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Coraf Action Coraf Action 2e bimestre 2014 www.coraf.org PRODUCTEURS ET UTILISATEURS AU CENTRE DE LA RECHERCHE AGRICOLE LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE N° 71 Tchad, Cameroun et Nigeria Maïs : festin pour chercheurs, vulgarisateurs, producteurs et décideurs C OMME UN FESTIN, CHERCHEURS, VUL- garisateurs, producteurs et déci- deurs politiques se sont rués sur la culture du maïs. Non pas en ordre dispersé, mais dans le cadre du Projet « Amélioration de la productivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion des technologies de ges- tion intégrée dans les savanes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad ». Projet compétitif régional sous l’aile protectrice du CORAF/WECARD finan- cièrement soutenu par le Department for International Development (DFID) de Grande-Bretagne, il est initié et mis en œuvre, de 2011 à 2013, par toute une panoplie d’acteurs des SNRA de ces pays. En 2012, l’Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement (ITRAD), l’IRAD (Institut de recherche agricole pour le développement) du Cameroun, l’IITA (International Institute for Tropical Agriculture). l’University of Maiduguri (UNIMAID) du Nigeria ainsi que leurs alliés continuent leur œuvre de mise en place, en station de recherche comme en milieu paysan, d’essais de démonstration des systèmes de cultures pures, associées et en rotation de maïs, de niébé, de soja et d’arachide. Cela concerne aussi les essais de multiplica- tion de leurs semences, des opérations d’importation de variétés améliorées, etc. Avec le concours de tous et des condi- tions de culture relativement favorables, le Projet a atteint des résultats prélimi- naires riches d’enseignements (voir dif-

Tchad, Cameroun et Nigeria Maïs : festin pour chercheurs ... 71 F vf.pdf · Surtout s’ils reçoivent d’autres légumineuses nantis d’un ... Yimir Ali et Askira, localités

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Coraf ActionCoraf Action2e bimestre 2014

www.coraf.org

PRODUCTEURS ETUTILISATEURS AU CENTRE DE LA RECHERCHE AGRICOLE

LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE

N° 71

Tchad, Cameroun et NigeriaMaïs : festin pour chercheurs, vulgarisateurs,

producteurs et décideurs

COMME UN FESTIN, CHERCHEURS, VUL-garisateurs, producteurs et déci-deurs politiques se sont rués sur

la culture du maïs. Non pas en ordredispersé, mais dans le cadre du Projet« Amélioration de la productivité et dela diffusion du maïs (Zea mays L.) parla promotion des technologies de ges-tion intégrée dans les savanes duCameroun, du Nigeria et du Tchad ».Projet compétitif régional sous l’aileprotectrice du CORAF/WECARD finan-cièrement soutenu par le Department

for International Development (DFID)de Grande-Bretagne, il est initié et misen œuvre, de 2011 à 2013, par touteune panoplie d’acteurs des SNRA deces pays.En 2012, l’Institut tchadien de rechercheagronomique pour le développement(ITRAD), l’IRAD (Institut de rechercheagricole pour le développement) duCameroun, l’IITA (International Institutefor Tropical Agriculture). l’University ofMaiduguri (UNIMAID) du Nigeria ainsique leurs alliés continuent leur œuvre

de mise en place, en station de recherchecomme en milieu paysan, d’essais dedémonstration des systèmes de culturespures, associées et en rotation de maïs,de niébé, de soja et d’arachide. Celaconcerne aussi les essais de multiplica-tion de leurs semences, des opérationsd’importation de variétés améliorées,etc.Avec le concours de tous et des condi-tions de culture relativement favorables,le Projet a atteint des résultats prélimi-naires riches d’enseignements (voir dif-

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CORAF ACTION N° 71 MARS-AVRIL 2014 2

ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALEECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

férents articles dans es pages intérieures). Les écueils, ren-contrés par les différentes équipes nationales, sont tout aussiriches de leçons positives.

L’encadrement pédagogique des étudiants en année de mastère

Au Tchad, dans les 63 villages, la station de Bébédjia et lesfermes de Békao et de Moursalé, les pluies abondantes decette année ont inondé quelques parcelles de démonstrationet de multiplication de maïs. De ce fait, elles y ont facilitél’émergence du Striga Hermonthica et rendu impossible lesuivi des travaux de terrain dans certains villages devenusinaccessibles.Les intrants, tels que les semences, engrais et pesticides,sont tardivement fournis. Certaines parcelles sont entrete-nues par leurs propriétaires qui n’ont hélas pas bénéficié d’unencadrement rapproché de la part des techniciens.Ainsi, si seulement les intrants étaient mises très tôt à leurdisposition, certains producteurs pensent qu’ils seraient àmême de récolter 2 fois en une campagne avec, à la clef, detrès bons rendements. Les sols, connus pour leur pauvreté àBénoye, notamment, s’en trouveraient dans un bien meilleurétat. Surtout s’ils reçoivent d’autres légumineuses nantis d’unpouvoir fertilisant, tel le Mucuna, en sus des variétés de niébéintroduites. Les membres de l’équipe nationale sont éga-lement convaincus qu’il se fait sentir le besoin pressant d’en-courager et de faciliter les visites rapprochées des parcellespar les encadreurs ainsi que les tests de démonstration nonencore récoltées.Au Cameroun, amorcées en 2011, d’importantes activitésn’ont pu être achevées en 2012. C’est à Papata et à Gazawa,dans la région de Maroua, située à l’Extrême-Nord, du pays.A Bamé, à Ngong et à Boulèle aussi, dans celle de Garoua,venant juste avant au Nord. Font partie de ces activités, selonl’équipe nationale, le diagnostic de base, la création de plate-formes d’innovation technologique, l’organisation de journéesportes ouvertes et les visites d’échanges. Tout comme la for-mation des techniciens et producteurs ainsi que l’enca-drement pédagogique des étudiants en année de mastère.

Au Nigeria, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 20 %,en 2012, dans la zone du Projet qui couvre aussi bien Husa-ra, Wamdeo, Yimir Ali et Askira, localités du gouvernorat locald’Askira/Uba de l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria.

Disposer des prix du marchéà travers l’information périodique

A l’instar des autres équipes nationales, celle-ci relève éga-lement que lesdifficultés n’ont pas manqué de surgir. A savoirl’absence de formation des metteurs en œuvre du Projet,notamment les partenaires séniors, la sévère incidence desinondations, la cherté des fertilisants ainsi que leur non-dis-ponibilité réduisant l’accès et augmentant les coûts des opé-rations. Au nombre de ceux-ci, il faut compter aussi le manquede sources d’information de marché régulière et fiable pourles producteurs comme les vendeurs, d’accès aux crédits demarché pour les vendeurs et producteurs et, enfin, de solidesassociations des vendeurs.En conséquence, les membres de cette équipe proposentdes mesures d’ordre politique pour rendre efficient le sys-tème des marchés de commercialisation des grains. Rendreconscients commerçants et transformateurs sur les capacitéspotentielles d’approvisionnement du Projet. Encourager pro-ducteurs et commerçants à former des coopératives de créditainsi que des associations. Inciter le gouvernement local àrenforcer les infrastructures de base, telles les routes d’accèset moyens de stockage. Eveiller les consciences sur lanécessité de disposer des prix du marché à travers l’informa-tion périodique.

