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COUR DES COMPTES
La sécurité des navires etde leurs équipages :des résultats inégaux, un contrôle
inadapté
� Avertissement
Synthèsedu Rapport public thématique
Cette synthèse est destinée à faciliter la lecture et
l’utilisation du rapport de la Cour des comptes.
Seul le rapport engage la Cour des comptes.
Les réponses des administrations et des organismes
concernés figurent à la suite du rapport.
Décembre 2012
Sommaire
3
Synthèse du R
apport public thématique de la C
our des comptes
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
1 Les contrôles sur le pavillon national : des résultatscontrastés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
2 Les contrôles de l’Etat du port : des résultats
insuffisants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
3 Un dispositif développé depuis 10 ans sans véritablestratégie et sans pilotage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17
4 Une logique de contrôle affaiblie au niveau local . .21
5 Un dispositif de contrôle inadapté à revoir en profon-deur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
Introduction
5
Synthèse du R
apport public thématique de la C
our des comptes
La sécurité des navires est une réalité qui fait partie d’un ensemble de notions voisines
et étroitement liées :
- la sécurité de la navigation maritime repose sur des actions de prévention et des
actions curatives telles que des opérations de sauvetage et de lutte contre la pollution
maritime ;
- la sûreté maritime renvoie à la prévention et à la lutte contre tous les actes illicites
comme le terrorisme ou la malveillance ;
- la sécurité du navire proprement dite concerne à la fois le "flotteur" et ses équipements
ainsi que les questions liées à la formation et aux conditions de vie et de travail de l’équipage.
La politique de sécurité des navires, dans sa partie normative, est désormais largement
négociée et déterminée au niveau international et européen. En revanche, les décisions politiques
et administratives relatives aux dispositifs de contrôle restent du ressort des Etats.
L’évaluation de la Cour, dont rend compte le présent rapport public thématique, a donc
porté sur les performances et la pertinence du dispositif français de contrôle de la sécurité des
navires.
En effet, à la différence d’autres nations maritimes, qui ont délégué la plus grande par-
tie de leurs compétences dans le domaine du contrôle, la France, forte d’une longue tradition
administrative d’encadrement de sa flotte et de ses marins, a conservé une organisation structu-
rée et hiérarchisée du niveau central aux échelons déconcentrés et opérationnels au niveau terri-
torial.
L’action de la France dans ce domaine s’exerce en répondant à trois types de missions :
- celles conduites au titre d'Etat du pavillon à l’égard des navires battant pavillon natio-
nal et soumis au droit français ; les contrôles s’exercent sur une flotte d’environ 18 200 navires
se répartissant entre 5 400 se livrant à des activités de commerce et 12 800 à des activités de
pêche et de conchyliculture ;
- celles accomplies au titre de l'Etat du port à l’égard des navires étrangers faisant escale
en France : environ 6 000 par an au cours des dernières années correspondant à 15 à 16 000
escales ; ce type de contrôle créé par l'accord international dénommé Mémorandum d’entente de
Paris, signé le 26 janvier 1982, est aussi désormais encadré par des directives européennes ;
- celles, enfin, assurées au titre de l’Etat côtier à l’égard des navires en circulation dans
les eaux placées sous la juridiction de l’Etat : 300 000 navires franchissent chaque année la
Manche et fréquentent ainsi notre espace côtier dans cette zone.
6
Synthèse du R
apport public thématique de la C
our des comptes
La démarche adoptée a été, pour l’essentiel, construite :- d’une part, à l’aide des techniques traditionnelles de contrôle de la gestion d’une struc-
ture publique (analyses de textes et de données, questionnaires, tests sur des systèmes d’infor-
mation, visites dans les services, comparaisons internationales, etc. ;
- d’autre part, par la recherche, la plus méthodique possible, de l’avis des principaux
acteurs et parties prenantes du système (contrôleurs, contrôlés et tiers intéressés) sur l’utilité, la
qualité et l’efficacité des contrôles.
L’évaluation, a, en outre, pris appui sur un groupe de quatre experts indépendants.
6
Introduction
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Synthèse du R
apport public thématique de la C
our des comptes
Cour des comptes
1 Les contrôles sur lepavillon national : des résultats contrastés
Le pavillon national englobedeux grandes catégories de flotte pourlesquelles les problématiques de sécu-rité sont différentes et les résultats trèscontrastés : la flotte de commercefrançaise et la flotte de pêche fran-çaise. La flotte de plaisance n’a pas ététraitée dans ce rapport.
