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Sous l a Loupe: PORSCHE DESI GN S U I SS E JOURNAL SUISSE DHORLOGERIE PAGES SPECIALES N O 106 - JUILLET - AOUT 2010 / 7 EURO / 12 FS / CAN$ 9,50

TàG Press +41 pour Heure Suisse N° 106

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La participation de l'agence de presse TàG Press +41 au Numéro 106 du magazine horloger Heure Suisse. Marques citées. VicenTerra, Bell & Ross, Armand Nicolet, Agenhor, Musée Horlogerie de Genève, Musée Invisible, Vacheron Constantin, Fondation Barbier Muller, John Arnold, JSH Archives, Journal Suisse de l'Horlogerie

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Sous la Loupe: PORSCHE DESIGN

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JOURNAL SUISSE

D’HORLOGERIEPAGES SPECIALES

NO106 - JUILLET - AOUT 2010 / 7 EURO / 12 FS / CAN$ 9,50

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C roisé au détour d’une escale àBaselworld, le constructeur VincentPlomb, à l’heure des confidences

sur fond de brouhaha festivalier, lève le

voile sur sa première création. Tournisde planètes… La formule en souscriptionn’est pas nouvelle. Elle permet, dans uneaventure entrepreneuriale naissante, laprise mesurée de risque . F in 2009,Laurent Favre a prévendu 24 exemplai-res de sa Phoenix 10.1 Quantième àGrand Affichage Rotatif pour relancerA . Favre & Fils, une raison sociale d’avan t l ’e x istence de Favre-Leuba .Ainsi circule ces jours une souscriptionportant sur les 100 premières GMT-3VicenTerra. Dans le registre nirvanacomplicationnel, ce tonneau d’esthèterecèle un cœur issu d’un ETA 2892(automatique), le calibre REA-GMT-3,auquel s’ajoute un disque jour-nuit poséau zénith (12 h), un indicateur d’enso-leillement – aube à 6 h, coucher à 8 h –cédant la nuit à un ciel étoilé saupoudré

de diams. Une date rétrograde squattel’index 2 h, tandis qu’un globe terrestreminiature (Ø 6,5 mm), posé à 5 h, tournesur lui-même en vingt-quatre heures.Profond et poétique, ce concentré detemps planétaire ne laissera pas indiffé-rent celui qui chine hors des sentiersbattus. ! JAG / TàG Press +41

Pour tout renseignement:Vincent Plomb, tél. +41 (0)78 808 92 88,mail: realis.vp@ vtxnet.ch

BELL & ROSS: ÉLOGE DE LA SIMPLICITÉ

«J e crois que les gens aiment lamarque parce qu’elle proposedes montres simples, fonction-

nelles, lisibles et robustes, dont le designépuré est en même temps très moderne.»Roberto Passariello, le directeur de lacommunication de Bell & Ross, a raison:c’est effectivement les éléments qui fontla force de cette (encore) jeune marquefranco-suisse. A tel point que sa collec-tion la plus célèbre, Instrument, a étél’une des plus copiées ces dernièresannées. Parmi les grands crus du millé-sime 2010 présenté à Bâle, on a dégustéavec plaisir la BR01-92 Radar, dont l’ef-fet est garanti, la BR03-92 MilitaryCeramic, teintée de vert militaire, et enfinla Vintage BR Carbon, expression parfaite

de la sobriété horlogère contemporaine.Une réussite stylistique encore rehausséepar l’utilisation de la couleur sable pourla finition des aiguilles, index et chiffres,sans oublier celle du bracelet en cuirnaturel qui lui fait écho. La Vintage 2010ex iste en version c lassique (heures,minut es e t seconde indépendan t e , mouvement automat ique ETA 2895, 2700 francs) ou chronographe deuxcompteurs (mouvement automatique ETA2894, 4200 francs). ! THB

Le style vintage selon Bell & Ross: une vraie réussite.

VICENTERRA: LA GMT-3 ET SES COMPLICATIONS PLANÉTAIRES

Vincent Plomb a trouvé une manière originale de réaliserson projet en lançant une souscription.

