Textes spirituels d'Ibn Taymiyya, N.S. XVI. Ghadîr Khumm

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    Textes spirituels dIbn Taymiyya. Nouvelle srie

    XVI. Ghad!r KhummDieu seul sait exactement ce qui se passa prs du marais (ghad!r)de

    Khumm le 18 Dh! l-"ijja 10 / 15 mars 632, et comment interprterlvnement. De retour du plerinage, dit dadieu , quil accomplitquelques mois seulement avant de mourir, le Prophte fit halte en celieu et sadressa aux plerins qui laccompagnaient. En tenant Al#parla main, il leur dit alors, entre autres choses : Celui dont je suis lemawl", Al#est son mawl"1. Des sources trs diverses, le tradition-niste sunnite Ibn "anbal (m. 241/855) et lhistorien et gographe pro-alide al-Yaq!b# (m. c. 292/905) par exemple, confirment lvne-ment et rapportent ces paroles, accompagnes ou non dautres propos.Ainsi que les illustrations ci-dessus2 en tmoignent encore aujour-dhui, Ghad#r Khumm est pour les Sh#ites un moment fondateur, aucur de leur comprhension de lIslam. Ils y voient en effet la dsi-gnation de son successeur lgitime par le Prophte, la raison de lill-gitimit des trois premiers califes et le fondement prophtique de leurim$mologie.

    Pour les Sunnites, les choses sont videmment plus compliques, neserait-ce que les questions de lauthenticit de lensemble des parolesattribues au Prophte Ghad#r Khumm ou de la signification prcisedu mot mawl"3 dans lutilisation quil en fit alors au sujet de Al#

    comme de lui-mme. Ce terrain smantique est un vritable champ demines et, selon les traductions et analyses quils privilgient, lesorientalistes et autres observateurs modernes y courent les plus grands

    1.Sur Ghad#r Khumm, voir V. VECCIA VAGLIERI, EI2, art. Ghad!rKhumm.

    2. Ces illustrations peuvent tre retrouves aisment sur un certainnombre de sites sh#ites de linternet. Les deux illustrations du bas sontdes dtails dimages plus larges. Les quatre ont en commun la mmephrase Celui dont je suis le mawl", Al# est son mawl", calligra-phie en des styles divers. Limage du haut, gauche, ajoute le versetdu Coran, al-M"ida- V, 3.

    3.Voir P. CRONE,EI2, art.Mawl".

    risques. Dans laventure, Ibn Taymiyya pourrait donc se rvler unguide prcieux. Certes, il nest pas trs apprci des Sh#ites. Il acependant le double mrite dtre gnralement bien inform et dana-lyser les choses en profondeur. Les deux textes runis ci-dessous sonttirs de son Minh"j al-sunnat al-nabawiyya La voie de la traditionprophtique rdig vers 717/1317 pour rfuter le Minh"j al-kar"maf!marifat al-im"ma La voie de la dignit, sagissant de la connais-sance de lim"mat du fameux thologien iraqien duodcimain Ibnal-Mu%ahhar al-"ill#(m. 726/1325)4.

    Pour fonder la doctrine sh#ite du droit exclusif de Al# succder Mu&ammad, al-"ill# invoque deux versets coraniques quil prtendavoir t rvls le jour de Ghad#r Khumm et tre relis divers diresprophtiques concernant Al#, dont la fameuse phrase Celui dont jesuis le mawl", Al# est son mawl" Dans le texte A, il sagit duverset al-M"ida- V, 3 ; dans le texte B, dal-M"ida- V, 67. Propo-sant une autre chronologie de la rvlation de ces versets, Ibn Tay-miyya date le premier de la station Arafat, lors du plerinagedadieu, et le second des premiers temps de linstallation du Prophte Mdine. Il semploie par ailleurs dmontrer le caractre invent de

    4. Jai dj traduit des passages du Minh"j al-sunna in Textesspirituels, N.S. IV, VI. Jen ai aussi analys et traduit dautres pagesdans Lautorit, lindividu et la communaut face la shar#a: quel-ques penses dIbn Taymiyya, in Mlanges de lUniversit Saint-Joseph, 64, Beyrouth, 2012, p. 261-286 ( paratre) ; Ibn TaymiyyasCritique of Sh!!Im"mology. Translation of Three Sections of his Min-h$j al-Sunna, in The Muslim World, 2014 ( paratre).

    Al-"ill#composa leMinh"j al-kar"mapour l'lkh$n mongol ljayt!(m. 716/1316), lequel se convertit au Sh#isme en 709/1310, sengageaalors dans une politique rsolument anti-sunnite et pensa envahir laSyrie en 712/1313 ; voir Y. MICHOT, Textes spirituels XII, p. 30. Cecontexte politique doit tre pris en compte pour une juste apprciationdes aspects parfois virulents duMinh"j al-sunnadIbn Taymiyya.

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    certains des propos qual-"ill# attribue au Prophte al-Ghad#r. Ilrevient enfin sur dautres paroles de Mu&ammad lors du plerinagedadieu, al-Ghad#r et ailleurs, dont Celui dont je suis le mawl",et prcise la vritable signification de ce terme.

    En 2013, Sunnites et Sh#ites continuent se massacrer en diverspays. Je serai donc clair : la faille sparant les deux principales com-munauts musulmanes a des raisons dont nous ne percerons jamais lemystre et il est grand temps, sous peine de suicide collectif mutuel-lement assist, que nous rapprenions vivre ensemble. Une chose parailleurs est certaine : linterdiction pour un Musulman de verser la

    moindre goutte de sang dun coreligionnaire. Mais comment jeter unpont au dessus dun gouffre sans en sonder les rives ? Tel est lobjectifexclusif du prsent travail. Puisse Dieu le prserver dtre utilis toute autre fin quune rencontre, mieux informe sur ce qui nousdistingue et nous unit la fois, de merveilleux frres en Islam !

    TRADUCTION1A. Un !ad"thmensonger

    Le Trs-Haut, a dit le R$fi(ite2, a dit : Aujourdhui, Jairendu parfaite, pour vous, votre religion; Jai parachev Magrce sur vous; Jai agr, pour vous, lIslam comme reli-gion3. Avec une chane de transmetteurs remontant Ab!Sa#d al-Khudr#4 Dieu soit satisfait de lui ! , Ab!Nuaym5arapport que le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la

    paix ! avait appel les gens [ aller] Ghad#r Khumm, avaitcommand de faire disparatre ce quil y avait comme pines endessous des arbres, stait lev, avait appel [52]Al#, avait saisises deux bras et les avait soulevs au point que les gens avaientvu le blanc des aisselles du Messager de Dieu Dieu prie surlui et lui donne la paix ! Ensuite, [les gens] ne staient passpars jusquau moment o ce verset tait descendu : Au-jourdhui, Jai rendu parfaite, pour vous, votre religion ; Jaiparachev Ma grce sur vous ; Jai agr, pour vous, lIslamcomme religion6. Le Messager de Dieu Dieu prie sur lui etlui donne la paix ! de dire alors : Proclame soit la grandeurde Dieu (All"hu akbar)! Il a rendu parfaite la religion et para-chev [Sa] grce ! Le Seigneur a agr ma qualit de Messager

    (ris"la)et, pour Al#, aprs moi, celle dami (wal"ya). Il ditensuite : Celui dont je suis le mawl", Al#est son mawl". MonDieu, sois amical (w"l") envers quiconque est amical enverslui, et sois hostile ("d") envers quiconque est hostile enverslui ! Aide la victoire de quiconque aide sa victoire etabandonne quiconque labandonne !

    La rponse [ ceci se fera] de [divers] points de vue.1) Lun est que cest celui qui avance un #ad!th comme

    preuve quil incombe den rendre claire lauthenticit. Lesimple fait de le rattacher quelque chose rapport par Ab!Nuaym ne fournit pas dauthentification ; il y a l-dessus

    1. Ici sont regroupes deux sections dIBN TAYMIYYA,Minh"j al-sunnat al-nabawiyya f!naq$kal"m al-Sh!at al-qadariyya, d. M. R.S)LIM, 9 t., Le Caire, Maktabat Ibn Taymiyya, 1409/1989 (M) : t. VII,p. 51-59 (A) ; t. VII, p. 313-325 (B).

    2.Cest--dire, ici, al-"ill#.3.Coran, al-M"ida- V, 3.4.Sad b. M$lik b. Sin$n Ab! Sa#d al-An*$r# l-Khudr#, un des

    Compagnons les plus clbres, transmetteur de trs nombreuses tradi-tions (m. 74/693) ; voir IBN AL-ATH'R, Usd, t. II, p. 290-291.

    5.A&mad b. Abd All$h b. Is&$q al-I*fah$n#, Ab!Nuaym (I*fa-h$n, 336/948-430/1038), juriste sh$fiite et thoricien du soufisme ;voir J. PEDERSEN, EI2, art. Ab% Nuaym. Pour lopinion quIbn Tay-miyya a de lui, voir Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. VIII, p. 4.

    6.Coran, al-M"ida- V, 3.

    accord des gens les ulmas de la Sunna et du Sh#isme. Ab!Nuaym a en effet rapport beaucoup de #ad!ths qui sontfaibles ou, bien plutt mme, invents ; il y a l-dessus accorddes ulmas traditionnistes, sunnites et sh#ites. Alors mme quectait une mmoire (#"fi&), quil [connaissait] beaucoup de#ad!ths et quil les rapportait selon maintes sources, il [les]rapporta comme les traditionnistes pareils lui avaient lhabi-tude de le faire : rapporter lensemble de ce qui concernait unsujet pour quon en possde la connaissance, alors mme quonne trouverait dargument quen une partie de cela.

