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Denise Paquette texte et illustrations météore / roman Gribouillis barbares Gribouillis barbares Extrait de la publication

texteetillustrations Gribouillis barbares

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Page 1: texteetillustrations Gribouillis barbares

Denise Paquettetexte et illustrations

météore / roman

GribouillisbarbaresGribouillisbarbares

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Données de catalogage avant publication (Canada)

Paquette, Denise, 1956-Gribouillis barbares : roman

(Collection Météore)ISBN 2-922203-15-8

I. Titre. II. Collection.

PS8581.A67414G74 1998 jC843’.54 C98-901064-3PZ23.P36Gr 1998

Maquette de la couverture : Claude Guy GallantMise en pages : Marguerite Maillet

assistée de Claude Guy Gallant

Tous droits réservés pour tous les pays.

papier ISBN 2-922203-15-8PDF ISBN 978-2-89682-179-2ePub ISBN 978-2-89682-529-5

Dépôt légal : 3e trimestre 1998Réédition : 1er trimestre 2002

© Bouton d’or Acadie204- 236, rue Saint-GeorgesMoncton, N.-B., E1C 1W1 CANADATéléphone : (506) 382-1367Télécopieur : (506) 854-7577Site Internet : www.boutondoracadie.com

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« J’ai l’intime conviction que la relationaux autres êtres - nos compagnons devoyage - est à la fois l’élément le plusmystérieux et le plus significatif de notrevie personnelle et en définitive de toutel’évolution cosmique. »

Hubert Reeves

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—Salut Benoît !

Benoît me répond par une grimace. Il est devenumon cousin depuis que son père, Wilhelm Prescott,a épousé ma tante Emma, l’an dernier. C’est la pre-mière fois qu’il vient à Grande-Digue. Tout est nou-veau pour lui : les gens, la plage, même les marchesdu patio sur lesquelles il est assis. En ce moment, iltient dans ses mains une carte postale plutôt mochereprésentant trois gros homards rouges couchés surun casier. La carte, c’est une idée de tante Emma :

—Écris donc à Suzanne. Elle serait contented’avoir de tes nouvelles.

Suzanne, la blonde de Benoît, habite à Montréal.Depuis le début de l’été, elle lui a envoyé cinq let-tres. Elle veut tout savoir : comment ça se passe àGrande-Digue, s’il s’entend toujours bien avec samère adoptive… Elle lui a même demandé commentj’étais ! Benoît préférerait lui répondre par courrierélectronique. Comme il n’y a pas d’ordinateur au

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chalet de tante Emma, je lui ai proposé de venir chezmoi. Mais tante Emma refuse catégoriquement :

—Envoie-lui une carte postale, c’est si amusantles homards ! Trois mots, Benoît, rien qu’un petittrois mots. Ça lui ferait tellement plaisir !

Tante Emma dépose un pot de jus et quatre ver-res de plastique sur la table du patio. Elle tenteran’importe quoi pour distraire Benoît.

—Aide-le donc, Simon, toi qui connais bien tonvillage.

Benoît tambourine du crayon pendant que jeréfléchis. Qu’y a-t-il de spécial à Grande-Digue ?La côte, évidemment ! Mon cousin fixe la semellede ses souliers. Pas étonnant que rien ne s’allumedans sa tête.

—Regarde devant toi, Benoît !

La mer s’étend sous nos yeux comme uneimmense couverture salée, bleue, mouvante, avecses voiliers, ses pêcheurs au large, ses goélands, seshérons vers la dune. Elle nous fait « chu… chu…chu…» Mais Benoît n’y voit que du vide. TanteEmma rapplique avec une carte géographique duNouveau-Brunswick :

—Examinez la carte, les enfants. Commencezpar situer Grande-Digue, vous trouverez bienquelque chose à ajouter.

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Benoît, dans un effort surhumain, jette les yeuxsur les noms en caractères gras qui longent la côte :BOUCTOUCHE, SHÉDIAC… Pas mal le cousin, il saitd’instinct que Grande-Digue se trouve quelque partdans le sud. Il s’arrête sur MONCTON, examine lesalentours. Puis son doigt remonte la route 15jusqu’au bord de l’eau. Il marmonne Shédiaccomme s’il disait «Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui?»

