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STIMULATION DE LA SYNTHÈSE DES COMPOSÉS NUTRACEUTIQUES ET AROMATIQUES DANS LES FINES HERBES ET LES LÉGUMES PAR LES CHAMPIGNONS MYCORHIZIENS À ARBUSCULES Mémoire Frédéric Simard Maîtrise en biologie végétale Maître ès sciences (M. Sc.) Québec, Canada ©Frédéric Simard, 2014

Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

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Page 1: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

STIMULATION DE LA SYNTHÈSE DES COMPOSÉS

NUTRACEUTIQUES ET AROMATIQUES DANS LES FINES

HERBES ET LES LÉGUMES PAR LES CHAMPIGNONS

MYCORHIZIENS À ARBUSCULES

Mémoire

Frédéric Simard

Maîtrise en biologie végétale Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

©Frédéric Simard, 2014

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iii

Résumé

Le principal objectif de ce projet de recherche était de déterminer si les

champignons mycorhiziens à arbuscules pouvaient stimuler la synthèse des

composés du métabolisme secondaire d’intérêt nutraceutique dans les végétaux.

Deux plantes ont été utilisées au cours de ce projet de recherche, le basilic

(Ocimum basilicum L.) et la carotte (Daucus carota L.). La mycorhize a favorisé la

croissance des plants de basilic ayant reçu un ajout de superphosphate triple au

cours de la deuxième expérience menée sur cette espèce. Elle a aussi favorisé à

plusieurs reprises l’assimilation minérale de certains minéraux comme le

potassium et le phosphore. Des teneurs plus élevées en caroténoïdes ont été

observées dans les feuilles des plants de basilic ayant reçu une double dose

d’inoculant. De plus, la capacité antioxydante liposoluble des extraits de plants de

basilic inoculés avec la simple dose a été abaissée. Chez la carotte, la mycorhize

a favorisé la croissance et l’assimilation minérale des plants dans les conditions

sans ajout de superphosphate triple. La teneur en α-carotène a diminué chez les

carottes mycorhizés au cours de la première expérience. L’association

mycorhizienne a induit des effets à la fois indirects et directs sur la synthèse des

composés nutraceutiques.

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iv

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Résumé long

Le principal objectif de ce projet de recherche était de déterminer si les

champignons mycorhiziens à arbuscules pouvaient stimuler la synthèse des

composés du métabolisme secondaire d’intérêt nutraceutique dans les végétaux.

Les aliments sains, riches en composés nutritifs et antioxydants et produits de

manière respectueuse envers l’environnement sont de plus en plus recherchés.

L’usage critiqué des pesticides et des engrais chimiques mène les producteurs à

revoir leurs méthodes culturales. C’est dans cette optique que les champignons

mycorhiziens à arbuscules attirent de plus en plus l’attention des producteurs

horticoles. Jusqu’à maintenant, plusieurs auteurs ont rapporté les effets favorables

des champignons mycorhiziens à arbuscules sur la synthèse de certaines familles

de molécules d’intérêt nutraceutique comme les composés phénoliques et les

terpénoïdes. Plusieurs questions persistent concernant l’étendu de l’effet de la

mycorhize, est-elle localisée au site de colonisation des racines ou peut-elle se

manifester à distance jusque dans les feuilles de la plante? En revanche, d’autres

auteurs n’ont pas observé d’effet direct des champignons endomycorhiziens et les

effets observables semblent davantage être attribuables à la fertilisation ou à l’effet

indirect d’une meilleure assimilation minérale conférée par la mycorhize.

C’est devant ces nombreuses questions fondamentales que les hypothèses de ce

projet de recherche ont pris forme. Il a été émis que les champignons mycorhiziens

à arbuscules auraient un effet inducteur sur le métabolisme secondaire des plantes

et que cet effet mènerait à la synthèse d’une plus grande quantité de composés

d’intérêt nutraceutique. Les fruits et les légumes produits selon cette régie de

culture seraient ainsi biofortifiés. Les molécules produites lors de l’enclenchement

des mécanismes de défense des plantes sont sensiblement les mêmes que celles

qui confèrent les propriétés nutraceutiques, cosmétiques ou aromatiques. Donc,

l’effet de l’association mycorhizienne serait direct et non pas indirect causé par une

meilleure assimilation des nutriments de la solution nutritive du sol ou du substrat.

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vi

Deux plantes ont été utilisées au cours de ce projet de maîtrise de deux ans, la

carotte et le basilic. Deux expériences ont été réalisées pour chaque espèce. La

carotte permettait de déterminer si les effets étaient localisés au niveau des

racines de la plante et le basilic permettait de déterminer si les effets pouvaient

être systémiques et activer des mécanismes moléculaires jusque dans les feuilles

de la plante. Les deux plantes ont été inoculées à l’aide d’un inoculant commercial

du Glomus irregulare. Pour atteindre nos différents objectifs, les plants ont été

fertilisés à l’aide de deux types de solution fertilisante, une faiblement concentrée

en azote au cours d’une première expérience et une autre plus concentrée au

cours de la deuxième expérience. De plus, du superphosphate a été ajouté au

substrat de culture dans certains traitements afin d’isoler l’impact direct de la

mycorhize de l’impact indirect d’une meilleure assimilation minérale causée par

cette dernière.

Les principales conclusions sont que l’association mycohizienne est

indéniablement plus efficace lorsque les teneurs en minéraux dans la solution du

sol sont faibles. Toutefois, la mycorhize a favorisé la croissance des plants de

basilic lors d’un ajout de superphosphate triple au cours de la deuxième

expérience menée sur cette espèce. Elle a aussi favorisé à plusieurs reprises

l’assimilation de certains minéraux comme le potassium et le phosphore.

L’association mycorhizienne n’a pas modifié de façon importante la biochimie du

basilic. Outre une stimulation de la synthèse des caroténoïdes dans les feuilles des

plants de basilic ayant reçu une double dose d’inoculant au départ, peu d’effets ont

été observés au niveau des teneurs totales en composés phénoliques, en

caroténoïdes et de la capacité antioxydante. Une diminution de la capacité

antioxydante a aussi été observée dans les extraits liposolubles des feuilles des

plants de basilic inoculés à partir de la simple dose. Chez la carotte, la mycorhize a

favorisé la croissance et l’assimilation minérale des plants dans les conditions sans

ajout de superphosphate triple. La mycorhize semble avoir perturbé la synthèse de

l’α-carotène chez les carottes mycorhizées au cours de la première expérience. Il

n’y a pas eu d’autre impact important de l’association mycorhizienne sur les

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vii

molécules du métabolisme secondaire étudiées au cours des expériences sur la

carotte.

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Table des matières

Résumé ............................................................................................................................................... iii

Résumé long ........................................................................................................................................ v

Liste des tableaux ............................................................................................................................. xiii

Remerciements ................................................................................................................................ xvii

Introduction général............................................................................................................................. 1

Chapitre 1 : Revue bibliographique sur les champignons mycorhiziens arbusculaires, hypothèses et

objectifs de recherche ......................................................................................................................... 4

1.1 La découverte des champignons mycorhiziens arbusculaires ........................................... 4 1.2 Effets sur la croissance des plantes et mécanisme de transfert carbone/éléments

minéraux entre les symbiotes ......................................................................................................... 6 1.3 Protection accrue contre les stress hydriques et salins et relation hydrique entre les

mycorhizes à arbuscules et l’hôte végétal ...................................................................................... 8 1.4 Amélioration de la structure des sols ................................................................................ 10 1.5 Protection accrue contre les différents stress biotiques .................................................... 11 1.6 Impact sur la synthèse des métabolites primaires et secondaires de la plante hôte ........ 12

1.6.1 Métabolisme primaire des acides aminés ................................................................. 12 1.6.2 Métabolisme des terpénoïdes ................................................................................... 12 1.6.3 Métabolisme des phénylpropanoïdes ....................................................................... 13 1.6.4 Autres modifications du métabolisme secondaire ..................................................... 14

1.7 Hypothèses et objectifs de recherche ............................................................................... 14

Chapitre 2 : Influence du champignon mycorhizien arbusculaire Glomus irregulare sur la

croissance, la nutrition minérale et la production de composés nutraceutiques chez le basilic

(Ocimum basilicum L.)....................................................................................................................... 18

Résumé ......................................................................................................................................... 18 2.1 Introduction .............................................................................................................................. 18 2.2 Matériel et méthodes ............................................................................................................... 20

2.2.1 Biologie du basilic et champignon mycorhizien utilisé ..................................................... 20 2.2.2 Localisation, conditions de culture et dispositifs expérimentaux ..................................... 21 2.2.3 Échantillonnage et paramètres mesurés ......................................................................... 23 2.2.4 Coloration des racines et détermination du pourcentage de colonisation mycorhizienne 24 2.2.5 Détermination du contenu en éléments minéraux du substrat ........................................ 25 2.2.6 Détermination de la teneur en éléments minéraux dans les feuilles de basilic ............... 26 2.2.7 Détermination de la teneur en composés phénoliques totaux dans les poudres sèches

des feuilles de basilic ................................................................................................................ 26 2.2.8 Extraction et détermination des teneurs en caroténoïdes................................................ 27

2.2.8.1 Extraction et détermination des teneurs en caroténoïdes totaux .............................. 27 2.2.8.2 Séparation et détermination de la teneur des différents caroténoïdes ..................... 29

2.2.9 Détermination de la capacité antioxydante des extraits de poudre de basilic ................. 30 2.2.9.1 Extraction des composés liposolubles (L-ORAC) ..................................................... 30 2.2.9.2 Extraction des composés hydrosolubles (H-ORAC) ................................................. 30 2.2.9.3 Mesure de la capacité antioxydante.......................................................................... 31

2.2.10 Analyse statistique ......................................................................................................... 32 2.3 Résultats ................................................................................................................................. 32

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2.3.1 Taux de colonisation des racines des plants de basilic par le champignon Glomus

irregulare .................................................................................................................................... 32 2.3.2 Croissance des plants de basilic ...................................................................................... 33 2.3.3 Teneur en éléments minéraux des feuilles des plants de basilic ..................................... 35

2.3.3.1 Première expérience ................................................................................................. 35 2.3.3.2 Deuxième expérience ................................................................................................ 38

2.3.4 Teneur en composés phénoliques totaux dans les feuilles de basilic ............................. 41 2.3.5 Teneur en caroténoïdes totaux dans les feuilles de basilic .............................................. 42 2.3.6 Capacité antioxydante des extraits de feuilles des plants de basilic ............................... 45

2.4 Discussion et conclusion ......................................................................................................... 47 2.4.1 Première expérience sur le basilic ................................................................................... 47

2.4.1.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale ............................................. 47 2.4.1.2 Effet sur les métabolites secondaires ........................................................................ 48

2.4.2 Deuxième expérience sur le basilic .................................................................................. 49 2.4.2.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale ............................................. 49 2.4.2.2 Effet sur le métabolisme secondaire ......................................................................... 50

2.4.3 Comparaison de l’étude avec la littérature ....................................................................... 51 2.4.4 Conclusion ........................................................................................................................ 52

Chapitre 3 : Effet du champignon mycorhizien à arbuscules Glomus irregulare sur la croissance, la

nutrition minérale et la stimulation de la synthèse de composés nutraceutiques chez la carotte

(Daucus carota L.) ............................................................................................................................. 56

Résumé ......................................................................................................................................... 56 3.1 Introduction .............................................................................................................................. 57 3.2 Matériels et méthodes ............................................................................................................. 58

3.2.1 Biologie de la carotte et conditions de culture .................................................................. 58 3.2.2 Échantillonnage et paramètres mesurés .......................................................................... 60 3.2.3 Détermination du taux de colonisation par le champignon mycorhizien à arbuscules

Glomus irregulare des racines de carotte ................................................................................. 61 3.2.4 Analyse minérale du substrat de culture des bioessais de carotte .................................. 62 3.2.5 Analyse minérale des tissus végétaux des racines de carotte ......................................... 63 3.2.6 Contenu en composés phénoliques totaux dans les poudres sèches de carotte ............ 64 3.2.7 Quantification du contenu en caroténoïdes totaux dans les poudres sèches de carotte . 65 3.2.8 Détermination de la capacité antioxydante des extraits de carotte .................................. 67

3.2.8.1 Extraction des composés liposolubles des poudres de carotte (L-ORAC) ............... 67 3.2.8.2 Extraction des composés hydrosolubles des poudres de carotte (H-ORAC) ........... 68 3.2.8.3 Mesure de la capacité antioxydante .......................................................................... 68

3.2.9 Analyses statistiques ........................................................................................................ 69 3.3 Résultats .................................................................................................................................. 69

3.3.1 Taux de colonisation des racines de carotte par le champignon endomycorhizien Glomus

irregulare .................................................................................................................................... 69 3.3.2 Rendements en matière fraîche des racines tubérisées de carotte ................................. 70 3.3.3 Teneur en minéraux dans les tissus des racines tubérisées de carotte .......................... 71

3.3.3.1 Première expérience ................................................................................................. 71 3.3.3.2 Deuxième expérience ................................................................................................ 74

3.3.4 Contenu en composés phénoliques totaux dans les racines tubérisées de carotte ........ 76 3.3.5 Contenu en caroténoïdes dans les racines tubérisées de carotte ................................... 77 3.3.6 Capacité antioxydante des extraits de carotte ................................................................. 80

3.4 Discussion et conclusion ......................................................................................................... 82

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xi

3.4.1 Première expérience sur la carotte .................................................................................. 82 3.4.1.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale ............................................. 82 3.4.1.2 Effet sur le métabolisme secondaire ......................................................................... 82

3.4.2 Deuxième expérience sur la carotte................................................................................. 83 3.4.2.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale ............................................. 83 3.4.2.2 Effet sur le métabolisme secondaire ......................................................................... 84

3.4.3 Comparaison avec les études antérieures ....................................................................... 85 3.4.4 Conclusion ........................................................................................................................ 86

Conclusion générale.......................................................................................................................... 89

Références bibliographiques ............................................................................................................. 93

Annexe 1 ......................................................................................................................................... 103

Annexe 2 ......................................................................................................................................... 104

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Liste des tableaux

Chapitre 2

Tableau 2.1 Propriétés chimiques du terreau Agro Mix® avec ou sans ajout de superphosphate triple au moment de l’empotage des essais sur le basilic……….25 Tableau 2.2 Taux de colonisation des racines des plants de basilic par le champignon endomycorhizien à arbuscules Glomus irregulare en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple…………………….......33 Tableau 2.3 Masses fraîches aériennes des plants de basilic en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple………………35 Tableau 2.4 Teneur en éléments minéraux (base sèche) dans les feuilles des plants de basilic de la première expérience en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple……………………………..……37 Tableau 2.5 Teneur en éléments minéraux (base sèche) dans les feuilles des plants de basilic de la deuxième expérience en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple……………………………..……40 Tableau 2.6 Teneur en composés phénoliques totaux dans les feuilles de basilic en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple…………………………………………………………………………….....………42 Tableau 2.7 Teneur en caroténoïdes totaux, en lutéine et en β-carotène dans les feuilles des plants de basilic des deux expériences en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple……………………..44 Tableau 2.8 Capacité antioxydante des extraits hydrosolubles (Orac-H), liposolubles (Orac-L) et totaux (Orac-T) des feuilles de basilic des deux expériences en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple…………………………………………………………………...46

Chapitre 3

Tableau 3.1 Propriétés chimiques de la terre à jardin Premier horticulture utilisée pour les bioessais chez la carotte en fonction de l’ajout ou non de superphosphate triple……………………………………………………………………………………….63 Tableau 3.2 Taux de colonisation des racines de carotte par le champignon endomycorhizien Glomus irregulare en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple……………………………………………………………..70

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xiv

Tableau 3.3 Rendement en matière fraîche des racines tubérisées de carotte en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple………...…71 Tableau 3.4 Teneurs en éléments minéraux (base sèche) des racines tubérisés de carotte de la première expérience en fonction de l’ajout ou d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple………………………………………………………….....73 Tableau 3.5 Teneurs en éléments minéraux (base sèche) des racines tubérisés de carotte de la deuxième expérience en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple……………………………………………………….............75 Tableau 3.6 Teneur en composés phénoliques totaux dans les racines tubérisées de carotte en fonction de l’ajout d’un inoculant mycorhizien et de superphosphate triple………………………………………………………………………………...……..77 Tableau 3.7 Teneur en caroténoïdes totaux, en β-carotène et en α-carotène dans les racines tubérisées de carotte en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple…………………………………………………………..……79 Tableau 3.8 Capacités antioxydantes hydrophiles (Orac-H), lipophiles (Orac-L) et totaux (Orac-T) des extraits de racines tubérisées de carotte en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple………………….……………81

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xvi

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xvii

Remerciements

Tout d’abord, je voudrais remercier mes directeurs de recherche, M. Jacques-

André Rioux et M. Martin Trépanier, pour la confiance qu’ils m’ont témoignée en

acceptant ma participation à ce projet de recherche. Je tiens à les remercier

sincèrement pour l’ensemble des connaissances scientifiques qu’ils m’ont

transmises et pour leurs dévoués enseignements.

Je ne peux oublier de remercier Éric Dugal, Marie-Pierre Lamy et Antoine St-

Pierre, vous m’avez beaucoup aidé et supporté durant ces années d’études. Je

considère avoir fait partie d’une équipe très solidaire envers ses membres.

Merci à Pascal Dubé et à Jean Martin, vous m’avez rendu de grands services pour

les différentes analyses nécessaires à l’accomplissement de ce travail de

recherche.

À vous, mes parents, vous êtes sans doute les auteurs les plus importants de cette

réussite. Sans votre infaillible amour et votre éducation impeccable, je n’en serais

certainement pas où j’en suis présentement. Vous êtes et avez été la clé de mes

succès. Philippe, mon frère, tu seras toujours mon modèle sur qui je peux compter

et me fier par tes conseils réfléchis. Ma chère Cathia, nous avons passé ensemble

cette étape de notre vie commune. Certains moments ont été ardus lors de cette

merveilleuse aventure, mais ta compassion et ton amour m’ont permis de traverser

toutes ces épreuves la tête haute.

Merci Sylvie d’avoir mis ta délicate touche pour la correction de ce mémoire.

Gilles et Lucie, merci de m’avoir hébergé au « petit chalet » du lac Trois-Saumons.

C’est un endroit paradisiaque pour la rédaction.

Merci grand-père et grand-mère, Josephat et Lorraine, de m’avoir apprit à jardiner.

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xviii

Finalement, merci à tous mes amis. Les relations et les aventures que nous avons

vécues ensemble ont forgé ma personne et mon caractère. Vous avez toujours été

là pour moi lors des moments difficiles, mais aussi lors des plus heureux.

Page 19: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

1

Introduction général

Les champignons mycorhiziens à arbuscules représentent un groupe particulier de

microorganismes présents dans les sols. Les premières espèces de champignons

mycorhiziens à arbuscules seraient apparues il y a entre 460 à 350 millions

d’années et auraient jouées un rôle crucial lors de l’établissement des premières

populations de plantes terrestres vasculaires. Les 300 espèces de champignons

mycorhiziens à arbuscules répertoriées à ce jour participent à l’association

symbiotique obligatoire la plus commune formée avec environ 300 000 espèces

végétales, ce qui représente près de 80 à 90 % des plantes terrestres connues à

ce jour. Après près de 100 années d’études sur cette symbiose végétale, plusieurs

rôles écologiques leurs ont été attribués. Parmi ceux-ci, les plus déterminants sont

leurs effets bénéfiques sur l’écologie des écosystèmes et des agrosystèmes. Les

études démontrent qu’un bon nombre de plantes mycorhizées présentent une

stimulation de la croissance. La symbiose mycorhizienne permet une assimilation

plus efficace de l’eau et des éléments nutritifs, particulièrement le phosphore. Elle

diminue les effets néfastes d’un bon nombre d’agents pathogènes affectant les

racines. Elle favorise une meilleure absorption de l’eau par temps sec et modifie le

métabolisme primaire et secondaire des plantes.

Les études sur la modification du métabolisme des plantes sont encore à l’état de

prélude. Bien qu’il y ait de nombreuses observations documentées à ce sujet, il

reste encore beaucoup à faire afin de mieux comprendre certains phénomènes :

par exemple, l’effet direct de la colonisation des racines opposé à l’effet indirect de

la nutrition minérale octroyé par le champignon. De plus, les effets d’une espèce

de champignon peuvent être très différents de ceux d’une autre sur une plante

mycorhizée. Dans une optique d’agriculture en pleine transformation à la suite

d’une demande par le consommateur d’aliments sains et produits de manière

durable, l’utilisation des champignons mycorhiziens à arbuscules semble prendre

tout son sens.

Page 20: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

2

Ce document présente une étude des effets du champignon mycorhizien à

arbuscules Glomus irregulare sur la croissance, la nutrition minérale et la

stimulation de la synthèse de composés à valeur nutraceutique d’une fine herbe, le

basilic, et d’un légume racine, la carotte.