    Il est des gens qui, dans les [ouvrages] quils composent, nerapportent rien daprs quelquun qui est su mentir. Ce sont parexemple M$lik [b. Anas], Shuba7, Ya&y$ b. Sa#d8, Abd al-Ra&m$n b. Mahd#9et A&mad b. "anbal. Ceux-ci ne rapportenten effet rien daprs un individu qui, selon eux, nest pas deconfiance. [53] Ils ne rapportent pas non plus de #ad!th quilssavent provenir dun menteur. Ils ne rapportent donc pas les#ad!ths des menteurs connus pour mentir dlibrment. Dansce quils rapportent il arrive cependant quil y ait quelque chosedont lauteur, son propos, a commis une erreur. Lim$mA&mad [b. "anbal], Is&$q et dautres peuvent aussi rapporter

    des #ad!ths qui, selon eux, sont faibles tant donn que leursrapporteurs sont accuss davoir mauvaise mmoire, etc., demanire ce quon en tire une leon ou un tmoignage. Il sepeut en effet quun tel #ad!th comporte quelque chose de laprservation de quoi il tmoigne. Il se peut aussi quil comportequelque chose du caractre erron de quoi il tmoigne.

    Aujourdhui, Jai rendu parfaite, pour vous, votre religion Lauteur de ces #ad!ths peut aussi tre secrtement (f!l-b"'in)

    un menteur10, non connu pour mentir et qui, bien plutt mme,en rapporte beaucoup de vridiques ; ses #ad!ths sont doncrapports [par dautres]. Tout ce quun pervers rapporte nestpas du mensonge mais il est ncessaire de faire la clart(tabayyun) au sujet de ce dont il informe ainsi que le Trs-Hautla dit : Si un pervers vient vers vous avec quelque nouvelle,faites la clart [ son sujet] (fa-tabayyan%), [de crainte] que parignorance vous ne portiez atteinte des gens et en arriviez regretter ce que vous auriez fait11. On le rapporte donc pourexaminer si le reste des tmoignages [en] indiquent la vridicitou le caractre mensonger. Pour beaucoup dauteurs douvrages

    7.Shuba b. al-"ajj$j b. al-Ward al-Azd#, Ab! Bas%$m (W$si%, 82/701 - Ba*ra, 160/776), traditionniste ; voir Kh. D. AL-ZIRIKL', Al"m,t. III, p. 164.

    8.Ya&y$b. Sa#d b. Qays al-An*$r#, Ab!Sa#d (m. al-H$shimiyya,143/760), important traditionniste de Mdine, cadi dal-"#ra ; voir Kh.D. AL-ZIRIKL',Al"m, t. VIII, p. 147.

    9. Abd al-Ra&m$n b. Mahd# b. "ass$n al-Anbar# al-Lulu#, Ab!Sa#d (Ba*ra, 135/752-198/814), traditionniste ; voir Kh. D. AL-ZIRIKL',Al"m, t. III, p. 339.

    10. kadhdh$ban M ap. cr.: kadhdhaba-h$M11. Coran, al-(ujur"t- XLIX, 6. Ibn Taymiyya ne cite en fait que le

    dbut de ce verset et ajoute : et le [reste du] verset .

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    il est [nanmoins] difficile de distinguer cela correctement ou,mme, ils en sont incapables. Ils rapportent donc ce quils ontentendu comme ils lont entendu, le contrle (dark)incombant quelquun dautre, pas eux. Les scientifiques (ahl al-ilm)examinent donc de telles [traditions], les hommes [impliqusdans leur transmission] et leur chane [de transmetteurs].

    2) Le second point de vue, cest que ce #ad!th est un des[#ad!ths] mensongers sur le caractre invent desquels il y aaccord des gens possdant la connaissance des #ad!ths inven-ts. Les gens possdant la science du #ad!th, qui on se rfre ce propos, connaissent [bien] ce #ad!th-ci et cest pourquoi onne le trouve dans aucun des livres de #ad!thauxquels les genspossdant la science du #ad!thse rfrent. [54]

    3) Le troisime point de vue, cest quil a t tabli, dans les)a#!hs, lesMusnads et le commentaire coranique, que ce versetdescendit sur le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne lapaix ! alors quil se tenait debout1 Arafat. Un homme juifdit Umar b. al-Kha%%$b : commandeur des croyants, [il ya] dans votre Livre un verset que vous rcitez [et qui est telque], sil tait descendu sur nous, la communaut juive, nousaurions adopt le jour de sa [descente] comme [jour de] fte.

    Umar lui dit : Quel verset est-ce ? Ces paroles du[Trs-Haut], dit-il : Aujourdhui, Jai rendu parfaite, pourvous, votre religion; Jai parachev Ma grce sur vous; Jaiagr, pour vous, lIslam comme religion2. Umar de direalors : Moi, je sais quel jour [ce verset] est descendu, et quelendroit il est descendu. Il est descendu le jour de Arafat Arafat, alors que le Messager de Dieu Dieu prie sur lui etdonne la paix ! se tenait debout Arafat. Ceci est abon-damment document (mustaf!$)dautres points de vue encoreet transmis dans les livres des Musulmans les )a#!hs, lesMusnads, les collections (j"mi), les biographies du Prophte(s!ra), le commentaire coranique, etc.

    Ce jour [de Arafat] prcda de neuf jours le jour de Ghad#r

    Khumm. Ctait le vendredi neuf Dh!l-"ijja3. Comment sera-t-il ds lors dit que ce verset descendit le jour dal-Ghad#r ?

    4) Le quatrime point de vue, cest quil ny a dans ce versetni rfrence Al#, ni indication (dal"la al") de son im$matdaucun point [55] de vue. Ce quil contient, cest bien pluttlinformation, donne par Dieu, quIl a parfait la religion, para-chev [Sa] grce sur les croyants et agr lIslam commereligion. Lallgation de celui qui allgue que le Coran fournitune indication de lim$mat de [Al#] de ce point de vue est unmensonge manifeste. Sil dit Le #ad!thindique cela ! , il luisera dit ceci : si ce #ad!th est authentique, la preuve (#ujja)provient donc du #ad!th, pas du verset. Et sil nest pas authen-tique, il ny a de preuve ni en ceci ni en cela. Dans les deuxhypothses, il ny a pas dindication de cela dans le verset etceci est de ce par quoi le caractre mensonger du #ad!thdevientclair. Que la descente du verset se soit faite pour cette raison,alors quil ny a fondamentalement rien en lui qui en soit uneindication, est une contradiction.

    5) Le cinquime point de vue, cest que cet nonc, savoirles [soi-disant] paroles du [Prophte] Mon Dieu, sois amical

    1. w$qif : $qif M2.Coran, al-M"ida- V, 3.3.Le 9 Dh!l-"ijja 10, correspondant au vendredi 6 mars 632.

    (w"l") envers quiconque est amical envers lui, et sois hostile("d") envers quiconque est hostile envers lui ! Aide lavictoire de quiconque aide sa victoire et abandonne quiconquelabandonne ! est un mensonge ; il y a l-dessus accord desgens possdant la connaissance du #ad!th. Quant ses paroles Celui dont je suis le mawl", Al#est son mawl", ces [spcia-listes] disent deux choses leur propos. Nous le mentionneronsen son lieu si le Dieu Trs-Haut veut4.

    Le mausole de Al# Najaf56) Le sixime point de vue, cest quune invocation du Pro-

    phte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! est exauce [parDieu] ; or cette invocation6 ne fut pas exauce. On sait doncque ce ne fut pas une des invocations du Prophte Dieu priesur lui et lui donne la paix !

    On le sait en effet, quand [Al#] fut investi de lautorit(tawall") [du califat], les Compagnons et le reste des Musul-mans furent de trois sortes: une sorte [dentre eux] combattirentavec lui, une sorte le combattirent, et une sorte sabstinrent dececi et de cela, la plupart des prcesseurs, des premiers [Musul-mans], tant dentre ceux qui sabstinrent.

    Il a par ailleurs t dit que certains des prcesseurs, des pre-miers [Musulmans], le combattirent. Ibn "azm7de mentionner[par exemple] que Amm$r b. Y$sir8 fut tu par Ab! l-Gh$diya9, cet Ab! l-Gh$diya [56]tant dentre les prcesseurs,

    4. Voir les pages duMinh"j(t. VII, p. 319-325) traduites ci-dessous,en B, p. 6-11.

    5.Illustration de Ma%r$q NA+,"(m.971/1564), Bey"n- men"zil-isefer-i Ir"qayn (Istanbul, 944/1537), MS Istanbul Universit TY5964, folio 58 v.

    6. savoir : Mon Dieu, sois amical (w"l") envers quiconque estamical envers lui, et sois hostile ("d") envers quiconque est hostileenvers lui ! Aide la victoire de quiconque aide sa victoire etabandonne quiconque labandonne !

    7. Al#b. A&mad Ibn "azm, Ab!Mu&ammad (Cordoue, 384/994 -Manta L#sham, 456/1064), le fameux pote, historien, philosophe,thologien et juriste -$hirite andalou ; voir R. ARNALDEZ,EI2, art.Ibn(azm.

    8. Amm$r b. Y$sir, un des premiers Musulmans, perscut par lesMecquois aprs sa conversion et tu la bataille de +iff#n (37/657)dans le camp de Al#; voir IBN AL-ATH'R, Usd, t. IV, p. 43-47.

    9.Ab! l-Gh$diya al-Juhan#, Compagnon ; voir IBN AL-ATH'R, Usd,t. V, p. 267.

