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CAHIER SPÉCIAL FESTIVALS À GOGO La programmation des stars DJOKOVIC À CŒUR OUVERT VOLVO OCEAN RACE À BORD DE GROUPAMA 4 Petits secrets du bout du monde PLUS : Jean-Baptiste Alaize / Hugh Coltman / Christian Bale / Marc Márquez / M83 / Travis Barker / Red Bull Stratos Ce supplément est offert tous les mois avec L’Équipe Téléchargez GRATUITEMENT l’appli pour tablettes MAGAZINE SPONSORISÉ JUILLET 2012 UN MAGAZINE HORS DU COMMUN Reportage photos et interview avec le dernier showman du tennis !

The Red Bulletin_1207_FR

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Juillet 2012

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Cahier spéCial

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JuilletLE MONDE DE RED BULL

JuilletLE MONDE DE RED BULL

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Felix Baumgartner

72STRATOS ? C’EST

POUR BIENTÔTSixième volet de notre

série sur Red Bull Stratos. Felix Baumgartner

touche au but.

JuilletLE MONDE DE RED BULL

JuilletJuilletJuillet

FESTIFS ALL !Cela nous aurait semblé d’une telle incongruité de ne pas célébrer les festivals estivaux ! Car, en plus, Red Bull est partout. Sur scène, sans forcément se mettre en... scène (oui, elle est facile celle-là mais tellement tentante). Le Festival de Montreux s’achève ce week-end. Foncez avec notre présentation en main ! Découvrez aussi les coups de cœur de Thom Yorke, le leader de Radiohead, Jarvis Cocker ou encore Beyoncé avant de fondre pour M83 qui a trouvé sa place dans le monde comme dans The Red Bulletin. Cerise sur le gratin, quatre pages très Nightlife, Hot Chic dans les oreilles et un Black Daiquiri sur le bar d’un club de Hong Kong. J’oubliais, il y a aussi Djoko, toujours prêt à se mettre en... Seine.

Bonne lecture !

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L’INCROYABLE HUGH Il est anglais mais habite Paris. Il est musicien mais aime se dévoiler dans d’autres univers. Voici Hugh Coltman !

JANELLE MONÁE Révélation de l’année,

la chanteuse sera à Montreux

ce week-end et en Norvège la

semaine prochai ne.

94BLACC ON TOP Aloe Blacc a tous les talents. Même les plus classiques, comme en mai dernier à Melbourne.

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Baumgartner

72STRATOS ? C’EST

en... scène (oui, elle est facile celle-là mais tellement tentante). Le Festival de Montreux s’achève ce week-end. Foncez avec notre présentation en main ! Découvrez aussi les coups de cœur de Thom Yorke, le leader de Radiohead, Jarvis Cocker ou encore Beyoncé avant de fondre pour M83 qui a trouvé sa

The Red . Cerise sur le gratin, quatre pages

, Hot Chic dans les oreilles et un Black Daiquiri sur le bar d’un club de Hong Kong. J’oubliais, il y a aussi Djoko, toujours

Cette sensation est équivalente à celle d’un saut normal.

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JuilletLE MONDE DE RED BULLLE MONDE DE RED BULL

JuilletJuillet

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08 Photos du mois 14 Énergisant... à petites doses 16 Alaize comme Jean-Baptiste 19 12Mail propulse Di Marco sous les feux de la rampe

JuilletLE MONDE DE RED BULL

Juillet

BIENVENUE À BORD Rideau sur la Volvo Ocean Race. À l’heure où nous bouclons ces pages, Groupama 4 est leader de la flotte.The Red Bulletin a grimpé sur le pont.

BALE AU BOND Comédien méconnu, Christian Bale est sur le devant de la scène en ce mois de juillet

avec la sortie en salle du nouvel opus de Batman, The Dark

Knight Rises.

36 REVENU DE

L’ENFER Cet homme est un

rescapé. Travis Barker nous a accordé un

entretien à l’occasion d’une série de concerts

en Europe avec Blink-182.

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52Le guide officiel de la VOR : « Le simple

prestige de la victoire... »

MARC MÁRQUEZ DÉVOILE TOUT Le pilote espagnol profite de ce numéro estival pour décrire son entraînement quotidien. C’est une des stars du Moto2.

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À VOS MARQUES...Voyez dans notre rubrique à succès « Hier et aujourd’hui » l’évolution des pistolets dans les courses d’athlétisme.

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JuilletLE MONDE DE RED BULL

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Plus

De corps et d’esprit94 AGENDAEnvolez-vous pour un tour du monde des meilleurs plans Red Bull96 FOCUSLes événements sportifs à ne pas manquer en juillet97 KAINRATHUn joli coup de

crayon sportif qui s’active aussi sur l’iPad98 PLEINE LUCARNEL’œil de Christophe Ono-dit-Biot reste toujours grand ouvert98 OURS ET MENTIONS LÉGALES

90 NIGHTLIFEDécouvrez Hot Chip dans les bacs, le Magnum Club de Hong Kong, les saveurs du Black Daiquiri, les Islandais de Sigur Rós et les encas de Tokyo.

Novak Djokovic

Juillet

64DJOKO INTIMEVaincu à Paris, Novak Djokovic sort vainqueur de l’entretien qu’il nous a accordé et regarde vers l’avenir.

La place de numéro un ? J’ai concrétisé un rêve.

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»

SUPERSTITION QUAND JE TE TIENS Entre la fi n du monde annoncée le 21 décembre prochain et l’année 2013 et ses trois vendredis 13, il y a de quoi frémir. Voici un tour d’horizon de ce qu’il faut craindre. Ou pas.

COUREZ À MONTREUX ! Les meilleurs musiciens de la planète se sont pro-duits dans ce havre de paix suisse situé sur les bords du Lac Léman. L’édition 2012 du Festival s’achève ce week-end. Foncez avec ce numéro en poche !

GHETTO BIENNALEDirection Haïti ce mois-ci dans The Red Bulletin. Nous vous embarquons au cœur de Port-au-Prince et d’une passion artistique étonnante.

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C E RV I N , S U I S S E

SUR UN FILLe Cervin laisse Zermatt 2 870 mètres plus bas. L’ascension de cette montagne représente un réel challenge alpin. Stephan Siegrist n’en a que faire et continue sa marche en avant. Arrivé au sommet, le Suisse installe une highline entre deux blocs de pierre et aligne les pas en équilibre au-dessus du vide. Une première mondiale.Siegrist en action sur www.stephan-siegrist.chPhoto : Thomas Senf

DU MOIS

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JAW S , H AWAII

ESSORAGESituée dans le nord de Maui, la baie de Jaws est généralement réservée aux funboarders chevronnés. Les vagues atteignent parfois vingt mètres de haut, soit l’équivalent d’un immeuble de sept étages. « Lorsque j’étais gamin, mon choix était simple. Soit je jouais avec le sable, soit j’apprenais à faire de la planche à voile », se souvient Kai Lenny (19 ans). On se dit que le garçon a bien fait de se lancer dans les sports de glisse.Lenny dans la machine à laver de Jaws surwww.hawaiianwaterman.comPhoto : David Holmqvist

DU MOIS

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SU RREY, C ANADA

VTT FEVERTrois continents, six pays et 726 jours de tournage ont été nécessaires afin de mettre en boîte Strength in Numbers, véritable épopée vététiste à travers la quasi-totalité de la planète. Un projet ambitieux qui n’a d’autre objectif que d’assouvir la passion de toute une communauté. Du simple débutant au professionnel – le Nîmois Anthony Messere sur ce cliché – l’expérience est à vivre in extenso sur DVD, BluRay et iTunes.Téléchargez le film sur itunes.apple.com/us/movie/strength-in-numbers-anthill/id527286622et surfez sur www.redbull.com/bikePhoto : Sterling Lorence

DU MOIS

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Alexandrie Scène historique ! B-Boy Lil G dans le théâtre romain de la ville portuaire égyptienne. Mohab Magdy

OVNI en vueDans certains festivals, les sculptures de Designs In Air provoquent un décor origi-nal au dessus de vos têtes.

Depuis 1994, Luke Egan et Pete Hamilton créent avec Designs In Air des sculptures gonflables éclairées à l’instar de ces tentacules géantes et méduses suspen-dues aux dômes de chapiteaux. Conçues à l’aide de la 3D, elles sont ensuite confectionnées à Manchester en nylon anti-abrasif. De là, ces ballons multicolores s’envolent l’été vers des festivals comme Fuji Rock ou Burning Man. www.designsinair.com

Star systèmeLes caprices de stars laissent parfois les organisateurs de concerts bouche bée. Oursons gélifiés, bouquets de roses ou encore lunette de toilettes, voici les exigences d’un joli quatuor.

Réponses : 1b, 2c, 3d, 4a

LL Cool J

Marilyn Manson

Madonna

Trent Reznor

Le Stereosonic Festival envahi par les airs

UN INSTANT SVP !

LES IMAGES DU MOIS

Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnante repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à :[email protected]

égyptienne.

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BullevardÉnergisant... à petites doses

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Aloe Blacc sur la scène de Red Bull Beat Suite

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Guadalajara Au Red Bull Many Mania, faire du skate sur deux roues est un numéro d’équilibriste. Miguel López

Kiev Duel inégal entre la RB 7 et un cheval de course sur un terrain de jeu de la banlieue de la capitale ukrainienne. Sergey Illin

Jelgava Le Red Bull Tourbus traverse la Lettonie avec à son bord le groupe Makonstumeji. Kristaps Kains

EssentielsKit de survie

(f)estival

America’s Cup, le défi jeunesTout marin qui se respecte ambitionne de naviguer voire de barrer à l’America’s Cup. Grâce à Red Bull, les jeunes talents peuvent désormais saisir leur chance. La Red Bull Youth America’s Cup offre aux 19-23 ans l’occasion d’intégrer l’excel-lence de la navigation. « La tradition est chamboulée, dit Jimmy Spithill, vain-queur de l’édition 2010. C’est très bien ainsi. Les jeunes ont enfin une réelle chance de promotion. » La première régate aura lieu l’an prochain en baie de San Francisco, au beau milieu de la 34e édition. Les candidatures sont ouvertes à tous afin de rejoindre l’une des dix équipes participantes. Les jeunes naviga-teurs sélectionnés n’ont pas à se soucier de leur outil de navigation, excessivement onéreux. Les catamarans AC 45 sont gracieusement mis à leur disposition.Ne ratez pas l’ouverture des inscriptions surwww.americascup.com

La Red Bull Youth America’s Cup met les voiles.

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Il y en a pour tous les goûts. Le rose

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Rapprocher deux mondes musicaux, tel est l’objectif de Red Bull Beat Suite à Melbourne. À la mi-mai, l’Australian Youth Orchestra partage la scène avec quelques amateurs de rythmes et Aloe Blacc. Des millions de fans suivent le concert via le Live-Stream sur YouTube. Le chef d’orchestre Tamil Rogen en profite pour envelopper les morceaux d’Aloe Blacc d’une sonorité classique.

: Avez-vous déjà fait partie d’un orchestre ? : Oui, j’ai été trompettiste à l’école. J’apprenais à lire les notes. Aujourd’hui, je m’en félicite.Vous préférez chanter en groupe ou avec un

orchestre ?La dynamique est différente. Avec un groupe on doit chanter plus fort.C’est plutôt inhabituel pour vous une salle de concert avec des chaises ?C’est vrai, mais avec la version Bossa-Nova de I Need a Dollar on parvient à mettre le public debout.Quelle est la meilleure contribution d’instruments à cordes sur un morceau Pop ?J’adore les premiers enregis-trements des Jackson 5 où interviennent au moins vingt instruments différents dans le même morceau. Exactement comme les éléments sympho-niques dans la musique de Barry White.

http://beatsuite.redbull.com.au

BLACC MICMACAccompagné d’un orchestre symphonique, Aloe Blacc mélange les genres.

redbull.com/culture

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Lorsque la guerre civile éclate au Burundi en 1993, Jean-Baptiste Alaize a deux ans. Un an plus tard, il est victime du conflit. Sa jambe gauche est sectionnée d’un coup de machette. Sa mère est assassinée sous ses yeux. « Des barbares m’ont coupé la jambe. Dehors, ils ont décapité ma

Pagès, le retourAlors que la saison de Red Bull X-Fighters attaque les matches retour, Tom Pagès (27 ans) signe une superbe deuxième place dans le décor majestueux de Glen Helen, à l’est de Los Angeles. Le Français offre à ses fans yankees une figure dont il a le secret comme ce 360 en plein vol… à côté de sa Yamaha, mais s’incline en finale face à l’Américain Todd Potter. Pagès s’est ensuite rendu aux Summer X-Games de L.A. fin juin. La prochaine étape de la saison 2012 de Red Bull X-Fighters a pour cadre la somptueuse arène de Las Ventas à Madrid. Ce sera le 20 juillet.À visionner sur ww.redbull.fr

Garnier les a fumésSéan Garnier est le genre de sur-doué qu’il vaut mieux ne pas croiser balle au pied. Champion du monde de foot freestyle à Rio en 2008, le Parisien décroche en mai son troisième titre de Champion de France, à Royan. Dans l’épreuve du 7 to smoke – sept candidats à éliminer en battle – Garnier n’a pas de rival. Âgé de 27 ans, cet ancien pensionnaire du centre de formation de l’AJ Auxerroise représentera la France lors du Red Bull Street Style World Final en septembre prochain. Garnier aurait pu passer professionnel s’il n’avait pas connu des bles-sures à répétition en raison de problèmes de croissance et d’un décalage de hanche.À revoir sur ww.redbull.fr

maman et m’ont ensuite porté des coups de machette. Quatre en tout. » Les cicatrices témoignent du passé. Son corps est marqué. À vie. « Je me souviens de la douleur, de leur voix, de ma peur. De tout. J’ai fait le mort pour ne pas qu’ils re-viennent. Je me suis réveillé à l’hôpital. Sans ma jambe. » Décédé d’un cancer pendant la guerre, son père lui fait alors croire qu’il l’envoie en France pour être appa-reillé et qu’il reviendra juste après. Il a en fait organisé une adop-tion. Âgé de 6 ans, le gamin arrive dans l’hexagone en 1998 avant de se fondre dans le quotidien d’une famille de Mon-télimar. Aujourd’hui, Alaize s’entraîne six heures par jour dans le groupe de Guy Ontanon. Il peut décrocher plusieurs podiums cet été. « Je sais que je vais y arri-ver parce que j’en ai envie. Je n’ai peur de

rien. De toute façon, vu ce qui m’est arrivé, j’ai déjà vécu le pire ! » En février 2013, Alaize se rendra au Burundi afin de revoir ses proches. Il communique déjà par courrier avec ses sœurs (ils sont neuf enfants). Ensemble, ils partiront à l’aventure, rechercher oncles et tantes.

Tom Pagès, la bonne surprise 2012

Garnier est passé maître dans l’art du

jongle freestyle.

PLUTÔT ALAIZE Jean-Baptiste Alaize espère briller dans cinq disciplines outre-Manche (longueur, 100 m, 200 m, 400 m et 4 × 100 m).

Panama Les gars de la trempe d’Aaron Colton ont l’art et la manière d’embrasser leur belle.Faisal Tisnes

Spielberg David Coulthard distille ses conseils au skieur Thomas Morgenstern avant un tour d’essai en F1. Samo Vidic

Sofia Décollage. Pour les pilotes de Red Bull Lagernica, il vaut mieux bien s’accrocher. Predrag Vuckovic

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Jean-Baptiste Alaize annonce

11˝80 comme meilleur chrono sur 100 mètres.

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Sortie de The Dark Knight Rises le 25 juillet. Plus sur www.thedarkknightrises.com

L’échappée beLLe Après L’Empire du Soleil, Bale est conscient

de sa notoriété grandissante. Pourtant, il

dribble la facilité en tournant dans des films

indépendants et en évitant de contacter

Spielberg. « Il fallait que j’aille ailleurs faire

mes preuves. » En 2000, après une douzaine

d’années et une flopée de seconds rôles,

le cultissime American Psycho lui offre

son brillant premier rôle.

Âge de raison

Premier rôle au cinéma à l’âge de 13 ans

dans L’Empire du Soleil réalisé par Steven

Spielberg. Le film raconte la vie d’un

enfant dans un camp d’internement

japonais pendant la Seconde Guerre

mondiale. Du lourd pour une entrée en

matière. La carrière de Bale est lancée.

Plus tard, il dira de sa notoriété précoce :

« Je ne le souhaite à personne. »

Le décLic The nerdBale fréquente la même école de théâtre pour enfants que Kate Winslet. Il obtient son premier cachet en tournant un spot de pub pour un assouplissant. À 10 ans, il fait sa première appari-tion sur scène avec The Nerd où il interprète le fils du personnage principal incarné par Rowan « Mr Bean » Atkinson. Son premier rôle devant une caméra est décroché deux ans plus tard dans le téléfilm Anastasia : Le Mystère d’Anna.

Exploration

bale au centreLe dernier opus de Batman est sur le point de prendre d’assaut les salles obscures. La légende continue.

Pleins feux sur le parcours chaotique de Christian Bale, comédien aux premiers rôles jalousés.

régime à TouT prixPour incarner un homme ravagé par l’insomnie dans The Machinist, il perd 28 kg et n’en pèse plus que 54. Puis il enchaîne avec six mois de musculation pour interpréter Batman et gonfle son poids à 86 kg. Ses variations de poids, réitérées pour d’autres films, ont poussé un critique à en faire

la marque de fabrique de Bale. L’acteur souhaite « vider sa

vessie » sur les chaus-sures du journaliste.

enTre skaTe eT TrapèzeLe 30 janvier 1974, Christian Charles

Philip Bale naît à Haverfordwest dans

le sud du Pays de Galles. Entre autres

choses, son père est pilote et

importateur de skateboards,

sa mère danseuse et artiste

de cirque. Peu d’enfants ont une

maman gagnant sa vie à dos

d’éléphant. Tout jeune, Bale

donnera son premier baiser

à une trapéziste polonaise

membre de la compagnie.

gLoire eT misèreJuillet 2008 est pour Bale

le mois des émotions extrêmes.

Il prend violemment à partie un

technicien durant le tournage

de Terminator Renaissance

(révélé sur le net en 2009)

avant d’être interrogé par

la police à la suite d’une dispute

familiale. Puis il voit The Dark

Knight, deuxième volet

de Batman, s’envoler vers le

milliard de dollars de recettes.

rôLes en sérieBale sait incarner une large palette de rôles.

En 2007, il est dans I’m Not There, un des sept

personnages inspirés de Bob Dylan. L’année

dernière, on le voit dans The Flower Of War,

un film épique chinois, avant l’Oscar pour son

interprétation de coach de boxe junky dans

The Fighter. Cette année il tourne deux films,

dont un signé Terence Malick.

« LÂche L’affaire ! »La réputation du sale caractère de Bale date d’American Psycho. Il demande aux autres

acteurs en lice de se désister mais des retards dûs à la production repoussent à plusieurs

reprises le tournage. Or, les appels téléphoniques sont bel et bien signés Bale. « Absolument, a-t-il

confié au magazine GQ. J’ai appelé quelques personnes pour leur dire de lâcher l’affaire. »

Ewan McGregor peut en témoigner.

baT’s aLL, foLksAprès The Avengers, Spiderman et The Dark Knight Rises, l’année est

très « lycrative ». La bande-annonce de la nouvelle trilogie de Batman

lève le voile sur une Catwoman amoureuse. C’est le dernier Bat-rôle

pour Bale. « C’est comme faire ses adieux à un vieil ami », dit-il.

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pas susceptible de faire la fête avec le groupe, les choses risquent d’être compli-quées. Vous devez être capable de vous retrouver nu et vous frotter à un arbre sur le champ. » Cela dit, Hickey ne laisse jamais la folie prendre le pas sur l’aspect professionnel. Un jour, il est arrêté par la police pour « un incident mineur ». à peine libéré, il se retrouve dans la tournée de Type-O Negative.

La période des festivals est incontour-nable. Hickey se souvient avoir quitté Sharon Osbourne au Ozzfest. « Elle était furieuse. Mais c’était pour le bien de Crew Sluts, un film dans lequel je jouais. Je n’avais pas sa permission. » Il s’agit là d’une des nombreuses anecdotes bientôt regroupées dans un livre.

Hickey s’est rendu début juin au Download Festival. Dans le public. Comme tout le monde. Cela lui a permis de décou-vrir de nombreux talents notamment sur la Red Bull Bed Room Jam Stage. Mais le professionnel qui est en lui ne sommeille jamais très longtemps. « J’étais sur place alors autant donner un coup main », se marre-t-il. Ce fût chose faite avec Mega-deth et Metallica. Pas de répit pour Hickey.

« Vous devez être capable de vous retrouver nu et vous frotter à un arbre sur le champ. »

sur la route

Hickey ? Ok !Rocker invétéré, Jef Hickey est un couteau suisse à lui tout seul. Les plus grandes stars du Rock se l’arrachent. Explications très... crues.

Un bon roadie est un homme à tout faire. Talentueux, il accorde les guitares, branche et débranche les câbles et a toujours des piles et des chaussettes de rechange. Avec de tels atouts dans sa besace, Jef Hickey occupe une place privilégiée dans la profession. à vrai dire, il s’agit même du roadie le plus populaire dans le monde du Rock. Hickey reste conscient que son métier ne se limite pas à charger le matos et à maîtriser le déferlement de groupies backstage. Dès ses débuts, il prend l’une de ses plus judicieuses décisions. Aussitôt le planning des groupes connu, il contacte les entre-prises et offre des invitations, assurant ainsi un sérieux bouche à oreille local.