Page 21: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

3

Chapitre 1

Page 22: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

4

Chapitre 1 : Revue bibliographique sur les champignons mycorhiziens

arbusculaires, hypothèses et objectifs de recherche

1.1 La découverte des champignons mycorhiziens arbusculaires

Les recherches sur les associations mycorhiziennes retiennent l’attention depuis

plus de 120 ans. C’est en 1885 que A.B. Frank donna le nom « mycorhize » à

l’association entre les racines d’un arbre et d’un champignon ectomycorhizien

(Frank, 1885). Il émit comme hypothèse que les champignons ectomycorhiziens et

les plantes ligneuses étaient intimement liés par une relation mutualiste d’échange

de nutriments. À l’origine, Frank postula que le champignon assimilait les éléments

minéraux et les nutriments de l’humus du sol et que l’arbre en échange de

minéraux nourrissait le champignon. Quelques années plus tard, il fit la distinction

entre les champignons ectotrophiques et endotrophiques qu’il n’avait observés à

l’époque que chez les éricacées et les orchidées. C’est en 1897 que Janse nomma

la vésicule, l’une des structures caractéristiques de certains champignons à

arbuscules, et c’est ensuite Gallaud (1905) qui nomma la structure de l’arbuscule,

d’où l’appellation de champignon à arbuscules et à vésicules qui demeura

longtemps. C’est à ce moment que plusieurs chercheurs se mirent à décrire et à

tenter de classifier les différentes espèces de champignons mycorhiziens à

arbuscules.

Préalablement, Link (1809) regroupa les champignons phycomycètes

endomycorhiziens sous le genre Endogone. Par la suite, les frères Tulasne

(Tulasne et Tulasne, 1844) ont été les premiers à décrire le genre Glomus,

représentant l’ensemble des espèces à sporulation se produisant dans les sols,

mais sans établir de relation avec les symbioses mycorhiziennes. Ils

reconnaissaient cependant la proximité du genre Glomus avec le genre Endogone.

Fries (1849) introduisait le terme Endogonacées et plaçait cette famille dans l’ordre

des Tuberales. Les Endogonacées seront par la suite déplacées dans les

Page 23: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

5

Mucorales par Bucholtz (1912). Dangeard (1896) fut le premier à décrire un

champignon mycorhizien à arbuscules isolé des racines d’un peuplier (Dangeard,

1900). Il croyait alors que ce type de champignon était pathogène et lui donna le

nom Rhizophagus populinus. En 1922, Thaxler révisa les Endogonacées et

replaça le genre Glomus des frères Tulasne dans les Endogone (Thaxter, 1922).

Butler (1939) revérifia l’identité des champignons mycorhiziens à arbuscules et les

classifia comme des membres imparfaits des Endogonacées.

Face à ces nombreux événements contradictoires, les phytopathologistes

Nicholson et Gerdemann (1968) décidèrent de dresser un système de

classification classique à nom latin. Parallèlement, Mosse et Bowen (1968), pour

leur part, décidèrent de dresser un système plus descriptif basé principalement sur

la structure des parois cellulaires des spores, la couleur des spores et leurs

contenus cytoplasmiques. Les deux systèmes de classification présentaient en

partie des correspondances, notamment parce que les spores des champignons

possèdent peu d’éléments permettant leur différenciation. C’est au début des

années 1970 qu’il devint évident pour Gerdemann et Trappe (1974) que les

Endogone, contenant à ce moment plusieurs espèces variées, devaient être

révisés plus en profondeur. Il divisa l’ancien genre Endogone en sept nouveaux

incluant trois genres non mycorhiziens, Endogone, Modicella, Glaziella, et quatre

genres mycorhiziens, Glomus, Sclerocystis, Gigaspora et Acaulospora.

L’ensemble de ces genres fut placé dans les Endogonacées, les Endogonales et

les Zygomycètes.

En 2001, une réelle révolution dans le monde de la classification des champignons

mycorhiziens arbusculaires se produisit. Schüβler et collaborateurs (2001)

utilisèrent des données moléculaires pour établir les relations phylogénétiques

entre les différents genres et espèces de champignons mycorhiziens à arbuscules.

Le groupe des champignons mycorhiziens à arbuscules quitta le phylum des

Zygomycètes pour constituer un nouveau phylum propre à ce type de

champignon : les Glomeromycètes. Les études phylogénétiques permirent de

Page 24: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

6

regrouper les différentes espèces de champignons mycorhiziens à arbuscules

selon quatre ordres : Paraglomerales, Archeosporales, Diversisporales et

Glomerales. Pendant longtemps, une des espèces modèles, le Glomus

intraradices souche DAOM197198 et BEG 195, a porté à tort ce nom d’espèce.

Les analyses génétiques ont permis de relier ses données moléculaires à une

espèce nouvellement décrite, le Glomus irregulare (Stockinger et coll., 2009).

1.2 Effets sur la croissance des plantes et mécanisme de transfert

carbone/éléments minéraux entre les symbiotes

Durant plusieurs années, les chercheurs ne s’entendaient pas sur l’impact des

champignons mycorhiziens à arbuscule sur la croissance des plantes. Plusieurs

croyaient que la colonisation du tissu racinaire végétal par les champignons

mycorhiziens arbusculaires était d’origine pathogène ou parasitique. Rayner (1927)

postula que les champignons ectomycorhiziens devaient être possiblement

bénéfiques pour leurs hôtes et que les champignons mycorhiziens arbusculaires

l’étaient probablement aussi. L’idée de Rayner fit échos à travers la communauté

scientifique et plusieurs travaux de recherches furent effectués pour déterminer le

type de relation entre la plante et le champignon. On souleva ainsi l’importance de

déterminer le terme le plus approprié pour définir cette relation, soit infection,

colonisation ou mycorhization. Le terme colonisation semblerait être jusqu’à

aujourd’hui le plus approprié.

Asai (1944) publia un article relatant l’effet de champignons mycorhiziens à

arbuscules sur l’amélioration de la croissance des plants poussant dans un sol

pasteurisé. Il observa ainsi l’impact de la microflore, en particulier l’impact des

champignons mycorhiziens arbusculaires ainsi que celui des rhizobiums sur la

croissance des légumineuses. Viennent par la suite de nombreux articles

démontrant l’impact positif des mycorhizes à arbuscules sur la croissance de

plusieurs plantes : notons le pommier (Mosse, 1957), le tabac (Peuss, 1958), le

Page 25: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

7

peuplier (Clark, 1963), le maïs et l’avoine (Meloh, 1963). Cet effet bénéfique sur la

croissance serait majoritairement dû à un rapport coût en carbone contre un

bénéfice en éléments minéraux favorables pour la plante. Entre 4 et 20 % des

photosynthétats sont transférés au champignon, majoritairement sous forme

d’hexoses (Koch et Jonhson, 1984; Eissenstat et coll., 1993). Ces sucres,

absorbés par les structures intraracinaires du champignon, sont rapidement

transformés en tréhalose, en lipide et en glycogène afin d’être exportés vers les

hyphes extraracinaires qui eux ne peuvent pas (ou très peu) prélever de carbone

organique des sols par les processus saprotrophiques (Shachar-Hill et coll., 1995;

Bago et coll., 2002a, 2002b). Ce carbone concédé pour maintenir son symbiote en

place est vu comme un investissement plutôt qu’une dépense pour la plante, car la

symbiose prédispose celle-ci à une plus grande efficacité dans l’acquisition des

nutriments du sol quand les teneurs en sont faibles. Le champignon possède une

meilleure capacité à prélever ces minéraux du sol et à les transférer à la plante par

les racines. L’hôte végétal peut même parfois en accumuler pour une utilisation

subséquente. Cependant, plusieurs chercheurs ont proposé d’éviter une

généralisation excessive sur l’effet bénéfique des champignons mycorhiziens à

arbuscules sur la croissance des plantes, rappelant qu’il peut y avoir une grande

variation sur la nature de l’effet causé par les différentes espèces de champignons

(Lohman, 1927; Janos, 1980; Johnson et coll., 1997).

Avant 1959, on ne connaissait pas la cause exacte des effets positifs engendrés

par les champignons mycorhiziens à arbuscules sur la croissance des plantes.

Baylis (1959) suggérait que l’effet positif sur la croissance est le résultat d’une

meilleure assimilation du phosphore par la plante en relation avec les

champignons mycorhiziens arbusculaires. Par la suite, plusieurs chercheurs

confirmèrent les conclusions de Baylis entre autres Gerdemann (1964) et Holevas

(1966). Après une deuxième série d’expériences, Baylis (1970, 1972a, 1972b)

formula une nouvelle hypothèse à l’effet que les champignons mycorhiziens ou les

poils racinaires devaient être responsables du prélèvement du phosphore dans les

sols. Il observa aussi que l’effet sur la croissance était plus marqué dans les sols

Page 26: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

8

pauvres que dans les sols riches en phosphore. Outre le phosphore, plusieurs

autres éléments comme le cuivre, le fer et le zinc sont prélevés du sol par le

réseau extraracinaire fongique et transférés sensiblement de la même manière

vers la plante (Kilham et Firestone, 1983).

L’ensemble de ces informations permet de conclure que les racines mycorhizées

possèdent une plus grande capacité à explorer le sol à la recherche de minéraux

et ainsi à les absorber. Le phosphore, souvent peu mobile dans les sols, serait

l’élément le plus abondamment transféré vers les racines de la plante. Cette

capacité est majoritairement attribuable au réseau fongique extraracinaire et à sa

capacité supérieure à sécréter des phosphatases permettant de solubiliser et

d’absorber les phosphates par des canaux transporteurs de phosphates propres

aux champignons mycorhiziens (Joner et coll., 2000; Koide et Kabir, 2000). De

récentes études ont démontré que des bactéries solubilisatrices de phosphore se

développant en périphérie des hyphes sont à l’origine de la solubilisation des

phosphates. Ces phosphates sont par la suite absorbés par les hyphes et

transférés ultimement à l’hôte végétal démontrant ainsi de nouvelles preuves d’une

symbiose tripartite (Villegas et Fortin, 2001, 2002).

1.3 Protection accrue contre les stress hydriques et salins et relation

hydrique entre les mycorhizes à arbuscules et l’hôte végétal

Plusieurs études ont démontré la diminution du flétrissement des plantes en

symbiose avec les champignons mycorhiziens à arbuscules comparativement à

des plantes non mycorhizées démontrant ainsi l’impact bénéfique de la mycorhize

dans l’approvisionnement en eau de la plante. Les effets du champignon

mycorhizien sur le bilan hydrique de la plante seraient à la fois directs et indirects.

L’influence des mycorhizes arbusculaires se traduit tout d’abord par une diminution

de la résistance du transport de l’eau au niveau des racines. Ce phénomène a été

observé chez le soya et serait notablement attribuable à une augmentation de la

Page 27: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

9

surface de contact des hyphes extraracinaires et des racines avec les particules du

sol (Safir et coll., 1972). Les différentes observations démontrant un effet direct

des mycorhizes à arbuscules ont permis de noter un taux de transpiration plus

élevé et une résistance stomatale réduite chez les plants mycorhizés en

comparaison avec des plants non mycorhizés, et ce, autant durant les états de

stress hydrique que durant les périodes de rétablissement. Ceci serait dû en partie

à des variations hormonales affectant l’activité stomatale (Allen et coll., 1981). La

diminution de la résistance au transport de l’eau au niveau des racines est perdue

lorsqu’il y a ajout de nutriments au sol, démontrant ainsi un effet indirect de la

mycorhize sur le bilan hydrique de la plante. Ce fait amènerait à la conclusion que

dans les sols pauvres en nutriments, l’eau serait mieux absorbée par la plante, car

le champignon permet à celle-ci de puiser une plus grande quantité de minéraux

(en particulier le phosphore) engendrant ainsi un appel d’eau du sol plus important

au niveau des racines (Augé, 2001, 2004). La relation hydrique serait donc

attribuable à la relation minérale entre la plante et le champignon, mais aussi à des

variations hormonales affectant la physiologie stomatale de la plante.

Dernièrement, une aquaporine (GintAQ1) des hyphes extraracinaires du Glomus

irregulare a été caractérisée. Les travaux d’Arocado et collaborateurs (2009) ont

démontré qu’il y avait une expression concertée des gènes responsables de la

synthèse des aquaporines au niveau des hyphes et des racines en réponse à un

stress salin ou hydrique.

D’autres recherches ont démontré l’impact positif de la symbiose en réponse au

stress salin. La majorité des plantes voient leur croissance et leur biomasse

diminuer lorsqu’elles sont exposées à de hautes teneurs en sels minéraux comme

le chlorure de sodium dans les sols. La raison de cette diminution est

l’indisponibilité des minéraux séquestrés en raison de concentrations trop élevées

en sels et de l’énergie dépensée pour contrebalancer les effets toxiques des sels

en haute concentration. Dans plusieurs cas, la relation symbiotique mycorhizienne

s’est avérée bénéfique aux plantes se développant dans ces conditions. Par

exemple, Al-Karaki (2000) a observé une augmentation de la masse sèche

Page 28: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

10

aérienne et racinaire, du nombre et de la grosseur des fruits des plants de tomate

inoculés comparativement à ceux qui ne l’étaient pas. Cette protection engendrée

par le partenaire fongique est causée par une meilleure assimilation minérale,

l’accumulation d’un régulateur osmotique (proline) en plus grande quantité (Jindal

et coll., 1993), d’une augmentation du taux de photosynthèse ainsi que d’une

utilisation plus efficace de l’eau disponible. La protection contre les stress salins

des plantes en association avec les mycorhizes arbusculaires est donc une

combinaison d’effets nutritionnels, biochimiques et physiologiques (Evelin et coll.,

2009; Porcel et coll., 2012).

1.4 Amélioration de la structure des sols

La structure des sols est un élément fondamental dans le fonctionnement et la

fertilité des écosystèmes et particulièrement pour les agroécosystèmes.

L’agrégation des particules du sol facilite les différents mouvements de l’eau, des

gaz et des nutriments qui sont essentiels pour le bon développement des plantes

et des microorganismes dans les sols. Les microorganismes participent activement

au processus d’agrégation des particules du sol, favorisant ainsi leur structure. Les

travaux de Degens (1997) suggèrent que les hyphes fongiques des champignons,

incluant ceux des champignons mycorhiziens à arbuscules, sont le facteur biotique

le plus important dans la stabilisation des sols, tout en reconnaissant les impacts

positifs des racines des plantes, des bactéries et de la faune du sol. Les

champignons mycorhiziens à arbuscules seraient le facteur le plus important pour

trois raisons : 1) les hyphes extraracinaires des champignons mycorhiziens à

arbuscules sont souvent une composante dominante de la biomasse microbienne

des sols; 2) de par leur symbiose avec les plantes, ils ne sont pas limités dans leur

approvisionnement en carbone comparativement aux champignons saprophytes

qui eux n’ont que le carbone disponible dans les sols pour se développer; 3) et

finalement, les champignons mycorhiziens possèdent un temps de résidence plus

long dans les sols que les autres types de microorganismes (Jastrow et coll.,

1998). Depuis 1996, on sait que la glomaline, une glycoprotéine produite par les

Page 29: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

11

mycorhizes à arbuscules, favorise l’agrégation des particules et la rétention en eau

dans les sols. Des études démontrent que plus la concentration en glomaline est

grande, plus le pourcentage en eau disponible dans les agrégats du sol est élevé

(Rillig et coll., 2001).

1.5 Protection accrue contre les différents stress biotiques

Chez la plupart des plantes, la relation plante-pathogène induit une résistance

systémique acquise qui se traduit par une expression plus rapide des mécanismes

de résistance lors d’une subséquente rencontre avec un grand nombre de

pathogènes. Les mécanismes de résistance s’accompagnent par la présence dans

la plante de l’acide salicylique et d’un grand nombre de protéines spécifiques qui

contribuent à la résistance de la plante (Durrant et Dong, 2004). Lors de

l’établissement de la colonisation racinaire, les champignons endomycorhiziens

sont perçus par la plante sensiblement de la même manière qu’un pathogène. Les

mêmes voies métaboliques caractéristiques de l’induction de la résistance

systémique sont déclenchées dans les deux cas. Les enzymes de la phénylalanine

ammonia-lyase et de la chalcone isomérase, caractéristiques des mécanismes de

résistance des plantes, ont été mesurés à près de 200 % par rapport au traitement

témoin lors de la colonisation des racines de la luzerne (Volpin et coll., 1994). De

plus, des superoxydes dismutases (Podzo et coll., 2002), des protéines de

résistance de type 1 (Cordier et coll., 1998) et de hautes concentrations en

composés phénoliques (Ceccarelli et coll., 2010) ont été retrouvés dans les plantes

colonisées par les champignons endomycorhiziens.

Les mycorhizes, en plus de déclencher la mise en place des mécanismes de

résistance, protègent indirectement les racines de la plante en favorisant le

développement de microorganismes antagonistes des pathogènes dans la

rhizosphère. Plusieurs cas de réduction du développement d’organismes

pathogènes près ou dans la rhizosphère ont été décrits lorsque les plantes sont en

association avec les mycorhizes ou en présence de champignons mycorhiziens

Page 30: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

12

sans même être colonisées. Par exemple, le Glomus irregulare a réduit les

dommages causés par le Fusarium oxysporum dianthi selon les études de St-

Arnaud et collaborateurs (1997) et le Glomus mosseae a réduit le nombre de

foyers d’infection causés par le Phytophtora nicotinae au niveau des racines de

tomate (Lioussanne et coll., 2009).

1.6 Impact sur la synthèse des métabolites primaires et secondaires de la

plante hôte

1.6.1 Métabolisme primaire des acides aminés

Le métabolisme des acides aminés est affecté suite à l’établissement de la

colonisation par les champignons endomycorhiziens. Une étude sur la tomate

menée par Salvioli et collaborateurs (2012) a démontré des modifications des

teneurs en acides aminés lors de la maturation des fruits de plants de tomate

mycorhizés. La glutamine était présente en plus grande quantité lorsque le fruit

était vert et la glutamine, la thréonine et la sérine étaient plus abondantes en cours

de la maturation (rougissement) du fruit. Ces résultats démontrent ainsi un effet

systémique de la mycorhize. Une étude in vitro récente a démontré la capacité des

hyphes du champignon mycorhizien à arbuscules à absorber directement les

acides aminés du milieu de culture et à les transférer à la racine de la plante

(Whiteside et coll., 2012).

1.6.2 Métabolisme des terpénoïdes

Depuis longtemps, les mycorhiziologistes observent que les racines mycorhizées

des plantes présentent des colorations jaunes à orangées visibles à l’œil nu. Il a

été démontré que le métabolisme des terpénoïdes pouvait être stimulé en réponse

à la mycorhization. Deux molécules, la mycoradicine et la bluménine, sont

retrouvées dans les racines mycorhizées seulement et sont responsables de cette

coloration particulière. Or, ces deux molécules dérivent directement de la voie

Page 31: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

13

métabolique des terpènoïdes et sont produites uniquement à la suite de

l’établissement de la symbiose mycorhizienne (Strack et Fester, 2006). Ces

molécules proviennent du clivage oxydatif des caroténoïdes. Le rôle de ces

molécules pour la symbiose demeure incertain, mais elles joueraient probablement

divers rôles dans la signalisation entre les partenaires, le contrôle de la

colonisation des racines, la protection contre les agents pathogènes du sol et

assureraient aussi une protection contre les stress oxydatifs dans les cellules

racinaires colonisées (Strack et Fester, 2006; Akiyama, 2007). Les teneurs en

caroténoïdes sont aussi susceptibles d’être modifiées suite à l’établissement

mycorhizien comme le démontre une expérience sur la tomate où les teneurs en

lycopène et en β-carotène dans les fruits ont été augmentées (Ulrichs et coll.,

2008). Quelques études récentes ont été effectuées sur des fines herbes. La

teneur en huiles essentielles, molécules provenant aussi de la voie des

terpénoïdes, a augmenté chez l’aneth, chez le carvi, ainsi que chez la coriande et

l’origan (Kapoor et coll., 2002a, 2002b, 2004; Khaosaad et coll., 2006; Morone-

Fortunato et Avato, 2008; Chaudhary et coll., 2008) en réponse aux mycorhizes

arbusculaires.

1.6.3 Métabolisme des phénylpropanoïdes

La voie métabolique des phénylpropanoïdes est elle aussi affectée par la présence

de champignons mycorhiziens dans les racines. La composition en flavonoïdes est

fortement affectée lors des différentes étapes de la colonisation mycorhizienne.

Les flavonoïdes, composés phénoliques à deux noyaux aromatiques, semblent

jouer plusieurs rôles dans l’établissement de la mycorhize. Certains flavonoïdes

racinaires comme le coumestrole, l’ononine et le daidzéine ont été caractérisés

comme molécules signals servant à favoriser le développement des hyphes et les

branchements entre le réseau racinaire et mycélien (Salzer et Boler, 2000;

Vierheilig et Piché, 2002). La teneur plus abondante de médicarpine dans les

racines a aussi été notée lors du positionnement des appressoriums des

mycorhizes à arbuscules sur la racine du Medicago sativa. La médicarpine est

Page 32: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

14

souvent retrouvée comme phytoalexine dans les racines des plantes parasitées

par des pathogènes, démontrant une certaine homologie du signal avec les

champignons mycorhiziens à arbuscules (Dixon et coll., 1992). Les flavonoïdes

joueraient donc plusieurs rôles durant la colonisation mycorhizienne et la

composition en flavonoïdes serait elle aussi dépendante des différentes

combinaisons plantes-champignons mycorhiziens (Larose et coll., 2002). De ce

fait, une augmentation d’environ 30 % de la concentration des phénols totaux et de

la capacité antioxydante des extraits a été observée chez l’artichaut (Ceccarelli et

coll., 2010) et une synthèse plus élevée d’anthocyanes a été obtenue chez la

fraise (Castellanos-Morales et coll., 2010).

1.6.4 Autres modifications du métabolisme secondaire

On a également observé une augmentation de la concentration de molécules

conférant les saveurs piquantes (sulfoxides) chez la ciboule (Allium fistulosum L.)