La flotte de commerce française ras-semble, au 1er juillet 2012, toutes acti-vités et tonnages confondus, plus de5 400 navires comprenant, outre ceuxà passagers et de charge, des avitail-leurs, plateformes, navires derecherche et d’exploration, câbliers,remorqueurs, yachts utilisés à des finscommerciales, vedettes diverses, dont3 000 petits navires destinés aux ser-vices publics.
Au sein de cette flotte, oncompte 206 navires de plus de 100UMS (Universal MeasurementSystem) de jauge brute affectés auxtransports de navires ou de passagersse répartissant, au 1er juillet 2012,entre trois registres d’immatriculation :le registre international français ouRIF (91 navires), le registre métropoli-tain (75) et les registres d’outre-mer(40). En ajoutant aux 91 navires detransport, les navires de la flotte detravaux et services auxiliaires, 300navires sont immatriculés au RIF.
Cette flotte, de taille réduitecomparée aux flottes marchandes denations voisines européennes, secaractérise par plusieurs facteurs favo-rables à la sécurité des navires et de lanavigation.
Les contrôles sur le pavillon
national : des résultats contrastés
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Synthèsedu R
apport public thématique de la C
our des comptes
Les contrôles sur le pavillon
national : des résultats contrastés
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Avec une moyenne d’âge de8 ans au 1er juillet 2012, la flotte decommerce international française sesitue parmi les plus jeunes, tant au seinde la flotte mondiale (moyenne :16,4 ans) que parmi celles des pays del’Union européenne (moyenne :12 ans). Elle est bien encadrée par unensemble de normes et de conven-tions internationales de plus en plusexigeantes et par le code internationalde gestion pour la sécurité de l’exploi-tation des navires et la prévention de lapollution. En outre, la prochaineentrée en vigueur (août 2013) de laconvention de l’Organisation interna-tionale du travail sur le travail maritimeva renforcer la protection de ses équi-pages. Enfin, les entreprises de trans-port et de services maritimes fran-çaises se sont engagées avec la
« Charte bleue d’Armateurs deFrance », organisation professionnelleles regroupant, à promouvoir la sécu-rité maritime.
La bonne qualité du pavillon de
commerce français, qui résulte de cette
série de facteurs favorables, est d’ailleurs
reconnue tant dans les statistiques four-
nies chaque année par la France à
l’Organisation maritime internationale
que par le classement des pavillons éta-
bli par le secrétariat du Mémorandum de
Paris à partir des données provenant des
inspections effectuées par les Etats dans
sa zone de compétence. Le pavillon
français se situe régulièrement dans les
premières places de la liste blanche qui
regroupe les meilleures flottes.Synthèse du R
apport public thématique de la C
our des comptes
Les contrôles sur le pavillon
national : des résultats contrastés
La flotte de pêche française, à la diffé-rence de la flotte de commerce, notam-
ment celle naviguant à l’international,
est mal suivie et insuffisamment connue
au niveau central.
Faute de mise à jour régulière de la
base de données d’immatriculation des
navires, l’administration centrale des
affaires maritimes est dans l’impossibi-
lité de réconcilier les chiffres recensés
auprès de ses services locaux avec ceux
de l’INSEE et d’expliquer les écarts.
La flotte de pêche française souf-
fre de plusieurs handicaps défavorables
à la sécurité des navires et des équipages.
Elle apparaît d’abord comme une flotte
vieillissante et de plus en plus inadaptée.
La moyenne d’âge des navires de métro-
pole est de 25 ans en 2010 et seuls 30 %
des navires ont moins de 20 ans.
La pression économique et finan-
cière et les contraintes halieutiques
pesant sur les exploitations, qui obligent
à modifier les navires, renforcent l’ina-
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Synthèse du R
apport public thématique de la C
our des comptes
Les contrôles sur le pavillon
national : des résultats contrastés
daptation de la flotte. Les navires sont
moins sûrs et les conditions de travail
dégradées. Le diagnostic a été notam-
ment dressé par un groupe de travail
animé par l’Institut maritime de préven-
tion en 2008.
