Texte - users.polytech.unice.frusers.polytech.unice.fr/~blay/WAI/Les TIC de la cécité (25 … · Web viewFaculté de Lettres, Arts, et Sciences Humaines. Centre de Recherches

UNIVERSITE DE NICE SOPHIA ANTIPOLIS

Faculté de Lettres, Arts, et Sciences Humaines

Centre de Recherches sur les Médiations culturelles et Technologie de Communication (MédiaTeC)

Directeur : M. Yannick GEFFROY

D.E.A en Sciences de l’Information et de la Communication, technologies de communication et culture, communication

visuelle, réseaux et formes de sociabilité

MEMOIRE DE DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES

Jury : Monsieur le Professeur Yannick GeffroyMonsieur le Professeur Norbert Hillaire, directeur de recherchesMonsieur Marçin Sobieszczanski, maître de conférence

Jean L’Herbon de Lussats

Octobre 2002

UNSA DEA en SIC J.H.L. « Les TIC de la cécité » Octobre 2002 Page 1

A Agatha, Damien et Florian,


Remerciements

Je tiens à remercier ici mes professeurs et les enseignants du DEA de Sciences de l'Information et de la Communication, réunis autour de Yannick Geffroy et de l'équipe du laboratoire MediaTeC;

Je tiens aussi à remercier les étudiants de la première promotion du DEA qui m'ont entouré de leur affectueuse camaraderie;

Je tiens aussi à remercier tout particulièrement Patrick et Charles Camilletti, Ronald Tourangin et Joëlle Rabarin qui n'ont pas mesuré leur temps et leur patience pour m'assister;

Je tiens à remercier la communauté des aveugles et des personnes qui se sont dévouées à leur cause et en particulier: Claude Garrandès, Jean-Philippe Lafaille, Jean-Luc Augaudy, Stéphane Hagues, Marc Chalbot, Alain Jouveaux, Tanguy Lohéac, et Dominique Burger, Annick Leveau, Jean-Noël Monge, Max Bouvy, Corinne Cipre;

Et mes amis Simon Fahmy et Dominique Remacle ;

Et ma petite sœur Laurence Recoules.


Avant-Propos

Quand, en novembre 2000, j'ai appris la création d'un DEA en Sciences de l'Information et de la Communication, j'ai pris la décision de rejoindre l'équipe de M. le Professeur Yannick Geffroy pour préparer une thèse développée dans cette université. En effet, je souhaitais depuis longtemps faire profiter les handicapés visuels de ma familiarité avec les technologies de l'information et de la communication qui étaient mon environnement professionnel depuis vingt-cinq ans.

Devenu aveugle depuis dix ans, j'ai dû accomplir tout le parcours du nouveau handicapé, expérimenter le regard des autres, leur exclusion et certaines solidarités, tout en apprenant les techniques qui me permettaient de tenir ma place dans les réseaux familiaux, amicaux, associatifs et professionnels qui constituent l'environnement d'un habitant de cette Terre en ce début de troisième millénaire.

Je souhaiterais, après ce diplôme d'études approfondies, préparer une thèse qui sous-tendrait et crédibiliserait mon action pour établir une synergie, autour des technologies de l'information et de la communication, dédiée à la compensation du handicap de la cécité.

J'avais sous-estimé le travail de rédaction d'une telle entreprise, mais voilà enfin que je vous présente un travail conforme à ma note de projet de décembre 2000. J'espère que ce travail de mise en perspective sera assez complet pour me permettre de passer à l'étape suivante.

J.H.L., Monaco, octobre 2002.

P.S. : Ce mémoire a été soutenu le 25 octobre 2002, Il a reçu la mention « Très Bien ».


Plan

PREMIERE PARTIEConditions cognitives de la cécité.

A - Perception sensitive du monde extérieur :

1 Perception auditive,2 Perception tactile,3 Perception olfactive,4 Perception gustative.

B - Représentation intellectuelle :

1 Représentation imagée,2 Représentation abstraite,3 La mémoire,4 Le langage et la condition de la cécité .

DEUXIEME PARTIE :Moyens traditionnels et évolution ergonomique de cette cognition.

A – Moyens :

1 L’alphabet en relief,2 Le braille,3 Le braille informatique,4 La radio,5 Le téléphone,6 Le développement des synthèses vocales.

B - Evolution de l’ergonomie de la perception et du traitement de l'information pour la cécité, par rapport au texte :

1 Personne lisant,2 Personne lisant enregistrée,3 Personne saisissant un texte à la machine énoncé par une synthèse vocale,4 Texte numérisé en ligne énoncé par synthèse.


TROISIEME PARTIE :Cécité et NTIC: problématiques.

A - Constat et état des lieux :

1 Les prolongations et le paradoxe du handicap visuel ;2 Le virtuel et la cécité, suite de paradoxes ;3 L’hypertexte et la navigation sur l’internet ;4 L’état actuel des moyens adaptés permettant l’accès au contenu des NTIC :

a) - Le multimédia en général,

a-1 Le minitel adapté,a-2 La plage braille,a-3 Le bloc-notes braille,a-4 Le cinéma en Audiovision™,

a-5 La diffusion du cinéma : télévision, DVD,a-6 Le livre numérique,a-7 Les bibliothèques de CD-Rom,a-8 Le serveur en ligne (Sedodel),a-9 Le centre opérationnel de Poitiers ;

b) - L'internet adapté,

b-1 Les périphériques d'accès à l'ordinateur pour les déficients visuels : dispositif ergonomique,

b-2 Les normes d’accessibilité au Web : la W A I,b-3 La question de l’e-learning,b-4 L’analyse du réseau bien adapté à la cécité,

b-4-1 Groupe de discussion et d’entraide pour aveugles sur le réseau,

b-4-2 Sites Web spécialement adaptés,b-4-3 Sites Web grand public avec adaptation,

b-5 Exemple de financement d’adaptation par le Mécénat.


B -Perspectives de développement de NTIC adaptées à la condition de non-voyant :

1 Problématique ;2 Prospectives technologiques d’accessibilité ;

a) L'Intelligence Artificielle :a-1 Historique,a-2 Situation actuelle et conséquence pour la vision artificielle.

b) L’œil artificiel :b-1 Les résultats de l’équipe de William Dobelle,b-2 L’œil biologique du Docteur Asashima,b-3 Le troisième œil : œil artificiel performant,b-4 Une recherche en devenir.

c) Les questions de l’haptique :c-1 Définition ;c-2 Considération cognitive de l’haptique ;c-3 L’haptique pour les non-voyants : un sixième sens au service de la

réalité virtuelle ;c-3-1 Homère système haptique pour une découverte de l'espace,c-3-2 L’haptique et l’E V C,c-3-3 Plate-forme haptique et sonore pour l’éveil musical,

c-4 Le problème du Temps réel et de l’Haptique.

3 Hypothèses de projets et produits adaptés.

a) Produits :a-1 L’adaptation de Flash™,a-2 L’interface adaptée pour logiciel I C Q et Chat,a-3 Le téléphone mobile,a-4 Les sites à perception olfactive.

b) Un projet scientifique et technologique en guise de conclusion.

-----------------------------------------------------------


Introduction

«On ne voit pas ce qu’on regarde » L’œil et l’esprit - Merleau-Ponty.

Ce qui signifie que l’aveugle est dépourvu de regard, mais possède une vue. L’aveugle ne regarde pas, mais il voit.La vue, ou vision, est au-delà du regard, qui n’est qu’une faculté physique, anatomique, biologique. La vision ne se réduit pas au simple regard.Ainsi, pour l’aveugle, «la vision reprend son pouvoir fondamental de manifestation, de montrer plus qu’elle-même» (Merleau-Ponty) ou, plutôt, la vision conserve son pouvoir de manifestation.

Les NTIC représentent un pouvoir fondamental, exceptionnel de manifestation, comme celle de l’expression d’une intelligence collective en réseaux.

Comment la vision de l’aveugle peut-elle alors : accéder à cette manifestation remarquable de ces signes refondés du réel

dans la sphère du multimédia ou du « cyber espace » ? pénétrer ces lieux originaux du virtuel et du transmissible, de

l’informationnel et du communicant ?

Nous nommerons, pour cette étude NTIC essentiellement, le développement technologique qui sera inauguré sur la base de la micro-informatique individuelle (l’ordinateur personnel installé dans les foyers), instituant ainsi un réseau de communication télématique interpersonnel pour des échanges privés, donnant droit à des publications personnelles.

Le concept « NTIC » n’a de valeur qu’au sens où il situe l’individu isolé dans une démarche, lui permettant de s’insérer dans cette communauté virtuelle nouvelle des réseaux. Ainsi, pour développer la problématique centrale de notre étude, à savoir les conditions de l’accessibilité de ces NTIC à «la non-voyance», il nous faudra aussi faire le point sur cette nouvelle technologie que représente l’œil ou la vision artificielle. Car, de fait, à l’heure actuelle, l’accès au NTIC passe pour l’aveugle, soit par la médiation du regard artificiel, soit par le développement des techniques nouvelles de l’haptique.


Dans un recensement des outils actuels, nous montrerons donc les difficultés d’accès des non-voyants à l’ensemble des NTIC, surtout au Web, et les perspectives d’avenir, de développement conjoint des NTIC, de l’œil artificiel et des technologies de l’haptique.


Première Partie :

Conditions cognitives de la cécité


"…le mieux est de penser la lumière comme une action par contact, telle que celle des choses sur le bâton de l'aveugle". L’œil et l’Esprit, Merleau-Ponty.

L’aveugle voit, l’aveugle voit une lumière, il voit un monde laiteux, informe, de couleur blanche, rouge, rose, etc. L’aveugle n’est pas un voyant plongé dans le noir, dans une salle obscure, dans l’attente d’une projection d’images lumineuses. Ce n’est pas l’Autre, symétriquement radical et différent du voyant.« On ne voit pas ce qu'on regarde » L’œil et l’Esprit, Merleau-Ponty .

Ce qui signifie : l'aveugle a perdu le regard mais pas la vue, l’aveugle voit ce qu’il ne regarde pas, il voit différemment, il voit autre chose. C’est aussi ce que nous allons essayer de montrer.

Le rapport du non-voyant au monde est fondé sur l’enquête : il interroge constamment son entourage familial, professionnel, ou même l’inconnu croisé dans la rue, sur l’aspect des choses et des gens. Le non-voyant quête constamment des repères, il produit et dispose sans cesse des repères «donnés» naturellement aux voyants. Il développe ainsi une curiosité exacerbée, dans un besoin constant d’informations externes, dont la nature n’apparaît pas aux «yeux» du voyant. Si on définit la cognition comme étant la capacité de traiter l’information, on peut, sans grande présomption, affirmer que l’aveugle est dans un état permanent de «sur-cognition».

Sans vouloir développer un chapitre exhaustif sur les sciences cognitives, ce qui nous intéresse dans ces recherches et leurs applications, c’est ce qui, venant de l’intelligence artificielle, de la cybernétique, de l’haptique, en fonction des données de bases que nous allons indiquer, pourra permettre une amélioration des conditions cognitives spécifiques à la cécité.


A - Perception sensitive du monde extérieurL’aveugle compense son absence de vision avant tout par le toucher en combinaison avec l’audition. Le monde n’est plus visuel, il est tactile et auditif. C’est le toucher combiné à l’audition qui interviennent le plus dans le processus de compensation du visuel. L’odorat et le goût interviennent aussi, mais de façon secondaire, dans ce processus global de compensation.

Dans cette partie de notre étude, il ne s’agit pas de décrire ou d’analyser les conditions perceptives en général, mais de souligner ce qui est spécifique à la cécité. Le problème, ainsi posé, peut nous conduire à une appréciation isomorphique des NTIC pour la non-voyance, permettant d’aborder les techniques d’une ergonomie adaptée.

1- Perception auditive

L’aveugle est aux aguets de tout bruit qui peut lui donner une information sur son environnement. Si la personne dispose d’une bonne audition stéréophonique, cela lui permet de se repérer dans l’espace. A côté de cette audition instinctive, la plus grande part de la compensation par l’audition, réside dans l’échange verbal avec l’entourage : la prononciation, le son du mot devient alors particulièrement sémantique, les différentes tonalités de l’énonciation sont chargées d’un plus de signification. On peut observer qu’un aveugle, en conversation avec une personne au milieu d’une foule, n’est pas toujours capable, comme le voyant, d’isoler le discours de son interlocuteur, et qu’il subit les conversations périphériques comme autant de parasites qui peuvent modifier le sens de sa conversation première.Enfin, le troisième volet de la perception par l’audition - et cela rejoint le sens du toucher - est le dialogue interactif qu’entretient l’aveugle avec son environnement au moyen de sa canne blanche.

2- Perception tactile

L’aveugle utilise ses mains pour découvrir et connaître son environnement : il frôle les textures, les visages, pour reconnaître les matériaux ou les traits familiers. Aussi, le prolongement emblématique de la main de l’aveugle est la canne blanche. Symbole de son handicap, elle prévient les autres afin de stimuler leur attention, mais elle sert, surtout, à découvrir la nature du sol en avant de la marche ou à connaître la nature des obstacles : véhicule automobile (métal et caoutchouc), porte en bois, flaque d’eau. Enfin, pour l’aveugle qui a la chance de connaître le braille - c’est aussi, par malchance, ceux qui sont devenus aveugles à la naissance ou dans l’enfance - le sens tactile leur permet d’accéder au texte, au langage mathématique ou aux partitions musicales. Nous soulignons

UNSA DEA en SIC J.H.L « Les TIC de la cécité » Octobre 2002 Page 12

cela, car l’essentiel de la population des non-voyants (90 %) ne pratique pas le braille, soit qu’ils soient d’origine défavorisée, ou qu’ils aient acquis la cécité à l’âge adulte, ou, plus généralement, dans la vieillesse.

3- Perception olfactive

Comme tout être humain, l’aveugle est gouverné dans ses choix relationnels par son sens olfactif. Cependant, il y a des circonstances où l’odorat pourra le prévenir sur une présence que ses yeux, privés de lumière, ne lui auront pas permis de déceler. Ainsi, la présence silencieuse d’une personne pourrait être perçue, alors même qu’un voyant n’aurait jamais eu besoin d’avoir recours à ce sens. Par là même, dans des conditions de totale obscurité, c’est le voyant qui serait bien évidemment handicapé. On remarquera cependant, qu’une présence étrangère est plus souvent trahie par le bruit que par l’odeur. De même, on peut surprendre un aveugle à porter plus facilement un objet à son nez pour l’identifier. Le monde a donc une identité olfactive qui est plus consciente chez l’aveugle.

4- Perception gustative

On sera surpris de constater combien l’identification des aliments est difficile quand elle se réduit au goût. Cette impression est si spectaculaire, qu’un programme de télévision est consacré à la découverte des impressions générées par un repas dans le noir. On organise aussi des banquets à l’aveugle, prétexte de rencontres conviviales.Les voyants sont plongés dans le noir et prennent conscience que la vue est le principal sens de l’identification des mets. C’est seulement dans la bouche et après un début de mastication que l’identification d’un aliment peut s’opérer. Une personne non-entraînée ingèrera un certain nombre d’aliments sans pouvoir les identifier, à savoir, par exemple, ne pas pouvoir reconnaître une aubergine d’un champignon, un morceau de poisson (thon, espadon) d’une viande.La privation d’un sens permet de comprendre quel alliage subtil, sensoriel, entre dans le processus cognitif.La cécité permet de prendre conscience de la richesse des quatre autres sens, elle aiguise la conscience des possibilités des sens non-visuels.

«Si jamais un philosophe aveugle et sourd de naissance fait un homme à l'imitation de celui de Descartes, j'ose vous assurer, Madame, qu'il placera l'âme au bout des doigts.»Denis DIDEROT, Lettre sur les aveugles, OE., t. II, p. 200, in POUGENS


B - Représentation intellectuelle.

L’apparition de la cécité chez un sujet voyant entraîne des différences de perception qui vont au-delà du «visible» devenu «non-visible». En effet, «l'invisible», et l'on veut dire par-là tout ce qui concerne la vie intellectuelle, les concepts et la manière d’élaborer une pensée scientifique , se trouve affecté par la soudaine apparition de la cécité. Une pensée, une réflexion, s’élaborent aujourd’hui grâce à des formulations visuelles : schémas, tableaux, graphiques et toutes sortes de représentations, qui font appel à une logique visuelle qui est très difficile à reproduire dans un discours linéaire que seul l’aveugle peut appréhender. C'est la juxtaposition de plusieurs textes qui permet la synthèse, or la cécité cantonne le sujet dans la linéarité réduite à la narration, ce qui, dans l’écrit, se formalise par une rédaction complète.Cela ralentit l'expression d'un raisonnement et de sa situation contextuelle dans l’écrit.

1- Représentation imagée

«… La profondeur est une troisième dimension dérivée des deux autres » L‘Oeil et l’Esprit, Merleau-Ponty. Ainsi, pour cet auteur, la première image se constitue avec un seul œil en deux dimensions. C’est la présence du deuxième œil et du mouvement, qui introduisent la troisième dimension via l’effet stéréoscopique. L’image 2D serait donc première. Au contraire, pour l’aveugle congénital, qui n’a aucune idée de la représentation d’une image en deux dimensions, la construction de la représentation du monde qui l’entoure passe par le toucher, donc le relief, et par conséquent, c’est l’image en trois dimensions qui est première.Ainsi, l’aveugle n’a pas directement accès à l’image en 2D, il doit passer par une élaboration imagée en 3D.L’aveugle, dont la cécité est acquise, possède une représentation historique de l’image. Il peut s’y référer quand il découvre de nouvelles formes par le toucher, ou quand une description, qu’elle soit littéraire ou discursive, lui est proposée. Son image sera alors beaucoup plus proche de celle du voyant et sera d’autant plus proche que l’acquisition de la cécité sera tardive.Notons que, bien évidemment, la représentation imagée d’un aveugle sera toujours beaucoup plus subjective, dans son ensemble, que celle d’un voyant ; car un voyant peut, en quelque sorte, confronter «sa vue» à celle d’un autre voyant. Ce qui, bien sûr, est plus difficile, par définition, pour les aveugles.Mais, paradoxalement, l’aveugle, qui n’est pas influencé par le caractère émotionnel de l’image, aura une construction plus abstraite, et peut-être plus objective, d’images spécifiques. On prouvera cet état de chose en renvoyant la


perception d’un événement sur le média avec l’image, la télévision, ou sur le média aveugle, la radio. Il est convenu que la radio présente un plus grand caractère d’objectivité pour la saisie de l’information, la diffusion radiophonique n’étant pas parasitée par les bruits émotifs de l’image.