Contact : Anatole Yékémian KonéCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : [email protected] : www.coraf.org

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CORAF ACTION N° 71 MARS-AVRIL 20143

ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

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TchadHeur et malheur

des pluies sur la culturedu maïs

«SI J’AVAIS LES SEMENCES AU MOIS DE MAI, J’AURAI PU RÉALISERdeux récoltes avec vos variétés ». Le ton de l’impact estpresque ainsi donné par l’exploitant agricole répondant

au nom de Djimtébaye habitant dans la localité de Péni, auTchad. En 2012, le Projet « Amélioration de la productivité etde la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion destechnologies de gestion intégrée dans les savanes duCameroun, du Nigeria et du Tchad » a bien fait son œuvredans les soixante-trois exploitations de ses trois sites d’inter-vention que sont Bénoye, Moursalé et Péni.Coordonné à l’échelle nationale, de 2011 à 2013, par l’Instituttchadien de recherche agronomique pour le développement(ITRAD) et financé par le Department for International Devel-opment (DFID) de Grande-Bretagne, ce Projet du CORAF/WECARD n’a pas lésiné sur les moyens. En effet, après avoir distribué les intrants agricoles, l’équipenationale tchadienne a mis en place, dans les 63 villagessélectionnés, plusieurs dispositifs : tests de démonstrationdemaïs et de niébé ; emblavement de 1,95 hectare de semencesde base de 6 variétés de maïs, de 4 variétés de niébé et de2 variétés de soja, à la station de Bébédjia, et 6,15 hectaresde semences certifiées chez 24 producteurs de 5 villages ;essais d’amélioration de la fertilité des sols et essai variétalde 15 variétés de maïs installé, à la station de Bébédjia etdans les fermes de Békao et de Moursalé ; parcelles de mul-tiplication des nouvelles variétés de maïs et de niébéimportées de l’International Institute of Tropical Agriculture(IITA) depuis Kano, au Nigeria ; suivi des activités de terrainet installation de la plate forme multi-actrice.Ce qui fait dire aux membres de cette équipe que, dansl’ensemble, « les cultures se sont bien développées, malgréles importantes pluies qui ont inondé quelques parcelles deMoursalé. »

Le développement végétatif a été assez bon, dans tous les sites…

De notre côté, voyons vor, d’abord, les conditions climatiquesjugées exceptionnelles de cette campagne agricole 2012-2013. A la Station de Bébédjia, en effet, la zone d’interventiona connu, au 30 octobre 2012, un cumul pluviométrique de 1 597,2 millimètres de pluies tombés en 66 jours, alors qu’en2011, il était à 1 297,4 millimètres de précipitations en 72 jours, soit 299,8 millimètres d’eaux de plus. Mais tout ennotant qu’elles se sont installées précocement, leur avè-nement a été mal réparti, dans le temps et dans l’espace,d’où les importantes inondations vécues par les populationscertaines zones.

C’est dans un tel décor campé que, minutieusement, lesopérations de terrain sont posées. Tout d’abord, l’évaluationet la diffusion des variétés de maïs ordinaires et des variétésà haute teneur de protéines (QPM) résistantes à la sécheresseet au Striga. Dans la station de Bébédjia qui abrite les essaisvariétaux et tests de démonstration en milieu paysan, l’équipenationale a évalué les nouvelles variétés de maïs et de niébéintroduites.En testant le maïs par démonstration, dans 22 exploitationsagricoles — 5 à Bénoye, 10 à Moursalé et 7 à Péni — (voirtableau 1), elle s’est employée à comparer 2 variétés amélio-rées performantes à une variété locale témoin.

Tableau 1 : répartition des nombres de tests et dates desopérations culturales

Mais les pluies de cette campagne agricole ont été diluviennes,sans compter les semences qui ont tardé à être distribuées.Pourtant, il n’y a pas eu péril en la demeure, ces précipitationsexceptionnelles ayant été une aubaine pour le bon dévelop-pement du maïs, dans tous les sites ! A l’exception de Moursalé,où 22 % des parcelles de démonstration sont inondées, et deBénoye, aux sols relativement pauvres qui ont favorisé l’infesta-tion par Striga Hermonthica de certains champs.Nonobstant les craintes suscitées par ces états de fait pou-vant sensiblement jouer sur les résultats préliminaires desrécoltes prévues en fin octobre, les paysans, eux, apprécientdéjà la précocité des variétés et leur résistance au Striga.D’où les propos tenus, tout à fait au début, par Djimtébaye.Ensuite, c’est au tour de 2 variétés de niébé introduitesd’être testées par démonstration, toujours en comparaisonà une variété locale prise comme témoin. Quelque arduequ’elle soit, cette tâche est prise à bras le corps par 12 exploitants résidant dans 3 sites (voir tableau 2).

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4CORAF ACTION N° 71 MARS-AVRIL 2014 4

ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALEECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

Tableau 2 : répartition des nombres de tests et dates desopérations culturales

Bien évidemment, ils ne sont pas laissés à eux-mêmes !Assistés à identifier la période favorable à la bonne productionde ces variétés, ils ont mis en place les tests, entre le 8 et le 17 août. C’est ainsi que, deux mois après tombant en octobre,le suivi des parcelles a permis à l’équipe de constater que ledéveloppement végétatif est assez bon, dans tous les sites,malgré quelques attaques d’insectes. De surcroît, elle a observé la résistance des variétés introduitesau Striga gesnerioides qui n’a pas infesté leurs parcelles, àMoursalé, en l’occurrence. Tout à l’opposé des variétés locales,elle a dénombré 5 à 10 plants de Striga gesnerioide, souschaque plant desquelles !

Une partie des parcelles est dévastée par les animaux et les eaux

A la Station de Bébédjia, l’équipe a rondement mené 3 typesexpérimentaux : 2 essais rotation maïs-légumineuse — niébéet soja — et 1 association maïs-légumineuse — arachide, sojaet niébé — pour améliorer la fertilité des sols et 1 essai de 15 va-riétés en vue d’identifier la meilleure variété de maïs adaptée à

Tableau 3 : dates des opérations culturales des essaismenés, à la Station de Bébédjia

l’écologie des savanes tchadiennes. Les dates des opéra-tions culturales de tous ces essais sont consignées dans letableau 3.

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CORAF ACTION N° 71 MARS-AVRIL 20145

ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

Elle en conclut ceci en ces termes que «le développementvégétatif des plants, dans l’ensemble, est bon, [le seul hic

noté étant] la parcelle de la variété de maïs 2000-SYN-EE-W-STR très fortement infestée par Striga Hermonthica. » Etd’ajouter que « toutes les cultures utilisées étant en fin de

Tableau 4 : dates des opérations culturales effectuées sur les parcelles de semences de base, à la Station de Bébédjia

Tableau 5 : répartition par site des superficies emblavées en semences certifiées

Dans la zone de production de maïs, ce travail s’est effectué,à Moussafoyo, sur 31 %, à Békao, sur 29 % et, à Moursalé, sur20 % de la superficie totale emblavée. Selon l’équipe, le dé-veloppement végétatif est bon et augure de bons rendements

Quand survient la production des semences certifiées, 24 producteurs ont emblavé 6,15 hectares pour se consa-crer à leur multiplication, dans 5 villages (voir tableau 5).

cycle, le dernier trimestre de l’année 2012 sera consacréessentiellement aux récoltes et opérations après-récoltes. »Quand vint la production des semences de base, l’équipea auparavant emblavé 1,95 hectare, où se sont vu cultiver

6 variétés de maïs, 2 variétés de soja et 4 variétés de niébé(voir tableau 4).

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ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

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ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

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Au premier village de Touaya 1, la première, qui est semée,le 9 août 2012, est au stade de floraison et de fructification,alors que la seconde de cycle tardif vient de débuter celui dela floraison. Les producteurs ont usé de l’insecticide DIMEX400 EC en guise de premier traitement phytosanitaire, le 21 août, et le deuxième, le 29 du mois suivant, repris, lelendemain 30, tout simplement parce qu’il a plu, quelquesheures après. Malheureusement, ils n’y ont pas éradiqué lespunaises suceuses (Anoplocnemis curvipes) des goussesdes plantes.Au deuxième village de Touaya 2, à la même date, ils ontsemé le niébé, le 9 août. Les 2 nouvelles variétés introduitesdébutent leur floraison et fructification. Par endroits, l’équipea observé des brûlures survenues sur les feuilles dues audosage de l’insecticide ainsi que des attaques sur l’IT99K573-2-1 par les chenilles poilues du niébé (Maruca testu-lalis). La variété locale n’est pas non plus épargnée, l’équipeayant également remarqué un jaunissement alterné d’uneverdure sur les feuilles lié probablement à la mosaïquecausée par les pucerons (Aphis craccivora) et une forteattaque de Striga gesnerioides de 5 à 10 plants de Striga,sous chaque plant de niébé. Et au troisième village de Foultouéré, 2 producteurs se sontéchinés à semer la variété de maïs 99EVDT sur 2 parcellesde multiplication de 2 000 mètres carrés, le 14 juillet. Le 31 juillet, ils y ont répandu du NPK 20+10+10. Les pluiesabondantes et exceptionnelles survenues (encore elles !) neleur ont pas facilité la tâche en retardant le développementvégétatif des plants. Tout comme Helminthosporiose(Helminthosporium maydis) et la striure qui les ont sévère-ment attaqués. Sans compter que le charbon s’est manifestésur quelques panicules des variétés et qu’une partie des par-celles, aménagées le 12 juillet, est dévastée par les animauxet les eaux.