Il en résulte que le monde de la
pêche maritime est marqué par un nom-
bre proportionnellement élevé de décès
et d’accidents du travail comparé aux
autres secteurs d’activité.
Pour mieux faire face à ce défi par-
ticulier, l’administration des affaires
maritimes devrait s’attacher à renforcer
son rôle dans l’organisation et le pilo-
tage des programmes d’interventions en
matière de sécurité des navires et des
marins à la pêche. En outre, des objec-
tifs de prévention et de réduction des
accidents devraient être clairement
énoncés dans le programme 205 « sécu-
rité et affaires maritimes » de la loi de
finances au même titre que ceux relatifs
aux atteintes à l’environnement.
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Synthèse du R
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our des comptes
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Synthèse du R
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our des comptes
Cour des comptes
2 Les contrôles de l’Etat du port : des résultatsinsuffisants
A la suite du naufrage de l’Erika et
du sinistre qui s’en est suivi, l’Union
européenne, notamment sous l’impul-
sion de la France, a renforcé les
contraintes imposées aux Etats, en par-
ticulier dans le contrôle des navires
étrangers faisant escale dans leurs ports.
Toute une série de directives prises suc-
cessivement sous l’appelation de
paquets dits « Erika I, II et III » ont
notamment abouti à la mise en place le
1er janvier 2011, d’un nouveau régime
de l’Etat du port.
Un système d’information,
dénommé THETIS, est géré et suivi par
l’Agence européenne de la sécurité mari-
time, « interfacé » avec diverses données
concernant la sécurité des navires et ali-
menté par les rapports d’inspection des
contrôleurs des Etats membres. Il per-
met de cibler les navires à contrôler en
priorité en fonction de divers critères de
risques.
Le nouveau régime, comme le pré-
cédent mis en place dans le cadre du
Mémorandum de Paris de 1982, fixe,
pour la France, un nombre global d’ins-
pections qui, en 2011, n’était pas sensi-
blement différent de celui de 2010. En
revanche le nombre d’inspections obli-
gatoires à effectuer augmente sensible-
ment et les tolérances acceptées en
matière de non-respect (ou manque) de
ces inspections obligatoires diminue
aussi significativement.
Or la France, qui ne respectait déjà
pas ses obligations de contrôle obliga-
toire dans le précédent système, court
désormais le risque de sanctions finan-
cières plus fortes en cas de non-réalisa-
tion des nouveaux objectifs qui lui sont
assignés chaque année. En outre, ces
déficiences de notre dispositif de
contrôle de l’Etat du port n’ont pas été
portées à la connaissance du Parlement
dans toute la période de 2005 à 2010. En
effet, était affiché, dans les projets et
rapports annuels de performance, le seul
indicateur du nombre global de
contrôles effectués rapporté au nombre
d’escales, donnant ainsi une vue partielle
et partiale de la performance de notre
système. Les objectifs de contrôle et leur
taux de réalisation doivent figurer dans
leur intégralité dans le rapport annuel de
performance.
Les contrôles de l’Etat du port : desrésultats insuffisants
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Synthèsedu R
apport public thématique de la C
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Synthèse du R
apport public thém
atique de la C
our des comptes
Les contrôles de l’Etat du port : desrésultats insuffisants
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Cour des comptes
3Un dispositif développédepuis 10 ans sans véritable stratégie et sanspilotage
Une absence de stratégie
Après le naufrage de l’Erika, l’ob-
jectif affiché a été de doubler le nombre
d’inspecteurs des centres de sécurité des
navires (CSN). Il a bien été atteint, mais
au prix d’une gestion tâtonnante et
incertaine des recrutements et des effec-
tifs tout au long de la période. L’absence
de ligne directrice dans le plan d’arme-
ment des centres de sécurité des navires
aboutit à une situation actuelle marquée
par la diversité des statuts d’agents rem-
plissant les mêmes fonctions (civils et
militaires), source souvent d’interroga-
tions et parfois de frustrations peu favo-
rables à une évolution sereine, dyna-
mique et efficace du réseau.
