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La Fureur des C ouleurs TEXTE ET PHOTOGRAPHIES DE ROLAND SEITRE En France, on l’appelle Loriquet de Swainson mais pour les Australiens il se nomme simplement Rainbow lory, l’Arc-en-ciel. Un titre qui lui convient parfaitement et décrit au mieux ses teintes extraordinaires. De tous les perroquets il se présente comme l’un des plus colorés et effectivement possède la panoplie complète des tons du prisme naturel de la pluie dans le ciel. Cherchons cet oiseau spectaculaire mais commun. 29

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La Fureur des

CouleursTEXTE ET PHOTOGRAPHIES DEROLAND SEITRE

En France, on l’appelle Loriquet deSwainson mais pour les Australiens il senomme simplement Rainbow lory,l’Arc-en-ciel. Un titre qui lui convientparfaitement et décrit au mieux ses teintesextraordinaires. De tous les perroquets il seprésente comme l’un des plus colorés eteffectivement possède la panopliecomplète des tons du prisme naturel de lapluie dans le ciel. Cherchons cet oiseauspectaculaire mais commun.

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Currumbin,Queensland,

la Côte d’Or (Gold Coast) du tourisme balnéaire australien. Entre les deux guerres, un

apiculteur qui précédait les bétonneurs de quelques décennies offre des surplus de miel mélangéà de l’eau aux loriquets qui vaquent alentours. Pas rares, les bestioles qui, petit à petit, curieuseset peu farouches de nature se laissent apprivoiser. Ils arrivent le matin au lever du jour etattendent, patiemment perchés dans les arbres, le don quotidien de nourriture. Pour l’apiculteurqui vend son miel, la présence des loriquets devient progressivement une part inhérente de lapromotion de ses produits. Et la vague du tourisme balnéaire se confirmant, le miel devientbientôt carrément secondaire à l’attraction ornithologique. Laquelle devient finalement un rendez-vous touristique majeur de cette côte ! Il faut reconnaître que le spectacle s’avère à la hauteur.

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ParCentaines,

les loriquets arc-en-ciel parviennent sur lesite, aujourd’hui comme hier, de bon matin. Ils seperchent pour jouer, babiller, entretenir leur plu-mage ou celui de leur conjoint. Des arbres favo-ris, il ne reste guère que les branches, et encore,les plus grosses, car feuilles et brindilles ont étéméticuleusement coupées sous le tranchant del’entretien régulier de tous ces becs. Les lieuxparaissent anachroniques : quelques arbres entou-rés d’une clôture basse, au milieu de petits pointsd’eau, gargouillement de leur source artificielle,et une bizarrerie : une grande roue métalliqueverticale. Dès l’ouverture du parc aux visiteurs,les gardes-Rangers encadrent la foule qui s’as-semble patiemment autour de la dite clôture.D’un coup, tous les loriquets jusqu’alors épar-pillés un peu partout décollent brusquement etdisparaissent au-dessus de la forêt relictuelleenvironnante. Un grand oiseau a porté son ombresur le site, un avion qui se posera sur le petitaérodrome proche, mais ce serait plutôt unrapace qui a effrayé les loriquets de façon mas-sive. Tous sont bientôt sur le retour et rejoignentleurs perchoirs comme si de rien n’était. LesRangers commencent une distributionparticulière : ils offrent à chaque visiteur uneassiette à haut bord, remplie de pain trempé dansun sirop-nectar. Enfin, les premiers arrivés serontles premiers servis car les touristes, comme lesloriquets, viennent parfois très nombreux. Ou aucontraire, dans les deux cas, en effectif limité. Enfait, les comportements des deux espèces s’oppo-sent : s’il fait beau, le touriste visite ; le loriquetquant à lui vient surtout en nombre quand le ventet la pluie ont sévi, diminuant la disponibilité dunectar dans les fleurs secouées et rincées.

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qui lui ont valu une subspéciation exceptionnelle, avecpas moins de 20 races reconnues et sujettes, bien sûr, àdiscussion !

Après le rush matinal les loriquets repartent à leursoccupations plus traditionnelles. Visite de mangeoi-res privées où, en plus de nectar, ils grappilleront par-fois quelques graines ; vérification d’arbres en fleursoù, de leur langue couverte de papilles, ils lèchentnectar, pollen voire les insectes pris au piège de cettemasse collante ; plantes natives ou introduites (le lori-quet s’en moque) ; petites figues, fruits ouverts par lepassage des roussettes qui en ont dégagé l’accès à lachair. Cet éclectisme alimentaire lui permet aussi,dans le nord du Queensland, d’entrer dans les vergers

de lychees en saison. Comme cette zone tropicalepossède une abondance de fleurs et en conséquenceune abondance de loriquets, ce sont des nuées demilliers d’oiseaux qui viennent grignoter les fruits…Avec les conséquences économiques que l’on ima-gine. Les fermiers sortent donc les fusils et tirentdans le tas, ne faisant guère le détail avec les autresespèces de loriquets ou même les perroquets desfiguiers, les gênes familiaux communs les placenttous dans la position de " racaille”… Ces destruc-tions peuvent être opérées légalement, sur demanded’un permis d’abattage pour dégâts aux cultures,auprès des autorités concernées. Mais il faut alors leprouver et souvent les fermiers font l’impasse…

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Dès que les loriquets voient les plateaux, plus rapi-des que des vautours, ils se précipitent. Une pluie deplumes multicolores et criardes s’abat sur le bon peu-ple touristique. Un nuage sombre, comme un vol desauterelles, se laisse choir et s’empresse d’agripper unsupport. N’importe où : sur le plateau, mais aussi lesbras, les épaules, les têtes. Cris admiratifs et rireshumains se mêlent ! De leurs ongles acérés, plusmauvais que leur bec pointu, les volatiles griffentlégèrement, et nombre de visiteurs surpris laissenttomber le nectar sur leurs vêtements, hurlent parfoisou même, pour les enfants, pleurent. À l’agitationdes oiseaux répond donc bien celle des hommes.D’autres plateaux installés sur le rail ou dans lagrande roue attirent tout autant de perroquets quipar leur poids la font tourner. Pendant une heureenviron, l’activité à son comble satisfait les lève-tôt.

L’observateur attentif remarquera des loriquets pluspetits, tout verts au ventre strié de jaune, les T. chloro-lepidotus (ci-dessous) ou plus simplement Loriquetsverts, beaucoup plus rares. Et dans cette multitude, ilarrive même qu’on croise un grand oiseau vert, unvolatile bizarre aux caractères intermédiaires avec l’arc-en-ciel : un hybride naturel ! Rare bien sûr mais pastant que cela puisqu’au cours des ans j’en ai vu trois :l’un était solitaire, le second apparié avec le vert, ledernier avec un Swainson. Pas si étonnant, quand onsait l’aire de répartition de ces deux loriquets com-mune sur la majeure partie de leur distribution. Levert est limité à l’est du continent : la bande côtière deMelbourne à Cairns, la chaîne de montagnes parallèleset l’intérieur dans sa zone la plus arrosée. Plus les colli-nes d’Adélaïde en Australie méridionale. Le Swainson

jouit d’une répartition plus vaste car il s’accommodemieux de zones fraîches et humides comme la côte sudet la Tasmanie, mais aussi celles plus chaudes et tropi-cales dans le Territoire du Nord où il se distingue enune sous-espèce différente, à collier orange : T. h.rubritorques. Les puristes noteront à ce sujet que lasous-espèce australienne classique n’est pas la nomi-nale puisqu’elle se nomme moluccanus, un nomquelque peu paradoxal car son extension géographiquen’atteint nullement ces îles mais seulement celles dudétroit de Torrès entre l’île-continent et la NouvelleGuinée. En revanche, au niveau de l’espèce, ce lori-quet partage avec l’Eclectus une distribution extrême-ment vaste dans les îles de la Sonde et en Mélanésie

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À l'inverse des fruiticulteurs, le public apprécie cesoiseaux colorés et finalement peu destructeurs qui,surtout en ville égaillent le paysage de leurs mouve-ments, teintes et cris. Nombreux sont donc les ama-teurs copieurs de Currumbin qui dans leur jardin oudevant leur fenêtre, ont placé un poste d’alimentationassociant coupelles de graines et de nectar, qui attirentnombre d’autres oiseaux. Dans le sud, à Sydney etMelbourne, leur population s’est d’abord effondrée aucours du XXe siècle, passant d’abondants à exception-nels, puis dans les années 60 elle s’est petit à petitreconstituée au point de redevenir abondante, sansexplication claire à ce phénomène. Mais il est sûr queles mangeoires aident. Dans la zone tropicale, onconsidère aussi que le développement agricole leur aété globalement bénéfique ; mais ce constat reste sub-jectif puisque jamais scientifiquement quantifié ! Onpeut avoir l’impression que l’oiseau abonde parcequ’on le voit souvent, mais avec un loriquet toujoursbruyant quand il vole et qui attire donc particulière-ment l’attention, la multiplication des mouvementsentre les zones d’alimentation fragmentées par la des-truction des forêts les rend surtout plus visibles…

Il ne faut pas non plus les croire sédentaires.Comme beaucoup d’Australiens, ils bougent trèsvolontiers en fonction des ressources alimentaires.Mais, ici encore, l’assertion provient plus d’uneconviction que d’une quelconque recherche ornitho-logique sérieuse. On les sait toutefois plus sédentairesà proximité des villes où les ressources sont plusrégulières, entre la variété de plantes de jardin et lessites d’alimentation artificielle. Même à Currumbin,les effectifs varient selon la période de l’année avecun creux à la fin de l’hiver. Toujours aucune opéra-tion de baguage-recapture suffisante pour qualifier etquantifier cela à grande échelle, mais tout de mêmeune étude concernant 2 600 bagues : 350 furentrecontrôlées, la majorité à moins de 10 km du site de

pose et aucune à plus de 100 km, ce qui laisse enten-dre un nomadisme localisé plus que des mouvementsmigratoires. La statistique demeure limitée.

