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SYNTHÈSE DU COLLOQUE OUI AU BIO DANS MA CANTINE du 29 juin 2011, salle Victor Hugo, 101 rue de l’Université, Immeuble Chaban Delmas, 75007 Paris www.ouiaubiodansmacantine.fr

Synthese du colloque Oui au Bio dans ma Cantine

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SE NOURRIR SAINEMENT EST UN DROIT FONDAMENTALPourquoi est-il si important d’offrir une nourriture de qualité à nos enfants ? Quels sont les impacts de l’agriculture et de notre alimentation sur notre santé et la santé environnementale ? Comment les collectivités et la filière agricole peuvent-elles s’organiser ? Comment permettre aux agriculteurs « bio » d’accéder au foncier ?Comment satisfaire la demande ? Quelle suite envisager pour le bio à la cantine après 2012 ?Le WWF France vous invite à réfl échir à ces questions essentielles avec les spécialistes de la fi lière du bio à l’école, afin que le bio dans les cantines devienne une réalité !

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SYNTHÈSE DU COLLOQUE OUI AU BIO DANS MA CANTINEdu 29 juin 2011, salle Victor Hugo, 101 rue de l’Université, Immeuble Chaban Delmas, 75007 Paris

www.ouiaubiodansmacantine.fr

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2Synthèse du colloque oui au bio dans ma cantine page

© Concept & design by © ArthurSteenHorneAdamson

© 1986 Panda Symbol WWF - World Wide Fund For nature (Formerly World Wildlife Fund) ® “WWF” & “living planet” are WWF Registered Trademarks / “WWF” & “Pour une planète vivante” sont des marques déposées.

WWF France. 1 carrefour de Longchamp. 75016 Paris.

WWF

Le WWF est l’une des toutes premières organisations indépendantes de protection de l’environnement dans le monde. Avec un réseau actif dans plus de 100 pays et fort du soutien de 5 millions de membres, le WWF œuvre pour mettre un frein à la dégradation de l’environnement naturel de la planète et construire un avenir où les humains vivent en harmonie avec la nature, en conservant la diversité biologique mondiale, en assurant une utilisation soutenable des ressources naturelles renouvelables et en faisant la promotion de la réduction de la pollution et du gaspillage. En 2011, le WWF fête ses 50 ans.

Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien afin d’offrir aux générations futures une planète vivante. Avec ses bénévoles et le soutien de ses 170 000 donateurs, le WWF France mène des actions concrètes pour sauvegarder les milieux naturels et leurs espèces, assurer la promotion de modes de vie durables, former les décideurs, accompagner les entreprises dans la réduction de leur empreinte écologique et éduquer les jeunes publics. Mais pour que le changement soit acceptable il ne peut passer que par le respect de chacune et chacun. C’est la raison pour laquelle la philosophie du WWF est fondée sur le dialogue et l’action. Depuis décembre 2009, la navigatrice Isabelle Autissier est présidente du WWF France.

Les équipes du WWF France dédient les actes de ce colloque à la mémoire de leur regretté ami, David SERvAn-SCHREIbER, parrain de la campagne « Oui au bio dans ma cantine » et membre éminent de l’Association des Amis de sa Fondation.

Le WWF France salue la mémoire d’un ami précieux et dévoué qui a combattu avec force la fatalité du cancer et qui a longuement travaillé sur le lien entre l’environnement et la santé.

« nous ne pouvons vivre en bonne santé sur une planète malade » aimait-il à dire lors de ses conférences. Qu’il soit assuré que ses paroles guident et guideront nos actions chaque jour.

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3Synthèse du colloque oui au bio dans ma cantine page

SOMMAIRE

DISCOURS D’INAUgURATION, SERgE ORRU, DIRECTEUR géNéRAL DU wwf fRANCE

TABLE RONDE N°1, « LE BIO, UN INVESTISSEMENT D’AVENIR »

TABLE RONDE N°2, « COMMENT LES COLLECTIVITéS ET LA fILIÈRE PEUVENT-ELLES

S’ORgANISER ? »

TABLE RONDE N°3, « LE DéfI DU BIO à LA CANTINE »

DISCOURS DE CLôTURE, ISABELLE AUTISSIER, PRéSIDENTE DU wwf fRANCE

« OUI AU BIO DANS MA CANTINE », UNE CAMPAgNE POPULAIRE D’ENVERgURE !

SONDAgE ExCLUSIf IfOP/ wwf / VRAI DU 17 jUIN 2011 : LES fRANçAIS DISENT OUI AU BIO !

LE BIO DANS LES CANTINES, ET MAINTENANT ?

REMERCIEMENTS

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SE NOURRIR SAINEMENT EST UN DROIT fONDAMENTALPourquoi est-il si important d’offrir une nourriture de qualité à nos enfants ? Quels sont les impacts de l’agriculture et de notre alimentation sur notre santé et la santé environnementale ? Comment les collectivités et la fi lière agricole peuvent-elles s’organiser ? Comment permettre aux agriculteurs « bio » d’accéder au foncier ?Comment satisfaire la demande ? Quelle suite envisager pour le bio à la cantine après 2012 ?

Le WWF France vous invite à réfl échir à ces questions essentielles avec les spécialistes de la fi lière du bio à l’école, afi n que le bio dans les cantines devienne une réalité !

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DISCOURS D’INAUgURATIONDE SERgE ORRU

Serge OrruDirecteur général du WWF France

C’est avec beaucoup de joie et de détermination que nous vous accueillons dans ce haut lieu de démocratie qu’est l’Assemblée nationale, pour

notre colloque « Oui au bio dans ma cantine » point d’orgue de notre campagne du même nom cette année. Mais je vous rassure, nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin !

Il y a 3 ans, j’ai été totalement happé par « nos enfants nous accuseront » le film de Jean-Paul JAUD qui retrace la courageuse initiative d’une municipalité du Gard, barjac, qui décide d’introduire le bio dans la cantine scolaire du village.

nous avons pensé à nos enfants, et nous avons acquis la certitude que nous ne pouvions pas ne pas agir. Que pouvions-nous faire, nous WWF, la plus grande des OnG environnementales en France, en Europe et dans le monde, pour faire connaître à tous, enfants, parents, citoyens, décideurs, de l’importance d’une alimentation saine sur notre santé et celle de notre environnement ? Comment inverser la tendance ? Comment faire prendre conscience, à tous, de l’importance des recommandations du Grenelle de l’environnement sur ce sujet ? Comment expliquer, enfin, que se nourrir, sainement, est un droit fondamental que chacun doit pouvoir revendiquer ? Comment rendre nos paysans heureux et fiers ?

C’est ainsi qu’est née il y a deux ans, la grande campagne de sensibilisation « Oui au bio dans ma cantine » pour inciter le grand public à demander un minimum de 20% de bio dans les cantines de nos enfants dès la rentrée 2012, conformément aux recommandations des Grenelle 1 et 2.Dans cette campagne, nous recherchons l’émulation ! L’émulation entre les villes, les élus, les décideurs de la restauration collective, tous les acteurs économiques, la société toute entière !

Dans cette démarche, nos soutiens sont nombreux :Cet événement est placé sous le haut patronage de Madame nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Monsieur le député Serge GROUARD, président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, parrainent notre colloque, et même s’ils sont retenus par un agenda extrêmement chargé, nous les en remercions sincèrement.

IL Y A DEUx ANS, LE wwf fRANCE LANçAIT

« OUI AU BIO DANS MA CANTINE »,

UNE CAMPAgNE D’ENVERgURE NATIONALE

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notre campagne est parrainée par des personnalités aussi illustres qu’André CICOLELLA, Anny POURSInOFF, Claude AUbERT, pionnier de l’agriculture bio, Claude-Marie vADROT, David SERvAn-SCHREIbER, pour lequel nous avons une pensée chaleureuse toute particulière en ce jour, Edouard CHALET, François LEMARCHAnD qui nous fait le plaisir d’être parmi nous aujourd’hui, Jacques PELISSARD, Jean-Jacques HAZAn, Jean-Marie PELT, Jean-Paul et béatrice JAUD, Lydia et Claude bOURGUIGnOn, Marc DUFUMIER, Les Chefs Michel HAUSSER, Yves CAMDEbORDE et Olivier ROLLInGER, l’immense Pierre RAbHI, Yann Artus-bERTRAnD, et notre présidente Isabelle AUTISSIER. beaucoup sont dans la salle, d’autres nous font l’amitié d’apporter leur pierre bio à l’édifice de ces débats que nous souhaitons tous fructueux, car avec eux, avec vous, le bio dans les cantines deviendra un jeu d’enfants.

Je veux remercier également avec beaucoup de vigueur nos partenaires financiers, la société vRAI, partenaire de notre sondage, le SnRC, merci Madame DERAnCOURT (elle intervient sur la 3ème table ronde), vECTAbIO et enfin nos amis de vIvRAO / MOn ASSIETTE bIO, MA PELLE qui sont présents à nos côtés, je les ai eux aussi aperçus dans la salle, merci à tous de nous soutenir avec autant de vigueur.De nombreux partenaires techniques et médiatiques portent également ce projet à nos côtés. Je ne peux malheureusement pas tous les citer, mais j’ai vu ici et là la rédaction de bio Addict, partenaire engagé au quotidien, Jean-Michel ARnAUD, le PDG du Journal Metro qui nous a réservé deux pages sur cette campagne et le sondage « Les Français et le bio » dont vous avez les résultats dans le dossier de presse qui vous a été remis, la Ligue de l’Enseignement, la FCPE, partenaire incroyable en terme de réseau et d’émulation, l’Association des Maires des Grandes villes, les CIvAM, et bien sûr et surtout, la FnAb, la Fédération nationale de l’Agriculture biologique, partenaire ô combien précieux et important en termes de négociation collective sur toutes, je dis bien toutes les questions de gouvernance, car qui mieux que ce réseau de 8.000 agriculteurs pour porter l’autre voie nécessaire et évidente du bio ?