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    dentre ceux qui avaient prt allgeance sous larbre1; orlensemble de ceux-l, il est tabli dans les deux )a#!#s quau-cun deux nentrera dans le Feu. Dans le )a#!#de Muslim etdautres [livres] il est en effet [rapport] au sujet du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , daprs J$bir2, quil adit : Aucun [individu] ayant prt allgeance sous larbrenentrera dans le Feu3. [On lit] aussi dans le )a#!# que leserviteur de "$%ib b. Ab#Baltaa4dit : Messager de Dieu,"$%ib entrera certainement dans le Feu ! Et [le Messager] dedire : Tu mens. Il a vu Badr5 et al-"udaybiya6. Ce "$%ibtait celui qui avait crit aux associateurs les nouvelles duProphte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! ; en raisonde quoi [ce verset] tait descendu : ceux qui croient,nadoptez pas Mon ennemi et votre ennemi comme amis, enleur offrant dtre des partenaires et [le reste du] verset7. Ilmaltraitait ses esclaves et cest pourquoi son esclave avait ditces paroles au Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix !Celui-ci le dmentit cependant et dit : Il a vu Badr et al-"udaybiya. Or on lit dans le )a#!#: Aucun [individu] ayantprt allgeance sous larbre nentrera dans le Feu.

    Il y a de ces [individus ayant prt allgeance] qui combat-

    tirent Al#, tels .al&a8

    et al-Zubayr9

    . Si le meurtrier de Amm$rfut dentre eux, il alla plus loin que dautres10. Ceux qui prt-

    1.Cest--dire al-Hudaybiya, endroit en bordure du territoire sacr

    mecquois o des ngociations eurent lieu entre le Prophte et les Mec-quois au printemps 6/628 et o les Musulmans sengagrent parserment le soutenir ; voir W. MONTGOMERY WATT, EI2, art. al-(udaybiya.

    2. J$bir b. Abd All$h b. Amr (m. Mdine, 74/ 693 ?), Compagnon;voir IBN AL-ATH'R, Usd, t. I, p. 256-258.

    3.Voir MUSLIM, )a#!#, Fa$"il al-*a#"ba (Constantinople, t. VII,p.169) ; IBN "ANBAL, Musnad(Boulaq, t. III, p. 350 ; t.VI, p. 420) ;IBN M)JA, Sunan,Zuhd(d. ABD AL-B)Q', t. II, p. 1431, n 4281).

    4.Compagnon (m. 30/650). Suite un message dans lequel il infor-

    mait Quraysh des plans du Prophte, il fut suspect de trahison maispardonn; voir IBN AL-ATH'R, Usd, t. I, p. 360-362. Voir aussi le textetaymiyyen traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. V, p. 3.

    5. Badr "unayn, au S.-O. de Mdine, lieu de la premire grandebataille entre le Prophte et les Mecquois, en Rama($n 2 / mars 624.

    6. Voir MUSLIM, )a#!#, Fa$"il al-*a#"ba (Constantinople, t. VII,p. 169) ; IBN "ANBAL,Musnad(Boulaq, t. VI, p. 362).

    7.Coran, al-Mumta#ana- LX, 1.8. .al&a b. Ubayd All$h, un des premiers Musulmans, comptant

    parmi les dix Compagnons promis au Paradis, la fois alli et rivaldal-Zubayr contre Al#, tu lors de la bataille du Chameau (36/656) ;voir W. MADELUNG,EI2, art. +al#a.

    9. Ab! Abd All$h al-Zubayr b. al-Aww$m, un des premiersMusulmans, comptant parmi les dix Compagnons promis au Paradis,collaborateur de )isha et .al&a contre Al#, tu lors de la bataille du

    Chameau (36/656) ; voir I. HASSON,EI2, art. al-Zubayr b. al-Aww"m.10. Nous tmoignons que les Dix [ qui cela a t promis] sontdans le Jardin, que les gens qui prtrent lallgeance de lAgrment [al-Hudaybiya] sont dans le Jardin et que les gens de Badr sont dans leJardin, ainsi qutabli par linformation donne ce sujet par le[Prophte] vridique, la vridicit confirme, qui ne parle pas parcaprice, ceci ntant rien que rvlation [ lui] rvle. Maints de ceux[205] en faveur de qui il a t tmoign [quils entreraient dans] leJardin sengagrent cependant dans la guerre civile (fitna). [Ainsi]celui qui tua Amm$r b. Y$sir fut-il Ab!l-Gh$diya, de qui il a t ditquil tait dentre les gens ayant prt lallgeance de lAgrment Ibn "azm a mentionn cela.

    Nous, nous tmoignons que Amm$r est dans le Jardin et que sonmeurtrier, sil fut dentre les gens qui prtrent lallgeance de lAgr-

    rent allgeance au [Prophte] taient environ mille quatre centset ce sont ceux qui Dieu donna de conqurir Khaybar11ainsiquIl le leur avait promis dans la sourate La Conqute12. LeProphte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! en divisaentre eux [le butin] [57] en dix-huit parts. Il y avait en effetparmi eux deux cents cavaliers. Il destina donc trois parts [chaque] cavalier : une part pour lui et deux parts pour soncheval. Ceux qui avaient des chevaux en vinrent donc recevoir six cents parts, les autres en recevant mille deux cents.Voil ce qui est tabli dans les #ad!ths authentiques13et cest laposition de la plupart des gens de savoir comme M$lik, al-Sh$fi#, A&mad [b. "anbal] et dautres. Un groupe est all direquil avait attribu deux parts [chaque] cavalier et quil yavait trois cents chevaux, ainsi que le disent ceux des com-pagnons dAb!"an#fa qui le disent.

    Khaybar14Cela ne fait pas de doute, un groupe des prcesseurs, des

    premiers [Musulmans], combattit aussi avec Al#, tels Sahl b."unayf15 et Amm$r b. Y$sir. Ceux qui ne combattirent pasavec lui taient cependant plus minents. Ainsi Sad b. Ab#

    ment, est dans le Jardin. Quant Uthm$n, Al#, .al&a et al-Zubayr, ilssont dune valeur plus sublime que dautres alors mme que se pro-duisit de leur fait ce qui se produisit. Nous, nous ne tmoignons pas

    quaucun de ceux-l ne pcha. Ce dont nous tmoignons cest pluttque, lorsque lun de ceux-l pche, Dieu ne le tourmente pas dans lau-del ni ne le fait entrer dans le Feu. Il le fait plutt entrer dans le Jardin sans aucun doute et le chtiment de lau-del lui est pargn, soitdu fait de son repentir, soit du fait de ses multiples bonnes uvres, soitdu fait de calamits effaant ses pchs, soit pour dautres raisonsencore, ainsi quamplement expliqu en son lieu (IBN TAYMIYYA,Minh"j, t. VI, p. 204-205).

    11.Oasis quelques 150 km au Nord de Mdine, peuple de tribusjuives et dArabes hbraiss, attaque par le Prophte quelques semai-nes aprs al-"udaybiya, la fin du printemps 7/628; voir V. VECCIAVAGLIERI,EI2, art. Khaybar.

    Ceux qui prtrent allgeance au [Prophte] sous larbre, al-"udaybiya, prs du mont al-Tan#m, taient plus de mille quatre cents.Ils lui prtrent allgeance quand les associateurs les empchrentdaccomplir la umra et quensuite il conclut une paix avec lesassociateurs, la paix bien connue dal-"udaybiya. Ctait en lan6[/628] de lHgire, en Dh! l-Qada. Il revint ensuite avec eux Mdine et razzia Khaybar avec eux, Dieu leur donnant de la conqurirau dbut de lan 7[/628]. Il en divisa [le butin] entre eux (IBNTAYMIYYA,Minh"j, t. II, p. 24).

    12.Voir Coran, al-Fat#- XLVIII.13.Voir AL-BUKH)R', )a#!#,Jih"d(Boulaq, t. IV, p. 30) ; Magh"z!

    (Boulaq, t. V, p. 137) ; MUSLIM, )a#!#, Jih"d (Constantinople, t. V,p. 156) ; IBN "ANBAL,Musnad(Boulaq, t. II, p. 62).

    14.Source : www.3dmekanlar.com/en/castles-of-khaybar.html .15.Sahl b. "unayf al-An*$r#(m. 38/658, K!fa), un des Compagnons

    de Badr, ensuite partisan de Al# +iff#n ; voir IBN AL-ATH'R, Usd,t. II, p. 364-365.

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    Waqq$*1ne combattit-il pas avec lui, [qui tait tel] que, aprsAl#, il ne demeurait pas de compagnons plus minents que lui.Ainsi aussi [en va-t-il de] Mu&ammad b. Maslama2, parmi lesAuxiliaires, au sujet de qui il a t dit dans le #ad!thque laguerre civile (fitna)ne lui nuirait pas3, et qui se tint lcart ceci tant de ce par quoi il est prouv que [ce] combat tait uncombat de guerre civile [men] sur la base dune interprtation(bi-taw!l); cela ne relevait ni dujih"dobligatoire, ni du prf-rable (musta#abb).

    Al#et ceux qui taient avec lui furent plus proches de (awl"bi-)de la Vrit que Mu$wiya et ses compagnons. Ainsi est-iltabli propos du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne lapaix ! quil a dit : Une faction sattaquera (maraqa) lameilleure secte (al" khayr firqa) des Musulmans. Celui desdeux groupes qui est le plus proche de la Vrit les tuera 4. Ce#ad!thprouve que Al#tait plus proche de la Vrit que ceuxqui le combattirent. Il fut en effet celui qui tua les Kh$rijitesquand les Musulmans se divisrent, des gens tant avec lui etdautres contre lui.

    En outre, ceux qui combattirent [Al#] ne furent pas aban-donns [par Dieu]. Bien plutt, ils ne cessrent pas [58]dtre

    aids vaincre, conqurant les pays et tuant les incroyants.Dans le )a#!#, [il est rapport] au sujet du Prophte Dieu priesur lui et lui donne la paix ! quil a dit : Un groupe de macommunaut ne cessera pas de manifester son appui au triom-phe de la Vrit sans que leur nuise ni celui qui ira leurencontre, ni celui qui les abandonnera jusqu ce que lHeurese lve5. Et Mu$dh b. Jabal6de dire : Ils seront en Syrie7. Dans Muslim [il est aussi rapport] au sujet du Prophte Dieuprie sur lui et lui donne la paix ! , daprs Ab!Hurayra, quil adit : Les gens de lOuest ne cesseront pas de triompher jus-

    1.Un des dix Compagnons qui le Prophte promit le Paradis, vain-

    queur des Persans al-Q$disiyya et premier gouverneur de K!fa, mortentre 50/670 et 58/677 ; voir G. R. HAWTING, EI2, art. Sad b. Ab!Wa,,"*.

