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Enquête www.terra-economica.info n°47 - 10 février 2005 - 1,50 l’économie entre les lignes Les ONG sont dans la rue Page 5 Les appels à la générosité s’empilent dans les boîtes aux lettres et le public sature. Pour recruter des donateurs, les ONG recourent donc à de nouvelles techniques de marketing. Jeremy Rifkin : Quand l’économie se parfumera à l’hydrogène Page 9 Que deviendrons-nous dans un monde sans pétrole ? Terra economica a posé la question à l’économiste amé- ricain Jeremy Rifkin, célèbre pour ses ouvrages L’économie hydrogène et La fin du travail. Apprêtez-vous à brancher votre réfrigérateur sur la voiture de fonction du voisin… S’il te plaît, dessine-moi une carte Page 12 L’association “Un point c’est tout” s’est mis en tête d’éditer une cartographie libre de droits et collaborative. L’affaire pourrait prendre une tournure planétaire. Carambolage de petits riens Page 2 Prenez un oeuf en chocolat, un chapon et des feuilles de cigarettes. Enrobez d’un ton chic et burlesque. C’est Karambolage. Les Brèves Page 12 Ca ne chauffe pas pour tout le monde // 1 tran- che d’Internet, 2 tranches de pub // Travail de sape // Sueurs froides pour Suez // Le bonheur national brut, c’est du sérieux La Revue de presse Page 4 L’Europe ne goûte pas aux OGM // Plaider- coupable : ni vu, ni connu // Une caricature de café // Le bond en arrière de la Côte-d’Ivoire Battue il y a quatre ans par Pékin, Paris ne veut pas laisser filer sa chance d’organiser les JO en 2012. Pour emporter l’adhésion des Français, et celle du CIO qui se décidera le 6 juillet, elle a lancé une communication au rouleau compresseur, avec d’importants relais politiques et économiques. Les opposants, eux, sont balayés. // Page 6 JO 2012 : L’essentiel, c’est de les gagner

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Enquête

w w w . te r ra - e co n o m i c a . i n fo

nn°°4477 -- 10 février 2005 - 1,50 €

l’économie entre les lignes

Les ONG sont dans la rue Page 5

Les appels à la générosité s’empilent dans lesboîtes aux lettres et le public sature. Pourrecruter des donateurs, les ONG recourent doncà de nouvelles techniques de marketing.

Jeremy Rifkin : Quand l’économiese parfumera à l’hydrogène Page 9

Que deviendrons-nous dansun monde sans pétrole ?Terra economica a posé laquestion à l’économiste amé-ricain Jeremy Rifkin, célèbrepour ses ouvrages L’économiehydrogène et La fin du travail.

Apprêtez-vous à brancher votre réfrigérateursur la voiture de fonction du voisin…

S’il te plaît, dessine-moi une carte Page 12

L’association “Un point c’est tout” s’est mis entête d’éditer une cartographie libre de droits etcollaborative. L’affaire pourrait prendre unetournure planétaire.

Carambolage de petits riens Page 2

Prenez un oeuf en chocolat, un chapon et desfeuilles de cigarettes. Enrobez d’un ton chic etburlesque. C’est Karambolage.

Les Brèves Page 12

Ca ne chauffe pas pour tout le monde // 1 tran-che d’Internet, 2 tranches de pub // Travail desape // Sueurs froides pour Suez // Le bonheurnational brut, c’est du sérieux

La Revue de presse Page 4

L’Europe ne goûte pas aux OGM // Plaider-coupable : ni vu, ni connu // Une caricature de café // Le bond en arrière de la Côte-d’Ivoire

Battue il y a quatre ans par Pékin, Paris ne veut pas laisserfiler sa chance d’organiser les JO en 2012. Pour emporterl’adhésion des Français, et celle du CIO qui se décidera le6 juillet, elle a lancé une communication au rouleaucompresseur, avec d’importants relais politiques etéconomiques. Les opposants, eux, sont balayés. // Page 6

JO 2012 :L’essentiel, c’estde les gagner

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Forum des lecteurs // Sources

Forum des lecteurs

n°47 -- 10 février 2005 www.terra-economica.info2

Amusant, intéressant,surprenant...Réaction à l’article “A quoiservent les altermondialis-tes”, Terra economica numé-ro 46, du 3 février 2005.

C’est amusant de voir queles grands de ce monde,comme on les appelle,étaient réunis au forum deDavos avec les patrons demultinationales pour sepencher sur le sort des pau-vres. C’est intéressant deconstater que le G7 – avecla Grande-Bretagne entête – veut sortir l’artillerielourde contre le sida avecson Plan Marshall pourl’Afrique. C’est surprenantde voir Monsieur Chiracprôner les baisses d’impôten France et sortir sonbadge de militant Attac

pour défendre l’idée d’unetaxe mondiale destinée àredistribuer les revenus oulutter contre le sida.Je ne suis pas une fana-tique des mouvementsaltermondialistes car je lestrouve sectaires à certainségards. Mais on doit bienreconnaître que leur mobi-lisation fait avancer les cho-ses. Et que tout le monderéalise aujourd’hui qu’àcreuser les inégalitéscomme nous le faisonsdepuis des lustres, nouscreusons surtout la tombede la paix et de l’humanité.Charlotte

Logique malsaineRéaction à l’article “Bagdad,année zéro”, Terra economi-ca numéro 43 et 44, des 13et 20 janvier 2005.

Où l’on voit (merci NaomiKlein) toute la logique mal-saine de l’équipe de laMaison-Blanche. Mettons-nous à la place des Irakiensqui n’ont même pas eu l’oc-casion de savourer leurliberté.Alors oui, le processusdémocratique est en cours.Mais si demain les Etats-Unis débarquaient enFrance sous prétexte quenotre politique ne leur plaîtpas, accepterions-noussans nous rebeller de pren-dre des obus sur la tête ?N’aurions-nous pas la ten-tation de rejoindre uneforme de résistance, mêmeextrême ? Naomi Kleinl’explique bien en tout caspour l’rak : à pousser unpeuple innocent (ce quin’était pas le cas de son dic-

Le principe est simple. Prenez un œuf enchocolat, un paquet de feuilles de cigaret-tes, un métro, un chapon et confrontez lesusages de ces "produits" de consommationcourante en fonction de deux cultures, celledes Allemands et celle des Français. Celadonne un carambolage d’idées, quelquesdécalages, et un éclairage sur nos modes devie, enrobés d’un ton chic et burlesque.Karambolage, c’est précisément le nom del’émission d’Arte, dont on peut revisionneravec bonheur les archives sur le siteInternet de la chaîne. Particulièrementrecommandé, le cas du sac plastique descommissions, transformé en sac poubellequi "pendigole lamentablement" dans lescuisines des Français, accroché à la poignéede la fenêtre ou au robinet du radiateur.Outre-Rhin, on y adjoint un système desuspension qui en fait en objet utile et kitch.Au rayon fromagerie, on visionne la portionde Vache qui rit immortalisée par le réalisa-teur Wim Wenders, et on apprend que lamarque octogénaire des fromageries Bel

eut en France plusieurs concurrents, aujour-d’hui disparus : La vache sérieuse, Le veauqui pleure, La vache qui rue, celle qui lit, lamoderne et la savante… Autant de futilitésà déguster pendant les heures oisives debureau. // Edouard Flam

