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1 Qu’est-ce que la Techno, ce genre de musique étrange, sans paroles, très répétitif et composé de bruits plutôt que se sons ? Qui peut bien apprécier sa brutalité, son absence de mélodie, son « boum-boum » assourdissant ? Dans ce dossier spécial, le lecteur est invité à (re)découvrir le monde musical de la Techno, grâce aux clés de compréhension qui lui sont proposées, et qui lui permettront de comprendre le contexte culturel dans lequel s’inscrit ce genre venu de Détroit. Par Timothée Tallon

Techno, à la découverte d'un monde musical par Timothée Tallon

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PACE 2016

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Qu’est-ce que la Techno, ce genre de musique étrange, sans paroles, très répétitif et composé de bruits plutôt que se sons ? Qui peut bien apprécier sa brutalité, son absence de mélodie, son « boum-boum » assourdissant ? Dans ce dossier spécial, le lecteur est invité à (re)découvrir le monde musical de la Techno, grâce aux clés de compréhension qui lui sont proposées, et qui lui permettront de comprendre le contexte culturel dans lequel s’inscrit ce genre venu de Détroit. Par Timothée Tallon

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• Édito …………………………………………………….…………………………………………………. p 5 • La Techno, qu’est-ce que c’est ? ..………………..……………….…………… p 6

∗ La répétition, procédé efficace mais incompris p 6 ∗ À la recherche du juste son p 7

• Entrée dans le monde de la Techno ………………………………….……….. p 8

∗ La musique au cœur de la nuit p 9 ∗ Le public amateur de Techno p 10

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Ma première expérience avec la Techno a eu lieu en boîte de nuit au Trésor, à Berlin. Un choix d'établissement d'une grande portée symbolique : il fut l'un des premiers clubs européens à passer cette musique et joua le rôle de passerelle entre le vieux continent et les États-Unis. Ce que j'y ai découvert a totalement changé ma vision de la musique : une musique brute, répétitive à l’extrême, sans paroles, cadencée par un son de grosse caisse tantôt énergique, tantôt angoissant. Je me suis pourtant rapidement laissé absorber par tant de complexité rythmique – que mon expérience de batteur m'a appris à apprécier -, tant de variabilité de sons, tant de subtilité aussi dans la transformation permanente de la musique, qui, menée par le DJ, semblait ne former qu'une seule longue piste en mouvement. Ce fut un coup de foudre, et je me suis depuis beaucoup intéressé à la Techno et à son histoire. Elle est apparue au milieu des années 80 dans le ville de Détroit, aux États-Unis, de la collaboration de trois amis : Juan Atkins, Kevin Saunderson et Derrick May, aussi connus sous le nom de Belleville Three. Inspirés par des groupes tels que Kraftwerk, Depeche Mode ou The B-52's, ainsi que par la House de Chicago et les musique répétitives, et fascinés par les outils et les techniques liées à la musique électronique, comme les synthétiseurs et les séquenceurs, ils enregistrent leurs premiers morceaux dans un garage. Ils ouvrent ainsi la voie à une génération de producteurs de Détroit, qui reprennent et complexifient cet embryon de Techno, en profitant des avancées technologiques successives en terme de matériel de composition et de mixage. Le label Underground

Resistance, un collectif de producteurs Noirs de Détroit réunissant notamment Mike Banks, Jeff Mills et Robert Hood, marque alors la Techno en lui associant un message politique fort pour les droits des Afro-américains, dans un contexte économique et social tendu à Détroit. La Techno s’est depuis progressivement exportée vers tous les coins du monde, en s’associant à un mouvement de contre-culture porté par la jeunesse revendiquant le droit de faire la fête, face à la réprobation de leurs aînés. À Berlin, elle est devenue un symbole de la réunification lors de la chute du mur. Alors présente essentiellement dans les milieux underground, elle s’est récemment démocratisée, étant aujourd’hui fortement associée à un esprit de liberté et de créativité musicale. Si son auditoire s’est élargi, la Techno reste encore peu comprise par le grand public, aussi bien musicalement qu’en tant que mouvement culturel, pourtant très riche. Ce dossier spécial consacré à la Techno se veut être une porte d’entrée vers cet univers rempli de musique et de danse, une invitation pour les curieux de la musique électronique à apprécier le rythme endiablé de la grosse caisse, en espérant faire comprendre ce genre, et, surtout, le faire apprécier par nos lecteurs. Afin de lier la musique à l’écriture, ce dossier comporte des Qr Codes prévus pour être détectés par un smartphone. Ces codes sont des références à des morceaux que le lecteur est invité à écouter pour se faire sa propre idée de la Techno.

