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L’UEMOA met le cap sur les énergies vertes Focus sur le Togo La stratégie de la Tunisie pour produire 3700 MW d’électricité verte Ce que SE4ALL apporte aux pays africains Des milliards de dollars disponibles pour le solaire africain Mars-Avril 2015 # 2

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L’UEMOA met le cap sur les énergies vertesFocus sur le Togo

La stratégie de la Tunisie pour produire 3700 MW d’électricité verte

Ce que SE4ALL apporte aux pays africains

Des milliards de dollars disponibles pour le solaire africain

Mar

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#2

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 3

LEDITORIAL

Par Thierno Bocar TALL, PDG de La Société Africaine de Biocarburants et des Énergies Renouvelables (SABER)

Les capitaux internationaux ont enfin trouvé une porte à leur mesure pour entrer en Afrique : le développement des énergies renouvelables. Les besoins en investissements sont gigantesques. Ils sont sécurisés par l’achat public de l’électricité et par de solides solutions de couverture de risques. Leur profitabilité ne peut que s’accroître au fil des progrès technologiques. Et ils permettent d’amorcer le cercle vertueux du développement économique pour tout un continent qui tirera, à son tour, la croissance mondiale.

Les gestionnaires de fonds l’ont bien compris : à peine l’Egypte a-t-elle adapté son cadre législatif aux besoins de l’investissement privé dans l’énergie solaire que des milliards de dollars sont ve-nus frapper à la porte du ministre des Investissements. Il y en a même qui s’impatientent : « Les investisseurs américains ont hâte. Ils n’attendent plus qu’un cadre légal », déclarait le 5 mars dernier Elizabeth Littlefield, présidente de l’OPIC, le fonds d’investisse-ment de l’Etat fédéral américain, regrettant les lenteurs législa-tives en Tunisie…

A l’approche de la COP 21, tout le monde réalise que la pla-nète ne supporterait pas un développement industriel africain polluant. C’est pourquoi l’Afrique peut et doit devenir le berceau d’une nouvelle économie mondiale, verte et innovante. Cerise sur le gâteau, en finançant un développement africain propre, les capitaux internationaux ne vont pas seulement s’ouvrir un immense marché, ils vont également œuvrer pour le bien com-mun. Voilà bien longtemps que cela ne leur était plus arrivé. On comprend leur enthousiasme ! y

Les énergies renouvelables africaines deviennent des actifs financiers de premier plan

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4 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

03  Les énergies renouvelables africaines deviennent des actifs financiers de premier plan

08  CDC et Norfund s’allient pour financer la production de 5000 MW d’électricité supplémentaire en Afrique

10  La Banque mondiale lance une initiative pour développer le marché de l’énergie solaire en Afrique

14  Des hydroliennes sur le fleuve Congo pour conserver les récoltes

16  Christian Adovelande : « L’importance que nous accordons à la finance climat »

20  Dammipi Noupokou : « Notre pays regorge de ressources en énergies renouvelables diversifiées »

26  Le FAGACE augmente sa participation au capital de la SABER à hauteur de 100 millions FCFA

28  Guy Amédée Ajanohoun : « La Commission de l’Uemoa ambitionne d’investir 250 milliards FCFA d’ici 2020 »

30  SE4ALL : « Une énergie abordable, fiable et durable pour tous »

38  Ruée des capitaux suite à la nouvelle loi égyptienne sur l’électricité

EditeurENERGIES AFRICAINES

est co-édité par la Société Africaine des Bio-carburants et des Energies Renouvelables

(SABER) et Media Management & Participations Ltd

Opérateur Séquence Media SA 36b, rue de Carouge

1205 GENEVEwww.sequencemedia.com

Fax : +41 22 301 96 10 Tél : +41 22 328 75 80

Directeur de la publicationJérémie FLAUX

RédactionAgence Ecofin

Gwladys Johnson, Semia Abdelkefi, Dominique Flaux.

Ont également participé à ce numéro : Batedima Paul Kadja (SABER) [email protected]

PublicitéAlexandre Roux

[email protected]

Création Jérémie Flaux

Relecture et corrections Xavier Michel

ImpressionRotimpres,Aiguaviva, Espagne.

© Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur

Energies Africaines Numéro 02

Mars-Avril 2015

SOMMAIRE

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 5

41  En Tunisie, déjà 6% de la production électrique est assurée par l’éolien

44  Au début, Tom Osborn voulait simplement préserver la santé de sa maman…

48  La stratégie de la Tunisie pour produire 3700 MW d’électricité verte d’ici 2030

52  Les énergies renouvelables en réponse à la crise énergétique sud-africaine

57  Trois groupes marocains s’allient pour développer des énergies renouvelables en Afrique

58  L’Algérie veut passer sa capacité en énergies renouvelables de 12 000 MW à 22 000 MW

60  La pérovskite est en passe de révolutionner l’industrie du solaire

62  Les biobatteries ouvrent de nouvelles perspectives à l’exploitation de la biomasse

64  Aux Etats-Unis, une entreprise de Portland installe des mini-turbines dans les canalisations d’eau

65  La plus grande fortune de Chine s’est bâtie dans les énergies renouvelables

66  Yong Liu, directeur technologique de JA Solar

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6 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

PROJETS ET RÉALISATIONS

Deux barrages d’une capacité totale de 368 MW seront construits sur le fleuve Gambie« La Banque mondiale et l’Exim Bank de Chine financeront la réalisation de deux barrages d’une capacité totale de 368 MW sur le fleuve Gambie », a annoncé le ministre sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainisse-ment sénégalais, Mansour Faye. Ces projets, développés par l’Organisa-tion pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), représentent un coût global de 800 millions d’euros. La première phase de leur finance-ment s’achèvera en juin 2015. Il s’agit du barrage de Sambagalou, au Sénégal, d’une capacité de 128 MW, assorti d’un réseau de distribution de 1700 km dont 700 situés sur le territoire sénégalais, et du barrage de Kaléta, en Guinée-Conakry, d’une capacité de 240 MW, dont 30% destinés aux autres pays membres de l’OMVG.La pose de la première pierre du barrage de Sambagalou « sera faite dans très peu de temps », selon Daniel Gomes, président du Conseil des ministres de l’OMVG et ministre des Ressources naturelles de la Guinée-Bissau. Le ministre sénégalais, de son côté, espère que ces projets seront menés à bien, l’organisation ayant parfois des difficul-tés à concrétiser ses actions. y

L’Emirati Masdar installera sept champs photovoltaïques en MauritanieLe Ministère de l’énergie mau-ritanien vient de conclure avec Masdar Power un contrat relatif à l’installation de sept champs photovoltaïques dans différentes villes du pays. D’une capacité totale de 12 MW, ces installa-tions permettront d’économiser 6 000 000 de litres de diesel et de réduire l’émission de dioxyde de carbone de plus de 16 000 tonnes par an. Masdar Power entend prouver, à travers ce projet, l’efficacité et l’efficience des réseaux de production et de distribution isolés en matière de fourniture d’énergie. Selon Sul-tan Al Jaber, son président, « ce projet aura de nombreux avan-tages sur la vie socioéconomique des communautés qu’il permettra de doter de ressources énergé-tiques locales ». Il est rejoint dans son opinion par le ministre du Pétrole, de l’Energie et des Mines, Mohamed Ould Khouna, qui affirme : « Le projet d’éner-gie solaire réalisé par Masdar démontrera le rôle important que peuvent jouer les énergies renouvelables dans le développe-ment de la communauté. Elles permettront en effet d’améliorer les conditions de vie des citoyens en leur fournissant une énergie propre à un prix raisonnable. »Les sept villes où seront instal-lées ces photovoltaïques sont : Aioune, Akjoujt, Aleg, Al Shami, Atar, Boulenour et Boutilimit. L’électricité produite sur chaque site pourra satisfaire le tiers de la demande de la ville hôte en énergie. y

L’Espagnol Gamesa et le Saoudien Acwa veulent créer une usine de fabrication de pales au MarocL’Espagnol Gamesa participe, en consortium avec le Saoudien Acwa, à l’appel d’offres de l’Office national de l’énergie et de l’eau potable relatif à la réalisation d’une usine de fabrication de pales à Tanger. Ce marché entre dans le cadre d’un vaste plan d’investisse-ment de plus d’1 milliard d’euros destiné à la création d’une filière industrielle dans l’énergie éolienne au Maroc. L’usine de pales, objet du présent marché, sera installée à Tanger sur une superficie globale de 40 000 m2, avec une capacité annuelle de production de 1000 pales pour un coût allant de 20 à 50 millions d’euros.Cette production est destinée non seulement à alimenter un parc éolien de 850 MW, mais aussi à l’exportation vers l’Europe et le Moyen-Orient. A pleine capacité, l’usine de pales devrait créer un millier d’emplois directs et autant d’emplois indirects. Un plan de formation est prévu à cet effet en partenariat avec une université locale afin de répondre aux exigences en matière de compétences. Avec les nombreux parcs dans le monde entier, dont six d’une capa-cité de 238 MW au Maroc, où il est présent depuis dix ans, Gamesa a de fortes chances de se voir octroyer la réalisation de ce marché. y

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8 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

PROJETS ET RÉALISATIONS

Selon les termes de l’accord conclu entre les deux institutions de dévelop-pement, Norfund rachètera 30% de la société spécialisée dans la produc-tion de l’électricité Globeleq Africa. CDC détiendra, quant à elle, une participation de 70% dans Globeleq Africa à travers une opération de transfert des parts du capital détenues par le fonds Actis Infrastructure Fund 2, dans lequel l’agence de développe-ment britannique avait investi mas-sivement. «  Norfund et CDC visent à lancer plus de projets de construction de centrales électriques. La nouvelle stratégie se traduira par l’ajout de plus de 5000 MW de capacités de produc-tion  », ont souligné les deux parte-naires dans un communiqué. CDC Group et Norfund ont également précisé qu’ils concentreront leurs ac-tivités en Afrique subsaharienne, où environ 32% des ménages seulement ont accès à l’électricité.

De nombreux projets à financerGlobeleq Africa opère huit cen-

trales électriques ayant une capacité brute totale de 1095 MW. Avec une capacité de production cumulée de 304 MW, le Cameroun est le principal

CDC et Norfund s’allient pour financer la production de 5000 MW d’électricité supplémentaire en AfriqueL’agence de développement appartenant au gouvernement britannique CDC Group et Norfund, le fonds d’investissement norvégien dédié aux pays en développement, ont annoncé leur alliance dans le secteur de l’électricité en Afrique.

Kjell Roland, CEO de Norfund.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 9

PROJETS ET RÉALISATIONS

producteur du réseau énergétique de Globeleq Africa sur le continent, avec la centrale thermique de Dibamba (88 MW) et la centrale à gaz de Kribi (216 MW). Viennent ensuite la Côte d’Ivoire (288  MW avec la centrale d’Azito) et l’Afrique du Sud (trois centrales, solaire et éolienne, d’une capacité globale de 238 MW).

Le Cameroun pourrait bien être la tête de pont de cette alliance. Ceci dans la mesure où, par exemple, le pays est actuellement à la recherche de 65  milliards de francs  CFA pour financer l’extension de la centrale à

gaz de Kribi afin de porter sa produc-tion de 216 à 330 MW. Par ailleurs, malgré son potentiel hydroélectrique –  qui est le deuxième en Afrique derrière celui de la RD Congo  –, le Cameroun demeure un vaste champ en friche en matière d’hydroélectrici-té. Plusieurs autres projets de produc-tion sont en attente de financements, essentiellement dans le domaine des énergies renouvelables telles que le so-laire et l’éolien. y GJ

CDC Group et Norfund ont précisé qu’ils concentreront leurs activités en Afrique subsaharienne, où environ 32% des ménages seulement ont accès à l’électricité.

Total Group investira dans deux centrales solaires de 20 MW au GhanaLa filiale française de Total, SunPower, participera à la construction de deux centrales solaires d’une valeur de 100 millions de dollars dans le nord du Ghana. Les deux infrastructures auront chacune une capacité de 20 MW et coûteront 40 à 50 millions de dollars chacune. Les travaux dureront deux ans. Ce projet recevra l’appui technique du consortium français d’énergies renouvelables Neoen et le soutien d’institutions financières internationales telles que la Banque mondiale. « Nous avons besoin de certaines compétences techniques pour la réalisation de ce projet. C’est la raison pour la-quelle nous avons constitué un consortium avec Neoen qui dispose des capacités complémentaires recherchées », a déclaré Frederic Ciamous, le directeur de la branche Energie renouvelables de Total. Les infrastructures seront réalisées selon les technologies de la SunPower Oasis, située dans la Silicon Valley.Ces centrales entrent dans le cadre du plan gouvernemental gha-néen visant à générer 5000 MW d’énergie à usage domestique d’ici 2016. L’hydraulique et la biomasse sont les autres sources utilisées pour atteindre cet objectif. y

Nigeria : une mégacentrale solaire de 1000 MW sera installée dans l’Etat de KogiLe Nigeria et la Firstgate Business Intermediaries Ltd (FBIL) ont conclu un accord cadre relatif à l’implantation d’une centrale solaire d’une capacité de 1000 MW, qui s’étendra sur 2700 hectares dans l’Etat de Kogi. A la signature de cet accord, le ministre de l’Energie, le professeur Chinedu Nebo, a rassuré les différents acteurs quant à l’entière collaboration du gouvernement sur ce projet. Ainsi, dit-il, « l’exécutif œuvrera, entres autres, à l’établissement des documents nécessaires tels que la convention d’achat d’électricité ». Il a convié l’entreprise en charge de la réalisation du projet à faire diligence pour une livraison à la bonne date d’une infrastructure de qualité.Le président de la FBIL, Kelvin Iyke Asogwa, a à son tour déclaré avoir mené les démarches nécessaires pour obtenir la collaboration des banques locales sur le projet. Il a en outre sollicité la collabora-tion de partenaires turcs spécialisés dans le domaine. Kelvin Iyke Asogwa a en outre révélé que l’accord établi avec les différents par-tenaires étrangers leur permettra de former et d’employer plusieurs milliers de jeunes Nigérians sur le projet. « Nos partenaires étrangers recruteront nos jeunes, même ceux en formation, pour constituer leurs équipes sur place. Le temps que le projet ait besoin d’eux, ces jeunes au-ront déjà obtenu leurs diplômes et ils reviendront ensuite pour occuper les différents postes qui leur auront été accordés », a-t-il déclaré. y

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10 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

PROJETS ET RÉALISATIONS

L’initiative a été lancée fin jan-vier lors du sommet «  Powering Africa  », une rencontre de ministres africains, de sociétés d’électricité et

de la communauté énergétique in-ternationale destinée à discuter des progrès accomplis et des initiatives visant à accroître l’accès à l’énergie

dans toute l’Afrique. «  Le groupe de la Banque mondiale s’engage à pro-mouvoir l’accès universel durable à une énergie moderne en Afrique, et l’initia-tive “Scaling Solar” constitue une étape décisive vers l’atteinte de cet objectif », a expliqué dans un communiqué Jean-Philippe Prosper, vice-président Services clients mondiaux au sein de la Société financière internationale. « En fournissant rapidement une élec-tricité abordable à des populations jusque-là non desservies, on peut faire des progrès considérables par rapport à d’autres objectifs de développement  », a-t-il ajouté.

Une variété d’obstacles Selon des données fournies par

l’institution multilatérale, l’Afrique possède les ressources solaires par-mi les plus abondantes du monde. Pourtant, plus de la moitié de sa po-pulation vit sans accès à l’électricité. « Les investisseurs qui créent des projets solaires privés en Afrique se heurtent souvent à une variété d’obstacles, y com-pris les caractéristiques et les structures

La Banque mondiale lance une initiative pour développer le marché de l’énergie solaire en AfriqueLe groupe de la Banque mondiale a annoncé le lancement de l’initiative « Scaling Solar », qui a pour objectif de créer un grand marché pérenne pour les projets d’énergie solaire en Afrique du secteur privé. Il s’agit d’aider les gouvernements à accroître l’offre pour des millions de ménages et entreprises à travers le continent.

« En fournissant rapidement une électricité abordable à des populations jusque-là non desservies, on peut faire des progrès considérables par rapport à d’autres objectifs de développement. »

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 11

PROJETS ET RÉALISATIONS

uniques des différents marchés, des coûts de transaction élevés, des accords négo-ciés sur de longues périodes ainsi qu’une perception de risque et de coût du ca-pital élevés  », explique-t-elle dans un communiqué. Dans le cadre de cette nouvelle initiative, il sera question d’aider les pays à définir la taille et l’emplacement des projets, «  puis de lancer un appel d’offres à destination des promoteurs. Cette initiative associe des garanties de la Banque mondiale, des garanties d’investissement de la MIGA et le financement d’IFC afin de mobiliser des projets solaires à capitaux privés connectés au réseau dans les meil-leurs délais et au meilleur coût », a-t-on appris.