Envie d’un petit accident culturel ? www.arte-tv.com/karambolage

Sources

Ont participé à ce numéro (ordre

alphabétique inversé) : Jalila Zaoug,

Marie Wolin,Toad, Jeremy Rifkin,

Isabelle Raymond, ponofob, Aurélie Piel,

Pauline Hervé, Arnaud Gonzague,

Edouard Flam, Nicolas Filio, DjS, Benoît

Gautier, Capucine Cousin, Cire,

Alexandra Chaignon, Hervé Campet,

Anne Bate, Sara Aden

Illustration de Une : ponofob

Directeur artistique :

Sébastien de Poortere

Relations abonnés, communication :

Mathieu Ollivier

Systèmes d’information :

Gregory Fabre

Rédacteur en chef : David Solon

Responsable de la rédaction,

directeur de la publication :

Walter Bouvais

Terra economica est édité

par Terra economica, SARL de presse

au capital de 1500 euros - RCS B 451

683 718 (Paris)

Siège social :

24, rue Saint-Martin, 75004 Paris

Principaux associés :

Gregory Fabre (gérant), Mathieu

Ollivier, Walter Bouvais

Impression : Dupli Print, 2 rue

Descartes, ZI Sezac, 95330 Domont

Dépôt légal : à parution

Numéro ISSN : 1766-4667

Numéro de Commission paritaire :

1004 I 84334

Contact : Terra economica,

139, rue du Faubourg-Saint-Denis,

75010 Paris

Service abonnements :01 42 05 73 69

ou [email protected]

Carambolage de petits riens

tateur sanguinaire SaddamHussein) au-delà de l’hu-mainement acceptable, onfinit par lui faire envisagerles solutions les plus dé-sespérées, puisqu’il n’y a detoute façon plus d’espoir.Quel gâchis.Stéphane Dumont

Réagissez à nos articles :[email protected]

Soumettez-nous vos tribunes :[email protected]

URS

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Brèves

www.terra-economica.info n°47 -- 10 février 2005

Brèves

3

Travail de sapeAlors que les sociologues Friedmann, Naville et Colin affirmaient en 1972que "l’homme est un animal social essentiellement occupé de travail", l’étudepubliée en janvier par la Dares (Direction de l’animation de la recherche,des études et des statistiques) vient en atténuer le propos. Réalisée parl’Insee au printemps 2003 auprès de 8403 individus, l’enquête Histoire deVie - Construction des identités constate une certaine relativisation du tra-vail. Peu de personnes (7%) le reconnaissent comme l’élément détermi-nant de leur identité. Même si 40% le citent parmi les trois "thèmes qui leurcorrespondent le mieux ou qui permettent de les définir". En outre, plus de lamoitié des personnes déclarent que,concernant leur travail, les motifs d’in-satisfaction l’emportent sur les motifs de satisfaction ou que les deux s’é-quilibrent. Spécialement chez les employés et ouvriers, et dans une moin-dre mesure pour les professions intermédiaires. // Anne Batewww.travail.gouv.fr/etudes/etudes_f.html

Sueurs froides pour Suez en ArgentineDans les années 90, l’Argentine a bradé ses entreprises de service public.Lesfirmes françaises se sont engouffrées dans la brèche et conservent aujour-d’hui une place de choix : Total, EDF, Suez. Mais elles ne sont plus très sûresd’y rester. Le pouvoir leur reproche de n’avoir pas assez investi alors qu’ellesont fait des bénéfices juteux et qu’elles réclament aujourd’hui une haussedes tarifs. "Ils peuvent toujours se brosser pour [ces] augmentations", a tonnéle président Nestor Kirchner, en référence à Suez. L’an dernier, Kirchner arenationalisé les ondes radioélectriques, dont était responsable le françaisThalès (ex-Thomson CSF), et la poste argentine. Suez (eau et égouts) rené-gocie actuellement son contrat.Verdict prochainement.// Angelina Montoya

1 tranche d’Internet, 2 tranches de pubLes pop-up, vous connaissiez ? Ces petitscarrés de publicité qui s’affichentintempestivement sur l’écran d’ordinateur lorsde la fréquentation de certains sites Internet.Leur caractère intrusif a fini par lasser lesinternautes et la multiplication de filtres anti-pop-up dans les navigateurs Internet signel’arrêt de mort de ce format publicitaire. Maisque l’on se rassure, car vient l’ère des publicitésvidéo. "La vidéo sur le Web représente une grandeopportunité", confiait récemment à l’agenceReuters Doug Knopper, l’un des dirigeants de lasociété DoubleClick, spécialisée dans lapublicité et le marketing Internet. Une "grandeopportunité" en effet de lire ses pages Webfavorites en s’entendant vanter, sans avoir riendemandé, les mérites d’Actimel ou deschaussettes Kindy. // Edouard Flam

Le bonheur national brut, c’est du sérieuxLe petit royaume himalayen du Bhoutanpourrait bien être le fer de lance d’unconcept mondial en vogue : le BNB, ouBonheur national brut. Cet outil économiquen’a rien d’une blague et commence à êtrepris au sérieux par la communautéinternationale. Une conférence à ce sujet s’est tenue l’année dernière justement auBhoutan. Elaboré en 1972 par le roi lui-même,ce concept trouve aujourd’hui des échosauprès de professionnels qui cherchent àmesurer le bien-être des habitants d’un pays,en opposition au traditionnel PNB (Produitnational brut) qui mesure uniquement laproduction et les échanges économiques.Et comment quantifier le bonheur ? Le BNBest calculé à partir de critères de qualitéd’alimentation, de logement, d’éducation etde santé. // Pauline Hervé

Climat : ça ne chauffe pas pour tout le mondeQue pensent les grandes entreprises françaises des enjeux énergétiques ?Pas grand-chose, si l’on en croit une étude publiée ces jours-ci, menée parNovethic et le CLER (Comité de liaisons des énergies renouvelables).Depuis la loi sur les Nouvelles régulations économiques (NRE), les entre-prises sont tenues d’informer le public sur l’état de leur consommation d’é-nergie, ainsi que sur les efforts réalisés en matière de maîtrise de l’énergieet de développement des énergies renouvelables. Or sur ce dernier point,21 sociétés (sur 36 étudiées) communiquent peu "voire pas du tout", noteNovethic. Certaines ne disent pas un mot, non plus, de leurs émissions degaz à effet de serre (Bouygues, Cap Gemini, Crédit Agricole, Lagardère,Société Générale, Sodexho Alliance et TF1). "A l’opposé, STMicroelectronics,dont la politique environnementale et le reporting apparaissent commeexemplaires, fait de l’énergie un enjeu stratégique", souligne l’étude. // EF

L’économiste libéral Christian de Saint-Etienne, dans Le Figaro(8/02), critiquant le projet de directive européenne sur la libéralisationdes services. Cette “directive Bolkenstein”est bâtie sur le principe du paysd’origine. Au regard de cette directive, Christian de Saint-Etienne estimeque "le corpus juridique européen" ne nous mène pas vers une démocra-tie des Etats-Unis d’Europe mais vers "une zone de marchéisme débridé".

