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Chapitre II : Méthodes expérimentales
41
Ce chapitre présente les méthodes expérimentales utilisées dans le cadre de cette
étude. Tout d’abord, la méthode de synthèse des composés intermétalliques est décrite. Puis
sont présentées les techniques permettant de déterminer les phases en présence, leur
composition et la structure des composés intermétalliques. Les techniques d’analyse chimique
et structurale des électrodes avant et après cyclage électrochimique sont également décrites.
Enfin, les méthodes d’élaboration et de caractérisation des hydrures par voie solide-gaz et
électrochimique sont détaillées.
1. Synthèse des composés intermétalliques
1.1. Elaboration
Les composés intermétalliques Ti1,02-xZrxNi0,98 (x = 0 ; 0,12 ; 0,24 ; 0,36 et 0,48) ont
été élaborés à partir de métaux purs (pureté 99,9%). Ces métaux ont été sciés et limés sur
toute leur surface pour retirer la couche d’oxydes. Selon la composition souhaitée, chaque
constituant a été pesé avec une précision de 0,1 mg. L’obtention des composés se fait par co-
fusion des éléments dans un four à induction haute fréquence, les métaux étant placés dans un
creuset en cuivre non inductif, refroidi par une circulation d’eau. Un courant alternatif circule
dans une bobine et crée un fort champ magnétique au centre de celle-ci. Ceci induit des
courants à haute fréquence qui par effet joule échauffent les métaux jusqu’à leur fusion. Le
refroidissement du creuset limite la contamination de ceux-ci.
Pour chaque composé, cinq fusions ont été faites sous vide secondaire
(10-5 - 10-6 mbar) entre lesquelles l’échantillon a été retourné afin d’obtenir une bonne
homogénéité. A l’issue de ces fusions, les composés ont été récupérés sous forme de bouton
de l’ordre de 8 à 10 g. Ils ont été pesés, la perte en masse est de 0,1% au maximum.
1.2. Traitement de recuit
Afin d’homogénéiser les échantillons et d’atteindre l’équilibre thermodynamique les
composés sous forme de bouton ont été recuits. Chaque échantillon a alors été enveloppé dans
une feuille de tantale, puis placé dans une ampoule de silice scellée sous argon. Le recuit a été
effectué dans des fours à résistance à 900°C pendant une semaine pour le composé binaire
Ti1,02Ni0,98 et trois semaines pour les composés substitués Ti1,02-xZrxNi0,98 (x = 0,12 ; 0,24 ;
Chapitre II : Méthodes expérimentales
42
0,36 et 0,48). Des traitements de recuit à plus haute température (T ≥ 950°C) ont été testés
mais ils conduisent à une contamination en tantale due à la fusion partielle de l’échantillon.
Cette fusion est attribuée à la réaction péritectique de la phase secondaire (Ti,Zr)2Ni qui se
produit à 984°C LTiNiNiTi +→2 dans le système binaire Ti-Ni (Figure I.5).
2. Techniques de caractérisation chimique et
structurale
Les méthodes d’analyse pour la caractérisation chimique et structurale des composés
intermétalliques et des couches de corrosion sont détaillées dans cette partie.
2.1. Microsonde électronique
L’analyse par microsonde électronique permet de déterminer la composition chimique
et la distribution spatiale des différentes phases présentes. La résolution spatiale de cette
technique pour l’analyse chimique est de l’ordre de 1 µm.
2.1.1. Principe
Un faisceau d’électrons bombarde un volume de l’ordre de 1 µm3 de l’échantillon.
Une partie de l’énergie cinétique des électrons est cédée aux atomes de l’échantillon
provoquant ainsi pour un atome donné l’éjection d’un électron. L’atome est alors dans un état
« excité ». Si l’électron éjecté est proche du cœur de l’atome, un électron de la périphérie va
migrer vers un niveau inférieur et émettre dans le même temps un photon. L’énergie de
transition hν générée par cette migration est caractéristique des transitions électroniques de
l’atome, et donc de sa nature chimique. L’intensité des raies émises est proportionnelle à la
concentration des éléments et l’analyse quantitative de chaque élément est déterminée par
comparaison entre l’intensité émise par l’échantillon et celle émise par un témoin à une
concentration connue.
Chapitre II : Méthodes expérimentales
43
2.1.2. Appareillage
La microsonde électronique Cameca Sx 100 est constituée d’un canon à électrons,
d’une colonne d’optique électronique et de spectromètres à dispersion de longueur d’onde
(WDS, wavelength dispersive X-ray spectrometer). Dans la colonne, des diaphragmes et des
lentilles électromagnétiques permettent de focaliser le faisceau électronique monocinétique
délivré par le canon sur la surface de l’échantillon. Les longueurs d’onde réfléchies sont
sélectionnées en faisant varier l’angle θ du cristal analyseur selon la condition de Bragg :
n
hkld θλ
sin)(2 ×= (II.1)
avec λ la longueur d’onde de la radiation, d la distance interréticulaire du cristal analyseur et n
l’ordre de diffraction.
Les valeurs des distances interréticulaires d(hkl) et l’angle θ étant connue, les
longueurs d’onde sont déterminées par la relation de Bragg et les énergies des rayonnements
détectés sont déduits de la loi de Planck :
λhc
E = (II.2)
avec h la constante de Planck et c la vitesse de la lumière.
Les éléments analysés et le type de cristal utilisé sont indiqués dans le tableau II.1 :
élément Ti Zr Ni
raie analysée Kα Lα Kα
témoin Ti Zr Ni
cristal analyseur LiF TAP LiF
Tableau II.1: Conditions expérimentales de l’analyse par microsonde (15kV, 40nm).
LiF : cristal de fluorure de lithium. Plan réflecteur (200), 2d = 0,4027 nm
TAP : cristal de phtalate de thalium acide C8H5O4Tl. Plan réflecteur ( 0110−
),
2d = 2,576nm
Chapitre II : Méthodes expérimentales
44
Figure II.1 : Eléments constitutifs d’une microsonde électronique.