Mauvais développement végétatif des plants, probablement lié à la pauvreté du sol

Au site expérimental de Bénoye, 14 essais et champs de mul-tiplication de maïs et de niébé sont implantés, dans les 5 vil-lages de Namti, de Doholo, de Dogan, de Kaira Banga et deDaman.Le premier village de Namti s’est vu semer, le 7 août, la var-iété ITK573-2-1 multipliée sur 900 mètres carrés. Mais n’ontpas tardé à se manifester la chenille poilue du niébé (Marucatestulalis) et la punaise des gousses (Anoplocnemis curvipes)qui ont fortement attaqué les gousses, en dépit des deuxtraitements à l’insecticide DIMEX 400 EC** du 24 août et du1er septembre. De même que les maladies fongiques quipourrissent les gousses revêtues d’un duvet blanchâtreappelé Anthracnose.Les plantes sont en pleines floraison et fructification. L’exces-sive pauvreté des sols rend très hétérogène le dévelop-pement végétatif de la variété.Au deuxième village de Dohol, a démarré, le 8 août, la mul-tiplication de la variété de niébé ITK573-1-1. Le champ estmal implanté, dans un endroit très ombragé et sans entretienavec un seul sarclage. Pourtant, il y a eu moins d’attaquequ’à Namti précédent. Le peu qu’il y a eu vient des maladiesfongiques et virales et des insectes — punaises noires etbrunes — sur les feuilles et les gousses de niébé et ce,

malgré les deux traitements effectués, entre les 22 et 29 sep-tembre. Par ailleurs, les boeufs des producteurs (eux-mêmes) ont dévasté une partie du champ. Les plants étaientaux stades de floraison et de fructification.Dans le troisième village de Dogan, les 2 variétés amélioréesde niébé, ITK573-2-1 et ITK573-1-1, sont sujettes à un testde démonstration comparé avec une visité locale. Semées,le 8 août, elles ont atteint le stade de floraison et de fructifi-cation, tandis que la troisième est au stade de floraison et dedébut de fructification, par endroits. Le développement végé-tatif est bon, mais quelques attaques d’insectes ont étéobservées, par endroits. Le sol est plus riche que celui desdeux sites précédents.Le quatrième village de Kaira Banga abrite un champ de mul-tiplication et une parcelle de test de démonstration. Sur 2 000mètres carrés, les semences de la variété 2009-TZEE-W-STR sont multipliées. L’équipe nationale du Projet y a noté unmauvais développement végétatif des plants, probablementlié à la pauvreté du sol, et une forte infestation des parcellespar Striga hermonthica. On a semé, le 9 juillet, sarclé, le 23,répandu le NPK, le 1er août, et l’urée, le 8 septembre.On a également testé par démonstration les 2 variétés amé-liorées de maïs que sont 2009-TZEE-W-STR et 99-EVDT etles a comparées à une variété locale. Implanté le 9 juillet, letest a connu deux sarclages, le premier, le 23, et le deux-ième, le 8 septembre. Le NPK est répandu, le 1er août, etl’urée, le 8 septembre.Dans le cinquième et dernier village de Daman, le test dedémonstration a permis de comparer les variétés amélioréesde maïs, 2009-TZEE-W-STR et 99-EVDT, à une variétélocale. Implanté le 10 juillet, il est sarclé une première fois, le21, et une seconde fois, le 18 août ; il a reçu le NPK, le 1eraoût, et l’urée, le 8 septembre. Pourtant, il est fortementinfesté par Striga hermonthica. Heureusement le dévelop-pement végétatif n’en a pas si souffert au point d’être consi-déré comme assez bon.

N’eût été le semis tardif,la récolte aurait été des meilleures

Sur le site expérimental de Péni, 4 villages se sont fait dis-tinguer dans les tests de démonstration et 1 village dans ceuxde la multiplication de semences de maïs. En effet, les pro-ducteurs du premier village de Ndounoubo ont testé pardémonstration comparée 2 variétés améliorées de niébé, laIT99K573-1-1 et la IT99K573-2-1, et une variété locale. Le 10août, les variétés améliorées sont au stade de floraison et defructification, alors que la variété locale n’est que, parendroits, à celui de floraison et de fructification. Le premiersarclage a eu lieu, le 20 août, et l’épandage du NPK, presque1 mois près, le 9 septembre Malgré le retard de ce trai-tement, les plants sont moins attaqués et se sont végétati-vement bien développés !Ceux du deuxième village de Boutou se sont illustrés dansun test de démonstration de variétés de niébé et une parcellede multiplication de variétés de maïs. Le second, advenu le23 juillet, a subi un premier sarclage, le 7 août, et un épan-dage de NPK, le 10. Mais non mené de manière hétérogène,l’épandage de matière organique a conduit au dévelop-pement hétérogène des plants. Le premier, survenu le 15août, a connu un premier sarclage, le 29, et un épandage de

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ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

CORAF ACTION N° 71 MARS-AVRIL 20147

NPK, le 9 septembre. D’après l’équipe, le développementvégétatif est généralement assez bon. Les variétésaméliorées ont atteint le stade de floraison et de fructificationavancées. En revanche, la variété locale est arrivée à la flo-raison et débute la fructification. Les punaises noires ontcausé des dégâts sur les gousses.Ceux du troisième village de Bédan se sont également illus-trés dans l’implantation d’un test de démonstration ayant eulieu, le 12 juillet. Ce dernier a reçu un premier sarclage, le 28,un épandage de NPK, le 4 août, et un autre d’urée, le 8 sep-tembre. Selon l’équipe, les 3 variétés améliorées se sont biendéveloppées et sont précoces, au même moment la variétélocale est tardive et donne de gros épis. Quant aux producteurs du quatrième village de NGouroutu,ils ont créé une parcelle de multiplication de maïs, le 1er août,l’ont sarclée une première, le 7, et une deuxième fois, le 30.Ils y ont mis du NPK, entre temps, le 6, et de l’urée, le moissuivant, le 15 septembre.N’eût été le semi tardif, la récolte aurait été des meilleures,néanmoins l’équipe gage d’avoir quelques bons épis du faitque le développement végétatif est assez bon.

Contact : Armand FayeCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail [email protected] [email protected] : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org

Maïs, niébé et sojaAu Cameroun, importation

de leurs variétés rimeavec crédo coopératif

PEUT-ON CHOISIR MEILLEURS ENDROIT QUE LA ZONE AGROÉ-cologique soudano-sahélienne qui abrite les régions duNord et de l’Extrême-Nord du Cameroun pour « cher-

cher » sur le maïs et développer la culture ? En guise deréponse à cette question, le Projet « Amélioration de la pro-ductivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par la pro-motion des technologies de gestion intégrée dans les savanesdu Cameroun, du Nigeria et du Tchad » s’y est allègrementinstallée, « avec armes et bagages ». De 2011 à 2013.L’équipe nationale camerounaise, sous tutelle de l’IRAD(Institut de recherche agricole pour le développement), aessentiellement consacré l’année 2012 à la mise en place etau suivi, en milieu paysan, des essais de rotation culturale et,en station, de multiplication des semences de base de maïs,de niébé et de soja.C’est ainsi que 279 kilos de 9 variétés améliorées de maïs,de 2 de niébé et de 2 de soja, sont importés depuis Ibadan,

au Nigeria, de l’IITA (International Institute for Tropical Agri-culture). Le but : les introduire dans les localités de Papata etde Gazawa, nichant dans la région de l’Extrême-Nord deMaroua, et dans celles de Bamé, de Ngong et de Boulèle,situées dans la région Nord de Garoua (voir tableau).