(Guo et coll., 2007). La symbiose mycorhizienne est un phénomène fondamental,

mais la plante semble réagir à certains niveaux de la même façon que lorsqu’elle

est en présence d’agents pathogènes. Cette réponse aux champignons

endomycorhiziens pourrait se manifester par l’activation généralisée des voies du

métabolisme secondaire menant à la production d’une panoplie de molécules de

défense engendrant ainsi la résistance systémique acquise (Durrant et Dong,

2004). Bien qu’il y ait eu quelques recherches sur le sujet, il reste encore plusieurs

questions ouvertes sur la modification du métabolisme des plantes en réponse à la

mycorhization ainsi que l’élucidation des différents mécanismes en cause.

1.7 Hypothèses et objectifs de recherche

Au cours des dix dernières années, de plus en plus de gens se sont conscientisés

à ce qui se trouve dans leur assiette. L’arrivée des aliments biologiques, ainsi que

l’usage critiqué des pesticides et des engrais de synthèse ont poussé les

producteurs à revoir leurs pratiques culturales. Plusieurs observations démontrent

Page 33: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

15

que l’inoculation par les champignons endomycorhiziens peut à la fois faire

augmenter les rendements des cultures et modifier considérablement les

métabolismes primaire et secondaire des plantes tout en diminuant

raisonnablement l’utilisation des engrais chimiques et des produits phytosanitaires

nécessaires à leur production. La possibilité de produire des fruits, des légumes et

des fines herbes biofortifiés préalablement inoculés par les champignons

endomycorhiziens est aujourd’hui de plus en plus envisageable et souhaitable.

Ces évidences ont mené à la naissance de ce projet de recherche et à la

formulation des hypothèses et objectifs de recherche qui suivent.

Les hypothèses de travail étaient :

1) La plante mycorhizée présentera une modification de son métabolisme

secondaire en réponse à la colonisation de ses racines par le

champignon endomycorhizien Glomus irregulare;

2) Une concentration accrue en métabolites secondaires en réponse à la

symbiose conférera à la plante un potentiel nutraceutique plus

intéressant qu’une plante non mycorhizée;

3) Les effets sur les modifications du métabolisme secondaire ne sont pas

l’effet indirect d’une meilleure assimilation minérale, mais l’effet direct de

la colonisation mycorhizienne des racines.

Les plantes choisies ont été une fine herbe, le basilic doux (Ocimum basilicum L.)

et un légume racinaire, la carotte (Daucus carota L.). Ces plantes sont

couramment utilisées dans l’alimentation humaine et produites en grande quantité

par les producteurs horticoles et maraîchers québécois. L’inoculum utilisé a été le

Myke® Pro PS3 (Glomus irregulare) produit par la compagnie Premier Tech

Biotechnologies (Rivière-du-Loup, Québec).

L’inoculation des plants a permis de vérifier les objectifs spécifiques de la présente

recherche. Ces objectifs étaient de :

Page 34: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

16

1) Déterminer si une plante colonisée par les champignons

endomycorhiziens présente une synthèse accrue de métabolites

secondaires;

2) Déterminer si les modifications biochimiques de la plante mycorhizée

confèrent à celle-ci un potentiel nutraceutique plus intéressant qu’une

plante non mycorhizée;

3) Déterminer les voies du métabolisme secondaire qui peuvent être

stimulées par les champignons endomycorhiziens;

4) Déterminer si les modifications du métabolisme secondaire de la plante

sont systémiques ou localisées;

5) Déterminer de quelle nature sont les effets du champignon sur les

teneurs en composés du métabolisme secondaire des plantes à l’étude.

Est-ce l’effet indirect de la fertilisation minérale, l’effet du champignon sur

l’assimilation minérale ou l’effet direct de la colonisation des racines par

le champignon?

Page 35: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

17

Chapitre 2

Page 36: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

18

Chapitre 2 : Influence du champignon mycorhizien arbusculaire Glomus

irregulare sur la croissance, la nutrition minérale et la production de

composés nutraceutiques chez le basilic (Ocimum basilicum L.)

Résumé

Deux expériences ont été menées sur le basilic visant à déterminer si les

mycorhizes à arbuscules pouvaient favoriser la croissance, la nutrition minérale et

augmenter les teneurs des composés nutraceutiques dans les feuilles de cette

espèce. La première expérience a permis de mettre en évidence l’importance de

l’association mycorhizienne lorsque la fertilisation azotée est faible (fertigation

bihebdomadaire de 50 à 150 mg/l en azote). Une augmentation de la teneur en

caroténoïdes dans les feuilles de basilic a été observée chez les plants

mycorhizés. La mycorhize a aussi permis l’augmentation de la teneur de certains

éléments minéraux dans les feuilles comme le phosphore, le potassium et le zinc,

mais en a fait diminuer d’autres comme le calcium et le magnésium. L’ajout de

superphosphate triple dans le substrat a généré une stimulation de la croissance

des plants et une augmentation des teneurs en phosphore, en magnésium et en

manganèse dans les feuilles. La présence de superphosphate triple a entraîné la

diminution du taux de colonisation des racines par le champignon et de la teneur

en zinc dans les feuilles du basilic. L’amendement en phosphore a fait

significativement augmenter la teneur en composés phénoliques et la capacité

antioxydante de l’extrait liposoluble des feuilles du basilic.

2.1 Introduction

La symbiose entre les plantes supérieures et les champignons mycorhiziens est

dans la plupart des cas favorable à la croissance des plantes, surtout lorsque ces

dernières sont exposées à des conditions difficiles comme un stress hydrique, une

teneur en éléments minéraux plus faible dans la solution du sol ou en présence de

Page 37: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

19

certains pathogènes. Une série d’expériences menées récemment par plusieurs

chercheurs démontrent que cette symbiose peut également avoir un effet favorable

sur la synthèse de plusieurs métabolites secondaires. Certains de ces métabolites

présentent des propriétés alimentaires, nutraceutiques, aromatiques, cosmétiques

et même pharmaceutiques. Le basilic possède plusieurs propriétés

phytochimiques intéressantes pour l’alimentation humaine. Elles lui sont

attribuables à un large éventail de composés phénoliques prédominants

comprenant l’acide rosmarinique, l’acide caféique et l’eugénol, ainsi que des

flavonoïdes comme le kaempférol, la lutéoline et la catéchine (Grayer et coll. 1996,

2002; Simon et coll., 1999; Lewinsohn et coll., 2000; Gang et coll., 2001;

Jayasinghe et coll., 2003; Kivilompolo et Hyötyläinen, 2007). Sa saveur et ses

arômes proviennent aussi de la qualité de son huile essentielle présente dans les

glandes foliaires. Cette huile est composée majoritairement de linalool, d’eugénol,

d’α-bergamotène et de 1,8-cinéol (Tada et coll., 1996; Ismail, 2006; Copetta et

coll., 2006, 2007; Chalchat et Özcan, 2008; Carovic-Stanko et coll., 2009). Sa

valeur en vitamine A est majoritairement attribuable à sa composition en

caroténoïdes dont les plus importants sont la lutéine et le β-carotène (Kopsell et

coll., 2005; Daly et coll., 2010). L’ensemble de ces composés lui confère donc de

bonnes propriétés antioxydantes (Kim et coll., 2005; Gülçin et coll., 2007; Hakkim

et coll. 2007; Politeo et coll., 2007).

Jusqu’à maintenant, les résultats rapportés sur le basilic dans la littérature

concernent la combinaison du Glomus mossae et du Glomus caledonium ainsi que

celle du Glomus irregulare sur le basilic. Les résultats restent contradictoires en

certains points. Plusieurs études ont été réalisées sur la modification des teneurs

en huiles essentielles des plants, mais peu de données ont été répertoriées par

rapport à la teneur en composés phénoliques totaux, la capacité antioxydante des

composés hydrosolubles et liposolubles, ainsi que la teneur en caroténoïdes dans

les feuilles des plants colonisés par le Glomus irregulare. Les objectifs de la

présente étude étaient de vérifier les effets du Glomus irregulare sur la croissance,

la nutrition minérale et la synthèse de composés nutraceutiques du basilic cultivé

Page 38: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

20

en serre dans un terreau organique. Ces effets ont été déterminés par les mesures

du taux de colonisation des racines, des rendements en matière fraîche de la

partie aérienne du plant, de ses teneurs en éléments minéraux, en composés

phénoliques totaux, en caroténoïdes, ainsi que sa capacité antioxydante.

2.2 Matériel et méthodes

2.2.1 Biologie du basilic et champignon mycorhizien utilisé

Le basilic doux (Ocimum) appartient à la famille des Lamiacées, anciennement

appelées Labiées. Cette plante peut atteindre près de 75 cm de hauteur et est

caractérisée par ses arômes et par sa floraison estivale (fleurs blanches ou

violettes). On cultive différentes espèces un peu partout dans le monde, mais le

basilic doux est le plus important commercialement. Les conditions de culture

appropriées en température sont un minimum de 12 à 15 °C, la plage optimale

étant entre 20 à 25 °C. Cette plante préférant être exposée en plein soleil

demande un arrosage régulier et résiste mal aux périodes de sécheresse et de

froid. Un sol bien aéré facilitera sa croissance. En plus, il faut que les apports

d’azote soient fréquents. Originaire de la région de Gènes, la variété ‘Genovese’ a

conquis le monde entier et est à l’origine d’une impressionnante lignée de variétés

nouvelles. Sa popularité vient de sa haute teneur en huiles essentielles qui est

convoitée par les domaines cosmétiques, pharmaceutiques et alimentaires

(Bauwens, 2008).

Les graines de basilic (Ocimum basilicum L.) du cultivar ‘Sweet, Large Genovese

Green’ vendues par la compagnie Norseco inc. (Laval, Qc) ont été utilisées. Ce

cultivar a été sélectionné pour ses qualités gustatives. L’inoculant Mike® PRO PS3

(800 propagules du Glomus irregulare par gramme d’inoculant) produit par la

compagnie Premier Tech Biotechnologies a été utilisé.

Page 39: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

21

2.2.2 Localisation, conditions de culture et dispositifs expérimentaux

Deux expériences ont été menées dans les serres à haute performance de

l’Université Laval (Québec). Les graines de basilic ont été semées dans le substrat

à semis Pro-Mix PGX® (Premier Tech Horticulture, Rivière-du-Loup, Qc) dans des

plateaux multicellulaires (P-200).

Un dispositif factoriel en blocs complets aléatoires a été adopté. Le premier facteur

était composé de trois niveaux d’inoculant mycorhizien : soit sans inoculant (NM),

avec une dose d’inoculant (M1X) et avec la double dose (M2X). Le deuxième

facteur était composé de deux niveaux de phosphore, soit avec ajout de

superphosphate triple (P+) ou sans ajout de superphosphate triple (P-). Le

dispositif était donc composé de 6 traitements :

1) P-NM : Sans ajout d’inoculant mycorhizien et sans ajout de

superphosphate triple;

2) P+NM : Sans ajout d’inoculant mycorhizien mais avec ajout de

superphosphate triple;

3) P-M1X : Avec ajout de la simple dose d’inoculant mycorhizien et sans

ajout de superphosphate triple;

4) P+M1X : Avec ajout de la simple dose d’inoculant mycorhizien et avec

ajout de superphosphate triple;

5) P-M2X : Avec ajout de la double dose d’inoculant mycorhizien et sans

ajout de superphosphate triple;

6) P+M2X : Avec ajout de la double dose d’inoculant mycorhizien et avec

ajout de superphosphate triple.

Les traitements ont été préparés selon la méthodologie suivante. Lors du semis,

0,2 g/cellule (environ 160 propagules) d’inoculant mycorhizien ont été ajouté au

substrat pour les traitements P-M1X et P+M1X et 0,4 g/cellule (environ 320

propagules) d’inoculant mycorhizien pour les traitements P-M2X et P+M2X. Les

Page 40: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

22

traitements P-NM et P+NM ont reçu une dose de 0,4 g/cellule d’inoculant stérilisé

afin de rendre la composition du substrat semblable à celui des autres traitements.

Les plateaux de semis ont été placés selon un dispositif expérimental composé de

6 répétitions comprenant chacune 6 graines par traitement afin d’obtenir le nombre

de plants nécessaires pour l’empotage et la mise en place définitive du dispositif.

Trois semaines après le semis, les plants de basilic ont été repiqués dans des pots

azalés Kord® de 15 cm de diamètre (V = 1,5 L) remplis du substrat tourbeux

commercial Agro Mix® (Fafard et Frères ltée, Saint-Bonaventure, Qc). Ce substrat

a été préalablement pasteurisé à la vapeur pendant 2 heures afin d’éliminer tout

agent contaminant. Les traitements P+NM, P+M1X et P+M2X ont reçu un

supplément de 0,2 g/pot de superphosphate triple (0-46-0) mélangé au substrat.

Afin d’assurer une bonne homogénéité, le superphosphate triple granulaire avait

été réduit auparavant en poudre à l’aide d’un moulin à café. Au moment de

l’empotage, les plants des traitements P+NM et P-NM ont reçu une nouvelle dose

de 0,2 g d’inoculant mycorhizien stérilisé et ceux des traitements P-M1X, P-M2X,

P+M1X et P+M2X, une nouvelle dose de 0,2 g d’inoculant viable. L’expérience a

été répétée deux fois. Les dispositifs comportaient six répétitions et chacun des six

traitements était constitué de deux plants pour un total de 72 plants pour chacune

des deux expériences.

La serre a été maintenue à une température de 22 °C le jour et de 17 °C la nuit

sous une photopériode de 14 heures. La première expérience s’est déroulée du 2

mai au 3 août 2010 pour une période de 85 jours de croissance. Une fertilisation

bihebdomadaire a été appliquée à l’ensemble du dispositif. La solution fertilisante a

été produite à partir d’un engrais hydrosoluble (20-2-20) de la compagnie

PlantProducts®. Les plants ont reçu une dose croissante de fertilisant allant de

50 à 150 mg/l en azote selon le stade de développement des plants, soit 50 mg/l

d’azote à raison de 100 ml par pot du 17 mai au 16 juin, 100 mg/l d’azote à raison

de 100 ml par pot du 16 juin au 19 juillet et 150 mg/l d’azote à raison de 100 ml par

pot du 19 juillet au 3 août. La deuxième expérience s’est déroulée du 23 juillet

Page 41: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

23

2010 au 27 octobre 2010 pour un total de 92 jours de croissance (12 semaines), et

ce, dans des conditions similaires de croissance. Pour cette expérience, les plants

ont reçu une fertilisation bihebdomadaire apportant 150 mg/l en azote à raison de

100 ml par pot pendant toute la période de croissance.

2.2.3 Échantillonnage et paramètres mesurés

Un échantillon de substrat a été recueilli au moment de l’empotage des plants de

chacune des expériences afin d’en connaître le contenu en éléments minéraux. À

la fin de chacune des expériences, les 72 plants de basilic ont été récoltés

séparément. La masse fraîche des parties aériennes des plants a été mesurée afin

d’établir les rendements. Un échantillon des racines a été prélevé pour déterminer

le taux de colonisation mycorhizienne. La teneur des divers composés du

métabolisme secondaire a été déterminée sur l’un des deux plants que comprenait

chacun des traitements. Les feuilles de la partie supérieure, possédant

sensiblement les mêmes dimensions et ne présentant pas de symptômes de

maladie ou de carence, ont été prélevées, mises dans une enveloppe de papier et

immédiatement congelées. Une fois la congélation réalisée, elles ont été séchées

à froid au lyophilisateur minimisant ainsi au maximum la dégradation des

molécules d’intérêt nutraceutique. Les feuilles séchées ont ensuite été broyées au

mortier. La poudre obtenue a été utilisée afin de déterminer la teneur en minéraux,

le contenu en composés phénoliques totaux, le contenu en caroténoïdes totaux, la

capacité antioxydante des fractions d’extractions polaires et apolaires et la

composition moléculaire en caroténoïdes dans les feuilles. Les détails de ces

analyses sont présentés ci-après.

Page 42: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

24

2.2.4 Coloration des racines et détermination du pourcentage de colonisation

mycorhizienne

Les racines ont été lavées à l’eau courante et placées dans des tubes Sarstedt®

de 15 ml percés de multiples trous. Les tubes sont introduits dans des supports à

tube pour faciliter les manipulations.

Les échantillons de racines sont soumis à une hydrolyse alcaline au KOH 10 %

dans un autoclave à une température de 121 °C durant 45 minutes. Les tubes et

leurs contenus sont ensuite rincés abondamment à l’eau froide et plongés dans un

bain d’HCl 1 % à température de la pièce pendant 15 minutes. Les tubes sont

rincés rapidement à l’eau chaude et immergés dans la solution colorante à base de

bleu de trypan (0,05 %) à 50 °C pour une durée de 10 à 12 minutes. Enfin, les

racines sont rincées à l’eau froide et le contenu des tubes est transféré dans des

plats de Petri. L’ajout de glycérol 20 % aide à la conservation des racines.

Le taux de colonisation est déterminé selon une adaptation de la méthode

d’intersection de Giovannetti et Mosse (1980). Cette méthode consiste à étaler les

racines colorées dans un plat de Petri et à les observer sous loupe binoculaire afin

d’en déterminer le taux de colonisation. Des lignes parallèles distancées d’environ

1 cm sont préalablement tracées sur le couvercle du Petri. Le couvercle est

emboîté sous le plat de Petri afin que les racines croisent les lignes du couvercle.

À chaque intersection rencontrée, l’observateur détermine la présence ou non

d’hyphes, de vésicules ou d’arbuscules. Une fois le décompte fait sur l’ensemble

des lignes, le taux de colonisation est déterminé en divisant les comptes

« positifs » sur l’ensemble des comptes « positifs + négatifs » afin de déterminer le

pourcentage. Un minimum de 100 observations doit être effectué afin que la valeur

soit considérée comme représentative.

Page 43: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

25

2.2.5 Détermination du contenu en éléments minéraux du substrat

La détermination du contenu en minéraux des substrats a été réalisée selon la

méthode d’extraction des substrats saturés (SSE). Des échantillons de substrat de

tous les traitements ont été prélevés avant et après l’expérimentation dans 3 des 6

répétitions du dispositif. Ils ont été mis dans des plats de plastique et saturés en

eau distillée permettant la libération en solution des éléments minéraux présents

dans le terreau. Après deux heures d’attente, l’eau des terreaux est prélevée par

filtration sous vide. Une quantité de 14 ml d’eau a été recueillie, filtrée, centrifugée

et transférée dans un tube de plastique de 15 ml. Ces tubes munis d’un bouchon

peuvent être entreposés au réfrigérateur jusqu’à l’analyse des solutions.

La teneur en azote des échantillons de substrat a été déterminée par colorimétrie

au spectrophotomètre (Nkonge et Ballance, 1982), de même que celle du

phosphore (Murphy et Riley, 1962). Les teneurs en potassium, en calcium, en

magnésium et en oligominéraux (Fe, Mn, Cu) ont été déterminées par absorption

atomique. Celle du zinc a été déterminée par émission atomique. Ces teneurs

apparaissent au tableau 2.1.

Tableau 2.1 Propriétés chimiques du terreau Agro Mix® avec ou sans ajout de superphosphate triple au moment de l’empotage des essais sur le basilic.

Conduct. électrique pH NH4

+ NO3- PO4

- K Ca Mg Fe Cu Mn Zn

(CE) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg)

P- 0,97 5,52 2 2 4 75 125 18 2 0,1 0,6 0,7

P+ 1,06 5,44 1 2 37 78 140 20 2 0,1 0,7 0,8

*P- représente le terreau utilisé pour les traitements sans ajout de superphosphate triple et P+ pour les traitements avec ajout de superphosphate triple

Page 44: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

26

2.2.6 Détermination de la teneur en éléments minéraux dans les feuilles de

basilic

La teneur en azote dans les échantillons de basilic a été obtenue par colorimétrie à

la suite de leur digestion (Isaac et Johson, 1976; Nkonge et balance, 1982). Les

analyses du phosphore, du potassium et des autres éléments (Ca, Mg, Fe, Mn,

Cu, Zn) ont été faites après la calcination des tissus végétaux. La teneur en

phosphore a été quantifiée par colorimétrie au spectrophotomètre (Murphy et

Riley, 1962), celle du potassium et des autres éléments (Ca, Mg, Fe, Mn, Cu, Zn)

par absorption atomique et émission atomique.

2.2.7 Détermination de la teneur en composés phénoliques totaux dans les

poudres sèches des feuilles de basilic

L’analyse du contenu en composés phénoliques totaux a été réalisée selon une

adaptation de la méthode de Singleton et Rossi (1965). Une quantité de 0,25 ±

0,05 g de poudre lyophilisée est placée dans un tube à centrifuger (Sarstedt®) de

15 ml et 10 ml d’une solution de méthanol aqueux 80 % a été ajoutée. Le tube est

par la suite placé au bain ultrasonique (Model 75D VWR) pour une durée de 15

minutes à 25 °C. Durant ces 15 minutes, le tube est brassé au vortex à deux

reprises pendant 30 secondes. Après la sonification, le tube est centrifugé et le

surnageant est transféré dans un tube à centrifuger (Sarstedt®) de 50 ml.

L’extraction est réalisée à nouveau à deux reprises avec la même quantité de

solvant sur le culot. Les 30 ml de surnageant combiné sont par la suite transférés

dans un ballon et le solvant est évaporé à l’évaporateur rotatif à une température

de 35 °C (Rotovapor R-200, Heating bath B-490, Büchi). Lorsque le volume dans

le ballon atteint environ 3 ml, l’extrait est récupéré dans un cylindre gradué et

complété à l’aide d’eau bidistillée à un volume total de 50 ml.

