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DADDY-K ROI DES BELGES Decembre 2012 Le Dressing Hypeswag Red Cup Party Sarah Lyn Gregory Mampengu Et aussi : Sadek, Ben Label, Still Fresh, L.E.C.K ...

The 80s magazine (édition 0)

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Janvier 2013

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DADDY-KROI DES BELGES

Decembre 2012

Le Dressing Hypeswag Red Cup Party Sarah Lyn Gregory Mampengu

Et aussi : Sadek, Ben Label, Still Fresh, L.E.C.K ...

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SOMMAIRE

06-07Sarah LynLand of blue.

10-13Ben Label Les mauvais garçons du hip-hop belge.

14-15Hype SwagJeunes et ambitieux.

16-18Chronique Coup de CoeurKendrick Lamar.

25-35Docu spécial DJ Daddy KRoi des belges.

EDItO

Au-delà du contexte*, qui ajoute à ses propos un point de vue douteux,

je me suis posé longtemps la question : Qu’entend-il part «Les 80% des profils dans ton genre» ?

Il ne me connait pas, je ne l’ai jamais vu si ce n’est à la télévision où dans différents documentaires. Comment a-t-il pu déterminer mon profil sur base d’une lettre ouverte? Et surtout, quel est mon profil? Et si ses dires étaient vrais, ai-je pour autant moins le droit de m’exprimer?

À ce que je sache, je suis simplement un jeune passionné de musique, ayant gran-di dans une ville cosmopolite pouvant se vanté d’être le fruit d’un parfait métissage culturel et intellectuel, s’amusant comme tout le monde à base de sorties entre amis, parties de jeux vidéos, séances de cinéma et autres événements musicaux, etc.Sur quelle base, quelle étude, quelle analyse ce patron d’une multinationale ose-t-il me catégoriser ?Alors que je me pose toutes ces ques-tions, mon ami 6smik tout aussi révolté, s’arrêta sur une autre partie de sa phrase : «Construis»!

Et si ! Et si nous montrions à tous ceux et

« Les 80% des profils dans ton genre n’achètent plus de disques US ou FR ; a part critiquer construis… » M’a un jour répondu un géant de l’industrie de la musique.

38-41Gregory MampenguDes parquets aux podiums.

46-47Live report ZenithYoussoupha

48-49Oumar50-51Le DressingIssiaka Johnson

50-51Red CupExpress Yourself

The80’s mag

Directeur de rédactionPatrick Kapesa

Directeur ArtistiqueMaxime Diana-Mato

Rédactrice en chefSandy Bastien

Première rédactriceOphelia Mbimbe

RédacteursStephanie Kongolo Patrick Kapesa Roxanne Rose

Relations publiquesLoreleï-Jade

PhotographeLeopold Mputu

StylisteJessie Van Osselt

Web éditeurMaxime Diana-Mato

Print4 the print valley

celles qui partagent ce genre d’avis, quel est réellement le profil dans mon genre et surtout ce dont il est capable, à défaut — selon ce monsieur — de ne plus acheter des disques.Voilà, sur quelle base, la créativité de 6smik et la pertinence (ou l’impertinence) que je possède se sont rejointes, afin de créer le magazine : The 80’s.

Lorsque deux jeunes, issus de la généra-tion80, vous offrent une perspective courte et simple des différentes capaci-tés que n’ont pas les «autres» 20 %, cela donne un magasine peu commun qui n’a qu’un seul but : valoriser ce qu’on ignore, néglige ou voit peu chez chaque artiste, entrepreneur ou autre simple passionné qu’il soit de grandes ou de petite noto-riété.

L’équipe «The 80’s» vous souhaite, la bienvenue! Soyez prêt(e)s à découvrir la personnalité ainsi que les différents états d’âme et avis que peuvent avoir ces différentes personnes, qui à mon sens sont du même genre de profil que moi.

Je m’appelle Kapesa Patrick, ils m’appellent Kidsy : «Est-ce que you know ngaï ?»

* ”affaire Chulvanij” sur www.hellokidsy.com

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classique que jazz, et je suis très touchée par le blues, la soul, le gospel…Étant petite, j’ai écouté beaucoup de chanteuses Jazz, telles que Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan,… et énormément de Bossa Nova. Les musiques traditionnelles, comme la musique israéli-enne, m’attirent aussi, pour leurs carrures et leurs modes.Puis il y a aussi les grandes interprètes, Nina Simone, Janis Jop-lin… Chez qui on sent vraiment les tripes dans la musique…Dans ce qui est plus actuel ; Jamie Cullum. Pour la petite his-toire, j’ai un peu débuté mon projet solo, grâce à lui. On était au Brussels Summer Festival 2011, avec mon ami et pianiste Mickey Boccar. On voulait avoir un autographe de Jamie. Après un curieux retournement de situation, on a pu rentrer en backstage.Et de fil en aiguille, on se retrouve avec Jeff Neve, (un pianiste Belge de jazz, extrêmement talentueux) Jamie Cullum, et toute l’équipe à boire des verres au Cobra jusqu’aux petites heures.Le lendemain, on était tout fous de cette expérience. On s’est revu, et on a eu l’idée de composer une chanson. Cette chan-son était un mix plein de titres de Jamie. C’est la première fois qu’on composait ensemble avec Mickey, et on était tellement sur la même longueur d’ondes qu’on a décidé de continuer à bosser ensemble. Ce morceau, « The Bus Leaves At Three », on a fini par l’envoyer à Jamie. Et on l’a recroisé plus tard à Londres et il nous a dit qu’il avait beaucoup apprécié. Sur l’album, il y a une version sans les citations musicales.

the 80’s: Quelle est ta vision du milieu Jazz en Belgique ?Je trouve qu’il y a beaucoup de talent! Il y a vraiment des gens qui ont une force d’interprétation et de composition complète-ment incroyable !Mais le gros problème, c’est toujours le peu de moyens mis en œuvre, au niveau de la diffusion et des structures… On est face à une multitude d’artistes doués, de petits acteurs du milieu musical (salles de concerts, journalistes, asbl,…)qui font de leur mieux… et à un ministère de la culture qui n’en fait presque rien.

Il y a un manque cruel de valorisation des artistes et mu-siciens. Mais bon, selon moi, c’est toute une éducation des médias qui est à refaire, et ça peu importe le genre musical ou domaine artistique.

the 80’s: Le mot de la fin ?Depuis que j’ai pris la décision de lancer mon projet solo, beaucoup de gens me soutiennent, mais souvent avec retenue, car ils pensent en termes de risques et d’enjeux. Il y a une telle peur du grand méchant « échec » … Je préfère le terme « expérience ».Mais passer à côté de ses rêves et vivre une vie qui ne semble pas taillée pour soi, c’est le seul « échec » qui pourrait être.J’ai envie de dire à tous ceux et celles qui ose aller vers ce qu’ils sentent de faire, que c’est bien normal d’en avoir peur, que, oui, c’est difficile! Il y a plein d’obstacles, de pressions sur la route. Mais c’est TELLEMENT bon !!! Qu’est-ce que ça fait plaisir, de faire quelque chose que l’on aime!Ne nous laissons pas guider par nos croyances limitatrices. Il n’y a pas de « quand je serai ci, quand j’aurai ça… » La vie, c’est maintenant. N’attendons pas la mort pour oser nos rêves.

Retrouvez Sarah Lyn à travers son 1er album «Land of Blue» dans les bacs en décembre 2012

Propos recueillis par Kapesa «Kidsy» Patrick. Photo : © Alexandra Meulemans

SARAh LYn

Il est dit d’internet, un espace remplit de millions d’informations et d’artistes de tous

genres. Certaines plus utiles, talentueux (eu-ses) que d’autres. Une chose est sûre, pour des artistes indépendants :Internet est un excellent moyen d’expositions, permettant de se faire «découvrir ».Ainsi, grâce à quelques heures d’écoutes de x ou y artiste intéressants, ennuyeux ou bien simple-ment nuls. Mon attention se porta sur cette magnifique découverte, qui plus est belge.Elle porte le joli nom de «Sarah Lyn». C’est grâce à l’originalité du mélange parfait de genres que cette jeune femme — à la voix chaude— a su me balader sur des rythmiques dansantes et mélancoliques.C’est l’ensemble de sa musicalité qui m’a poussé à me lever et courir contre vents et marées à sa rencontre afin de pouvoir là découvrir.

the 80’s: Quelle est ton identité musicale ?Sarah Lyn : Je dirais « Jazz/pop ». J’ai aussi des influences Soul et Gospel, cela s’entend dans ma voix. Je suis fan de musique israélienne, notamment d’Avishai Cohen. J’aime ce genre de musique pour ce qu’on y ressent, surtout au niveau rythmique, ça me fait vibrer.

the 80’s: Quel est ton parcours ?J’ai commencé très jeune. Je suis rentrée dans une chorale quand j’avais 4 ans. J’ai commencé à chanter du Jazz avec mon père j’avais 8 ans. Puis j’ai commencé le chant classique et j’ai fait un peu de guitare, de violoncelle, de solfège, etc. Je chantais un peu de tout de jusqu’à mes 18 ans, l’âge auquel je suis entrée au conservatoire en musique classique. Le conser-vatoire, c’est ce qui m’a cadré au niveau de la formation vocale, là où j’ai appris la rigueur et le travail.Ensuite, j’ai participé à plusieurs projets, et là je sors mon pre-mier projet solo qui s’appelle «Land of Blue».

the 80’s: tu le sors en indépendant ?Oui, exactement, je l’auto produis. C’est une expérience qui est complètement flippante, mais tout autant excitante !

the 80’s: Flippante ? Pourquoi ? C’est surtout par rapport à certaines difficultés.

Par exemple «le manque de Feedback» qui est la plus grosse difficulté, à mes yeux. Je suis une personne qui a beaucoup de réflexes rationnels, du coup, avancer sans avoir de retours, faire du « travail de mineur », c’est assez paniquant.Sinon, la difficulté de garder la tête froide dans les hauts et les bas ; quand on lance un projet qui est personnel, on est la pompe à passion. Malgré que la passion soit fort présente, nous sommes des humains. Et il y a des jours, où on a besoin que quelqu’un nous remette un peu de charbon. Je suis entourée de gens qui ont mordu au projet et qui s’investissent, mais je reste celle qui tire tout vers l’avant, qui doit constamment insuffler la vie dans un projet. Mais je ne vois pas ça comme quelque chose de négatif, c’est la preuve que c’est un bel enjeu, qui demande beaucoup d’énergie.Et puis il y a évidemment la question des moyens mis en œuvre. Mais bon, d’un autre coté, le manque de moyens per-met d’élargir la créativité et de trouver des solutions innov-antes !

the 80’s: Quelles sont tes influences ?Je suis très éclectique dans mes influences. J’ai une base tant

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« Pour ceux et celles qui ne te connaissent pas, en quelques mots : Qui es-tu ? »

Je m’appelle Sadek. Je suis un jeune rappeur du 93. J’ai eu la chance de sortir ma première mixtape : « La légende de Johnny Niuum ». Elle a un côté un peu cinématographique, car je suis un grand passionné de musique et de cinéma et je pense que ce sont deux arts à mélanger.Il y a eu tout un engouement autour de ce projet, j’en suis surpris et fier. En tout cas sur Paris, d’ailleurs, j’ai eu la chance de remplir «Le Divan du Monde » grâce à cette mixtape. Ça me fait plaisir de voir que j’ai un bon public, ce n’est que du bonheur.

A présent, je prépare mon album qui s’appelle « Les Frontières du Réel».[Dont vous pouvez d’ores et déjà découvrir les clips « Johnny Cauchemar » et le nouveau «C’est pas grave».NDLR]

J’ai mis en avant le terme « Niuum » qui pour moi représente le bruit de la vitesse, le dépassement. Et dans cette optique de dépassement, je me suis dit que je voulais graver mon nom sur le mur du son à la vitesse de la lumière. Car je suis arrivé assez vite dans le rap, où je me suis fait vite une petite place. Bien entendu, elle n’est pas encore impor-tante, car ce n’est que mon 1er projet, mais j’ai une réelle envie de développement. Et je veux démontrer aux gens que je mérite ma place dans cette musique. « Que penses –tu de la gestion du RAP aujourd’hui ? »S : Je vais te dire honnêtement, moi je suis dans un truc très positif avec le rap français.Par exemple en juin, en une semaine, il y a eu 5 ou 6 projets qui sont sortis (Shone, M.A.S, StillFresh et Esprit Noir, Dirty Zone, We Made It, Paraplégique etc.).Et franchement, ce ne sont que des projets lourds!Donc, tant que les rappeurs apporteront de la qualité, au-delà de tout le reste ; le rap se portera bien !

« Le rap c’était mieux avant ? »S : Selon moi, les MCs sont plus créatifs, ils se dépassent plus. Juste pour ça, on ne peut pas dire que le rap est mort ! Un projet comme #WeMadeIt montre beaucoup que notre culture

respire encore !Car, c’est un projet vraiment rap avec de la performance, de la qualité et on a besoin de ça. Je pense que le rap se porte bien, après il y a des choses à améliorer, d’autres à supprimer, mais bon ça c’est un autre débat. « Le mot de la fin : Un conseil ? »

S : À un jeune qui débute : Qu’il prenne le rap comme un kif ! Qu’il ne croit pas qu’il va faire carrière dedans. Il faut que ce soit vraiment un kif, qu’il se fasse plaisir en y développant quelque chose de qualité. Mais bon, en général, ça marche souvent pour les gens qui ne s’y attendent pas, donc qu’il n’attende rien, mais qu’il fasse ce qu’il aime.Et surtout qu’il se pose LA question:• Pourquoi je rappe ? Une fois que tu as répondu à cette question, tu sais déjà qui tu es, et quelle est ton identité.De cette identité, ta créativité va en découler, c’est une con-séquence logique. C’est rare d’être original et créatif sans savoir «qui tu es» et « ce que tu apportes au game». Aujourd’hui, quand tu prends le micro, tu dois savoir que la concurrence est rude. Donc tu dois vraiment savoir ces deux choses afin de pouvoir t’imposer.

Et toi, pourquoi tu rappes ?

S : Moi, je rappe pour représenter mes gens du 93 ! Mais surtout pour pouvoir faire passer un message, mon message. Qui mon-tre que la génération a changé, par rapport à la génération de nos grands frères. J’essaie d’avoir ce rôle de porte-parole, mais je rappe aussi pour divertir les gens. En gros, quand on m’écoute, j’ai envie qu’on passe un bon mo-ment ! Que pendant 5 minutes, les gens puissent penser à autre chose qu’à leurs soucis quotidiens.Ça, c’est mon objectif en tant que rappeur.

Kapesa «Kidsy» Patrick

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« Pour ceux et celles qui ne te connaissent pas, en quelques mots : Qui es tu ? »

L.E.C.K : Un jeune artiste prometteur de la scène rap français. Disons que je suis le capitaine de la nouvelle génération, lol.J’ai fait des apparitions sur pas mal de projets comme : Capital du Crime 3, sur l’album de Sinik, Sniper, L’Algérino. Mais moi-même, je n’ai encore jamais sorti d’album.Mais le 14 janvier, il sortira enfin ! Je sais qu’à Bxl on me soutient beaucoup, donc dédicace déjà à tous mes Zairois, tous mes Ma-rocains, mes Rifs, mes bons Belges, à tous mes Turcs, bref tous ceux et celles qui me suivent !

« Que penses – tu de la gestion du RAP aujourd’hui ? »L.E.C.K. : En gros, j’ai un peu la réflexion que tout le monde peut avoir. C’est-à-dire que j’estime qu’il manque de personnes qui connaissent le hip-hop réellement. Il faudrait plus de personnes qui s’y connaissent pour tenir les rênes des labels et maisons de disques et tout ça.

« Le rap c’était mieux avant ? »L.E.C.K. : NON ! Je ne crois pas non plus en la théorie qui dit que le rap c’est mort, etc.Je pense que si tu as du talent et que tu t’en donnes les moyens en produisant de la bonne qualité, tu verras que le rap est un milieu où il y a quelque chose à faire.

« Le mot de la fin : Un conseil ? »

L.E.C.K. : À nous les rappeurs : Qu’on soit plus carré, qu’on arrête de s’enfermer dans des codes, des visions de la musique trop étiquetées. C’est de la musique à la base, c’est fait autant pour divertir que réfléchir.Et enfin, qu’on sorte les doigts de notre fion, et qu’on arrête de se comparer entre nous, qu’on essaie au moins de respecter le travail des autres. Et surtout de faire de la musique !

Kapesa «Kidsy» Patrick

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The 80’s : Pour ceux et celles qui ne le savent pas «Ben Label» c’est quoi?

Mourad : C’est un groupe de 4 rappeurs Belges, fort reven-dicateurs. Ce groupe est composé de Jelali, Mourad, Drecks et Seism Ayor (Oedem). Mais aussi de Malcom Wallace qui à l’origine de la création du collectif.

Jelali la violence : C’est un groupe qui existe depuis 7,8 ans et je dirais même qu’avant d’être un collectif, un groupe, on est une famille soudée.

The 80’s : Votre parcours ?

Mourad : On est un collectif, qui jouons beaucoup avec les armes contemporaines, c’est-à-dire que toute la communica-tion 2.0 on essaie de l’exploiter au maximum.Donc à la base on diffuse une masse de visuels et vidéos via

Chaque civilisation à ses anar-chistes, au même titre que

chaque pouvoir à ses opposants.La culture urbaine belge est ré-glée par plusieurs petites castes, qui gouvernent en grande partie sur le territoire qu’est le Hip-Hop. Dans ce décor, réside une opposi-tion au structures établit du rap belge. Cette opposition porte pour leader le collectif : BEN LABEL.