Page de gauche : des albums qui ont marqué l’histoire de la Techno, d’Underground Resistance à Paul Kalkbrenner, en passant par Lil Louis et Ricardo Villalobos.

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La Techno, qu’est-ce que c’est ?

La Techno est un genre musical répétitif, d'une grande simplicité de structure, presque systématiquement binaire en 4/4, qui puise sa force dans l'utilisation d'outils électroniques ou numériques, et qui fait donc partie des musiques électroniques. Elle se caractérise par un tempo assez rapide

situé entre 120 et 130 battements par minute, parfois plus, appuyé sur chaque temps par un « kick » ou coup de grosse caisse, des basses profondes, des sons futuristes

synthétisés, et l'emploi d'effets audio. Un morceau de Techno se compose communément d'une partie rythmique complexe, avec un kick récurrent, différentes percussions – caisse claire, cymbales, et ornements rythmiques –, et une basse aux motifs simples, et d'une partie mélodique comprenant des instruments de synthèse, qui soit forment une mélodie, soit appuient la rythmique avec des phrases courtes et percutantes. En complément, des effets audio tels que des filtres, de la réverbération, du delay ou encore de la compression peuvent être appliqués au morceau, pour accentuer certaines intentions – par exemple, il est fréquent d'utiliser un filtre coupant les basses fréquences et donc principalement la basse et le kick, pour créer des passages moins rythmés, et donner un souffle au morceau. C'est une musique dédiée à la

fête, puisqu'elle est destinée à être écoutée en clubs, soit mixée dans des sets par un DJ, soit jouée en live grâce à différentes machines, pour animer soirées et autres évènements. Selon le niveau d'écoute, elle peut donc apparaître comme un genre à la fois pointu et simple d'écoute, dès lors qu'on possède certaines clés de compréhension. La répétit ion, procédé efficace mais incompris La première difficulté que l'on peut rencontrer en écoutant de la Techno est la répétitivité. En effet, les morceaux de Techno sont basés sur des superpositions de boucles, c'est-à-dire des fragments de musique qui se répètent ; il peut s'agir de lignes de basse, de percussions, de samples, etc. Ces boucles sont assemblées par le producteur pour construire un morceau nécessairement répétitif, car ce sont elles qui constituent les briques de base. La répétitivité est un moyen de mettre en valeur la musique et les sonorités qui la composent, et aussi de transmettre à l'auditeur des sensations inédites. Déjà utilisée en 1928 par Maurice Ravel dans son Boléro, elle provoque un état d'ivresse, voire de transe, qui pousse à la danse et au mouvement. En Techno, elle permet d'appuyer la rythmique : si on dispose d'un système son de bonne qualité, les sons les plus graves, ceux du kick et de la basse, font ressentir des vibrations dans la poitrine, procurant de l'énergie et un