    2.Mu&ammad b. Maslama b. Kh$lid al-An*$r# l-Aws#(m. Mdine,46/666 ou 47/667), Compagnon qui refusa de prendre parti pour oucontre Al# aprs le meurtre de Uthm$n ; voir IBN AL-ATH'R, Usd,t. IV, p. 330-331.

    3. Voir AB, D),D, Sunan, Sunna (d. ABD AL-"AM'D, t. IV,p. 216, n 4663).

    4. La lecture du #ad!th donne ici, avec les mots al" khayr firqa,correspond la variante donne en marge dAL-BUKH)R', )a#!#,Murtadd!n (Boulaq, t. IX, p. 17). La lecture prfre par lditeur du)a#!#en cette mme page, al"#!n furqa, apparat dans le texte tay-miyyen concernant aussi Al# traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels,N.S. III, p. 5 : Un groupe sexcommuniera (maraqa)au moment o

    les Musulmans se diviseront (Idem in Minh"j, t. I, p. 306). Cettedernire lecture est galement plus proche des versions du #ad!thapparaissant in MUSLIM, )a#!#,Zak"t(Constantinople, t. III, p. 113) etIBN "ANBAL,Musnad(Boulaq, t. III, p. 32) : inda furqa, lors dela division des Musulmans Peut-tre convient-il ici aussi decorriger al" khayr firqa en al" #!n furqa, et donc dadopter latraduction du Textes spirituels, N.S. III, p. 5.

    5. Voir AL-BUKH)R', )a#!#, Iti*"m (Boulaq, t. IX, p. 101) ;MUSLIM, )a#!#,Im"ra(Constantinople, t. VI, p. 52-53) ; IBN "ANBAL,Musnad (Boulaq, t. V, p. 34, 269, 278, 279). Versions plus brves etdiffrentes, quIbn Taymiyya fond en une seule.

    6. Compagnon mdinois, une des quatre rfrences en matire deCoran (m. 18/639) ; voir IBN AL-ATH'R, Usd, t. IV, p. 376-378.

    7.Voir AL-BUKH)R', )a#!#, Taw#!d(Boulaq, t. IX, p. 136).

    qu ce que lHeure se lve8. Et A&mad b. "anbal et dautresde dire : Les gens de lOuest sont les gens de Syrie.

    Le Haut-Euphrate vers 710/1310

    Il en va ainsi quils lont mentionn. Pour toute contre il y aen effet un Ouest et un Est. Ce qui est pris en considration,dans lnonc du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne lapaix ! , cest lOuest de sa ville (mad!na) ; or, partir delEuphrate, on est lOuest de Mdine. Al-B#ra9, etc. setrouvent sur le mridien de Mdine10tout comme "arr$n11, al-Raqqa12 et Sumays$%13, etc. se trouvent sur le mridien de La

    Mecque14

    . Voil pourquoi il est dit que la qiblade ces [villes]-8.Voir MUSLIM, )a#!#,Im"ra(Constantinople, t. VI, p. 54).9.Ville du N.-O. de la Msopotamie, sur la rive orientale de lEu-

    phrate (lactuelle Birecik, 65 km lE. de Gaziantep, Turquie) ; voirM. STRECK -V.J.PARRY,EI2, art.B!redjik.

    10. Contrairement ce quaffirme Ibn Taymiyya, al-B#ra ne setrouve pas sur le mridien de Mdine mais plus lOuest, pour la go-graphie ancienne, telle notamment quexpose par Ab! l-Fid$(m. 732/1331), comme pour la moderne ; voir Ism$#l AB, L-FID),Taqw!m al-buld"n - Gographie. Texte arabe publi par M. REINAUDet MAC GUCKIN DE SLANE, Paris, Imprimerie Royale, 1840, p. 86, 268.

    al-B#ra MdineAb!l-Fid$ 62.. 65.. ou 67..Modernes 3758 E. 3936 E.

    11.La ville natale dIbn Taymiyya (lactuelle Harran, 45 km au S.-E. dUrfa, Turquie) ; voir G. FEHERVARI,EI2, art.(arr"n.

    12.Ville du Nord de la Syrie, sur la rive Est de lEuphrate, peu avantle confluent du Nahr Bal#kh, un temps rsidence du calife abb$sideH$r!n al-Rash#d ; voir M. MEINECKE,EI2, art.al-Ra,,a.

    13. Lancienne Samosate, sur la rive Ouest du Haut-Euphrate (lac-tuelle Samsat, 61 km au N.-O. dUrfa, Turquie) ; voir C. P. HAASE,EI2, art.Sumays"'.

    14. Alors mme que les trois villes quIbn Taymiyya situe sur lemridien de La Mecque sont bien lEst dal-B#ra comme il lindique,elles se situent lOuest, non seulement de La Mecque mais, aussi, deMdine, pour Ab! l-Fid$ comme pour la gographie moderne ; voirAB,L-FID), Taqw!m, p. 86, 266, 276.

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    l est la plus juste des qiblas, en ce sens que si tu mets le pleNord derrire ton dos, tu fais face la Kaba. Ce qui est lOuest de lEuphrate est donc lOuest de Mdine, jusquaubout de la terre, et les gens de Syrie sont les premiers [habitantsde ces pays de lOuest]. [59]

    Les soldats qui combattirent avec Mu$wiya ne furent jamaisabandonns, mme pas quand ils combattirent Al#. Commentle Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! aurait-ildonc dit Mon Dieu, abandonne quiconque abandonne [Al#]et aide la victoire de quiconque aide sa victoire ! alors queceux qui combattirent avec lui ne furent pas aids vaincreceux [qui combattaient avec Mu$wiya] ? Bien plutt, lesSh#ites que vous prtendez spcialement [dvous] Al#nontpas cess dtre abandonns, battus, et nont t victorieuxquavec laide dautres queux, soit musulmans, soit incroyants,alors quils soutiennent tre ses aides ! O donc, [en ce cas], futlaide divine la victoire de qui aiderait la victoire de [Al#] ?Ceci et dautres choses sont de celles qui rendent clair lecaractre mensonger de ce #ad!th.

    B. Les vrais titres de Al! Des sources abondamment certifies (mutaw"tir), a dit le

    R$fi(ite1, [nous] informent de ceci concernant le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! : quand ces paroles duTrs-Haut descendirent le Messager, communique ce quia t descendu vers toi de la part de ton Seigneur 2 , ilsadressa aux gens Ghad#r Khumm et dit toute lassemble : les gens, nai-je pas plus de titres (awl")sur vous que [vousnen avez] vous-mmes ? Mais oui ! dirent-ils. Celuidont je suis le mawl", Al# est son mawl". Mon Dieu, soisamical (w"l") envers quiconque est amical envers lui, et soishostile ("d")envers quiconque est hostile envers lui ! Aide lavictoire de quiconque aide sa victoire et abandonne quiconquelabandonne ! Umar de dire alors : Bravo ! Tu es devenumon mawl"et le mawl"de tout croyant et croyante3. Ce qui

    est voulu dire ici par le mawl", cest celui qui a plus detitres disposer librement [de quelque chose ou de quelquun](al-awl" bi-l-ta*arruf) , tant donn ce qui a t prcdem-ment confirm par ces paroles [du Prophte] Dieu prie sur luiet lui donne la paix ! : Nai-je pas plus de titres (awl") survous que [vous nen avez] vous-mmes ?

    "arr$n al-Raqqa Sumays$% La MecqueAb!l-Fid$ 63 63.. 62 67..Modernes 3900 E. 3901 E. 3831 E. 3949 E.

    Plutt que dtre scientifique, la gographie dIbn Taymiyya sla-bore en fonction de la religion et dun sentiment nationaliste syriendautant plus intense en ce dbut du VIIIe/XIVe sicle que lEuphrate

    marque alors la frontire entre le sultanat gypto-syrien et son prin-cipal ennemi, lempire des Mongols dIran. Tlescopant les sicles, lethologien semble considrer lopposition entre les Maml!ks et les'lkh$ns comme prolongeant le conflit ayant oppos, travers Mu$-wiya et Al#, les Syriens aux Iraqiens, les proto-Sunnites aux Sh#ites,des combattants aids par Dieu dautres, abandonns par Lui. Il voiten tout cas dans les Maml!ks les champions de lIslam de son temps, la diffrence de ces Tatars parfois convertis au Sh#isme et finalementvaincus chaque fois quils tentrent de semparer de la Syrie ; voir letexte taymiyyen traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels XIII, p. 26-27.

    1.Cest--dire al-"ill#.2.Coran, al-M"ida- V, 67.3.Sur ces paroles de Umar, voir notamment IBN "ANBAL, Musnad

    (Boulaq, t. IV, p. 281).

    La rponse concernant ce verset et le #ad!thmentionn adj t donne4 : nous avons rendu clair que cette [tradition]est [314]du mensonge et que ces paroles [du Trs-Haut] Communique ce qui a t descendu vers toi de la part de tonSeigneur5 descendirent longtemps avant le plerinagedadieu.

