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desminesl e m a g a z i n e d e l ’ E c o l e d e s M i n e s d e N a n t e s
Talentsn°60
décembre 2003
Recherche : un nouvel essor
Recherche : un no
2
Sommaire
p4p7p10
Des projets ambitieux
Au service de l’innovation
Des ingénieurs-chercheurs
l e m a g a z i n e d e l ’ E c o l e d e s M i n e s d e N a n t e s - D é c e m b r e 2 0 0 3 - n ° 6 0T a l e n t s d e s m i n e s
Patrick Boissier,
PDG des Chantiers
de l’Atlantique,
en visite dans
la cellule flexible
d’assemblage
du département
automatique-
productique.
uvel essor
3
Dans le domaine de la recherche, l’Ecole des Mines de Nantes peut com-
mencer à tirer les leçons de sa jeune expérience et définir les conditions de
nouveaux succès pour la période très compétitive qui s’ouvre.
De la diversité de ses thématiques, elle a su incontestablement faire une richesse. Tout en assurant
la mission première de l’Ecole, qui reste l’enseignement, ses cinq départements ont su travailler sur les
problèmes posés par ses partenaires industriels, et par là rester à la pointe des connaissances scientifiques et
des technologies. Mais pour que cette diversité reste une richesse, elle doit se nourrir du dialogue entre
disciplines : demain, plus que jamais, de nouvelles transversalités seront à inventer.
L’ancrage régional de l’Ecole constitue un autre choix judicieux. Sa politique volontariste d’insertion dans
le tissu scientifique local, à travers les unités mixtes de recherche en liaison avec le CNRS, les universités et
les écoles, a porté ses fruits. La création d’une équipe commune avec l’INRIA constitue un autre exemple
éloquent de ces collaborations. Elles doivent être poursuivies.
Mais ce sera toujours pour mieux assurer l'ouverture nationale, européenne et internationale de l'Ecole.Car, avec ses
nombreux réseaux d'excellence, l'espace européen lui lance un véritable défi, qu'elle ne peut relever seule. Sur de
nombreux sujets, ces collaborations lui permettront d'atteindre une taille critique nécessaire à ses ambitions.
C'est donc avec ses voisins, ses partenaires, renforcée par de solide alliances qu'elle y parviendra.
”
Editorial
“Les clés du succès
Jean-Pierre BanâtreProfesseur à l'Université de Rennes 1
Conseiller pour la Recherche auprès de l'Ecole des Mines de Nantes
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Des projets am
A l’Ecole des Mines de Nantes, quelques
élèves, tentés par la recherche et
présentant les aptitudes nécessaires,
mènent de front leur quatrième année
avec un master recherche (ex DEA), puis
poursuivent en thèse après l’Ecole.
Parallèlement, celle-ci accueille en per-
manence environ 70 thésards français et
étrangers. Outre le diplôme d’ingénieur
qu’elle délivre, l’Ecole des Mines de
Nantes est donc depuis longtemps fami-
lière de la formation à la recherche.
Or l’internationalisation des études et
des carrières impose désormais d’aller
plus loin, de rééquilibrer l’offre pédago-
gique en faveur des formations axées
sur la recherche. En effet, et c’est le sens
de la réflexion menée en ce moment
au sein du GEM (Groupe des Ecoles des
Mines), les établissements français doi-
vent de plus en plus prendre en compte
les standards internationaux, notam-
ment le " produit phare " que constitue le
PhD." Puisqu’il est indispensable d’être
visibles au plan international, nous devons
L’Ecole des Mines de Nantes ne délivre
pas seulement un titre d’ingénieur : avec
ses partenaires, elle forme des élèves
à la recherche. Cette implication dans
les masters recherche et les doctorats va
prendre un essor nouveau.
Un diplôme peut en cacher d’autres
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Recherche : un nouvel essor
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faire la preuve d’une recherche de haut
niveau, et donc, à côté du diplôme d’ingé-
nieur que nous délivrons, détenir une
position forte dans les formations docto-
rales ", explique Stéphane Cassereau, le
directeur de l’Ecole.