La perte progressive de la res-
source et de l’expertise qu’apportaient
les anciens navigants dans les centres,
constitue un handicap pour la qualité
des contrôles que ne peuvent totalement
compenser les recrutements universi-
taires et la montée en puissance du
corps des inspecteurs des affaires mari-
times. De surcroît, les perspectives
d’évolution et de progression dans la
carrière de ces personnels diplômés
vont se réduire progressivement,
compte tenu des forts recrutements du
début des années 2000. Le risque est
grand de voir le dispositif se figer pro-
gressivement si rien n’est entrepris pour
instaurer davantage de mobilité.
Dans les missions de contrôle du
pavillon et notamment des plus petits
navires de la flotte de pêche, certains
centres bénéficient normalement du
renfort d’agents affectés dans des unités
littorales des affaires maritimes
(ULAM). Celles-ci dépendent des délé-
gations à la mer et au littoral (DML) au
sein des nouvelles directions territoires
et de la mer créées lors de la réorganisa-
tion territoriale des services déconcen-
trés de l’Etat. Il s’agit toutefois de forces
d’appoint incertaines et souvent éloi-
gnées des chefs de centre dont elles
Synthèse du R
apport public thém
atique de la C
our des comptes
Un dispositif développé depuis10 ans sans véritable stratégie etsans pilotage
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Synthèsedu R
apport public thématique de la C
our des comptes
dépendent. En outre, partagées entre
leurs missions de surveillance et de
contrôles des pêches, souvent jugées
prioritaires par leur hiérarchie locale, et
leurs tâches d’inspection et de vérifica-
tion de la sécurité des flotteurs, elles
courent le risque d’une perte d’expertise
dans ce dernier domaine chez les plus
jeunes. Pour toutes ces raisons, ce sys-
tème, au demeurant assis sur la base juri-
dique incertaine de conventions, sou-
vent incomplètes et rarement mises à
jour, doit disparaître pour laisser la place
à une réallocation de ressources consti-
tuées d’agents de catégorie B et C au
profit de certains centres de sécurité des
navires.
Un manque de pilo-tage
Construit sans anticipation des
évolutions à venir dans le domaine de la
sécurité maritime, le système souffre
aussi d’un manque de pilotage. Il n’ap-
paraît d’abord pas que l’administration
centrale ait cherché à imposer une doc-
trine et des bonnes pratiques dans les
centres, porteuses d’unité et d’égalité
des contrôles à l’égard des contrôlés sur
l’ensemble du territoire national.
Les lacunes du pilotage central se
découvrent sur le terrain dans la diver-
sité et l’autonomie des centres. Les
modalités de gestion interne des centres,
notamment dans l’organisation du tra-
vail et la répartition des tâches entre ins-
pecteurs, en fournissent une illustration
frappante par la diversité qui règne d’un
centre à l’autre. Cet aspect prend une
dimension encore plus sensible lorsqu’il
s’agit d’établir les règles qui doivent pré-
sider à l’organisation des relations entre
inspecteurs et armateurs dans la durée.
L’administration centrale devrait claire-
ment afficher qu’une rotation régulière
des inspecteurs constitue un facteur
important de qualité.
La difficulté, voire l’incapacité de
la direction des affaires maritimes à
développer et à imposer depuis plu-
sieurs années un système d’information
nationale fiable concernant la flotte sous
pavillon national, constitue un lourd
handicap tant pour le suivi de celle-ci
que pour la vérification d’une bonne
allocation des ressources et des moyens
au sein du dispositif.
Après une succession d’échecs,
une nouvelle application informatique
dite GINA a été déployée dans tous les
centres, pourvoyeurs d’informations à
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Synthèse du R
apport public thém
atique de la C
our des comptes
Un dispositif développé depuis 10 ans sans véritable stratégie
et sans pilotage
partir des contrôles, ainsi que dans les
services déconcentrés de l’administra-
tion des affaires maritimes. Toutefois
son taux d’utilisation est insuffisant. Il
est donc indispensable que l’administra-
tion centrale impose une pratique
homogène et exhaustive de l’outil à tous
les centres. De même, diverses autres
voies d’amélioration de l’application et
de ses performances doivent être
recherchées notamment par une meil-
leure interopérabilité avec d’autres sys-
tèmes détenant des informations utiles
aux contrôles. A cet égard le rapproche-
ment avec la base NAVPRO d’immatri-
culation des navires est fondamental,
sous réserve bien sûr de la fiabilité de
cette base, situation qui reste à atteindre.