Je vais d’ailleurs laisser la parole à Julien ADDA, qui représente ici le président de la FnAb, Dominique MARIOn, pour quelques mots, pour sceller devant vous notre action partenariale.

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Julien ADDA – Délégué général de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique – représentait Dominique Marion – président de la FNAB – lors de notre colloque « Oui a Bio dans ma cantine » le 29 juin 2011.

« Dominique MArION, président de la FNAB, avait prévu d’être parmi nous pour ouvrir ce colloque qui fera date dans la construction d’un nouveau plan d’alimentation (à venir) intégrant vraiment l’agriculture biologique dans les cantines, mais il ne peut l’être pour des raisons personnelles. Il m’a demandé de lire ces quelques mots devant vous. »

« Le paysan de l’estuaire de la Gironde, moutonnier que je suis aussi, sera aux obsèques de Patricia GRASSIES, paysanne et moutonnière qui s’est tuée dans un accident de voiture, laissant derrière elle, une fille de quinze ans, et familles et amis dans la stupeur.

Parce que l’agriculture biologique est l’agriculture du vivant et du respect de l’humain, je vous prie donc de m’excuser de ne pas être parmi vous et d’avoir mis en avant la relation amicale et territoriale avant la fonction nationale.

J’aurais pu vous dire l’intérêt que le réseau FnAb et ses alliés et partenaires portent au développement de la bio dans la restauration collective comme outil d’accélération de la conversion et pour atteindre les 20% de surfaces agricoles utiles en bio en 2020.

Les orateurs annoncés vous montreront, chacun à sa place, toutes les facettes que recouvrent ces actions et les avantages et intérêts que chacun et la société, dans sa globalité, pourront en retirer.

A au moins deux conditions :

- Que l’on sorte du stade de la seule communication et qu’on mette des moyens aux ambitions : 20% de la restauration collective d’Etat en bio en 2012 : ce n’est pas fait et ne sera pas atteint. Les régions et collectivités territoriales qui ont suivi la demande de la société civile ont fait mieux et plus vite que l’Etat dans ce domaine.

DOMINIQUE MARION PRéSIDENT DE LA fNAB

(REPRéSENTé PAR jULIEN ADDA)

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- Que l’on ne détourne pas les objectifs de l’alimentation bio vers des substituts non qualifiés (circuits courts, proximité, etc.). Le dernier PnA (Plan national d’Alimentation) a carrément oublié l’agriculture biologique dans son écriture. Il n’y a pas de concurrence entre bio et circuits courts, bio et proximité ; il y a une logique de développement des territoires autour d’une agriculture relocalisée et biologique que le réseau FnAb et ses partenaires dans le développement portent à travers les outils collectifs mis en place et qui doivent se multiplier.

Ce n’est pas parce que les freins (historiques et politiques) au développement de l’agriculture biologique en France ne sont pas levés qu’il faut détourner les demandes des citoyens qui veulent manger bio et local.

La seule solution est un vrai plan d’accélération des conversions à travers les pôles « conversions » en région et une place légitime pour la bio dans le dixième plan des agences de l’eau. Le ministre de l’Agriculture le sait mais n’ose pas toucher aux avantages acquis de certains. »

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Serge OrruDirecteur général du WWF France

Merci cher Julien pour ces quelques mots, transmettez toutes nos amitiés à Dominique et n’en doutez pas : le WWF est à vos côtés !

En effet mes chers amis, Winston CHURCHILL le disait beaucoup mieux que nous mais ses mots résonnent étrangement aujourd’hui.

« Nous sommes entrés dans l’ère des conséquences ». Oui, les conséquences.

Que vaut la mobilisation nationale si vous, les parlementaires, ne prenez pas le relai pour insuffler le vent du bio dans notre société ?

Certes, beaucoup de chemin a été parcouru par bon nombre de municipalités. Correns, Longjumeau, Saint Etienne, Marseille… Paris peut-être ?! Le WWF y travaille !!

Pourtant, il existe encore beaucoup d’obstacles à franchir pour offrir à nos enfants des repas de qualité dans leurs écoles et généraliser l’agriculture bio dans notre pays.

La prise de conscience doit aussi être de votre côté, c’est votre rôle de représentants de la nation, toute la nation que d’assumer ce grand débat de santé publique qu’est la question du bio. Parce que le bio, c’est meilleur pour notre santé et notre environ-nement, Parce que le bio, c’est de l’emploi,Parce que le bio, c’est aussi l’économie du moindre impact sur notre environnement tout entier.

Fort de nos succès durant ces deux années (c’est en partie grâce à notre lettre ouverte au sénateur-maire GAUDIN qui s’excuse de ne pouvoir être parmi nous aujourd’hui que les 45.000 écoliers de la ville de Marseille verront dès la rentrée 2011 leurs repas enrichis de 30% de bio chaque jour). C’est autour de questions essentielles que nous avons eu l’idée d’organiser ce colloque qui réunit les principaux acteurs de la filière bio à l’école, pour nous donner des clés, à nous tous.

DISCOURS D’INAUgURATIONDE SERgE ORRU (SUITE)

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En effet, pourquoi est-il si important d’offrir une nourriture de qualité à nos enfants ? Quels sont les impacts de l’agriculture et de notre alimentation sur notre santé et la santé environnementale ? Comment les collectivités et la filière agricole peuvent-elles s’organiser ? Comment permettre aux agriculteurs bio d’accéder au foncier ? Comment satisfaire la demande ? Quelle suite envisager pour le bio à la cantine après 2012 ?

Toutes ces interrogations, loin d’être exhaustives, vont guider nos débats cet après-midi, animés par Jean-Louis CAFFIER et Dominique ARTUS. J’insiste sur ce fait : c’est par amitié et par conviction qu’ils vont nous accompagner cet après-midi, et Isabelle et moi-même les en remercions chaleureusement.

Mes chers amis du bio, nous avons un objectif commun : celui de travailler en direction des pouvoirs publics pour les faire évoluer sur ce thème de la santé et de l’environnement.

Déjà en 1956, dans « Les racines du ciel », roman aussi foisonnant que précurseur sur la protection des éléphants et de la nature, Romain GARY évoquait la nécessité d’agir résolument. Comme beaucoup d’écrivains d’après-guerre, il s’interrogeait sur le sort de l’Humanité, et ses élans meurtriers qui conduisent l’espèce humaine à s’attaquer aux plus gros comme aux plus petits des animaux.Son héros, François MOREL, personnifie cette sensibilité salvatrice : chez lui, l’humanité et l’animalité souffrantes ne font qu’une. Et pour le paraphraser, « Au point où nous en sommes, avec tout ce que nous avons inventé et tout ce que nous avons appris sur nous-mêmes, nous avons besoin de tous les chiens, de tous les oiseaux et de toutes les bestioles que nous pouvons trouver. Les hommes ont besoin d’amitié. »

Et je rajouterai, le WWF France est plus que jamais résolu et déterminé, pour réconcilier l’Homme et la nature, SA nature.

C’est ensemble que nous donnerons à nos enfants ce qu’il y a de plus précieux : des racines, et des ailes !

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TABLE RONDE N°1 : LE BIO,UN INVESTISSEMENT D’AVENIR

Jean-Louis CAFFIEr accueille les participants et donne la parole à Paul FrANCOIS – président de l’association « Phyto-victimes » – notamment sur l’état de santé des agriculteurs ayant utilisé des produits chimiques.

La france est le 3ème utilisateur de pesticides dans le mondeLe président de « Phyto-victimes », lui-même victime d’une intoxication aiguë aux produits phytosanitaires, a demandé le statut de « maladie professionnelle ». Il lui a été refusé. Ce n’est que depuis quelques semaines que l’intoxication par pesticides est reconnue comme telle. Il rappelle que la France est le troisième utilisateur de pesticides dans le monde. Les conséquences d’une intoxication au monochlorobenzène, composante majeure des pesticides, sont multiples : cancers et tumeurs au cerveau, maladie de Parkinson, incidences sur le système immunitaire, leucémies. « Il y a déjà trois agriculteurs français morts d’une leucémie » précise-t-il, tout en dénonçant « l’omerta » sur cette situation : « En 1982, la firme productrice de pesticides, Monsanto, savait qu’il y avait des dangers pour l’homme avec ses produits. J’ai été intoxiqué en 2004. »

Une courte exposition aux pesticides peut avoir un impact sur plusieurs générations L’animateur se tourne ensuite vers André CICOLELLA – porte-parole du Réseau Environnement Santé – en l’interpelant sur sa vision scientifique du sujet. Celui-ci constate une prise de conscience du rôle de perturbateur endocrinien des pesticides : « les toxicologues ont compris que ce n’est plus la dose qui fait le poison, mais la période ». Une exposition courte a des effets sur la santé de l’enfant, mais aussi un impact jusqu’à la quatrième génération. André CICOLELLA préconise dès lors de retirer de notre environnement tout produit phytosanitaire.