Un énorme retard à comblerLa question de la maturation des

projets énergétiques est au centre des attentions de nombreux acteurs, dont les Banque de développement comme la BAD, mais aussi de nombreux fonds d’investissement. Récemment,

on apprenait encore une alliance stratégique entre le fonds norvé-giens de développement Norfund et le Commonwealth Development Corporation britannique, pour non

seulement renforcer les capacités exis-tantes, mais encore et surtout soute-nir de nouveaux projets et les porter à maturation. Sur ce segment, aucun

apport ne sera de trop. Comparé à la Chine qui a presque la même popula-tion, le continent africain affiche un énorme retard dans le domaine éner-gétique alors qu’il possède de nom-

breux atouts, dont une hydrologie importante, des ressources gazières, et surtout deux grands déserts forte-ment exposés au soleil. y GJ

Rwanda : la centrale solaire d’Agahozo accroît la capacité énergétique nationale de 6%La centrale solaire d’Agahozo, avec ses 8,5 MW de capacités réparties sur 21 hectares, vient d’accroître la capacité énergétique du Rwanda de 6%. Pouvant alimenter 15 000 foyers environ, cette centrale d’un coût total de 23,7 millions de

dollars a été construite par Gigawatt Mondial en six mois seulement. Elle a reçu, pour y parve-nir, le soutien de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC) et de l’Africa Clean Energy Finance (ACEF). « Notre projet prouve la viabilité du financement et de la construction de champs solaires à grande échelle en Afrique subsaharienne, et nous espérons que ce champ solaire servira de catalyseur pour beaucoup de projets d’énergie plus durables dans la région. La rapidité avec laquelle ce projet a été achevé est un hommage à la force des institutions du gouvernement rwandais et leur sou-ci d’augmentation de la capacité de production du Rwanda, ainsi qu’à l’agilité de notre équipe et des partenaires qui s’étendent sur huit pays », a déclaré Elizabeth Littlefield, présidente de l’OPIC.L’énergie produite par cette centrale sera rachetée par le gouvernement à travers un accord d’achat à un prix non encore dévoilé. Toutefois, selon la Voix de l’Amérique, il se situerait entre 20 et 25 cents américains par KW. y

« Cette initiative associe les garanties d’investissement de la MIGA et le financement d’IFC afin de mobiliser des projets solaires à capitaux privés connectés au réseau dans les meilleurs délais et au meilleur coût. »

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12 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

PROJETS ET RÉALISATIONS

Tropical Power Kenya lancera la première usine africaine de biogaz connectée à un réseau

Le Kenya a développé la première usine africaine de production de biogaz connectée à un réseau de distribution d’électricité. Dénommée Gorge Farm Energy Park, cette usine de diges-tion anaérobie, propriété de Tropical Power Kenya Ltd (TPKL), transfor-mera annuellement 50 000 tonnes de

déchets organiques. Sa matière première proviendra d’une ferme appartenant au groupe VegPro, le principal exportateur kenyan de fruits vers le Royaume-Uni. Ayant nécessité un investissement de 6,5 millions de dollars, l’usine de 2,8 MW pourra fournir l’électricité à 0,10 $ le Kwh, contre 0,38 $ le Kwh pour l’électricité produite à base de diesel. Elle sera couplée à une centrale solaire d’une capacité de 10 MW, souligne Bloomberg. La direction, qui s’attend à récupé-rer son investissement dans un peu plus de cinq ans, explique que le lancement de cette centrale n’est que le premier pas d’une stratégie qui verra TPKL produire plus de 130 MW d’électricité à partir des énergies renouvelables d’ici 2018. La compagnie a déjà annoncé l’installation au Ghana d’une usine analogue à celle de Gorge Farm. y

La commune sénégalaise de Malicounda troque 100 ha de terres contre une centrale solaire

Une centrale solaire d’une super-ficie de 100 hectares sera bientôt construite sur la commune de Ma-licounda dans le cadre d’un contrat de concession de 25 ans conclu entre la société nationale Senelec et des investisseurs. Le maire de cette collectivité locale, Maguette Sène, a dévoilé le 31 janvier la signature de

la convention par laquelle 80% des emplois à créer revien-dront aux jeunes de la commune. Ce projet de centrale solaire de 15 MW, pour un coût de 30 milliards de francs CFA, sera financé par l’Allemagne et démarrera au plus tard en avril 2015 dans la Zone économique intégrée (ZSE) de Diamniadio.Face à la demande domestique en augmentation, la société publique d’électricité Senelec est engagée dans un plan qui se traduira par le passage de 587 MW à 1000 MW en 2017 de sa puissance électrique exploitable. Ceci dans le cadre d’un programme d’investissements retenu pour la période 2014-2017. y

Praj Industries construira la plus grande usine de production d’éthanol d’OugandaL’Indien Praj Industries construira pour la compagnie ougandaise Kakira Sugars la plus grande unité de production d’éthanol du pays. La nouvelle usine, qui disposera d’une capa-cité de production journalière estimée à 60 000 litres, permet-tra au complexe industriel de Kakira Sugars d’assurer par lui-même 50 à 60% de sa consom-mation d’électricité, tandis que les effluents permettront la fabrication de bio-compost, qui servira à fertiliser les superficies consacrées à la culture de la canne. Pour Pramod Chaudhari, le président de Praj Industries, l’installation de cette infrastruc-ture viendra une fois encore tra-duire l’engagement de sa com-pagnie en faveur des solutions de développement durable.Praj s’est récemment illustré par la construction d’une unité de production d’éthanol d’une capacité de 80 000 m3 en Sierra Leone pour le compte d’Addax Bioenergy. L’usine sera aux normes RSB (Roundtable on Sustainable Biomaterials), ce qui lui permettra d’exporter sa production vers le marché européen. y

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14 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

PROJETS ET RÉALISATIONS

L’idée a séduit l’Agence française pour le développement (AFD) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le dé-veloppement (Cirad), qui en ont fait

l’un des douze lauréats du concours Challenge Climat Agriculture et Forêts (CCAF). Une bonne partie des fruits et des légumes récoltés le long du fleuve Congo pourrit sur place à dé-

faut de stockage réfrigéré. L’objectif de ce projet est donc d’installer sur place des centres de stockage et de transfor-mation des produits agricoles et de la pêche, et de les alimenter en énergie par les hydroliennes. « Ce n’est pas com-pliqué, c’est un frigo qu’il faut installer dans les villages qui s’échelonnent au bord de l’eau en République du Congo », déclare Maguelonne Loubelo, une jeune fermière diplômée de l’Ecole polytechnique, émettrice de l’idée. « Il n’y a pas d’hydroliennes dans cette zone, alors que le Congo est le deuxième plus grand fleuve au monde. On peut penser que c’est un bon endroit pour installer des hydroliennes », explique-t-elle.

Projet piloteLa première étape sera de construire,

avant la fin de l’année si possible, un centre de stockage et de transforma-tion doté d’une hydrolienne flot-tante à Loubassa, un village de l’île de M’Bamou. D’autres centres seront ensuite installés prés des villages situés non seulement sur le fleuve Congo, mais également sur d’autres rivières navigables. Les éoliennes serviront également d’alternative aux groupes électrogènes des chambres froides

Des hydroliennes sur le fleuve Congo pour conserver les récoltesUn projet élaboré par les fermiers locaux envisage d’installer des hydroliennes sur le fleuve Congo afin de pouvoir stocker les récoltes au frais.

« Ce n’est pas compliqué, c’est un frigo qu’il faut installer dans les villages qui s’échelonnent au bord de l’eau en République du Congo. »

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 15

PROJETS ET RÉALISATIONS

communes, déjà existantes et en proie à de fréquentes pannes dues au manque de carburant.

Financements recherchésLe grand défi de ce projet consis-

tera à trouver le financement néces-

saire à sa mise en œuvre. 100  000 à 150 000 euros seront en effet né-cessaires à la mise en place du pro-jet pilote du village de Loubassa. Le CCAF ne finance pas ses lauréats, car son principal but est de leur donner de la visibilité. Mais le projet pour-

rait bénéficier, en plus des finance-ments éventuels par des entreprises ou des ONG, d’un appui financier de l’AFD et du Cirad en dehors du cadre de ce concours. y

GWLADYS JOHNSON

LE MÊME PRINCIPE QU’UNE ÉOLIENNEUne hydrolienne fonctionne selon le même principe qu’une éolienne, sauf que l’énergie exploitée est celle des courants marins ou fluviaux, et non du vent. Les hydroliennes sont posées sur le fond marin ou flu-vial. Leurs turbines permettent la transformation de l’énergie cinétique de l’eau en mouvement en énergie mécanique, qui peut alors être convertie en énergie électrique par un alternateur. A puissance égale, les

hydroliennes sont beaucoup plus petites que les éo-liennes. Elles ne sont pas visibles et leur installation est relativement rapide.Le coût de production électrique est à ce jour sen-siblement égal à celui de l’éolienne, mais il devrait devenir plus compétitif à l’avenir. Cette technologie est encore nouvelle et devrait bénéficier des nombreuses recherches en cours pour l’optimiser.

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16 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

DOSSIER UEMOA

n Energies Africaines  : La BOAD a bouclé 40 ans d’interventions aux cô-tés de ses Etats membres. Quel rôle l’institution a-t-elle véritablement joué dans le secteur de l’énergie au cours de cette longue période ?

Christian Adovelande : Lors de la célébration des festivités des 40  ans de la banque, l’un des thèmes de ré-flexion portait sur l’économie verte. Ce qui a été une opportunité pour la banque de présenter sa nouvelle stratégie Environnement & Climat, dans laquelle sont déclinées notre vision et notre stratégie en la ma-tière. Cette stratégie, qui n’était pas encore finalisée en 2013, est à présent disponible. En consultant cette stratégie qui couvre la période 2015-2019, vous vous rendrez compte de l’importance que nous accordons à la finance climat, sous laquelle le fi-nancement des énergies renouvelables est pris en charge en tant qu’option d’atténuation.

n EA : Quels sont les principaux le-viers de cette action ?

CA  : Du point de vue stratégique, nous nous sommes positionnés sur des mécanismes majeurs de finance-ment des AME (accords multilatéraux sur l’environnement), notamment du FA (Fonds d’adaptation), du FEM (Fonds pour l’environnement mon-dial) et du FVC (Fonds vert pour le

climat), pour prioritairement faciliter l’accès des Etats membres de l’Uemoa à des subventions pour financer, entre autres, des projets de promotion des énergies renouvelables. A noter par ailleurs que nous avons été fortement engagés dans la mise en place de la Société Africaine des Biocarburants et des Energies Renouvelables (SABER), en rapport avec l’Uemoa, et y avons

Christian Adovelande : « L’importance que nous accordons à la finance climat »La BOAD déploie sa stratégie Environnement & Climat pour la période 2015-2019. Son président, Christian Adovelande, en présente les principes et les actions concrètes aux lecteurs d’Energies Africaines.

« Il faudra plus que jamais travailler à augmenter la part de marché des énergies renouvelables pour asseoir davantage une stabilité dans le secteur de l’énergie, souvent ébranlé par la fluctuation du baril de pétrole. »

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 17

DOSSIER UEMOA

financièrement contribué. Nous avons conscience que l’augmentation de la part des énergies renouvelables est plus que nécessaire pour résorber le déficit énergétique, réduire la fac-ture énergétique des Etats, et surtout améliorer sensiblement la qualité de vie des populations les plus pauvres n’ayant pas accès à l’énergie.

n  EA  : Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?

CA : D’une manière générale, l’ob-jectif de la BOAD pour ce secteur est de mettre l’énergie en qualité et quantité suffisantes à la disposition des populations et des industries des pays de l’Uemoa, à travers la ré-duction du coût de production de l’électricité, l’accroissement du taux d’accès à l’électricité, la résorption du déficit énergétique par l’accroisse-ment de la production et la promo-tion d’interconnexions régionales, et l’accroissement des performances des différents secteurs de l’économie des pays de l’Union. Dans cette optique, les interventions de la banque dans le domaine de l’énergie ont consisté à accompagner les Etats dans la résorp-tion de leur déficit énergétique par l’accroissement de leurs capacités de production d’énergie électrique et le renforcement de la fiabilité de leurs ré-seaux de transport et de distribution. Au terme de la période sous revue, le montant global des financements de la BOAD dans le secteur de l’énergie s’élevait à 454  milliards  FCFA hors Fonds de développement énergie. Les financements de la banque ont contri-bué non seulement à l’accroissement des capacités de production d’énergie dans les Etats membres, mais éga-lement à la construction de plus de 1400  km de lignes électriques d’in-terconnexion entre eux, ainsi qu’au renforcement, pour une puissance de plus de 1000 MW, des moyens de production, de transport et de distri-bution sur les réseaux inter-Etats.

n  EA  : Pouvez-vous nous citer quelques investissements parmi les

plus marquants qui ont été réali-sés à ce jour  par la BOAD dans ces domaines ?

CA  : Au nombre des projets ma-jeurs financés par la banque figurent entre autres  : l’interconnexion élec-trique Mali-Côte d’Ivoire de la socié-

té Energie du Mali (EDM), l’électrifi-cation des localités de Bakel, Selibaly et Goureye, au Sénégal, de la Société de Gestion de l’Energie de Manantali (SOGEM), l’extension des capacités de la centrale thermique de CIPREL SA en Côte d’Ivoire (CIPREL IV A),

Christian Adovelande : « Nous avons conscience que l’augmentation de la part des énergies renouvelables est plus que nécessaire pour résorber le déficit énergétique, réduire la facture énergétique des Etats, et surtout améliorer sensiblement la qualité de vie des populations les plus pauvres. »

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18 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

DOSSIER UEMOA

ou encore l’extension en cycle com-biné des capacités de production de la centrale thermique d’Azito par la société Azito Energie SA en Côte d’Ivoire. La gestion du FDE est assu-rée par la BOAD. A ce titre, le fonds bénéficie des principes de gouver-nance de la BOAD.

Outre ses propres actions, la BOAD est un acteur majeur de la politique énergétique définie au niveau de l’Ue-moa. Elle est partie prenante aux tra-vaux de l’IRED (Initiative régionale pour l’énergie durable), une stratégie mise en place au sein de l’Union pour mieux faire face aux crises énergé-tiques récurrentes dans plusieurs des Etats membres. Dans le dispositif institutionnel et financier de mise en œuvre de l’IRED, il a été mis en place le Fonds de développement énergie (FDE), qui a pour objet de contribuer à l’amélioration de l’accès à l’énergie des Etats membres de l’Uemoa.

n EA  : La baisse drastique du prix du baril de pétrole intervenue ré-cemment doit-elle modifier votre ap-proche des énergies renouvelables ?

CA  : Absolument pas  ! Bien au contraire, il faudra plus que jamais

travailler à augmenter la part de mar-ché des énergies renouvelables pour asseoir davantage une stabilité dans le secteur de l’énergie, souvent ébranlé par la fluctuation du baril de pétrole. Il y va de la maîtrise des budgets des

pays qui, hélas, dépendent encore beaucoup trop des énergies fossiles, grandes émettrices de carbone.

n EA : En Afrique de l’Ouest, quelle est la source d’énergie renouvelable la plus rentable entre l’hydroélectricité, le solaire, l’éolien ou la biomasse ?

CA  : Au fait, la rentabilité d’une énergie renouvelable donnée dé-pend des conditions de son exploi-tation, mais surtout de la maîtrise

des technologies. Il s’agira donc de faire un bon inventaire du potentiel éco-énergique pour l’éolien, la bio-masse, l’hydraulique, le solaire pho-tovoltaïque et le solaire thermique. Puis une évaluation des technologies disponibles devrait permettre d’éva-luer les meilleurs coûts de production de chaque source d’énergie dans des localités et des conditions bien dé-finies. En valeur absolue, l’énergie hydroélectrique est la plus rentable, mais son exploitation reste fortement exposée aux aléas climatiques, qui perturbent considérablement le régime des cours d’eau dans notre sous-région, passant de sécheresse à inondation.

n EA  : Dans quelles conditions la BOAD peut-elle accompagner des investissements privés dans le secteur des énergies renouvelables ?

CA : Le financement du secteur pri-vé a toujours fait partie des priorités de la banque. Nous avons des lignes de crédit qui lui sont déjà dédiées dans la plupart des secteurs «  tradi-tionnels  » de développement écono-

mique et social. Et, comme je vous l’ai dit au début de cette interview, nous allons mettre en place des méca-nismes de financement dédiés au sec-teur privé intervenant dans les éner-gies renouvelables, en nous appuyant notamment sur les mécanismes inter-nationaux des AME, principalement du Fonds vert pour le climat. y

PROPOS RECUEILLIS PAR BATEDIMA PAUL KADJA

« Nous allons mettre en place des mécanismes de financement dédiés au secteur privé intervenant dans les énergies renouvelables. »

« En valeur absolue, l’énergie hydroélectrique est la plus rentable, mais son exploitation reste fortement exposée aux aléas climatiques. »

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20 ANS AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT SOLIDAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST

1994-2014, l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a vingt ans. C’est, en effet, le 10 janvier 1994 que les Chefs d’Etat et de Gouverne-ment des pays d’Afrique de l’Ouest, ayant en partage l’usage du franc CFA, ont signé à Dakar (Sénégal), le Traité portant création de l’UEMOA. L’année 2014 marque donc le vingtième anniversaire de la consé-cration de cette vision dont la finalité est la construc-tion en Afrique de l’Ouest, autour de la monnaie commune, d’un espace économique harmonisé, au sein duquel circulent librement les personnes, les biens, les services.

Il était donc opportun de célébrer cet âge de la matu-rité pour mettre en exergue les acquis de l’intégration sous régionale, réfléchir sur les succès et les obsta-cles ayant jalonné ce parcours des vingt ans et, sur-tout, faire une projection sur l’avenir, afin de relever les défis nouveaux auxquels les pays et la sous-ré-gion sont confrontés.