Assis à la terrasse d’un café de L.A., Hickey affiche fièrement quelques tatouages osés comme les prénoms barrés d’anciennes petites amies ou les lettres I refuse sur les doigts. Son estomac n’est pas en reste. On peut y lire : Drogues dures et guitares bruyantes, j’aime les putains. Hickey vient d’achever une tournée US avec les Suédois de Crashdiet. On com-prend mieux. Les Scandinaves ont appré-cié ce road-trip : « Ils ont aimé les cactus. »

Adepte d’autodérision, Hickey s’inter-rompt soudain et s’exclame sur le passage d’une jeune fille en fleur : « Tu as de beaux seins ! » Le compliment semble si naturel qu’il passe comme une lettre à la poste. En 1985, Hickey a 17 ans. Il saute dans le bus de Megadeth à Providence (Rhode Island) et n’en redescend pas. Sa « carrière » est lancée. De Slayer et Motorhead en passant par Madonna, Billy Joel, Mariah Carey ou Luther Vandross, tous réclament Hickey et lui demandent de faire suivre par FedEx leur propre lunette de toilettes sur les lieux de la tournée.

« Plusieurs choses font que vous êtes un bon roadie, s’emporte Hickey. Un bon sens de l’humour est primordial. Si vous n’êtes

Suivez Hickey sur www.facebook.com/jef.hickey

Hickey et ses nombreux amis de Megadeth, Danzig, Slayer et Type-O Negative (de gauche à droite)

Date et lieu de naissance 14 mai 1968 à Milford (Massachusetts)

Sur les railsHickey débute avec Megadeth en 1985. Il travaille ensuite avec Motorhead, Buck Cherry, Madonna, Billy Joel, etc.

Sur le vifIl rencontre Gene Simmons, le bassiste de KISS. Un rêve qui vire au cauchemar lorsque Simmons couche avec sa femme.

Sûr de lui« Les stars du Rock et les stripteaseuses ne partagent pas que les mêmes horaires... »

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Kilian Fischhuber n’a pas

fait dans la dentelle à Inns-

bruck avant d’enchaîner à

Vail et de prendre la tête du

classement de la Coupe du

monde. C’est de l’escalade.

Le Prince Albert félicite chaleureusement Mark Webber, le pilote Australien de l’écurie Red Bull Racing, pour sa seconde victoire au GP de Monaco.

Le Prince Albert félicite chaleureusement Le Prince Albert félicite chaleureusement

DI MARCO A L’ŒILJeune dessinateur de 85 printemps passé maître dans l’art d’illustrer les faits divers, Angelo Di Marco s’expose jusqu’au 7 septembre à Paris.

« Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur Abel, et le tua. » Genèse, 4:7-9. C’est ainsi que la Bible nous raconte le premier meurtre de l’humanité. Quelques siècles plus tard, Victor Hugo reviendra sur « l’affaire Caïn » avec un poème épique, La Conscience, qui s’achève sur ce vers définitif : « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. » Cet œil qui poursuit Caïn jusqu’au sépulcre, c’est celui de sa conscience, c’est celui de Dieu. C’est aussi celui d’Angelo Di Marco, illustrateur de faits-divers devant l’éternel.

Gamin, Di Marco a une passion : la bande-dessinée. Il la découvre dans Le Journal de Mickey. À 18 ans, il décide de prouver à son père qu’on peut vivre de cet art. Sa première œuvre, humoristique, paraît en 1946 dans Dimanche Paysage (l’ancêtre de France Dimanche) : « Un passant lisait un bouquin sans s’apercevoir qu’il mettait le pied au-dessus d’une bouche d’égout ouverte. »

Le style Di Marco s’impose à Détective à la fin des années 60. En abolissant toute distance entre la scène du crime et le spectateur, il réussit à nous transformer en témoin oculaire. L’œil est dans la tombe.

Mais le fait-divers est encore un genre impur. Di Marco est souvent considéré comme un illustrateur faisant l’apologie du voyeurisme et de la violence : « Dans mes dessins, je suis du côté de la compassion. Ils protègent la victime puisque j’arrête le geste du meurtrier juste avant qu’il ne se produise. » Les quelques BD pornographiques qu’il réalise alors sous le pseudonyme d’Arcor n’arrangent pas sa réputation.

Après Détective, Di Marco n’a de cesse de travailler avec l’ensemble de la presse française. C’est cette dernière période, plus proche mais pourtant moins connue, qu’a choisi de mettre en lumière la galerie 12Mail. En s’affranchissant du fait-divers, Di Marco ose tout. Ses illus-trations prennent alors une dimension étrange et surnaturelle qui na-vigue de la brutalité du quotidien à un fantastique social burlesque et angoissant. Quelque part entre l’enfer sur terre et le royaume du beau bizarre, l’œil de Di Marco n’a pas fini de planer au-dessus de nos têtes.Plus d’infos sur 12Mail Red Bull Space en cliquant sur www.12mail.fr

12Mail met en valeur Di Marco cet été.

VITE FAIT, BIEN FAIT Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Deuxième victoire de la saison pour l’Australienne Sally Fitzgibbons au

Billabong Rio Pro. Le titre de Cham-pionne du monde est à portée de main.

Deuxième victoireDeuxième victoire

L’octuple Champion du monde Sébastien Loeb s’adjuge le ral-lye de Grèce, sans doute le plus compliqué de la saison. Il s’agit de la 71e victoire de sa carrière.

L’octuple Champion du monde Sébastien LoebL’octuple Champion du monde

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À vos marques ! Prêts ? Partez ! Si les ordres du starter n’ont pas changé, le pistolet a évolué au fil des décennies et des épreuves d’athlétisme.

HIER ET AUJOURD’HUI

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1929 REVOLVER CALIBRE 7,5 MM, ARSENAL, BERNE

Ce modèle date de 1929. Mais sa première utilisation dans une course chronométrée n’a lieu que trois ans plus tard, soit en 1932 à l’occasion des Jeux d’été de Los Angeles. Avant qu’Omega n’adopte ce système, les chronométreurs privilégient le coup de feu. Ils déclenchent le chrono dès la détonation. Des revolvers équipés d’un micro sont toujours en service. Dans ce cas précis, l’onde de la détonation active le chronomètre électronique par le biais d’un câble.

AUCUN DANGERLe barillet n’est pas chargé avec de vraies munitions mais uniquement avec des cartouches à blanc. Seul le son produit sort du pistolet.

ARMEZ, FEU !La gâchette libère

une décharge électromécanique...

MISE EN ROUTE... via un câble fixé au bout de la crosse. L’onde de la détonation déclenche les chronomètres mécaniques.

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Un design élégant remplace la froideur du métal

2012 OMEGA PISTOLET DE STARTER E-GUN

Pour le starter, rien ne change. Il appuie sur la détente et à l’autre bout du câble, le chrono se met en route. La technologie de précision utilisée dans ce nouveau pistolet permet de déclencher les chronos un rien plus rapidement que l’ancien modèle. Mais son atout principal reste l’aspect inoffensif. En raison des nombreux passages aux contrôles de sécurité dans les aéroports, les juges de l’IAAF s’évitent ainsi de longues explications. www.omegawatches.com

FLASHÉLes spectateurs ne doivent pas être privés de l’expérience optique et acoustique. Un flash remplace ici la petite flamme du pistolet classique.

INOFFENSIFL’électronique remplace les cartouches et le plastique se substitue au métal. Ces pistolets de départ ont l’allure d’un allume-gaz.

NUMÉRIQUEÀ la place du coup de feu analogique, la pression de la détente produit une détona-tion électronique avec un large choix de sons possibles.

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red bull paper wings finale 2012

S’envoyer en l’airRéunis à Salzbourg au cœur du prestigieux Hangar-7, les meilleurs mondiaux ont offert un spectacle de haute volée en mai dernier dans la catégorie A4. Désarmement des toboggans, vérification de la porte opposée...

Le lancer requiert un bras puissant et s’inspire

souvent du javelot.

Elie Chemaly a les larmes aux yeux. Ses vêtements sont trempés de champagne. La cérémonie de remise des prix s’étale lentement en incluant tous les attributs de la solennité, dont l’hymne national promis au vainqueur.

Ce nouveau Champion du monde de la catégorie Longest Airtime (vol le plus long dans le temps) vit un moment de gloire. Dans une finale mettant aux prises les huit meilleurs de la catégorie, son avion de papier parvient à effectuer un vol de 10,68 secondes. Une éternité. Aucun concurrent ne fait mieux. Le Libanais de 20 ans s’entraîne depuis trois mois. À présent, c’est avec les mains trem-blantes que Chemaly accorde son premier entretien : « Je pense que mon pays peut être fier de moi. »

Quelques mètres plus loin le Polonais Tomasz Chodryra (26 ans) et l’Américain Ryan Naccarato (22 ans) se tiennent à l’écart. Dans la catégorie Aerobatics

(figures libres sans limitation du nombre d’avions utilisés), la créativité des numé-ros proposés est telle que le jury décerne à deux reprises la note maximale de 50 points. Pendant sa chorégraphie, Naccarato claque son fouet tel un cowboy, faisant ainsi danser une nuée de mini- avions en l’air. « C’est dingue, tout fonc-tionne à merveille. Mais avec son pro-gramme génial Tomasz me donne encore des sueurs froides », raconte l’Américain.

La prestation de Chodryra relève de la magie. Pendant plusieurs secondes, le Polonais guide son avion uniquement à l’aide d’un bout de carton et le laisse tournoyer autour d’un pylône miniature. Dextérité rare. « Ryan et moi voulons donner du suspense aux spectateurs », confie-t-il exténué après sa performance.

Le quatrième Champion du monde est tchèque. Pendant la finale Longest Distance (la plus grande distance parcou-rue), Tomas Beck catapulte son avion sur

une longueur de 50,37 mètres. « L’avion et la technique comptent beaucoup. Un faux mouvement durant le lancer et l’avion s’écrase au plafond ou sort des limites du couloir autorisé », reconnaît Beck.

Participer à la prochaine édition ? « Une évidence. Ces deux jours sont parmi les meilleurs de ma vie ! » lance le Tchèque de 24 ans en s’apprêtant à rejoindre la remise des prix.Plus d’infos sur www.redbullpaperwings.com

Les vainqueurs douchés au champagne TExT

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Red bull donne des aiiiles.

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2012Le rendez-vous avec la fin du monde est

programmé au 21 décembre prochain. De telles prophéties ne se limitent pas au calen-

drier maya. Nostradamus misait sur « le grand roi de terreur venant du ciel » pour 1999 et le moine

augustin Martin Luther, né au XVe siècle, avait pré-vu la fin du monde. De tous temps, les scienti-

fiques travaillent aussi à établir de telles prévi-sions. En 1960, même le magazine Science, la

bible américaine de la communauté scienti-fique, s’y met en tablant sur une fin du

monde le 13 novembre 2026 – nous vous le donnons en mille... un vendredi !

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Pourquoi Google s’appelle-t-il Google ? La réponse se trouve chez le mathématicien amé-

ricain Edward Kasner qui, dans les années 1930, définit un nombre incroyablement grand. Un 1

suivi de cent zéros. Selon la légende, il laisse son neveu âgé de neuf ans trouver un nom pour

ce nombre. Il choisit « Googol ». Et Googol satisfait largement le but initial de Kasner : la

création d’un très grand nombre. Pour preuve, le nombre total de protons présents dans l’uni-

vers s’élève à seulement dix exposant 80.

CHIFFRES DU MOIS

SUPERSTITIEUX MOI ?2013 est une année faste pour les amateurs de malédictions. Pas moins de trois vendredis tombent un 13

du mois. D’ici là, il y a un certain 21 décembre 2012. Tour d’horizon des malédictions arithmétiques.

13Les compagnies aériennes n’ont pas de rangée numéro 13. Dans les hôtels Hilton et Marriott, le 13e étage n’existe pas et dans les rues des quartiers britanniques on cherche en vain ce chiffre. Le monde souffre de « triskaïdékaphobie », soit la peur du nombre 13. Une peur qui s’accentue avec les vendre-dis 13, on leur attribue des pouvoirs surnaturels de malchance. Même si la mission dramatique d’Apollo 13 ne s’est pas échouée un vendredi et que le vendredi noir de 1929 était en réalité un jeudi, rien n’y fait.

4Ce chiffre est le 13 des Asiatiques. Sa prononciation chinoise ressemble à celle du terme « mort ». C’est pourquoi on évite de l’employer même dans un nombre. Dans la même veine, le 14 (« mort certaine ») est introuvable dans les ascenseurs, les restaurants et sur les bus. À l’instar du 24 (« mort rapide »). Dans les années 90, Alfa Romeo est contraint de débaptiser son modèle Alfa 164 (« route vers la mort ») en Alfa 168 (« route vers la richesse ») afin de l’exporter en Chine. Plutôt une bonne nouvelle pour la firme italienne.

1,618Au XIIIe siècle, le mathématicien italien Fibonacci

cherche à calculer le développement des populations de lapins. Il établit une suite dans laquelle chaque

nombre est la somme des deux précédents : 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89… Ce que l’Italien ne soupçonne pas,

c’est que la nature semble suivre ce modèle. La liste des illustrations est longue : les pâquerettes ont 34, 55 ou

89 pétales et les graines de tournesol sont structurées en forme de spirale calquée sur la suite de

Fibonacci. Idem chez le génie civil égyptien et grec. Plus la suite se prolonge, plus le rapport

entre deux chiffres se rapproche de la valeur 1,618. Celle de la vie en quelque sorte.

23Jules César est mort de 23 coups de couteau. La somme des chiffres de la date des atten-tats du World Trade Center est égale à 23. Ce même numéro est aussi le nombre de bâtiments que compte le campus Microsoft de Redmond. Ces exemples sont censés prou-ver la force mystique du 23. Ces superstitions liées aux nombres premiers sont relativement récentes. Ce n’est qu’avec la trilogie Illumina-tus ! de Robert A. Wilson (1971) que de nou-velles sources d’angoisse apparaissent.

Illuminatus

dis 13, on leur attribue des pouvoirs surnaturels de malchance. Même si la mission dramatique

ne s’est pas échouée un vendredi et que le vendredi noir de 1929 était en

Ce chiffre est le 13 des Asiatiques. Sa prononciation chinoise ressemble à celle du terme « mort ». C’est pourquoi on évite de l’employer même dans un nombre. Dans la même veine, le 14 (« mort certaine ») est introuvable dans les ascenseurs, les restaurants et sur les bus. À l’instar du 24 (« mort rapide »). Dans les années 90, Alfa

en Alfa 168 (« route vers la richesse ») afin

Illuminatus

entre deux chiffres se rapproche de la valeur 1,618. Celle de la vie en quelque sorte

2012Le rendez-vous avec la fin du monde est

De telles prophéties ne se limitent pas au calen-drier maya. Nostradamus misait sur « le grand roi de terreur venant du ciel » pour 1999 et le moine

augustin Martin Luther, né au vu la fin du monde. De tous temps, les scienti-

fiques travaillent aussi à établir de telles prévi-sions. En 1960, même le magazine

bible américaine de la communauté scienti-

nombre est la somme des deux précédents : 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89… Ce que l’Italien ne soupçonne pas,

c’est que la nature semble suivre ce modèle. La liste des illustrations est longue : les pâquerettes ont 34, 55 ou

89 pétales et les graines de tournesol sont structurées en forme de spirale calquée sur la suite de

Fibonacci. Idem chez le génie civil égyptien et grec. Plus la suite se prolonge, plus le rapport

en Alfa 168 (« route vers la richesse ») afin

Apollo 13

Nostradamus

La suite de Fibonacci

Alfa 164

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Haïti, un certain art de vieLa Ghetto Biennale expose là où l’art se crée. Les rues de Port-au-Prince servent de décor à la dextérité de ces « sculpteurs-modeleurs » haïtiens qui transforment leur vie de quartier en une foisonnante source d’inspiration. Reportage dans les artères de P-au-P. Texte : Florian Obkircher Photos : Benjamin Lowy

Savoir faire Les œuvres attirent des

experts du monde entier. Directrice du Fowler

Museum de Los Angeles, Maria C. Burns (en blanc) est séduite : « Il est fasci-nant de voir la représen-

tation de ces œuvres. L’idée du recyclage

est poussée à l’extrême. Les déchets sont

transformés en art. »

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Canettes, pneus de voiture, bouts de bois, cartes mères d’ordinateur...

Les sculpteurs de Grande Rue créent à partir d’objets utilisés dans

la vie de tous les jours.

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ans une chaleur étouffante, un vacarme assourdissant et une poussière mêlée aux effluves de diesel, les cyclomoteurs se faufilent entre des bus municipaux aux couleurs bariolées. Harnachés de marchandises de toutes sortes, les vendeurs à la sauvette se ruent sur les véhicules arrêtés sur le bord de la route. Les mécaniciens font de la soudure, d’autres amoncellent des pneus, les femmes maintiennent en équilibre sur leur tête des litres d’eau... Voilà pour le décor de la Grande Rue, principale artère de la grouillante Port-au-Prince.

Un colosse de métal de huit mètres de haut s’élève soudain entre deux maisons à moitié détruites. Un vieux châssis de camion fait office de squelette. Une vieille cuve à mazout repré-sente la tête. Cette œuvre vient de l’atelier d’André Eugène. L’artiste à la cinquantaine est le gourou de la communauté locale Atis- Rezistans, The Sculptors of Grande Rue. Le terme « Rezistans » fait évidemment référence aux malheurs de l’île. Eugène crée des objets à base de pièces de voiture, de bois, de têtes de poupée et de... crânes humains. Un art fait de détritus et largement influencé par la légende vaudoue. Le quartier a un charme morbide. Les sculpteurs de Grande Rue exposent régulièrement à Londres, Miami ou Venise et organisent désormais tous les deux ans leur grande « foire » : la Ghetto Biennale.

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Allison Rowe est une pionnière. Lors de la première édition de 1998, la Canadienne déroule une pelote de laine tout le long de la vingtaine de kilomètres de la bande côtière de P-au-P (Port-au-Prince). Elle souhaite sensibiliser l’opinion sur le futur niveau des eaux. Cette année, Rowe récolte des dons auprès de... la population locale, histoire de montrer que les Haïtiens relèvent la tête et peuvent aussi ouvrir leurs maigres pécules en direction des pays développés. Pour elle, ce genre de démarche ne va pas que dans un sens.

Pendant la Biennale, le quartier des cabanes en tôle ondulée – où il est aussi compliqué

de se repérer que dans un labyrinthe – se transforme en musée à ciel ouvert. Artistes

de tous pays et sculpteurs locaux travaillent main dans la main et exposent ensemble.

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La Biennale favorise une nouvelle estime de soi. André Eugène : « Quand des critiques du monde entier viennent voir nos œuvres, ça encourage les jeunes à suivre le chemin de la progression. »

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La photographe anglaise Leah Gordon (au milieu) est une des instigatrices de la Ghetto Biennale au même titre qu’André Eugène. En 2004, le Frost Art Museum de Miami envoie une invitation aux meilleurs sculpteurs de Grande Rue. Mais les artistes et leurs œuvres se voient refuser le précieux visa pour les États-Unis ! « Si nous ne pouvons pas nous rendre à l’étranger, alors nous faisons en sorte que le monde de l’art vienne à nous », déclarent à l’unisson Gordon et Eugène.

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Leonce Love a 15 ans. Son rêve depuis qu’il est gamin ? Devenir artiste. André Eugène sera son mentor. Plutôt que de faire ses devoirs, Love se retire souvent après l’école dans son atelier. Eugène lui rend visite régulièrement. Le fils prodige enrichit son art grâce à des outils qu’il a lui-même bricolés. Prêtresse vaudoue en quête de révélation, Mambo est une de ses fiertés (ci-dessous).

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Jean Hérard Celeur a 46 ans. Il est un des pères fondateurs du mouvement de Grande Rue. Celeur débute en 1997. À l’époque, seuls les pneus de voitures jonchant les bas-côtés de P-au-P l’intéressent. « Mon art n’oublie jamais un certain aspect social », dit-il. Il utilise des talons hauts, des sandales compensées et des bottes en caoutchouc (ci-dessus) pour certaines de ses œuvres.

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Art et vie quotidienne : Pendant que des prêtresses vaudoues sacrifient un cochon lors d’un rituel (à gauche), le collectif d’artistes « Fungus » comble les trous des murs

avec des cubes multicolores et répare les façades endommagées à l’aide de bandes adhésives

fluorescentes (à droite). Il y a du travail.

« Petit, je souhaitais devenir footballeur, se souvient Eugène. Mais notre terrain de sport s’est peu à peu transformé en une casse pour voitures... Du coup, une nouvelle passion est née. Créer avec des pièces détachées d’automobiles. »

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La première édition de la Ghetto Biennale s’est tenue en 2009, soit trois semaines avant le grand tremblement de terre. La plupart des maisons effondrées n’est toujours pas reconstruite. Certains haïtiens vivent encore sous des tentes de fortune. Les artistes ont voulu démontrer que la vie reprenait le dessus en étant les premiers à investir les anciennes maisons.

www.ghettobiennale.com

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Travis Barker

lutte contre la

mort dans un hôpital

de Caroline

du Sud

Nous sommes en 2008. Son jet privé vient de s’écraser. Depuis, il redéfinit les bases du son Pop-Punk avec son groupe, Blink-182, sans oublier

de « repeindre » son corps. Batteur hors-pair, Barker revient... de loin. Texte : Steve Appleford Photos : Lauren Dukoff

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Tatoué. C’est comme

ça que je suis.

