit la population de moustiques.Toutefois, leur durée d’efficacité(15 jours environ) en conditions réellesne s’est pas montrée à la hauteur desespérances des chercheurs. Ceux-cienvisagent par conséquent de collabo-rer avec une entreprise capable deconcevoir un système d’encapsulationdu mélange permettant de prolongerl’effet protecteur de la moustiquaire. L’efficacité de ces mélanges à based’organophosphorés et de répulsifsouvre donc une nouvelle voie de luttecontre les vecteurs du paludisme résis-tants aux pyréthrinoïdes. À terme, leschercheurs envisagent de tester leurméthode sur des moustiques résistantsaux deux autres types d’insecticides uti-lisés contre la transmission du palu-disme, les organophosphorés et lescarbamates. ●

1. Ces recherches ont été conduites au labo-ratoire de l’IRD de Cotonou, Bénin, avec lacollaboration du Centre de recherches ento-mologiques de Cotonou (CREC), duLaboratoire de lutte contre les insectes nui-sibles (LIN) de l’IRD à Montpellier et del’Institut de recherche en science de la santé,Bobo-Dioulasso, Burkina Faso. 2.Effet knock down : effet de paralysie desmuscles et du système nerveux des insectesqui précède leur mort. Il est caractéristiquedes insecticides pyréthrinoïdes.

ContactsCédric [email protected] [email protected] Hougard

RéférencesPennetier C, Corbel V and Hougard JM.– Combining a non-pyrethrinoid insecticideand a repellent: a new approch for control-ling knock down resistant mosquitoes, Am.J.Trop. Med Hyg. 2005, 72 (6), 739-744.

Pennetier C, Corbel V, Boko P, Odjo A,N’Guessan R, Lapied B, Hougard JM.– Synergy between repellents and non-pyre-thrinoid insecticides strongly extends theefficacity of treated nets against AnophelesGambiae, Malaria Journal, 2007, 6 (1) 38.

L’utilisation abusive et inadéquate de certains insecticides,notamment les pyréthrinoïdes, a provoqué le développement d’une résistance parmi certainespopulations de moustiques vecteurs de maladies. Des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires ont mis au pointune nouvelle stratégie de lutte contre Anopheles gambiae,principal vecteur du paludisme en Afrique, en combinant un insecticide non-pyréthrinoïde et un répulsif.

universités européennes, et deux labora-toires de recherche associés à l’IRD. Read Up a pour objectif de réaliser l’op-timisation de la série grâce à la modéli-sation moléculaire, la synthèse chimiqueet des essais in vitro et in vivo, respecti-vement sur le modèle P. falciparum etsur le modèle Plasmodium de rongeurs.Le projet inclut l’étude des mécanismesd’action et des études pharmacociné-tiques. Un ou deux composés parmi lesplus actifs seront retenus pour uneconfirmation de l’activité in vitro sur iso-lats frais de P. falciparum (testés immé-diatement après le prélèvement sanguindes malades impaludés). Les résultats préliminaires montrentque cette première série de dérivés pré-sente une forte activité. Les essais invivo chez les souris infectées parPlasmodium de rongeurs confirment lahaute activité sur les parasites du stadesanguin. ●

Une série chimique, mise au point par un laboratoireIRD-Université, suscite unprojet multipartenaire delutte contre le paludisme.

B r e v e t sLes termites ont la main verteL’IRD vient de déposer le dernier destrois brevets concernant l’utilisation depoudre de termitière comme bio-fertili-sant des cultures maraîchères. Cetaboutissement, indispensable pourassurer la reconversion de résultats derecherche en outils de développement,est le fruit de quatre longues années detravail mené par Robin Duponnois– UR40, Laboratoire des symbioses tro-picales et méditerranéennes, UMR LSTM –depuis le Burkina jusqu’au Sénégal. Double effet. La poudre de termitière,via un effet stimulant de la symbiosemycorhizienne, dope la croissance desvégétaux et peut donc, avec un coût deproduction minimum, stimuler lescultures maraîchères et forestières, toutparticulièrement en zone sèche de typesahélien. De surcroît, cette affluencepositive a également des effets sur lesplus importants pathogènes agricolesde ces régions : les nématodes phyto-parasites et la plante Striga hermon-thica. Les brevets ont été transmis audépartement Expertise et Valorisation,qui a désormais en charge l’avenir pro-fessionnel du précieux produit. ●

Contact [email protected]

D a k a rL’industrie rencontre la scienceEn coopération avec la mission écono-mique de l’ambassade de France àDakar, les membres du Club des inves-tisseurs français au Sénégal ont étéaccueillis, le 19 mai dernier, au centreIRD de M’Bour afin de découvrir les acti-vités locales de l’IRD. Sous la houlettedes différents chercheurs, ils ont visitéchacune des installations scientifiqueset techniques du centre durant plus detrois heures. À l’instar du premierconseiller de l’ambassadeur de Franceau Sénégal, ils se sont montrés parti-culièrement intéressés par le pro-gramme d’élevage du Tilapia, et mêmepassionnés en visitant l’observatoiregéophysique de l’US191, Instrumenta-tion, moyens analytiques, observatoiresen géophysique et océanographie(Imago).Synergie. Le but de cette rencontreétait de permettre aux grands chefsd’entreprise français, présents sur le solsénégalais, de mieux appréhender ceque pouvait être un programme derecherche scientifique, afin d’identifierd’éventuels rapprochements entre lesmilieux industriels et ceux de larecherche. L’institut espère ainsi jeterles bases de futurs financements deprogrammes, achats de brevets, ouencore partenariats autour de projetsécologiques. ●

Contact [email protected]

De l’espoir dans Read Up

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ContactFrançoise [email protected]

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Insecticide – répulsif une synergie : efficace contre les vecteurs

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Étudiants brésiliensà MontpellierLa nouvelle unité mixte qui associel’université de Montpellier 2, le Cirad etl’IRD autour de la Résistance des plantesaux bioagresseurs (UR186, UMR RPB) voit sesrelations avec la recherche brésiliennemonter en puissance. Le projet proposépar l’équipe Mécanismes des résis-tances, dirigée par Diana Fernandez surl’Amélioration génétique du caféierpour une résistance durable aux para-sites, a été retenu par le Comité françaisd’évaluation de la coopération scienti-fique et universitaire avec le Brésil(Cofecub) et son partenaire brésilien, laCoordenação de Aperfeiçoamento dePessoal de Nível Superior (Capes).Le contrat Capes-Cofecub 2007-2010prévoit le financement de missions depart et d’autre et de bourses (8). Ce dis-positif permet d’accueillir cette année àMontpellier deux doctorants brésilienset une chercheuse de l’EmpresaBrasileira de Pesquisas Agropecuaria(Embrapa) dont les travaux sont coen-cadrés par Diana Fernandez et par deschercheurs des institutions brésiliennespartenaires : Embrapa, UniversidadeEstadual Paulista (UNESP) et l’InstitutoAgronômico de Campinas (IAC). Toustrois sont inscrits à l’universitéMontpellier 2, école doctorale Systèmesintégrés en biologie, agronomie, géos-ciences, hydrosciences, environnement.Daniel Ramiro bénéficie déjà d’unebourse de l’IRD. Son doctorat est consa-cré à la caractérisation moléculaire degènes impliqués dans la réactiond’hypersensibilité du caféier à la rouilleorangée. Avant d’intégrer l’équipemontpelliéraine, il a effectué 10 moisde recherches à l’IAC.La thèse de Carla Fernanda Barsalobres-Cavallari porte sur l’identification depromoteurs qui contrôlent une expres-sion tissus-spécifique chez Coffea ara-bica. La bourse allouée par la Capes estrenforcée par une allocation duConselho Nacional de DesenvolvimentoCientífico e Tecnológico (CNPq).Quant à Erika Saliba Albuquerque deBarros, bien que déjà chercheuse, elleest également inscrite en thèse et étu-die la génomique fonctionnelle de larésistance du caféier aux nématodes àgalles. Son institut, l’Embrapa, financecet accueil. ●

ContactDiana Fernandez [email protected]