La Petite phrase

« Quelle Europe voulons-nous,pour servir quelles fins ?

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DjS

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« Speak up, stand up !Le football est un spectacle. A Valence, à Rome, à Athènes ouà Paris, les joueurs de couleur y reçoivent régulièrement despeaux de banane, et leurs moindres gestes sont accompa-gnés de cris de singes. Sympathique. Pour enrayer cette ten-dance lourde, Thierry Henry - il y a peu qualifié de "nègre demerde" par le sélectionneur espagnol - a décidé de rameuterses copains et de faire campagne contre le racisme dans lesstades. Louable initiative. Mais il y a un hic. Dans sa précipita-tion, l’attaquant tricolore a contacté son équipementier Nike,qui fournit aussi les footballeurs apparaissant dans cettecampagne (Pirès, Ronaldinho, Roberto Carlos...). Nike com-munique ainsi doublement sur sa marque.Mise à mal par desaccusations d’exploitation de ses salariés en Asie, montréedu doigt pour ses campagnes “intéressées”, la société Nike estfinalement honnête, car elle n’a jamais hésité à se lever pourexprimer tout fort - c’était en 2003 - que : "virtuellement, toutce que fait une entreprise a pour objectif d’améliorer ses résul-tats financiers". Vous parliez de racisme ? // DS

Revue de Presse

n°47 -- 10 février 2005 www.terra-economica.info

Revue de Presse // Gros mot // Chiffre

4

L’Europe ne goûte pas les OGMDepuis la levée du moratoire sur lesautorisations d’organismes génétique-ment modifiés en Europe, le 19 mai2004, la diffusion des plantes transgé-niques ne rencontre légalement plusd’obstacle. Pourtant, les OGM ne vontpas envahir le Vieux continent, analysentles économistes Thierry Hommel etEgizio Valceschini sur le site d’info scien-tifique Vivantinfo.com. Principal frein : laréticence des consommateurs. Selonl’Eurobaromètre, seules 22 % des per-sonnes interrogées se déclarent favora-bles à l’alimentation transgénique. Pasde quoi encourager les marques, la gran-de distribution et donc les agriculteurs àse lancer sur ce créneau. // Anne Batewww.vivantinfo.com

Plaider-coupable : ni vu ni connuLa loi Perben II de 2004 prévoit une nou-velle procédure, le plaider-coupable.Principe : le procureur de la Républiquepeut proposer à un prévenu encourant5 ans de prison de transformer sa peineen une amende ou en une détentiond’un an maximum, s’il plaide coupable.Objectif initial : désengorger les tribu-naux de délits mineurs (code de la route,violences sans gravité…). Mais les entre-prises pourraient bien y trouver leur

compte, révèle l’avocat Christian Curtildans Les Echos (3/02). En effet, en accep-tant de plaider coupable pour abus debiens sociaux, fraude fiscale, délit bour-sier ou problèmes d’hygiène et de sécu-rité des employés, la procédure seradénuée d’instruction judiciaire, et doncdiscrète. Pas de mise en examen ; pas derisques que des juges fouineurs vien-nent mettre leur nez dans le business ;pas de procès interminable avec rebon-dissements médiatisés qui font bobo àl’actionnaire… Cerise sur le gâteau, lapeine a bien des chances d’être plus fai-ble que celle prononcée à l’issue d’uneprocédure classique. // Arnaud Gonzaguewww.lesechos.fr

Une caricature de caféPour vivre heureux, vivons cachés, dit lamaxime. Pas si évident ! RussellChristoff, un professeur qui enseignedans la baie de San Francisco vient d’enfaire la démonstration. L’histoire com-mence en 2002, lorsqu’il invite une amieà prendre un café, raconte le quotidienespagnol El Mundo. Celle-ci s’amuse dela ressemblance entre son hôte et laphoto d’un emballage de café. Christoff,intrigué, vérifie et se souvient effective-ment d’un cliché pris par une agence depub dix-neuf ans plus tôt, à l’époque où

il souhaitait faire carrière comme man-nequin. Le professeur ne se démontepas, il attaque la multinationale Nestlé,propriétaire de la marque NescaféTaster’s Choice. Le verdict tombe. Pouravoir utilisé la photo pendant desannées et dans 17 pays, Nestlé a étécondamnée à lui verser 15,6 millions dedollars… Vous reprendrez bien unetasse de café ? // David Solonwww.elmundo.es

Le bond en arrière de la Côte-d’IvoireUn réveillon de Noël et un tsunami plustard, la Côte-d’Ivoire n’intéresse plus per-sonne. Pourtant, le pays "est au bord dugouffre économique", explique Jean-Louis Billon dans un entretien au quoti-dien Afrik.com. Le président de laChambre de commerce et d’industrie dupays estime que "les événements denovembre ont porté un coup quasi fatal àl’économie du pays". "La fluidité de la cir-culation des biens et des personnes estentravée, poursuit Jean-Louis Billon. Lacrise est à l’origine d’une érosion écono-mique telle qu’il est difficile de se projeter àmoyen terme. Une partie du pays est sous-traite à l’économie formelle, les popula-tions sont privées du minimum en matièrede santé et d’éducation." // ABwww.afrik.com

30 000enfants sont mortsaujourd’hui d’une causeévitable.Selon une étude de l’Unicef,30 000 enfants meurentchaque jour sur la planèted’une cause "facile" à évitercomme la rougeole, la déshy-dratation, le paludisme, oules infections respiratoiresaigües. Toujours selon cetteétude, dans les pays en voiede développement, unenfant sur trois ne possèdepas de logement digne de cenom, un sur cinq ne disposepas d’accès à l’eau salubre etun sur sept n’a pas de possi-

bilité d’être soigné. Le rap-port de l’Unicef va plus loindans le détail et explique queprès d’un enfant sur deuxdans le monde subit une ouplusieurs privations. Santé,éducation, information,nour-riture, eau… les raisons nemanquent pas. Mais l’institu-tion mondiale veut trouverdes raisons d’espérer grâce àcertaines de ses statistiques.Entre le début des années1990 et 2000 le taux de mor-talité des moins de 5 ans abaissé de 11 %, et l’accès depopulations à l’eau potable acru de 77 % à 82 %. Maigreconsolation. // DSwww.unicef.org/french/sowc05/

sowc05_fr.pdf

Le Gros motLe Chiffre

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Le Marketing expliqué à ma Mère

www.terra-economica.info n°47 -- 10 février 2005 5

"Bonjour, vous connaissez WWF ?" A ceux quiprennent un moment pour écouter, le jeunedémarcheur de rue présente l’association pourlaquelle il collecte et tente de les sensibiliser auxvaleurs qu’elle défend. A la clé, les coordonnéesbancaires et la signature du passant pour soninscription au don par prélèvement automa-tique mensuel. Ce qui, pour les ONG, se traduit par : donateurrégulier, plutôt fidèle et assez jeune.Pour trouver ce spécimenrare, elles sont de plus en plus nombreuses à battre le pavé.