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ravis Barker a un sérieux problème d’addiction aux tatouages. Tout y passe. Corps féminins, voitures, drapeaux à damier… Des tatouages dédiés à ses amis, sa famille, son ex-femme ou ses enfants. La Vierge Marie cernée des mots « One Life, One Chance » s’est installée sur son crâne. Le batteur de Blink-182 sacrifie à ce rituel pendant les rares moments de décompression entre opérations chirurgicales, tournées et autres projets, entouré des meilleurs DJ du moment tels que Steve Aoki and Yelawolf au son Punk-Rock de Transplants, co-fondé avec Tim Armstrong de Rancid.

Il a presque recouvré la forme, quatre ans après le crash en septembre 2008 de son jet personnel à son décollage de l’aéroport de Columbia, en Caroline du Sud. Quatre personnes ont péri dans l’explosion de l’appareil. Barker, grièvement brûlé, a survécu, tout comme son ami Adam Goldstein (DJ AM) lui aussi gravement blessé.

Barker nous donne rendez-vous quelques jours après une opération des amygdales. Il semble apaisé dans la régie d’un studio d’enregistrement de Los Angeles qu’il possède avec Mark Hoppus, le bassiste de Blink. Plongé dans la pénombre, l’endroit est une enfilade de pièces où trônent batteries et percussions diverses. Des affiches de la tournée attendent d’être accrochées au mur. Tous les jours, juste après avoir déposé ses enfants à l’école, le batteur se rend ici. Au bout d’un voyage en... paquebot vers l’Europe, Barker et Blink seront, cet été, les têtes d’affiches d’un paquet de festivals européens. Mais être un batteur adulé et membre d’un groupe Pop-Punk culte ne lui suffit pas. Barker est un stakhanoviste. Il sponsorise des combattants d’ultra-fight, dirige depuis treize ans sa marque de vêtements, Famous Stars and Straps, et vient d’achever le nouvel album de Transplants. Quelques jours par semaine, il s’entraîne aussi à diverses techniques de combat pour se maintenir en forme. « C’est important, dit-il. La vie est dingue. Tu ne sais jamais ce qui t’attend. » Nous non plus. C’est parti.

the red bulletin : Après la tournée américaine, une longue série de festivals vous attend en Europe. Vous aimez vous y produire ?travis barker : J’ai adoré notre dernier passage sur ce continent. C’était dingue de jouer devant 200 000 personnes. Insensé. On n’a pas ce type de festivals aux États-Unis. En Europe, le Rock est vivant et vous botte le cul. C’est au-delà de ce qu’on peut imaginer. Tous les jours, on est avec le public. Ça ne finit jamais. Quand on était tête d’affiche à Leeds au festival de Reading, c’était la folie. On ne se blinde jamais contre ça.Que ressent-on face à de telles foules ?C’est comme si tu te préparais à un combat. Je m’enferme dans ma loge, je me chauffe tout seul pendant une heure. Je joue toujours comme si c’était la dernière fois. Je donne tout. Tous les trois, on est seuls dans notre monde. C’est un feeling génial.On joue différemment devant autant de monde ?Tu ne joues pas un Rock plus dur parce que 200 000 personnes sont face à toi. Tu dois juste te donner à 200 %.Souvent je me demande à quoi ressemblait un concert des Stones dans les sixties devant une foule immense mais sans les écrans géants d’aujourd’hui…J’aimerais que ça redevienne comme ça. Franchement, j’espère toujours qu’il n’y aura pas tous ces trucs. (Rires.) Ça mettrait tout le monde sur un pied d’égalité pour juste tout donner et balancer le Rock.Donc pas amateur de concert virtuel, comme à Coachella en avril dernier avec 2Pac, au milieu de Dr. Dre et

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«  J’avais cent ans de moins que n’importe quel autre passager. »

Snoop Dogg ? (Il rigole.) C’est le grand trip du moment.D’ailleurs, on annonce grâce à ce procédé d’hologrammes le retour en tournée d’artistes décédés. Comme Michael Jackson…Je ne trouve pas ça très sain. Rendre hommage une fois à l’occasion d’un concert de charité, ça passe mais sinon, c’est totalement désincarné.Depuis trois ans, vous êtes de retour avec Blink. Comment les fans ont réagi à vos retrouvailles ?Une grande tournée en Europe va accompagner l’album. Mais je ne prends plus l’avion. C’est dur de dire ce que le groupe peut faire, quel est son potentiel, car je ne peux pas aller partout. Je m’imagine parfois complètement KO au moment de monter dans un avion pour l’Australie. Je veux chasser ces cauchemars. Une fois que j’y serai arrivé,

j’irai en Australie. J’ai besoin d’effacer ce souvenir, mes enfants ont aussi peur de mourir en avion. Je veux les prendre à témoin que je peux réussir.Des artistes, comme Lenny Kravitz, n’aiment pas voyager en avion mais le font pour le boulot…Je sais que Lenny effectuerait ce long voyage en avion, mais une fois sur place, plus question pour lui de se déplacer par les airs. Je ferai la même chose en Australie. Il faut l’accepter. J’aimerais pouvoir dire que je n’aurai plus jamais à voler, mais ce n’est pas possible. C’est un truc que j’essaie de surmonter une bonne fois pour toutes.Du coup, vous allez traverser l’Atlantique en paquebot...La dernière fois, ça a été une bonne expérience. Le trajet aller avait duré six jours. Au retour, on avait mis le double à cause de vagues hautes de onze mètres

Travis Barker a 36 ans.

L’Américain savoure

aujourd’hui chaque

seconde de sa nouvelle vie.

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et de rafales de vent à plus de 250 km/h. C’était affreux. Il avait fallu tenir le coup.Que faisiez-vous durant les traversées ?Je travaillais. J’avais emporté une batterie et en avais joué chaque jour. En arrivant en Europe, j’étais au top. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien.Qui était à bord avec vous ?Que des personnes âgées. J’avais cent ans de moins que n’importe quel autre passager. En cas de problème, j’étais sûr d’être le premier arrivé au canot de sauvetage.Personne ne s’est plaint de vos répétitions ?Ces personnes âgées déambulaient sur les ponts sans but précis. Quand je répétais, il suffisait que je ferme les yeux juste quelques secondes pour découvrir en les rouvrant six personnes assises devant moi à me regarder. C’est le plus grand truc que j’ai jamais connu.Un autocollant sur votre ordinateur portable affiche : « Les boîtes à rythme n’ont pas d’âme .» C’est une devise ?C’est un peu contradictoire parce que j’aime bien mixer de la musique, trouver des sons, mais jamais je ne me passe du vrai son des percussions. Ça apporte un feeling, quelque chose de vivant. Écouter la batterie sur un morceau de Steve Aoki, c’est de la folie.Ça a tout de suite fonctionné quand vous avez commencé à bosser avec un DJ ?Je n’avais jamais entendu parler d’une collaboration entre un batteur et un DJ. J’ai rencontré AM (DJ Adam Goldstein, décédé d’une overdose en 2009, ndlr) après la séparation de Blink et lui ai proposé : « Faisons quelque chose ensemble, un putain de truc qui n’a encore jamais été fait. » On n’avait aucune idée de ce qu’on allait faire. Il a apporté ses platines, j’ai pris ma batterie et on a fait un putain de bœuf. Un DJ et un batteur sont-ils supposés faire ça ? On l’a fait et c’est le truc le plus fun que j’ai jamais réalisé.Pendant longtemps, pourtant, les genres musicaux étaient bien séparés ? J’adore faire péter tout ça. C’est l’avenir.Beaucoup de musiciens différents collaborent avec vous. Ont-ils quelque chose en commun ?J’aime leurs différences. C’est très rafraîchissant. Si tu t’en tiens à un seul style de musique, tu finis par te cramer, tu ne trouves plus d’idées. On vient de terminer l’album de Transplants. C’est comme une claque en pleine gueule. Il est Hardcore comme jamais Transplants ne l’a été. J’adore faire de la musique comme ça. Et la nuit dernière, j’étais en studio

avec le rappeur French Montana, c’est encore un autre monde. C’est juste génial de basculer d’un style à un autre.Vous avez toujours été comme ça ?Dès que j’ai pu, oui. Au début de Blink, j’avais demandé à figurer dans un clip de Puffy (Bad Boy for Life, ndlr). La semaine prochaine, j’entre en studio avec Will.i.am (chanteur des Black Eyed Peas, ndlr) pour quelques sessions de batterie. C’est trop cool d’être juste là pour jouer quelque chose d’encore différent sur lequel les gens vont rapper.Vous semblez toujours occupé à faire quelque chose quand Blink n’est pas au travail...Il fut un temps où, en rentrant à la maison après une tournée, je ne touchais pas ma batterie pendant des mois. Je détestais ça. Une fois qu’on s’est installés ici, tout a changé. Je fais ce qui me plaît tout le temps. S’il y a quoi que ce soit, je me dis : « Tray, t’as pas besoin de rester au studio tout le temps. Rentre à la maison et décompresse. » Notamment dernièrement avec tout le bordel des soins médicaux qu’il a fallu accepter. J’avais besoin de couper les ponts.On vient de vous retirer les amygdales ?Il y a douze semaines environ. J’avais passé une endoscopie et ils ont découvert six ulcères sur la paroi en bas de

l’œsophage. Les médecins ont diagnostiqué un syndrome de Barrett qui modifie les cellules de la paroi de l’œsophage. C’est causé par un reflux gastrique trop acide ou une trop grande consommation de tabac. Si tu ne fais pas gaffe, ça peut virer au cancer. Du jour au lendemain, j’ai tout changé dans ma vie : j’ai arrêté de boire et de manger certains aliments. Et dans le même temps, il y avait cette boule dans ma gorge. Comme mes amygdales étaient trois ou quatre fois plus grosses que la normale, ils m’ont opéré pour les retirer et en ont profité pour enlever les végétations aussi.Ces problèmes ont-ils un rapport avec les séquelles médicales liées à votre accident d’avion ? Non. Je ne sais pas si beaucoup de gens connaissent le syndrome de Barrett mais c’est irréversible. C’est ça qui craint. Ça a été une prise de conscience même si je faisais déjà attention à être en bonne santé. Je suis notamment végétalien. J’aimerais m’en foutre et fumer de temps en temps mais je suis heureux de dire que depuis trois mois, je suis totalement sobre et j’entends bien le rester toute ma vie.Vous avez arrêté de boire ?Je n’ai jamais été un mec qui picolait. Mais maintenant, je ne touche plus du tout à l’alcool. Et fumer une cigarette ou quoi que ce soit, ce serait la chose la plus débile à faire. J’ai aussi abandonné le café que j’adorais. Mais je préfère être en vie que boire du café. « Si tu continues de boire, tu mourras. » C’était le discours du médecin de Duff McKagan (l’ancien bassiste de Guns N’ Roses, ndlr). Il a stoppé aussi sec...Moi aussi. J’adorais fumer de l’herbe. Particulièrement après mon accident. Je m’avalais chaque jour dix-neuf cachets et les médecins me répétaient que ce serait comme ça jusqu’à la fin de mes jours. La nuit, je tirais sur un joint pour

«  Je n’ai jamais été un mec qui picolait. »

Sur scène, Blink-182 annonce la couleur et Barker donne tout comme si c’était le dernier concert. Prague s’en souvient encore. C’était le 29 juin dernier.

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chasser les crises d’angoisse. Je pensais que je tiendrais comme ça toute ma vie mais quand t’es borderline côté santé, t’envoies vite tout chier. J’aime être père et j’adore jouer de la musique, je n’ai donc aucune envie de perdre tout ça.En revanche, vous n’avez pas renoncé aux tatouages. Vous en avez même de nouveaux…Après les opérations, je n’étais pas capable de faire beaucoup de choses. Pendant cette période, je me limitais soit à taper sur la batterie soit à me faire tatouer. Je suis comme ça. Si tu me bloquais un an à la maison, je n’ose même pas imaginer à quoi mon corps ressemblerait. Il est loin le temps où le tatouage était synonyme de douleur pour vous ?Maintenant, je m’endors pendant la séance. Je ne dis pas un seul mot avant que tout soit fini. Je suis accro aux tatouages. J’adore que l’on puisse montrer différents aspects de sa vie sur son corps. On va tous finir six pieds sous terre, je pense donc qu’il y a des choses beaucoup plus graves dans la vie que les tatouages.À quoi ressemblait le tout premier ?Il a fini carbonisé. Je l’ai perdu dans le crash d’avion. J’avais fait écrire mon

surnom « Bones » sur une jambe.Quand avez-vous commencé à jouer de la batterie ?À quatre ans. Animal du Muppett Show a tout déclenché. Je l’ai vu et c’était plié. Je voulais devenir batteur. Après, j’ai vu Alex Van Halen, Tommy Lee, des grands batteurs de Jazz comme Buddy Rich. J’ai vu le duel à la batterie entre Buddy Rich et Animal dans le Muppet Show. Un truc de dingue. J’ai même affronté Animal il y a trois mois. Le pied ! Dans dix ou quinze ans, j’aimerais juste m’éclater dans un grand Jazz band. J’ai grandi en jouant du Jazz. Je sais déchiffrer une partition

et j’en joue depuis l’âge de six ou sept ans. J’aimerais encore le faire.Vous avez fait partie de la première vague d’émissions de télé-réalité avec Meet the Barkers en 2005 sur MTV…Je suis content de l’avoir fait et d’en être sorti. Il n’y avait pas de script à la con pour m’imposer ce que je devais dire. C’était ma vie du moment. Mais je ne me voyais pas être une de ces personnes qui font ça pendant six saisons. C’est insensé. Quand on était arrivé à la fin de la saison et que l’on discutait de la suite, les producteurs ont voulu qu’il y ait davantage de tension entre nous. Ils trouvaient ça trop normal. Je leur ai répondu qu’on ne parlait pas d’un boulot mais de ma famille.Peut-on imaginer un documentaire sur Blink à la façon de Some Kind of Monster sur Metallica ?Ce serait sûrement très divertissant. J’adore Metallica mais il y a vraiment trop de problèmes dans leur groupe. Ils ont besoin d’un psy. Avec Blink, même dans les pires moments, jamais on ne s’est foutus dessus. On ne me verra pas frapper Tom, personne ne surprendra Mark et Tom en train de s’insulter. Ça n’arrive pas. Notre entente est si fusionnelle que ça ne part pas dans tous les sens. Blink est en putain de bonne santé, encore joliment marrant, dingue et sauvage à la fois. On se voit les uns les autres, on s’embrasse et je dois juste dire à Tom d’arrêter de me mater le cul. L’éclatement de Blink avait été présenté comme une séparation parce que vous n’aviez plus rien à vous dire. Faux ?C’était juste terminé. Ensuite, je n’ai pas appelé Tom pour lui dire : « On va refaire le groupe ensemble. » Mark ne m’a pas appelé non plus pour me dire : « On va refaire le groupe ensemble. » On s’est juste retrouvés. Quand nous avons parlé de la rupture quelques années plus tard, c’était pour dire : « Mais quelle connerie on a fait pour en arriver là ? » Il n’y a jamais eu une quelconque forme de deal pour se reformer. Il a fallu votre accident d’avion pour rappeler à chacun ce qui est important ?C’était plus facile. C’est sûr qu’un truc aussi grave ouvre les yeux.La reconstitution de Blink est partie pour durer ?Quand tu retrouves le plaisir dans une relation, c’est plus facile. Je pense qu’on a besoin de temps pour se rapprocher encore plus, pour partager et se retrouver ensemble dans un studio pour un album. Ce sera la clé du truc. Voyagez avec Travis sur www.blink182.com

«  J’adore Metallica mais ils ont besoin d’un psy. »

Quatre années se sont écoulées depuis ce terrible accident d’avion. Barker savoure aujourd’hui.

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pepejeans.com

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SCÈNESD’ÉTÉ

Départ

Devoirs de vacances pour stars. voici leur circuit des meilleurs festivals et pépites à (re)découvrir.

Jared Followill (Kings of Leon) aime Chairlift.

Beyoncé est dingue de Frank Ocean.

Jarvis Cocker admire Alabama Shakes.

Thom Yorke ne jure que par Modeselektor.

Textes : Florian Obkircher

Tessa Pollits (The Slits) recommande Hollie Cook.

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MELT! FEsTivaL13-15.7, ferropolis, AllemAgne

Info Le cadre du festival est irréel. Une ancienne mine de charbon à ciel ouvert accueille les fans. Les scènes sont dres-sées au milieu d’énormes bras de pelleteuses illuminées. Un décor qui rappelle les paysages de Mad Max. La chaleur et la poussière sont omniprésentes mais les eaux du lac Gremminer peuvent éventuellement rafraî-chir entre deux concerts. En vedette Gossip, Justice, Bloc Party, M83, Lana Del Rey, Richie Hawtin

Toutes les infos sur www.meltfestival.de

E n 2005, Aaron Pfenning et Caroline Polachek se ren-

contrent à l’université du Colorado. Ils ont en commun la passion des bandes origi-nales de films d’horreur et l’envie de composer de la musique pour maisons hantées. Après leurs études,

ils s’installent à Williamsburg, le QG new-yorkais des artistes. Très vite, leurs morceaux peu orthodoxes séduisent. Le son du duo puise dans les fins fonds des années 80 et notamment dans les cultissimes Jesus and Mary Chain et Joy Division. La musique de Chairlift porte

en elle une mélancolie froide qui émane des synthétiseurs dont le son s’apparente au chant du cygne. Les concerts du duo, actuellement en tournée mondiale pour son dernier album Something, s’apparentent à une histoire d’amour à bord d’un train fantôme.

MElt! Ferropolis allEMagnE

« J’adore les chanteuses et Caroline Polachek est l’une des meilleures voix. Unique en son genre. On a même l’impression qu’elle est ventriloque. »Jared Followill, bassiste des kings of lEon à propos de ChairliFt

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Chairlift sur la scène du MELT! Festival ce 14 juillet

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« C’est une jeune artiste qui trace seule sa route sans être

le produit d’une star-académie. Elle est sensationnelle. »

tessa pollitt thE slits à propos de hollie Cook

D ifficile d’avoir de meilleures prédisposi-tions pour une

carrière. son père, Paul Cook, était derrière les fûts des sex Pistols, sa mère chantait dans le Culture Club de Boy George, son parrain. Au lieu d’enfiler les Doc Martens usées de son père, hollie

Cook trace son propre chemin. Avec son acolyte Prince Fatty, la chanteuse de 25 ans compose des morceaux Reggae où les rythmes tropi-caux côtoient synthétiseurs enjoués et basses profondes pour accompagner la douce voix de Cook. un mélange en-thousiasmant autant pour les

accros de Pop stylée que pour Dennis Bovell, un des pion-niers du Reggae qui collabore au premier album éponyme de la Londonienne. Invité par Paul Cook à un concert d’hollie, Ian Brown, le leader des stone Roses, est conquis. Il l’a engagée sur sa tournée Reunion Tour, déjà complète.

Hollie Cook fait renaître le Reggae.

REggaE sun ska pauillaC fRancE5.8

REggaE sun ska3-5.8, pAuillAc, frAnce

Info Le plus grand festival français de Reggae ne plaisante pas avec la programmation. Les 40 000 festi-valiers n’ont droit qu’à des pointures influencées ou enfantées par la musique jamaïcaine dont Damian Marley, un des fils de l’icône, ou encore Biga*Ranx, star montante du Reggae-Rap tricolore.En vedette Damian « Jr. Gong » Marley, Jimmy Cliff, The Congos, Lee « Scratch » Perry

Toutes les infos sur www.reggaesunska.com

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fREquEncy sankt pölten autRichE

l e studio d’enregistre-ment de sebastian szary et Gernot

Bronsert ressemble à un labo-ratoire de recherche. Depuis 15 ans, les deux Berlinois y mixent différents styles d’Élec-tro a priori incompatibles : percussions Rave assourdis-santes, Dancehall numérique,

basses Dubstep entraînantes et Pop schizophrène. un savant mélange pour lequel Modeselektor aurait mérité le prix nobel de chimie. Le dernier album, Monkey-town, pourrait signer la Bo idéale d’un film de science- fiction de David Lynch. Le Centre Pompidou de Paris a

accueilli leurs installations sonores. Pour autant, Modese-lektor n’est pas un tandem de cerveaux à lunettes. en atteste leurs prestations live, ornées d’énormes singes gonflables, de douches à champagne, de crépitements de flash et de rythmes féroces à effrayer King Kong. À ne pas louper !

« Ce sont des génies. Personne ne peut casser sa voix aussi bien qu’eux. »thom yorke RaDiohEaD à propos de modeselektor

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FREquEncy FEsTivaL16–18.8, sAnkt pölten, Autriche

Info Situé à environ une heure de Vienne, le site du festival est riche d’un bout de forêt, d’un lac et d’un camping. Les groupes de Rock installés sur la scène mobile Red Bull Brandwagen se chargent de dynamiter l’ambiance.En vedette The Killers, Placebo, The Cure, The Black Keys, The XX, Lykke Li, Maximo Park

Toutes les infos sur www.frequency.at

Gernot Bronsert et Sebastian Szary sont soundmaster

diplômés.