Le Boléro de Ravel

Rythm Is Rythm – Strings of Life

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sentiment d'exaltation. On écoute aussi bien de la Techno avec les oreilles qu'avec le reste du corps, et il faut pour cela apprendre à laisser aller son écoute, à apprécier le mouvement général du morceau, sa dynamique. On retient surtout un morceau de Techno pour l'effet qu'il procure. Les morceaux de Techno ne sont jamais parfaitement répétitifs, car ils sont parsemés de nombreux évènements qui rythment l'écoute : des passages plus ou moins appuyés par le kick ou sur lesquels sont appliqués des filtres ou des effets, des arrivées progressives de nappes, de mélodies, d'instruments divers, des voix... Ainsi une écoute attentive révèle des nuances parfois peu perceptibles à l'oreille, mais qui sont pourtant d'une grande importance. Ce sont ces nuances et ces changements qui lient la musique, et qui permettent de suivre la trame du morceau, sans briser sa dynamique. C’est que la Techno est prévue pour être dansée, et qu'il ne faut à aucun moment rompre le mouvement, au prix de perdre le public.

Dans une moindre mesure, et d'un point de vue pratique, la répétitivité est utile au DJ, dont la tâche est d'assurer la succession des morceaux qu'il choisit de passer, grâce à sa table de mixage. Un morceau répétitif permet de prendre son temps et de réfléchir au suivant et à une transition adaptée, qu'il est possible de faire longue sans risquer d'être interrompu par un changement de dynamique du premier ou du second morceau. À la recherche du juste son Une grande partie de la composition de Techno consiste en la recherche de sonorités intéressantes, grâce aux outils de synthèse dont disposent les producteurs, et qui leur laissent une grande liberté de création tant ils sont complexes. Il est aujourd'hui possible d'agir à un niveau très fin sur un son, de le modeler presque à la main, de définir un très grand nombre de paramètres très précis pour obtenir un son unique.

Les platines et le contrôleur, outi ls indispensables du DJ – ici numérique, le matériel était autrefois analogique.

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Cette recherche de sons originaux date de bien avant la Techno. Dès la fin du XIXe siècle, des inventeurs ont fabriqué des instruments nouveaux, tels que l'electromusical piano d'Alexander Graham Bell (1876) ou le thérémine (1920). Au cours des années 1950, plusieurs groupes de recherche musicale ont vu le jour dans le monde : le GRMC (Groupe de Recherche en Musique Concrète) à Paris, le CPEMC à l'université de Columbia, le studio de phonologie de la RAI à Milan, et d'autres encore. Les musiciens-chercheurs de ces laboratoires musicaux avaient pour but de développer des techniques et des outils de musique électronique, alors très expérimentale, tout en constituant un large éventail de sonorités nouvelles. Ces travaux expérimentaux ont trouvé un certain écho auprès du grand public, notamment le célèbre Psyché Rock de Pierre Henry et Michel Colombier, deux membres du GRMC, et ont été une grande source d'inspiration pour les pionniers de la Techno. En effet, le mouvement Techno originel se revendiquait d'un certain futurisme, la culture populaire de l'époque étant baignée dans la science-fiction, et aussi par opposition à la musique « ancienne ». La Techno s'est ainsi rapidement démarquée par l'utilisation de sons inédits, synthétisés ou conçus à partir de sons réels modifiés. Aujourd'hui, un morceau de Techno se distingue en grande partie par l'originalité de ses sonorités, qui est mise au service de l'intention artistique. Les musiciens et producteurs sont capables de créer le juste timbre qui correspond précisément à l'ambiance qu'ils veulent donner à leur création. Apprécier la Techno, c'est donc aussi reconnaître une texture musicale unique, et la manière dont elle est mise

en valeur dans un morceau composé d'un certain nombre de sonorités différentes : une texture désagréable à l'oreille lorsqu'elle est écoutée seule peut trouver sa place au milieu des autres instruments. Il n'est pas rare cependant que le processus inverse soit exploité : à partir d'une sonorité unique, imaginer un monde musical dans lequel elle trouverait sa place. Cette pratique exploite la modularité extrême de certains synthétiseurs, et introduit une certaine part de hasard dans le travail du producteur, qui peut alors se laisser surprendre par les sons qu'il découvre, pour sélectionner les plus intéressants, et les utiliser par la suite dans des compositions.