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RE ARMAND NICOLET ET SA L08:

UNE ACCESSIBLE INTEMPORELLE Sans être originale, l’histoire de la marque Armand Nicolet reste de celles qui

plaisent aux amoureux d’une horlogerie d’épure, vraie, riche en valeurs historiques mais n’hésitant pas à se réclamerde potentiels à venir… Par Joël A. Grandjean / TàG Press +41

Il était une fois un entrepreneur, férude montres, connaisseur et actif dansla branche deux décennies durant. Il

rencontre, en 1987, Willy Nicolet, filsd’Armand Nicolet, un horloger d’entre lesdeux siècles passés ayant sévi àTramelan, haut lieu d’une horlogerie historique florissante. L’ancienne manu-facture revivra, sera restaurée et resterahabitée par les signes distinctifs de sonfondateur, tout en s’ouvrant aux marchésactuels. Armand Nicolet, fils d’horloger, entredonc en horlogerie comme on entraitautrefois dans les ordres. Vocation etpassion. A la fin du XIXe siècle, au sortir de son apprentissage, il ouvreson premier atelier d’horlogerie. Et,en 1902, s’illustre dans l’univers de

la montre de poche soignée, titillant parfois celui des complications telles queles répétitions minutes, quarts ou heures,les calendriers perpétuels… Encore prisépar les collectionneurs, au détour d’un catalogue de ventes aux enchères oud’une transmission d’héritage, ce nom estégalement synonyme, durant les fifties,de la production, à Tramelan, de lapresque totalité des calibres Venus.Rappelons que cette ville était, à l’époque, le troisième pôle horloger deSuisse, avec la concentration de 800 horlogers et 105 fabriques. Les montres ont-elle une âme? C’est la

question que pose la L08,sur le mode de l’édition

limitée en multiplesde 150 (50 pour laversion sertie). Pourla boîte, ronde et

classique, la noblessed’un acier efficace cède

parfois, pour la lunette, àl’or rose ou aux diamants.

Le fameux guilloché ducadran en relief, devenusigne reconnaissabledu style ArmandNicolet, s’entrouvresur des détails triésd’un calibre vintage18 000 alternances

par heure, le AN0711A,concentré de nouvelles

technologies saupoudré des composantsdu calibre UT 600 de 1957, retrouvésdans les combles et les tiroirs de la maisonoriginelle. Ce moteur à remontagemanuel, dont il ne reste par définitionqu’un nombre limité d’exemplaires, sedistingue par son épaisseur réduite. Oh,pas celle d’une extraplate, mais déjà avecl’élégance des discrètes qui en jettentsans chercher à s’imposer. Tenu en laisse par un bracelet cuir de crocodile, le temps servi par cetteréincarnation des valeurs originelles del’horlogerie se devait de s’entourer d’attentions subtiles: décorations Côtes deGenève, rhodium perlé, index appliqués àla main, étanchéité à 5 atmosphères etréserve de marche de 36 heures. !

Armand Nicolet, qui ouvrit son premier atelier d’horlogerie à la fin du XIXe siècle.

Des premières montres de poche auxgarde-temps d’aujourd’hui, la traditionde la belle horlogerie classique perdure.

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LE LE BÂTIMENT MODÈLED’AGENHOR: UNE SACRÉE COMPLICATION

Tandis qu’un vent de bonne conscience environnementale souffle surl’horlogerie, certains ont une longueur d’avance. Jean-Marc Wiederrecht s’illustre en dehors du cadre des complications horlogères. Par Joël A. Grandjean / TàG Press +41

L’ éthique environnementaleoccupe la pensée ambiante,même dans le monde du luxe. Nombre de marques

exploitent le filon sur le plan de leur communication, brandissantleurs louables efforts. Ici un label Minergie, là une visite demanufacture où s’énumèrent, à force de détails techniques, lesavancées significatives, les récupérations et économies d’éner-gie réalisées. Jean-Marc Wiederrecht, principalement connu en horlogerie pour être un maître ès complications, devient aussi,dans le monde de la construction architecturale, une référencecitée.