BEn LABEL

nos réseaux sociaux. C’est ainsi que vous trouverez sur le web, une grosse présence de notre label via des vidéos et autres. Mais au-delà de cela on a surtout déjà sorti notre 1er projet, le 11/09/2011.

The 80’s : Dans le milieu du hip-hop Belge, à vous seul vous avez réussit à créer de grandes polémiques, pour ceux qui ne le savent pas, comment pouvez vous nous l’expliquer ?

Mourad : Ben, je dirais le fait qu’on rap assez dur. Du moins, plus hardcore que ce qui se fait en général ici en Belgique. Donc souvent nos sons peuvent choquer et faire peur à cause de leurs véracités et de nos paroles incisives.

Jelali la violence : C’est parce que les gens ici n’ont pas l’habitude d’écouter des mecs aussi déterminés qui ne

Mais qui sont-ils ? que font-ils et enfin que veulent-ils ? il ne cesse d’avoir poléMique après chacun de leurs passages. leur Message a-t-il été réceptionné coMMe il se doit ?the 80’s se penchent sur ce collectif, le teMps d’une interview enrichissante, perMettant de donner une autre iMage à cette opposition, tant crainte et redouté.

C’est exactement le même schéma.

The 80’s : Et selon vous, quel est exactement le profil de votre public ? Mourad, dans une de tes chansons tu nous dis que ‘tu représentes les voyous’. Ne penses-tu pas que cette image mélangée à votre révolte, peut faire fuir les différents organismes et organisateurs ?

Mourad : Déjà, je ne trouve pas normal, ce clivage. On est des humains, des artistes, on n’est pas des animaux. Et ce pareil pour ceux qui nous suivent. Alors à un moment, il ne faut pas prendre les gens pour des sauvages. Surtout dans le milieu Hip-hop, à la base son public ce n’est pas les gens des beaux quartiers, c’est des gens des quartiers mal fréquentés. Les voyous ont autant le droit d’être représentés que les victimes d’agressions et autres. Déjà quand je dis que je représente les voyous, il faut remettre dans le contexte juste. Ces voyous que je représente, ce sont ces jeunes des quartiers que l’on juge aussi vite que l’on cligne des yeux, sous prétexte qu’ils sont immigrés ou autres.Ainsi, je ne trouve pas ça normal, qu’on nous prenne pour des attardés ou des sauvages parce que nous sommes des jeunes de quartiers. A partir du moment où tu ne donnes pas de la confiance à ce jeune là, ce même jeune se sentira frustré et il finira par foutre la merde pour se faire entendre.

Aliquam ac erat at neque accumsan tristique. mâchent pas leurs mots.

Mourad : Il y a ça, mais aussi le fait que pendant toute une période ,on a été la voix d’une grosse partie de la population Bruxelloise qui apprécie la culture Hip-hop. Et on ne s’y retrouvait pas dans ce qui se fesait. On ne com-prenait pas certaines structures comme «Lezart Urbain». Ce genre de structures qui reçoivent plus de 400 000 euros de subsides de l’état pour l’évolution de la culture, et qui à chaque concert (festivals et autres événements) sont remplits des même têtes d’affiches. Il y avait et il y a encore un grosse vague de copinage dans ce milieu et c’est cela qui nous agaçait.On trouvait cela dommage, voir scandaleux. Et à force de subir et voir ces mascarades, pendant tout une période on venait à chaque concert, événement et on se fesait entendre d’une manière ou d’une autre.

Jelali la violence : Voilà, exactement et à force on a réussit à se faire entendre. Aujourd’hui on sait que plusieurs de ces structures ont fait des réunions pour nous. Soit pour savoir comment ils allaient nous stopper et de plus en plus pour savoir comment ils pouvaient nous satisfaire. En sachant que le ‘nous’ c’est leurs public, qui est tout autant le notre. Ces structures oublient qu’une large partie du public veu-lent se sentir représenté et qu’à force de se sentir boycotté partout ben il se lève. C’est un peu comme partout, quand un peuple en a marre de son gouvernement, il se lève contre.

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Mais si tu lui donnes cette confiance et ce respect de base, pourquoi il le ferait?

Jelali la violence : Le truc qu’il faut aussi dire, c’est que : comme on revendique plus que la plus part des autres rappeurs. On passe vite pour les mauvais, les méchants. Tout ça, parce que l’on refuse de se formater à une série d’étiquettes qu’ils aimeraient que l’on porte.Du coup, notre revendication, fait fuir tellement elle parait effrayante. Mais au fond, regardez bien et comparez au nombre de concerts qu’on a fait qui se sont bien passés par rapport au autres.On a fait plus d’une vingtaine de concert ,qui ce sont super bien déroulés.Et chaque fois pourtant, il y avait ces sauvages, ces ‘voyous’ qui font si peur.

Mourad : C’est l’image que les gens ont de nous, sans même chercher à nous connaître ou savoir ce que l’on véhicule réellement. Ils ont peur, se braquent et sans même qu’on puisse avoir le temps de l’ouvrir. Ils ferment tous canaux de communication. Du coup, qu’est qu’ils nous restent ?!

The 80’s : Est-ce qu’un jour vous pensez créer une struc-ture pour mettre en avant les jeunes, selon vos convic-tions ?

Mourad : Franchement, si un jour ça se présente, pourquoi pas. Mais on n’ira pas chercher cette solution, je pense juste que si j’étais à leurs places les choses seraient différentes.Je trouve aussi dommage que ce soit absolument des rappeurs qui doivent se mettre en œuvre pour changer les mentalités et la gestion de notre culture.Je me vois mal être rappeur et faire de la politique culturel-le en même temps. Après c’est connu, on a jamais refusé quoi que ce soit aux

jeunes. Donc si un jeune vient à nous pour nous demander x ou y service, on se met en œuvre le plus possible pour l’aider. Mais fondamentalement, ce n’est pas notre rôle. On est des rappeurs, pas des éducateurs.

The 80’s : Que pensez-vous du rap Belge aujourd’hui ?

Mourad : Il a du talent du sale talent. Et ça peu importe le style de rap. Je trouve qu’il faut tout sorte de rap. Il faut le rap pour danser, pour rire, pour réfléchir, pour revendiquer, pour pleurer, etc.Mais tous devraient être mis à la même hauteur d’exposition. Et malheureusement ici en Belgique, il n’y a qu’un certain type ou deux de rap qui est mis en avant.Alors qu’il y a des masses de personnes qui peuvent se sen-tir représentées dans tous les genres et styles de rap.

Jelali la violence : Le problème principal, c’est aussi les rappeurs nous-mêmes. Il y en a encore trop qui s’autocensure, s’enferme dans des mentalités qui ne sont pas les leurs. Ils font un art où la libre expression est une valeur première. Et eux pour un passage radio, ou je ne sais quelle raison se conforment stupidement. On devrait imposer notre mu-sique aux médias et pas laisser les médias s’imposer dessus.

The 80’s : Que pensez-vous de cette nouvelle vague de mélange religion et rap ?

Jelali : Ça ne se fait pas !!! Je suis contre.Mourad : En fait, j’ai un peu l’impression que la religion est devenue un phénomène de mode. Et du coup, les gens ne prennent plus la religion au sérieux. Personnellement, je trouve que le rap nous éloigne de la religion. Ça nous ferme les yeux, à mon bon sens un homme pieux ne devrait pas

rapper. Car on ne sait jamais réellement de quelle manière le message peut être interprété. En fait, je trouve cela malsain tout simplement. Tu veux parler de religion, okay c’est une bonne chose! Mais va à la mosquée, à l’église, à la synagogue parle en entre amis ou famille. Mais évite via la musique comme le rap, ce n’est pas le bon cadre.

Jelali : Faut aussi dire là vérité, il y a des petits maintenant qui pensent que devenir musulman, c’est un critère de crédibilité dans le rap. Il ne faut pas se mentir, il y a beau-coup plus de personnes dans cet état d’esprit que l’on ne le pense. Comme le «Hamdoullah, ça va!», c’est quelque chose de scandaleux, car ça finit dans les boites de nuit, etc. On ne doit s’amuser sur ça, on ne peut pas accepter ce genre de chose.La religion c’est personnel à tout un chacun, mais il ne faut pas en faire un fonds de commerce.C’est difficile de gérer la foi et ça. Pour l’islam, c’est grave, on ne change pas de religion comme ça sans fondement ou par ce que Médine est muslim et que j’aime Médine. Non, ce n’est pas comme ça!

The 80’s : Que pensez-vous des beefs dans le rap ?

Mourad: Franchement, moi je ne calcule pas trop. Mainten-ant si quelqu’un de respectable me critique, j’irai le voir et je prendrai le temps qu’on s’explique. Mais si c’est un beef pour un beef gratuit et sans fond, je ne calcule pas.

Jelali : Moi c’est simple si c’est des petits cons qui m’insultent à tout va, mais on ne sait pas les identifier, je ne les calcule pas. Mais si c’est quelqu’un qu’on peut identi-fier, c’est simple, je ne perds pas mon temps à enregistrer des sons en studio pour te répondre. Je te donne RDV et on s’arrange comme on peut. Si t’es loin, petite vidéo, petit RDV et je fais pareil.

The 80’s : Ben Label, pensez-vous que vous oubliez un «public» ?

Petite réflexion des deux comparses avant une réponse com-mune : Les filles ?

The 80’s : Exactement !!

Jelali : Mais moi-même je me pose la question souvent, mais je me réponds directement, c’est simple : Je ne rap pas pour les filles. J’ai encore trop de problèmes pour penser à l’amour.Mais cela ne veut pas dire que les filles ne peuvent pas nous écouter!! Et on ne les oublie pas, on ne peut juste pas les représenter dans nos textes. Mais la preuve qu’on pense à elle, c’est que dans notre ligne de vêtements «La violence» il y a des tailles et couleurs pour filles.

Mourad : Moi, sincèrement, comme je l’ai dis dans un de mes textes «Je rappe pour les vrais frères, pas pour les belles chicks! Ben label, représente tous les voyous de Belgique» Mais malgré que j’ai dit ça, comme Jelali l’a dit, ça n’interdit en rien à une fille de nous soutenir, nous écouter, etc.On ne rappe pas pour les filles et pourtant nous sommes loin d’être misogynes!C’est juste clair, que nous ne faisons pas des chansons d’amour. D’ailleurs en vrai, est-ce que c’est parce que l’on ne fait pas de chansons d’amour qu’on ne peut pas parler aux filles??!Aujourd’hui, il y a beaucoup de filles qui écoutent du rap! Elles peuvent tout aussi écouter du rap Hardcore que du rap des dancefloor.Et voilà qui nous en dit plus sur ce groupe au gros caractère, que je vous invite à découvrir au plus vite.

Le nouveau projet «Apocalypse» de Ben Label est dans les bacs depuis le 12/12/2012

Kapesa «Kidsy» Patrick

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du milieu, me disant de faire ce que j’ai à faire, et que le faire à plusieurs peut amener un meilleur résultat, d’où l’idée d’un collectif. Au point de vue du nom, je cherchais un nom accro-cheur. J’ai voulu d’un nom qui marque bien ma personnalité. Étant donné que je suis très attiré par les vêtements, le style, le swag. Je me suis dit que combiner ces deux mots reflétaient parfaitement ce que je suis.

The 80’s: Comment s’est faite votre rencontre?J-Bil: Pour la première configuration de HSG, lorsqu’on s’est réuni, nous sommes vite devenus soudés par et grâce à la mu-sique. C’était très magique. Tout est parti de la musique, je ne les connaissais pas. On venait tous d’horizons différents. J’ai juste vu le talent que chacun avait, je suis parti sur l’état d’esprit d’entraide, on s’est donc réuni et on a commencé à écrire notre histoire.

Panik : Pour ma part, j’ai un autre collectif qui s’appelle «So Fly» avec qui on a eu un bon buzz avec une histoire de clash contre d’autres rappeurs. Ce sont donc mes amis avec qui je forme «Le Cartel» qui m’ont dit qu’ils allaient entrer dans HSG. De là, je me suis renseigné, puis au tournage du clip d’un des membres du Cartel, on m’a présenté J-Bil. On a parlé, plus tard on a fait quelques freestyles, sa dynamique était bonne, son idée aussi. Donc voilà, je me suis lancé dans l’aventure.

The 80’s: Comment se passent vos enregistrements?J-Bil: Souvent, c’est issu de l’idée de l’un d’entre nous qui en parle aux autres. Et ensuite lorsqu’on enregistre, chacun donne un peu son avis et y apporte sa touche perso et ça crée donc un son de groupe. C’est vraiment dans cette alchimie qu’on crée nos sons.

The 80’s: Aujourd’hui vous avez une nouvelle équipe, une certaine « configuration 2.0» quel est son avenir?J-Bil: L’avenir de HSG, c’est de maintenir la configuration 2.0! Parce que personnellement, c’est une configuration dans laquelle je me retrouve le plus. Dans la première configuration, on était plus un «melting pot» de styles qui formaient le col-lectif. Ce melting pot avait des côtés positifs, mais tout autant de négatif. Le positif nous permet d’être ouverts à un plus large public, le négatif étant le fait que tout le monde ne s’y retrou-vait pas. On était vite déstabilisé, on ne trouvait pas à affirmer les marques du collectif. Avec cette configuration, j’apprécie mieux.

Afin de ne pas être plus en marge que l’est déjà ce mouve-ment, je ne me lance dans aucune guerre contre certaines règles. J’accepte donc et constate qu’effectivement, nous nous trouvons dans une ère où découle une masse d’artistes nouveaux, différents, mais soudés. Et cette fraicheur et cette énergie m’attirent.

Je les suis du coin de l’œil, sachant très bien qu’un jour je me devrai de porter toute mon attention sur eux. Dans cette masse d’arrivants doués se distinguent quelques crews qui me parlent à travers leur énergie et surtout leur originalité.C’est le cas du collectif Hypeswag. Ce collectif, à l’énergie unique qui réussit à fédérer une grosse partie des 15 – 20 ans bruxellois, me donne envie d’apprendre à les connaitre.

Ainsi, je pars à la rencontre de Panik, un jeune talent de 19 ans qui a déjà 5 ans de rap dans ses jambes. Mais aussi de son ami J-bil qui du haut de ses 21 ans est à la base de la création de ce collectif qu’il gère, depuis deux ans, comme un vrai patron.

The 80’s: Pourquoi Hypeswag Company?J-Bil : C’est le nom qui m’est venu après une longue réflexion que j’ai eue, grâce à l’un de mes grands frères qui s’appelle Six. Ce même grand frère, qui m’a aiguillonné sur plusieurs aspects

hYPE SwAG

Dans tout mouvement, les mentalités aiment catégoriser, classer et étiqueter, enterrant de manière forcée certaines qui ne sont pas mortes et donnant vie à d’autres qui devraient encore prendre du temps à éclore. Et cette sorte de classement est aussi en vigueur dans le mouvement hip-hop - imposée par on ne sait qui - permettant donc de séparer lesdites nouvelles et anciennes écoles ou encore générations.

compositeur, chanteur, auteur et interprète. Il a une musicalité hors normes et peut passer du rappeur au flow fulgurant au chanteur à la voix douce. Nyno: C’est le membre le plus jeune du collectif et il est déjà très technique dans ses textes. Mais avant tout c’est un artiste qui aime transmettre des émotions et qui cache derrière sa face technique, un artiste très sensible à la musique en générale.Jnx: C’est un beat maker, rappeur qui écrit des textes très métaphoriques. Hpo: C’est le meilleur “mc” du collectif. En tant que rappeur, il est celui qui a le plus de présence, le flow le plus adéquat sur chacun de ses morceaux. C’est celui qui est le plus naturel quand il écrit un morceau. Il réside à Liège et non pas à Brux-elles contrairement à la plupart des autres membres, ce qui lui a permis d’avoir déjà un public propre à lui. Moi, je suis celui qui a un regard extérieur sur tout ça. Ce qui me permet d’être toujours plus objectif dans mes choix et dans mes actions. Artistiquement, je pense que je suis le plus éclectique que j’aime passer par plusieurs émotions lorsque je fais un morceau. Je suis aussi celui qui est le plus à cheval sur les lyrics, je trouve qu’un bon son ne peut pas se faire sans un minimum de bons lyrics (conscients ou pas).

Panik: Moi, je trouve ça très bien et vraiment utile. Comme j’aime le dire, J-Bil indépendamment d’être un artiste, c’est un très bon manager. Il faut savoir qu’il ne fume pas, c’est bête, mais à mes yeux, c’est important! Dans mon entourage, trouver quelqu’un qui ne fume pas, c’est rare. Et du fait que lui ne fume pas, il garde souvent la tête plus au-dessus et peut se permettre de mieux gérer. Il fait vraiment du bon travail, même s’il fait parfois des excès de ‘Je’, il reste quelqu’un d’ouvert, qui écoute et prend bien les critiques.Donc je n’ai rien à dire de plus sur la configuration de HSG, sauf qu’en un an et demi, on est devenu une référence des jeunes de Bruxelles et c’est en grande partie grâce à J-Bil qui a assuré notre image. J’ai confiance pour le futur alors, tant qu’il y a un mec comme lui qui gère tout et ça peu importe la configuration.