Le don descend dans la rueLe contexte est propice. Le donateur moyen est plutôt âgé,et parce que certaines ONG n’hésitent pas à s’échanger leursfichiers, il voit sa boîte aux lettres saturée d’appels à la géné-rosité et y répond de moins en moins. Cet essoufflementcontraint les ONG à tester de nouveaux moyens de collecte.Le marketing direct électronique, prospection par mél, restemoins efficace qu’espéré. Descendre dans la rue à la rencon-tre de donateurs potentiels est donc l’alternative.C’est Greenpeace qui a ouvert la voie dès 1995 en Autriche,puis en 1997 en France avec Jean-Paul Caulin-Recoing à latête du programme. En trois ans, la stratégie a permis de tri-pler le nombre de donateurs de Greenpeace France, de20 000 à 60 000. En mars 2004, à 37 ans, Jean-Paul Caulin-Recoing a monté ONG Conseil, une SARL avec un capital dedépart de 30 000 euros. Il travaille avec dix associations, deMédecins du monde à WWF en passant par Aid, l’Unicef, leSecours catholique ou Care, et emploie certaines semainesjusqu’à cent salariés."Sur le plan européen, les entreprises spécialisées dans la collectede dons de rues ont presque toutes été créées par des anciens deGreenpeace", explique Jonathan Jeremiasz, son associé.Cheveux longs, barbe d’une semaine et 25 ans tout juste, cedernier fut recruteur de rue pendant des années et a mêmedécroché un DEA en sociologie sur le sujet. Selon lui, "deuxchoses clochent avec les structures existantes : un manque deconnaissance des ONG et des méthodes de management peucohérentes avec le monde associatif. Les recruteurs de rues sontpayés au lance-pierre et reçoivent une prime aux résultats. Ducoup, ils travaillent à l’arrache”. En clair, ils recrutent de nou-

veaux donateurs à tour de bras et récoltent beaucoup de pro-messes de dons. Malheureusement, ceux qui ont eu l’impres-sion de se faire forcer la main, se désistent rapidement et gar-dent même une image détériorée de l’ONG. Pour limiter cela,Médecins Sans Frontières préfère gérer elle-même sa collectede rue. De son côté, ONG Conseil augmente les salaires de sesrecruteurs de rue, et surtout les forme à la spécificité de l’ONGqu’ils vont devoir "vendre", et à la manière d’aborder le pas-sant dans la rue.

Partage du marché"Sur l’année, nous investissons 400 000 euros sur ces collectes,avance Philippe Lévêque, directeur de Care France. C’est uninvestissement lourd, mais on le récupère au bout de 18 moisgrâce à la venue de nouveaux donateurs" Les dons se font parprélèvement bancaire. Pas de papier, pas de relance. JonathanJeremiasz reste discret sur le chiffre d’affaires d’ONG Conseil etpréfère parler de conviction. "Globalement, le travail des ONGest positif et je les aide à être plus efficaces en termes de ressour-ces et de mobilisation". Quant à la concurrence, pour l’instantinexistante, elle ne lui fait pas peur. "La pérennité de nos pro-grammes repose essentiellement sur leur qualité. Si l’on n’est pasresponsable, le marché peut saturer. Avec de la coopération, ilpeut durer des années.”En Belgique et au Danemark, deux structures se partagent lemarché et se sont entendues sur un label éthique. En Grande-Bretagne en revanche, il est désormais impossible de descen-dre dans la rue. “Les recruteurs étaient payés à la commission, ilsharcelaient les passants.Les deux boîtes de collecte de dons de rueont fait faillite." En attendant la concurrence sur le pavé fran-çais, ONG Conseil participe à l’élaboration d’une charteéthique européenne.Pour éviter que les nouveaux profession-nels de la collecte de dons ne ressemblent à des marchands dechaussures. // Isabelle Raymond avec Hervé Campet

Le Marketing expliqué à ma Mère

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Toad

Les ONG sont dans la rueLES APPELS À LA GÉNÉROSITÉ S’EMPILENT

DANS LES BOITES AUX LETTRES ET

LE PUBLIC SATURE. POUR RECRUTER

DE NOUVEAUX DONATEURS, LES ONGRECOURENT DONC À DE NOUVELLES

TECHNIQUES. TENEZ-VOUS PRÊTS À VOUS

FAIRE ALPAGUER DANS LA RUE !

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n°47 -- 10 février 2005 www.terra-economica.info

TITRE de rubrique, dossier ...Enquête

6

Paris a manqué les JO 2008 faute desoutien populaire. C’est l’analyse la plusrépandue. A l’époque, les sondages esti-maient pourtant à 79 % les opinionsfavorables chez les Parisiens. Mais leComité international olympique (CIO) fitsa propre étude et n’en trouva que66 %. La faute à une politique de séduc-tion uniquement "émotionnelle", selonValérie Holzman, directrice de la com-munication du groupement d’intérêtpublic (GIP) Paris 2012. Les Parisiens, etplus généralement les Français, n’a-vaient pas été "convaincus de l’impor-tance des Jeux pour le pays".Cette fois-ci, l’objectif est de parler aucœur et à la raison. Paris 2012 a doncaffiché ses couleurs olympiques un peupartout, avec l’objectif déclaré de "ren-dre le logo incontournable pour ancrer l’é-vénement dans le quotidien des Français".Les déclarations d’amour de Paris auxJO s’inscrivent en kakémonos (bandero-les verticales) sur les Champs-Elysées,puis s’affichent sur la Tour Eiffel, l’Hôtelde Ville, l’Assemblée nationale et troisponts de Paris. Quant à la communica-tion rationnelle, elle s’attaque aux scep-tiques et leur parle "retombées positives"sur la qualité de vie, l’emploi et l’écono-mie (lire ci-contre). Cela semble payer.

Entre juillet et octobre 2004, le soutiendes Français passe de 73 % à 79 % (son-dages Sofres réalisés sur un échantillonde 1000 personnes). Les Parisiensseraient encore plus nombreux à "direoui à Paris 2012". Depuis, ces scores semaintiennent, selon le GIP. Au total, cesont 4 millions d’euros qui ont étéalloués à la communication (sur les27 millions que doit coûter la candida-ture). "Notre budget n’est pas très impor-tant", tempère Valérie Holzman. En toutcas, Paris 2012 s’appuie sur de formida-bles relais.