Tableau : espèces, variétés et quantités de semencesimportées de l’IITA et introduites à Maroua et à Garoua, auCameroun

Motivée, comme partout ailleurs, par le besoin de promouvoirdes technologies et innovations pouvant améliorer la produc-tivité du maïs, de faciliter l’accès au marché, de mettre enrelation les acteurs et de renforcer leurs capacités, l’équipe aentrepris plusieurs activités.

Une fausse note s’est glissée dans ce bilan préliminaire

Ces variétés de maïs ordinaires et de haute teneur en pro-téines (QPM), à la fois résistantes à la sécheresse et auStriga, sont bien introduites. Une plateforme d’innovationtechnologique multi-actrice a été créée. Les acteurs sonteffectivement sensibilisés sur les sources d’approvision-nement en intrants et en extrants.A celles-ci s’ajoutent les essais de rotation mais-niébé etmaïs-soja, pratiqués dans toutes les localités, et qui ontmobilisé 40 paysans et des chercheurs. Ensemble, ils ont

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CORAF ACTION N° 71 MARS-AVRIL 2014 8

ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

Voici une parcelle de multiplication de la variété de soja TGX-1835-10Eimplantée, à Guiring près de Maroua.

emblavé, dans les 2 stations de l’IRAD, 2 hectares servant àla multiplication de semences de base de mais, 2 autreshectares à celle de semences de soja et 1 hectare à celle desemences de niébé. En milieu réel aussi, ils ont essayé,plusieurs fois, l’association du mais et du soja, dans la localitéde Ndonkolé, à Maroua.A l’heure des récoltes, ils n’ont pas été déçus ! Pour en avoirbeaucoup battues, vannées et conditionnées et pesées. Maisune fausse note s’est glissée dans ce bilan, c’est la non-exé-cution des quelques activités programmées (voir premierarticle).

Contact : Ernest Assa AsieduCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : [email protected] Skype : ernestasieduInternet : www.coraf.org

NigeriaCulture du maïs :

même un gouvernementlocal s’y implique

jusqu’au cou

SI LE GOUVERNORAT LOCAL D’ASKIRA/UBA DE L’ETAT DE BORNO,au nord-est du Nigeria, se trouve être le théâtre d’opéra-tions d’une expérimentation maïsicole, ce n’est ni par

hasard ni pour rien (voir encadré 1). En sus de ses atouts,l’University of Maiduguri (UNIMAID) n’est-elle pas un des fleu-rons de la recherche nationale et sous-régionale pour servir,de 2011 à 2013, de réceptacle au Projet « Amélioration de laproductivité et de la diffusion du maïs (Zea mays L.) par lapromotion des technologies de gestion intégrée dans lessavanes du Cameroun, du Nigeria et du Tchad » ?

Les atouts de son choix comme zone piloteAskira/Uba fait 2 464 kilomètres carrés et compte unepopulation de 173 127 âmes. Askira, qui est le siège dugouvernorat local, est distant de 242 kilomètres deMaiduguri, la capitale de l’Etat de Borno. Dans la zone duProjet, la végétation y est caractéristique de la Savaneguinéenne nordique connue de ses 800 à 1 000 milli-mètres de pluies par an.

Financé par le Department for International Development(DFID) de Grande-Bretagne, ce Projet compétitif du CORAF/WECARD est initié par l’UNIMAID, l’ITRAD (Institut tchadiende recherche agronomique pour le développement), l’IRAD(Institut de recherche agricole pour le développement) duCameroun et l’IITA (International Institute for Tropical Agricul-ture). Constitués en une équipe nationale avec plusieurs au-tres acteurs (voir encadré 2), leur intention est, dans cettezone de savane, d’améliorer la sécurité alimentaire et d’aug-menter les revenus des populations par le biais des nouvellestechnologies et innovations agricoles.

L’appel de l’Université entendueUNIMAID, University of Maiduguri, ASULG, Askira/Uba Local Government, BOSADP, Borno State Agricultural Development Pro-gramme,LCRI, Lake Chad Research Institute, NASC, National Agricultural Seed Council FO, Farmer organisations,IITA, International Institute of Tropical Agriculture, ASPA, Amana Seed Producers Association

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ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

Ils se sont rendus dans les localités de Husara, de Wamdeo,de YimirAli et d’Askira, pour s’y installer durablement commeProjet. L’équipe nationale, qui les représente, n’y est pasarrivée les mains vides, car dotée de l’approche participa-tive de recherche et de vulgarisation comme stratégie demise en œuvre, depuis deux ans qu’elle y travaille. En 2012, l’année qui nous intéresse ici, les pluies sonttombées drue, et au bon moment. Les cultures aussi. Maisde terribles inondations, survenues en septembre, ontdévasté plusieurs champs expérimentaux.Plus tôt au mois de juillet, 369 producteurs, dont 212 hom-mes et 157 femmes, représentant 35 Organisations com-munautaires y ont pris part. Le Projet a distribué environ1,01 tonne de semences de variétés améliorées de maïs,de soja, de niébé et d’arachide à 235 producteurs (voirtableau 1).

Tableau 1 : nombre d’Organisations communautaires et de producteurs mobilisés, en 2012, à Askira/Uba, dans l’Etat deBorno, au Nigeria

Pour être parvenu à mobiliser autant d’acteurs, il a sûrementfallu à l’équipe nationale sensibiliser, à coups de campagnesd’information sur cette approche, et les former sur les tech-niques culturales innovantes que sont les associations etrotations de culture des variétés améliorées de maïs, de soja,de niébé et d’arachide issues de la recherche ainsi que sur laproduction de semences.

Reconduites dans les essais paysans débutant en 2013

Une fois ce pas franchi, elle s’est jetée dans le combat d’ins-taller 74 essais de démonstration, dont 70 récoltés, sur les110 prévus auprès du même nombre de producteurs (paritéhommes-femmes) ; de cultiver 29,5 hectares d’exploitationscommunautaires semencières, dont 18 récoltés, sur les 38prévus chez 21 producteurs et 11 productrices.Dans la même foulée, bien que les inondations soientpassées par là, surtout à YimirAli, détruisant tout sur leur pas-sage où se trouvent essais de démonstration et de multipli-cation des semences, 20.3 tonnes de semences certifiéesétaient obtenues, dont 16,2 tonnes de maïs et 2,48 tonnes desoja. Ces résultats sont, certes, bons mais restent, tout demême, en-deça des prévisions attendues, ne serait-ce quepar ce qu’aucune récolte n’ait été réalisée sur les 11 hectaresutilisées pour la multiplication des semences.Dans les essais en milieu paysan, les variétés, arrivées trèstôt à maturité — 2009 TZE-W-STR, EVDT 2000-Y-STR-QPMet LNTP-X LNTP-W —, maintiennent leur large supériorité en

matière de rendement en grains acquise « de haute lutte »,en 2011 et en 2012, tout comme la très précoce variété 2004TZEE W. N’empêche, il y eu baisse de rendement, en 2012par rapport à 2011, mais on doit à la vérité de dire que le Striga(mauvaise herbe) y compte pour quelque chose, probablementà cause des pluies diluviennes évoquées plus haut.L’association du maïs et du niébé a donné, en station, un ren-dement en grains de 42 % supérieurs aux autres cultivarsplantés seuls. En 2011 comme en 2012, les résultats obtenusrévèlent que les variétés DT-Y-STR-SYN, 2008 DTMA-Y-STR, 2004 TZE-W DT-STR, 2004 TZEE-W-STR et 2009TZEE-W-STR sont très prometteuses et, pour cette raison,elles sont promues à utilisation dans les essais paysans de2013.La même association a montré aussi que les variétés amé-liorées de soja cultivées seules donnent substantiellement

des rendements en grains supérieurs, dans le cas où ellessont associées au maïs, mais TGX 1904-6F, TGX 1951-3F etTGX 1448-2E étaient plus compétitives avec le maïs. Cela enfait aussi des variétés à promouvoir dans les essais paysan.Elle a, enfin, montré que les variétés améliorées de niébé —IT89KD 288 et la 338-1 — sont prometteuses, notamment sielles sont en association avec le maïs. De même, l’associa-tion du maïs et de l’arachide met en évidence que les variétés d’arachide Samnut-21, Samnut-22 et Samnut-23deviennent également bien prometteuses. Raison pourlaquelle, elles seront également reconduites dans les essaispaysans débutant, en 2013.