Les collectivités locales doivent accompagner la transition vers le bio Si l’utilisation de pesticides à un coût sanitaire, l’animateur interroge Jean-Marie LE GUEn – député de Paris – sur le coût économique du bio. Pour ce dernier, l’une des « grandes questions politiques du jour » est de savoir comment peut-on passer du modèle actuel, « dont on

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voit les limites », à une autre forme d’économie. Pour le député de Paris, cette transition coûte cher : « on a des modes de productions industriels qui sont installés et moins chers. Ce n’est pas si simple de vouloir faire du bio, mais il faut être capable de reconvertir notre agriculture pour des raisons sanitaires, économiques – l’emploi – et évidemment environnementales. »

Jean-Marie LE GUEn préconise donc d’opérer un changement de culture, de paradigme « pour que les jeunes agriculteurs puissent s’implanter », et reconnait le rôle des collectivités territoriales pour accompagner cette transition. En ce qui concerne Paris, la ville a fixé des objectifs, comme l’accroissement du bio dans les cantines, mais « qu’elle a parfois du mal à atteindre ». Le député de Paris propose d’établir des priorités en privilégiant les aliments bio « ayant un avantage direct sur la santé, comme les fruits et légumes ». Le rôle des collectivités est donc de « créer un marché, une offre », d’aménager le territoire pour l’agriculture bio puis soutenir les jeunes à s’investir dans le bio. Il considère que la difficulté ne réside pas tant dans l’accès au foncier que dans « l’amorçage de ce marché, de l’intégration de circuits courts et dans la formation des gens ». Les parents d’élèves et l’ensemble des citoyens doivent accepter « un certain prix et que l’alimentation ne soit pas le dernier résidu de la consommation des Français », notam-ment en période de crise économique. Il s’agit là, pour le député de Paris, « d’un véritable projet de société ».

Il n’y a pas de grande différence nutritionnelleentre le bio et le non bioJean-Louis CAFFIER sollicite la réaction de Marie-Christine FAvROT – conseillère santé de l’Agence nationale de Sécurité Sanitaire (AnSES) – sur le sujet des conséquences sanitaires des modes de productions traditionnels et bio. Pour celle-ci, l’agriculture bio a un intérêt vis-à-vis de la santé des exploitants, de la préservation de l’environnement. L’intérêt est en revanche plus limité sur le plan nutritionnel, notamment sur les risques microbiologique et chimique. L’AnSES a rendu un rapport en 2003, dont les conclusions rejoignent celles du rapport de l’Académie d’agriculture de France daté de 2010 : « en termes de risques nutritionnels, il n’y a pas de grande différence entre le bio et le non bio ». Selon le rapport, la composition d’un produit dépend peu de son mode de production. D’autres facteurs

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nutritionnels sont en revanche majoritairement déterminants, comme la variété, l’espèce végétale, la race animale, l’âge, le climat, le stockage des aliments, etc. L’élevage en pâture est par exemple bénéfique notamment sur la diminution du taux de lipides et l’augmentation des acides gras polyinsaturés

Le nucléaire est une menace pour le bioJean-Paul JAUD – cinéaste et producteur – réagit sur l’intervention de Marie-Christine FAvROT. Le bio à la cantine est avant tout « la préservation du vivant », en déplorant la catastrophe des centrales nucléaires de Fukushima au Japon : « Barjac, ville productrice de bio, est à 40 km d’une centrale nucléaire, c’est une menace pour le bio. » André CICOLELLA se saisit du sujet pour faire un distinguo entre la radioactivité, visualisée par un instrument de mesure, et le taux de pesticides qui est non quantifiable précisément : « c’est l’ensemble de notre écosystème qui est contaminé, et par conséquent l’Homme également ». Le président du Réseau Santé Environnement préconise donc d’éviter de disséminer des produits phytosanitaires tout en sachant que la dépollution « prendra du temps ».

Les études de l’ANSES prouvent que les politiques sanitaires sont efficacesJean-Louis CAFFIER sollicite la réaction de Paul MEnnECIER, chef du département « alimentation » de la direction générale de la santé (DGAL). L’une des missions communes des gestionnaires des risques que représentent le ministère de l’Agriculture, le ministère de la Santé et celui de la Consommation, est de définir la politique sanitaire permettant « d’assurer l’exposition la plus faible possible de la population à un certain nombre de contaminants chimiques ». Ceux-ci ont été étudiés, mais il y a encore des « connaissances scientifiques à acquérir ». Quant aux processus de contamination, des plans de surveillance de l’alimentation sont appliqués. En aval, des recommandations sont adressées aux consommateurs mais aussi des « outils contraignants », comme l’instauration de taux maximums de produits chimiques dans les aliments. L’étude « Alimentation totale », bientôt présentée par l’ANSES, donne un panorama de l’exposition des consommateurs sur la base d’une « connaissance de la consommation alimentaire et des mesures effectuées à très large échelle qui tiennent compte des effets saisonniers, géographiques, etc. » Ces études permettent,

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selon Paul MENNECIER, de mesurer l’efficacité des politiques sanitaires mises en œuvres.Marie-Christine FAvROT précise que cette étude a été réalisée sur la base des aliments « tels qu’ils sont consommés » (cuits, épluchés, lavés, etc.). Les résultats de l’enquête prouvent que les politiques sanitaires menées sont « efficaces : on retrouve relativement peu de pesticides dans les aliments consommés par les Français ».

Saisonnalité, proximité et qualité de productionPour Cécile OSTRIA, directrice générale de la Fondation pour la nature et l’Homme (FnH), le lien entre la santé et l’écosystème n’est pas moins important que celui entre l’Homme et la santé. Les collectivités locales doivent s’engager dans la transformation du foncier vers le bio au niveau local. La proximité de production est aussi importante que la qualité et la saisonnalité des produits. La production bio locale permet ainsi de stimuler l’économie, notamment par la création d’emplois.Par ailleurs, les consommateurs doivent être sensibilisés aux problématiques de biodiversité. En « ciblant l’assiette des Français », la FNH entend expliquer et guider le consommateur dans leur alimentation vers le bio, la saisonnalité et la qualité.

90% des français consomment des résidus de pesticidesClaude AUbERT, directeur du centre Terre vivante, réagit à la position de l’AnSES. Ayant participé à l’élaboration du rapport de 2003 de l’agence, il confirme les conclusions rappelées par Marie-Christine FAVROT mais souligne deux limites à cette étude qui souffre de lacunes sur les connaissances relatives aux teneurs en oméga 3, « notamment des produits laitiers bio », et en polyphénol et autres anti oxydants. Selon lui, les conclusions de nombreuses études internationales donnent raison aux produits bio sur ces deux critères. Enfin, une récente publication de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) affirme que 80% des Français consomment des organophosphorés, et 90% d’entre eux absorbent des piretrinoïdes à des taux similaires ou supérieurs à ceux détectés en Allemagne et aux Etats-Unis. La consommation excessive d’organophosphorés par les enfants contribue notamment à la diminution de leur quotient intellectuel et favorise l’hyperactivité.

Marie-Christine FAvROT rejoint la position de Claude AUbERT et précise que c’est l’équilibre global de l’alimentation qui a

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un impact sur la santé. Elle préconise donc de modifier le mode d’alimentation des enfants sur la base d’une consommation quotidienne de fruits et légumes. La conseillère de l’AnSES ajoute que les teneurs en polyphénol sont plus élevées dans les produits bio : « le rôle fondamental du polyphénol sur la santé n’est pas démontré ». Quant au piretrinoïdes, « ils sont utilisés en agriculture bio de façon exceptionnelle ». Enfin, la contamination biologique qui fait l’actualité a « plutôt été désastreuse pour les produits bio, et c’est dommage, car il n’y a pas plus de risques en agriculture biologique qu’en agriculture traditionnelle ». La contamination chimique de l’environnement se retrouve en revanche dans les deux modes d’agriculture, « même si les produits bio ont moins de traces de pesticides ».

André CICOLELLA recentre les débats sur ce qui est pour lui la problématique de fond : « on ne peut plus analyser les problèmes d’aujourd’hui avec la grille d’analyse des années 1970. Si on analyse chaque substance séparément on ne voit rien, alors que si l’analyse s’effectue de manière globale, l’on obtient d’autres résultats ». C’est pourquoi le discours consistant à dire que les résidus chimiques ne sont pas importants « n’est pas acceptable » pour le chercheur.

Jean-Paul JAUD revient sur la préparation du documentaire « nos enfants nous accuseront ». Seul le directeur de la qualité d’une des plus grandes sociétés de restauration collective a accepté de recevoir le réalisateur. Il lui a avoué ne plus consommer de produits issus de l’agriculture traditionnelle. Jean-Paul JAUD fait le lien avec la campagne de sensibilisation du ministère de la Santé sur la consommation quotidienne de cinq fruits et légumes et souhaite qu’il soit précisé le caractère biologique de ces produits.

Les intrants ont un impact sur la biodiversitéCécile OSTRIA aborde la question de l’impact des intrants sur la biodiversité qui doit être pris en compte. Elle observe une prise de conscience des collectivités territoriales, des responsables de la restauration collective. Les ceintures vertes autour des villes en sont un exemple.

