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concentration de la nouvelle molecule appliquee par vole locale. II n'a pas ere demontre d'effets toxiques ni de modifica- tions histologiques apres I'appli- cation de ce produit. Mais ces experimentations ne concernent encore que I'animal et des etudes compl6mentaires devront 6tre realisees avant qu'on puisse tes- ter une molecule similaire chez I'humain, en determinant la poso- Iogie apte & inhiber efficace- ment I'entre du SIV dans les CD 4. N6anmoins, une nouveau mode de prevention de la trans- mission sexuelle du VIH est desormais envisageable. M. Lederman, R. Veazey, Science 306 (15/10/04) 485-487 Cellules souches medullaires et cancer gastrique L'importance des processus inflammatoires dans la gen6se de certains cancers d'etiologie infec- tieuse est maintenant bien etablie. I'une des pathologies de refe- rence est le cancer gastrique. On salt en effet que la bact@ie Helicobacter pylori est A I'origine d'une infection persistante, chro- nique, des tissus gastriques, res- ponsable d'une inflammation qui peut 6tre ~t I'origine d'ulc~res et eventuellement de cancers. Selon les modules les plus couramment admis, les lesions dues au pro- cessus inflammatoire stimulent la proliferation de cellules souches de I'@ithelium gastrique qui assu- rent la reparation des tissus leses. Cette proliferation peut acciden- tellement s'accompagner d'alte- rations genetiques ~ I'origine des tumeurs. Le travail remarquable de plu- sieurs equipes am6ricaines, coor- donnees par le Dr Thimothy Wang, remet profondement en cause cette vision du processus tumoral. Cette etude s'interesse au r61ede certaines cellules souches de la moelle osseuse dans la gen~se des cancers gastriques. Le sys- t~me experimental qui a ete utilise est un mod61e murin d'adenocar- cinome gastrique induit par H. pylorL Les cellules souches de la moelle ont ~t~ detruites par irra- diation, puis remplacees par des cellules souches marquees avec une enzyme bact@ienne dont la presence est facilement detec- table :la 13-galactosidase. Cet artifice permet de suivre le depla- cement des cellules de la moelle implantee dans I'organisme rece- veur, Les souris ainsi traitees ont ete infectees par H. pylor~ et ont deve- Iopp~ un cancer gastrique. I 'ana- lyse des tissus tumoraux apporte un r6sultat surprenant. En effet, les cellules tumorales ne d@ivent pas de I'@ithelium gastrique de la souris receveuse : elles provien- nent des cellules souches de la moelle qui a ~te implantee ] En fait, on savait que certaines cel- lules souches issues de la moelle osseuse peuvent ~tre recrutees dans les sites inflammatoires, o~ elles participent probablement ~. la restauration des tissus. On ne savait pas en revanche qu'elles pouvaient 6tre A I'origine de cancers. Cette observation a de nom- breuses implications. I'une des plus evidentes est une reevalua- tion precise des risques biolo- giques potentiellement attri- buables & I'utilisation thera- peutique des cellules souches. Ce type d'application conceme en particulier la restauration des fonctions cardiaque, c@6brale ou visuelle.,. II semble par ailleurs que cette d6couverte justifie une reanalyse plus g6n@ale du r61e des cellules souches issues de la moelle dans I'ensemble des pathologies tumorales, ce qui pourrait avoir des consequences tant sur le diagnostic que sur les approches therapeutiques ~t mettre en jeu. J.-M. Houghton et aL, Science 306 (26/I 1/04) 1568-1571 Tabagisme " traiter la dependance M Le tabagisme est une cause importante de mortalite clans le monde. Les politiques de sant~ publique de lutte contre le taba- gisme se sont doric d6velopp~es ces derni6res ann~es, ainsi que la recherche de traitement de sou- tien et d'aide au sevrage taba- gique. Une avancee importante vient d'etre publiee par une equipe am@icaine, qui a individualise le recepteur cer6bral implique darts le ph~nom~ne de dependance nicotinique au tabac. Une mole- cule ageniste de ce recepteur per- mettrait d'eviter les sympt6mes de manque chez les sujets d~pem dants de la nicotine. La dependance decoule en fait de la liaison de la nicotine aux recep- teurs neuronaux habituellement actives par I'acetylcholine clans le syst~me nerveux central. Cette liaison provoque une importante liberation de dopamine, respon- sable de la sensation de plaisir. Les r6cepteurs nicotiniques sont des canaux ioniques form,s de plusieurs sous-unites distinctes. IZune de ces sous-unites, I'alpha 4, semble determinante darts le developpement du phenom~ne d'addiction. Des exp@iences sur la souris por- teuse d'un g~ne alpha 4 modifie par manipulation g~netique a permis de rendre I'animal hyper- sensible au niveau de ce recep- teur :il presente une activation selective du r~cepteur alpha 4 m6me pour de tr6s faibles doses de nicotine. IJactivation de ce r~cepteur est suffisante pour provoquer des comportements de dependance. II ne reste donc plus qu'~ trouver un inhibiteur speci- fique de ce recepteur afin de faci- liter le sevrage tabagique, p@iode encore difficile pour la majorite des fumeurs. A. Tapper,S. McKinney, Science 306 (05/11/04) 1029-1032 Revue Frangaise des Laboratoires, janvier 2005, N ° 369 15

Tabagisme : Traiter la dépendance

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concentration de la nouvelle molecule appliquee par vole locale. II n'a pas ere demontre d'effets toxiques ni de modifica- tions histologiques apres I'appli- cation de ce produit. Mais ces experimentations ne concernent encore que I'animal et des etudes compl6mentaires devront 6tre realisees avant qu'on puisse tes- ter une molecule similaire chez I'humain, en determinant la poso- Iogie apte & inhiber efficace- ment I'entre du SIV dans les CD 4. N6anmoins, une nouveau mode de prevention de la trans- mission sexuelle du VIH est

desormais envisageable.

