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Documentaire contemporain Geneviève Van Cauwenberge Travail d’analyse : Tarnation Jonathan Caouette Janvier 2013 DE RE Margaux Master 1 Arts du Spectacle [email protected] 0472437652

Tarnation (Jonathan Caouette, 2003) : analyse

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Tarnationest un film américain réalisé par le cinéaste amateur Jonathan Caouette. Il s’agit d’un jeune homosexuel au parcours de vie tortueux. Né au Texas dans les années 70, il porte à l’écran l’histoire de son enfance perturbée.En 2003, quand le film sort, le jeune trentenaire travaille déjà sur le projet depuis plusieurs années. Plus encore, certains matériaux qu’il utilise datent de plus de vingt ans. Caouette dira qu’il a fait inconsciemment un film pendant toute sa jeunesse. Sans doute en partie grâce à la profondeur de cette longue quête personnelle dont le film se fait l’écho, l’œuvre va rencontrer un certain succès auprès du public et de la critique. Caouette va d’ailleurs prolonger sa notoriété dans un second documentaire sur sa mère quelques années plus tard.Tarnationfait partie des films difficiles à analyser parce qu’il éveille chez le spectateur des sentiments intenses. Le récit de vie qui nous est livré est à la fois dramatique et improbable.En effet, le réalisateur y raconte sa tragique histoire ainsi que celle de sa mère, Renée, profondément maniaco-dépressive. Certaines scènes sont percutantes de par ce qu’elles montrent, d’autres le deviennent de par le traitement technique qu’elles reçoivent. Du point de vue des thèmes abordés, on peut dire queTarnationoffre une toile complexe tissée et traversée des sujets les plus divers : la folie, la mémoire, la famille, l’homosexualité, les institutions médicales, le cinéma, l’amour, etc.Le documentaire de Caouette se démarque du reste de la production sur différents plans. Tout d’abord, on a affaire à un film qui a été tourné au cours d’un très long laps de temps. Ensuite,il regroupe une grande quantité de supports différents. On est face à des photographies, des vidéos familiales, des extraits de films, etc. Enfin, le travail de post production a été crucial pour le film. Le montage utilise comme motif directeur l’esthétique pop avec tout l’éventail d’effets visuels que cela implique. Le film exprime la vision propre du personnage. On peut en effet voir à plusieurs moments des images surexposées, multipliées, floues, etc. On note également un traitement particulier réservé à la musique, toujours dans cette même ambition de faire écho à la culture pop.Dans ce travail, nous allons dans un premier temps nous attacher à parler des intervenants principaux du documentaire. Ensuite, nous aborderons la façon dont le film est construit et la démarche sous-jacente. Il sera question de réfléchir à ce que les choix cinématographiques du réalisateur peuvent induire comme effets. Enfin, les observations seront utilisées afin d’alimenter le débat sur le témoignage et la dialectique réalité/fiction.À noter que ce travail recourra à plusieurs reprises à d’autres documentaires afin de les rapprocher ou de les éloigner, mais également à des textes qui ont été écrits sur Tarnationtels que ceux d’Adrienne Harris, Arthur Paul, Michael Bronski ou encore l’interview entre Jonathan Caouette et Laurence Hegarty.

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Documentaire contemporain

Geneviève Van Cauwenberge

Travail d’analyse :

Tarnation Jonathan Caouette

Janvier 2013

DE RE Margaux Master 1 Arts du Spectacle [email protected]