DEMAIN, l’UEMOA DES PEUPLESLa première décennie de l’Union (1994-2004) a per-mis de bâtir et d’asseoir une architecture institution-nelle solide et fonctionnelle, d’adopter et de mettre A l’aube de la 3ème décennie, nul doute que les ac-quis sont nombreux, mais il reste encore de multi-ples défis à relever, qui résultent autant de nouvelles

préoccupations que d’une faible appropriation des réformes ou d’une application insuffisante : pauvreté persistante, crises alimentaires récurrentes, manque de compétitivité des économies, mobilisation in-suffisante des financements, faible niveau du com-merce intra-communautaire, entraves persistantes à la libre circulation des personnes et des biens, crises et instabilité politiques menaçantes. Au bilan axé sur la convergence économique, la construction du marché intérieur, la construction des infrastructures économiques, le renforcement de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, la for-mation et le développement du capital humain et l’aménagement du territoire, doit répondre une vi-sion prospective qui prenne en compte les évolu-tions futures de la région ouest-africaine, les me-naces contre la paix et la sécurité, l’apparition de fléaux sans frontière, le développement de la culture démocratique et la consolidation de l’état de droit, les questions de la formation et de l’emploi des jeunes, celles de l’accès des femmes au savoir et aux moyens de production, le développement des partenariats.Cette commémoration est donc une étape cruciale de cette prise de conscience collective de la né-cessité de renforcer l’intégration régionale à travers l’UEMOA qui, aujourd’hui est vue comme un modèle d’intégration économique sur notre continent.

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20 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

DOSSIER UEMOA

n Energies Africaines  : Pour pallier une éventuelle défaillance du réseau électrique, certains pays de la sous-ré-gion se rabattent sur le secteur gazier ou sur les nouvelles formes de pro-duction d’énergie. Qu’en est-il du Togo ?

Dammipi Noupokou : L’accroissement exponentiel des besoins en énergie et l’amoindrissement continuel des ré-serves d’énergie fossile, en particulier le pétrole et le gaz, ainsi que l’impact de leur utilisation sur l’environnement nous imposent d’engager une réflexion stratégique sur la promotion et le déve-

loppement des énergies renouvelables. Pour cela, le gouvernement cherche des voies et moyens en vue de satisfaire les besoins en énergie de nos populations respectives, sans compromettre notre avenir commun. Notre pays regorge de ressources en énergies renouvelables diversifiées et abondantes : solaire, hy-draulique, biomasse, éolien, pour ne ci-ter que celles-là. Malheureusement, cet énorme potentiel est encore largement sous-exploité. La politique en matière énergétique du pays vise à atteindre un taux de 10 à 15% dans le mix énergé-tique à l’horizon 2020.

n EA : Quelles sont, selon vous, les technologies les mieux adaptées aux besoins du Togo ?

DN : Les réflexions sont orientées principalement vers le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité. Le Togo se trouve dans une zone de fort ensoleillement et où le rayonnement solaire est assez bien réparti. L’énergie solaire globale moyenne rayonnée sur un plan ho-rizontal est estimée à 4,4  kWh/m²/j pour Lomé, à 4,3  kWh/m²/j pour Atakpamé et à 4,5  kWh/m²/j pour

Dammipi Noupokou : « Notre pays regorge de ressources en énergies renouvelables diversifiées »Le Togo est passé d’un taux d’électrification de 18% en 2005 à 28% aujourd’hui. L’objectif est de parvenir à une couverture de 50% d’ici 18 mois à deux ans. Pour Dammipi Noupokou, le ministre des Mines et de l’Energie, les investissements consacrés à ce secteur seront conséquents.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 21

DOSSIER UEMOA

Mango, les puissances pouvant dé-passer 700 Wc/m², surtout en saison sèche quand le ciel est clair et le taux d’humidité de l’air bas. L’utilisation moderne de l’énergie solaire au Togo n’est qu’à ses débuts. Toutefois, plu-sieurs projets sont déjà initiés pour des installations à partir du système solaire photovoltaïque en vue d’élec-trifier les localités rurales éloignées du réseau classique, notamment les infrastructures communautaires (écoles, dispensaires, cultes religieux,

centres de loisirs, etc.), l’installation de kits solaires dans les ménages et le pompage d’eau potable. C’est le cas du projet Uemoa de 22 localités ru-rales du pays.

Les énergies nouvelles concernent également les barrages, car les bar-rages hydroélectriques sont consi-dérés comme des centrales à énergie renouvelable. Dans ce sens, les gou-vernements togolais et béninois sont à la recherche de financements pour la construction du barrage d’Adja-

ralla. Au niveau du développement des ouvrages hydroélectriques, le site d’Adjarala (147  MW, dont 70  MW garantis pour le Togo), entre le Togo et le Bénin, a fait l’objet de plusieurs études. Actuellement, il est admis que cette centrale pourrait entrer en ser-vice en 2018. Par contre, les petites rivières et ruisseaux pourraient être exploités pour la fourniture d’élec-tricité pour les zones rurales et les communautés éloignées. Je citerai la construction de microcentrales

Dammipi Noupokou (ici avec le chef de l’Etat): « Le taux d’électrification, à fin décembre 2013, était estimé à 26,7% sur le plan national, avec l’objectif d’atteindre un taux d’accès national de près de 60% en 2030. »

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22 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

DOSSIER UEMOA

hydroélectriques sur les cours d’eau du pays (les sites de Danyi-Konda, Bagan, Titira, Landa-Pozanda et Aklowa). Nous disposons également d’un potentiel dans l’éolien, avec plu-sieurs projets pour injecter l’énergie sur le réseau de distribution.

n  EA  : Selon vos prévisions, quel serait le taux d’électrification rurale actuellement et à l’horizon 2030 ? Et quels en sont les coûts ?

DN : Le taux d’électrification, à fin décembre 2013, était estimé à 26,7% sur le plan national, grâce aux diffé-rents projets d’infrastructures réalisés dans le domaine ; celui en milieu rural est estimé à près de 5%. Ce faible taux d’accès à l’électricité est essentielle-ment dû au manque de financements pour répondre aux besoins urgents de toute la population. En termes de quantité, la longueur du réseau moyenne tension (MT) est passée de 1692 km en 2007 à 2048 km en 2012, soit plus de 356 km construits ; en basse tension (BT), la longueur de réseau est passée de 2608  km en 2007 à 3818 km en 2012, soit plus de 1210 km construits. Le département est conscient de ce faible taux d’accès à l’électricité et multiplie les efforts pour développer le réseau de transport

comme de distribution du milieu ru-ral par la réalisation de différents pro-jets, grâce aux différents prêts obte-nus auprès des partenaires financiers, notamment la BOAD, EXIM BANK Chine et Inde, la BIDC, la BID ainsi que les fonds koweïtiens pour ne citer que ceux-là. En matière de coûts, le secteur demande de grands investisse-ments pour la réalisation des projets d’infrastructures, avec l’objectif d’at-teindre un taux d’accès national de près de 60% en 2030.

De 18% en 2008, le taux d’ac-cès de l’électricité est passé à près de 27,62% à fin décembre 2013. A titre d’exemple, nous citerons :

- le projet d’électrification rurale phase  II de près de 70 villages couvrant toutes les régions du Togo, qui a été lancé en 2013 et va bientôt s’achever pour un coût de près de 7,5 milliards FCFA ;

- le projet d’électrification rurale phase III de près de 150 villages couvrant toutes les régions du Togo, dont la signature de l’ac-cord de prêt est intervenue en juin 2014 pour un coût de près de 1,5 milliard FCFA ;

- le projet transfrontalier d’élec-trification rurale de 20 localités

situées de part et d’autre des fron-tières Togo/Bénin et Togo/Ghana sur financement de l’Union eu-ropéenne,  avec la participation des Etats du Togo, du Ghana et du Bénin, pour un montant de 2,94 milliards FCFA ;

- le projet de construction du poste de transformation 161/66/20 KV à Sokodé afin de réduire les pertes électriques sur le réseau électrique Sokodé-Kara, permettre une meil-leure souplesse d’exploitation en cas de maintenance et une meil-leure sélectivité en cas d’avarie sur ce réseau, et enfin augmen-ter la capacité de transport et de fourniture d’énergie électrique pour les régions Centrale et de la Kara, pour un montant de 12 milliards FCFA ;

- le projet de renforcement et de construction des alimentations en énergie électrique qui permettra de renforcer le réseau de moyenne tension interurbain et de facili-ter l’écoulement de l’énergie de Lomé vers l’intérieur du pays par la construction d’une ligne de 161 kV Lomé-Atakpamé. Le coût de ce projet est estimé à près de 25 milliards FCFA. y AE

Dammipi Noupokou : « Les réflexions sont orientées principalement vers le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité. »

« Les gouvernements togolais et béninois sont à la recherche de financements pour la construction du barrage d’Adjaralla. »

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L’Union économique et monétaire ouest-afri-caine (Uemoa) est exposée à une crise éner-gétique majeure puisque 70% de sa popula-tion vivent aujourd’hui encore sans accès à l’électricité. Pour faire face à ce défi, l’Uemoa a lancé en 2008 l’Initiative régionale pour l’énergie durable (IRED), avec trois objectifs stratégiques  : atteindre un taux d’électrifica-tion dans l’espace Uemoa de 80% en 2020 et 100% en 2030, réduire le prix moyen de l’élec-tricité, et porter la part de la production élec-trique à partir des énergies renouvelables à 82% d’ici 2030.

Le Programme régional de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergé-tique (PRODERE) dans les Etats membres de l’Uemoa s’inscrit dans la continuité de l’IRED. Le PRODERE vise notamment à financer l’ins-tallation de projets d’énergies renouvelables avec pour premier objectif une capacité totale installée de 200 MW.

Dans ce contexte, la Commission de l’Uemoa, accompagnée par la SABER (Société Africaine de Biocarburants et d’Energies Renouvelables) au travers d’un accord-cadre de coopération et de partenariat, souhaite mettre en place une Facilité régionale d’accès à l’énergie durable (FRAED) à destination du secteur privé. La FRAED aura pour but de servir de «  cataly-seur » aux investissements privés pour le déve-loppement des projets d’énergies renouvelables

et d’efficacité énergétique de taille moyenne (20-25 MW) dans les Etats membres.

Une étude de faisabilité pour la définition et la mise en place de la FRAED a été réalisée entre septembre et décembre 2014, s’appuyant sur des visites dans les huit Etats membres et des entretiens auprès des acteurs clés publics et privés du secteur de l’électricité et des éner-gies renouvelables, complétés par des travaux approfondis de revue bibliographique et une analyse comparative des initiatives remar-quables et instruments financiers existants en faveur des énergies renouvelables en Afrique et dans le reste du monde.

Les principales conclusions de cette étude, réa-lisée par le cabinet Ernst & Young, décrivent la structure et le mode opératoire de la FRAED, qui a été pensée afin de s’adapter au contexte et aux besoins identifiés dans chaque pays : appui institutionnel aux Etats, aide au financement des phases préliminaires de développement et amélioration des conditions de financement des projets sont autant d’outils mis à disposi-tion par la FRAED afin de promouvoir les pro-jets d’énergies renouvelables dans l’Uemoa.

La dotation initiale envisagée pour la FRAED est de 50 milliards FCFA. Début 2015, la Com-mission de l’Uemoa a déjà approuvé une contri-bution sous forme de subvention à hauteur de 20% de ce montant, soit 10 milliards FCFA.

LA FACILITE REGIONALE D’ACCES A L’ENERGIE DURABLE

(FRAED)

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Le Togo vise un taux d’accès

La SABER, maître d’ouvrage délégué, a équipé 1300 ménages dans 22 villages togolais de systèmes solaires photovoltaïques devant servir à l’éclairage. Ces équipements sont composés de 1365 kits solaires pour les ménages et les lieux communautaires (écoles, centres de santé, églises, mosquées, etc.), et de 242 lampadaires pour les rues et les lieux publics. « Nous faisons de l’électrification décentralisée étant donné qu’on ne peut atteindre toutes les localités par les réseaux classiques. La politique actuelle du gouvernement est de faire en sorte que le milieu rural ait accès à l’énergie », assure M. Tcharè-Abalo Abiyou, directeur de l’Energie au Ministère des mines et de l’énergie du Togo.

Qui maîtrise le secteur de l’énergie dispose des bases solides pour son développement. De ce point de vue, le gouvernement, sous l’impulsion du chef de l’Etat, a entrepris de vastes travaux de renforcement et de garantie de la fourniture électrique, disponible pour tous.

34% de la population vivant en milieu urbain consomment 94% de l’électricité, alors que les 66% de la population qui vivent en milieu rural ne consomment que 6% de l’électricité totale consommée.

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national de près de 60% en 2030

Entamé en 2009, le programme d’éclairage public se poursuit. Jusqu’à ce jour, plusieurs villes, villages et quartiers de la ville de Lomé ont bénéficié d’une telle initiative. Aussi, les nouveaux villages électrifiés bénéficient systématiquement de l’éclairage public.

Il est aujourd’hui largement reconnu que le développement économique ne peut se faire sans un accès adéquat aux services énergétiques, et l’une des technologies les plus indiquées quand il s’agit d’apporter l’énergie moderne aux populations les plus reculées et éloignées du réseau est l’énergie solaire photovoltaïque ou thermique.

Les installations à partir du système solaire photovoltaïque permettent d’électrifier les localités rurales éloignées du réseau classique et transforment radicalement la vie des villageois, notamment grâce au pompage d’eau potable.

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26 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

DOSSIER UEMOA

À la fin de l’année 2012, l’Assem-blée générale de l’Onu a décrété que la période 2014 à 2024 serait la Décennie de l’énergie durable pour tous (SE4ALL). Ainsi, en Afrique, l’énergie et la santé des femmes et des enfants sont le thème central des deux premières années de cette ini-tiative lancée en Afrique durant les assemblées annuelles de la BAD au Rwanda en mai 2014. Dans ce cadre, le conseil d’administration du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE) a approuvé, le 15  décembre 2014, l’octroi d’une prise de participation complémentaire au capital social de la société SABER. La participation du FAGACE passe ainsi de 43  millions en 2007 à 100 millions de francs CFA.

Développer les énergies vertesLa Société Africaine des Biocarburants

et des Energies Renouvelables (SABER) est une organisation internationale ayant son siège à Lomé, dont le capi-tal est détenu par quinze Etats action-naires (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana,

Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Léone, Tchad et Togo) et six institutions financières (BIDC, BOAD, Ecobank, FAGACE, IEL et Nexim Bank). Elle vise à promouvoir et financer des projets

d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique dans les secteurs public et privé, à appuyer le transfert de nou-velles technologies vertes pour le déve-loppement des industries des énergies renouvelables et, entre autres, à four-nir des conseils aux gouvernements et au secteur privé. Cette intervention du

FAGACE permettra à la SABER de ré-aliser son projet d’investissement d’un montant de 500 millions FCFA dans le Fonds africain des énergies renou-velables (FAER). En effet, le FAER est un fonds de capital investissement

qui investit dans les projets d’énergies renouvelables de petite et moyenne envergure (PME-PMI) en Afrique subsaharienne, notamment les sources d’énergies renouvelables telles que les énergies solaire et éolienne, la bio-masse, l’hydroélectricité et les projets de réduction du torchage de gaz.

Le FAGACE augmente sa participation au capital de la SABER à hauteur de 100 millions FCFA

Cette intervention du FAGACE permettra à la SABER de réaliser son projet d’investissement d’un montant de 500 millions FCFA dans le Fonds africain des énergies renouvelables (FAER).

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 27

DOSSIER UEMOA

Electrification ruraleA terme, ce projet contribuera non

seulement à stimuler la croissance du secteur privé, en particulier des petites entreprises énergétiques, mais surtout à réduire la vulnérabilité des popula-tions rurales face aux catastrophes na-turelles, la mortalité maternelle et in-fantile et, de façon générale, le déficit énergétique en Afrique. L’importance de la promotion de l’électrification

rurale grâce aux énergies renouvelables est incontestable, notamment pour les structures sanitaires reculées, afin que les efforts pour améliorer la santé ma-ternelle et infantile soient significatifs à travers le continent. En approuvant cette opération, le FAGACE, à l’ins-tar des autres institutions financières partenaires, réaffirme sa volonté de soutenir le développement des pro-jets énergétiques écologiquement

durables et économiquement viables pour l’Afrique, l’un des axes priori-taires d’investissement de l’institution. Cette intervention porte à 1165 mil-lions FCFA (1,77 millions €) le mon-tant des prises de participation du fonds à ce jour. Ces participations à caractère stratégique ont facilité la mo-bilisation de 34  178  milliards  FCFA (52,10  milliards  €) au profit de neuf projets, dont sept régionaux. y AE

14 PAYS MEMBRES Le Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE) est une institution financière internationale spécialisée dans la promotion des inves-tissements. Il contribue au développement économique et social de ses Etats membres et compte actuellement quatorze pays que sont : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, le Tchad et le Togo. Les princi-paux métiers du fonds sont :- la garantie des prêts à moyen ou long terme destinés

au financement ou au refinancement d’investissements productifs ;

- la garantie des opérations à court terme visant à promouvoir le commerce ou les productions locales, à renforcer les institutions financières ou internatio-nales, notamment les IMF ;

- l’allègement des conditions d’emprunt par la bonifi-cation du taux d’intérêt ou l’allongement de la durée de crédit ;

- le financement direct des projets de développement ;- la prise de participation dans le capital social d’entre-

prises nationales ou régionales ;- la gestion de fonds pour le compte de tiers.www.le-fagace.org

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28 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

DOSSIER UEMOA

n Energies Africaines  : Une série de localités bénéficient, dans le cadre du PRODERE, de microcentrales et kits solaires ainsi que de lampadaires solaires pour l’alimentation en éner-gie électrique solaire des ménages, des centres sociocommunautaires et l’éclairage des agglomérations. Quel est l’impact enregistré, à cette étape du projet, dans ces localités bénéficiaires ?