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« Hold On est le morceau de l’année. Le bassiste Zac Cockrell a un style que je n’avais pas vu

depuis longtemps. »JaRvis cockER à propos d’alabama shakes

i ls débarquent de nulle part. Leur album Boys & Girls, ode au Blues tradi-

tionnel et au Rock sudiste, est le meilleur album que Janis Joplin n’enregistrera jamais. Piano, guitare, basse et batte-rie, le quartette Alabama fait

du Rock cousu mains. Gadgets électroniques ? sans façon. La voix enrouée de Brittany ho-ward fascine. The strokes et Jack White, notamment, ont succombé. La moitié des feux White stripes, enthousiasmée par le son authentique des

Alabama shakes, les a enrôlés pour la première partie de sa tournée et un single pour son label Third Man. Alabama shakes montre que la musique créée à l’ancienne reste d’ac-tualité autant que la possibilité de faire le buzz avec du Blues.

Brittany Howard (22 ans), la poupée qui fait non ?

ElEctRic Picnic stradbally iRlanDE

ELEcTRic picnic FEsTivaL31.8-1.9, strAdbAlly, irlAnde

Info Ce festival est devenu un show gigantesque. L’affluence s’annonce encore plus large car son aîné, l’Oxygen Festival, fait relâche cet été. Mais l’Electric Picnic a su garder sa touche écolo.En vedette The Cure, Sigur Rós, Hot Chip, Elbow, Patti Smith, Squarepusher

Toutes les infos sur www.electricpicnic.ie

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bEsTivaL6–9.9, Île de wight, royAume-uni

Info Depuis 2004, Rob da Bank, animateur radio, DJ et patron de label, donne une gigantesque garden-party sur l’Île de Wight. Les artistes aiment se déguiser à cette occasion. Cette année, le thème est « animal sauvage ».En vedette Stevie Wonder, New Order, Friendly Fires, Justice, De La Soul

Toutes les infos sur www.bestival.net

E n 2011, le collectif hip-hop californien Odd Future Wolf Gang

Kill Them All a secoué le microcosme indolent de la Pop de ses concerts déjantés et de ses textes sulfureux. L’un des onze lascars se nomme Frank ocean. en solo, il s’est lancé à la conquête du monde il y a quelques mois. Les maîtres du Rap us Jay-Z et Kanye West ont invité le jeunot de 24 ans à chanter les refrains soul de leur opus Watch the Throne. Actuelle-ment, il élabore son premier album avec à la production des faiseurs de rois : The Nep-tunes. Déjà, des vidéos de reprises des hits langoureux et cools de Frank ocean comme Thinking About You ou Novocane inondent la Toile.

« Jay a mis son CD dans la voiture. immédiatement, sa voix et sa façon de raconter les histoires m’ont interpellée. Je l’ai appelé le lendemain et l’ai invité à new York pour travailler sur mon album. »bEyoncé à propos de Frank oCean

Christopher Breaux grandit à la Nouvelle- Orléans. Aujourd’hui, le Soul-Crooner se fait appeler Frank Ocean.

bEstival île de wight RoyauME-uni6.9

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« Tout commence chez moi, à un feu rouge de Ludwigshafen (cité alle-mande proche de la frontière fran-çaise, ndlr). J’ai 25 ans et je travaille dans la laverie de mes parents quand le bus de la tournée de Ted Nugent s’arrête net. Devant moi. Je com-prends que le conducteur est perdu et lui propose de le guider jusqu’à la salle de concert. Pour me remercier, le manager de la tournée m’offre des billets. Je suggère en retour de m’occuper de la lessive. Toute une valise ! Quand je lui ramène les vêtements, il me dit : “Tu devrais le faire pour tous les groupes !”

« Deux jours plus tard, Meat Loaf est en concert dans ma ville. Je me poste à l’entrée backstage en disant : “Salut, je nettoie vos vêtements contre des billets de concert.” Et hop, c’est parti. Deep Purple et les Scorpions sont les suivants. Ils sont tous trop heureux que quelqu’un les décharge de cette tâche jugée ingrate. Au bout d’un moment, je me dis : “Soit tu les suis en tournée, soit tu moisis dans ce trou du c... du monde.”

« En 2012, ma Rock’n’Roll Laun-dry s’occupe de la comédie musicale Batman en Amérique du Sud, du Cirque du Soleil aux États-Unis et de Madonna lorsqu’elle se produit en Europe. L’année dernière, j’étais chargé des vêtements du groupe U2 en Australie.

« Les habits d’artistes nécessitent un traitement spécial. Ils te disent : “Fais attention, c’est le pantalon de Keith Richards !” Ces gens font parfois le pied de grue devant la machine à laver et ajoutent eux-mêmes le produit. Il y a aussi les petites exigences. Paul

« Le liquide vaisselle est ce qu’il y a de mieux contre les sauces. Par ailleurs, sur une tâche de vin rouge, il faut verser du vin blanc. Des marques de stylo sur le canapé ? Un peu de laque à cheveux et le tour est joué. Après un concert, Angus Young de AC/DC est chez moi assis sur la ma-chine à laver. Avec lui on peut parler lessive en toute simplicité. Il veut savoir comment enlever des taches de pelouse sur un pantalon.

« Quand je trouve de la drogue dans une poche, je la jette. Je suis in-traitable. Ça part directement dans les toilettes. Une fois, j’ai mis la main sur 6 000 euros dans un jean de manager de tournée. Quand je les lui rapporte, il me remercie et m’offre des places.

« Le Rock’n’Roll a ses success stories mais aussi ses drames. On voit des groupes devenir riches et des artistes sombrer. Mais tous ont le sentiment d’appartenir à une même commu-nauté. Nous dormons là où d’autres deviennent claustrophobes. Nous travaillons 35 h d’affilée sans jamais perdre le sourire. Il y a un réel esprit de famille. J’aurais aimé travailler

pour les Beatles. Ozzy Osbourne manque aussi à mon palmarès. Le plus grand groupe de tous les temps ? Led Zeppelin. Quand j’entends Whole Lotta Love, j’ai encore des frissons.

« Ma mère était fermière, mon père marchand de fruits. Ils ont fui l’Allemagne de l’Est durant la construction du mur et ouvert une petite laverie. Mes parents ont fait en sorte que le nom Topf soit syno-nyme de qualité. S’ils étaient encore là, je pense qu’ils seraient fiers de leur fils. »Linge éclatant sur www.rock-n-roll-laundry.com

McCartney et Pink ne veulent que de la lessive bio. Ce n’est pas un problème, j’ai ce qu’il faut.

« Ma pire expérience date de 2005 avec Slipknot au festival Rock am Ring. Ils trempent leurs costumes dans du sang artificiel, de la crème liquide et de la bière et les laissent ensuite dans le bus, en pleine chaleur. Quand j’ouvre le sac en plastique, la vie grouille tellement à l’intérieur que je n’ai plus qu’à siffler pour que les vêtements se précipitent dans la machine à laver !

Hans-Jürgen Topf, le blanchisseur du Rock. Du pantalon de Keith Richards au traitement de choc pour Slipknot.

« Lessive bio pour Pink et McCartney »

« Lessive bio pour Pink et McCartney »

« Lessive bio pour Depuis plus de 30 ans, Hans-Jürgen Topf nettoie les habits de lumière des stars du Rock.

The Red Bulletin a rencontré ce bon vivant, entre dessous de Madonna et taches de pantalon d’Angus Young. Et quand Topf prend la parole, il ne s’arrête plus.

Entretien : Andreas Rottenschlager Photos : Philipp Forstner

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« Quand je trouve de

la drogue dans une poche, je la

jette. Je suis intraitable. »

NomHans-Jürgen Topf

Date et lieu de naissance8 octobre 1956 à Ludwigshafen (Allemagne)

ProfessionFondateur et patron de Rock’n’Roll Laundry

Rêve d’enfantDevenir instituteur

Joue… « assez mal » de la batterie

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En bas, des océans pervers, torturés et capricieux, et des icebergs. En haut, des vents instables, furieux ou totale-ment absents. Entre les deux, six équipages de onze marins juchés sur des monstres de carbone dédiés aux vitesses ultimes. C’est dans ce tableau de désolation et de sublime qu’ont vécu les 66 marins lancés dans cette édition de la Volvo Ocean Race, la course à la voile la plus dure au monde, achevée le week-end dernier à Galway. The Red Bulletin s’est invité à bord de Groupama 4, le monocoque de 70 pieds barré par Franck Cammas.

Textes : Frédéric PelatanPhotos : Yann Riou/Groupama Sailing/Volvo Ocean Race

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ne minute beforrre. » Le boss a parlé. Un R bien frenchy qui gratte comme un bécot de mamie sur la joue d’un enfant, serti dans un bijou d’efficacité à l’anglaise. Un bateau français bat pavillon sur la Volvo Ocean Race pour la première fois depuis 1993 et le maxi La Poste d’Éric Tabarly. Cela s’entend.

Franck Cammas a raison de ne pas se priver, il est grand temps de passer à l’ac-tion après deux heures de ronds dans l’eau à effectuer les derniers réglages techniques. Nous voici invités à bord de Groupama 4, un jeudi. La bête de carbone paît encore sagement dans la baie d’Itajai, au sud du Brésil, dans l’état de Santa Ca-tarina. Bientôt, elle s’ébrouera puis s’élan-cera, muscles bandés, dans des sprints sauvages. Aux pluies diluviennes qui ont provoqué la fermeture provisoire de tous les aéroports de la région le matin même a succédé un généreux soleil. Tempéra-ture affichée : 30 degrés. Le vent ? Une petite brise de secteur nord dont la direc-tion variera de quelques degrés au fil de l’après-midi quand la brise thermique, conséquence des chaleurs du continent, soufflera à son tour. Un jour de paix et d’amour, en somme, au regard de ce que les équipages endurent le reste du temps.

S’il y a bien quelque chose d’immuable dans le scénario de la Volvo Ocean Race, c’est le calendrier des étapes. En ce jeudi : entraînement autour de trois bouées pour préparer la régate de samedi. Celle qui compte. Vendredi, on intercale les pro-am pour promener les sponsors et les invités de marque sur le même type de parcours. Puis, dimanche, ce sera le départ vers le large, vers l’inconnu, le brutal. Après avoir enroulé des bouées la veille, les cinq VOR70 restants – Sanya, bête agonisante, a été hissé sur un cargo – feront cap sur Miami pour un retour dans l’hémisphère nord. À l’odeur de la sueur des acharnés se mêleront le parfum du sel qui colle à la peau, les effluves de la tambouille et le sale air de la peur. Dans quelles conditions de navigation ? Mystère.

Ainsi vit la course la plus dure au monde : dans l’alternance des efforts, des méthodologies, des techniques et

des savoir-faire. Entre sprints tactiques de régatiers et étapes au long cours. Entre guerre d’usure et guerre des nerfs. Entre épuisement et frustrations, le tout se mêlant à volonté. Bien sûr, chacune des neuf traversées représente un climax de la course, mais les régates, dix au total – autant que de villes-étapes visitées – permettent de répartir 19 % des points au classement général. Ce qui n’est pas rien quand on sait que la victoire finale se joue à un ou deux points, tant les quatre bateaux de tête sont proches au classement.

En ce jour d’entraînement, treize personnes se partagent l’espace sur Groupama 4, dont deux journalistes, et Thierry Péponnet, sommité française de la Coupe de l’America, présent en tant que coach auprès de l’équipage tricolore. Representing France : Franck Cammas, skipper d’immense talent, un des plus gros palmarès de la voile française et en passe de conquérir ce qu’il reste de la planète. Thomas Coville, fin barreur, chasseur de records autour du monde. Charles Caudrelier, navigateur, un obsédé de la perfor-mance. Laurent Pagès, une Volvo Ocean Race à son actif ; expert en match racing, il tient le rôle de tacticien. Erwan Israël, régleur de grand-voile, il est l’homme qui tourne le dos à l’action lors de ces régates, pour donner les informa-tions sur la vitesse et la position des adversaires qui sont derrière le bateau vert et orange. Et plus il voit des bateaux, plus il est heureux, Erwan. Sébastien Marsset au piano,

OCammas : « Il n’est pas question de naviguer

avec une bande d’amis, même très bons. Il s’agit d’avoir une ambiance commando. »

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ce bloc aménagé sur le roof depuis lequel on gère la circulation de tous les bouts à bord (drisses, écoutes, cunningham, en-rouleurs, inner, outer...) en bloquant ou débloquant les taquets par lesquels ils sont maintenus en place. On pourrait aus-si appeler ça « l’orgue de barbare », tant ça paraît compliqué. Les deux funambules : Martin Strömberg, suédois, et Brad Marsh, néo-zélandais, unis pour le pire par une oreillette et par le serment d’affronter des paquets d’embruns dans l’étrave. Ils sont chargés de la gestion de la voile d’avant. VDM.

Et, enfin, Damian Foxall. Il compte trois Volvo Ocean Race à son actif. Foxall est également présent sur le bateau en tant que régleur de grand-voile. Un rien maso. Cet Irlandais installé de longue date en Bretagne révèle également des penchants sado. Il faut bien concéder tout cela à la morale pour passer neuf mois dans ce qu’il convient d’appeler un lave-linge. Et pour enrôler ces forçats volontaires en leur promettant de « voir du pays » !

À se frotter à ce format de course ex-trême, à ces mers extrêmes, à cette pres-

M a s t e r C h e f Parce que, pour avoir des tripes, il faut de l’estomac, Santi Casa-nova a passé plus de quatre mois à concocter les repas embarqués à bord avec une obsession : conjuguer apports énergétiques et plaisir. Un défi de taille car les plats, lyophilisés à fin de conser-vation, perdent leurs saveurs gustatives. Pour que les repas soient un vrai moment de plaisir – à bord, on soigne les maux de tête par le ventre – le médecin de Groupama 4 a fait tester aux onze marins embarqués et aux quatre remplaçants plus d’une centaine de sachets de nourri-ture desséchée, pendant deux mois. Un système de notation lui a permis de sélectionner les 25 produits préférés des marins et, ainsi, d’éviter de leur « servir » deux fois le même sur une pé-riode de dix jours. Mieux qu’à la

maison ! Les top ? Les Scandi-naves sont les rois des plats lourds – idéaux pour les étapes disputées dans le froid – comme les Français, champions du boul-gour. Les Américains, déjà princes des desserts, sont aussi les maîtres des pâtes, en concur-rence avec les Anglais, inimi-tables pour les curry. L’agneau et le poulet ? Palme d’or pour les Néo-Zélandais. De plus, pour éviter les carences, des compléments alimentaires en carbo-hydrates et protéines, des produits multi-vitaminés et des apports en minéraux fai-saient également partie des im-pératifs. L’arme fatale : Santi Ca-sanova a déniché une entreprise française capable de sécher par ultraviolets les fruits et légumes, qui conservent ainsi toutes leurs propriétés et leurs vitamines.

Casque obligatoire contre les coups et les paquets d’eau. On ne transige pas avec la sécurité : balise de détresse autour du cou, gilet de sauvetage et harnais de sécurité pour les plus exposés (ci-dessus). Régate in-port (en bas).

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sion extrême, on prend le risque de tout perdre de soi. Sa santé – grand sportif mais petit gabarit, Cammas a fondu et émarge à 56 kilos – son sommeil, son moral, sa maîtrise, ses nerfs. Mais, en retour, on prend. Des coups, des points de suture, de la flotte à en vomir ou à en perdre l’équilibre, des sermons musclés, des montées de pression, des désillusions vicieuses comme des icebergs : un tiers émergé et confessé aux amis, deux tiers immergés et gravés à jamais dans les mémoires.

Franck Cammas, qui avait réuni autour de lui une somme de grognards géniaux et amicaux pour remporter le Trophée Jules-Verne en 2011 (le record du tour du monde en passant par les caps de Bonne-Espérance, Leeuwin et horn), est parti sur d’autres bases au moment de recruter son équipage cette année. « Il n’est pas question de partir naviguer avec une bande d’amis, même très bons. Il ne s’agit plus d’avoir une ambiance pro, mais une ambiance commando, avec des gens prêts à tout même lorsqu’on est en dernière position. »

Sur la Volvo Ocean Race, un casting parfait est la clé de la réussite. Ericsson, lors de la précédente édition, n’a pas chan-gé un seul de ses équipiers, comme ABN Amro il y a deux édi-tions. Mais on peut aussi être un excellent marin sans pour autant parvenir à trouver sa place à bord. Comme le Français Sidney Gavignet. Débarqué deux mois avant l’arrivée, il se heurtait au clan des équipiers néo-zélandais de Puma. Et, un jour, le skipper doit trancher, au nom du résultat.

Sur le pont de Groupama, on n’en est pas là mais, sous le soleil d’Itajai, l’ambiance de répétition générale tourne un peu à l’orage. Entre Cammas et Pagès, les échanges sont houleux. Peu de oui, pas mal de non. Il est question de gestion de l’adversaire quand il est derrière et au vent, c’est-

Les équipiers d’avant sont les plus exposés. Le « nu-méro un » est dans l’étrave, au réglage d’une voile d’avant (ci-dessus). C’est le poste le plus dangereux.

Pagès roule des yeux et lance : « Mais enfin, on court en flotte, c’est pas du match race ! »

Cammas : « Tu te tais et tu me laisses parler maintenant. »

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O n z e t i t u l a i r e sL a r è g l e d e l a V o l v o

O c e a n r a c e e s t s i m p l e .

O n z e h o m m e s à b o r d ( à

c h o i s i r p a r m i 1 4 ) , d o n t

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p e r a u x m a n œ u v r e s .

F r a n c k C a m m a s S k i p p e r

C h a r l e s C a u d r e l i e r B a r r e u r - r é g l e u r

T h o m a s C o v i l l e B a r r e u r - r é g l e u r

D a m i a n F o x a l l B a r r e u r - r é g l e u r

E r w a n I s r a ë l B a r r e u r - r é g l e u r

à-dire le plus proche de là d’où vient le vent. On se chipote sévère sur la tactique. En plus, le bateau en question, c’est Telefo-nica, le plus gros rival de Groupama à qui les deux bonshommes ne céderaient même pas une dette en héritage. Pagès roule des yeux et lance : « Mais enfin, on court en flotte, c’est pas du match race ! » Cammas : « Tu te tais et tu me laisses par-ler maintenant. » C’est partout pareil : quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, le pa-tron a toujours raison. « L’entraînement, c’est le moment idéal pour faire ce genre de débat, parce qu’on remet en place les routines de communication, sourit – jaune – Laurent Pagès. Ces tensions s’apaisent lors du débriefing. En revanche, il n’est pas question d’échanger comme ça en ré-gate officielle, où on respecte toutes les procédures de prise de décision. » Le doigt sur la couture, trois jours plus tard, Grou-pama remportera la régate. Comme quoi, une bonne engueulade bien construite…

Pour l’heure, les ennuis s’accumulent. Deux semaines avant, alors en tête et après avoir traversé ce qu’il convient d’ap-peler « la plus dure étape de toute l’his-

Les quarts sont de quatre heures, sauf pour le barreur (deux heures voire toutes les heures dans les conditions extrêmes). Entre l’énorme concentration et les paquets de flotte, impossible d’être efficace plus longtemps.

M a r t i n S t r ö m b e r g B a r r e u r - r é g l e u r

B r u n o J e a n j e a nN a v i g a t e u r r e m p l a ç a n t e t n u m é r o 1

Y a n n R i o u É q u i p i e r m é d i a

J a c q u e s C a r a ë s É q u i p i e r m é d i a r e m p l a ç a n t

P h i l H a r m e r B a r r e u r - r é g l e u r - p i a n o

M a r t i n K r i t e É q u i p i e r d ’ a v a n t

B r a d M a r s h É q u i p i e r d ’ a v a n t

S é b a s t i e n M a r s s e t R é g l e u r - p i a n o

J e a n - L u c N é l i a s N a v i g a t e u r

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toire de la Whitbread », le premier nom de cette course créée en 1973, Groupama 4 perd son mât, dans des conditions de vent et dans une mer tout à fait gérables. Le bateau français venait de payer son tribut technique à une étape qui, entre Auckland et Itajai, en passant par les champs d’icebergs et le Cap horn, avait imposé des vent jusqu’à 60 nœuds et des creux de 10 mètres. Une étape épique, dantesque, folle, hal-lucinante de brutalité pour les marins et les bateaux, avec dix jours dans des vents de 30 à 45 nœuds. Tour à tour, Team Sanya avait fait demi-tour et renoncé, Camper s’était dérouté vers le Chili et Telefonica était contraint à un pit-stop technique pour réparer. Entre-temps, Abu Dhabi a aussi fait une halte pour réparer un début de délaminage. Seul Puma, vainqueur au Brésil, était parvenu à bon port sans en-combre. De cette étape, il restera des images folles, notam-ment une vidéo de cette lame qui, sauvage et goulue, semble avaler tout entier le bateau espagnol. Jamais avare de bons mots, le skipper de Puma, Ken Read, lâchera : « C’est comme si on avait disputé douze rounds face à Mike Tyson ». Grou-pama 4 s’était arrêté, aussi, mât cassé à un peu plus de 600 milles de l’arrivée. Il ne lui restait pas deux jours de course. À Punta del Este, en Uruguay où Cammas fait halte, on bricole un mât de fortune pour conclure l’étape, finale-ment en troisième position. Points précieux. Le premier des

deux mâts construits – une règle nouvelle pour limiter les coûts – a entre temps été acheminé au Brésil.