0472437652

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Introduction

Tarnation est un film américain réalisé par le cinéaste amateur Jonathan Caouette. Il s’agit d’un jeune homosexuel au parcours de vie tortueux. Né au Texas dans les années 70, il porte à l’écran l’histoire de son enfance perturbée. En 2003, quand le film sort, le jeune trentenaire travaille déjà sur le projet depuis plusieurs années. Plus encore, certains matériaux qu’il utilise datent de plus de vingt ans. Caouette dira qu’il a fait inconsciemment un film pendant toute sa jeunesse. Sans doute en partie grâce à la profondeur de cette longue quête personnelle dont le film se fait l’écho, l’œuvre va rencontrer un certain succès auprès du public et de la critique. Caouette va d’ailleurs prolonger sa notoriété dans un second documentaire sur sa mère quelques années plus tard. Tarnation fait partie des films difficiles à analyser parce qu’il éveille chez le spectateur des sentiments intenses. Le récit de vie qui nous est livré est à la fois dramatique et improbable. En effet, le réalisateur y raconte sa tragique histoire ainsi que celle de sa mère, Renée, profondément maniaco-dépressive. Certaines scènes sont percutantes de par ce qu’elles montrent, d’autres le deviennent de par le traitement technique qu’elles reçoivent. Du point de vue des thèmes abordés, on peut dire que Tarnation offre une toile complexe tissée et traversée des sujets les plus divers : la folie, la mémoire, la famille, l’homosexualité, les institutions médicales, le cinéma, l’amour, etc. Le documentaire de Caouette se démarque du reste de la production sur différents plans. Tout d’abord, on a affaire à un film qui a été tourné au cours d’un très long laps de temps. Ensuite, il regroupe une grande quantité de supports différents. On est face à des photographies, des vidéos familiales, des extraits de films, etc. Enfin, le travail de postproduction a été crucial pour le film. Le montage utilise comme motif directeur l’esthétique pop avec tout l’éventail d’effets visuels que cela implique. Le film exprime la vision propre du personnage. On peut en effet voir à plusieurs moments des images surexposées, multipliées, floues, etc. On note également un traitement particulier réservé à la musique, toujours dans cette même ambition de faire écho à la culture pop. Dans ce travail, nous allons dans un premier temps nous attacher à parler des intervenants principaux du documentaire. Ensuite, nous aborderons la façon dont le film est construit et la démarche sous-jacente. Il sera question de réfléchir à ce que les choix cinématographiques du réalisateur peuvent induire comme effets. Enfin, les observations seront utilisées afin d’alimenter le débat sur le témoignage et la dialectique réalité/fiction. À noter que ce travail recourra à plusieurs reprises à d’autres documentaires afin de les rapprocher ou de les éloigner, mais également à des textes qui ont été écrits sur Tarnation tels que ceux d’Adrienne Harris, Arthur Paul, Michael Bronski ou encore l’interview entre Jonathan Caouette et Laurence Hegarty.

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Personnages

Les personnages de Tarnation sont ceux de la vie de Jonathan. Il est évidemment très présent en tant que protagoniste principal de son histoire, mais également comme réalisateur. Gravitent autour de lui sa mère, ses grands-parents et son petit ami David. C’est l’image d’une famille qui est donnée à voir. Cette famille va évoluer et chaque membre va contribuer à cette évolution. Pour commencer, il est important de souligner que la plupart des images relevant du homemovie n’ont pas initialement été tournées pour être montrées à des spectateurs. Les séquences n’auraient sans doute pas été les mêmes si les personnages avaient su que leurs témoignages feraient le tour du monde. Peut-être aurait-on perdu partiellement ou totalement l’authenticité qui fait la force du documentaire. Ici, les personnages s’adressent en face caméra sans retenue apparente. Certains personnages n’étaient pas en mesure de contrôler l’usage de leur propre témoignage. Si on observe Renée, on se dit qu’elle n’est pas suffisamment rationnelle que pour juger de l’image qu’on donne d’elle. La grand-mère étant décédée au moment de la sortie du film, elle ne pouvait pas non plus revenir sur ce qui avait été fait. Dans cette situation, c’est à Jonathan que revenait le monopole de la gestion des images qu’il allait montrer. Même s’il n’y avait pas de véritable contrat entre les intervenants et le cinéaste, l’usage n’en était pas moins raisonné. Jonathan, en plus d’être cinéaste, est impliqué dans le documentaire. Le contrat tacite et inconscient qu’implique un tel film demeure flou, mais le fait que le cinéaste raconte sa propre histoire a ici suffi à garantir le respect de l’image des intervenants. La façon de montrer les personnages dans Tarnation n’obéit à aucun schéma en termes de cadrage, de position ou de dispositif. Ici, la seule chose qui est constante, c’est le fait que les personnages soient filmés dans leur propre décor, à savoir le plus souvent, leur maison – annexe 1. Ils sont ainsi ancrés dans un quotidien. Cela renforce l’impression d’authenticité des témoignages. Le fait de montrer des personnages évoluer dans leur environnement dit quelque chose du public auquel le film s’adresse. La tradition de ce documentaire semble s’apparenter à celle de la télé-réalité. Le public cible devient alors très vaste. En ce qui concerne Caouette, il se filme souvent de près en face caméra. Les traits de son visage sont exacerbés par la proximité de la caméra. Le dispositif de ces séquences fait écho à la pratique du journal intime ou la personne se retrouve seule avec son outil d’expression – annexe 2.