    Le jour dal-Ghad#r, ce fut seulement le 18 Dh!l-"ijja6, aprsque [le Prophte] revint du plerinage7. Aprs cela, il vcutencore deux mois et une partie dun troisime. Parmi les chosesqui rendent cela clair, il y a le fait que la dernire partie de [lasourate]La Table tre descendue, ce sont ces paroles du Trs-Haut : Aujourdhui, Jai rendu parfaite, pour vous, votrereligion et Jai parachev Ma grce sur vous8. Ce versetdescendit Arafat le 9 Dh! l-"ijja durant le plerinagedadieu, alors que le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne lapaix ! se tenait debout Arafat ainsi qutabli dans les)a#!#s et les Sunans et ainsi que tous les ulemas le disent, sansexception les exgtes, les traditionnistes et dautres.

    le Messager, communique ce qui a t descendu vers toi 9

    Ghad#r Khumm, ce fut aprs le retour du [Prophte] Mdine, le 18 Dh! l-"ijja, neuf jours aprs la descente de ceverset. Comment Ses paroles Communique ce qui a tdescendu vers toi de la part de ton Seigneur10 seraient-ellesdescendues ce moment-l alors quil ny a pas de divergenceentre les gens de savoir sur le fait que ce verset descendit avantcela ? Il est dentre les premiers [versets] tre descendus Mdine alors mme quil se trouve dans la sourate La Table.On trouve semblablement, en celle-ci, la prohibition du vin11alors mme que le vin fut prohib pour la premire fois suite la razzia dU&ud12. Ainsi aussi trouve-t-on en elle le jugemententre les gens du Livre [voqu] par ces paroles [du Trs-

    4.Voir la section duMinh"j(t. VII, p. 51-59) traduite ci-dessus, A.5.Coran, al-M"ida- V, 67.6.Le 18 Dh!l-"ijja 10, correspondant au dimanche 15 mars 632.7.Le plerinage dadieu du Prophte, en Dh!l-"ijja 10 / mars 632.8.Coran, al-M"ida- V, 3.9.Illustration, reprise sur divers sites sh#ites de linternet, associant

    lvnement de Ghad#r Khumm et le verset du Coran, al-M"ida- V,67. Design: Om9aw9an, 2007.

    10.Coran, al-M"ida- V, 67.11.Voir Coran, al-M"ida- V, 90-93.12.Site, juste au Nord de Mdine, dune dfaite des Musulmans par

    les Mecquois au printemps 3/625; voir C. F. ROBINSON,EI2, art. U#ud.

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    Haut] : Sils viennent vers toi, juge entre eux ou dtourne-toideux1. Ce verset descendit soit propos de la sanction (#add)[ appliquer] quand il lapida les deux juifs2, soit propos dujugement entre les Quray-a et les Na(#r3 lorsquils en appe-lrent son jugement au sujet du prix du sang4. Or la lapidationdes deux juifs fut la premire chose [315] quil fit Mdine.Ainsi aussi en alla-t-il du jugement entre les Quray-a et lesNa(#r. Les Ban! l-Na(#r, il les expulsa avant le Foss5 ; lesQuray-a, il les tua suite la razzia du Foss6.

    Al! la bataille du Foss, tenant la tte du champion de Quraysh,Amr b. Abdu Wudd 7

    Il y a l-dessus accord des gens, [la bataille] du Foss eut lieuavant al-"udaybiya et avant la conqute de Khaybar, tout ceciayant eu lieu avant la conqute de La Mecque8et la razzia de"unayn9. Et tout ceci eut lieu avant le plerinage dadieu, leplerinage dadieu ayant eu lieu avant le discours dal-Ghad#r.Quiconque dit que quelque chose, dans [la sourate] La Table,

    1.Coran, al-M"ida- V, 42.2.Voir IBN HISH)M, S!ra, t. II, p. 153-154 ; trad. GUILLAUME, Life,

    p. 266-267. Selon F. D AL-R)Z', Tafs!r, t. XI, p. 235, cest lopiniondIbn Abb$s, al-"asan, Muj$hid et al-Zuhr#.

    3.Deux des trois principales tribus juives de Mdine.4. Voir IBN HISH)M, S!ra, t. II, p. 154 ; trad. GUILLAUME, Life,

    p. 267-268. Les Ban! l-Na(#r avaient de la noblesse et rclamaientintgralement le prix du sang tandis que les Quray-a nen exigeaientque la moiti. Lorsquils recoururent son jugement, le Prophterendit le prix du sang identique pour les uns et les autres; voir F. D AL-R)Z', Tafs!r, t. XI, p. 235.

    5. La bataille du Foss opposa le Prophte aux Mecquois auprintemps 5/627 ; voir W. MONTGOMERY WATT, EI2, art. Khanda,.Aprs avoir trahi des accords de dpart passs avec le Prophte, lesBan! l-Na(#r furent expulss de Mdine vers Khaybar et la Syriedurant lt 4/625; voir V. VACCA,EI2, art.Na$!r.

    6. Aprs la bataille du Foss, les Quray-a se rendirent sansconditions au printemps 5/627 et furent jugs pour trahison. Entre 6 et900 hommes furent excuts, les femmes et les enfants tant venduscomme esclaves; voir W. MONTGOMERY WATT,EI2, art. -uray&a.

    7.Image pieuse iranienne, vers 1980 (Coll. part.) ; voir IBN HISH)M,S!ra, t. III, p. 135 ; trad. GUILLAUME,Life, p. 455-456.

    8.Le Prophte prit La Mecque sans coup frir durant lhiver 8/630.9. Site une journe de voyage de La Mecque, sur la route dal-

    .$if. Peu aprs avoir pris La Mecque, lhiver 8/630, le Prophte y miten droute la tribu confdre des Haw$zin ; voir H. LAMMENS& A.al-H. KAMAL,EI2, art.(unayn.

    descendit Ghad#r Khumm est donc un menteur, un forgeur ; ily a l-dessus accord des gens de savoir.

    En plus, le Dieu Trs-Haut a dit dans son Livre : leMessager, communique ce qui a t descendu vers toi de la partde ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu nauras pas communiquSon Message. Dieu te protgera des gens10. Il lui a doncgaranti Glorifi est-Il ! quIl le protgerait des gens silcommuniquait le Message, de manire le rassurer ce proposvis--vis de [ses] ennemis. Voil pourquoi il est rapportquavant la descente de ce verset, le Prophte Dieu prie surlui et lui donne la paix ! se tenait sur ses gardes. Quand ceverset descendit, il cessa de le faire11. [316]Ceci aura seulementeu lieu avant que la communication [du Message] sachve. Orcest durant le plerinage dadieu que la communication [duMessage] sacheva.

    Durant le plerinage dadieu, [le Prophte] dit : Eh quoi !ai-je communiqu [le Message] ? Eh quoi ! ai-je communiqu[le Message] ? Oui, dirent [les gens]. Mon Dieu ! soistmoin ! dit-il. Il dit aussi : O les gens, je laisse parmi vousquelque chose qui est tel que, si vous vous y tenez, vous nevous garerez pas : le Livre de Dieu. Vous serez interrogs

    mon sujet. Que direz-vous donc ? Nous tmoignerons, dirent-ils, que tu as communiqu [le Message, l]as transmis,et [nous] as aviss. Il se mit alors lever son doigt vers le cielet labaisser vers la terre et dit : Mon Dieu ! sois tmoin !Mon Dieu ! sois tmoin ! Tel est lnonc du #ad!thde J$bir12dans le )a#!# de Muslim13 et dans dautres #ad!ths authen-tiques. [Le Prophte] dit aussi : Que celui qui est tmoin [dececi le] communique labsent. Peut-tre quelquun qui cesera communiqu le retiendra-t-il mieux que quelquun lenten-dant [ici]14.

    La protection garantie [par Dieu au Prophte] a donc existdurant le temps, antrieur, de la communication [du Message]et ce verset nest pas descendu aprs le plerinage dadieu.

    Cest en effet avant celui-ci quil a communiqu [le Message].En outre, au moment du [plerinage dadieu], il navait pluspeur de personne dont il aurait eu besoin dtre protg. Bienplutt, aprs le plerinage dadieu, les gens de La Mecque, deMdine et de leurs environs taient tous [devenus] musulmans,soumis lui. Il ny avait plus aucun [317]mcrant parmi eux etles hypocrites, mats, tenaient secrte leur hypocrisie : il nyavait plus personne parmi eux qui lui aurait fait la guerre, niplus personne dont il aurait eu peur. En une telle situation il nelui aura donc pas t dit : Communique ce qui a t descenduvers toi de la part de ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tunauras pas communiqu Son Message. Dieu te protgera des

    10.Coran, al-M"ida- V, 67.11.Voir AL-TIRMIDH', Sunan, Tafs!r al-Qur"n(d. UTHM)N, t. IV,

    p. 317, n 5037).12. J$bir b. Abd All$h b. Amr al-Sulam# (m. 74/693 ?), Com-

    pagnon et Auxiliaire; voir IBN AL-ATH'R, Usd, t. I, p. 256-258.13.Voir MUSLIM, )a#!#, (ajj(Constantinople, t. IV, p. 41). Sur les

    diverses versions du sermon du Prophte lors du plerinage dadieu,voir R. BLACHRE, Analecta, Damas, Institut Franais de Damas,1975, p. 120-143 : Lallocution de Mahomet lors du plerinagedadieu.

    14. Voir AL-BUKH)R', )a#!#, (ajj (Boulaq, t. II, p. 176-177), Ilm(Boulaq, t. I, p. 24).

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    gens1. Ceci est de ce qui rend clair que ce qui se passa le jour dal-

    Ghad#r ne fut pas dentre les choses quil lui fut command decommuniquer, linstar de ce quil communiqua durant le ple-rinage dadieu. Beaucoup de ceux qui firent le plerinage aveclui, ou la plupart dentre eux, ne retournrent pas avec lui Mdine. Bien plutt, les gens de La Mecque retournrent LaMecque, les gens dal-.$if al-.$if, les gens du Ymen auYmen et les gens des steppes proches de ces [endroits] versleurs steppes. Avec lui retournrent seulement les gens deMdine et ceux qui en taient proches. Si ce quil mentionna lejour dal-Ghad#r avait t de ce quil lui avait t command decommuniquer linstar de ce quil commanda durant le ple-rinage, il laurait communiqu durant le plerinage dadieu toutcomme il communiqua [alors] dautres choses.