Partant du principe que le deuxième mât érigé est toujours meilleur que le premier, Groupama souffre en ce jeudi d’entraînement, et arrache quelques grimaces. Les hooks, crochets qui servent à maintenir les voiles en tête de mât, bloquent tour à tour et perturbent les changements de voile. Le génois puis la grand-voile coincent. Du temps de perdu. Du travail à venir pour l’équipe à terre. Un moindre mal car, même à l’issue de cette étape, Groupama marque des points. Tous les bateaux ont souffert depuis le dé-part, début novembre. Et pas qu’un peu. Premier jour de la première manche, Abu Dhabi démâte. Le lendemain, Sanya accuse une sévère avarie de coque, un délaminage profond, plutôt inadmissible à ce niveau de compétition, de surcroît en Méditerranée, même pour un bateau de la précédente génération. Puis Puma démâte à son tour, onze jours plus tard. Deuxième manche, Sanya cède à nouveau. Si Grant Dalton, le patron des grandes victoires de Team New Zealand, est l’homme à qui Chuck Norris demande la permission pour aller naviguer, Mike Sanderson est son disciple le plus talentueux. Un des plus grands ma-rins du sud du globe s’arrache les cheveux aux commandes du bateau chinois, réduit à l’état de figurant par l’intransigeance de la Volvo Ocean Race qui l’a pourtant consa-cré en 2005-2006 avec ABN Amro One.

Patron de la VOR et ancien skipper, le Norvégien Knut Frostad clame son incom-préhension : « Comment est-il possible que des bateaux si performants, faits pour affronter les mers les plus dures, ne soient pas capables de résister ? »

« Parce que, justement, c’est la course la plus dure au monde », se défendent, la rage au cœur, les skippers. Parce que, même s’il n’y a que six bateaux en lice, jamais on n’a autant joué avec les limites de la jauge de la Volvo Ocean Race. La jauge, c’est l’ensemble des règles de construction auxquelles doivent se sou-mettre les porteurs de projet VOR. Une jauge édictée par les équipes du patron de la VOR qui, dans l’édito du guide officiel de la course, écrivait : « Les sacrifices, les risques et les drames humains que ces navigateurs vont vivre sont tout simple-ment incroyables. Tout ceci pour le simple prestige de la victoire. » De fait, parmi les râleurs du printemps, se trouve donc un des plus grands marins de l’histoire de la voile moderne. En fin de compte, le patron a toujours raison. Mais à moitié seulement.Plus d’infos sur www.cammas-groupama.com

Le patron de la VOR : « Comment est-il possible

que des bateaux si performants […] ne soient pas capables de résister ? »

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De la Côte d’Azur à l’Ouest américain, Anthony Gonzalez, alias M83, a livré son génial Hurry Up, We’re Dreaming. L’Antibois

partage pour The Red Bulletin des tranches de vie.Texte : Florian Obkircher Photos : Sébastien Agnetti

M83 sur le toit du monde

Londres, Shepherd’s Bush Empire. Le noir tombe. Quelques secondes pour élever la tension de plusieurs degrés. Le halo bleu des spots balaie le public, la fumée noie la scène. Les mélopées d’un synthé, stri-dentes comme la bande-son d’un vieux film de science-fiction, s’élèvent et l’appa-rition sur scène d’une inquiétante sil-houette déclenche l’hystérie. Un person-nage énigmatique s’avance. Il porte un masque sombre aux yeux exorbités, enro-bé d’une chevelure ébouriffée. Le monstre, tout de noir vêtu, déplie un à un ses longs doigts crochus. Le rythme du synthé électrise la salle bondée. La tension grimpe encore. Avant que tout s’arrête.

La mélodie douce d’Intro relance l’am-biance. Débarrassé de son costume, Anthony Gonzalez est là, planté au centre de la scène. Il est entouré des trois autres musiciens du groupe. Au milieu d’une avalanche de synthé, de percussions, d’un jeu de lumières éblouissant, une voix dou-cement rocailleuse balance : « Carry on, carry on ! » La salle est conquise. Un déluge de lumières stroboscopiques accompagne l’ultime délire musical et le morceau Colours. Il est temps pour M83 et son Électro-Pop planante aux saveurs eighties de dire au revoir aux Londoniens.

On retrouve l’Antibois le lendemain ma-tin, avachi sur un canapé derrière la scène

de l’Empire. Cheveux blond foncé courts, regard d’un bleu limpide, il affiche timide-ment un sourire amical. Son tee-shirt moule des bras musclés. Il porte un jean et des baskets. Rien du look d’une rock star. À 31 ans, il donne plutôt l’image d’un prof de sports à la dégaine de gendre idéal. Sommes-nous face à la même personne, la veille mue par une énergie débordante micro en main ? « Je ne suis pas une bête de scène mais merci pour les compliments, dit-il. J’assume de mieux en mieux mon statut de chanteur, je ne me cache plus systématiquement derrière mes claviers. »

Ce chantre d’une Pop aussi rêveuse que synthétique a créé M83 au crépuscule

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Le cerveau de M83 est Anthony Gonzalez, véritable star

planétaire depuis la sortie de Hurry Up, We’re Dreaming

à l’automne dernier.

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Ma musique est un hommage à la jeunesse. Comme une thérapie. »

Hurry Up, We’re Dreaming est le premier album de Gonzalez écrit et enregistré à Los Angeles. Depuis tout petit, Hollywood le fascine. L’Antibois est désormais installé en Californie. Un exil solitaire pour y voir plus clair et faire le tri dans ses souvenirs. Gonzalez se dit déçu par l’album Saturdays=Youth, pourtant un succès, sorti en 2008. Pour aller plus loin et chasser les doutes, il a eu besoin d’ailleurs.

Il a trouvé la réponse dans le désert de Mojave, à quelques centaines de kilo-mètres à l’est de Los Angeles. « J’ai mis deux synthétiseurs, un ordinateur et de l’herbe dans le coffre de la voiture, j’ai loué un chalet et je suis parti. L’inspira-tion est partout. Quand tu joues ta musique en plein air, la nuit, face aux étoiles, t’es toi-même. T’as juste peur des coyotes. Pour la première fois depuis

longtemps, je me suis senti en fusion avec ma musique. »

Hurry Up, We’re Dreaming est plus sombre, plus profond que son prédécesseur. La voix de Gonzalez est déterminante. Il lui a fallu du temps pour accepter de chanter. Sur les premiers albums, il se contentait de quelques murmures et préférait convier d’autres interprètes. Des morceaux comme Midnight City ont eu quelque chose de libératoire. Aujourd’hui, Gonzalez chante. Enfin.

Il éclate de rire. « Quand je bosse dans mon studio, en même temps je mate souvent un film. Un jour, je regardais Aguirre, la colère de Dieu avec Klaus Kinski. Je le vois hurlant, le visage déformé par la colère et je me dis : “Je devrais chan-ter.” Voilà comment tout a démarré. J’aime faire les choses comme je le ressens, sans me soucier de savoir ce que les gens pensent. »

Hurry Up, We’re Dreaming était un vrai pari. « Ce double album était une prise de posi-tion : Je préfère la façon dont on écoutait la musique avant, explique Gonzalez. J’ai grandi en allant dans les magasins de disques, en me désespérant de la sortie du nouvel album de Sonic Youth. Une fois que je l’avais, je l’écoutais en boucle pendant des semaines. Au-jourd’hui, t’es tout excité par

un nouvel album pendant vingt minutes, t’oublies et tu passes au suivant. Ces albums sont une manière d’être connecté au passé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, tout est jeté trop vite. »

Depuis plusieurs mois, Anthony Gonzalez est en tournée mondiale. Il vient de sillonner les États-Unis avant de revenir en France (dates à Marseille, Lyon, Paris et Arras). À son programme estival : l’Allemagne, la Belgique, l’Écosse, l’Italie et l’Autriche. On the road again. « J’avais besoin de gagner de la confiance sur scène. Je suis peut-être en train d’atteindre le sommet de ma carrière et je ne voudrais pas me demander un jour pourquoi je n’ai pas eu le courage de tout donner à ce moment-là. » Perdu dans ses pensées, il se marre. « Il y a cinq ans, je n’aurais jamais porté ce masque sur scène… »Plus sur http://ilovem83.com et sur la version française de l’appli iPad de The Red Bulletin

des années 90. Ce nom fait référence à la galaxie Messier 83, repérée à 15 millions d’an-nées-lumière de la Terre. Sorti en octobre dernier, son sixième album Hurry up, We’re Drea-ming est grimpé à la 15e place des charts américains. Mais cela fait quelque temps que les suc-cès de M83 rythment des longs-métrages comme Stranger than Fiction (film sorti en France sous le nom de L’Incroyable destin de Harold Crick) et des films sportifs géniaux tels que The Art of Flight (téléchargez The Red Bulletin de novembre 2011 sur la version française de l’appli iPad pour retrouver l’ar-ticle consacré à ce film sur le monde de la glisse). Aussi M83 a accompagné les tournées de Depeche Mode, The Killers ou Kings of Leon. Mais il se sent mieux chez lui, dans son studio, à triturer les sons et à travailler sur de nouveaux morceaux. Les albums de M83 sont enjoués, harmonieux, rêveurs, propulsés par des mélodies éthérées et la puissance des synthé. Sa mu-sique rappelle cette indéfinis-sable sensation de mélancolie qui vous saisit au feuilletage d’un vieil album photos.

À sept ans, Anthony Gonza-lez se prend de passion pour les sons électriques. La retransmis-sion d’un concert de Jean-Mi-chel Jarre le secoue. « Il était entouré de pleins de synthéti-seurs d’un autre âge. On aurait dit un musicien du futur, se souvient-il. Au Noël suivant, mes parents m’ont offert un clavier Bontempi. Ce n’était pas le top mais suffisant pour un gamin. » Enfermé dans sa chambre, aujourd’hui encore, il n’a cessé d’expérimenter l’univers des sons. Le cinéma, les copains, les premiers flirts, l’insouciance, rien n’est oublié. « L’été, on se retrouvait le soir dans le parc de la résidence de mes parents. On faisait toutes sortes de conneries. J’étais avec des gars plus âgés. Un jour, ils ont décidé que j’étais prêt pour ma première galoche. J’avais dix ans, j’étais timide et pas prépa-ré à tout ça. La fille était vraiment moche. Ça n’a pas été terrible », sourit-il.

Des souvenirs qui rallument la nostalgie et rappellent les bonheurs de l’innocence de l’enfance. Elle habite sa musique. « Quand tu es gamin, tu ne te soucies de rien. Tu sais que tout se passera bien. Ce feeling me manque.

«  Quand tu es gamin, tu ne te soucies de rien. Tu sais que tout se passera bien. Ce feeling me manque. »

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novaK dJoKovic se confi e en exclusivité à The Red Bulletin.

L’ascension de Novak Djokovic au sommet du tennis mondial est aussi exceptionnelle que rude. Son premier coach, Jelena Gencic, lui enseigne non seulement la prise marteau mais l’initie aussi à la musique classique et à la poésie. Pendant les raids de la guerre des Balkans, Nole passe ses nuits dans un abri anti-aérien et quelques heures par jour sur un court. Lorsqu’il devient le plus jeune joueur à intégrer le top dix mondial, une mutation sportive s’impose. Elle s’avère nécessaire afin de dominer le duo Federer-Nadal, comme ce fût le cas depuis l’été 2011. Voici le vrai Novak Djokovic dans un entretien réalisé avant sa défaite en finale de Roland-Garros le mois dernier face à Rafael Nadal.

Texte : Jörg Allmeroth

THE RED BULLETIN : Le 4 juillet 2011, vous devenez numéro un mondial. Vous faites partie des 25 joueurs qui ont connu cette sensation. Qu’avez-vous ressenti ?NOVAK DJOKOVIC : Je ne me réveille pas tous les matins en me répétant : « T’es un gars génial, tu es le numéro un. » C’est plu-tôt un sentiment de profonde satisfaction. Vous continuez à vivre avec la conscience d’avoir réalisé le plus grand souhait de votre vie. J’ai concrétisé un rêve qui est le mien depuis l’âge de quatre ans.Déjà à quatre ans, votre rêve d’enfant était de devenir le meilleur joueur de tennis au monde ?Mais ce n’est pas un simple rêve d’enfant. Dès ce moment-là, je conçois déjà la place de numéro un comme un objectif vers lequel on progresse par le travail.Vous débarquez au pire moment pour accomplir cette mission. À vos 18 ans,

l’imposs Roger Federer et Rafael Nadal entament à peine une période de domination jusque-là inégalée. Des 28 tournois du Grand Chelem disputés entre 2004 et 2010, Federer en remporte 15 et Nadal 10...Cela décuple ma satisfaction. Je savais que tout le monde pensait alors qu’il était impossible d’être meilleur que Roger et Rafa. J’ai réussi l’impossible.Regardons de plus près le film de cette prise de pouvoir et revenons quatre à cinq années en arrière. Vous avez 20 ans, vous intégrez le top dix mon-dial dont vous êtes le plus jeune membre et faites déjà couler beaucoup d’encre. Vous voulez poursuivre votre marche vers le sommet mais, tout là-haut, il y a deux des plus grands athlètes que ce sport ait jamais connu. Et les deux vous battent dans des matches capitaux. Êtiez-vous anéanti ?

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Et comment ! Vous vous souvenez quels sont mes objectifs à l’époque : remporter des tournois du Grand Chelem et devenir numéro un mondial. Honnêtement, avez-vous cru en moi ?… Peu y croyaient.Et à juste raison. Je voulais être au sommet et remporter des titres du Grand Chelem mais je n’y croyais pas moi-même. Quand, sur le court, je me retrouvais face à Roger et Rafa, je n’étais pas convaincu à 100 % de pouvoir les battre. Mon respect à leur égard était bien trop grand pour y parvenir.Comment vous êtes-vous libéré de ce trop-plein de respect ?Cela n’arrive pas du jour au lendemain. Ça a été un processus long et difficile. J’étais conscient que seule une transfor-mation professionnelle radicale me permettrait de poursuivre ma route vers le sommet.Vous avez 20 ans, vous êtes le plus jeune des meilleurs mondiaux, et vous voulez bazarder tout ce qui vous a permis d’arriver jusque-là ?Je n’avais pas le choix. Je parle de battre Roger et Rafa, pas n’importe qui. Pendant les années qui ont suivi, j’ai presque tout modifié. J’ai réalisé que la réussite dans

moi-même. Quand, sur le court, je me retrouvais face à roger et rafa, je n’étais pas convaincu à 100 % de pouvoir les battre. mon respect à leur égard était bien trop grand. »

le tennis moderne ne pouvait pas être l’af-faire d’un seul homme. Je me suis entouré de toute une équipe : entraîneur, physio-thérapeute, nutritionniste, préparateur physique. Je me suis entraîné plus dur et, surtout, avec davantage de concentration. J’ai réorganisé ma saison. Et j’ai changé entièrement mes habitudes alimentaires. Grâce à une alimentation sans gluten, ma condition physique s’est stabilisée et a ap-porté à mon niveau de jeu une constance toute nouvelle. Je ne subissais plus ces infections qui m’obligeaient souvent à l’abandon lors des tournois majeurs.Vous cessez à ce moment-là d’être le boute-en-train du circuit. Dans les

premières années de votre carrière professionnelle, vous faites des imitations très appréciées de Maria Sharapova, Rafael Nadal, Andy Roddick notamment. Qu’est-il arrivé au Novak Djokovic surnommé « Le Djoker » ?Tout ça devenait moins spontané. J’allais à un tournoi et tôt ou tard, un journaliste me demandait d’imiter pour eux, Nadal ou Sharapova. Je me suis dit qu’il était temps de mettre fin à la plaisanterie.Il n’y a pas de place pour l’humour dans le tennis ?Je suis toujours le même, c’est-à-dire tout sauf très sérieux. Tourner une pub décalée ou rigoler avec des amis sont toujours des

« Je voulais être au sommet et remporter des titres du grand chelem mais Je n’y croyais pas

Dans un univers tennistique souvent

aseptisé, Novak Djokovic détonne. Le Serbe est aussi un vrai showman.

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composantes de mon caractère. Mais la plaisanterie ne doit pas se faire aux dépens d’autrui.La tendance a longtemps été de jouer avec un visage ne trahissant aucune émotion. Concentration intense, zéro mimique... Ne jamais laisser filtrer ses sentiments. Avec vous, on est loin de tout ça…oui et je l’assume. Le tennis n’est pas le poker. Chacun peut voir et ressentir mes émotions, et quiconque le souhaite peut à tout instant prendre part à ce que je vis sur le court. Cela fait partie de ma person-nalité et, à mon avis, de notre métier. Nous devons aussi donner aux gens un spectacle de qualité, nous devons les stimuler et les embarquer avec nous.Le tennis masculin déclenche-t-il au-jourd’hui suffisamment de passion ?J’ai le sentiment que nous faisons du très bon boulot dans ce domaine.On ressent parfois une certaine lassi-tude du grand public car les mêmes noms se partagent invariablement les trophées majeurs : Nadal, Federer, Murray et vous.C’est d’autant plus fascinant, non ? Se maintenir au sommet avec autant de constance quand on y pense, c’est invrai-semblable. Surtout quand vous savez le niveau des 100, voire 200 meilleurs mon-diaux. Ils sont tous incroyablement bons, techniquement et athlétiquement. Je vous assure qu’il n’y a pas un seul match dans l’année où vous pouvez vous dire que vous avez 80 à 90 % de chances de le remporter.Comment expliquez-vous alors votre série de victoires de la saison dernière ? 70 victoires en 76 matches disputés, dix tournois remportés, dont trois du Grand Chelem.Difficile à dire. Parfois, j’en arrive même à me demander si tout est vrai. L’ascension est fulgurante, en un temps presque sur-réaliste. C’est comme flotter sur un nuage.Votre plus belle victoire n’a pas eu lieu lors de cette année 2011 mais plutôt en janvier dernier à Melbourne lorsque vous remportez l’Open d’Australie au terme d’un combat de six heures face à Rafael Nadal. Vous confirmez ?Une chose est sûre, les fans en ont pour leur argent ces derniers temps, non ? (Rires.) À un moment donné, dans ce match, j’ai senti que quelque chose de spécial était en train de se passer, que cet affrontement resterait gravé dans ma mémoire pour toujours. auparavant, jamais de telles pensées ne me traver-saient l’esprit. Et au 5e set, c’est dingue, mais pour la première fois j’ai la sensation d’être ailleurs, dans un monde à moi.

Une expérience incroyable comme si j’avais été en transe.À quoi pensez-vous pendant un match ?Ça peut paraître banal mais je pense toujours à la même chose qu’on enseigne aux plus jeunes : le prochain point. Gagner le prochain point. Rien d’autre.Avez-vous conscience de ce qui vous entoure sur le court ou jouez-vous avec des œillères ? Ce n’est pas comme si mes sens deve-naient inexistants. au contraire. Je m’im-prègne de l’atmosphère et du bruit de fond. Cela me motive et m’inspire. Mais dès que la balle est mise en jeu, je fais abstraction de tout ce qu’il y a autour.Ressentez-vous encore de la pression sur un court ?Pourquoi cette tonalité négative dans votre question ? La pression est un avan-tage ! Rien de mieux que la pression pour me montrer que je dispute un match important, avec un enjeu majeur. Pour moi, la pression est plus un moteur qu’un frein. Pas de traque, pas de bonne repré-sentation. Si tout me laisse indifférent, je sais alors que c’est foutu.Est-ce la passion qui différencie un bon joueur d’un tennisman exceptionnel ?Dans un grand match, ce n’est pas celui qui frappe le mieux la balle qui gagne. Nous savons tous jouer au tennis et physique-ment nous sommes tous au point. Le mot-clé est « élan ». C’est là toute la différence. Il ne peut se trouver que d’un seul côté et je dois m’assurer qu’il est du mien.Comment y parvenez-vous ?J’essaie de rester fort, patient, confiant, sûr de moi pendant toute la durée d’un match. Il ne faut pas se laisser aller à la frustration après une accumulation de fautes commises, une mauvaise décision

d’arbitrage ou un bon coup de l’adver-saire. Celui qui y parvient le mieux garde l’élan de son côté. Dans les situations cruciales, c’est lui qui prendra la bonne décision au bon moment.Votre vie ressemble à un scénario hollywoodien. L’enfant de la guerre des Balkans qui devient le roi du tennis mondial…C’est un miracle, un conte de fée. J’aurais pu échouer mille fois.Dans quelle mesure la Serbie, alors en guerre, a-t-elle influencé votre carrière ? Cela est-il générateur d’une

Novak Djokovic trouve en Jelena Ristic un réconfort qui lui sied à merveille.

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« au 5 e set, c’est dingue, mais pour la première fois j’ai la sen-sation d’être ailleurs, dans un monde à moi. une expérience incroyable, comme si j’avais été en transe. »

la finale de l’open d’australie 2012 ?