Guy Amédée Ajanohoun  : Le PRODERE (phase I) a démarré en 2013 avec un financement de l’Ue-moa de 19,215  milliards  FCFA, mis en œuvre en maîtrise d’ouvrage déléguée avec la Société Africaine des Biocarburants et des Energies Renouvelables (SABER). A ce jour, le PRODERE a permis l’installation de plus de 7500 lampadaires solaires, 4500 kits solaires, six mini-centrales et 37 systèmes d’adduction d’eau po-table pour une puissance totale de

2,15 MW. Avec ce programme, plus de 3 millions de personnes ont accès à l’énergie électrique, 1500 emplois di-rects ont été créés dans les 41 localités concernées ainsi qu’une offre en eau potable à 30 000 personnes.

n  EA  : Comment comptez-vous accompagner les autres localités, dont l’immense majorité attend aus-si de bénéficier de l’accès à l’énergie électrique ?

GAA  : Dans le souci de permettre l’accès à l’énergie à un plus grand nombre de citoyens de notre Union, la Commission de l’Uemoa a prévu de poursuivre les activités de la phase I du PRODERE avec, pour objectif, l’installation de lampadaires et de mi-ni-centrales solaires dans les milieux déshérités.

n  EA  : Quel investissement serait nécessaire pour couvrir toutes les

zones rurales de l’Uemoa qui ont be-soin de ce type d’équipements ?

GAA  : Le PRODERE II sera lan-cé en 2016 et verra la construction de centrales solaires de capacité plus grande  ; ce qui permettra de conso-lider le programme dans les Etats membres. A cet effet, la Commission de l’Uemoa et la SABER mettront en place un nouveau mécanisme de financement de projet dénommé Facilité régionale d’accès à l’énergie durable (FRAED), qui appuiera le secteur privé pour la mise en œuvre de projets de centrales solaires de 5, 10 à 20  MW en IPP dans les huit Etats membres de l’Uemoa.

n  EA  : Les capitaux privés sont-ils indispensables à la réussite du PRODERE ?

GAA : Les capitaux privés seront né-cessaires pour le financement des pro-jets, soit en production indépendante

Guy Amédée Ajanohoun : « La Commission de l’Uemoa ambitionne d’investir 250 milliards FCFA d’ici 2020 »L’Uemoa s’est engagée depuis 2013 dans un ambitieux programme de développement des énergies renouvelables. Guy Amédée Ajanohoun est en charge, entre autres, de l’énergie au sein de l’institution.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 29

DOSSIER UEMOA

de l’électricité (IPP), soit en partena-riat public-privé (PPP), avec comme objectif d’assurer aux partenaires pri-vés un retour sur investissement at-tractif à un prix moyen abordable de l’électricité, en vue de faciliter l’accès

aux services énergétiques aux popu-lations des zones urbaines et périur-baines. C’est d’ailleurs le second ob-jectif stratégique de l’IRED.

La FRAED, en création, compren-dra les 3 guichets suivants :

1. appui institutionnel au pays ;2. mobilisation des

financements ;3. bonification des conditions de

financement.Avec la mise en place de la FRAED,

la Commission ambitionne d’inves-tir 250  milliards  FCFA d’ici 2020. D’autres initiatives sont prises au ni-veau national au profit de nos popu-lations dans la sous-région pour l’at-teinte des Objectifs du millénaire pour le développement durable en matière d’énergie durable pour tous. y AE

Guy Amédée Ajanohoun est commissaire à l’Uemoa chargé du Département du développement de l’entreprise, de l’énergie, des télécommunications et du tourisme, portant sur le Programme régional de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (PRODERE).

« Avec ce programme, plus de 3 millions de personnes ont accès à l’énergie électrique, 1500 emplois directs ont été créés dans les 41 localités concernées ainsi qu’une offre en eau potable à 30 000 personnes. »

Guy Amédée Ajanohoun : « Les capitaux privés seront nécessaires pour le financement des projets, soit en production indépendante de l’électricité, soit en partenariat public-privé. »

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30 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

ENTRETIEN

n Energies Africaines : Quel est le bilan de la plateforme africaine de SE4ALL depuis son lancement en 2013 ?

Daniel-Alexander Schroth  : Au-jourd’hui, la plupart des 43  pays africains adhérents à l’initiative ont déjà effectué une évaluation de leur situation énergétique par rapport aux trois objectifs de SE4ALL : assu-rer un accès universel à des services énergétiques modernes, doubler le taux global d’amélioration de l’ef-ficacité énergétique, ainsi que de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Plus d’une ving-taine d’entre eux développent actuel-lement leur programme d’actions énergétiques national, via l’élabora-tion d’agendas d’actions SE4ALL et de prospectus d’investissement. Ces agendas d’actions constituent une

feuille de route énergétique pour les pays et mettent les préoccupations d’énergie durable au cœur des straté-gies énergétiques des pays. De plus, à travers le nouveau Centre pilote des technologies et financements cli-matiques en Afrique, financé par le

Fonds pour l’environnement mon-dial, la plateforme africaine SE4ALL pilote et finance directement l’éla-boration des agendas d’actions du Kenya, de la Tanzanie, du Ghana et du Rwanda, en cours de finalisation. En 2015, le Centre financera égale-

SE4ALL : « Une énergie abordable, fiable et durable pour tous »Lancée par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, en septembre 2012, l’initiative SE4ALL (Sustainable energy for all) s’est fixée pour objectif d’ici 2030 de fournir un accès à l’énergie pour tous, de doubler l’efficacité énergétique ainsi que de doubler la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial pour la porter à 30%. La plateforme africaine de SE4ALL est hébergée par la Banque africaine de développement. Son coordinateur, Daniel-Alexander Schroth, fait le bilan des actions déjà menées et définit ses prochains objectifs.

« La biomasse est l’énergie renouvelable la plus abordable en moyenne (0,049 $/kWh), avec la géothermie et l’hydraulique (environ 0,058 $/kWh). L’éolien et le solaire restent les plus chers (respectivement 0,096 et 0,210 $/kWh). »

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 31

ENTRETIEN

ment le processus pour la République démocratique du Congo, l’Angola, le Zimbabwe, le Malawi et la Zambie.

Ces agendas d’actions nationaux seront mis en place cette année et se transformeront en projets concrets sur le terrain avec l’aide des prospec-tus d’investissement et des différents outils à disposition de la plateforme africaine, comme le Fonds des éner-gies durables pour l’Afrique (appelé SEFA), et des outils des partenaires. Le premier bilan est donc positif, avec un nombre important de pays africains adhérents et qui se sont approprié l’ini-tiative. Le défi pour cette année est d’aider les pays à trouver les finance-ments nécessaires pour la réalisation de leurs feuilles de route énergétiques.

n EA : Quelle est à ce jour la capa-cité financière du Fonds des énergies durables pour l’Afrique ?

DAS  : Le Fonds des énergies du-rables pour l’Afrique est un fonds fiduciaire multi-bailleurs adminis-tré par la Banque africaine de déve-loppement (BAD) et entériné grâce à un engagement de 60  millions de dollars des gouvernements danois et américain. SEFA appuie des projets d’énergies renouvelables de petite et moyenne taille et d’efficacité énergé-tique en Afrique. Le fonds est conçu pour opérer par le biais de trois gui-chets de financement  : préparation de projets, prise de participations et appui à la mise en place d’un environ-nement propice aux investissements. SEFA est opérationnel depuis janvier 2012 et a approuvé depuis une quin-zaine de projets pour un montant total de 11,4 millions de dollars. Fin 2014, le gouvernement britannique a également rejoint le fonds en s’en-gageant sur un montant d’environ 15 millions de dollars pour promou-voir les mini-réseaux d’énergies re-nouvelables en Afrique en collabora-tion avec la plateforme.

n EA : Depuis sa création en 2011, quels ont été ses investissements les plus marquants ?

DAS  : SEFA a permis la création du Fonds africain des énergies re-nouvelables, ou AREF. En novembre 2013, le conseil d’administration de la BAD a approuvé un programme de prise de participations de 65 mil-lions de dollars au capital du Fonds africain des énergies renouvelables. Ce programme englobe 25  millions de dollars de ressources propres de la BAD, 35,5 millions de dollars oc-troyés par SEFA et 4,5 autres millions par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). AREF est un fonds géré par Berkeley Energy, qui inves-tit des fonds propres dans des projets

d’énergies renouvelables de petite et moyenne taille en Afrique subsaha-rienne (à l’exclusion de l’Afrique du Sud) et vise une capitalisation totale de 200  millions de dollars. Depuis sa création, AREF a approuvé deux investissements, en Ethiopie (pro-jet géothermique de Corbetti de 20 MW) et en Ouganda (projet hy-draulique d’Achwa de 41 MW).

Parmi les réalisations de SEFA en 2014, on peut encore citer  l’ap-probation d’un financement de 777  000  dollars pour permettre de réaliser les études de faisabilité d’un projet de construction d’une centrale

Daniel-Alexander Schroth : « Notre premier bilan est positif, avec un nombre important de pays africains adhérents et qui se sont approprié l’initiative. »

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32 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

ENTRETIEN

solaire de 72  MW sur le territoire camerounais. En termes de capaci-tés, il s’agit du plus important projet solaire financé par le fonds. SEFA a également approuvé une subvention de 950 000 dollars destinée au déve-loppement de la centrale solaire pho-tovoltaïque de Windiga, au Burkina Faso, d’une capacité de 20 MW. La subvention de SEFA pour la prépa-ration du projet sert à accompagner les prestations de conseil restantes, nécessaires à la clôture financière du projet, notamment l’élaboration de

l’accord d’achat d’électricité, pour une durée de 25 ans, avec la société nationale publique Sonabel. Pour la mise en place d’un environnement favorable aux investissements, le fonds a accordé un don d’un mon-tant de 480 000 dollars pour accom-pagner les efforts du gouvernement comorien dans le développement des énergies renouvelables. Cette sub-vention est destinée à la préparation d’un projet de géothermie en cours, et à faciliter l’intervention du secteur privé dans la production d’énergie

électrique sous forme de partenariats public-privé.

n  EA  : Parmi les différentes solu-tions de production d’énergie durable (solaire, éolien, hydroélectrique, bio-masse, géothermie…), lesquelles se financent le moins difficilement ?

DAS  : La difficulté de finance-ment dépend plus de l’emplacement et des caractéristiques du projet que de la technologie choisie en matière d’énergie durable. La disponibilité de la ressource à l’endroit souhaité, les

L’initiative SE4ALL a été lancée par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, en septembre 2012.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 33

ENTRETIEN

données existantes sur l’abondance de cette ressource, la politique éner-gétique mise en place dans le pays (mécanismes d’incitation, accords d’achat d’électricité, tarifs de rachat préférentiels, etc.) sont des facteurs clés pour élaborer le financement des projets. Cependant, de par sa nature, le solaire reste l’énergie renouvelable la plus facile à mettre en place pour des projets de petite taille  : les pan-neaux solaires peuvent facilement être installés, même à des endroits éloi-gnés, et nécessitent moins d’études préalables sur la disponibilité de la ressource.

Au niveau des prix des énergies re-nouvelables, si l’on compare les coûts unitaires moyens actualisés de l’élec-tricité en Afrique donnés par l’Agence internationale de l’énergie renouve-lable (IRENA), la biomasse est l’éner-gie renouvelable la plus abordable en moyenne (0,049 $/kWh), avec la géothermie et l’hydraulique (environ 0,058  $/kWh). L’éolien et le solaire

restent les plus chers (respectivement 0,096 et 0,210 $/kWh). Cependant, cette différence tend à s’atténuer : il y a eu des réductions de coûts remar-quables entre 2010 et 2014 avec des projets exemplaires (par exemple en Afrique du Sud) aujourd’hui concur-rentiels avec des projets issus des com-bustibles fossiles.

n EA  : Que peut espérer l’Afrique de COP 21 ? Que fera la plateforme SE4ALL pour soutenir l’Afrique dans cette grande négociation ?

DAS  : L’Afrique émet peu de gaz à effets de serre en comparaison des autres continents, mais elle est la ré-gion la plus impactée par le réchauf-fement climatique. La conférence COP  21 est donc cruciale pour le continent, qui espère voir aboutir un accord international ambitieux et contraignant permettant de contenir le réchauffement global en deçà de 2°C. Les contributions nationales, qui représentent l’effort que chaque pays estime pouvoir réaliser, ainsi que le montant du financement de

la lutte contre le changement clima-tique seront également des éléments déterminants de COP 21. La Banque africaine de développement entend continuer à être le porte-voix de l’Afrique dans les négociations pour aboutir à l’accord global sur le climat. L’objectif est de promouvoir un déve-loppement qui prenne en compte le changement climatique en Afrique et

de faciliter l’accès des pays africains aux financements climatiques. La BAD joue un rôle de facilitateur entre les pays africains et les acteurs mon-diaux (décisionnaires, investisseurs, bailleurs de fonds), dont le Fonds vert pour le climat, bientôt opérationnel, et les entreprises privées. Elle apporte également son soutien technique et financier au groupe des négociateurs africains chargé de s’exprimer au nom du continent lors des négociations. La banque mettra tout en œuvre pour que les préoccupations des Africains soient prises en compte.

Dans le cadre de son Plan d’ac-tion sur le changement climatique, la BAD a prévu d’investir jusqu’à 10  milliards de dollars entre 2011 et 2015. Ces ressources proviennent de ses fonds propres, ainsi que de fonds fiduciaires bilatéraux et d’ins-truments de financement climatique tels que les fonds d’investissement climatiques,  le Fonds pour l’envi-ronnement mondial, le Fonds afri-cain des énergies renouvelables, le Fonds spécial ClimDev, le nouveau

« Si l’on considère l’ensemble des énergies renouvelables, l’Egypte est le pays avec la plus grande capacité de production installée issue des énergies durables, suivi par l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo. »

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34 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

ENTRETIEN

Fonds pour les changements clima-tiques en Afrique  et le Fonds pour les forêts du Bassin du Congo. Entre 2011 et 2013, les investissements de la BAD dans des projets qui prennent en considération le changement cli-matique ont atteint les 5,2 milliards de dollars. La banque est ainsi bien

partie pour remplir son engagement d’investir 10 milliards de dollars d’ici la fin 2015.

En œuvrant pour atteindre les trois objectifs de SE4ALL, la plate-forme africaine de l’initiative parti-cipe également à l’effort de réduction des gaz à effets de serre sur le conti-

nent en encourageant la transition énergétique de chaque pays vers des projets d’énergies durables. SE4ALL participera d’ailleurs activement à la COP  21. L’initiative SE4ALL per-met en effet de définir un cadre gé-néral d’action et de fédérer les projets d’accès à l’énergie durable, d’efficacité énergétique ainsi que de développe-ment des énergies renouvelables.

n EA  : Quel est l’objectif du Livre blanc que vous avez initié pour l’Afrique centrale ?

DAS : Le Livre blanc est un docu-ment de politique régionale CEEAC-Cemac et s’intitule Politique régionale pour un accès universel aux services énergétiques modernes et le dévelop-pement économique et social. Il re-pose sur une vision commune de la CEEAC et de la Cemac afin d’assu-rer à l’horizon 2030 l’accès universel aux services énergétiques modernes pour les populations, le développe-ment des énergies renouvelables en vue de l’émergence de l’Afrique cen-trale, et le développement humain durable. Cette initiative a bénéficié de l’appui technique et financier du PNUD. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique dans son rapport récent sur les perspectives de l’énergie africaine appelé Africa Energy Outlook 2014 que l’Afrique centrale est la région qui a la diffé-rence la plus importante entre les ressources énergétiques disponibles et les capacités de production exis-tantes. Selon les projections de l’AIE, sans un changement de politique, plus de la moitié de la population de l’Afrique centrale restera sans accès à l’électricité en 2040. La plateforme africaine a contribué activement aux discussions de la réunion de valida-tion de ce Livre blanc, qui s’est tenue en octobre 2014 au Cameroun. Les ministres de l’Energie ont adopté une résolution qui demande aux pays d’Afrique centrale de développer des agendas d’action et des prospectus d’investissement en collaboration avec la plateforme Afrique.

SE4ALL AFRICALa mission de la plateforme africaine de l’initiative SE4ALL (qui veut dire en français « Energie durable pour tous ») est de coordonner et de faciliter la mise en œuvre de l’initiative sur le continent africain en accord avec la résolution de la Conférence des ministres africains de l’énergie de novembre 2012. Lancée en 2013, la plateforme africaine permet de promouvoir l’ap-propriation de l’initiative SE4ALL par les pays africains. Elle dispose d’un Comité de surveillance et des opérations qui fournit les orientations stra-tégiques pour les opérations du secrétariat de la plateforme ; il comprend les représentants de la Commission de l’Union africaine, de l’Agence du Nepad, de la BAD, du PNUD et de la Cédéao, qui représentent les commu-nautés économiques régionales sur le principe du roulement. Des membres supplémentaires pourront être ajoutés si et quand cela sera nécessaire. Son secrétariat est chargé de l’exécution des activités de la plateforme hébergée par la BAD et de son programme de travail.Grâce à la plateforme africaine de SE4ALL, les préoccupations du conti-nent ont été prises en compte dans le développement de l’initiative au niveau global. La plateforme a développé en 2014 des lignes directrices pour les programmes d’actions nationaux SE4ALL en Afrique. Ces lignes directrices définissent les principes et le processus pour le développement des programmes d’actions. Elles mettent en avant une approche équilibrée entre solutions centralisées et décentralisées pour permettre un accès uni-versel aux services énergétiques.