Page 45: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

27

Par la suite, une aliquote de 100 µl d’échantillon est placée dans une cuvette en

plastique servant à la spectrophotométrie. À cette même cuvette, on ajoute 2 ml

d’eau bidistillée et 200 µl de la solution réactive Folin-Ciocalteu’s. La cuvette est

agitée durant 2 minutes avant d’ajouter 900 µl d’une solution de carbonate de

sodium (Na2CO3 – 200 g/L). Un temps d’incubation de deux heures est nécessaire

avant la prise de l’absorbance au spectrophotomètre (modèle 8453 HP) à une

longueur d’onde de 765 nm. Préalablement, des standards de 50, 100, 250 et

500 mg/l d’acide gallique ont été préparés et ont servi de valeurs de référence pour

tracer une courbe standard. Les valeurs du contenu en composés phénoliques

totaux sont ainsi quantifiées en mg/100 g de matière fraîche d’équivalent acide

gallique.

2.2.8 Extraction et détermination des teneurs en caroténoïdes

2.2.8.1 Extraction et détermination des teneurs en caroténoïdes totaux

La méthode utilisée est une adaptation de trois méthodes similaires (Biehler et

coll., 2010). L’ensemble des manipulations doit se faire le plus possible à l’abri de

la lumière et les échantillons doivent être conservés sur la glace. Une quantité de

0,080 ± 0,005 g de poudre lyophilisée de feuilles de basilic a été placée dans un

tube (Sarstedt®) de 15 ml. À ce même tube, 4 ml de méthanol et 1 ml de

KOH:méthanol (30 % w/v) sont ajoutés afin d’éliminer la chlorophylle par

saponification. Le tube est brassé au vortex pendant 30 secondes et incubé 15

minutes sur la glace.

Après la saponisation, le tube est centrifugé à 3500 rpm pendant 7 minutes et le

surnageant est transféré dans un tube à centrifuger (Sarsted®) de 50 ml. Au tube

Page 46: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

28

contenant le culot sont ajoutés 5 ml d’une solution d’hexane:éthanol:acétone

(2:1:1) (HEA). Le tube est brassé à deux reprises au vortex pendant 30 secondes

et placé au bain ultrasonique pendant 10 minutes à 10 °C. L’échantillon est à

nouveau centrifugé à 3500 rpm pendant 7 minutes. Ces étapes d’extraction

utilisant la solution d’HEA sont répétées deux fois. Les surnageants qui résultent

de ces trois extractions successives sont combinés dans un même tube, 5 ml

d’eau distillée saturée en chlorure de sodium sont ajoutés à celui-ci. Le tube

contenant les surnageants est brassé au vortex pendant 30 secondes et centrifugé

à 3500 rpm pendant 2 minutes. Suite à ces opérations, la solution se sépare en

deux phases : une phase apolaire jaune foncé en surface et une autre phase

polaire jaune pâle en dessous. À l’aide d’une pipette pasteur, la phase apolaire

supérieure est récupérée et transférée dans un tube de 15 ml. La phase polaire est

lavée par l’ajout de 2,5 ml d’hexane. Le tube est brassé au vortex et centrifugé

selon la même méthode. La phase apolaire est à nouveau récupérée et transférée

au tube contenant le premier surnageant apolaire. La phase polaire est lavée une

dernière fois à l’hexane suivant la même méthode. Lorsque l’ensemble des phases

apolaires a été récupéré, le volume total est ajusté à 10 ml d’hexane. Ensuite, 3 ml

de la solution sont placés dans une cuvette en quartz servant à la

spectrophotométrie et l’absorbance de la solution est mesurée à une longueur

d’onde de 450 nm au spectrophotomètre (modèle 8453 HP).

La quantification se fait selon la formule mathématique suivante :

C(mg/g) =

(Abs450nm / A1cm1%) x (Volume d’hexane (dL) / Poids de l’échantillon (g)) x

(1000 mg/g) x Dilution

*A1cm1% du β-carotène dans l’hexane = 2592 dL g-1 à 450 nm

Page 47: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

29

La quantité obtenue représente le contenu en caroténoïdes totaux en équivalent β-

carotène dans 1 g de poudre lyophilisée de basilic. La valeur est convertie en

mg/100 g de matière fraîche d’équivalent β-carotène.

2.2.8.2 Séparation et détermination de la teneur des différents caroténoïdes

Cette méthode est une adaptation de celle de Gilmore et Yamato (1991). Un

volume de 5 ml de la solution d’extraction contenant les caroténoïdes est transféré

dans un tube de verre et le contenu est séché sous azote. Lorsque le contenu du

tube est sec, les caroténoïdes sont resolubilisés dans 700 µl d’une solution de

MTBE (Methyl tert-butyl ether):méthanol (91:9). Le tube est brassé au vortex

durant 30 secondes afin d’assurer la pleine solubilisation des caroténoïdes. La

solution résultante est placée dans une fiole de 1 ml pour l’analyse par

chromotographie en phase liquide à haute performance (CLHP).

L’analyse des caroténoïdes par CLHP se fait selon l’adaptation de la méthode de

Gilmore (Gilmore et Yamamoto, 1991). Les caroténoïdes sont séparés à l’aide

d’une colonne YMC C30 250 mm X 4,6 mm (particules 5 µm) maintenue à une

température de 30 °C. La séparation des caroténoïdes se fait à l’aide d’un système

Waters (Waters 600). Les phases mobiles permettant la séparation se composent

d’une phase A : méthanol:MTBE:eau (81:15:4) et d’une phase B : méthanol:MTBE

(9:91). Les gradients suivent les proportions suivantes : 100 % A et 0 % B jusqu’à

50 % A et 50 % B durant les 45 premières minutes d’analyse suivie de 50 % A et

50 % B pendant les 25 minutes suivantes. La colonne est rééquilibrée pendant 25

minutes entre chaque échantillon. Le volume de l’échantillon injecté dans le

système (Waters 717plus) est de 10 µl. Les caroténoïdes sont détectés à une

longueur d’onde de 450 nm par le détecteur UV à photodiode (Waters PDA 996).

Page 48: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

30

2.2.9 Détermination de la capacité antioxydante des extraits de poudre de

basilic

2.2.9.1 Extraction des composés liposolubles (L-ORAC)

L’extraction des composés liposolubles (L-ORAC) a été effectuée selon une

adaptation de la méthode de Wu et collaborateurs (2004). L’ensemble des

manipulations s’est déroulé le plus possible à l’abri de la lumière. Une quantité de

0,25 ± 0,05 g de poudre lyophilisée de feuilles de basilic est placée dans un tube

Sarsted® de 15 ml. Un volume de 10 ml d’hexane:dichlorométhane (1:1) est ajouté

au tube. L’échantillon est brassé au vortex pendant 30 secondes et placé ensuite

au bain ultrasonique pendant 10 minutes à une température de 37 °C. Le tube est

par la suite centrifugé à 3500 rpm durant 10 minutes. Le surnageant est recueilli

dans un autre tube et une deuxième extraction est effectuée sur le culot. Les deux

surnageants sont mélangés et transférés dans un ballon pour être évaporés à

l’évaporateur rotatif à une température de 45 °C. Une fois le résidu séché, il est

resolubilisé dans 4,5 ml de RMCD (randomly methylated β-cyclodextrin) 7 % et

1,5 ml d’acétone. Cette solution est utilisée pour l’analyse des composés

liposolubles.

2.2.9.2 Extraction des composés hydrosolubles (H-ORAC)

Le tube contenant le culot de l’extraction des composés liposolubles est réutilisé

pour l’extraction des composés hydrosolubles. Un volume de 10 ml

d’acétone:eau:acide acétique (70:29,5:0,5) est ajouté au culot. Les deux

extractions sont réalisées selon la même méthodologie que celle de l’extraction

des composés liposolubles. Seul le solvant diffère pour les extractions et celui-ci

n’est pas évaporé.

Page 49: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

31

2.2.9.3 Mesure de la capacité antioxydante

La mesure de la capacité antioxydante des extraits de basilic est réalisée selon la

méthode ORAC (capacité d’absorption des radicaux oxygénés / oxygen radical

absorbance capacity) (Wu, 2004). Les deux surnageants des extractions sont

utilisés pour la mesure de la capacité antioxydante. La solution de l’extraction

liposoluble est diluée d’un facteur de 50 dans une solution de RMCD 7 %. Quant à

elle, la solution de l’extraction hydrosoluble est diluée d’un facteur de 400 dans une

solution de tampon phosphate (NaH2PO4-Na2HPO4) de 0,075 M (pH 7,0).

L’ensemble des mesures de capacité antioxydante se réalise à l’aide de plaques à

96 puits (Corning 3615) analysées au Fluorimètre (Galaxy, BMG) à une longueur

d’onde de 520 nm et à une température de 37 °C. Les puits extérieurs de la plaque

restent vides pour des raisons d’isolation thermique. Dans chaque puits restant,

200 µl d’une solution de fluorescéine (fluorescéine sodium, 9,6 x 10-8 M) et 20 µl

des solutions standards de trolox (0, 6,25, 12,5, 25 ou 50 µM) ou 20 µl d’extrait des

échantillons sont ajoutés. Les différentes solutions standards sont réalisées selon

les mêmes solutions que les dilutions des échantillons et sont utilisées comme

valeur de référence pour tracer la courbe standard. Une plaque différente a été

préparée pour chaque série d’analyses d’échantillons hydrosolubles ou

liposolubles. Un triplicata des standards et des échantillons est réalisé dans

chacun des cas.

L’analyse s’effectue en 35 cycles de 210 secondes pour un temps d’analyse total

de 2 heures, 2 minutes, 30 secondes. Au cycle #4, un volume de 75 µl de 2,2’-

Azobis (2-amidinopropane) dihydrochloride (AAPH) 0,0317 M est ajouté dans les

puits pour les analyses L-ORAC alors qu’un volume de 75 µl à 0,0634 M a été

ajouté pour les analyses H-ORAC. L’ajout de l’AAPH démarre la réaction

d’oxydation. Les résultats sont exprimés en µM de capacité antioxydante en

équivalent trolox / 100 g de matière fraîche à un taux de 85 % d’humidité des

échantillons lors de la récolte.

Page 50: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

32

2.2.10 Analyse statistique

L’ensemble des analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel d’analyse

statistique SAS® et du test LSMEANS de la procédure MIXED. Rappelons que le

dispositif expérimental est un plan factoriel à deux facteurs en blocs complets

aléatoires répété six fois.

2.3 Résultats

2.3.1 Taux de colonisation des racines des plants de basilic par le

champignon Glomus irregulare

À la fin de la première expérience sur le basilic, les taux de colonisation des

racines inoculées par le champignon endomycorhizien Glomus irregulare variait de

37 à 56,6 % (Tableau 2.2). Les racines des plants de basilic des traitements sans

ajout d’inoculant ne présentaient aucune contamination. L’application de la double

dose d’inoculant (M2X) évalué à environ 480 (320 au semis et 160 à l’empotage)

propagules du champignon Glomus irregulare a engendré une augmentation

significative des taux de colonisation des racines des plants de basilic

comparativement à l’application de la simple dose (M1X) évaluée à 320 (160 au

semis et 160 à l’empotage) propagules. Ce résultat cohérent est dû à la présence

d’un plus grand nombre de propagules dans le terreau au départ.

Les taux de colonisation des racines de basilic à la fin de la deuxième expérience

se sont élevés entre 44 et 86 % en fonction des traitements appliqués (Tableau

2.2). La double dose d’inoculant (M2X) a eu comme effet une augmentation

significative de la colonisation des racines de basilic par le champignon

mycorhizien. L’application de superphosphate triple dans le substrat a entraîné une

diminution du taux de colonisation. Cette observation en accord avec d’autres

études est abondamment rapportée dans la littérature.

Page 51: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

33

Tableau 2.2 Taux de colonisation des racines des plants de basilic par le

champignon endomycorhizien à arbuscules Glomus irregulare en fonction

de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple.

Traitements

Taux de colonisation

(%)

Expérience 1 Expérience 2

NM 0 0

P- M1X 38 ± 19 77 ± 9

M2X 57 ± 18 86 ± 9

NM 0 0

P+ M1X 46 ± 14 44 ± 19

M2X 48 ± 18 56 ± 18

Facteur mycorhize F * F *

1X 42 b 61 b 2X 53 a 71 a

Facteur phosphore F n.s. F ***

P- - 82 a P+ - 50 b

Int. myc x phos F n.s. F n.s. P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements non inoculés, M1X représente les traitements ayant reçu une dose d’inoculant, M2X représente les traitements ayant reçu une double dose d’inoculant.

Les résultats d’une même colonne suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s : non significatif; significatif à * P≤ 0,05; *** P≤ 0,001).

2.3.2 Croissance des plants de basilic

Au cours de la première expérience sur le basilic, les plants ayant reçu une double

dose d’inoculant (M2X) ont présenté une croissance significativement inférieure

aux plants non inoculés (NM) et aux plants ayant reçu une simple dose d’inoculant

(M1X) (Tableau 2.3). De plus, les traitements ayant reçu un ajout de

superphosphate triple (P+) ont présenté une masse fraîche de la partie aérienne à

Page 52: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

34

la récolte significativement supérieure aux traitements n’ayant reçu aucun ajout de

superphosphate triple (P-).

Pour ce qui est de la deuxième expérience sur le basilic, il n’y a pas eu d’effet

significatif du facteur mycorhize (Tableau 2.3). Comme pour l’expérience 1, l’ajout

de superphosphate triple a permis à l’ensemble des plants des traitements P+

d’avoir une croissance significativement supérieure aux plants des traitements

sans ajout de superphosphate P-. Le champignon semble avoir réagi

favorablement à la présence de phosphore supplémentaire, contrairement à ce qui

s’est produit au cours de la première expérience. Il y a eu une augmentation

significative de la croissance des plants mycorhizés des traitements P+M1X et

P+M2X comparativement aux plants du traitement P+NM. Des photos des récoltes

sont disponibles à l’annexe 1.

Page 53: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

35

Tableau 2.3 Masses fraîches aériennes des plants de basilic en fonction de la

dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple.

Traitements

Masse fraîche

(g)

Expérience 1 Expérience 2

NM 26,5 ± 3,8 68,7 ± 2,3 c

P- M1X 26,1 ± 5,8 66,3 ± 6,0 c

M2X 23,4 ± 3,7 66,4 ± 3,0 c

NM 37,4 ± 5,0 75,4 ± 6,2 b

P+ M1X 37,2 ± 3,6 82,9 ± 3,5 a

M2X 32,8 ± 4,6 81,8 ± 3,4 a

Facteur mycorhize F ** F n.s.

NM 31,95 a -

1X 31,64 a -

2X 28,06 b -

Facteur phosphore F *** F n.s.

P- 25,35 b -

P+ 35,79 a -

Int. myc x phos F n.s. F **

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements non inoculés, M1X représente les traitements ayant reçu une dose d’inoculant, M2X représente les traitements ayant reçu une double dose d’inoculant. Les résultats d’une même colonne suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à ** P≤ 0,01; *** P≤ 0,001).

2.3.3 Teneur en éléments minéraux des feuilles des plants de basilic

2.3.3.1 Première expérience

Les analyses minérales (Tableau 2.4) des feuilles de basilic lyophilisées après la

récolte ont permis de d’observer les effets de la mycorhize sur les teneurs en

potassium, en calcium, en magnésium et en zinc. La teneur en potassium a été

significativement plus élevée pour le traitement M2X comparativement aux

traitements M1X et NM. Pour le calcium, le magnésium et le zinc, les plants des

Page 54: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

36

traitements M2X ont présenté une différence significative à la baisse par rapport

aux plants des traitements NM et M1X. Pour ce qui est de l’effet du phosphore, les

traitements ayant reçu un ajout de superphosphate triple ont présenté une

diminution significative du contenu en azote dans leurs feuilles. Les plants avec

ajout de superphosphate (P+) ont aussi montré une teneur significativement plus

élevée en manganèse.

Page 55: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

37

Tableau 2.4 Teneur en éléments minéraux (base sèche) dans les feuilles des plants de basilic de la première

expérience en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple.

N P K Ca Mg

Fe Cu Mn Zn

Traitements (%) (mg/kg)

NM 0,91 ± 0,05 0,22 ± 0,02 1,48 ± 0,46 0,28 ± 0,06 0,36 ± 0,06

58 ± 29 5 54 ± 13 51 ± 1

P- M1X 0,87 ± 0,06 0,23 ± 0,06 1,39 ± 0,29 0,27 ± 0,04 0,38 ± 0,07

58 ± 40 6 58 ± 21 57 ± 1

M2X 0,98 ± 0,01 0,26 ± 0,03 1,91 ± 0,25 0,22 ± 0,02 0,32 ± 0,04 64 ± 53 5 48 ± 21 45 ± 1

NM 0,84 ± 0,08 0,21 ± 0,02 1,41 ± 0,33 0,29 ± 0,04 0,40 ± 0,08

66 ± 36 4 77 ± 14 57 ± 1

P+ M1X 0,82 ± 0,08 0,22 ± 0,04 1,27 ± 0,10 0,29 ± 0,03 0,41 ± 0,03

44 ± 7 5 74 ± 11 59 ± 1

M2X 0,86 ± 0,09 0,23 ± 0,03 1,73 ± 0,14 0,23 ± 0,03 0,32 ± 0,04 48 ± 13 5 78 ± 24 45 ± 1

Effets fixes

Mycorhize F n.s. F n.s. F ** F ** F * F n.s. F n.s. F n.s. F *

NM - - 1,45 b 0,28 a 0,38 a

- - - 54 ab

M1X - - 1,33 b 0,28 a 0,4 a

- - - 58 a

M2X - - 1,82 a 0,22 b 0,32 b

- - - 45 b

Phosphore F ** F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F *** F n.s.

P- 0,92 a - - - -

- - 54 b -

P+ 0,84 b - - - -

- - 77 a -

Int. M x P F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements non inoculés, M1X représente les traitements ayant reçu une dose d’inoculant, M2X représente les traitements ayant reçu une double dose d’inoculant. Les résultats d’une même colonne suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à * P≤ 0,05; ** P≤ 0,01; *** P≤ 0,001).

Page 56: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

38

2.3.3.2 Deuxième expérience

Les plants de basilic de l’expérience ayant été mycorhizés et avec ajout de

superphosphate triple (P+M1X et P+M2X) ont présenté une augmentation

significative de la teneur en phosphore dans les feuilles (Tableau 2.5). Ce résultat

est sans contredit le plus documenté dans la littérature sur les champignons

mychoriziens à arbuscules. On peut ici comparer les traitements entre eux du fait

qu’il y a eu une interaction entre les deux facteurs étudiés. On remarque pour les

traitements sans ajout de superphosphate triple que la différence de la teneur en

phosphore n’est pas significative. La solution fertilisante contenait peu de

phosphore et les substrats tourbeux offrent peu de phosphore assimilable aux

racines une fois que la charge nutritive de départ présente dans le terreau est

épuisée. Lorsqu’une dose de superphosphate est ajoutée au traitement P+M1X et

P+M2X, on peut remarquer un effet important de la mycorhize en comparant ces

valeurs au traitement non inoculé (P+NM). Le contenu en phosphore des plants

mycorhizés était 34 % plus élevé dans le traitement P+M1X et 39 % plus élevé

dans le traitement P+M2X. Dans la deuxième expérience, la mycorhize n’a pas eu

d’autres effets sur l’absorption minérale des plants de basilic.

Pour ce qui est de l’effet du phosphore, l’interaction observée pour la teneur en

phosphore entre les deux facteurs nous mène à comparer les traitements entre

eux. Il y a eu une augmentation de la teneur en phosphore dans les traitements

avec ajout de superphosphate triple (P+). Ce résultat est cohérent puisqu’il y a eu

ajout de phosphore au départ dans le substrat. Le phosphore a aussi entraîné une

augmentation significative de l’absorption du magnésium et du manganèse.

Toutefois, le zinc a été retrouvé en plus faible quantité (significativement) dans les

feuilles des plants de basilic ayant reçu un ajout de superphosphate triple (P+), le

phosphore étant un antagoniste de l’absorption du zinc.

Une seconde interaction a été détectée entre le facteur mycorhize et le facteur

phosphore concernant le potassium. Cet élément a été significativement plus

abondant dans le traitement P-M1X tandis que les autres traitements inoculés

Page 57: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

39

n’ont pas été différents de ceux non inoculés. Les plants du traitement P-M1X

étaient toutefois les plus petits.

Page 58: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

40

Tableau 2.5 Teneur en éléments minéraux (base sèche) dans les feuilles des plants de basilic de la deuxième

expérience en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple.

N P K Ca Mg

Fe Cu Mn Zn

Traitements (%) (mg/kg)

NM 1,27 ± 0,16 0,86 ± 0,07 c 0,71 ± 0,17 b 0,21 ± 0,04 0,44 ± 0,07

51 ± 8 5 127 ± 30 41 ± 6

P- M1X 1,15 ± 0,14 0,83 ± 0,14 c 0,87 ± 0,15 a 0,18 ± 0,01 0,39 ± 0,09

65 ± 30 6 137 ± 25 49 ± 10

M2X 1,22 ± 0,13 0,91 ± 0,15 c 0,71 ± 0,06 b 0,18 ± 0,02 0,43 ± 0,09 54 ± 18 5 128 ± 29 49 ± 11

NM 1,20 ± 0,12 1,48 ± 0,21 b 0,71 ± 0,10 b 0,21 ± 0,04 0,55 ± 0,12

63 ± 10 5 148 ± 52 34 ± 8

P+ M1X 1,17 ± 0,13 2,25 ± 0,25 a 0,67 ± 0,07 b 0,21 ± 0,02 0,62 ± 0,10

80 ± 38 5 167 ± 57 39 ± 10

M2X 1,19 ± 0,15 2,44 ± 0,36 a 0,72 ± 0,06 b 0,19 ± 0,03 0,56 ± 0,15 70 ± 29 5 150 ± 38 38 ± 9

Effets fixes

Mycorhize F n.s. - - F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

NM - - - - -

- - - -

M1X - - - - -

- - - -

M2X - - - - -

- - - -

Phosphore F n.s. - - F n.s. F *** F n.s. F n.s. F * F **

P- - - - - 0,42 b

- - 131 b 46 a

P+ - - - - 0,58 a

- - 157 a 37 b

Int. m x p F n.s. F *** F * F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements non inoculés, M1X représente les traitements ayant reçu une dose d’inoculant, M2X représente les traitements ayant reçu une double dose d’inoculant. Les résultats d’une même colonne suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à * P≤ 0,05; ** P≤ 0,01; *** P≤ 0,001).