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énergie particulière ?Je ne suis pas un justicier serbe qui s’est fixé pour mission de conquérir le monde du tennis.Vous n’êtes pas porté par une motiva-tion supplémentaire ?Ma motivation est de montrer au monde un visage nouveau de la Serbie. avant moi, il y a eu Jelena Jankovic et ana Ivanovic. Elles ont toutes deux dominé le circuit WTa en devenant les meilleures mondiales en 2008. Nous sommes heureux de voir notre pays faire la Une des médias pour d’autres raisons.Les épreuves de votre enfance ont-elles accentué votre soif de réussite ?Probablement. J’avais plus à gagner. Mon désir de succès est tellement plus fort que cela peut être le cas.Dans quelle mesure la guerre a-t-elle été un fardeau pour vous ? Comment viviez-vous les raids aériens ?Un enfant ne peut pas vraiment saisir les conséquences. Mais quand les sirènes retentissent et que vous devez vous préci-piter dans la cave de votre grand-père la nuit, vous avez peur. Et ça a duré comme ça pendant deux à trois semaines.Vous vous entraîniez pendant les bombardements, la nuit dans un abri anti-aérien et le jour sur un court de tennis. Incroyable...… mais vrai ! Je continuais à jouer au tennis durant toute cette période. Plus qu’avant même car l’école était fermée.L’ex-président serbe Boris Tadic dit de vous que vous êtes le « meilleur ambas-sadeur de la Serbie de tous les temps ». Voyagez-vous partout avec le passeport rouge diplomatique ?oui, et j’avoue que cette petite merveille a ses avantages. Je peux éviter les longues files d’attentes aux frontières. (Rires.)Pourquoi ne vivez-vous pas en Serbie ?Parce que dans la pratique, cela serait impossible. À chaque coin de rue, j’aurais droit à un cirque médiatique. Sans répit. Ma célébrité en Serbie, être reconnu, populaire et aimé, c’est génial mais lourd à porter.Vous rendez encore visite à Jelena Gencic, celle qui vous a découvert et fait connaître. Un documentaire de la BBC a révélé des images très tou-chantes. Le vainqueur de Wimbledon qui présente fièrement son trophée à son premier entraîneur. Sur ces images, vous semblez plus être un apprenti-joueur qu’une star mondiale... Pour moi, Jelena imposera toujours le respect. L’extrait auquel vous faites réfé-rence est d’une forte émotion. Je lui offre une copie du trophée dont nous rêvions ensemble. Je ne serais jamais devenu le

joueur de tennis que je suis sans Jelena. Elle a été la première à croire en moi alors que je n’avais que cinq ans ! Elle disait à mes parents que j’étais un « gamin en or », qu’ils devaient absolument m’encourager à persévérer dans le tennis et m’interdire d’abandonner. Elle est à l’origine des plus précieux conseils à mon égard.Lesquels ?Par exemple, à propos de l’entraînement, elle disait toujours que la qualité venait avant la quantité, que l’essentiel résidait dans le quoi et le comment, pas le combien.Jelena Gencic a insisté pour que vous appreniez la musique classique, la poé-sie et les langues étrangères. Pourquoi ? Pour elle, ça faisait partie d’un tout pédagogique, sa vision de ce que doit être l’éducation. La musique avait aussi pour fonction la relaxation après le stress de l’entraînement. Une habitude que j’ai d’ailleurs gardée. J’aime écouter de la musique classique.Par la suite, vous changez de coach pour rejoindre à Munich Niki Pilic dont la popularité est alors mondiale. Pilic a dit de vous : « Je n’ai jamais vu un joueur de 13-14 ans avec une telle concentration. »Je ne voulais pas perdre de temps, pas une seule minute et j’avais conscience des sacrifices consentis par mes parents pour m’y envoyer. Je me devais de mettre tout en œuvre pour profiter de cette possibilité qui m’était offerte.Avez-vous toujours la même ambition dans tout ce que vous entreprenez ?Toujours et partout. Quoi que je fasse. Que ce soit pour un match de tennis ou au ski, ma détermination à gagner est toujours présente.On dit que vous êtes perfectionniste ce

« si vous aveZ des oBJectifs trÈs ÉlevÉs, vous ne pouveZ faire l’Économie d’un tel trait de carac-tÈre [LE perfectionnisme]. J’en suis convaincu. Quand dans votre profession, vous aveZ en face des federer, des nadal, il n’y a pas de place pour le compromis. »

Votre idole dans le tennis ?Pete Sampras.En dehors ?Mes parents et mes premiers entraîneurs comme Jelena Gencic.Votre devise ?Être soi-même.Votre meilleur ami ?Mes coéquipiers serbes de Coupe Davis : Janko Tipsarevic, Viktor Troicki et Nenad Zimonjic.Comment vous relaxez-vous ?Yoga et golf.Vos lectures favorites ?La psychologie du sport.La musique que vous écoutez ?La musique serbe.Votre acteur fétiche ?Robert de Niro.Si vous pouviez gouverner le monde une journée ?J’essaierais d’instaurer la paix.La ville où vous vous sentez le mieux ?

Belgrade. Et, après, Monte-Carlo.La personne que vous souhaiteriez rencontrer ?Michael Jordan.Votre plus folle expérience tennistique ?La finale 2012 de l’Open d’Australie contre Rafael Nadal.Votre plus beau souvenir dans le tennis comme dans le privé ?Mon titre à Wimbledon l’année dernière et la naissance de mes deux frères.Qu’aimeriez-vous absolument réussir à faire ?Fonder une famille et devenir père.Que pensez-vous de la grogne dans le tennis féminin ?Pas de commentaire à ce sujet.Quelle Une de magazine aimeriez-vous faire un jour ?Celle qui dira qu’il n’y a plus de Une à mon sujet. (Rires.)

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qui ne serait pas toujours agréable pour ceux qui travaillent avec vous…Si vous avez des objectifs très élevés, vous ne pouvez faire l’économie d’un tel trait de caractère. J’en suis convaincu. Quand dans votre profession, vous avez en face des Federer, des Nadal, il n’y a pas de place pour le compromis. Se satisfaire de petits pas n’est pas une option possible.Vous avez deux jeunes frères, Marko et Djordje qui essaient d’intégrer le circuit professionnel. Pensez-vous être un poids pour eux ou plutôt un soutien ?Ce n’est pas facile pour eux. Chacun de leur mouvement est scruté. Marko a 20 ans, Djordje à peine 16 ans. Comment voulez-vous qu’ils gèrent sans cesse la comparaison avec l’autre Djokovic ? Mais ils se battent, ils font de leur mieux pour trouver leur place. Dans le tennis ou ailleurs. Bien sûr, j’essaie de tempérer les choses. Je les soutiens du mieux que je peux et le ferai aussi longtemps qu’ils me le permettront. Le côté clinquant et glamour de votre métier vous gêne-t-il ?Pourquoi ? après tout, c’est une forme de reconnaissance de mes performances. En tant que numéro un, je me dois de représenter mon sport dans de pareilles occasions. Je considère cela comme un honneur.Comment décririez-vous Novak Djokovic à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler ?C’est un peu gênant d’avoir à se décrire soi-même… Ses défauts ? Il est parfois jaloux et un peu trop émotif. Quant aux qualités, c’est quelqu’un de communicatif, plein d’énergie et de vie. Il donne beau-coup de lui-même. Et il est responsable et sympa. (Rires.)Plus d’infos sur www.novakdjokovic.com

la guerre en serBie ?« Quand les sirènes retentissent et Que vous deveZ vous précipiter dans la cave de votre grand-père la nuit, vous aveZ peur. et Ça a duré comme Ça pendant deux à trois semaines. »

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Paris XIXe, terrasse du Village des fêtes. Hugh Coltman vient de déposer Lizzy – sa fille de trois ans – à la crèche. Toujours d’humeur égale, toujours prêt à refaire le monde, l’Anglais n’arrive pas à réaliser qu’il vit enfin de sa propre musique. « C’est un super luxe de faire ce qu’on aime. Je trouve ça ouf qu’autant de gens me suivent, m’envoient des messages pour me dire qu’ils ont été émus par une de mes chansons », raconte le chanteur dans un franglais, qui constitue sa marque de fabrique.

En même temps, malgré un parcours pas rectiligne du tout, ce guitariste- harmoniciste installé à Belleville n’a jamais songé à faire autre chose. De 1991 à 1999, il fut le chanteur, à vingt ans, de The Hoax, groupe de Blues réputé de l’autre côté de La Manche. Mais cette vie de tournées perpétuelles (250 concerts par an) finit par éroder son enthousiasme. Quand le groupe se sépare, il décide de changer de vie et s’installe à Paris. Il ne parle pas la langue, enchaîne les petits boulots (veilleur de nuit, barman, prof d’anglais), compose et rencontre la belle Anna, qui deviendra sa femme : « Il y a eu des moments difficiles mais je crois que j’avais besoin de me re-trouver loin de tout, dans une culture to-talement différente pour me sentir libre de faire ma propre musique. »

Conçu dans sa cuisine, son premier album Stories from the Safe House, porté TE

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Stories from the Safe House sera dans les bacs le 24 septembre prochain (Universal).

Coltman, un anglais à ParisRévélé par son premier album et ses prestations scéniques, ce chanteur-compositeur revient avec Zero Killed, son nouveau CD Pop-Rock. Rencontre avec un « Brit » très frenchy.

par le tube Could you be trusted rencontre dare-dare son public. sorti en 2008, il totalise près de 30 000 ventes. Un chiffre plus qu’honorable dans le contexte actuel. Mais c’est surtout sur scène que la magie opère. Que son timbre si particulier envoûte. Coltman a d’ailleurs tourné sans discontinuer de janvier 2009 à juillet 2010, avec notamment un passage à la Cigale et de nombreuses premières parties (M, Vanessa Paradis, Thomas Dutronc). Pour Zero Killed, son deuxième CD, qui arrivera dans les bacs début septembre, l’homme à la houpette et à l’éternelle barbe, a disposé de moyens plus conséquents. En compagnie de son co-réalisateur Marlon Bois, qui a notam-ment travaillé avec Charlotte gainsbourg ou Finley Quaye, Hugh a enregistré vingt chansons. « La version finale devrait en comporter une douzaine. Car j’ai envie de faire un scud comme ceux d’autrefois, avec douze ou treize titres pour une durée d’environ 40 minutes, que t’écoutes d’une traite et que tu as envie de remettre im-médiatement, raconte l’intéressé. Je crois sincèrement qu’on a des p... de chan-sons. » sortis en mai, les titres The End of the World et Isolation ont déjà trouvé leur public : « C’est dans la lignée du premier disque mais en plus rythmé. Une sorte de suite logique, entre Pop, Rock et Blues. » Avant d’entamer un nouveau cycle promotion-concerts, Hugh Coltman passe ses journées dans son studio de saint-ouen, à écrire pour d’autres ou à chanter sur scène avec le pianiste de Jazz Éric Legnini. « Quand une proposition arrive, j’essaie de ne pas dire non. Je me dis : “T’as pas le droit”. Je profite vraiment du moment. » L’Anglais à la voix de velours entame un tournant de sa carrière et se projette dans l’avenir. À tout juste 40 ans. « J’aimerais être encore là dans vingt ans, à gratter sur un 25e album. Je trouve admirable d’être un ouvrier de la zique. »Plus d’infos sur www.hugh-coltman.com

« C’est un super luxe de faire ce

qu’on aime. »

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En bon parisien, Hugh Coltman ne

déroge pas à la règle du petit noir. La « cup

of tea » n’a plus ses aises dans le XIXe.

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The Red Bulletin suit Stratos au plus près. Nous présentons depuis cinq mois les différentes étapes de l’expérience. Pour les retardataires, elles sont toutes disponibles sur l’appli iPad gratuite du mensuel que vous tenez entre les mains. L’ensemble est agrémenté de vidéos exclusives à ne pas louper.

FÉVRIER : nous avons interviewé Felix Baumgartner et son mentor, l’Américain Joe Kittinger, détenteur du précédent record de chute libre.

MARS : étude de la capsule de vol, du cockpit et des caméras embarquées à bord.

AVRIL : cap sur le ballon, transporteur de la capsule spatiale de Baumgartner.

MAI : décryptage de la combinaison de vol de Baumgartner et gros plan sur l’évolution historique des tenues spatiales.

JUIN : entretien avec le Doc Jonathan Clark sur les risques médicaux et excursion virtuelle dans le monde du dessus.

À l’ouverture de la porte de la capsule, les choses

sérieuses commenceront pour Felix Baumgartner.

Des années de préparation rendront leur verdict.

À la seconde et au millimètre près.

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Red Bull Stratos, c’est ça !À bord d’une capsule pressurisée fixée à un ballon d’hélium de 50 mètres de haut, Felix Baumgartner, 42 ans, s’élèvera à 36 576 mètres avant de plonger en chute libre vers la Terre. L’objectif de cette mission menée à la frontière de l’espace est de battre quatre records du monde :

1. La vitesse du son sans assistance

2. Le saut en parachute le plus haut

3. La plus longue chute libre

4. La plus haute ascension en ballon

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Il saute, ouvre le parachute de secours puis le sectionne, confiant dans l’ouverture du parachute principal. La fois d’après, il déclenche simultanément le

parachute de freinage et celui de secours. ou encore, il saute et se met à vriller jusqu’à perdre conscience. Ces diverses folies, Felix Baumgartner les exécute à l’entraînement pour être paré à tous les cas de figure qui pourraient nuire à la réussite de l’imminente mission Red Bull Stratos.

Vingt jours après la naissance de son fils, Luke Aikins saute du Mandalay Bay, l’un des hôtels les plus hauts de Las Vegas. « Vous arrive-t-il d’avoir peur ? » un large sourire barre son visage et le géant secoue sa forte tête. « Avant un saut, si une idée bizarre me traverse l’esprit, j’annule de suite. » Aikins, 38 ans, est un enfant du ciel. Il a grandi sur l’aérodrome

de Kapowsin, près de Washington où son grand-père avait lancé une entreprise de parachutisme, ensuite reprise en vol par sa tante et son oncle. Son père est pilote et tous les frères et sœurs de Luke ont leur licence de vol. Quand la plupart des familles vont à la pêche, les Aikins prennent les airs.

À 12 ans, Luke exécute en tandem son premier saut en parachute et doit patien-ter quatre années pour, en toute légalité, être baptisé en solo. Ses carnets de notes qui pourraient garnir la moitié d’une bibliothèque sont noircis des données de près de 15 000 sauts. outre sa collabo-ration avec Red Bull Stratos, Aikins perfec-tionne les soldats des forces spéciales américaines. Au lancement de la mission, il est recruté pour le poste restreint de photographe aérien : à lui de shooter les premiers pas de Baumgartner et de sa combinaison spatiale dans le tunnel aérodynamique puis ses premiers sauts. Programmés en avril 2009 à California City, ils sont top secrets.

une caméra lourde de 15 kilos équipe le casque d’Aikins et filme les chutes de Baumgartner. La mission part mal. « Ce n’est pas surprenant mais il y avait trop de vent, lâche aujourd’hui Aikins. La région autour de Cal City compte une flopée de moulins à vent. » Deux hélicoptères et une caméra Cinéflex patientent au sol, l’équipe tourne nerveu-sement en rond et Baumgartner est de mauvais poil. Ça fleure bon la poisse. L’attente s’éternise, le temps s’amenuise.

C’est là qu’Aikins intervient. Il appelle un ami à taft, petite ville à moins de trente minutes en hélicoptère nichée derrière une crête et habituée à une météo clémente. Il déballe aux responsables de l’aérodrome une histoire inventée de tournage de publicité pour red Bull. Convaincus, ils lui donnent leur feu vert en échange d’un billet de 500 dollars. Baumgartner et l’ensemble de l’équipe se réjouissent de la facilité de ce respon-sable d’images à régler dare-dare une montagne de problèmes. La journée est sauvée. enfin presque, car le parachute de freinage s’ouvre quand l’Autrichien tire sur la poignée d’ouverture du parachute principal.

Aikins est prêt à sauter. Il indique au pilote du second hélicoptère de ne pas piquer immédiatement si les rotors s’entravent dans le parachute. Penser à la sécurité de l’appareil ne fait pas partie des préoccupations habituelles d’un para-chutiste. Aikins s’en soucie. Il saute et se met à filmer. Contrecarrer les impasses et prendre l’initiative sont une attitude

6.1Comment revenir vivant sur Terre ? Luke Aikins, spécialiste du saut en parachute, détaille les mesures prises pour sécuriser la chute de Baumgartner.

Aikins, le parrain

texte : Werner jessner

Sauter de la stratosphère ? C’est comme conduire une voiture avec les pneus à plat.

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génération qui fonctionne parfaitement. J’ai filmé et leur ai envoyé la vidéo le lendemain. »

Aikins fabrique un modèle rudimen-taire pour le gréement du parachute, finalisé par le responsable de la combinai-son et admet qu’il est « davantage concep-teur que réalisateur ». Les mois défilent avant que le parachute utilisé aujourd’hui par Baumgartner ne soit opérationnel. Du haut de son imposante expérience en chute libre, Aikins sait à quoi sera confronté le héros de red Bull Stratos.

« on ne ressent aucun vent les trente premières secondes. Pour un parachutiste, c’est comme conduire une voiture avec les quatre pneus dégonflés. Il risque de subir

« Votre équipement n’est pas sûr. Le système de parachute doit être revu. »

naturelle chez Luke Aikins. Il a impres-sionné Art thompson, directeur technique du projet, Mike todd, ingénieur de maintenance, et Baumgartner qui lui proposent d’intégrer l’équipe. Il hésite. « Votre équipement n’est pas sûr. Je suis partant si le système de parachute est revu et corrigé. » Le matériel initial de freinage est fixé aux épaules. or, Aikins estime « que les cordes risquent d’étran-gler Felix ». Pendant que les uns calculent et bidouillent, Aikins, seul dans le ciel, enchaîne les essais. « J’ai accroché tout simplement le parachute de freinage à mon parachute principal et sauté d’un avion le parachute à la main. Il s’agissait d’un parachute de freinage de première

une à deux culbutes. La rareté de l’air empêche toute action. Dès que l’air sous son corps se densifiera, il pourra manœu-vrer pour retrouver la position optimale de saut. en haute altitude, Baumgartner ne doit même pas essayer d’éviter les culbutes. De toute façon, il ne pourra les éviter. C’est difficile à vivre pour un parachutiste mais dans une atmosphère où même une plume chute aussi vite que du plomb, le mieux est d’attendre l’arrivée d’une zone d’air plus dense. »

Lors des essais, un cylindre métallique est lâché de 36 576 mètres pour observer son comportement (essai baptisé Felix Bombegartner). L’objet se met à vriller. Les techniciens s’affolent. Aikins, beau-coup moins : « Le fait qu’il tourne implique une présence significative d’air, et s’il y a de l’air, l’action devient possible. en effet, l’air ouvre plus de possibilités que nombre d’aérodynamiciens ne peuvent imaginer. en 1960, Joe Kittinger a effectué son jump avec seulement à son actif 33 sauts en Ph

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6.2Un humain peut-il être supersonique ? La question déchaîne les passions. Martin Apolin est docteur en Sciences du sport à l’Université de Vienne. Il nous apporte son éclairage du point de vue de la physique pure. Ses conclusions sont étonnantes.

Vitesse inouïe

texte : martin apolin

Comment Felix Baumgartner peut-il franchir le mur du son en chute libre quand un parachutiste tête piquée ne dépasse pas 300 km/h ?

Commençons par la réponse simple : la densité de l’air est plus faible en haute altitude et à l’inverse, la vitesse du son est bien moins élevée à cause des tempéra-tures basses. Ces deux facteurs associés rendent le franchissement du mur du son possible. Voilà pour la réponse courte. Pour comprendre le phénomène dans le détail, il faut avoir recours à la physique.

L’étude de cas est un bon moyen de mettre en lumière les problèmes liés à l’établissement de projections précises et de rappeler que la réalité est bien trop complexe pour permettre des calculs exacts. D’abord, il faut prendre en compte les principaux éléments qui permettent d’atteindre la vitesse maximale en chute libre. Puis, appréhender les deux forces à l’œuvre sur un individu en train de tomber. Bien que mon analyse ne tienne pas compte des effets de compressibilité liés au choc, elle fournit un bon premier niveau d’estimation de la performance de Felix.

La première est la force de gravité : FG = – m g, où g désigne l’accélération de la pesanteur et m la masse de l’individu

parachute. L’Autrichien en compte 3 000. À la même époque, le record de chute libre en formation s’établit à huit per-sonnes, aujourd’hui près de cinq cents per-sonnes se donnent la main pour sauter. L’évolution est phénoménale. » Mais Bau-mgartner défie l’impossible. Aikins opine : « Nul n’a sauté d’aussi haut que Felix pour Red Bull Stratos. Pour se faire une idée précise de ce que sauter d’une telle alti-tude représente, il n’y a pas d’autre choix : quelqu’un doit s’y coller. »

Luke Aikins doit envisager tous les problèmes possibles en chute libre et dégoter à chaque cas la solution. Paré du parachute conçu pour la mission, il a effectué plus d’une centaine de sauts et répertorié l’ensemble des dysfonction-nements. Prenons le cas suivant : en pleine

et de son équipement en chute libre. Baumgartner, équipé de sa combinaison pressurisée, pèse 140 kilos. FG s’exerçant vers le bas, celle-ci devient négative. Lorsque l’individu se déplace dans l’air, une force de décélération s’exerce, appelée résistance à l’air et posée par la formule suivante : FD = ½ v² Cx A, où désigne la masse volumique de l’air, Cx le coefficient de résistance, A la section de passage et v la vitesse instantanée. De ce fait, la force totale exercée sur l’individu est : Ftotal = FD + FG = ½ v² Cx A – mg.