The 80’s: Quelle est l’identité, la particularité de chaque membre du collectif?J Bil: (prend la parole et se mets à les décrire) Panik: Je dirais que c’est celui qui a le plus de technique au niveau écriture et le plus old school de tout le collectif. Et sans être à cheval sur les identités raciales, c’est le seul “blanc”, ce qui lui donne une particularité conséquente. Bwa Skylz : Il est très oldschool, mais s’adapte facilement aux autres types de beats tout en gardant son flow oldschool. Il est le seul du collectif à vivre à Nivelles, non loin de Bruxelles. Laioung: Il est l’artiste le plus complet du groupe: rappeur,

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Mercredi 18 octobre 2012, après une journée remplie et épuisante, il est dans mon habitude de me reposer en découvrant ce qu’il se dit sur la toile. J’ai le même procédé depuis des années à présent. J’ouvre Firefox, j’ouvre

les onglets de mes différentes adresses email, du site NBA, de mes différents sites d’information, de mon Facebook et de mon Twitter.Lorsque le tout a été finement scruté, je débarque sur Twitter. Et ce jour là, à ma grande surprise, j’y apprends l’existence d’un leak de l’album de Kendrick Lamar. Ceux et celles qui me suivent, savent à quel point j’attendais cet album.Mes premières réactions, furent celles d’un fan loyal. Je boude! Et je me force à ne pas lire les échos des premiers auditeurs et j’avance même l’excuse de ma fidélité en stipulant de poursuivre l’attente jusqu’à la date du 22 octobre 2012, le jour J. Bien entendu tous ces chichis n’eurent existence que pour une vingtaine de minutes, après quoi, je me mis à chercher un lien de téléchargement comme un junkie en manque.

Celui-ci trouvé, je me trouve hésitant. Dois-je vraiment le découvrir ainsi ? Il était à peine sorti que je lisais déjà, à tort et à travers, des avis qui m’ont poussé à être bien plus sceptique qu’autre chose. Et ce malgré le fait que j’ai tant attendu cet album.Il faut avouer, qu’étant donné la rapidité avec laquelle les fans appellent un album « Classique », cela même s’il n’est disponible que depuis quelques heures, jours, se-maines, il est compréhensible que certains auditeurs – comme moi – soient perplexes et sceptiques, sur la connotation de l’album d’un MC qui, il y a encore peu, n’était pas trop connu, voire inconnu.

J’ai écouté et réécouté cet album, je pense que je n’ai fait que cela avant de me retrou-ver deux semaines après, prêt à vous partager ma perception de ce disque ainsi que mon avis pour ce second album de K.Dot : « Good Kid, M.A.A.D City ».

Je vais donc éviter le plus possible d’entrer dans des détails bateaux tels que les ap-paritions des guests (Dr Dre, Drake, MC Eight Jay Rock et Anna Wise) et des nombreux beatmakers ayant participé à la réalisation de cet opus (tels que Pharell Williams, Tha Bizness, T Minus, Dr Dre, Just Blaze etc.).Je m’apprête plus à éclairer la compréhension de cet album, que je considère comme un géant puzzle sonore.

Je ne peux me permettre d’avancer quoi que ce soit, sans prendre le temps de parler

nous prouve son amour pour sa foi lorsqu’il fait l’autocritique de son parcours. Fatigué d’une série de choses, il désire être en paix avec lui-même mais surtout avec Dieu. Nous découvrons que la religion est un autre sujet qui joue un rôle clé tout au long de cet opus. Ce rôle qui est d’ailleurs visité et revisité à travers des sons comme «Money Trees» ou encore « Bitch, Don’t Kill My Vibe».

Il en suit l’un de ces plus grands soucis de bon garçon vivant dans une ville de dégé-nérés : l’influence de ses proches et des gangs de sa ville.

«The Art of Pressure» commence avec une introduction mélodique, nous décrivant un Kendrick en plein moment où l’alcool et les joints dominent ses pensées et celles de son crew. Une fois cette introduction finie, on y découvre la ‘conscience’ d’un K Dot narrateur de sa propre vie. Lui, qui n’est en aucun cas un homme violent ayant un lien ou une affiliation quel-conque avec les «bloods» ou encore les «crips», il réussit malgré tout à se retrouver dans de beaux draps lorsqu’il est avec ses «homies». Le temps du Toni-truand « Backseat Freestyle » on retrouve un K Dot, totalement surprenant. En effet, quand on connait Kendrick Lamar un minimum, on peut facile-ment être étonné par ce nouveau côté moqueur et fort extraverti à travers lequel il s’exprime. Preuve de cet album puzzle, ce n’est qu’à la fin du morceau précédent «Bitch Don’t Kill My Vibe» qu’on comprend (par l’interlude) qu’il est dans une voiture, accompagné de ces mêmes «homies» qui le transforment donc, en un autre garçon.

En parlant d’automobile… C’est grâce à un van, que l’on peut dresser un fil con-ducteur à travers l’album « Good Kid, m.a.A.d city».

En effet, après la prière et la chanson dédiée à «Sherane a.k.a. Master Splinter’s Daughter» (qui fait office de premier son de l’opus) Kendrick nous livre le début d’une longue série d’interludes (imagés en message vocaux) avec comme acteurs principaux : ses parents.C’est par eux qu’on comprend que le bon garçon a emprunté le van familial, en prétex-tant qu’il serait de retour dans le quart d’heure. Dans cette 1ère intervention, sa mère, qui apparaît comme une mère plutôt jeune, espère que celui-ci n’est pas parti avec son van afin de rendre visite à Sherane, qu’elle appellera : «Hood rat» (une appellation pour les filles de quartiers populaires ayant très peu de manière et d’éducation). Pendant qu’on y entend son père lui, insistant sur son retour, afin de récupérer son jeu de dominos.

A coup sûr, on se questionne sur l’identité de cette «Sherane». Qui est-elle? Pourquoi est-elle aussi connue comme fille de maître Splinter? Est-ce vraiment le début de l’histoire? Comme on le devine, Sherane est la muse de Kendrick, qu’il révèle être un sujet majeur tout le long de l’album.Vous rappelez-vous, la manière dont l’a surnommée la maman de Kendrick? «Hood rat» qui étymologiquement signifie «Rat des villes», ce «AKA» prend ici une sacrée dimension!Les férus de dessins animés auront directement reconnu le personnage «Maître Splin-ter» (si ce n’est pas le cas : JE VOUS CONSEILLE DE REFAIRE LES CLASSIQUES DE VOTRE ENFANCE/ADOLESCENCE!!!!).

Ainsi le message est clair, la muse, le premier amour de K Dot est la fille d’un rat! Quelle belle introduction à la découverte d’un album, n’est ce pas?On réussit néanmoins à en saisir tout le sens à l’écoute du morceau où Kendrick nous explique dans les moindres détails, leur rencontre et surtout les sentiments qu’il éprouve pour cette jeune fille et ce, malgré qu’elle soit petite sœur de «Gang Bangers». Ce lien de famille qui a porté préjudice à K Dot.

de ce titre : «Good Kid, M.A.A.D City» [un bon gamin dans une ville folle].Ce titre remplit de paradoxes, qui imposent directement l’insatisfaction et la désillu-sion qu’une tranche de fans peut attendre d’un rappeur issu de Los Angeles, Compton, berceau du dit « Gangsta rap».Mais au-delà de ce décor, on y voit et comprend le sens que prendra l’album de ce rappeur remplit d’intellects, de complexes et de prises de conscience dûs à ces nom-breux conflits internes.

Lors d’une interview, K Dot, nous apprend la réelle signification du mot m.A.A.d.Ainsi, on découvre que le même mot prit à partir du titre de l’album représente deux acronymes. Les premières représentant «My Angry Adolescent Divided» (Ma furieuse adolescence divisé). Tandis que les seconds concerne des questions qui ont plus un rapport avec un des tourments principaux «My Angel’s on Angel Dust» (Mon ange est sur Angel Dust). Étant une drogue dure (PCP) l’Angel Dust est souvent coupée et mélangée aux blunts de weed californienne. C’est plus exactement après une mauvaise aventure – que l’on découvre dans le track « M.A.A.d » avec MC Eight – que Kendrick Lamar, cessa de fumer de l’herbe.

L’album est un grand puzzle conceptuel, plein de rebondissements ramenant à des pistes et interludes différents. Ceux-ci sont extrêmement calculés ayant chacun un nouveau sens, qui devient primordial au bon suivi de cet opus.

Ce puzzle est aussi mis en forme grâce à une avalanche de flow saccadés, grâce à un schéma de rimes irrégulières (dont seul Kendrick a la formule). Mais aussi, grâce à son timbre de voix atypique et ses différentes intonations qui nous plongent à tout moment dans différentes atmosphères, le temps d’une ou deux phases. C’est ce bon mélange qui détermine parfaitement l’identité pure de ce rappeur d’exception. Et de cette manière, le bon garçon de L.A réussit à se différencier des autres rappeurs, toutes générations confondues.A la première écoute, il est difficile donc, de comprendre ou d’adhérer à l’importance de chaque pièce de ce puzzle.

L’album débute par une prière de rédemption qu’on retrouve à l’écoute d’un foudroyant et touchant « Dying of Thirst » (Mourir de soif) qui symbolise le besoin d’eau bénite pour répondre à une recherche de réconciliation spirituelle afin d’atteindre une paix intérieure (que tout un chacun peut avoir).K Dot, qui pourtant n’est pas très religieux,

En effet, Sherane se retrouve dans quasi tous les sons de K Dot! Au même titre que sa maman qui le harcèle à chaque interlude, afin de pouvoir se mouvoir avec son van.C’est à la fin de «Poetic Justice» qui paraît pourtant comme une ballade contempo-raine, qu’on découvre le piège organisé par Sherane.Celle-ci a organisé une embuscade à K Dot, le sachant en route pour la voir (d’où l’emprunt du fameux van). Cette embuscade, où Kendrick se retrouve malmené (comme on peut l’entendre dans l’interlude à la fin du morceau) par les frères de la jeune fille.

Pour comprendre pourquoi Sherane lui donne du fil à retordre, il faut alors se concen-trer sur «Money Trees» où l’on découvre, de manière brève, que Kendrick Lamar a pu coucher avec Sherane avant d’aller se confier auprès ses amis. Chose qui, sans doute, a dû lui déplaire.

C’est ainsi, que dés le début de l’album, nous avons droit à ce magnifique morceau qu’est «Bitch Don’t Kill My Vibe». Ce morceau qui symbolise son envie de rédemption, ses différentes mises au point par rapport à sa ville et l’influence qu’il en ressent. Mais surtout par rapport à Sherane, cette fille avec qui il aurait voulu avoir une relation stable et longue, mais qui malheureusement à Compton, n’est pas chose facile.

Mais le puzzle n’est pas aussi ‘simple’ lorsque nous continuons l’écoute de cet opus, on y comprend le lien entre Sherane et l’interlude de fin du son «Swimming Pools (Drank)».Eh oui! Alors que Kendrick plonge droit vers une désillusion totale due à ses nombreux conflits internes, il réalise durant tout le long de ce son, que l’alcool n’est en rien une bonne solution.Au contraire (et si j’ai bien compris), c’est noyé dans cette piscine d’alcool qu’il se retrouve accompagné de ces «homies» à la recherche des agresseurs de K Dot, les frères de Sherane.

C’est donc par cet interlude, que l’on y entend le déroulement du «Drive by» porté à l’encontre des frères ennemis. Malheureusement, cet événement amenant Kendrick Lamar à être le témoin direct de la disparition d’un de ces plus fidèles amis.

Par tout ce squelette, nous arrivons au son le plus touchant et le plus important pour Kendrick Lamar. «Sing About Me, I’m Dying of Thirst»

Le concept de ce son, rempli de figures de styles, de double sens, d’images troublantes et touchantes à la fois, me fait indirectement penser au fameux «Murder to Excel-lence» de Jay-Z & Kanye West.Je m’explique, c’est à travers ce son de 12 minutes, coupé en 2 parties «Sing About Me» et «I’m Dying of Thirst » qu’on découvre le plus vrai et franc Kendrick Lamar de l’album.Il se positionne enfin en temps qu’acteur direct de sa propre vie, et non ‘juste’ en nar-rateur du film de sa vie.

La première partie « Sing about me», reste narrative mais apporte une réflexion et un autre regard sur les différents sujets qu’il aborde durant tout l’album.

Il en parle sous l’œil averti, d’un membre de gang, celui-ci ne connait que des ennuis dans la vie. Ce membre de gang offre un message positif à Kendrick en le poussant à croire en quelque chose de plus grand que le mode de vie de Compton.K Dot en retire une importante leçon : il en conclut qu’il lui faut ce truc, cette passion qui lui permet de passer au travers les grilles de sa ville.

Pour comprendre le second concept de cette première partie, vous vous devez d’écouter «Section 80» (le 1ere album de K Dot).Sinon, vous ne situerez pas qui peut être «Keysha», cette prostituée de Compton qui fut, malheureusement, violée et tuée.

C h R O n I Q U E Scoup de coeur

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Pour revenir à ce second concept, Kendrick Lamar rencontre la sœur de Keysha.Comme sa sœur, c’est une prostituée. Elle semble têtue et refuse d’accepter qu’il existe une autre façon de vivre en dehors de la prostitution. On l’a ressent trop confiante avant de voir ces paroles fondues dans le beat.

K Dot termine en place avec un troisième concept, avec comme rôle lui-même. Il s’excuse d’avoir pu offenser quiconque, en espérant que les gens vont chanter ses chanson à sa mort.Il affirme rimer avec brio bien qu’il ne peut plaire à tout le monde, cela l’importe peu tant qu’il pourra raconter les histoires de ceux dont la voix ne peut être entendue.

La seconde partie « I’m Dying of Thirst » (dont j’ai déjà expliqué en grande partie le contenu principal au début de cette chronique) montre un Kendrick Lamar, qui sans aucune retenue, déclare qu’il est malade de voir des gens s’entretuer. Il insiste sur le fait que la violence des gangs n’est pas la réponse et il veut nous montrer comment transformer nos pensées négatives en pensées positives.

En somme, une fois les pièces de ce long puzzle rassemblé, l’on réalise que l’histoire n’est pas si compliquée en gros.

C’est l’histoire d’un garçon qui rencontre une fille. Ce même garçon veut une histoire d’amour mais se fait influencer par ses amis qui le forcent à n’avoir qu’une histoire sans lendemain ; et aussi à être ce qu’il n’est pas en l’amenant à commettre un crime. Ce même garçon se fait tabasser par les frères de la fille. Ces «Homies» le vengent. L’un d’entre eux est tué. Ce jeune garçon réfléchit sur sa vie et en raconte l’histoire.

Personnellement, depuis l’album «Mauvais Œil» de Lunatic, aucun album ne m’a autant perturbé. De par sa précision lyricale, mais aussi de par l’excitation qu’il peut susciter lors de sa découverte.Cet album est clairement rempli de rimes profondes, qui touchent directement. Quitte à abuser du bouton «pause» afin de pouvoir simplement réaliser l’impact de l’image que l’on vient d’entendre.

Difficile à croire, mais je viens bien de passer deux semaines à décortiquer un album qui s’approche de la perfection «rapologique».

Cette ‘presque’ perfection a réussi à mêler parfaitement un choix musical, détaillé avec une écriture des plus fines, subtile et accompagnée d’une technique des plus exemplaires.

Kendrick Lamar a su parfaitement regarder de près toutes ces différentes problé-matiques qui affectent toute une population, tout en réussissant à nous injecter ‘cet espoir’ sous forme de valeurs et autres approches spirituelles qui manquaient depuis bien trop longtemps dans le paysage du rap américain.

Sans le classer encore de « Classique » bien qu’à coup sûr il deviendra une référence, je le noterai à 9/10

Mes coups de cœurs: Bitch Don’t Kill My Vibe, I’m Dying of Thirst, The Art of Peer Pressure et Money Trees

© 2012 - Kapesa “Kidsy” Patrick

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« Pour ceux et celles qui ne te connaissent pas, en quelques mots : Qui es tu ? »

Dixon : Je viens de Seine-Saint-Denis. Ça fait déjà quelques années que je rappe et il n’y a pas longtemps, j’ai rencontré Oumar qui m’a présenté à pas mal de gens. Depuis, j’ai pu travailler avec de bons beatmakers, j’ai su vraiment bien m’entourer et j’ai pu créer quelque chose de construit.J’ai fait ma 1ère mixtape « Symptôme vol 1 » qui est sorti il y a 1 an et demi. Là, je prépare un 7 titre qui va s’appeler: «7 Pêchés Capitaux » et qui devrait sortir bientôt.Et après cela, j’enchaine déjà sur un autre projet.En fait, 2013 faut se dire que je serai présent ! « Que penses – tu de la gestion du RAP aujourd’hui ? »D : Ben, quand tu te dis qu’on vit dans « le deuxième pays le plus vendeur de hip-hop dans le monde » tu ne peux pas t’empêcher de regarder ailleurs. Et en ce moment là, moi je regarde beaucoup les Anglais, les Allemands et franche-ment : mais qu’est-ce qu’ils nous envoient des claques dans la gueule!!En vrai, j’ai l’impression que les gens qui sont là ne se rendent pas compte!

On ne se rend pas compte qu’ailleurs, ça commence à réellement se structurer, rien que sur Londres, tu vois comment ça bouge, c’est dingue ! Et donc, je sens qu’en France on est dans un deuxième cycle, avec cette espèce de retour d’engouement, un début de cycle où on se fait vraiment kiffer et qu’on se réveille, en tout cas j’espère.

« Le mot de la fin : qu’est-ce qu’il manque selon toi ?» De la considération. Et pas forcément de la part des acteurs du mouvement, je pense aux radios, je pense aux diffuseurs, je pense aux maisons de disques…C’est vraiment une question de priorités, il y a d’un coté la priorité économique et de l’autre la priorité artistique qui, à mon avis, n’est pas celle qui est mise en avant ou qui est la plus considérée.En tout cas, de la part des entités que je viens de citer, il n’y a pas un réel amour pour cette culture.

Kapesa «Kidsy» Patrick

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« Pour ceux et celles qui ne te connaissent pas, en quelques mots : Qui es-tu ?»

STILL FRESH : Rappeur de Paris. J’ai déjà sorti deux projets et le troisième «NE» avec Esprit Noir est sorti le 18 juin dernier. Et à présent, je suis en train de préparer mon prochain album qui sort fin d’année 2012, début 2013.