Le vendredi 29 juin, dans le cadre de lacélébration des 20 ans du centre IRD deMontpellier, Georges de Noni, direc-teur du Centre, Michel Laurent, direc-teur général de l’IRD, Hélène Mandroux,maire de Montpellier, Max Levita, vice-président du conseil régional duLanguedoc-Roussillon et ChristianNique, recteur de l’académie deMontpellier, posent la première pierred’un nouveau bâtiment dédié auxsciences de la plante sur le centre IRD deMontpellier.Ce nouveau bâtiment de 1 000 m2,construit en partenariat avec l’Inra etfinancé dans le cadre du plan État-Région 2000-2006, accueillera troisunités mixtes de recherche. Elles aurontpour objectif de fédérer des recherchessur les plantes méditerranéennes ettropicales telles que caféiers, palmiers,riz, mil, maïs, blé dur, tournesol, ouencore la luzerne ou la vigne. ●

les séjours dans la vallée du fleuveSénégal, où un projet interdisciplinaire estlancé par Pascal Boivin. Nouvel élargisse-ment d’horizon : enthousiaste, Mamadoudonne du temps aux autres disciplines(par exemple la géographie avecA. Lericollais, l’agronomie avec J.-C. Pous-sin), veille sur des dispositifs de mesure insitu toujours plus sophistiqués, épauleune nouvelle génération de doctorants(P. Garnier, F. Favre, L. Mané, B. Diaw,R. Samba, F. Laval), de chercheurs ouingénieurs (C. Hammecker, L. Barbiero, J.-L. Maeght, J. Delarivière), et une multi-tude de stagiaires (plus de 40). Aucun nel’a oublié, nombreux sont ceux, restés encontact, qui s’associent à ce messagepour lui rendre cet hommage. Nous continuons d’échanger les souve-nirs de campagnes de mesures parfoisépiques, réussies, facilitées ou tout sim-plement égayées par sa présence. Ainsila négociation avec les mouvements

rebelles pour pouvoir finir des mesuressur le terrain, et leur visite nocturne etarmée sur le site (cf. thèse d’Y. Coquet) :pour Mamadou, même dans ces condi-tions, la recherche devait continuer.Les fruits d’une collecte ont été remissolennellement à la famille de Mama-dou, le 28 juin dernier, des mains deDemba Faye et Augustin Diémé, sescollègues de longue date. ●

ContactsPascal [email protected] [email protected]

E ngagé et formé à l’OrstomDakar, d’abord en botaniquepuis en pédologie pendant une

trentaine d’années, Mamadou Badianeest emblématique d’une génération detechniciens « locaux », passionnés parleur travail, la mission, et l’institution àlaquelle ils ont énormément donné.L’apport de ces autodidactes à larecherche et aux autres missions del’Institut mérite d’être reconnu et célé-bré : on ne saurait mieux l’illustrer quepar la carrière de notre collègue. Lemétier et les hommes n’ont cesséd’évoluer, Mamadou est demeuré com-pétent et indispensable. Nous sommesnombreux, ses anciens collègues expa-triés, à avoir vécu avec lui d’inoubliables

heures au laboratoire et sur le terrain. Ilnous a tous marqués par sa motivationet son immense respect pour larecherche. Nous avons bénéficié de sabonne humeur, son entrain, sa rigueuret sa droiture. Sa présence généreusedemeure en chacun de nous.Mamadou Badiane a accompagné lesmutations de la pédologie. Avecl’équipe de Jean-Yves Loyer dans lesannées 1980, les expérimentations surles sols salés ont pris le pas sur les tra-vaux de cartographie. Les études dansle delta du fleuve Sénégal voient se suc-céder les « élèves Orstom » (dontD. Brito, E. Braudeau, J.-Y. Le Brusq,B. Mougenot, P. Zante), qui ensuite ironten Casamance (P. Boivin). Chacun serasoutenu et accompagné par Mamadou.Puis le programme « Casamance » meten jeu de nouvelles équipes, en mêmetemps qu’un « durcissement » scienti-fique de l’Institut s’opère. Ce seront desrecherches en géochimie et en physiquedu sol. Mamadou découvre de nouveauxoutils, de nouveaux collègues (D. Brunet,J. Touma), de nouvelles exigences, etlaisse à tous le même souvenir de qualitéet de disponibilité. Après les élèves, leséquipes conduites par Pascal Boivin etJean-Pierre Montoroi accueillent cettefois des VSN (M. Péraudeau), des docto-rants (H. Colleuille, Y. Coquet) et des sta-giaires (B. Diawara, L. Eisenlohr, I.S. Bah).Par ailleurs, Mamadou participe aux tra-vaux pédologiques de grands anciens :Bokar Kaloga, Simon Barreteau, MichelGavaud et d’un thé sard sénégalaisSyaka Sadio.Au début des années 1990, apparaissentles unités de recherche et les grands pro-grammes. Mamadou Badiane multiplie

Jean-Christophe Castella, chercheurde l’UR168, Dynamiques environnemen-tales entre forêt, agriculture et biodiver-sité, a soutenu une habilitation à dirigerdes recherches en géographie à l’uni-versité d’Avignon et des Pays deVaucluse, le 23 avril 2007, sur lethème : Transitions agraires et dyna-miques environnementales en Asiedu Sud-Est. D’une gestion de projetsà une gouvernance de territoires.Le territoire, objet de recherche interdis-ciplinaire, suscite l’émergence de nou-veaux cadres théoriques, en particulierpour l’analyse des interrelations entreles pratiques d’exploitation et la dyna-mique des milieux dans des zonesrurales en mutation rapide. Le Viêt-namcontemporain, affecté par des change-ments politiques, institutionnels et éco-nomiques majeurs, est le supportd’analyse des transitions agraires quisont actuellement à l’œuvre en Asie duSud-Est. Les recompositions territorialesqui leurs sont associées sont richesd’enseignements car elles révèlent lesdysfonctionnements et sont sourced’initiatives, d’innovations propres àrésoudre des problèmes de coordina-tion entre groupes d’acteurs qui gèrentdes ressources sur des territoires com-muns. Dans ce contexte, Jean-Christophe Castella apporte des élé-ments de méthode pour réconcilier desdémarches ascendantes d’analyse despratiques d’acteurs et de leur impactsur le milieu, avec des démarches des-cendantes qui s’appuient sur l’analysede structures territoriales et de leurs

dynamiques considérées comme dessignatures spatiales des activitéshumaines. Il propose des pistes deréflexion sur ce qui peut contribuer àstructurer des équipes interdisciplinairestravaillant sur ces objets de recherchemais aussi ce qui permet d’établir desrelais entre les démarches de connais-sance et les démarches d’action.

[email protected]

Jacques Panfili, chargé derecherche IRD, UR070 RAP, a soutenu sonhabilitation à diriger des recherches(école doctorale Sibaghe) le 31 mai2007 à l’université Montpellier 2 sur lesujet Les otolithes, intégrateurs del’histoire individuelle des poissons.Biologiste ichtyologue, il est spécialistede l’estimation de l’âge et de la crois-sance à partir des marques enregistréesdans les pièces calcifiées (sclérochrono-logie) et plus particulièrement dans lesotolithes (concrétions calcaires situéesdans l’oreille interne). Récemment, sestravaux ont associé la connaissance destraits d’histoire de vie (croissance etreproduction) avec la génétique despopulations ou la microchimie des oto-lithes (étude des déplacements). Sesperspectives de recherche s’oriententvers la biologie intégrative associant lasclérochronologie à d’autres disciplinescomme la génétique et la physiologie.Elles visent la compréhension desréponses adaptatives des populationsde poissons dans les écosystèmes detransition (milieux estuariens). Les ter-rains d’expérimentation sont situés

dans les estuaires ouest-africains auxcaractéristiques contrastées (hypersali-nité, pollution) et le choix des espècescosmopolites, comme le mulet Mugilcephalus, permettra à terme de ciblerdes indicateurs de l’état des popula-tions, mais aussi des écosystèmes.