LE W-ZÉRO CO , NOUVELLE NORME? Avoir de la suite dans lesidées. Le Chaux-de-Fonnier d’origine est depuis longtemps sensible au respect de l’environnement. L’histoire commence parle sujet du master de son fils Nicolas, au sortir de sa formationuniversitaire HEC. L’élève planche sur les solutions qui permet-traient à Agenhor – Atelier genevois d’horlogerie, l’entreprisefamiliale qu’il s’apprête à rejoindre, de réussir sa mue. Car àBernex, où elle est domiciliée, et même avec la volonté de resterune société à taille humaine, tout est devenu trop petit. Tous lesscénarios sont envisagés. Déménager, louer, réaménager?…

Finalement, un budget «construction»est arrêté. La chance veut qu’un

terrain à bâtir se présente à Meyrin. C’est alors que les chosesse compliquent. Papa Wiederrecht ressasse depuis toujours lerêve utopique de bâtir une usine qui n’ait aucun impact sur l’environnement. Zéro émission de CO2, rien de moins. Il vasans dire qu’un tel leitmotiv engendre des contraintes et écarted’emblée les options architecturales. Le nouveau bâtiment et seshabitants devront donc produire au moins autant d’énergiequ’ils en consomment. Qui dit «au moins» sous-entend mêmequ’ils pourraient en produire plus que nécessaire! Naîtrait alorsune nouvelle notion, celle des «charges négatives». Autrementdit, un bâtiment qui pourrait même reverser de l’énergie à lacommunauté. Longuement ruminée par Jean-Marc Wiederrecht, l’idée est,selon lui, une question de bon sens: construire des dalles supérieures de plus grande taille que le bâtiment, comme des«casquettes», doit permettre, en hiver, de faire pénétrer le soleilpar les surfaces vitrées, apportant sa contribution au chauffageintérieur. Ces mêmes dalles, en été, pourraient «briser lesrayons», les empêchant de taper sur les façades. Autre contrainterevendiquée: se passer d’énergie fossile. Ni pétrole ni gaz. Reste

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A Meyrin (GE), le bâtiment d’Agenhor se veut un modèle du genre:le développement durable appliqué à l’architecture

et au fonctionnement de tous les services.

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la pompe à chaleur, puisant les caloriesdans le sol. Deux puits de 140 m de profondeur sont creusés. A ce niveausouterrain, la température est constante,à 12° C environ. Un fluide caloporteur(de l’eau et de l’alcool pour faire simple)transporte les calories supplémentaires(l’hiver, l’air est plus frais) et les stockeau sortir d’un processus mêlant dilatationet pression, jusqu’à obtenir une eau à 30° C, laquelle infiltrera alors la tuyau-terie du chauffage au sol.

SOLAIRE ET SOIN DU DÉTAIL Si extraire etfaire circuler ce liquide requiert tout demême une certaine consommation d’électricité, celle-ci est quatre à cinq foisinférieure aux besoins normaux. Là où100 unités électriques auraient été nécessaires, seules 20 suffiront. La prochaine étape, autre phase d’investis-sement, sera l’installation de panneauxsolaires. Les prévisions sont mesurables:avec 200 m2 de panneaux, on répondraaux 30 000 kWh nécessaires au fonc-tionnement de l’ensemble du bâtiment,ordinateurs, éclairages et machines com-pris. Comme dans l’horlogerie, tout est dans ledétail, le «mieux que nécessaire» ou leréglage. Ici, l’isolation entoure même le

sous-sol. La masse des dalles en béton aété augmentée, rendant optimales leurinertie et leur capacité de réfraction.Tantôt restituent-elles la chaleur, tantôtla fraîcheur. L’été, un ingénieux systèmed’aération permet à l’air frais nocturne decirculer, toutes fenêtres ouvertes et, lejour venu, de rester prisonnier des volumes. L’effet thermos! Les fameuses«casquettes» protègent les vitres closes ethermétiques du soleil tapant.

Les horlogers, épargnés par une lumino-sité trop directe, ont été placés au nord,les services administratifs au sud. Entredeux, le passage doit son éclairage à un«solar dôme» posé sur le toit: ses ramifi-cations réfléchissantes en forme deconduits transportent une lumière totalement exempte de consommationélectrique. Le reste des luminaires, à trèsbasse consommation, se règle en fonc-tion de la luminosité. Jean-Marc Wiederrecht ne voulait pas declimatisation; il voulait pouvoir ouvrirles fenêtres, pour entendre l’eau couler – une marre a été creusée – et les oiseauxchanter. Utopique? Grâce à son usinelaboratoire, à son écobilan positif et aux«charges négatives», il démontre que lerespect de l’environnement est un modèleéconomique viable. D’ailleurs, son bâtiment pourrait même lui rapporter del’argent, puisque les SIG, fournisseurofficiel genevois d’électricité, rachètent àbon prix tout surplus d’énergie renouve-lable produit par des particuliers… !