2- Représentation abstraite

On a vu comment l’aveugle tente de se représenter une image. On pourrait croire qu’il y a beaucoup moins de difficulté pour la représentation de l’invisible, nous voulons dire, l’abstraction. Or, l’expérience montre que la construction d’une abstraction se fait par «l’extraction» de concepts sur des représentations visuelles. Le problème se définit ainsi : comment l’aveugle peut conceptualiser sans la base de la représentation visuelle ?Pour arriver à l’abstraction, la personne non-voyante doit faire un détour par la description narrative. L’acquisition de l’abstrait est ralentie par un développement des données empiriques qui ne cessent jamais d’être saisies. En cela, la qualité de la production d’objets abstraits de l’aveugle n’est pas amoindrie car elle sera étoffée par plus de données concrètes.

3- La mémoire.

L’impossibilité de noter facilement (une idée, une adresse, un numéro de téléphone, un rendez-vous…) détermine, chez la personne aveugle, une propension à exercer sa mémoire beaucoup plus qu’une personne voyante. Le non-voyant vit avec une mobilisation permanente de sa mémoire. Et, comme celle-ci est dégagée du stock d’images emmagasinées par une personne voyante, la capacité de sa mémoire apparaît relativement plus grande. Ce n’est qu’une impression relative : c’est surtout son entourage qui, ne retenant pas le même type d’information, valorise cette caractéristique.C’est aussi un moyen, pour les personnes qui entourent un aveugle, de compenser le malaise ressenti par elles-mêmes, face au handicap.Par ailleurs, on a pu dire de Jorge Luis Borges que la métrique de sa versification lui a permis de développer une mémoire extrêmement mobilisée, opérationnelle, soutenant par là-même ses compositions.

4- Le langage et la condition de la cécité

On s‘aperçoit, quand on perd la vue, combien le langage est en permanence dans un référent visuel. Les adverbes «ici» et «là», les démonstratifs «celui-ci» ou «celle-là» sont, en fait, prononcés par les voyants qui joignent le geste à la parole (regard, signe de tête, geste de la main). Or l’aveugle , qui n’a pas accès à cette combinaison du geste et de la parole, reste étranger à cette sémiologie de la


vie quotidienne. On saisit, à cette occasion, l’importance du langage non-verbal dans la communication humaine et sociale.

« Les aveugles sont gais, parce que leur esprit n'est pas distrait de la représentation des choses qui peuvent leur plaire et qu'ils ont encore plus d'idées que nous n'avons de spectacles. C'est un dédommagement que le ciel leur accorde ».Joseph JOUBERT, Pensées, V, XVIII.


Deuxième Partie :

Moyens traditionnels et évolution ergonomique de cette cognition


Il s’agit, dans cette partie, de montrer, de façon la plus précise possible, quels sont les outils spécifiques de la cognition pour les non-voyants. Car nous soulignons un principe constant de cette étude : ce qui peut apparaître naturel et évident pour les voyants devient remarquable, compliqué et complexe pour les aveugles.Ainsi, dans un souci pédagogique, nous allons évoquer l’histoire du rapport de l’aveugle avec le texte, d’une part à travers les moyens mis en oeuvre pour qu’il en prenne connaissance, et, d’autre part, à travers leur évolution, vers une plus grande automatisation de ce rapport au texte.

A - Moyens traditionnels

Ce n’est qu’à partir du XVIIIème siècle, avec 200 ans de retard sur l’invention de l’imprimerie, qu’ont été élaborés les premiers moyens cognitifs adaptés à la cécité.

1- L’alphabet en relief :

Le pédagogue Valentin Haüy (1745-1822), avait eu l'idée de représenter les lettres en relief pour en faciliter la lecture (Essai sur l’éducation des aveugles, 1786). Nous allons développer la carrière de cet enseignant-chercheur prémonitoire qui, tout en cherchant les moyens techniques d’appréhender l’écriture, a posé des jalons pédagogiques pour les futures générations d’aveugles.Il existe un avant et un après Valentin Haüy, et c’est pour cela que nous tenons, dans cette étude sur la communication des mal-voyants, à lui rendre hommage, car son influence fût non seulement Française, mais Européenne.Valentin Haüy est né en 1745 à Saint-Just-en-Chaussée, petit village de Picardie. Son père était un tisserand suffisamment riche pour être propriétaire de sa maison et faire en sorte que son fils eût pour marraine une abbesse et pour parrain un conseiller du roi. La famille déménagea en 1751 pour la Capitale. Valentin poursuivit donc son instruction à l'Université de Paris où ses goûts le portèrent vers l'étude des langues : outre le latin, le grec et l'hébreu, il en arriva à pratiquer une dizaine de langues vivantes et se fit même, dès 1771, une spécialité dans le déchiffrement de manuscrits anciens et de graphies secrètes. Il vécut bientôt assez aisément de la traduction de documents officiels, notariés, commerciaux ou privés, ainsi que de collaborations avec les forces de police. Nous pouvons voir ici son intérêt pour les langages et les signes des langues.


C'est sans doute cette passion des modes d'expression qui le conduisit à s'intéresser d'abord aux sourds-muets, en simple "curieux" (il connaissait les travaux de l'Abbé de l'Épée), puis aux non-voyants. Il avait lu la fameuse "Lettre sur les aveugles" de Diderot et pu s'entretenir, au printemps 1784, avec la chanteuse et claveciniste vedette autrichienne, Maria-Thérésa Paradis, non- voyante, qui émerveillait alors les salons à la mode par son aisance et la variété de ses connaissances. Pour Valentin Haüy, dans la mesure où les aveugles avaient l'usage de leur langue maternelle, il lui semblait que leur cas ne soulevait qu'un seul problème : comment leur permettre de lire ?

Il fit réaliser à cette intention des caractères spéciaux (ceux des typographes ne convenaient pas) qui puissent être manipulés de manière à former des phrases ou des opérations mathématiques. En ayant fait la démonstration devant le Bureau Académique des Écritures dès l'automne 1784, il fut soutenu par l'Académie des Sciences grâce à l'aide de son frère, inventeur de la cristallographie. L'année suivante, Valentin Haüy fut nommé membre de la Société Philanthropique, de création récente, qui lui confia l'instruction de ses douze pensionnaires non- voyants. Un an plus tard, le nombre des élèves ayant augmenté, naissait l'Institution des Enfants Aveugles, ouverte à tous sans distinction de sexe et, surtout, de statut social.

L'idée originale de Valentin Haüy fut de gaufrer le papier à l'aide des caractères qu'il avait fait fondre, de manière à produire des livres en multiples exemplaires. Il fit construire à cette fin une presse appropriée au tirage en relief, à laquelle il adjoignit un dispositif permettant de noircir les caractères saillants, quitte à les repousser ensuite. Ainsi, les aveugles pourraient imprimer, non seulement à leur usage, mais aussi pour le service des voyants, et comme Valentin Haüy rêvait déjà de faire de ses élèves des professeurs d'enfants voyants, ceux-ci disposeraient exactement du même livre que leur maître (si cette typographie convient à l’œil, la forme des caractères traditionnels se prêtait mal, contrairement au braille, à une identification rapide par le doigt et les abréviations imaginées par Valentin Haüy n'améliorent guère la vitesse de lecture). Mais l'Institution de la rue Notre- Dame des Victoires ne visait pas seulement à l'instruction : les élèves filaient, tordaient de la ficelle, tramaient des sangles, fabriquaient des filets, tricotaient. Quant à la musique, simple distraction au départ, elle devint bientôt un outil de sensibilisation du public à la cause des aveugles, lors de démonstrations (payantes) au cours desquelles les élèves lisaient, composaient des phrases, effectuaient des opérations arithmétiques, utilisaient des cartes géographiques en relief et chantaient en chœur.


Notons que cet objectif de sensibiliser les non-voyants vers les techniques musicales comme objectif pédagogique, est repris actuellement par les NTIC, comme nous le verrons plus loin.

En décembre 1786, se déroula à Versailles la présentation au roi Louis XVI et à sa Cour des jeunes aveugles, sous la houlette de Valentin Haüy.

Après la Révolution, l'État prit intégralement en charge l'Institution (1791), hébergée avec celle des Jeunes Sourds au "couvent des ci-devant Célestins" (la mésentente entre Valentin Haüy et l'abbé Sicard, successeur de l'Abbé de l'Épée, aboutira, en 1794, à la séparation des deux institutions). Secrétaire du Comité Révolutionnaire de la Section de l'Arsenal, Valentin Haüy connut quelques déboires et deux incarcérations durant la Terreur. Sous le Directoire, il se convertit, autant par conviction personnelle que par calculs financiers, à la très en vogue Théo-philanthropie ("Adorateurs de Dieu et amis des hommes") dont il fut l'un des tous premiers adeptes et prosélytes. Sous le Consulat, il perdit la direction administrative de ce qui s'appelait désormais l'Institut des Aveugles- Travailleurs et choisit, en 1802, d'abandonner la partie.

Mais, âgé seulement de 56 ans, il ne demeura pas inactif : il ouvrit, conjointement à une École des Langues du Nord et du Midi, une petite institution privée, le Musée des Aveugles (rue Sainte- Avoye à Paris) dont les élèves menèrent la vie qu'avaient connue leurs devanciers. Parmi eux figuraient quelques étrangers, dont le Flamand Alexandre Rodenbach qui participera en 1830 au mouvement pour l'indépendance de la Belgique et sera le premier aveugle à donner le point-de-vue d'un non-voyant dans sa "Lettre sur les aveugles faisant suite à celle de Diderot". Sa réputation ayant franchi les frontières, Valentin Haüy partit en 1806 pour la Russie où l'attendait le Tsar Alexandre 1er, désireux de mettre en place une institution pour jeunes aveugles. Malgré les brimades et les déconvenues, il resta à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1817. Il rentra à Paris, divorcé, vieilli et amer, ne pouvant guère compter que sur le soutien de son frère René-Just. Réhabilité en 1821 au cours d'une séance solennelle à l'Institution Royale des Jeunes Aveugles (à laquelle participait vraisemblablement Louis Braille), il s'éteignit quelques mois plus tard, le 19 mars 1822.

2- Le braille :

Louis Braille (4 janvier 1809-6 janvier 1852) a eu l’idée d’exploiter le système ponctuel initié par Nicolas-Charles Barbier de la Serre (1767-1841) à des fins militaires (transmission nocturne des messages). Louis Braille, en inventant l'alphabet qui porte son nom, a permis un accès plus facile à l'écriture et à la


lecture (1829-1844). Cet accès se fonde sur le sens du toucher. Six points en relief représentent les vingt-cinq lettres de l'alphabet, les chiffres, les notes et des signes de ponctuation. Cette invention allait permettre aux aveugles de s'intégrer au monde en leur facilitant l'accès à la connaissance universelle. Des institutions dans les grands pays occidentaux ont stocké des ouvrages traduits en Braille. Mais les documents braille embossés sur du papier épais pour supporter autant de points qui sont autant de petits trous, représentent une masse énorme. Il faut plusieurs mètres de rayonnages pour traduire en braille un seul volume de la Pléiade.Notons que les meilleurs «braillistes» peuvent ainsi rivaliser avec la vitesse de lecture d’une personne normale.De même que pour le pionner Valentin Haüy, nous allons rappeler ici les circonstances historiques de ses recherches.

Son nom reste donc indissolublement attaché à l'invention d'un système d'écriture en relief, permettant aux aveugles d'apprendre et d'acquérir une formation littéraire ou scientifique au même titre que n'importe qui. L'histoire de Louis Braille est inséparable de la naissance de son procédé.

Né à Coupvray, en Seine-et-Marne, le 4 janvier 1809, Louis Braille a trois ans lorsque, se blessant accidentellement avec un outil que son père, bourrelier, avait laissé à sa portée, il perd un oeil, puis l'autre à la suite d'une infection. Il fréquente l'école du village et s'y montre bon élève. À dix ans, il entre à l'Institut des jeunes aveugles de Paris dont le fondateur, Valentin Haüy, s'ingénie, comme nous l’avons vu, à développer les capacités de ses élèves. Les moyens, cependant, restent rudimentaires. On apprend l'alphabet par le toucher, avec des brindilles assemblées en forme de lettres, et les livres dont on dispose sont d'énormes recueils dont les caractères en étoffe sont collés sur des feuilles de papier.À ses maîtres, Louis Braille apparaît appliqué et intelligent. Se désolant toutefois des limites qui restent imposées à la culture des aveugles, il cherche à mettre au point un code d'écriture fondé sur la représentation symbolique des lettres. Une première tentative de figuration des caractères par des triangles, des carrés et des cercles, se solde par un échec. Devenu, entre-temps, professeur à l'Institut des jeunes aveugles, Louis Braille entend alors parler du système qu'un officier de cavalerie, le Capitaine Nicolas- Marie-Charles Barbier de la Serre, avait mis au point pour permettre la lecture dans l'obscurité (1826). Ce procédé consistait à transcrire des signes conventionnels fort simples, traits et points, en formant des bosses dans un papier épais, à l'aide d'un poinçon. Barbier n'avait imaginé qu'un code très sommaire, qui permettait simplement aux soldats en campagne de lire et écrire


des messages de nuit. À partir de cette ébauche, on pouvait aboutir à un alphabet complet.Braille le comprend aussitôt : il réduit à six points, répartis en deux colonnes de trois, les douze points que le système de Barbier exigeait pour chaque signe. Les gros points, qui représentent les caractères alphabétiques, mathématiques et musicaux, sont en relief ; les petits points servent à indiquer la position relative des gros dans chaque groupe de six. L'agencement des gros points compose une figure qui est aisément repérable tactilement et que l'usager apprend très vite à traduire en une lettre, un chiffre ou une note.Un moment accusé de plagiat, Braille conquiert peu à peu l'estime de tous ceux qui avaient à cœur de faciliter l'accession des aveugles à l'écriture, à la lecture et à la composition. Barbier lui-même lui rend hommage en 1833, reconnaissant dans le système de Braille, une simplification qui en garantissait l'universalité. En 1829, Louis Braille publie son "Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l'usage des aveugles et disposé pour eux" et en 1836, âgé de vingt-sept ans, il réalise sa première transcription, en recopiant, selon sa méthode, des extraits de l’œuvre du grand poète aveugle John Milton. En 1837, une deuxième édition du "Procédé" parfait et simplifie la méthode. Un an plus tard, Braille édite en relief un "Petit Mémento d'arithmétique à l'usage des commerçants, contenant les nombres entiers et les fonctions décimales, suivi de cent problèmes".Il tente de répandre son procédé, mais se heurte à des rivalités professionnelles et à des obstacles administratifs. Ses élèves, cependant, bénéficient de sa découverte. Atteint de phtisie en raison des conditions insalubres qui règnent dans l'Institut, il abandonne son poste en 1844, devient professeur de musique et écrit plusieurs traités. Il meurt à Paris le 6 janvier 1852, âgé de quarante-trois ans, tandis que son oeuvre accède à une renommée internationale.

En 1952, la France reconnaît officiellement les accomplissements de Louis Braille par le transfert de ses cendres au Panthéon. Sa maison natale, qui abrite le Musée Louis-Braille ainsi qu'une bibliothèque, est restaurée en 1997. Redéfinie en 1878, l'écriture Braille est désormais en usage dans le monde entier et s'applique à toutes les langues. La publication par l'UNESCO, en 1954, de "L'Écriture Braille dans le monde" de Clutha Mackensie, a marqué une étape importante dans le développement du système tactile. On compte désormais des machines à écrire braille, des productions de cartes et diagrammes, des procédés de traitement de textes et de traduction automatique en caractères braille, notamment au moyen de plages tactiles.

Son nom reste donc indissolublement attaché à l'invention d'un système d'écriture en relief permettant aux aveugles d'apprendre et d'acquérir une


formation littéraire ou scientifique au même titre que n'importe qui. L'histoire de Louis Braille est inséparable de la naissance de son procédé.

3- L’informatisation du braille, dit aussi braille éphémère ou braille dynamiqueL'avènement du braille informatique est une première révolution : porté à huit points, chaque caractère, qui peut être assimilé à un octet, peut être représenté sur un écran tactile : une plage braille. Sur cet appareil, on peut sentir avec les doigts de vingt à quatre-vingt caractères. Chacun des huit picots d’un caractère se met automatiquement en position haute ou basse. Cela correspond à l’alternance binaire du langage informatique. On peut ainsi faire défiler les lignes qu’une personne voyant normalement peut lire sur l’écran vidéo, qui s’est généralisé à la fin des années soixante-dix.

Le code braille informatique compte donc désormais huit points plutôt que six. Cela multiplie par quatre le nombre de combinaisons possibles.

Le braille dynamique ou éphémère est apparu à la fin des années 70, sous la forme d’afficheurs braille piézo-électriques, permettant un affichage dynamique. Le principe repose sur la propriété de certains quartz piézo-électriques de se déformer sous l'effet d'une tension de quelques centaines de volts sans pratiquement consommer de courant. Un dispositif mécanique permettant de mouvoir un picot formant un point braille, est asservi à un barreau de quelques millimètres de longueur. Ce principe a permis une réduction importante de la taille et du poids des cellules, de leur consommation électrique, ainsi que du niveau de bruit engendré lors des changements d'état, tout en augmentant la fiabilité des afficheurs.

L'affichage peut être dynamique. Cela permet notamment de produire certains effets de clignotement sur des parties du texte, le texte disparaissant à intervalles réguliers, pendant un court instant, permettant par exemple de signaler les liens d'une page HTML.

Le braille devient interactif grâce à des boutons de désignation, appelés aussi "curseur routine". L'afficheur braille n'est plus seulement un moyen de prendre connaissance d'informations, mais aussi un moyen de transmettre rapidement de l'information ou une commande, par un simple "clic", analogue au "clic" de la souris. L'affichage du texte en braille peut être synchronisé à d'autres événements sonores ou visuels. Le braille peut donc être multimédia.


4- La Radio

La radio est le média privilégié du monde de la cécité. L’aveugle auditeur de programmes radiophoniques n’est pas handicapé par l’absence d’image et vit plus intensément la transmission, artistique, sportive, etc. Il vit ainsi dans un monde habité, un monde sonore, où il peut facilement évoluer par ses repères acoustiques. Son attention n’est pas alors détournée par le spectacle de ce qui l’entoure, et il pourra se concentrer complètement dans sa forme cognitive propre, sur le programme diffusé.

Le CSA a autorisé une radio expérimentale, faite par des aveugles à destination des handicapés, émettant sur la région parisienne et le net : Euro.Fm. Le paradoxe d’un tel projet est qu’il essayait de capturer une audience, celle des aveugles, qui avait déjà une forte habitude sur ce média.

5- Le Téléphone.