ContactJacques [email protected]

Sébastien Barot (UR137, Laboratoired’écologie des sols tropicaux) a sou-tenu sa thèse d’habilitation à dirigerdes recherches, Palmiers, morues etvers de terre : essais de va-et-viententre théorie et données empi-riques, le vendredi 25 mai au centre IRD

de Bondy. « J’ai cherché, en rédigeant ma thèsed’habilitation à diriger des recherches, àprésenter à la fois les principaux résultatsscientifiques obtenus depuis la fin de mathèse de doctorat et à décrire ladémarche scientifique qui a permisd’aboutir à ces résultats. Ayant travaillé

Quoi de neuf docteur ? Quoi de neuf docteur ? Quoi de neuf docteur ?

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Mamadou Badiane nous aquittés ce mois de mars2007, peu de temps aprèsson départ en retraite. Sescollègues de l’IRD souhaitentlui rendre un hommageappuyé.

WEB www.mpl.ird.fr/ur168/equipe/castella.htm

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Voir la description des recherchesde Jean-Christophe Castella dans le numéro 33 de Sciences au ,janvier, février 2006.

Prélèvementd’échantillons de sol à

la tarière.

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Mesure de la densité apparente d’un sol ferrugineux à différentes profondeurs avec un gammadensimètre .

Mesure de paramètresphysiques du sol, commel’humidité, la succion et l’infiltration.

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Hommage à Mamadou Badiane

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

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Planète IR

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Parasites de poissons, la biodiversitécachée des récifscoralliens

Un seul poisson récifal de Nouvelle-Calédonie peut porter jusqu’à vingt-sixespèces différentes de vers parasites. Ilexiste des dizaines de milliers d’espècesde parasites encore méconnues. Lesparasites des poissons constituent laface cachée de la biodiversité coral-lienne. Hauts lieux de biodiversité, les récifscoralliens sont surtout connus pour lespectacle chatoyant qu’offrent pois-sons et coquillages. Ceux-ci ne repré-sentent pourtant qu’une partie de lagrande richesse de ces écosystèmes.Une partie plus importante encore dela biodiversité récifale reste invisible,celle des dizaines de milliers de petitsinvertébrés parasites des poissons. Leurinventaire est très loin d’être achevé.Une étude menée au centre IRD deNouméa montre que les poissons,acteurs bien visibles de la biodiversité,hébergent une source insoup-çonnée de biodiversité supplé-mentaire, leurs parasites. On aainsi dénombré, sur les bran-chies d’un mérou (la « lochegrisette » de Nouvelle-Calédonie, Epinephelusmaculatus), la présence dedouze espèces de versmarins, des monogènes, etaussi d’autres parasites. Onprend la mesure de ce chiffre sil’on sait que la découverte, lorsd’études antérieures, de sixespèces de parasitessur un mérou deM é d i t e r r a n é e( E p i n e p h e l u smarg inatus ) ,avait été consi-dérée commee x c e p t i o n -nelle. Et l’étude arévélé, sur diversmérous, que lenombre de monogènesdes branchies varie entre 2 et 12, et lenombre total de parasites répertoriésentre 2 et 26. Parmi les parasites de laloche grisette, au moins 10 sont stricte-ment spécifiques, c’est-à-dire qu’ils nepeuvent vivre que sur ce poisson.Les récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie comptent plus de 1 700 es-pèces de poissons, on peut donc estimer l’importance numérique de labiodiversité de leurs parasites à plusieurs fois ce chiffre, soit probable-ment 10 000 espèces de parasites,pour la plupart inconnues. Ce chiffrepeut être doublé, voire triplé, si l’onconsidère tous les récifs coralliens dumonde. ●

Contact Jean-Lou [email protected]

Dans un processus de sélection ducafé, on souhaite ne garder dugénome de canephora que la régionqui assure la résistance et au contraireéliminer ce qui provoque l’amertume etun fort taux de caféine. Il faut donc dis-poser d’un marqueur pour la zone inté-ressante. Or les mécanismes géné-tiques de la résistance à la rouille nesont pas connus et aucun marqueur nepermettait d’en détecter la présencechez arabica ou canephora. En revanche, pour l’espèce Coffea libe-rica (ni arabica, ni robusta), on connaîtau moins un locus de résistance (SH3),ce qui rend plus facile le suivi de larésistance. Il existe au monde une seulepopulation qui résulte du croisementC. arabica x C. liberica. Elle est en Inde,pays dont la caféiculture paie un lourdtribut à la rouille. L’IRD travaille en par-tenariat depuis plusieurs années avec leCentral Coffee Research Institute (CCRI).Un chercheur du CCRI, en accueil à l’IRD

Montpellier, a développé par la tech-nique AFLP (Amplified Fragment LenghtPolymorphism) un millier de séquencesADN à partir de cette population « ara-

E n Nouvelle-Calédonie, lesplantations de café, abandon-nées depuis des dizaines d’an-

nées, ont évolué librement dans unmilieu peu contraignant, d’où l’excep-tionnelle diversité de plants issus decroisements naturels entre les arabicaet les canephora. Ce trésor végétaloffre à la Nouvelle-Calédonie des can-didats pour le développement d’unevariété locale haut de gamme. Encorefaut-il les caractériser et s’assurer qu’ilssont résistants à la rouille. Au sein del’équipe de Philippe Lasherme (UR186

Résistance des plantes auxbioagresseurs (RPB) UMR

IRD/Cirad/UM2), LaetitiaMahé a travaillé surenviron 50 individusétiquetés en forêt.Dans un premiertemps, elle a étudiéle mode de forma-tion des hybridesinterspécifiques natu-rels, leur diversité, ainsique leur comportement vis-à-vis des races derouille connues. Ellea ainsi montré queles hybrides étaient issus de croise-ments dans les deux sens : arabica� xcanephora� et canephora� x ara-bica�. Parallèlement, elle a estimé leur

niveau d’introgression. Cette donnéegénétique se mesure à la quantitéd’ADN de canephora que l’on retrouvedans le génome d’arabica. La présencede l’ADN de canephora influence la phy-siologie de la plante (taux de caféine)et la qualité à la tasse (amertume), maiselle confère la résistance à la rouille. Ilfaut donc trouver un compromis.L’agent de la rouille (Hemileia vastatrix)a une grande capacité de mutation. Or,pour l’instant, un seul hybride – Timor –est la base de tous les essais d’amélio-ration de la résistance du café à cette

maladie ; d’où l’importanced’identifier de nouvelles

sources de résistance.Les tests des hybridesde Nouvelle-Calé-donie ont été prati-qués par le Centred’investigation surla rouille du café

(CIFC, Portugal), par-tenaire de l’IRD. Le CIFC

a testé les boutures d’unevingtaine d’individus avec

une large paletted’agents de larouille puisqu’il

dispose de la collection des 45 « races »répertoriées. Les hybrides se sont révé-lés résistants à toutes les races déte-nues par le CIFC.

Quoi de neuf docteur ? Quoi de neuf docteur ? Quoi de neuf docteur ?

en thèse sur la démographie des plantes,j’ai par la suite travaillé dans le domainede l’écologie évolutive (stratégie dereproduction de la morue en liaison avecla pêche), de l’écologie des sols (relationssol-plante-faune du sol), le recyclage desnutriments (effets des ingénieurs del’écosystème sur la production primaire),la dynamique des ingénieurs de l’écosys-tème, etc. J’ai abordé ces différentssujets soit en participant à la collecte dedonnées, soit en participant à l’analysede données déjà disponibles, soit enconstruisant des modèles mathéma-tiques ou informatiques. Je montre dansmon HDR que ces différentes activitésvisent toutes à faire le lien entre lemonde réel (observations de terrain,expérience) et la théorie qui aboutit àune représentation du monde idéaliséemais surtout plus cohérente et plus fonc-tionnelle pour résoudre des problèmespratiques. Je montre aussi que faire lelien entre les données empiriques et lathéorie n’est pas un processus qui vacomplètement de soi, qu’il demande desefforts. Je suggère enfin quelques pistespour améliorer ce processus, c’est-à-direpour fluidifier la relation entre donnéeset conceptualisation. »

ContactSébastien [email protected]