2.1.3. Préparation des échantillons
Les échantillons massifs ont été enrobés dans un mélange de métaux à bas point de
fusion (alliage de Wood). Pour l’analyse quantitative, les échantillons doivent avoir une
surface plane. Le polissage a commencé avec des papiers abrasifs de carbure de silicium (SiC)
de taille de grains décroissants sous eau et s’est terminé avec des draps en feutre enduits d’une
préparation à base de diamant de granulométrie 3 µm puis ¼ µm sous alcool.
2.2. Diffraction des rayons X sur poudre (DRX)
Cette méthode d’analyse permet de déterminer la structure cristallographique des
composés étudiés. Elle permet de déterminer la symétrie cristalline, les paramètres de maille,
la position et l’occupation des atomes dans la maille cristalline ainsi que le volume de la
maille. De plus, elle permet de calculer la quantité relative des phases en présence.
Chapitre II : Méthodes expérimentales
45
2.2.1. Principe
Un faisceau de rayons X est envoyé sur l’échantillon et les interférences du
rayonnement réfléchi par les plans du réseau de Bragg à différents angles sont observées. Les
angles θ des interférences constructives sont caractéristiques des distances d entre les plans de
Bragg des matériaux cristallins analysés, donc de leur structure, et satisfont la relation de
Bragg :
λθ nhkld =× sin)(2 (II.3)
avec d la distance interréticulaire des plans atomiques (hkl), θ l’angle d’incidence, λ,
la longueur d’onde de la radiation, et n l’ordre de la diffraction.
2.2.2. Appareillage
Le diffractomètre utilisé est un Bruker AXS D8Advance θ - θ à géométrie
Bragg-Brentano. Dans ce montage θ - θ, l’échantillon est fixe et ce sont le tube et le détecteur
qui se déplacent sur un cercle autour de l’échantillon chacun avec un angle θ (voir figure II.2).
La radiation utilisée est celle du cuivre (λKα1 = 1,54051 Å, λKα2 = 1,54433 Å), et on dispose
d’un monochromateur arrière qui permet d’éliminer la fluorescence de l’échantillon. Par
ailleurs, le porte échantillon reste toujours horizontal et est en rotation afin d’éviter toute
orientation préférentielle des cristallites. L’acquisition des diffractogrammes a été faite avec
un pas de 0,04° sur le domaine angulaire 15-80° (échantillon sous forme de poudre) ou 30-80°
(échantillons massif).
Figure II.2 : schéma de la géométrie Bragg-Brentano en θ - θ
θ θ
source
détecteur
échantillon
Chapitre II : Méthodes expérimentales
46
2.2.3. Exploitation des résultats
Un affinement structural des phases présentes dans l’échantillon est ensuite réalisé par
la méthode de Rietveld en utilisant le logiciel Fullprof. L’emploi de cette méthode nécessite la
connaissance d’un modèle structural approché qui permettra l’affinement du diffractogramme.
L’affinement, qui porte sur l’ensemble du diffractogramme, utilise comme variables des
caractéristiques du diffractomètre et des paramètres atomiques et structuraux (groupe
d’espace, paramètres de maille, positions atomiques, taux d’occupation). Le tracé du
diffractogramme différence (diffractogramme observé – diffractogramme calculé) permet de
détecter les erreurs dans le modèle.
L’ajustement des différents paramètres s’appuie sur la méthode des moindres carrés.
Le programme d’affinement minimise la fonction suivante :
2,, )( calci
i
obsii yywM −=∑ (II.4)
avec yi,obs l’intensité observée, yi,calc l’intensité calculée au point i du diffractogramme et ωi le
poids statistique associé à l’intensité mesurée au point i ; ωi = 1/yi,calc
Les paramètres à affiner sont le facteur d’échelle pour chaque phase, le bruit de fond
(son estimation est faite soit à partir d’une fonction polynomiale de degré n, soit par
interpolation linéaire à partir de données (2θ, I(2θ)) obtenues manuellement), les paramètres
de maille, la hauteur de l’échantillon par rapport au plan de diffraction, la forme des raies, les
positions atomiques et les facteurs d’agitation thermique. Concernant la forme des raies, une
fonction pseudo-Voigt qui est une combinaison linéaire d’une fonction gaussienne G et d’une
fonction lorentzienne L de même largeur H a été utilisée :
Ω = ηL + (1- η)G (II.5)
La dépendance de la largeur de raie avec l’angle de diffraction suit une variation de Caglioti :
H = (U.tan2 θ + V.tan θ + W)1/2 (II.6)
avec U lié à la largeur du pic, V et W des paramètres liés à l’instrumentation.
Chapitre II : Méthodes expérimentales
47
La qualité de l’affinement est estimée d’une part par l’observation du diffractogramme
différence et d’autre part par des facteurs d’accord. Les plus utilisés sont les facteurs de profil
Rp et de profil pondéré Rwp définis par :
∑
∑ −=
i
obsi
i
calciobsi
py
yy
R,
,,
(II.7)
( ) 2/1
2
2,,
⋅
−=
∑
∑
i
ii
i
calciobsii
wpyw
yyw
R (II.8)
On considère également le paramètre 2χ pour mesurer la qualité de l’affinement. Ce
paramètre devrait tendre vers 1 pour un affinement parfait :
CPN
yw
R
R obsi
i
iwp
+−
⋅=
=
∑ 2,
2
exp
2χ (II.9)
où N est le nombre de points de mesure utilisés dans l’affinement, P le nombre de paramètres
affinés et C le nombre de contraintes.
2.2.4. Préparation des échantillons
Deux méthodes de préparation ont été utilisées pour caractériser d’une part les
échantillons à l’état massif et d’autre part les échantillons sous forme de poudre. Dans le
premier cas, un morceau du composé intermétallique a été enrobé dans de la résine Epoxy.