Des chercheurs pour l’industrie
On sait que dans les pays anglo-saxons
les fonctions clés de l’entreprise sont
souvent détenues par des titulaires de
PhD. Rien de tel pour l’instant en France,
où un quart des 11 000 docteurs arrivant
chaque année sur le marché du travail ne
sont pas mieux payés, et parfois le sont
moins, que les titulaires du seul diplôme
d’ingénieur ; deux tiers d’entre eux, du
reste, choisissent de rejoindre l’Education
Nationale pour une carrière d’enseignant
chercheur. " Pourtant, j’ai la conviction
que si aujourd’hui le diplôme d’ingénieur
est le mieux valorisé, les entreprises vont
de plus en plus demander en complément
des docteurs formés à la recherche ",
pronostique Stéphane Cassereau.
Cette évolution ne résulte pas seulement
de l’internationalisation. Elle tient aussi
aux compétences développées dans ce
Les masters de l’Ecole atti-
rent des élèves et des jeunes
ingénieurs du monde entier.
5
mbitieux
type de formation qui deviennent de plus
en plus importantes. En effet la forma-
tion à la recherche ou par la recherche
développe des compétences scientifiques
et techniques de pointe particulièrement
précieuses dans notre société du Savoir,
des méthodes d’investigation à la fois
rigoureuse et créative (savoir poser un
problème, savoir rechercher l’informa-
tion, savoir modéliser, savoir dégager une
solution innovante, savoir évoluer avec
rigueur, etc...); sans parler des qualités
personnelles comme la créativité, la per-
sévérance, la faculté de se remettre en
question, la rigueur de gérer un projet de
façon autonome. " Notre but est donc
bien de former des chercheurs pour l’in-
dustrie adaptés aux entreprises et avec
une fibre internationale marquée ",
explique le directeur de l’Ecole. Cette for-
mation concernera en particulier de jeu-
nes ingénieurs mais pas exclusivement.
En ce qui concerne l’Ecole des Mines de
Nantes, un objectif de 10 à 20% de jeu-
nes ingénieurs poursuivant vers un doc-
torat semble à terme raisonnable.
Des doctorats " Ecole des Mines " ?
Concrètement, l’Ecole des Mines de
Nantes occupe déjà des positions impor-
tantes dans les écoles doctorales qui
l’associent à ses deux partenaires de la
métropole nantaise, l’Ecole Centrale
de Nantes et à l’Université de Nantes.
Bruxelles pourrait s’ouvrir à un troisième
partenaire, l’Université de Nantes, et
devenir un véritable master recherche
conjoint franco-belge.
De même, des passerelles seront établies
entre les masters professionnels MLPS
et PM3E et les masters recherche nantais
pour diversifier l’offre de formation et
améliorer l’attractivité vis-à-vis des
élèves étrangers. En regardant plus loin
encore, pourquoi l’Ecole des Mines n’ob-
tiendrait-elle pas l’habilitation à délivrer
le doctorat ? Tel est bien l’objectif à terme.
Il y aurait au moins deux bonnes raisons
à cela : son poids dans l’école doctorale
nantaise et le fait que ses quatre labora-
toires de recherche participent à des uni-
tés mixtes de recherche avec le CNRS.
A travers ces projets, l’Ecole des Mines
de Nantes affiche avec ses partenaires
une volonté : associer les moyens et
pôles d’excellence des différents établis-
sements pour imposer la métropole
nantaise comme site de recherche
reconnu aux niveaux national, européen
et international.
Dans certains masters recherche (ex
DEA), elle assure déjà de 20 à 50% des
cours.
Dans le cadre des négociations à propos
du contrat quadriennal 2004-2007 de
l’Université de Nantes et de l’Ecole
Centrale de Nantes, l’implication de
l’Ecole des Mines de Nantes va encore
s’accentuer, notamment par une partici-
pation accrue dans la définition et la mise
en oeuvre de la politique en matière
de formation doctorale sur Nantes.