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Jonathan Jonathan est le personnage au centre de Tarnation. Il est tout d’abord au centre d’un point de vue technique puisque c’est lui qui a réalisé le film de bout en bout. En tant que cinéaste amateur indépendant, il a œuvré totalement seul à son projet. Il est à l’origine de tous les choix filmiques, esthétiques et narratifs, bien qu’il ait été conseillé par des cinéastes de métier avant le final cut du film. C’est lui qui tient la caméra, et c’est donc à lui que les autres personnages s’adressent lorsqu’ils parlent. Jonathan est le point de convergence du discours.

À côté de cela, Caouette occupe une place cruciale dans l’histoire du film. En livrant un documentaire sur sa vie, il se place au centre et devient le sujet de Tarnation. Ce qu’il pose dans son film, c’est un regard a posteriori sur sa propre existence. Il met en scène le prétexte à cette remémoration : un coup de téléphone d’un médecin lui annonçant l’overdose médicamenteuse de sa mère. Caouette se présente comme un jeune homme au passé tumultueux. Il est homosexuel et ne s’en cache pas puisque dès les premières minutes du film, on le voit en compagnie de son copain David. Par son récit, il va construire une certaine image de lui même. On sait qu’il est passionné de cinéma et de vidéo. Il est également acteur. À plusieurs reprises dans le film, il va jouer un rôle. C’est le cas notamment dans la scène emblématique de l’imitation d’Hillary, la femme battue qui a tué son mari. Parallèlement, on n’ignore pas que Caouette accorde une grande importance à sa famille malgré les dysfonctionnements qu’elle manifeste. Jonathan fait également part de ses troubles du comportement et de son problème de dépersonnalisation. Lorsqu’une personne livre un tel témoignage sur sa vie, on peut s’attendre à ce que le spectateur le catégorise comme un être instable. Et pourtant, il n’en est rien. À l’issue du film, on a l’impression que Caouette a finalement clos la parenthèse instable de sa vie. Il semble avoir retrouvé un équilibre. Il parvient à raconter une histoire totalement inepte tout en se mettant à distance et en préservant une certaine image d’un lui rationnel. Sans doute le parti pris d’une narration en « il » a-t-il contribué à cette mise à distance. L’image que Caouette véhicule de lui est étroitement liée au contexte dans lequel il évolue. Le film donne à voir toute la situation américaine de l’époque en arrière-plan. Le spectateur entrevoit alors ce qu’était la vie d’un jeune homosexuel dans les années quatre-vingt aux USA, ou encore les balbutiements scabreux de la médecine neurologique. Une place importante est accordée à la culture pop comme nous le verrons plus tard dans ce travail.

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Renée Renée est le second personnage principal de Tarnation. C’est une femme d’une quarantaine d’années psychologiquement instable qui se comporte par moment comme une enfant. En faisant son propre portrait, Caouette ne pouvait faire l’impasse sur celui de sa mère. En effet, en tant qu’elle semble avoir toujours manifesté des troubles psychologiques plus ou moins graves, elle a largement influencé la vie de son fils. Renée a finalement autant d’importance que Jonathan dans le film puisqu’elle est le prétexte premier du documentaire. Renée est présentée par les premières images du film comme une femme décalée, mais très aimante. Une « pauvre folle » comme on l’appellerait communément. Après dix minutes, le film nous montre à voir Renée enfant. On y voit une petite fille tout à fait différente, jolie et apprêtée. Ce contraste rappelle le stéréotype selon lequel la petite fille mignonne serait stable au contraire de la femme usée de quarante ans. À côté de cela, Renée est présentée comme victime. Le film semble dire plus subtilement : « Elle était normale, puis elle a subi un traitement par électrochocs. Voyez comme elle est devenue ». Même si l’intention de Caouette n’était sans doute pas de déshumaniser sa mère, parce qu’il l’aime et la respecte, le résultat est pourtant là. Renée semble irrémédiablement perdue dans un monde mental qui n’est plus celui des hommes. La scène de la citrouille est emblématique de cette définitive perte de contact entre Renée et le monde – annexe 3. Les liens qui unissent Caouette et Renée sont indéniablement intenses. La notion de soutien est ici cruciale. Il semblerait que ça soit la rationalité de Caouette qui maintienne la famille dans un état plus ou moins stable. Ce qui est important à noter ici, c’est le fait que la vision du monde proposée par le film est exclusivement celle de Jonathan. Il ne s’agit à aucun moment de proposer la vision de Renée. Le spectateur n’est pas amené à mieux la comprendre, le spectateur est amené à voir plus clair dans la façon de réagir de Jonathan par rapport à sa mère. Les grands-parents Les grands-parents sont le plus souvent présentés ensemble. Ils apparaissent dans un premier temps comme le dernier espoir de Jonathan. C’est eux qui vont finir par l’adopter et le sauver des mauvais traitements des familles d’accueil. On va cependant peu à peu assister à une responsabilisation de plus en plus grande des grands-parents quant au dysfonctionnement de la famille. Ils vont être tous les deux présentés comme coupables de ce qui est arrivé à Renée.