—Parle-lui de Shédiac, poursuit tante Emma.Suzanne est déjà venue à Shédiac au festival duhomard et à la plage Parlee, quand elle était toutepetite.

Tout le monde connaît Shédiac et sa plage Parleeoù l’eau est la plus chaude des Maritimes. C’est dumoins ce que vante la publicité. Mais peu de gensconnaissent Grande-Digue. Pourtant, c’est tout près,on n’a qu’à longer la côte, en remontant la 134.Comme notre village est situé sur une pointe quiavance dans l’eau, on a la mer sur presque tous lescôtés.

—C’est spécial, non ?

Benoît fait la moue. Décidément, il nage dans lenéant total. Moi, j’observe la carte. Je vois la mer. Jepense à Montréal. J’y suis allé avec mon père troisfois déjà. Quand même, entre Montréal et Grande-Digue, il y a toute une différence ! Je m’enflamme :

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—À Grande-Digue, il y a de l’espace en masse.D’un côté, la forêt et les champs sans clôture ; del’autre, la mer. Puis, il y a deux quais où sont amar-rés les bateaux de pêche et quelques voiliers.

Tante Emma jubile. Elle opine du bonnet, l’airde dire : « Vas-y Simon ! » Je suis lancé :

—Et puis à marée basse, la mer laisse de grandsîlots de sable qui font le bonheur des petits enfantset des pêcheurs de coques…

—Des pêcheurs de quoi ? demande Benoît, enplissant le nez.

—Des pêcheurs de coques.

—De coques ? Qu’est-ce que c’est ça ?

—De clams si tu veux.

Benoît a passé toute sa vie à Montréal. Il aurabientôt 14 ans. Pour lui, Grande-Digue, c’est uneautre planète. Pas de métro, pas d’autobus, pas decentre commercial, pas de ci, pas de ça :

—Y a rien qui se passe, c’est plate à mort. Siseulement c’était comme à Old Orchard !

Évidemment, Grande-Digue n’est pas aussi po -pulaire que Old Orchard. Mais à voir le nombre dechalets qu’on y a construits, il semble que les gensde la ville s’y plaisent plutôt bien. Wilhelm Prescottsort sur le patio et vient s’appuyer contre la rampe :

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—Moi, ce que j’aime le plus au monde, c’estprendre mon café sur le patio, la mer à mes pieds.Quel plaisir !

Benoît me regarde, ironique :

—Me vois-tu écrire : « Chère Suzanne, ce quej’aime le plus au monde, c’est boire mon café sur lepatio… » ?

Tante Emma apporte un plateau de crêpes aubeurre et une bouteille de sirop d’érable.

—Tu déjeunes avec nous, Simon ? Benoît, soisgentil, apporte-lui une chaise.

Ma tante ne me laissera pas tranquille tant que jen’aurai pas mangé avec eux. La visite, elle aime ça.Les cris des enfants qui s’amusent autour, tout le va-et-vient du voisinage sur la plage la comblent debonheur. Pour elle, plus on est de fous, plus ons’amuse !

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—Ah ! les voiliers à l’horizon, le cri des sternes,c’est bien mieux qu’au bord de la Seine !

Tiens, voilà Marie Paris, la Française. Ellehabite le minuscule chalet d’à côté. C’est une petitepersonne tout étroite, au nez pointu, à la voix per-chée. Sa passion : les palmiers. Elle en a plantépartout, même dans le sable devant sa maison.Marie a un petit truc. Elle les plante avec le pot. Çane pousse pas très bien, à cause de l’été trop court,mais elle essaie toujours.

—Vous prendrez bien le petit déjeuner avecnous, Marie ? lui demande tante Emma.

Marie Paris pose sa pelle à jardin et ses gants surla table :

—Eh bien ! Pourquoi pas !

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Elle me regarde avec ses yeux de chats. Je meméfie. Quand Marie Paris me fait ces yeux-là, c’estqu’elle veut de l’aide pour transporter ses pots degrès. Elle en a trente-quatre. Je les vois très bien dupatio de tante Emma. C’est toujours comme ça avecelle. Mais cette fois, elle a une étoile filante au coindes yeux :

—Comment va ton papa ? Il vient pêcher descoques, ce soir ?

À peine ai-je le temps d’ouvrir le bec que sirBiddington arrive en courant :

—Bonjour Simon !