Les opposants ne disent par leur non Le général en chef s’appelle BertrandDelanoë. Le maire de Paris ne fait pasune apparition publique sans parler desJO 2012. Autour de lui s’est formée uneinhabituelle cohésion politique rassem-blant tous les partis, avec le ministre desSports et le Premier ministre pour don-ner à la candidature une dimensionnationale. Si les Verts ont émis quelquesprotestations, leur groupe au Conseil deParis a finalement rejoint le mouvementà l’issue d’un vote fratricide. "Il y a diver-gence avec le parti et les adhérents selonqui la philosophie des JO, celle du toujoursplus, est très néfaste à l’écologie", affirme

Sylvain Garel, élu du XVIIIe arrondisse-ment, pour qui les Jeux riment avec"magouilles, dopage et nationalisme".Qu’importe, la Mairie a jugé qu’il n’yavait plus du tout d’opposition. Pour2005, les conseillers de Paris ont reçu,comme à l’habitude, un lot de cartes devœux à envoyer à leurs électeurs. Maiscette fois, elles étaient toutes frappéesdu logo de Paris 2012. Les élus verts res-tant opposés aux Jeux l’ont barré d’unnon avant de poster leurs vœux. Larévolte s’est arrêtée là, brisée d’avance."Ce n’est pas en distribuant trois tractsqu’on pourra s’opposer à la machine decommunication de Paris 2012", lâcheSylvain Garel. La CGT a, quant à elle,exprimé ses craintes sur la dérive dusport-spectacle et la flambée des coûts.Elle a prévu d’organiser un débat sur lesJeux le 11 mai. Peut-être un peu tard.Les opposants à Paris 2012, estimés à3 % ou 4 %, ne pèsent pas lourd face àl’autre arme de communication du GIP :le Club des entreprises, présidé parArnaud Lagardère. Un mini-Cac 40 dequatorze entreprises qui ont chacunemis 1,5 million d’euros au pot pour s’as-socier à la candidature et s’enflammerpour ces "valeurs de l’olympisme" qui"correspondent tout à fait" aux leurs. Aupremier rang, donc, le groupe Lagardèrea mis à disposition la puissance de frap-pe de sa presse : Paris Match, le Journaldu dimanche, Elle, Télé 7 jours… Ces tit-

BATTUE IL Y A QUATRE ANS PAR PÉKIN, PARIS NE VEUT PAS LAISSER

FILER SA CHANCE D’ORGANISER LES JO EN 2012. POUR EMPORTER

L’ADHÉSION DES FRANÇAIS, ET CELLE DU CIO - QUI SE DÉCIDERA

LE 6 JUILLET - ELLE A LANCÉ UNE COMMUNICATION AU ROULEAU

COMPRESSEUR, AVEC D’IMPORTANTS RELAIS POLITIQUES ET

ÉCONOMIQUES. LES OPPOSANTS, EUX, SONT BALAYÉS.

gagner

JO 2012

L’essentielc’est de les

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res ont publié en décembre un supplé-ment de 24 pages pour lequel "leGroupe a su mobiliser ses équipes de jour-nalistes, reporters et photographes",comme le rapporte le communiqué depresse. Le résultat final est surtout uneplaquette publicitaire présentée sous laforme d’un numéro de Paris Match.

“Communication démultipliée”L’avantage de réunir de grosses entre-prises, c’est aussi qu’elles comptent denombreux salariés.Environ 2 millions autotal, en l’occurrence.Comme l’expliquePaul Pelade, directeur délégué partena-riats au GIP Paris 2012, "l’objectif est d’enfaire des ambassadeurs de la candidatu-

re". Ainsi, le numéro 3 français du travailtemporaire, VediorBis, a-t-il organisé unconcours entre ses agences, avec uncadeau pour celle qui récolterait le plusde signatures de soutien à la candidatu-re auprès des intérimaires. Au risque defaire peser une obligation sur ces der-niers ? "Non, on ne vérifie pas qui a signéou pas", déclare le directeur du marke-ting, Christophe Dupont. "On n’est pasretors à ce point-là", ajoute-t-il en riant.La RATP a mis en place un bus qui fait letour de ses vingt-trois dépôts franci-liens, distribue café et croissants et pro-pose un jeu-concours autour des JO."Les réponses se trouvent sur des pan-neaux à l’intérieur du bus, explique

Didier Vincent, responsable des parte-nariats sportifs. Du coup, ça les pousse àentrer… En plus, il fait froid dehors." Et àl’intérieur,on explique les bénéfices quela RATP pourrait tirer des JO en termesd’infrastructure et d’emplois. Au GIP onveille à ce que cette "communicationdémultipliée" garde toute sa cohérence.Et à éviter les erreurs, telle celle de laRATP qui, dans son enthousiasme, a affi-ché les anneaux olympiques à côté deson logo. Or, ce privilège est réservé aux"top sponsors" du CIO (Coca-Cola,McDo, Samsung…). Et l’écart peutcoûter cher. Dans une affaire similaire,Leclerc avait dû débourser un milliond’euros. // Nicolas Fillio

Quelle arme contre les sceptiques, cette étude prospective !En demandant au cabinet de conseil Boston ConsultingGroup d’évaluer l’impact des Jeux sur l’économie française, leGIP Paris 2012 comptait en premier lieu prouver que l’opéra-tion ne serait pas un gouffre financier. Et voilà qu’elle devientla formule magique dont la France a besoin. Les chiffres sonten effet excellents : 6 milliards d’euros de retombées directespendant la période de préparation (2005-2012) puis5 milliards par an jusqu’en 2019, avec, à la clé, la création de42 000 emplois pérennes. Que regroupent ces chiffres ? Les 6

milliards attendus d’ici aux JO iront principalement aux socié-tés de services intervenant dans la préparation et l’organisa-tion des Jeux, au secteur du BTP pour la construction desinfrastructures et à l’économie du sport, bénéficiaire d’unnouvel engouement pour les shorts et les survêtements.L’étude du BCG le précise bien : les 5 milliards par an sur lapériode 2012-2019 et les créations d’emplois sont des retom-bées "potentielles". Elles se partageraient entre l’économie dusport et le tourisme. Issus d’observations empiriques sur lesprécédents grands événements sportifs, ces chiffres ne relè-vent pas d’une science exacte. Ils nécessiteront en outrequelques efforts. Il faudra augmenter les structures pouraccueillir les 4 millions de nouveaux pratiquants sportifs pré-vus par l’étude. Au niveau du tourisme, la France devra amé-

L’étude d’impact réalisée pour Paris 2012 prouve que lesJO peuvent être une bonne affaire économique. Pourtant,ils ne seront pas le contrat en or qui nous est promis.

La fièvre des retombées

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TITRE de rubrique, dossier ...Enquête

liorer la qualité de son accueil si elle veut profiter de l’occasionpour freiner l’érosion de sa place de première destinationmondiale.Maître de conférence à la faculté des sciences du sport dePoitiers, Eric Barget juge l’enquête du BCG "sérieuse et assezcomplète". Mais, selon ce spécialiste de l’impact des grandsévénements sportifs, les chiffres donnés par l’étude sontsupérieurs à la véritable valeur ajoutée que pourraient créerles JO. "Ils génèrent un surplus si des entreprises ou des consom-mateurs étrangers viennent dépenser de l’argent en France alorsqu’ils ne l’auraient pas fait sans cela", explique-t-il. Or, l’étudeprend également en compte les dépenses que les Jeux indui-ront pour des entreprises et des consommateurs français. Etces dépenses se substitueront à d’autres.Alors, les JO feraient-ils réellement gagner dix à vingt ans à la France, comme onl’entend parfois ? Selon Eric Barget, la perspective de se re-trouver sous les projecteurs du monde entier permet effecti-vement d’accélérer les projets d’infrastructures (notammentde transport) mais ces dépenses se paient. Les acteurs publicset privés s’endettent et il n’est pas rare qu’à une période d’in-vestissements massifs succèdent quelques années de gel desgrands projets. Même Barcelone, qui a su profiter de la dyna-mique des Jeux, a subi cette "dépression".Reste que le projet de Paris 2012 a su limiter l’addition. Les JOdevraient coûter 4,1 milliards d’euros et bénéficier d’un inves-tissement déjà prévu de 3,2 milliards en infrastructures.Difficile pour le moment de savoir quelle part du financementreviendra à l’Etat et aux collectivités locales (Paris et région Ile-de-France). Ils ont d’ores et déjà garanti 4,77 milliards d’euros

pour la réalisation des équipements nécessaires aux JO. C’esten principe la somme maximale qu’ils envisagent de dépen-ser. Une partie des infrastructures sera en outre réalisée par lesecteur privé. En utilisant notamment le système des conces-sions : les firmes participent en bonne partie au coût de cons-truction et se renflouent sur l’exploitation. Mais gare à ne pasrefaire la même erreur que pour le Stade de France : l’Etat avaitpromis de dédommager le Consortium qui en a la gestion siaucun club de football ne venait s’y établir. Aujourd’hui, il luiverse toujours 10,4 millions d’euros par an. // NF