M. Lederman, R. Veazey, Science 306 (15/10/04)

485-487

Cellules souches medullaires et cancer gastrique • L'importance des processus inflammatoires dans la gen6se de certains cancers d'etiologie infec- tieuse est maintenant bien etablie. I'une des pathologies de refe- rence est le cancer gastrique. On salt en effet que la bact@ie Helicobacter pylori est A I'origine d'une infection persistante, chro- nique, des tissus gastriques, res- ponsable d'une inflammation qui peut 6tre ~t I'origine d'ulc~res et eventuellement de cancers. Selon les modules les plus couramment admis, les lesions dues au pro- cessus inflammatoire stimulent la proliferation de cellules souches de I'@ithelium gastrique qui assu- rent la reparation des tissus leses. Cette proliferation peut acciden- tellement s'accompagner d'alte- rations genetiques ~ I'origine des tumeurs. Le travail remarquable de plu- sieurs equipes am6ricaines, coor- donnees par le Dr Thimothy Wang, remet profondement en cause cette vision du processus tumoral. Cette etude s'interesse au r61e de certaines cellules souches de la moelle osseuse dans la gen~se des cancers gastriques. Le sys- t~me experimental qui a ete utilise est un mod61e murin d'adenocar- cinome gastrique induit par

H. pylorL Les cellules souches de la moelle ont ~t~ detruites par irra- diation, puis remplacees par des cellules souches marquees avec une enzyme bact@ienne dont la presence est facilement detec- table : l a 13-galactosidase. Cet artifice permet de suivre le depla- cement des cellules de la moelle implantee dans I'organisme rece- veur, Les souris ainsi traitees ont ete infectees par H. pylor~ et ont deve- Iopp~ un cancer gastrique. I 'ana- lyse des tissus tumoraux apporte un r6sultat surprenant. En effet, les cellules tumorales ne d@ivent pas de I'@ithelium gastrique de la souris receveuse : elles provien- nent des cellules souches de la moelle qui a ~te implantee ] En fait, on savait que certaines cel- lules souches issues de la moelle osseuse peuvent ~tre recrutees dans les sites inflammatoires, o~ elles participent probablement ~. la restauration des tissus. On ne savait pas en revanche qu'elles pouvaient 6tre A I'origine de cancers. Cette observation a de nom- breuses implications. I'une des plus evidentes est une reevalua- tion precise des risques biolo- giques potentiellement attri- buables & I'utilisation thera- peutique des cellules souches. Ce type d'application conceme en

particulier la restauration des fonctions cardiaque, c@6brale ou visuelle.,. II semble par ailleurs que cette d6couverte justifie une reanalyse plus g6n@ale du r61e des cellules souches issues de la moelle dans I'ensemble des pathologies tumorales, ce qui pourrait avoir des consequences tant sur le diagnostic que sur les approches therapeutiques ~t mettre en jeu.

J.-M. Houghton et aL, Science 306 (26/I 1/04)

1568-1571

Tabagisme " traiter la dependance M Le tabagisme est une cause importante de mortalite clans le monde. Les politiques de sant~ publique de lutte contre le taba- gisme se sont doric d6velopp~es ces derni6res ann~es, ainsi que la recherche de traitement de sou- tien et d'aide au sevrage taba- gique. Une avancee importante vient d'etre publiee par une equipe am@icaine, qui a individualise le recepteur cer6bral implique darts le ph~nom~ne de dependance nicotinique au tabac. Une mole- cule ageniste de ce recepteur per-

mettrait d'eviter les sympt6mes de manque chez les sujets d~pem dants de la nicotine. La dependance decoule en fait de la liaison de la nicotine aux recep- teurs neuronaux habituellement actives par I'acetylcholine clans le syst~me nerveux central. Cette liaison provoque une importante liberation de dopamine, respon- sable de la sensation de plaisir. Les r6cepteurs nicotiniques sont des canaux ioniques form,s de plusieurs sous-unites distinctes. IZune de ces sous-unites, I'alpha 4, semble determinante darts le developpement du phenom~ne d'addiction. Des exp@iences sur la souris por- teuse d'un g~ne alpha 4 modifie par manipulation g~netique a permis de rendre I'animal hyper- sensible au niveau de ce recep- teur : i l presente une activation selective du r~cepteur alpha 4 m6me pour de tr6s faibles doses de nicotine. IJactivation de ce r~cepteur est suffisante pour provoquer des comportements de dependance. II ne reste donc plus qu'~ trouver un inhibiteur speci- fique de ce recepteur afin de faci- liter le sevrage tabagique, p@iode encore difficile pour la majorite des fumeurs.

A. Tapper, S. McKinney, Science 306 (05/11/04)

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Revue Frangaise des Laboratoires, janvier 2005, N ° 369 15