Jean-Louis CAFFIER réitère sa question : pourquoi le bio est-il bon pour la biodiversité ? André CICOLELLA rappelle le lien entre la protection de la biodiversité et les perturbateurs endocriniens, et prend l’exemple de l’hermaphrodisme des ours blancs en Arctique ou des poissons dans la baie de Seine : « les troubles du comportement

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chez l’Homme se retrouvent aussi chez l’animal, c’est la survie de l’espèce qui est en jeu ». Il est donc nécessaire, selon lui, d’agir sur les deux fronts.

Paul FRAnCOIS apporte quelques précisions sur les méthodes d’exploitation agricole : « notre façon de cultiver a forcément un impact sur l’environnement ». Si les pesticides ne se retrouvent que de manière résiduelle dans les analyses alimentaires, ils ont assurément « un impact direct et massif » sur la biodiversité lors de l’épandage : « nos méthodes traditionnelles ont bouleversé l’écosystème. Avec les nôtres, le gibier réapparait ».

ECHANgES AVEC LA SALLEL’intérêt d’une agriculture sans impact positifLe conseiller municipal de Clamart en charge du dossier « restaura-tion municipale » organise la distribution de produits alimentaires, dont 50% sont bio. Il interroge Marie-Christine FAvROT sur l’intérêt d’une production bio si son impact n’est ni négatif, ni positif. Celle-ci rappelle qu’au plan sanitaire et nutritionnel, il n’y a pas de différence « significative » entre les deux types de produits. Pour l’ANSES, le plus important est d’apprendre aux enfants à se nourrir : « je pense par ailleurs qu’il vaut mieux manger cinq fruits et légumes d’agriculture conventionnelle que de ne pas en manger ».

Paul MENNECIER partage la position de tous les intervenants : « l’éducation à l’alimentation diversifiée est importante ». Il rassure d’ailleurs Dominique MARIOn, lequel craint que l’agriculture bio ne soit oubliée de la politique d’alimentation du gouvernement : « nous avons élaboré un fascicule récapitulant l’ensemble des actions menées autour de quatre axes de travail, notamment ceux qui visent à faciliter l’accès de tous à une alimentation de qualité, ainsi qu’à informer et promouvoir les ‘’classes du goût’’ ». Enfin, Paul MEnnECIER précise que les modes de production sont prévus dans les axes de programmes, « et le bio y figure en très bonne part ».

Alimentation et espérance de vieJulie LASnE – Communication et Information Ethique – évoque une étude américaine publiée il y a quelques mois qui démontre une baisse de l’espérance de vie due aux nouveaux modes de vie, dont celui de la consommation. Marie-Christine FAvROT connait

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cette courbe, mais émet quelques réserves : « peut-être que l’on est sur un plateau, c’est tout à fait possible, mais les facteurs sont multiples » et soulève l’exemple de l’obésité, facteur indépendant du mode de production agricole.

Un potager bio dans les écolesChristina vIEIRA – magazine bioaddict.fr – ne comprend pas le discours de l’AnSES et de la DGAL qui consistent à privilégier une alimentation diversifiée issue d’une agriculture traditionnelle plutôt qu’une alimentation bio déséquilibrée. André CICOLELLA précise qu’alimentation équilibrée et alimentation saine ne se contredisent pas. Jean-Paul JAUD propose d’ailleurs d’éduquer les enfants en in-stallant un potager bio dans chaque cours d’école maternelle et pri-maire.

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Jean-Marie Le Guen, Député de Paris préconise un changement de culture, de paradigme « pour que les jeunes agriculteurs puissent s’implanter », et reconnait le rôle des collectivités territoriales pour accompagner cette transition.

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TABLE RONDE N°2 : COMMENT LES COLLECTIVITéS ET LA fILIÈRE

AgRICOLE PEUVENT-ELLES S’ORgANISER ?

Dominique ArTuS accueille les participants de cette deuxième table ronde et donne la parole à Jacques PELISSArD – député-maire de Lons-le-Saunier – sur l’organisation des filières agricoles dans sa circonscription.

Créer une demande solvable en biopour stimuler l’émergence d’une offreJacques PELISSARD introduit ses propos en soulignant qu’organiser la filière agricole prend du temps. Son action politique dans le bio a débuté en 1990 « pour arriver à un dispositif à peu près équilibré ». Pour ce faire, il a fallu traiter les nappes d’eau phréatiques contre les intrants chimiques, signer des conventions avec les agriculteurs, notamment pour supprimer les pesticides. La Mairie de Lons-le-Saunier a, dans un second temps, permis la production de farine bio pour la fabrication du pain distribué en restauration scolaire.Il a fallu par la suite envisager cette mutation par une approche plus globale. Les restaurations municipale et hospitalière ont donc fusionné pour créer une demande solvable « qui prend du temps à naitre », ce qui a stimulé « l’émergence de l’offre en produits bio ». Cette production a été généralisée à la viande, aux produits laitiers, et aujourd’hui aux légumes. Pour obtenir ce résultat, la collectivité, administrée par Jacques PELISSARD, a constitué des filières, en regroupant éleveurs et agriculteurs.Le député-maire évoque également le principal frein, le prix du bio, que la Mairie a pris en charge.Ces initiatives se répandent sur tout le territoire national mais Jacques PELISSARD rappelle que « cette démarche prend du temps, et l’exemplarité commence à porter ».

L’émergence du bio local suppose progressivité, long terme et partenariatsJulien LAbRIET – chargé de mission « restauration collective et circuits courts » de la FnAb – travaille lui aussi sur le bio local. La FnAb l’envisage comme un levier de structuration et de développement de la filière au niveau national. L’exemple de Lons-le-Saunier est intéressant parce qu’il s’inscrit dans « une démarche

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de progressivité, de long terme et de partenariats ». Pour illustrer son propos, il évoque les 21 OEPb (Organisations Economiques de Producteurs bio) spécialisées dans la restauration collective et structurées en SCIC (Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif). Cette forme d’organisation permet d’intégrer autour d’un projet commun les producteurs, les consommateurs, les salariés de la structure et les collectivités territoriales.

forte demande des agriculteurspour la transformation des terres conventionnellesPour l’animateur, ces sujets sont liés à celui de l’accès des agriculteurs au foncier. Sjoerd WARTEnA – président de l’association « Terre de liens » – déplore le manque de moyens pour atteindre les objectifs du Grenelle de 20% de produits bio en 2020. La thématique « bio » est selon lui « totalement négligée » dans la recherche et la formation. Il revient par ailleurs sur les propos du député Jean-Marie LE GUEn qui minimise le problème foncier. L’association constate régulièrement la forte demande d’agriculteurs pour la transformation des terres conventionnelles et le regroupement en « AMAP » (structures rassemblant producteurs et consommateurs pour définir la diversité et la quantité de denrées à produire pour la saison).

Organiser la filière agricole bio à l’échelon régionalClaude GRUFFAT – président-fondateur de biocoop – partage son expérience et sa position. Biocoop est « un réseau coopératif d’acteurs en bio : les magasins, les groupements de producteurs, les associations de consommateurs, et les salariés. Regrouper ces intérêts divergents nécessite un projet commun ». Pour le développement du bio, le plus important est donc d’établir la jonction entre le marché public et le regroupement des producteurs agricoles. Il est nécessaire d’organiser dans un second temps la filière au niveau régional à travers des conventions signées par les collectivités territoriales et des réponses groupées d’appels d’offres.

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La france souffre d’une spécialisation exagérée de notre agricultureDominique ARTUS interpelle Marc DUFUMIER – agronome – sur les coûts et l’organisation des circuits courts. Pour celui-ci, le produit bio est plus cher pour « nourrir l’emploi ». En effet, le coût de la collecte est plus élevé en raison de la dispersion géographique de la production : « le vrai défi est d’organiser localement des circuits courts, mais de taille critique », pour limiter l’importation des produits bio et réhabiliter une agriculture bio plus diversifiée. La France souffre, selon l’agronome, d’une « spécialisation exagérée de notre agriculture qui nous coûte extrêmement cher ». Il propose dès lors de ventiler une part croissante des subventions de la PAC (Politique Agricole Commune) à l’agriculture bio « moyennant un cahier des charges pour la restauration collective ».

Sjoerd WARTENA redoute que cette mesure soit difficile à réaliser. Les initiatives, « hétérogènes », ne sont « pas capables de se réunir, d’être canalisées, pour être forces de propositions et organiser un vrai rapport de force ».

Produire d’abord les légumes localementClaude AUbERT propose d’établir des priorités d’actions. Il est nécessaire avant tout de produire localement les légumes (aliments périssables et aux coûts de transport élevés) et de créer à nouveau des ceintures maraichères diversifiées.

Pour Claude GRUFFAT, le premier frein est de « trouver des producteurs organisés qui ont les outils de transformation locaux pour cultiver bio ». En finançant ponctuellement certaines structures agricoles, biocoop « compense un manquement d’une politique qui devrait aider les filières à se structurer ». Il est donc nécessaire de rediriger les flux financiers vers l’économie locale bio.

Jacques PELISSARD réaffirme la nécessité de produire du bio localement. Il considère par ailleurs que les collectivités territoriales peuvent avoir « un rôle important » dans la mise en place de « légumeries », c’est-à-dire des plateformes d’accueil, de conditionnement et de distribution des légumes. Ces plateformes doivent s’inscrire dans une approche cohérente et globale de production bio dans les collectivités, tout en tenant compte de « caractéristiques des territoires ».