NOM et Prénom du titulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le Comité international olympique (CIO) se frotte les mains.Les derniers JO d’été ont été qualifiés de "succès" par JacquesRogge. Le président du CIO ne parle pas là de résultats spor-tifs mais des résultats des "programmes de marketing olym-pique". C’est qu’au delà du milliard et demi d’euros de droitstélé, les revenus générés par les ventes de billets se sont éle-vés à 202,5 millions d’euros, au-dessus des 183 millions pré-vus initialement. Les revenus tirés des ventes de produitsdérivés sous licence ont dépassé de 26 % les prévisions pours’établir à 86 millions. Et le programme de parrainage local apermis de recueillir plus de 300 millions d’euros contre unobjectif initial de 200 millions. De beaux gains, mais qui sontencore loin des 6,5 milliards d’euros dépensés par la Grècepour la construction des installations olympiques et autresinfrastructures liées aux Jeux. // AB

Athènes a fait ses comptes

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Petite Planète

Petite Planète

Jeremy Rifkin

Quand l’économie se parfumera à l’hydrogène...

Nous sommes aux balbutiementsd’un changement historiquedans notre manière d’appréhen-

der l’économie mondiale de l’énergie.L’âge industriel qui commença avec letransport de la houille à partir deNewcastle, il y a quelques centainesd’années, touche à sa fin dans leschamps pétrolifères du Moyen-Orient.Nos géologues experts en pétrole prédi-sent que la production mondiale peuts’effondrer ("Peak Oil") dès 2010, au plustard en 2037. Le "Peak" désigne lemoment où la moitié des réservesconnues de pétrole brut sera consom-mée.Ce point atteint, les prix augmente-ront en flèche et continueront de grim-per d’autant plus que nous entameronsnotre glissade inexorable, franchissantun à un les paliers d’alerte qui jalonnentla courbe de la production mondialedans sa phase descendante (1).Dans le même temps, une source entiè-rement nouvelle d’énergie est en passede voir le jour. L’hydrogène - la pluslégère et la plus abondante ressourcedisponible dans l’univers - constituenotre prochaine révolution énergé-tique majeure. Les scientifiques le sur-

nomment "le pétroleinfini", pour définir ladimension inépuisablede la ressource. Autreavantage, lorsque l’hydrogène estemployé à des fins de production d’é-nergie, ses uniques résidus sont l’eaupure d’un côté, l’énergie de l’autre.Cette ressource a le potentiel de coupercourt à notre dépendance au pétrole.Elle réduira les émissions de dioxyde decarbone, contribuant du même coup àl’apaisement des effets liés au réchauf-fement de la planète. Son abondancepermettra à des populations n’ayantjamais eu accès à l’électricité, d’en pro-duire elles-mêmes.

Réserves limitéesL’hydrogène est disponible partout surterre, mais on en trouve rarement dansla nature sous forme de gisement pré-constitué. On doit l’extraire des hydro-carbones ou de l’eau. A ce jour, la façonla plus économique de produire unhydrogène commercialisable est del’extraire du gaz naturel, à partir d’unprocédé de transformation par évapo-ration. Néanmoins, tout comme pour le

pétrole, les réserves en gaz sont limi-tées, ce qui n’en fait pas une ressourcedurable. L’hydrogène pourrait égale-ment être extrait du charbon, mais celasignifierait un accroissement des émis-sions de dioxyde de carbone. Il existeune dernière façon de produire de l’hy-drogène, un procédé sans aucuneconsommation d’énergie fossile. Lessources d’énergie renouvelable -photovoltaïque, éolienne, hydro et géo-thermique - sont de plus en plus utili-sées pour produire de l’électricité. Parélectrolyse, cette électricité permet detransformer l’eau, en hydrogène d’uncôté, et en oxygène de l’autre.L’hydrogène peut également êtreextrait de résidus et déchets produitspar l’industrie énergétique et l’agricul-ture, communément appelés biomasse.Une fois produit, l’hydrogène peut êtrestocké et utilisé pour produire de l’élec-tricité.Le point essentiel, à ne jamais perdre devue, c’est que l’énergie renouvelable est

QUE DEVIENDRONS-NOUS DANS UN MONDE SANS

PÉTROLE ? TERRA ECONOMICA A POSÉ LA QUESTION

À L’ÉCONOMISTE AMÉRICAIN JEREMY RIFKIN, CÉLÈBRE

POUR SES OUVRAGES “L’ÉCONOMIE HYDROGÈNE”ET “LA FIN DU TRAVAIL”. APPRÊTEZ-VOUS À BRANCHER

VOTRE RÉFRIGÉRATEUR SUR LA VOITURE DE FONCTION

DU VOISIN.

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une énergie intermittente. Une sociétéde l’énergie renouvelable est doncimpossible, sauf à stocker l’énergie pro-duite sous forme d’hydrogène. Le soleilne brille pas tous les jours, le vent nesouffle pas tous les jours, et l’eau necoule plus forcément de source lorsquesurvient une sécheresse. Lorsque l’éner-gie renouvelable vient à manquer, ildevient impossible de générer de l’élec-tricité et l’activité économique se figed’un coup. Mais, si en période d’abon-dance d’énergie renouvelable onconsacre une partie de l’énergie produi-te en amont à l’extraction puis au stoc-kage de l’hydrogène à partir de l’eau,nous disposerons alors d’une sourced’énergie viable et continue.

La voiture qui valait2 milliards de dollarsLes centrales de production d’énergiefonctionnant à partir d’hydrogène trou-vent déjà des applications commercia-les à la maison, au bureau, dans l’indus-trie,et des cartouches d’hydrogène por-tables seront disponibles sur le marchédans quelques années. Les consomma-teurs pourront ainsi recharger leurs bat-teries de téléphone, ordinateur et au-tres applications domestiques, jusqu’à40 jours d’autonomie et même davan-tage, avec une seule cartouche porta-ble. Les principaux constructeurs auto-mobiles ont déjà dépensé plus de 2milliards de dollars en recherche etdéveloppement sur les automobiles,autobus et camions à hydrogène, et lespremières productions à l’échelleindustrielle devraient voir le jour en2009. Car si les coûts d’exploitation desénergies renouvelables et d’extraction

de l’hydrogène sont encore élevés, derécentes avancées technologiques cou-plées à des économies d’échelle per-mettent de les réduire chaque année.Les systèmes d’énergie à hydrogènesont par ailleurs deux fois plus efficacesque le moteur à combustion interne.Néanmoins, les coûts directs et indirectsdu pétrole et du gaz vont continuer degrimper sur le marché mondial. Tandisque nous nous rapprochons du nexusentre baisse tendancielle des prix desénergies renouvelables et de l’hydrogè-ne d’une part, et augmentation structu-relle du prix des énergies fossiles d’au-tre part,c’est donc l’économie de l’éner-gie traditionnelle qui constitue le lit leplus sûr de notre transition vers la nou-velle ère énergétique.