« Le rap c’était mieux avant ? »

SF : Je suis un rappeur de ladite « nouvelle génération » donc je rappe maintenant. Dire que « c’était mieux avant » serait un petit peu dénigré mon époque.Donc, NON! Mais c’est différent d’avant. Avec Internet, le téléchargement, etc., le public consomme très vite la musique. Du coup, tu ne peux pas te permettre de dormir sur un projet, il faut que tu sois hyper vif. « Que penses- tu de la gestion du RAP aujourd’hui ? »

SF : Au niveau des producteurs, on voit bien qu’il y a une scène montante, une grosse partie de producteurs qui ne se débrouillent pas mal !Au niveau des radios et médias, je pense que c’est malheureusement un peu trop business dans leur manière de fonctionner. C’est bête, car même si t’as du talent, si tu n’as pas une grosse machine derrière toi, c’est mort. Et même des fois lorsque tu as une grosse machine, c’est compliqué.Donc en gros, ce n’est pas top tout ça…

«Le mot de la fin : Un conseil ? » SF : Aux jeunes rappeurs : Persévérez ! Ne comptez pas sur les gens, si ce n’est vous-mêmes et votre équipe.

Kapesa «Kidsy» Patrick

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• NO INTRODUCTION.En effet, on ne présente plus celui qui, dès sa jeunesse, a su s’imposer, accompagné d’une plume des plus fines de l’histoire du Rap, lui accordant même le titre de poète.Celui-là même qui a influencé toute une génération d’artistes, autant par son style vestimen-taire (vestes et couleurs militaires, bonnet un peu relevé, baggys aux demi-ourlets très hauts sur Tim boots) que par son rap, sa technique et sa véracité (Nas est connu comme étant l’un des meilleurs «Story Teller» dans la lignée des Slick Rick, KRS One, Ice Cube etc.). Ce même rappeur, qui a été longtemps l’objet de débats animés sur les thèmes de «Meilleur MC » ou de «Roi de New-York», nous revient avec un 10ème album sorti via Def Jam. Et quel album!!Avec Nas, on ne peut pas parler d’un album «de la maturité» comme aime étiqueter les critiques hip-hop : car mature, Nasir Jones l’est depuis son 1er album «Illmatic» sorti en 1994.Brillant, conscient, intelligent et d’autres appellations encore, lui ont déjà été décernées à plusieurs reprises.Je dirais alors de cet album qu’il est un album «de rappels». Je m’explique : alors que nous sommes dans une nouvelle ère du rap où les sonorités sont toujours autant influencées par toutes les musiques, mais bien plus ciblées sur des rythmiques lourdes (808, électro drums etc.) avec une recherche mélodique moins profonde (beaucoup de sons aux 3 accords parfaits, shirley bruyant etc.), Nas nous «rappelle», dans le choix de ses beats et compositeurs (qui ne sont pas des moindres!!) qu’il n’y a pas longtemps, la recherche du meil-leur sample, de la meilleure mélodie, du mélange harmonieux des instruments, le choix et la vélocité qui amènent une justesse unique des batteries, bref que tout cela était primordial pour la réalisation d’un beat. Car ce dernier est l’âme de toute chanson.On remarque donc ce sentiment du détail à travers des sons comme «No Introduction»,«Back When », «Stay», «Cherry Wine» et la plupart des compositions de cet album.Nas nous «rappelle» aussi que le rap est un parfait moyen de partager un «message». Et des messages, Nas en a plein!C’est ainsi qu’il commence son album avec des mélodies qui attirent notre attention afin de mieux nous glisser dans ses souvenirs d’enfance, de jeune artiste et même de conversation avec Notorious BIG ; en somme, son expérience.Avant de nous plonger dans l’atmosphère new-yorkaise bordée des trains aériens.Cette ambiance accompagnée par la présence de la légende «Large Professor», Nas nous fait part du cycle de sa vie. En tant qu’enfant du Queens qui, ne venant de rien, a connu la richesse et l’amour, avant de tout perdre et de recommencer, via des sons comme «Daughters», «Bye Baby» et «The Don», où Nas fait passer son message de père aimant et se souciant de sa fille.Il ose aussi dévoiler au grand jour ses sentiments, sa frustration depuis la séparation avec son ex-femme Kelis. Et enfin pour tous les suspicieux, de manière tonitruante, il impose son titre de « Don du Rap ». Je passe les détails des sons aux messages et souvenirs destinés à ses anciens collègues «AZ», «MC Shan» (dans «Back when») mais aussi les messages sensibles destinés à relater une triste réalité (comme dans «Trust», «Where the love»).

Mais Nas nous «rappelle» aussi surtout qu’il sait raconter des histoires.Et pafff, nous voilà facilement plongés dans des scénarios aux fictions parfaitement articulées. Nas nous permet de mieux imaginer les cadres. Ces cadres de rues sombres du Queens dans le début des années 90, ces rues insécurisées et dangereuses pour la plupart. Tout cela, avant de nous glisser dans une suite parallèle, grâce à l’histoire d’un jeune qui tue accidentellement son ami.Et des histoires, il n’en manque pas dans cet album. On en retrouve encore, issues de son vécu ou du vécu de ses proches (Comme dans «You Wouldn’t Understand», «World’s Addiction»).C’est pour tous ces points que j’estime que l’album de Nas est une suite de rappels qui pourront le faire découvrir aux plus jeunes, et rappeler de sacrés bons souvenirs aux plus anciens. Je déplore tout de même le «Summer On Smash», ce club banger qui n’a pas trop sa place. Bien que musicalement bon et efficace, on ne comprend que peu l’utilité de ce morceau. Ou encore quelques autres tracks qui diminuent un peu le niveau comme «The Black Bond». Point de vue ‘invités’ : venant d’un artiste de ce calibre et au vu de la mode d’avoir des albums à minimum 10 invités, on s’attendait à un album plus rempli. Il n’y en a que 7, mais chacune de leur apparition est nécessaire à la beauté du son! Nas a donc réussi à satisfaire avec Mary J Blige, Rick Ross, Amy Winehouse, Miguel, Anthony Hamilton, The Cocaine 80’s et la merveilleuse Victoria Monet.Pour conclure, je retiendrai cette phrase :“I know you think my life is good cause my diamond piece / But my life been good since I started finding peace” qui résume assez bien l’idée, ainsi que l’esprit de l’album. On comprend donc mieux le choix du titre, quand on pense à la période difficile à laquelle Nasir Jones a dû faire face. «Malgré tout, la vie est belle», c’est peut-être ce sentiment que le rappeur a voulu partager.

Personnellement, je considère cet opus comme étant très bon, tant d’un point de vue de fond que de forme, rappelant les bonnes valeurs du hip-hop. Mais je ne validerais pas l’appellation de «Classic» dont j’ai eue plusieurs fois écho. Je le noterais à 8/10

Mes coups de cœur: «Stay», «The Don» et «Back When»

© 2012 - Kapesa “Kidsy” Patrick

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pour ce grand monsieur. Je me retrouve par ce fait intercalé entre une tournée en Asie et un marché new-yorkais de bas-kets de collection (ah oui, car Daddy K, c’est aussi un simple bonhomme qui a ‘juste’ plus de 5 000 paires). Il est approximativement 20h, quand j’arrive aux bureaux de RTL-TVI. Je suis «Le Kid», et celui que j’appelle «Dad» est sensé être libre, prêt à se concentré sur cette dernière tâche de la journée.Mais sous l’effet d’un ‘jetlag’ non négligeable, je découvre que celui-ci est en plein tournage qui a pris un peu plus de temps, et donc déborde sur le temps qui m’était réservé. Ce déborde-ment a duré juste assez de temps pour augmenter mon envie de connaitre cet homme « over-booked ». C’est ainsi que nous avons pu commencer une interview en-richissante, qui a même viré en une discussion longue de deux heures.

The 80’s : Comment résumerais-tu ton parcours à quelqu’un qui ne te connait pas ?

Depuis tout petit, j’écoute ses œuvres. Du fameux « Mais Vous Êtes Fous?» composé avec son comparse Benny, au mix à suc-cès mondial que j’appelle « Billie Song » (un mix où il mélange “Billie Jean” de MJ et «Thong song» de Sisqo) en passant tout simplement par son incroyable set technique. À titre artistique, je peux affirmer une chose : Oui, je le connais.Il a fait le tour du monde. Il a fidélisé des milliers de personnes. Il fait chanter et danser des millions d’autres. À son actif, il a les plus hauts statuts du hip-hop tels que pilier, précurseur, leader, et j’en passe.À lui tout seul, il a un palmarès et surtout un parcours des plus chanceux, entre disques de platine, disques d’or et une grosse notoriété internationale. Il répond au pseudonyme de « Deejay Daddy K », mais grâce à une révélation ‘facebookienne’ ses proches, ses fans et autres amis virtuels peuvent aussi l’appeler «Alain». Mais combien peuvent se vanter de connaître son avis, son état d’esprit, son histoire?Lui, qui au-delà de nos frontières, nous a toujours fièrement représentés. Le même qui, dans nos contrées, s’est toujours donné à fond pour que l’on puisse s’amuser au mieux.Et si à notre tour, on faisait un pas vers lui, afin de le découvrir et surtout mieux comprendre son parcours.C’est donc par cette réflexion que m’est venue la profonde envie de partir à sa rencontre. Mais qui dit 30 ans de carrière, dit 30 ans de travail acharné

Ça a commencé dans les années 80, on recherchait tous un surnom et j’en avais déjà un à l’époque parce que j’avais commencé avec la dance. C’était par rapport à un des danseurs du « Rock steady Crew » un groupe de break dance de l’époque. On m’appelait « le pe-tit Kuriaki belge »

DADDYthE KInG

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bling avec les grosses chaines, les ba-gues avec les noms dessus etc. Ce qui était assez dur à trouver, vu qu’on vivait en Belgique, et (mais) comme j’étais un peu un « Mac Gyver», pour la fête des pères, j’avais trouvé un coupe papier en or où il était inscrit DADDY en grosses lettres, et de là, j’ai créé une bague : d’où le « Daddy », ainsi que le K de kuriaki en souvenir… C’est une histoire un petit peu compli-quée mais elle me tient à cœur parce que l’un dans l’autre ça fait partie de ma jeunesse et de mon histoire. Donc le fait d’être déjà fan de ce côté bling bling, et en même temps, mes origines du break-dance.

The 80’s : Quel fut l’élément déclencheur qui t’as fait passer du break dancing au deejaying ?

DDK : En fait, quand j’ai commencé dans la danse en 1982, j’ai découvert en même temps toute une culture : le hip-hop. Donc le graffiti, le rap, le deejaying.

DDK : En résumé, je dirais que je suis un pionnier du mouvement hip-hop en Belgique, que j’ai 30 ans de carrière, que j’ai plusieurs cordes à mon arc tel qu’animateur, rappeur, producteur, DJ, danseur. Mais je dirais surtout que je suis un homme passionné avant tout, qui est fan d’une culture qui s’appelle le hip-hop et qui vit ses rêves d’enfant tout en restant un grand enfant lui-même.

The 80’s : Pourquoi « DJ Daddy K » ?

DDK : Ça a commencé dans les années ‘80, on recherchait tous un surnom et j’en avais déjà un à l’époque parce que j’avais commencé avec la danse. C’était par rapport à un des danseurs du « Rock Steady Crew », un groupe de break-dance de l’époque. On m’appelait « le petit Kuriaki belge » parce que je faisais les mêmes mouvements que lui. J’étais fan de ce qu’il faisait donc j’essayais de reproduire ses moves. Ensuite, est arrivée la mode du bling

© Photo Marie De Decker

“le premier hit de rap français n’est pas français, mais belge.”

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J’en suis tombé amoureux. A un moment, vers ’84 ou ’85, on était à fond dans le break, j’ai gagné les championnats de Belgique, etc. Ensuite, j’ai trouvé qu’il n’y avait plus d’évolution. Je m’ennuyais un petit peu donc j’ai commencé dans le graffiti mais je n’ai pas spéciale-ment accroché, donc j’ai fait quelques tags, quelques graffs étant fan de dessins animés, j’aimais beaucoup dessiner. D’ailleurs, si je n’avais pas été DJ, j’aurais aimé être dessinateur pour les bandes dessinées. Dans tout ça, j’avais un pote qui avait des platines et qui était un peu DJ. J’allais une fois par semaine chez lui pour m’entrainer, apprendre le scratch tout ça et j’aimais vraiment bien. A cette époque on n’avait pas de vidéos pour s’inspirer, on le faisait un peu au feeling. Ensuite, j’ai gagné mon premier championnat où j’ai gagné mes premières platines, en ‘87 au DMC et je suis devenu champion de Belgique, 1 an après m’être entrainé chez mon pote (Icy-t) qui habitait du côté de Namur. J’ai tellement kiffé que je m’y suis mis vraiment à fond.

The 80’s : Une des cordes de ton arc est « rappeur ». Tu l’étais déjà ou c’est le fait d’être DJ qui t’a amené à devenir rappeur ?

DDK : J’étais déjà dans le rap, peut-être même avant d’avoir été dans le deejaying. Comme je te l’ai dit précédemment, on touchait à plusieurs des disciplines du hip-hop et donc ça nous arrivait d’écrire des chansons, notamment avec «Phil One» de la Zulu Nation, qui est mon meilleur ami et partenaire dans le « crime » depuis toujours. Dans les années ’80, nous avions un petit groupe à trois, et nous faisions des petits raps pour le fun, sans prétention. Nous ne nous considérions pas comme des rappeurs mais juste comme des activistes du mouvement tout simplement. C’est vrai que j’ai toujours adoré la branche rap du hip-hop, et c’est pour cela que j’ai toujours combiné les deux : rap et deejaying.

The 80’s : Dans le rap comme dans le deejaying, quelle est la particularité qui t’attire le plus?

DDK : L’un dans l’autre, ça a toujours été le contact avec le public. Grâce au deejaying, j’ai la chance de voyager partout dans le monde entier. C’est un petit peu pareil pour le rap, mais je mets moins le rap en avant que le deejaying, parce que le rap est plus une passion, quelque chose dont je suis fan. J’aime le rap et ses punchlines , ses images. J’adore ce qui se fait dans le rap belge, et je le soutiens un maximum. Alors que concernant le deejaying, je suis fan et passionné et en même temps c’est mon gagne-pain. C’est ce qui paye mes factures, ce qui me fait vivre et ce qui me permet d’être à l’aise et de composer des morceaux de rap sans en attendre en retour car ne vivre que du rap en Belgique, c’est énormément difficile voire quasiment impossible. De toute façon, très peu peuvent se vanter de vivre de leur musique en Belgique, je suis un des seuls qui le peut.Donc au final, la particularité de ces deux disciplines, du rap et du deejaying, c’est la connexion avec les gens.

The 80’s : Par rapport au deejaying, quel fut ton souvenir le plus mémorable ?

DDK : J’en ai plein… Une scène qui m’a vraiment beaucoup marquée est celle que j’ai faite au « Summer Festival » à An-vers, il y avait plus de 100.000 personnes et quand tu as toutes ces personnes en face de toi et que c’est toi qui a le contrôle de tout, c’est impressionnant. Même chose quand j’ai fait la première partie de Rihanna ou de 50Cent, j’ai toujours le cœur qui palpite parce que tu te demandes comment les gens vont réagir car ils attendent un certain artiste mais c’est toi qu’ils voient ; mais au final, j’ai été accueilli comme si j’étais Rihanna ou 50cent, ce sont toujours des moments incroyables.

“il y a du talent en Belgique, il y a vraiment des gens qui sont doués et il ne faut pas avoir peur de le mettre en avant.”

Mais des moments incroyables en tant que DeeJay, j’en ai tel-lement, un dont je me souviens le plus :

j’avais fait venir pour mes 20 ans de carrière «DJ Bobcat ». C’est le DeeJay et producteur de LL Cool J, ma référence, il est à la base de tous ces grands hits, tel que « I Need Love ». Faire venir ce personnage c’était quelque chose, et pour la pe-tite histoire : il avait perdu un petit peu son essence hip hop, et je lui avais offert un cadeau. C’était une grosse chaine, dans le genre de celles que portait Run DMC. Et donc je lui en ai offert une, alors qu’on lui avait volé (la sienne) depuis un petit temps, ce que j’ignorais. Donc, je lui donne cette chaine en cadeau pour le remercier d’être venu pour mes 20 ans de carrière et là il m’a dit que je lui avais redonné l’essence de son hip-hop. Il avait écrit un article où il disait qu’en lui offrant cette chaine, je lui avais fait se remémorer toutes ses tournées avec Run DMC, LL Cool J et d’autres. Pour moi, en tant que DJ, tout comme en tant qu’être humain, ça n’a pas de prix ! Tu es fan d’une culture, tu es fan de quelqu’un et puis un jour tu lui redonnes le goût au hip hop, que lui t’avait donné auparavant, c’est comme si la boucle était bouclée quelque part et pour moi c’est ça le réel aboutissement, car on n’est pas là par hasard. On est là pour faire les choses, c’est une his-toire qui m’a beaucoup touchée et donc pour moi les choses peuvent s’arrêter demain mais je suis déjà super comblé d’avoir vécu ça.

The 80’s : A ce niveau de ta carrière, quel est le « plus » que tu retiens ?

DDK : Au niveau du public, en ce moment j’adore jouer dans les festivals car on y voit le public s’y amuser vraiment beaucoup plus qu’en club où la tendance est mainte-nant à la frime. C’est-à-dire que des gens viennent pour boire des verres et montrer qu’ils ont le plus de bouteilles sur leur table et oublient en soi de s’amuser réellement. Ils sont sur Facebook toute la soirée et ainsi ne dansent même plus, ce que je trouve dommage. Par contre dans les festivals ou en plein air, les gens arrivent vraiment pour s’amuser, si tu leur demandes de mettre les mains en l’air, ils le font, ils chantent… c’est comme à un concert !! C’est ce que j’aime vraiment beaucoup.