Sur leurs perchoirs, entre deux prises alimentaires,voire pendant, les loriquets expriment leurs compor-tements sociaux actifs, aussi extravertis que com-plexes. De tous les perroquets australiens, on doitpouvoir leur décerner le titre de plus bruyants, nonqu’ils crient plus forts que les cacatoès, mais parcequ’ils semblent toujours avoir quelque chose à dire etmalgré leur petite taille, leur voix éraillée porte parti-culièrement loin. On les entend donc, et cela limiteparfois un peu l’engouement de certains citadins,pour lesquels la grasse matinée toujours compromisereste un must. Et pour avoir campé sous un dortoir,je sais ce que cela veut dire que d’avoir pour réveilmatin les criaillements de la colonie dès 5 heures.

Dans un groupe de loriquets, on peut dire qu’il y ena toujours au moins un qui crie. Qu’il décolle, se pose,mange, (le bec plein n’empêche pas de crier), vole,attaque, ou se défende d’un congénère, prévienne del’arrivée d’un prédateur, ou d’une visite… Toute la viede l’oiseau semble propre à commentaires… Sur lui-même, sur les autres, voire sur les autres espèces. Il suf-fit pour s’en rendre compte de rester à proximité desmangeoires qui attirent d’autres perroquets, loriquetsou méliphages. Par ses cris, ses tentatives (souvent réus-sies) d’accaparer un lieu, et ses postures, il demeure leplus visible, même de loin. À Currumbin, les scienti-fiques ont bien étudié le répertoire postural complexede l’espèce, et son organisation sociale. Malgré la forteconcentration, jusqu’à 1000 individus, les loriquets sedéplacent en groupes inférieurs à 50, eux-mêmes com-posés de sous-groupes inférieurs à 5. La structure debase, en commun avec bon nombre de psittacidés, selimite au couple. Monogame, semble-t-il à vie. Avecune fausse tendance à l’homosexualité car les mâlesnon appariés forment facilement des paires qui présen-

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LOGEMENT ET INSTALLATION. Mesloris sont logés dans un bâtimentréservé à cet effet. Les murs et le solsont recouverts de carrelage pourfaciliter le nettoyage.Les compartiments intérieursmesurent 1 mètre de long, 0,70 delarge et 2 mètres de haut. Les oiseauxn’ont pas de contact avec les volièresvoisines, car toutes les parois sontpleines. Une fenêtre type Guillotineéquipe chaque volière, afin de laisserlibre accès à la partie extérieure si latempérature est clémente.Les oiseaux peuvent sortir entre lesmois d'avril à octobre. Pour les autresmois, les oiseaux restent dedans etsont légèrement chauffés, unetempérature comprise entre 12 °C et15° est idéale pour faire une périodede repos après la reproduction.La partie extérieure des volièresmesure 2 mètres de long, 2 mètresde haut pour 0,70 de large. Le sol dela volière est recouvert de gazon,deux barreaux sont mis à leurdisposition, un à chaque extrémité.Le grillage est doublé entre lesvolières, car les loris sont agressifsavec leurs voisins.La baignoire est mise dans la partieextérieure l'été. L'hiver, les oiseauxsont vaporisés. Le nid des oiseaux apour dimension 20 x 20 cm de basepour 50 cm de haut avec un troud'un diamètre de 10 cm. Il ne fautpas mettre de trop grand nid. Laponte est de 2 œufs pondus avec unintervalle de 3 jours. L'incubation estde 24 jours à 26 jours suivant latempérature extérieure. À lanaissance, les oisillons ont les yeux

fermés, le corps est recouvert d'un finduvet blanc. Les premières plumesapparaissent à partir de la 3e semaine.Les yeux s'ouvrent à 20 jours.

ALIMENTATION. Comme tous lorisqui se respectent, ces oiseaux sontnourris avec de la bouillie faite avecde la farine 7 céréales pour bébé plusdes fruits et des légumes réduits enpulpe (banane, pomme, mangue,figues de barbarie, raisin, kiwi,carotte, courgette, grenade, orange).Tous les jours, je mets au minimum 3fruits et 2 légumes pour faire labouillie, je rajoute du miel et dupollen. Pour plus de détails sur lenourrissage des loris, voir la revue duCDE de janvier 2003, qui parle duloris de Goldie. Le tout délayé avec del'eau tiède (eau minérale). En effet,tout dernièrement nous avons eu desproblèmes de santé avec les oiseauxqui ont consommé de l'eau durobinet, car celle-ci contenait dunitrate et du chlore, ces deux produitsdétériorent le foie des oiseaux. Desvitamines sont données deux fois parsemaine en période de reproduction.Un apport en protéine animal (vers defarines et teignes de ruche) est ajoutéà la nourriture à partir du mois defévrier. Le temps d'éclairage passe de12 à 14 heures par jour, l'intensitélumineuse est augmentée en éclairantun néon supplémentaire, latempérature augmente de 2 à 3 °C.La distribution de branches avec desbourgeons à aussi son importancepour inciter les oiseaux à reproduire.J'augmente aussi la quantité de pollenet de miel dans la bouillie.

REPRODUCTION. Quelque tempsaprès ces changements, les loriscommencent à gratter dans le nid, lemâle danse à côté de sa femelle et lanourrit. Un peu plus tardl'accouplement à lieu. Une ponteexceptionnelle de 3 œufs a eu lieu en2002 dans mon élevage, mais ilsétaient clairs tous les trois, alors qu'uncouple de loris a nuque verte a ponduil y a quelques années 3 œufs, qui ontéclos tous les trois. Les trois oisillonsfurent trois mâles. Ils semblent que lesTrichoglossus effectuent des pontessupérieures à deux œufs. LesTrichoglossus constituent l’un desrares genres à pouvoir être élevée encolonie. Pour cela on aura besoind'une volière plantée avec possibilitéd'aménager des caches, pour que lesoiseaux puissent s'isoler des autrescouples et se sentir en sécurité. Lesoiseaux qui sont logés dans cettevolière devront être obligatoirementen couple. Il doit y avoir plus de nidsque de couples d'oiseaux. Attentiontous les oiseaux logés dans cettevolière doivent faire partis de lamême famille exemple nuque verte,swainson… car il risque d’y avoir deshybridations.

Statut au regard des conventionsinternationales annexe II/B

Diamètre de bague : 6,5 mm

Maturité sexuelle : 2 ans

Total des oiseaux recensés en 2002 :68 (25 couples + 18 oiseaux isolés).

Texte de Gérard SALLIENS

Détention en captivité et expérience d’élevage

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rir durant 15 jours de mieux, tout au moins en capti-vité puisque c’est de là que proviennent toutes lesinformations disponibles sur le sujet. Le jeune est sou-vent décrit comme moins coloré, mais la différenceréelle avec les adultes demeure peu perceptible etnécessite un examen approfondi : les plumes du man-teau portent des taches invisibles car couvertes, jaunesau lieu de rouges. Sur le ventre aussi, cette teinte esttout ou grandement remplacée par le ton or. Enfin,rémiges et rectrices sont plutôt pointues qu’arrondies.

À la mi-journée, à Currumbin comme ailleurs, lesperroquets, y compris les loriquets, semblent n’avoirjamais existé. Après le nourrissage du matin, la majo-rité a quitté le parc, quoique certains fréquententencore les arbres en fleur. Une lourde besogne pourun loriquet sauvage : on estime qu’il lui faut butiner5000 fleurs par jour ! Mais les heures les plus chau-des sont passées perché, exceptionnellement sans unbruit, à dormir ou entretenir le plumage. Le touriste

a donc largement le temps de visiter l’ensemble duparc animalier que le gouvernement du Queenslanda adjoint au premier site depuis qu’il a hérité deslieux : une très belle variété des membres de la faunede l’état, présentée dans des conditions naturelles. Lepersonnel spécialisé s’attelle à certains programmesde conservation par la reproduction en captivité desoiseaux et en particulier des psittacidés.