Définir et comprendre les relations entrela répartition des végétations, la compo-sition floristique des écosystèmes et lesparamètres climatiques qui leur sontassociés, aujourd’hui et dans le passé,sont des éléments clés pour prévoir laréponse des végétations aux change-ments climatiques. L’utilisation desgrains de pollen déposés dans les sédi-ments ou les glaces en tant que bio-indi-cateurs a permis à Marie-Pierre Ledru dedécrire : les grandes phases évolutivesdes forêts tropicales (Amérique du Sud)au cours des 130 000 dernières années,de quelle façon un écosystème tropicala répondu aux variations abruptes duclimat et aux cycles astronomiques,comment se faisaient les interactions dela biosphère continentale avec les sys-tèmes océaniques et atmosphériques aucours des cycles glaciaires/intergla-ciaires. Afin d’améliorer certaines inter-prétations paléoclimatiques, elle a eu

recours à d’autres indicateurs ou tech-niques tels que la botanique (définitiondes espèces caractéristiques du climat etdu milieu), la phytosociologie (caractéri-sation des associations végétales d’unmême paysage), la sédimentologie(contrôle des dépôts de pollen), la géo-chimie (traçage des éléments chimiquesqui accompagnent la variation du pay-sage), la biologie moléculaire (établisse-ment des parentés entre les différentesmosaïques de végétation), la climatolo-gie (analyse de l’influence de certainsparamètres climatiques sur la distribu-tion des végétations tropicales). Dessynthèses de résultats publiées par lesautres équipes internationales lui ontpermis de souligner le rôle de l’hémi-sphère Sud dans la dynamique clima-tique globale.

[email protected]

La culture du caféier, Coffea arabica, souffre des attaquesdues à un champignon qui provoque la rouille orangée. La découverte, en Nouvelle-Calédonie, d’hybrides naturels1

de Coffea arabica et Coffea canephora (robusta) a permis à Laetitia Mahé de révéler un potentiel inestimable pourl’amélioration de la résistance du caféier à cette maladie etde mettre au point, au cours de sa thèse2, de nouveaux outils.

bica x liberica » afin de repérer larégion chromosomique correspondantà la résistance ou à la sensibilité à larouille. Le travail de Laetitia Mahé a per-mis de développer des marqueurs de larégion SH3. Les chercheurs indiens vontmaintenant les utiliser dans leur pro-gramme d’amélioration génétique. Leschercheurs de l’IRD, quant à eux, les ontlocalisés chez arabica et canephora, ilsdisposent donc d’une cartographie phy-sique de la région du génome de l’ara-bica codant pour la résistance à larouille. L’ensemble de ces résultats per-met d’envisager le clonage d’au moinsun gène de résistance à la rouille chez lecaféier. La portée de ces travaux va doncbien au-delà de l’assistance à la sélec-tion d’une variété de café calédonien.●

1. Voir Sciences au n° 18, janvier-février2003.2. Thèse de doctorat soutenue le 9 janvier2007 à SupAgro Montpellier.

ContactLaetitia Mahé[email protected]

Rouille du caféier,la piste d’un gène

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Hybride naturel de caféier (Coffea arabica x C. canephora) fertile etproductif, en Nouvelle-Calédonie.

Donatien Beguy, allocataire de l’IRD

au sein de l’équipe Jeremi (Jeunes,Éducation, Recompositions familiales,Emploi, Mariage, Inégalités, UR047,Dial)a soutenu le 25 avril 2007 à l’universitéde Nanterre-Paris X une thèse endémographie, intitulée : Emploi fémi-nin et fécondité en milieu urbain enAfrique : Dakar et Lomé, et réaliséesous la direction de Philippe Antoine.

ContactPhilippe [email protected]

Fatoumata Hane a soutenu le 18 avril2007 à l’EHESS son doctorat d’anthro-pologie sociale intitulé « Émergencede la fonction soignante. Reconfi-gurations professionnelles et poli-tiques publiques autour de la priseen charge de la tuberculose auSénégal ». Cette thèse a été dirigéepar Laurent Vidal (IRD) et a bénéficié de2003 à 2006 d’une bourse de l’IRD.

ContactLaurent [email protected]

Fond de lamereprésentant des grains de pollencaractéristiques de la forêt atlantique auBrésil. Les résultatsdes analysespalynologiquesmontrent que cetteforêt a disparudurant quatre phasesclimatiques froideset sèches. (voirSciences au Sn°19,mars, avril 2003)©

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Trois monogènesd’Epinephelusmaculatus.

Epinephelus maculatus.

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WEB http://millsonia.free.fr/

Marie-Pierre Ledru, palynologue, a soutenu son habilitation à diriger desrecherches le 15 mai 2007 à la Maison des sciences de l’eau (Montpellier) sur lethème Dynamique quaternaire des écosystèmes tropicaux et des climats enAmérique du Sud.

WEB www.ur002.ird.fr

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Vue rapprochée d’un symptôme derouille sur une feuille

de Coffea arabica.

© IRD/F. Kohler

Page 14: Symbiose plante-bactérie Dialogue moléculaire inédit · la ressource en eau... ... tie des gros besoins en énergie. La large disponibilité en énergie ther- ... inventaires qualitatifs

radicalement. Cet ouvrage aborde lesgemmes selon un point de vue géologiqueet passe en revue les savoirs actuels sur lesdépôts de diamants, de rubis, de saphirs,d’émeraudes et d’autres gemmes moinsréputées. Depuis 1969, l’association minéralogiquedu Canada organise des short courses àl’occasion de son assemblée générale an-nuelle. Les conférences présentées à cetteoccasion en 2006, notamment celle deGaston Giulliani de l’IRD sur les éme-raudes, constituent cet ouvrage.http://www.mineralogicalassociation.ca

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 40 - juin/juillet/août 2007

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Les facteurs de la contraception enAfrique de l’Ouest et en Afriquecentrale au tournant du siècleRaïmi Fassassi, Ceped, collection Regardssur, 78 pages, 15 €

Le présent ouvrageconstitue le docu-ment de synthèsed’un programmede recherche inter-institutionnel surles facteurs de lacontraception enAfrique de l’Ouestet en Afrique cen-trale.Ce programme aété mené par leGroupe international de partenaires po-pulation-santé (Gripps), un réseaud’équipes menant des recherches sur desthématiques relatives à la santé de la re-production et à la transition de la fécon-dité dans le but de comprendre les pro-cessus de changements démographiquesen Afrique.C’est dans cette perspective que le Grippsa entrepris un projet d’analyse comparati-ve consacré à la planification familiale enAfrique.Il a consisté en plusieurs analyses appro-fondies de la pratique contraceptive et deses facteurs dans six pays d’Afrique del’Ouest et d’Afrique centrale : Bénin,Burkina Faso, Cameroun, Côte-d’Ivoire,Sénégal et Togo.La version cédérom, qui comporte égale-ment les rapports des pays, est consul-table en ligne sur le site du Ceped :http://ceped.cirad.fr/

Caleidoscópio do desenvolvimentolocal no Brasil. Diversidade dasabordagens e das experiênciassous la direction de Yves-A. Fauré (UR 023/IRD) et de Lia Hasenclever (Instituto deEconomia, Universidade Federal do Rio deJaneiro), édition E-papers, Rio de Janeiro,342 pages

Cet ouvrage rassembleles études conduites parsept équipes universi-taires autour des ques-tions de développementlocal et régional. Il pro-pose, sur la base d’unemise en perspective d’ex-périences réalisées danshuit États fédérés brési-liens, une synthèse analytique et méthodo-logique sur le sujet.L’ouvrage est une des productions résul-tant d’un programme en partenariat entrel’Institut d’économie de l’université fédéra-le de Rio de Janeiro et l’IRD, placé sousl’égide du CNPq (Brasília) et bénéficiant del’appui de l’ambassade de France au Brésil.Disponible en version papier ou électro-nique sur le site Internet :www.e-papers.com.br

Journal des anthropologues, n° 108-109Association française des Anthropo-logues, 500 pages, 22 €

Ce numéro doubleprésente trois grandsdossiers. Le premier,coordonné par Pas-cale Absi de l’IRD etGuillaume Huet,s’intitule Anthropo-logues à durée dé-terminée. Il résulted’une journée orga-nisée en 2004 parl’Association fran-çaise des anthropo-logues consacréeaux pratiques et aux produits de l’anthro-pologie sous contrat.Une dizaine d’articles s’interrogent surles demandes finalisées adressées àl’ethnologue et sur l’instrumentalisationde sa production dans ce qu’elles révè-lent du statut de l’anthropologie dans lasociété.Les cinq articles du deuxième dossier, co-ordonné par Annie Benveniste et LouisMoreau de Bellaing, abordent les Peurscollectives.Enfin, dans le troisième dossier coordon-né par Laurent Bazin, Annie Benveniste etMonique Sélim, les auteurs, portent leurRegards sur les banlieues en crise.Ce dernier dossier résulte du séminaireActualités de l’anthropologie de l’année2005-2006.