Puis les échantillons ont été polis selon la méthode décrite paragraphe 2.1.3. La présence
d’orientations préférentielles dans le composé à l’état massif empêche la détermination des
positions atomiques dans la maille cristallographique, mais permet d’indexer les pics de
diffraction et de déterminer les paramètres de maille des composés intermétalliques. La
caractérisation structurale de leurs hydrures a été réalisée par diffraction des rayons X sur
poudre. La poudre qui est constituée d’un grand nombre de cristallites orientés aléatoirement
Chapitre II : Méthodes expérimentales
48
les uns par rapport aux autres contient au moins quelques cristallites dont l’orientation
satisfait la condition de Bragg : θλ sin)(2 ×= hkldn . Les hydrures de nature fragile ont
été broyés jusqu’à ce que la granulométrie soit inférieure à 63 µm. La poudre hydrurée a
ensuite été fixée sur une plaquette en plexiglas à l’aide d’un ruban adhésif double face.
2.3. Calorimétrie différentielle à balayage (DSC)
Cette technique permet de déterminer la température et la chaleur échangée entre
l’échantillon et l’environnement quand l’échantillon est soumis à une variation linéaire de
température en fonction du temps. Dans notre étude, elle est utilisée pour caractériser les
températures et chaleurs de réaction associées à la transformation martensitique des composés
intermétalliques.
2.3.1. Principe
Le calorimètre différentiel à balayage est composé de deux creusets dont l’un est vide
(référence) et l’autre contient l’échantillon à mesurer. La mesure de la différence du flux de
chaleur nécessaire au maintien de l’échantillon à la même température que celle de la
référence lors du chauffage (ou du refroidissement) est enregistrée. Les transformations qui
interviennent se traduisent par un pic (endothermique ou exothermique) et l’intégration de ce
pic par rapport au temps permet d’évaluer la chaleur de réaction mise en jeu quand le
matériau est soumis à une variation de température linéaire sous atmosphère contrôlée (argon,
hélium). Les échanges calorifiques qui se produisent sous pression constante reviennent à
mesurer la différence d’enthalpie (dH = dQ) entre les deux creusets.
2.3.2. Appareillage
Les mesures ont été effectuées avec un calorimètre DSC Q100 TA sur une gamme de
température allant de 0°C à 550°C. La vitesse de variation de température est de 10°C/min et
sous flux d’argon (50 ml/min). Des creusets en aluminium ont été utilisés.
Chapitre II : Méthodes expérimentales
49
2.3.3. Préparation des échantillons
Les échantillons se présentent sous forme de plaquette de dimensions ~3 × 3 × 0,5 mm
après avoir été coupés à vitesse réduite avec une scie diamant Isomet.
2.4. Microscopie électronique à balayage (MEB)
La microscopie électronique à balayage a fourni des renseignements sur l’aspect
morphologique et la composition (EDX) des grains avant et après cyclage électrochimique.
L’analyse chimique se fait à l’échelle du micromètre.
2.4.1. Principe et appareillage
Les analyses ont été effectuées à 15 kV avec un microscope électronique à balayage
LEO 1530. L’échantillon est balayé point par point par un faisceau d’électrons
monocinétiques. Sous l’impact du faisceau, les électrons secondaires et les électrons
rétrodiffusés sont recueillis par les différents détecteurs et le signal est ensuite transmis à un
écran cathodique dont le balayage est synchronisé avec celui du faisceau incident : donc à tout
moment il y a une correspondance entre un point de l’objet et un point de l’image sur l’écran.
2.4.1.1. Electrons secondaires
Les électrons secondaires ont une faible énergie et proviennent donc d’une couche
superficielle de l’échantillon. Ces électrons renseignent essentiellement sur la topographie. Un
détecteur formé d’un scintillateur couplé à un photomultiplicateur permet deux modes de
fonctionnement, suivant la tension Vc appliquée à la grille du collecteur et Vd appliquée au
scintillateur. Ainsi, la majorité des électrons secondaires sont déviés par le champ électrique
produit par le collecteur et sont attirés par celui-ci. Ces électrons traversent la grille du
collecteur et, sous l’influence du champ élevé produit par le scintillateur, ils sont accélérés à
une énergie suffisante pour produire un signal dans le scintillateur. On obtient un signal
intense à faible bruit de fond (figure II.3). Des trous ou des zones qui ne font pas face au
détecteur peuvent ainsi être révélés : ils apparaissent plus sombres car l’intensité reçue par le
détecteur est plus faible.
Chapitre II : Méthodes expérimentales
50
Figure II.3 : Schéma du dispositif de collection des électrons secondaires [Eberhart 97]
2.4.1.2. Electrons rétrodiffusés
Les électrons rétrodiffusés, qui proviennent de la diffusion élastique ou quasi-
élastique, ont une énergie élevée proche de celle de l’énergie incidente. Ces électrons sont peu
déviés par le champ produit par le collecteur. Seuls les électrons qui passent par le
diaphragme du détecteur, avec une trajectoire rectiligne, arrivent sur le scintillateur (figure
II.4). L’angle de détection étant petit, ces électrons donnent un signal faible avec un bruit de
fond élevé. Les électrons rétrodiffusés donnent des renseignements sur une profondeur plus
importante que celle des électrons secondaires. Ces électrons participent au contraste
topographique et ils peuvent de plus donner des renseignements sur la répartition des phases:
les zones contenant des éléments lourds apparaissent plus claires.
Figure II.4 : Schéma du dispositif de collection des électrons rétrodiffusés [Eberhart 97]
Chapitre II : Méthodes expérimentales
51
2.4.1.3. Analyse EDX
La spectroscopie EDX consiste à étudier la distribution d’énergie des photons X émis
par un échantillon sous l’effet d’un faisceau électronique incident. Le spectre en énergie des
photons X émis se compose d’un fond continu et de raies caractéristiques des éléments
chimiques présents dans l’échantillon. Cette technique d’analyse permet de déterminer la
composition chimique locale de l’échantillon en identifiant les pics caractéristiques et en
mesurant l’intensité des raies.
2.4.2. Préparation des échantillons
Les électrodes avant et après cyclage électrochimique ont été enrobées dans de la
résine Epoxy. Puis elles ont été polies en suivant la même procédure que pour la microsonde
(II.2.1.3.). Pour l’analyse, un dépôt de laque d’argent reliant le composé en surface au bas de
la résine est d’abord effectué. Puis la surface est recouverte d’une fine couche de Pd/Pt. Cette
préparation est nécessaire car la résine est isolante. La surface de l’échantillon étant
bombardée par un flux important d’électrons, ces derniers doivent être écoulés afin de ne pas
induire des phénomènes de charge. Ces phénomènes peuvent provoquer des déplacements
d’images qui sont dus à des décharges soudaines de la surface.