En outre, la direction des affaires mari-times et les nouvelles directions interré-gionales de la mer ne disposent pasd’outils de gestions modernes leur per-mettant d’exercer un contrôle de suiviefficace de l’activité des centres et des’assurer de la bonne adéquation deseffectifs à leur charges réelles de travail.La démarche qualité entreprise, qui vientd’aboutir à la certificationNF ISO 9001 : 2008 de la direction desaffaires maritimes pour les procéduresde délivrance des titres de sécurité et deprévention de la pollution, notammentest certes utile, mais elle ne suffit paspour pallier la sérieuse lacune résultantde l’absence de « reporting » des centreset d’un système efficace de contrôle degestion piloté par l’administration cen-trale.
Un dispositif développé depuis10 ans sans véritable stratégie etsans pilotage
Synthèsedu R
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our des comptes
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Synthèse du R
apport public thématique de la C
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Cour des comptes
4 Une logique de contrôleaffaiblie au niveau local
Traditionnellement, le système de
contrôle de la sécurité des navires sous
pavillon national, mis en œuvre par l’ad-
ministration des affaires maritimes, avait
été conçu de façon que puisse être porté
un regard, sinon unique, à tout le moins
conjoint, par des acteurs administratifs
proches sur l’ensemble, navire et équi-
page, qui forme un tout.
Cette approche cohérente et inté-
grée de la sécurité avait déjà été battue
en brèche lors de la disparition des quar-
tiers des affaires maritimes et la création
des directions départementales des
affaires maritimes (DDAM). La récente
réorganisation territoriale de l’Etat et de
ses services déconcentrés est venue
entériner un processus de séparation
dans lequel, désormais, le contrôle de la
sécurité du flotteur et les vérifications
afférentes à la qualité et l’aptitude des
équipages à le conduire dépendent de
services, non seulement différents, mais
placés dans des chaînes hiérarchiques
distinctes.
Le contrôle de la sécurité des
navires en service est réalisé notamment
annuellement à l’occasion de visites
aboutissant à la délivrance ou au renou-
vellement du permis de navigation, spé-
cificité française qui peut prendre un
caractère formel et déresponsabilisant. Il
est conduit par les inspecteurs de la
sécurité des navires et de la prévention
des risques professionnels maritimes
affectés dans les centres de sécurité des
navires placés sous l’autorité organique
des nouveaux directeurs inter-régionaux
de la mer (DIRM). En revanche, le
contrôle et le suivi des équipages, que ce
soit au niveau de la formation des
marins, des décisions d’effectifs et des
rôles d’équipage, pour autant qu’ils don-
nent lieu à des vérifications effectives,
sont assurés par les services des nou-
velles délégations à la mer et au littoral
(DML) rattachés à la chaîne territoriale
des services de l’Etat sous l’autorité des
préfets de département. Ils échappent
ainsi au pilotage direct des directions
Une logique de contrôle affaiblie auniveau local
22
Synthèsedu R
apport public thématique de la C
our des comptes
interrégionales de la mer.
Les inconvénients de cette réorga-
nisation, profondément ressentis par le
monde des gens de mer, sont par ailleurs
loin d’être atténués par les systèmes
d’information, dont le caractère peu fia-
ble et faiblement opérationnel (GINA)
ne facilitent pas la communication entre
des services qui s’éloignent de plus en
plus les uns des autres.
En définitive, le risque est grand
qu’entre d’une part des contrôles des
centres de sécurité des navires sur les
flotteurs, parfois jugés trop administra-
tifs et tatillons par les parties prenantes
interrogées, notamment les navigants, et
d’autre part, des vérifications sur les
équipages exécutées purement sur
pièces, la dimension humaine de la sécu-
rité, pourtant fondamentale, soit peu à
peu délaissée.
23
Synthèse du R
apport public thématique de la C
our des comptes
Cour des comptes
5 Un dispositif de contrôleinadapté à revoir en profondeur
Le dispositif actuel est non seule-
ment inadapté pour répondre aux nou-
veaux enjeux créés par le renforcement
des obligations imposées par l’Union
européenne, mais il souffre d’une mau-
vaise répartition des moyens entre cen-
tres de sécurité des navires au regard de
leurs charges de travail respectives.