Avec le milieu de l’après-midi, l’activité des lori-quets reprend et les nourrissages accompagneront laclôture du parc, avec généralement encore plus de visi-teurs que le matin, arrivant par cars entiers de Japonaiset de Chinois. D’autres sites en Australie ont repris l’i-dée comme la technique tant elle allie simplicité etspectaculaire. Et de nombreux zoos font de même, enAustralie, dans de grandes volières, mais aussi en Asie,Europe et USA, pour la grande joie des visiteurs… dumoins ceux qui parviennent à échapper aux coups degriffes et aux coups de bec ! �

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tent tous les comportements d’un vrai couple, à l’ex-ception des parades alimentaires et sexuelles. Mais dèsqu’une femelle se présente, ces “ménages” se brisent !Pas moins de 21 mouvements de parades ont été iden-tifiés et ils s’accompagnent tous de contraction etrétraction de la pupille : “ils font de gros yeux”, voirede mobilité du bec. Les décrire précisément prendraitdes pages et serait hors de propos, d’autant que pour cetype de pose, rien ne vaut une photo ! Pour résumer lesactions, notons que sont décrits des sauts, des saccadesde tout le corps, des battements d’ailes, des hoche-ments de tête et… toujours beaucoup de cris !

L’instant essentiel, avant toute reproduction, passepar le nourrissage de la femelle par le mâle, et l’ac-ceptation de cette offrande. Ce dernier mastique etémet un doux cri. La femelle se place alors en des-sous afin que le mâle puisse régurgiter dans son bec.Les jeunes couples pratiquent ce rituel avec plus d’as-siduité, afin d’assurer les liens de cohésion.

Le nid, une simple cavité dans un arbre, fera ensuitel’objet d’une sélection rigoureuse. Mais là encore, para-doxalement pour une espèce si répandue et commune,les données relatives à la reproduction naturelledemeurent incroyablement fragmentaires. Encore quece syndrome touche bien généralement la famille desperroquets. Au nord de la grande île, la nidificationpeut avoir lieu toute l’année tandis qu’au sud, elle selimite généralement au printemps et à l’été. La femellene pond normalement que deux œufs avec un inter-valle de 2-3 jours, qu’elle incube 23 jours. La nuitvenue, le mâle qui la nourrit la rejoint pour dormir. Lepoussin naît vêtu d’un fin duvet argenté mais après 10jours la pousse d’un second duvet gris commence. Lesyeux s’ouvrent à 14 jours et la couverture en duvet estachevée à 18 jours. C’est à 22 jours que les plumesentament leur pousse, pour couvrir totalement l’oiseaud’un mois et demi. Il ne sortira du nid que 15 joursplus tard, et encore dépend-il des parents pour le nour-

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MU TATIONSMUTATIONS

MUTATIONSLes goûts et les couleurs, notions subjectivess’il en est. Moins sujet à discussion, le constatque la complexité d’un plumage, enparticulier de ses teintes, se prête mieux auxmutations et à leur diversité. Avec les loriquetsarc-en-ciel dotés de sept couleurs, d’unnombre bien plus élevé de teintes et d’unevariabilité individuelle de leur répartitioncorporelle, on a là un oiseau de choix pourobserver l’expression des mutations. Aucunmutant ne sera identique à l’autre, même sion trouve toutes les mutations classiques desperroquets – et d’autres !

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POITRINE BLEUE. Il était une fois un éleveur du Victoriaqui croisait ses jeunes loriquets, tentant par consanguinitéd’obtenir des mutants. Sans résultat. Il finit par vendre un deses couples et c’est donc chez un autre aviculteur que devaitapparaître le premier oiseau tout vert avec la poitrinebleue. Informé par son ami, notre éleveur poursuivit doncses lignées, sans jamais rien obtenir ! Quand on a lapoisse… Et cette forme n’est jamais apparue en nature.

DEUX AUTRES MUTATIONS ont été décrites et sur laphoto brochette (double page précédente) que j’ai pu fairechez un éleveur du New South Wales, qui montre en 6eposition l’oiseau normal, on peut les découvrir en position1 et 5. Le premier possède un facteur sombre mais pour lereste est en tout point identique à l’original. Pas facile àrepérer dans un vol, mais tout de même assez évident àreconnaître en captivité : toutes ses couleurs brillent, plusdenses. Le 5, plus subtil, possède la tête d’un bleu plus clair,plus pur, moins violacé, et aussi moins de jaune. Ces deuxmutations subtiles sont établies, mais chez un très petit nom-bre de passionnés.

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Le LUTINO NATUREL n’est pas aussi banal que l’est à pre-mière vue la mutation. “Il en jette” : tout de rouge, jaune etorange vêtu, et lorsqu’au cours de ses parades, il fait “de l’œil”,sa pupille rouge rayonne ! Peu commun.

CINNAMON. La mutationcinnamon est fortjolie et étrange,avec son vertpomme acideclair et sa têtelilas, tandis que lejaune apratiquementdisparu.

OLIVE, comme son nom l’indique voit virer le vert brillant en unolive tirant sur le gris. Cette mutation n’est pas naturelle mais futobtenue par croisement avec la mutation olive apparue chez leLoriquet vert.

PIE, un éleveur de Melbourne m’a montré un individusuperficiellement semblable au lutino qu’il qualifiait ainsicar il conservait ses teintes originelles mais sur un fondjaune. À ne pas confondre, bien entendu, avec des indi-vidus ayant eu des problèmes de croissance qui indui-sent des plumes jaunes ça et là. Selon Sindell la mutationpie est récessive et fragile, qui plus est infertile. Ce der-nier point semble très vraisemblable puisque si de telsoiseaux apparaissent çà et là dans les volières, la muta-tion n’est pas établie.

BLEU. Il y en eut un ou deux spécimens en volière en Aus-tralie, mais vite morts et sans descendance. Hélas ! Un autrefut capturé (et relâché) lors d’une opération de baguage auxNouvelles-Hébrides en 1998. Pour ceux qui connaissent lesLoriquets des îles Marquises, Vini ultramarina, découvrir lamutation bleue du Loriquet de Swainson pourrait être unerévélation : si le Vini est beaucoup plus petit, force est deremarquer que pour ce qui est de la répartition des teintes,la ressemblance entre les deux atteint 80 % ! Et pourtant6000 kilomètres d’océan les séparent. En réalité, cette muta-tion perd tout le vert, le jaune et le rouge. Ne restent doncque trois couleurs : blanc, bleu ciel, et bleu outremer. Maiscette convergence apparente ne résiste guère à l’analyse :l’Arc-en-ciel ne saurait être l’ancêtre direct de ce Vini dontles espèces proches, australis, peruviana et stepheni, n’ontabsolument rien à voir.

AILES JAUNES

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La famille des Psittacula est une famille impres-sionnante qui regroupe quelques grandes etpetites perruches. L’espèce la plus connue estcertainement la perruche à collier, qui par sesmutations inépuisables a joui d’un très grand

renom. Les autres espèces qu'on voit régulièrementsont les Perruches à moustaches, les Perruches à têteprune, la Perruche d’alexandra et en moins grandequantité les Perruches à tête rose et les Perruches à têteardoisée. En ce qui concerne les autres membres de lafamille, comme la Perruche Malabar et la Perruche deMallaca, on les voit seulement chez un petit nombre degrands éleveurs. La couleur normale de la forme sau-vage est un vert clair pastel. Tous les Psittacula ontcomme caractéristique les deux rectrices plus longueset presque tous les mâles à l’âge adulte, ont une man-dibule rouge. On les trouve surtout dans des certainesrégions d'Afrique, de la Malaisie jusqu'en Inde et enIndonésie. Ce ne sont pas, comme la plupart des per-ruches Australiennes, des oiseaux très faciles pour lesexpositions. Elles ont un caractère très timide, ce quirend leur apprentissage très difficile. On doit doncavoir assez de temps pour cela. Pour quelqu'un qui faitbeaucoup d'expositions, il est peut-être recommandéde prendre les jeunes quelques jours avant le sevrageet de terminer le gavage à la main. Personnellement jene suis pas directement défenseur de cette méthode. Jeplace les oiseaux pour les expositions, une dizaine desemaines avant la première exposition dans des voliè-res plus petites. Après deux semaines elles déména-gent vers une cage d'élevage. J'utilise pour cela unecage assez haute. Ceci pour ne pas endommager laqueue. Les trois dernières semaines avant l'exposition,je les mets journellement dans une cage d'exposition.Ca ne réussit pas toujours, mais selon mon expérience,elles se tiennent plus tranquilles, surtout la perruche àmoustache et la perruche à tête prune. Chez la Perru-che à collier et la perruche alexandre c'est plus difficile.

LES PSITTACULALA PERRUCHE DE DERBY

Extrait de la revue Belge Parkieten FederatieAvec l’aimable autorisation de Rene LEBEGGE

TEXTE DE F. VERDONCK ET JEF KENIS

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ORIGINE. La Perruche de Derby vit dansles régions montagneuses du nord-est del'Inde jusqu'à l’ouest de la Chine et vers lesud-est du Tibet.

COMPORTEMENT DANS LANATURE. Dans les régions montagneusesde leurs habitats elles vivent dans des bois deconifères et de chênes, mais aussi dans desforêts montagneuses de rhododendrons jus-qu'à une hauteur de 4000 mètres. On nesait pas grand-chose de leurs mœurs. Ellesvivent de graines, bourgeons, fruits et baies.La reproduction se situe aux alentours dejuin, juillet. Elles nichent souvent dans destrous de peuplier.