La Techno ne s’écoute pas comme n’importe quel genre musical. Elle appelle à une écoute active, car une oreille distraite pourrait passer à côté de détails subtils et discrets, qui en font tout l’intérêt. Contrairement à la Pop par exemple, les morceaux de Techno ne sont pas faits pour en retenir la mélodie ou pour en apprendre les paroles. Ils sont une invitation au mouvement et à la danse, et nous amènent à réfléchir sur la nature des sons qui nous entourent. Les pionniers du mouvement faisaient eux-mêmes le parallèle entre les rythmiques dures de leur musique, et le son des machines industrielles de Détroit.

Entrée dans le monde de la Techno Pour bien comprendre la Techno, il faut comprendre le monde qui vit autour de la musique, et les gens qui en font partie. Il existe de

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nombreux clichés à propos des amateurs de Techno, souvent issus de l’incompréhension de cet univers encore marginal par les non initiés. Pour la suite de notre initiation à la Techno, entrons dans ce monde fait de musique, de fête et de joie, mais qui comporte aussi son côté sombre. Il existe en effet plusieurs mouvements de Techno, qui ont des caractéristiques parfois assez différentes. Si la Techno de Détroit a un aspect plutôt mécanique, celle qui s’est développée à Berlin révèle des notes beaucoup plus obscures. Des lieux mythiques ont contribué au succès de cette branche de la Techno, comme le Trésor ou le Berghain à Berlin. Ces clubs sont réputés pour l’ambiance sombre et mystérieuse de leurs fêtes, qui durent parfois plusieurs jours sans interruption, plongeant le public dans un univers hors du temps. Avec ses sonorités lourdes et profondes et son caractère angoissant, la musique qui y est jouée est brutale et appelle des sensations animales, un complet oubli de soi en faveur de la danse et de la nuit.

La musique au cœur de la nuit Bien qu’elle puisse bien sûr être appréciée lorsqu’elle est écoutée chez soi, la Techno prend toute sa dimension lors des évènements publics qui lui sont consacrés. Les systèmes sons puissants et précis des boîtes de nuit ou des festivals mettent en valeur la musique grâce à leurs basses profondes et aux vibrations qu’elles génèrent, et garantissent au public une bonne immersion dans la musique. Les foules se retrouvent dans une ambiance survoltée, et tirent de la musique l’énergie pour danser toute la nuit. C’est dans ces conditions qu’un état de transe peut être atteint, porté par la répétitivité et la force percutante de la musique, et sublimé par les arrangements mélodiques. Les DJs sont au cœur de ces évènements car c’est à eux que revient la tâche d’animer la soirée, c’est-à-dire de créer une bonne ambiance festive. Leur rôle ne se résume pas à passer de la musique et à faire des transitions entre les morceaux : ils doivent être

Ben Klock - Subzero

L’entrée du mythique club berl inois Berghain – Panorama Bar, situé dans une centrale électr ique désaffectée.

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capable de mesurer l’ambiance et d’adapter leur prestation au public pour le mener jusqu’au bout du set en lui procurant un maximum de plaisir auditif. Un bon DJ saura agir subtilement sur la musique pour éviter les dissonances, notamment au moment de changer de piste, car la moindre cassure dans la dynamique du set est immédiatement repérée par le public et peut avoir un effet négatif sur l’ambiance.

Les DJs utilisent la matière sonore et la façonnent, en mélangeant les morceaux entre eux. Ils doivent faire preuve à la fois de créativité et d’une bonne culture musicale pour répondre aux attentes d’un public souvent exigeant, puisqu’il est en grande partie composé de connaisseurs et de mélomanes. Mais les DJs sont avant tout des passionnés, qui cherchent à transmettre à la foule des émotions par la musique. Leurs sets peuvent se révéler très personnels, s’inscrivant dans une démarche artistique travaillée, tant sur le plan de la recherche de sonorités et de rythmes que sur celui de la composition musicale. Le pionnier Jeff Mills donne un bon exemple d’acteur actif pour la reconnaissance de la Techno comme

d’un genre musical inscrit dans une véritable démarche artistique, par exemple en jouant un live accompagné de l’orchestre philarmonique de Montpellier, en juillet 2005, dans le cadre historique du pont du Gard en France.