The 80’s : Quel est ton avis sur l’évolution de la technologie et son impact sur la musique ?

DDK : Je pense qu’il faut savoir vivre avec son temps et ne pas faire le vieux rabat joie qui dit sans cesse que c’était mieux avant.

Il est clair que nous avons vécu une belle époque et qu’avant c’était plus saint qu’aujourd’hui.De nos jours, tout va tellement plus vite, tout est tellement plus facile à obtenir. J’observe ça avec mes enfants, ils enten-dent un morceau, activent Shazam avec leur iPhone et ils ont le titre 3 secondes après dans leur téléphone, l’utilisent une semaine puis passent à autre chose. Il faut vivre avec son temps, internet à ses bons et ses mauvais côtés. Il y a de plus un côté « trop de facilité », « trop d’accessibilité », qui amène un peu de fainéantise par rapport au travail de certaines personnes aujourd’hui.À travers toutes ces périodes traversées, je me sens un peu comme un dinosaure qui, aujourd’hui, réussit à mixer de tout.

The 80’s : Quelle est ta particularité entre tous les DJ nou-velle/ancienne génération ?

DDK : Lorsque j’arrive à une soirée, je viens avec un show, avec la manière de mixer d’il y a 20 ans. J’ai des scratches, des pass-pass etc. Je suis derrière mes plat-

ines vraiment comme à l’ancienne et c’est ce qui doit sans doute me différencier de la généra-

tion de DJ qui joue encore aujourd’hui. C’est peut-être, pour cela qu’on me

booke encore beaucoup, autant ici qu’à l’étranger, car je suis un des

derniers à toujours pratiquer cet art à l’ancienne.Je dirais que c’est ma par-ticularité même si je me suis toutefois également adapté aux musiques modernes et à ce que veulent les gens de nos jours. C’est-à-dire que je leur donne ce qu’ils veulent mais je leur ouvre en même

temps les yeux sur mon style et ma manière de faire, voilà ce

que j’essaie de faire par rapport à l’évolution.

The 80’s : Tu as une « signature » que l’on observe lors de tes shows. Comment

t’est venue l’idée, comment s’est passée la pre-mière fois que tu l’as réalisée ?

DDK : Il faut savoir qu’à la base je suis un DJ de compétition. J’en ai fait et gagné pas mal, championnat de Belgique, championnat d’Europe, championnat Benelux. J’étais donc vraiment très technique pendant une longue période de ma carrière et c’est par la suite qu’un gars m’a proposé de faire des soirées. Le concept ne m’a pas d’emblée intéressé car j’avais peur de saouler les gens avec mes scratches pas très dansant. J’ai essayé de faire en sorte que le DJ soit plus considéré com-me un artiste, parce qu’on attend une certaine performance de lui, de la même manière, le public s’attend à ce que je fasse ma mélodie de Timbaland , mon « pass-pass » avec le nez, le dos ou la bouche et ça, même si les gens l’ont vu un million de fois. En général, ils s’attendent à ce que je le fasse, à tel point que si je ne le fais pas, ils pensent que je n’étais pas en forme

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“j’ai l’habitude de travailler avec des artistes dont je suis fan que ce soit de leur musique ou de leur talent.”

même si la soirée était terrible… Mais en même temps, c’est aussi que j’ai voulu donc je ne m’en plains pas.

The 80’s : Comment a débuté l’aventure « Benny B » ?

DDK : Ça a débuté dans la rue, à l’époque où je faisais du breakdance. J’étais le DJ de plusieurs rappeurs en même temps. J’étais donc aussi le DJ de Benny, et quand il voulait rapper je lui faisais des « Faces B », c’est parti comme un amusement. A cette époque, il y avait une radio belge appelée Top FM et qui recherchait un groupe pour faire un morceau, avec Benny nous avons passé l’audition et nous avons été retenus. C’est là que nous avons fait « Mais vous êtes fous, oh oui ! ». J’en avais créé le beat et le refrain que j’avais composé avec mes samples de dessins animés dont j’étais fan, ici c’était « Capitaine Flamme ». En fait, il s’agissait de séquences que j’utilisais moi-même en tant que DJ car j’essayais au maximum de mettre mes connais-sances et mon savoir à profit dans ce premier morceau que nous avions fait ensemble. Après, ça a donné le hit que nous avons tous connu, ça avait créé un vrai « boom » à l’époque avec les bons et les mauvais côtés que ça implique, mais avec le recul on avait reçu beau-coup de respect, surtout de rappeurs français qui avaient été inspirés et influencés à l’époque. Il faut savoir que ma gimik « Mais vous êtes fous ? Oh oui ! » est la première à avoir ouvert les portes du rap français com-mercial, tout confondu, je veux dire que le premier hit de rap français n’est pas français mais belge.

The 80’s : Es-tu passé par plusieurs « crew » après ou t’es-tu directement lancé en solo?

DDK : Après m’être séparé avec Benny, j’ai un peu continué ma carrière en solo. Je me suis remis aux platines car j’avais été muet pendant 4 ans, à cause de nodules que j’ai eus aux cordes vocales.Puis on a fait un crew « D-Transformers », puis il y a eu « Il-legal Mix Crew » avec HMD que je connais depuis ma tendre enfance…

The 80’s : Étant petit, je me souviens que l’on collectionnait les K7 avec tes mix, ceux de HMD, etc. Ils tournaient dans tout Bruxelles ! En gardes-tu de bons souvenirs ?

DDK : Énormément !! Déjà les mixtapes qu’on faisait à l’époque, on les faisait par pur plaisir. Il n’avait pas de de-mandes particulières de maisons de disques, on mettait ce qu’on voulait dessus, on remixait comme on voulait, on scratchait comme on voulait, on mettait les intros qu’on vou-lait, il n’y avait pas de règle. Mais, c’était un peu illégal parce qu’on utilisait sans autorisation la musique des artistes, mais d’un autre coté, ils cautionnaient eux-mêmes la chose, parce que ça leur faisait de la promo. Il y avait néanmoins un manque à gagner pour les maisons de disques qui étaient à l’affût de nos mixtapes pour, justement, nous interdire de le faire ; mais HMD et moi prenions toutefois énormément de plaisir à le faire…

The 80’s : Aujourd’hui tu fais des compilations Cd et tu es disque d’or. Comment décrirais-tu ce succès et le mérite que tu en retires ?

DDK : Faire une compilation et être disque d’or aujourd’hui, est pour moi une consécration de tout ce travail mit en place à l’époque. J’avais déjà fait une compil officielle en France avec DJ Xela qui est disque d’or aussi.En Belgique, ça n’existait pas. On n’avait pas de compilation de DJ, il y avait des compiles de Cut Killer qui venait de France, de dj Abdel, etc.Ça se vendait ici mais on n’avait pas de vrais cd produits par une maison de disques et remixés par un DJ. Quand j’ai fait la première partie de Rihanna, j’ai été remarqué par Universal, qui ont vu l’ambiance que j’ai mis et m’ont demandé si ça m’intéressait de faire une compilation, des mix’s de leurs hits.

Le mérite, je le vois via le public. Aujourd’hui, lorsque je mets une pochette et que j’observe par la suite des centaines de commentaires pour « The Mix 4 » par exemple, c’est parce que les gens attendent, les gens vont se déplacer dans les magasins, mais également, si je viens pour faire une séance de dédicaces ou des showcases dans les magasins… On me demande parfois pourquoi je me déplace pour faire des showcases dans les magasins, mais je pense que le con-tact avec le public est vraiment important, il faut aller vers lui!Ce n’est pas parce que je fais des prestations où il y a 100.000 personnes que je ne peux pas aller dans un Media Markt où peut-être 30 personnes se seront déplacées pour voir un

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showcase et recevoir une petite signature. Là où je veux en venir, c’est que si je suis là aujourd’hui c’est grâce à ces mêmes gens, il faut les remercier et c’est ma manière à moi de le faire.

The 80’s : Es-tu tout aussi libre lors de la création des ces compiles que lors de tes mixtapes d’antan ?

DDK : Alors il faut savoir que quand tu fais une compilation « officielle » avec une maison de disques comme Universal, tu n’as pas le droit de faire ce que tu veux.Je donne une tracklist avec des morceaux que je voudrais, j’ai déjà le trois quart qui est refusé parce que tout ce qui est américain n’est pas facile à obtenir. Et ceux que tu reçois tu ne peux pas les remixer, ni scratcher dedans, tu as des exigences d’autres maisons de disques ou d’artistes qui sont très compliquées!

Je me suis dit que j’allais trouver un juste milieu pour que tout le monde soit content donc j’ai fait la première compile en respectant les règles qu’ils m’ont demandées un maximum, pas trop de scratch, pas trop de remixes, etc.J’ai enchainé un peu les morceaux que je jouais en club et que j’estimais convenables.Et j’y ai rajouté mes propres productions, mes propres morceaux. On y retrouve donc mes collaborations avec des artistes belges. Le premier album a fait un succès foudroyant, il faut savoir qu’aujourd’hui on ne vend plus de cd. Et malgré cela, on a dépassé les 10000 ventes de cd (= disque d’or en Belgique), Universal est encore sous le choc.De là, on a fait la deuxième compile où j’ai eu un peu plus

de liberté d’expression, où j’ai pu mettre des schratchs, des remixes, des voix… Je me suis un peu plus exprimé, et dans la troisième encore plus. Il y a une évolution dans les compiles, et bien sûr ça reste encore loin du travail que je faisais en mixtape à l’époque, où on avait une liberté d’expression sans limite.Maintenant, un des buts de cette compile est aussi de faire connaître d’autres artistes belges par le biais de mes featur-ings et de mes morceaux.

On a aussi fait une compile pour les 10 ans de contact RNB, ce qui est une première aussi, aucune émission en Belgique ne l’a fait! Il y a eu des émissions, mais qui ont malheureusement disparues, et pourtant je pense qu’on est assez nombreux pour avoir des émissions diverses sur le hip-hop et le R’n’B. C’est pour cela que je trouve que c’est une belle réussite, déjà d’avoir 10 ans de radio derrière nous, mais aussi d’avoir une compilation officielle de l’émission, je trouve ça magistral.

The 80’s : Avec 30 ans de carrière, que penses-tu du hip-hop aujourd’hui?

Le hip-hop n’a plus les mêmes valeurs, ni le même sens qu’à l’époque. Aujourd’hui, pour certaines personnes être hip-hop, c’est faire du rap, s’acheter une chaîne en or et des habits à la mode.Le hip-hop, à la base c’est transformer l’énergie négative en énergie positive, quel que soit le biais. Que ce soit la danse, le rap, le graff… Je pense que si le hip-hop disparait c’est à cause de ce manque d’unité, de collaboration.

“Je trouve incroyable de pouvoir rassembler les gens grâce à la musique.”

Malheureusement, le hip-hop est une culture tellement forte où chacun a tellement de choses à dire, ou à prouver, qu’au final au lieu d’avancer ensemble, on s’autodétruit.

Et même si aujourd’hui, il y a moins cet esprit des valeurs du hip-hop, je trouve qu’il y a quand même des jeunes qui vont s’intéresser et être plus ouverts à des collaborations et à être unis. J’ai l’impression qu’il y a une unité qui se créer et qu’en Belgique les choses bougent vraiment !

Il y a eu une période où les choses bougeaient mais au fur et à mesure du temps, ça s’est estompé, et aujourd’hui, je vois plein de petits jeunes, via leurs clips, qui en veulent, ils en veulent vraiment. Je ne dis pas qu’ils le font pour le hip-hop, ils le font peut-être juste pour « briller » mais l’un dans l’autre, tu vois qu’il y a vraiment des passionnés. Il y a des gens, comme vous, qui se démènent, qui veulent créer des magazines, des gars qui veulent faire parler de la culture, qui veu-lent mettre les choses en avant, qui veulent réellement apporter des choses, et c’est important.

Je pense que justement, pour qu’on continue à parler de notre culture, il faut des personnes qui en soient passionnées avant tout. Même s’il n’y a plus cet esprit hip-hop avec un grand H il en reste quand même. Tout comme, il y a toujours des gars dans l’underground qui sont vraiment hip-hop dans leur tête, il y a tou-jours des gars qui en veulent.

Ce que j’espère pour demain, c’est qu’il y ait de plus en plus de

collaborations, beaucoup plus d’unité. Le hip-hop et surtout le rap, c’est un milieu très macho donc c’est toujours « moi je suis meilleur que toi!», « moi je fais mieux que toi !» toujours des « MOI JE » et c’est dommage ! The 80’s : Quels sont tes conseils pour devenir un bon DJ aujourd’hui?

DDK : C’est assez compliqué comme question, parce que il y a tellement de bons DJ qui n’ont pas la place qu’ils méritent d’avoir, donc quand tu es un nouveau DJ, c’est toujours dif-ficile de faire ta propre place. Aujourd’hui, tu as des outils incroyables via internet qui peu-vent te faire connaître vraiment partout, mais en même temps tu n’es pas le seul à le faire. Se départager c’est assez complexe, le milieu du deejaying est assez fermé, un patron de boite voudra plutôt booker un DJ dont il sera certain qu’il va ramener du monde, que quelqu’un qu’il ne connait pas. Même si tu viens jouer gratuitement, si tu ne ramènes per-sonne, ce n’est pas intéressant et aujourd’hui il n’y a plus que le business qui parle malheureusement, bien avant la musi-calité, bien avant le talent. Si moi demain, je ne ramène personne en club, je peux être le meilleur dj du monde, je n’aurai aucun booking! Malheureusement ce n’est plus le talent qui est mis en évi-dence, mais voilà si tu es un DJ qui a du talent et qui ramène du monde, ce n’est que bénéfique, que ce soit pour le patron de la boite, pour les gens et pour toi-même. Je pense que dans un premier temps, pour être DJ, il faut être amoureux de la musique, il ne faut pas juste prendre le top 40, le mettre dans ton sérato, et se dire voilà je suis DJ, surtout avec les nom-breux programmes qui mixent seuls.

Donc après, pour se départager, je n’ai pas vraiment de conseils à donner et je n’aimerais pas être un nouveau DJ aujourd’hui ! Personnellement, je ne sais pas ce que je ferais si j’étais un nouveau DJ, à part matraquer, offrir des mixes, mettre des vidéos…

En fin de compte, ce que les gens veulent, c’est voir quelqu’un qui les met bien en soirée, ils veulent entendre les sons qu’ils aiment et pour arriver à cette place, pour qu’un patron de boite ou un promoteur te remarque, il faut que tu arrives à te faire remarquer. J’ai remarqué que ce qui aide beaucoup la nouvelle génération de DJ’s, c’est le fait qu’ils bossent avec une radio, qui vont faire un set sur telle ou telle radio, et ça aide beaucoup, ça te fait toucher un public plus large. Quand tu proposes tes services et qu’on voit que tu as mixé à telle ou telle radio, pour un patron de boite ça le fait toujours bien sur un flyer, par exemple, et ça peut te booster. Si tu es assez objectif, que tu regardes ce qu’il se passe, tu regardes les DJ’s qui tournent, il y a des DJ’s de radio, de club, des DJ’s de house, … il y plusieurs catégories. Tu peux choisir mais il faut choisir ! Il faut aussi faire ça parce que tu aimes la musique et pas seulement parce que tu aimes la célébrité ou le coté bling bling qui peut venir bien entendu, mais n’est pas indispensable.

The 80’s : Que retiens-tu de ta carrière de DJ ?

DDK : Je retiens ce que j’aime le plus, c’est-à-dire faire kiffer le public avant toute chose et en fin, me faire plaisir.

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Je veux dire que le but premier n’est pas financier, parce que je suis un passionné ; le public peut s’apercevoir facilement que même après 30 ans, lorsque je suis aux platines ou que je tiens un micro, je m’amuse. Je ne suis pas en train de compter les minutes avant la fin d’une représentation.Chaque jour, je me sens reconnaissant envers mes fans de me soutenir depuis plusieurs générations et de pouvoir me permettre de vivre de ma passion. Je le souhaite vraiment à tout le monde.

The 80’s : Qu’est ce qui différencie le public belge, d’un autre?

DDK : Le public belge est un public fort décomplexé. Un public qui aime s’amuser, peut être moins en club mais en tout cas en festival. Dans nos festivals, les gens ne se prennent pas la tête, sont fort réceptifs. Je pense que c’est ce qui fait la dif-férence en Belgique.D’ailleurs beaucoup d’artistes et même de comédiens, lorsqu’ils font des spectacles, viennent le tester en Belgique. Ce n’est pas pour rien! Je pense que c’est un peu de même pour le monde artistique en Belgique. Et il faut le souligner!On oublie souvent de se mettre avant. Le Belge n’est pas pré-tentieux, on n’est pas toujours fier de ce qu’on fait, on devrait l’être un petit peu plus.On est là à attendre que les Français et d’autres le reconnais-sent pour s’en vanter, mais il y a du talent en Belgique, il y a vraiment des gens qui sont doués et il ne faut pas avoir peur de le mettre en avant.

The 80’s : C’est ce que tu fais à travers tes compiles aussi, mettre en avant le talent belge ?