EN CAPTIVITÉ. Dans les oiselleries, ontrouve très rarement des perruches deDerby, parfois on trouve sur les marchésquelques jeunes oiseaux provenant d’éle-vages particuliers. Ce très bel oiseau, denature assez calme, peut certes devenir unvéritable destructeur et une grande volièreen bois ne lui résistera guère. Une volièreen métal léger ou en métal avec une grilletrès robuste n'est donc pas un luxe. Deplus, ce vandale a un cri bruyant et dés-agréable dont on doit tenir compte si onveut vivre en paix avec ses voisins. Les per-ruches de Derby sont aussi très intoléran-tes et préfèrent les volières séparées.Comme elles ne se baignent pas, il estrecommandé de laisser une partie de lavolière non couverte. Elles auront ainsi lapossibilité de prendre une douche lorsd’une bonne pluie. Elles aiment cela etelles vous le laisseront entendre bruyam-ment. Pour le reste ce sont des oiseaux trèscostauds qui supportent très bien le froid,mais cependant très sensibles au gel despattes et des doigts.

LES SOINS. Un mélange de graines pourperruches comme nourriture de base peut-être amélioré avec des différentes variétés

de noix. Elles raffolent aussi de légumes etde fruits, qu'on leur donne à volonté selonla saison. Pour l'optimalisation des soins ilest nécessaire de leur donner des baies sau-vages (sorbier et gratte-cul) et des grainessauvages surtout en période de reproduc-tion. Si on manque de ces graines sauvageson peut leur donner des graines germées.Elles adorent des épis de mais mi-mûrs.Du pain trempé dans le lait, complété avecune bonne pâtée d'élevage assurera unebonne alimentation des jeunes.

Elles préfèrent des nids creux en boisnaturel comme nichoir, mais si on n’enpossède pas, on peut utiliser des nids fabri-qués. 50 cm de hauteur et une base de 30sur 30 cm sont les mesures préconisées. Letrou d'entrée doit être plus petit que l’oi-seau, ainsi il pourra lui-même ronger l'en-trée à la taille qu'il désire, ceci est d’ailleursun stimulant pour commencer la repro-duction.

En général elles commencent à se repro-duire après l'âge de quatre ans. La femellepond souvent 3 œufs qu'elle couve pen-dant 24 à 26 jours. À la naissance, les jeu-nes sont couverts d’un duvet blanc qui vase transformer en duvet gris épais. Pouréviter que le nid et les perchoirs ne soienttrop vite détruits, il est nécessaire de leurdonner des grandes branches et mêmes destroncs d'arbres pour qu'elles puissent satis-faire leur instinct de démolisseur.

MUTATIONS. Mis à part un croisementavec la Perruche d'Alexandra, ce qui n’estguère recommandé, il n'y a pas, selonnous, de mutations connues.

LA COUVÉE. Typiquement chez cesoiseaux la femelle est dominante dans larelation. Il arrive même parfois qu'elle netolère la présence du mâle que pendant lapériode de reproduction. Pour être accepté,le mâle utilise la couleur vive de son corps.Naturellement la danse nuptiale apporte

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DESCRIPTION. Cet oiseau magnifique mesure environ 50 cm. Une tête bleu gris estornée avec un front noir et une large ligne noire qui s'étend de la mandibule jusqu'àl'œil. Le dos, la nuque et les ailes sont verts. Sur une grande partie des ailes, il y aun voile jaune. La tache noire de la gorge est assez caractéristique. La poitrine et leventre sont gris bleu avec parfois un peu de rouge, même vers le pourpre. Le côtésupérieur de la queue est vert ou bleu vert, mais le dessous est grisâtre. Les cuisseset la région anale sont vertes. L'iris de l'œil est jaune pâle. La mandibule supérieuredu mâle est rouge, la mandibule inférieure est noire. Chez la femelle le bec estcomplètement noir. La couronne de la femelle possède plus de bleu, et elle a uneligne brune derrière les oreilles. Les jeunes (photo ci-contre) ont une tête verte et unplumage de couleur plus terne. Chez les jeunes oiseaux, le bec est rouge orange, ilne deviendra de la couleur des oiseaux adultes qu’à partir de la deuxième année.

PSITTACULA DERBIANA - CHINA SITTICH - DERBYAN PARAKEET

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La famille des Psittacula ne commence en généralqu'après trois ans à penser à la reproduction. Uneexception est la perruche à collier. Celle-ci peut déjàavoir lieu après deux ans une descendance, enfin seu-lement pour la femelle, car très souvent il semble quele mâle dans sa deuxième année ne soit pas encore fer-tile. Conséquence : un nid plein d'œufs non fécondés.Beaucoup d'éleveurs de mutations ont déjà fait cettetriste expérience.

Le temps de la couvée des Psittacula est de 21 à 30jours. Spécifiquement pour la perruche à collier il estd'environ 24 jours.

Les poussins naissent aveugles et tout à fait nus.Pour quelqu'un qui n'a pas encore fait d'élevage deces espèces, l’étonnement sera grand quand il verrades jeunes tout à fait nus dans le nid. C'est unegrande différence avec les perruches d'Australie. Pen-dant la couvée le mâle gave la femelle sur le nid oujuste en dehors du nid. Il est donc toujours auxaguets à l'entrée du nid. Il arrive régulièrement qu'ilentre dans le nid et qu'il niche auprès de la femelle.Le mâle aide aussi à nourrir les jeunes. Et commechez toutes les perruches les jeunes sont tournés surle dos pour être nourris.

LE BAGUAGE. La plupart des espèces de Psittaculaont un tarse assez court, à l’exception des perruches àtête prune et les perruches à tête rose. Pour cela il estindispensable de très bien noter la date de naissance.Autrement on peut avoir des surprises surtout si vousavez l’habitude d’élever seulement des perruches Aus-traliennes. Les oiseaux sont bagués avec des bagues de7 mm.

Le contrôle du nid est assez bien accepté tant qu'onle fait très calmement. Moi-même j'ai des femelles queje dois déplacer pour faire le contrôle. Peut-être est-ceparce que je le fais très régulièrement. Selon monexpérience, je peux dire que les jeunes quittent le nidquand ils ont l'âge de 52 jours. Je peux encore donnerune remarque : un ino quitte le nid après environ 52jours, un oiseau de couleur sauvage quitte le nid après50 jours et le bleu quitte le nid après 48 jours. Les jeu-nes oiseaux ressemblent, en quittant le nid, à lafemelle, à l’exception naturellement des rectrices pluslongues chez l’adulte.

LA VOLIÈRE. Chez moi les volières ont presque tou-tes la même dimension, 3,75 m de longueur, 0,90 mde largeur et environ 2 m de hauteur. Elles sont com-

49Perruche de Derby - Indochine

dans la relation du couple. Le mâle se redresse avec lesépaules lissées et les pupilles qui se réduisent jusqu'à lagrandeur d'une tête d’épingle. Mais l'éleveur doit restertrès attentif car il arrive souvent que même après l'ac-couplement, le mâle soit rejeté par la femelle.

La saison d'élevage peut commencer très tôt dansl'année, entre le début mars et mi-mai. Naturellementl'éleveur est pressé d’installer ses nids. Moi-même j'aicommis cette erreur en 1987. C'était un hiver trèsfroid mais fin janvier, le temps étant redevenu plusagréable, je décidais de suspendre les nids. Mais finfévrier on a eu une dizaine de jours de gelées matina-les avec des températures en dessous de 10° dans lajournée. Conclusion : des femelles ne voulaient pluscouver, des œufs ont été gelés et des femelles ontattrapé le mal de ponte. Bref, la saison était pour unegrande partie perdue.

Maintenant je suspends les nids le dernier week-end de février. Certains disent que c'est trop tôt etd'autres disent que c'est trop tard. Mais je ne me laisseplus influencer. C'est le résultat qui compte et je nepeux certainement pas me plaindre, sauf pour la sai-son d'élevage de 1997 où certes il y avait d'autres rai-sons à cet échec.

J'utilise toutes les sortes de nids. Il y a des couplesqui n'acceptent que des nids naturels, donc je les leurfournis. Ces nids ont une hauteur d'environ 60 cm etont un diamètre d'environ 25 cm. La plupart des nidssont de ma fabrication. Ils ont tous les mêmes mesu-res. Mais j'ai aussi trois couples qui n'ont qu'un nidd'environ 40 cm de hauteur et 25 cm de diamètre.Quand j'achète un nouveau couple ils ont le choix audébut de la saison entre trois nids. Ceci pour les per-ruches à collier et les perruches à tête ardoisée.

Pour les espèces plus petites comme les perruches àtête prune j'ai des nids d'environ 50 cm de hauteur et20 cm de largueur. Je n’utilise ici que des nids de mapropre fabrication. Et jusqu'à présent je n'ai jamais eude problèmes.

Les Perruches d’alexandra ont un nid de ma fabri-cation, de 75 cm haut et un diamètre de 30 cm. Danstous les nids, j'ai mis une grille pour aider les oiseauxà monter. Il y a des éleveurs qui utilisent des nidsobliques. Moi-même je ne les ai pas encore utilisés,donc je ne peux pas mentionner de résultats. Commefond de nid, j'utilise des copeaux de bois, de préfé-rence de bouleau, de saule, de peuplier mais surtoutpas de bois de tropique.