2.5. Microscopie électronique en transmission (MET)
La microscopie électronique en transmission permet l’analyse d’échantillons minces
sur un diamètre de quelques nanomètres. Cette technique nous a permis de définir la
morphologie (image en champ clair et en champ sombre) des poudres constituant les
électrodes, déterminer la nature des phases en présence par spectroscopie en dispersion
d’énergie (EDX) et en perte d’énergie (EELS), ainsi que d’évaluer leur degré de cristallinité et
d’identifier les phases en présence (indexation de clichés) par diffraction.
2.5.1. Principe et appareillage
Le microscope utilisé est un Tecnai F20 équipé d’un canon à émission de champ
(FEG) avec une tension d’accélération de 200 kV et possédant une résolution spatiale de
0,24 nm. Un microscope électronique en transmission est constitué d’un canon à électrons,
Chapitre II : Méthodes expérimentales
52
d’un système de condenseurs, de lentilles magnétiques, de diaphragmes (condenseur, objectif
ou de contraste, sélection d’aire) et d’un écran fluorescent permettant l’observation (figure
II.5).
Figure II.5 : schéma indiquant les différents éléments constituant un microscope électronique à
transmission
La figure II.6 donne un schéma de l’ensemble des signaux émis par l’interaction d’un
faisceau d’électrons incident d’énergie élevée E0 sur un échantillon dans un MET. Quelques
électrons sont absorbés, d’autres sont transmis sans déviation par rapport au faisceau incident
et d’autres enfin sont déviés par rapport au faisceau incident et transmis soit par diffusion
élastique (les électrons émis par l’échantillon ont la même énergie E0) soit par diffusion
inélastique (les électrons émis ont perdus de l’énergie, E < E0). L’analyse de l’ensemble des
faisceaux transmis donne des renseignements sur la microstructure de l’échantillon.
canon à électrons
système condenseur (permet de régler l’éclairement de l’échantillon)
échantillon
objectif (assure la mise au point sur l’échantillon)
système de projection (transfère l’image donnée par l’objectif sur l’écran ; son réglage change le grandissement et permet le fonctionnement soit en mode image soit en mode diffraction)
écran fluorescent
axe optique
plan focal de l’objectif (plan de diffraction)
plan image de l’objectif
Chapitre II : Méthodes expérimentales
53
Figure II.6 : interaction électron-matière dans la configuration d’un appareil MET.
Le microscope est également équipé d’un dispositif de balayage de faisceau STEM
(scanning transmission electron microscopy) et d’un spectromètre en perte d’énergie (EELS,
electron energy loss spectrometry). Le dispositif STEM permet de faire de la cartographie X
des échantillons. Le faisceau d’électrons se déplace sur l’échantillon et ce dispositif acquiert
des spectres en dispersion d’énergie de rayons X (EDX). Des détecteurs d’électrons se situant
sous l’échantillon permettent d’enregistrer des images en champ clair ou en champ sombre.
L’acquisition des données peut se faire soit en une dimension (ligne de profil) soit à deux
dimensions (cartographie).
2.5.2. Image et diffraction en faisceau parallèle
La technique de diffraction électronique en aire sélectionnée SAED (Selected Area
Electron Diffraction) consiste à faire diffracter l’échantillon à l’aide d’un faisceau d’électrons
parallèle. La zone diffractante est limitée par le diaphragme de sélection d’aire.
Quand le faisceau incident arrive sur l’échantillon, il est en partie diffracté. La
diffraction se produit pour toute famille de plans réticulaires (hkl) pour laquelle la relation de
Bragg θλ sin2 hkld= est vérifiée (avec λ la longueur d’onde, dhkl la distance interréticulaire
des plans atomiques (hkl) et θ l’angle de Bragg). Tous les faisceaux diffractés issus sous un
même angle 2θ convergent en un même point qui est le nœud hkl du réseau réciproque. Ce
dernier correspond à la famille de plans de distances interréticulaires dhkl. Les faisceaux
transmis et diffracté sont localisés sous forme de points dans le plan focal de l’objectif si
échantillon
électrons non diffusés
électrons diffusés élastiquement
électrons diffusés inélastiquement
électrons transmis
Electrons incidents électrons retrodiffusés, secondaires, Auger
Rayons X
Chapitre II : Méthodes expérimentales
54
l’échantillon est cristallin ou sous forme d’anneaux diffus si l’échantillon est amorphe. Dans
le cas de matériaux nanocristallins, l’échantillon contient un grand nombre de cristallites dont
l’orientation aléatoire conduit à la formation d’un cliché de diffraction composé d’anneaux.
L’indexation des clichés de diffraction se fait à l’aide de la relation :
LdD hklhkl λ=⋅ (II.10)
avec Dhkl la distance mesurée sur le cliché de diffraction entre le faisceau transmis et le
faisceau diffracté
dhkl la distance interréticulaire entre les plans hkl
λL la constante de caméra du microscope (L la longueur de caméra ; λ la longueur
d’onde à la tension d’accélération d’étude)
La détermination de la constante du microscope λL se fait à l’aide d’un cliché connu
de l’aluminium, matériau utilisé dans la préparation des lames minces (voir paragraphe 2.5.4)
et en appliquant la formule II.10.
L’indexation de cliché de diffraction est faite dans cette étude à l’aide d’un logiciel
(EMS). A partir de mesures effectuées sur le cliché de diffraction expérimental (3 vecteurs du
réseau réciproque d1, d2 et d3 tels que d1 < d2 < d3 et deux angles (d1,d3) et (d2,d3) selon le
schéma de la figure II.7) connaissant la longueur de caméra, le logiciel vérifie, pour chaque
hypothèse de cristal donné, si le cliché fait à partir de la figure II.7 correspond à une
orientation possible de la structure. Tenant compte d’incertitudes de mesures sur les distances,
les angles et la longueur de caméra, il propose éventuellement différentes solutions qu’il
convient de comparer au cliché expérimental.