DDK : Exactement, enfin j’essaie tant bien que mal de le faire. J’ai toujours été ouvert aux diverses rencontres et aux mul-tiples collaborations, encore aujourd’hui, je le prouve avec les différents featurings que j’ai pu faire avec des groupes de rap ou de r’n’b belge. Ces mêmes groupes qui grâce à notre union, deviennent connus à une certaine échelle. Il faut aussi savoir, que j’ai l’habitude de travailler avec des artistes dont je suis fan, que ce soit de leur musique ou de leur talent.C’est une suite logique à ma carrière. Après que ma voix soit revenue, j’ai pu animer mes sets, j’ai commencé à faire des émissions radio, à sortir des morceaux comme « Appelle-moi Daddy » etc. J’ai toujours eu envie de bosser avec d’autres, afin de mé-langer nos styles, notre savoir-faire. C’est comme ça que très tôt j’ai travaillé avec des mecs comme Street Fabulous, qui sont à présent ma famille. Ozan c’est comme mon petit frère. C’est aussi toutes ces rencontres, collaborations qui m’ont amené là où je suis aujourd’hui.

The 80’s : Il n’y pas longtemps, un grand scandale circulait avec ta personne et des policiers néerlandophones en acteurs principaux. De ce fait, tu as pris le risque en lançant toute une campagne de réflexion contre certains problèmes majeurs qui règnent en Belgique.

Penses-tu que les artistes majeurs belges ont la capacité de faire évoluer les mentalités ?

[Pour rappel : Daddy K a été victime d’une maltraitance policière, frôlant la bavure, à la sortie d’un night club en banlieue anver-soise, région flamande, pour des raisons peu claires, reposant principalement sur la différence linguistique (Français/Néerlan-dais).]

DDK : Oui, clairement. Mais moi personnellement, je ne vou-lais pas faire évoluer quelque chose.Je me suis juste exprimé sur une malencontreuse aventure que j’ai eue et qui m’a profondément touché, voir blessé en tant que citoyen belge.Il ne faut pas oublier donc, qu’avant d’être DJ, artiste, je suis un citoyen belge qui paie ses impôts, etc. J’estime donc que j’ai droit à un minimum de respect. A l’époque, je vivais déjà plein de moments difficiles avec la police, je n’ai pourtant rien contre eux. Je sais que comme dans tout, il y a du bon et du mauvais, ils font leur boulot comme ils le peuvent.

Ici donc, ce n’est pas la police que j’attaquais, c’est des racistes en uniforme de service que je déplorais. Sans trop rentrer dans les détails de l’histoire, je tiens juste à dire que je peux confirmer mes dires grâce à un fait : Dés le départ, ils étaient violents. Ils ont constaté que je ne parlais pas néerlandais couramment, dès lors, ils ont doublé la violence. Ils ont commencé à donner des coups sur ma voiture, alors que je me trouvais dedans. Ils étaient plusieurs, j’étais seul. J’ai pris peur et c’est là que j’ai commencé à filmer. Je m’étais dis, «ce n’est pas possible, j’ai commis un crime ?! Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas! ».Et je leur ai dit « Écoutez, des pratiques pareilles, c’est pour terminer au journal de RTL-TVI!». Et un agent m’a répondu texto en néerlandais «Qu’il en avait rien à foutre de RTL-TVI, car c’est diffusé en Wallonie et qu’en Flandre on ne savait même pas ce que c’était!».

Ce soir là, j’ai du tout de même mixer devant 3 000 personnes, vu que je suis résident dans cette boite. Malgré cela, pen-dant que je travaillais, les policiers sont rentrés dans le but de procéder à mon arrestation, en expliquant au gérant que j’aurais «roulé sur un de leurs collègues».Donc, ils sont venus avec un faux argument pour m’arrêter. Je me suis dit « Merde, et s’ils n’étaient venus qu’avec l’idée de me faire subir une correction ? ». Grâce au gérant qui a empê-ché cela, j’ai pu rentrer chez moi, où j’ai décidé de publier la fameuse vidéo.

C’est révoltant, car je n’ai aucun problème avec les néerlando-phones, j’ai toujours eu de bons rapports avec eux, il n’y a jamais eu cette barrière linguistique entre nous.Je suis d’accord qu’un policier n’est pas obligé de parler français en Flandre, mais est-ce pour autant qu’il peut se per-mettre de dénigrer la Wallonie et son patrimoine ?C’est exactement ce genre d’idée, que je ne supporte pas.

The 80’s : Qu’as-tu ressenti par rapport à tout cela ?

DDK : J’ai été profondément blessé, en tant que citoyen belge.

J’étais tellement mal de ce qui s’est passé! J’ai pensé à la masse de gars qui doivent vivre ce genre de pression, d’agression cent fois plus violente … Mais qui, hélas, n’ont personne et n’ose pas parler de tout cela. Alors oui, j’ai usé de ma notoriété pour le faire savoir.

Et je l’ai fait en pensant que ces milliers de victimes qui, elles, n’ont pas cette chance de s’exprimer à la masse, comme je pourrai le faire.À aucun moment, je n’ai voulu faire de séparatisme belge, je n’ai voulu que m’exprimer le plus sincèrement possible. Que ce soit bien vu ou non, cela m’est égal, je me devais de le partager.Ça aurait bien pu arriver avec des policiers francophones, ma réaction serait restée la même.

Et malheureusement, ce fut le moment exact pour mes détracteurs de s’exprimer et réagir au grand jour, alors que le combat était autre.

The 80’s : Ne penses-tu pas que tout ceci a nourri un senti-ment de séparatisme ?

DDK : Encore une fois, le combat, mon combat était autre. Si c’est le reflet qui en est sorti, c’est dommage. Ceux qui me connaissent, me soutiennent un minimum savent à quel point je suis patriote.Je suis un des premiers à jouer la Brabançonne en Flandre, je ne fais que représenter avec fierté mon pays lorsque je suis à l’étranger.Et donc, ce genre de remarques, de pensées me blessent profondément.J’ai même calmé les choses, alors que la révolte m’inondait encore. J’ai tout de même essayé de calmer le tout, vu que ça partait en gros «melting pot», mélangeant du racisme, un gros amalgame et même de la jalousie.

The 80’s : Qu’en est-il à présent?

DDK : Au-delà du fait, que j’espère que ça eu un impact positif, je ne pense pas que tout ce problème ait réellement changé quelque chose. Si ce n’est la perspective des deux ou trois policiers qui pensaient que cette histoire n’arriverait jamais en Flandre. Au final, elle a fait le tour de la Belgique. En tout cas, une chose est sûre, si sur mes 30 ans de carrière les gens ne retiennent que cette histoire, ça serait réellement triste.En tout cas, quoi qu’on en dise : je sais ce que j’ai amené à la musique belge, je sais ce que j’ai amené à mon pays et je suis fier de mon pays!

The 80’s : Quel est la récompense d’un artiste, selon toi ?

DDK : À chaque fois que je vais dans un pays, j’ai une nouvelle découverte, que ce soit une population ou une manière de vivre. Je trouve incroyable de pouvoir rassembler les gens grâce à la musique. Tu te dis que tu as réussi à faire en sorte que les gens se réunissent par la simple force de la musique. Et j’y ai contribué, moi, qui viens de Belgique, ce petit pays que certains ne connaissent même pas. Et me voilà, à l’autre bout du monde voyant les gens bras en l’air comme si je venais de chez eux ou comme si j’étais de leur famille. Ça, c’est quelque chose de magique et qui n’a pas de prix, c’est la récompense de l’artiste, pour moi. C’est comme si le public répondait présent à ce que je faisais.

Kapesa «Kidsy » Patrick© Photo Marie De Decker

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Elle n’a que 20 ans, elle mesure 180 cm, elle a 92 cm de tour de hanche et 68 de taille et 91 de poitrine. À la vue de tous, Nadia n’est qu’une jeune Bruxelloise, étudiante en psychologie à l’Université Libre de Bruxelles qui aime le sport et en pratique beaucoup. Tel que le fitness, la course et enfin la natation.Mais Nadia est bien plus que cela, rajouter à sa personnalité forte et indépendante, cette jeune fille n’a qu’une passion. Celle du mannequinat!En effet, plutôt discrète dans sa ville, cette jeune future vedette réussit à se distinguer sur les podiums qu’ils soient Belges, Français et bientôt Asiatique. Pour ne pas dire plus, mais profiter de l’opportunité d’être l’un des premiers magasine à l’interviewer, The 80’s vous présente une courte entrevu avec cette étoile montante. Pourquoi le mannequinat ? Depuis toutes petites j’ai toujours adoré la mode, les vêtements, les mannequins. Je me rappel en train de les regarder à la télévision j’étais en admiration et désirant plus que tout être à leurs places. Malheureusement, je n’avais jamais auparavant osé faire le premier pas dans une agence ou faire des photos. Mon problème était que j’attendais qu’on me motive, j’ai eu tort ! La meilleure des motivations est de se motivé sois même !

Que penses-tu du milieu de la mode ?

J’aime beaucoup le monde de la mode, c’est grâce a la mode que les gens se dis-tinguent les uns des autres. La mode développe le côté esthétique des personnes. Pour moi cela permet d’également afficher sa personnalité. Mais le monde de la mode a également des côtés négatifs. C’est un milieu très dur pour les mannequins. Je pense que les personnes extérieures aux domaines du man-nequinat ne se rendent pas forcément compte de la difficulté de ce métier. Les heures de sommeil à combler, les privations par rapport à la nourriture. Et certains man-nequins sont utilisés tels des objets. Par rapport aux mondes extérieurs quand on voit des phrases telles que « La maigreur est synonyme d’élégance » beaucoup de jeunes adolescentes sont malheureusement influencées et ont tendance à tomber dans l’anorexie. Malgré ce côté négatif, le monde de la mode reste avant tout un milieu enrichissant pour ma part, où l’on rencontre diverses personnalités et où l’on découvre de tout de jour en jour.

Quels sont tes couturiers préférés ?

Mes créateurs favoris sont Elie Saab et Karl Lagerfeld. Tout d’abord Elie Saab, car il a la capacité de mettre la silhouette de la femme en valeur avec ses tissus légers tels

que le satin, la dentelles... Ses créations sont d’une extrême féminité avec une classe immense et d’une grande simplicité. C’est ce genre de créations que je porterai en rue sans aucun problème.Ensuite, Karl Lagerfeld car comme Elie Saab a tendance à plus mettre le mannequin en valeur. Il n’utilise pas le mannequin en tant que « cintre sur patte ». Des tenues très féminines, classe et sexy sans aucune vulgarité, ce que pour moi une femme doit être. D’ailleurs, l’une de ses collections que j’ai adorées est celle du « Printemps/ Été 2010 »

Quels sont mes atouts ?

Je suis très ambitieuse et très persévérante, je suis une personne qui veut absolument atteindre ses objectifs. Bien évidemment pour atteindre ses objectifs il y a continuelle-ment des hauts et des bas, mais le principal est de ne jamais baisser les bras. Mes atouts par rapport à mon physique dans le domaine du mannequinat, je suis d’abord assez grande et fine, car dans ce milieu être grande est un critère indispens-able. Ensuite il faut avoir une certaine prestance, un certain charisme.

Quelles sont tes ambitions professionnelle ?

Mes ambitions sont de me faire connaître un maximum et être reconnu en tant que mannequin un peu partout dans le monde pour mon physique, mais également pour ma personne en elle mêmeCar je pense que ce n’est pas forcément les agences qui vont mettre leurs mannequins en valeurs ! Donc, il va falloir le faire de sois même pour ensuite atteindre un niveau beaucoup plus élevé dans ce domaine. Mais je reste consciente que la concurrence est très dur !

Ton rêve ?

Mon rêve est de pouvoir défiler pour de grands couturiers, mais plus particulièrement pour Elie Saab. Porter ses créations et pouvoirs défilés pour ce créateur serait une expérience formidable à mes yeux.

C h R O n I Q U E S

nadia RifiaLifestyle

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« Rien n’est impossible à celui qui croit ».

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GRéGORY MAMPEnGU Adulé, chéri ou encore envié, Grégory Mampengu est ce modèle de

référence dans le monde de la mode urbaine belge.Coach pour défilés de mannequins, effigie de grandes marques,

jury d’événements influents, cet homme aux mille facettes ne cesse de travailler.Plus jeune, il n’avait qu’un seul rêve : devenir basketteur professionnel.Ce rêve, il l’a frôlé grâce à une bourse qui lui avait été octroyée en Loui-siane, USA.Hélas, la vie l’a confronté à une série de choix, le poussant à sacrifier l’idée d’une carrière sportive de haut niveau.Aujourd’hui, patron d’une structure de top modèle, mais aussi d’une ligne de vêtements, Grégory Mampengu est devenu une marque de fabrique à lui tout seul. Sachant jouer de son image et du charisme qu’il en ressort, il a su imposer son nom et son état d’esprit. Cet état d’esprit se résume à une seule phrase, dont il en a fait son slogan :« Rien n’est impossible à celui qui croit ! »

Ce personnage m’intrigue, je me dois de le rencontrer afin d’être fixé. Arrivé tout droit de Paris, ce jeune bruxellois sort de sa voiture de luxe avec la plus grande classe possible. Il n’hésite pas à me sourire en me saluant d’un « Check » des plus fraternels.Premier choc : Au-delà de son apparence « bling-bling », il n’a pas le melon et a même l’air fort sympathique.

Accompagné de Yassin, son collègue de toujours, mais surtout son côté « sombre et direct », ils n’hésitent pas à m’accueillir de la manière la plus franche et agréable.L’ambiance est donc imposée sous le mot d’ordre : « Cool ». Interviewer Grégory Mampengu ne me sera pas désagréable.

« Rien n’est impossible à celui qui croit ».

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ineThe 80’s: Comment l’aventure de modèle a débuté pour toi ?

GM : C’est tout bête et ironique en même temps. C’est en 2007, je jouais encore au basket à la salle de Laeken où une fille (Leila) venait régulièrement voir les entrainements. Elle me disait souvent : « Greg’ il serait peut-être temps qu’on parle ensemble. Je fais de la photo, j’aimerais bien que tu vi-ennes au studio, car je te verrais bien dans la photo! » En tant que jeune, issu des quartiers populaires je lui disais : « Ce n’est pas mon domaine, je ne fais pas des trucs de pédés. Je ne me vois vraiment pas faire ça. »À force, j’y suis quand même allé, juste pour tester. Le shooting fait, elle m’a proposé de me créer un compte Netlog et d’y gérer mon image, juste pour me prouver qu’elle n’avait pas tort.Il se trouve qu’elle est revenue vers moi trois mois plus tard, m’annonçant tout le bien que ce compte a créé. C’est ainsi qu’elle m’a fait comprendre que j’ai une image qui attire. On s’est dit qu’il serait intéressant de ramener cela à un niveau profes-sionnel. J’ai accepté le défi et ainsi a débuté le début de mon aventure. Mais comme on ne devient pas pro du jour au lend-emain, j’y ai fait de gros sacrifices et ça dès le début.

The 80’s: Lesquels ?GM : J’ai pris une grosse décision : celle de tout stopper et de me consacrer à cela. Pour ça, je me suis mis au chômage et j’ai surtout passé mes journées à la salle de sport. J’ai donc disparu pendant 1 an à cause de tout ça.Donc, c’est important de savoir que dans cette carrière, il y a toute une préparation derrière. Je m’y suis préparé pendant presque trois ans.

The 80’s: Depuis tes débuts, qu’est-ce que tu en retiens?GM : Que ce n’est pas évident. Mais vu que j’ai une grande foi, j’ai appris que « Rien n’est impossible à celui qui croit! » J’ai donc tout donné pour cela, car c’est seulement lorsqu’on croit à un projet qu’on peut vraiment le réaliser.

The 80’s: Tu te considères en tant que modèle ou mannequin ? Et quelle est la différence, selon toi ?GM : Il y a une grosse différence! Le modèle se met en avant par son charisme, son physique et n’a pas réellement de critère imposé. Le mannequin lui, utilise ces mêmes critères, mais aussi une série d’autres biens définis. Tout cela pour mettre en valeur un vêtement plus que sa personne, au contraire du modèle.Moi, je me considère en tant que modèle. Tu le vois par mes différentes apparitions, je me mets plus en avant, que ce soit un défilé ou un tournage. Car l’avantage d’être modèle, selon moi, c’est aussi cet aspect-là. Un jour on te demande de défiler, un autre de faire un shooting, le lendemain une figuration, etc. C’est vraiment bien et plus varié et enrichissant. Je préfère ce statut.

The 80’s: En tant que modèle, en quoi penses-tu faire la dif-férence ?GM : C’est simple, par le travail et la réflexion. Dans mon équipe, il y a un homme qui s’appelle « Jacques Vandeschuren » qui m’a fait comprendre que des modèles de mon type, il y en a des milliers. Il ne faut pas se voiler la face, mais plutôt rester réaliste, je ne sors pas du lot. Du coup, Jacques a proposé qu’on crée un personnage « Grégory Mampengu » avec lequel on amènerait un message, une vague positive et intéressante.

The 80’s: Quel est ce message?GM : « Rien n’est impossible à celui qui croit ». C’est une phrase issue de la Bible, qui m’a longtemps marqué et qui me marque encore. C’est devenu un profond leitmotiv et même certaine-ment une marque de fabrique pour moi, mais aussi pour tous les projets concernant ma ligne de vêtements « Jérémie Douglas ».

Et au-delà de ça, notre message consiste à sensibiliser, en avertissant que ce milieu n’est pas fait pour tout le monde. En général, je conseille aux gens de faire quelque chose dans les domaines qu’ils aiment et qu’ils maitrisent. Il ne suffit pas de prendre deux ou trois photos de ton Facebook et de te lancer. Pour ma part, sans le savoir, le milieu de la mode m’a toujours attiré, et ça, très tôt. Je faisais des tresses dès mon plus jeune âge. Étant ado, j’avais souvent les vêtements derniers cris avant tout le monde, etc. En gros, cela n’a pas été une si grosse surprise pour mes proches de me voir débuter.Notre message pousse les gens à se lancer dans quelque chose, mais seulement lorsqu’ils le sentent réellement.