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51Actualités

plètement couvertes, alternativement avec un pan-neau foncé et un panneau transparent. Les cloisons etl’endroit où sont suspendus les nids, sont protégésavec des planchettes en plastique et le reste est com-plètement en grille. Tous les piliers sont en métal. Jel'ai fait parce que, surtout les grandes espèces, sont desrongeurs. Je n’ai pas de cage d'intérieur.

Pour les perruches à tête rose et à tête prune j'ai lesmêmes volières. Je ne pense pas que ce soit nécessaired’avoir une volière aussi grande mais qu'une volièrede 2,75 m sur 0,90 m et 2 m de hauteur soit suffi-sante. Beaucoup d'éleveurs ont entre leurs volièresune grille double. Moi je ne l'ai pas encore. Person-nellement il m'est arrivé une fois que parmi deuxcouples dans des volières voisines, l’un d'eux cher-chait un nouveau partenaire dans la volière voisine.L’oiseau n'était pas satisfait du partenaire que je leuravais donné. D'autres amateurs s'assurent que les Per-ruches à collier ne peuvent pas se voir. Les parois dela volière sont alors faites complètement de panneauxen bois ou de planchettes en plastique le long de toutela volière. Chez beaucoup d'amateurs, il y a un côtéqui est pourvu d’un grillage ainsi les psittacula peu-vent encore se suspendre quelque part. Si vous n'avezrien d'autre que par exemple des perruches à collier etleurs congénères alors il est nécessaire de les sépareravec une paroi non transparente. Je ne vois pas d'au-tre solution. Je prévois dans les volières des branchesépaisses, pour me rendre la tâche plus facile. Cesbranches sont très vite réduites en allumettes. Deplus, si les perruches à collier ou leurs congénères nepeuvent pas mettre leurs pattes tout à fait autour dela branche, les doigts ne risquent pas si rapidement degeler lors de nuits très froides.

NOURRITURE. Comme nourriture, les Psittaculaen ma possession reçoivent un mélange que j'achète etun mélange que je fais moi-même. La seule différenceest que dans mon mélange il y a plus de grosses graines,mais moins de graines de tournesol. Cette dernière estaugmentée en hiver. Elles reçoivent aussi une gammeassez complète de fruits et tout ce qu'on peut trouverdans la saison. Comme cela, elles reçoivent des gratte-culs, des carottes, des pommes… Chose remarquablechez moi, les couples de Psittacula utilisent peut depâtée aux œufs. Je préfère donc ajouter des fruits.

Pour terminer avec ce qu'on a commencé, je vouspropose de revenir sur notre Perruche de Derby, les

éleveurs de cette espèce sont rares surtout dans notrepays. Mais il y a un éleveur connu, Seynaeve DIRK dela scierie du même nom qui a accepté de communi-quer son expérience pour à la rédaction de cet article.

En discutant avec notre ami DIRK, je suis devenuamoureux de cet oiseau il y a une huitaine d'années envoyant lors d’une bourse, un couple d’oiseaux adultesavec ses couleurs magnifiques. Ma femme les aimaitaussi. Bien que les Perruches de Derby aient la réputa-tion d'être de grands rongeurs, cela ne m'effrayait pas(et pour cause, les jeunes de l’Alexandra sont dix foisplus terribles). Je me suis mis à la recherche de jeunesoiseaux car je n'achète des oiseaux adultes que si je netrouve pas de jeunes ; en Limbourg j’ai trouvé très viteun couple non consanguin sexé que je suis allé cher-cher à la vente à Aarschot.

Sur le chemin du retour, elles ont démoli les partiesen bois du cageot de transport, ainsi celui-ci devenaitmoins lourd, mais il ne tenait plus que par quelques filsde fer. À la maison je plaçais ces oiseaux ensemble dansune volière d'un mètre intérieur et cinq mètres exté-rieurs sur un mètre de large, où ils pouvaient rester pen-dant les trois années suivantes en toute tranquillité.

Ces oiseaux reçoivent un mélange normal pour per-ruches de chez Rudy BETTENS en ajoutant parfois unpeu de “Cédé™” ou “d'Orlux™” et un peu de fruitsqu'elles aiment manger. Des branches de saule sontindispensables. La quatrième année je suspendais unnid (20 sur 20 avec une hauteur de 40 cm), le troud'entrée était de 7 cm mais cela était trop petit pourles oiseaux et elles commençaient directement à l'a-grandir et après un mois la femelle s'y tenait presquetoute la journée. Après un contrôle du nid je voyaisqu'il y avait 3 œufs, mais la femelle est très timide etchaque fois que je passais dans le couloir elle sortait dunid (cela s'est depuis beaucoup amélioré) et cela duraittrès longtemps avant qu'elle ne rentre à nouveau dansson nid avec en conséquence que les trois œufs fécon-dés ne pouvaient éclore.

L'année suivante de nouveau trois œufs, tous lestrois fécondés, la femelle couvait bien mais quand lepremier œuf éclorait elle ne couvait plus les autresœufs et les embryons mouraient (changer les œufsavec des œufs artificiels jusqu'à ce que la ponte soitcomplète serait une solution mais ni la femelle ni lemâle n’admettaient un contrôle et vu le bec dangereuxje laissais la nature faire son chemin, ainsi il y eutchaque année un seul jeune). �

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J’aimerais apporter un commentairesur la photographie du Perroquet duCap publiée dans l’excellent article

de Roland Seitre dans la revue de février2003, page 30. La légende mentionnéesous la photo de la sous-espèce P. f. sua-helicus est " mutation tête rose ". Or,selon mon expérience d’élevage desRobustus au Palmito Park sur laGrande Canari, les jeunes femelles d’uncertain couple avait une couleur sem-blable avant leur première mue, versl’âge environ de dix mois. Cette couleurdisparaissait ensuite pour être rempla-cée par la couleur de tête normale pourun femelle. Mes photographies mont-rent une de ces jeunes femelles, dans lenid, et avant la première mue. �

ROSEMARY LOW - Traduction Jeannette Sambroni

Perroquet du cap Poicephalus robustus

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Acridotheres tristis

La famille des sturnidés comprend lesétourneaux, les mainates et lesmartins. Leur taille rappelle

généralement celle d’un merle. Leplumage est élégant, la silhouette asseztrapue, le bec fort et pointu. Ces oiseauxgrégaires non seulement ne craignentpas l’homme mais le fréquentent, lui etses activités. Pour cette raison on ditqu’ils sont anthropophiles. Leur chantn’est pas très remarquable mais certainscomme les mainates imitent fort bien lavoix humaine. Ils se contentent d’unrégime pratiquement omnivore à base degraines, baies, fruits et insectes devenantde plus en plus insectivore en périodereproductive.La distribution des étourneaux est trèsétendue de l’Europe à l’Asie en passantpar l’Afrique à l’exception de l’Amériqueoù les troupiales occupent cette niche. Ondistingue plusieurs genres asiatiques :sturnus, acridotheres, gracula (mainate),ampeliceps et leucopsar (Martin deRothschild). En Afrique on rencontre le

genre spreo, lamprotornis, cosmosparus(Spréo royal), cinnyricinclus (Merleaméthyste) et onychognathus.Les étourneaux constituent d’excellentsoiseaux de volière où ils apportentvivacité et manières amusantes. Engénéral ils font montre de robustesse(étourneaux et martins) alors quecertaines espèces comme les Africainessont plus sensibles au froid et àl’humidité. De toute façon il estpréférable de les faire hiverner dans unabri chauffé à 10 ou 15 °C. La volièresera de bonnes dimensions et plantée, lesoiseaux sont peu destructeurs.Enfin en période de reproduction il estessentiel d’isoler les couples quideviennent très agressifs notamment vis-à-vis d’espèces de moindre taille. Toutessortes de nichoirs, paniers, bûches etc.,seront proposés ainsi que les éléments deremplissage comme la paille, les herbessèches, la mousse. Une grande jatted’eau fournira le bain très apprécié parces oiseaux attachants.

Textes de LYDIE GARCIA et JEAN-PIERRE LANDON

Photographies de ROLAND SEITRE,CYRIL LAUBSCHER et GUY BARAT

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Ordre : passériformes – Famille : sturnidés – Genre : acridotheres – Espèce : tristis – Taille : 23 cm

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Une passion précoce. Je m’intéresse aux oiseauxdepuis l’âge de 14 ans, surtout depuis mon départdu lycée. Mes parents en ont toujours eu, ondu-

lées et grandes perruches ainsi que des canaris, et à 16ans j’acquis mes premiers couples de Rossignols duJapon et de Mésias. Ces très beaux oiseaux eurent à mesyeux le tort de se régaler des œufs et des poussins de mesautres pensionnaires, c’est pourquoi je m’en suis séparé.Quand je pense aujourd’hui à cette période j’en ressensévidemment le plus grand regret. D’autres souvenirs merestent, vivaces et agréables, comme les visites avec mesparents des zoos et du parc de Villard-les-Dombes. Bienqu’élevant différentes espèces de petits exo-tiques j’ai toujours apprécié les merles etétourneaux et comme je lis dans larevue du CDE toutes les expériencesd’élevage j’ai voulu essayer à montour.