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La grand-mère est filmée par moment comme si elle était un véritable monstre. La saturation de l’image lui donne des airs cadavériques. Elle parle en face caméra de choses totalement futiles. Tout ça lui donne l’air d’être déconnectée de la tragique réalité. Elle répète plusieurs fois la même chose, son rire semble dément. Renée dira, après avoir raconté comment elle se faisait battre : « Les parents malades font des enfants malades ». Cela se rapproche de ce que Adrienne Harris conçoit lorsqu’elle parle du caractère intergénérationnel des dysfonctionnements. Le fait de présenter la grand-mère de cette façon renforce la théorie d’Harris.

Le grand-père de Jonathan est davantage présenté comme quelqu’un de mentalement sain. Lui aussi est souvent montré en train d’énoncer des banalités. À un moment donné cependant, il laisse un message d’encouragement à sa fille qui est à l’époque internée. C’est la seule et unique fois qu’on l’associera à un discours d’amour. Il sera aussi accusé par Jonathan d’être responsable de l’état de sa mère. Il est au centre d’une des scènes les plus importantes du film. En effet, Jonathan va finir par demander à son grand-père s’il ne se sent pas responsable de la maladie de sa fille. Il va dire qu’elle n’est pas malade, elle est « normale, juste un peu déprimée de temps en temps ». Le grand-père est dans le déni total. David

David est très rarement montré en train de parler. Il est un personnage souvent présent à l’arrière-plan, secondaire. Il se révèle pourtant être une présence stabilisatrice, effacée, mais essentielle. À plusieurs moments du film, on voit que Jonathan se repose totalement sur lui. Il est également celui qui introduit l’homosexualité de Caouette en venant l’embrasser dans une des premières séquences du film.

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Le monde médical L’institution de la santé, c’est la grande coupable du film. Jamais vue, à peine évoquée. À aucun moment Jonathan ne va aller rencontrer un médecin pour le faire parler des thérapies par électrochocs. Il n’y a pas ici de but manifeste de dénoncer. Ce qui est montré, c’est une conséquence de cette erreur médicale. Comme les parents, l’institution médicale a un rôle à jouer, mais Jonathan ne semble pas les dénoncer outre mesure. Il semblerait que l’état de Renée soit un argument qui se suffise à lui même. La caméra La caméra est un élément essentiel de Tarnation mais surtout un pilier de la vie de la famille de Jonathan. Elle est si présente qu’elle en devient presque une membre à part entière de la famille. Même quand Jonathan est bébé, on le filme, on prend des photos de lui, on l’enregistre. Ce rapport au passé est emblématique. L’usage de la caméra peut être interprété comme une façon de rendre stable la famille dysfonctionnelle. Elle est un point de repère, la seule chose permanente de leur existence. En s’enregistrant, ils se font exister. Lorsqu’il décrit la production contemporaine des cinéastes tels que Caouette, Paul Arthur souligne l’importance des homemovies. Pour ceux qui en sont les personnages, c’est une preuve qu’ils ont été là, à un moment donné, et donc qu’ils ont existé. À côté de cela, on peut dire que les images permettent à la famille Caouette de mettre de l’ordre dans le chaos. C’est une façon de contenir le vécu de sorte qu’il soit moins disparate. Le fait que la caméra devient structurante, ou « conteneur » comme le dit Adrienne Harris, sera approfondi plus loin dans ce travail.