Supposons, pour simplifier les choses, que l’accélération de la pesanteur reste constante. Cela implique que le poids le soit aussi. Il en est autrement en ce qui concerne la résistance à l’air. Celle-ci augmente proportionnellement à la vitesse au carré. Si la vitesse double, FD quadruple. Ainsi quand la vitesse augmente, la résistance à l’air en fait de même. La vitesse maximale est alors atteinte quand la résistance à l’air et la force de pesanteur s’équilibrent, c’est- à-dire quand Ftotal est égale à zéro. Ce qui nous permet de poser l’équation avec une valeur de force totale à zéro et résoudre celle de v pour avancer que v = √ 2mg/ Cx A . L’affirmation initiale est donc bien confirmée.

Pour une position du corps et une masse identiques, toutes les valeurs, à l’exception de celle de la densité de l’air, sont constantes et de ce fait, v est propor-tionnelle à √ 1/ . Moins il y a d’air, plus la vitesse augmente et la vitesse maximale augmente avec l’altitude. Si comme il est prévu, Baumgartner saute à

Aikins (à droite) et Baumgartner se congratulent à l’issue des sauts d’essai.

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« Felix a fort à faire pour être prêt et avoir un parachutiste à ses côtés pour effectuer une partie des tests n’est pas un luxe. Dans les courses automobiles, il y a des pilotes dédiés aux tests. Le pilote de la mission ne peut pas tout faire. »

Le drame a été frôlé à l’occasion d’un test à taft avec l’ancien système de para-chute. Baumgartner avait tiré sur la mau-vaise poignée d’ouverture et le parachute ne s’était pas ouvert. une situation fré-quente et fatale. « Les parachutistes ont tendance à paniquer et tirent sur un cor-

don jusqu’à ce qu’il soit trop tard, précise Aikins. Mais Felix avait pris très calme-ment une autre initiative et déclenché la bonne poignée d’ouverture. Il sait rester dans l’action et prendre des décisions rapidement et efficacement. C’est ce qui le rend spécial. un grand athlète recherche la possibilité de l’échec pour prouver qu’il est à la hauteur du défi. Beaucoup s’effondrent dans une telle situation mais un champion en sort grandi. Felix appartient à cette deuxième catégorie. » Quand Luke Aikins considérera-t-il que la mission est un succès ? « Dès que le parachute s’ouvrira et que nous verrons Felix bouger, ce sera dans la poche. »

« Un grand athlète recherche la possibilité de l’échec pour prouver qu’il est à la hauteur du défi. »

moyen de parvenir à cette estimation en procédant par étape. L’emploi d’un tableur rend l’exercice très accessible. Déterminons pas à pas en partant des données connues vers les inconnues puis répétons le procédé à l’étape suivante. Commençons avec l’altitude du saut et une vitesse de zéro. Calculez la force totale exercée sur l’individu au départ du saut (uniquement la gravité au début). Puis, supposons que la force globale reste constante sur un court laps de temps (1/10e de seconde, par exemple).

Ceci n’est pas tout à fait exact mais l’écart reste marginal. Nous pouvons déterminer l’accélération à partir de la force totale, et de là, la nouvelle vitesse, la nouvelle altitude et ainsi de suite. C’est globalement très simple mais comme souvent le diable est dans les détails. Pour une simulation la plus précise possible, nous devons d’abord prendre en compte le produit de la force d’accélération, c’est-à-dire l’accélération gravitationnelle g, qui diminue avec l’altitude. À roswell, le ratio est de 9 795 m/s mais à 36 576 m il est de seulement 9 684 m/s (soit, envi-ron 1 % plus faible). Si cette différence est négligée, la vitesse calculée sera surestimée. Bien plus problématique est le calcul de la section de passage A et du coefficient de traînée Cx, tous deux impossibles à déterminer pendant la chute car ils dépendent de la position du corps. Mais rien n’empêche d’essayer. Pour commencer, il n’est pas nécessaire de connaître chaque valeur : celle de ACx est suffisante. Nous pouvons l’estimer en utilisant le saut-test effectué le 15 mars

chute libre, le parachute de réserve s’ouvre accidentellement. La mort attend Baumgartner car sa réserve d’oxygène est insuffisante pour une lente descente. Sa survie dépendra de sa capacité à couper le parachute de réserve, un acte interdit dans un saut classique. un test a validé l’infaillibilité de la solution.

Aikins ne se considère pas comme un cobaye et n’est pas en quête de sensations fortes. Sa longue expérience et son naturel calme prouvent d’ailleurs le contraire. Comme son respect pour Baumgartner.

Observez la figure 2 et notez la similitude des trois sauts durant les 10 à 15 premières secondes. À quoi cela tient-il ?

36 576 mètres d’altitude, il atteindra sa vitesse maximale à 28 000 mètres. Pour une densité de l’air normale au niveau de la mer d’une valeur notionnelle de 1, à cette altitude est de seulement 0,02 (soit 2 %). Ainsi pour une vitesse maximale, on pose √ 1/ = √ 1/0,02 7.

À cette altitude, la faible densité de l’air permet à Baumgartner d’atteindre une vitesse 7 fois plus élevée que dans une atmosphère plus dense. une simula-tion qui montre bien quelle vitesse peut être atteinte. tout simplement fascinant. L’usage des mathématiques est le meilleur

Figure 2 L’altitude n’a pas d’influence sur l’accélération pendant les quinze premières secondes du saut. Ceci est plutôt étonnant.

Figure 1 La densité de l’air diminue fortement avec l’altitude. C’est la condition sine qua non pour une tentative de record.

Den

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en

kg/m

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Altitude en km

0,08

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dernier. À cette occasion, Baumgartner a sauté d’une altitude de 21 820 m et atteint une vitesse maximale de 587 km/h. À présent, rectifiez la valeur de ACx dans la simulation jusqu’à ce que vous obteniez la même vitesse.

L’estimation fournit une valeur ACx de 1,06 que nous pouvons à présent utiliser dans notre expérience. Supposons que la position de son corps soit stable durant sa tentative de record (fig. 1), l’estimation de la masse volumique de l’air présente un réel point critique. Celle-ci diminue en fonction de l’altitude : l’air se raréfiant en haute altitude, son poids disparaît avec lui pour ainsi dire. Mais, la température aussi décline en altitude et affecte la masse volumique de l’air. Nous disposons d’une flopée de données relatives à la troposphère située jusqu’à 10 kilomètres au-dessus de la terre. Mais pour ce qui est de la stratosphère, les données sont aussi minces que… l’air. Si l’on se réfère aux données brutes sur la haute altitude dont nous disposons, nous pouvons estimer la masse volumique de l’air situé entre 20 et 40 kilomètres avec l’équation suivante :

= 1,5906e– 0,151a (fig. 1), avec a dési-gnant l’altitude en kilomètres. La masse volumique de l’air évolue légèrement en

Temps pour atteindre la vitesse du son

Altitude au moment du mur du son

Temps mis pour arriver à vitesse maximale

Vitesse maximale (vmax)

Altitude à vitesse maximale

Tempéra-ture en °C

Vitesse du son (vson)

vmax Mach

33 528 mètres

(110 000 pieds)– – 43 sec 1 028 km/h 26 000 m − 50,7 1 076 km/h 0,96

36 576 m

(120 000 pieds)37 secondes 30 500 m 46 sec 1 157 km/h 27 600 m − 49,1 1 080 km/h 1,07

39 624 m (130 000 pieds)

34 sec 34 200 m 50 sec 1 289 km/h 29 000 m − 47,7 1 084 km/h 1,19

Tableau : simulation de trois sauts. Toutes les valeurs sont arrondies, exceptées pour la vitesse maximale et la température.

100 km/h et culmine à 260 km/h à vitesse maximale.

Le tableau ci-dessous le démontre parfaitement. Cette simulation délivre une vitesse maximale de 1 157 km/h pour le saut prévu à 36 576 mètres d’altitude. Mais à quoi cela correspond-il en Mach ? Là apparaît une dernière complication. La vitesse du son correspond par convention à 1 235 km/h, plus communément dési-gnée par Mach1. Baumgartner n’atteindra que 0,96 Mach dans le saut prévu à 36 576 mètres, en deçà donc de la barrière du son. Fort heureusement la valeur Mach 1 ne s’applique qu’à une température de 20 °C mais la vitesse du son dépend aussi de la température qui diminue fortement en haute altitude. L’équation suivante permet de déterminer celle-ci : vSon = 20 m/s · √ T – 273,15, où T désigne la température en degrés Celsius.

Pour savoir combien de Mach Baumgartner atteint à une altitude donnée, nous devons connaître la tempé-rature. Nous avons dit précédemment que les données sur la stratosphère étaient peu nombreuses. Néanmoins, nous disposons de données sur les températures avec un accroissement de 2 kilomètres que nous pouvons interpoler. Mais comme pour la masse volumique de l’air, les conditions réelles au moment du saut peuvent là en-core, être différentes. Le tableau donne les températures des altitudes respectives et les vitesses en Mach. Cela montre que Baumgartner n’atteindra pas la vitesse du son s’il saute de 33 528 mètres. Le saut à 36 576 mètres d’altitude lui laisse une marge de 7 % et celui de 39 624 mètres, 19 %. Personne ne peut prévoir ce qui se passera avant que le mur du son ne soit franchi. Si Baumgartner se met à vriller et est contraint d’ouvrir son parachute de freinage, il peut logiquement dire adieu au franchissement du mur du son. Mais quoi qu’il advienne, le saut restera fasci-nant car la meilleure des simulations ne remplacera jamais l’expérience réelle.

permanence, selon le moment du jour, de l’année, de l’humidité et de l’endroit. en d’autres termes, il est impossible de prévoir la masse volumique de l’air. Il est donc probable que le jour de la tentative de record, les conditions soient légère-ment différentes.

À présent, nous sommes prêts pour la simulation (fig. 2). Celle-ci s’applique seulement aux 100 premières secondes du saut de Baumgartner car la formule utilisée a des chances de ne plus être valable au-delà. or, les choses les plus importantes se déroulent en tout état de cause, durant les 50 premières secondes.

Je prends comme altitude de départ les valeurs suivantes : 33 528, 36 576 et 39 624 mètres. La deuxième valeur est l’altitude prévue pour le saut de Felix. Les résultats ne semblent pas dogma-tiques. Ils ne peuvent jamais être aussi précis que des données brutes. et des écarts de quelques pourcents dûs à des conditions réelles de base différentes de celles prises en compte pour la simulation (fig. 2) sont toujours possibles. La fi-gure 2 montre que les sauts sont quasi identiques sur les 10 à 15 premières secondes. À quoi cela tient-il ? À l’extrême faiblesse de la masse volumique de l’air à l’altitude de départ. elle y est si faible que dans les trois cas, nous sommes en présence de chute libre quasiment sans aucun obstacle. Cette affirmation avait été confirmée par Joe Kittinger après son saut en 1960 : « À la fin du compte à rebours, je m’élance dans l’inconnu. Il n’y a pas vent qui souffle, ma combinai-son ne se gonfle pas d’air et je n’ai pas la moindre sensation de la vitesse qui augmente. » Mais un individu qui saute à partir d’altitudes moins élevées est confronté à une masse volumique de l’air bien plus importante et la progres-sion de la vitesse est ressentie déjà dès les premières 30 secondes. À cet instant, cette différence entre les sauts à haute et ceux à faible altitude, atteint déjà

« Si Baumgartner se met à vriller et doit ouvrir son pa-rachute de freinage, il peut dire adieu au franchissement du mur du son. »

Données

AltituDe

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Le moment que tout le monde attend :

Felix Baumgartner au milieu de nulle part.

Partout, le noir de l’espace s’étend et au beau milieu se dessine la courbure de la terre. Je réalise à cet instant la chance que j’ai d’être là,

debout sur la plate-forme de la capsule à une altitude de 22 kilomètres, prêt à sauter. Aussi, je suis soulagé de pouvoir enfin montrer ce à quoi nous travaillons depuis cinq ans. Soulagé de pouvoir rendre un peu à ceux qui croient en nous depuis le début.

Je desserre la main qui me retient encore à la rampe et me laisse tomber. L’accomplissement d’un geste, mille fois imaginé. Les six premières secondes de la chute libre me procurent une sensation géniale même si je navigue dans l’inconnu le plus total. Je bascule en avant et me retrouve allongé sur le dos. Causé par les bouteilles d’oxygène, le parachute et le lourd paquetage accroché à ma poitrine, mon centre de gravité élevé explique cette position. Il a été décidé de ne pas réagir à d’inhabituelles positions de saut, même incorrectes comme dans le cas présent. Plus bas, quand l’air sera plus dense, les occasions ne manqueront pas pour la rectifier.

« Laisse-toi aller », m’a recommandé Luke Aikins, professionnel averti du saut en parachute. en effet, je parviens peu après à rectifier ma position. Après

Felix Baumgartner revient sur son saut-test de 21 823 mètres et ses préoccupations du moment avant la tentative estivale de records à une altitude de 36,6 kilomètres.Par Felix Baumgartner

« Laisse-toi aller »

6.3

six secondes de chute libre, la réponse à une question cruciale tombe : la position qui sera la mienne après le saut dans la stratosphère. Lors de ma tentative de saut record à 36,6 kilomètres, il est donc possible que je sois sur le dos, aveugle et impuissant au moment de franchir la barrière du son. Ce n’est pas souhaitable mais faire l’impasse sur ce scénario catastrophe ne l’est pas moins. Les scientifiques ne savent toujours pas précisément les risques potentiels à franchir le mur du son. Il reste difficile d’anticiper l’inconnu. et la combinaison pressurisée entrave toute réaction rapide. Sauter avec une telle combinaison, c’est

comme marcher sous l’eau. La démarche est lente et malaisée. Dans un environne-ment qui exige une forme optimale, cet équipement abaisse mes capacités à 30 %.

Je vais sauter à 36,6 kilomètres d’altitude avec seulement sept minutes d’expérience en chute libre au compteur, accumulées sur deux sauts de haute altitude : trois minutes pour le premier et quatre pour le second. Sept petites mi-nutes d’expérience pour effacer un record vieux de 52 ans. Il me faut emmagasiner en un temps record toutes les données re-latives à la haute altitude dont j’aurai be-soin : la sensation de vol, la gestion du stress de s’aventurer au-delà de la ligne

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7Le mois prochain : RoswellVisite du site de lancement de Red Bull Stratos avec au programme extraterrestres, serpents à sonnette, parking pour avions et... la rivière Felix.

Armstrong (altitude de 19 200 mètres où la pression atmosphérique est si basse que l’eau bout à la température normale du corps humain, ndlr) où je suis conscient d’être entouré de dangers mortels, invi-sibles mais néanmoins réels. Même si le premier saut-test a bien tourné, il n’est que la moitié de l’objectif. tout alpiniste peut grimper à 4 000 m mais dompter l’everest réclame une tout autre exigence.

Souvent, on me demande si j’angoisse au moment du saut. C’est totalement l’inverse. Je suis impatient car il me rapproche de la terre, un lieu bien plus sûr. C’est là un autre point commun avec l’alpinisme. une fois que les alpinistes ont atteint le sommet, ils regagnent le camp de base. Dans mon cas, c’est l’atmosphère respirable. Seconde après seconde, l’air devient plus manœuvrable, je peux contrôler à nouveau ma position. un seul problème notable perdure : les mains gelées. Le reste du saut n’est plus qu’une formalité. Je retourne dans mon élément et ce n’est que du bonheur.

un nombre incalculable de fois et à différentes altitudes, tous les aspects du saut sont répétés : avec et sans combinai-son gonflée, avec une corde à élastique et dans le tunnel aérodynamique. La précision du saut en devient presque inquiétante. Après une énième ascension de la même montagne, l’excitation n’est plus la même qu’à la première.

Lors du saut-test, j’ai atteint une vitesse de 587 km/h, la troisième plus rapide chute libre exécutée par un humain. Mais pour moi, la sensation est équivalente à celle d’un saut normal. Je n’ai aucun repère, la combinaison pressurisée empêche de ressentir la vitesse et le son produit par la vitesse est inaudible. À haute altitude, la rareté des molécules d’air provoque une chute à toute vitesse mais plus bas, leur présence se densifie et ralentit la chute.

Lors du premier saut à haute altitude, j’ai craint une panne radio. Ce n’est pas que j’avais une irrépressible envie de parler pendant la chute libre mais l’un des objectifs de la mission est de commu-niquer en chute libre. une panne radio s’avère dangereuse pour mon atterrissage. Si je ne suis pas en mesure de diriger l’hélicoptère avec les fusées éclairantes, je risque de percuter le sol avec une poussée de 4g. Mes chevilles se transformeraient alors en amortisseurs de deux grosses harley-Davidson pour supporter mes 140 kilos, combinaison incluse.

La radio est synonyme d’informations qui permettent de réagir à temps. Même avec une simple fracture de la jambe ou du bras, je n’ai pas envie de me retrouver étendu au beau milieu du désert de Chihuahua près de roswell, au Nouveau-Mexique. Comment faire si, par exemple, je suis dans l’incapacité d’ouvrir ma visière ? et si je suffoque dans ma combinaison par manque d’oxygène ? Je ne retourne dans la capsule que si la radio fonctionne parfaitement.

Nous savons maintenant que le risque de panne provient du sac situé au niveau de ma poitrine où est logée la radio mais aussi à cause d’autres fonctions de contrôle et d’enregistrement. L’appareil est actuellement repensé et les spécia-listes de riedel (entreprise allemande de communication, ndlr) trouveront la solution. en attendant, je suis rassuré par mon équipement. Les améliorations apportées au parachute sont une réussite. À présent, nous sommes en mesure de faire face à tout problème en altitude. La plus grande inconnue demeure le fran-chissement du mur du son. Il n’y a qu’une seule façon de le découvrir : s’y essayer. C’est ce que je m’apprête à faire cet été. La mission dans le détail sur www.redbullstratos.com

Baumgartner prévoit un nouveau saut-test

à 27 432 mètres de hauteur avant

de s’attaquer au « big one ».

« Si j’angoisse au moment du saut ? C’est exactement l’inverse. Il me rapproche de la Terre, un lieu bien plus sûr. »

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Contenu

84 VOYAGEMontreux fait son festival

86 Il MEt lE fEules groupes de Rock font appel à ce génial pyromane

88 PRENEZ lE PlIMarc Márquez déploie ses astuces

90 VIE NOCtuRNERetrouvez tous les mois quatre pages spéciales pour assouvir votre passion de noctambule. la nuit ne nuit pas à votre santé.

94 AGENDAtour du monde des meilleurs plans Red Bull

96 fOCuSÉvénements à ne pas louper en france

97 KAINRAth

98 PlEINE luCARNEl’œil de CODB

Inspirez profondément puis lancez-vous. Découvrez pourquoi un million et demi de personnes se roulent dans la boue de Boryeong en page 95.

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d’espritde corpsplus

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Pendant 349 jours, Montreux est une ville de carte postale avec ses promenades sur les bords du Léman et son magnifique panorama vers les Alpes du canton de Vaud. Mais arrive l’été. La paisible cité au cachet unique se mue alors en épicentre musical sous la houlette de Claude Nobs, maître des lieux depuis 46 ans. Led Zeppelin, James Brown, Bob Dylan, Prince, Radiohead et bien d’autres répondent favorablement à l’invitation de ce septuagénaire. 200 000 vi-siteurs sont sous le charme.

Nobs est connu pour avoir l’œil. Ce fin connaisseur parvient à recruter de futures stars. Il est dès lors plus aisé pour Montreux

et son génial instigateur de créer des liens avec celles et ceux qui écriront les plus belles notes des années à venir. La légende Herbie Hancock revient cet été pour la 27e fois par exemple. Avec le morceau Smoke On The Water, Deep Purple érige un monu-ment à Funky Claude. Keith Richards et David Bowie s’installent même pendant quelques années sur les bords du Lac. Si vous n’avez rien de prévu ce week-end, nous vous conseillons vivement d’aller faire un tour du côté de Montreux afin de vibrer au son des Ting Tings, Janelle Monáe, Nada Surf ou de la révélation Emeli Sandé.Le programme sur www.montreuxjazzfestival.com

Les Miles et une nuit festival de jazz de montreux Miles Davis, Van Morrison, Paul Simon, Lana del Rey ou encore Janelle Monáe... Point commun ? Claude Nobs. Le boss du plus grand festival d’Europe règne en maître incontesté sur les rives du Lac Léman depuis 46 ans. Courez à Montreux avant la clôture ce week-end !

Let’s go ! Le bon pLan du mois

à 76 ans, Claude Nobs, père spirituel du Festival, possède sans doute le plus fourni des carnets d’adresses des pros de la scène.

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Des stars comme à la maisonBob Dylan sur son vélo, Kid Rock en prison... Petites et grandes histoires de Montreux à travers la plume de Nobs et ses lieux fétiches.