J’ai craqué pour des martinstristes détenus dans une oiselle-rie. Ils n’étaient que deux dans lavolière et la vendeuse me certifiaque c’était un couple parce que lemâle était beaucoup plus gros et lafemelle plus fine. Alors je les ai ache-tés plus pour leur plumage original etélégant que pour la vivacité de leurs cou-leurs. J’eus la chance de tomber sur un vraicouple, les sexes étant sans dimorphisme réel, d’unétat général satisfaisant bien que nourris de croquettespour chien, de pomme et d’eau sucrée.

Nous étions en février. et comme il faisait encorefrais, les martins furent installés en pièce hors-gel dansune grande cage (3 m x 0,90 m x 0,90 m) en compa-gnie d’un mainate et d’un merle pourpre. Tout ce petitmonde s’entendit très bien et se partagea sans pro-blème la nourriture composée de deux pâtées diffé-rentes : pâtée universelle et pâtée frugivore ainsi quedes fruits bien précis (pomme, orange et banane).

L’installation. Au mois de mars les oiseaux gagnè-rent une volière de 3 m x 2 m x 2 m avec un sas don-nant à l’intérieur. Je plaçai deux nids en bois de calop-sittes et un bac garni de paille de blé. La nourritureresta la même. Deux semaines plus tard les nidsavaient le fond garni de paille mais j’ignorais qui enétait à l’origine. Comme il n’y avait pas de continuitéje les vidai pour motiver les oiseaux à recommencer.Ce qui se passa la semaine suivante : les deux nidsétaient à nouveau garnis puis plus rien. Je revidai à

plusieurs reprises et le même scénario recommençaplusieurs fois jusqu’au mois de mai, c’est-à-dire à lamort brutale de deux oiseaux.

Je dois expliquer que ma volière se situe dans unangle du terrain, le mur du fond est celui qui la séparede la voie ferrée et le mur de gauche servant de fron-tière avec nos voisins dont les enfants un peu bruyantsaiment surtout jouer le soir à 21h30 et même plus.Cela coûta la vie à mon Mainate et à mon Merle pour-pre retrouvés morts au matin, la tête fracassée. Le bal-lon des enfants avait sûrement dû heurter le mur ou letoit pendant la nuit.

Tout de suite je remarquai un changementdans l’attitude de mes martins. Ils se

mirent sérieusement à remplir le niddans la semaine qui suivit l’accident.

Les matériaux utilisés : paille de bléet herbes sèches y compris desbouts de plastique, bref tout cequi traînait dans la volière ! À lami-mai la femelle pondit ses qua-tre premiers œufs. Je regardai lemoins possible de peur de voir les

oiseaux quitter le nid, il faut direqu’ils étaient de naturel sauvage ce

qui ne facilitait pas le contact. J’es-sayai, sans succès, de mirer les œufs de

couleur sombre tachetés de marron. Commeils avaient l’air assez lourds j’en déduisis qu’ils pouvaientêtre tous fécondés.

55Martin triste - Indochine

Plus personne ne peut ignorer aujourd’hui les difficultés grandissantes concernantl’importation d’oiseaux exotiques. Les frontières s‘ouvrent, rarement, se ferment,le plus souvent, et dans ce cas c’est pour un bon moment. Depuis plus de deuxans il n’y a aucun quota d’importation des deux leiothrix familiers de nos voliè-res, le jaune ou rossignol du Japon et celui à joues d’argent ou mésia. Leur prix

s’envolent quand ils sont issus de captivité et tous ceux qui en ont possédé regrettent amè-rement de ne pas avoir tout tenté pour les faire se reproduire.Il n’y a plus de raisons d’hésiter, l’élevage des oiseaux d’importation est devenu d’une abso-lue nécessité. Et plutôt que de se lancer dans l’achat d’espèces spectaculaires, l’ornithologiespectacle ou de paillettes n’est plus de mise, autant se faire la main sur des plus simples, bienmeilleur marché et qui ne sont pas trop exigeantes question nourriture et conditions dereproduction. Par exemple les martins. Représentants de la famille des sturnidés ils sont ori-ginaires d’Asie (Inde et Chine) et s’accommodent bien d’une bonne pâtée pour insectivoresenrichie de viande hachée, fromage râpé, jaune d’œuf dur émietté et raisins de Corinthegonflés à l’eau. Certains se délectent de confiture et de fruits tels que la pomme. Les nour-rir n’est donc pas très compliqué. Quant à la reproduction elle est assez facile si la volière estde taille suffisante. Un petit bémol cependant, ces oiseaux familiers et intelligents vont êtreagressifs en période de reproduction alors qu’ils se montrent d’un naturel pacifique le restedu temps. A prendre en compte évidemment comme ont su si bien le faire Lydie Garcia etJean-Pierre Landon qui nous révèlent leur expérience d’élevage du Martin triste.

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ÉLEVAGE DU MARTIN TRISTEG. BARAT. Fin’s Club Récit d’élevage de Lydie Garcia (Bourgoin-Jallieu)

Aire derépartition duMartin triste

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© Photo Cyril Laubscher

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Naissance et développement des jeunes. Au quin-zième jour naquirent les poussins au nombre de quatre,nus car sans duvet. Leur bec était large à la base et trèscourt mais il s’allongea au fil des jours. Dès la naissanceje distribuai des vers de farine trois fois par jour ainsiqu’un godet de pâtée insectivore enrichie d’œufs defourmi et d’insectes séchés, ceci en plus de leur alimen-tation habituelle. J’épiai discrètement les parents lorsdu nourrissage et je me rendis compte alors de l’impor-tance de leur rôle. La première semaine les martins ava-lent les vers et boivent de l’eau puis vont apporter cemélange à leurs petits. En seconde semaine ils leur dis-tribuent les insectes directement, on les voit dépasser dubec. Et toujours une pâtée insectivore avec insectesséchés, œufs de fourmi ainsi que de la pomme.

Au 10e jour je baguai en 5,5 mm. Tout se passapour le mieux jusqu’à la troisième semaine où je fusmoi-même malade. Je n’ai donc pu continuer ma sur-veillance. À mi-juin une vague de chaleur s’abattit surla région et je perdis toute ma nichée sauf un jeuneretrouvé à terre. Je l’ai alors élevé à la main avec lamême pâtée que celle des parents. Cette nourritureétait humidifiée et donnée à la cuiller avec de trèspetits bouts de pomme et de vers de farine.

Quinze jours après, au début de juillet, les parentsmartins refirent le nid et de nouveau quatre œufs vertémeraude avec des taches brunes. Éclosion seulementde trois poussins, le quatrième ayant disparu. Tout sepassait pour le mieux jusqu’à ce qu’à la seconde semaineoù les chemineaux vinrent débroussailler la butte de la

voie ferrée derrière la volière. Comble de malchance lesvoisins à leur tour se sont mis au débroussaillage et lesmartins, totalement dérangés, abandonnèrent le nid.J’ai malgré tout récupéré les trois oisillons légèrementemplumés et tenté de les élever à la main avec la mêmepâtée que ma mère utilise pour nourrir les perruches àla seringue. Ayant déjà réussi à sauver ainsi des manda-rins et des canaris je croyais à la valeur de cette méthodemais les petits martins moururent au sevrage, tous bienronds et bien emplumés. Lors d’une conversation avecun éleveur ce dernier m’expliqua que ces pâtées pourélevage à la main ne sont valables que pour des grani-vores. Dans le cas des martins la pâtée, trop riche en fer,a causé une atteinte hépatique mortelle. Les martinssont retournés au nid en septembre mais l’arrivée dufroid les a contrariés.

En conclusion. J’espère que ma triste mais enrichis-sante expérience servira à d’autres éleveurs pour éviterces erreurs de débutant. La reproduction s’étale de maià août et je dois attirer l’attention sur l’agressivité deces oiseaux à cette période. C’est ainsi que le premierjeune que j’avais sevré fut attaqué quand je l’ai remisavec ses parents.

D’autre part, je pense que contrairement à ce quis’est passé chez moi il est bon d’avoir une volière plan-tée pour la tranquillité des oiseaux. Les martins tristessont d’un naturel peu exigeant et leurs cris sont sup-portables. En outre, comme bien des oiseaux d’Asieleur robustesse est remarquable contrairement à ceuxdes pays chauds (Afrique et Amérique du sud).

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Jean-Pierre Landon est un éleveur très expérimentéqui vit en Dordogne. Dans ses grandes volières ilélève avec beaucoup de soins et de mérite de nom-

breuses espèces d’insectivores, notamment le martintriste dont un des jeunes lui a valu le titre de vice-champion du monde au dernier Championnat mon-dial d’Amiens. Une gloire bien méritée qui honore l’é-levage français et lui permet de donner des conseilsjudicieux et suivis jusque sur Internet.

Les débuts de l’aventure. En 1999, lors d’une foirerégionale d’animaux, un marchand présentait diversoiseaux en cage. L’une de celles-ci en contenait cinq detaille moyenne. Je lui demandais quelle était cetteespèce, il me répondit qu’il s’agissait de Martins tristes.Le prix étant dans mes moyens, je lui dis que je vou-drais bien en acheter deux, mais que c’étant pour lareproduction je voulais donc un couple. Il y avaitquatre oiseaux assez élancés et un plus petit. Je repar-tis avec celui-ci et l’un des quatre. Je ne me faisais pastrop d’illusions mais je voulus tenter le coup.