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Choix formels et démarche

Structure Le fait que le projet se base sur un récit autobiographique n’est pas original outre mesure. Beaucoup avant – et même après – Caouette ont procédé de la sorte pour livrer leur témoignage. Le thème même de la relation mère-fils de Tarnation a été largement exploité. C’est notamment le cas dans le film J’ai tué ma mère1 où un jeune garçon homosexuel livre son témoignage quant au conflit qu’il vit avec sa mère. Là où Tarnation se démarque, c’est quant à sa façon de montrer les choses. Un grand soin est apporté à l’esthétique du film. Le traitement formel des images est porteur de sens et va contribuer à l’homogénéité du documentaire. Pour ce documentaire, Jonathan Caouette a utilisé plusieurs types de supports – annexe 4. On trouve dans le film des vidéos de famille en Super 8, des photos de famille d’époque, des images de films de fiction, des clips vidéo et des séquences tournées exclusivement pour le film. Contre toute attente, ce recours à des supports multiples crée un ensemble plutôt homogène. En effet, l’entreprise de Caouette consiste à recréer son passé par les images. Le caractère disparate de leur enchaînement fait écho au chaos de sa pensée et devient tout à fait justifié. Comme le dit Paul Arthur dans son texte, ce que Caouette propose, c’est la « métaphore formelle d’une recherche intérieure ». De ce choix formel découle un constat : le documentaire est inclassable. Il se situe à la charnière de plusieurs genres : genre expérimental, indépendant, autobiographique, clip vidéo, documentaire, confession ou homemovies. Le même Paul Arthur dira que le réalisateur est tiraillé entre un réalisme radical tout en étant hanté par les vieux fantômes de la tradition expérimentale. Caouette va abondement exploiter la technique du foundfootage – récupération d’images déjà tournées. La transition entre les plans semble davantage s’apparenter au collage qu’au montage. Il s’agit bien d’être plongé dans la tête de Caouette. Manifestement, la structure du film respecte deux grands principes : d’une part la logique narrative – liens de cause à effet, enchaînements chronologiques –, d’autre part la logique associative. Ce que représente ce second ensemble, c’est Caouette lui-même : la dépersonnalisation dont il est atteint, la dissociation dont il souffre, le doute, le trouble, l’incertitude. Si la narration est très réaliste, la dimension subjective vient amoindrir les frontières entre rêve et réalité.

1 J’ai tué ma mère, Xavier Dolan, 2009.

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Choix esthétiques L’esthétique du film est elle-même affectée par ce principe métaphorique. Le réel est retravaillé par Caouette. Sa vision du monde transparaît au travers des images. Lorsqu’il filme Renée, les images sont tellement surexposées que son visage disparaît. On peut y lire l’incarnation formelle de la perte de sa mère. À d’autres moments, des montages dynamiques vont venir démultiplier les portraits, créant de vastes mosaïques au sein desquelles le sujet s’efface complètement laissant place à une pure expérience visuelle – annexe 5. C’est sans doute une illustration de la dépersonnalisation. De façon globale, le rythme du film se base sur une alternance entre des moments où le temps se fige, traduisant l’enrayement de la situation, et des séquences où tout s’accélère, comme un enfièvrement. Le montage est rythmique. Cette alternance fait probablement écho à la psychologie instable des personnages, à l’aller-retour entre les crises et les accalmies. Production et réalisation À côté de ces choix formels réside une série de contraintes dues à sa situation. En effet, Caouette n’est pas professionnel. Il n’avait quasiment aucun moyen financier pour réaliser son film. Ce même film n’aurait de toute façon pas pu être réalisé dans les circuits traditionnels puisque le tournage a duré, en tout, vingt ans. Si Caouette a pu faire un film avec 218$, c’est avant tout grâce à la démocratisation moderne de la production. Caouette incarne ainsi une nouvelle génération de réalisateurs amateurs qui travaillent avec un matériel modeste – des petites caméras non professionnelles faciles à utiliser. Du point de vue de la postproduction, le réalisateur a utilisé un programme informatique gratuit : iMovie. Il s’agit d’un outil très accessible qui permet à la fois de monter un film, mais également de produire sur les images une série d’effets visuels. Ce recours lui a permis d’encore amoindrir les coûts habituels d’un documentaire. L’esthétique « amateur » qui en résulte est au service de l’authenticité du documentaire. Plusieurs fois, Caouette va mettre en abîme l’acte de filmer dans Tarnation. La présence de la caméra est soulignée – annexe 6. On a parfois l’impression d’être face à un reportage ou à une émission télévisée. En faisant ce choix, Caouette prend le parti du réalisme, du moins a priori. En rendant visible l’acte de réalisation, on voit également la méthode de Caouette. Il démystifie l’acte de création du film et le rend plus abordable. La mise en abîme fait office de vulgarisation. Démarche documentaire Du point de vue de sa démarche, Caouette est également un réalisateur de son temps. À partir d’un certain moment, le fait de laisser tourner la caméra sans intervenir est devenu démodé. Comme le suggère Paul Arthur, le cinéma direct a lentement reculé pour céder sa place à une production beaucoup plus hétérogène qui donne davantage d’importance au cinéaste. En