La première suivie dela seconde ou vice-versa, dans chaque exploitation

Comme après les semis et les récoltes, arrivent les évalua-tions, l’équipe nationale en a organisées à mi-saison. Demême qu’une journée porte ouverte. L’intention est de fairemesurer aux acteurs agricoles et au grand public toute l’im-portance revêtue par les options technologiques, les perfor-mances technologiques et les choix des producteurs, afind’en prendre conscience et que s’instaure la confiance.Quant à l’évaluation finale, elle détermine les coûts et béné-fices des nouvelles technologies promues avec les produc-teurs. En effet, pour l’adoption des prometteuses variétésaméliorées de maïs contre le choix des producteurs, le revenumarginal est de 59,1050 à 7,5682 francs CFA (de 4,50 à 6,69 naïras, 1,58 naïra étant égale à 1 dollar US, ce dernier à

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550 francs CFA) pour 8,6900 francs CFA (1 naïra) investis.Pour l’adoption aussi du maïs et du niébé associés et du niébécultivé seul contre le maïs cultivé seul, le revenu marginal estrespectivement de 456,6600 francs CFA (5,19 naïras) et de11,3814 francs CFA (7,33 naïras) pour 8,6900 francs CFA (1 naïra) investis.Si on en est arrivé là, c’est aussi grâce à la formation des vul-garisateurs et des producteurs. C’était dans les domaines dela gestion des cultures, la collecte des données, la connais-sance de la biologie du Striga, la lutte contre lui, la gestionintégrée de la fertilisation des sols, la gestion de l’utilisationsécurisante et effective des herbicides contre les ravageursdu niébé et les évaluations pré et après-récoltes. Dès lors, que faut-il de plus pour voir les producteurs, aidespar le Ministère localchargé des coopératives, s’organiser enAmana Seeds Association ? Le but recherché :pouvoiraccéder aux intrants et revenus que procurent les marchés,ce que peut faciliterl’étude d’identification des fournisseurs ettransformateurs menée par l’équipe nationale du Projet.Ainsi peut commencer la distribution des semences de toutesles spéculations à tester. De 1 kilo de semences de variétésaméliorées de maïs à 0,5 kilo de celles de soja ou de niébé àchaque producteur ; de 30 kilos de la variété de maïs EVDT99-W-STR à 20 kilos de celle de soja TGX 1904-6F à chacundes 2 émirs et au président du Conseil du gouvernement local; de 700 kilos de semences de maïs, 154 kilos de celles soja,100 kilos de celles de niébé à 60 kilos de celles d’arachide à235 productrices, soit 1,01 tonne de semences environ.Ainsi peuvent aussi débuter les essais de démonstration desvariétés de maïs. L’équipe nationale prend alors 3 variétésfournies par l’IITA, 2 dites améliorées et 1 locale choisie parle producteur. Les premières sont à sélectionner parmi unepléthore (voir tableau 2). Avant d’aller plus loi, disons un motde ce qui les caractérise. Les variétés de maïs mûrissent vite(précoces) ou très vite (extra-précoces). Elles résistent auStriga ou le tolèrent ainsi que la sécheresse. Elles contien-nent beaucoup de protéines et (ou) peu d’azote.

Tableau 2 : quantités de semences des diverses variétésde cultures envoyées par IITA à Askira/Uba, dans l’Etat duBorno, au Nigeria

La variété de maïs EVDT-99-W-STR est cultivée en rotationavec celle de soja TGX 1904-6F, dans un intervalle régulierde un ou de deux ans. L’équipe nationale a semé la premièresuivie de la seconde ou vice-versa, dans chaque exploitation.Quand la première est associée à à la variété tardive deniébé IT89KD 288, dans chaque exploitation, l’équipenationale a traité de la manière suivante : maïs seul, puismaïs-niébé pris ensemble, enfin, niébé seul.

A YimirAli, aucune différence significative n’est note entre elles

Lorsque les pluies se sont vraiment installées, en juillet, lemaïs est semé, espacé de 75 x 40 centimètres avec 2 plantspar colline, et reçoit des fertilisants à la dose de 100:50:50sous forme d’azote, de phosphore, de potassium 15:15:15 etde l’urée contenant 46 % d’azote. Autrement dit, environ 300 ki-los de NPK, soit 6 sacs, et 100 kilos d’urée, soit 2 sacs, parhectare.Deux semaines après le semi, l’équipe nationale remar-que que le premier désherbage est performant. Il en estaussi ainsi du second, survenu 3-4 semaines après le semidu maïs extra-précoce ou du maïs précoce. Le travail étaitardu, mais sur les 110 sites de démonstration en champpaysan envisagés, 74 sont effectivement mis en place et70 récoltés (voir tableau 3). Bien que très positif, ce résultatest entaché d’impairs à imputer essentiellement, selon elle,aux inondations. Sur les 70 essais récoltés, 47 ont reçu du maïs seul, 8 dumaïs et du niébé associés et 15 du maïs et du soja alternés(voir tableau 3).Dans cette entreprise, tout le monde y prend goût. Les 3 localités ont donc mis à la disposition du Projet 38 hec-tares destinés à l’expérimentation des 4 cultivars. A sontour, le Projet procure aux producteurs les semences debase ainsi que les intrants. Aussi les 20 kilos de semencesde variétés améliorées, les 150 kilos de NPK 15:15:15 (3 sacs) et les 50 kilos d’urée (1 sac) leur ont-ils permisd’aménager 1 hectare de semences de maïs au moyen desbonnes pratiques agricoles.Disons, tout compte fait, que sur les 38 hectares prévus,29,5 sont effectivement exploités, soit 77,6 %. Et sur ces29,5, plus de la moitié, c’est-à-dire 18, soit 61 %, est ré-coltée (voir tableau 3). Là également, l’incidence des inon-dations, surtout à YimirAli, n’est pas négligeable sur cerésultat non moins appréciable.Ces dons ne sont pas tombés dans l’escarcelle de produc-teurs sourds ! Car ils en ont tous tiré 20,3 tonnes desemences certifiées, dont 16,2 tonnes de maïs et 2,48 tonnesde soja (voir tableau 4).

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Tableau 3 : nombre d’essais de démonstration en milieu paysan, de quantités de semences obtenues et récoltées, àAskira/Uba, dans l’Etat de Borno, au Nigeria

* Les nombres, mis entre-parenthèses, indiquent ceux des sites et hectares en service.

Tableau 4 : rendements en semences obtenues par les exploitations paysannes des 3 localités d’Askira/Uba, dans l’Etatdu Borno, au Nigeria

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Mais, pris dans leur ensemble, ces rendements en grains sontbien bas comparés aux prévisions. D’ailleurs, pouvait-il en êtreautrement, dès l’instant que de 11 hectares, rienn’a pu être tiré

Tableau 5 : performance des 4 variétés de maïs précoces et extra-précoces dans les parcelles de démonstration de laSavane guinéenne, au nord du Nigeria, en 2011 et en 2012

et de 5 autres, moins de 10 % en sont sortis. Et l’équipe d’incrimi-ner, à juste raison, ces inondations de septembre qui ont ravagéla plupart des parcelles, singulièrement à YimirAli et à Husara !2009 TZE-W-STR, EVDT 2000-Y-STR QPM et LNTP-X LNTP-

W (faible d’azote) sont les variétés précoces de maïs les plusproductives avec un avantage de rendement en grains de plusde 30 % (voir tableau 5), aussi bien en 2011 qu’en 2012. Et

même la 2004-TZEE-W a été plus performante que les variétésextra-précoces, en 2012 (voir tableau 5). Quant à leur ennemicommun, le Striga, il les a peu attaquées, en 2012, probablementà cause de la plus forte pluviométrie enregistrée (sic) !!!