L’économie de l’hydrogène débouche-ra sur une nouvelle donne énergétique,avec de multiples conséquences pour lemonde entier. Les flux énergétiques,aujourd’hui centralisés et contrôlés pardes compagnies pétrolières multinatio-nales et les services publics, pourraientdevenir obsolètes. Dans l’ère nouvelledes énergies renouvelables, n’importequel être humain pourrait se comporterà la fois en producteur et en consom-mateur de sa propre énergie, procédantainsi par "génération redistribuée". Desmillions de consommateurs finauxpourraient brancher leurs batteriesd’hydrogène personnelles sur unréseau interconnecté de stations d’hy-

drogène locales, régionales ou nationa-les, à partir de technologies performan-tes et d’une architecture semblable àcelle du Web. Ces millions d’utilisateursen bout de chaîne seraient alors àmême de partager l’énergie sur le prin-cipe du peer-to-peer,créant par là mêmeune forme nouvelle et décentraliséedans la production et dans l’usage del’énergie.

La prochaine révolution ?Dans l’ère nouvelle de la productiond’énergie à hydrogène, l’automobilesera une "centrale de production d’é-nergie montée sur pneus". Un foyer tra-ditionnel consomme entre deux et qua-tre kilowatts-heure [par jour] d’énergiepour le chauffage et l’électricité. Or

chaque automobile à hydrogène dispo-sera d’une puissance de productionpropre de 20 kilowatts. L’essentiel desautomobiles étant la plupart du tempsà l’arrêt, il suffira à leur propriétaire derelier la maison à l’automobile, aubureau ou au réseau d’électricité inter-actif principal durant les heures de nonutilisation, revendant ainsi l’électricitéqu’ils produisent au réseau national. Si25 % seulement des automobilistes uti-lisaient ainsi leur véhicule en mini-cen-trales énergétiques, le monde serait enmesure d’éliminer 100 % des implanta-tions aussi gigantesques que polluan-tes écologiquement, dont nous dépen-dons pourtant entièrement aujourd’-hui.L’exploitation de l’énergie hydrogèneva changer nos habitudes quotidiennesaussi fondamentalement que l’arrivéedu charbon et de la vapeur au XIXe siè-cle, ou que le passage aux énergies fos-siles et au moteur à combustion interneau XXe. Réaliser la transition vers l’éco-nomie hydrogène, c’est le premier deschallenges et la plus belle opportunitédu XXIe siècle.”// Jeremy Rifkin, pour Terra economica

(1) Voir à ce sujet le dossier de Transfert.net sur"L’impasse énergétique" :www.transfert.net/a9640

“Dans l’ère des énergies renouvelables, n’importe quel être humain pourrait se comporter à la fois en producteur et en consommateur de sa propre énergie.”

Jeremy Rifkin préside la Foundation on EconomicTrends, à New York. Il a notamment conseillé l'an-cien président de la Commission européenne,l'Italien Romano Prodi. Il est l'auteur de nombreuxouvrages, dans lesquels il analyse l'impact desdéveloppements scientifiques et technologiquessur la société. Citons L'économie de l'hydrogène,L'âge de l'accès, et La fin du travail, qui a nourri lesdébats sur la réduction du temps de travail enEurope. Son dernier ouvrage, The European Dream,suggère que l’Europe et ses valeurs peuvent sup-planter les Etats-Unis (parution en avril 2005).

Petite Planète

Jeremy Rifkin, un oeil sur notre futur

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www.terra-economica.info n°47 -- 10 février 2005

Cultivons notre jardin

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Thomas Piketty est un cas à part dans le petit monde de l’é-conomie française. Considéré comme un Mozart de la redis-tribution et des revenus, ce trentenaire à belle gueule apresque tout raflé sur son passage. Normale Sup’, LondonSchool of Economics, prix du meilleur jeune économiste deFrance et même… couverture des Inrocks ! Aujourd’huidirecteur d’études à l’Ecole des hautes études en sciencessociales et membre du très select Conseil d’analyse écono-mique, le fringant économiste est chroniqueur à Libération.Vive la gauche américaine ! rassemble ses meilleures chro-niques publiées dans le quotidien entre 1998 et 2004. On ydécouvre que Piketty a un autre truc pour sortir du lot : setrouver là où on ne l’attend pas.

Piketty ne fait pas moucheAinsi, il est estampillé "de gauche", mais défend une mesurequ’on trouve traditionnellement dans la besace néolibérale :l’abaissement du coût du travail peu qualifié. En clair, la prise

en charge par l’Etat des cotisations patronalesversées sur les bas salaires. On ne compte plusles chroniques où cette lubie revient… sansjamais convaincre tout à fait. Car sans y être hos-tile a priori, on ne comprend pas bien pourquoiil est si "injuste et inefficace" de faire reposer surles seules entreprises cette charge économique,même si évidemment, elle a tendance à favori-ser le chômage des moins qualifiés. Est-ce quelaisser le contribuable s’acquitter d’une chargepatronale est vraiment une meilleure "réparti-tion" d’un "effort de solidarité" ? Peut-être. Entout cas, Piketty ne parvient pas à faire mouche.

De la Une des Inrocks à la tautologie ?Si ailleurs, il se montre plus convaincant - notamment quandil écrit que les baisses d’impôts, surtout décrétées par la gau-che sont de grossières erreurs -, on retiendra au final unecertaine prudence de sa part.Exemple : à propos du travail denuit décidé par les magasins Virgin, il écrit qu’"il faut prendreen compte [l’]argument" selon lequel on doit "refuser de tom-ber dans cet engrenage où le chômage finit par tout justifier etoù les jeunes chômeurs finissent par devoir tout accepter". Maisvingt lignes plus loin, il enjoint "les responsables syndicaux etpolitiques" à "avoir le courage de reconnaître aujourd’hui quecertaines réglementations en vigueur en France doivent impéra-tivement évoluer". On ne peut que partager ces deux affirma-tions, mais force est d’admettre qu’elles ne font guère avan-cer le schmilblick. Du refus - louable - des idéologies à la tau-tologie un peu convenue, il n’y a qu’un pas. Espérons que lejeune prodige, en mûrissant, se garde bien de le franchir.// Edouard Flam

THOMAS PIKETTY EST UN PEU

À LA LITTÉRATURE ÉCONOMIQUE

CE QUE FRANÇOIS OZON EST

AU CINÉMA. CHACUN DE SES OUVRAGES

EST ATTENDU PAR LE MICROCOSME ET

SALUÉ PAR LA CRITIQUE. MAIS AVEZ-VOUS

VU LE DERNIER OZON ? PAS TERRIBLE...