En particulier, l’Ecole va prendre la
responsabilité d’une filière du master
recherche en “automatique et système de
production” et va participer, grâce à la
création d’un poste de directeur adjoint,
à la vie de l’école doctorale STIM.
Cette évolution ne devrait pas rester
sans conséquences sur les trois masters
internationaux que pilote l’Ecole :
EMOOSE (technologie objet), MLPS
(logistique) et PM3E (environnement et
énergie). Ainsi EMOOSE porté actuelle-
ment par l’Ecole des Mines de Nantes
en partenariat avec l’Université Libre de
Signature de l’accord-cadre entre Airbus et
l’Ecole des Mines lors de la remise des diplômes.
Des projets
l e m a g a z i n e d e l ’ E c o l e d e s M i n e s d e N a n t e s - D é c e m b r e 2 0 0 3 - n ° 6 0T a l e n t s d e s m i n e s
Etre " visible " aux plans national et inter-
national, s’intégrer aux grands projets et
réseaux de recherche : cette priorité de
l’Ecole des Mines de Nantes est particu-
lièrement marquée dans le domaine stra-
tégique de l’industrialisation du logiciel.
La grande affaire du département infor-
matique, en ce moment, c’est la création
du projet OBASCO - OBjets, ASpects,
Composants -, nouvelle étape et suite
logique des recherches menées sur les
langage à objets, l’un des domaines
historiques de compétence de l’Ecole.
Les architectures logiciellesde demain
OBASCO cherche à adapter le logiciel à
ses usages en développant de nouveaux
outils de construction d’architectures
logicielles à base de composants et
d’aspects. " Ce projet entre dans le cadre
de la nouvelle génération de langages
permettant de développer une program-
mation dite générative, résume Pierre
Cointe, le responsable du projet..
L’industrie logicielle va s’organiser en
lignes de produits, à l’image de l’industrie
tout court, et notre but est de produire des
composants génériques adaptables rapi-
dement aux nouvelles infrastructures,
aux nouveaux systèmes. La quantité des
développeurs, utilisateurs de ces langages
diminuera, mais en contrepartie leur
Recherche : un nouvel essor
Le département informatique lance un projet
de recherche en partenariat avec l’INRIA dans le
prolongement de l’un de ses domaines de
prédilection, les langages à objets.
OBASCO : un projetlabellisé INRIA
expertise ne cessera d’augmenter… "
Preuve que son équipe s’est hissée au
meilleur niveau national, le projet
OBASCO vient d’être labellisé par
l’INRIA. Il constitue avec le projet ATLAS,
l’un des deux premiers projets INRIA
(Institut National de Recherche en
Informatique et Automatique), " hors
site " créé à Nantes et rattaché à l’unité
de recherche de Rennes.
Cette participation de l’INRIA au déve-
loppement de l’Ecole et de l’informatique
Nantaise est le premier signe des progrès
de celles-ci. La création en 2004 du LINA
(Laboratoire Informatique de Nantes
Atlantique) commun à l’Université et à
l’Ecole des Mines, reconnu par le CNRS,
en est un second.. " Nous avons plusieurs
cordes à notre arc ", reconnaît plaisam-
ment Pierre Cointe. Mais l’une et l’autre
institutions s’appuient sur des critères
d’évaluation stricts pour l’évaluation de
la recherche et sa valorisation.
L’un des buts du partenariat avec l’INRIA
est d’établir un arc grand ouest renforçant
la synergie Rennes/Nantes et susceptible
d’attirer dans les deux régions de nou-
veaux industriels intéressés par les nou-
velles architectures logicielles distribuées.
De grands groupes comme IBM, France
Télécom et Bouygues Télécom parient sur
ce nouvel âge de l’industrie logicielle, dont
ils sont aussi les principaux acteurs, et
s’intéressent déjà de très près à OBASCO.
Mais Pierre Cointe se refuse à vendre la
peau de l’ours avant de l’avoir tué :
" Pour nous aussi c’est un pari, précise-t-il :
pour l’instant, il s’agit d’abord d’un
mélange d’intuition et de savoir faire… "
Pierre Cointe et son équipe.