Les aires marines protégéesd’Afrique de l’OuestGouvernance et politiques publiquesde Jean-Yves Weigel, François Féral,Bertrand Cazalet, Presses universitaires dePerpignan, 207 pages, 20 €

L’expression détailléedes recommanda-tions du Sommetmondial pour le déve-loppement durable,qui s’est tenu àJohannesburg en2002, et de celles duCongrès mondial surles parcs de Durban,en 2003, soulignel’indispensable asso-ciation de toutes les parties prenantes auxdifférentes étapes de la constitution et de lamise en œuvre d’une aire protégée, particu-lièrement dans le cas des aires protégéesgérées principalement à des fins d’utilisationdurable des écosystèmes naturels (catégo-rie VI de l’UICN) ; elles appellent à la recon-naissance et au respect de la propriété cou-tumière, des droits d’usage et d’accès despopulations locales. L’importance de la gou-vernance est ainsi explicitement reconnue.Le présent ouvrage a pour objet de présen-ter une réflexion collective engagée par deschercheurs en sciences sociales sur la gou-vernance des aires marines et côtières pro-tégées d’Afrique de l’Ouest et les politiquespubliques qui lui sont liées. Ce travail se pro-pose d’aborder les modes de gouvernanceselon des paradigmes et des méthodes re-nouvelés. Il met en exergue la difficulté d’at-teindre des objectifs de protection dans uncontexte de sous-développement et demondialisation. Sur la base d’observationset d’analyses qui sont présentées, une re-configuration de la gouvernance des airesmarines protégées ouest-africaines et desoptions de politique publique sont propo-sées par les chercheurs.Les résultats de ces recherches débordentles espaces protégés et offrent des élémentsd’analyse de la gouvernance environnemen-tale en œuvre dans les pays en développe-ment dont les aires marines protégéesapparaissent comme un champ d’expéri-mentation. Ce livre s’adresse donc à l’en-semble des institutions et personnes intéres-sées non seulement par le phénomèneinstitutionnel et politique que constituentles aires marines protégées, mais égalementpar les modalités de gouvernance environ-nementale dans les pays en développe-ment.

Globalización y Localidad: Espacios,actores, movilidades e identidadesMargarita Estrada y Pascal Labazee(Coords.), co-édition Ciesas - IRD

Les articles présentésdans ce livre provien-nent de recherches deterrain qui explorent,de façon comparativeet pluridisciplinaire,quatre aspects fonda-mentaux des « espacesinfranationaux » dansleur relation avec laglobalisation : les réorganisations produc-tives des villes et des régions ; les transfor-mations des institutions et des acteurs en-gagés dans les prises de décisions àl’échelle locale ; les recompositions territo-riales et les mobilités spatiales qui les ac-compagnent ; et les changements tou-chant aux conditions de vie et aux identitésdes résidents. L’objectif est de mettre l’ac-cent sur les interdépendances entre cesquatre thèmes, non seulement dans uneperspective académique et théorique, maisaussi du point de vue des stratégies et des« logiques pratiques » des acteurs locauxfaisant face à l’une des plus importantesmutations de l’histoire du capitalisme.L’ouvrage est organisé en quatre sections :les deux premières rassemblent des articlesqui traitent, d’une part, des dynamiquesdu changement dans les agglomérationsproductives urbaines et régionales, etd’autre part, de l’apparition de nouveauxacteurs jouant un rôle important dans lestransformations productives et dans les po-litiques publiques économiques. La troisiè-me section traite des adaptations liées à lamobilité des travailleurs locaux. Dans laquatrième section, sont étudiées les évolu-tions des conditions et des modes de viedes résidents de différentes régions.L’ouvrage explore ces problématiques àpartir de travaux menés dans différentesrégions du Mexique, et propose d’utilespoints de comparaison avec des étudesréalisées dans d’autres pays d’Amériquelatine, d’Asie et d’Afrique.

Moustiquaires imprégnées et résistance des moustiques aux insecticidesFrédéric Darriet, IRD, collection Didactiques, 116 pages, 21 €

Les moustiquaires imprégnées de pyréthrinoïdes constituentl’un des outils préventifs dans la lutte contre le paludisme :leur utilisation est simple et permet une protection individuel-le et collective durable et accessible à tous. CependantAnopheles gambiae, le principal vecteur du paludisme enAfrique, devient résistant à de nombreux insecticides. Cetterésistance pose des questions d’ordres fondamental et opéra-tionnel : le comportement des moustiques s’en trouve-t-il mo-difié ? Cette résistance s’accompagne-t-elle d’une réductionsignificative de l’efficacité des moustiquaires imprégnées ? À travers la synthèse de nombreux travaux de recherche, cetouvrage révèle pourquoi les moustiquaires imprégnées d’insecticides resteront,longtemps encore, une arme indispensable de la lutte contre le paludisme.

Turbulences monétaires et socialesL’Amérique latine dans uneperspective comparéeSous la direction de Valéria Hernandez,Pépita Ould-Ahmed, Jean Papail etPascale Phélinas, éditions L’Harmattan,Collection « Questions contemporaines »,306 pages, 32 €

Le contexte de libérali-sation économique etfinancière qui caractéri-se la plupart des payslatino-américains de-puis les années 1990conduit à redéfinir lesconcepts et les repré-sentations du travail etde l’emploi. Les ré-formes économiquesd’inspiration libéraleengagées dans ces pays n’ont pas permisde retrouver les taux de croissance élevésdes décennies antérieures car elles ontentraîné, le plus souvent, la disparitiond’activités économiques non compéti-tives. Dans le même temps, la création d’em-plois dans les activités compétitives s’esttrouvée freinée notamment par des poli-tiques monétaires et de change nonadaptées aux nouvelles exigences de pro-duction. Ces réformes ont scellé l’affaiblissementdu pouvoir de réglementation de l’État,de sa liberté d’action sur le plan fiscal etde son désengagement des politiques so-ciales. La conjugaison et l’interaction deces changements ont eu des consé-quences profondes sur le monde du tra-vail. L’intensification des mouvements mi-gratoires internationaux, la stagnation oula baisse des revenus réels, l’extension dela pauvreté, l’aggravation des inégalités,la croissance du sous-emploi et l’expan-sion de l’emploi informel traduisent cettefragilisation des populations confrontéesaux transformations des économies lo-cales qu’impose leur intégration progres-sive au marché global.Pour traiter la transformation des rapportssociaux et les problématiques plus géné-rales qu’ils expriment, ce livre mobilisel’apport de diverses approches discipli-naires et l’étude articulée des différentesdimensions du social et s’inscrit dans uneperspective empirique comparative.

Souffle, Pages d’une jeunesse congo-laise, lettres à Henri Lopes.Victor Nimy, L’Harmattan, 172 pages,16 €

Que reste-t-il de l’enfan-ce quand on est expa-trié loin de son pays ?Qu’apporte-t-on de soidans les terres d’exil ?Ces nouvelles tracent leportrait de l’auteurcomme jeune homme.Ce qu’il vit au BurkinaFaso le renvoie à sonpassé : légère nostalgieet espérance, ironie sur soi et peintureamusée d’un quotidien congolais et bur-kinabé, toujours avec humour et affec-tion. Le livre est dédié à Henri Lopes l’undes grands écrivains congolais.Publié dans la collection Terrain, récits etfictions dirigée par Bernard Lacombe.