    Durant le plerinage dadieu, [le Prophte] ne mentionnacependant fondamentalement ni lim$mat ni rien se rattachant lim$mat. Personne na par ailleurs transmis, ni par une chanede transmetteurs authentique, ni par une faible, quil auraitdurant le plerinage dadieu mentionn lim$mat de Al#. Bienau contraire, il ne mentionna Al# en aucune partie de son

    sermon alors mme quil sagissait du rassemblement gnraldurant lequel il lui avait t command de faire une commu-nication gnrale. On le sait par consquent, lim$mat de Al#ne fut pas [un lment] de la religion quil lui fut command decommuniquer, non plus dailleurs mme que le #ad!thde latta-chement (muw"l"t), le #ad!th des deux choses de poids (al-thaqalayn)et les affaires similaires que lon mentionne concer-nant son im$mat. [318]

    Le Bassin de lau-del (&aw()2Ce que Muslim a rapport3 cest qu Ghad#r Khumm [le

    Prophte] dit : Je laisse parmi vous les deux choses de poids :le Livre de Dieu [Le Prophte] mentionna le Livre de Dieuet leur donna le dsir de le [suivre] puis dit : et ma famille,les gens de ma maison. Je vous rappelle Dieu concernant lesgens de ma maison. [Il le dit] trois fois. Ceci est quelquechose que Muslim est seul [rapporter] et qual-Bukh$r# na

    1.Coran, al-M"ida- V, 67.2.Illustration de M. Y)ZIJ'Z)DEH (m.855/1451), Kit"b al-Mu#am-

    madiyya f!l-kam"l"t al-A#madiyya([Istanbul] : 1306/[1889]), p. 321.3.Voir MUSLIM, )a#!#, (ajj(Constantinople, t. IV, p. 41) ; Fa$"il

    al-*a#"ba(Constantinople, t. VII, p. 122-123).

    pas rapport. Al-Tirmidh#la aussi rapport et y a ajout : Lesdeux ne se spareront pas jusquau moment o ils se prsente-ront moi prs du Bassin4. Plus dun de ceux qui ont mmo-ris [les traditions] (#"fi&) ont dsapprouv cette addition et ditque ce nest pas une partie du #ad!th ; tandis que ceux quicroient en son authenticit ont dit quelle indique seulementquil ny aurait pas daccord unanime (ittafaqa)de lensemblede la famille [prophtique], savoir les Ban! H$shim, sur[quelque chose constituant] de lgarement. Cest ce quungroupe des gens de la Sunna a dit et cest une des rponses ducadi Ab!Yal$5et dautres. Si le Prophte Dieu prie sur lui etlui donne la paix ! a effectivement tenu les propos (#ad!th)quon trouve dans Muslim,6il ny a en eux quune recomman-dation (wa*iyya) de suivre le Livre de Dieu ; or cest l uneaffaire dj recommande, auparavant, durant le plerinagedadieu.

    De plus, [le Prophte] na pas ordonn de suivre [sa] famillemais a dit : Je vous rappelle Dieu concernant les gens de mamaison. Rappeler ceux-ci la communaut, [ctait] deman-der aux [gens] de se rappeler de ce quil leur avait dj tcommand auparavant : reconnatre leurs droits aux [gens de sa

    maison] et sinterdire dtre injustes envers eux ; or cest l uneaffaire qui avait dj t rendue claire avant Ghad#r Khumm.[319]On le sait donc, Ghad#r Khumm il ny eut pas daffaire prescrire comme Loi (shuria) qui serait descendue cemoment-l, ni concernant un droit de Al# ni concernant unautre, ni sa qualit dim$m (im"ma)ni autre chose.

    Pour ce qui est, cependant, du #ad!th de lattachement(muw"l"t), al-Tirmidh#7 la effectivement rapport et A&mad[b. "anbal], dans son Musnad, [a rapport] propos du Pro-phte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! quil a dit : Celui dont je suis le mawl", Al#est son mawl"8. Quant laddition, savoir ses paroles Mon Dieu, sois amical (w"l")envers quiconque est amical envers lui, et sois hostile ("d")

    envers etc., il ne fait pas de doute que cest du mensonge.Dans son Sunan, al-Athram9a transmis propos dA&mad [b."anbal] qual-Abb$s10lavait interrog au sujet de "usayn al-

    4.Voir AL-TIRMIDH', Sunan, Man"qib (d. UTHM)N, t. V, p. 327-

    328, n 3874 ; p. 328-329, n 3876) ; IBN "ANBAL, Musnad (Boulaq,t. III, p. 14,17, 26, 59 ; t. V, p. 181-182,189-190).

    5.Mu&ammad b. al-"usayn Ibn al-Farr$, plus connu sous le nom decadi Ab! Yal$ (380/990-458/1066), thologien &anbalite de Bagh-d$d ; voir H. LAOUST,EI2, art.Ibn al-Farr".

    6.Pour Ibn Taymiyya, il y a dans le )a#!#de Muslim des noncsdont il est connu quils sont errons ; voir le texte taymiyyen traduitin Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. VIII, p. 5.

    7. Voir AL-TIRMIDH', Sunan, Man"qib (d. UTHM)N, t. V, p. 297,n 3797).

    8. Voir notamment IBN "ANBAL, Musnad (Boulaq, t. I, p. 84, 118,119, 152 ; t. IV, p. 281, 368 ; t. V, p. 347,366).

    9. A&mad b. Mu&ammad b. H$ni, Ab! Bakr al-Athram (m. 261/875), traditionniste influenc par Ibn "anbal et auteur dun Sunan ;voir Kh. D. AL-ZIRIKL',Al"m, t. I, p. 205.

    10. Al-Abb$s b. Abd al-A-#m b. Ism$#l al-Anbar#, Ab! l-Fa(l(m. 246/860), traditionniste de Ba*ra, qui frquenta Ibn "anbal Baghd$d ; voir AL-KHA.'B AL-BAGHD)D' (m. 463/1071), Tar!khBaghd"d, 14 t., Beyrouth, D$r al-Kutub al-Ilmiyya, s. d. ; t. XII,p. 137, n 6590.

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    Ashqar1et lui avait relat deux #ad!ths. Lun est que [le Pro-phte] avait dit Al#: Il te sera propos de me dsavouer. Neme dsavoue pas ! Lautre est : Mon Dieu, sois amical(w"l") envers quiconque est amical envers lui, et sois hostile("d") envers quiconque est hostile envers lui ! Ab! AbdAll$h2 lavait alors fort critiqu, ne doutant pas que ctaientdeux mensonges.

    Il en va semblablement de ces paroles [attribues au Pro-phte] Tu as plus de titre sur tout croyant et croyante : ilsagit aussi dun mensonge. Quant ses paroles Celui dont jesuis le mawl", Al# est son mawl" , elles ne se trouvent pasdans les )a#!#s mais sont parmi les choses que les ulmasrapportent et au sujet de lauthenticit desquelles les genscontroversent. Dal-Bukh$r#, dIbr$h#m al-"arb#3 et dungroupe de gens possdant la science du #ad!th il est relatquils les dsapprouvrent [320]et les jugrent faibles. DA&madb. "anbal il est relat quil les jugeait excellentes comme al-Tirmidh#les jugea excellentes. Ab!l-Abb$s b. Uqda4rdigeaun ouvrage sur lensemble des voies de leur [transmission].

    Ce qui est authentique concernant les minentes vertus deAl#, a dit Ibn "azm5, ce sont ces paroles du Prophte

    Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! : Tu es vis--vis de moilquivalent dAaron vis--vis de Mose, ceci prs quil nyaura plus de Prophte aprs moi6. Ce sont aussi ses paroles : Je donnerai assurment ltendard, demain, un homme quiaime Dieu et Son Messager et que Dieu et Son Messageraiment7. Il sagit nanmoins l dun attribut ncessaire de toutmusulman, croyant, individu minent. Quant son engagement Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! que Al# ne seraitaim que dun croyant et ne serait dtest que par un hypocrite8,

    1.Ab!Abd All$h al-"usayn b. "asan al-Ashqar al-Faz$r# al-K!f#(m. 208/823), traditionniste sh#ite frquemment jug peu fiable ; voirShih$b al-D#n IBN "AJAR AL-ASQAL)N' (m. 852/1449), Tahdh!b al-

    tahdh!b, d. I. AL-ZAYBAQ& ). MURSHID, 4 t., Beyrouth, Muassasatal-Ris$la, 1416/1995 ; t. I, p. 421-422. Ibn "ajar donne une versionlgrement diffrente de cette conversation entre al-Abb$s b. Abd al-A-#m et Ibn "anbal concernant la fiabilit dal-"usayn al-Ashqarcomme traditionniste. Plutt quun change entre le Prophte et Al#,la premire tradition devient alors un change entre Al#et un certain"ujr al-Madar#.

    2.Cest--dire A&mad b. "anbal. Laddition Mon Dieu, sois ami-cal figure cependant aussi dans le Musnad dIbn "anbal, notam-ment t. I, p. 118, 119, 152 ; t. IV, p. 281, 368.

    3. Ibr$h#m b. Is&$q b. Bash#r al-"arb#, Ab! Is&$q (m. Baghd$d,285/898), traditionniste, ascte et juriste sh$fiite, disciple dIbn"anbal en #ad!th; voir J.-C. VADET, EI2, art. Ibr"h!m (arb!; Kh.D. AL-ZIRIKL',Al"m, t. I, p. 32.

    4. A&mad b. Mu&ammad b. Uqda, Ab! l-Abb$s (m. K!fa, 333/

    944), traditionniste zaydite ; voir Kh. D. AL-ZIRIKL',Al"m, t. I, p. 207.5. Voir IBN "AZM, Kit"b al-Fi*al f! l-milal wa l-ahw" wa l-ni#al,5 t., Le Caire, al-Ma%baat al-Adabiyya, 1317/[1899]-1321/[1903] ;t. IV, p. 147-148 (F).