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Au service …
7
Comment faire en sorte qu’un moteur à
gaz fonctionne régulièrement, sans risque
de casse, alors qu’il est approvisionné
en un combustible dont la qualité n’est
pas constante ? Quels que soient en effet
les efforts de Gaz de France pour livrer
un produit homogène, il reste tributaire
de sources différentes (Algérie, Russie,
Mer du Nord, etc.), donc d’une teneur
en méthane variable. D’où un fonctionne-
ment anormal du moteur, se traduisant
par un cliquetis qui peut finir par le cas-
ser. Une véritable catastrophe pour l’ex-
ploitant, car une telle installation coûte
cher, sans parler des pénalités encourrues
du fait de l’absence de disponibilité.
La solution, l’équipe " énergétique des
moteurs " de l’Ecole la cherche dans un
capteur qui mesurerait en permanence
l’indice de méthane et déclencherait une
alerte en cas d’écart. Diplômé en 2003
parallèlement à un DEA, Camal Rahmouni
a travaillé sur ce projet dans le cadre d’un
contrat CIFRE passé avec Veolia, plus
précisément son Centre de Recherches en
Energie, Environnement et Déchets
(CREED). Un prototype de capteur a déjà
été mis au point, que la société ACTARIS
est en train d’industrialiser.
" ça marche très bien ! se réjouit Mohand
Tazerout, responsable aussi de l’option
génie des systèmes énergétiques. Le
résultat est d’une grande précision, infé-
rieure à deux points d’indice. " Des brevets
nationaux et internationaux ont déjà été
déposés. Un second doctorant a été
recruté sur contrat CIFRE pour prolonger
cette recherche. L’équipe, outre Veolia,
travaille régulièrement avec le centre de
recherches de Gaz de France et Valeo sur
d’autres projets.
Moteurs à gaz : gare au cliquetis !
Malgré sa jeunesse, l’Ecole des Mines de Nantes fait déjà la preuve de son savoir-faire
sur un plan essentiel, qui constitue avec la formation des élèves l’autre mission d’une école
d’ingénieurs : la recherche. Au service d’entreprises qui lui soumettent des problèmes
industriels, s’aventurant même à l’occasion dans la recherche fondamentale, ses cinq
départements de recherche conduisent en ce moment des travaux extrêmement
innovants. Sans négliger aucun secteur, en collaborant avec des partenaires régionaux
comme avec des réseaux de recherche internationaux, et en s’appuyant sur tous les outils
du transfert de technologies. En voici quatre exemples dont elle tire une légitime fierté.
Mohand Tazerout
Au service d
Macpor : un double bénéficepour l’environnement
Le département systèmes énergétiques
et environnement de l’Ecole s’est depuis
longtemps fait une spécialité du charbon
actif pour le traitement de l’air et de
l’eau : ses recherches visent à améliorer
l’efficacité de ce type d’adsorbants pour
qu’ils capturent par adsorption un maxi-
mum de molécules polluantes. Or le
laboratoire est en train de franchir un
nouveau pas en fabriquant ces charbons
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Recherche : un nouvel essor
actifs par pyrolyse et activation de boues
issues de stations d’épuration. L’intérêt
environnemental est donc double
puisque, tout en traitant des effluents
industriels, on valorise des déchets
destinés sinon à la piètre solution de
l’épandage ; ce n’est pas rien, puisque la
France produit chaque année 950 000
tonnes de ces boues.
Baptisé Macpor (matériaux carbonés
poreux), le projet de Laurence Le Coq et
Catherine Faur, s’étend, en collaboration
avec la société Pica, jusqu’au procédé
industriel ce qui, à ce jour, n’a jamais été
réalisé. Les autres partenaires sont la
société ACV Conseil, l’Ecole des Mines
d’Albi, l’Institut des Matériaux de Nantes
et l’IUT de Saint-Nazaire. L’Ecole des
Mines de Nantes a reçu pour ce projet
une subvention de 158 000 euros du
ministère de la recherche et s’intègre
au RIT consacré à l’eau. Un thésard,
Sébastien Rio, se consacre au projet,
sa recherche étant financée par l’ADEME
et la région des Pays de la Loire.