Figure II.7 : schéma représentant une partie de cliché de diffraction. Sont indiqués les 3 vecteurs (d1,
d2 et d3 ; d1 < d2 < d3) du réseau réciproque permettant l’indexation du cliché.
2
1
3
d2 d3
d1
Chapitre II : Méthodes expérimentales
55
A partir du cliché de diffraction d’une zone donnée, il est possible de visualiser deux
types d’images :
- en sélectionnant le faisceau transmis on forme une image en champ clair (figure II.8).
Ce sont les faisceaux transmis non diffractés qui participent à l’image.
Figure II.8 : schéma expliquant la formation d’une image en champ clair en mode diffraction
- en sélectionnant un faisceau diffracté, l’image formée est en mode champ sombre
(figure II.9). Seuls les parties du cristal en position de Bragg pour le faisceau diffracté
apparaissent en clair et le reste en sombre. Ce mode permet de mettre en évidence des
précipités.
Figure II.9 : schéma expliquant la formation d’une image en champ sombre en mode diffraction
diaphragme de contraste
échantillon
objectif
axe optique
α hkl
000
plan image
diaphragme de contraste (seuls les rayons diffusés qui font un angle inférieur à α traversent le diaphragme)
échantillon
objectif
axe optique
α hkl
000
plan image
Chapitre II : Méthodes expérimentales
56
2.5.3. Spectroscopies par dispersion d’énergie de Rayons-X (EDX) et par
perte d’énergie des électrons (EELS)
2.5.3.1. Spectroscopie EDX
Le principe est le même que celui décrit paragraphe II.2.4.1.3.
Le nombre de photons X détectés par le détecteur pour une raie Kα d’un élément A est
donné par la relation :
)( AAcAAA
A
Ate
A ftItzQA
CCI χεω ⋅⋅⋅⋅⋅⋅⋅= (II.11)
avec IA l’intégrale du pic de l’élément A
CA la concentration massique de l’élément A,
AA la masse atomique de l’élément A,
QA la section efficace d’ionisation du niveau K de l’atome A,
ωA le rendement de fluorescence pour le niveau K de l’atome A,
zA le poids de la raie Kα de l’atome A sur l’intensité totale du spectre K
εA l’efficacité de détection pour la raie Kα de l’élément A
t l’épaisseur de la zone analysée
tc le temps de comptage
I l’intensité du faisceau électronique
f(χA) une fonction d’absorption. Cette fonction traduit le fait qu’une partie des photons
générés sont absorbés par l’échantillon. Cette fonction a pour expression :
)exp(1[1
)( tt
f A
A
A ⋅⋅−−= ρχρχ
χ (II.12)
avec AéchA )cosec( µ⋅θ=χ ; A
échµ est le coefficient d’absorption massique de
l’échantillon pour la raie Kα de l’élément A et θ l’angle d’émergence définit par la somme de
l’angle d’inclinaison de l’échantillon et l’angle d’inclinaison du détecteur par rapport au plan
horizontal.
Chapitre II : Méthodes expérimentales
57
Les termes AA, QA, ωA et zA dépendent de l’élément A et εA représente la réponse
énergétique du détecteur et peut varier d’un instrument à un autre. En général on néglige la
correction de fluorescence dans les échantillons minces.
Plusieurs méthodes ont été proposées pour calculer CA dont la plus utilisée est la
méthode de Cliff-Lorimer [Cliff 75]. Pour l’analyse semi quantitative on utilise le rapport des
concentrations massiques CA et CB de deux éléments A et B, proportionnel au rapport des
aires des pics IA et IB comptabilisées pendant l’acquisition pour les raies considérées. La
relation de proportionnalité s’écrit d’après II.11 sous la forme :
B
Aéch
Béch
ABéch
Aéch
ABB
A
I)]cosectexp(1[I)]cosectexp(1[
kCC
⋅θ⋅ρ⋅µ−−µ⋅θ⋅ρ⋅µ−−⋅µ
= (II.13)
avec AAAAB
BBBBAAB
QzA
QzAk
εωεω
⋅⋅⋅⋅⋅⋅⋅⋅
= (II.14)
kAB étant le facteur de Cliff Lorimer qui est une constante pour chaque couple
d’éléments A/B mais qui est spécifique à chaque système d’analyse.
soit B
AAB
B
A
I
Ik
C
C= (II.15)
Ces facteurs peuvent être déterminés avec des échantillons étalons. Dans notre cas,
nous avons utilisés les constantes préenregistrées du logiciel d’analyse.
La composition de la zone est déterminée à l’aide de la résolution d’un système de n
équations à n inconnus telle que :
j
i
ij
j
i
I
Ik
C
C= (II.16)
Aj
iA
ijk
kk = (II.17)
Chapitre II : Méthodes expérimentales
58
Il y a (n-1) rapport Ci/Cj qui sont complétés par la somme des concentrations égales à
1 :
∑ =n
i
iC 1 (II.18)
Pour faire de la semi-quantification élémentaire, il est nécessaire de tenir compte de
l’absorption des photons lors de leur traversée dans l’échantillon [Horita 89]. Cette correction
d’absorption dépend de l’épaisseur de l’échantillon au point d’analyse. Plusieurs méthodes
permettent de la déterminer et dans notre cas nous avons choisi la méthode dite du « rapport
K/L » (ou differential X-ray Absorption, DXA [Horita 89]). Les raies K, de fortes énergies,
sont peu soumises à l’absorption alors que les raies L, d’énergie plus faibles, sont plus
absorbées. Pour un élément, une épaisseur massique est entrée. Les valeurs des concentrations
pour cet élément respectivement pour la raie K et la raie L sont relevées. En traçant la
concentration en cet élément pour chaque raie en fonction de l’épaisseur massique
l’intersection des deux courbes détermine la valeur de l’épaisseur de l’échantillon.