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Julien LAbRIET rejoint le député-maire sur la nécessité d’une approche globale de la production bio : protection de la zone de captage, du bassin versant, réduction des émissions de gaz à effet de serre, promotion et développement de l’agriculture biologique, etc. Cette démarche doit s’accompagner d’une mise en place d’indicateurs pour évaluer l’externalité positive et les coûts réels de cette politique.

ECHANgES AVEC LA SALLESurcoût financier du bioUn parent d’élève de velizy (Yvelines) interpelle les orateurs sur le coût financier du bio supérieur aux produits issus de l’agriculture conventionnelle et l’absence de foncier disponible pour l’agriculture bio. Claude AUbERT conseille avant tout d’observer les différentes initiatives locales pour lever ces deux obstacles.

Julien LAbRIET observe de nombreuses inquiétudes sur les coûts mais déplore un manque de visibilité des solutions. La FnAb tra-vaille sur ce recensement d’expérience et souligne l’exemple de Charleville-Mézières qui réalisent des économies sur les produits non alimentaires, comme le format des barquettes. Cette méthode leur permet de compenser le surcoût.

gestion directe / gestion déléguéeUne responsable de la restauration collective de Bagneux (Hauts-de-Seine) précise qu’il est plus difficile d’initier le bio en restauration scolaire déléguée qu’en gestion directe. Claude GRUFFAT conseille aux communes de conserver la gestion directe des cantines, notamment pour maintenir, voire baisser, le coût des aliments bio.

Marchés publics : un frein juridique ?Christine vIROn – présidente-fondatrice de l’association « La bio d’Ici » – constate un frein dans le code des marchés publics, qui est « dans une logique libérale et européenne » et ne privilégie pas le producteur local.

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Le conseiller municipal de Clamart en charge du dossier « restaura-tion municipale » rejoint le constat de Christine vIROn, reprochant au code des marchés publics de dresser un cadre très contraignant aux collectivités. Par ailleurs, les élus de petites communes ne sont pas formés à l’élaboration de cahiers des charges : « pour l’anecdote, les délégataires m’adressent des cahiers des charges intégralement rédigés pour les reconduire l’année suivante ». Il reproche également aux délégataires de s’octroyer des « marges arrières ».

Julien LABRIET y voit un faux problème. La FNAB a rédigé, en collaboration avec des cabinets d’avocats, des guides et des modèles de cahiers des charges. Par ailleurs, il ne faut pas opposer la gestion directe à la gestion déléguée : « quand les pouvoirs publics se donnent les moyens de fournir un cahier des charges très exigeant, cela peut fonctionner ». La FnAb est également mandatée par l’IForm (Institut de Formation du ministère de l’Ecologie) et l’IGPDE (Institut de la Gestion Publique et du Développement Economique) du ministère de l’Economie pour proposer des formations du personnel, notamment des cuisiniers, aux sociétés délégataires.

Dominique ARTUS recommande au public de se diriger sur le site www.ouiaubiodansmacantine.fr, rubrique « Ressources ». De nombreux documents informatifs et pédagogiques sont publiés à destination des élus, responsables de services de restauration collective, des enseignants, des parents d’élèves, etc.

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Sjoerd WARTENA Président de l’association Terre de liens : « La France souffre d’une spécialisation exagérée de notre agriculture ».

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TABLE RONDE N°3 : LE DéfI DU BIO à LA CANTINE

Jean-Louis CAFFIEr accueille les participants de cette dernière table ronde et donne la parole à François VEILLErETTE – vice-président de la région Picardie en charge de l’Environnement, de l’Alimentation et de la Santé – pour commencer le tour de table des participants au sujet de leur

expérience locale. Celui-ci rappelle que la Picardie est actuellement composée de moins de 1% de surfaces utiles bio, et évoque le problème foncier. Le foncier public permet de libérer « un peu » de surfaces, qui accompagne ainsi « la volonté de produire localement pour alimenter les écoles et les maisons de retraite ».

Il faut dépasser l’objectif de 20% de bioAnny POURSInOFF – députée des Yvelines – précise qu’en moyenne, 2% des aliments cuisinés les cantines françaises sont bio. Elle déplore ces « petits chiffres » et souhaite que l’on cesse « de tenter de prouver si c’est bien ou pas pour la santé des consommateurs » dès lors que ce mode de production est créateur d’emplois, stimule l’économie et préserve la biodiversité. Il y a en outre un décalage financier entre les subventions pour l’agriculture conventionnelle (10 milliards d’euros) et l’agriculture bio (19 millions d’euros), chiffres symbolisant la « frilosité » des Français et des élus. Il est nécessaire de dépasser l’objectif de 20% de surfaces bio en 2012 pour arriver à 20% de surfaces agricoles conventionnelles.

La région Rhône-Alpes a une dynamique extrêmement forteGilles PELURSOn – directeur régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) de Rhône-Alpes – évoque le lancement en 2010 d’une enquête réalisée auprès de 5.700 restaurants collectifs de la région. L’étude démontre que 34% des cuisines collectives (représentant la moitié des produits servis) s’approvisionnent occasionnellement ou régulièrement en produits issus de l’agriculture biologique. Les produits proposés sont pour l’essentiel des produits laitiers (72%), des légumes (63%), des fruits (62%) et du pain (51%). Ces cuisines appartiennent très majoritairement au domaine de l’enseignement (87%). Cette enquête montre donc « une dynamique extrêmement forte dans cette région » et a permis de constituer une base de travail partagée avec le secteur associatif et les collectivités pour identifier les différents freins. Ils résident essentiellement dans le droit des marché publics et la crainte du bio importé. Sous l’autorité du préfet de région, la DRAAF a ainsi élaboré un guide proposant des recommandations pratiques et juridiques.

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Sortir du débat antinomique qui oppose gestions directe et déléguéeL’animateur interpelle Elisabeth DERAnCOURT – représentante du SnRC (Syndicat national de Restauration Collective déléguée) – au sujet du discours consistant à dire qu’il est impossible de cuisiner du bio en gestion déléguée. Celle-ci rappelle que le SnRC soutient, « financièrement et dans les actes », la campagne du WWF depuis son origine. Il soutient également d’autres initiatives, comme Corabio, réseau d’associations et d’agriculteurs de la région Rhône-Alpes qui œuvrent au développement de l’agriculture biologique. Il faut donc sortir, selon Elisabeth DERAnCOURT, du débat « antinomique » opposant gestion directe et gestion déléguée : « la société de restauration collective ne peut rien seule, sans le partenariat de la collectivité pour travailler avec l’ensemble des acteurs du bio ». Elle prend l’exemple de grandes villes déléguant leur service de restauration collective, comme Lyon et Strasbourg, qui « ont des taux de produits bio locaux assez élevés ». En France, la restauration collective déléguée a fourni en moyenne 2% de bio dans ses menus, mais rappelle que ce chiffre englobe toutes sortes de restaurations collectives : établissement scolaires, de santé, entreprises, etc.

La transition au bio doit s’accompagner d’une vraie demande sociétaleJean-Jacques HAZAn – président de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves) – souligne que « l’Etat n’applique pas les chiffres qu’il impose à tous ». Etant également directeur de restauration scolaire, il identifie quatre freins au développement du bio. Le premier est la transition d’une production traditionnelle à une production bio, passage qui doit s’accompagner d’une « vraie demande sociétale ». Un autre frein est celui de la règlementation nationale et européenne relative à l’hygiène, qui exige notamment l’agrément des producteurs bio. Le coût est également un obstacle important mais « inévitable et qu’il faut supporter ». Enfin, le dernier frein soulevé est logistique : « Il est difficile d’acheminer du bio local à prix compétitifs. Il est de la responsabilité des collectivités de trouver des solutions ».Elisabeth DERAnCOURT évoque un autre obstacle à l’amélioration

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de la qualité alimentaire, celui de la formation du personnel. Les cahiers des charges imposés aux sociétés délégataires ne permettent pas parfois de payer des cuisiniers expérimentés

Accompagner la filière agricole dans une stratégie globale et partagéePour François vEILLERETTE, le bio à la cantine doit s’intégrer dans « une chaîne de problématiques, qui part du foncier à l’assiette ». Il est nécessaire de mettre en relation la santé, l’environnement, l’agriculture et l’alimentation au niveau local : « il s’agit de bâtir un projet global sur un territoire pour fournir une alimentation bio et de qualité à tous plutôt qu’à une élite ».

Anny POURSINOFF souligne la difficulté de reconversions des agriculteurs. Ceux-ci doivent être expérimentés, avoir un projet économique viable. C’est pourquoi il est nécessaire de déployer « une politique d’accompagnement, allant de l’enseignement aux subventions, en passant par la recherche agronomique ». La députée des Yvelines avait été mandatée par le président de la région Île-de-France, Jean-Paul HUCHOn, pour atteindre l’objectif de 3% de production bio. Elle a obtenu principalement la prise en charge par la Région de 20% des surcoûts liés au bio dans les cantines. Mais elle déplore le manque de volonté politique et l’absence d’émulation de l’ensemble des acteurs, à l’instar de la région Rhône-Alpes.

Pour Gilles PELURSOn, la première condition pour amorcer une dynamique positive est de partager le plus largement possible la base de travail et d’informations existante. Il est également nécessaire d’accompagner la filière agricole à travers « une stratégie globale, en amont et en aval, qui associe tous les acteurs du secteur agroalimentaire ». Le directeur de la DRAAF rappelle que 2.300 exploitations bio (6% des exploitations) en Rhône-Alpes : « c’est le résultat d’une agriculture très vivante, diversifiée et d’un bassin de population de 6 millions d’habitants ». Les investisseurs sont l’Etat (45%), l’Union Européenne (30%) et les collectivités (25%). Celles-ci soutiennent majoritairement la restauration scolaire.