Les dépôts degemmes sont raresparce que, en gé-néral, les condi-tions favorisant leurformation sont trèsinhabituelles. Aucours des dernièresannées, les tech-niques modernesd’analyses ont étéappliquées à l’étu-de des gemmes et la compréhension et lamodélisation de leur formation changent

Biotechnologies et qualité desproduits de l’olivier dans le bassinméditerranéenÉdité par Mustapha Ismaili-Alaoui,Sevastianos Roussos et Isabelle Perraud-Gaime, Éditions Actes, Rabat, 562 pages

Cet ouvrage réunit lestravaux présentés aucours du premier sé-minaire internationalsur les biotechno-logies et la qualité desproduits de l’olivierdans le bassin médi-terranéen qui s’esttenu à Errachidia ennovembre 2004 (voirSciences au n° 30, mai, juin, juillet 2005).

Geology of Gem DepositsLee A. Groat, éditeur, université de Colombie Britannique, édité par l’Associationminéralogique du Canada, short course volume 37.

Hélène Broutin est l’unedes 13 lauréats du prix LeMonde de la rechercheuniversitaire 20071 poursa thèse Éco-épidémiolo-gie de deux maladies àprévention vaccinale :dynamique, persistanceet diffusion de la coque-luche et de la rougeole ;impact de la vaccination,réalisée à l’IRD sous la res-

ponsabilité scientifique conjointe deJean-François Guégan (UR165, CNRS/IRD,Génétique et évolution des maladiesinfectieuses) et François Simondon(UR024, Épidémiologie et prévention). La démarche originale adoptéeconjugue approches écologique et épi-démiologique et permet de mieuxcomprendre, à différentes échelles (del’individu jusqu’à la population), ladynamique spatio-temporelle desmaladies et leur évolution à longterme. Cette compréhension devientprimordiale dans l’étude en particulierde la rougeole et de la coqueluche qui,malgré plusieurs décennies de cam-pagnes de vaccination de masse, per-sistent, voire réémergent, dans les paysdu Nord et demeurent des problèmesde santé publique dans les pays duSud. Hélène Broutin et les équipes quil’encadraient ont d’abord étudié, à uneéchelle spatiale très fine, l’impact desvaccinations à long terme dans unecommunauté rurale du Sénégal(Niakhar). À une plus large échelle,elles ont ensuite mis en évidence pources deux maladies des similarités, entermes de périodicité, de persistance,de diffusion et d’impact de la vaccina-tion entre un pays du Nord (Royaume-Uni) et un pays du Sud (Sénégal).L’ensemble de ces résultats, qui appel-lent d’autres études comparatives,pourrait faciliter un meilleur contrôledes infections dans le temps en per-mettant d’adapter les stratégies vacci-nales à l’évolution de la maladie.Hélène Broutin est actuellement enpost-doctorat au Fogarty InternationalCenter des National Institutes of Health(NIH) à Bethesda (Maryland, USA).

1. Ce prix est organisé par Le Monde del’éducation, avec le concours de la FondationCharles Léopold Mayer, de la FondationEvens, de l’Office universitaire de presse(OFUP/Firstream) et des Presses universitairesde France, avec le soutien des ministères dela Recherche et de l’Éducation nationale.

Contact [email protected]

En savoir plushttp://gemi.mpl.ird.fr/cepm/edbs/fr/helene.html

Marc Lallemant, directeur de l’unitéde recherche internationale Epidémio-logie clinique, santé mère/enfant et VIH

en Asie du Sud-Est (IRD-PHPT), et sonépouse Sophie Le Cœur, responsabledu projet Impact du VIH/Sida dans lespays en développement à l’Ined, ontreçu les insignes de chevalier de laLégion d’honneur le 27 avril 2007 desmains de l’ambassadeur de France enThaïlande, Laurent Aublin, en recon-naissance de la valeur scientifique et del’impact humanitaire de leur travail surla transmission mère/enfant du virus VIH

à Chiang Maï. Marc Lallemant « aréussi à assurer, et c’est suffisammentrare pour être souligné, une concilia-tion parfaite entre une recherche dehaut niveau, illustrée par des publica-tions dans des revues internationalesde premier plan telles que le Lancet oule London Journal of Medicine, et uneremarquable action de santé publiqueau bénéfice direct des populationsaffectées », a notamment soulignéLaurent Aublin.

Distinctions Le point de vue des parasitesL’influence du parasitismesur les organismes libres esttelle qu’il est pratiquementimpossible d’envisagercomment serait le monde enl’absence de parasites.

P our démontrer l’extraordi-naire imbrication des relationshôtes-parasites, les auteurs

s’appuient sur des exemples piochésdans des thèmes allant des chaînes tro-phiques à la sélection sexuelle en pas-sant par la régulation des populations.Dépassant l’épidémiologie et la parasito-

logie, ils ouvrent un nouveau champ,l’immuno-écologie, et donnent enfinaux parasites la place qui leur revient,une place incontournable, à la mesuredu rôle que ceux-ci ont joué dans l’évo-lution du vivant. De la compréhensiondes interactions des parasites avec leurshôtes, dont les humains, et les écosys-tèmes dans lesquels ils évoluent, desenseignements sont à tirer pour l’avenir.Sachant combien les changements cli-matiques annoncés et les multiplestransformations imposées aux écosys-tèmes par les activités humaines aurontde répercussions sur la propagation, lavirulence et l’adaptation des parasites,

l’immuno-écologie et l’écologie de lasanté peuvent fournir les clés pour pré-venir les futurs risques sanitaires.En plus d’un recueil de connaissances,l’ouvrage propose aux étudiants enmaster et doctorat un lien direct vers lemonde de la recherche scientifiquegrâce à un chapitre présentant les thé-matiques de recherches des principauxlaboratoires d’écologie évolutive et deparasitologie en France.

Contact Frédéric [email protected]

Écologie et évolution des systèmesparasitésFrédéric Thomas (CNRS), Jean-FrançoisGuégan (IRD), François Renaud (CNRS), Édi-tions De Boeck, IRD, 428 pages, 45 €

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Certains pays, comme l’Inde, quicoopère sur le sujet avec le Japon, ontpris la mesure de l’enjeu. L’énergiethermique des mers est une ressourcestable qui permet de produire del’énergie primaire de « base », c’est-à-dire répondant à la consommationcourante, hors pics ponctuels. Elle estabondante, renouvelable et largementrépartie dans toute la ceinture intertro-picale. Elle est disponible 24 heures sur24 et 365 jours par an, et ses coûtsd’exploitation pourraient la rendrecompétitive à court et moyen termes.Les estimations montrent que sonpotentiel exploitable, largement supé-rieur à celui des autres énergiesmarines, la houle et le vent, est d’unordre de grandeur commensurableavec les besoins du monde en énergie.Deux approches se profilent quant à lamise en valeur de la ressource. L’uneest fondée sur de grosses unités deproduction, susceptibles de fournir jus-qu’à 100 MW1 et répondant auxbesoins des agglomérations. L’autrerepose sur de plus petites exploitations,

et combine l’utilisation de l’énergie, del’eau douce et des qualités nutritivesdes eaux profondes pour développerl’aquaculture ; ce sont les unités multi-produits de quelques MW électriquesparticulièrement adaptées aux besoinsdes communautés insulaires de petitetaille. Des combinaisons sont envisa-gées pour accroître encore l’intérêt del’énergie thermique marine, notam-ment par l’utilisation de l’eau froide ensortie de cycle pour faire des écono-mies d’énergie dans les domaines dufroid industriel et de la climatisation.