2.5.3.2. Spectroscopie EELS
La spectrométrie par perte d’énergie des électrons permet d’étudier les états
électroniques inoccupés d’un atome. L’interaction atome-électron est une diffusion
inélastique : l’électron cède une partie de son énergie à l’atome qui l’absorbe. L’atome passe
alors à un état excité. Dans un microscope cela revient à mesurer la perte d’énergie que subit
un faisceau d’électrons rapides quand il traverse une lame mince (généralement inférieure à
50 nm). Le faisceau incident d’électrons monocinétiques d’intensité I0, d’énergie E0 et
d’ouverture angulaire α traverse l’échantillon et les électrons transmis qui ont une énergie
E < E0 sont analysés par un spectromètre dont l’ouverture angulaire est β (figure II.10).
Chapitre II : Méthodes expérimentales
59
Figure II.10 : schéma du principe de la spectroscopie de perte d’énergie (θ indique l’angle
d’émergence avec l’axe d’incidence)
L’intensité des électrons ayant subi une perte d’énergie donnée ∆E dans un angle
solide Ω est mesurée par le spectromètre. Cette intensité, rapportée à l’unité de surface, est
représentée par la relation :
I(∆E, Ω) = I0 N(S)σ( ∆E, Ω) (II.19)
Avec I0 l’intensité incidente par atome de l’échantillon; N(S) nombre d’atomes par unité de
surface d’épaisseur t et σ(∆E, Ω) la section efficace d’interaction par atome, intégrée dans
l’angle solide Ω de mesure. Le faisceau d’électron passe à travers le prisme magnétique du
spectromètre. En sortie du prisme, les électrons sont déviés d’un rayon différent selon leur
énergie, ce qui permet d’enregistrer le spectre I(∆E).
Un spectre de perte d’énergie se compose de trois régions :
- un pic de pertes nulles correspondant aux électrons qui n’ont pas perdu d’énergie
après interaction avec l’échantillon.
échantillon d’épaisseur t
faisceau incident d’énergie E0
α
β
θ
vers le spectromètre
diaphragme de collecte Ω
Chapitre II : Méthodes expérimentales
60
- une région des pertes proches située à basse énergie. Cette zone est appelée mode
plasmon et correspond à l’excitation collective des niveaux de valence et de conduction de
l’échantillon.
- une région des pertes lointaines ou de cœur située à haute énergie. Cette région
correspond aux excitations individuelles des électrons de cœur de l’échantillon et est
caractéristique de la composition chimique de l’échantillon.
Cette technique d’analyse permet de connaître la nature chimique (position des pics) et
de quantifier les éléments composant l’échantillon. Elle permet également de remonter à la
nature de la liaison chimique entre les atomes et à leur degré d’oxydation : elle renseigne donc
sur l’environnement atomique (structure fine autour des pics).
La position d’un pic situé dans la région des pertes lointaines est caractéristique d’un
élément chimique particulier. Le logiciel Digital Micrograph est utilisé pour la quantification.
Après soustraction du fond continu, les signaux peuvent être quantifiés en intégrant sous le
pic. Ce calcul nécessite de connaître les valeurs des angles α (angle d’incidence) et β (angle
de collecte). L’angle β est une valeur tabulée qui dépend du diamètre d de l’angle d’ouverture
et de la distance h entre l’échantillon et le diaphragme de collecte (β ~ d/2h). L’angle α est
calculé à partir d’un cliché de diffraction d’une structure connue.
2.5.4. Préparation des échantillons sous forme de poudre
L’analyse par microscopie électronique en transmission se fait sur des épaisseurs
d’échantillons n’excédant pas quelques centaines de nanomètres car au-delà les électrons ne
traversent plus l’échantillon. Cela nous a donc conduit à trouver des méthodes qui permettent
d’amincir les échantillons sous forme de poudre tout en préservant leur surface. Notre choix
s’est porté sur deux techniques adaptées aux poudres : le colaminage suivi par une abrasion
ionique et l’ultramicrotomie.
2.5.4.1. colaminage et amincissement ionique
Tout d’abord, les grains d’échantillon ont été mélangés à de la poudre d'aluminium
(granulométrie 17 à 23 µm) puis déposés dans une feuille d’acier galvanisé de 0,6 mm
d’épaisseur pliée en deux. L’ensemble a été laminé jusqu'à ce qu'un feuillet d'aluminium
Chapitre II : Méthodes expérimentales
61
englobant les grains de poudre, d'épaisseur inférieure à 0,13 mm, soit obtenu. Ces feuillets
sont ensuite découpés à l'aide d'un emporte-pièce sous la forme de disques de 3 mm de
diamètre, puis amincis par abrasion ionique au PIPS (Precision Ion Polishing System)
jusqu’au percement de l’échantillon. L'analyse par microscopie électronique en transmission
se fait sur les parties minces au bord du trou.
2.5.4.2. découpe par ultramicrotomie
Cette technique consiste à enrober les grains de poudre dans une résine qui, après
polymérisation, doit être d’une dureté comparable à celle des grains de poudre. Afin que les
grains adhèrent bien à la résine, un agent de mouillabilité (DOW Z6040) a été utilisé : les
grains ont été plongés dans ce produit pendant une heure puis séchés à l’étuve. Les grains ont
ensuite été déposés sur un moule que l'on recouvre de résine d'enrobage Epofix puis mis à
l'étuve (T~60°C) pendant au moins 48 h. Le temps de séchage de la résine est important
puisque c'est lui qui conditionne sa dureté.
L'échantillon est ensuite fixé sur le bras articulé de l'ultramicrotome Leica ultracut
UCT. La première étape consiste à tailler un trapèze dans la résine en utilisant un couteau
diamant d’angle de 45° de tranchant (figure II.11b) de façon à voir les grains affleurer à la
surface. Puis, l’on découpe de fines lamelles dans l’échantillon à l’aide d’un couteau diamant
plan (angle du tranchant incliné d’un angle θ = 35° par rapport à la face de l’échantillon) par
un mouvement en quatre temps (avancée, descente, recul et montée). Les lamelles coupées
sont recueillies dans une cuvette remplie d'eau où elles flottent (figure II.11c). Ces lamelles
sont rassemblées puis collectées par capillarité à l'aide d'un outil dit "perfect-loop" (pinceau
dont la pointe est circulaire) et enfin déposées sur une grille de cuivre d’un diamètre de 3 mm
(figure II.11d).