The 80’s: Selon toi, est-il plus facile d’être modèle pour un homme ou une femme?

GM : Je pense qu’être un homme est plus facile. Une femme a énormément de concurrence, alors qu’un homme moins, par le simple fait qu’ils sont moins nombreux dans le milieu. Ensuite, une femme a bien plus de références et de rôles modèles comparées à l’homme. Ça ne l’aide pas dans la recherche d’une image unique. Tu le ressens même au niveau des vêtements, il y a une masse incroyable de choix chez les femmes. Dans la mode, quand on parle d’un très haut niveau, c’est-à-dire les shootings pour les magazines de mode comme « Vogue » ou les grands défilés des fashion weeks et autres, les femmes reçoivent une pression qu’on ne peut pas imaginer. Et malheureusement, elles y sont souvent mal traitées. C’est une réalité qui froisse, mais elle existe depuis toujours.C’est pour ce genre d’éléments, qu’une femme a plus de mérite de réussir dans le milieu de la mode qu’un homme.

The 80’s: Quelles sont tes faiblesses & tes forces?

GM : J’ai beaucoup de faiblesses, comme la négligence. Selon mon équipe, c’est ma plus grosse faiblesse. Mais j’ai la foi com-me plus grande force. Grâce à elle, je peux te dire que je n’ai aucune crainte, si ce n’est celle de Dieu. J’ai aussi la loyauté. Je suis un mec qui vit avec ces dteux valeurs principalement.Tu le vois dans mon entourage, depuis le début je n’avance qu’avec des gens qui me tiennent à cœur, que j’estime et que j’aime plus que tout. Et ces gens, ce sont toujours les mêmes.Et enfin, je pense que mon ambition et ma soif de réussir peu-vent être aussi des grandes forces.

Retrouvez toute l’actualité de Grégory Mampengu sur son site www.gregorymampengu.com

par Kapesa «Kidsy» Patrick

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FAShIOn wEEK FASHION WEEK

On entend souvent parler des “fashion week” mais dans le fond qu’est-ce vraiment ?Les “fashion week” sont des évènements importants dans l’industrie de la mode. Deux fois par an, il y a quatre “fash-ion week” dont une dans chaque capitale de la mode; Lon-dres, Paris, New York et Milan. Ces grands évènements sont l’occasion pour les créateurs et les maisons de couture de présenter les futures collections. Comme vous l’avez surement déjà compris chaque période présente les collections d’une saison Printemps/ Eté ou Automne/Hiver.

Entre Janvier et Avril sont présentées les collections d’Automne/Hiver tandis que les collections Printemps/Ete sont présentées entre Septembre et Novembre. Chaque fashion week consiste essentiellement à présenter les collections de la prochaine saison à l’aide de défilés, cela permet de montrer aux médias et aux acheteurs potentiels tels que de grands magasins distributeurs de marques de luxe, les collections portées . Ces futurs acheteurs peuvent ainsi avoir le temps de préparer leurs stratégies marketing pour l’arrivée des collec-tions dans leurs magasins.

Depuis quelques années de plus en plus de designers présen-tent des collections inter-saisonnières entre les traditionelles collections Printemps/Ete et Automne/Hiver. Ces collections sont beaucoup plus commerciales que les autres et diminuent l’attente des clients avides de faire du shopping. Ces shows inter-saisonniers sont appelés “Resort” ou “Cruise” pour les collections avant celles de Printemps/Eté et “Pre-Fall” pour les collections avant celles d’Automne/Hiver.

Ces différents shows sortent un peu de la tradition car ils ne se font pas spécialement dans la ville de base du designer mais n’importe où, par exemple Karl Lagerfeld pour Chanel a fait une “Resort” collection ou encore une “Pre-Fall” collection dans des villes comme Los Angeles ou Moscou au lieu de Paris.

Chaque show est unique et est bien plus qu’un simple défilé, on y voit l’âme du directeur artistique autant sur les modèles que dans l’atmosphère. Par exemple sur la photo n°2 on peut voir la finale du show Louis Vuitton pour la saison Printemps/Eté 2013 où les mannequins sont sur des escalateurs et tout le défilé passe par ces escalateurs qui sont eux mêmes aussi en damier. Chaque détail compte et est étudié, que cela soit la musique ou le placement des invités à la première rangée communément appelée “Front row”. D’ailleurs la hiérarchie sociale peut clairement être identifiée selon la place attribuée à l’évènement.

Par exemple les places les plus convoitées sont celles de la “Front row” où l’on peut notamment retrouver la célèbre rédactrice en chef du magazine Vogue aux Etats-Unis , Anna Wintour.

Mais le plus important est que les fashion week définissent ce qui sera “in” et ce qui sera “out” pour les saisons à venir. La fashion week c’est redéfinir ce qui est a la mode. Les geeks mettent à jour leurs ordinateurs, les “fashion victims” mettent à jour leurs dressing !

Burberry Prorsum Spring Summer 2011 Menswear Show - Finale

giorgio armani spring/summer-2013

Louis Vuitton’s Finale in Paris for the S/S 2013

Fashion weeks are important events in the fash-ion industry. Twice a year, there are four fashion weeks organised in the biggest cities of the industry : New York, Milan, London and Paris. These big events allow fashion designers and “houses” to display their upcoming collections.

The four seasons are grouped in two periods Fall/Winter and Spring/Summer. The Fall/Winter shows are held the preceding winter between January and April while the Spring/Summer shows are held the preceding late summer from september through november. Each show allows designers to show off their upcoming collections on runways. It is the oppurtunity for retailers and media to take a look at the latest trends. Fashion weeks are very important for retailers it gives them the time to arrange and purchase the designers into their retail market-ing. Each designer or house presents his/her collection in their home based country for ex-

ample Chanel is french so their shows will be presented in Paris. These past few years, more and more designers have presented inter-seasonal collections between the traditional Autumn/Winter and Spring/Summer seasons. These col-lections are known as the Pre-Fall for the collection before the Autumn/Winter shows and the Cruise or the Resort for the collections before the Spring/Summer ones. These collec-tions are more commercial than the main season collections and they also help to shorten the buyer’s wait.

These inter-seasonal shows are a bit of a break with tradition because they have no fixed schedule and do not especially happen in the designer’s homebased town. For example Karl Lagerfeld presented a Chanel Cruise or Pre-fall collection in cities like Mos-cow or Los Angeles instead of Paris. Each show is unique and much more than just models walking on the

runway with clothes. it allows us to see through the art director’s soul in every single detail. From the models with a special hair and make up to the atmosphere. On the picture #2 we can see the finale of the Louis Vuitton Show for the Spring/Summer 13 in a checkerboard decoration. Every detail counts from the music to the guests seats. The front row is of course the seats where it is better to be placed and we can identify your social position from where you’re seated. There you will find for sure Anna Wintour, the Vogue US editor in chief.

But the most important is that the fashion weeks determine what will be “in” or “out” for the upcoming seasons, they redefine what is fashionnable or not. Geeks update their computer while fashionistas update their dress-ing!

Nisrine

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LIVE REPORTYOUSSOUPhA au Zenith

On dit de lui qu’il est le Prim’s Parolier, le lyriciste bantu ; les plus anciens fans avanceront même : Le Rhétorique Mc.Vous l’avez donc compris, c’est bel et bien du rappeur

Youssoupha dont je m’apprête à parler.Après avoir brulé l’Olympia sous les yeux de plus de centaines de milliers de spectateurs, autant ceux présents sur place que ceux qui, comme moi, l’ont vu en direct sur le net, Youssoupha nous avait fait la promesse que sa date au Zénith ne serait pas des moindres. Ayant été abasourdi par la force du « geste » de l’Olympia, je me devais de me rendre sur place afin de voir de quoi était capable le rappeur à l’année sans faute.Ainsi, me voilà le jeudi 8 novembre aux portes du Zénith de Paris. Je me sens tout petit lorsque je rentre au cœur même de cette grande salle aux sièges rouges et au décor sobre, remplie de sponsoring de gros média.Installé confortablement, je me plais à regarder les avant-pre-mières de Taipan et de Sam’s.Ces deux artistes ont mis la barre haute, en réalisant chacun un show exceptionnel. Entre la douceur caustique et ironique de Taipan, suivie de l’incroyable énergie de Sam’s, le public ne peut s’empêcher de se sentir plus que prêt à accueillir celui dont il scande le nom à chaque vide de spectacle: Youssoupha.

La salle s’assombrit, la pression monte, le public est excité à l’idée de sa venue. Lorsqu’on découvre la projection des photos de fans de tout genre et de tout horizon, j’entends des rires ainsi que d’autres gloussements de personnes se reconnaissant ou reconnaissant d’autres tiers. Apparemment cette formule d’attention a fonctionné et a su parfaitement marquer les esprits. « On voit que Youssoupha est reconnaissant envers ses fans, il le montre à chaque instant!» me dira une charmante spectatrice lorsque je lui demande son impression.

Et puis, le jeu de lumières nous annonce le plat de résistance! L’incomparable deejay Myst débarque, il a à peine le micro en main, que le public pousse toutes sortes de cris, reflétant la vibe positive que j’ai ressentie durant tout le concert!

De la même manière qu’à l’Olympia, ce dernier annonce l’arrivée des maîtres gesteurs (S-pi et Youssoupha), toujours de

s’ajoutant aux choristes de base, a réussi à amener chaque mélodie de ce concert à un niveau des plus plaisant!

Tout ceci avant d’éblouir les yeux du public en invitant sur scène le charismatique rappeur du Havre, qui est entré sur l’instrumental d’«Itinéraire d’un Blédard Devenu Banlieusard» que le Prim’s parolier avait déjà entamé.Mais la présence de Médine a été encore plus marquante lorsque le légendaire Mr. Kery James, est entré, afin de clôturer le titre. Encore une fois, Youssoupha nous a gâtés en surprises et surtout en énergie.

S’il y a bien deux points qui ont défini à tout jamais la dif-férence entre le Zénith de Paris et les nombreuses autres dates du Geste Tour, je me risquerais à penser qu’il s’agit du choix intimiste que le Prim’s parolier a pris en prestant des sons plus personnels comme: « One Love», « La Même Adresse » ou en-core «Itinéraire d’un Blédard Devenu Banlieusard».

C’est bien à travers ces titres-là, qu’on réalise le risque pris par le rappeur. Ce choix, qui permettra aux nouveaux fans, de rejoindre les plus anciens, en découvrant des titres peu médiatisés, mais qui ont permis à Youssoupha d’être considéré comme un poids lourd du rap français.

Enfin, pour clôturer, j’avancerai l’énergie, la relation ou tout simplement l’amour que porte Youssoupha à son public.

« [..] Je n’ai pas peur, les autres rappeurs font du sous Booba» : voir Youssoupha sur scène est la meilleure des explications à cette phrase, qui a suscité tant de débats.

C’est en effet, par ces moments simples, où Youssoupha prend le temps de parler à une dizaine de personnes du haut de sa scène en leur demandant leur prénom et en échangeant deux ou trois autres mots ; mais encore en leur permettant de chanter librement le plus longtemps possible (12 minutes) un « lalalala » symphonique, laissant des invités comme Ol Kainry ou encore Ramzy, venir saluer et participer à ce chant d’adieu entre le public du Zénith et Youssoupha.

C’est grâce à ce genre de moment qu’on constate que Youssou-pha est loin de la norme et de la configuration classique d’un concert de rap français. Ce rappeur nous livre un spectacle de plus de deux heures, où il ne cesse de communiquer, de faire participer et d’échanger avec son public, afin que celui-ci se sente proche de lui, en ayant la certitude et la fierté de dire : «Youss, on se connait!».

C’est donc, cette alchimie qui a régné du début à la fin du con-cert, et qui pousse à croire que le lyriciste bantu a su parfaite-ment fédérer le public autour de lui, lui offrant une considéra-tion, qu’il lui rend de manière indéfinissable mais quantifiable.

En effet, c’est ce qu’on en conclut quand Philo et la Bomayé Team, offrent au Mc Jack Bauer son premier disque certifié platine (plus de 100 000 exemplaires vendus). Un grand mo-ment d’émotion qui me fait chaud au cœur, réalisant que la meilleure réponse d’un public à son artiste est et reste, son

la même manière ceux-ci nous apparaissent d’un pas déter-miné et heureux.Youssoupha, accompagné de son acolyte de toujours, débute avec «Effet Papillon» et son interlude roots en warm up, suivi du fameux «Viens» et de son «Putain de Boucan» avant de nous donner l’ordre de «Gester» !

Je me retrouve à penser, qu’au fond, les deux spectacles auront la même configuration, la même couleur, quand après une brève présentation du Geste Band, un changement d’ambiance s’installe et Youssoupha débute seul «Appren-tissage», le son phare rempli de guests lors de l’Olympia. Heu-reux de constater que la configuration n’est donc pas la même, j’ouvre mes yeux, prêt à découvrir avec attention ce que nous prépare le rappeur au cheveu sur la langue.

C’est là, à mon humble sens, que l’on entre au cœur de l’action. On a pu faire «Péter les Claps» dans une synchronisation des plus étonnantes, rire aux différentes vannes de ce rappeur, hu-moriste à ses heures perdues (j’en suis sûr ;-)), et aussi assister au défilé de mode de deux gesteurs congolais, qui n’ont pas hésité à changer d’habits, mélangeant style et classe. Et bien entendu, sous cette ambiance intimiste, nous avons eu droit - tout de même - à des apparitions débordantes d’énergies.

Comme celle d’Orelsan venu « backer » ces 2 hôtes dans «Men-ace de Mort» devant un public de 5000 personnes survoltées.Mais aussi de Stromae venu apporter – à la surprise de tous – sa touche en créant ainsi la «rumba alors en danse» sous une folie et joie euphorique de ce public parisien.Un public parisien qui, d’ailleurs, ne mâche pas ses mots, qui aime exprimer son amour et son dégoût. Preuve en est, les nombreux «Ici c’est Paris», « Marseille, on t’enc*** », voire même un «Zemmour, Zemmour, on t’enc*** » qui n’a pu dé-plaire à Youssoupha qui en a délecté chaque seconde, lui qui vient de gagner son procès contre ce personnage «à la science infuse».Enfin, bien entendu, la présence de la douce Ayna et du puis-sant rappeur bordelais nous ont fait le plaisir d’assurer leur intervention.On a également pu apprécier la présence d’une chorale qui,

soutien.

Né à Kinshasa, ayant grandi à Cergy, ce rappeur découvrait les plaisirs d’être tête d’affiche, il y a 3 ans lors de sa première vraie date, à la Cigale de Paris.Aujourd’hui, il a réussi à sauter le pas, afin de devenir membre de cette élite qui remplit le Zénith.Mélangeant qualité et haute recherche musicale, sachant faire réfléchir, rire et danser.

Youssoupha a su conquérir « la foule », grâce à des « histoires vraies » retraçant son « itinéraire de blédard devenu banlie-usard » qui « check de l’épaule » « chaque frère ».Mais aussi et surtout, grâce à ce message qui « à force de le dire » à eu un « effet papillon » sur l’ensemble de sa carrière, dont il ne se doutait sûrement pas, « 15 ans en arrière ».

Ainsi, l’équipe The 80’s lui souhaite une « destinée » brillante, ne laissant aucune chance à une quelconque « menace de mort », afin qu’il profite de « tout l’amour du monde » avec son fils, sur « les disques de son père ».

Merci Youssoupha, ce concert a été un grand « geste », rempli de « sueur et de larmes ». Espérons que ce « scénario » te soit un « éternel recommence-ment ».

Je conclus ma chronique « calmement », en vous disant :

One Love.

Kapesa «Kidsy» Patrick

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« Pour ceux et celles qui ne te connaissent pas, en quelques mots : Qui es tu ? »

Oumar de Golden Eyes Music Group.Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un label indépen-dant parisien. Et j’en suis le patron, j’essaie d’entreprendre les choses le plus possible.L’actualité pour l’instant, c’est Kyoto de Joke, mais aussi la compile #WeMadeIt qui est sorti le 18 juin 2012.Il y a de gros retours, le public l’a bien accueillie et ça fait vraiment plaisir, on est super content. C’est une compila-tion qui réunit une série des plus grands artistes du rap français, des jeunes et des moins jeunes. Le tout produit par les 3 beatmakers maison (Blastar, Cannibal Smith et Ritchie Beatz) et franchement, j’en suis très content et fier. « Que penses – tu de la gestion du RAP aujourd’hui ? »O : Je pense que le rap est dans une phase où il se restruc-ture un peu. Là, on sort d’une certaine époque avec la vague d’artistes de la nouvelle génération, même au niveau du business, il y a de nouvelles têtes qui arrivent. On va dire que le rap est en phase de changement de cycle. Donc le

temps que tout le monde prenne ses marques et apprenne à se connaitre. Que ce soit les nouveaux, les plus anciens qui s’adaptent à la nouvelle configuration, une fois cela fait, je pense que l’on sera bien plus fort et efficace. En bref, on est en pleine restructuration. « Le mot de la fin : Un conseil ? » O : En tant qu’entrepreneur à un jeune qui désire le devenir, je conseillerai de bien savoir ce qu’il veut faire, quel est son rôle.Que ce soit producteur, manageur, artiste : c’est important de faire à fond ce que tu fais, pas juste quand tu en as envie ou besoin.Moi je suis producteur, je n’ai jamais voulu rapper, ça veut dire que dès que j’ai mis un pied dans la musique, j’ai direct su ce que je voulais y faire. J’ai toujours voulu être pro-ducteur, manageur et c’est ce que je fais à fond, se disperser c’est mauvais.Donc bien choisir sa branche et l’assumer jusqu’au bout !