La Région Picardie collabore quant à elle avec l’Etat, avec la DRAAF Picardie, et déploie des agents dans les lycées pour encadrer les cuisiniers des lycées. Cette dernière mesure fonctionne, selon François vEILLERETTE, « assez bien ». La Picardie étant une région de grandes cultures, il faut lutter contre l’hyperspécialisation des

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productions pour développer le bio, bien que les intérêts de la plupart des agriculteurs et des collectivités soient divergents : « il faut se battre sur le territoire pour avoir plusieurs formes d’agriculture. Ayant 150 agriculteurs bio en Picardie, nous avons une marge de progression certaine. »

former les cuisiniers et sensibiliser les élèvesLes sociétés délégataires sont, selon Elisabeth DERAnCOURT, confrontées à deux types d’interlocuteurs : « ceux qui veulent du bio pour leur image politique, et ceux qui s’inscrivent dans une démarche globalement responsable ». Ces derniers « voient plus loin que le seul enjeu du bio et travaille sur l’approvisionnement, la problématique de l’eau, la logistique, l’emploi local, etc. » Il est également primordial de sensibiliser et former les cuisiniers, et ce, dès le lycée. Enfin, les enfants doivent être aussi sensibilisés par des animations à la cantine. Des « kits pédagogiques » réalisés en partenariat avec des associations sont proposés dans les restaurations scolaires déléguées.

Pour associer et sensibiliser les parents, Jean-Jacques HAZAn précise qu’ « il faut prouver que le bio, c’est bon ». Le levier principal étant de faire une cuisine de qualité. Anny POURSInOFF ajoute que 70% des produits « qu’un adulte consomme sont les mêmes que ceux qu’il consommait à la cantine étant enfant ».

ECHANgES AVEC LA SALLEImpliquer les mairesLaurence de vERSEIn – parent d’élèves à Ermenonville (Oise) – est interpellée par les propos de Jean-Jacques HAZAn. Elle déplore l’absence de bio dans les cantines picardes de ses enfants et s’interroge sur la manière d’encourager les maires pour la distribution de bio. François vEILLERETTE précise que la Région n’a aucun pouvoir au-près des maires sur ce sujet. Il décline cependant quelques structures locales d’accompagnement : « il y a le GRAB (Groupement Régional d’Agriculture bio) qui accompagne les maires volontaires, nous avons aussi une plateforme d’approvisionnement et j’invite les parents d’élève à se diriger vers ces entités pour apporter des solutions. »

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Sjoerd WARTEnA ajoute que la Picardie est une région où il est très difficile de trouver des terres disponibles. Anny POURSInOFF confirme ce constat. Elle propose par ailleurs « d’échanger la taxe d’héritage en cession de quelques hectares pour installer de nou-veaux agriculteurs bio ».

François vEILLERETTE s’efforce toutefois de « monopoliser du foncier public » en récupérant ici ou là quelques hectares.

Anticipation et régularité de l’approvisionnementChristine vIROn – présidente-fondatrice de l’association « La bio d’Ici » – revient sur les problématiques de logistique. Deux facteurs majeurs de succès sont, selon elle, évidents : « le premier est l’anti-cipation, le deuxième est la régularité ». Les exploitations bio étant de petites tailles, il est nécessaire d’anticiper sur la base d’abonne-ments, de calendrier des menus à moyen terme, etc.

Le conseiller municipal de Clamart en charge du dossier « restau-ration municipale » prévoit pour la restauration de sa commune le tonnage exact des produits jusqu’à six mois à l’avance et commande trois semaines avant l’échéance : « on n’est jamais tombé en panne de livraison ».

Un élu de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) reconnait, à l’inverse, qu’aucun menu n’est prévu dans les cantines de sa municipalité. Celle-ci produisant elle-même ses produits bio, la Mairie constate qu’il est « très difficile de prévoir pour chaque jour ». Il est donc utile que la restauration collective « accepte, de son côté, un peu de souplesse ».

Quant à la régularité de l’offre, Elisabeth DERAnCOURT ajoute que le SnRC s’efforce de s’engager sur des menus dans la durée. Pour certains produits, il est parfois nécessaire d’anticiper sur douze mois, comme la volaille. Cette organisation « suscite une dis-cussion très en amont entre le producteur agricole, la commune et la société de restauration ».

Le bio et la petite enfanceSylvette AMESTOY – maire adjoint au développement durable de Courdimanche (val d’Oise) – attire l’attention sur le thème de la petite enfance. Le maire adjoint a été confronté à de nombreuses difficultés

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réglementaires pour l’approvisionnement des crèches et des mater-nelles. La ville de Courdimanche s’est dès lors rapprochée d’une com-mune du sud de la France expérimentée sur ce sujet, mais déplore l’absence d’étude et d’information sur ce sujet.Claude AUbERT recommande à nouveau de mettre en place un po-tager dans chaque école.

faut-il créer des filières régionales de producteurs bio ?Jean-Michel bEAUFRETOn – commercial d’un groupement de pro-ducteurs de porcs bio – est confronté aux appels d’offres groupés, porcs conventionnels / porcs bio, ce qui « ferme généralement des portes aux petits fournisseurs » et interroge les intervenants sur la pertinence de créer des filières régionales, notamment dans les zones de monocultures, pour développer les circuits courts.Elisabeth DERAnCOURT élargit la problématique en abordant la saisonnalité des produits qui est une composante de la plupart des cahiers des charges : « il faut décliner les menus par saison ».

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Isabelle AuTISSIEr, Présidente du WWF France

L’enquête IFOP pour le WWF sur le bio, relayée dans le quotidien Metro, rejoint ce qui a été dit lors

de ce colloque. 51% d’enfants et 47% d’adultes mangent un peu de bio dans les cantines. Cela n’augmente pas très vite, tout comme la production de bio, au point de ne pas atteindre en 2012 les objectifs du Grenelle. Et lorsqu’on écoute tous les intervenants de cet après-midi, ils nous disent des choses que l’on savait plus ou moins, mais qu’il était nécessaire de rappeler.

Oui, le bio protège la biodiversité, la structure des sols, l’eau, l’air, les variétés culturales, la santé évidemment – celle des producteurs et des consommateurs. C’est un merveilleux apprentissage de ce qu’est la nourriture, de la manière dont on se nourrit, de ce qu’est la nature. Par ailleurs, l’enquête montre également que 77% des parents n’ayant pas de bio dans la cantine de leurs enfants en veulent. On se pose dès lors la question de savoir pourquoi cette demande n’accélère pas le processus.

Cette observation peut être mise en relation avec un autre chiffre : 29% des personnes interrogées ont des difficultés à trouver des produits bio. Malgré cela, il existe des solutions qu’il faut mettre en œuvre. Il est souvent reproché au bio de ne pas être suffisamment varié, mais il est nécessaire de prendre en considération le rapport avec la terre, avec la saison, avec le terroir. Ces rapports nous permettent de consommer des aliments qu’on avait peut-être oubliés ou qu’on ne mangeait plus, de consommer des variétés locales. Ce mode de consommation nous ramène également à réinstaurer la cuisine dans la restauration collective, souvent oubliée par les collectivités locales.

80% des gens affirment également manquer d’information sur le bio, ses avantages et ses inconvénients. nous avons ces informations, ce n’est donc qu’une question de volonté pour les mettre en œuvre. Le public s’interroge aussi sur les moyens et la méthode pour faire pression auprès de leur maire ou encore diminuer les surcoûts de production bio. nous avons entendu ici qu’on pouvait notamment modifier l’assiette pour que, globalement, le bio ne soit pas plus cher.

Mais il faut aussi accepter qu’une patate bio soit plus chère qu’une patate traditionnelle. Parce qu’il y a plus de travail, que l’on a mieux traité la terre, les plantes et les hommes. Cela ne vaut-il pas la peine de payer 30% plus cher, tout en connaissant les contraintes économiques actuelles ? Oui, je le pense.

DISCOURS DE CLôTURE

«NOUS NE POUVONS VIVRE EN BONNE SANTé SUR UNE

PLANÈTE MALADE» LE MESSAgE DE NOTRE AMI

DAVID SERVAN-SCHREIBER RéSONNE PLUS QUE jAMAIS

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Cultiver du bio, c’est aussi créer des emplois et des richesses auprès des producteurs. C’est aussi réaliser des économies sur les dépenses de santé liées à l’obésité et à la pollution des sols.

Si l’on veut que le bio réussisse, il faut évidemment être concret, sur le terrain, mais prendre aussi beaucoup de recul. Il faut être capable dans la campagne « oui au bio dans ma cantine » d’intégrer une vision globale de la chaine des coûts, à l’échelle de la collectivité. En effet, il faut aussi voir loin car les enjeux, les résultats et les conséquences s’inscrivent dans le moyen et long termes.

En temps que présidente de WWF, voir loin permet avant tout d’agir pour une planète vivante, pour la construction d’un monde humainement durable. nous devons mobiliser les consciences, apporter des solutions aujourd’hui et demain. De nombreux et magnifiques exemples présentés ici doivent être portés pour défendre les bénéfices de ce mode de production, plus sain, plus heureux, plus vrai et en phase avec la nature.