Chapitre II : Méthodes expérimentales
62
Figure II.11 : schéma du principe de la découpe par ultramicrotomie [Cracco 99]
a) schéma d’un bloc de résine enrobant les grains de poudre après polymérisation ; b) schéma d’un
bloc de résine dont la surface a été découpée en forme de trapèze ; c) schéma indiquant le mouvement
du bras articulé lors de la coupe (descente) ; d) lamelles minces flottant sur l’eau contenu dans la
cuvette du couteau.
Cette technique demande un temps de préparation plus long que pour le colaminage
mais est théoriquement plus adaptée pour l’observation des couches de surface : l’épaisseur
est censée être constante pour toute la lamelle ce qui permet d’observer à la fois la surface et
l’intérieur du grain. Néanmoins, il faut arriver à définir correctement plusieurs paramètres lors
de la préparation et de la coupe. Ces paramètres sont le choix de la résine, la distribution des
grains de poudre dans la résine, leur taille, l’angle de coupe du couteau avec la face de
l’échantillon, la vitesse de coupe ainsi que la distance d’avancement du couteau entre chaque
coupe.
surface de l’eau
Chapitre II : Méthodes expérimentales
63
3. Hydrogénation par voie solide-gaz
3.1. Principe et obtention des courbes PCT
Les capacités d’absorption des composés intermétalliques et la stabilité de leurs
hydrures sont déterminées en mesurant la pression d’hydrogénation à l’équilibre en fonction
de la quantité d’hydrogène absorbée. Les courbes pression-composition sont établies à une
température donnée (isotherme). La quantité d’hydrogène absorbée est déterminée par la
méthode volumétrique de Sievert. Le nombre ni de moles d’hydrogène introduit dans un
volume réservoir étalonné V est déterminé par la loi des gaz parfaits connaissant la pression P
d’hydrogène introduite:
RT
VPn i
i = (II.20)
Cette relation est uniquement valable pour de faibles pressions (P < 10 bar). Pour de plus
fortes pressions l’équation d’état de Hemmes [Hemmes 86] est utilisée.
Le porte-échantillon, de volume connu VPE, est d’abord mis sous vide puis la quantité
d’hydrogène stocké dans le réservoir est introduite. L’absorption se fait en fonction du temps
jusqu’à ce que la pression atteigne une valeur d’équilibre. La quantité d’hydrogène absorbée
par le composé est obtenue en faisant la différence entre le nombre de moles initial ni et le
nombre de moles final nf qui reste en phase gaz :
RT
VVPVPnnn
PEfi
fi
)( +−=−=∆ (II.21)
avec Pi et V la pression d’hydrogène et le volume réservoir initiaux, Pf et (V + VPE) la
pression d’hydrogène et le volume total après l’absorption de l’hydrogène.
L’isotherme d’absorption représentant la pression d’hydrogénation en fonction de la
quantité d’hydrogène absorbée est construit par ajout successif d’hydrogène tel que la
pression en hydrogène au point (n + 1) soit supérieure à celle au point n : P(n+1) > Pn . Cet ajout
Chapitre II : Méthodes expérimentales
64
en hydrogène est fait jusqu’à la capacité maximale du composé et est suivi par la désorption
dont le principe est le même si ce n’est que la pression d’hydrogène dans le volume réservoir
est inférieure à celle présente dans le porte échantillon.
3.2. L’appareillage
Les morceaux d’échantillon ont été introduits dans un porte-échantillon étanche en
acier que l’on a relié au banc d’hydrogénation. Ce banc (figure II.12) est composé de
plusieurs éléments dont le volume a été étalonné (banc lui-même, réservoir(s), capteur(s) de
pression) et plongés dans un bain thermostaté à 25°C. Ces éléments sont reliés par des
capillaires en cuivre et des vannes permettant de les isoler. L’ensemble du banc peut être
placé sous vide primaire ou sous atmosphère d’hydrogène. Pour avoir des cinétiques
d’absorption ou de désorption en hydrogène compatibles avec la durée des mesures,
l’échantillon a été placé dans un bain d’huile thermostaté à 100°C. Des pressions allant
jusqu’à 100 bar ont été utilisées.
Figure II.12 : Schéma d’un banc d’hydrogénation 1 bar / 10 bar / 100 bar. V : volume réservoir. VR1 et
VR2 : volumes des réservoirs supplémentaires R1 et R2.
échantillon
Vporte-échantillon
bain d’huile à 100°C
H2
vide
atmosphère
capteurs de pression (1 bar, 10 bar ou 100 bar)
VR2 VR1
V
vanne
bain thermostaté à 25°C
Chapitre II : Méthodes expérimentales
65
3.3. Préparation des échantillons
Les composés intermétalliques sont d’abord coupés avec une scie diamant Isomet
Buehler en morceaux d’épaisseur d’environ 1 mm. On réalise ensuite un décapage pendant
30 s à l’acide fluorhydrique à 10% suivi d’un rinçage à l’éthanol [Cuevas 02]. Les morceaux
d’échantillon sont placés dans le porte-échantillon en acier, qui est ensuite relié au banc
d’hydrogénation et immergé dans un banc d’huile à 100°C. L’échantillon est mis sous vide
primaire pendant 2 minutes environ avant l’introduction de l’hydrogène.
Après hydrogénation, l’échantillon binaire est fragilisé et les échantillons substitués
sont récupérés sous forme de poudre. Un broyage manuel supplémentaire permet d’obtenir
des poudres de granulométrie souhaitée en vue d’une analyse par diffraction des rayons X ou
pour l’élaboration des électrodes pour l’électrochimie (paragraphe suivant II.4.)
4. Hydrogénation par réaction électrochimique
4.1. Mise en forme des électrodes
Les électrodes négatives sont faites à partir de poudre d’échantillon tamisée à 63µm.