Jean-Marc Wiederrecht s’illustre non seulement pour ses mouvements d’exception mais aussi pour

sa démarche écologique.

LA FABRIQUE AGENHOR EN QUELQUES LIGNES– ARCHITECTE: VINCENT ROESTI – CÔTÉ MATÉRIAUX, LA SIMPLICITÉ: LE BÉTON ET BEAUCOUP D’ISOLANTS– TROIS NIVEAUX (SOUS-SOL, REZ-DE-CHAUSSÉE, 1ER ÉTAGE)

POUR ENVIRON 450 M2 ET 4000 M3

- APRÈS L’HIVER RIGOUREUX 2009-2010, LA CONSOMMATION DE LA PREMIÈRE ANNÉE EST DE 30 000 KWH. !

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«LE MUSÉE INVISIBLE» ET SES ŒUVRES MANQUANTESRaconter dans un livre la plupart des affaires de vols de tableaux oud’œuvres d’art: voici une «belle balade dans la nature» qui débouchesur ce livre de Nathaniel Herzberg, Le musée invisible. Les chefs-d’œuvre volés (Editions du Toucan, 208 pages). L’auteur, journaliste au

Monde, s’est visiblement inspiré d’un autre bouquin, antérieur, celui deSimon Houpt, nommé Tableaux Volés (Editions Bachès). Mais qu’importe les connivences littéraires, l’un comme l’autre font preuved’un oubli de taille! Même s’ils racontent les cambriolages commis en2008 à la Fondation Bührle de Zurich ou ceux qui ont démuni laFondation Neumann de Gingins en 2004, pas de trace du casse de laroute de Malagnou, à Genève, là où était sis le Musée de l’horlogerieet de l’émaillerie, autre espace patrimonial devenu invisible depuis. !

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MUSÉES PILLÉS, MUSÉES OUBLIÉS…Par Joël A. Grandjean | [email protected]

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GENÈVE… MUSÉE RAYÉ DE LA CARTE?Le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie aurait-il été rayé de la carte?C’est l’histoire d’un musée devenu invisible pour avoir trop longtempsété fermé suite à un casse mémorable. Difficile à gober! Si c’était vrai,la foule serait descendue dans la rue, les citoyens auraient hurlé au

scandale, les marques horlogères, avec leurs grands moyens, auraientredressé la barre. Tous auraient houspillé le conseiller administratif qui,avouant sa bévue, aurait présenté ses plus plates excuses aux grandshorlogers disparus, à la mémoire des ouvriers suant et trimant durantdes siècles, aux huguenots accueillis par Genève, ainsi qu’aux 18 000œuvres en déshérence. La Julie (Tribune de Genève) en aurait faitquelques manchettes, quitte à mettre de l’huile sur le feu. Hélas… encreusant un peu, la réalité est crue: ce musée n’a plus d’entité propre.Son titre de «filiale du Musée d’art et d’histoire (MAH)», obtenu entre1969 et 1972, a simplement été biffé. Avalé par le MAH! Tout a étéhabilement enrubanné dans une communication officielle qui cite les«nouveaux horizons» et parle d’intégration. Aucun PV de séance neparle de rature. Les mots sont si anodins et si innocents qu’il valaitmieux ne pas les laisser traîner dans un PV de séance. En filigrane, unmessage clair: on veut bien que l’horlogerie soit industrie, économie,mais de là à la considérer comme une culture… D’accord, elle est aussiart et histoire! Elle a juste quelque chose de plus: c’est qu’elle appar-tient à Genève et à la Suisse plus généralement, comme la grappa àBassano del Grappa, Henry Ford à Detroit, la porcelaine à Limoges…Finalement, Genève est plus traumatisée par ses richesses que par lepillage de celles-ci. Une capitale mondiale de la haute horlogerie? Oui,sans musée horloger public, tout au plus disposant d’un vague dépar-tement du genre… Ce n’est pas une blague. !