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Tableau 6 : performance des 4 variétés de maïs précoces et extra-précoces dans les parcelles de démonstration de laSavane guinéenne, au nord du Nigeria, en 2012

La performance du maïs précoce montre également que lesrendements en grains sont significativement plus élevés à lafois chez 2009 TZE-W-STR, EVDT 2000-Y-STR QPM etLNTP X LNTP W, à Wamdeo et à Husara, que chez la variétéchoisie par le producteur (voir tableau 6). Par contre, àYimirAli, aucune différence significative n’est notée entre elles. Toutefois, l’équipe remarque que les variétés prometteusesont donné des rendements en grains nettement supérieursque les autres types. Tout comme les variétés extra-précocesl’ont été bien plus que celle du producteur, aussi bien à

Wamdeo qu’à Husara. C’est le cas de 2004 TZEE-W et de99 TZEE-W.

Une journée porte ouverte des producteursQuand à l’influence éventuelle de Striga, l’équipe ne relèveguère de différence significative, tant à Husara qu’à YimirAli.A Wamdeo, 2009 TZE-W-STR et EVDT 2000-Y-STR, trèsprotéiniques, sont beaucoup moins infestées par la mauvaiseherbe que la variété locale témoin. Celle du producteur estrelativement plus infestée que les autres (voir tableau 6).

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Sur un autre palier, celui de la station de recherche d’Askira, 5 types d’essais étaient installés. Avec pour visée non seu-lement de « mettre au monde » des solutions aux contraintesde production assaillant les producteurs, mais aussi de servirde bouquet d’options aux technologies de validation et desélection des essais de démonstration importants aux yeuxdes paysans. Ces derniers ont pour nom maïs cultivé seul,maïs et légumes cultivés en rotation, maïs et niébé, maïs etsoja, maïs et arachide en association. Les tableaux 8 à 11 envisualisent les résultats, sauf pour ceux de la rotation maïs-légumes, qui seront présentés, en 2013, quand les effets des2 années de culture en rotation se manifesteront.A terme échu, ces essais attestent que toutes les variétés demaïs améliorées sont de loin plus performantes que la variétélocale témoin, en ce qu’elles font des rendements en grainsbien supérieurs (voir tableau 8). Ainsi les 5 variétés précocestout comme toutes celles extra-précoces disposent d’un avan-tage de rendements de plus de 100 % face à la variété localetémoin. De même, ici, l’incidence de la mauvaise herbe ne diffère signi-ficativement pas entre variétés, et les valeurs sont bien supé-rieures, cette année-ci, probablement à cause des pluies dilu-

En revanche, elle relève de la performance au sein de l’association maïs-niébé. Cette dernière a fait naître unavantage de rendement en grains de 42 % comparée auxcultivars pris isolément (voir tableau 7). Seulement, d’après

l’équipe, le maïs se dévoile être, comme d’habitude, plus com-pétitive que le niébé. Voici la raison pour laquelle, cette pra-tique d’association se voit promue, à l’échelle pay-sanne, pourminorer l’infestation du Striga, améliorer la fertilité des sols etla diversification agricole, dans la sous-région.

Tableau 7 : performance de l’association maïs-niébé dans les parcelles de démonstration de la Savane guinéenne, au nord-est du Nigeria

viennes enregistrées. Il s’agit des prometteuses variétés quesont DT-W-Y-STR-SYN, 2008 DTMA-Y-STR, 2004 TZE-W-DT-STR, 2004 TZEE-W-STR et 2009 TZEE-W-STR qui serontsoumises en démonstration, en 2013.

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Tableau 8 : performance des variétés précoces et extra-précoces dans les parcelles de démonstration de la Savaneguinéenne, au nord du Nigeria

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Tableau 9 : performance des variétés de soja cultivées en association avec le maïs dans les parcelles de démonstrationde la Savane guinéenne, au nord du Nigeria

Il en est de même quand le maïs est associé au niébé.Toutes les variétés de ce dernier ont assurément un avan-tage de rendement en grains. Cependant, cultivées seules,la IT 89KD-338-1 et la IT89KD-391 font plus de rendements

Toujours en station, on ne cessera pas de s’étonner deces essais ! Tenez, il se trouve que les variétés amélioréesde soja, cultivées, donnent constamment des rendementsen grains supérieurs lorsqu’íl lui est associé le maïs (voirtableau 9).

Cependant, TGX 1904-6F, TGX 1951-3F et TGX 1448-2Edeviennent plus compétitives associées au maïs, parce queréalisant des avantages de rendement en grains supérieurs.C’est pourquoi, TGX 1904-6F et TGX 1951-3F seront pro-mues, dans un essai de démonstration associatif avec le maïs

en grains (voir tableau 10). La IT89KD-288 se révèle pluscompatible à l’association, puisque réalisant l’avantage derendement en grains le plus élevé. Par conséquent, laIT89KD-288 et la 338-1 seront mises en culture associéeavec le maïs, en 2013.

chez les paysans, en 2013.

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Tableau 10 : performance des variétés de niébé cultivées en association avec le maïs dans les parcelles de démonstra-tion de la Savane guinéenne, au nord du Nigeria

Quand le maïs est cultivé avec l’arachide, il n’y a pas uneseule variété améliorée de cette dernière qui donne des ren-dements prometteurs. Même si Samnut-23 fait mieux quetoutes les autres, surtout cultivée seule (voir tableau 11) ! Mais il ne fait aucun doute que l’avantage de rendement engrains est de loin plus élevé, à chaque fois que le maïs estmis ensemble avec n’importe qu’elle d’entre ces variétésd’arachide, excepté avec la locale. Et ce, durant les deux

années 2011-2012. A ce sujet, Samnut-21 et Samnut-22, cultivées avec le maïs, se distinguent nettement du lot, enatteignant les avantages de rendement en grains les plusgrands. De surcroît, Samnut-23 est la plus performante, c’estce qui s révèle l’évaluation survenue à la mi-saison. Parconséquent, la sagesse a voulu que toutes les 3 soient pro-mues parmi les producteurs, en 2013, dans ces conditionsculturales.

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Tableau 11 : performance des variétés d’arachide associées au maïs dans les parcelles de démonstration de la Savaneguinéenne, au nord du Nigeria

Avec tant de réalisations préliminaires, n’était-il pas arrivé letemps de fouetter les consciences, de partager les expéri-ences, de bâtir une solide confiance au sein des acteurs, derendre visibles les options technologiques et d’évaluer la per-formance de ces dernières ? En tout cas, l’équipe nationalene s’est nullement embarrassée de conjectures ; elle s’estdonc lancée dans une évaluation à mi-parcours et unejournée porte ouverte des producteurs. C’était en octobre.

Coût de production et ratio bénéfice-coûtL’activité renforcement des capacités n’étant pas en reste,furent organisées des formations des vulgarisateurs et pro-ducteurs, à l’occasion desquelles les critères de sélection etd’adoption des technologies prometteuses sont définis et desvisites de champs retenues. En recevant les gens, le produc-teur leader visité procède de la manière suivante : expliquerla gestion des pratiques de la technologie testée, présenterleurs avantages et inconvénients, répondre aux questions etcommentaires, etc.A Husara, 29 producteurs — 25 hommes et 4 femmes — par-ticipent à l’évaluation de l’adoption de la rotation maïs-soja àl’aune des principaux critères que sont la lutte contre leStriga, l’amélioration de la fertilité et la conservation de l’hu-midité des sols (voir tableau 12).

Tableau 12 : classement par ordre d’importance des critèresretenus par les producteurs pour la rotation culturale maïs-soja, à Husara

La majorité des producteurs ont porté leur préférence sur laculture de rotation soja puis maïs et non pas sur la culturecontinue maïs ou soja (voir tableau 13). Cela a bien une expli-cation : la capacité de cette technique culturale à lutter contrele Striga, à améliorer la fertilité et à conserver l’humidité dessols, à réduire les ravageurs et maladies et, par conséquent,à augmenter les rendements.

