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Programme « Voyager pour apprendre les métiers d’art » Ici, la première chose, la toute première chose qu’on remarque, c’est l’air un peu lourd de l’atmosphère en sortant de l’aéroport. Ensuite, c’est la circulation un peu folle sur la grande route, les véhicules à contre sens qui ne choquent personne. Et puis les gens sur le bord, qui habitent des maisons ouvertes, qui vendent des fruits sur leur vélo. Je suis arrivée en taxi par la rue des chaussures. Ici, il y a une rue pour chaque chose. La rue des jouets, la rue des expatriés, la rue des bijoux, la rue des herbes médicinales, la rue des fermetures éclairs, la rue des sous-vêtements, la rue de la soie… Ici il y a des câbles tendus partout qui s’emmêlent. Des arbres qui servent de portes manteaux ou de pieds de lampe. Ici il existe trois couleurs, le jaune Vietnam, le vert Vietnam, et le rouge drapeau. Ça tapisse les bâtiments de brique et les parterres de fleurs. Ici on vit sur les trottoirs et on mange dans la rue, sous des bâches quand il pleut, assis sur des petits tabourets de plastique bleu. Ici on mange des fruits dont on ne croit pas les couleurs. Juteux, délicieux. Ici c’est Hanoi, et il y a un grand lac au milieu, autour duquel ceux qui ont peur de mal vieillir courent, et ceux qui s’aiment s’embrassent sur un scooter. De temps en temps dans la semaine, je prends le bus numéro deux qui m’emmène au sud de la ville, jusqu’au village de la femme au petit cochon de bois. La femme au petit cochon de bois en réalité s’appelle Anh, avec un accent aigu sur le « n » : elle a un nom au ton qui monte. J’ai rencontré cette femme lors d’un salon de l’artisanat organisé dans la ville. Elle m’avait touchée avec ces impressions d’images traditionnelles et je lui avais alors acheté un peu d’encre et du papier. Le lendemain de notre rencontre, elle m’a offert le petit animal. Maintenant je travaille souvent avec elle dans sa petite boutique où l’on ne met plus un pied devant l’autre et où je me sens géante avec ma taille d’européenne. Nous travaillons par terre, on ouvre la porte d’entrée pour laisser la place au grand plateau de bois gravé. On passe l’encre noire préparée artisanalement au rouleau et puis on imprime de grands oiseaux, de grands poissons. Ces images traditionnelles vietnamiennes sont beaucoup prisées pour le Têt qui se profile à l’horizon. Mais souvent avec Anh ce qu’on aime, c’est interrompre notre travail pour un cours de langue, je lui apprends le français et l’anglais, en échange elle m’initie au vietnamien et au chinois. Et on note tout ça dans nos petits carnets noirs reliés par un ruban rouge, qu’elle fabrique avec le papier d’ici. Pauline Partie au Vietnam avec le programme « Voyager pour apprendre les métiers d’art » Aperçu de l’expérience de Pauline, partie travailler le verre au Vietnam

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Programme « Voyager pour apprendre les métiers d’art »

Ici, la première chose, la toute première chose qu’on remarque, c’est l’air un peu lourd de l’atmosphère en sortant de l’aéroport. Ensuite, c’est la circulation un peu folle sur la grande route, les véhicules à contre sens qui ne choquent personne. Et puis les gens sur le bord, qui habitent des maisons ouvertes, qui vendent des fruits sur leur vélo. Je suis arrivée en taxi par la rue des chaussures. Ici, il y a une rue pour chaque chose. La rue des jouets, la rue des expatriés, la rue des bijoux, la rue des herbes médicinales, la rue des fermetures éclairs, la rue des sous-vêtements, la rue de la soie… Ici il y a des câbles tendus partout qui s’emmêlent. Des arbres qui servent de portes manteaux ou de pieds de lampe. Ici il existe trois couleurs, le jaune Vietnam, le vert Vietnam, et le rouge drapeau. Ça tapisse les bâtiments de brique et les parterres de fleurs. Ici on vit sur les trottoirs et on mange dans la rue, sous des bâches quand il pleut, assis sur des petits tabourets de plastique bleu. Ici on mange des fruits dont on ne croit pas les couleurs. Juteux, délicieux. Ici c’est Hanoi, et il y a un grand lac au milieu, autour duquel ceux qui ont peur de mal vieillir courent, et ceux qui s’aiment s’embrassent sur un scooter. De temps en temps dans la semaine, je prends le bus numéro deux qui m’emmène au sud de la ville, jusqu’au village de la femme au petit cochon de bois. La femme au petit cochon de bois en réalité s’appelle Anh, avec un accent aigu sur le « n » : elle a un nom au ton qui monte. J’ai rencontré cette femme lors d’un salon de l’artisanat organisé dans la ville. Elle m’avait touchée avec ces impressions d’images traditionnelles et je lui avais alors acheté un peu d’encre et du papier. Le lendemain de notre rencontre, elle m’a offert le petit animal. Maintenant je travaille souvent avec elle dans sa petite boutique où l’on ne met plus un pied devant l’autre et où je me sens géante avec ma taille d’européenne. Nous travaillons par terre, on ouvre la porte d’entrée pour laisser la place au grand plateau de bois gravé. On passe l’encre noire préparée artisanalement au rouleau et puis on imprime de grands oiseaux, de grands poissons. Ces images traditionnelles vietnamiennes sont beaucoup prisées pour le Têt qui se profile à l’horizon. Mais souvent avec Anh ce qu’on aime, c’est interrompre notre travail pour un cours de langue, je lui apprends le français et l’anglais, en échange elle m’initie au vietnamien et au chinois. Et on note tout ça dans nos petits carnets noirs reliés par un ruban rouge, qu’elle fabrique avec le papier d’ici.

Pauline Partie au Vietnam avec le programme

« Voyager pour apprendre les métiers d’art »

Aperçu de l’expérience de Pauline, partie travailler le verre

au Vietnam