Thomas Piketty, Vive la gauche américaine !Chroniques 1998-2004, éditions de L’Aube,224 pages, 9,5 euros.

Cultivons notre jardin

DR

PIKETTY ET COLLES ET GRAMMES

TELEVISIONMarchands d'armes, marchands de guerres - Pourquoi lesEtats-Unis ont-ils attaqué l'Irak le 20 mars 2003 ? Au regard del'histoire récente, un constat demeure : l'Oncle Sam n'est jamaisaussi fort que lorsqu'il a un ennemi à combattre. Depuis desdécennies, il intervient militairement aux quatre coins dumonde. Ce dirigisme prend sa source au lendemain de laSeconde Guerre mondiale. L'adversaire maléfique à abattre senomme communisme. Au début des années 1950, le budget dela défense est triplé. Désormais des millions de travailleurs amé-ricains vont dépendre d'un complexe militaro-industriel en pleinessor. Le nerf de la guerre (Why we fight), documentaire de 95 minu-

tes réalisé par Eugene Jarecki. Mardi 15 février, 20 h 45, Arte.

Le frigo de la Russie - Dix ans après la chute de l'URSS, que fontles Sibériens ? Ils pêchent. C'est en tout cas l'occupation princi-pale des charmants habitants de Noviport, ancien goulag deve-nu village de pionniers dans les années 60, sis au nord du cercle

polaire. Mais Noviport intrigue aussi parce qu'elle est pour la Russieune sorte de "frigo" : on y trouve la plus importante chambre froi-de naturelle de Sibérie, des galeries creusées sur plusieurs kilomè-tres où les ouvrières étalent d'immenses quantités de poissonscongelés, qui se conserveront plusieurs années.Nouvelles de

Sibérie, documentaire de 52 minutes réalisé par Pascal Sutra-Fourcade

et Franck Desplanques. Lundi 14 février, 14 h 45, France 5 (Programme

sous-titré).

INTERNETChérie, j’ai acheté une éolienne ! - Attention, e-meddiat n'est pasun webzine indépendant : il est édité par le ministère de l'Ecologieet du Développement Durable. Lancé fin 2004, il n'en présente pasmoins avec honnêteté quelques-uns des enjeux de notre temps.Parmi ceux-là, e-meddiat nous apprend que chacun peut, chez soi,installer sa petite éolienne, grâce au Site expérimental pour le petitéolien de Narbonne (le Sepen, dans l'Aude). A consulter à l'adresse :

www.ecologie.gouv.fr/emeddiat/article.php3?id_article=52

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La BA de la semaine

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Voilà une initiative sympathique,mais qui pourrait gêner auxentournures les gros poissons

l’IGN (l’Institut géographique national)et Michelin, dont les données cartogra-phiques ne relèvent pas du domainepublic et sont particulièrement diffici-les à obtenir.Depuis deux ans, l’association “Unpoint c’est tout” s’est misen tête de proposer l’édition collectived’une carte géographique mondiale. Apartir de données libres de droits, etsur la base d’un logiciel de publicationen ligne, SPIP. Rien que cela. Mieux,cette association, autofinancée jusqu’àprésent, vient de décrocher 72 000euros de subventions européennes, enpartenariat avec l’Institut universitairede formation des maîtres (IUFM) dePoitou-Charentes et de la Commu-nauté d’agglomération du Grand-Angoulême. Ces fonds ont été décro-chés dans le cadre du programmeInnovaTIC-FEDER, un Fonds européende développement régional.

Trace ta route L’idée a germé dans la tête de MichelBondaz, professeur d’informatique àl’IUFM de Poitou-Charentes. Son ambi-tion : proposer aux enfants d’éditer,grâce à l’outil informatique, une carto-graphie de leurs villages, de leurs quar-tiers, voire de leur maison. Leur outil :le GPS, ce système de positionnement

La BA de la semaine

S’IL TE PLAÎT, DESSINE-MOI

UNE CARTE

par satellite. C’est ainsi que la petiteidée est devenue projet pédagogique,qui à son tour, a pris de l’ampleur.Michel Bondaz a conçu un Systèmed’Information Géographique (SIG)libre de droits, auquel chacun peutcontribuer. "Un simple randonneur,automobiliste ou cycliste peut releverdes points via le GPS. Le site récupère lestraces enregistrées par l’appareil et lesconvertit en routes, rues et chemins",explique-t-il. Ce procédé permet dereproduire point par point un tracéd’une précision de 10 à 50 mètres.

Des pompiersaux ONG Mises bout à bout, ces "empreintescitoyennes" ont permis d’établir unecartographie claire de la région borde-laise, et, déjà, prennent forme auCanada. L’association “Un point c’esttout” a aussi intégré sur son site unecartographie générale du mondeempruntée à la CIA et à l’armée améri-caine. A l’instar de nombreuses don-nées gouvernementales, ces docu-ments sont libres de droits aux Etats-Unis. Peu à peu, au fil des contributionsbénévoles, les données géogra-phiques du monde se redessinent.Mieux, l’association a prévu d’ajouterun zeste d’interactivité. Ainsi, "sur lacarte d’Angoulême, l’internaute peut cli-quer sur la gare, et à partir de la fonction"questionner", accéder directement aux

horaires des trains", explique MichelBondaz.D’autres options pourraient apparaît-re, comme une fonction de moteur derecherche géographique. D’autres usa-ges, aussi, comme faciliter la logistiquedes ONG ou de pompiers lors des opé-rations d’urgence. Outre celui dupublic, l’initiative suscite l’intérêt - nonencore confirmé - de pays commeMadagascar, le Mali ou le Ghana. Leursédiles y voient un moyen de produire àmoindre frais des cartes relativementprécises, de voies non recensées surles cartes officielles.L’idéologie qui sous-tend cette initiati-ve est claire : promouvoir le partagedes connaissances, "donner accès augrand public à des données libres, enca-drées par des formats ouverts", reven-dique Michel Bondaz. “Un point c’esttout” rejoint ainsi la masse des projetsde promotion des savoirs ouverts.Autant de réactions à l’encadrementde plus en plus strict dont fait l’objet laconnaissance, du fait de la proliférationde licences, brevets et droits d’auteurs.En ce sens, la carte que joue Un PointC’est Tout n’est pas sans rappeler cellede l’encyclopédie libre et multilingueWikipedia (1). Avec laquelle, précisé-ment, l’association s’apprête à nouerun partenariat. // Capucine Cousin

“Un point c’est tout” : www.upct.org(1) lire à ce propos Terra economica numéro 39 D

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L’ASSOCIATION “UN POINT C’EST TOUT” S’EST MIS

EN TÊTE D’ÉDITER UNE CARTOGRAPHIE LIBRE DE

DROITS, À LAQUELLE CHACUN PEUT APPORTER SA

PIERRE. A L’ORIGINE, "SIMPLE" PROJET

PÉDAGOGIQUE, L’AFFAIRE POURRAIT BIEN

PRENDRE UNE TOURNURE PLANÉTAIRE.