Lire également le billet sur www.horlogerie-suisse.com

VACHERON CONSTANTIN ET BAR BIER-MUELLER: L’HUMAIN AU CENTREA l’heure où un grand nombre de marques horlogères ou d’ailleurss’engouffrent sur le terrain de la planète en danger et des désastreu-ses conséquences y relatives pour les animaux et les environnements,Vacheron Constantin s’embarque dans une aventure qui s’intéresseaux êtres humains. Décalage? Son soutien va au collectionneur gene-vois Jean Paul Barbier-Mueller, créateur d’une fondation pour étudierles ethnies et les microcultures en voie de disparition. L’occasion rêvée pour l’enseigne horlogère de poursuivre sa «Patrimony Story» etd’aller à contre-courant. L’intérêt dela démarche vient du fait qu’elleémane d’un éminent amasseur dutangible – trésors archéologiquesretrouvés, statues ou écrits dénichés(musées à Genève et Barcelone,bientôt à Dallas) – soudainementrattrapé par la réalité de l’éphémè-re. En effet, bon nombre de ces

groupes isolés, régis pourtant par une organisation sociopolitique complexe, gorgée de riches traditions médicinales ou musicales, sontmenacés par l’expansion des sociétés dominantes ou l’effet de ladémographie. Car ils usent, dans leurs pratiques culturelles ou religieuses,d’objets périssables, absents des musées: statues en terre crue,transmissions orales, préoccupations religieuses aniconiques… Au programme, des observations menées sur le terrain et via la publi-cation de résultats sur trois petits peuples de Côte d’Ivoire, dont lescréations plastiques sont à ce jour absentes des musées, ainsi que sur

un groupe d’environ 6000 individusdu Burkina Faso sud-ouest, à proposduquel aucune donnée scientifiquen’existe. Des missions de la dernièrechance – la globalisation menace–, qui offrent une certaine parentéavec la préservation patrimonialedes métiers horlogers et le savoir-faire entretenu par VacheronConstantin, entre autres… !

Jean Paul Barbier-Mueller et Juan-Carlos Torres, CEO de Vacheron Constantin.

L’ancien Musée de l'horlogerie et de l'émaillerie.

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JOURNAL SU ISSE D ’HORLOGERIE

John Arnold et Thomas Earnshaw sont les deux horlogers anglaisqui, au XVIIIe siècle, en développant sur une échelle importante lafabrication du chronomètre de marine, ont contribué à en généra-

liser l’emploi. Jusqu’alors, la plupart des éléments constitutifs de cesinstruments devaient sortir des mains mêmes des constructeurs. Leurproduction restait donc étroitement limitée. Il fallut à John Harrisontrois ans pour terminer successivement ses dernières montres marinesN° 4 et N° 5. Ce délai fut également nécessaire à Kendall pour livrer auBoard of Longitude la réplique de ce N° 4. Ce n’est qu’après troisannées de travail que Mudge parvint à terminer son premier chrono-mètre de marine… Le commandant Gould a relevé dans The Marine Chronometer la por-tée de ces longs délais, en ajoutant que si la production totale du célè-bre Ferdinand Berthoud s’est élevée à une septantaine d’appareils enune quarantaine d’années, il ne lui a pas été possible d’exécuter seschronomètres à une allure dépassant annuellement deux ou trois unités[…] Au cours de cette même période, Arnold comme Earnshaw sontparvenus à produire plus d’un millier de chronomètres de marche trèssatisfaisante. Leur mode de fabrication permit de les livrer à des condi-tions de prix bien inférieures à celles des horlogers venant d’être cités.Les types qu’ils créèrent ont de plus servi de guide aux fabricationsentreprises dans d’autres pays. Cette production n’a pu être atteinte qu’en faisant appel à la divisiondu travail. Arnold et Earnshaw […] consacrèrent leurs efforts à uneréalisation rationnelle, recourant à des artisans spécialisés pour les opé-rations d’ébauche, la fourniture des rouages, pierres, ressorts, cadrans,aiguilles, boîtiers. Ceux-ci ne manquaient pas dans le district horlogerde Clerkenwell ou dans le Lancashire. Ils eurent cependant à former lepersonnel voulu pour exécuter certaines parties, telles l’échappement etle balancier, tout en se réservant les opérations finales de la pose du spi-ral et du réglage, considérées comme de précieux secrets de fabrication.Arnold et Earnshaw ne furent cependant pas meilleurs amis que PierreLe Roy et Ferdinand Berthoud. Comme le commandant Gould l’a faitremarquer, ils se sont âprement disputé la priorité de l’origine de tousles perfectionnements apportés à l’échappement du chronomètre demarine et à la constitution de ses organes réglant. On voit alors apparaître le premier dispositif de balancier compensateur,exécuté en 1773, où deux masses diamétralement opposées s’éloignent