S’il ne doit soutenir sa thèse que l’an
prochain, il se murmure déjà que les
résultats des essais, réalisés sur des
échantillons de quelques grammes avec
différents polluants (colorants, phénol,
métaux, etc.), sont très prometteurs…
Sébastien Rio
Laurence Le Coq
et Catherine Faur
e l’innovation
9
Reposit : d’une pierretrois coups
Mais il y a mieux. L’un de ces robots,
une maquette de régulation de tempéra-
ture, a été commandée l’an dernier
par des élèves depuis Lund, l’université
partenaire de Suède. Cette année, ce sont
les élèves nantais qui, depuis leur école,
s’apprêtent à faire décoller (tout en
le visualisant) un petit hélicoptère basé
à Lund. L’équipe fait ainsi d’une pierre
trois coups : elle apporte sa contribution
au projet Reposit, elle approfondit
ses recherches sur la télérobotique et,
créant une salle de TP virtuelle,
elle progresse sur la voie prometteuse
de l’e-learning.
notamment Alcatel Space Industries,
le CNES, Thalès, un opérateur grec de
télécoms et… l’Ecole des Mines de
Nantes.
Que vient faire dans ce projet l’équipe
robotique, membre de l’IRCCyN ?
On sait que l’une de ses spécialités est
la commande à distance de robots.
Qu’elle emprunte les moyens de télé-
communication du satellite, et voici
un excellent test pour éprouver infras-
tructures outils de calcul. " Nous sommes
donc des fournisseurs de contenus,
presque des bêta-testeurs ", résume Ryad
Chellali, correspondant de Reposit au sein
de l’Ecole.
Pilotage de la maquette de régulation
de température par satellite.
Interface de pilotage du robot mobile.
Les satellites ne sont plus seulement
des miroirs qui transmettent l’informa-
tion d’un point à un autre du globe.
Devant l’afflux des utilisateurs, et
souvent de services personnalisés,
ils doivent gérer une bande passante
qui n’est pas extensible à l’infini.
Ils posséderont donc de plus en plus une
intelligence embarquée permettant une
allocation dynamique des bandes en
fonction de l’urgence des flux et de
la qualité attendue. Sur ce principe,
l’Union Européenne a lancé un ambitieux
projet baptisé Reposit (Real Time
Dynamic Bandwidth Optimisation
in Satellite Networks), qui associe
Au service
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Recherche : un nouvel essor
A côté des méthodes traditionnelles de
détection de la physique subatomique,
une autre façon de détecter et d’analyser
ces corpuscules très énergétiques consis-
te à installer un champ d’antennes spé-
cialement adaptées. En effet, leur interac-
tion avec l’atmosphère génère de grandes
gerbes de particules secondaires dont
le mouvement induit une impulsion
électromagnétique caractéristique, que
l’on espère mesurable.
Deux équipes au monde seulement
travaillent sur ce principe. Unité mixte de
recherche l’associant au CNRS (IN2P3)
et à l’Université de Nantes, SUBATECH a
d’abord installé un prototype sur le toit
de l’Ecole. Depuis l’an dernier, le labora-
toire a obtenu d’utiliser certains moyens
de la station de radioastronomie de
Nançay, près de Vierzon. Un autre
institut du CNRS, l’INSUE, est associé
à cette expérience baptisée CODALEMA
(Cosmics Detector Array Logarithmic
ElectroMagnetic Antennas).