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Tableau 13 : matrice de classement des critères retenuspar les producteurs pour l’adoption de la rotation culturalemaïs-soja, à Husara

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux

A Wamdeo, ce sont 54 producteurs — 39 hommes et 15 fem-mes — qui participent à l’évaluation de l’adoption de la rota-tion maïs-soja, selon ses capacités à lutter contre le Striga, àaméliorer la fertilité des sols et à accroître les revenus desménages (voir tableau 14).

Tableau 14 : comparaison par rang des critères retenus parles producteurs pour l’adoption de la rotation culturalemaïs-soja, à Wamdeo

Là aussi, leur préférence va à la culture en rotation du sojasuivie de celle du maïs plutôt qu’à la culture continue du maïsou du soja (voir tableau 15). Plus précisément, 50 produc-teurs ont porté leur choix sur la rotation soja-maïs, afind’améliorer la fertilité et de conserver l’humidité des sols etd’atteindre de hauts rendements.

Tableau 15 : matrice de classement des critères retenuspar les producteurs pour l’adoption de la rotation culturalemaïs-soja, à Wamdeo

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux

Revenons à Husara pour dire avec l’équipe que les produc-teurs ont porté leur dévolu sur la tolérance/ résistance auStriga, la haute qualité florale et l’agréable goût du grain desvariétés maïsicoles (voir tableau 16). Lesquelles variétés,avec de telles qualités, leur donnent espoir d’en obtenir desniveaux de rendement élevés et une amélioration de leurspropres conditions d’existence.

Tableau 16 : classement par ordre d’importance descritères de sélection retenus par les producteurs pour lesvariétés de maïs à partir des parcelles de démonstrationen champ paysan, à Husara

Vingt producteurs sont favorables à 2004 TZEE-W pour sonextrême précocité, sa croissance uniforme et ses courts épis.Onze d’entre eux aiment 2000 SYN-EE-W pour ses largesépis, sa résistance ou tolérance au Striga et son poids moyen(voir tableau 17).

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Tableau 17 : matrice de classement des critères de sélec-tion retenus par les producteurs pour les variétés de maïsà partir des parcelles de démonstration en champ paysan,à Husara

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux

Faisons retour aussi à Wamdeo, où les producteurs necachent pas leur penchant pour les variétés de maïs capa-bles de lutter contre le Striga, de tolérer la sécheresse etayant une haute valeur nutritive et florale (voir tableau 18).

Tableau 18 : classement par ordre d’importance des critè-res de sélection des variétés de maïs, à Wamdeo

Les producteurs penchent pour EVDT 2000-Y-STR-QPM quiest la meilleure suivie de 2000 SYN-EE-W et non point pourla variété locale. Les raisons avancées sont multiples : hautevaleur nutritionnelle donnée par la présence de protéines etdu carotène (vitamine A) de qualité, haute valeur florale,tolérance au Striga et agréable goût du grain et ce, en com-

Tableau 19 : matrice de classement des critères de sélec-tion retenus par le producteur pour les variétés de maïs, àWamdeo

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux

A YimirAli, ils étaient 30 producteurs à évaluer la culture asso-ciée maïs-niébé. Pour ces 22 hommes et 8 femmes, la luttecontre le Striga, la conservation de l’humidité des sols et laréduction de l’infestation des ravageurs et maladies ontemporté leur adhésion (voir tableau 20).

Tableau 20 : comparaison par rang des critères de sélectiondu producteur pour la culture associée maïs-niébé, à Yimir Ali

Cela va s’en dire qu’au vu des résultats, leur option est portéesur cette association culturale, mais aussi sur la culture seuledu niébé (voir tableau 21). Car ils sont d’avis que cultiver plusd’une plante, sur un seul et même espace, entraînera laréduction du coût de production et augmentera le ratio béné-fice-coût.

paraison avec la variété choisie par le producteur (voir ta-bleau 19).

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Tableau 21 : matrice de classement des critères de sélec-tion du producteur pour la culture associée maïs-niébé, àYimirAli

* 1 = bien ; ** 2 = meilleur ; *** 3 = mieux

Au surplus, un budget partial y est développé par grouped’hommes, de femmes et de jeunes. Les coûts de produc-tion, les rendements en grains et les prix des produits dechaque technologie sont répertoriés par les producteurs eux-mêmes.

Disposer des prix du marché à travers l’information périodique

Quant aux formations internes organises, durant 2011 et2012, un nombre appréciable d’acteurs en ont bénéficié.C’est le cas de 12 vulgarisateurs et de 157 producteurs for-més sur la technique de parcellisation d’un champ destiné àl’essai en milieu réel, les techniques de production desemences, l’application des herbicides, les pratiques de pro-duction du maïs, du niébé et du soja et la prise en compte dela dimension genre.Elles ont aussi profité à 36 vulgarisateurs et à 160 produc-teurs en ayant trait à la lutte du Striga, à la connaissance desa biologie, à la lutte et à l’identification des ravageurs duniébé ainsi qu’à la gestion intégrée de la fertilité des sols.Enfin, elles ont apporté à 10 vulgarisateurs et à 113 produc-teurs des connaissances ayant trait aux critères des produc-teurs pour l’adoption et le classement des technologies ; à30 vulgarisateurs et à 120 producteurs des savoirs relatifs àla récolte et au stockage des cultures ; à 10 vulgarisateurs età 58 producteurs des qualifications portant sur la confectionde budgets partiels pour les essais en champ paysan.A présent, n’y a-t-il pas lieu de se demander où chercher lescauses profondes de tous ces résultats préliminaires qui leurouvrent d’intéressantes perspectives de marchés ? D’abord,dans cette panoplie de formations qui leur ont donné lescapacités, par exemple, de produire 21,4 tonnes de

semences certifiées de maïs, de soja, de niébé et d’arachide,en 2011.Ensuite, dans la mise à disposition gratuite par le gouver-nement local de 4,6 tonnes de semences aux producteurs,en 2012. D’ailleurs, il en est resté quelque chose qu’ils ontété autorisés à vendre aux autres producteurs, au sein et endehors de leurs communautés.Enfin, dans l’inspection par l’Office de certification du NASCde la production semencière des producteurs, en vue de sacertification. Or si l’essentiel des variétés a obtenu le sésame,il y en a 2 de maïs, qui n’ayant pas été correctement isolées,n’étaient pas admises au test de certification.Avec tant d’activités qui frisent un chantier, il va s’en dire quel’équipe nationale ne s’est pas engagée, tête baissée ! Entrenovembre et décembre 2012, elle a donc étudié les différents intérêts et perceptions des producteurs, mini-transforma-teurs, transformateurs industriels, commerçants grossistes,détaillants, etc., de 5 marchés de la zone d’intervention duProjet.

Contact : Ernest Assa AsieduCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : [email protected] Skype : ernestasieduInternet : www.coraf.org

Culture du maïsIITA : le point

de son appui aux trois équipes nationales

IMAGINONS QUE LES TECHNOLOGIES AMÉLIORÉES ET INNOVATIONSde fertilisation des sols, la résistance au Striga et à lasécheresse n’aient pas été développées sur place, n’al-

lions-nous pas les importer du dehors de l’Afrique de l’Ouestet du Centre ? A coup sûr ! Mais fort heureusement, l’IITA (In-ternational Institute for Tropical Agriculture) est là pour enfournir au Projet « Amélioration de la productivité et de la dif-fusion du maïs (Zea mays L.) par la promotion des technolo-gies de gestion intégrée dans les savanes du Cameroun, duNigeria et du Tchad ». C’était durant trois années de partena-riat, 2011-2013.En 2012, l’équipe de l’IITA s’est entourée de toutes les garan-ties pour que les variétés améliorées de maïs livrées, la veilledes campagnes agricoles, aux acteurs dans les 3 pays soienttoutes résistantes au Striga, adaptées aux essais d’associa-tion avec les variétés de niébé à la fois précoces et résis-

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Les 9 variétés de maïs récoltées ont dépassé toutes lesattentes et sont éprouvées pour servir lors des campagnesagricoles à venir. En effet, sur 4 hectares exploités en saisondes pluies avec les 129 kilos de semences de pré-base,l’équipe de l’IITA a pu en tirer un rendement moyen de 2,7 tonnes de semences de base distribuées aux acteurs,dans les différents pays.