En premier lieu, la permanence du
régime d’inspections des navires étran-
gers en escale en fin de semaine et les
jours fériés n’était pas assurée. Cette
lacune était source de nombreux
défauts de contrôles obligatoires depuis
plus de cinq ans et plusieurs années
d’atermoiements administratifs sur la
mise en place d’un système efficace de
permanence n’avaient pas réussi à la
combler. Elle vient, au moins sur le
papier, de recevoir un premier traite-
ment avec la mise en place d’indemnités
journalières pour les interventions effec-
tuées durant ces périodes.
Au-delà de l’absence d’outil de
gestion permettant de suivre l’activité
des centres de sécurité des navires et la
répartition de la charge de travail entre
leurs différentes missions, plusieurs élé-
ments relevés lors de l’enquête conver-
gent pour démontrer l’inadéquate allo-
cation actuelle des ressources humaines
aux centres. L’entrée en vigueur du nou-
veau régime de l’Etat du port vient, de
surcroît, renforcer les risques de distor-
sion entre moyens et activités. Certains
centres, tels St Nazaire, Caen, St Malo et
Brest sont particulièrement touchés par
la baisse de navires éligibles aux
contrôles de l’Etat du port. D’autres tels
Marseille, Le Havre, Dunkerque, Rouen
et La Rochelle voient en revanche leur
activité croître ou se maintenir.
La nécessaire transposition des
dispositions du paquet « Erika III » et
notamment de celles relatives au nou-
veau régime d’inspection de l’Etat du
port dans la réglementation nationale
aurait pu offrir l’opportunité d’une
réforme en profondeur du système et
surtout d’une réorganisation du réseau
des centres de sécurité des navires dans
le sens d’une meilleure adaptation aux
nouveaux enjeux nationaux et euro-
péens. Une telle occasion n’a pas été sai-
sie.
Un dispositif de contrôle inadapté àrevoir en profondeur
24
Synthèsedu R
apport public thématique de la C
our des comptes
En effet, la transposition des
textes du paquet « Erika III » dans la
réglementation nationale offrait la possi-
bilité d’entreprendre une réforme en
profondeur du dispositif. Il s'agissait de
le rendre apte à faire face non seulement
au surcroit de contrôles et d’obligations
réclamé par l’entrée en vigueur du nou-
veau régime de l’Etat du port mais aussi
par celle de la convention dite MLC
(Maritime Labour Convention) 2006
étendant les contrôles aux conditions de
travail des équipages.
Dans les faits, l’administration des
affaires maritimes et ses responsables,
au niveau européen, ont conduit une
action volontariste en faveur du renfor-
cement des contrôles et des mesures de
sécurité, mais ils ont faiblement anticipé
l’impact de ces décisions sur la réforme
de l’organisation qu’elles rendaient
nécessaire. C’est une réforme a minima
du système qui a été entreprise, comme
en témoigne la faible étude d’impact qui
la présente et se contente de proposer,
pour l’essentiel, d’alléger les charges des
centres de sécurité des navires par des
mesures de délégation accrue aux socié-
tés de classification de la délivrance et
du renouvellement des titres de sécurité
des plus gros navires de charge navigant
à l’international et d’espacer les visites
de renouvellement des permis de navi-
gation pour les navires de pêche de
moins de 12 mètres selon des critères de
ciblage définis par arrêté.
L’administration des affaires mari-
times a trop longtemps négligé le pilo-
tage opérationnel des centres de sécurité
des navires, qu'il s'agisse de suivre leur
activité, de répartir de façon adéquate,
quantitativement et qualitativement, les
moyens, et de donner une impulsion
dans le management de leurs moyenshumains.
Le redéploiement des effectifs ou
la réorganisation du réseau et des
méthodes de travail permettant une
meilleur adéquation du dispositif d’en-
semble des centres de sécurité des
navires aux charges réelles de travail n’a
jamais constitué une priorité. Il a man-
qué une volonté forte, politique ou
administrative, dans un environnement
soumis par ailleurs aux rigidités du statut
de la fonction publique, rendues plus
apparentes avec la nouvelle politique de
recrutement suivie à partir du début des
années 2000.