" Elle est en phase de maturation, souligne
Pascal Lautridou, responsable du groupe
astroparticules de SUBATECH. Des don-
nées ont commencé à nous parvenir, qui
devraient constituer d’ici trois ou quatre
ans une masse d’informations passionnan-
tes. " " Et cet outil pourrait avoir bien d’au-
tres applications, renchérit Jacques
Martino, le directeur de SUBATECH. Ce
sera peut-être demain une nouvelle façon
de regarder l’univers… "
Bien qu’en prise directe avec l’industrie,
l’Ecole des Mines de Nantes ne se
désintéresse pas de la recherche fonda-
mentale. Pour preuve, l’expérience que
conduit le laboratoire SUBATECH sur une
recherche au carrefour de la physique
nucléaire et de l’astronomie : la détection
des rayons cosmiques d’ultra haute éner-
gie qui bombardent la terre. La détection
de ces particules pourrait en effet fournir
une preuve indirecte de l’existence de
matières nouvelles dont l’enjeu ne serait
rien moins que la connaissance des
premiers instants de l’univers. Matière
noire , particules supersymétriques…, ces
" reliques " du big bang pourraient aussi
fournir la preuve qu’à l’origine toutes
les forces étaient les mêmes.
Vue du champ d’antennes
décamétriques (DAM) utilisé
par l’expérience CODALEMA
pour la radiodétection des
gerbes cosmiques d’ultra
haute énergie à la station
d’observation de Nançay .
" Une nouvelle façonde regarder l’univers "
Des ingénieurs
11
L’Ecole des Mines de Nantes forme aussi des chercheurs. Qu’ils s’orientent
vers l’industrie, ou même vers l’Université, ils ne cessent pas pour autant d’être
des ingénieurs, car ils sont toujours au service de l’entreprise toute proche et
des problèmes concrets qu’elle leur soumet. C’est le cas par exemple au dépar-
tement informatique, dont les recherches dans le domaine des objets, aspects et
composants d’une part, dans la programmation par contraintes d’autre part,
sont reconnues au niveau international. Deux anciens élèves témoignent :
l’un a soutenu sa thèse, l’autre vient de la démarrer.
Ils ont trouvé leur voie : la recherche
docteur a prospecté sur place et trouvé
un poste de " professeur adjoint ", l’équi-
valent de nos maîtres de conférences, à
l’Université de Montréal. " Si je n’avais pas
trouvé, je serais allé vers l’industrie, dit-il,
mais je suis content de continuer dans la
recherche, d’approfondir encore mon
sujet, qui est très concret. Pierre Cointe a
coutume de dire qu’il y a des thèses qui
ferment un sujet et d’autres qui l’ouvrent ;
la mienne faisait résolument partie de
Il en fallait bien un pour ouvrir la voie :
Yann-Gaël Guéhéneuc a été le premier
élève de l’Ecole à soutenir une thèse en
informatique. C’est en 1998 qu’il obtient
à la fois son diplôme d’ingénieur et son
DEA. Ayant effectué des stages chez OTI
(Object Technology International, leader
mondial des outils de développement et
créateur de la plate-forme Eclipse) à
Ottawa et Minneapolis, il se retrouve
parrainé par cette entreprise, dans le
cadre d’Armines, lorsqu’il commence
sa thèse à Nantes sous la direction de
Pierre Cointe. Trois ans et pas mal de
sueur plus tard, il la soutient devant un
jury où siège notamment Brian Barry,
l’un des fondateurs d’OTI. Comme tous
les bons chercheurs, Yann-Gaël sait
trouver des mots simples pour expliquer
un domaine d’études complexe : " J’ai
cherché à définir un cadre pour la traçabi-
lité des motifs de conception. Quand on
développe un programme, on utilise sou-
vent des motifs préexistants, comme une
couturière le fait avec des patrons. Mais
après, les motifs utilisés sont éparpillés
dans le code. Le but de ma recherche est
de les identifier pour faciliter la compré-
hension du code et sa maintenance. "
S’étant attaché au Canada, le jeune
la seconde catégorie. " L’enseignement,
qu’il découvre, ne l’a pas déçu non plus :
il encadre déjà trois élèves de niveau
DEA. Mais ce qu’il apprécie le plus, c’est
le travail au sein de la communauté
scientifique. " Il faut garder le contact,
explique-t-il, lire les articles des autres et
assister aux conférences. On travaille sur
des sujets concrets, on avance sur nos
idées, on les publie… "
Oui, cela s’appelle la recherche.