Le Fonds africain des énergies renouvelables (AREF) a notamment financé le projet géothermique de Corbetti de 20MW, en Ethiopie.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 35

ENTRETIEN

n  EA  : Quelle est, selon vous, la région d’Afrique la plus avancée en termes d’énergies durables ?

DAS  : Selon les statistiques de l’IRENA, si l’on considère l’ensemble des énergies renouvelables, l’Egypte est le pays avec la plus grande capacité de production installée issue des éner-gies durables, suivie par l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo. Ces trois pays ont une production hydraulique importante. Concernant le solaire, l’Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc et l’Egypte sont en tête  ; pour l’éolien, ce sont l’Egypte, le Maroc et l’Ethiopie, et enfin le Kenya est le leader pour la géothermie. L’ensemble de ces pays possède des cadres institutionnels et réglementaires favorables au dévelop-pement des énergies renouvelables. Le Kenya, le Maroc et l’Afrique du Sud ont jeté les bases de programmes de transformation à grande échelle, avec des réformes publiques permettant de diminuer les risques liés à des pro-jets d’énergies renouvelables. Aussi, d’autres pays africains ont fait des progrès considérables dans la créa-tion d’un environnement propice pour les investissements énergétiques renouvelables.

Le Kenya est un bon exemple pour la diversification de ses ressources. L’énergie éolienne, solaire et la géo-

thermie viennent peu à peu com-pléter ses ressources hydrauliques déjà existantes. Pour développer ses capacités géothermiques, le Kenya a créé la Société d’exploitation géo-thermique (GDC). Cette société

réalise l’exploration de champs géo-thermiques ainsi que les forages, dé-veloppe ensuite les projets et gère leur exploitation, comme à Menengai par exemple. L’Afrique du Sud, qui en-core récemment dépendait presque entièrement du charbon, a réussi sa transition vers les énergies renouve-lables grâce à son Programme d’ac-célération et de soutien des inves-tissements privés dans le secteur des énergies renouvelables (Renewable Energy Independent Power Producer Procurement Program, ou REIPPPP). Aujourd’hui, plus de 60 projets ont été attribués au secteur privé et les premières réalisations sont déjà li-vrées. Les engagements du secteur privé atteignent 14  milliards de dollars, et permettront de géné-rer environ 4000  MW d’énergies renouvelables. y

PROPOS RECUELLIS PAR DOMINIQUE FLAUX

« Concernant le solaire, l’Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc et l’Egypte sont en tête. Pour l’éolien, ce sont l’Egypte, le Maroc et l’Ethiopie. Et enfin le Kenya est le leader pour la géothermie. »

« La plateforme africaine SE4ALL pilote et finance l’élaboration des agendas d’action du Kenya, de la Tanzanie, du Ghana et du Rwanda, en cours de finalisation. En 2015, le Centre pilote des technologies et financements climatiques en Afrique financera également le processus pour la RD Congo, l’Angola, le Zimbabwe, le Malawi et la Zambie. »

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38 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

FINANCEMENT

L’Egypte a adopté ce mois de février une loi privatisant la production, la distribution et la cession de l’éner-gie. Selon ses dispositions, les rôles de l’Etat dans le secteur énergétique se limiteront à la supervision et à la régulation. La loi sépare également les activités de production, de distri-bution et de cession afin d’encoura-ger la compétitivité du secteur privé. « Dans un premier temps, deux marchés coexisteront. Le premier concurrentiel, animé par le secteur privé, et le second régenté par l’Etat, qui fixera les prix de cession de l’énergie. Une graduelle li-béralisation des prix se mettra alors en place sur cinq ans afin de permettre au marché concurrentiel d’inclure le plus de consommateurs possible  », a décla-ré Hafez El-Salmawy, le président de l’Agence égyptienne de régulation du service énergétique et de protection du consommateur (Egyptera). En septembre 2014, le gouvernement

Ruée des capitaux suite à la nouvelle loi égyptienne sur l’électricité

Avec la privatisation du secteur de l’énergie, la séparation des activités de production, de transport et de commercialisation et une politique volontariste en faveur du solaire, l’Egypte attire les capitaux en masse.

Ra, dieu du soleil dans l’Egypte antique.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 39

FINANCEMENT

avait déjà mis en place une grille ta-rifaire pour la cession de l’énergie produite par le secteur privé. Ces ta-rifs incluaient également les énergies renouvelables, qui selon les plans de l’exécutif devraient constituer 20% de l’énergie produite d’ici 2020.

Cap sur le solaireLe pays a programmé la mise en

place de centrales solaires d’une capa-cité totale de 4,3 gigawatts d’ici 2025. «  L’Egypte aura besoin de 8  gigawatts supplémentaires d’électricité dans les dix prochaines années. Nous envisageons de couvrir 4,3 gigawatts de cette demande grâce à l’énergie solaire  », a déclaré Ashraf Salman, le ministre égyptien de l’Investissement. Cette augmen-tation de la capacité énergétique du pays facilitera grandement sa crois-sance économique. «  D’importants contrats d’investissements dans le solaire seront déjà prêts à la date de tenue de l’EEDC. Nous espérons pouvoir en conclure assez lors de la conférence », a révélé Ashraf Salman. Le ministre de

l’Electricité et des Energies renouve-lables, Mohamed Shaker El Markabi, se réjouit également de la nouvelle loi de l’électricité qui devrait faciliter l’investissement privé.

Les capitaux se bousculent au portillon

D’entrée de jeu, Lekela Power, la future entreprise d’énergies renou-velables que lancent, en Afrique, la société britannique Actis et son par-tenaire Mainstream, a annoncé son

intention de financer plusieurs cen-trales éoliennes et solaires en Egypte. De même, la holding d’investisse-ment Beltone Financial, la deuxième plus importante d’Egypte, a créé une filiale chargée de développer des investissements dans le secteur de l’énergie solaire afin de tirer profit de la réforme du secteur énergétique égyptien. EFG Hermes Holdings envi-sage d’investir 100 millions de dollars dans les filières égyptiennes d’énergies renouvelables à travers la création d’un fonds d’investissements directs.

Quant au groupe Siemens, il s’en-gage sur 2 GW de production élec-trique à partir de l’éolien.

« Dans un premier temps, deux marchés coexisteront. Le premier concurrentiel, animé par le secteur privé, et le second régenté par l’Etat, qui fixera les prix de cession de l’énergie. »

Ashraf Salman : « L’Egypte aura besoin de 8 gigawatts supplémentaires d’électricité dans les dix prochaines années. Nous envisageons de couvrir 4,3 gigawatts de cette demande grâce à l’énergie solaire. »

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SkyPower a récemment annoncé la conclusion d’un accord avec le gouvernement fédéral du Nigeria, portant sur la réalisation de 3000 mégawatts de centrales solaires pour un investissement total de 5 milliards $.

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40 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

FINANCEMENT

Terra Sola met 3,5 milliards $ sur la table

« Terra Sola désire investir 3,5 mil-liards de dollars dans l’énergie solaire photovoltaïque en Egypte.  » C’est ce qu’a déclaré David Heimhofer, le président de la compagnie suisse à capitaux de Bahreïn, selon le Daily News Egypte du 26 février. Cet in-vestissement se fera par le biais d’un projet ayant pour objet de développer des centrales photovoltaïques dans le pays. « Le projet que nous envisageons de mettre en œuvre créera 20 000 em-plois lors de sa première année et géné-rera des revenus annuels de 760  mil-lions  », a affirmé M. Heimhofer lors de sa rencontre avec le Premier mi-nistre Ibrahim Melheb et le ministre de l’Electricité Mohamed Shaker.

Terra Sola a déjà réalisé d’impor-tantes installations photovoltaïques au Bahreïn, au Koweït, au Maroc et en Jordanie entre autres.

SkyPower propose 5 milliards $La compagnie canadienne SkyPower

désire également accompagner la politique énergétique égyptienne en réalisant un projet d’infrastruc-tures solaires d’une capacité totale de 3000  MW sur une période de cinq

ans. C’est ce qu’ont affirmé ses diri-geants lors de leur rencontre en début de semaine avec le Premier ministre Ibrahim Mahlab, qui s’est déroulée en présence du ministre de l’Electricité Mohamed Shaker. Le porte-parole du Conseil des ministres, Hossam Qawish, a affirmé au quotidien égyp-tien Amwalalghad que le Premier mi-nistre a salué la volonté de l’entreprise de s’impliquer dans l’accroissement de

la capacité énergétique nationale. Il a également dévoilé que le gouverne-ment procédait actuellement à l’étude de différentes propositions faites par plusieurs compagnies énergétiques.

SkyPower, le plus grand construc-teur de centrales solaires au monde, prend entièrement en charge le dé-veloppement, le financement, la réalisation et l’exploitation de ses différents projets. En plus des 24 conventions d’achat d’énergie solaire

à grande échelle obtenues au cours des cinq dernières années, il a récem-ment annoncé la conclusion d’un accord avec le gouvernement fédéral du Nigeria portant sur la réalisation de 3000 mégawatts de centrales so-laires pour un investissement total de 5 milliards $. Autant d’arguments qui devraient plaider en faveur de sa proposition. y

DERNIÈRE MINUTE : LA CONFÉRENCE DE SHARM EL-CHEIKH ACCOUCHE DE PRÈS DE 10 GW D’ÉNERGIES RENOUVELABLESA l’heure où nous mettons sous presse, l’Egypte vient de signer, lors de sa conférence de développement de Sharm el-Cheikh, plusieurs mémorandums d’entente relatifs à la construction de centrales de production d’énergies renouvelables.Le constructeur canadien de solaire SkyPower réalise-ra, en collaboration avec les Compagnies de développe-ment du Golf, 3GW de centrales photovoltaïques.Le Bahreïni Terra Sola construira en tandem avec Tera Nix, 2 GW de centrales solaires.L’Egyptien Orascom a, quant à lui obtenu la construc-tion d’un parc solaire de 50 MW.

Le conglomérat allemand Siemens a, de son côté, signé un mémorandum d’entente relatif à la construction d’une centrale éolienne de 2GW de capacité.Le Saoudien Acwa Power International a été chargé de l’évaluation de différents projets de mise en place de 2 GW d’énergies renouvelables dont 1,5 GW de solaire et 500 MW d’éolien.La réalisation de ces différentes centrales rapproche un peu plus l’Egypte de l’atteinte de son objectif qui est de générer d’ici 2020, 20% de son énergie grâce aux sources renouvelables.

David Heimhofer : « Terra Sola désire investir 3,5 milliards de dollars dans l’énergie solaire photovoltaïque en Egypte. » « Une graduelle libéralisation des

prix se mettra alors en place sur cinq ans afin de permettre au marché concurrentiel d’inclure le plus de consommateurs possible. »

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 41

POLITIQUES PUBLIQUES

M. Miladi a confié à Energies Africaines que la Tunisie a mis en place en 2000 la première centrale éolienne de Sidi Daoud, qui a été dotée, au départ, d’une capacité de 10,56 MW (via l’implantation de 32 appareils de type AE 32 d’une puis-sance unitaire de 330 kW) avant de réaliser deux extensions de 8,72 MW (en 2003) et 34,32 MW (en 2009), pour atteindre une capacité totale de 45 MW. « Aujourd’hui, la centrale de Sidi Daoud assure la production de l’électricité à hauteur de 120  GWh/an », a-t-il précisé.

 La centrale de Bizerte a mobilisé un investissement de 305 millions d’euros

Le deuxième parc éolien construit en Tunisie est celui de Bizerte, dont la puissance totale s’élève à 190 MW. Il concerne deux sites, celui de Mételine et celui de Kchabta, avec une puis-sance de 95 MW chacun. Les installa-tions ont été réparties dans les quatre délégations d’El Alya, de Ras Jebal, de Menzel Bourguiba et d’Utique. « Cette centrale a mobilisé un investissement

global à hauteur de 305 millions d’euros (environ 660 millions de dinars), lequel a été financé grâce à un crédit contracté auprès du gouvernement espagnol avec un taux d’intérêt de 1,4%, une durée

de remboursement de 30 ans et un délai de grâce de 10 ans », a fait savoir M. Miladi. Et de préciser que ce projet représente une production annuelle d’énergie à hauteur de 600  GWh, soit l’équivalent de la consommation moyenne annuelle d’électricité pour 250  000 foyers. «  Partant, le projet de l’éolienne de Mételine- Kchabta a

permis à la STEG d’économiser, an-nuellement, environ 150 000 TEP de combustibles, soit l’équivalent de plus de 100 millions de dinars (par an).  » Faut-il bien noter, a ajouté le respon-

sable, que ce gain en combustibles se traduit aussi bien par des économies d’exploitation que par une réduction des émissions de 300 000 tonnes de CO2, qui génère des revenus complé-mentaires, étant donné que l’opéra-teur électrique tunisien a enregistré le projet au Mécanisme de développe-ment propre.

En Tunisie, déjà 6% de la production électrique est assurée par l’éolienAvec une puissance totale de 245 MW, la Tunisie est classée 3ème dans le monde arabe en termes de production d’énergie éolienne, derrière l’Egypte et le Maroc, nous a indiqué Abbes Miladi, chef du projet de centrale éolienne de Bizerte à la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz (STEG), précisant que 6% du parc de la production électrique de la STEG est garanti grâce à cette énergie verte.

Ce gain en combustibles se traduit aussi bien par des économies d’exploitation que par une réduction des émissions de 300 000 tonnes de CO2 qui génère des revenus complémentaires.

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RUBRIQUE

42 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

Les travaux de réalisation de la centrale de Bizerte ont été confiés à la société espagnole Gamesa, avec un taux d’intégration (intervention lo-cale) à hauteur de 41%, notamment au niveau des études, des travaux de génie civil, de fabrication de tours, d’exploitation, de maintenance et de montage électrique et mécanique. D’après Abbes Miladi, la société Gamesa « est intervenue essentiellement pour la réalisation des études de concep-tion et l’approvisionnement en fourni-tures nécessaires ».

La réalisation du projet s’est poursuivie durant la période 2009-2014

La réalisation de ce projet, dotée de 143 machines éoliennes, s’est faite en deux étapes. La première, qui s’est étalée durant la période 2009-2012, a consisté en la mise en place de 91 machines de type AE 61, d’une puis-sance unitaire de 1320  kW, pour une capacité globale de 120  MW. Quant à la deuxième étape (2012-2014), elle a concerné l’installation de 52 machines (AE  61) d’une ca-

pacité globale de 70 MW. Toujours selon Abbes Miladi, la mise en place des éoliennes s’est accompagnée de grands travaux, à savoir l’installation des machines, la réalisation de deux postes de transformation (haute tension de 90  kV et moyenne ten-sion de 33 kV), la mise en place de deux lignes Mételine-Menzel Jemil et Kchabta-Mateur. Les travaux ont concerné également l’installa-tion d’une entrée-sortie de la ligne Menzel Jemil-Menzel Bourguiba, sur le poste de Kchabta, et la construc-

Le deuxième parc éolien construit en Tunisie est celui de Bizerte, dont la puissance totale s’élève à 190 MW. Il concerne deux sites, celui de Mételine et celui de Kchabta, avec une puissance de 95 MW chacun.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 43

POLITIQUES PUBLIQUES

tion de deux bâtiments d’exploita-tion pour la centrale à distance des aérogénérateurs. «  Bien que les 143 machines soient déjà fonctionnelles depuis des mois, nous sommes en train d’installer, actuellement, un système de vidéosurveillance et d’anti-intrusion afin d’éviter les actes de pillage et de destruction, tels que ceux enregistrés en 2011. » Faut-il rappeler que les habi-tants des régions limitrophes avaient procédé à la destruction des équi-pements suite aux évènements de la révolution tunisienne. De gros dé-gâts avaient été enregistrés au cours de cette période marquée par une grande insécurité, dont notamment

la destruction de cinq machines d’une valeur de plusieurs millions de dinars.

De nouveaux projets en vueToujours dans le cadre de la

Stratégie tunisienne de développe-ment des énergies renouvelables, la STEG continue à collaborer avec toutes les parties concernées par le secteur énergétique, notamment l’Agence tunisienne pour la maîtrise de l’énergie (ANME), afin de mener des études et des travaux de pros-pection pour identifier de nouveaux sites propices à l’installation de cen-trales éoliennes. « Ces études nous per-mettent de s’assurer du potentiel éolien (vitesse et direction du vent), mais aussi

du potentiel du site lui-même, c’est-à-dire la proximité du réseau électrique, l’accessibilité du site (infrastructure), l’isolement relatif, en ce qui concerne l’aspect environnemental », a expliqué M. Miladi, ajoutant que les travaux de prospection ont permis, jusque-là, d’identifier quelques sites intéressants dans le sud tunisien, et précisément dans les gouvernorats de Kébili, Médenine et Gabès. Selon lui, l’en-semble de ces études servira à accé-lérer les procédures de réalisation de nouvelles centrales éoliennes dans ces régions, une fois la décision prise par les autorités tunisiennes. y

SEMIA ABDELKEFI

La Tunisie a mis en place en 2000 la première centrale éolienne de Sidi Daoud, qui a été dotée, au départ, d’une capacité de 10,56 MW.