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faisant un film sur sa vie, Caouette s’inscrit également dans la tradition plus récente des télé-réalités. Il s’agit pour le citoyen lambda de porter sa vie intime à l’écran. En résulte un film aux allures de confession, qui assume totalement ce que l’on peut appeler l’acte de « mise en documentaire ». La culture pop L’importance du contexte dans le film de Caouette n’est pas à négliger. On peut dire que les choix esthétiques du film ont d’une part été guidés par la volonté de faire un objet en adéquation avec la pensée du cinéaste, et d’autre part formatés par la culture sous-jacente. Dans le film, on retrouve toute une série d’éléments propres à la culture pop. Du cadre d’Andy Wharrol à l’arrière-plan lorsque Jonathan est dans son appartement à des montages démultipliés de photos de sa mère enfant, rien n’est laissé au hasard – annexe 7. On a affaire dans Tarnation à un véritable condensé de culture. Il utilise des extraits de films, des musiques, des clips vidéo qu’il a totalement intégrés à sa propre identité. Ces éléments semblent le façonner au moins autant qu’ils façonnent le film. Les effets de cette esthétique pop sont multiples. Tout d’abord, les éléments parsemés dans le documentaire renforcent son homogénéité et lui donne une cohérence visuelle. Ensuite, ce choix formel contribue à appuyer le fait qu’on est face à une vision personnelle. C’est Caouette qui se tourne vers son passé et qui nous le livre. Enfin, la culture pop permet d’ancrer cette situation presque invraisemblable dans le réel. Quand on entend la chanson de Marianne Faithfull, c’est tout un contexte qui émerge. Tout cela est très riche d’un point de vue informatif et permet de donner à voir le contexte général culturel et social. C’est le cas notamment lorsque Jonathan aborde la période où il commence à assumer son homosexualité. Si l’on se penche exclusivement sur la question de la musique et du son, on peut noter une grande cohérence entre ce qui est vu et ce qui est entendu. Le son vient agir comme une valeur ajoutée2 sur l’image. Il vient traduire l’émotion intérieure de Caouette, toujours dans un souci de faire écho à sa subjectivité. La musique, sans aucun doute, accroît l’émotion. Les objectifs La question des enjeux du film est double. Il y a dans un premier temps un enjeu pour les intervenants du documentaire. Dans son interview avec Laurence Hegarty, Caouette confie que sa démarche se situe au carrefour de la vie et de l’art. En effet, son entreprise est à la fois artistique, en particulier de par la forme du documentaire tout en proposant une expérience de vie. Le fait de lire le réel par le prisme de l’art permet de le rendre plus vivable.

2 Notion développée par Michel Chion.

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Si l’on se penche sur l’acte de filmer, on remarque que la caméra a une double fonction. Elle permet à la fois à la famille d’exister, mais également de se structurer. En effet, la caméra contribue à figer dans le temps la famille dysfonctionnelle qui semble vouée à disparaître. Dans le chaos de leur existence, la caméra devient un ultime point d’accroche. À côté de cela, la caméra permet de restructurer le déstructuré, de rendre saisissable l’insaisissable. En tournant les séquences, en les articulant ensemble, Caouette synthétise, résume, classe et organise. La caméra devient régulatrice. Dans cette optique, la caméra a été analysée – notamment par Paul Arthur et Michael Bronski – en termes d’outil clinique. Le film va avoir un effet cathartique sur les personnages. Parler à la caméra semble les soulager. Pour Caouette, faire le film lui permet de prendre de la distance par rapport à sa vie et d’en reprendre le contrôle. Le film se clôture sur un message en voix-off qui énonce :

Malgré les peines et les aspirations, dans le bruit confus de la vie, reste en paix avec ton âme, avec ses impostures, ses labeurs et ses rêves brisés. Le monde est beau.