Kapesa «Kidsy» Patrick

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The 80’s : Pourquoi le dressing ?Issiaka : Déjà, vu la superficie du magasin, c’est un magasin assez petit. Mais je voulais surtout en ressortir le côté dress-ing par ma décoration. C’est dans ce sens-là que j’ai choisi ce parquet, ces meubles vintages, etc. Selon moi, c’était le nom parfait pour ce magasin.

The 80’s : En tant que jeune, pourquoi avoir choisi un maga-sin de vêtements pour te lancer dans la vie professionnelle ?I: Il faut savoir qu’avant de passer dans le textile, je suis passé par énormément de choses. Dès mon plus jeune âge, j’ai toujours voulu être mon propre patron avec ma propre boite. Ainsi, il y a maintenant 2 ans, je me suis mis à travailler sur un concept de réseau social pour l’immobilier. Le problème était le coût de ce genre de projet, du coup je me suis remis en question et évaluant ce que j’aimais le plus. Et ce que j’aimais plus que tout, c’est la sape. Donc premièrement, j’ai débuté un projet d’e-commerce, mais de vêtements. Mais j’ai vite viré vers le choix d’un magasin physique, car le contact humain est quelque chose qui me plaît beaucoup, aussi.

The 80’s : Ce n’est pas trop coûteux, comment s’est passé l’investissement?I: C’est toute une histoire ! (rire) Au départ, je voulais passer par le système classique, celui de l’emprunt bancaire. Je suis passé autant chez BNP Paribas Fortis, que Dexia (Belfius) qu’ING, tous ont refusé mes demandes. Je me suis ainsi retrouvé face à un tout autre type de financement. Celui du « fonds de participation » qui aide beaucoup les jeunes indépendants et entrepreneurs. Cela m’a demandé un certain type de sacrifices pour pouvoir colla-borer avec eux, tel que l’arrêt de mon cursus universitaire (ndlr : il faut être demandeur d’emploi, pour passer par cet organisme). En gros, je ne suis pas passé par le système d’investissement de base, mais par plusieurs organismes comme celui que j’ai cité plus tôt.

The 80’s : Une participation des proches, familles, amis ?I : Aucun investissement financier direct, si ce n’est que ma sœur s’est portée garante. Mais beaucoup de soutien aide, ça oui.

C’est en arpentant les rues d’Ixelles, non loin de la place Fernand Cocq et de la place Boniface, que nous nous retrouvons au 7, rue de l’athénée. C’est dans cette allée paisible que nous avons pu découvrir l’atmosphère si particulière du magasin « le Dressing » Ambiance cosy, chaleureuse, où les lumières tamisées nous entrainent instantanément dans un cadre intime et privé. Nous voici donc au milieu de chemises, et vestes pendues, d’étagères remplies de jeans et autres t-shirts, bonnets. On peut le dire, le nom, colle parfaitement au lieu.Ce lieu tenu par Issiaka Johnson, jeune homme ambitieux de 25 ans, s’empresse de nous accueillir avec une énergie des plus rares, afin de commencer au plus vite l’interview, confortablement installés dans des fauteuils vintages, au charme intemporel.

Le Dressing Issiaka Johnson

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The 80’s : Par rapport à tes parents, comment ont-ils pris ta décision, tes sacrifices ?I : Il est clair que cela n’a pas été facile… On sait ô combien, nos daronnes (mamans) tiennent aux études, donc j’ai pris du temps à la convaincre. On s’est assis, on a longuement discuté. Le tout au fond c’est de bien expliquer les choses, les rassurer, leur exprimer tout ce que l’on a sur le cœur, après ça passe. Aujourd’hui, elle me soutient beaucoup.

The 80’s : Pour revenir au magasin, quel est son slogan ?I : Pour être sincère, voilà 4 mois que je travaille dessus, je ne l’ai jamais trouvé ! (rires)Mais je dirais que l’esprit du shop est plus ‘pour les adeptes de bonnes choses’. Car, l’avantage de ce magasin, je trouve, c’est que l’on ne trouve pas que de beaux vêtements, la décoration, le choix musical, mais aussi l’accueil, tout y est travaillé pour qu’on y dégage une certaine qualité propre à nous.

The 80’s: « Nous » ?I : Oui ! Mon petit frère Ibrahim, vient m’épauler de temps en temps. Surtout le samedi où les journées sont assez chargées.

The 80’s : Quel conseil aurais-tu à donner à un jeune entre-preneur qui comme toi, souhaite démarrer ?I : Le seul conseil que je pourrais donner à un jeune entrepre-neur qui se lance, c’est de croire en ce qu’il fait, peu importe ce qu’on peut dire sur le projet, peu importe ce qu’on peut penser, il faut y croire. Mais il est toujours bon d’écouter certains conseils, le tout c’est de pouvoir faire le tri dans les critiques et prendre celles qui seront les plus constructives pour le projet. Un deuxième conseil, se constituer un bon réseau un bon car-net d’adresses (avec des gens sérieux, des BOSSEURS).

The 80’s : Selon toi, quels sont les défauts de ton magasin ?I : Je dirais son emplacement dans un premier temps, le shop est situé dans une rue pas très fréquentée, il faut vraiment con-naitre pour s’y rendre (ce qui peut donner un coté connaisseur au shop). Son manque de décoration, mais cela est amené à s’améliorer, on y travaille. Chaque chose en son temps.

The 80’s : Le Dressing, s’arrêtera-t-il à ce shop ou comptes-tu y développer le nom ?

I : Pour le moment ma priorité est de faire en sorte que ce magasin puisse être un des shops incontournables de notre belle capitale Bruxelles ; je me donne 2 ans avant de pouvoir y arriver. Il est clair que j’ai d’autres projets avec Le Dressing, des projets autres que les sapes, design, art, restauration, etc. Trop de projets - c’est un de mes plus grands défauts, je suis trop ambitieux - ce qui est sûr c’est que Le Dressing n’est pas une finalité. Je vais d’abord bosser sur mon premier objectif et nous verrons par la suite ce qu’il est possible de faire.

Voyant, le frère d’Issiaka s’installer, nous nous empressons de lui poser deux questions…

The 80’s : Que penses-tu du parcours de ton frère ?

Ibrahim : Actuellement, je peux dire qu’il me sert d’exemple. Malgré le fait que je le côtoie quotidiennement, à la base, je n’étais pas forcément au courant de tout ceci. Ainsi, il m’a assez surpris et je suis vraiment fier de lui. Ensuite, j’ai été témoin de la construction de toute cette entreprise. Je peux vous dire que cela n’a pas été facile !! Mais il a su garder la tête haute, rester concentré sur ses objectifs. Voilà, aujourd’hui c’est une nouvelle histoire qui s’écrit, beaucoup de gens ont critiqué ses ambi-tions ; malgré cela, il a su accomplir quelque chose. Je l’admire pour cela, il a le mérite d’avoir essayé sans relâche.

The 80’s : En tant que client, pour toi quel est le plus gros défaut et la plus belle qualité du magasin ?

Ibrahim : je trouve qu’il y a beaucoup de charme et du poten-tiel dans ce magasin, mais cela manque un peu de déco, selon moi, c’est le plus gros défaut. Sinon, au niveau de la qualité, je pense directement au choix des marques et des différents vêtements, on devine vite que c’est ciblé, que les connaisseurs ne passeront pas à côté de ce jeans-ci ou de ce pull-là. Dans le sens, où il est clair que l’article proposé est unique dans cette ville. Et j’aime beaucoup ce détail.

Kapesa «Kidsy» Patrick. Photo : © Maxime Diana-mato

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RED CUPment. Pour la petite histoire : j’ai rencontré Julien chez un pote, on s’ennuyait et on voulait se mettre en ambiance et là on a réalisé qu’aucune soirée ne nous correspondait. C’est comme ça que l’on a débuté les réflexions sur nos créations d’events. Aujourd’hui, on y est et on est fier de savoir que les gens se sentent concernés par notre concept.Julien : Sinon, la Red Cup, c’est aussi un événement qui représen-te bien la jeunesse d’aujourd’hui. On le voit par l’image de Carl (notre effigie).Jon : Exactement. Il représente très bien notre image. Pour la petite histoire, au début nous cherchions donc ‘cette effigie’. Nous avions organisé un shooting, il y avait des modèles, des maquil-leuses, des stylistes et j’en passe. Ensuite Carl, qui est un ami à la base, nous a appelés juste pour savoir ce que l’on faisait et où nous étions. Finalement, il est venu nous saluer. Et sur un délire, il a pris quelques photos, sans maquillage, sans relooking etc. Il a donc simplement posé, comme il était venu. Et au final, c’est lui qu’on a prit. Son style, son métissage, sa folie, il représente beau-coup de choses que reflète la jeunesse d’aujourd’hui.

The 80’s : Quel est « l’état d’esprit » de la Red Cup ? Julien : L’idée principale est issue des soirées estudiantines aux États-Unis, surtout celles de maisons qu’on appelle simplement les «House parties», où l’on utilise d’office un gobelet rouge. C’est une logique pour eux. Et que voit-on dans ce genre de soirées ? Des gens qui viennent habillés comme tous les jours, donc aucun « dress code » imposé. Si c’est en été, les gens viennent en short, débardeur avec une casquette! C’est dans cette direction, cet état d’esprit que nous souhaitons aller. C’est d’ailleurs comme ça que nous avons fait rentrer les gens au Louise Gallery et que nous continuons à le faire au Noxx.

Voilà un bout de temps - 1 an et demi pour être plus exact - que Bruxelles et son monde de la nuit sont animés par une soirée au concept délirant. De ma jeune cousine à ma meilleure amie de tou-jours, toutes me parlent de cette soirée au franc succès. À ma grande surprise, quand je porte une oreille plus attentive à cette soirée, j’apprends que les organisateurs sont des Bruxellois âgés de 21 et 26 ans, qui ont su ouvrir les portes des plus grands clubs de Bruxelles à Barcelone en passant par Anvers.Il ne m’en fallait pas plus pour vouloir rencontrer Jon et Julien. Après quelques coups de fil, je rejoins les deux comparses dans un bar/restaurant huppé d’Ixelles. Je me retrouve au milieu d’un bon diner composé de salade pour Julien et autres pâtes bolognaise pour Jon. Je m’installe ainsi confortablement, avant de prendre un grand plaisir à échanger quelques mots avec eux.The 80’s : Qu’est -ce que la « Red Cup Party » ? Julien : C’est un événement qui émane d’une longue réflexion. À vrai dire, c’est l’aboutissement d’un an de réflexion. C’est un concept de soirée qui est à la base américaine, avec une identité particulière et unique : le gobelet rouge, qui est le principal symbole.Jon : Exactement, il faut aussi préciser que c’est un concept qui touche une grosse partie de la jeunesse d’aujourd’hui. Lorsque nous avons commencé, on avait un public assez jeune, peut-être même trop jeune. Aujourd’hui, on peut assurer que la tranche d’âge va facilement de 19 à 30 ans. Il est bon de savoir aussi qu’avec cet événement, on a vraiment essayé de combler un manque que nous avions nous-mêmes fort ressenti.

The 80’s : C’est-à-dire ?Jon : Simplement qu’il y a en général un manque de soirées qui s’identifient vraiment à la jeunesse Bruxelloise ou autre. Il y a une série de soirées à thème, okay, mais pas une qui nous parlait réelle-

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une pression énorme. Pour les petites histoires, sur Facebook lors de la promotion de ce premier volet, le nombre de personnes confirmées était proche des 1.000! Pour une première c’était assez énorme…Et à 1h du matin, c’était totalement vide, on flippait, on évitait le boss dans la boite!!Julien : Puis tout à coup, à 1h30 du matin, il y a eu une masse qui a débarqué, c’était énorme !! A 2h du matin, on était quasi full et dehors, la file allait jusqu’au Quick pour ceux qui visualisent un peu les lieux ! C’était la guerre !!! Jon : Exactement ! Et c’est là que ça a commencé réellement ! Mais au fond, le travail le plus dur, c’était de ramener des gens qui ne voulaient plus fréquenter l’endroit !Pour ceux qui ne le savent pas, le Louise Gallery n’avait pas une très bonne réputation. Nous devions donc nous soucier du travail de créer un événement unique et surtout de rallier ces clubbeurs déchus !Challenge plutôt réussi, car nous avons pu amener les gens, qui eux ne voulaient plus entendre parler de cette boîte.

The 80’s : Un conseil pour les jeunes qui veulent se lancer dans l’événementiel ?Jon : Ne mettez pas les pieds là où vous ne les avez pas, faites les choses par passion et enfin n’hésitez pas à être unique dans vos choix de concepts, projets etc.

The 80’s : Citez la plus grosse faiblesse de la Red Cup ? Julien : Dans les faiblesses, disons que notre grosse faiblesse est même une force à nos yeux, dans l’idée où souvent dans nos events, beaucoup restent dehors. Et très souvent pour le simple fait que le club est full.Donc je pense que la faiblesse, c’est que nous sommes en Belgique et qu’ici niveau infrastructure d’établissement, on a encore énormé-ment de retenue. Et vu que nous nous ne faisons que penser grand, nous aimerions faire tout aussi grand. Et souvent, nous sommes bloqués !Jon : Je confirme et voudrais ajouter, que cette faiblesse est réelle-ment propre à nous-mêmes.Le souci, c’est que souvent, notre ambition dépasse beaucoup les codes et les règles du clubbing.Nous songeons beaucoup à aller plus loin ! L’objectif étant un jour de réussir à faire un événement au double du Noxx (4.000 per-sonnes) par exemple. On sera peut être satisfait que lorsque nous réussirons à créer des soirées d’influence festivalière.

The 80’s : Selon vous, quelles idées vous symbolisent ? Jon : Encore une fois, le fait que nous avons toujours voulu aller de l’avant, plus haut et voir plus grand. Je dirais : «Think Big». Je ne sais pas si cela va paraître prétentieux, mais on a aussi tou-jours été considérés comme un événement unique, qui se différen-cie des autres. Et cela, nous plaît totalement, je dirais donc : «Be Unique».Julien : On a aussi toujours voulu que les gens soient à l’aise, sans complexe. Qu’ils soient eux-mêmes, tout en gardant le plus possible leurs différences. Je dirai, alors : «Express Yourself» et «Be Different »

une dynamique autour de la musique, un de nos objectifs étant : l’espoir que chacun ressente la recherche musicale dans cha-cune de nos soirées. On se prend vraiment la tête pour avoir de la bonne musique.Julien : Comme on a dit, le concept vient des USA à la base. Il faut savoir que ces Américains, en général, sont très avant-gard-istes quand il s’agit de musique. Et ainsi, pour rester dans ce parallèle, comme eux, nous essay-ons de diversifier nos genres et styles tout en restant le plus pur et passionné sur nos choix musicaux. Chez nous, vous ne trouverez pas que du hip-hop ou de l’électro de playlist radio, ça c’est sûr.Et on veut vraiment garder cet aspect là, on ne veut pas dériver sur autre chose ! Pas parce qu’on n’aime pas, mais par choix. On tient à cette ligne directrice.

The 80’s : Comment en êtes-vous arrivés là ? Jon : Il faut savoir qu’il y a certaines personnes qui nous ont aidés sans attendre en retour ! Tout d’abord il y a eu le patron du Louise Gallery, Fabien Van Ingelgom, qui dès le début nous a fait confiance. Ensuite il y a aussi Pierre Kuppens, le patron du Nunu à Tongres, qui nous a présenté au patron du Noxx (Anvers). De lui-même, il a montré des vidéos de nos soirées et voilà une semaine après, on est contacté par cette même boite… J’aimerais vraiment remercier ces deux personnes là en particu-lier, on leur doit beaucoup !C’est ce genre de gestes qu’on n’oublie pas ! Dans notre milieu, les personnes qui font ce genre de gestes sans rien attendre en retour sont très rares.Julien : Donc on a commencé à Bruxelles au Louise, ensuite à Tongres au Nunu, suivit du Noxx où nous avons déjà fait 2 évé-nements. Et là, on signe pour 2013, notre 1er gros deal au Noxx à Anvers où nous aurons plusieurs dates.

The 80’s : Comment s’est déroulée votre première soirée ?Jon : (rire) Ce fut un gros challenge ! Il faut savoir que nous nous sommes présentés devant Fabien Van Ingelgom (patron du Louise Gallery) comme des jeunes ambitieux mais sûrs de notre clientèle.En sachant, qu’on n’avait aucune idée du nombre de personnes que nous étions capables d’amener!On se devait de montrer qu’on avait ce qu’il fallait, on avait donc

C’est vraiment un état d’esprit qu’on se force à garder ! Le coté « Venez, comme vous êtes » est très important à nos yeux. Nous on veut avant tout que les gens s’amusent dans nos soirées, du coup on les veut les plus libres et à l’aise possibles. Je pense qu’un mec avec un nœud papillon s’éclatera moins vite qu’un gars qui est à l’aise et qui n’a pas peur de froisser sa chemise.Jon : Voilà, on cherche absolument cet état d’esprit en particu-lier. Quand on voit des gens devant le DJ, sauter, crier, s’amuser comme s’ils étaient à un concert, on apprécie d’avantage. Et c’est exactement l’image que l’on vise. On peut vraiment ré-sumer « l’état d’esprit » Red Cup sur ce critère.

The 80’s : Quelle est la direction musicale de vos soirées ? Jon : C’est une bonne question, car il faut savoir que Julien et moi-même sommes issus d’une certaine manière du milieu de la musique. Je faisais de la guitare et j’avais un groupe de rock.Julien lui dansait. Tous ces facteurs font que nous portons un œil très attentif sur le choix de la musique que nous passons. Et cette année, on a enfin notre DJ résident (Dj Duub). Il est for-midable et talentueux, on l’a cherché longtemps. Nous sommes réellement contents de l’avoir.Cela nous permet aussi au préalable de lui faire part de nos désirs sur les choix des sons qu’il compte diffuser. On a toute

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