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44 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

INNOVATION

Les combustibles de GreenChar, fabriqués à base de résidus agricoles, émettent 90% de fumée en moins tout en fournissant 60% d’énergie supplémentaire, et ils durent plus longtemps. Dans un pays où la ma-jorité de la population utilise du charbon de bois, ce produit n’a pas manqué de s’imposer. Zoom sur une success-story africaine.

Un désir d’aider sa mamanGreenChar est né du désir de son

créateur de préserver la santé de sa

mère. Tom Osborn a en effet grandi à Awendi, une petite ville du Kenya où la majorité des femmes cuisinaient avec des foyers alimentés en charbon de bois. Au collège, il fit une décou-verte qui l’inquiéta grandement. « Je suis tombé par hasard sur un rapport selon lequel la fumée de bois de chauf-fage tuait plus de personnes que le sida, le paludisme et la tuberculose réunis », a-t-il déclaré. 4,3  millions de per-sonnes meurent en effet par an à la suite de complications dues à l’inha-lation de cette fumée. «  J’ai été réel-

lement choqué de réaliser que pendant qu’elle faisait la cuisine pour nous, ma maman mourait peut-être à petit feu. Je me sentais également coupable parce que j’étais l’un de ceux pour qui elle fai-sait la cuisine, alors, j’ai voulu l’aider », confie-t-il.

Il a donc commencé à faire des recherches sur Internet et a décou-vert que des étudiants du Machakos Institute of Technology (MIT) du Kenya effectuaient des recherches sur la transformation de déchets agricoles en charbon. Il les a donc contactés et,

Au début, Tom Osborn voulait simplement préserver la santé de sa maman…A 19 ans, Tom Osborn est l’un des entrepreneurs les plus en vue dans le monde des énergies renouvelables. Ce jeune Kenyan est le fondateur de GreenChar, une start-up spécialisée dans la production et la commercialisation de briquettes de charbon de bois et de foyers écologiques.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 45

ensemble, ils ont travaillé à l’obten-tion de briquettes de charbon moins toxiques, plus respectueuses de l’envi-ronnement, mais aussi plus rentables pour les ménages.

Un excellent sens des affairesTom Osborn ne se contenta pas

d’avoir une bonne idée, il a également su mettre en œuvre des stratégies qui l’ont conduit au succès. Pour com-mencer, il fallut faire connaître et adopter ses briquettes par les foyers kényans. «  Nous avons dû, dans un

premier temps, donner gratuitement des échantillons. Il est en effet bien connu que les Kenyans ne sont pas adeptes des changements », dévoile-t-il... Ces dons d’échantillons étaient accompagnés de sensibilisation sur les avantages aussi bien sanitaires qu’environnementaux de ces briquettes écologiques. Osborn a ensuite dû vaincre les réticences d’ordre financier en proposant ces briquettes à des prix abordables. « Le prix était un facteur important pour notre clientèle cible. Nous avons donc dû le prendre en compte. Même si nos

briquettes étaient de meilleure qualité, elles ne devaient pas être plus chères », continue-t-il. Et la stratégie a marché puisqu’en très peu de temps les ventes de l’entreprise ont atteint des propor-tions impressionnantes.

Démarrée avec une capacité de production journalière de 30  kg de briquettes, GreenChar a dû très vite, en raison de la demande crois-sante, passer à 50 kg de briquettes par jour. Mais cela n’était toujours pas suffisant. Il lui fallait produire plus, et donc recruter une main d’œuvre

Tom Osborn : « Le prix était un facteur important pour notre clientèle cible. (…) Même si nos briquettes étaient de meilleure qualité, elles ne devaient pas être plus chères. »

...

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46 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

INNOVATION

supplémentaire. Pour se donner les moyens de réaliser ces objectifs, GreenChar a choisi de diversifier sa production. Pour y parvenir, elle s’est associée avec Envirofit, un fabricant de fourneaux. « A ce stade, nous avons décidé de proposer également des foyers améliorés pour augmenter nos revenus afin d’avoir les moyens d’accroître notre capacité de production de briquettes », raconte Tom Osborn. Dans un pre-mier temps, les foyers furent pro-posés à des coopératives de femmes installées à travers le pays et organi-sées en mutuelles. Grâce au revenu supplémentaire obtenu, l’équipe de

GrennChar put s’agrandir et porter sa capacité de production journalière à 150 kg, mais cette quantité demeura insuffisante. L’entreprise a donc dû construire sa propre usine. Elle enre-gistre désormais une production quo-tidienne de 2 tonnes de briquettes, et peut produire jusqu’à 3  tonnes par jour. La compagnie a également mis sur pied une équipe de recherche et développement (R&D) chargée de concevoir des foyers propres à l’entre-prise. Tout cela a été rendu possible par l’argent obtenu grâce à certains prix, car entre-temps le travail de GreenChar a été remarqué.

Un soutien et une reconnaissance grandissants

L’intérêt de ses produits et la jeu-nesse de son dirigeant ont attiré l’at-tention sur GreenChar. En 2014, il a en effet reçu le prix Anzisha Fellow récompensant les initiatives innovantes des jeunes Africains. Ce prix était accompagné d’un don de 10  000 dollars accordé par le Club des donateurs d’Anzisha. Il a égale-

ment obtenu le prix Echoing Green Fellow, qui s’accompagne d’un inves-tissement de 80  000 dollars réparti sur deux ans. Il était d’ailleurs, à 18 ans, le plus jeune récipiendaire de ce prix créé il y a 27 ans. GreenChar a également obtenu des dons d’inter-nautes du monde entier. Tom Osborn a également été classé par le magazine Forbes dans les trente entrepreneurs de moins de trente ans à suivre. Son initiative a également été largement relayée par les médias anglo-saxons. y

GWLADYS JOHNSON

Tom Osborn : « J’ai été réellement choqué de réaliser que pendant qu’elle faisait la cuisine pour nous, ma maman mourait peut-être à petit feu. »

L’entreprise a dû construire sa propre usine. Elle enregistre désormais une production quotidienne de 2 tonnes de briquettes, et peut produire jusqu’à 3 tonnes par jour....

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AFRIQUE DE L’OUEST, CENTRALE ET AUSTRALEa 1 an 47 500 FCFA/73 €

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48 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

POLITIQUES PUBLIQUES

« La stratégie spécifique proposée pour le développement des énergies renouve-lables vise à mobiliser une part signi-ficative du potentiel identifié, tout en tenant compte de la capacité de mise en œuvre des acteurs nationaux  », a indiqué Abdelkarim Ghezal, direc-teur des Energies renouvelables à l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME). D’après lui, l’une des composantes importantes de cette stratégie concerne la produc-tion centralisée d’électricité injectée dans le réseau moyenne tension (MT) ou haute tension (HT) via l’éolien, le solaire photovoltaïque (PV), le solaire thermique à concentration (CSP) et la biomasse.

Un investissement considérable de l’ordre de 5,5 milliards d’euros

Les objectifs consignés consistent à développer les filières renouve-

La stratégie de la Tunisie pour produire 3700 MW d’électricité verte d’ici 2030Face à l’aggravation du déficit commercial énergétique qui a atteint, à fin février 2015, 264 millions d’euros, et à une croissance de la demande d’énergie de 5% par an, la Tunisie s’est orientée vers les énergies vertes comme la meilleure solution : le moindre coût, tout en respectant les exigences environnementales.

« Au terme de la nouvelle loi, la STEG sera obligée d’acheter la totalité de la quantité d’électricité produite à un prix connu d’avance. »

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 49

POLITIQUES PUBLIQUES

lables pour la production électrique centralisée au moindre coût, à per-mettre l’émergence d’opérateurs in-dépendants de qualité sur le marché, à doter la Société Tunisienne d’Elec-tricité et de Gaz (STEG) des moyens nécessaires permettant de renforcer sa capacité à gérer la production va-riable de l’électricité et à permettre à son réseau d’absorber sans difficul-té les quantités d’énergie qui seront produites par les puissances renouve-lables prévues. «  En termes quantita-tifs, les objectifs consistent à atteindre une capacité renouvelable hors hydrau-lique pour la production électrique en 2030 de l’ordre de 3700 MW, par rapport à une puissance installée à la fin 2014 d’environ 250 MW, essentiel-lement d’origine éolienne (245  MW) et PV (5 MW) », a encore précisé le responsable. Et d’ajouter  : «  Un tel projet ambitieux, qui devra mobiliser

un volume d’investissements considé-rable, de l’ordre de 12  milliards de dinars (environ 5,5 milliards d’euros), permettra de réaliser des économies d’énergie de 17,5  millions TEP, des économies sur la facture énergétique à hauteur de 26 milliards de dinars et des émissions évitées de l’ordre de 42  mil-lions de tonnes de CO2, outre la créa-tion de 10 000 postes d’emploi. » Pour ce faire, un plan d’action, couvrant la période 2014-2020, a été mis en place regroupant des mesures d’accom-pagnement d’ordres réglementaire, institutionnel, de renforcement de capacités et de communication.

La production de l’électricité en Tunisie demeure une activité monopolisée par la STEG

«  Jusque-là, nous n’avons pas pu avancer en raison de blocages au niveau réglementaire, étant donné que le pro-

jet de loi qui devra autoriser et faciliter l’ouverture de la production de l’élec-tricité via les énergies vertes au secteur privé n’a pas été adopté par l’ancien Parlement tunisien et il est actuellement en instance. » M. Ghezal n’a pas man-qué de rappeler que la production de l’électricité demeure en Tunisie une activité monopolisée par l’opérateur national de l’électricité, à savoir la STEG, et ce malgré la promulgation en 2009 d’une loi autorisant l’auto-production de l’électricité à partir des énergies renouvelables avec le droit de vendre à la STEG un maximum de 30% de l’électricité générée à un prix équivalent au tarif de la STEG. « La loi 2009 n’a pas été réellement appliquée, d’autant plus qu’elle se contente d’auto-riser l’autoproduction de l’électricité et non la production de l’électricité desti-née à la commercialisation, comme c’est le cas de la nouvelle réglementation  »,

« Un tel projet ambitieux permettra de réaliser des économies sur la facture énergétique à hauteur de 26 milliards de dinars, outre la création de 10 000 postes d’emploi. »

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50 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

POLITIQUES PUBLIQUES

LES INVESTISSEURS AMÉRICAINS N’ATTENDENT PLUS QU’UN CADRE LÉGAL

Le président américain Barack Obama a invité le gouvernement tunisien à mettre en place des réformes économiques lors de la Conférence internationale sur l’investissement, qui s’est tenue le 5 mars à Tunis. Parmi les secteurs concernés, les énergies renouve-lables figurent en bonne place. « Les investisseurs ont hâte de voir les codes d’investissement et de partenariat public-privé. La Tunisie possède beaucoup de ressources naturelles à exploiter : 8000 mégawatts de potentiel en énergie éolienne et 300 jours de soleil chaque année », affirme Elizabeth Littlefield, la présidente de l’Over-seas Private Investment Corporation (OPIC), le fonds d’investissement de l’Etat américain. Ces affirmations sont confirmées par Sophian Ben Tounes, le président de la section Afrique du Nord de General Electric, qui confie : « Des sites ont été identifiés, des travaux démarrés, les finances et études sont là, plusieurs grands projets de milliers de mégawatts sont prêts à commen-cer demain. »La seule loi existant à ce jour sur la production d’électricité à partir des énergies renouvelables est contestée par les syndicats qui l’accusent de remettre en cause la souveraineté de l’Etat sur les ressources

naturelles. Cette loi permettait en effet au secteur privé d’investir dans ce domaine jusque-là réservé à la STEG. L’ouverture ou non du secteur au privé est le principal sujet de débat sur le cadre légal des éner-gies renouvelables. Selon Hedi Larbi, l’ex-ministre de l’Equipement et du Développement durable, « un partenariat public-privé s’impose dans le secteur des énergies renouvelables, car il s’agit d’un investissement lourd qui doit être apporté par le privé, l’Etat ne dispo-sant pas des ressources nécessaires. Il devra par contre apporter des garanties, comme l’achat de cette électri-cité avec des tarifs permettant un certain rendement. » Selon Radhi Meddeb, le président du groupe tunisien d’ingénierie et de conseil COMETE, la STEG ne peut réaliser que 500 mégawatts de centrales électriques tous les sept ans, ce qui ne satisfait que la moitié des besoins de croissance. Aussi, le pays devrait-il mobiliser d’autres fonds pour appuyer les efforts de la compagnie. « La STEG gardera le monopole sur le transport et la distribution de l’électricité, mais la production doit être libéralisée », assure-t-il.

GWLADYS JOHNSON

Elizabeth Littlefield : « Les investisseurs ont hâte de voir les codes d’investissement et de partenariat public-privé. »

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 51

POLITIQUES PUBLIQUES

a noté le directeur. Selon lui, le nou-veau cadre réglementaire définira le droit d’accès au réseau électrique pour les producteurs indépendants d’élec-tricité renouvelable, les conditions d’obligation de l’achat de l’électricité d’origine renouvelable par l’opérateur électrique national, et le mode d’ins-tauration des tarifs d’achat de cette électricité verte. « Au terme de la nou-velle loi, la STEG sera obligée d’acheter la totalité de la quantité d’électricité produite à un prix connu d’avance, le-quel doit être fixé de manière à établir un équilibre gagnant-gagnant entre l’intérêt de la collectivité (comparaison aux coûts réels de la production d’élec-tricité conventionnelle) et la rentabilité requise pour les investisseurs. »

Un blocage réglementaireRevenant à l’affaire de non-adoption

du nouveau projet de loi, M. Ghezal a expliqué que les députés de l’ancienne Assemblée constituante tunisienne ont refusé de promulguer ce texte juridique

sous prétexte que les articles 9, 10, 11, 12 et 14 sont contradictoires avec l’ar-ticle 13 de la nouvelle Constitution de la Tunisie, lequel stipule que les ressources naturelles appartiennent au peuple tunisien, et que tous contrats d’investissements ou conventions conclus doivent être soumis pour ap-probation à l’Assemblée des représen-

tants du peuple (ARP). «  Alors que ces cinq articles stipulent que toute af-faire d’autorisation ou de conclusion de contrat soit accomplie grâce à un accord attribué par le ministre chargé de l’Ener-gie, les députés exigent que ces tâches re-viennent à l’ARP », a-t-il noté. A l’heure actuelle, a ajouté le responsable, « nous avons apporté les modifications néces-saires et nous avons déposé la nouvelle version du projet de loi auprès de l’ARP, en espérant qu’il soit soumis à l’examen et à l’approbation le plus tôt possible ». M. Ghezal a fait savoir qu’une fois cet obstacle surmonté, toutes les parties concernées par le secteur des énergies renouvelables seront mobilisées pour préparer le terrain à la mise en place de centaines voire de milliers de cen-trales électriques dans tout le territoire tunisien. « Nous œuvrerons, essentielle-ment, à renforcer les capacités humaines, à travers la formation des acteurs publics, des représentants du système financier…, et à améliorer la capacité d’absorption du système électrique national, en renfor-çant le réseau du transport dans les sites à fort potentiel et les centrales de haute flexibilité. » Par ailleurs, l’ANME et la STEG seront appelées à lancer «  un programme de recherche et de développe-ment, portant notamment sur les systèmes de prévision à court terme du potentiel de production éolien et solaire et les systèmes intelligents permettant la gestion flexible du parc », a révélé le responsable. y

SEMIA ABDELKEFI

« Nous avons apporté les modifications nécessaires et nous avons déposé la nouvelle version du projet de loi auprès de l’ARP, en espérant qu’il soit soumis à l’examen et à l’approbation le plus tôt possible. »

« Un programme de recherche et de développement, portant notamment sur les systèmes de prévision à court terme du potentiel de production éolien et solaire et les systèmes intelligents permettant la gestion flexible du parc. »

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52 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

POLITIQUES PUBLIQUES

La compagnie de production et de distribution d’électricité sud-afri-caine Eskom est le principal fournis-seur d’énergie du pays. Elle fournit à elle seule 95% de l’énergie produite en Afrique du Sud. Mais depuis quelques années, cette entreprise a de plus en plus de difficultés à remplir sa fonction.

Eskom dépassée par la demande énergétique du pays

Pour éviter un effondrement to-tal du réseau électrique sud-africain, Eskom a instauré depuis 2014 un sys-tème de délestages rotatifs quasi-quo-tidiens s’étalant sur plusieurs mois. Au début de février 2015, on pouvait lire sur la page Twitter de l’agence de la compagnie à Johannesburg : « Eskom Holdings SOC Ltd retirera 1000 MW du réseau à partir de 16 heures. Ce dé-

lestage, qui sera local, se maintiendra jusqu’à 22 heures en raison d’un déficit de capacités. » La compagnie avait dé-claré plus tôt dans la semaine « que le système était extrêmement limité  ». Et quelques jours plus tard : « Le réseau électrique demeurera très limité pour le reste de la semaine. Une unité des ser-vices du centre nucléaire de Koeberg, au Cap, sera hors de service à partir du lundi pour ravitaillement programmé, inspection et maintenance. Il sera à nouveau opérationnel probablement à la fin du mois de mai. » Environ 29% de la capacité d’Eskom ont été ainsi mis hors service à cause de pannes ou de réparations programmées, selon Bloomberg.