    6.Voir AL BUKH)R', )a#!#, Fa$"il al-*a#"ba(Boulaq, t. V, p. 19) ;MUSLIM, )a#!#, Fa$"il al-*a#"ba (Constantinople, t. VII, p. 120,121) ; IBN M)JA, Sunan, Muqaddima (d. ABD AL-B)Q', t. I, p. 43,n 115) ; AL-TIRMIDH', Sunan, Man"qib (d. UTHM)N, t. V, p. 302,n 3808) ; IBN "ANBAL,Musnad(Boulaq, t. I, p. 170 ; t. III, p. 32).

    7.Voir AL-BUKH)R', )a#!#, Jih"d(Boulaq, t. IV, p. 53) ; MUSLIM,)a#!#, Fa$"il al-*a#"ba (Constantinople, t. VII, p. 120-122) ; AL-TIRMIDH', Sunan,Man"qib(d. UTHM)N, t. V, p. 302, n 3808).

    8. Voir MUSLIM, )a#!#, .m"n (Constantinople, t. I, p. 61-62) ; IBNM)JA, Sunan,Muqaddima(d. ABD AL-B)Q', t. I, p. 42, n 114) ; AL-

    de telles choses valent aussi pour les Auxiliaires9. [Il est eneffet dit deux] que quelquun croyant en Dieu et au JourDernier ne les dtesterait pas10.

    [Ibn "azm] de dire aussi: Pour ce qui est de ces paroles Celui dont je suis le mawl", Al#est son mawl" , elles nesont fondamentalement pas authentifies selon la voie [321]dessources fiables (thiqa). Quant au reste des #ad!ths auxquels lesR$fidites se rattachent, ils sont invents11. Nimporte quellepersonne ayant la moindre connaissance des traditions (khabar)et de leur transmission sait cela.

    Ibn "azm na pas mentionn ces paroles [quon trouvepourtant] dans les deux )a#!#s Toi, tu es des miens et moi,je suis des tiens12 , non plus que le #ad!th de lexcrationrciproque (mub"hala)13et celui du manteau (kis")14.

    TIRMIDH', Sunan, Man"qib (d. UTHM)N, t. V, p. 299, n 3801 ;p. 306, n 3819) ; IBN "ANBAL,Musnad(Boulaq, t. I, p. 84).

    9. Voir MUSLIM, )a#!#, .m"n (Constantinople, t. I, p. 60-61) ; IBN"ANBAL,Musnad(Boulaq, t.IV, p. 283).

    10. Voir AL-BUKH)R', )a#!#, Man"qib al-an*"r(Boulaq, t. V,p. 32) ; MUSLIM, )a#!#,.m"n(Constantinople, t. I, p. 60).

    11.maw(!a F: maw(!u-hu (?) M12. Voir AL-BUKH)R', )a#!#, )ul# (Boulaq, t. III, p. 185) ; Fa$"ilal-*a#"ba (Boulaq, t. V, p. 18) ; AL-TIRMIDH', Sunan, Man"qib (d.

    UTHM)N, t. V, p. 299-300, n 3803) ; IBN M)JA, Sunan, Muqaddima(d. ABD AL-B)Q', t. I, p. 44, n 119) ; IBN "ANBAL,Musnad(Boulaq,t.IV, p. 164, 165;t. V, p. 204).

    13. Voir MUSLIM, )a#!#, Fa$"il al-*a#"ba (Constantinople, t. VII,p. 120-121) : Quand le verset suivant descendit Dis : Venez,appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mmeset vous-mmes* , le Messager de Dieu Dieu prie sur lui et luidonne la paix ! appela Al#, F$%ima, "asan et "usayn et dit : MonDieu, voici ma famille. * Coran,/l Imr"n- III, 61.

    Voir aussi IBN TAYMIYYA, Minh"j, t. VII, p. 123: Que [le Pro-phte] impliqua Al#, F$%ima, al-"asan et al-"usayn dans lexcrationrciproque, cest un #ad!thauthentique que Muslim a rapport daprsSad b. Ab#Waqq$*. Dans un long #ad!th, il dit en effet ceci : Quand

    le verset suivant descendit Dis : Venez, appelons nos fils et vosfils, nos femmes et vos femmes, nous-mmes et vous-mmes , leMessager de Dieu Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! appelaAl#, F$%ima, "asan et "usayn et dit : Mon Dieu, voici ma famille. Il ny a cependant l aucune indication ni de lim$mat, ni de laprminence (af$aliyya)[de Al#].

    Recevant une dlgation de Chrtiens du Najr$n (nord du Ymen) enlan 10/631, Mu&ammad proposa ses dirigeants de soumettre aujugement de Dieu, par une excration rciproque impliquant leursfamilles respectives, la confirmation de son prophtat. Les Najr$nitesrefusrent lpreuve. Cest cet pisode que le verset et le #ad!thcitspar Ibn Taymiyya rfrent. Voir L. MASSIGNON, La Mubhala deMdine et lhyperdulie de F'ima, incrits mmorables, I. Textes ta-blis, prsents et annots sous la direction de C. JAMBETpar F. ANGE-LIER, F. LYVONNETet S. AYADA, Paris, Robert Laffont, Bouquins ,

    2009, p. 222-245.14. Voir MUSLIM, )a#!#, Fa$"il al-*a#"ba (Constantinople, t. VII,p. 130) : Le Prophte Dieu le bnisse et lui donne la paix ! sortitun matin avec, sur lui, une cape (wa alay-hi mir') raye en poil dechameau noir. Al-"asan b. Al# arriva et il ly fit entrer. Al-"usaynarriva ensuite et il y entra avec lui. F$%ima arriva ensuite et il ly fitentrer. Al#arriva ensuite et il ly fit entrer aussi. Il dit ensuite : Dieuveut seulement faire partir de vous la souillure, Gens de [ma]maison, et vous purifier compltement ; voir aussi IBN TAYMIYYA,Minh"j, t. IV, p. 22.

    Pour les sources sh#ites, ceci eut lieu le matin o la dlgationchrtienne du Najr$n renona lexcration rciproque et la cape du #ad!th devient une sorte de dais en dessous duquel le Prophtesigea avec les siens ; voir L. MASSIGNON,Mubhala, p. 230 : Entre

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    Si cela est dit, on dira ceci : ce quIbn "azm a pour vise[danalyser], cest ce qu[on trouve] dans le )a#!# comme#ad!ths dans lesquels il nest fait mention que de Al#. Quant ces #ad!ths-ci, il y est aussi fait mention dautres personnes.[Le Prophte] dit en effet Jafar1 : Toi, tu me ressemblesphysiquement et moralement , et il dit Zayd2: Toi, tu esnotre frre et notre mawl"3. Quant aux #ad!ths de lexcrationrciproque et du manteau, il y est fait mention de Al#, deF$%ima, de "asan et de "usayn Dieu soit satisfait deux !Ceci ne rfute donc pas Ibn "azm.

    Le jour de lexcration mutuelle (yawm mub$halat al-nab#)4

    deux arbres coups formant poteaux, Mu&ammad avait fait tendre ungrand tissu noir, le kis qa'awn, formant portique, et vint y prendreplace, ayant Ali sa droite, ses deux petits-fils devant, et F%imaderrire. Quand le qib et le sayyid [des Najr$nites] voulurent avecleurs cinq enfants savancer vers le kis, ils virent au-dessus des

    lueurs de foudre qui les terrorisrent ; des toiles brillaient, les arbresse penchaient, les oiseaux tombaient terre, ailes ployes, vomis-sant ; Mu&ammad commenait lever les mains, quand les chrtiensimplorrent une trve. De leur ct, les musulmans convertis nonarabes, les mawl(= clients) contemplaient comme une thophanie lagloire divine nimbant les Cinq sous le kis(= Manteau). Qa%awn rfre un type dtoffe prcieuse, tisse plus tard Kfa quartier deBajla, dans le clan de ce nom ; on prdisait que le Mahd en seraitvtu ; voir Mu&ammad B$qir AL-MAJLIS! (m. 1110/1698), Bi!"ral-anw"r, 111 t., Beyrouth, Muassasat al-Waf$, 1403/1983 ; t. XXI,p. 354.

    1. Jafar b. Ab#.$lib (m. 8/629), cousin du Prophte et frre an deAl#, mort martyr durant la bataille de Muta ; voir L. VECCIAVAGLIERI,EI2, art.Jafar b. Ab!+"lib.

    2. Zayd b. "$ritha al-Kalb# (m. 8/629), esclave, puis mawl" et fils

    adoptif du Prophte ; voir M. LECKER,EI2, art.Zayd b.("ritha.3. Cela, aprs avoir dit Al# Toi, tu es des miens ; voir entreautres AL-BUKH)R', )a#!#, )ul#(Boulaq, t. III, p. 185) ; IBN "ANBAL,Musnad(Boulaq, t. V, p. 204).

    4. A gauche, les Chrtiens najr$nites ; droite, le Prophte, Al#,F$%ima, al-"asan et al-"usayn. Miniature dAL-B'R,N' (m. c. 442/1050), al-/th"r al-b"qiya an al-qur%n al-kh"liya (Les traces quidemeurent des sicles couls), MS de lUniversit ddimbourg, Or.Ms 161, folio 161 r. (707/1307, probablement Tabriz, Iran) ; sur cemanuscrit et ses superbes miniatures, voir P. SOUCEK, An IllustratedManuscript of al-B!r%n!s Chronology of Ancient Nations, in P. T.CHELKOWSKI (d.), The Scholar and the Saint. Studies inCommemoration of Abul-Rayhan al-B!r%n!and Jalal al-Din al-R%m!,New York, New York University Press, 1975, p. 103-168.