L’installation. Au fil du temps, les oiseaux étantdans un tunnel de 50 m2 au sol, avec un abri dans lefond de 6 m3, je voyais bien la différence de taille etd’autres points un peu moins voyants. Donc danscette volière il y a des Leiothrix jaunes dont les jeu-nes sont de 1999 et 2000, des Leiothrix à joue d’ar-gent (mésia), des Bulbuls orphée, Mandarins,Paddas, grosses colombes et cailles.

En 2000, pas de reproduction de mes Martins,donc pas de dégâts. En 2001, à la mi-juin, alors queje visite les nids, je trouve quatre œufs dans unnichoir du genre “petites perruches” fixé en long avecun bout de latte à l’entrée, aux dimensions de 50 cmen longueur sur 15 cm de profondeur et 15 cm dehauteur. Il y avait quelques brindilles à l’intérieur etles œufs posés sur la planche. Ils étaient de couleurbleu-vert et assez gros. Je me demandais qui avait pules pondre mais j’en déduisis que c’était les Martins.

Le 1er juillet un petit naquit puis les autres en sui-vant. Les jeunes martins ont un très grand bec, parconséquent besoin de beaucoup de nourriture. Si lespâtées grasses aux œufs et les insectivores sont laisséesde côté, par contre les vers de farine, les asticots et lesteignes de ruche sont fournis en abondance. Sontégalement appréciés un peu de croquettes pour chatou de chair à saucisse ainsi que divers fruits.

Le 11 juillet je décide de baguer car de jour enjour on voit la différence de taille. Trois oisillons sont

bagués en 5,5, le quatrième en 6,5, le diamètre pré-cédent s’avérant trop petit.

Le 23 juillet deux jeunes s’envolent et le lende-main c’est au tour des deux autres. Tous volent trèsbien. Leur plumage est un peu plus terne que celuides parents. Durant ce mois de juillet je procède à unchangement de nourriture avec retour aux graines etpâtées complétées d’insectes vivants.

Je dois préciser que malheureusement il y a eu dela case dans les autres espèces. Les Martins ont com-mencé avec deux paddas que j’ai retrouvés avec ledessus de la tête déchiqueté, a suivi une nichée debulbuls à peine sortis du nid et après les mandarins.Par conséquent et en guise de conclusion il ne fautlaisser en compagnie des Martins que des espècesplus grosses. En ce qui me concerne je vais les mettredans un ex-couloir à perruches.

Fin octobre les jeunes sont mis à part, prêts pourles concours. Comme nourriture : pâtées et fruits desaison.

Malgré ces quelques déboires on en apprend tousles jours. J’espère qu’il y aura d’autres Martins etc.,pourquoi pas, d’autres espèces ? Ces oiseaux sontd’une telle élégance et si attachants !

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Récit d’élevage de Jean-Pierre Landon (Audrix)

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C’était un beau mâle, la cane était dansl’eau, un peu plus loin, il n’était pasfarouche et se laissait approcher de

très près sans toute fois pouvoir le toucher,j’étais heureux… J’ai su à cet instant qu’unjour viendrait où je pourrai l’admirer chezmoi. Je discutais, bien entendu, de cet objec-tif avec mes fils qui partagent cette passion etqui me poussent toujours à satisfaire de telsdésirs, on les comprend !Quelques années se sont écoulées, notreexpérience en matière d’élevage d’Eider àduvet s’est affirmée, nous nous sentions prêtspour nous lancer dans cette aventure. Leséchos que nous avions sur les expériences dedétention n’étaient pas très favorables,l ’espèce est particulièrement sensible àl’aspergilose, la mortalité est importante.Nous avons rencontré des éleveurs ayanttenté l’expérience sans résultats, en y laissantdes “plumes” si vous me permettez l’expres-sion. Ces nouvelles freinaient momentané-ment nos ardeurs, mais il faut dire qu’àchaque fois qu’il nous a été donné de voir cetoiseau, en particulier chez Makins, chezZABELL à Walsrode, chez kooy, la passionreprenait le dessus, et les freins se desser-raient.Tout vient à point à celui qui saitattendreUn concours de circonstances nous permis derencontrer un Allemand qui élevait des eidersà lunettes, celui-ci nous expliqua qu’en faittout était lié à la nourriture de l’oiseau et quela mortalité rencontrée pouvait être due à unepoussée d’aspergillose dans certains cas, maisqu’il ne fallait pas sous estimé les candidosesqui peuvent être aussi à l’origine d’une morta-lité importante. Selon lui la nourriture dispo-

nible n’est pas bien adaptée à ces oiseaux d’o-rigine sauvage qui développent, dès que l’oc-casion se présente, une candidose ou uneaspergillose. Il faut être vigilant et ne pastolérer la moindre moisissure dans les parcs.LUDGER, c’est son prénom, nous expliquaqu’il avait travaillé, en collaboration avec desvétérinaires et des spécialistes de la nourriturede la faune sauvage, à l’élaboration d’un nou-vel aliment adapté aux exigences des oiseauxmarins, depuis qu’il nourrissait plongeons,macareux, guillemots, Eiders à tête grise,Eiders à lunettes, du pacifique, Harelde deMiquelon, et j’en passe, il avait résolu un cer-tain nombre de problèmes, la mortalité étaitbeaucoup moins importante. Il n’en fallait pasplus pour nous convaincre. La décision futprise de lui retenir un couple d’eiders à lunet-tes. Nous sommes convenus que la période lamieux adaptée au transport serait la fin del’année. Voila une affaire bien engagée.Le jour “J” était arrivé, c’était le 28 octobre,nous avons fait près de quatre cents kilomèt-res pour rencontrer notre éleveur. Nous avonschoisi notre couple après avoir passé quelquesheures en compagnie de LUDGER. Nousavons visité les installations et beaucoup dis-cuté d’élevage, mais je ne veux pas m’étendresur le sujet car il y aurait beaucoup à écrire.Nous sommes rentrés le jour même tardive-ment, et ce n’est que le lendemain matin quenous avons placé notre couple dans un parcadapté aux exigences de la détention d’un teloiseau c’est-à-dire une eau fraîche et propre.Le couple s’est adapté très vite au parc encompagnie d’un couple de Macreuses brunesd’un couple de Harles huppés et d’un couplede Garrots albéoles.

TEXTE ET ÉLEVAGE DE PAUL MARGUIER

Expérience d’élevageC’est à Slimbridge que j’ai rencontré , pour la première fois, un eider àLunettes, il était sur la pelouse en fleur, je l’ai observé assez longuement,je l’ai pris en photo, j’étais tout excité de pouvoir approcher de si près untel oiseau que je n’avais pu contempler que dans les livres.

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C o m i t é d e s G r a n i v o r e s A f r i c a i n s , A s i a t i q u e s e t A m é r i c a i n s

L ’ E I D E R À L U N E T T E S

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Page 18: TEXTE ET PHOTOGRAPHIES DE ROLAND SEITRE · et peu farouches de nature se laissent apprivoiser. Ils arrivent le matin au lever du jour et attendent, patiemment perchés dans les arbres,

Dans une mangeoire suspendue au-dessus del’eau nous avons mis de l’aliment “Lundiexquisit™”, seule nourriture que nos oiseauxpuissent trouver dans le parc. Une précisionqui a beaucoup d’importance, le parc est trèsombragé, c’est un point qu’il ne faut pasnégliger si vous décidez de tenter l’expérience.Les eiders supportent mal la chaleur d’unemanière générale et l’Eider à lunette en parti-culier. Nous avons vécu des moments diffici-les durant l’été car bien qu’ayant de l’ombre,quand la température extérieure passe lestrente degrés on observe qu’ils ouvrent le becpour respirer… Dans ces moments-là on peuttout craindre, si l’oiseau n’est pas en bonnecondition, il peut en mourir.La première année se passa sans problème,nous avons vécu de grands moments telle-ment ces eiders sont peu farouches, d’unnaturel très curieux, ils viennent vers vousdès que vous vous approchez du bassin, lacane vous “parle” et ses mouvements de têtesont autant d’interrogations qui ne trouventpas de réponses. En juin, la cane de Harlehuppé pondit son premier œuf à l’extérieur

du nid dans l’herbe, le couple d’Eiders àlunette s’accapara l’œuf, et la cane ramenatous les matériaux qu’elle pouvait trouverpour faire un nid, le mâle participait aussi àl’effervescence du moment. À n’en pas dou-ter l’instinct maternel de la cane était là et lacouple était bien formé. Autre point qu’ilfaut signaler, c’est la mue qui n’en finit pas lapremière année, le plumage n’est jamais trèsuniforme, on se pose des questions, maisc’est tout à fait normal.Dès le mois d’octobre notre mâle devientmagnifique ses “lunettes” sont bien mar-quées, le plumage qui descend sur le bec estjaune vert et se termine comme un bourreletblanc, passant légèrement au-dessus desnarines. Le dos est blanc, le jabot et le restedu corps sont noirs. La cane très belle, bienmarquée, avec des nuances de marron foncéet de beige contraste avec le mâle. La pre-mière mue est un moment très attendu parceque le mâle se met enfin en couleur, on peutl’admirer comme il se doit, cela dit la mue esttoujours une période à surveiller car on peutavoir de mauvaises surprises…

63Eider à lunettes - Arctique

OISEAUX DE PARCS

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OISEAUX DE PARCS

NOM ANGLAIS. Spectacled Eider.