Bien évidemment, l’apport majeur du réseau téléphonique est de permettre à la personne handicapée visuelle de sortir de son isolement. L’aveugle bénéficie d’un certain avantage avec un correspondant voyant. En effet, dans un rapport visuel, il est privé de tout le langage «non-verbal» mais, au téléphone, c’est le voyant qui est privé de ce langage non-verbal, alors que l’aveugle, habitué à cette situation, retrouve un certain ascendant sur son interlocuteur. Par langage non-verbal, nous entendons la gestuelle des mains, la position du corps et les mimiques du visage : sourire, haussement de sourcil, front plissé ...

Par ailleurs, cette habileté au téléphone permit aux aveugles d’exercer ce savoir-faire au sein de milieux professionnels, comme les standards téléphoniques ou la vente par correspondance.

Ainsi, dès ce stade de notre recherche, il apparaît de manière la plus évidente, que le développement des technologies peut favoriser l’insertion sociale des handicapés, à la condition de procéder aux adaptations nécessaires .Cela peut paraître d’une évidence plate pour les personnes non-handicapées, mais nous tenons, dès maintenant, à le souligner.

6- Le développement des synthèses vocales :

Seconde révolution avec celle du braille. Ces logiciels informatiques, en traduisant le langage écrit en langage parlé, permettent à tous les aveugles d’avoir un accès facile et bon marché à la langue écrite. De nombreux obstacles


techniques subsistent pour avoir accès à tous les types de documents, mais l’apprentissage d’un logiciel de synthèse vocale est plus simple que l’apprentissage du braille. Ses inconvénients résident dans la plus grande dépendance à l’ordinateur qu’elle engendre.

Exemple de synthèse vocale : SayItProSayItPro est une adaptation de la synthèse vocale de Elan Informatique aux logiciels spécialisés pour les déficients visuels (dont les premiers développements furent, en fait, utilisés par l’aviation civile pour la lecture synthétique des bulletins météorologiques à partir des tours de contrôle).

L'installation de cette synthèse est très simple et accessible au néophyte non-voyant. Dès l'insertion du CD-ROM et de la disquette de protection, l'installation démarre et est sonorisée. Pour une installation automatique, il suffit à l’utilisateur de répondre par une touche (Entrée) à chaque question posée oralement. Une fois la synthèse installée, celle-ci propose l'exécution de l'autoconfigurateur qui est un utilitaire qui va rechercher les logiciels spécialisés courants (JAWS, ZoomText, OpenBook...) et les configure automatiquement pour l’utilisation de SayItPro.

SayItPro est compatible avec SSIL 16 et 32 bits ainsi qu'avec SAPI 3.0 et 4.0. Dès lors, il est possible de la faire fonctionner avec quasiment tous les logiciels existants, même s'ils ne sont pas autoconfigurés.

SayItPro étant une application entièrement 32 bits, la synthèse de parole est beaucoup plus rapide et les délais de réponse plus courts. De plus, elle fonctionne aussi bien sous Windows 95/98 que sous Windows NT, 2000 ou XP.


B - Evolution de l’ergonomie de la perception et du traitement de l'information pour la cécité, par rapport au texte.

Le rapport de l’aveugle au texte a changé quand la transmission orale a été, petit à petit, remplacée par le développement de l’écriture, et par la publication de cette écriture.

1- Personne lisant

Le premier accès au texte écrit passait par la lecture à voix haute, quelque soit le cadre : institutionnel ou familial. La figure de l’aveugle n’était, dans ce temps-là, pas très différenciée du commun des hommes qui ne savaient pas lire. Rappelons qu’à partir de la fin du XVIIIème siècle en France, des moyens ont été inventés et développés pour permettre à l’aveugle de prendre directement connaissance du texte. Ici, notre propos est d’observer des relations entre le texte écrit et le texte oral.

2- Personne lisant enregistrée

L’invention du disque enregistré (Charles Cros, 1842-1888) à la fin du XIXème

siècle puis la polarisation du magnétophone à cassettes dans les années soixante, ont permis de constituer des banques de livres enregistrés. Des accords ont été passés avec les éditeurs et le service postal afin de faciliter la circulation de ces ouvrages. Des associations de donneurs de voix, constituées de lecteurs bénévoles, ont structuré ce service qui fonctionne toujours aujourd’hui.

3- Personne saisissant un texte à la machine énoncé par une synthèse vocale.

L’avènement des synthèses vocales a permis de lire automatiquement des textes saisis sur le disque dur d’un ordinateur ou transmis par des disquettes et des disques optiques compacts (CD-Rom ). L’invention du numériseur (scanner) a permis d’automatiser la phase de la saisie d’un texte écrit.

4- Texte numérisé en ligne énoncé par synthèse.

Enfin, l’ultime étape d’un texte écrit par voix orale, est la mise à disposition en ligne d’un texte que l’on peut consulter directement sur le réseau. Cette étape permet la grande diffusion du patrimoine littéraire ainsi que les textes scientifiques et techniques pour les personnes non-voyantes. Ainsi, l’aveugle peut accéder aux grands textes littéraires comme ceux de Molière, La Fontaine, Victor Hugo, à partir de son poste de travail adapté pour l’internet.


Les personnes non-voyantes peuvent aussi écouter leurs journaux dès leur parution. Une jeune entreprise de Sophia-Antipolis propose même un quotidien régional en ligne comme Nice-Matin.

Cette analyse linéaire et progressive de l’ergonomie, se pose comme point de référence et synoptique à toute réflexion, concernant l’adaptabilité des outils cognitifs à la condition du handicap visuel. Ceci veut dire, que si l’on veut procéder à un développement dans ce domaine, il s’agit d’une part, de procéder à une réflexion historique, et, d’autre part, d’ajuster cette réflexion aux données technologiques contemporaines.


Troisième Partie :

Cécité et NTIC: problématiques


Il est évident que le problème de la cécité et des NTIC est l’adaptation de ces dernières aux conditions spécifiques de ce handicap. Ainsi, nous utiliserons le concept «d’adaptation» pour décrire les interfaces des NTIC visant à les rendre accessibles aux handicapés : nous aurons donc des logiciels adaptés, des périphériques adaptés, des sites Web adaptés, etc.….

A - Constat et état des lieux

1- Les prolongations et le paradoxe du handicap visuel

Si le réel est immanent à la perception, la perception des NTIC manifeste ses propres réalités.Ainsi, le multimédia, notamment l’internet, développe une sémiologie, sinon une sémantique propre, un savoir, un espace spécifique et autonome de cognition, qui échappe à la capacité perceptive de la cécité : accessibilité aux Chats, les sites sur la base de Flash™, les jeux, l’édition HTML en général par les logiciels courants de construction de site.Il est évident que les NTIC se développent essentiellement par l'image; ces techniques sont très performantes dans la production d'images, elles démultiplient, «sur-démultiplient», la production d'images .Les jeux vidéo tirent le marché de la micro-informatique vers un accroissement constant des capacités des microprocesseurs, des cartes graphiques, des écrans, etc. pour placer le joueur dans une simulation du réel et de l'action la plus parfaite possible. Le marché du micro-ordinateur personnel devient le marché du jeu! Car la bureautique nécessite des puissances techniques de faibles capacités.L'une des caractéristiques essentielles de la performance de ces jeux est leur réalisation plus ou moins achevée en trois dimensions. Ainsi, et pas simplement pour les jeux, les objets en 3D envahissent le multimédia. De nombreux sites à caractère purement informatif, éducatif, incluent ces objets en 3D. Le monde de la représentation du multimédia s’achemine vers un monde en 3D. Nous sommes ainsi confrontés à un paradoxe entre le monde de la cécité et celui du multimédia : comme nous l’avons défini dans les conditions cognitives de la cécité, l’aveugle, pour se représenter une image en deux dimensions, doit avant tout produire une image en 3D. L’image 3D n’est pas alors la dérivé de l’image 2D, contrairement à ce que pensait Merleau-Ponty dans «l’Oeil et l’Esprit». Le paradoxe de l’aveugle s’énonce donc clairement : face à une technologie qui se base sur la 3D et multiplie ce type d’images, l’aveugle, dont la cognition de l’imaginaire est essentiellement en 3D, ne peut avoir accès pleinement à cette technique de communication. Nous sommes face à deux mondes producteurs de 3D qui ne se rencontrent pas. Les nouvelles technologies de production de l’information et de la


communication se développant sur une base imagée en 3D, ne développent pas de passerelle technique permettant de rejoindre la production 3D de celle de l’aveugle.

2- Le virtuel et la cécité: suite de paradoxes.

Le virtuel, en tant que tel, n’est pas le réalisable. Il peut se poser comme hypothèse du réel, comme appréhension d’un réel, mais il n’est pas la réalité. Le virtuel est un simulacre ou un double du réel informatisé par les NTIC. Ces techniques accentuent ou définissent ce que l’on pourrait nommer : l’expansion inflationniste du virtuel.Le virtuel, c’est aussi ce qui circule en réseaux. C'est une information qui trouve son autonomie, voire une cybernétique, dans ses réseaux.Comme ce virtuel est essentiellement «imagé», l’aveugle ne peut pas l’appréhender directement.L’aveugle se situe alors dans la position d’imaginer ce monde virtuel, qui a une réalité sociétale.

Ainsi, cette expansion du virtuel marginalise le handicapé visuel. Cependant, comme l’aveugle vit dans un monde entièrement reconstruit dans son cerveau, il a plus de facultés pour se représenter cette virtualité.Nous pouvons ainsi continuer à développer un certain nombre de paradoxes sur la capacité cognitive de l’aveugle, ses facultés spécifiques et ce monde virtuel qui s’exprime dans, et qui se produit par, les NTIC.En particulier, le braille, par sa capacité de schématisation, a facilité pour l'aveugle l'apprentissage du numérique, car le braille était déjà numérique. Ce langage, inventé au début du XIXème siècle, était réellement binaire, plus schématique que le morse, qui est ternaire. Il avait, par rapport à l’avènement de celui de l’informatique, plus de cent ans d’existence.

Cette grande avance prise par les aveugles grâce au braille reste une exception, car, de façon générale, les handicapés sont en retard d’une avancée technologique par rapport aux usagers de l’informatique. Par exemple, quand les logiciels graphiques se sont généralisés autour de MS WINDOWS, il a fallu attendre quelques années, pour qu’une interface comme Jaws™ (logiciel de lecteur d’écran par synthèse vocale ou braille) permette aux synthèses vocales et aux plages brailles d’y accéder.

3- L’hypertexte et la navigation sur l’internet

L’instrument privilégié de la navigation sur l’internet, qui permet de surfer d’un lien hypertexte à un autre, est la souris. Or la souris n’est utilisable qu’en


relation avec la vision qui guide le curseur sur l’écran. Donc les aveugles, qui n’utilisent jamais la souris, bénéficient d’interfaces qui sont souvent programmées sur le pavé numérique pour les aider à la navigation. Ils sont, par conséquent, des usagers assidus des raccourcis claviers, qu’ils apprennent par dizaines, voire par centaines.Les liens hypertextes, comme les caractéristiques des différentes situations dans un texte intelligent, sont nommés par la synthèse vocale, et viennent parasiter la compréhension d’un texte dans sa linéarité. Il s’agit alors d’aménager en amont les sites, pour introduire de nouveau liens à destination des aveugles, qui leur permettent de faire l’économie de longues énonciations fastidieuses. On peut donner l’exemple de l’aménagement du portail d’accès à la documentation de la bibliothèque du CNRS, sise à Nancy (conf. annexe I)

4- Etat actuel des moyens adaptés permettant l’accès au contenu des NTIC

Nous devons souligner que des organismes de recherche scientifique d’importance majeure et de nationalité française, sensibilisés aux problèmes des non-voyants, ont uni leurs efforts pour améliorer l’accès des non-voyants aux NTIC.

Une étroite collaboration avec les laboratoires de recherche du CNRS, de l'INSERM et de l'INSTN a permis le développement de logiciels destinés à la transcription des ouvrages adaptés et à l'étude des accès aux nouvelles ressources informatiques, pour les personnes aveugles et malvoyantes.(INST : Organisme de formation lié au CEA: sciences et techniques nucléaires, génie atomique, radioprotection, médecine nucléaire, nuclear engineering).

On observe que les jeunes élèves de l’INJA (Institut National des Jeunes Aveugles) ont aujourd’hui assimilé les NTIC au point que, le jour où leur ordinateur personnel tombe en panne, ils se présentent en classe les mains dans les poches, étant tout à fait incapables de prendre des notes en braille avec les moyens traditionnels.

a) Le multimédia en général

a.1 Le minitel adapté :

Cet outil télématique français fut bien l’un des premiers outils du multimédia adapté, par un procédé du nom de Wintel.Wintel est un logiciel permettant l'émulation du Minitel sur un ordinateur PC sous Windows 95, 98 ou NT. Il a été spécialement développé pour les


personnes ayant une déficience visuelle (accessible à travers les principales passerelles Windows et pilotage direct d'une synthèse avec Vocalise) ou auditive (mode dialogue). Il dispose de fonctions avancées telles que la possibilité de sauvegarder des pages et de les consulter hors ligne et une fonction d'enregistrement

a.2 La plage braille :

Archétype des NTIC adaptés, la plage braille est un appareil avec lequel il est possible de sentir avec les doigts de vingt à quatre-vingts caractères. Chacun des huit picots d’un caractère se met automatiquement en position haute ou basse. Cela correspond à l’alternance binaire du langage informatique. On peut ainsi faire défiler les lignes qu’une personne voyant normalement peut lire sur l’écran vidéo qui s’est généralisé à la fin des années soixante-dix.Le problème de cet instrument adapté est son coût : il est de l’ordre de 10.000 € (80 caractères), ce qui limite son accessibilité aux non-voyants à faible revenu.Fiche technique d’une plage braille , Conf. annexe II

a.3 Le bloc-notes braille :

Avenir de l’autonomie des aveugles, le bloc-notes braille allie une plage braille, un clavier braille et des logiciels qui peuvent l’assimiler à un micro ordinateur portable : traitement de texte, agenda, calculatrice, boite de mails, etc... Ces bloc-notes peuvent avoir une grande autonomie pour un faible encombrement. Ils permettent à un étudiant, un professeur ou à un cadre d’entreprise non-voyant d’exercer son métier en toute circonstance et en tous lieux. Mais là encore, son coût supérieur à celui d’une simple plage braille, en limite la diffusion (8.000 €, uniquement pour 32 caractères)

a.4 Le cinéma en Audiovision™ :

Avant le développement des NTIC, le seul moyen pour un aveugle d’apprécier un film de cinéma, était de bénéficier d’un commentaire chuchoté par une personne proche, plus ou moins experte à décrire l’image défilant sur l’écran. Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui d’inclure un commentaire diffusé pendant la projection cinématographique. Le procédé Audiovision™ est réalisé par des professionnels qui apportent un grand soin au choix de la terminologie descriptive. Il est diffusé par infra-rouge dans les salles de cinéma équipées. Seul l’aveugle muni de son casque portatif individuel entend ce commentaire et peut ainsi profiter de toute la richesse du scénario.


a.5 La diffusion du cinéma : télévision, DVD :

La chaîne de télévision franco-allemande Arte qui bénéficie de plusieurs canaux de diffusion du son, propose régulièrement des films de cinéma utilisant le procédé Audiovision™. Depuis Noël 2001, on trouve également en français des DVD utilisant ce procédé.

a.6 Le livre numérique :

Parallèlement au livre numérique proposé pour les personnes voyantes (Cital) dont le succès commercial est incertain, l’enjeu énorme du livre numérique pour les aveugles est considérable. En effet, ceux-ci peuvent trouver grâce à un petit appareil, un lecteur de livres robuste et portatif qui les libèrera du poste informatique traditionnel. Ce livre numérique téléchargeable propose, grâce à une synthèse vocale réglable, la lecture synthétique de milliers voire de millions d’ouvrages différents. Aujourd’hui, l’enjeu est de savoir laquelle des normes deviendra le standard auquel pourront se rallier les bibliothèques et les aveugles.

a.7 Les bibliothèques de CD-Roms :

L'Association SESAME offre actuellement les services de la première bibliothèque francophone sur CD-Rom et ses adhérents disposent actuellement de plus de 2000 livres en version intégrale sur les rayons d'un seul CD. En mettant l'accent sur les facilités qu'offre aujourd'hui le support numérique aux déficients visuels, l'Association SESAME a également le souci de répondre aux besoins d'autres personnes handicapées qui éprouvent les plus grandes difficultés pour accéder directement au domaine de la lecture. Dans une perspective plus large, elle souhaite ainsi contribuer à une meilleure sensibilisation des pouvoirs publics et des professionnels de l'édition pour quiconque entreprend de lutter contre une forme d'exclusion culturelle majeure.

a.8 Le serveur en ligne, le serveur Hélène comme exemple :

Cette question des serveurs en lignes est essentielle pour l’accessibilité des non-voyants aux services que proposent les NTIC. La perfectibilité et l’adaptation du réseau aux besoins de l’aveugle passent précisément par l’accroissement de ces bases de données.


Descriptif technique du serveur Hélène Pour aider à la production d'ouvrages adaptés (en braille ou en gros caractères corps 24), l’association BrailleNet se propose de rassembler sur un serveur à accès restreint, des ressources francophones, œuvres littéraires récentes, ouvrages scolaires, documentations techniques et ouvrages scientifiques. Ce serveur est alimenté en partenariat avec, d'une part, des éditeurs, et d'autre part, des centres spécialisés (associations, écoles intégrant des handicapés visuels, institutions spécialisées) qui réalisent des adaptations en braille et en gros caractères. Les fichiers électroniques permettant leur impression en braille ou en gros caractères y seront disponibles.Hélène devrait permettre de systématiser et de rendre plus efficace un réseau de collaborations dont la base des échanges n'est pas commerciale. Un comptage des transferts sera effectué, afin de mieux évaluer les besoins des utilisateurs et les échanges entre fournisseurs de services.

Sécurisation de la base de données et modalité d’accèsL'accès à cette base de données est sécurisé par mot de passe personnel. Les représentants des centres d'impression spécialisés, affiliés au projet, reçoivent un code d'accès au serveur, dont le gestionnaire envoie par e-mail les fichiers électroniques demandés ; il est également possible aux centres d'en déposer de nouveaux.N.B. : Dans le futur, d'autres systèmes de sécurisation pourraient être utilisés. BrailleNet et ses partenaires poursuivent la recherche de solutions innovantes de sécurité (par clé logicielle, cartes à puce ,...).

Conventions d'utilisationLes centres d'impression spécialisés (CIS) et les centres de transcription spécialisés (CTS), s'engagent par une convention définissant les conditions d'utilisation du serveur et des documents.Le CIS est membre de l'Association BrailleNet et doit avoir les capacités d'impression en braille et/ou gros caractères. Pour respecter l’aspect social et de solidarité de ce projet, la tarification du CIS ne doit inclure aucun bénéfice et ne peut donc excéder le prix coûtant.