Page 59: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

41

2.3.4 Teneur en composés phénoliques totaux dans les feuilles de basilic

Au cours de la première expérience, l’inoculation par les champignons

mycorhiziens n’a pas eu d’impact significatif sur le contenu en composés

phénoliques dans les plants des traitements inoculés (Tableau 2.6). Ces composés

ont été en quantité légèrement plus élevée dans les feuilles des plants du

traitement P-NM comparativement à ceux des traitements inoculés P-M1X et P-

M2X. L’ajout de phosphore dans le substrat a eu pour effet une augmentation

significative de la teneur en composés phénoliques comparativement aux plants

n’en ayant pas reçu. Cependant, une faible corrélation a été obtenue entre la

concentration en phosphore dans les feuilles et la teneur en composés

phénoliques.

Il est intéressant de retrouver les mêmes résultats suite à l’analyse des plants de la

deuxième expérience. Similairement, il n’y pas eu d’effet engendré par la

mycorhization, mais l’ajout de superphosphate a entraîné une hausse de la

quantité des phénols totaux dans la plante. Comme pour la première expérience, il

n’y a eu qu’une faible corrélation entre la concentration en phosphore et la teneur

en composés phénoliques dans les feuilles de basilic. Il n’y a pas eu d’interaction

significative entre le facteur mycorhize et le facteur phosphore, et ce, pour les deux

expériences.

Page 60: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

42

Tableau 2.6 Teneur en composés phénoliques totaux dans les feuilles de

basilic en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de

superphosphate triple.

Traitements

Teneur en composés phénoliques totaux

(mg/100 g frais EAG1)

expérience 1 expérience 2

NM 1005 ± 156 979 ± 119

P- M1X 966 ± 59 827 ± 79

M2X 991 ± 81 878 ± 46

NM 1047 + 53 994 ± 67

P+ M1X 1028 ± 72 1018 ± 68

M2X 1070 ± 60 995 ± 112

Facteur mycorhize F n.s. F n.s.

NM - -

1X - -

2X - -

Facteur phosphore F * F **

P- 987 b 895 b

P+ 1048 a 1002 a

Int. myc x phos F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements non inoculés, M1X représente les traitements ayant reçu une dose d’inoculant, M2X représente les traitements ayant reçu une double dose d’inoculant. Les résultats d’une même colonne suivis de la même lettre ne sont pas

significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à * P≤ 0,05; ** P≤ 0,01) 1EAG=Équivalent acide gallique.

2.3.5 Teneur en caroténoïdes totaux dans les feuilles de basilic

L’analyse de la teneur en caroténoïdes dans les feuilles de basilic de la première

expérience a démontré un effet significatif du facteur mycorhize (Tableau 2.7).

Bien que les plants de basilic inoculés avec une seule dose d’inoculum (M1X) n’ont

pas présenté de différence significative par rapport aux plants non inoculés (NM),

les plants inoculés avec une double dose d’inoculant ont montré des teneurs en

caroténoïdes totaux, en lutéine (principale xanthophylle) et en β-carotène (principal

carotène) significativement supérieures. Aucune interaction n’a été observée entre

les deux facteurs. Néanmoins, les plants du traitement P-M2X ont présenté une

Page 61: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

43

synthèse accrue en caroténoïdes totaux de l’ordre de 13 et 20 % comparativement

aux plants des traitements P-NM et P-M1X respectivement. Cette augmentation de

la synthèse est aussi valable pour la lutéine et le β-carotène. Il est intéressant de

noter que les plants du traitement P-M2X étaient les plus petits et ceux qui

présentaient la plus forte teneur en macroéléments N-P-K. Ces mêmes effets ont

aussi été remarqués dans les traitements avec ajout de superphosphate triple. De

ce côté, les deux traitements avec ajout d’inoculant ont donné des résultats

légèrement plus élevés que ceux sans ajout d’inoculant même si les différences

n’ont pas été significatives. Il est intéressant de remarquer que les profils des

contenus en lutéine et en β-carotène suivent celui de la concentration des

caroténoïdes totaux. De bonnes corrélations ont été obtenues entre la teneur en

caroténoïdes et la teneur en azote (r2=0,64; F<0,0001; n=34) ainsi que pour la

teneur en caroténoïdes et la teneur en phosphore (r2=0,72; F<0,0001; n=34) dans

les feuilles des plants.

L’effet du phosphore est aussi ressorti, les plants des traitements avec ajout de

superphosphate triple (P+) possédaient des teneurs en caroténoïdes totaux, en

lutéine et en β-carotène significativement plus faibles que les plants sans ajout de

superphosphate triple (P-).

Au cours de la deuxième expérience sur le basilic, aucune différence significative

n’a été observée concernant les teneurs en caroténoïdes. Les effets fixes

mycorhize et phosphore n’ont donc eu aucun impact sur les plants de cette

deuxième expérience.

Page 62: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

44

Tableau 2.7 Teneur en caroténoïdes totaux, en lutéine et en β-carotène dans les feuilles des plants de basilic des

deux expériences en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de superphosphate triple.

Traitements

Caroténoïde totaux Lutéine β-Carotène

(mg/100g frais d'équivalent β-carotène)

expérience 1 expérience 2 expérience 1 expérience 2 expérience 1 expérience 2

NM 3,85 ± 0,40 7,55 ± 0,99 1,72 ± 0,31 3,60 ± 0,54 1,03 ± 0,19 2,41 ± 0,42

P- M1X 3,55 ± 0,55 7,00 ± 0,79 1,49 ± 0,25 3,31 ± 0,51 0,90 ± 0,05 2,16 ± 0,20

M2X 4,41 ± 0,53 7,16 ± 0,65 2,04 ± 0,32 3,38 ± 0,41 1,19 ± 0,17 2,19 ± 0,28

NM 3,43 ± 0,49 6,92 ± 1,08 1,25 ± 0,13 3,39 ± 0,68 0,70 ± 0,12 2,25 ± 0,32

P+ M1X 3,53 ± 0,49 6,64 ± 0,65 1,42 ± 0,24 3,18 ± 0,49 0,83 ± 0,17 2,00 ± 0,27

M2X 3,57 ± 0,48 6,72 ± 0,87 1,62 ± 0,32 3,28 ± 0,42 0,92 ± 0,16 2,09 ± 0,30

Facteur mycorhize F * F n.s. F *** F n.s. F ** F n.s.

NM 3,64 b - 1,49 b - 0,87 b -

1X 3,54 b - 1,46 b - 0,86 b -

2X 3,99 a - 1,83 a - 1,06 a -

Facteur phosphore F ** F n.s. F *** F n.s. F *** F n.s.

P- 3,94 a - 1,75 a - 1,04 a -

P+ 3,51 b - 1,43 b - 0,82 b -

Int. myc x phos F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements non inoculés, M1X représente les traitements ayant reçu une dose d’inoculant, M2X représente les traitements ayant reçu une double dose d’inoculant. Les résultats d’une même colonne suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à * P≤ 0,05; ** P≤ 0,01; *** P≤ 0,001).

Page 63: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

45

2.3.6 Capacité antioxydante des extraits de feuilles des plants de basilic

L’analyse des données relatives à la capacité antioxydante des extraits

hydrosolubles et totaux des plants de basilic de l’expérience 1 n’a pas révélé de

différence significative entre les traitements (Tableau 2.8). En revanche, le facteur

mycorhize a présenté des différences significatives pour la capacité antioxydante

des extraits liposolubles. Les plants inoculés avec seulement une dose d’inoculant

(M1X) avaient une capacité antioxydante de leur extrait liposoluble

significativement inférieure à celle des plants témoins non inoculés (NM), alors que

les plants inoculés avec la double dose d’inoculant (M2X) possédaient une

capacité antioxydante intermédiaire. Le phosphore n’a causé pour sa part aucun

effet au cours de la première expérience. On remarque que la capacité

antioxydante de l’extrait hyrodrosoluble contribue à près de 90 % de la capacité

antioxydante des plants de basilic et que les résultats de la capacité antioxydante

totale ressemblent considérablement à ceux de la teneur en composés

phénoliques.

Au cours de la deuxième expérience, l’ajout de superphosphate triple a été le seul

paramètre à générer une augmentation significative de la capacité antioxydante

des extraits liposolubles (Orac-L) (Tableau 2.8). Le facteur mycorhize n’a pas eu

d’effet au cours de la deuxième expérience et il n’y a pas eu d’interaction entre les

deux facteurs.

Page 64: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

46

Tableau 2.8 Capacité antioxydante des extraits hydrosolubles (Orac-H), liposolubles (Orac-L) et totaux (Orac-T)

des feuilles de basilic des deux expériences en fonction de la dose d’inoculant mycorhizien et de l’ajout de

superphosphate triple.

Traitements

Expérience 1

Expérience 2

Orac-T Orac-H Orac-L

Orac-T Orac-H Orac-L

(µM/100g frais TEAC)

(µM/100g frais TEAC)

NM 35449 ± 4477 32534 ± 4470 2954 ± 403

36377 ± 3408 33303 ± 3160 3074 ± 753 P- M1X 32780 ± 2273 30041 ± 1863 2739 ± 692

30945 ± 3072 27838 ± 2815 3107 ± 393

M2X 33756 ± 4785 30923 ± 5036 2833 ± 587 53348 ± 3925 32415 ± 3877 3037 ± 406

NM 35721 ± 3242 32557 ± 3519 3165 ± 715

36682 ± 5421 33128 ± 4949 3555 ± 684

P+ M1X 35661 ± 5323 33391 ± 5279 2270 ± 313

34425 ± 3932 31348 ± 3868 3077 ± 555

M2X 36918 ± 3765 34094 ± 3613 2825 ± 458

33706 ± 3888 30075 ± 3921 3631 ± 603

Facteur mycorhize F n.s. F n.s. F * F n.s. F n.s. F n.s.

NM - - 3060 a

- - - 1X - - 2504 b

- - -

2X - - 2829 ab

- - -

Facteur phosphore F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F *

P- - - -

- - 3073 b P+ - - -

- - 3438 a

Int. myc x phos F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements non inoculés, M1X représente les traitements ayant reçu une dose d’inoculant, M2X représente les traitements ayant reçu une double dose d’inoculant. Les résultats d’une même colonne suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à * P≤ 0,05).

Page 65: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

47

2.4 Discussion et conclusion

2.4.1 Première expérience sur le basilic

2.4.1.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale

La croissance des plants de basilic de la première expérience semble avoir été

affectée par le taux de colonisation mycorhizienne des racines. L’application de la

double dose d’inoculant (M2X) dans le substrat a généré des taux de colonisation

plus élevés que la simple dose (M1X). Le taux de colonisation qui en a résulté

semble avoir eu un impact négatif sur la croissance des plants probablement dû à

un manque de ressources nutritives pour les deux partenaires et un partage de

celles-ci à l’intérieur du pot. L’inoculation mycorhizienne par cette double dose

(M2X) a entraîné des teneurs plus faibles en calcium, en magnésium ainsi qu’en

zinc. Il est possible que les teneurs plus faibles de ces éléments aient créé un effet

limitant sur la croissance des basilics du traitement M2X. En contrepartie, on a

observé une accumulation significative de potassium ainsi que la présence plus

élevée, mais non significative, d’éléments comme l’azote et le phosphore.

L’ajout de superphosphate triple (traitement P+) a favorisé significativement la

croissance du basilic. Cela s’est traduit par une augmentation du rendement en

masse fraîche de la partie aérienne de 41 % comparativement aux plants des

traitements qui n’en ont pas reçu. Le phosphore n’a pas eu d’impact sur la

colonisation des racines par le champignon lors de cette première expérience. Cet

ajout de superphosphate triple a diminué la teneur en azote dans les feuilles du

basilic. Comme les plants étaient significativement plus gros, la teneur en azote

dans les feuilles a conséquemment diminué et ceci a possiblement eu une

répercussion sur la synthèse des constituants photosynthétiques tels les

caroténoïdes. Les plants de basilic de la première expérience ont reçu une solution

fertilisante faible en azote allant de 50 à 150 mg/l selon le stade de croissance des

Page 66: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

48

plants afin d’observer les effets de l’association mycorhizienne dans des conditions

de culture plus limitatives. L’ajout de superphosphate triple a favorisé l’assimilation

du manganèse, dû à la synergie existante entre ces deux éléments.

2.4.1.2 Effet sur les métabolites secondaires

L’accumulation d’éléments minéraux comme l’azote et le phosphore, ainsi que la

plus faible dimension des plants, ont probablement favorisé la synthèse d’une plus

grande quantité de caroténoïdes totaux dans les feuilles des traitements M2X. La

lutéine est la principale xanthophylle et le β-carotène le principal carotène chez le

basilic. La teneur de ces deux composés a été significativement augmentée en

présence de la double dose d’inoculant (M2X). Ces observations semblent

démontrer que les caroténoïdes ont été synthétisés et se sont accumulés en plus

grande quantité dû aux teneurs plus élevées de certains minéraux dans les plants

ayant reçu cette double dose d’inoculant. De bonnes corrélations ont été obtenues

entre la teneur en azote et en phosphore et la teneur en caroténoïdes dans les

feuilles des plants de basilic démontrant ainsi une relation importante entre ces

paramètres.

L’ajout de superphosphate triple a engendré une augmentation significative des

teneurs en composés phénoliques totaux dans les plants. Cependant, la

corrélation entre la teneur en phosphore et la teneur en composés phénoliques est

faible. Il semble que la présence de phosphore ait stimulé les mécanismes de

défense de la plante. La capacité antioxydante des extraits des plants de basilic de

la première expérience n’a présenté aucune différence significative entre les

traitements. On peut cependant observer une tendance similaire entre les résultats

de la teneur en composés phénoliques et les résultats de la capacité antioxydante

des plants de basilic. Les plants ayant reçu un ajout de superphosphate triple ont

présenté des capacités antioxydantes totales supérieures aux plants qui n’en n’ont

pas reçu.

Page 67: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

49

2.4.2 Deuxième expérience sur le basilic

2.4.2.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale

Au cours de la deuxième expérience, la double dose d’inoculant (M2X) a permis

une colonisation racinaire par le champignon significativement supérieure à la

simple dose démontrant l’importance de la dose d’inoculant initiale sur le taux de

colonisation des racines à la récolte. Il est intéressant de constater, même si la

différence n’est pas significative, que la masse moyenne aérienne des plants des

traitements P-M1X et P-M2X a été inférieure à celle du traitement P-NM comme ce

fut le cas lors de la première expérience. La nature organique du substrat en est

probablement la cause. Les plants des traitements avec ajout d’inoculum et ajout

de superphosphate triple (P+M1X) et (P+M2X) ont présenté une croissance

significativement supérieure aux plants du traitement sans inoculum et avec ajout

de superphosphate triple (P+NM) dû à une meilleure assimilation du phosphore

conférée par l’association mycorhizienne. Cette stimulation de la croissance, due à

la capacité supérieure du champignon à absorber le phosphore, représente

environ 8,5 % d’augmentation de la masse fraîche de la partie aérienne des

basilics comparativement aux plants non inoculés. L’ajout de superphosphate triple

au substrat a aussi favorisé l’augmentation des rendements chez le basilic.

L’interaction entre les facteurs observés pour la teneur en phosphore dans les

feuilles propose que l’association mycorhizienne ait favorisé une meilleure

assimilation du phosphore chez les plants de basilic mycorhizés lorsque celui-ci

était présent dans le substrat. Les champignons mycorhiziens à arbuscules sont

réputés pour leur plus grande capacité à favoriser l’absorption des éléments

minéraux, comme le phosphore, dans les terreaux minéraux plutôt que dans les

terreaux organiques. Les sources minérales disponibles dans un terreau tourbeux

sont minimes outre la charge nutritive de départ et l’ajout de fertilisant au cours de

la période de croissance. La capacité du champignon à puiser les minéraux a été

limitée dans les traitements sans ajout de superphosphate. Ceci pourrait expliquer

les résultats entre les traitements avec et sans ajout de superphosphate triple.

Page 68: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

50

L’ajout de superphosphate triple dans le substrat a entraîné une hausse

significative des teneurs en phosphore, en magnésium et en manganèse dans les

feuilles de basilic, mais aussi une baisse significative de la teneur en zinc dans les

feuilles des plants des traitements ayant reçu un amendement en phosphore. Les

baisses des teneurs en magnésium et en manganèse peuvent s’expliquer soit par

les processus synergiques d’assimilation entre les éléments dans le substrat ou

par l’effet de la mycorhize sur l’absorption des minéraux. Le résultat de la teneur

plus faible en zinc est probablement causé par l’effet antagoniste du phosphore sur

l’absorption du zinc.

2.4.2.2 Effet sur le métabolisme secondaire

Dans cette deuxième expérience, l’ajout de superphosphate triple a encore une

fois généré une augmentation significative de la teneur en composés phénoliques

dans les feuilles bien que la corrélation entre la teneur en phosphore et en

composés phénoliques dans les feuilles ait été faible. L’ajout de superphosphate

triple semble donc permettre à la plante de produire une plus grande quantité de

composés phénoliques possiblement grâce à un statut nutritionnel favorable et à

son possible effet éliciteur.

La teneur en caroténoïdes chez les plants n’a été aucunement influencée par le

facteur mycorhize ou par le facteur phosphore au cours de cette deuxième

expérience. Cela mène à en déduire que les mycorhizes ne semblent pas changer

les ratios des teneurs des différents caroténoïdes dans les feuilles de basilic. Le

statut nutritionnel des plants de basilic semble être à l’origine des variations des

teneurs en caroténoïdes dans les plants. Il est important de noter que la

fertilisation a été plus importante que lors de la deuxième expérience. Cette plus

grande disponibilité des minéraux a possiblement diminué les effets observables

des mycorhizes. L’observation d’une plus grande teneur en caroténoïdes dans les

Page 69: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

51

feuilles lors de la deuxième expérience comparativement à la première peut

s’expliquer par une fertilisation apportant une plus forte teneur en éléments

minéraux.

L’ajout de superphosphate triple (P+) a finalement eu comme effet une

augmentation significative de la teneur en composés liposolubles antioxydants

dans les feuilles de basilic. Le statut nutritionnel de la plante en est probablement

encore une fois la cause.

2.4.3 Comparaison de l’étude avec la littérature

Des études antérieures sur le basilic ont démontré l’impact que peuvent provoquer

des fertilisations plus ou moins importantes en macroéléments sur les constituants

phytochimiques du basilic. Nguyen et Niemeyer (2008) ont observé une diminution

de la teneur en composées phénoliques, notamment l’acide rosmarinique, en

fonction de l’augmentation de l’apport en azote (0,1 à 5,0 mM) pendant la

croissance des plants de basilic. En plus de l’azote, d’autres teneurs en composés

phytochimiques ont pu être modifiées selon la fertilisation administrée en

phosphore, en potassium et en calcium (Suh et coll., 1999; Sing et coll., 2004;

Nguyen et coll., 2010). D’autres auteurs, comme Toussaint (2008), ont en

revanche présenté des résultats en faveur de l’impact direct de la mycorhize sur la

stimulation de la synthèse de l’acide rosmarinique, de l’acide caféique et de la

composition de l’huile essentielle des plants de basilic mycorhizés par le Glomus

mossea et le Glomus caledonium indépendamment de la dose en phosphore

contenue dans les plants. Dans cette même étude, le Glomus irregulare n’avait

pas produit les effets observés avec les deux autres champignons. Toussaint et

collaborateurs (2008) ont aussi démontré qu’un apport en phosphore chez les

plants non mycorhizés entraînait une hausse de la teneur de ces composés

phénoliques ce qui est en accord avec nos résultats. Les plants de basilic

mycorhizés avec le Glomus intraradices, désormais nommé Glomus irregulare,

Page 70: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

52

n’ont pas démontré de variation significative de la teneur en composés

phénoliques totaux et de la teneur de certains composés phénoliques individuels.

2.4.4 Conclusion

Ces deux expériences ont démontré des résultats comparables, mais aussi

contradictoires qui peuvent cependant bien se compléter et s’expliquer. La

première expérience a démontré l’importance de l’association mycorhizienne sur

l’assimilation minérale lorsque les concentrations en minéraux dans le terreau sont

faibles. Dans cette expérience, ceci s’est traduit par une augmentation de la teneur

en caroténoïdes, mais aussi sur d’autres paramètres mesurés dans les plants

ayant reçu la double dose d’inoculant (M2X). La fertilisation plus prononcée en

azote de la deuxième expérience a fait diminuer l’effet observé de la mycorhize au

cours de la première expérience. Le taux de colonisation des racines par le

champignon mycorhizien semble avoir eu un impact sur la croissance des plants

lors de cette étude. L’augmentation de l’assimilation du phosphore par les

mycorhizes est souvent rapportée dans la littérature. Or, ce phénomène a été

observé lors de la deuxième expérience et a eu un effet favorable sur la croissance

du basilic.