Par le choix des morceaux, le mixage, l’utilisation d’un certain matériel ou encore par leur charisme, les DJs ont chacun un style qui leur est

propre, et qui modèle l’ambiance de la soirée. Les plus reconnus d’entre eux sont très attendus, car leur simple présence et leur talent sont souvent la promesse d’une fête réussie.

Le public amateur de Techno Les gens qui fréquentent les boîtes et évènements Techno ont des profils assez variés, mais adhèrent en grande partie à l’esprit de la Techno : la liberté, l’introspection qu’appelle la musique, une certaine idée de l’art comme moyen d’expression universel. Ce public est assez jeune – bien que la Techno existe déjà depuis plus de trente ans – et aime s’amuser sans se préoccuper du lendemain. Étant à l’origine un mouvement populaire, la Techno est aussi souvent associée à des idées et des opinions sociales, celles du partage, de l’égalité et de la tolérance. Le milieu de la Techno est gay friendly, et s’ouvre à toutes les cultures, ce qui s’entend même musicalement : les producteurs s’inspirent souvent de rythmiques et mélodies issues de paysages culturels et musicaux très différents.

Le Rex Club, point d’entrée de la Techno à Paris dans les années 1990

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La Techno étant étroitement liée aux nouvelles technologies, celles-ci sont perçues comme une source de progrès, à la fois musical et social. Les réseaux sociaux sont largement utilisés par les amateurs pour s’échanger des sons découverts au cours d’un set ou pour se tenir au courant de l’état de la scène Techno. Pour se donner une idée, la page Facebook Weather Festival Music, qui est à l’origine un groupe non-officiel de fans du festival Weather qui se tient tous les ans à Paris, compte près de 30 000 membres qui partagent activement leurs dernières trouvailles musicales. D’une manière générale, la culture Internet est très présente au sein de la communauté sous la forme de mèmes, c’est-à-dire des images humoristiques qui circulent sur Internet. Le monde de la Techno est parfois associé aux drogues récréatives qui circulent dans les soirées. Cannabis, cocaïne, ecstasy, ces substances sont utilisées à la fois comme pour leurs effets dopants qui aident les danseurs à tenir toute la nuit, et pour leurs effets psychoactifs qui se combinent avec la musique pour obtenir des sensations intenses. Ce marché illégal, sur lequel les organisateurs ferment parfois les yeux, constitue l’une des sources de tensions entre le monde de la Techno et ses détracteurs. Il représente l’état d’esprit libertaire des fans, qui s’opposent par ce moyen aux générations précédentes, dans la continuité du mouvement hippy. Bien sûr, tous les amateurs de Techno ne se droguent pas, et il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des psychotropes pour comprendre et apprécier la Techno. La Techno est un genre qui demande un véritable effort de

compréhension pour saisir le monde riche et plein de vie qu’il renferme. C’est un genre de passionnés qui mettent la musique au cœur de leur vie, en s’incluant dans une culture qui s’articule autour de celle-ci. Elle est à la fois un mode de pensée, une source d’amusement et de défoulement et le moyen de diffusion d’un message fort de tolérance.

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Si la Techno suscite l’incompréhension, voire la répulsion du grand public, c’est que ce n’est pas une musique comme les autres, et qu’elle est chargée de symboles et d’une histoire riche et complexe. En tant que genre expérimental, et résolument dédiée à la fête et à la danse, la Techno est avant tout un questionnement sur les structures vieillissantes des musiques populaires, jouant sur des rythmiques répétitives et des sonorités synthétiques et futuristes uniques. Mais la Techno ne se limite pas à la musique : elle est au centre d’un monde de la nuit et de la fête, associé aux clubs, ces lieux où les fans se rassemblent pour écouter, pour découvrir DJs et producteurs de talent, et où il existe un fort sentiment de tolérance et de partage.