Alister Biddington est si grand qu’il me faitpenser à un héron. C’est un joggeur infatigable.Tous les matins, dès 6 heures, il enfile la côte au pasde course et longe la dune. Il aperçoit la carte postalesur les genoux de Benoît. Tante Emma explique :

—Benoît écrit à sa petite amie de Montréal, surGrande-Digue…

Sir Biddington se redresse, amusé. Je parie qu’ilva dire quelque chose comme : « Une petite amie,déjà ! » Benoît rougit comme un homard cuit. Maissir Biddington est un vrai gentleman.

—Ah ! Grande-Digue ! dit-il avec un accent bri-tannique prononcé. Quel endroit magnifique ! Etbeaucoup plus calme qu’à London, croyez-moi !

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On le croit, même si Alister Biddington est né non pas en Angleterre, mais à London en Ontario.

—Regardez-moi cela ! Superbe, hein ?

Il pointe du doigt le Union Jack qui flotte au mâtdevant son chalet.

— J’espère cette fois qu’on ne me le volera pas.C’est le deuxième que j’ins-talle depuis le début desvacances…

—Consolez-vous, Alister, lance mon père. S’ils’agissait d’un drapeau acadien, vous en seriez àvotre dixième, Tout le monde en veut.

Papa s’amène à pied, les mains dans les poches.Il a fait un détour pour examiner de près la plusgrosse et la plus belle maison d’été sur la côte, cons -truite juste à côté du chalet de Marie Paris. Il siffled’admiration :

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— Hou-la-la ! Quelle charpente ! Un vraichâteau ! Le propriétaire doit être riche. C’est sûre-ment quelqu’un de bien.

Du patio de tante Emma, on peut voir les ouvri-ers achever leurs travaux. Mon père est si impres-sionné qu’il en oublie la plage, les sternes, lescoques, les bateaux à l’horizon et même le drapeaude sir Biddington. Il n’a plus qu’un seul désir :recontrer le propriétaire.

—Vous le connaissez, vous ?

—Pas le moins du monde, répondent Wilhelmet tante Emma.

— Jamais vu, tranche Marie Paris.

Elle semble déçue que mon père accorde touteson attention au nouveau venu.

—Et vous, Alister ?

Mais déjà, sir Biddington file en direction de ladune :

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—Moi, vous savez, nous crie-t-il en s’éloignant,j’aimerais bien connaître celui qui a chipé mon dra-peau. À la prochaine, mon cher Eugène !

Alors mon père se tourne vers Benoît :

—Tu le connais, toi ?

Mon cousin sursaute comme si on venait de leréveiller.

—Qui ? Quoi ? Le voleur ?

—Non, le châtelain…

Comme à son habitude, Benoît fait la moue.Visiblement, le châtelain ne l’intéresse pas le moinsdu monde. Mon père replace sa casquette. Il nequitte pas le château des yeux. Benoît se redresse. Ilfourre la carte postale dans la poche de ses jeans. Jecrois que Suzanne devra attendre longtemps pouravoir des nouvelles de Grande-Digue. Quant au pro-priétaire du château sur la côte, que personne n’aencore vu, finira-t-il par se montrer ?

20Extrait de la publication

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BDOA / ados

jeune touriste montréalais arrive à Grande-Digueoù, dit-il, « c’est plate à mort, y a rien qui sepasse». Pourtant, à voir le nombre de chalets con s-

truits le long de la côte, il semble que les gens se plaisent beau-coup dans ce petit village du sud-est du Nouveau-Brunswick.Sauf Madame Privé, la nouvelle venue. Elle ne supporte per-sonne autour de chez elle et ne pense qu’à protéger son terrainde l’érosion. Tant pis pour le beau paysage et le plaisir desvacanciers ! Or, on ne brime pas la liberté des gens sans en subirles conséquences. Madame Privé l’apprendra à ses dépens.

UnUn

Nouveau-Brunswick

Maine

Québ

ec

Kouchibouguac

Richibouctou

SSaaiinntt --LLoouuiiss

Bouctouche

Cap-Lumière

Cap-de-CocagneSaint-Antoine

CocagneGrande-Digue

Shédiac

Moncton Dieppe Cap-Pelé

Bourgeois

Cap-des-Caissie

Île-du-Prince-Édouard

Nouvelle-Écosse

Extrait de la publication