Au cours des deux expériences, l’ajout de superphosphate triple a entraîné une

augmentation significative de la teneur de plusieurs composés phytochimiques

dont les composés phénoliques et les molécules de la capacité antioxydante de

l’extrait liposoluble. Comme le phosphore favorise ces hausses, il est fort probable

que la mycorhize provoque indirectement l’augmentation des composés

nutraceutiques chez le basilic par une assimilation supérieure du phosphore et/ou

d’autres minéraux. L’effet direct de la mycorhize n’a pas été observé sur les

analyses chimiques des plants en post-récolte lors de cette étude.

Page 71: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

53

Pour conclure, l’effet direct du Glomus irregulare sur la stimulation de composés

nutraceutiques dans le basilic ne s’est pas manifesté dans cette étude, ce qui ne

signifie pas qu’il ne puisse y avoir d’effets directs des mycorhizes dans d’autres

conditions de culture ou avec l’utilisation d’autres espèces de champignon

mycorhizien. La première expérience réalisée nous a démontré l’impact de la

mycorhize lorsque la teneur en azote de la solution fertilisante est faible. Au cours

de cette étude, les plants de basilic n’ont été soumis à aucun stress, ce qui peut

avoir limité les effets de la mycorhize. Or, les effets les plus marqués des

mycorhizes sont souvent observés lorsque les plants sont en déficience nutritive

ou soumis à d’autres stress biotiques ou abiotiques (Smith et Read, 1997). Les

résultats de cette étude proposent de nouveaux résultats allant plutôt dans le sens

d’un effet indirect du Glomus irregulare via la nutrition minérale du basilic et de

l’impact de la fertilisation en macroéléments sur les teneurs en composés

nutraceutiques.

Page 72: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

54

Page 73: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

55

Chapitre 3

Page 74: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

56

Chapitre 3 : Effet du champignon mycorhizien à arbuscules Glomus

irregulare sur la croissance, la nutrition minérale et la stimulation de la

synthèse de composés nutraceutiques chez la carotte (Daucus carota L.)

Résumé

Ce projet avait pour but de déterminer si la mycorhize pouvait influencer le

rendement en racines tubérisées, l’assimilation des minéraux et le métabolisme

secondaire de la carotte dans un terreau simulant un sol pauvre ou riche en

phosphore. Les rendements en racines tubérisées ont été significativement

augmentés dû à la mycorhization dans le terreau simulant un sol pauvre en

phosphore au cours de la deuxième expérience. La mycorhize a permis une

accumulation supérieure en cuivre dans les racines lors des deux expériences. Les

teneurs des autres éléments minéraux n’ont pas varié à la suite de l’établissement

mycorhizien. La mycorhize semble avoir modifié la synthèse de carotène par une

diminution de l’accumulation de l’α-carotène dans les carottes lors de la première

expérience. Cependant, cette observation n’a pas été notée lors du deuxième

essai. Il n’y a pas eu d’autres effets de la mycorhize sur les autres paramètres

phytochimiques mesurés du métabolisme secondaire. L’ajout de superphosphate

triple a permis une augmentation des rendements des racines tubérisées lors de la

deuxième expérience. De plus, l’amendement en phosphore a permis une

assimilation supérieure du phosphore et du magnésium, mais a été antagoniste à

l’absorption du potassium, du calcium et du cuivre. L’ajout de phosphore dans le

substrat a engendré un contenu supérieur en composés phénoliques totaux et en

caroténoïdes totaux. Des tendances démontrent que l’ajout de phosphore

engendre une augmentation de la capacité antioxydante des composés

hydrosolubles probablement liés à l’augmentation de la teneur en composés

phénoliques (deuxième expérience).

Page 75: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

57

3.1 Introduction

Près de 80 % des plantes terrestres participent aux symbioses mycorhiziennes.

L’association mycorhizienne représente la symbiose végétale la plus importante et

elle est vitale pour le maintien et la productivité des écosystèmes terrestres.

Lorsqu’ils sont en relation avec les racines des plantes, ces champignons

favorisent dans la majorité des cas leur croissance, leur assimilation en eau et en

minéraux et les protègent contre plusieurs stress biotiques et abiotiques. De plus,

on sait qu’il est possible de favoriser la synthèse des métabolites secondaires

nutraceutiques en ajoutant ces organismes à la régie de culture. Cette stimulation

semble être l’effet direct de la colonisation racinaire par le champignon favorisant

ainsi la stimulation des mécanismes de défense de la plante, mais aussi l’effet

indirect d’une meilleure assimilation minérale conférée par le champignon. Depuis

peu, les producteurs peuvent se procurer diverses formulations d’inoculant

mycorhizien pouvant être utilisées autant en agriculture qu’en horticulture afin de

tirer profit des bienfaits de la symbiose tout en diminuant du même coup la quantité

de fertilisant à utiliser. La carotte se prête particulière bien à cette méthode

culturale, car elle se mycorhize facilement. Cette culture se fait partout dans le

monde et ses rendements moyens sont évalués à près de 30 à 40 t/ha selon les

données de la FAO. La racine tubérisée de la carotte est consommée en grande

quantité en Amérique du Nord dû à sa valeur gustative et nutraceutique

intéressante par rapport à son prix au marché. La carotte est une source

importante de carotène pour l’alimentation humaine. L’α-carotène et le β-carotène

sont les pigments majoritairement retrouvés (entre 45 à 80 %) dans les carottes

jaunes et oranges (Simon et Wolff, 1987; Alasalvar et coll., 2001). D’autres

pigments, comme les xanthophylles et les anthocyanines, peuvent être synthétisés

et s’accumuler en fonction du cultivar (Buishand et Gabelman, 1980). Les

carotènes sont reconnus pour se transformer en vitamine A dans l’organisme et la

carotte est l’une des sources les plus importantes de ces composés dans la diète

des Nord-Américains (Olsen, 1989). La capacité antioxydante des caroténoïdes à

séquestrer les radicaux libres oxygénés leur procure une place importante dans la

Page 76: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

58

prévention des maladies comme les cancers, les maladies cardiovasculaires et la

dégénérescence maculaire (Fraser et Bramley, 2004). De plus, les produits de

clivage des caroténoïdes peuvent aussi agir dans les processus de défense de la

plante (Bouvier et coll., 2005). Le contenu en composés phénoliques est

relativement pauvre dans la carotte, mais elle contient une quantité non

négligeable de certains flavonoïdes comme le quercetine et la lutéoline (Bahorun

et coll., 2004). Elle procure aussi un apport intéressant en fibres et en glucides.

Les principaux objectifs de cette expérience étaient de : 1) déterminer si les

champignons endomycorhiziens peuvent favoriser la croissance et la nutrition

minérale de la carotte et 2) déterminer s’ils ont un impact direct ou indirect sur la

stimulation de la synthèse des métabolites secondaires nutraceutiques de la

carotte.

3.2 Matériels et méthodes

3.2.1 Biologie de la carotte et conditions de culture

La carotte (Daucus carota L.) est une plante herbacée bisannuelle appartenant à la

famille des Apiacées. Généralement, la culture de ce légume débute par un semis

direct germant entre 8 et 15 jours. Plusieurs cultivars existent et peuvent être

utilisés selon la durée de culture et le calibre désiré du légume à la récolte. La

récolte peut s’échelonner sur toute une saison de production. Les variétés les plus

précoces sont récoltables 75 jours après le semis, 3 à 4 mois pour les variétés

demi-longues d’été et 5 à 6 mois pour les variétés longues d’hiver. Un sol sablo-

limoneux meuble et bien drainé est conseillé pour cette culture. Un sol caillouteux

et trop dense nuit considérablement au développement de la plante et à l’aspect

du produit à la récolte. De plus, un sol trop lourd augmentera les risques de

maladie de cette espèce (pourriture). La carotte n’a pas de grands besoins en

azote, un excès lui est même désavantageux, mais un apport en potassium et un

léger apport en matière organique lui sont favorables (Perret, 2011).

Page 77: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

59

Les expériences sur la carotte se sont déroulées dans les serres haute

performance du pavillon des services à l’Université Laval (boul. Hochelaga,

Québec). Les serres étaient maintenues à une température de 22 °C le jour et de

17 °C la nuit. La photopériode était de 14 heures par jour sous lampe HPS. Les

graines de carottes ont été achetées chez un marchand local (Bourbeau et fils

ltée). Le cultivar utilisé était le ‘Tenderlong imperator’ produit par la compagnie

McKenzie. Les graines, 15 par pot pour la première expérience et 12 par pot pour

la deuxième expérience, ont été semées directement en disposition circulaire à

5 mm de profondeur dans des pots de 36,4 L remplis d’un mélange de terre noire

et de sable (terre à jardin Premier Tech Horticulture – sac de 30 L). Pour la

première expérience, le semis a été réalisé le 7 mai 2010 et la récolte a été faite

les 13, 14 et 15 octobre 2010 pour une durée totale de croissance de 153 jours. La

fertilisation bihebdomadaire effectuée à partir de l’engrais hydrosoluble 20-2-20

produit par la compagnie PlantProduct® s’est déroulée comme suit : 50 mg/l

d’azote à raison de 1 L par pot du 24 mai au 7 juin; 100 mg/l d’azote à raison de

1 L par pot du 7 juin au 23 juillet; 150 mg/l d’azote à raison de 1 L par pot du 28

juillet au 20 août et 150 mg/l d’azote à raison de 2 L par pot du 25 août au 13

octobre. Le deuxième dispositif a été réalisé du 9 juin au 12 septembre 2011 pour

une durée de 96 jours de croissance. La fertilisation bihebdomadaire a été

effectuée de manière semblable à la première expérience, soit : 75 mg/l d’azote à

raison de 1 L par pot du 23 juin au 14 juillet; 100 mg/l d’azote à raison de 1 L par

pot du 17 juillet au 4 août; 150 mg/l d’azote à raison de 1,5 L par pot du 8 au 22

août et 200 mg/l d’azote à raison de 1,5 L par pot du 22 août au 12 septembre.

Une irrigation avec l’eau du robinet a été réalisée au besoin entre les fertilisations

tout au long des expériences.

Le dispositif expérimental factoriel à deux niveaux utilisé était un plan en blocs

complets aléatoires. Il était composé de quatre traitements :

- P-NM : substrat avec ajout d’inoculant mycorhizien stérilisé et sans ajout

de superphosphate triple (0-46-0);

Page 78: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

60

- P-M : substrat avec ajout d’inoculant mycorhizien viable et sans ajout de

superphosphate triple (0-46-0);

- P+NM : substrat avec ajout d’inoculant mycorhizien stérilisé et avec ajout

de superphosphate triple (0-46-0);

- P+M : substrat avec ajout d’inoculant mycorhizien viable et avec ajout de

superphosphate triple (0-46-0).

La terre à jardin a d’abord été désinfectée à la vapeur dans un pasteurisateur

prévu à cet effet pendant deux heures. Par la suite, l’inoculant mycorhizien et le

superphosphate triple ont été incorporés au substrat pour jardin en fonction du

traitement et ont été mélangés manuellement sur une table de travail avant de

remplir les pots Custom C4000 (36,4 L). Les traitements P-M et P+M ont reçu une

dose de 25 g d’inoculant viable du Glomus irregulare (Mike

PS3 800 propagules/gramme – Premier Tech Biotechnologie, Rivière-du-Loup,

Qc). Les traitements P-NM et P+NM ont reçu la même quantité d’inoculant

préalablement stérilisé à l’autoclave à 121 °C durant 40 minutes. L’ajout

d’inoculant stérilisé permettait de maintenir les mêmes conditions à l’intérieur de

chaque unité expérimentale. Les traitements P+NM et P+M ont reçu 5 g

(équivalent à 100 kg/ha de P2O5) de superphosphate triple (0-46-0). Le

superphosphate triple granulaire a été préalablement broyé en une fine poudre à

l’aide d’un moulin à café avant d’être incorporé au mélange. Les traitements P-NM

et P-M n’ont reçu aucun ajout préalable de superphosphate triple (0-46-0).

3.2.2 Échantillonnage et paramètres mesurés

Des analyses de sol ont été réalisées au début des expériences afin de déterminer

les propriétés chimiques du terreau utilisé avec et sans ajout de superphosphate

triple. Les résultats de ces analyses chimiques apparaissent plus loin dans le

tableau 3.1. Un échantillon des racines de carotte a été prélevé dans chaque pot à

Page 79: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

61

la fin des expériences afin de déterminer le taux de colonisation moyen des

racines par le champignon mycorhizien dans chacune des unités expérimentales.

Lors de la récolte, toutes les carottes de chaque pot ont été retirées du sol, lavées

à l’eau et pesées individuellement pour déterminer les rendements en matière

fraîche. Trois carottes de chacune des unités expérimentales ont été dépourvues

du premier quart de leur longueur près du collet et du dernier quart vers l’extrémité

de la racine. La partie centrale résultante a été par la suite coupée en quatre

morceaux égaux et ces morceaux ont été placés dans une enveloppe de papier

étiquetée et entreposée au congélateur à -80 °C pour une durée minimale de 24

heures. Cette procédure avait pour but de faciliter la lyophilisation des tissus, mais

aussi de rendre les échantillons homogènes en n’utilisant que la partie du centre

pour les analyses. Les autres carottes ont été conservées au congélateur à -20 °C

pour de subséquentes analyses et comme réserve de matériel expérimental. Les

carottes coupées et congelées à -80 °C ont été placées au lyophilisateur pour y

subir un séchage à froid limitant ainsi la dégradation des molécules d’intérêt

nutraceutique. Une fois la lyophilisation opérée, ces mêmes morceaux de carotte

ont été broyés en une fine poudre à l’aide d’un creuset et d’un mortier. Cette

poudre a été placée dans un tube Sarstedt® 50 ml étiqueté avec le code de

l’échantillon et placé au congélateur à - 80 °C jusqu’à la réalisation des différentes

analyses. Ces poudres ont servi à la réalisation des analyses des éléments

minéraux, des composés phénoliques totaux, des caroténoïdes totaux et de la

capacité antioxydante.

3.2.3 Détermination du taux de colonisation par le champignon mycorhizien à

arbuscules Glomus irregulare des racines de carotte

Les différents échantillons de sol contenant les racines secondaires ont été

nettoyés à l’eau afin d’obtenir des racines dépourvues de terre. Ces racines ont été

placées dans des tubes Sarstedt® 15 ml préalablement troués à l’aide d’un pic à

dissection chauffé et mis dans des supports prévus à cet effet. Les tubes ont été

trempés dans une solution de KOH 10 % (w/v) à l’autoclave durant 45 minutes à

Page 80: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

62

121 °C. Une fois l’hydrolyse alcaline effectuée, les tubes ont été rincés à l’eau du

robinet à deux reprises et placés dans une solution de HCL 1 % (v/v) à la

température de la pièce pendant 15 minutes. Les tubes contenant les racines ont

été à nouveau rincés à l’eau chaude à deux reprises et trempés dans la solution

colorante de Trypan Blue chauffée à 50 °C durant 10 à 12 minutes et rincés à l’eau

froide afin d’enlever le surplus de colorant pour finalement être placés dans des

plats de Petri. L’ajout d’une solution de glycérol 20 % a permis la conservation des

racines.

Le taux de colonisation des racines par le champignon Glomus irregulare a été

déterminé à l’aide d’une adaptation de la méthode d’intersection de Giovanneti et

Mosse (Giovannetti et Mosse, 1980). Des lignes distancées d’environ 1 cm ont été

tracées sur l’ensemble de la surface d’un couvercle de Petri. Par la suite, ce

couvercle a été placé sous le plat de Petri et a servi de gabarit pour le décompte

du taux de colonisation. Une fois les racines étalées dans le plat de Petri, le

décompte du taux de colonisation est réalisé par l’observation de chacune des

intersections «ligne-racine». Lorsqu’il y a présence de colonisation

endomycorhizienne, c’est-à-dire présence d’hyphes, de vésicules ou d’arbuscules

au niveau d’une intersection «ligne-racine», l’observateur marque à l’aide d’un

compteur une observation positive. Dans le cas où la racine n’est pas colonisée à

un point d’intersection, l’observateur marque au compteur une observation

négative. Une fois le décompte fait sur l’ensemble des lignes, le taux de

colonisation est déterminé en pourcentage. Un minimum de 100 observations doit

être effectué afin que la valeur soit considérée comme représentative.

3.2.4 Analyse minérale du substrat de culture des bioessais de carotte

La détermination du contenu en minéraux des substrats a été réalisée selon la

méthode d’extraction des substrats saturés (SSE). Des échantillons de substrats

de tous les traitements ont été prélevés avant l’expérimentation dans 3 des 6

Page 81: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

63

répétitions du dispositif. Ils ont été mis dans des plats de plastique et saturés en

eau distillée permettant de libérer en solution les éléments minéraux présents dans

le terreau. Après deux heures d’attente, l’eau des terreaux est prélevée par

filtration sous vide. Une quantité de 14 ml d’eau recueillie est par la suite filtrée,

centrifugée et transférée dans un tube de plastique de 15 ml. Ces tubes munis

d’un bouchon peuvent être entreposés au réfrigérateur jusqu’à l’analyse des

solutions.

Les teneurs en azote (Nkonge et Ballance, 1982) et en phosphore (Murphy et

Riley, 1962) dans les échantillons de substrat ont été déterminées par colorimétrie

au spectrophotomètre. Celles du potassium, du calcium, du magnésium et des

oligoéléments Fe, Mn et Cu ont été déterminées par absorption atomique. La

teneur du zinc a été déterminée par émission atomique. Les résultats apparaissent

dans le Tableau 3.1.

Tableau 3.1 Propriétés chimiques de la terre à jardin Premier horticulture

utilisée pour les bioessais chez la carotte en fonction de l’ajout ou non de

superphosphate triple.

Conduct. électrique pH NH4

+ NO3- PO4

- K Ca Mg Fe Cu Mn Zn

(CE) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg) (mg/kg)

P- 1,29 4,67 1 106 3 51 114 29 2 0,0 0,9 0,1

P+ 1,55 4,64 1 131 7 49 143 37 2 0,0 1,1 0,2

*P- représente le terreau utilisé pour les traitements sans ajout de superphosphate triple et P+ les traitements avec ajout de superphosphate triple.

3.2.5 Analyse minérale des tissus végétaux des racines de carotte

La teneur en azote dans les échantillons de carotte a été obtenue par digestion et

par colorimétrie (Isaac et Jonhson, 1976; Nkonge et Ballance, 1982). Après la

calcination des tissus végétaux, la teneur en phosphore a été déterminée par

colorimétrie au spectrophotomètre (Murphy et Riley, 1962) et celles du potassium,

Page 82: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

64

du calcium, du magnésium et des oligoéléments Fe, Mn, Cu, et Zn par absorption

atomique.

3.2.6 Contenu en composés phénoliques totaux dans les poudres sèches de

carotte

Le contenu en composés phénoliques totaux a été déterminé selon une adaptation

de la méthode de Singleton et Rossi (1965). Une quantité de 0,25 ± 0,05 g de

poudre de carotte est placé dans un tube Sarstedt® 15 ml. À ce tube est ajouté

10 ml d’une solution de méthanol aqueux 80 %. Le tube est par la suite brassé

durant 30 secondes au vortex et placé dans un bain ultrasonique (VWR Model

75D) à la température de la pièce pendant 15 minutes. Après la sonification, le

tube est brassé à nouveau durant 30 secondes au vortex et placé à la

centrifugeuse durant 10 minutes à 3500 rpm. Suite à la centrifugation, le

surnageant est transféré dans un tube Sarstedt® de 50 ml. La procédure

d’extraction est répétée 2 fois. Les 30 ml d’extrait résultants sont par la suite

transférés dans un ballon afin d’être évaporés sous vide (Welch Gem Vacuum

Pump 1.0) à l’évaporateur rotatif (Büchi Rotavapor R-200) à une température de

35 °C (Büchi Heatingbath B-490). Les trois derniers millilitres résultant de

l’évaporation sont récupérés et transférés dans un cylindre gradué. Le volume est

complété à 4 ml et le tout est transféré dans un tube Sarstedt® 15 ml.

Une aliquote de 100 µl de l’échantillon ou de standard est placée dans une cuvette

à spectrophotométrie en plastique. À cette même cuvette sont ajoutés 2 ml d’eau

et 200 µl de la solution réactive Folin-Ciocalteu’s. Ensuite, la cuvette est brassée

durant 2 minutes à la main. La réaction se termine par l’ajout de 900 µl d’une

solution de sodium carbonate (200 g/L). Un temps d’attende de 2 heures est

nécessaire avant de mesurer l’absorbance au spectrophotomètre à une longueur

d’onde de 765 nm. Des standards d’acide gallique de 50, 100, 250 et 500 mg/l sont

préalablement préparés pour l’obtention d’une courbe standard de référence. Les

Page 83: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

65

valeurs résultantes sont quantifiées en mg d’équivalent acide gallique/100 g de

matière fraîche.

3.2.7 Quantification du contenu en caroténoïdes totaux dans les poudres

sèches de carotte

La méthode utilisée est une adaptation de trois méthodes similaires (Biehler et

coll., 2010). L’ensemble des manipulations pour l’extraction doit se faire le plus

possible à l’abri de la lumière et sur la glace concassée. Une quantité de 0,080 ±

0,05 g de poudre sèche de carotte est placé dans un tube Sarstedt® de 15 ml. À

ce tube, 10 ml d’une solution d’hexane:éthanol:acétone (HEA) (2:1:1) sont ajoutés.