Une gestion défaillante du secteurCes pannes sont dues au manque

d’investissements dans le réseau élec-

trique âgé de 30  ans, qui, de sur-croît, a été mal entretenu. De plus, 7  millions d’abonnés supplémen-taires ont été raccordés au réseau depuis 1994 sans que des installa-tions supplémentaires n’aient été pour autant mises en place. Il faut ajouter à tout ceci une mauvaise po-litique énergétique se traduisant par de nombreuses difficultés à achever la construction de nouvelles cen-trales. Ainsi, par exemple, la centrale de Medupi, prévue pour produire à terme 4764 MW devait être achevée en 2007, mais elle vient seulement de boucler sa première phase, dite Unit 6, qui produira d’ici 3 à 6 mois

Les énergies renouvelables en réponse à la crise énergétique sud-africaineLe déficit énergétique auquel est confrontée l’Afrique du Sud s’amplifie au fil des années. Pour en venir à bout, l’exécutif a mis en place un plan de sortie de crise. A moyen terme, le Programme des producteurs indépendants d’énergies renouvelables (REIPPP), dont la mise en œuvre a déjà commencé, devrait apporter une bonne partie de la solution.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 53

POLITIQUES PUBLIQUES

764 MW. Ces coupures intempes-tives ont de lourdes conséquences sur l’économie. La plupart des pe-tites entreprises sont en effet obligées de fermer à temps partiel. Dans l’in-dustrie de la platine et du palladium, par exemple, les coupures d’électri-cité ont causé une perte importante de productivité, ce qui a, par la suite, conduit à une augmentation record des cours. « La perspective de fréquentes coupures d’électricité dimi-nuera la confiance des investisseurs et aura un impact négatif sur les activités économiques et l’importation, surtout dans les secteurs ayant une grande dé-pendance à l’énergie », déclarait dans

un courriel David Faulkner, un éco-nomiste de HSBC Holdings Plc.

Des mesures d’urgence nécessaires mais insuffisantes

Le gouvernement est conscient de la gravité de la situation. Une cellule de crise a été mise en place pour gérer les situations d’urgence. Le président Zuma a fait part, lors de son dernier discours à la nation, d’un plan visant à éviter au pays de se retrouver dans un blackout total. Le gouvernement ap-portera aussi un soutien financier de 23 milliards de rands (2 milliards $) à Eskom pour le compte de l’année fiscale 2015-2016. Ce fonds aidera

la société à effectuer les travaux d’ur-gence sur les centrales et le réseau. Le gaz remplacera aussi progressivement le diesel dans certaines centrales dont le coût de fonctionnement s’avère exorbitant. Des contrats d’achat ont été signés avec des producteurs d’électricité indépendants et avec les autorités du Mozambique. Le pays prévoit également, à plus long terme, d’exploiter les immenses réserves de gaz de schiste découvertes dans le dé-sert de Karoo, mais les promoteurs de ce projet rencontrent, sur ce ter-rain, une vive opposition des défen-seurs de l’environnement. De même en ce qui concerne le projet d’exten-

Ces coupures intempestives ont de lourdes conséquences sur l’économie. La plupart des petites entreprises sont en effet obligées de fermer à temps partiel.

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54 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

POLITIQUES PUBLIQUES

LES SUD-AFRICAINS PRENNENT EN MAIN LEUR AUTONOMIE ÉNERGÉTIQUE

Pour suppléer les déficiences du réseau électrique national, certains citoyens ont décidé de produire leur propre énergie grâce aux sources d’énergies renouve-lables. Greg Ball, par exemple, ne dépend d’Eskom que pour 5% de ses besoins en énergie. Il a en effet recouvert le toit de sa maison à Johannesburg de panneaux solaires qui produisent assez d’énergie pour ses besoins domestiques, mais également pour ali-menter ses deux voitures électriques. « Le monde dans lequel vivront nos enfants sera très différent. Ils seront témoins de la fin du pétrole et connaîtront des conditions climatiques extrêmes. Pour les préparer à tout cela, nous devons commencer par leur inculquer une conscience en-

vironnementale. Je ne veux pas laisser à mes enfants les mêmes problèmes énergétiques que j’ai connus pendant toute ma carrière. Si chacun de nous peut faire un effort individuel dans ce sens, cela pourra faire une grande différence », affirme cet ingénieur.Les détracteurs de ce type d’initiatives affirment qu’il s’agit d’un luxe que très peu de personnes peuvent s’of-frir. L’autonomisation énergétique de sa famille a coûté environ 30 000 $ à M. Ball. Mais celui-ci affirme que son installation lui permet de faire 7500 $ d’économies annuelles. Il pourra donc récupérer son investissement en quatre ans seulement.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 55

POLITIQUES PUBLIQUES

sion du parc de centrales nucléaires, pour l’instant limité à une seule uni-té. Ainsi, les énergies renouvelables s’imposent-elles peu à peu comme la meilleure solution de sortie de crise.

Les énergies renouvelables à la rescousse

Pour juguler cette crise énergétique, le REIPPP a été adopté en 2012. Il a pour objectif la mise en place à terme de 10  gigawatts d’énergies re-nouvelables. Selon l’estimation du Ministère de l’énergie, une première phase de 3725 MW suffirait à régler la crise énergétique actuelle. Le pro-gramme vise à atteindre cet objectif en confiant à des entreprises privées des marchés de construction de centrales d’énergies renouvelables. Il est prévu pour s’étendre sur la période allant de 2010 à 2030. L’atteinte de ces objec-tifs se fera à travers la construction de centrales éoliennes, solaires thermales, solaires photovoltaïques, à biomasse, à biogaz, à gaz de décharge et de pe-tites centrales hydrauliques. L’éolien et le solaire photovoltaïque se taillent la part du lion avec des objectifs res-pectifs de 1850  MW et 1450  MW.

Dans le cadre de la première phase du REIPPP, de nombreuses centrales éoliennes et solaires ont déjà été mises en service ou sont en construction à travers le pays.

Les centrales solaires de Kalkbult, Lesedi, Letsatsi et Kathu, de 75 MW de capacités chacune, celle de Sishen de 94 MW et Jasper de 96 MW ont déjà été mises en service, soit une ca-pacité totale de 490 MW. La centrale de Redstone, de 100  MW, dont les travaux sont prévus pour débuter en 2018, et une centrale de 100 MW à Kathu doivent venir compléter ce parc solaire. De nombreuses centrales éo-liennes sont également au programme. Les centrales de Coega, de 43 MW de capacités, de Cookhouse de 138 MW

et de Jeffrey Bay de 138  MW sont quelques-unes de celles déjà mises en service. Celles de Dorper WF et de Sere, d’une capacité de 100 MW envi-ron, sont en construction. Les centrales

éoliennes de Kholab, Loeriesfontein et Noupoort pourront également ajouter leurs 360 MW de capacité totale à la flotte éolienne d’ici 2017 au plus tard.

De nombreux autres projets re-latifs à la mise en place de centrales d’énergies renouvelables doivent être conduits dans le cadre des autres phases du REIPPP. Mais au stade ac-tuel, ces efforts ne sont toujours pas suffisants et l’économie sud-africaine paie au prix fort le fait de n’avoir pas su anticiper ses besoins énergétiques. y

GWLADYS JOHNSON

LE PROJET GO GREEN DE PARKHURST

Les habitants de Parkhurst, une zone résidentielle de Johannesburg, ont également décidé de se soustraire du réseau électrique national afin d’éviter les désagré-ments auxquels ils sont exposés. Ils ont conçu le projet Go Green, qui a pour objectif de fournir, d’ici 2020, l’énergie à 2000 maisons et entreprises situées dans le quartier. « Nous recherchons actuellement des technolo-gies de production d’énergie à partir du soleil, de l’eau et

du vent », a déclaré Ryan Beech, l’un des participants au projet. La production d’énergie, lorsqu’elle est faite pour toute une communauté, revient moins cher que dans les cas où elle est individuelle. Les acteurs de Go Green ont conscience du déficit que peut engendrer leur projet dans le budget du gouvernement local, qui encaisse plus de 2 millions de dollars chaque année en fourniture d’électricité et d’eau. Il est probable qu’il rechigne à perdre 2000 de ses consommateurs parmi les plus aisés.Les experts en énergie recommandent avec plus d’insis-tance à l’Afrique du Sud de se tourner vers des sources d’énergie plus propres afin de réduire sa dépendance au charbon. « De nombreuses raisons poussent vers la diversification des sources d’énergie. L’Afrique du Sud devrait également, à mon avis, rompre avec le système qui confère le monopole de la fourniture d’énergie à une seule entreprise », recommande Chris Yelland, un expert en énergie.

L’éolien et le solaire photovoltaïque se taillent la part du lion avec des objectifs respectifs de 1850 MW et 1450 MW.

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56 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

POLITIQUES PUBLIQUES

Le Sud-Africain Umnombo Consortium Partners construira une « Tour de l’électricité » au CamerounAvec ses 41 étages, la Tour de l’électricité (Tourel) du Cameroun est déjà présentée comme « le futur bâtiment le plus haut en Afrique centrale ». Elle sera construite par le Sud-Africain Umnombo Consortium Partners, dont le responsable, Pascal Oloo, a signé la convention y relative le 10 février 2015 à Yaoundé avec le direc-teur général de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel), Jean-Pierre Kédi, en présence du Premier ministre camerounais Philémon Yang. Projet d’un montant total de 65 milliards de francs CFA, a-t-on appris, la Tourel abritera les services des trois entreprises publiques du secteur de l’électricité. Il s’agit de l’Arsel, le régulateur du secteur de l’élec-tricité, de l’Agence d’électrification rurale (AER) et d’Electricity Development Cor-poration (EDC), le bras séculier de l’Etat camerounais dans la construction des

infrastructures énergétiques. La Tourel pourrait, plus tard, également abriter les locaux de la société publique en charge du transport de l’électricité, en cours de création.Le projet devrait générer plus de 1700 emplois directs et environ 2700 emplois indirects. En effet, en plus des bureaux des entreprises susmentionnées, le bâ-timent, dont l’emplacement n’a pas été précisé, abritera un hôtel, des salles de conférences et des appartements haut de gamme. Les travaux de construction dureront 36 mois, dont six mois pour les études techniques. y

Zimbabwe : les autorités réglementeront l’importation des équipements solairesL’autorité de régulation de l’énergie au Zimbabwe élabore des directives pour limiter l’importation d’équipements so-laires de mauvaise qualité dans le pays. Le Zimbabwe, qui s’est tourné vers l’énergie solaire pour régler une partie de ses problèmes énergétiques, pense être la cible des expor-tateurs de produits de mauvaise qualité. « Les ingénieurs du ZERA, en collaboration avec l’Association des normes du Zimbabwe, travaillent à l’élaboration des normes que devront respecter les produits solaires. Une fois achevées, elles seront mises en application en tant que normes d’importation », a déclaré Sam Zanyika, l’ingénieur en chef de l’autorité. Soupçonnées de vouloir, à travers ces normes, bloquer l’in-vestissement privé dans le secteur énergétique, les autorités ont précisé que ces normes ne seraient appliquées qu’aux producteurs dont l’énergie est destinée à intégrer le réseau national de distribution. y

Au Kenya, la géothermie est accusée de mettre l’écosystème des parcs en dangerLa production d’énergie dans la vallée du Rift, au Kenya, menacerait l’écosystème des parcs nationaux kényans, qui abritent la majorité des centrales géothermiques. La centrale Olkaria est particulièrement visée. Elle produit actuellement 280 MW, destinés à alimenter 500 000 foyers, et devrait accroître sa production à 5000 MW d’ici 2050. Le problème est que cette centrale se situe dans le parc du Hell’s Gate, qui a déjà subi de nombreuses pertes. Selon l’ornithologue Simon Thomsett, « dans ce paradis de la vie sauvage, de nombreuses espèces d’oiseaux se sont déjà éteintes depuis le début de la production d’électricité et les conditions de vie des mammifères se dégradent de plus en plus ». Les recettes touristiques, qui constituent environ 11% du PIB national, sont également en baisse à cause de la déception des touristes. « Le Hell’s Gate qu’ils connais-saient ou qu’ils voient dans les publicités n’a plus rien à voir avec la réalité. Les touristes se plaignent et demandent parfois à être remboursés. Pour eux, il s’agit maintenant plus d’un parc industriel que d’un parc naturel », a déclaré Robert Kiambati, un guide du parc.De nombreuses autres centrales doivent encore être ins-tallées dans d’autres parcs nationaux, menaçant, selon le guide, l’un des plus grands écosystèmes de la planète. Le choix n’est cependant pas facile pour les autorités d’un pays dont seulement 23% de la population a accès à l’élec-tricité. Et pour le moment, la production d’énergie prime. y

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 57

POLITIQUES PUBLIQUES

Sous la présidence d’Abdelkadar Amara, ministre marocain de l’Ener-gie, des Mines, de l’Eau, et de l’En-vironnement, trois groupes maro-cains (FinanceCom, Akwa Group et Sofinam) ont créé l’alliance Green of Africa, dont l’objectif est de dévelop-per des projets dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique.

Chaîne de valeurLes trois groupes rassemblent

toutes les compétences technolo-

giques et financières pour dévelop-per des projets de production éner-gétique, de l’incubation à la livraison de l’électricité, notamment sur les installations de petites et moyennes puissances, qui représentent le plus grand potentiel de développement en Afrique  : développement, finan-cement, construction et réalisation clés en main, exploitation et mainte-nance. Cette maîtrise de l’ensemble de la chaîne de valeur permet à l’alliance Green of Africa de nour-

rir une ambition continentale et de se positionner en candidat sérieux pour les pays africains les plus stables et les plus attractifs sur le plan de l’investissement.

Poursuivre le plan nationalLa nouvelle alliance vise également

à poursuivre le plan de développe-ment des énergies renouvelables du Maroc, dont l’objectif consiste à dé-velopper, d’ici 2020, 4 gigawatts de puissances installées en énergies éo-lienne et solaire. Les trois partenaires soulignent dans leur communiqué commun que leur «  alliance straté-gique dans le domaine des énergies renouvelables et des énergies vertes  » vise également la « diversification du bouquet énergétique du Maroc  ». Et de poursuivre  : « L’alliance Green of Africa se veut aussi relever le défi de l’indépendance et de l’intégration com-plète de la chaîne de valeur technolo-gique et financière. »

Un rival royalL’alliance Green of Africa fera

face, au Maroc comme en Afrique, à une autre alliance marocaine, celle du groupe royal SNI, qui compte en son sein le producteur énergé-tique Nareva, promoteur des champs éoliens de Tarfaya, et le groupe Attijariwafa Bank, très implanté sur le continent africain. y AE

Trois groupes marocains s’allient pour développer des énergies renouvelables en AfriqueDans le prolongement du Plan énergétique national du Maroc, le secteur privé marocain veut mettre à profit toute son expertise acquise dans la transition énergétique du royaume pour conquérir les nouveaux marchés africains.

En présence d’Abdelkadar Amara, ministre marocain de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, Othman Benjelloun, président du groupe FinanceCom, Ali Wakrim, vice-président d’Akwa Group, et Mustapha Amhal, président de la holding Sofinam, ont procédé en date du jeudi 5 février à la signature d’un protocole d’accord visant la création de Green of Africa.

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58 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

POLITIQUES PUBLIQUES

L’Algérie a revu à la hausse la capa-cité de production de ses projets en énergies renouvelables, qui passera de 12  000  MW, décidés en 2011, à 22 000 MW, a déclaré le ministre de l’Energie Youcef Yousfi suite à son passage devant la Commission éco-nomique de l’Assemblée populaire nationale (APN). Le programme des énergies renouvelables, adopté en 2011 par le gouvernement et actua-lisé dans cette perspective, sera pré-senté « dans les prochaines semaines »,

L’Algérie veut passer sa capacité en énergies renouvelables de 12 000 MW à 22 000 MWAvec la chute du cours du baril de pétrole, l’Algérie se trouve dans une situation paradoxale. Elle doit impérativement investir dans les énergies du futur au moment où ses recettes d’exportation d’hydrocarbures s’effondrent.

120 MILLIARDS DE DOLLARSL’Algérie s’est déjà dotée de sa première centrale hybride (gaz-solaire) à Hassi R’mel (150 MW), mise en service en 2011, ainsi que d’un parc éolien de 10 MW à Adrar, opérationnel depuis juillet 2014. Ces deux installations font partie d’une soixantaine d’autres projets à réa-liser d’ici 2030 pour un investisse-ment de près de 120 milliards de dollars, dont 60 milliards consen-tis par les pouvoirs publics.

Pour Youcef Yousfi, l’Algérie est en mesure de mener à terme ce projet d’envergure pour produire d’ici à 2030 plus d’un tiers des besoins du pays en électricité à partir de sources renouvelables.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 59

POLITIQUES PUBLIQUES

a-t-il promis. Pour Youcef Yousfi, se-lon l’APS, l’Algérie est en mesure de mener à terme ce projet d’envergure pour produire d’ici 2030 plus d’un tiers des besoins du pays en électricité à partir de sources renouvelables.

Cap sur les régions du sudAvec son immense potentiel solaire

et éolien, le sud algérien constitue l’atout majeur du Programme natio-

nal de développement des énergies re-nouvelables sur lequel l’Algérie mise pour diversifier son mix énergétique. Avec un ensoleillement annuel moyen évalué à 2000 heures et un territoire composé à 86% de désert saharien, la puissance solaire de l’Algérie est estimée à environ 2650  KWh/m²/

an dans le sud, ce qui correspond à une capacité électrique huit fois supé-rieure aux réserves de gaz naturel du pays, et au plus grand champ solaire du monde.