Une opportunité européenne

L’énergie thermique des mers a unpotentiel théorique exploitable estiméà cent fois celui de la marée et cinq àdix fois celui du vent. Une part nonnégligeable de ce potentiel se situedans la ZEE française2 la plus vaste aprèscelle des États-Unis. La ZEE des régionsultrapériphériques de l’Union euro-péenne constitue donc une réserve

d’énergie thermique marine consé-quente. Néanmoins, tous les investisse-ments consentis au titre des fonds derecherche de l’Union européenne pourle développement des énergies renou-velables portent sur les ressources dites« indigènes », ce qui exclut implicite-ment l’énergie thermique des mersdont la ressource se situe dans l’océantropical. Il est temps que la Francereprenne l’initiative dans ce domaine ;il est temps que l’Europe mobilise sesmoyens scientifiques et se saisisse decette opportunité de bien se placerdans le dialogue sur l’énergie et l’envi-ronnement de demain. ●

1. Par comparaison, les centrales nucléairesmodernes produisent de 900 à 1 450 MW.2. Zone économique exclusive, bande mari-time s’étendant à 200 miles nautiques descôtes. La France dispose d’une ZEE de plusde 10 millions de km2, dont une importantepartie en zone tropicale.

Contact Michel Gauthier, Club des Argonautes [email protected]

Et l’énergie thermique des mers ?Q u a l i t éDakar fête sa première certificationIso 9001:2000. Le 21 mai dernier,Catherine Barry, conseillère scientifiquede la ministre de la Recherche duSénégal, a officiellement remis à PatriciaMoulin, directrice du Laboratoire desMoyens Analytiques Lama (US191-Imago)la première certification qualité obtenuehors métropole. Dans les jardins du centre IRD de Bel Air,la cérémonie a réuni autour de l’équipetechnique, Jacques Boulègue, directeurdu département Milieux et Environne-ment, Eva Giesen, directrice du Dépar-tement Expertise et Valorisation etChristian Colin, représentant de l’IRD auSénégal. Patricia Moulin a fait visiter chacune desinstallations certifiées à l’ensemble de ladélégation avant d’insister longuementsur l’importance du travail en équipe,« indispensable » pour faire face auchallenge que représente une démarchequalité. La conseillère scientifique de laministre de la Recherche s’est félicitéede voir une telle certification aboutir auSénégal. Elle a appelé de ses vœux lamultiplication de ces projets qualité qui,« en fixant l’excellence dans son pays,luttent activement contre la fuite descerveaux ».

Partenariat. Plus d’une quinzained’IRDiens sénégalais ont déjà obtenu lediplôme universitaire de Managementqualité de la recherche de l’universitéPierre et Marie Curie-Paris 6. EvaGiesen, à l’origine de cette coopération,a profité de la cérémonie pour réaffir-mer son intention de « formerensemble, chercheurs, ingénieurs ettechniciens … pourquoi pas à travers lamise en place d’un nouveau diplômemixte issu d’un partenariat entreParis 6, l’IRD et le ministère de laRecherche sénégalais ». De son côté, ledirecteur du DME a renouvelé son enga-gement auprès de la conseillère en pré-cisant que le Département du Soutien àla Formation « disposait des outilsnécessaires à l’organisation d’une for-mation au Sénégal et qu’il ne restaitplus qu’a trouver un accord avecl’US191 » pour finaliser le projet. Un sou-tien très encourageant, qui fait écho audynamisme de la démarche qualité àDakar puisque l’UR009 de Pascal Arduin,le service administratif de la représenta-tion, le service communication et leLaboratoire commun de microbiologie(UR040) viennent également de se lancerdans l’aventure. ●

Contact [email protected]

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Du Nautilus à l’électricité d’Abidjan et de Papeete

D ès sa découverte, l’énergie thermique des mers stimule l’imagination deromanciers, de savants et de techniciens. En 1870, Jules Verne fait dire

au capitaine Nemo qu’il aurait pu l’utiliser pour mouvoir le Nautilus (Vingtmille lieues sous les mers, chapitre XII ; « Tout par l’électricité »). En 1881,Arsène d’Arsonval suggère de faire circuler un fluide approprié entre un éva-porateur chauffé par l’eau de surface et un condenseur refroidi par l’eau pro-fonde pour entraîner une turbine à vapeur. En 1913, l’Américain Campbellsuggère que ce fluide soit de l’ammoniac. Enfin, en 1926, Georges Claude etPaul Boucherot inventent le cycle ouvert, en proposant que ce soit tout sim-plement de l’eau, ce qui simplifie le dispositif et permet de produire de sur-croît de l’eau douce. Dès lors, Georges Claude multiplie les expériences, ettente en 1935 de concrétiser commercialement le projet en lançant un bateauusine, La Tunisie, censé produire de la glace industrielle qui serait vendue à laville de Rio de Janeiro pendant l’été austral. Mais l’installation en mer dutuyau de pompage de l’eau profonde est un échec, et il faut attendre 1941pour que le CNRS relance les travaux sur le sujet. À l’initiative du ministère desColonies et du CNRS, un comité technique réévalue l’intérêt de la filière pourles colonies françaises. En 1948, la société d’économie mixte « Énergie desMers » est créée pour étudier une usine électrogène de 7 MW destinée à ali-menter Abidjan en Côte-d’Ivoire. Malgré les conclusions favorables de l’étude,le projet est abandonné en 1958. Un projet similaire étudié pour laGuadeloupe subira le même sort en 1959, et un autre, destiné à alimenterTahiti, est remis dans les cartons en 1986.Malgré cette frilosité française, les possibilités de désalinisation de l’eau demer, offertes par le procédé en cycle ouvert, suscitent l’intérêt des Américainsdès le début des années cinquante. Ils investissent dans la recherche, mobili-sent sur ce sujet de prestigieux laboratoires tels ceux de l’université deCalifornie à Berkeley, et fondent même un organisme dédié, le Saline WaterOffice. Après 1960, ils commencent aussi à s’intéresser à la productiond’énergie et développent leurs propres concepts avec les travaux duMassachussets Institute of Technology.Avec la première crise pétrolière, les investissements américains s’intensifientencore et le Japon se lance à son tour dans les recherches sur l’énergie ther-mique des mers. Japon et États-unis dominent depuis plus de vingt ans lafilière, multipliant travaux et expériences. ●

Fonctionnement de l’énergiethermique marine

L e procédé industriel est comparable à celui des centrales électriquesmodernes à combustible fossile ou nucléaire. Le principe consiste à chauf-

fer à sa température d’ébullition un fluide approprié sous sa forme liquide, desorte qu’il se transforme en vapeur. La vapeur est utilisée pour entraîner uneturbine couplée à un alternateur, puis est refroidie dans un condenseur pourréintégrer sa forme liquide.La chaleur qui chauffe le fluide provient de l’eau de surface, qui peut atteindre25 ° à 28 ° C dans les régions chaudes du globe. Pour obtenir de la vapeur àces températures, le fluide chauffé est soit de l’ammoniac, soit de l’eau dont onabaisse le point d’ébullition en diminuant la pression avec une pompe à vide.Le condenseur est refroidi par les eaux pompées en profondeur, sachant qu’endessous de 700 mètres, elles ne dépassent guère 4 °C.Ce qui change, par rapport aux centrales brûlant des combustibles fossiles ounucléaires, c’est le faible écart de température – de l’ordre de 20 °C – entrela partie vapeur et la partie condensation, qui rend le procédé ETM moins effi-cace. Néanmoins, l’énergie nette produite représente jusqu’à cinq fois l’éner-gie utilisée pour faire fonctionner l’usine : c’est parfaitement rentable sur leplan énergétique. ●

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Le club desArgonautes

L e club des Argonautes, quis’emploie, notamment, à pro-

mouvoir l’énergie thermique desmers, réunit des chercheurs retrai-tés spécialistes de la mer, océano-graphes, physiciens, climatologues,météorologues… C’est un lieud’échanges et de réflexion sur lerôle des océans dans la genèse desclimats, et sur la résolution desproblèmes posés par le réchauffe-ment climatique. ●

WEBwww.clubdesargonautes.org/

Dessin d’unmodule de 3,5 MW pour la centrale à énergiethermique des mers de 7 MWétudiée pouralimenterAbidjan par la SociétéÉnergie desMers -EdM. Le projet futabandonné en 1958.(D’après J.M.Meurville.)