La fin du film, c’est l’abolition de l’état de crise. Pas de happy end, mais une relative accalmie. Dans cette lecture du documentaire comme thérapie, le spectateur devient clinicien. Il prend la forme d’un psychologue qui reçoit le discours tourmenté et est appelé à l’analyser. Dans un second temps, on peut tenter de dégager les objectifs du documentaire par rapport aux spectateurs. Comme nous l’avons vu précédemment, le film ne semble pas faire le procès de l’institution médicale. L’objectif principal n’est pas la dénonciation comme c’est le cas dans des documentaires plus politiques, comme ceux de Michael Moor. Si l’on s’était trouvé dans un documentaire comparable, Caouette aurait été de porte en porte pour trouver des réponses à ses questions quant à la maladie de sa mère. Il n’en est rien. Dans un documentaire tel que Capturing the Friedman, le cinéaste donne des éléments aux spectateurs lui permettant de réfléchir sur une potentielle vérité. Sur base du cas d’un père accusé de pédophilie, le spectateur est amené à se positionner sur sa culpabilité. Dans Tarnation, il n’y a pas de vérité à déceler. Il n’y a pas non plus de but politique. Le documentaire n’est pas une enquête, il est un regard. L’objectif central serait d’ouvrir une réflexion globale sur notre rapport au monde et à l’autre. C’est une remarquable leçon de vie qui est donnée. Comme le dit Adrienne Harris dans son texte sur Tarnation, on est manifestement devant un film qui s’apparente à un buildungsroman, un roman d’apprentissage. On a face à nous un héros, Jonathan, qu’il va s’agir d’accompagner au cours de sa vie. Il semble difficile de trancher la question de l’intention de Caouette. Ce qui est certain c’est que l’expérience humaine est forte et, si l’on s’y attarde, elle peut proposer une façon nouvelle d’appréhender les choses. Si l’on veut rester plus terre à terre, on peut aussi voir l’apport informatif du documentaire, notamment sur la maladie mentale, l’homosexualité, ou encore la culture américaine des années quatre-vingt.

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Mémoire, témoignage, réalité et fiction Le film de Caouette se base sur une série de témoignages issus du passé. Comme déjà évoqué, c’est le témoignage de sa mère, de ses grands-parents et bien entendu de lui même qui sont au fondement du film. Tout ce qui a été observé précédemment semble cependant animé par une dialectique bien connue du cinéma documentaire : d’une part le réel, d’autre part la fiction. Les témoignages, la musique, le montage, les inserts métaphoriques, tous ces éléments peuvent être analysés par le biais de cette dialectique. Si l’on se penche un instant sur la valeur du discours des personnages du film, on peut faire plusieurs constatations. Le fait que le film ait été tourné pendant un laps de temps très long peut constituer un élément en faveur du réalisme du documentaire. Il s’agit de rapporter de façon directe les images du passé, ce qui élude la question de la mise en scène – du moins pour une partie du documentaire. On a l’impression que le cinéaste a vraisemblablement capturé le réel. À côté de cela, les images tournées initialement n’étaient pas destinées à être diffusées. Pour cette raison, les personnages n’ont pas agi en se souciant de l’image d’eux-mêmes qu’ils allaient renvoyer. Cependant, à plusieurs moments du film, on constate que les personnages aiment à jouer un rôle. Jonathan est un comédien. Il se filme incarnant Hillary, la femme battue qui a tué son mari. Renée quant à elle est en perpétuelle situation de spectacle. Elle chante, elle danse, elle joue. De plus, sa maladie mentale la pousse parfois à inventer des histoires sur sa vie. La frontière entre réalité et fiction est alors beaucoup moins nette. On ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. À un moment donné, Renée va dire que ses parents la battaient étant petite. Son témoignage a une valeur très relative de par son état psychologique et de par le fait qu’elle est sans cesse en train d’inventer des histoires et de se montrer en situation de spectacle. Un autre élément peut remettre en question la véracité des témoignages : le fait qu’une partie du discours se fonde sur le souvenir. Ce sont d’ailleurs les homemovies qui contribuent au travail de mémoire, comme c’est le cas dans le film Capturing the Friedman. Quand les intertitres expliquent que Renée petite est tombée du toit, on ignore la vérité quant aux raisons de la chute. Plus tard, le film met en avant le fait que la petite était très instable : il s’agissait peut-être d’un suicide. Si les images peuvent montrer certaines choses et les attester, les causes profondes des évènements restent le plus souvent obscures. On peut ajouter à cela le fait que le thème de l’oubli est omniprésent dans Tarnation. La maladie mentale de Renée lui fait oublier beaucoup de choses. Le grand-père, à un moment donné, explique qu’un accident lui a fait développer une forme d’Alzheimer. Le passé en devient incertain.

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À un autre moment du film, Jonathan va expliquer que petit, il a vu sa mère se faire violer. Il n’avait alors que cinq ans. Si l’on s’en tient aux principes de base de la psychologie, on s’étonne qu’un garçon si jeune n’ait pas occulté l’événement traumatique. Or, Jonathan le raconte avec beaucoup de précision. Est-ce un souvenir qu’il s’est construit sur base de ce qu’on lui a raconté étant petit ou est-ce un événement qui a vraiment eu lieu ? Bref, le documentaire regorge d’exemples où le souvenir raconté peut être remis en question. La scène la plus emblématique de ce rapport ambigu entre réalité et fiction est sans doute celle où Jonathan joue Hillary. Lors d’une interview, le cinéaste explique qu’il a été influencé pour cette performance par un fait divers du journal télévisé. Adrienne Harris analyse cette séquence d’une autre façon. Ce rôle serait une façon de raconter l’histoire de sa mère qui a été abusée par le mariage et par les hommes. Il y a donc une part fictive et une part réelle à cette performance. Alors que le spectateur pense être face à une fiction, il y a cependant une part de vérité. À l’inverse, pour certaines séquences, c’est la fiction qui fait irruption dans le réel. On peut notamment noter le recours durant tout le film à des images de films. Cette incursion possède un double effet. D’une part, l’omniprésence de la culture pop donne à Tarnation un encrage fort dans le réel et dans la culture de l’époque. D’autre part, la démarche rend le réalisme plus poreux. Le rapport aux images devient ambigu.