Ces poudres ont été produites par hydrogénation par voie solide gaz sous 25 bar à 100°C. La
poudre d’hydrure (90% en poids) est d’abord mélangée à de la poudre de noir de carbone
conductrice (5%). Puis on ajoute du polytétrafluoroéthylène dit PTFE (5%) en solution
ammoniaquée qui joue le rôle de liant. L’addition d’éthanol à la préparation permet d’obtenir
une pâte. Cette pâte est ensuite étalée plusieurs fois à l’aide d’un rouleau en verre. Des cales
de 0,5 mm puis de 0,25 mm d’épaisseur sont disposées en dessous du rouleau afin de garder
une épaisseur de pâte constante. L’étalement de la pâte permet la fibrillation du PTFE par
évaporation de l’éthanol et assure la cohésion de l’ensemble. L’épaisseur finale de la pâte est
de 0,25 mm. Cette pâte est séchée sous vide puis compressée sur une grille de nickel utilisée
comme collecteur de courant.
4.2. Montage d’un accumulateur nickel métal-hydrure
La cellule électrochimique est montée entre deux cales en plastique : on place
l’électrode négative, puis un séparateur en polyamide pour éviter la mise en cours circuit du
Chapitre II : Méthodes expérimentales
66
système et enfin l’électrode positive d’hydroxyde de nickel. L’électrode positive est
surcapacitive par rapport à l’électrode négative afin de ne pas limiter la capacité de décharge
de cette dernière et d’empêcher la réaction d’évolution de l’oxygène. La solution de potasse
concentrée (6M ou 8M selon les expériences) qui constitue l’électrolyte est alors ajoutée. La
cellule est ensuite placée 3 fois sous vide afin que l’électrolyte s’imprègne aux deux
électrodes et au séparateur. Le pompage sous vide permet de libérer l’air contenu dans les
porosités de l’électrode négative car le polytétrafluoroéthylène présente un caractère
hydrophobe. Une électrode de référence Hg/HgO (KOH 1M) est utilisée. Les mesures
électrochimiques ont été réalisées en cellule ouverte à un seul compartiment sous contrôle
d’un potentiostat-galvanostat MacPile II de la société Bio Logic. Cet appareil a été utilisé en
mode galvanostatique et le potentiel d’arrêt pendant la décharge a été fixé à -0,7 V Vs
Hg/HgO. Pendant les mesures, l’électrolyte est placé sous un flux continu d’argon afin que
l’oxygène de l’air ne se dissolve pas dans la cellule [Niessen 05].
4.3. Cyclage électrochimique
En mode galvanostatique, le protocole de l’expérience pour un cycle de charge/décharge de
l'électrode est le suivant (figure II.13) :
une charge d'une durée n à courant cathodique –I
une relaxation d'une demi-heure à I = 0 afin de permettre à l'électrode
de récupérer son potentiel d'équilibre
une décharge à courant anodique + I pendant un temps td limité par un
potentiel d’arrêt fixé à –0.7 V entre l'électrode négative et l'électrode de
référence. Cette valeur limite du potentiel est nécessaire pour empêcher
des réactions d'oxydation irréversibles dans l'électrode négative.
une relaxation après décharge d’une demi-heure.
Chapitre II : Méthodes expérimentales
67
Figure II.13 : schéma du mode galvanostatique imposé à l’électrode négative lors d’un cyclage
électrochimique (n durée de charge, et td la durée de décharge)
Le potentiel entre l'électrode négative et l'électrode de référence est enregistré au cours
de l’expérience. Ce potentiel donne des renseignements sur le niveau de charge de l'électrode
et sur son état de surface. Les capacités sont déterminées lors de la décharge car toute la
charge électrique mesurée est due à la désorption de l’hydrogène du composé intermétallique.
En revanche, pendant la charge, l'hydrogénation du métal (équation II.22b) best en
compétition avec le dégagement d'hydrogène produit par la recombinaison des atomes
d’hydrogène adsorbés sur l'électrode (équation II.23b).
Hydrogénation du métal : −− +→++ OHMHeOHM ads2 (II.22a)
absads MHMH → (II.22b)
Dégagement d'hydrogène : −− +→++ OHMHeOHM ads2 (II.23a)
↑+→ )(2 2 gHMMHads (II.23b)
où adsH est l’hydrogène adsorbé sur le métal et absH est l’hydrogène absorbé.
I=0 -
+I -
-I -
temps (h)
charge
relaxation après la charge
décharge
relaxation après la décharge
cycle charge/décharge
n td 1/2 1/2
Chapitre II : Méthodes expérimentales
68
La mesure du temps de décharge, td, permet de déduire la capacité déchargée, C, selon la
relation suivante :
][
][*][]/[
gm
htmAIgmAhC d= (II.24)
avec I l'intensité du courant et m la masse de composé contenue dans l'électrode négative.
4.4. Isotherme électrochimique
La détermination des isothermes électrochimiques est aussi faite sous contrôle d’un
potentiostat-galvanostat MacPile II de la société Bio Logic. Au départ, les conditions de
mesures sont les mêmes que celles décrites au paragraphe précédent et l’électrode négative est
cyclée jusqu’à sa capacité maximale dans la potasse 8M. Une fois chargée, l’isotherme a été
effectuée en décharge en imposant une succession de créneaux à courant constant (+ I)
pendant un temps fixé séparés par des périodes de relaxation (1 h) à courant nul afin que le
système revienne à son potentiel d’équilibre. L’enregistrement des potentiels a été effectué en
fin de période de relaxation. Les mesures ont été réalisées à la température ambiante
(20 ± 5°C).
Ces mesures ont été réalisées afin de faire l’équivalence, à l’équilibre
thermodynamique, entre la pression de désorption du composé par voie solide-gaz et le
potentiel de décharge par voie électrochimique en s’appuyant sur la relation de Nernst :
RT
FELnp
déchél
désH
,,
22
= (II.25)
avec désHP
,2 la pression d’équilibre de l’hydrogène en désorption, Eél,déch le potentiel
d’équilibre du composé en décharge, R la constante des gaz parfaits (8,314 J/mol.K) et F la
constante de Faraday (96485 C.mol).