En temps que citoyens, nous avons tous le choix par notre bulletin de vote, notre porte-monnaie, et aussi par notre assiette. Quels choix fait-on pour nos enfants ? Qu’est-on capable de leur offrir ? Former leur rapport à la nature, avec la terre n’est-il pas moins important ? Cela ne mérite pas de l’énergie, des moyens et de l’intelligence ? Mobilisons-nous.

C’est la lourde et belle responsabilité du WWF d’apporter notre pierre à l’édifice. nous sommes ravis d’avoir pu contribuer à ce débat, que l’on continuera à soutenir fermement, et remercions l’Assemblée nationale, le député Serge GROUARD, tous les intervenants, les animateurs et les équipes du WWF, qui ont beaucoup œuvré pour ce colloque.

Poursuivons notre mobilisation et « oui au bio dans nos cantines » !

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Oui au bio dans ma cantine est une campagne du WWF France, première association de protection de l’environne-ment qui fait écho aux lois Gre-nelle 1 et 2 et qui a pour objec-tif d’encourager les décideurs

publics à porter à 20% minimum la part de bio dans les repas des cantines d’ici 2012.

Le WWF souhaite accompagner le grand public dans son droit à demander que la part de bio soit portée à 20% dans les cantines des enfants de primaire par les municipalités en charge des appels d’offres et de la restauration scolaire. En effet, cette campagne repose sur deux lois du Grenelle de l’environnement, et il ne reste plus qu’une année pour que les municipalités instaurent un minimum de 20% de bio dans leurs cantines d’ici décembre 2012.

Certains sont d’ores et déjà allés plus loin. En mai 2011, la ville de Marseille s’est engagée à porter à 30% la part de bio dans les menus des petits phocéens. Saint-Etienne a déjà atteint les 60% depuis plus d’un an.

A travers cette campagne ouverte, tous les enfants peuvent faire entendre leur voix via leurs parents ou leurs enseignants - invités à signer la pétition en ligne du WWF - et dire « OUI AU bIO dans ma cantine ! »

Le sondage exclusif IFOP / WWF / VRAI les Français et le bio, paru le 17 juin 2011, montre qu’aujourd’hui les Français sont de plus en plus enclins à dire « Oui au bio ! », et 73% d’entre eux pensent qu’il n’y a pas assez de produits bio dans les cantines scolaires et la restauration collective. Cette prise de conscience est relativement neuve, puisque aucun comparatif n’existe et que cette question n’avait jamais été posée auparavant.

Parce que ce passage au bio des cantines municipales se heurte malgré tout souvent à la méconnaissance de ce qu’est réellement une alimentation saine, saisonnière, biologique et /ou locale et au manque d’outils pratiques et théoriques pour le mettre en place, le WWF s’est aussi donné pour mission de vraiment expliquer ce qu’est une alimentation et une agriculture durables, respectueuses des saisons et de la santé humaine et de faciliter le passage au bio des cantines en donnant à chaque, maire les clés théoriques et les points de passage pratiques pour réussir cette mini révolution.

OUI AU BIO DANS MA CANTINE, UNE CAMPAgNE POPULAIRE D’ENVERgURE !

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Cette année, nous voulons que pour les maires aussi le passage au bio devienne un jeu d’enfant !

Aujourd’hui par ailleurs, il est aussi possible de s’inspirer du passage au bio des cantines scolaires de villes pionnières comme Clamart, Bagneux, Longjumeau, Correns, Saint-Etienne ou Rome. Poussée par le WWF, la ville de Marseille reste pour nous un des meilleurs exemples français à suivre dans la mesure où elle a su passer avec intelligence et en suivant la plupart de nos recommandations au bio sans surcoût ni pour la municipalité ni pour les parents.

Le WWF s’est donc fixé chaque année des objectifs à atteindre en matière d’incitation à consommer une alimentation saine et sans pesticides dans la restauration scolaire. La Fondation WWF envisage par ailleurs déjà de nouveaux défis dès 2012 : « Osons le bio au bureau, au resto, à l’hosto ! »

Un minimum de 20% de bio en 2012, 100 % de chances que çà réussisse !Le cadre législatif, même s’il est non contraignant, donne des clés aux collectivités pour engager cette démarche. Dans la Circulaire du 2 mai 2008 NOR: PRMX0811950C, l’Etat s’engage à utiliser 10% de biologique dans ses services de restauration en 2010 et 20% en 2012. Cette circulaire repose sur des préoccupations environnementales, mais aussi économiques :

- une alimentation biologique repose sur une agriculture qui a des résultats positifs sur l’environnement

- réduction de l’azote et du phosphore,

- meilleure protection de la biodiversité, des sols et de la qualité de l’eau,

- économies d’énergie

- baisse des émissions de gaz à effet de serre

- résultats positifs en termes de création d’emplois locaux.

La dimension d’engagement de l’Etat est donc claire, et les objectifs chiffrés. Elle s’inscrit dans la stratégie nationale de développement durable qui prévoit que l’Etat s’applique à lui-même la démarche de développement durable qu’il entend promouvoir auprès des collectivités territoriales, des particuliers et des entreprises.

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une alimentation saine et sans surcoût pour les collectivités

Marseille est exemplaire de part ses engagements et parce qu’elle a aussi selon nos recommandations réussi le pari de substituer à hauteur de 30% le bio dans les menus scolaires sans changer son budget « cantines ».

L’effort au final a surtout porté sur une réflexion autour de ce qu’est une alimentation biologique et l’intégration de nouveaux critères dans le cahier des charges de la ville à ses fournisseurs.

n’ayant pas changé de budget dans son appel d’offre cantines en 2011, il a incombé au final aux entreprises de réfléchir à de nouveaux fournisseurs en local et aux menus des enfants à partir de 2011 pour s’adapter au nouveau cahier des charges de la ville.

La cantine bio, un jeu d’enfants pour les élus

Changer de cantine est plus simple qu’on ne le pense. Le WWF met à leur disposition des outils accessibles et pratiques. Dans le livret pédagogique, co-édité par le WWF et le syndicat national de la restauration collective, « Du bio à la cantine », toutes les clés d’un changement de cantines sont données. Il est librement téléchargeable et facile d’accès.

Pour donner quelques exemples, voici quelques-unes des astuces existantes pour repenser des menus plus sains sans surcoût :

• diminuer les quantités de viande (la viande bio contenant moins d’eau, il y a moins d’évaporation à la cuisson, donc une valeur nutritive équivalente),

• proposer des repas végétariens riches en protéines végétales (lentilles, pois…),

• privilégier les aliments de saison et locaux, toujours moins cher que le hors saison,

• s’adresser à des fournisseurs spécialisés en bio pour éviter trop d’intermédiaires…

Aujourd’hui, il convient également pour les collectivités de s’inspirer de villes qui, de manière concrète, ont su réussir leur passage au bio sans perdre d’argent. Et les exemples sont nombreux !

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Interrogés par l’Ifop pour WWF et vrai, 47% des Français déclarent acheter souvent ou de temps en temps des aliments « bio », soit 6 points de plus qu’en 2008, et même 14 points de plus qu’en octobre 2000. En progression constante depuis le

début des années 2000, cette propension reste toutefois irrégulière : seuls 11% des personnes interrogées disent ainsi en acheter « très souvent » (+5 points), contre 36% « de temps en temps » (+1). De même, l’achat d’aliments « bio » reste globalement parcellaire, 20% des interviewés n’en achetant jamais. Dans le détail, les femmes (50% contre 43% des hommes), les professions libérales et cadres supérieurs (58% contre 30% des ouvriers) et les habitants de la région parisienne (53% contre 45% dans les communes rurales) apparaissent comme les acheteurs les plus réguliers.

SONDAgE ExCLUSIf IfOP/ wwf / VRAI DU 17 jUIN 2011 :

LES fRANçAIS DISENT OUI AU BIO !

(1) Sondage Ifop / Métro réalisé du 20 au 21 février 2008 auprès d’un échantillon national représentatif de 1005 personnes.(2) Sondage Ifop / Dimanche Ouest France réalisé du 17 au 18 octobre 2000 auprès d’un échantillon national représentatif de 952 personnes .(3) Sondage Ifop / Santé Magazine réalisé du 13 au 14 août 1998 auprès d’un échantillon national représentatif de 1002 personnes.

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Un Français sur deux (50%) fait confiance à l’appellation « bio » sur les produits alimentaires. A l’inverse, l’autre moitié n’accorde pas sa confiance à l’appellation, 13% n’ayant même pas du tout confiance. Dans un contexte de crise de contamination des légumes en Europe, le niveau de confiance recule de 20 points assez logiquement par rapport à février 2008. Les personnes ne consommant jamais de « bio » apparaissent à ce sujet comme les plus sceptiques (près de 16% de confiance), tandis que près des trois quarts de ceux qui en consomment « souvent ou de temps en temps » font confiance à l’appellation (73%).

notons que par rapport à 2008, la part de personnes ne consommant jamais de « bio » et faisant confiance à cette appellation a reculé de 29 points. On souligne également que la confiance est supérieure auprès des femmes (53% contre 46% des hommes) et des professions libérales et cadres supérieurs (62% contre 44% des ouvriers), deux catégories parmi les plus consommatrices d’aliments « bio ».