Fournisseurs de contenusUne procédure simple permet d'alimenter la base à distance par l’internet, par l'utilisation d'un formulaire en ligne. Les fournisseurs de contenus peuvent être : des enseignants des écoles et des universités, des éditeurs,


des associations et des familles, mais aussi, bien sûr, des centres spécialisés dans l'adaptation de documents pour des utilisateurs handicapés Ils doivent être signataires de la convention d'utilisation de la base Hélène et accèdent à la base par un mot de passe.

FormatsLes fichiers sont destinés uniquement à l'impression Braille ou gros caractères. Différents formats sources peuvent être utilisés. La source d'un ouvrage peut être constituée de plusieurs fichiers (document composite). Un document d'en-tête décrit le contenu du fichier.N.B. : Dans le futur, Hélène pourrait reposer sur un format pivot standard, de type XML, permettant de dériver différents types de documents accessibles (braille, gros caractères, électronique sécurisé).

a.9 Le serveur en ligne (Sedodel) :

L'INSERM et BrailleNet ont participé au projet européen SEDODEL dont l'objectif était d'expérimenter un système de diffusion sur l’internet d'ouvrages sécurisés par des cartes à puces. Plusieurs éditeurs ou associations ont fourni des ouvrages pour cette expérimentation : 00h00.com, HATIER, NATHAN, CTEB, ABU (avril 1998 - mars 2000). BrailleNet a lancé un Challenge des "2000 Livres Jeunesse sur l’internet pour les aveugles et les malvoyants du XXI siècle", dont l'objectif est de proposer des ouvrages sous différents formats : électronique, papier, gros caractères, braille. Cette opération a reçu le label Fraternité 2000 par la mission 2000 en France.Initiatives internationalesAux Etats-Unis, la Bibliothèque du Congrès (Library of Congress) a mis en place une base de données d'ouvrages électroniques au format braille, WebBraille. WebBraille permet le téléchargement et la consultation en ligne de documents au format braille abrégé. Cependant, ce service est réservé aux citoyens américains.En Autriche, l'université de Linz a mis en place avec des partenaires allemands la bibliothèque virtuelle Gutenberg qui contient un corpus d’œuvres de littérature en langue allemande.

a.10 Le centre opérationnel de Poitiers (combinaison et mobilisation de NTIC) :

C’est l’exemple performant d’une association permettant de rompre l’isolement des non-voyants face et grâce aux NTIC


Situé sur le site du Futuroscope, le centre opérationnel permet de matérialiser l’objectif de l’association Handicap Zéro.Il dispose : d’un centre de réception d’appels où sont enregistrées toutes les

demandes arrivant sur les numéros verts de l’association; d’une direction des études et fabrications : elle réalise des études de

faisabilité (adaptation des produits, tests utilisateurs, prototypes, maquettes, modèles de documents)

d’un service de transcription en braille; d’une imprimerie qui édite 2 millions de pages braille par an; d’un centre logistique pour l’expédition des documents le jour même

pour toute demande effectuée avant 16 heures. Les factures, brochures et magazines sont expédiés selon leur périodicité;

d’une équipe chargée de répondre aux questions des Internautes aveugles et malvoyants et de mettre quotidiennement le site à jour.

L’association intervient également auprès des entreprises, afin de les conseiller sur la conception de sites internet accessibles aux déficients visuels.Ce centre permet à tout le monde de dialoguer avec les personnes aveugles et malvoyantes, grâce à une mobilisation systématique et opérationnelle de NTIC.

Fonctionnement opérationnel.Cela commence par des numéros verts. Dès 1987, un premier numéro vert a été mis en place pour permettre aux personnes aveugles et malvoyantes, ainsi qu’au grand public, de se renseigner sur les services proposés par l’association.Le centre de réception d’appels assure la gestion de services externes de ses partenaires : renseignements sur les services, envoi de notices explicatives, de périodiques, de factures en braille ou en caractères agrandis.

Le site InternetDepuis septembre 2000, tous les services de l'association sont sur le site handicapzero.org, qui se voudrait le premier site français entièrement accessible à tous.Réflexions, conceptions, tests, ont permis aux internautes déficients visuels d’acquérir un véritable outil doté de fonctionnalités pratiques. Le site contient des informations détaillées sur l’ensemble des services d’handicapzéro, permet d’effectuer des demandes en ligne, de consulter un


agenda culturel, des magazines… Des rubriques spéciales d’actualité sur les événements sportifs sont administrées en permanence.Le succès serait immédiat, selon les statistiques propre de l’association.. Avec une moyenne de 10.000 visites mensuelles (chiffres fournis par WebTrends), handicapzero.org pourrait être le site adapté le plus visité en France.Handicapzéro, à travers son site, entend démontrer que, sous réserve du respect de certaines règles élémentaires, l’internet peut devenir enfin un espace de liberté pour tous.

* * *N.B.Notons brièvement, par ailleurs, que la généralisation des puces et surtout des synthèses vocales, dont les performances s’améliorent sans cesse, a facilité l’accès de certains outils de la vie quotidienne : Appareils électro-ménagers (four, machine à café) obéissant à la voix. Crayon optique vocal qui identifie toute sorte d’objet étiqueté avec un

code barre spécifique. La personne non-voyante disposant de son crayon, peut, par exemple, s‘approcher de sa discothèque, et repèrer ainsi vocalement les titres de ses CD-Roms.

Paradoxalement, la généralisation des menus déroulants rend certains appareils, magnétophone, chaîne Hifi, téléviseur, magnétoscope, inutilisables par les non-voyants, qui y accédaient sans peine il y a quelques années, grâce à des boutons, curseurs, et autres commandes manipulables.Cette disparition des commandes manuelles éloigne les instruments du son, tandis que l’apparition des synthèses vocales rapproche de certains instruments ménagers.

b) L’internet adapté

b.1 Les périphériques d'accès à l'ordinateur pour les déficients visuels : dispositif ergonomique

Pour les malvoyants, nous ne le répéterons jamais assez, l'adaptation du poste informatique sera fonction , en grande partie, de la forme de l'affection et de sa gravité. Un malvoyant "léger" pourra se servir des moyens standard offerts par les postes informatiques. Il travaillera avec un écran de bonne qualité (filtre, dispositif antireflet). Il pourra par ailleurs, jouer avec les couleurs, le contraste, la luminosité et les formes affichés à l'écran. Si cela ne suffit pas, il pourra installer sur son poste de travail: un écran plus grand que la normale ;


un logiciel de grossissement d'écran: un programme spécialisé permettant de grossir tout ou partie de l'écran (à la demande éventuellement, avec une synthèse vocale). ;

un clavier à gros caractères pour apprendre l'emplacement des touches ;

un télé-agrandisseur ou loupe électronique qui est un dispositif permettant de lire ou de voir tout écrit, image, étiquette etc., en le grossissant X fois.

Ces moyens peuvent être combinés entre eux ou pris séparément. L'adaptation doit être soigneuse, réfléchie et, si possible, les différentes solutions testées en conditions. Elles sont personnalisées et diffèrent selon les besoins , le handicap et la personne. Pour les non-voyants, on peut disposer, à l'heure actuelle, de deux, voire trois, périphériques d'accès permettant d'utiliser les fonctions d'un ordinateur: Le braille éphémère : un dispositif piézo-électrique déjà présenté,

restituant sous les doigts de l'utilisateur une partie de l'écran, qui est particulièrement performant dans l’adaptation.

Le dispositif de synthèse vocale ou voix synthétique qui reproduit vocalement à la demande tout ou partie de l'écran.

L'impression braille sur papier qui permet de rendre facilement accessibles des documents en écriture braille et offre une possibilité de transcription Braille à grande échelle.

La synthèse vocale et le braille éphémère peuvent être utilisés ensemble ou séparément. Il ne faut pas oublier qu'une forte proportion d'aveugles ne connaît pas, ou mal, le Braille, en particulier ceux qui perdent la vue à l'âge adulte. Pour un utilisateur pratiquant correctement le Braille, il souhaitera souvent utiliser la combinaison des deux, chaque solution ayant ses avantages et ses inconvénients.

b.2 Les normes d’accessibilité au web : la W A I

La construction d’un site demande que soient appliquées quelques règles pour que celui-ci puisse être accessible à tous les internautes, qu’ils soient aveugles ou non.On pourrait rapprocher cette précaution des normes utilisées en architecture pour rendre accessible un bâtiment public au fauteuil roulant ( plan incliné, largeur des portes, accessibilité des ascenseurs etc…)Nous avons vu que de nombreuses technologies facilitent désormais l’accès au Web aux déficients visuels, mais il reste encore du chemin à


parcourir avant que l’on puisse offrir un accès égalitaire au monde des ordinateurs. Cette question sera largement évoquée au cours de l’Année européenne du handicap en 2003. Pour bien des gens, l’accès à la Toile s’avère plus compliqué que de cliquer sur une souris et d’utiliser un modem. L’internet occupant une place de plus en plus importante dans notre vie quotidienne, la nécessité de le rendre véritablement accessible devient plus pressante. L’Europe compte cinquante millions de personnes déclarant une gêne ou un handicap dans leur vie quotidienne. Parmi elles, de nombreux déficients visuels. En France, la Cotorep (Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel) comptabilise 100 000 aveugles et 1,1 million de malvoyants. Une population fort nombreuse et deux fois plus équipée en matériel informatique que la moyenne des Français, si l’on en croit les différentes associations. Cela représente un marché solvable. Les malvoyants regroupent une forte majorité de seniors, puisqu’en vieillissant, les risques de développer un handicap visuel ou auditif se multiplient. Donc, nous avons vu que du terminal braille au lecteur en synthétiseur de parole en passant par les logiciels de lecture d’écran, un large éventail d’outils d’accessibilité ont été mis au point pour permettre aux déficients visuels d’accéder aux technologies de communication. Outil de travail quotidien, l’informatique participe à l’intégration sociale et culturelle des aveugles. L’Institut national des jeunes aveugles (INJA) l’a compris et intègre cet enseignement dans son programme pédagogique depuis dix ans.Un site accessible est un site auquel un internaute peut accéder quels que soient l’interface, le navigateur, ou la plate-forme d’accès utilisés. Les cadres, les bannières, la technologie Flash™ sont très complexes à gérer pour un non-voyant, nous le rappellerons constamment. Effectivement, on peut constater que des interfaces pour synthèse vocale, comme Jaws, n’arrivent pas à percevoir et à retransmettre le langage de Flash™, ni notamment à naviguer dans des sites constitués avec des cadres ; dans ce cas, la navigation à l’aide de l’interface est prisonnière des cadres sans pouvoir en sortir. Ce qui signifie, que du fait que la plupart des sites étant réalisés en Flash™ ou par des éditeurs comme Front Page ou Dreamweaver, la capacité de navigation de l’internaute non-voyant est réduite de fait.L’accès à l’internet par les déficients visuels est devenu un enjeu qui doit mériter l’attention des concepteurs de sites.Pour tenter d’universaliser cette notion, le consortium du World Wide Web, le W3C - un organisme indépendant qui veille au développement du Web- a mis en place l’initiative W A I (Web Accessibility Initiative)


à laquelle participent des acteurs de nombreux pays. La W A I publie régulièrement des recommandations pour l’accessibilité. Ces recommandations visent à garantir un accès équitable à tout contenu sur les sites Web. Tout concepteur de site qui désire réaliser un site accessible doit les appliquer. La W A I est, rappelons-le, une émanation du W3C. Cette prise de conscience passe par la mise en place de projets d’envergure.Les Etats Unis, patrie de l’internet et qui se veulent aussi pionniers de l’internet respectant la W A I, ont, depuis juin 2001, 30 millions de pages web relevant du gouvernement sans graphismes accrocheurs et sans texte pour ne pas exclure les malvoyants.Pour la France, l’Inria (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) joue un rôle moteur dans cette réflexion, avec l’association BrailleNet notamment. La France a reconnu les recommandations de la W A I et se réfère explicitement à ses recommandations dans sa circulaire sur les sites publics du 7 octobre 1999. Pour sa part, le plan d’action Europe 2002 oblige les sites web publics de ses états membres à être accessibles aux handicapés. Une résolution de la Commission européenne du 25 septembre 2001 demande à tous les pays-membres de s’y conformer. Le secteur privé n’est pas en reste. Bon nombre d’initiatives ont été prises dans ce sens par des grosses entreprises. Microsoft, IBM, plus ou moins tôt, ont lancé des plates-formes de solutions techniques pour faciliter l’accès des personnes handicapées à l’informatique. Des petites sociétés jouent également un rôle. C’est le cas de Visual Friendly qui a mis au point la solution «Label Vue» pour les sites web. Cette technologie offre deux accès spécifiques : l’un aux aveugles, l’autre aux malvoyants. Label Vue permet à la fois de choisir la taille de police, la couleur de la page, mais également l’organisation de la page. Le choix d’une taille et d’une couleur adaptées peut significativement améliorer la lisibilité du texte pour les personnes malvoyantes. Mais pour Jérôme Adam, le président du directoire de Visual Friendly, aveugle depuis l’âge de 16 ans, rendre accessible un site web ne se limite pas à augmenter la taille des caractères. Il faut également travailler sur l’ergonomie : « En travaillant sur l’ergonomie, on conçoit l’accessibilité comme un service utile à tous. Aussi bien pour les non-voyants que pour le confort de lecture de tous. Autre argument et de taille, les sites qui ont adopté Label Vue respectent tous le même paramétrage, la même mise en page, ce qui permet aux déficients visuels de se repérer plus facilement».


Indication des directives W A I pour l’accessibilité des pages Web - Caractère et importance de ces directives même pour les voyants.Ces présentes directives expliquent comment rendre les contenus web accessibles aux personnes handicapées. Ces directives ont été écrites à l'attention de tous les créateurs de contenu (auteurs de pages et concepteurs de sites). Cependant, en les suivant, le contenu Web s'en trouvera plus accessible à tous les utilisateurs : indépendamment du programme utilisateur (par exemple, logiciel de

consultation bureautique [browser], logiciel vocal, téléphone mobile, ordinateur personnel embarqué dans une automobile, etc.)

et quelles que soient les contingences imposées par l'environnement d'utilisation (par exemple, lieu bruyant, sur ou sous-éclairé, en gardant les mains libres, etc.)

En suivant ces directives, on permettra également aux utilisateurs de trouver l'information sur le Web plus rapidement. Ces directives ne cherchent pas à décourager l'utilisation par les créateurs de contenu d'images, de vidéo, etc., mais expliquent plutôt comment rendre les contenus multimédias plus accessibles à une large audience. Si ces directives étaient respectées, elles pourraient garantir tous les internautes contre le fouillis labyrinthique de certains sites commerciaux, qui, pour pouvoir y entrer, nous entraînent dans une succession de lecture de publicités.

Ainsi les principales recommandations sont : S'assurer que les textes et graphiques sont compréhensibles quand

on les visualise sans couleur. Baliser les documents avec les éléments structurants appropriés. Contrôler la présentation avec des feuilles de style plutôt qu'avec

des éléments et des attributs de présentation. Utiliser un balisage facilitant la prononciation ou l'interprétation du

texte abrégé ou en langue étrangère. S’assurer que les tables possèdent les balises nécessaires pour être

interprétées par les logiciels de consultation existants et autres agents utilisateurs.

S'assurer que les pages sont accessibles même lorsque les dernières technologies ne sont pas supportées ou sont désactivées.

S'assurer que les fonctions permettant de faire bouger, clignoter, défiler ou mettre à jour automatiquement des objets ou des pages, puissent être mises en pause ou stoppées.


S'assurer que l'interface utilisateur respecte les principes d'accessibilité: accès aux fonctionnalités indépendamment du type d'interface-utilisateur, accès depuis le clavier, commandes vocales etc.

Utiliser des fonctions permettant l'activation des éléments d'une page grâce à différentes interfaces d'entrée.

Utiliser des solutions d'accessibilité intermédiaires, de manière à ce que les technologies d'assistance et les anciens navigateurs fonctionnement correctement.

Utiliser les technologies préconisées par le W3C (selon les spécifications), et respecter les directives d'accessibilité. Lorsqu’on ne peut utiliser une technologie du W3C, ou si, en le faisant, on ne peut obtenir un résultat qui se transforme de façon élégante, il faut prévoir une version alternative pour présenter le contenu.

Fournir des informations relatives au contexte et à l'orientation pour que les utilisateurs puissent comprendre les éléments et les mises en pages complexes.

Prévoir des mécanismes de navigation clairs et cohérents - information d'orientation, barres de navigation, carte du site etc. - de manière à ce qu'un utilisateur puisse trouver ce qu'il cherche sur le site.

S'assurer que les documents sont clairs et simples, de manière à ce qu'ils puissent être facilement compris.

Il devient alors évident que l’ensemble de ces directives serait un progrès considérable pour tout utilisateur.

b.3 La question de l’e-learning .

Nous n’aborderons cette question que brièvement ; cette méthode pédagogique n’étant, actuellement, pas du tout adaptée pour les non-voyants.En effet, l’étudiant non-voyant a souvent besoin d’un enseignement très individualisé compte tenu des différences qui existent dans le degré du handicap. De plus, l’e-learning est fondamentalement basé sur des méthodes audio-visuelles, où l’image prend, là aussi, la plus grande part. A titre d’exemple, les méthodes audiovisuelles d’apprentissage des langues sont inutilisables pour les aveugles. Dans la partie prospective de notre étude, nous verrons que des développements sont attendus dans l’adaptation des sites d’e-learning grâce aux nouvelles possibilités du logiciel Flash™.


Cependant, nous pouvons noter l’effort de l’Université Claude Bernard à Lyon où une mission Handicap a été créée dés 1994 pour faciliter l'accueil des étudiants handicapés, ce qui devrait faire partie des missions de toutes les Universités. Le rôle de cette mission est d'apporter aux enseignants le soutien nécessaire pour que les étudiants handicapés, notamment sur le plan visuel, bénéficient, dans la mesure du possible, du même enseignement que les autres. Très rapidement, un serveur internet a été créé pour mettre les cours scientifiques et, en particulier, les cours de mathématiques, à la disposition des étudiants avec le concours des professeurs. L'intérêt d'un serveur internet est d'offrir un accès multimédia commode à partir des postes de travail (bibliothèque, salles de cours, ...) aussi bien qu'à partir du domicile de l'étudiant. L'aspect "multimédia" facilite beaucoup la recherche à l'intérieur d'un même document ou parmi d'autres documents. D'autre part, le serveur permet de prendre très rapidement en compte l'évolution des cours. Il rompt l'isolement de l'étudiant en facilitant la communication, non seulement avec ses camarades et ses professeurs, mais aussi avec le reste du monde. Pour cela, l'étudiant doit avoir un "Terminal" braille (dont le prix est encore de l'ordre de 10.000 € ).

b.4 L’analyse du réseau bien adapté à la cécité.