Yann-Gaël, le pionnier
Age
nda
…chercheursAu cours de sa formation à l’Ecole des Mines
de Nantes, Hadrien Cambazard s’est décou-
vert une attirance pour la recherche, qui est
devenue une vraie passion. L’an dernier,
parallèlement à sa quatrième année dans
l’option GIPAD (génie informatique pour
l’aide à la décision ), il a suivi le DEA d’infor-
matique à l’Université de Nantes, filière
" Traitement intelligent de l’information ".
Un choix tout de suite concluant, puisque,
malgré ce double cursus et l’emploi du
temps chargé que l’on devine, il termine
premier de sa promotion à l’Université.
Tout naturellement, il vient de s’attaquer
à une thèse, qu’il a choisi de consacrer à des
problèmes d’optimisation combinatoire
sous la direction de Narendra Jussien.
Désormais intégré à l’équipe " programma-
tion par contraintes " du département
Informatique, il commence tout juste à
découvrir les joies de l’enseignement à
travers un TP pour des élèves de troisième
année.
" Si j’accroche bien, je m’engagerai sans
hésiter dans une carrière d’enseignant cher-
cheur, dit-il, car je me trouve bien dans ce
monde académique. Mais s’il me prenait
l’envie de changer, je pourrais rejoindre une
SSII spécialisée dans l’optimisation ou la
direction informatique d’un grand groupe.
En effet, les problèmes que je m’attache à
résoudre sont des problèmes concrets, qui
nous viennent de l’industrie. "
Cette proximité maintenue avec les utilisa-
teurs plaît beaucoup au jeune chercheur :
" Notre discipline n’est pas purement théo-
rique, elle ne vit qu’à travers les problèmes
qui lui sont posés, explique-t-il. Je ne dirais
pas qu’on les rencontre dans la vie de tous
les jours, mais presque… "
Plus de contactsMinistère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.Lettre d’information n° 60 - Décembre 2003 - 4 numéros par an
Editeur : Ecole des Mines de Nantes - Service de la communication - 4, rue Alfred Kastler - La Chantrerie
B.P. 20722 - 44307 Nantes cedex 3 - Tél. 02 51 85 81 92 - Fax. 02 51 85 81 99 - e-mail : [email protected]
Directeur de la Publication : Stéphane Cassereau - Responsable de la Publication : Nathalie Le Calvez
Rédaction : Didier Husson-Fabienne Millet-Dehillerin - Création maquette : Pixels Atlantic - Maquette : Nathalie Josso
Impression : Goubault Imprimeur / La Chapelle sur Erdre - N° de commission paritaire 2394 ADPE - ISSN 1241.4867
l e m a g a z i n e d e l ’ E c o l e d e s M i n e s d e N a n t e s - D é c e m b r e 2 0 0 3 - n ° 6 0T a l e n t s d e s m i n e s
Hadrien Cambazard :premiers pas dans la carrière
MOSIM’045ème Conférence Francophone
de Modélisation et Simulation
organisée par l’IRCCyN et l’Ecole
des Mines de Nantes
1-3 septembre 2004
à l’Ecole des Mines de Nantes
Le thème directeur de la 5ème conférence
Francophone de Modélisation et Simulation,
MOSIM'04, est la modélisation et simulation pour
l'analyse et l'optimisation des systèmes industriels
et logistiques. MOSIM'04 a pour objectif d'être un
lieu d'échange et de dialogue entre chercheurs,
enseignants et industriels.
Les thèmes sélectionnés ainsi que les principaux
domaines d'application couvrent un large spectre,
mais ne sont pas limitatifs. Les conférences
MOSIM voulant assurer le lien entre théorie et
pratique, le but est d'avoir à la fois des présenta-
tions théoriques et/ou méthodologiques, et des
présentations décrivant des applications.
Pour plus d’informations :
Isabelle Lainé
Ecole des Mines de Nantes
téléphone : 33 (0) 2 51 85 83 02
télécopie : 33 (0) 2 51 85 83 49
mél : [email protected]
site web : http://www.emn.fr/mosim04