DISTRIBUTION. Côte occidentale de l'Alaska,plus abondants dans le delta du Yukon, côtesde Russie.

CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES .Dimorphisme très apparent ; les ailes du mâlesont légèrement plus longues avec 255 à267 mm pour 240-250 mm à la femelle. Lepoids diffère peu, les mâles 1,630 kg pour1,600 kg pour les femelles. Ils sont très diffé-rents des autres espèces d’eiders, ne serait-cede par la couverture de plume (orangée clairpour le mâle et gris bleu chez la cane) qui cou-vre le bec jusqu’au niveau des narines. Les pat-tes sont jaune claire chez les deux sexes.Passons outre la description de la livrée, les cli-chés parlent d’eux-mêmes, mais notons tout demême ce qui donne tout le caractère de cetteespèce : le cercle de plumes brun noir quicerne l’œil.

HABITUDES ALIMENTAIRES. Dans le milieunaturel, ces oiseaux sont éclectiques dans lechoix des aliments et plutôt omnivores. Unegrande partie de ce régime est constituée demollusques (couteau, clamps…), mais ils yajoutent des végétaux (herbes, jeunes pousseset algues). Les juvéniles se délectent de petitsanimalcules (micros crustacés, larves, etc.).Les Eiders à lunettes ont une habitude particu-lière : ils mouillent la nourriture avant de l’in-gurgiter.

REPRODUCTION EN MILIEU NATUREL. Leslieux de reproduction privilégiés sont situéssur les côtes ouest de l’Alaska et les cotesdu nord est de la Sibérie. Les couples nese forment qu’à la saison de reproduc-tion ; ces couples se dissocient ensuite.Après la parade, les appariementssont souvent observés à terre prèsdes nids ou sur des pièces d’eau àla périphérie. Les nids sont conçusd’herbes sèches. La toundraaccueil le un bon nombre desreproducteurs. Les pontes sonttrès souvent constituées de 4 à 5œufs, mais peut comporter 1 à 8œufs pondus à fréquence d’unpar 24 heures. Les canes s’ab-sentent très peu des nids et lesdéfendent farouchement.L’incubation est de 24 jours et lesjeunes sont autonomes après 55jours. Ils ne seront matures qu’àdeux ans. Après la saison de repro-duction, les eiders rejoignent leszones d’hivernage. Ils ne se déplacentau ras de l’eau, qu’en petits groupes,de 2 ou 3 oiseaux quand ils ne sont pas

seuls (rareté oblige). Ils ne sont vraiment gré-gaires que pendant la saison de reproduction.Avant la diminution des effectifs mondiaux, onpouvait les observer en petites colonies.

STATUTS. Devenus rares dès 1970 et déclarésvulnérables dès 1993, on pense qu’ils neseraient plus que 150 000. La chasse et leramassage des œufs furent les principales cau-ses de leur déclin. Des oiseaux collectés dansces zones présentaient des traces de métauxlourds (sélénium, cadmium…) et de césium 137(0,079 Bq/g). Aujourd’hui, on ne connaît pasbien ses quartiers d’hiver. Si on préserve sareproduction naturelle dans les zones connues,c’est beaucoup plus difficiles dans les zonesd’hivernage par méconnaissance (peut être enmer de Béring voire la frange sud de la ban-quise arctique ; des oiseaux y ont été observéssur des glaces dérivantes). La première repro-duction captive n’eut lieu qu’en 1976. En capti-vité les populations restent stables sans explo-ser. Un autre eider fut dans la même positionprécaire : l’Eider de steller (Somateria stelleri) ;les dispositions prises par le Canada pour saprotection furent plus favorables à remonter leseffectifs.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’EIDER À LUNETTES Le caneton était magnifique,ses lunettes étaient biendessinées et tout se passaitsans problème. Un ami quiavait eu des jeunes l’annéeprécédente, c’est d’ailleurs leseul en France, à maconnaissance qui a uneexpérience d’élevage meconseilla de mettre le jeuneeider avec les parents aprèsune quinzaine de jours dèsque le plumage commence.Effectivement la croissanceest assez rapide nous l’avonsbaguée au dix-huitième jourc’était une femelle, aprèsquoi nous sommes allés lamettre avec les parents. Dèsqu’ils ont entendu le petit cridu poussin ils sont venus verslui et ne l’ont plus quitté,l’entourant de toute leurattention. Ce fut un grandmoment d’émotion et jesavais que la partie étaitgagnée.

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une nichée complète on aurait pu les laisserensemble. La petite cane poussait sansaucun problème et devenait aussi familièreque ses parents.Pendant ce temps, sous la cane mignon, unœuf était fécondé, la naissance en éclosoir nefut pas facile, et le caneton vécu deux jours.Concernant les trois autres œufs, un seulévolua normalement, une petite cane est née,que nous placions en éleveuse. Nous l’avonsélevée comme la première, mais lorsque nousavons voulu la remettre avec les parentsaprès 18 joursD’éleveuse, la réaction de la mère n’a pas étéla même, elle ne s’est absolument pas occu-pée de la petite cane, sans doute parce qu’ellen’avait pas couvé elle-même assez longtemps.Je ne la laissais pas dans le parc et la mettaitdans une éleveuse adaptée.En conclusion, je peux dire que compte tenu

de mon expérience personnelle qui est assezlimitée, je pense que l’on peut, dans certainesconditions, détenir ces oiseaux. Il faut dispo-ser d’un forage qui apporte en permanence del’eau propre. Ensuite il faut dispenser unenourriture riche en protéines le “Lundi exqui-sit™” par exemple. Je pense que je n’aurai pasdû laisser la jeune cane avec les parents, carcelle-ci a manifestement perturbé le couple aumoment de l’accouplement. On peut direaussi que la cane peu pondre quinze œufs surune période de 20 jours. Ce qui est surprenantc’est qu’il n’y ait pas eu d’arrêt de ponte entreles six premiers œufs et les huit autres.J’espère qu’en 2003 notre expérience pourras’enrichir de nouveaux éléments qui permet-tront de faire avancer l’élevage de l’Eider àlunettes avec un succès plus franc. Je ne man-querai pas de vous donner des complémentsd’informations, expérience à suivre.

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OISEAUX DE PARCS

Pour notre couple tout s’est très bien passéle mâle commençait à parader, après unmouvement de la tête en arrière il émet unson grave et caverneux à la fois, la canes’active sans cesse autour de lui et le poussesans arrêt comme si elle voulait qu’il s’oc-cupe d ’elle. Vers le début de mai nousétions très surpris de constater qu’elle s’ar-rondissait, discrètement certes, mais c’étaitune réalité, nous caressions donc l’espoird’avoir une ponte. Effectivement elle s’acti-vait autour d’un nid bordé de pierre avec dela tourbe et du foin. Le 19 mai 2001 noustrouvions un œuf dans le nid, un bel œuf decouleur vert clair de la taille d’un œuf deBernache à cou roux. Le lendemain il yavait un deuxième œuf, au septième jour deponte il y avait six œufs et la cane se mit àcouver. Inutile de vous dire que la sur-veillance était très rapprochée, nous nousdemandions si les œufs étaient fécondés carle couple avait deux ans et par expérienceavec les Eiders à duvet on sait que le mâlen’atteint sa maturité sexuelle qu’à l’âge detrois ans. Au dixième jour nous décidionsde mirer les œufs, cette manipulation étaitd’autant plus facile que la cane sortait dunid de temps à autre pour aller se nourrir,c’est là un comportement nouveau par rap-port aux eiders à duvet qui ne quittent pasle nid. Avec la mire œuf à piles, extrême-ment pratique, nous pouvions mirer les sixœufs, un seul œuf était fécondé, nous étionsau comble du bonheur car je n’espérais rien.Pour ne pas perturber la cane qui venaitdéfendre le nid sans grande d’agressivité,nous lui laissions quatre œufs. Le dimanche17 juin, jour de la fête des Pères, mon filsFABRICE allait contrôler le nid le jour de lanaissance devait arriver, effectivement lepetit eider venait de naître, il était encoremouillé. FABRICE l’enlevait à sa mère etnous le placions dans l’écloserie pour lefaire sécher, désolés de n’être pas arrivésavant l’éclosion. Le lendemain nous le pla-cions dans une éleveuse en avec une goutteà goutte de la semoulette et du “microlundi™”, l’éleveuse avait été désinfectéepour éviter tous problèmes. Le caneton, quisemblait un peu fragile le premier jour, semit à manger et dès le lendemain devenaitbien vigoureux. Nous ne pouvions pas éle-ver seul ce petit eider, il fallait que sesparents lui fasse son “éducation”, le pro-blème eut été différent si nous avions eu

oiseaux exotiques, mai 200364

OISEAUX DE PARCS

Mâle immature. On peutremarquer les différentesvariantes du plumage et ondevine le poitrail de couleurbeige marron, quideviendra noir.(@ photos Paul MARGUIER)