B.4.1GROUPE DE DISCUSSION ET D’ENTRAIDE POUR AVEUGLES SUR LE RÉSEAU

Ces groupes sont extrêmement importants pour les personnes non-voyantes, non seulement ils rompent un isolement, mais ils engagent une véritable réadaptation.Ainsi, au fil du temps, il apparaît une communauté virtuelle de la cécité. Notons aussi que c’est le monde francophone Canadien qui est à la pointe, pour l’utilisation de cette fonction du Net.

AvListeC'est un lieu de rencontre pour les déficients visuels et leurs proches. On peut y chercher des amis, partager des expériences personnelles, discuter des thèmes tels que la vie de couple lorsque l'un des conjoints est déficient visuel, comment élever au mieux des enfants voyants lorsque les deux parents sont aveugles ou inversement, etc. [email protected].


BrailleNoteClub des utilisateurs du BrailleNote (sur abonnement). Ce groupe s'adresse aux utilisateurs et utilisatrices de l'afficheur braille et preneur de notes, BrailleNote échange des « trucs et astuces » sur l'utilisation de cette aide adaptée aux non et [email protected].

Daisy-FRDaisy-FR est un groupe d'entraide et d'échange sur des « trucs et astuces » pour l'utilisation et la consultation des ouvrages réalisés en format Daisy. Dans ce groupe, on peut discuter du format proprement dit, des outils logiciels et matériels disponibles pour son utilisation et toute autre question s'y rapportant. En quelques mots, un livre selon le standard Daisy, est un ouvrage numérique logé sur un CD-Rom qui peut contenir une partie sonore, textuelle, visuelle, etc. Toutes ces parties peuvent être synchronisées pour faire un ouvrage de type multimédia. Il existe 6 niveaux de livres selon ce standard. Ce groupe voudrait présenter ce qui serait adapté demain et qui se présente à notre porte aujourd'[email protected].

EphémérideIl s'agit ici d'une liste de distribution, c'est-à-dire que seules les personnes autorisées peuvent poster des messages sur cette liste. Retrouver quotidiennement les éphémérides québécoises et européennes ou d'ailleurs, dans votre boîte au lettres [email protected].

HV-GroupesSeuls les modérateurs des groupes partenaires peuvent poster des messages sur cette liste de distribution. Ce groupe de discussion se veut très sélectif, mais dans les faits, ce groupe fonctionne peu. [email protected].

JeunesVoix


Les Jeunes Voix, groupe des jeunes romands de la Fédération suisse des aveugles et malvoyants (FSA) regroupe aussi bien des jeunes handicapés de la vue que d'autres jeunes "qui voient bien" (15-29 ans environ) dans un esprit d'intégration et de solidarité[email protected].

LaCriéeLaCriée est un espace où il est possible d'acheminer à des abonnés des annonces ou communiqués divers relatifs à la déficience visuelle, qu'ils proviennent de groupes ou d'individus. Etant donné le nombre de plus en plus croissant de groupes de discussion s'adressant à cette clientèle, LaCriée doit faire face maintenant à un multi-postage important des abonnés, ne sachant pas trop où s'adresser exactement, surchargeant ainsi inutilement les boîtes aux lettres virtuelles. Ce groupe, découlant de la liste NetCécité, une composante du site Le Typhlophile, veut être une alternative intéressante pour contrer ce phénomène croissant (spams) en offrant un espace de distribution. Ainsi, les groupes respectifs de LaCriée peuvent se consacrer aux objectifs premiers pour lesquels ils ont vu le jour. A l’expérience, on peut constater que LaCriée fonctionne bien avec deux ou trois annonces quotidiennes, qui sont ainsi largement diffusées dans les communauté d’aveugles. Des mal-voyants internautes vigilants se chargent de répercuter ces informations auprès de leur micro-communauté. Ce service est particulièrement [email protected].

NetCécitéNetCécité vise à favoriser l'échange d'informations et le partage des connaissances entre les participants à travers toute la francophonie. L'adaptation (technologique ou autre), l'informatique, l'inforoute, la réadaptation, l'intégration sociale et scolaire, l'insertion/réinsertion au marché du travail, les chiens-guides, le système d'écriture braille et autres moyens palliatifs de communication, des informations en tous genres comme, par exemple, sur des bibliothèques, de nouveaux appareils, de nouvelles découvertes en médecine oculaire, des communiqués, articles de journaux, etc., voilà des thèmes (et bien d'autres encore) qui peuvent être discutés par les participants. C’est la communauté la plus active du net.


[email protected] des WebMestres déficients visuels. (réservé aux abonnés) Cette liste veut permettre l'échange de «trucs et astuces» pour handicapés visuels qui souhaitent créer et maintenir leur propre site internet. Il s’agit là d’une communauté très active, les mal-voyants ayant à cœur d’imiter les internautes en créant leur propre site d’édition de pages web. [email protected].

Usager-ExpressL'Usager-Express est une liste de distribution du comité des usagers de l'I N L B (Institut Nazareth et Louis Braille) consacrée exclusivement à faire circuler de l'information relative aux différents dossiers de l'Institut Nazareth et Louis-Braille. On y trouve de l'information sporadique sur les différents comités où siège le comité des usagers des associations de mal-voyants au [email protected].

VisionNouvelleVisionNouvelle est un groupe d'information et d'échange où les personnes, et plus particulièrement les Montréalais et Montréalaises, vivant avec une déficience visuelle, s'organisent. Notamment, à travers des rencontres sociales. [email protected].

WordAideWordAide est un groupe d'entraide et d'échange sur des « trucs et astuces » pour l'utilisation du logiciel Word, un produit Microsoft, avec le matériel spécialisé destiné aux personnes aveugles et mal-voyantes. Groupe très [email protected].

Allons-yCe groupe rassemble des déficients visuels et leurs amis de la région niçoise. Il permet d’organiser des repas et des randonnées dans la montagne environnante. Ce dernier groupe est l’exemple type d’un petit groupe local, chaleureux et convivial, comme il en existe beaucoup d’autres.


[email protected]

B.4.2 SITES WEB SPÉCIALEMENT ADAPTÉS

Nous indiquerons quelques exemples de sites performants pour aveugles. Il y en a très peu qui, en fait, sont vraiment satisfaisants, en ce qui concerne la richesse du contenu. Notons encore le retard de la France dans ce domaine par rapport au Canada et à la Suisse.Le contenu de ces sites est extrêmement pratique pour aider l’aveugle au quotidien : questions juridiques, financières, recensement d’associations utiles, présentation de matériel adapté…Ces pages webs n’ont pas de « frames » ou bannières, elles sont construites en HTML ou XML (pas en Flash™). Ce sont essentiellement des textes, en très gros caractères, comportant peu de liens hypertextes pour ne pas égarer la personne handicapée à travers son logiciel de lecture par reconnaissance vocale .

Voici quelques exemples :Voir Plus. Premier portail d’accès pour aveugle.Site extrêmement généraliste, abordant des questions de formation, d’éducation, des informations médicales, et un point constant sur les technologies nouvelles.Ce site comporte de nombreux liens avec d’autres sites adaptés, et l’on soulignera l’intérêt d’avoir inclus le moteur de recherche Google dans sa page d’accueil (http://www.voirplus.net) Conf. Annexe III

Association Valentin Haüy.Cette association de droit public est la plus vieille de France, crée en 1889. D’importance nationale, représentée sur tout le territoire français, elle est particulièrement active, à travers ses comités régionaux, et participe à tous les développements en faveur de la promotion des aveugles.En ce qui concerne les NTIC, c’est elle qui procède au doublage des films par le procédé Audiovision™.Elle organise aussi, à travers un gros catalogue, la vente en ligne des objets nécessaires à la vie quotidienne de l’aveugle.


www.avh.asso.fr/ Conf Annexe IV

CECIAAOn peut qualifier le site de Ceciaa (Cabinet d’études, conseils, informations, aides et assistance pour personnes handicapées) de site en France premier en «e-business» pour les non-voyants.La société dispose d’un catalogue très complet en matière d’équipement adapté , nous allons développer ce catalogue pour montrer comment les choses se présentent pour un non-voyant, lorsqu’il veut s’équiper de matériel informatique adapté.

Présentation des éléments du catalogue :- les lecteurs d’écran Windows,- synthèses vocales,- logiciels de reconnaissance de caractère,- logiciels de grossissement d’écran,- une grande variété de télé-agrandisseurs,- des configurations clefs en main,- des études de poste à la demande.Cette société possède un département de formation continue. Une équipe de nombreux formateurs est à la disposition des aveugles pour l’appropriation de leur poste de travail informatisé. Chaque formateur est familier de Jaws™ ou de Zoo Text, mais chacun est spécialisé pour un type de matériel déterminé ou des logiciels spécialisés. Enfin, il convient de souligner que CECIAA est agréé comme Centre de Formation, sous le numéro 11-75-20-69-375.Cette société a l’ambition de recenser aussi l’ensemble des sites pour aveugles à travers un glossaire très pratique. On peut souligner que cette société est l’œuvre d’un entrepreneur aveugle qui a su créer une entreprise dynamique en expansion dans un secteur concurrentiel. Elle s’est tournée vers la commercialisation des matériels et la prestation de formations adaptées tout en connaissant un net recul pour les logiciels. En effet, la plupart des logiciels performants sont d’origine américaine après adaptation en français par les Canadiens. Les seuls logiciels performants en France sont des synthèses vocales du français.http://www.ceciaa.com/ Conf. Annexe V


L’Institut National des Jeunes AveuglesMalgré la page d’accueil qui est d’une extrême sobriété, notons que ce site de l’Inja est l’un des sites les mieux construits pour les non-voyants. Très pratique, il permet à la personne d’avoir une excellente base de départ pour une navigation de recherche sur le net.L’INJA propose un répertoire qui a le grand mérite de rassembler les associations francophones qui proposent de l’édition adaptée.Ce site montre bien la révolution qui s’opère entre la nouvelle génération des aveugles, pour laquelle on ne saurait vivre sans ordinateur, et les personnes plus âgées qui ont du mal à se convertir aux NTIC. Conf. Annexe VI

B)4-1 SITES WEB GRAND PUBLIC AVEC ADAPTATION .

Nous avons vu l’existence des normes W A I. Peu de sites les respectent, mais nous devons citer ici ceux qui ont fait un investissement particulier d’adaptation.

Le Monde Ce quotidien a fait l’effort unique de mettre en ligne deux versions parallèles du journal, l’une destinée à son public habituel, l’autre destinée spécialement au public handicapé. Cette seconde version élimine les photos, les dessins, les graphiques. Elle ordonne aussi les liens d’une façon très linéaire, afin que chacun d’entre eux puisse être bien identifié par les lecteurs d’écran, évitant ainsi une dispersion des fonctions hypertextes. Le Monde retourne ainsi, sans le vouloir, à son austérité première.Nous montrons en annexe VII la différence entre une page adaptée et une page non-adaptée.http://www.lemonde.fr

Eglise catholique de FranceConférence épiscopale. Site grand public de la conférence des évêques de France. Les programmateurs et webmasters du site de cette institution ont fait l’effort de respecter les normes W A I. Ce qui est la moindre des choses, compe-tenu de l’éthique de l’église catholique de France. Le logiciel Jaws™ peut énoncer


sans difficultés le contenu de ces pages web. La page d’accueil du site signale l’adaptation. Conf. Annexe VIIIhttp://www.cef.fr/catho/plan/index.php

b.5 Exemple de financement par le mécenat

Dans le cadre de l’aide apportée aux aveugles par les institutions publiques, on peut remarquer l’irruption de groupes privés qui se joignent à la solidarité nationale.Ainsi, un portail L’internet pour jeunes aveugles, couplé à une bibliothèque numérique, a été créé au Canada par la firme Microsoft™.Cette réalisation a valu au fondateur Bill Gates, de la firme leader mondiale de logiciels, la médaille d’Or Louis Braille, décernée par l’Institut national canadien pour aveugles.

Ce portail, baptisé Découverte, constitue une communauté en ligne où les enfants et les jeunes peuvent inter-agir de manière sécurisée et avoir accès à davantage de documents. «Seul trois pour cent de tous les documents publiés au Canada est disponible en format accessible aux étudiants aveugles, ce qui désavantage nettement les enfants aveugles qui sont grandement susceptibles d'accuser un retard par rapport aux enfants voyants. Le portail Découverte constitue une première mondiale - d'autres bibliothèques se tourneront vers le Canada pour utiliser cette technologie comme modèle.»L'importance de l'ère actuelle de convergence et de numérisation de l'information s'apparente à l'invention du braille pour les communautés d'aveugles, estime l'INCA (Institut National Canadien des Aveugles). Microsoft Canada a contribué pour 2,5 millions de dollars sur les 33 millions de dollars nécessaires à l'INCA pour numériser sa bibliothèque, qui diffuse 1,3 million d'ouvrages chaque année. La médaille d'or Louis Braille fût décernée en concertation avec l'Union mondiale des aveugles, en reconnaissance d'un engagement en faveur des droits et les libertés des aveugles dans le monde entier.


B - Perspective de développement de NTIC adapté à la condition de non-voyant.

En fonction de la rapidité de l’évolution des techniques, il devient évident, à la suite de cette étude, que c’est aux aveugles de prendre eux-mêmse en mains leur condition d’accès aux NTIC. Nous rappelons que bon nombre de métiers exercés grâce à des moyens informatiques sont assez aisément accessibles aux personnes peu ou non-voyantes. Ainsi, nous pensons que ces professionnels mal-voyants doivent faire l’effort conceptuel pour penser le développement de l’ergonomie la mieux adaptée.

1- Problématique

Dans un premier temps, l’apparition des NTIC crée une élite dans la population. Cette élite est constituée des premières personnes qui ont su apprivoiser ces nouvelles technologies. Après un moment d’adaptation, elles sont apprises par le cœur de la population, et lui permettent de réaliser un bond en avant dans la productivité, aussi bien dans ses activités personnelles, que professionnelles. Il en est de même pour les handicapés visuels qui, dans un premier temps, ont subi cet éloignement de l’élite, qui est dû au temps d’adaptation des nouvelles technologies aux handicaps. C’est le paradoxe de «la relance du handicap» à cause de l’apparition de techniques nouvelles, car dans l’esprit du vulgaire, toute technologie nouvelle est immédiatement bénéfique pour tout le monde, selon la notion de progrès de l’idéologie dominante.

Mais, quand on a développé les outils d’accès adaptés, les handicapés ont pu réduire en partie leur retard. De nouveau, une situation paradoxale surgit, elle se situe au moment où apparaissent les nouvelles conditions d’informatisation de la société, qui ont pu alors avantager dans sa vitesse d’apprentissage cette population, qui avait déjà pour habitude «de médiatiser» la communication à travers des outils spécifiques. Les méthodes de médiatisation, comme l’usage du braille, avait donc déjà entraîné les aveugles à une pratique communicative plus difficile à acquérir que pour le reste de la population.

L’inconvénient pour les aveugles de l’apparition des NTIC, c’est qu’elles mettent plus que jamais - et nous l’avons souligné - l’image au cœur de la société. Une médiation culturelle se développe autour de l’image, les écrans envahissent les bureaux, les ateliers et les domiciles, provoquant une sollicitation constante de l’œil. C’est en ce sens que le développement des NTIC accentue le handicap des aveugles. Il reste à trouver de nouveaux moyens pour médiatiser l’image vers les non-voyants, à savoir «rendre l’image aux aveugles».


On peut travailler selon deux axes : intervenir sur l’aveugle lui-même en cherchant à créer un œil artificiel ; ou bien intervenir sur le réseau (le multimédia en général) en créant un

nouveau terminal qui permette d’appréhender l’image ; ce sont les recherches dans le domaine de l’haptique. En effet, le braille et la synthèse vocale sont aujourd’hui des solutions satisfaisantes, bien qu’améliorables, de la médiatisation textuelle.

Pour la médiatisation de l’image, notons ici simplement que des idées nouvelles circulent, celle des «écrans en relief», ou «des crayons sensibles» capable de répercuter texture et relief. On pense également à un dispositif qui permettrait, par des bras articulés, de diriger les dix doigts de la main enfoncés dans des sortes de dés, permettant d’appréhender une forme dans l’espace virtuel.

2- Prospective technologique d’accessibilité.

a) L’Intelligence Artificielle (IA) et neurones artificiels.

a.1 Historique

Nous développons à présent un petit historique des neuro-sciences et de l’intelligence artificielle, afin de mettre en perspective notre problématique sur l’œil artificiel et sur l’haptique.

1890 : W. James, célèbre psychologue américain, introduit le concept de mémoire associative, et propose ce qui deviendra une loi de fonctionnement pour l’apprentissage sur les réseaux de neurones, connue plus tard sous le nom de loi de Hebb.

1943 : J. Mc Culloch et W. Pitts laissent leurs noms à une modélisation du neurone biologique (un neurone au comportement binaire). Ce sont les premiers à montrer que des réseaux de neurones formels simples peuvent réaliser des fonctions logiques, arithmétiques et symboliques complexes (tout au moins au niveau théorique).

1949 : D. Hebb, physiologiste américain, explique le conditionnement chez l’animal par les propriétés des neurones eux-mêmes. Ainsi, un conditionnement de type pavlovien tel que, nourrir tous les jours à la même heure un chien, entraîne chez cet animal la sécrétion de salive à cette heure précise, même en l’absence de nourriture. La loi de modification des propriétés des connexions entre neurones qu’il propose explique, en partie, ce type de résultats expérimentaux.


Les premiers succès 1957 : F. Rosenblatt développe le modèle du Perceptron. Il construit le

premier neuro-ordinateur basé sur ce modèle et l’applique au domaine de la reconnaissance de formes. Notons qu’à cette époque, les moyens à sa disposition sont limités et c’est une prouesse technologique que de réussir à faire fonctionner correctement cette machine plus de quelques minutes.

1960 : B. Widrow, un automaticien, développe le modèle Adaline (Adaptative Linear Element). Dans sa structure, le modèle ressemble au Perceptron, cependant la loi d’apprentissage est différente. Celle-ci est à l’origine de l’algorithme de rétropropagation de gradient très utilisé aujourd’hui avec les Perceptrons multicouches. Les réseaux de type Adaline restent utilisés de nos jours pour certaines applications particulières. B. Widrow a créé, dès cette époque, une des premières firmes proposant neuro-ordinateurs et neuro-composants, la "Memistor Corporation". Il est aujourd’hui le président de l’International Neural Network Society (INNS).

1969 : M. Minsky et S. Papert publient un ouvrage qui met en exergue les limitations théoriques du Perceptron. Ils étendent implicitement ces limitations à tous modèles de réseaux de neurones artificiels. Leur objectif est atteint, il y a abandon financier des recherches dans le domaine (surtout aux U.S.A.), les chercheurs se tournent principalement vers l’I.A et les systèmes à base de règles.