Vue d’artiste de lacentrale à énergiethermique des mers(Tahiti) de 5 MWélectriques dontl’avant-projet futétudié par leconsortium Ergoceanet l’Ifremer au débutdes années 1980.Ergocean rassemblaitles compétences dessociétés françaises :Spie Batignoles,Alsthom, CG.Doris,Framatome, JeumontSchneider, SGE-BTP et SGTE. On voit icila version en cycleouvert, constituée de deux modulesidentiques de 2,5 MWélectriques. Une version d’un seulmodule de 5 MW en cycle fermé àl’ammoniac fut aussiétudiée. Le sited’implantation prévuétait l’extension estdu port de Papeete. Dessin M. Gauthier.

André Nizery, polytechnicien,ingénieur en chef des Ponts etChaussées, fut le premiersecrétaire général de l’Office de la recherche scientifiquecoloniale (la premièreappellation de ce qui deviendral’IRD) de 1943 jusqu’à fin 1946.Il était alors responsable del’énergie thermique des mers au CNRS. André Nizery futensuite directeur général de lasociété d’économie mixteÉnergie des Mers.C’est après avoir étudié lestravaux conduits sous ladirection d’André Nizery queBryn Beorse construisit lespremières centralesexpérimentales de l’universitéde Californie aux États-Unis.André Nizery est notammentl’auteur d’une Étude sur lespossibilités d’utilisation del’énergie thermique des mers etde l’énergie solaire, Bulletin del’Institut océanographique, 1946.

L’équipe du Lama, Eva Giesen, J. Boulègue, Catherine Barry,Christian Colin et Patricia Moulin.

CatherineBarry,conseillèrescientifiquede laministre de laRecherche,remet lacertificationà PatriciaMoulin

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L es Punan Tubu, du nom de larivière dont ils sont origi-naires, habitent une zone

enclavée du district de Malinau àKalimantan Est. Pour les rencontrer, ilfaut compter 3 à 5 jours de pirogue,plus quelques jours de marche pour lesvillages les plus reculés.Suite à l’injonction des autorités audébut des années 1970, une partie desPunan Tubu a migré vers l’aval et choiside s’installer à proximité de la ville deMalinau tandis que l’autre a préférérester en forêt. En 30 ans, une nouvellegénération est née et de nouveauxmodes de vie se sont installés. Les cher-cheurs ont étudié l’évolution des per-ceptions et des utilisations de la forêtchez ces deux communautés qui autre-fois n’en faisaient qu’une. Pour nuan-cer cette séparation, il faut savoir quedes liens subsistent et que les individuscirculent d’un groupe à l’autre.Patrice Levang a étudié la compositiondes revenus des ménages tandisqu’Edmond Dounias s’est intéressé àleur régime alimentaire et à leur étatsanitaire en tant qu’indicateurs de laréponse des Punan à la modification deleur habitat et de leur mode de vie. Il autilisé deux indices de situation nutri-tionnelle, l’indice de masse corporelle(BMI) et l’indice de masse grasse. Cesparamètres tiennent compte des varia-tions saisonnières, du niveau d’activitéphysique des individus, du risque épi-démiologique du groupe ainsi que dela disponibilité en ressources alimen-

règles de cohésion sociale, d’entraideet de libre accès aux produits forestiers.Leurs revenus monétaires sont nette-ment plus faibles, mais leur équilibrealimentaire est bien meilleur que celuide leurs parents urbanisés. Par contre,la sédentarisation les expose à desmaladies infectieuses auxquelles ilssont d’autant plus vulnérables qu’ilsn’ont pas eu l’occasion de développerde défenses immunitaires.

Patrice Levang etEdmond Dounias ontégalement mené uneenquête d’opinionauprès des deuxcommunautés pourdéterminer les avan-tages et les inconvé-nients de la vie dansles deux milieux. Lesréponses ont étéanalysées par genreet par classe d’âge.Les ressentis les plusforts exprimés par les Punan urbanisésconcernent l’insé-curité et la violencerencontrées en ville,ainsi que la nostalgiede la solidarité per-due. Ces valeursd’entraide, valoriséespar le mode de vie enforêt, sont justementmises en avant dansles réponses des

Il faut les aider à anticiper l’incidence àlong terme de leurs choix actuels,notamment sur les générations à venir.La restitution des résultats derecherche aux communautés est unpréalable nécessaire à cette démarched’accompagnement ». ●

En savoir plus Voir aussi Sciences au S n° 22, p. 13,« Punan de Bornéo : Aux portes de la modernité », novembre-décembre2003).

Contacts Edmond Dounias [email protected] Patrice [email protected]

En adoptant l’agriculture durant la première moitié duXXe siècle, les Punan de Bornéo, anciens chasseurs-cueilleurs nomades dorénavant sédentaires, ont dû

s’adapter à un mode de vie totalement différent. Deuxchercheurs de l’unité de recherche « Dynamiques

environnementales entre forêt, agriculture et biodiversité »(UR168), Edmond Dounias (ethnoécologue) et Patrice Levang (agro-

économiste), ont étudié l’impact de ces changements sur les Punan, encollaboration avec le Centre international de recherche forestière (Cifor,

Indonésie) de 2001 à 2006.

taires. Les chercheurs ont constaté queles Punan urbanisés, malgré un accèsplus aisé aux services et au marché, res-taient socialement marginalisés dansleur nouvel environnement. Cettesituation a engendré le cortège habi-tuel de malaises sociaux : dépression,alcoolisme, violences conjugales, pros-titution... Les Punan enclavés en forêtse sentent également laissés pourcompte, mais ils ont su conserver leurs

Punan de la forêt, au même titre que lelibre accès au foncier et aux ressourcesforestières. Depuis 2005, en partenariat avecMédecins du Monde, Edmond Douniasintervient auprès des deux communau-tés pour procurer une aide psycholo-gique (Punan urbanisés) et une préven-tion en matière de santé publique(Punan en forêt). Les services de santélocaux se sont impliqués dans cette ini-tiative qui prévoit des campagnes devaccinations et la formation d’agentsde santé au sein même de la commu-nauté Punan. Ceux-ci seront capabled’intervenir auprès des membres deleur famille restés en milieu forestier.Jusqu’à présent, la situation enclavéeet le relief escarpé de la haute Tubuavaient suffi à protéger ce massif fores-tier – abritant une biodiversité élevée –des appétits des exploitants forestiers,miniers et agro-industriels (palmier àhuile). Mais les zones plus accessiblesfaisant aujourd’hui défaut, la Tubu estdevenue à son tour objet de convoitise.Comment les Punan, peu nombreux,dispersés et inorganisés politiquement,résisteront-ils aux revenus financiersqu’on leur fait miroiter ? D’autant plusque dans leur conception même de lavie, la projection vers le futur n’a pasde réalité.« Les chercheurs ont un devoir moralde les assister dans leur réflexion »répond Edmond Dounias. « Il nousrevient de leur fournir les éléments leurpermettant de décider par eux-mêmes.

Fidèles à leur collectivisme de chasseurs-cueilleurs nomades d’antan,

les Punan Tubu de la forêt partagenttoujours la viande de gibier,

ici celle d’un sambar de Malaisie(Kalimantan Est, Indonésie).

Une Punan achève la cuisson de la fécule du palmier sagou (Arenga undulatifolia). La pâte obtenue a longtemps été la base de l’alimentation des Punan nomades. Avec la sédentarisation, le riz s’est dorénavant imposé(Kalimantan Est, Indonésie).

Un Punan collecte un tronc de palmier sagou

(Arenga undulatifolia) dont on extrait une fécule qui a longtemps constitué

la base de l’alimentation de nombreux peuples forestiers

d’Asie du Sud-Est (Kalimantan Est, Indonésie). ➧

Punan Tubu(KalimantanEst, Indonésie).

Punan Tubu(Kalimantan

Est, Indonésie).

Visite de Médecins du Monde chez les Punan Tubu(Kalimantan Est, Indonésie).

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femmes hommes

Punan19,9 20,6

en forêt

Punan 19,6 19,9

périurbains

La sédentarisation près des villesn’améliore pas l’état sanitaire des Punan comme le montre la régression de l’indice de massecorporelle (un BMI < 18,5 témoigned’un déficit nutritionnel chronique).

WEB www.mpl.ird.fr/ur168/

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Punan des villes,Punan des forêts