ou se rapprochent du centre sous l’effet d’une lame bimétallique enrou-lée en spirale. Dès 1779, le mode d’actionnement des masses compen-satrices fut modifié et remplacé par une paire de bilames symétriquesrepliées en S. […] L’échappement offrait l’inconvénient d’exiger la présence de l’huile aux parties agissantes: ceci provoquait de sérieusesperturbations de marche. Il y a plusieurs points communs entre cedispositif et la construction d’un autre échappement à détente pivotéed’Arnold. La roue d’échappement portait une double denture, mais lesfonctions présentaient, côté huiles, les mêmes inconvénients que ledispositif précédent. Arnold substitua à cet échappement le dispositif pour lequel il avaitobtenu un brevet d’invention. La détente ne repose plus sur des pivots,mais elle est fixée à sa base sur la platine; elle est amincie en ressort demanière à pouvoir fléchir près de son point d’attache. Earnshaw arevendiqué la paternité de cette nouvelle disposition, comme il l’a indi-qué dans Longitude, an Appeal to the Public, volume de 314 pagespublié en 1808. Il donne les détails les plus précis sur les conditionsdans lesquelles il réalisa sa découverte. Il s’était rendu compte des

ARNOLD ET LA PRODUCTION AU XVIIIE SIÈCLELe Journal Suisse d’Horlogerie, magazine créé en 1876, en est à sa 134e année de parution. A feuilleter ses archives, certains sujets surgissent comme les éclairages historiques d’une actualité étonnante. Comme cette petite perle, égalementmise en ligne sur le site horlogerie-suisse.com. Par Joël A. Grandjean, rédacteur en chef JSH | Proposé par Eric Cosandey, professeur |

Auteur de l’époque: Paul Ditisheim

John Arnold, 1736-1799. Son nom revit sous l’appellation «Arnold & Son, Master of TheLongitude in London Since 1764». Elle a son siège à La Chaux-de-Fonds.

www.arnoldandson.com

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inconvénients inhérents à l’emploi d’un axepivoté pour supporter la pièce intermédiairede l’échappement; pour y obvier, il avait ter-miné son nouveau dispositif à détente ressort,mais les moyens lui faisaient défaut pour protéger lui-même par un brevet cette impor-tante transformation. Le compte rendu de sestribulations est un cruel exemple du sort quibien souvent est réservé aux inventeurs.

Le dispositif de l’échappement à détenteressort d’Earnshaw continue à être employédans tous les chronomètres de marine, sous une forme pratiquement inchangéedepuis lors. Un modèle agrandi, exécuté par l’inventeur pour le compte du Board of Longitude, a été reproduit d’après l’origi-nal conservé à l’Observatoire de Greenwich,dans notre publication commémorative de 1921, «Le Centenaire de ThomasEarnshaw», par Paul Ditisheim, Journal Suisse d’Horlogerie, 1929.

Extrait John Arnold, né en 1736 dansun village des Cornouailles, était fils d’hor-

loger, auprès duquel il commença sonapprentissage. Mais, à la suite d’une dis-pute de famille, il quitta la maison pater-nelle et s’embarqua bien jeune pour le

continent. Après avoir voyagé d’abord enHollande, puis en Allemagne, en gagnantpéniblement sa vie, parfois comme armu-

rier lorsque le travail d’horloger faisaitdéfaut, Arnold rentra en Angleterre. Il

connaissait un peu les langues, son espritétait déjà mûri par les années passées àl’étranger. Il s’établit à Londres et se fit

bientôt connaître par une petite montre àsonnerie insérée dans le chaton d’une

bague. Il fut admis à présenter cette pièceau roi en 1764. Ce tour de force lui valut lafaveur de la cour et de nombreux clients.