L’ombre 1967-1982 : Toutes les recherches ne sont, bien sûr, pas interrompues.

Elles se poursuivent, mais déguisées, sous le couvert de divers domaines comme : le traitement adaptatif du signal, la reconnaissance de formes, la modélisation en neurobiologie, etc. De grands noms travaillent durant cette période tels : S. Grossberg, T. Kohonen.

Le renouveau 1982 : J. J. Hopfield est un physicien reconnu à qui l’on doit le

renouveau d’intérêt pour les réseaux de neurones artificiels ; cela a plusieurs raisons .Au travers d’un article court, clair et bien écrit, il présente une théorie du fonctionnement et des possibilités des réseaux de neurones. Il faut remarquer la présentation anticonformiste de son article. Alors que les auteurs s’acharnent jusqu’alors à proposer une structure et une loi d’apprentissage, puis à étudier les propriétés émergentes, J. J. Hopfield fixe préalablement le comportement à atteindre pour son modèle et


construit à partir de là, la structure et la loi d’apprentissage correspondant au résultat escompté. Ce modèle est, aujourd’hui encore, très utilisé pour des problèmes d'optimisation. D'autre part, entre les mains de ce physicien distingué, la théorie des réseaux de neurones devient respectable. Une phrase, placée en commentaire dans son article initial, met en avant l’isomorphisme de son modèle avec le modèle d’Ising (modèle des verres de spins). Cette idée va drainer un flot de physiciens vers les réseaux de neurones artificiels.Notons qu’à cette date, l’I A est l’objet d’une certaine désillusion, elle n’a pas répondu à toutes les attentes et s’est même heurtée à de sérieuses limitations. Aussi, bien que les limitations du Perceptron mises en avant par M. Minsky ne soient pas levées par le modèle d’Hopfield, les recherches sont relancées.

La levée des limitations 1983 : La Machine de Boltzmann est le premier modèle connu apte à

traiter de manière satisfaisante les limitations recensées dans le cas du Perceptron. Mais l’utilisation pratique s’avère difficile, la convergence de l’algorithme étant extrêmement longue (les temps de calcul sont considérables).

1985 : La rétropropagation de gradient apparaît. C’est un algorithme d‘apprentissage adapté aux réseaux de neurones multicouches (aussi appelés Perceptrons multicouches). Sa découverte, réalisée par trois groupes de chercheurs indépendants, indique que "la chose était dans l’air". Dès cette découverte, nous avons la possibilité de réaliser une fonction non-linéaire d’entrée/sortie sur un réseau en décomposant cette fonction en une suite d’étapes linéairements séparables. De nos jours, les réseaux multicouches et la rétropropagation de gradient restent le modèle le plus étudié et le plus productif au niveau des applications.

a.2 Résumé de la situation actuelle, et conséquences pour l’œil artificiel. Les avancées informatiques ont été colossales en quelques décennies ; la puissance des microprocesseurs continue de doubler tous les 18 mois. Pourtant, parmi les objectifs retenus dans le "Handbook of Artificial Intelligence" du début des années 80, peu ont été atteints.Les raisons en sont multiples. En premier lieu, le fonctionnement intime du cerveau est très complexe et les mécanismes mis en place pour réaliser de nombreux travaux intellectuels demeurent ignorés. Pour ce motif, on ne sait donc pas encore comment programmer les ordinateurs et ceux qui ont été fabriqués pour effectuer certaines tâches, par


exemple, jouer aux échecs, utilisent des mécanismes différents de ceux qui sont activés par le cerveau humain. Dans ce jeu, l'ordinateur passe, par exemple, en revue systématiquement des milliers de positions possibles, alors que l'homme imagine «une stratégie».. Si elles ont démontré leurs capacités aux échecs, les machines échouent d'ailleurs au jeu de Go.

En outre, le nombre de connexions que peuvent réaliser les ordinateurs, même s'il a beaucoup augmenté, reste très inférieur à celui du cortex .

Dans un entretien accordé au journal "Le Monde", le chercheur britannique Hugo de Garis, estimait que grâce aux techniques nouvelles d'ingénierie évolutive, il est désormais possible de concevoir "une première version de machine comptant 64 000 circuits, chacun contenant l'équivalent de 1 000 cellules artificielles similaires aux neurones biologiques et représentant au total presque 75 millions de neurones". Pour ce scientifique, le chiffre de 1 milliard d'équivalents de neurones pourrait être obtenu dans 2 ou 3 ans et on devrait voir dans 50 ans les premières machines massivement intelligentes. Mais le chemin à parcourir reste long, car le cerveau humain comporte 100 milliards de neurones.

Une priorité : améliorer les interfaces homme-machine

Autre point délicat dans la mise au point des programmes d'intelligence artificielle : la maîtrise du dialogue entre l'homme et la machine. Davantage que la "mémoire" de l'ordinateur, c'est ainsi son "langage" qui semble pouvoir le rendre "intelligent". Les chercheurs recourent d'ailleurs aujourd'hui beaucoup aux services de linguistes, la connaissance des structures du langage humain fournissant des indications précieuses pour la conception et la programmation des machines.Pour Jean-Luc Soubie, chercheur à l'Institut de Recherche en Informatique de Toulouse (I R I T), on ne peut parler d'essoufflement de la recherche en intelligence artificielle. Comme bien d'autres disciplines scientifiques, cette dernière "progresse à son rythme". Mais il est vrai qu'en l'an 2000, l'objectif des chercheurs est plus "d'aider l'homme que de chercher à remplacer des fonctions cérébrales fondamentales". "Les machines peuvent calculer, évaluer des situations, faire des diagnostics, planifier, répondre à des questions, (re)découvrir des lois mathématiques..." ou même imiter des comportements humains,


aider à la créativité, voire exécuter des réalisations artistiques obéissant à des lois de composition et à de l'aléatoire…", précise ainsi, Henri Prade, lui aussi chercheur à l'IRIT.

Reconnaissance du langage, vision, aide au diagnostic

En dehors de la robotique, qui a connu d'importantes avancées, quelques applications de l'intelligence artificielle au sens large existent déjà, même si elles demeurent limitées. Selon le chercheur John McCarthy de l'université de Stanford, l'une d'entre elles concerne la reconnaissance de la parole qu'on sait obtenir, peu ou prou, des machines depuis environ dix ans. Certains ordinateurs savent aussi "lire" des séquences très réduites de textes et des programmes de traduction automatique sont aujourd'hui disponibles. Il faut cependant avouer que ces derniers font de nombreuses erreurs et s'avèrent plutôt décevants.

Les technologies de reconnaissance visuelle liées à l’intelligence artificielle devraient, quant à elles, assez rapidement améliorer la vie des aveugles. Mais là encore, les capacités des ordinateurs à traduire l'image d'un objet en trois dimensions ou en deux dimensions, demeurent notablement inférieures à celles des yeux humains.

b) L’œil artificiel.

L’œil artificiel apparaît actuellement comme la nécessité technologique majeure d’accès des aveugles aux NTIC. L’un des espoirs majeur des aveugles réside dans l’avènement de cet œil artificiel, lié à l’intelligence artificielle. Nous allons donner un aperçu de trois résultats, de trois équipes de recherche différentes.

B .1 LES RÉSULTATS DE L’ÉQUIPE DE WILLIAM DOBELLE .

C'est le premier oeil artificiel qui pourrait apporter une aide utile aux aveugles : une caméra reliée au cerveau qui permet la lecture de gros caractères ou les déplacements autour d'objets de grande taille. Le dispositif ne permet toutefois pas d'obtenir une véritable image et doit encore être perfectionné. Le procédé permet de percevoir jusqu'à 100 points de lumière, qui apparaissent et disparaissent en fonction de l'environnement se trouvant dans le champ de vision. Le directeur des recherches, William Dobelle, décrit ses travaux dans la revue de la Société américaine des organes internes artificiels.


Son équipe a posé en 1978 un implant cérébral à Jerry, un "cobaye" volontaire avec lequel ils travaillent pour tenter de mettre au point cette technologie. Agé de 62 ans, Jerry, qui souhaite garder l'anonymat, est aveugle depuis l'âge de 36 ans. Grâce au dispositif, il est capable de trouver un mannequin dans une pièce, de marcher jusqu'à un bonnet noir suspendu à un mur blanc et de retourner vers le mannequin pour le coiffer avec le bonnet. Il peut aussi reconnaître des lettres de 5 cm de haut à 1,50 m de distance. Pour "voir", il porte des lunettes de soleil équipées d'une caméra miniature sur un verre et d'un télémètre à ultrasons sur l'autre, les deux étant reliés à un petit ordinateur porté à la hanche. Via un autre ordinateur situé à proximité, des signaux sont transmis à la surface du cerveau par des électrodes, insérées dans la boîte crânienne grâce à une perforation derrière l'oreille droite. Les électrodes stimulent certaines cellules qui permettent au sujet de percevoir des points de lumière et qui indiquent la limite entre zones claires et sombres, ce qui lui permet, par exemple, de repérer le bonnet noir sur le mur blanc. L'appareil, que Jerry utilise deux à trois fois par semaine au laboratoire de William Dobelle, procure une sorte de vision en tunnel. Les chercheurs tentent d'améliorer notamment la perception de la profondeur de champ à l'aide du télémètre à ultrasons. Une version améliorée de l'appareil devrait être commercialisée en quantité limitée en dehors des Etats-Unis. Toutefois, aucune date de commercialisation pour les Etats-Unis n'a été fixée, selon M. Dobelle, qui est président de l'Institut Dobelle, une entreprise d'appareillage médical, basée à New York. Richard Normann, qui étudie la vision artificielle à l'université de l'Utah, estime qu'il s'agit de la première démonstration d'un système de vision artificielle. Cette percée laisse espérer qu'à l'avenir, un tel procédé permettra aux aveugles de réaliser des tâches visuelles relativement complexes. Mais c'est "une aide au déplacement très limitée et on est bien loin de la vision normale", nuance-t-il. Une autre piste porte sur la mise au point d'implants, non dans le cerveau mais dans la rétine. Les études sont menées en France à Paris, Strasbourg, et Toulouse.Par ailleurs, des chercheurs japonais ont réussi - une première mondiale - à créer des globes oculaires artificiels.


B .2 L’ŒIL BIOLOGIQUE DU DOCTEUR ASASHIMA .

L’équipe, sous la direction du biologiste Makoto Asashima, professeur à l’Université de Tokyo, a développé ces globes oculaires sur des têtards, à partir de cellules issues d’embryons de grenouilles. "Etant donné que l’essentiel du développement corporel correspond à celui des êtres humains, je crois que cela pourra aider les gens dans le futur, à recouvrer la vue" explique le Professeur Asashima. Après avoir imprégné des cellules d’embryons d’une grenouille Platanna dans un milieu spécial, l’équipe a greffé le globe oculaire développé sur un têtard. Une semaine après la transplantation, l’équipe a confirmé que le globe oculaire du têtard s’était bien relié à ses nerfs optiques, sans que des symptômes de rejet ne soient constatés.

B .3 LE TROISIÈME ŒIL : ŒIL ARTIFICIEL PERFORMANT .

Une équipe de l'école polytechnique de Montréal met au point un oeil électronique qui n'a besoin ni de la rétine ni du nerf optique. S'adresser directement au cortex visuel, en ignorant la rétine et le nerf optique, telle est l'idée de Mohamad Sawan, professeur à l'école polytechnique de Montréal, pour rendre la vue aux personnes souffrant de cécité. Son équipe, qui a commencé ses travaux en 1994, achève la mise au point d'un oeil électronique.«Le principe d'un oeil électronique est relativement simple, explique Mohamad Sawan, on connaît aujourd'hui la zone du cerveau qui analyse les données transmises par les yeux pour en faire des images. Il suffit de remplacer l’œil déficient par une caméra, et de ne pas tenir compte du nerf optique pour apporter les informations au cortex visuel.». La puce s'adresse directement aux neurones, en leur fournissant les signaux qu'ils reçoivent en temps normal grâce au nerf optique.La caméra, qui remplace l’œil humain, est reliée à une plaque couverte d'électrodes, qui s'allument et s'éteignent en fonction des données reçues. Sur l'écran de l'ordinateur de contrôle, deux images : la vraie, et celle que pourrait voir un aveugle muni de cet équipement.(conf. annexe IX). Le dessin est plus grossier et les couleurs n'apparaissent pas, mais l'image est bien là. L’équipe du chercheur américain Dobelle que nous avons vu en premier, avait, donc elle aussi, présenté un premier modèle «d'oeil électronique», un système de caméra relié directement au cerveau par des câbles électriques. Le prototype américain avait permis à un aveugle de retrouver une partie de la vue. Mais le prototype de Mohamad Sawan va plus loin. D'abord, l'image est plus précise : la puce, implantée directement dans le cortex, comporte quelques 625 points lumineux, répartis sur un cm². Ensuite, l'équipe


montréalaise a trouvé comment se passer des fils visibles qui assurent la communication entre la caméra (l'oeil) et la puce électronique qui transmet les informations au cortex. La clef : les ondes électromagnétiques.Nous avons vu que trois approches différentes ont motivé le développement d'un oeil artificiel. Alors que certains chercheurs travaillent sur le nerf optique, d'autres tentent de reproduire des rétines pour rendre la vue. Dans ces deux cas, il faut que le nerf optique soit en état de fonctionner. Or, on estime qu'après six ans d'inactivité, ce dernier est complètement mort. Ces techniques intéressent donc uniquement les patients dont les organes sont encore en état de fonctionner, et qui ont perdu la vue il y a peu de temps. La troisième approche tente de relier directement le cerveau au système de vision artificielle, en court-circuitant le nerf optique en quelque sorte.«L'intérêt de notre technique, dit Mohamad Sawan, c'est qu'elle peut servir à tous les non-voyants, même aux aveugles de naissance.»Son équipe vient de s'associer à l'Institut neurologique de Montréal, à l'Université Mc Gill, pour passer à la phase d'essais cliniques. Pour effectuer les premiers tests, elle utilisera des singes auxquels on aura bandé les yeux (pas besoin d'en trouver des aveugles !). «Le singe est un animal intelligent, explique Mohamad Sawan. En lui apprenant à réagir à la vue de certaines formes, il sera facile de vérifier s'il voit ou non.»Il restera ensuite à miniaturiser le système et, d'ici une dizaine d'années au plus tard, pense le professeur, il sera possible de rendre la vue aux aveugles.

B .4 UNE RECHERCHE EN DEVENIR

Citons en dernier lieu les recherches du laboratoire de Michel Jolion de l’Institut des Sciences Appliquées de Lyon sur la vision artificielle. Celui ci en mettant au point une sémiologie de l’image, tente de définir des éléments qui recomposeraient ou reconstitueraient artificiellement la vision.

c) Les questions de l’haptique

C-1 DÉFINITION

«L'écriture ne serait-elle pas à la pensée ce que le toucher est au Sensible, où page blanche et peau s'offrent comme un palimpseste, une étendue prête à accueillir en surface l'événement du présent tout


en recueillant en son épaisseur le mystère du temps ?». Le toucher . Jean Luc Nancy .Gallilée 2000

Haptique est à l’origine un adjectif qui désigne des interfaces qui donnent des sensations par le toucher. L'une d'elle est devenue relativement populaire, il s'agit du joystick (ou du volant) à retour de forces, qui a commencé à se répandre à la fin de 1997. L'idée est de compléter la panoplie visuelle (l'écran, l'imprimante) et sonore de l'ordinateur par des dispositifs plus sensuels.Ce qui aussi est intéressant dans le mot, c'est qu'il illustre le ridicule du complexe culturel des Français à l'égard d'un « cyber espace » jugé trop "américain". Les milieux universitaires américains sont pétris de culture française. Sherry Turkle, chercheuse au MIT, mais aussi invitée régulière de la scène médiatique américaine, a consacré le premier de ses trois livres à la scène structuralo-psy française. Le magazine Wired est constellé de mots français. On le voit dans tout ce sabir cyber, les mots de ce domaine ont de solides racines françaises, même si on les croit trop souvent anglaises. Seul l'effroi ignorant des intellectuels et des politiques français devant ce nouvel univers est l'objet de quolibets branchés à New York.Haptique justement est un mot directement repris de Deleuze (dans Francis Bacon, «Logique de la sensation», éditions de la différence, chap. 14), qui lui-même citait Riegl, historien de l'art autrichien de la fin du XIX°. Pour Riegl, l'art évoluait – progressait - de l'haptique à l'optique. D'une sensation venue de la peau, le toucher (haptein en grec veut dire toucher) vers celle qui sait se contenter de l'œil seul (optique), Riegl écrivait aux débuts de l'art abstrait, on voit à quoi il pensait.Gilles Deleuze, très lu sur les campus américains, fut un des inspirateurs du courant de la "réalité virtuelle" qui initia les recherches sur les interfaces haptiques. C'est en le lisant à propos du virtuel que l'on tomba sur haptique. Sans doute aurait-il été intéressé par le destin de ce terme qu'il avait exhumé, lui qui pensait probablement peu au jeu «Flight Simulator» d’apprentissage de pilotage.Une technologie est donc dite haptique quand elle permet de toucher et de manipuler des objets virtuels ou distants pouvant être simultanément présentés sur un écran de contrôle. L'adjectif désigne plus largement les interfaces qui procurent des sensations "tactilo-kinesthésiques", c'est-à-dire une perception tactile permettant d'appréhender le poids, la forme, le volume et la force d'un objet.


C-2 CONSIDÉRATION COGNITIVE DE L’HAPTIQUE .

Les recherches portent en général sur la modalité perceptive tactilo-kinesthésique (définition psychologique de "l’haptique") et sur la coordination intermodale entre celle-ci et la vision. Le fonctionnement perceptif des mains, qui est très intimement associé à la fonction motrice de ces mains chez l'être humain, a des caractéristiques particulières qui le distinguent de celui de la vision, bien que les mêmes grandes lois relatives à la saisie et au traitement de l'information soient à l'œuvre dans les deux modalités. Des études sont centrées sur les caractéristiques de l'exploration perceptive tactile manuelle et sur les conséquences que ces modes originaux d'exploration peuvent avoir sur le processus perceptif chez les personnes voyantes et en cas de cécité complète. Les travaux et réflexions de ces dernières années ont concerné : les relations entre les procédures d'exploration manuelle des

objets et le type de classification perceptive appliqué à ces objets ;

les effets du mode d'exploration du système bras-main sur la perception de l'orientation d'une barre, en relation plus particulièrement avec les références spatiales apportées par les indices gravitaires fournis pendant l'exploration ;

les incidences perceptives et cognitives de la cécité précoce.Comme dans le cas des handicaps auditifs, il s’agit de savoir s’il existe une véritable réorganisation neuro-sensorielle.