    Nous-mmes, nous fournirons une rponse composite (mu-rakkab)et dirons : si le Prophte Dieu le bnisse et lui donnela paix ! na pas tenu ces propos, il ny a rien dire [de plus].Sil les a tenus, il na pas du tout vis par eux le califat (khil"fa)aprs lui. Dans leur nonc (laf&) il ny a en effet rien quilindique (dalla al"); or une affaire aussi importante, il auraitt ncessaire quelle fasse lobjet dune communicationexplicite (bal"gh mub!n). [322]

    Dans les paroles [du Prophte]5 il ny a aucune indication(dal"la)claire que ce quil vise par elles est le califat. Cest quele mawl" est comme lami (wal!). Le Dieu Trs-Haut a dit : Votre ami (wal!), cest seulement Dieu, Son Messager et ceuxqui croient6. Il a aussi dit : Et si vous vous soutenez lunelautre contre lui, Dieu est, Lui, son mawl", et Gabriel, et lesvertueux dentre les croyants, et les anges sont de surcrot unsoutien7. [Dieu] a donc rendu clair que le Messager est lamides croyants et quils sont aussi ses mawl"s, tout comme il arendu clair que Dieu est lami des croyants, quils sont Ses amiset que les croyants sont les amis les uns des autres. Lattache-ment (muw"l"t)est le contraire de lhostilit (mu"d"t)et celavaut pour les deux cts [de la relation] mme si un des deux

    [tres] attachs lun lautre (mutaw"l!) a une valeur plusgrande, son amiti (wal"ya)tant bienfaisance (i#s"n)et obli-geance (tafa$$ul) tandis que lamiti de lautre est obissanceet adoration. Ainsi Dieu aime-t-Il les croyants8et les croyantsLaiment-ils9. Lattachement est le contraire de lhostilit, de labelligrance (mu#"raba) et de la fourberie (mukh"daa). Lesmcrants naiment pas Dieu et Son Messager, sopposent Dieu et Son Messager et lui sont hostiles.

    Le Dieu Trs-Haut a dit [aux croyants] : Nadoptez pasMon ennemi et votre ennemi comme amis10, et Il les rtribuepour cela. Le Trs-Haut a par ailleurs dit : Si vous ne le faitespas , dit-Il, recevez lannonce dune guerre de la part deDieu et de Son Messager11. [Dieu] est lami des croyants et Il

    est leur mawl"en les faisant sortir des tnbres vers la lumire.Sil en est ainsi, que Dieu est lami des croyants et leur mawl",que le Messager est leur ami et leur mawl"et que Al#est leurmawl"a cette signification : lattachement (muw"l"t)qui est lecontraire de lhostilit. [323] Les croyants ont pour amis(tawall")Dieu et Son Messager, en un attachement [qui est le]contraire de lhostilit, et il sagit l dun statut qui vaut pourchaque croyant. Al# Dieu soit satisfait de lui ! est doncdentre les croyants qui ont pour amis les croyants et qui lontpour ami.

    Dans ce #ad!th12, il y a une affirmation de la foi de Al#,intrieurement, et un tmoignage en sa faveur savoir quilmrite lattachement, intrieurement et extrieurement. Cecirfute donc ce qui est dit de lui par ses ennemis Kh$rijites et

    5. savoir, Celui dont je suis le mawl", Al#est son mawl".6.Coran, al-M"ida - V, 55. Sur cette amiti, voir aussi le texte

    taymiyyen traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels VIII, p. 12.7.Coran, al-Ta#r!m - LXVI, 4. Ce verset sadresse aux pouses du

    Prophte.8.al-mumin#n : al-mum#n M9.Voir Coran, al-M"ida- V, 54.10.Coran, al-Mumta#ana- LX, 1.11.Coran, al-Baqara- II, 279.12. savoir, Celui dont je suis le mawl", Al#est son mawl".

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    Naw"*ib1. Cela nimplique cependant pas que les croyantsnauraient pas dautre mawl" que lui. Comment [serait-ce lecas] alors que le Messager de Dieu Dieu le bnisse et luidonne la paix ! a des mawl"s2, savoir les vertueux dentreles croyants ? Al# a donc aussi des mawl"s3, a fortiori et demanire encore plus approprie, savoir les croyants qui lontpour ami. Le Prophte Dieu le bnisse et lui donne la paix ! a dit : Aslam, Ghif$r, Muzayna, Juhayna, Quraysh4 et lesAuxiliaires nont pas de mawl" en de de Dieu et de SonMessager5. Il fit donc deux les mawl"s du Messager de Dieu Dieu le bnisse et lui donne la paix ! tout comme il fit desvertueux dentre les croyants ses mawl"s, Dieu et SonMessager tant leur mawl". [324]

    En somme, il y a une diffrence entre, [dune part], lami(wal!), le mawl", etc. et, [dautre part], le gouverneur (w"l!). Lechamp de lamiti (wal"ya), cest--dire le contraire de lhosti-lit (ad"wa), est une chose et le champ de la gouvernance(wil"ya), cest--dire lmirat (im"ra), une [autre] chose. Le&ad#th [ Celui dont je suis le mawl", Al# est son mawl" ]concerne seulement le premier [champ], pas le second. LeProphte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! na pas dit :

    Celui dont je suis le gouverneur (w"l!), Al#est son gouver-neur. Lnonc [du #ad!th], cest seulement : Celui dont jesuis le mawl", Al#est son mawl". Quant [considrer] quemawl"a le sens de gouverneur (w"l!), cest faux. Lamiti(wal"ya)vaut en effet pour les deux cts : les croyants sont lesamis de Dieu et Il est leur mawl".

    Sagissant de [laffirmation] que [Al#] aurait plus de titres(awl") sur [les croyants] quils [nen ont] eux-mmes, elle nevaut que pour [le Prophte] Dieu prie sur lui et lui donne lapaix ! et le fait quil a plus de titres sur chaque croyant que[celui-ci nen a] lui-mme est dentre les caractristiques de sonprophtat. Mme si on faisait lhypothse que [le Prophte]dsigna un calife (khal!fa) aprs lui, cela ne rendrait pas

    ncessaire que [ce calife] ait plus de titres sur chaque croyantque [celui-ci nen a] lui-mme, tout comme les pouses de [cecalife] ne seraient pas leurs mres. Si [le Prophte] avait voulusignifier cela, il aurait dit : Celui sur qui jai plus de titresqu[il nen a] lui-mme, Al#a sur lui plus de titres qu[il nena] lui-mme. Cela, il ne la cependant pas dit ; cela na ttransmis par personne et le sens en est totalement faux. Eneffet, que le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! a plus de titres sur chaque croyant que [celui-ci nen a] lui-mme est une affaire qui vaut de son vivant et [aprs] sa mort.[Par contre], que Al#tait [son] calife, si on en faisait lhypo-thse, cela naurait t [le cas] quaprs la mort [du Prophte],cela naurait pas t [le cas] de son vivant. Il ne se peut en effetpas que Al# ait t le calife [du Prophte] de son temps. Il

    1. N"*ib, pl. naw"*ib, dsigne les adversaires dclars de Al#, tels leclbre gouverneur umayyade al-"ajj$j b. Y!suf al-Thaqaf# (m. 95/714) ; voir le texte taymiyyen traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels,N.S. III, p. 3.

    2.maw$lin M ap. cr.: maw$l#M3.maw$lin : mawl$M4.Noms de cinq tribus arabes.5. Voir AL-BUKH)R', )a#!#, Man"qib (Boulaq, t. IV, p. 181) ;

    MUSLIM, )a#!#, Fa$"il al-*a#"ba (Constantinople, t. VII, p. 178) ;AL-TIRMIDH', Sunan, Man"qib (d. UTHM)N, t. V, p. 385, n 4033 ;p. 306, n 3819) ; IBN "ANBAL,Musnad(Boulaq, t. II, p. 388).

    naura ce moment-l pas eu plus de titres sur chaque croyantque [celui-ci nen a] lui-mme ; bien plus mme, il naura t lemawl"daucun des croyants, si on veut signifier par l le califat(khil"fa). [325]

    Ceci est de ce qui indique que [le Prophte, par ces paroles,]na pas signifi le califat. Le fait, pour [Al#], dtre lami(wal!) de tout croyant est une description valant pour lui duvivant du Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! etdont lattribution (#ukm)ne fut pas retarde jusqu la mort de[celui-ci]. Quant au califat, on ne devient le calife [de quel-quun] quaprs sa mort. On le sait donc, ceci nest pas cela.

    Votre ami, cest seulement Dieu, Son Messager et ceux qui croient.

    (Coran, al-M"ida- V, 55)6

    Si le Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! aplus de titres sur les croyants qu[ils nen ont] eux-mmes, deson vivant, aprs sa mort et jusquau Jour de la rsurrection ; sipar ailleurs il considra quelquun comme son calife (istakh-lafa)en certaines affaires de son vivant, ou quon fasse lhypo-thse quil considra quelquun comme son calife aprs samort, et que [cette personne] devint un calife de lui en vertudune dsignation (na**) ou dun consensus (ijm"), il avaitplus de titres sur ce califat et sur chacun des croyants que[ceux-ci nen avaient] eux-mmes. Personne dautre que [leProphte] naura donc jamais plus de titres sur chaque croyant

    que [celui-ci nen a] lui-mme, surtout de son vivant. Quant aufait, pour Al# et dautres que lui, dtre le mawl" de toutcroyant, il sagit l dune description valant pour Al#du vivantdu Prophte Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! , aprs samort et aprs la mort de Al#. Al# est donc, aujourdhui[encore], le mawl" de tout croyant mais nest, aujourdhui,investi daucune autorit sur (mutawall!al")les gens. Le restedes croyants sont semblablement les amis les uns des autres,vivants et morts.

    Yahya M. MICHOT(Hartford, Mu"arram 1435 - Novembre 2013)

    6.Calligraphie en coufique carr (Hartford, 2014).