Le tube est brassé au vortex durant 30 secondes et placé durant 15 minutes au

bain ultrasonique (VW model 75D) à une température maintenue sous 10 °C à

l’aide de glace concassée. Une fois la sonification terminée, le tube est brassé

durant 30 secondes au vortex et centrifugé à 3500 rpm durant 10 minutes. Le

surnageant est récupéré dans un tube Sarstedt® de 50 ml. La procédure

d’extraction est répétée sur le culot une deuxième fois à l’aide de 10 ml de la

solution d’HEA et une troisième fois à l’aide de 5 ml d’HEA. Un volume de 10 ml

d’eau saturé en chlorure de sodium est ajouté au tube de 50 ml contenant les

surnageants combinés. Le tube est brassé au vortex et placé à la centrifugeuse

durant 2 minutes à une vitesse de 3500 rpm. La solution d’extraction se sépare

alors en 2 phases distinctes : soit une phase apolaire de couleur jaune foncé en

surface et une seconde phase polaire de couleur jaune pâle en dessous. À l’aide

d’une pipette pasteur, la phase supérieure apolaire est récupérée et transférée

dans un tube de 15 ml. Un premier lavage de la phase polaire est fait par l’ajout de

5 ml d’hexane au tube. Le tube est à nouveau brassé au vortex et centrifugé. La

phase apolaire est à nouveau récupérée et transférée dans le même tube

contenant le premier surnageant apolaire. Des lavages subséquents sont

nécessaires si la coloration de la phase polaire est encore jaunâtre. Lorsque

l’ensemble des phases apolaires ont été récupérées, le volume total est ajusté à

10 ml. Ensuite, 1 ml de la solution de caroténoïdes est placé dans une cuvette en

Page 84: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

66

quartz pour la spectrophotométrie. À cette cuvette est ajouté un 2 ml d’hexane

supplémentaire pour un volume total de 3 ml (facteur de dilution 3). Le contenu de

la cuvette est homogénéisé à l’aide d’une pipette et est mesuré au

spectrophotomètre (HP 8453) à une longueur d’onde de 450 nm.

La quantification se fait selon la formule mathématique suivante :

C(mg/g) =

(Abs450nm / A1cm1%) x (Volume d’hexane (dL) / Poids de l’échantillon (g)) x

(1000 mg/g) x Dilution

*A1cm1% du β-carotène dans l’hexane = 2592 dL g-1 à 450 nm

La quantité obtenue représente le contenu en caroténoïdes totaux en équivalent β-

carotène dans 1 g de poudre lyophilisée de carotte. La valeur est convertie en

mg/100 g de matière fraîche d’équivalent β-carotène.

Le reste du volume contenant les caroténoïdes est placé sous jet d’azote afin

d’évaporer la totalité de l’hexane. Une fois le tube séché le culot est resolubilisé

dans 2 ml d’une solution de méthanol:MTBE (9:91). Cette solution résultante sert

aux analyses des caroténoïdes par chromatographie en phase liquide à haute

performance (CLHP).

Pour les analyses et la séparation des caroténoïdes en CLHP (Gilmore et Yamato,

1991), 800 µl de la solution de méthanol:MTBE:caroténoïdes est placé dans un vial

de 1 ml. Le système chromatographique se compose d’une colonne YMC

C30 250 mm X 4,6 mm, avec particules de 5 µm maintenue à une température de

30 °C. Le système Waters (Waters 600) contrôle les proportions de solvants des

phases mobiles suivantes : la phase A : méthanol/MTBE/eau (81:15:4) et la phase

B : méthanol:MTBE (9:91). Les gradients suivent les proportions suivantes : 100 %

Page 85: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

67

de A et 0 % de B jusqu’à 50 % de A et 50 % de B durant les 45 premières minutes

d’analyse puis se maintiennent (50 % de A et 50 % de B) durant les 25 minutes

suivantes à un débit de 1 ml / minute. La colonne est rééquilibrée durant 25

minutes entre chaque échantillon. Un volume de 10 µl d’échantillon est injecté

(Water 717plus Autosampler) dans le système. Les caroténoïdes sont détectés à

une longueur d’onde de 450 nm à l’aide du détecteur UV à photodiode (Waters

PDA 996).

3.2.8 Détermination de la capacité antioxydante des extraits de carotte

3.2.8.1 Extraction des composés liposolubles des poudres de carotte (L-

ORAC)

L’extraction des composés liposolubles a été réalisée selon l’adaptation de la

méthode de Wu et collaborateurs (2004). Pour les extractions nécessaires à la

mesure de la capacité antioxydante des extraits de carotte, une quantité de 0,25 ±

0,05 g de poudre séchée de carotte est placé dans un tube Sarstedt® 15 ml

auquel 10 ml d’hexane:dichlorométhane (1:1) (DH) est ajouté au tube. L’échantillon

est brassé au vortex durant 30 secondes et ensuite placée au bain ultrasonique à

une température de 37 °C pendant 10 minutes. Ce tube est centrifugé à 3500 rpm

durant 10 minutes. Le surnageant est recueilli dans un tube Sarstedt® de 50 ml et

une deuxième extraction est effectuée sur le culot. Les deux surnageants sont

mélangés. Le surnageant est évaporé dans un ballon à l’évaporateur rotatif à une

température de 45 °C. Une fois le résidu séché, il est resolubilisé dans 4,5 ml de

Randomly methylated B-Cyclodextrin 7 % (RMCD) et 1,5 ml d’acétone. Cette

solution a été utilisée pour l’analyse des composés liposolubles. L’ensemble des

manipulations doit se dérouler le plus possible à l’abri de la lumière.

Page 86: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

68

3.2.8.2 Extraction des composés hydrosolubles des poudres de carotte (H-

ORAC)

Le tube contenant le culot de l’extraction des composés liposolubles est réutilisé

pour l’extraction des composés hydrosolubles. À ce culot, 10 ml

d’acétone:eau:acide acétique (70:29,5:0,5) (AEA) sont ajoutés. Les deux

extractions sont réalisées selon la même méthodologie que l’extraction des

composés liposolubles. Seul le solvant diffère pour les extractions.

3.2.8.3 Mesure de la capacité antioxydante

La mesure de la capacité antioxydante des extraits de carotte est réalisée selon la

méthode ORAC (capacité d’absorption des radicaux oxygénés / oxygen radical

absorbance capacity) (Wu et coll., 2004). L’ensemble des mesures de la capacité

antioxydante est réalisé à l’intérieur de plaques 96 puits (Corning 3615) et analysé

au Fluorimètre Galaxy de BMG à une longueur d’onde de 520 nm et une

température de 37 °C. L’analyse est effectuée en 35 cycles de 210 secondes pour

un temps d’analyse total de 2 heures, 2 minutes, 30 secondes. Au cycle 4, 75 µl de

2,2’-Azobis (2-amidinopropane) dihydrochloride (AAPH) 0,0317 M sont injectés

pour les analyses L-ORAC ou 75 µl d’AAPH 0,0634 M pour les analyses H-ORAC.

L’ajout d’AAPH démarre la réaction d’oxydation.

Les deux surnageants des extractions sont utilisés pour la mesure de la capacité

antioxydante. La solution de l’extraction liposoluble a été diluée d’un facteur de 5

dans une solution RMCD 7 %, alors que la solution de l’extraction hydrosoluble a

été diluée d’un facteur de 10 dans une solution de tampon phosphate de 0,075 M

(pH 7,0). L’ensemble des puits extérieurs de la plaque restent vides pour des

raisons d’isolation thermique. Dans chaque puits restant, 200 µl d’une solution de

fluorescéine (fluorescéine sodium, 9,6 x 10-8 M) et 20 µl des solutions standards de

trolox (0, 6,25, 12,5, 25 ou 50 µM) ou un extrait de l’un des échantillons sont

Page 87: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

69

ajoutés. Les différentes solutions standards sont réalisées dans les mêmes

solutions que celles des dilutions des échantillons. Une plaque différente est

utilisée pour chaque série d’analyses d’échantillons hydrosolubles ou liposolubles.

Un triplicat des standards et des échantillons a été réalisé. Les résultats sont

exprimés en µM de capacité antioxydante en équivalent trolox / 100 g de matière

fraîche à un taux de 85 % d’humidité des échantillons lors de la récolte.

.

3.2.9 Analyses statistiques

L’ensemble des analyses statistiques a été effectué à l’aide du logiciel d’analyse

statistique SAS® et du test LSMEANS de la procédure MIXED. Rappelons que le

dispositif expérimental était un plan à deux facteurs en blocs complets aléatoires.

3.3 Résultats

3.3.1 Taux de colonisation des racines de carotte par le champignon

endomycorhizien Glomus irregulare

Au cours de la première expérience menée sur la carotte, de bons taux de

colonisation ont été obtenus pour les traitements avec ajout d’inoculant

mycorhizien (Tableau 3.2) autant pour le traitement sans ajout de superphosphate

triple (54 %) que pour le traitement avec ajout (66 %). L’ajout de superphosphate

triple n’a pas nui à la mycorhization au cours de cette expérience. La répétition 6

du dispositif a présenté des contaminations mycorhiziennes au niveau des racines

des carottes dans les pots P-NM et P+NM. C'est pourquoi cette répétition a été

complètement éliminée des résultats. Il n’y a pas eu de contamination dans les

pots sans ajout d’inoculant dans les 5 autres répétitions.

Page 88: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

70

Pour la deuxième expérience, les taux de colonisation ont été encore relativement

élevés soit de l’ordre de 53 % pour le traitement avec ajout de superphosphate

triple comparativement à 88 % pour le traitement sans ajout de superphosphate

triple (Tableau 3.2). L’ajout de superphosphate triple a eu pour effet une diminution

significative du taux de colonisation des racines de carotte au cours de cette

expérience. Aucune contamination n’a été observée dans les traitements sans

ajout d’inoculant de l’expérience.

Tableau 3.2 Taux de colonisation des racines de carotte par le champignon

endomycorhizien Glomus irregulare en fonction de l’ajout d’inoculant

mycorhizien et de superphosphate triple.

Traitements

Taux de colonisation

(%)

Expérience 1 Expérience 2

P- M 54 ± 20 88 ± 3 a

P+ M 66 ± 8 53 ± 7 b

Effet phosphore F n.s. F *** P- représente les traitements sans ajout de superphosphate triple et P+ avec ajout de superphosphate triple. M représente les traitements avec ajout d’inoculant mycorhizien. Les résultats d’une même colonne suivis d’une même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à ***P≤ 0,001).

3.3.2 Rendements en matière fraîche des racines tubérisées de carotte

La croissance des carottes de la première expérience n’a été affectée par aucun

des deux facteurs du dispositif (Tableau 3.3). Les moyennes des traitements

étaient similaires.

En revanche, au cours de la deuxième expérience, les effets des différents

facteurs ont ressorti. Les plants mycorhizés sans ajout de superphosphate triple

(P-M) ont présenté une croissance et un rendement supérieur aux plants non

Page 89: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

71

mycorhizés sans ajout de superphosphate triple (P-NM). Les plants des

traitements ayant reçu un ajout de superphosphate triple (P+NM et P+M) ont

présenté une croissance supérieure à celle des plants des traitements n’en ayant

pas reçu (P-NM et P-M). Des photos des récoltes sont disponibles à l’annexe 2.

Tableau 3.3 Rendement en matière fraîche des racines tubérisées de carotte

en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple

Traitements

Masse fraîche

(g)

Expérience 1 Expérience 2

P- NM 99,9 ± 7,1 29,8 ± 9,9 c

M 100,0 ± 9,8 40,4 ± 6,0 b

P+ NM 101,6 ± 11,8 82,3 ± 5,5 a

M 105,6 ± 12,4 78,8 ± 4,2 a

Facteur mycorhize F n.s -

NM - -

M - -

Facteur phosphore F n.s. -

P+ - -

P- - -

Int. myc x phos F n.s F ** P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple. NM représente les traitements sans ajout et M avec ajout d’inoculant mycorhizien.

Les résultats d’une même colonne suivis d’une même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à ** P≤ 0,01).

3.3.3 Teneur en minéraux dans les tissus des racines tubérisées de carotte

3.3.3.1 Première expérience

Les résultats des analyses minérales de la première expérience n’ont pas révélé

de différences majeures au niveau des teneurs en macroéléments (N, P et K) dans

Page 90: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

72

les tissus végétaux des racines de carotte (Tableau 3.4). Ce résultat confirme en

quelque sorte les résultats des rendements de la première expérience. En

revanche, la colonisation mycorhizienne des racines a eu pour effet une plus

grande accumulation du cuivre dans les tissus des carottes mycorhizées. La

teneur en cuivre dans les racines des carottes mycorhizées était près du double

comparativement à elle des racines des carottes sans colonisation mycorhiziene. Il

n’y a pas eu d’autres différences majeures pour les autres oligoéléments.

Page 91: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

73

Tableau 3.4 Teneurs en éléments minéraux (base sèche) des racines tubérisés de carotte de la première

expérience en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple.

N P K Ca Mg

Fe Cu Mn Zn

Traitements (%)

(mg/kg)

P- NM 1,36 ± 0,30 0,39 ± 0,05 2,67 ± 0,41 0,31 ± 0,02 0,18 ± 0,04

74 ± 11 5,2 ± 0,8 50 ± 25 38 ± 6

M 1,39 ± 0,49 0,42 ± 0,05 2,66 ± 0,21 0,29 ± 0,03 0,20 ± 0,04

86 ± 21 8,8 ± 2,5 45 ± 23 39 ± 8

P+ NM 1,14 ± 0,21 0,43 ± 0,06 2,77 ± 0,34 0,28 ± 0,03 0,21 ± 0,06

79 ± 26 6,2 ± 1,3 70 ± 28 40 ± 5

M 1,30 ± 0,18 0,43 ± 0,06 2,67 ± 0,24 0,30 ± 0,03 0,17 ± 0,02

70 ± 13 9,6 ± 1,9 54 ± 17 40 ± 6

Effets fixes

Mycorhize F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

F n.s. F *** F n.s. F n.s.

NM - - - - -

- 5,7 b - -

M - - - - -

- 9,2 a - -

Phosphore F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

P- - - - - -

- - - -

P+ - - - - -

- - - -

Int. M x P F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple.

NM représente les traitements sans ajout et M avec ajout d’inoculant mycorhizien. Les résultats d’une même colonne suivis d’une même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à ***P≤ 0,001).

Page 92: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

74

3.3.3.2 Deuxième expérience

Les résultats des analyses minérales des carottes de la deuxième expérience ont

démontré un effet significatif de l’ajout de superphosphate triple (P+) sur

l’augmentation de la teneur en phosphore dans les racines tubérisées des plants

(Tableau 3.5). De plus, on remarque une diminution de la teneur en potassium, en

calcium et en cuivre dans les traitements P+. Pour ce qui est des effets directs de

la mycorhize sur l’absorption des éléments minéraux, le champignon semble avoir

conservé une partie du calcium disponible pour la plante. Les plants mycorhizés

avaient des teneurs en calcium significativement inférieures à celles des plants

non mycorhizés. À l’instar de la première expérience, la teneur en cuivre a été

significativement plus élevée dans les racines mycorhizées comparativement aux

racines qui ne l’étaient pas.

Page 93: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

75

Tableau 3.5 Teneurs en éléments minéraux (base sèche) des racines tubérisés de carotte de la deuxième

expérience en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple.

N P K Ca Mg

Fe Cu Mn Zn

Traitements (%) (mg/kg)

P- NM 1,22 ± 0,07 0,16 ± 0,02 2,95 ± 0,47 0,29 ± 0,02 0,12 ± 0,01 63 ± 23 a 4,4 ± 2,4 b 36 ± 8 27 ± 5

M 1,07 ± 0,07 0,13 ± 0,01 2,50 ± 0,21 0,28 ± 0,01 0,10 ± 0,01 34 ± 10 b 9,4 ± 1,9 a 26 ± 4 25 ± 2

P+ NM 1,09 ± 0,15 0,34 ± 0,03 1,54 ± 0,29 0,25 ± 0,01 0,15 ± 0,01

55 ± 17 a 2,4 ± 0,7 b 33 ± 9 23 ± 3

M 1,04 ± 0,18 0,34 ± 0,05 1,55 ± 0,28 0,24 ± 0,01 0,15 ± 0,03 61 ± 12 a 3,4 ± 1,7 b 33 ± 3 25 ± 3

Effets fixes

Mycorhize F n.s. F n.s. F n.s. F * F n.s. - - F n.s. F n.s.

NM - - - 0,27 a -

- - - -

M - - - 0,26 b -

- - - -

Phosphore F n.s. F *** F *** F *** F *** - - F n.s. F n.s.

P- - 0,14 b 2,72 a 0,28 a 0,11 b

- - - -

P+ - 0,34 a 1,54 b 0,25 b 0,15 a

- - - -

Int. M x P F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F * F * F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple.

NM représente les traitements sans ajout et M avec ajout d’inoculant mycorhizien. Les résultats d’une même colonne suivis d’une même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à * P≤ 0,05; ***P≤ 0,001).

Page 94: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

76

3.3.4 Contenu en composés phénoliques totaux dans les racines tubérisées

de carotte

Il n’y a pas eu de variation significative observée entre les traitements pour la

teneur en composés phénoliques totaux dans les racines de carotte de la première

expérience (Tableau 3.6). Ni la mycorhize, ni l’ajout de superphosphate triple n’ont

eu de répercussions sur les résultats des concentrations en composés

phénoliques dans les racines des carottes.

La deuxième expérience a permis l’observation des variations des teneurs en

composés phénoliques totaux entre les traitements avec ajout (P+) et sans ajout

de superphosphate triple (P-) (Tableau 3.6). L’ajout de superphosphate triple a

entraîné l’augmentation de la teneur en composés phénoliques dans les racines

des plantes de carotte des traitements P+NM et P+M. Cette augmentation de la

teneur en phénols totaux s’élève à près de 10 % comparativement aux traitements

sans ajout de phosphore. Il est intéressant de remarquer la similarité des résultats

des traitements P+NM et P+M ainsi que les résultats des traitements P-NM et P-M

entre eux.

Page 95: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

77

Tableau 3.6 Teneur en composés phénoliques totaux dans les racines

tubérisées de carotte en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de

superphosphate triple.

Traitements

Teneur en phénols totaux (mg/100g frais équivalent acide gallique) Expérience 1 Expérience 2

P- NM 37,6 ± 12,1 30,6 ± 3,8

M 35,9 ± 7,7 30,6 ± 4,9

P+ NM 32,3 ± 4,4 34,3 ± 3,4

M 33,4 ± 6,8 33,6 ± 4,6 Facteur mycorhize F n.s. F n.s.

NM - -

M - - Facteur phosphore F n.s. F **

P- - 30,6 b

P+ - 33,9 a Int. myc x phos F n.s. F n.s. P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate

triple. NM représente les traitements sans ajout et M avec ajout d’inoculant mycorhizien.

Les résultats d’une même colonne suivis d’une même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s. : non significatif; significatif à ** P≤ 0,01).

3.3.5 Contenu en caroténoïdes dans les racines tubérisées de carotte

Les teneurs en caroténoïdes totaux et des deux principaux carotènes de la carotte

ont été mesurées après chaque expérience. Au cours de la première expérience, il

n’y a pas eu de différence significative conférée par la mycorhize pour la teneur en

caroténoïdes totaux et en β-carotène (Tableau 3.7). Curieusement, la mycorhize

semble avoir eu comme effet une diminution significative de la teneur en α-

carotène dans les plants mycorhizés comparativement aux plants qui ne l’étaient

pas. L’ajout de superphosphate triple au cours de la première expérience sur la

carotte n’a pas engendré de variation pour ces paramètres.

Page 96: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

78

Les analyses phytochimiques des caroténoïdes de la deuxième expérience sur la

carotte n’ont montré aucun effet de la mycorhize sur les teneurs en caroténoïdes

totaux, en β-carotène et en α-carotène (Tableau 3.7). Cependant, l’ajout de

superphosphate triple a contribué à une synthèse significativement plus importante

en caroténoïdes totaux et en β-carotène. La teneur en α-carotène, bien qu’en plus

grande quantité dans les racines des plants des traitements avec ajout de

superphosphate triple, n’a pas été significativement différente de celle des plants

des traitements sans ajout de superphosphate triple. Il existe une faible corrélation

(r2 = 0,32; F = 0,0067; N = 67) entre la teneur en phosphore et la teneur en

caroténoïdes dans les racines de carotte.

Page 97: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

79

Tableau 3.7 Teneur en caroténoïdes totaux, en β-carotène et en α-carotène dans les racines tubérisées de carotte

en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple.

Traitements

Caroténoïdes totaux β-carotène α-carotène

(mg/100g frais d'équivalent β-carotène)

Expérience 1 Expérience 2 Expérience 1 Expérience 2 Expérience 1 Expérience 2

P- NM 15,4 ± 2,3 11,9 ± 3,0 6,64 ± 1,73 5,05 ± 2,09 6,27 ± 1,37 5,79 ± 1,87

M 15,7 ± 2,5 12,7 ± 2,7 7,08 ± 1,46 5,25 ± 1,34 5,13 ± 1,28 5,94 ± 1,85

P+ NM 18,3 ± 7,7 13,8 ± 2,9 7,55 ± 3,42 6,14 ± 1,63 7,48 ± 3,64 6,37 ± 1,79

M 15,6 ± 5,6 14,3 ± 3,4 6,94 ± 3,10 6,45 ± 1,96 5,69 ± 1,94 6,25 ± 1,81

Facteur mycorhize F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F * F n.s.