La problématique se définit ainsi, d’une façon générale pour tout type de handicap par rapport au système nerveux central: Comment le système nerveux sensoriel moteur s’adapte aux

contraintes de la sollicitation sensorielle modifiée ; Quels sont les processus dynamiques qui interviennent au cours

du développement de l’adaptation ; Cette adaptation peut-elle impliquer une modification du cortex

cérébral ?

De nombreux laboratoires de recherche médicale et de psychologie travaillent sur le sujet ; nous remarquerons en particulier en France : le laboratoire de Serge Portalier, Développement et Handicap,

Université de Lyon 2 ;


celui d’Yvette Hatwel, Psychologie expérimentale, Université Pierre Mendés France, Grenoble.

C-3 L’HAPTIQUE POUR LES NON VOYANTS : UN SIXIÈME SENS AU SERVICE DE LA RÉALITÉ VIRTUELLE

« Les actants sont les êtres ou les choses, qui, à un titre quelconque et de quelque façon que ce soit (...) participent au procès ». Tesnière, Syntaxe structurale.L’un des exemples remarquables, et que nous voulons mettre en exergue de réussite dans le domaine de l’haptique pour aveugles, est la substitution de la souris traditionnelle par un crayon dérivé des palettes graphiques. Assis face à un ordinateur, un aveugle en explore l'interface graphique et semble s'y retrouver aussi bien qu'une personne voyante grâce à une souris d'un nouveau genre, à retour d’effort. De la forme d'un stylo, le dispositif lui permet de sentir au bout de ses doigts les icônes, les barres de menu et autres fenêtres affichées dans le dispositif de Windows.Il inaugure ce que nous nommerons l’interfaçage haptique, c’est à dire une mobilisation d’ensemble de moyens, accentuant l’accessibilité des NTIC aux non-voyants.

C.3.1 HOMÈRE SYSTÈME HAPTIQUE POUR UNE DÉCOUVERTE DE L’ESPACE

Génèse de l'Idée et Objectifs L'idée d'Homère est née lors du séminaire organisé par l'Institut pour la ville en mouvement, à la Cité des Sciences en avril 2001, à l'occasion duquel se sont exprimés des aveugles et malvoyants, d'une part sur la perception multi-sensorielle par laquelle ils se repèrent et apprécient leur environnement, et, d'autre part, sur la difficulté qu'il peut y avoir à préparer un déplacement dans un lieu que l'on ne connaît pas, à en percevoir les distances, les obstacles possibles, mais aussi les points d'intérêt.De cette rencontre est née l'idée de chercher à tirer parti des techniques de la Réalité Virtuelle sur lesquelles les trois auteurs sont fortement impliqués, chacun dans son domaine spécifique: simulateurs de conduite pour P S A, interfaces tactiles et à retour d'effort pour le CEA-List, solutions complètes autour d'interfaces multi-sensorielles pour ONDIM (organisme de recherches privé).


Compte-tenu de l'aspect très novateur de l'approche dans le domaine, il nous a fallu démontrer qu'il est possible grâce à ces technologies d'ouvrir de nouvelles voies de développement de produits et de services d'aide aux malvoyants. Un démonstrateur visant à l'amélioration de leur autonomie de déplacements en zones urbaines a ainsi été mis en chantier avec l'aide de l'Institut pour la ville en mouvement.Grâce au concours d'experts en accessibilité et ergonomie comme Hoëlle Corvest de la Cité des Sciences et de l'Industrie ou Gérard Uzan de l'Université de PARIS V, ainsi qu'à la passion qui a animé les développeurs, ce démonstrateur a pu être réalisé dans un temps record sur les bases de technologies aujourd'hui encore en phase de recherche et développement.

Fonctionnement Le cœur du système, abrité dans l'ordinateur d'Homère, est une " maquette virtuelle " de la Cité des Sciences et de l'Industrie que l'on peut décrire comme une carte en trois dimensions (longueur, largeur, hauteur), regroupant beaucoup d'informations. D'abord la géométrie. C'est elle qui va permettre au piéton virtuel de connaître la longueur de son trajet, le nombre de changements de direction ou de niveau, la forme des différents éléments ou obstacles le long de l'itinéraire, etc. Sur cette géométrie vient se superposer l'information "texture", dont le rôle est de représenter les propriétés tactiles des éléments avec lesquels l'utilisateur sera en contact, comme les sols ou les murs (glissant ou rugueux, caillouteux ou gazonné, dur ou mou). On y trouve également décrites les caractéristiques sonores des sols permettant d'associer à la progression du visiteur les bruits de ses pas et de sa canne virtuelle claquant sur un sol dur ou faisant crisser des graviers. A chaque lieu est également associée son ambiance sonore ; rumeur dans un hall, bruits de jeux dans un jardin d'enfants, fermeture d'une porte. Enfin, pour compléter le panel de sensations et apporter plus de réalisme, la visite va se faire un jour de grand soleil que le visiteur percevra par un simulateur Infra-Rouge permettant de faire varier la position d'un soleil virtuel. Il pourra ainsi mieux interpréter les changements de directions le long de son itinéraire. Un charmant "guide" virtuel accueillera les visiteurs déficients visuels, à l'entrée de la cité et les conduira virtuellement le long de


l'itinéraire permettant d'accéder à la Cité des Sciences à partir d'un arrêt de bus, qui commence sur le parvis, se continue à l'intérieur des deux niveaux de la Cité pour enfin déboucher sur la Géode. En chemin, le bruit de ses pas va indiquer la direction à suivre. C'est ce même guide qui, à la demande de l'utilisateur, pourra lui commenter les points remarquables de son itinéraire.Pour réaliser la visite de cette "maquette virtuelle", le visiteur dispose d'une canne blanche virtuelle pour explorer son environnement proche. La perception du toucher lui est rendue grâce au bras à retour d'effort Virtuose, développé par le CEA-List qui va lui permettre de ressentir des efforts et des vibrations caractéristiques lorsque, au cours de ses mouvements, sa canne virtuelle heurte un obstacle ou glisse sur le sol ou le long d'une paroi. Dans la réalité technique, Virtuose "lit" la position de la canne par l'intermédiaire de ses capteurs, et la transforme en une "position virtuelle" dans l'environnement préalablement modélisé qui déclenche alors les retours de sensations vers l'utilisateur. Ces sensations sont générées par un ensemble de micro-moteurs électriques finement pilotés en effort.La deuxième source d'informations pour l'utilisateur est le son. Un système de restitution sonore quadriphonique permet de localiser les sons dans l'espace autour du visiteur pour leur bonne interprétation.La dernière source d'informations utilisée par Homère est la sensation de chaleur du soleil sur la peau en fonction de son orientation. Homère connaît à tout moment la position de l'utilisateur par rapport au soleil à une heure donnée, et commande l'éclairement d'un simulateur utilisant des lampes infra rouge dirigées vers l'utilisateur, modifiant l'origine du flux au fur et à mesure du déplacement.

Grâce à Homère, l'utilisateur peut répéter son itinéraire autant de fois qu'il le désire afin de mémoriser l'ensemble des perceptions sensorielles qu'il retrouvera le long du parcours réel de son chemin. Homère est donc ainsi une sorte de "lecteur de cartes en 3 dimensions", voire de "guide touristique multi-sensoriel", s'adressant à des utilisateurs mal-voyants.

Un haut degré d'Innovation Innovant et unique, Homère est un tout nouveau produit, dont la technologie balbutiante nous fait deviner toutes les potentialités.


Beaucoup d'inconnues restent à lever et doivent faire l'objet de recherches complémentaires pour aboutir à un concept pleinement opérationnel.Tout d'abord, le rendu haptique, thème central de ce démonstrateur, fait l'objet actuellement de recherches importantes dans la plupart des laboratoires de recherche publics et privés dans le monde. C'est certainement sur ce point qu'Homère va nous permettre d'avancer et que des améliorations sensibles pourront être menées à court terme. En second lieu, la prise en compte d'un sous-ensemble restreint des perceptions sensorielles n'est peut-être pas suffisante et d'autres perceptions comme les odeurs et parfums ou la direction du vent, peuvent s'avérer pertinentes, D'autres interfaces permettant de simuler plus de points de contacts comme les pieds avec le sol, peuvent également être imaginées. L'analyse des informations importantes, qui seront recueillies avec les utilisateurs d'Homère, permettra de jeter les bases de nouvelles assistances pour les non-voyants. Dans cette première version, Homère représente une véritable révolution dont le moindre des mérites sera de faire progresser l'idée de concepts nouveaux d'assistance au handicap, auprès des autorités publiques et des partenaires potentiels, et de préparer ainsi les mentalités à tous les développements ultérieurs.

Perspectives Elles sont très prometteuses. D'abord l'aide à la mobilité des handicapés visuels dans les lieux publics comme les gares, musées, bâtiments administratifs, etc. sous la forme de bornes interactives, la possibilité d'étendre ce service sur l'ensemble d'une ville et de ses sites remarquables à partir des points de passage les plus usités (bouches de métro, sorties des gares, offices du tourisme, etc.). Dans un but pédagogique au sein d'associations ou à l'école, pour apprendre aux jeunes non voyants à reconnaître et à réagir dans de nouveaux environnements, dans d'autres pays, d'autres cultures, pour leur enseigner la géographie, l'histoire, l'architecture, l'art… Enfin, les chercheurs du CEA travaillent sur des interfaces tactiles mobiles que l'on peut imaginer géolocalisées par un système GPS ou équivalent à l'intérieur des bâtiments. Cette interface tactile qui pourrait ressembler à un PDA, sera en possession de l'utilisateur pendant ses déplacements, le guidera et le préviendra en amont de son cheminement sur les obstacles qu'il rencontrera.


Conclusion ProvisoireLe démonstrateur Homère est une première tentative dans un domaine où rien n'existait précédemment. En le réalisant, l’équipe a cherché à faire vite et au mieux, en s’entourant des compétences de l'APAM (Association des Personnes Aveugles ou mal-voyantes) et du laboratoire d'Ergonomie Informatique de l'Université Paris V. Cette équipe a voulu concrétiser rapidement une idée, permettre, en la confrontant aux réactions des utilisateurs auxquels elle est destinée, d'en apprécier la pertinence et montrer tout son potentiel d'amélioration. C'est la vocation de « l'Institut pour la ville en mouvement » qui a pour mission de favoriser l'éclosion d'idées nouvelles, en donnant l'impulsion nécessaire à leur démarrage en coopération avec les usagers, les industriels et les laboratoires de recherche. Ce projet enthousiasmant a une volonté sociale et sociétale forte. Il s'efforce d'utiliser et de développer les technologies nouvelles de telle façon qu'elles soient au service de tous, et qu'elles contribuent en particulier à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés des groupes de population spécifiques. La mobilité est aujourd'hui un droit générique qui commande tous les autres (travail, logement, vie sociale..). Etre entravé par un handicap dans ses déplacements urbains, c'est percevoir comme aggravées toutes les exclusions dues au handicap. Les aveugles ont droit à la ville, au plaisir du mouvement, au tourisme

C.3.2 L’HAPTIQUE ET L’EVC

La ligne directrice des travaux effectués dans cette recherche est de trouver de nouvelles méthodes d'interaction en Environnements Virtuels Collaboratifs (E V C). Un E V C est un lieu virtuel généré par ordinateur et distribué sur plusieurs sites. Dans un tel environnement, les personnes peuvent se rencontrer, interagir entre elles ou avec des objets virtuels. Plus précisément, les travaux effectués dans cette thèse se situent dans le domaine du retour haptique en environnements virtuels (EV). Le retour haptique permet de restituer des sensations de toucher ou de force à un utilisateur. Nous nous intéressons à l'évaluation et aux applications de nouvelles approches de retour haptique, et plus particulièrement, au retour pseudo-haptique. Le principe de cette approche, proposée par Lecuyer, consiste à contrôler la perception d'une information haptique par l'effet d'une autre modalité, par exemple, un retour visuel.


Un des enjeux des EVC est de restituer au mieux, à chaque utilisateur, la sensation de présence de ses collaborateurs. Il s'agit de restituer à chacun une information relative à l'interaction avec les autres utilisateurs aussi complète que possible. Le vecteur principalement utilisé pour ce type d'information est le retour visuel, par exemple, une technique courante est d'afficher un avatar virtuel représentant graphiquement chaque utilisateur. Cependant, un autre vecteur d'information possible, auquel cette étude s’intéresse directement, est le retour purement haptique.Dans le but de faciliter la collaboration en EVC, il s’agirait d'étudier une nouvelle méthode d'interaction dans un Environnement Virtuel Collaboratif utilisant le retour pseudo-haptique, où deux utilisateurs distants coopèrent sur une même action. Chaque utilisateur perçoit les forces appliquées par l'autre. Une des caractéristiques de l'utilisation du retour pseudo-haptique en collaboratif, constituant une approche nouvelle, est la simulation de forces variant dans le temps, chaque utilisateur appliquant une force variable. L'autre axe de recherche est de savoir si la coopération est améliorée par l'ajout du retour pseudo-haptique, et si la variation des forces est perçue. C’est ainsi que ces études définissent leur problématique.Le plan de travail virtuel (PTV) est un système semi-immersif, stéréoscopique. Il est constitué de deux écrans perpendiculaires, permettant un grand espace de travail, plus un système de suivi des mouvements de la tête ainsi que d'autres périphériques d'interaction. Actuellement, le travail est de porter le mode d'interaction coopératif proposé précédemment sur le plan de travail virtuel. Dans la lignée du concept d'actant de Propp et de Greimas, agent du récit; un tel système propose la notion «d'interactible» comme agent de l'interactivité.

C.3.3 PLATE FORME HAPTIQUE ET SONORE POUR L’ÉVEIL MUSICAL

DescriptionCe projet n’est pas destiné uniquement à la cécité, mais favorisera l’accès des non-voyants à l’art musical.Il consiste à développer un système de génération de sons faisant intervenir l'immersion sonore, le geste avec retour haptique et l'immersion visuelle. La cohérence de ces interactions sera assurée au sein d'un modèle et de méthodes objets centralisant les différents comportements physiques et sensoriels.


L'objectif du démonstrateur musical est proposé, sous la forme d'une borne interactive, pour musées scientifiques et techniques et parcs d'attractions. Il vise la découverte et l'apprentissage de l'espace sonore et de la musique grâce à l'immersion de l'utilisateur dans un environnement visuel, sonore et haptique.Ce système offre un moyen très riche, pédagogique-ludique et intuitif pour créer et transformer des sons et musiques et les spatialiser. Ce processus, a priori abstrait et difficile pour les non-spécialistes, sera largement facilité par une représentation graphique élaborée et une commande haptique. Une commande haptique est ici le moyen d'accès privilégié aux objets sonores et musicaux qu'il s'agit d'observer et de modifier pour explorer l'espace multi-dimensionnel du timbre. La scène sonore et la scène visuelle inter-agissent entre elles et avec le dispositif haptique. Ce système s'adresse d'abord à un grand public, voyant ou non voyant, et aussi à des utilisateurs experts dans des studios de composition. Il préfigure des systèmes de plus large diffusion (écoles, conservatoires, etc.) et même à plus long terme des systèmes très grand public (synthétiseurs avec commande haptique).

C.3.4 LE PROBLÈME DU TEMPS RÉEL ET DE L’HAPTIQUE.Une chose importante à garder à l'esprit lorsque l'on travaille avec des interfaces haptiques dans les NTIC, est qu'elles requièrent une vitesse de mise à jour très élevée. Il est bien connu que l'affichage graphique demande 20 à 30 images par seconde pour un rendu correct, tandis que le rendu haptique demande plusieurs centaines de mises à jours par seconde (1 kHz semble être le nombre magique en haptique). Si le taux de rafraîchissement est trop faible, l'utilisateur peut sentir que quelque chose est anormal; des informations importantes peuvent être perdues ou mal perçues.Par conséquent, le problème principal en haptique est la détection de collision : les algorithmes existants sont majoritairement destinés au graphisme (20-30 Hz) et ne peuvent gérer des scènes virtuelles aussi efficacement que développeurs et chercheurs le désireraient (500-1000 Hz). L'efficacité couvre ici : robustesse, stabilité, vitesse et précision. Par ailleurs, l'application doit être capable d'insérer, de modifier et d’effacer des objets virtuels, effectuer des simulations physiques... Ceci est un bon défi en l'état actuel des choses.Il est important de noter que le taux requis pour la simulation de collisions sur des surfaces dures est bien connu mais que le taux


requis pour la "visualisation" de flots est moins évident, de par l'existence de régions turbulentes.

* * *

On trouvera en Annexe X la présentation d’une société ayant déjà intégré l’Haptique dans sa raison sociale. Elle propose la commercialisation de logiciel et de matériel haptique.

3- Hypothèse de projets et de produits adaptés

a) Produits.

Dans cette partie, nous allons succinctement énumérer quelques produits d’une technologie adaptée, qui pourraient grandement faciliter la vie de l’aveugle en général et de son accès aux NTIC en particulier.

a.1 Adaptation de Flash™ et le développement d’un e-learning spécifiquement pour aveugles.

Nous avons déjà noté, plusieurs fois, car cela est d’importance, que jusqu'à maintenant, le logiciel de création de site Flash™ n'était pas accessible à la communauté des handicapés sensoriels. Macromédia, groupe propriétaire de la marque, a pris compte de cette barrière et, avec la dernière version du logiciel nommé Flash MX™, il est dorénavant possible d’associer des commentaires à des symboles afin d'être 'lus' par les périphériques de lecture pour handicapés. Comme ce procédé est tout récent, il est préférable de le situer dans une problématique de projet de développement, étant donné qu’il n’est pas encore réellement expérimenté par la communauté des webmasters malvoyants.Cependant, il représente un grand espoir pour l'e-learning qui reste une solution de formation globalement très adaptée aux handicapés. L’e-learning évitant, bien évidemment, tout déplacement physique par des périphériques adaptés.Nous pouvons imaginer maintenant que les contenus e-learning développés sous Flash™ vont être plus accessibles pour les handicapés, ou même, pour penser au développement de contenus d'e-learning crées Ad Hoc pour les handicapés; par exemple, la découverte d'un plan d'une maison pour un aveugle qui, en parcourant l'écran avec sa souris, perçoit des sons lui donnant des indications sur l'espace


a.2 Interface adaptée pour logiciel ICQ et Chat.