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Confrontés à diverses affirmations sur le « bio », les Français continuent à penser que les produits sont trop chers mais reconnaissent de plus en plus la variété de la gamme et la facilité à accéder aux produits. Ainsi, 93% des personnes interrogées estiment que les produits « bio » sont trop chers (-1 point) et 81% que l’on manque d’informations claires et précises sur les avantages et les inconvénients des produits. De plus, 56% des interviewés jugent que les produits « bio » ne sont pas assez variés, même si cette opinion est en reflux de 8 points par rapport à 2008.

Constituant par ailleurs un élément positif, seuls 29% d’entre eux estiment que les produits sont difficiles à trouver (-9 points par rapport à 2008 et -14 par rapport à 1998, signe d’une diffusion et d’une visibilité beaucoup plus importantes aujourd’hui). Enfin, seul un peu plus d’un quart juge que les produits « bio » sont suffisamment présents dans les cantines et les restaurants d’entreprise (27%). Si le prix excessif des produits semble faire consensus auprès des différentes catégories de population, notons que pour les autres dimensions, les hommes se révèlent systématiquement plus sévères que les femmes, de même que les interviewés âgés de 65 ans et plus, et qu’une corrélation logique se fait jour entre les personnes les plus sévères et celles n’ayant pas confiance dans l’appellation bio.

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Spontanément, pour près d’un Français sur deux, « consommer bio » est avant tout un phénomène de mode (44%) avant d’être un moyen de préserver sa santé (25%) ou l’environnement (19%).

néanmoins, en considérant le total des citations, le premier argument est la préservation de l’environnement, cité au global par 58% des personnes interrogées, devançant ainsi le phénomène de mode (52%) et la préservation de sa propre santé (50%). Enfin, 40% des interviewés jugent que c’est un moyen de privilégier le goût authentique des aliments.

Au-delà de l’évocation spontanée d’un effet de mode, les Français reconnaissent donc l’intérêt écologique et de santé des aliments bio. Spontanément, près d’un homme sur deux évoque l’effet de mode (48%), un sentiment également partagé par 57% des sympathisants de droite contre 34% des sympathisants de gauche, et par les non-consommateurs quand les adeptes des produits bio y voient davantage un moyen de préserver leur santé.

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Enfin, 59% des personnes interrogées estiment justement que les agriculteurs français produisent moins de produits « bio » que les Français en consomment, 17% pensant au contraire qu’ils en produisent davantage que la demande, et 24% autant que le besoin de la population. Ce déséquilibre perçu entre l’offre (jugée insuffisante) et la demande apparaît nettement plus marquée auprès des interviewés âgés de 65 ans et plus (69%), des professions libérales et cadres supérieurs (64%), en région parisienne (63%) ainsi et surtout que parmi les consommateurs réguliers (82%).

En dépit de l’impact de la récente affaire de contamination de légumes en Europe sur l’opinion, influant logiquement sur le niveau de confiance accordé aux aliments bio, cette étude confirme le développement de la consommation de ces produits, engagée depuis le début des années 2000. A l’instar des mesures précédentes, les Français regrettent néanmoins le niveau des prix et l’opacité entourant les produits, mais reconnaissent cependant accéder plus facilement aux aliments bio qu’auparavant. Signe que les habitudes de consommation évoluent, près d’un Français sur deux évoque spontanément un effet de mode lorsqu’il évoque le bio, mais plus de la moitié des interviewés reconnaît par ailleurs l’impact positif du bio sur la santé et l’environnement.

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Les success stories du bio dans les cantinesLes directives du Grenelle 1 et 2 et la campagne « Oui au bio dans ma cantine » ont leurs succès stories, des « Oui timides » et des « Oui francs ».

Longjumeau, ville de la ministre nathalie KOSCIUSKO-MORIZET est exemplaire en la matière. Saint-Etienne détient le record du bio dans les repas des menus scolaires en France avec 60%. En comparaison, la capitale italienne peut se prévaloir de 70% de bio dans ses cantines scolaires.

Le petit village de Correns dans le var a été l’une des premières villes à convertir ses cantines au bio et surtout à une alimentation locale, dans un pourcentage très encourageant. Situé à proximité de Marseille, il a aussi le mérite d’avoir été un exemple à suivre pour la grande cité phocéenne, dernière ville en date (mai 2011) à avoir repensé son appel d’offre en s’appuyant sur les objectifs visés par le Grenelle : grâce à la lettre ouverte du WWF France au Sénateur-Maire Gaudin, les petits marseillais peuvent aujourd’hui bénéficier de repas comprenant 30% de bio local !

Le bio dans les cantines sans surcoût, c’est possible !• à Lons le Saunier (Jura, 39), où l’on sert 600 000 repas annuels, on

est à plus de 40% en bio et le coût matières premières est de 1,90€.

• à Trets (Bouches-du-Rhône, 13), le passage à plus de 30% en bio local, n’a pas entrainé le moindre surcoût.

• à la halte garderie « Les Diablotins » à Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère, 38), le passage d’un sous-traitant à l’embauche d’une cuisinière permet de réaliser 12 000€ d’économie, ce qui a permis la mise en place de repas 100% bio.

• à Saint-Etienne (Loire, 42), au renouvellement du contrat de délégation de service public, un cahier des charges très strict à permis l’introduction du bio et de baisser les tarifs de 10%. En 2009, 50% des composants alimentaires étaient d’origine biologique, objectif 100% en 2014.

• à Vernouillet (Eure et Loire, 28), parce que le responsable des cantines a installé un atelier de boucherie et qu’il achète lui-même ses carcasses, le prix des denrées alimentaires est de moins de 1,80€ par repas (proportion de bio non connue).

LE BIO DANS LES CANTINES, ET MAINTENANT ?

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Des exemples comme ceux-là, il en existe des dizaines en France, prouvant que l’on peut proposer des menus équilibrés et biologiques pour une grande part à des prix tout à fait « compétitifs » !

Osons le bio au bureau, à l’hosto, au resto !Si changer d’alimentation et d’agriculture est favorable pour la santé et l’environnement sans surcoût, le « oui au bio ! » des français doit s’amplifier et demain être entendu sur le lieu de travail des salariés du privé et à l’évidence dans les lieux de santé.

A nous aussi de prouver aux restaurateurs que se fournir local et de saison ne revient pas plus cher et même au contraire correspond aux attentes des consommateurs. beaucoup de restaurateurs l’ont déjà compris, certaines grandes surfaces aussi !

Avec le WWF France rejoignez la campagne « Oui au bio dans ma cantine » !

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Beaucoup de chemin a été parcouru par bon nombre de municipalités. Pourtant, il existe encore de nombreux obstacles à franchir pour offrir à nos enfants des repas de qualité dans leurs écoles et généraliser l’agriculture bio dans notre pays !

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Isabelle AuTISSIEr, Présidente du WWF France, et Serge Orru, Directeur Général du WWF France, remercient tout particulièrement :

Les journalistes Dominique ARTUS et Jean-Louis CAFFIER, animateurs des 3 tables rondes de ce colloque,

Les intervenants Claude AUbERT, directeur du centre Terre vivante, André CICOLELLA, porte-parole du Réseau Santé Environnement, Elisabeth DERAnCOURT, du Syndicat national de la Restauration Collective (SnRC), Marc DUFUMIER, agronome, Marie-Christine FAvROT, directrice de l’évaluation des risques nutritionnels et sanitaires à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (AnSES), Paul FRAnCOIS, agriculteur et président de l’association « Phyto-victimes », Jean-Paul JAUD, réalisateur et auteur de nos enfants nous accuseront, Jean-Jacques HAZAn, président de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE), Julien LAbRIET, chargé de mission « restauration collective et circuits-courts » de la Fédération nationale de l’Agriculture biologique (FnAb), Jean-Marie Le GUEn, député de Paris, Claude GRUFFAT, président-fondateur de biocoop, Paul MEnnECIER, chef du service de l’alimentation à la direction générale de l’alimentation du Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, Cécile OSTRIA, directrice générale de la Fondation pour la nature et l’Homme (FnH), Jacques PELISSARD, député-maire de Lons-le-Saunier, Gilles PELURSOn, directeur régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de la région Rhône-Alpes, Anny POURSInOFF, députée des Yvelines, François vEILLERETTE, vice-président de la Région Picardie en charge de l’Environnement, de l’Alimentation et de la Santé, Sjoerd WARTEnA, président de l’association Terre de Lien.

Et enfin Madame nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des transports et du logement pour avoir accordé son haut patronage à cet événement, ainsi que Monsieur Serge GROUARD, Député du Loiret, Président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale pour son parrainage.

REMERCIEMENTS

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Mon assiette bio, ma pelle

Le wwf france remercie ses partenaires

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wwf.fR• SYNTHÈSE DU COLLOQUE OUI AU BIO DANS MA CANTINE 29 jUIN 2011

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SYNTHÈSE DU COLLOQUE OUI AU BIO DANS MA CANTINE

1973

87

5 000180 000

année de la création du bureau français du WWF

bénévoles en réseauà travers toute la France

donateurs du WWF France au 1er novembre 2010

salarié(e)s du WWF France engagé(e)s au quotidien pour offrir aux générations futures une planète vivante

quotidien pour offrir

© 1986 Panda Symbol WWF - World Wide Fund For nature (Formerly World Wildlife Fund) ® “WWF” & “living planet” are WWF Registered Trademarks / “WWF” & “Pour une planète vivante” sont des marques déposées. WWF – France. 1 carrefour de longchamp. 75016 Paris.

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