Comment effectuer l’épandage et le calibrage des mélanges chimiques…

Sur 3 hectares, les producteurs ont exploité des semencesde pré-base de 4 variétés de maïs — 2009 EVDT-W-STR, 99EVDT-W-STR, 2009 TZEE-W-STR et ACR 94-TZE-COMP5-W — résistantes au Striga. Et ils en ont obtenu des ren-dements de semences de base variant entre 1 et 2,5 tonnes.

Tableau 1 : variétés et quantités de semences exportées parl’IITA vers l’University of Maiduguri de l’Etat de Borno auNigeria, l’ITRAD au Tchad et l’IRAD au Cameroun

Tableau 2 : variétés améliorées et rendements en semencesde base obtenus par les producteurs du Nigeria, du Tchadet du Cameroun

Pratiquer ces activités agricoles ne suffisant pas, des forma-tions de renforcement des capacités des producteurs étaientprévues et auxquelles l’équipe de l’IITA a participé. Toutd’abord, dans la formation de 31 superviseurs de terrain etproducteurs de semences originaires du Tchad et duCameroun sur les techniques de production des semences

certifiées, puis sur l’identification et la lutte contre le Striga, lasécheresse et la gestion intégrée de la fertilisation des sols. Ensuite, dans leur formation sur les questions environnemen-tales que sont l’utilisation sécuritaire des pesticides, destechnologies de fertilisation et d’amendement des sols, lasauvegarde, le suivi et l’atténuation des risques pour les utili-sateurs, dont les femmes. Ce faisant, ont été organisées des séances démontrant com-ment effectuer l’épandage et le calibrage des mélanges

tantes au Striga et aux essais de multiplication des semences(voir tableau 1).

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Coraf Action

Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CORAF/WECARD est une association internationale a but non lucratifnée, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sous-région. Il s’appelait alors la Conférence des responsables de recherche agronomique africains etfrançais, changée, en 1995, en Conférence des responsables de larecherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, puis, en son actuelnom, en 1999. Le CORAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durabledu système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité etdes marchés par la satisfaction des principales demandes des acteursadressées aux SNRA.Parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées quevéhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée avec à travers leProgramme sur les semences en Afrique de l’Ouest du CORAF/WECARD,le présent appui financier de l’USAID (United States Agency forInternational Development).

Directeur de publicationHarold Roy-Macauley

Directeur de la rédactionAbubakar Njoya

Directeur adjoint de la rédactionAnatole Yékéminan Koné

Rédacteur en chefArmand Faye

Comité de rédaction et de lectureErnest Assah Asiedu, George Muluh Achu,

Vincent Joseph Mama, Abdourahmane Sangaré,Mbène Dièye; Sidi Sanyang,

Hamadé Kagoné, Abdulai Jalloh,Niéyidouba Lamien, Julienne Kuiseu,Jérôme Konan Kouamé, Mika Ndongo

Mise en pagesNgor Sarr

Alassane Dia

Postage en ligneGorgui Alioune Mbow

Documentation, édition et diffusionCORAF/ WECARD

Version anglaise disponibleCORAF/ WECARD, BP 48 Dakar RP

CP 18523, Dakar, SénégalTél. : (221) 33 869 96 18Fax : (221) 33 869 96 31

E-mail : [email protected] : [email protected]

Internet : www.coraf.org

ISSN : 0850 5810

chimiques et comment se positionner par rapport à la direc-tion du vent.

Contact : Ousmane NdoyeCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : [email protected] Internet : www.coraf.org

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NOTE DE LECTURE

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Rapport final. Evaluation descapacités des laboratoiresnationaux et régionaux d’A-frique de l’Ouest qui pour-raient servir de centre d’ex-cellence de la CEDEAO et duCORAF/ WECARD en bio-technologie et biosécurité.Par Abdourahamane Sangaré,de Côte d’Ivoire.Voici un document de la plushaute importance pour leCORAF/ WECARD (voir www.coraf.org) et la CEDEAO(Com-munauté économique desEtats de l’Afrique de l’Ouest) !Car vu le nouveau contextemondial créé par ce « phéno-mène du siècle », on a gran-dement besoin, dans la sous-région, de connaître, de ma-nière rigoureuse et précise,les forces et faiblesses descapacités techniques desprincipaux labo des SNRA etInstituions internationa-les exerçantdans la bio-technologieet la biosé-curité. Le but est suc-cessivement d’ydéceler ceux ca-pables de servirde centres d’ex-cellence et de pro-poser des mesuresconcrètes de renfor-cement de leurs capa-cités en la matière,selon les avantagescomparatifs des uns etdes autres.C’est ainsi que la métho-dologie de sélection decette entreprise, une foisvalidée, a permis de pré-sélectionner 23 labo appar-tenant à 19 institutionsexerçant en Gambie, auSénégal, au Mali, au BurkinaFaso, en Côte d’Ivoire, auGhana et au Nigeria.En effet, d’après leur spéciali-sation, ils s’activent dans 24 do-maines de la productionvégétale et animale répartisdans les 6 thématiques quesont la biotechnologie végétale,

la biotechnologie animale ethalieutique, les ressources gé-nétiques, l’environnement et labiodiversité, l’agroalimentaire etla sécurité sanitaire, l’adapta-tion au changement climatique.Tour en se consacrant à desacticités si diversifiées et densi-fiées, ils se concentrent, néan-moins, essentiellement sur lesvégétaux, animaux et micro-organismes — champignons,virus, bactéries et levures —,tous nantis de techniques depointe.Les chercheurs et techniciensspécialisés y emploient diver-sement la culture in vitro —

dont la plus usitée est la réac-tion de polymérisation en chaî-ne (PCR), et en biologiecellulaire.Pour cela, la majorité des labosont dotés d’infrastructuresadaptées et d’équipementsassez importants, avec des dif-férences dans leur qualité etquantité. A l’exception de laCôte d’Ivoire et de la Gambiequi, au moment de l’enquête,ne disposaient pas encore dupersonnel cadre en biosécurité,le reste des pays visités ontdéjà élaboré leur cadre biotech-nologique et biosécuritaire.Ce ne sont pas là leurs seules

33 chercheurs ; quant auxautres, leur nombre valse entre3 et 15. Si la plupart dispose de3 à 34 techniciens spécialisés,il y en a deux qui sont à 2 et unqui n’en a pas du tout.Quinze (soit 65 %) des 23 laboconcernés encadrent beau-coup plus d’étudiants de troisiè-me cycle comprenant lediplôme d’étude approfondie(DEA), le mastère que d’autresde niveau moindre. Sept, c’est-à-dire 30 %, s’y sont particuliè-rement distingués.Les cinq dernières années,chacun d’eux a réalisé entre 2et 80 publications scientifiquesdiffusées par 1 à 45 revues

scientifiques.Citons l’exem-ple typique du

laboratoire de bio-technologies animales(LBA) du Centre inter-

national derecherchedéve lop -pement surl ’élevage

en zone sub-h u m i d e(CIRDES) auBurkina Fasoqui sont large-ment du lot

avec 80 publica-tions scientifiquesdans 45 revues !Le second talond’Achille s’appellela faible ouverturedes laboratoiresnationaux et ré-gionaux sur le

plan sous-régionalet régional contrai-rement à leur largeouverture sur le plan

international. Or neserait-ce que pour la mise neœuvre du Plan d’action pour ledéveloppement de la biotech-nologie et la biodiversité enAfrique de l’Ouest de laCEDEAO, cette tendance lour-de mérite d’être renversé, touten continuant le partenariatbénéfique avec les labo inter-nationaux.

micro-propagation, embryogé-nèse somatique, culture deméristème et d’anthère —,amplification de l’ADN, clo-nage, le séquençage, micro-farads, marqueurs et autresoutils moléculaires d’étude dela diversité. Sans oublier, bienentendu, les techniques debase en biologie moléculaire,

différences, il en existe d’autresqui sont des talons d’Achille,dont nous ne citerons que deuxpour les besoins de cet articleLe premier appelle l’insuffi-sance des capacités humai-nes. En ce sens que seul le lab-oratoire central vétérinaire(LCV) du Ministère de l’élevageet des pêches du Mali emploie