Tandis que les aveugles peuvent participer à des groupes de discussion ou forum, ils sont éloignés des discussion en temps réel et immédiat que sont les Chats basés sur des logiciels dérivés d’ICQ.C’est, en fait, l’ergonomie des sites consacré aux Chats qui les prive de cet accès, les logiciels de reconnaissance par synthèse vocale ou braille ne pouvant être opérationnels. Ces sites ne sont pas aux normes W A I, et l’accès des conversations en direct ne peut se faire qu’avec l’aide d’un assistant, ce qui est contraire à l’objectif de rupture de l’isolement que produit cette mise en réseau.Ainsi, en fonction des moyens techniques actuels, on ne peut que souhaiter une interface permettant cette accessibilité. Cela permettrait efficacement à l’aveugle de rejoindre ces communautés virtuelles, en effaçant son handicap.

a.3 Le téléphone mobile.

Actuellement au cœur des TIC, son ergonomie est des plus difficiles en pratique pour les non-voyants : réglages compliqués, multiplications des touches, etc…Mais encore, l’une des fonctions majeures du mobile, à savoir les messages sms ou texto, qui réduisent fortement le coût des communications, n’est pas adaptée au monde de la cécité. Il n’existe pas de synthèse vocale de la lecture de ces textes schématiques. Ainsi, il serait souhaitable de produire pour un type de mobile bien adapté, ayant notamment une bonne ergonomie de clavier, une interface vocale lectrice, et énonciatrice non seulement de sms, mais aussi de répertoire, et de toutes les autres fonctions disponibles, qui sont seulement accessibles de façon visuelle sur un écran.On peut regretter l’échec du système Lucie proposé pendant trois ans par Bouygues Télécom ; il s’agissait d’une secrétaire virtuelle en synthèse vocale, qui pouvait gérer l’agenda, les annuaires, et autres services.Son coût, inadapté au marché concerné, peut expliquer son échec.

a.4 Site à perception olfactive.

Toute stimulation d’un sens qui n’est pas celui de la vue est susceptible d’accroître la quantité d’informations qui parvient aux aveugles. D’où l’intérêt que représente le développement d’un terminal capable d’émettre des odeurs selon les indications fournies par un site du réseau. Ce type de produits est en cours de développement, seuls quelques prototypes apparaissent mais sans réelle commercialisation.


On imagine très bien ce que cela peut représenter pour des webmestres non-voyants, lors de créations de sites où l’architecture, c’est-à-dire le fil conducteur de la navigation, ne serait qu’olfactive. Cela permettrait de créer des forêts virtuelles, des jardins, toutes sortes de paysages olfactifs et puis aussi de prolonger cela par des jeux en lignes ou sur Cd-Rom. Ainsi, par de tels moyens, pourra-t-on élargir la communauté virtuelle des non-voyants.

b) Projet scientifique et technologique en guise de conclusion

Le projet général de cette étude est de mobiliser le maximum des connaissances actuelles sur la cécité et les NTIC, afin de parvenir aux objectifs suivants, qui sont à la fois scientifiques et technologiques ; à savoir, l’appréhension de l’image par les aveugles au moyens d’une technique qui reste à définir, mais qui se fonde sur ces acquis : l’aveugle saisit le monde de l’image avant tout en trois dimensions ; les techniques de l’haptique, au croisement de l’intelligence artificielle

et de la vision reconstituée permettent de mettre au point des dispositifs performants ; le réseau World Wilde Web se développant essentiellement par et pour l’image.

Il est donc nécessaire de mettre au point un processus en temps réel de flux informatifs imagés, dispensés par une série de serveurs et de sites spécifiques, afin que l’aveugle puisse disposer à l’aide d’un outil ergonomique totalement adapté, d’une accessibilité aisée au « Cyber Espace » dans toutes ses manifestations institutionnelles ou commerciales, informatives ou relationnelles.

Si, comme nous l’avons déjà souligné, les non-voyants peuvent se mobiliser sur des problèmes techniques d’informatique, il importe aussi grandement que ceux-ci analysent et étudient les problèmes catégoriels de l’information et de la communication.

Il ne s’agit pas alors simplement de soulever des questions relatives au matériel ou aux logiciels, ni de se situer dans le prolongement immédiat et direct des TIC des non-handicapés, mais de penser de façon inventive une information et communication nouvelles, adaptées aux conditions actuelles de la technologie, en fonction des problèmes relationnels et sociaux de la cécité.

C’est donc ici ce que nous avons tenté de faire : une réflexion sur les TIC de la cécité.

------------------------------------------------------


Bibliographie

Association Valentin Haüy Edition.. Histoire de l’association : - Cent ans de services de l’association aux aveugles ; - Louis Braille. Biographie ; - Valentin Haüy. Biographie ;

AVH EDIT. Paris 2000/2002 .

Baron-Cohen S. La cécite mentale.- PUG. Grenoble

Bergougnoux Pierre. La Cécité d’Homère.Circé - Paris 2003.

Bouchard Jean Marie. Déficiences, incapacités et handicaps. Guérin, Montréal 1994

Brézin.A. Dom Pérignon était-il véritablement aveugle. Revue Réalité Ophtalmologique 1998..

Bruce V., Green P. La Perception visuelle.- P.U.G. Grenoble 1993

Cadit Bernard. Psychologie Cognitive. In Presse Edition - Paris 2001.

Cavalier François. Premières Leçons sur l’œil et l’esprit. P.U.F, Paris, 1998.

Ducarne de Ribaucourt, Neurophysiologie visuelle. Blanche. Bruxelles .De Boeck, c1993.

FOUCHER Claude. Vécu identitaire et cécité tardive. L'Harmattan, 1997.

Gervais Gilles. Développement de l'autonomie chez une élève fonctionnellement aveugle [Québec : Université Laval], 1996. 94 p.

Griffon, Pierre : L'intégration scolaire en France se vit-elle comme au Québec? - TNERHI Paris, 1995.


Guillaume Marc. L’Empire des réseaux, Descarte & Cie, Paris, 1998

Hall, Gisèle ; Ratelle, Agathe ; Zabihaylo, Carole. Vers une nouvelle définition du signal sonore. Longueuil Institut Nazareth et Louis-Braille ; Montréal : Montreal Association for the Blind

Haton Jean-Paul et Mari Christine. L’intelligence artificielle. - P.U.F.Paris 1989.

Holzschuch, Chantal; Menu, Jean-Pierre; La Porte des Vaux, Christine de. Soucieu-en-Jarrest, France : Association nationale française des ergothérapeutes Rhône-Alpes, 1996. 5 volumes

Houdé, Kayser, Koenig, Proust, Rastier. Vocabulaire des sciences cognitives. P.U.F Paris 1998

Hull. John. Le chemin vers la nuit , devenir aveugle et réapprendre à vivre. Laffont, Paris, 1995.

Institut Nazareth et Louis-Braille. Accessibilité du réseau métro de la société de transport de la Communauté urbaine de Montréal. Montréal : RAAMM, 1993. 76 p

Kelly-Evrad Anne et Fagnard D. Cécité et autonomie. Institut Royal Bruxelle 1996

Lauffer et Scavetta. Texte, Hypertexte, Hypermédia, Que sais je ? P.U.F Paris 1992.

Lazure, Denis ; Bertrand, Jean-Louis. L'intégration au travail des personnes handicapées : objectifs et orientations. [Drummondville] : Office des personnes handicapées du Québec, 1997

Le Coadic Yves-François La science de l’information, Que sais je ?P.U.F. Paris 1994


Linkowski, Donald C. Buffalo: A Study of the relationship of acceptance of disability to response to rehabilitation. State University of New York, 1969. 106 p. (Thèse de doctorat traitant de l'impact des effets psychosomatiques sur les incapacités physiques.)

Marmion, Shelly. Mississippi State, Miss. : Mississippi State University, Rehabilitation Research and Training Center on Blindness and low vision, 1986

Mathieu Sylvie. La praxis auprès d'adolescents présentant une déficience visuelle. Université de Sherbrooke, 1995.

Merlau-Ponty . L’Oeil et l’Esprit. Collect : Folio, Gallimard, Paris, 1994.

Pontalis JB. Perdre de vue. Gallimard, Paris, 1998.

Resnikoff.S. La lutte contre la cécité à l’échelle mondiale. Revue Réalité Ophtalmologique 1999

Site : http://www.snof.org/histoire/georges3.html .La cécité de George III.

Taylor, Mary. Partial sight .London, England : Hale, 1993

Varela Francisico J. Invitation aux sciences cognitives. Edition du seuil, Paris, 1996.

Walzlawick.P, Helmick Beavin.J, Don.D Jackson. Une logique de la communication. Edition du Seuil, Paris, 1979.

-----------------------------------------


Plan des Annexes

Annexe I :Extrait du rapport de Jean-Marc Bassetti – Site de documentation en ligne de l’I.N.I.S.T.

Annexe II :Descriptif technique d’une page Braille

Annexe III :Premier portait pour handicapés visuels VoirPlus.Net

Annexe IV:Site de l’Association Valentin Haüy (AVH)

Annexe V :Site de CECIAA

Annexe VI :Page d’accueil du site de l’Institut National des Jeunes Aveugles et exemple de contenu.

Annexe VII :Site du Monde : Page d’accueil adaptée et page d’accueil non-adaptée

Annexe VIII :Page d’accueil du site de l’Eglise Catholique de France où est signalé en fin de colonne l’adaptation particulière aux malvoyants.

Annexe IX :Différences de visions obtenues par l’Ecole Polytechnique de Montréal entre l’œil artificiel et l’œil naturel.

Annexe X :Page d’accueil du site Haptique Technologies, société de vente de logiciels et de matériels haptiques


Annexe I

Extraits du rapport de M. Jean-Marc Bassetti : « Captain Doc », le site de la documentation en ligne de l’ INIST.

VIII) La partie « Aveugles et mal voyants ».

Ayant été passionné par la conférence donnée par M. Dominique Archambault à l’Université de Caen en décembre 2001, j’ai tenu à inclure une interface de mes lectures pour les aveugles et les mal-voyants.Le site Captain Doc est un site qui comporte énormément de textes et où ce texte est l’élément principal. Les illustrations sont vraiment annexes, sauf, évidemment, dans la partie Arts et Techniques où l’image est prépondérante.

La partie réservée aux aveugles et mal-voyants comporte les particularités suivantes :

Il y a peu d'images ; Le menu se trouve en bas de la page et non sur le côté comme dans la

version "normale". En effet, ces menus sont gênants pour les non voyants car ils sont systématiquement lus par la synthèse vocale ou repérés par la console braille et reviennent à chaque page chargée.

Sur chaque page, il y a, en haut à gauche, un lien sur une image transparente de 100px sur 20. Ce lien envoie vers le menu qui se trouve en bas de la page, de façon à ce que la personne n'ait pas à lire l’intégralité de la page pour aller au menu.

Le texte est écrit pleine page, avec un corps 18 pour la partie essentielle du texte. Les titres et sous-titres sont respectivement écrits en corps 22 et 20.

Lors de la création de cette partie, j’ai été en relation avec une de mes connaissances, M. Jean L’Herbon de Lussats, domicilié à Monaco et atteint d’une cécité à 100%. Ce monsieur m’a guidé et encouragé lors de l’écriture de cette partie.


Annexe II

Plage Braille descriptif technique

PRESENTATION TECHNIQUEPanneau avantDeux claviers Satellites de six touches chacun. 70 cellules de braille piézoéléctriques. Curseur routing double touches. Six touches frontales de naviguation. Deux touches frontales d'opération.CompatibilitéCompatible PC IBM. Windows 98/95, Windows NT. Compatibilité avec la plupart des logiciels de lecture d'écran et des systèmes d'exploitation grâce à une norme ouverte. Pour des solutions sur mesure, veuillez nous consulter.Accessoires fournisCâble USB et série. Câble d'alimentation. Etui de transport combiné à dos / courant. Housse de protection. Dessous de clavier. Manuel d'utilisation sur papier, en braille ou sur disquette.AlimentationAdaptateur d'alimentation 110-240 volts /12 watts intégré.

Panneau arrièreInterrupteur marche / arrêt. Un port série neuf broches. Deux ports USB en aval pour la connexion d'appareil USB. Un port USB en amont pour la connexion PC. Prise d'alimentation principale.Options de configurationChoix d'utliser trois cellules d'état avec soixante trois cellules de lecture ou soixante dix celulles de lecture. Cellules d'état à droite ou à gauche. Permutation des fonctions des claviers satellites de gauche à droite et vice versa. Réaffectation des fonctions des touches frontales. Positions différentes pour les sauvegardes et les chargements. Dispositif de test automatiqueDimensions485 x 290 x 24 mm (largeur x profondeur x hauteur)PoidsEnviron 3 Kg


Annexe III

Premier portait pour handicapés visuels VoirPlus.Net


Annexe IV

Site de l’Association Valentin Haüy (AVH)


Annexe V

Site de CECIAA


Annexe VI

Page d’accueil du site de l’Institut National des Jeunes Aveugleset exemple de contenu.


Annexe VII

Site du Monde : Page d’accueil adaptée et page d’accueil non-adaptée


Annexe VIII

Page d’accueil du site de l’Eglise Catholique de Franceoù est signalé en fin de colonne l’adaptation particulière aux malvoyants.


Annexe IX

Différences de visions obtenues par l’Ecole Polytechnique de Montréalentre l’œil artificiel et l’œil naturel


Annexe X

Page d’accueil du site Haptique Technologies,société de vente de logiciels et de matériels haptiques


Table des Matières

Remerciements_______________________________________________________________3

Avant-Propos_________________________________________________________________4

Plan___________________________________________________________________________5

Introduction__________________________________________________________________8

Première Partie :_______________________________________________________10

Conditions cognitives de la cécité____________________________________________________10

A - Perception sensitive du monde extérieur_____________________________________121- Perception auditive______________________________________________________122- Perception tactile________________________________________________________123- Perception olfactive______________________________________________________134- Perception gustative______________________________________________________13

B - Représentation intellectuelle.______________________________________________141- Représentation imagée____________________________________________________142- Représentation abstraite__________________________________________________153- La mémoire.____________________________________________________________154- Le langage et la condition de la cécité________________________________________15

Deuxième Partie :______________________________________________________17

Moyens traditionnels et évolution ergonomique de cette cognition__________________________17

A - Moyens traditionnels_____________________________________________________181- L’alphabet en relief :_____________________________________________________182- Le braille :_____________________________________________________________203- L’informatisation du braille, dit aussi braille éphémère ou braille dynamique______234- La Radio_______________________________________________________________245- Le Téléphone.___________________________________________________________246- Le développement des synthèses vocales :____________________________________24

B - Evolution de l’ergonomie de la perception et du traitement de l'information pour la cécité, par rapport au texte.______________________________________________________26

1- Personne lisant__________________________________________________________262- Personne lisant enregistrée________________________________________________263- Personne saisissant un texte à la machine énoncé par une synthèse vocale._________264- Texte numérisé en ligne énoncé par synthèse._________________________________26

Troisième Partie :______________________________________________________28

Cécité et NTIC: problématiques_____________________________________________________28

A - Constat et état des lieux___________________________________________________291- Les prolongations et le paradoxe du handicap visuel___________________________292- Le virtuel et la cécité: suite de paradoxes.____________________________________30


3- L’hypertexte et la navigation sur l’internet___________________________________304- Etat actuel des moyens adaptés permettant l’accès au contenu des NTIC__________31

a) Le multimédia en général____________________________________________31a.1 Le minitel adapté :_______________________________________________31a.2 La plage braille :_________________________________________________32a.3 Le bloc-notes braille :_____________________________________________32a.4 Le cinéma en Audiovision™ :_____________________________________32a.5 La diffusion du cinéma : télévision, DVD :_________________________33a.6 Le livre numérique :______________________________________________33a.7 Les bibliothèques de CD-Roms :___________________________________33a.8 Le serveur en ligne, le serveur Hélène comme exemple :_____________33a.9 Le serveur en ligne (Sedodel) :____________________________________35a.10 Le centre opérationnel de Poitiers (combinaison et mobilisation de NTIC) :_______________________________________________________________35

b) L’internet adapté_________________________________________________37b.1 Les périphériques d'accès à l'ordinateur pour les déficients visuels : dispositif ergonomique__________________________________________________37b.2 Les normes d’accessibilité au web : la W A I________________________38b.3 La question de l’e-learning._______________________________________41b.4 L’analyse du réseau bien adapté à la cécité._________________________41

b.4.1 Groupe de discussion et d’entraide pour aveugles sur le réseau41

b.4.2 Sites Web spécialement adaptés______________________________41b)4-1 sites web grand public avec adaptation.________________________________41

b.5 Exemple de financement par le mécenat____________________________41

B - Perspective de développement de NTIC adapté à la condition de non-voyant._______411- Problématique__________________________________________________________412- Prospective technologique d’accessibilité.____________________________________41

a) L’Intelligence Artificielle (IA) et neurones artificiels._________________41a.1 Historique________________________________________________________41a.2 Résumé de la situation actuelle, et conséquences pour l’œil artificiel.______41

b) L’œil artificiel.________________________________________________________41b.1 Les résultats de l’équipe de William Dobelle.___________________________41b.2 L’œil biologique du Docteur Asashima.________________________________41b.3 Le troisième œil : œil artificiel performant._____________________________41b.4 Une recherche en devenir___________________________________________41

c) Les questions de l’haptique______________________________________________41c-1 Définition_______________________________________________________41c-2 Considération cognitive de l’haptique._________________________________41c-3 L’haptique pour les non voyants : un sixième sens au service de la réalité virtuelle

41c.3.1 Homère système haptique pour une découverte de l’espace_______________41c.3.2 L’haptique et l’EVC_____________________________________________41c.3.3 Plate forme haptique et sonore pour l’éveil MUSICAL__________________41c.3.4 Le problème du Temps réel et de l’Haptique.__________________________41

3- Hypothèse de projets et de produits adaptés__________________________________41


a) Produits.______________________________________________________________41a.1 Adaptation de Flash™ et le développement d’un e-learning spécifiquement pour aveugles._______________________________________________________________41a.2 Interface adaptée pour logiciel ICQ et Chat.______________________________41a.3 Le téléphone mobile.________________________________________________41a.4 Site à perception olfactive.____________________________________________41

b) Projet scientifique et technologique en guise de conclusion_______________________41

Bibliographie_________________________________________________________________41

Plan des Annexes______________________________________________________________41Annexe I___________________________________________________________________41Annexe II__________________________________________________________________41Annexe III__________________________________________________________________41Annexe IV__________________________________________________________________41Annexe V__________________________________________________________________41Annexe VI__________________________________________________________________41Annexe VII_________________________________________________________________41Annexe VIII________________________________________________________________41Annexe IX__________________________________________________________________41Annexe X__________________________________________________________________41

Table des Matières______________________________________________________________41


Documents

Texte - users.polytech.unice.frusers.polytech.unice.fr/~blay/WAI/Les TIC de la cécité (25 … · Web viewFaculté de Lettres, Arts, et Sciences Humaines. Centre de Recherches