Conclusion

Le documentaire, parce qu’il met en images un témoignage sur le réel, est biaisé doublement. D’une part, il est le fruit d’une mise en documentaire, et donc une transcription du réel. C’est la subjectivité de Caouette qui perçoit le monde et qui porte ce même monde à l’écran. En témoignent les innombrables traces de subjectivité traduites visuellement. La présence d’une musique d’accompagnent, d’effets pop et d’intertitres, sont autant de façons de souligner l’acte de mise en documentaire. D’autre part, le documentaire se fonde sur le souvenir, avec le lot d’incertitudes que cela implique. Le témoignage sur le passé est montré comme un outil délicat auquel on ne peut se fier aveuglément. L’enjeu du film n’est pas de mettre en lumière une quelconque vérité. On peut d’ailleurs voir le documentaire de Caouette comme une prise de position quant à la l’acte documentaire. La recherche de vérité à travers le documentaire et le témoignage est à exclure. Là où le documentaire devient un instrument intéressant, c’est lorsqu’il permet de proposer une réflexion sur sa propre vie et sur le monde. La démarche est alors profitable d’une part à celui qui pose l’acte documentaire, et d’autre part à celui qui en bénéficie en tant que spectateur. L’analogie entre Tarnation et un roman d’apprentissage prend ici tout son sens.

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Fiche technique

Réalisation : Jonathan Caouette Année : 2003 Scénario : / Dialogues : Jonathan Caouette, Gus Van Sant, Stephen Winter Production : Jonathan Caouette Musique : John Califra, Max Avery Liechtenstein et Stephen Mer Montage : Jonathan Caouette Pays d'origine : Etats-Unis Genre : Autobiographique, documentaire Budget : 218,32 $ Durée : 90 minutes Format : Digital video, Super 8 Distribution :

Jonathan Caouette Renée LeBlanc David Sanin Paz Rosemary Davis Adolph Davis

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Bibliographie

Articles

Arthur, Paul, « Feel the pain », in Film Comment, vol. 40, tome 5, septembre/octobre 2004, pp. 47-50. Bronski, Michael, « Tarnation », in Cineaste, vol. 30, tome 1, hiver 2004, pp. 38-40. Harris, Adrienne, « The Camera as a Container : Jonathan Caouette’s Tarnation », in Projections, vol. 1, tome 2, hiver 2007, pp. 1-16. Hegarty, Laurence, « An Interview with Jonathan Caouette », in Projections, vol. 1, tome 2, hiver 2007, pp. 17-36. Thouard, Sylvie, « Ecrire sa propre histoire : documentaires indépendants aux États-Unis », in Positif, n°585, novembre 2009, pp. 108-109.

Sites web

http://www.imdb.com/title/tt0390538/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Jonathan_Caouette

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16 Annexes

Annexe 1 L’appartement de Jonathan à New York.

Annexe 2

Jonathan confie la peur qu’il a de devenir comme sa mère.

Annexe 3

Pendant de longues minutes, Renée joue avec une citrouille.

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17 Annexe 4

Multiplicité des supports du film. Dans l’ordre : une photographie, une vidéo en super 8, un extrait de film, un extrait de clip vidéo, une séquence d’émission télé et l’image du ciel dont la provenance n’est pas déterminée.

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18 Annexe 5

Omniprésence des montages en mosaïques. Le montage se fait avec des photographies ou des vidéos. L’effet de démultiplication va du simple au multiple pour aboutir à des images dont on n’identifie plus le sujet.

Annexe 6

Jonathan laisse tourner une deuxième caméra alors qu’il se filme.

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19 Annexe 7

Omniprésence de la pop culture. Dans l’ordre : un cadre pop à l’arrière plan, un effet pop dans un clip vidéo, le traitement des couleurs – saturation – qui crée une gamme pop, la démultiplication des portraits comme dans le pop art.