Sonelgaz à la manœuvreL’Algérie, qui table désormais sur

une production de 22 000 MW, se-lon des estimations du Ministère de l’énergie, a chargé le groupe Sonelgaz

de la mise en œuvre de ce gigantesque projet. Le pari est audacieux dans un pays où le kWh produit à partir du gaz ne coûte que 2,5  DA, alors que l’énergie solaire se situe entre 10 et 12 DA le kWh. y

AGENCE ECOFIN AVEC APS

DES CONDITIONS TRÈS ATTRACTIVES POUR LES INVESTISSEURS

Ce nouveau programme algérien dans les énergies renouvelables est ouvert aux investisseurs des secteurs public et privé, natio-naux et étrangers. Il bénéficiera d’un appui substantiel et mul-tiforme de l’Etat. Outre la mise en place d’une réglementation « cohérente et attractive vis-à-vis des investisseurs », l’exécutif met-tra également en place un Fonds national des énergies renouve-lables et cogénération (FNERC) qui sera alimenté par 1% de la redevance prélevée sur le pétrole. Des tarifs d’achat garantis sont également mis en place par la réglementation. Ils s’étendent sur une durée de 20 ans pour les installations photovoltaïques et éoliennes. Pour les autres secteurs ne bénéficiant pas d’un tel tarif, il est prévu un système de cofinan-cement du coût d’investissement par le FNERC à hauteur de 50% à 90% selon la technologie et la filière choisies.Sur l’ensemble du programme, le solaire photovoltaïque consti-tuera 13 575 mégawatts, l’éolien 5010 mégawatts, la biomasse 1000 mégawatts, la cogénération 400 mégawatts et la géothermie 15 mégawatts.

120 000 À 137 000 EMPLOIS À LA CLÉ, SELON LA BAD

« A travers les énergies renouve-lables, l’Algérie peut créer 120 000 à 137 000 emplois et sans compter les autres emplois dérivés », a sou-ligné le résidant permanent de la BAD en Algérie, Boubacar Traoré. La Banque africaine de dévelop-pement entend donc accompa-gner l’émergence du pays dans ce secteur. A cet effet, elle a indiqué qu’elle financerait des projets relatifs à la réalisation des pro-grammes d’énergies renouvelables en Algérie. Ce soutien intervient en réponse aux efforts investis par les autorités algériennes dans le financement de programmes d’envergures.

Mais si l’Algérie a le potentiel pour devenir une puissance émergente en matière d’énergie renouve-lables, l’experte allemande Isabel Schaefer, souligne cependant qu’une mutation profonde du système éducatif et professionnel est nécessaire à cette évolution. « Il faut adapter les systèmes de l’éduca-tion et de formation professionnelle, toute en coopérant avec le secteur privé pour savoir en quoi ont besoin les opérateurs en termes de compé-tence verte », a-t-elle déclaré avant d’ajouter qu’« outre les problèmes financiers, d’autres problèmes rela-tifs au cadre législatif devront être réglés ».

Le potentiel solaire du sud algérien est huit fois supérieur à celui des réserves de gaz naturel du pays.

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60 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

TECHNOLOGIES

En phase de test dans différentes zones géographiques, la nouvelle génération de panneaux solaires fa-briqués à partir de ce minéral se ré-vèle nettement moins chère et plus productive que les panneaux solaires actuels. Selon une étude de l’Univer-sité d’Exeter, en Grande Bretagne, ces panneaux seraient 40% moins chers et 50% plus efficaces. Ce qui rendrait

l’énergie solaire particulièrement compétitive par rapport à toutes les autres solutions, notamment fossiles.

Solution miracleLes panneaux à base de pérovskite

peuvent également produire de l’élec-tricité dans des conditions météo di-verses, pas seulement en exposition directe aux rayons du soleil. Sur le

plan architectural, ils sont très minces et peuvent s’appliquer sur des murs en différentes couleurs. Dans des pays très ensoleillés, comme en Afrique, ces panneaux peuvent même servir de stores aux fenêtres, pour se protéger du soleil et produire en même temps de l’électricité… Des applications sont également étudiées pour alimen-ter les petits appareils électroniques

La pérovskite est en passe de révolutionner l’industrie du solaireLa pérovskite est une espèce minérale dotée d’une structure cristalline qui permet de produire une nouvelle génération de cellules solaires à haut rendement.

Dans des pays très ensoleillés, comme en Afrique, ces panneaux peuvent même servir de stores aux fenêtres, pour se protéger du soleil et produire en même temps de l’électricité…

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 61

TECHNOLOGIES

comme les téléphones ou les ordina-teurs portables.

Défis d’électrificationLes prototypes sont encore actuel-

lement en phase de test sur tous les continents et dans différentes condi-tions météo afin d’en connaître toutes les propriétés et d’en imaginer toutes les applications. Après quoi ce nou-veau procédé pourra passer à la phase industrielle et apporter une solution bon marché aux défis d’électrification que connaît l’Afrique. y AE

GRAND INTÉRÊT POUR L’INDUSTRIECette espèce minérale a été décrite en 1839 par le minéralogiste allemand Gustav Rose à partir d’échantillons provenant de l’Ou-ral. Ce dernier l’a dédiée au mi-néralogiste russe Lev Alexeïevitch Perovski (1792–1856). C’est ainsi que le terme international retenu par l’Association internationale de minéralogie est : Perovskite.La pérovskite présente un aspect métallique et une couleur noire ou brun-rouge. Elle peut parfois être légèrement transparente. Elle a une densité de 4,0 et une dureté de 5,5 sur l’échelle de Mohs. Selon une étude de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, le grand intérêt pour l’industrie est la prédisposition de la pérovskite à se cristalliser, ce qui permet l’utilisation de procédés de fabrication simples, et donc une estimation du coût de fabrication divisé par cinq de ce type de cel-lules : « Nous avons découvert que dans ces matériaux pérovskites, les électrons générés dans la matière par la lumière du soleil peuvent se déplacer assez loin. Cela va nous permettre de faire des cellules photovoltaïques plus épaisses qui absorbent plus de lumière et donc qui produisent plus d’électricité. »

Le Nigeria a sa première voiture écologiqueSegun Oyeyiola, un jeune Ni-gérian, a transformé sa voiture en une voiture écologique. Il a pour cela installé un panneau solaire sur le toit de sa Volk-swagen et équipé son capot de trois éoliennes. Alors qu’il était étudiant à l’Université Obage-mi Awolowo, il a patiemment rassemblé le matériel qui lui était nécessaire – un panneau solaire aux membranes sous

forme de nid d’abeilles, des éoliennes ainsi qu’une batterie – et s’est mis au travail. Le panneau installé transforme les rayons du soleil en énergie, que la voiture soit ou non en déplacement. Les éoliennes transforment quant à elles l’air en énergie, qui est stoc-kée dans la batterie principale. Une autre éolienne logée dans le coffre permet l’évacuation de l’air qui entre dans la voiture lors de la conduite. Cette voiture sans frais de carburant ou de gaz se charge en 4 heures environ. Segun Oyeyiola, très fier de sa voiture, souhaite qu’elle devienne « la future voiture du Nigeria ». y

All Power Labs, la start up américaine qui transforme les déchets végétaux en énergie

A Berkeley, aux USA, Jim Ma-son a construit un réacteur de gazéification pour transfor-mer les déchets végétaux en une source d’énergie. Sept ans plus tard, son projet est deve-nu la start-up All Power Labs, qui emploie déjà 40 personnes et qui a déjà fourni plus de 500 gazéificateurs dans plus de 40 pays. La gazéification fonctionne en exposant des déchets végétaux (ou à peu

près n’importe quel autre matériau biodégradable qui contient du carbone) à de hautes températures sans combustion. Les compo-sants volatils du matériau de carbone se décomposent, tandis que les composants non volatils forment un gaz de synthèse. Ce gaz de synthèse peut ensuite être utilisé pour produire de l’électricité. Ce gazogène, qui produit 15 à 18 kW, tient dans un petit camion et coûte environ 30 000 dollars. Suivant les pays, il peut fonctionner aux coquilles de noix de coco, aux déchets d’hévéa ou aux épis de maïs… Selon Jim Mason, ceux qui utilisent son gazéificateur à la place d’un générateur à essence récupèrent leur investissement en quinze mois, sans compter le sous-produit issu du processus, le biochar, qui constitue un excellent engrais. y

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62 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

TECHNOLOGIES

Les biobatteries ouvrent de nouvelles perspectives à l’exploitation de la biomasseUne nouvelle technologie nommée « biobatterie » vient d’être mise au point par des chercheurs allemands de l’Institut Fraunhofer pour les technologies de l’environnement, de l’énergie et de la sécurité.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 63

TECHNOLOGIES

Selon la revue spécialisée Futura Sciences, ce nouveau système, dit biobatterie, présente deux atouts majeurs. D’une part, il transforme en énergie une palette plus large de la biomasse que les usines tradi-tionnelles  : boues d’épuration, dé-chets agricoles, déchets ménagers, résidus de production de l’industrie alimentaire ou papetière, pailles, ex-créments d’animaux, etc. D’autre part, en plus de l’électricité et de la

chaleur, le processus fournit des pro-duits à valeur ajoutée comme le bio-gaz, l’huile moteur bio ou le charbon à usage agricole (biochar).

Usine piloteLes chercheurs allemands ont

déjà créé une usine pilote qui trans-forme chaque heure 30  kg de bio-masse en produits énergétiques. A ce jour, 75% de l’énergie enfermée dans la biomasse deviennent ainsi

utilisables, un ratio que les initia-teurs s’emploient à améliorer encore. La biomasse se classe aujourd’hui en troisième position des énergies renouvelables, loin derrière le so-laire et l’éolien. Elle ne produit que 1,4% de l’électricité dans le monde. L’invention de l’Institut Fraunhofer devrait permettre de développer ce marché qui contribue à la fois à la production d’électricité et au traitement des déchets. y AE

UNE SÉRIE DE TECHNIQUES La biobatterie est basée sur le prin-cipe du reformage par catalyse ther-mique (thermo-catalytic reforming, ou TCR). De la matière organique

est injectée par le haut et, après divers traitements, on récupère à gauche du biochar, et à droite de l’eau, un biocarburant et du biogaz.

L’installation fait intervenir une série de techniques toutes respectueuses de l’environnement. La chaleur né-cessaire à son bon fonctionnement, par exemple, est produite à partir de biomasse. Celle-là même qui sert aussi dans le reste du processus. Mais au cœur de l’installation il y a le concept de reformage par catalyse thermique, qui permet de réarranger les atomes de carbone qui forment la matière organique.La matière première, composée donc de déchets organiques en tous genres, est placée dans une sorte d’entonnoir et coupée de tout contact avec l’oxygène. Elle tombe ensuite dans un réacteur équipé d’une vis sans fin qui permet de brasser l’ensemble de manière continue. C’est là que la matière organique est chauffée et qu’elle se décompose en biochar et en vapeurs. Le procédé employé à ce stade permet d’éviter la formation de goudrons ou d’autres sous-pro-duits nocifs. Plus loin, la combus-tion catalytique à haute tempéra-ture se poursuit pour les vapeurs et le biochar. De quoi optimiser les volumes et la qualité de la pro-duction. Les vapeurs sont ensuite refroidies et condensées en un liquide composé de biocarburant et d’eau. Le gaz résiduel est quant à lui nettoyé.(Source : Furuta Sciences)

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64 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

INTERNATIONAL

Le procédé LucidPipe Power System consiste à produire de l’élec-tricité en captant le courant de l’eau qui coule dans les canalisations de la ville. Le système, basé sur le principe de l’hydrolienne, a été testé avec suc-cès dans plusieurs villes, notamment en Californie et au Texas. Quatre mi-ni-turbines ont permis de produire assez d’électricité pour couvrir les be-soins de 150 logements, confirme la revue spécialisée Energeek.

Contrat d’achatLa ville de Portland, dans l’Oregon,

a signé un contrat d’achat d’électricité sur vingt ans, ce qui permet à la start-up d’y développer plus largement son système. « Notre avantage (…) est de produire de l’électricité en permanence. Nous ne sommes pas dépendants des conditions météorologiques  », plaide Gregg Semler, PDG de Lucid Energy, qui souligne également que son pro-cédé n’altère  ni l’environnement, ni le fonctionnement du système d’ad-duction d’eau, ni la qualité de l’eau potable qui y transite.  Autre argu-ment en faveur du LucidPipe Power System, il offre aux municipalités une source de revenus complémentaire

qui contribue aux dépenses d’adduc-tion d’eau ou d’assainissement.

Carnet de commandesDepuis quelques mois, Gregg Semler

voit son carnet de commandes se rem-

plir. Selon Energeek, des villes des quatre coins des Etats-Unis s’intéressent à son système et le PDG commence à rece-voir des visites d’investisseurs de pays émergents tels que la Chine, la Corée du Sud ou le Brésil. y AE

Aux Etats-Unis, une entreprise de Portland installe des mini-turbines dans les canalisations d’eauUne start-up américaine, Lucid Energy, a développé un nouveau système de production d’énergie renouvelable en installant des mini-turbines dans les canalisations d’eau potable.

Le système, basé sur le principe de l’hydrolienne, a déjà été testé avec succès dans plusieurs villes, notamment en Californie.

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Mars-Avril 20153ENERGIES AFRICAINES x 65

INTERNATIONAL

Chaque nouvelle industrie donne naissance à de nouvelles fortunes. Ce fut vrai pour l’automobile ou, ces der-nières années, pour les TIC. Il semble bien que les énergies renouvelables soient aujourd’hui le nouvel eldora-do de l’avant-garde industrielle. Li Hejun, 47 ans, fondateur et président de Hanergy, a vu sa fortune tripler en une année. Le cours de bourse de sa société a flambé, le propulsant au premier rang chinois et au 28ème rang mondial avec un capital estimé à 27 milliards de dollars.

Une nouvelle technologieHanergy s’est d’abord spécialisée

dans les installations hydroélectriques avant de se diversifier dans les éner-gies vertes, à commencer par l’éolien et le solaire. C’est une nouvelle tech-nologie de films photovoltaïques ul-trafins qui lui a permis de développer des panneaux solaires très compétitifs

et d’amorcer sa fulgurante ascension vers le sommet des fortunes chinoises. Aujourd’hui, Li Hejun poursuit sa progression et rachète une à une des entreprises du secteur, y compris en Occident. Il est également proprié-taire du plus grand barrage hydroé-

lectrique privé de Chine, dans la pro-vince du Yunan.

La voiture électrique Son prochain objectif est la voiture

électrique. Il en est persuadé, avant 2020, on comptera au moins 20 mil-lions de voitures électriques dans le monde. Li Hejun veut prendre une part significative de ce gros gâteau avec sa prochaine production  : une voiture électrique citadine disposant de 100  km d’autonomie et rechar-geable en quatre heures. y AE

La plus grande fortune de Chine s’est bâtie dans les énergies renouvelablesSi dans les vingt dernières années les plus grandes fortunes sont nées de l’informatique et de l’internet, en Chine, ce sont les énergies renouvelables qui ont permis à Li Hejun de devenir cette année l’homme le plus riche du pays.

Li Hejun, 47 ans, fondateur et président de Hanergy, a vu sa fortune tripler en une année.

C’est une nouvelle technologie de films photovoltaïques ultrafins qui lui a permis de développer des panneaux solaires très compétitifs et d’amorcer sa fulgurante ascension vers le sommet des fortunes chinoises.

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66 x ENERGIES AFRICAINES4Mars-Avril 2015

LEADER

JA Solar Holding Co vient en ef-fet de lancer des modules photovol-taïques de 1500 V. Cette tension de polarisation de système est supérieure de 50% à celle actuellement utilisée par les industries solaires. La norme de la Commission électrotechnique (CEI) exigeait jusqu’à présent une tension de système maximale de 1000 V.

Le tour du mondeCe nouveau type de module vient

renforcer la position de la compagnie

en tant que développeur d’équipe-ments électriques. «  L’augmentation de la tension maximale de système à 1500 V permettra une augmentation de la longueur de branche pouvant aller à 50%. Cela induira des réductions des coûts, qui rendront inévitable l’instal-lation à l’échelle mondiale des systèmes de module de 1500 V. Ce nouveau ma-tériel confirme la position de JA parmi les leaders mondiaux de la technologie photovoltaïque », a déclaré Yong Liu. Ce nouveau module, testé et approu-vé par TUV, a déjà été présenté avec

succès à l’Expo PV, qui s’est déroulée en février dernier au Japon. Il sera également présenté dans de nom-breuses autres expositions à travers le monde, parmi lesquelles la SNEC PV Power en Chine à la fin du mois d’avril. y AE

Yong Liu, directeur technologique de JA SolarYong Liu, directeur technologique de la compagnie chinoise de fabrication de panneaux photovoltaïques JA Solar Holding Co, annonce un nouveau progrès sensible dans l’industrie solaire, qui devrait rendre encore plus compétitive l’énergie solaire.

Cette tension de polarisation de système est supérieure de 50% à celle actuellement utilisée par les industries solaires.

Yong Liu : « Cela induira des réductions des coûts, qui rendront inévitable l’installation à l’échelle mondiale des systèmes de module de 1500 V. »

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