C’est en 1770 qu’il entra en relations avecle Board of Longitude et soumit à

l’Observatoire de Greenwich son premierchronomètre de marine.

Chronomètre de marine Hamilton dans sa boîte. (Repro ID: F3196-1 © National Maritime Museum,

Greenwich, London)

Montre de poche réalisée par John Arnold. Visuel extrait des archives de JSH.

Dessins de la main de John Arnold. Deux balanciers commentés par le maître.

Chronomètre de marine «Arnold» visible au Musée de Greenwich. (Repro ID: L0242-001 © National

Maritime Museum, Greenwich, London)

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LE PRIX DE L’HISTOIRE Après s’être momentanément interrompue, la course à la conquête d’une aura patrimoniale se poursuit au sein des marques qui ont àla fois des moyens et une histoire demeurée intacte, même partiellement. Une histoiredont il reste suffisamment d’éléments une fois la poussière poutzée, malgré les rachats etles reventes, malgré le syndrome de la table rase exercé presque maladivement par toutrepreneur qui se respecte. Malgré aussi les errances de certains managers qui, notammentau sortir de la crise des années 1970, ont mené à la benne à ordures tant de trésors irremplaçables, sous prétexte qu’ils s’avéraient bien inutiles face aux nouveaux enjeuxd’une horlogerie virant au quartz. S’ils avaient su! Dans le sillage du retour aux arts mécaniques, ce culte de l’histoire est devenu un enjeu sensible auprès des consommateurs. D’autant que, durant ces trente dernières années, les excellentes performances des ventes aux enchères horlogères, panachées de records et de démesure,ont fait office de facteur amplifiant. D’un seul coup, la récente crise a stoppé ces élans. Al’orée d’une esquisse de reprise, les affaires historiques reprennent. Le musée Omega rouvre, flambant refait, la Heritage Gallery de Jaeger-LeCoultre relance son programmed’expositions temporaires, mettant l’invention à l’honneur. Quant à la Piaget Time Gallery,elle est habitée par une tournante dédiée à son mythique modèle Polo, si cher à la famillePiaget et pourtant vigoureusement décrié par le repreneur juste après le rachat de lamarque! Reste que ces initiatives, pilotées par les départements communication plus quepar un attaché de la direction, sont porteuses de messages dirigés et partiaux. Et mêmesi le métier d’historien est entré en horlogerie, après avoir été empiriquement exercé pardes employés affublés du titre de «mémoire vivante de l’entreprise», il se peut quel’Histoire et ses vérités en souffrent. En effet, les intérêts divergent. D’un côté, la louanged’une enseigne se nourrissant de son propre prestige, gommant ses errances et ses passages à vide; de l’autre, l’univers des chercheurs indépendants, avides de découvertesdésintéressées. Tel Joseph Florès, passionné d’histoire qui, après avoir consulté un manuscrit daté du 23 décembre 1878 de l’Académie royale des sciences de Paris, adémontré que le père de la première montre automatique était Dieudonné-Hubert Sarton(1748-1828), horloger liégeois, et non pas Abraham-Louis Perrelet (1729-1826), commeil est communément admis depuis que l’ont affirmé Alfred Chapuis et Eugène Jaquetdans leur ouvrage de 1952. Juste un exemple… A l’heure où le «H» majuscule de l’Histoire horlogère pourrait être consolidé, certains de ses garants y perçoivent non pas ses ouvriè-res origines, mais son versant alerte-au-luxe-dans-un-monde-en-crise. Ils ont tout faux:à Genève, ils viennent même de supprimer le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie,transformant en corpus de collections ce qui était, depuis 1969-1972, une filiale autonome du Musée d’art et d’histoire.

Joël A. GrandjeanRédacteur en chef JSH – Journal Suisse d’Horlogerie

«A l’oréed’une esquisse

de reprise,les affaireshistoriques

reprennent.»

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