NM - - - - 6,87 a -

M - - - - 5,41 b -

Facteur phosphore F n.s. F * F n.s. F * F n.s. F n.s.

P- - 12,3 b - 5,15 b - -

P+ - 13,9 a - 6,25 a - -

Int. myc x phos F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple.

NM représente les traitements sans ajout et M avec ajout d’inoculant mycorhizien. Les résultats d’une même colonne suivis d’une même lettre ne sont pas significativement différents à P≤ 0,05 (n.s.. : non significatif; significatif à * P≤ 0,05).

Page 98: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

80

3.3.6 Capacité antioxydante des extraits de carotte

Les résultats des analyses de capacité antioxydante des extraits des poudres

lyophilisées de carotte n’ont pas présenté de différence significative à la suite des

deux expériences menées chez la carotte (Tableau 3.8). Cependant, on peut

remarquer la forte proportion de la capacité antioxydante hydrosoluble sur la

capacité antioxydante totale des extraits de carotte. De plus, il est intéressant

d’observer que les résultats de cette analyse (H-Orac) ressemblent fortement à ce

qui a été observé pour le contenu en composés phénoliques totaux. La grande

variabilité entre les résultats semble être à l’origine des effets non significatifs entre

les traitements.

Page 99: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

81

Tableau 3.8 Capacité antioxydante hydrophile (Orac-H), lipophile (Orac-L) et totaux (Orac-T) des extraits de

racines tubérisées de carotte en fonction de l’ajout d’inoculant mycorhizien et de superphosphate triple.

Traitements

Orac-T Orac-H Orac-L

Orac-T Orac-H Orac-L

(µM/100g frais TEAC)

(µM/100g frais TEAC)

Expérience 1

Expérience 2

P- NM 1122 ± 303 1058 ± 485 64 ± 27

950 ± 158 885 ± 159 65 ± 14

M 1136 ± 309 1071 ± 304 65 ± 14 1035 ± 339 974 ± 338 61 ± 6

P+ NM 971 ± 222 908 ± 219 63 ± 19

1112 ± 164 1057 ± 161 55 ± 7

M 948 ± 184 874 ± 187 74 ± 29

1139 ± 368 1078 ± 372 60 ± 5

Facteur mycorhize F n.s. F n.s. F n.s.

F n.s. F n.s. F n.s.

NM - - -

- - -

M - - -

- - -

Facteur phosphore F n.s. F n.s. F n.s.

F n.s. F n.s. F n.s.

P- - - -

- - -

P+ - - -

- - -

Int. myc x phos F n.s. F n.s. F n.s.

F n.s. F n.s. F n.s.

P- représente les traitements sans ajout et P+ avec ajout de superphosphate triple.

NM représente les traitements sans ajout et M avec ajout d’inoculant mycorhizien. n.s. : non significatif TEAC = Trolox equivalent antioxydant capacity (Capacité antioxydante en équivalent Trolox).

Page 100: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

82

3.4 Discussion et conclusion

3.4.1 Première expérience sur la carotte

3.4.1.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale

Les différents résultats de la première expérience nous indiquent que la longue

période de croissance ainsi qu’une fertilisation modérément élevée en azote ont

limité les effets de la mycorhize et les effets de l’ajout de superphosphate triple sur

les rendements et sur les teneurs des différents éléments minéraux des racines

tubérisées de carotte. Ces résultats peuvent sembler curieux, mais ils peuvent

s’expliquer par la longueur de la période de croissance et par la fertilisation

effectuée au cours de cette expérience. Afin d’atteindre les taux de colonisation

souhaités, la période de croissance de la première expérience a été plus longue

(153 jours) que celle de la deuxième expérience (96 jours). Les carottes ont reçu

une plus grande quantité d’éléments au cours de la première expérience ce qui a

fort probablement limité l’effet de l’ajout de superphosphate triple pour les

traitements P+. Bien que les racines des carottes furent suffisamment colonisées

par le champignon, il n’y a eu que peu d’effets de la mycorhize sur l’absorption des

nutriments outre la présence significativement plus élevée du cuivre dans les

tissus de la racine.

3.4.1.2 Effet sur le métabolisme secondaire

Les teneurs en composés nutraceutiques ont été peu influencées par la mycorhize

ou par l’ajout de superphosphate triple. L’association entre la carotte et le Glomus

irregulare ne semble donc pas affecter les teneurs en composés phénoliques, en

caroténoïdes ainsi que la capacité antioxydante. Étonnamment, une diminution

significative de l’α-carotène dans les racines tubérisées mycorhizées a été

observée comparativement aux carottes qui ne l’étaient pas. Ce phénomène n’a

Page 101: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

83

pas été rapporté dans la littérature portant sur les champignons mycorhiziens à

arbuscules. Ce résultat reste alors difficile à expliquer, car les teneurs en

minéraux, en caroténoïdes totaux et en β-carotène ont été pour leur part

comparables au traitement témoin (NM). Toutefois, les champignons

endomycorhiziens arbusculaires sont réputés pour leur capacité à modifier la voie

des terpènes, principalement au niveau des terpènes volatiles comme les

monoterpènes, les sesquiterpènes et les diterpènes. Plusieurs auteurs ont

rapporté l’impact que pouvaient avoir les mycorhizes sur la modification des huiles

essentielles comme chez le basilic, l’aneth et le carvi (Kapoor et coll., 2002;

Toussaint et coll., 2007 et 2008; Chaudhary et coll., 2008). Il est possible que

l’apport en minéraux octroyé par la mycorhize ou que l’effet direct de la mycorhize

ait modifié les ratios de synthèse des tétraterpènes (carotènes) dans les racines de

carotte. Il est possible aussi que la voie de synthèse de l’α-carotène ait été

perturbée suite à la production des apocaroténoïdes caractéristiques des

mycorhizes dans les racines, la mycoradicine et le cyclohexénone. Ces molécules

sont un produit du clivage oxydatif des précurseurs de la synthèse des

caroténoïdes (Strack et Fester, 2006). Il est aussi possible que ce résultat ne soit

dû qu’aux variations des teneurs en minéraux dans les tissus. Ce résultat n’a pas

été observé lors de la deuxième expérience, ce qui aurait été très intéressant, d’un

point de vue fondamental pour les recherches sur les champignons mycorhiziens à

arbuscules. D’autres recherches à ce sujet sont souhaitables suite à ce résultat

inattendu.

3.4.2 Deuxième expérience sur la carotte

3.4.2.1 Taux de colonisation, croissance et nutrition minérale

La deuxième expérience sur la carotte a donné des résultats marqués par

l’expression de plusieurs différences entre les traitements et entre les facteurs

expérimentaux. Comparativement à la première expérience, ces différences sont

dues à une durée de croissance plus court, mais plus conventionnel (96 jours). Les

Page 102: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

84

taux de colonisation ont eux aussi été représentatifs des résultats souvent

rapportés dans la littérature. Les racines des plants mycorhizés sans ajout de

phosphore (P-M) ont présenté une colonisation plus importante que les racines

des plants avec ajout du superphosphate triple. La croissance et les rendements à

la récolte ont aussi démontré l’impact de la mycorhize dans le substrat simulant un

sol pauvre en phosphore. Les racines tubérisées des plants mycorhizés (P-M) ont

été significativement plus grosses que celles des plants non mycorhizés (P-NM),

probablement dû à une meilleure nutrition minérale. Bien que la mycorhize ait

diminué significativement les teneurs en calcium dans les plants mycorhizés, elle a

augmenté les teneurs en cuivre dans les tissus racinaires pour une deuxième

expérience consécutive sur la carotte.

L’ajout de superphosphate triple dans le substrat, permettant de simuler des sols

plus riches en phosphore, a eu plusieurs conséquences sur le développement et la

biochimie de la carotte. Tout d’abord, l’amendement en phosphore a permis une

augmentation significative du rendement en matière fraîche des carottes et s’est

traduit par des concentrations deux fois plus élevées en phosphore dans les

racines. L’ajout de phosphore a permis une meilleure assimilation du magnésium,

l’absorption de ces deux éléments étant synergique. En revanche, l’ajout de

phosphore a possiblement été un antagoniste à l’assimilation du potassium, du

calcium et du cuivre.

3.4.2.2 Effet sur le métabolisme secondaire

Suite à la deuxième expérience, la mycorhize n’a pas influencé les teneurs en

composés nutraceutiques chez la carotte. Les teneurs en composés phénoliques

totaux, en caroténoïdes totaux incluant le β-carotène et l’α-carotène ainsi que les

capacités antioxydantes des extraits de carotte n’ont pas démontré de différence

significative comparativement à celles des traitements témoins (P-NM et P+NM).

Page 103: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

85

En ce qui a trait à la biochimie de la synthèse des composés d’intérêt

nutraceutique, l’ajout de superphosphate triple a permis un stockage accru des

composés phénoliques totaux, des caroténoïdes totaux et du β-carotène. De plus,

les tendances à la hausse de la capacité antioxydante supérieure des extraits

hydrosolubles des carottes des traitements avec ajout de phosphore sont

complémentaires aux résultats des composés phénoliques. L’ajout de phosphore a

donc permis d’augmenter grandement les propriétés nutraceutiques de la carotte

en plus de lui procurer une croissance et un rendement supérieur. L’effet direct de

la mycorhize sur le métabolisme secondaire de la carotte reste donc mitigé.

3.4.3 Comparaison avec les études antérieures

Plusieurs études ont démontré d’importantes modifications biochimiques dans les

racines des plantes colonisées par les champignons mycorhiziens à arbuscules.

Une des modifications les plus documentées implique la voie de synthèse des

caroténoïdes menant à la production de deux cyclohexones, la mycoradicine et la

bluménine. Ces molécules sont responsables de la pigmentation jaunâtre des

racines colonisées. Ces deux pigments ont été retrouvés au niveau des racines de

carotte ainsi que chez de nombreuses espèces comme l’orge, le blé et le maïs

(Vierheilig et Piché, 2004). La production de composés réactifs oxygénés souvent

attribuable à une stimulation des mécanismes de défense des plantes a aussi été

rapportée par Strack et Fester (2006). De plus, une étude réalisée sur l’échinacée,

Echinaceae purpurea (L.) Moench, a présenté de nombreux résultats démontrant

la stimulation de la synthèse de métabolites secondaires d’intérêt phytomédical

dans les racines de la plante par la mycorhize. En somme, les acides phénoliques

cichorique, caftarique et chlorogénique ont été produits en plus grande quantité

suite à la mycorhization (Araim et coll., 2009). Il semblait donc intéressant de

suivre ce champ de recherche et d’étudier ce phénomène de la modification

biochimique dans les racines des plantes par les mycorhizes à arbuscules. À notre

connaissance, il s’agit de la première observation de la perturbation de la synthèse

en α-carotène dans les racines de la carotte. Au cours de la première expérience,

Page 104: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

86

les racines tubérisées des carottes mycorhizées ont présenté une concentration en

α-carotène plus faible comparativement aux carottes qui ne l’étaient pas. Cette

observation n’a cependant pas été observée dans la deuxième expérience sur la

carotte. Les différentes conditions de culture peuvent être à l’origine des résultats

différents. Les teneurs en composés phénoliques totaux n’ont pas été modifiées

suite à l’établissement de la mycorhize. Cependant, aucune analyse sur certains

composés phénoliques spécifiques n’a été réalisée dans la présente étude. Bien

que Araim et collaborateurs (2009) aient déterminé des modifications de la teneur

de différents composés phénoliques dans les racines de l’échinacée, d’autres

études ont démontré comme la nôtre l’absence d’effet de la mycorhize sur ce

paramètre. Les conditions de culture et les combinaisons « plante hôte -

champignons mycorhiziens à arbuscules » semblent être des facteurs très

importants de la réponse de la plante à l’établissement mycorhizien.

Les effets du champignon endomycorhizien à arbuscules ont une fois de plus été

favorables pour la croissance et l’assimilation minérale des carottes. Cependant,

l’effet direct de la mycorhize ne semble pas être un facteur déterminant pour

l’augmentation des teneurs des métabolites secondaires que nous avons étudiés.

La modification du métabolisme semble être localisée au site de colonisation des

racines secondaires et ne semble pas modifier le métabolisme de la racine

tubérisée de la carotte. L’ajout de superphosphate triple a favorisé davantage la

croissance et a stimulé la production de composés nutraceutiques. La stimulation

des composés du métabolisme secondaire d’intérêt nutraceutique semble être

davantage l’effet indirect de l’assimilation minérale que l’effet direct du champignon

Glomus irregulare.

3.4.4 Conclusion

Au cours de ces deux expériences sur l’association entre le champignon

mycorhizien Glomus irregulare et la carotte, plusieurs effets intéressants ont été

Page 105: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

87

observés. Tout d’abord, la croissance de la carotte a été stimulée suite à

l’établissement de la symbiose dans les traitements simulant un sol pauvre en

phosphore. De plus, les teneurs de certains éléments minéraux dans la racine

tubérisée comme le cuivre et le calcium ont été affectées par la présence du

champignon mycorhizien. Peu de différences au niveau du métabolisme

secondaire ont été attribuables à l’effet direct du champignon, outre la perturbation

de la synthèse de l’α-carotène au cours de la première expérience.

En plus de stimuler la croissance et de modifier les teneurs en phosphore, en

potassium, en calcium, en magnésium, en fer et en cuivre dans la racine tubérisée

de la carotte, l’ajout de phosphore dans le substrat a favorisé la synthèse des

composés phénoliques ainsi que la synthèse des caroténoïdes dans la racine

tubérisée de la carotte.

L’ensemble de ces résultats nous permet de conclure que le champignon

endomycorhizien n’a pas modifié de façon significative les teneurs en molécules

du métabolisme secondaire d’intérêt nutraceutique. L’effet du champignon semble

être limité au site de colonisation des racines. Il est probable que l’activation des

mécanismes de défense se soit réalisée au début de la colonisation, mais ces

effets n’ont pas été maintenus jusqu'à la récolte. Une perturbation de la synthèse

de l’α-carotène au cours de la première expérience a été observée, ce qui permet

d’ouvrir une nouvelle avenue de recherche sur l’effet des champignons à

arbuscules sur le métabolisme secondaire de la carotte. L’ajout de superphosphate

triple a pour sa part modifié considérablement les différentes concentrations en

molécules nutraceutiques ce qui nous porte à croire que l’effet du champignon

peut être de deux natures différentes, soit directe par la modification du

métabolisme à la suite de l’établissement mycorhizien et à la fois indirecte par une

modification de l’assimilation minérale. Ceci génère une synthèse accrue ou

inférieure de molécules du métabolisme secondaire. D’autres études mettant en

relation différentes combinaisons d’espèces végétales en association avec

différentes espèces de champignons endomycorhiziens soumises à différentes

Page 106: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

88

doses de fertilisant permettraient de mieux comprendre ce phénomène complexe

de l’effet direct des champignons endomycorhizien sur la modification du

métabolisme secondaire de l’hôte végétal.

Page 107: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

89

Conclusion générale

Ce projet de recherche portait sur les effets d’un champignon mycorhizien à

arbuscules, le Glomus irregulare, sur la croissance, l’assimilation des éléments

minéraux et le métabolisme secondaire du basilic et de la carotte. Deux

expériences ont été réalisées pour chacune des plantes. Les principaux objectifs

de la recherche étaient de déterminer si les mycorhizes à arbuscules pouvaient

stimuler la synthèse de molécules du métabolisme secondaire d’intérêt

nutraceutique, de déterminer si cette stimulation était localisée ou systémique et

de déterminer si la stimulation de la synthèse des molécules d’intérêt

nutraceutique était l’effet direct de la mycorhize ou l’effet indirect d’une meilleure

assimilation minérale conférée par celle-ci.

La croissance des plants de basilic mycorhizés à partir de la dose élevée (M2X) a

été inférieure à celle des plants du traitement non inoculé (NM) lors de la première

expérience. Des teneurs significativement plus faibles en calcium, en magnésium

et en zinc ont été observées dans les feuilles de ses mêmes basilics, ce qui

pourrait expliquer en partie l’effet observé sur la croissance. La teneur en

potassium dans les feuilles des basilics de ce même traitement (M2X) a quant à

elle été significativement plus élevée. Lorsque du superphosphate triple a été

ajouté dans le substrat, la mycorhize a permis une stimulation significative de la

croissance des plants de basilic comparativement aux plants non mycorhizés

(expérience 2) avec ajout de superphosphate triple. La teneur significativement

supérieure en phosphore dans les feuilles des plants mycorhizés (P+M1X et

P+M2X) démontre l’effet positif de la mycorhize sur l’assimilation en phosphore du

basilic. L’ajout de superphosphate triple dans le substrat a sans surprise favorisé la

croissance du basilic.

Au cours de la première expérience, la dose M2X d’inoculant mycorhizien a permis

une teneur plus élevée en caroténoïdes totaux, dont la lutéine et le β-carotène.

Page 108: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

90

Cette augmentation des teneurs en caroténoïdes dans les feuilles du basilic

semble être davantage reliée au statut nutritionnel particulier des plants plus petits

qu’à l’effet direct de la mycorhize à arbuscules. L’inoculation par la dose M1X a

significativement fait diminuer la capacité antioxydante des extraits lipophiles des

feuilles de basilic de la première expérience. La mycorhize n’a pas eu d’effet sur la

teneur en composés phénoliques totaux du basilic. L’ajout de superphosphate

triple a significativement augmenté la teneur en composés phénoliques totaux au

cours des deux expériences et la capacité antioxydante de l’extrait liposoluble des

feuilles de basilic de la deuxième expérience. L’ensemble de ces résultats suggère

une fertilisation adaptée à la présence de la mycorhize chez les plantes cultivées

en contenants afin de favoriser les rendements du basilic et la synthèse de

certains composés du métabolisme secondaire.

Pour sa part, la croissance de la carotte a été significativement favorisée par la

mycorhize dans le substrat pauvre en phosphore au cours de la deuxième

expérience. La mycorhize a favorisé l’assimilation du cuivre au cours des deux

expériences, mais a diminué la teneur en calcium dans la racine tubérisée de la

carotte au cours de la seconde expérience.

La mycorhize a fait diminuer significativement la teneur en α-carotène dans les

racines tubérisées de carotte de la première expérience. Comme ce résultat ne

peut pas être expliqué par les contenus en éléments minéraux dans les racines, il

semble avoir été causé par la mycorhize. Ce phénomène n’a pas été observé au

cours de la deuxième expérience sur la carotte. La mycorhize n’a pas eu d’effet sur

le contenu en composés phénoliques et sur les capacités antioxydantes de la

carotte. En revanche, l’ajout de superphosphate triple a significativement permis

d’augmenter la teneur en composés phénoliques totaux, en caroténoïdes totaux et

en β-carotène dans les carottes au cours de la deuxième expérience.

Page 109: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

91

Le champignon Glomus irregulare a permis de modifier la croissance, la nutrition

minérale et le métabolisme secondaire des plantes à l’étude. Son influence sur la

croissance et la nutrition des plantes est plus importante lorsque les teneurs en

éléments minéraux sont faibles dans le substrat. Au cours de cette étude, les

modifications des teneurs en composés du métabolisme secondaire semblent

davantage être l’effet indirect des modifications de l’assimilation minérale causées

par la symbiose. Cependant, le résultat concernant la diminution de l’α-carotène

dans la carotte suppose un effet direct de la mycorhize.

L’ensemble des résultats propose que l’effet de la mycorhize sur le métabolisme

secondaire des plantes peut-être à la fois localisé, mais aussi systémique. Au

cours de ce projet, la voie métabolique des terpénoïdes a été la plus perturbée

suite à la colonisation mycorhizienne des racines. D’autres expériences devraient

être envisagées afin de vérifier les effets des mycorhizes à arbuscules sur la

synthèse de l’α-carotène dans la carotte, mais aussi chez d’autres légumes

racines. Des expériences mettant en relation différentes espèces de mycorhizes à

arbuscules en relation avec plusieurs plantes hôtes devraient être réalisées afin de

déterminer les combinaisons les plus susceptibles de favoriser la stimulation de la

synthèse de composés nutraceutiques. De plus, la fertilisation et les teneurs

initiales en éléments minéraux dans le substrat devraient être des facteurs

essentiels à considérer lors des études sur les symbioses mycorhiziennes.

Page 110: Stimulation de la synthèse des composés nutraceutiques et

92

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93

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Annexe 1

Photos des expériences sur le basilic

Photo 1 : Aspect des plants de la répétion 2 du dispositif lors de la récolte de la première expérience sur le basilic. T = P-NM, P = P+NM, M100 = P-M1X, M200 = P-M2X, MP100 = P+M1X et MP200 = P+M2X.

Photo 2 : Aspect des plants de la répétion 3 du dispositif lors de la récolte de la deuxième expérience sur le basilic. T = P-NM, P = P+NM, M100 = P-M1X, M200 = P-M2X, MP100 = P+M1X et MP200 = P+M2X.

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Annexe 2

Photos des expériences sur la carotte

Photo 3. Effet de l’ajout d’inoculant mycorhizien sur la croissance de la carotte. Photo prise lors de la récolte de la deuxième expérience. L’étiquette T (pot de gauche) représente le traitement témoin P-NM et l’étiquette M200 (pot de droite) représente le traitement P-M (avec mycorhize).

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Photo 4. Différence entre la croissance des plants du traitement P-NM (gauche) et celle des plants du traitement P-M (droite) au cours de la 3ième semaine de croissance de la deuxième expérience sur les carottes.

Photo 5. Différence entre les rendements de carottes non mycorhizées (T=P-NM gauche) et mycorhizées (M200=P-M droite) cultivés en substrat simulant un sol pauvre en phosphore au cours de la récolte de la deuxième expérience.