C’est donc à une indispensable
réorganisation du dispositif qu’invite la
Cour au terme de son évaluation fondée
sur deux préalables : la fixation d’objec-
tifs clairs en matière de contrôle du
Un dispositif de contrôle inadapté àrevoir en profondeur
25
Synthèse du R
apport public thém
atique de la C
our des comptes
pavillon, seule variable d’ajustement
compte tenu des obligations incontour-
nables pour les contrôles de l’Etat du
port, et l’amélioration rapide des perfor-
mances du système d’information
GINA qui doit contribuer à la mise en
place d’un contrôle de gestion moderne
permettant de suivre l’activité réelle des
centres.
L’administration des affaires mari-
times devrait alors être en mesure de
procéder aux redéploiements de res-
sources au sein du dispositif existant et,
le cas échéant, à des regroupements de
centres en répondant à deux impératifs
de la politique publique de sécurité des
navires :
- un impératif d’efficience et de
bon emploi des moyens publics avec
l’affectation d’inspecteurs de catégorie B
au lieu d’inspecteurs de catégorie A
chaque fois que la nature de la flotte
administrée, notamment dans le
domaine des plus petits navires de
pêche, le justifie, les agents de catégorie
A devant être affectés uniquement à des
tâches correspondant à leur niveau de
formation et d’expertise ;
- un impératif d’efficacité avec un
redéploiement et une nouvelle organisa-
tion du dispositif qui doivent viser trois
objectifs stratégiques : la permanence et
l’exhaustivité des inspections de l’Etat
du port ; un effort de diminution sensi-
ble des taux d’accidents et des risques
dans le domaine de la pêche ; le réexa-
men de l’architecture du système de
contrôle de la flotte de commerce natio-
nale, notamment celle pratiquant la navi-
gation internationale.
Il conviendrait de se rapprocher
des dispositifs britanniques ou d’autres
nations performantes dans le domaine
de la sécurité maritime, qui, tout en délé-
guant davantage de contrôles de premier
niveau aux sociétés de classification, pri-
vilégient les contrôles et inspections de
second niveau, le cas échéant, inopinés,
tant sur les navires de leur pavillon que
sur les sociétés de classification exerçant
des compétences statutaires.
C’est seulement au prix d’un tel
effort de rationalisation et de moderni-
sation que l’administration peut redon-
ner cohérence et pertinence au disposi-
tif national de contrôle de la sécurité des
navires.
Un dispositif de contrôle inadaptéà revoir en profondeur
Synthèsedu R
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Conclusion
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Synthèse du R
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Partie du constat que les résultats obtenus par le système national de contrôle de la sécurité
des navires, qu’ils battent pavillon national ou naviguent sous pavillons étrangers et fré-
quentent les eaux territoriales et les ports français, ne sont pas à la hauteur des enjeux
actuels, la Cour parvient, au terme de son évaluation, à la conclusion que le dispositif existant n’est
plus adapté aux priorités de la sécurité maritime de la France.
Les performances insuffisantes du dispositif mettent en cause la pertinence de son organisa-
tion.
Les risques d’accidents, que courent les marins-pêcheurs français du fait des conditions
actuelles de transformation ou de construction des navires et de leur exploitation, ou les risques envi-
ronnementaux qui pèsent sur nos côtes lorsque sont mal remplies nos obligations européennes, ne
sont pas suffisamment pris en compte par ce dispositif.
Conçu dans un contexte de crise et dans l’urgence des mesures à prendre pour satisfaire l’opi-
nion publique et la représentation nationale, à juste titre choquées par les conséquences de graves
sinistres maritimes sur notre environnement côtier, le réseau d’inspections et de contrôles s’est déve-
loppé, depuis plus d’une décennie, sans stratégie ni ligne directrice anticipant l’avenir. Il est dès lors
aujourd’hui figé, tant dans ses implantations géographiques que dans les perspectives d’avenir
offertes à ses plus jeunes agents civils.
La faiblesse, pour ne pas dire l’absence de tout pilotage des centres de sécurité des navires par
l’administration centrale et ses services déconcentrés, se traduisent aussi par l’impossibilité de dispo-
ser avec précision des données et statistiques indispensables pour connaître les flottes administrées,
mesurer ses véritables performances et apprécier l’adéquation de ses moyens à ses missions.
Dans un contexte de grandes tensions budgétaires c’est à une profonde réforme et à une réor-
ganisation du système, à moyens constants, qu’appelle la Cour.
Elle doit s’inspirer des réalisations de pays maritimes étrangers comparables qui ont réussi à
alléger et réorienter leurs dispositifs de contrôles sur leur pavillon national, sans dégrader la qua-
lité de leur flotte notamment celle naviguant à l’international, souvent en croissance comparée à celle
de la France. Elle doit, en revanche, chercher à concevoir un dispositif littoral permettant de mieux
cibler et traiter les secteurs à risques et les enjeux financiers et humains prioritaires.
C’est à la réalisation de cet objectif pour les cinq ans à venir que la Cour invite les pouvoirs
publics et en particulier l’administration des affaires maritimes à s’atteler dès maintenant.
Recommandations
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Synthèsedu R
apport public thématique de la C
our des comptes
1) Améliorer le pilotage stratégiquede la politique de sécurité desnavires sous pavillon français en :
- mettant à jour la base de donnéesd’immatriculation des navires (NAV-PRO) pour disposer d’une source sta-tistique unique et fiable rendantcompte avec précision de la réalité desflottes de commerce et de pêche ;- rassemblant dans un documentunique les données concernant lasécurité et les accidents dans le secteurde la pêche ;- fixant quelques objectifs et indica-teurs à afficher dans le programme205 de la loi de finances et dans unplan stratégique pluriannuel et des rap-ports d’activité de la direction desaffaires maritimes permettant de défi-nir et suivre une politique d’améliora-tion de la performance dans ce secteur(baisse des accidents dans le secteur dela pêche).
2) Fixer dans le programme de laloi de finances traitant de la sécu-rité et la sûreté maritime un (oudes) objectif(s) et indicateur(s)pertinent(s) permettant de rendrecompte des résultats et perfor-mances de notre système decontrôle des navires étrangers dansle cadre de nos obligations euro-péennes au titre de l’État du port.
3) Définir pour les 10 ans à venirune politique de ressourceshumaines cohérente avec les objec-tifs stratégiques de la politique desécurité des navires en :
- homogénéisant les statuts et modali-tés de gestion des inspecteurs de lasécurité des navires et de la préventiondes risques professionnels maritimes ;- supprimant la mission de contrôle dela sécurité des navires dans les déléga-tions à la mer et au littoral et dans lesunités littorales des affaires maritimespour ne la confier qu’aux seuls centresde sécurité des navires à renforcer enagents de catégorie B correspondantmieux à la nature de leurs missions surune grande partie de la flotte de pêche.
4) Améliorer et fiabiliser les basesde données et systèmes d’informa-tion gérés par l’administration desaffaires maritimes pour renforcer laqualité et l’efficacité des contrôlesen :
- imposant l’enregistrement des don-nées en mode complet dans GINAdans tous les centres puis en dévelop-pant de nouvelles fonctionnalités per-mettant le suivi régulier de l’activité decontrôle du pavillon ;
Recommandations
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apport public thém
atique de la C
our des comptes
- développant l’interopérabilité entreles systèmes existants (suivi desnavires, des marins, des évènements demer et des inspections de l’État duport sur les navires français).
5) Renforcer le rôle moteur desdirections interrégionales de la merdans la nouvelle organisationadministrative relative à la sécuritémaritime en :
- les dotant de contrats d’objectifs etde lettres de mission formulant desobjectifs et des indicateurs de perfor-mance cohérents avec ceux définis auniveau national ;- veillant à ce que chacune d’entre ellessoit dotée d’un projet de service défi-nissant des stratégies de zone dansleurs missions de contrôle de la sécu-rité applicable tant aux centres desécurité des navires qu’aux délégationsà la mer et au littoral de leur ressort ;
- incitant les délégations à la mer et aulittoral, services départementaux deproximité, à effectuer des visites surplace et à développer des actions decontact auprès des armateurs etmarins à l’occasion des procédures devisa des décisions d’effectifs et decontrôle et suivi des rôles d’équipage.
6) Procéder à la réorganisation duréseau des centres et aux réalloca-tions de moyens permettant unemeilleure adéquation du dispositifaux charges réelles et prioritésrésultant des enjeux européens(État du port) et nationaux (sec-teur de la pêche) en :
- dotant la direction des affaires mari-times et les directions interrégionalesde la mer d’un outil permettant lerecueil d’informations précises sur leuractivité par nature de missions ;- mettant en place un système de« reporting » centralisé alimentant unsystème de contrôle de gestionmoderne et performant.