­l’invitent­à­la­table­de­ce­restaurant­­situé­juste­au-dessus­du­domicile­du­boss­du­festival­!­La­fondue­bourgui-gnonne­y­est­exquise­et­la­vue­sur­le­lac­magique.­Les­artistes­se­détendent­­souvent­sur­la­pelouse­mitoyenne­avant­de­monter­sur­scène.­«­Une­fois,­Paul­­Simon­retarde­le­début­de­son­concert­parce­qu’il­veut­absolument­apprécier­le­coucher­du­soleil­sur­le­lac­»,­dit­Nobs.

7 Hommage à freddie mercury­Une­statue­rend­hommage,­sur­les­bords­du­lac,­à­l’un­des­plus­grands­chanteurs­Pop­de­tous­les­temps­:­Fred-die­Mercury.­Le­leader­de­Queen­était­un­ami­proche­de­Nobs.­«­Un­soir,­David­Bowie­et­les­membres­de­Queen­dînent­chez­moi.­Je­leur­demande­:­“Pourquoi­vous­n’allez­pas­ensemble­au­studio­?”­Ils­reviennent­me­voir­deux­heures­plus­tard­avec­Under­Pressure.­»­

La vue qui empêche Paul Simon de retrouver son public.

1 casino de montreux­C’était­déjà­un­lieu­de­concert­avant­même­la­création­du­festival­de­Jazz.­«­Mon­premier­invité­était­John­Lee­Hooker,­il­y­a­une­cinquantaine­d’an-nées.­À­l’époque,­je­dois­dégoter­500­$­pour­payer­son­cachet.­Quelques­­années­plus­tard,­ce­sont­50­000­$­qui­sont­nécessaires­à­sa­venue­»,­se­sou-vient­Nobs.­Les­longues­soirées­de­­clôture­constituent­aussi­des­faits­­marquants.­Après­les­concerts,­les­fans­et­les­musiciens­prolongent­la­soirée­dans­les­jardins­du­Casino.­Là,­ils­se­­requinquent­au­buffet­avant­de­finir­dans­la­piscine.­Cette­année,­l’ambiance­y­est­plus­«­feutrée­».­Afin­de­bien­débu-ter­la­journée,­Nobs­invite­les­convives­pour­un­brunch­décalé­accompagné­par­Nile­Rodgers­et­Mark­Ronson.

2 studios mountain­Le­4­décembre­1971,­le­Casino­est­­ravagé­par­un­incendie­pendant­un­concert­de­Frank­Zappa.­Dans­un­bâti-ment­adjacent,­Deep­Purple­travaille­sur­de­nouveaux­morceaux.­Ces­der-niers­immortalisent­l’événement­avec­­Smoke­On­The­Water­et­rendent­hom-

mage­à­Claude­Nobs­pour­son­­courageux­sauvetage­d’un­grand­nombre­de­personnes.­Par­la­suite,­­un­studio­d’enregistrement­financé­par­Queen­est­reconstruit­au­sous-sol­de­­la­bâtisse.­David­Bowie,­AC/DC­et­Duran­Duran­y­enregistrent­des­albums­­légendaires.­Aujourd’hui,­le­lieu­est­­devenu­un­night-club.­À­l’extérieur,­­un­mur­porte­les­marques­d’hommage­à­­Freddie­Mercury.

d’une­soirée­plutôt­bruyante­dans­sa­suite.­Un­des­convives­saute­même­par­la­fenêtre­mais­atterrit,­fort­heureuse-ment,­sur­un­balcon.­En­regagnant­la­suite,­il­s’introduit­par­mégarde­dans­celle­de­Chaka­Khan.­Effrayée,­celle-ci­roue­de­coups­le­présumé­cambrioleur­à­l’aide­d’un­parapluie.­La­police­arrive­et­embarque­l’hôte­de­cette­folle­soirée.­«­Le­lendemain,­Kid­Rock,­sans­argent­et­pieds­nus,­nous­appelle,­désespéré,­du­poste­de­police­»­raconte­Nobs,­­sourire­aux­lèvres.­

4 grand-rue­Sur­l’artère­principale­et­mondaine­de­Montreux,­tout­ce­qui­brille­ou­scintille­peut­s’acheter.­Montres,­bijoux,­­souvenirs...­Nobs­conseille­plutôt­d’être­­attentif­à­la­circulation.­On­ne­sait­­jamais.­«­Un­jour,­devant­le­Casino,­nous­attendions­la­limousine­de­Bob­Dylan.­Celle-ci­arrive­mais­vide.­Il­apparaît­quelques­instants­plus­tard­sur­un­vélo­et­en­complète­tenue­de­cycliste­avec­casque,­gants­et­chaussures.­»­

5 le Petit Palais ­Ce­bâtiment­Art­Déco­abritait­autrefois­l’impressionnant­et­précurseur­night-club­de­Nobs.­«­Je­découvre­à­San­­Francisco­des­spectacles­psychédé-liques­avec­des­couleurs­se­fondant­les­unes­aux­autres.­Je­veux­avoir­la­même­chose­pour­mon­club­mais­ne­sais­pas­comment­m’y­prendre.­Je­saisis­alors­trois­assiettes­et­un­rétroprojecteur­et­je­mélange­du­shampooing­bleu­avec­du­sirop­de­grenadine­et­de­menthe.­­Je­mets­même­une­fois­des­coléoptères­écrasés­entre­les­assiettes.­L’effet­est­dément,­les­gens­sont­hystériques.­»­Aujourd’hui,­Le­Petit­Palais­abrite­des­ateliers­où­musiciens­professionnels­­et­amateurs­échangent­sur­les­mul-tiples­utilisations­possibles­de­leurs­­instruments.­­

6 Hostellerie de caux­Quand­les­invités­de­Nobs­veulent­­accorder­un­répit­à­leur­hôte,­ils­

8 miles davis Hall­Miles­Davis­et­Montreux­sont­indisso-ciables.­Le­Picasso­du­Jazz­y­joue­dix­fois,­la­dernière­en­1991,­soit­tout­juste­deux­mois­avant­sa­disparition.­La­­principale­scène­du­festival­porte­son­nom.­Elle­a­notamment­accueilli­cette­année­Bobby­Womack,­légende­de­­la­Soul,­Jane­Birkin,­Dr.­John,­la­voix­­du­Vaudou­Blues­«­coming­straight­from­Mississippi­»,­Gilberto­Gil,­dieu­de­­la­Bossa-Nova­et­Janelle­Monáe,­­princesse­de­la­Soul-Pop,­le­14­juillet.

3 montreux Palace­Pendant­le­festival,­cet­hôtel­–­sans­doute­l’un­des­plus­beaux­d’Europe­–­­devient­celui­avec­la­plus­haute­densité­de­stars­au­mètre­carré.­Cette­proximité­n’est­pas­toujours­heureuse.­Kid­Rock­se­fait­remarquer­en­2009­au­terme­

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Cappadocia : « La mise à feu procure une sensation de toute puissance. »

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Pistol Pete Ce type a la flamme. sur scène, la plupart des monstres du rock fait appel à ses services. « Allumer le feu », telle pourrait être la devise de peter Cappadocia.

1 Road casesDix à vingt « road cases » de différentes tailles – containers très robustes – sont nécessaires pour une tournée. Un semi-remorque de 15 mètres de long se charge de les transporter.

2 Console Pyrodigital ConsultantsPyrodigital Consultants est le spécialiste incontesté dans ce domaine. Leur console permet de contrôler les 50 à 100 brûleurs fixés sur la scène.

3 Répartiteur WhirlwindUn câble en entrée et six en sortie. Les câbles relient l’unité de contrôle aux brûleurs.

4 Tableau d’allumage Pyrodigital ConsultantsChaque câble est relié séparément à l’unité de contrôle et allumé par un programme spécialement développé à cet effet.

5 Interrupteur de mise à feuUn sensation unique. L’activa-tion de ce bouton déclenche les clameurs immédiates du public. Il procure un sentiment de toute puissance.

6 Bouteille de CO2 compriméCes bouteilles pèsent environ 110 kilogrammes et servent à produire les effets fumigènes que nous allumons à l’aide de lampes LED. Nous nous fournissons auprès d’entreprises spécialisées locales.

7 Burner Control System 7800 series HoneywellIl nous permet de contrôler tous les effets de la flamme. C’est en quelque sorte le cerveau du mur de feu.

8 Lance-flammes Stage & EffectsNous l’utilisons pour des spectacles en plein air afin de créer des colonnes de feu pouvant monter jusqu’à 35 mètres. Trois unités sont par exemple utilisées pour les Rolling Stones.

9 Burn Bar Stage & Effects Permet de créer des murs de feu au propane de 3 mètres de haut.

10 Interrupteur de sécurité McMaster CarrCe système fonctionne uniquement quand on pose le pied sur l’interrupteur.

11 ExtincteurNous en avons plusieurs types : au CO2 et différents extinc-teurs à poudre. Nous y avons recours plus souvent qu’on ne le pense. Par exemple lorsque Gene Simmons éponge la sueur de son visage et jette la serviette un peu n’importe où au hasard. Et bien sûr, celle-ci termine sa course à proximité d’un circuit électrique surchauffé et ne tarde pas à devenir incandescente.

12 Bouteille de CO2 liquideElle est de 750 litres et utilisée pour les effets de brouillard. Son fonctionnement est optimal lorsque l’air a un taux d’humidité élevé.

13 Le boucJe me le teins en roux avec un produit de coloration. Le gris est sa couleur naturelle. Cela me donne un air de méchant frère du Père Noël.

14 Gicleur de CO2

Utilisé pour créer des rideaux de brouillard. KISS en réclame 30 unités pour leur prochaine tournée.

Infos sur www.stgfx.com

Prenezle Pli

L’indispensabLepour Les pros

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À 19 ans, le prodige espagnol a déjà tout d’un crack. Maîtriser 135 kg d’acier lancés à 280 km/h est un art de funambule. La force seule ne saurait être la réponse. « Les muscles peuvent nous limiter », explique Márquez. Avoir des jambes et des avant-bras musclés est plutôt un inconvénient dans cette discipline. L’agilité permet en revanche d’adhérer aux souhaits de la moto et d’y réagir. La maîtrise nécessite de la force et la musculation n’est

pas indiquée. Un dilemme qui rend l’entraînement difficile. Márquez utilise pour cela des charges réduites et multiplie les répétitions suivies d’étirements pour améliorer la souplesse. Cela permet un renforcement musculaire sans prise de poids. Mais le simple désir d’aller vite ne suffit pas pour gagner. « La vitesse ? C’est dans la tête, avoue Márquez. Si vous prenez le départ d’une course en disant “Je dois rouler vite et être agressif”, il y a des chances que ce soit contre-productif. Il faut un mental fort. Quand je remonte sur la moto après l’hiver, deux mois de disette viennent de s’écouler. Ma forme physique est bonne, mais ma confiance en la machine n’est pas optimale, provoquant ainsi fatigue et ralentissement. La vitesse arrive naturellement après de nombreux tours de piste. Une chute et tout retombe. Certains pilotes ont du mal à retrouver cette confiance. Ce n’est pas mon cas. Heureusement... »

Lundi7 h : « Je débute chaque journée par un petit-déj composé uniquement de céréales, yaourts et fruits. C’est l’équilibre nutritionnel parfait. »8 h-10 h : 40 km à VTT.14 h-16 h : Salle de gym. Renforcement global avec haltères.

Mardi7 h : Petit-déjeuner.8 h-10 h : Salle de gym, comme le lundi. « En compa-gnie d’Alex, mon frère. Nous restons dans l’univers de la moto pour être motivés. »14 h-16 h : Tennis avec coach.

Mercredi8 h : Petit-déjeuner.9 h-11 h : 40 km de VTT.14 h–16 h : Karting avec des amis. « Un moment de plaisir et de détente. »

Jeudi7 h : Petit-déjeuner.8 h-9 h 30 : Jogging léger dans mon quartier.12 h-14 h : Natation.14 h-15 h : Massage. Cela aide à maintenir l’élasticité des muscles.

Vendredi7 h : Petit-déjeuner.8 h-10 h : 40 km de VTT. « J’adore le vélo. Je ne consi-dère donc pas cet exercice comme une contrainte. »13 h-14 h : Gym. Renforcement global avec haltères.

Samedi8 h-10 h : 40 km de VTT.15 h-17 h : Karting. « Même si je m’entraîne, j’essaie tout de même de m’amuser le weekend. »

Dimanche« Repos total ! »

Lundi Jeudi

Varier les plaisirsVoici le programme d’entraînement de Marc Márquez au cœur de l’hiver. L’Espagnol s’évertue à garder la forme.

À 19 ans, le prodige espagnol a déjà tout À 19 ans, le prodige espagnol a déjà tout À

Au sommet ? MARC MÁRQUEZ Deuxième du Championnat du monde Moto2 en 2011, l’Espagnol vise plus haut.

Plus sur www.redbull.fr

AUBOULOT

S’ENTRAÎNER COMME UN PRO

Marc Márquez

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RED BULL DONNE DES AIIILES.Red

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Nouveauté

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Kraft werk dans leurs têtesLes Hot Chip sont les Supermen de la Pop. Insignifiants dans la vie, ils se transforment sur scène en incroyables héros. Leur dernier opus est un chef-d’œuvre psychédélique.

Lunettes sur le nez et look de premier de la classe, le quintaiseur de mode musicale. Pourtant, les Hot Chip n’ont pas le look de popstars. depuis the Warning, leur chef-d’œuvre de 2006, ils le sont bel et bien, grâce notamment à un savant mélange d’Indie-Pop et de rythmes électroniques enthousias-mants. Il y a peu, le single solo de Joe Goddard, tête à penser du groupe, s’est propulsé numéro 1 au hit-parade sud-africain. Le nouvel album du groupe, In our Heads, arrive dans les bacs.tHE REd BULLEtIn : Êtes-vous surprisde voir votre morceau Gabriel n°1 enafrique du Sud ?JoE GoddaRd : Complètement ! Je ne sais toujours pas comment c’est arrivé. En ce moment, la House a le vent en poupe là-bas, ce qui explique que mon morceau passe souvent à la radio.Vos acolytes ont aussi travaillé en solo.

actIoNMidnight swing PRÉVoIR… des balles de golf luminescentes et un parcours éclairé (torches ou projecteurs). mais éviter les lunettes de soleil.oRIGInE La Floride et la Californie. de nombreux Par-3 situés en villes sont aussi accessibles la nuit.REFUGE ! de jour, dubaï affiche plus de 40 °C. Il faut attendre la protection agréable de la nuit pour jouir du premier 18 trous digne de cette originalité. Conçu par l’anglais nick Faldo, ce parcours est équipé de 500 projecteurs.

Comment se sont présentées les retrouvailles ?Génial ! Il est important que chacun de nous ait des projets propres. Cela rend les retrouvailles en studio très agréables. Les expériences en solo nourrissent le travail du groupe.avec des morceaux comme Flutesou Let me Be Him, l’expérimentationsemble être le mot d’ordre de votrecinquième album…nous utilisons la table de mixage du légendaire producteur Conny Plank avec laquelle il a enregistré Kraftwerk. d’où les sonorités psychédéliques.

hot Chip: In our heads est déjà dans les bacs. Infos et extraits sur hotchip.co.uk

« Ne jamais être le premier ni le dernier à une soi-rée. Encore moins les deux à la fois. »david Brown (producteur dans le cinéma)

La nuit ne nuit pas à votre santé

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Black Daiquiri

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Hong Kong est le lieu idéal pource club car…… nous offrons un nouveau concept à la ville avec des nuits de clubbing glamour, des concerts live et des défilés de mode dans un seul et même endroit.Quand on entre…… une déco somptueuse et exubérante vous accueille. Le portail doré de l’entrée donne immédiate-ment le ton.La décoration séduit avec…… un énorme lustre en cristal de plus de 100 000 lampes, un escalier en cristal et des murs éclairés de LEd à trois faces.Pour entrer, il faut…… être vêtu avec élégance. avoir un physique avantageux et de bonnes manières.Les habitués sont…… principalement des avocats, des banquiers et des chefs d’entreprise.Les toilettes sont dignes d’êtrementionnées…… parce qu’elles sont en or et en argent. Les lunettes sont décorées de plus de 10 000 cristaux.Pour souffler entre deux danses…… on peut se détendre entre amis sur la terrasse, véritable oasis au milieu de Hong Kong.

Interview : Rocky Wong, propriétaire

MagnuM CLuB3 & 4/f, Silver fortune Plaza1 Wellington Street, Central, hong Kongwww.magnumclub.com.hk

Au cœur de la trépidante Hong Kong, le Magnum Club fait office de temple de la fête. Concerts live, luxe et lunettes de toilettes couvertes de cristaux. Ambiance.

IngrÉdIentS rhum Pampero anniversario, averna, citron vert, colorant café

QuantItÉS 4,5 cl Pampero anniversario1,5 cl averna3 cl jus de citron vert frais3 cl sirop simple (2/3 de sucre, 1/3 d’eau)6 à 8 gouttes de colorant café *verre : à cocktaildécoration : zeste d’orange

PrÉParatIon Mettre les ingrédients dans un shaker, ajouter de la glace pilée, passer deux fois à la passoire dans un verre à cocktail réfrigéré et décorer de zestes d’orange.

*Colorant café : mettre des grains de café dans un bocal rempli d’un alcool fort (comme du bourbon Wild turkey 101). Laisser reposer une semaine (agiter de temps à autre), puis filtrer et garder dans un petit flacon.

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« Un physique avantageux et de bonnes manières »

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Ce mois-ci, Josh Harris nous présente un cocktail des tropiques couleur café composé de Rhum et d’averna, une liqueur à base d’un mélange de plantes. « Le Black daiquiri est le meilleur moyen de se transporter aux Caraïbes sans devoir prendre l’avion », lance le barman star de San Francisco.

un petit flacon.

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découverte

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« De préférence ? Le vinyle de mes parents »Sigur Rós Les Islandais créent une musique idéale pour voyageurs contemplatifs à découvrir tout au long de l’été.

Un son qui ressemble aux paysages de l’Islande. Beau, frémissant et envoûtant. Les membres de Sigur Rós caressent les guitares avec des archets de violons et chantent la plupart de leurs morceaux en hope-landic, langue créée et mixte d’islandais et d’onomatopées. Valtari est leur nouvel album (sorti dans les bacs le 28 mai). Le bassiste Georg Hólm trouve ce titre fort à propos. « Valtari veut dire rouleau compres-seur. Lourd et lent comme nos morceaux. » Bien vu. La musique de Sigur Rós nécessite une écoute soutenue. Les cordes douces, les pianos ondoyants et la voix fragile de Jónsi structurent l’âme chaleu-reuse de ce disque épique. Un 6e effort studio que le quartet présente cet été dans une flopée de festivals comme Lollapalooza (Chicago, États-Unis, 5 août), Rock en Seine (Paris, France, 24 août) ou Electric Picnic (Stradbally, Irlande, 31 août). Le bassiste Georg Hólm nous révèle ici ce qu’il emporte dans le bus de tournée : musique, livres, films et les œuvres qui l’inspirent.

Ramen TokyoAlors que le cours du thon ne fait que grimper à Tsukiji, le plus grand marché aux poissons du monde, les soupes aux nouilles fument à Tokyo et ses alentours. The Red Bulletin vous invite. À table !

LE maRCHÉ dU PEtIt matIndès quatre heures, les cui-sines des petits restaurants s’activent autour du marché aux poissons de tokyo. Ici, on trouve les sushis les plus frais et les soupes les plus chaudes. Les connaisseurs prennent place dans les longues files d’attente des restaurants ou cherchent une place là où les camelots tachés de sang de poisson boivent bruyamment leur Ramen. au Japon, il est de bon ton de se délecter bruyamment.

Leonard Cohen SongS of Love and hate

Cet album est en permanence sur le tourne-disque de mes parents. Je connais chaque morceau par cœur. en 1984, Leonard Cohen donne un concert en Islande.

Je n’ai que sept ans mais insiste tellement pour y aller. Je ne

comprends pas les textes mais suis touché par la musique.

aujourd’hui, j’écoute de préférence les vieux vinyles

de mes parents.

PauL auSter Mr. vertIgo

Je ne lis jamais un livre deux fois mais, celui-ci, je l’ai dévoré à cinq

reprises. un garçon rencontre un homme qui lui promet de lui apprendre à voler. non pas avec

un avion, mais par lui-même. La façon dont l’homme lui

explique semble si réelle qu’à la fin, on en devient vraiment

convaincu. un livre idéal pour voyager et s’évader

vers d’autres cieux.

vaLerIe une SeMaIne au PayS deS MerveILLeS

J’ai découvert ce conte de fée tchèque des années 70 chez ma

belle-sœur sur une cassette vidéo et l’ai regardé trois fois d’affilée.

Je n’en croyais pas mes yeux. L’histoire, les images et la

musique procurent des frissons et sont emprunts d’une beauté surréelle. Je me suis procuré le

dvd et y découvre à chaque fois de nouveaux aspects singuliers

de ce chef-d’œuvre oublié.

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Un BoL aUx PLaISIRS VaRIÉSLe Japon compte 200 000 Ra-men-ya, ces restaurants tradi-tionnels de soupe aux nouilles. tokyo en abrite le quart. Œufs cuits, thon, negi (ciboule), nori (algue rouge), champignons Shiitaké, pousses de bambou ou chou chinois… différents accompagnements de légumes ou de viande agrémentent poulet, porc ou bœuf, autant d’ingrédients qui caractérisent l’identité culturelle de la soupe. Le bouillon est relevé d’os de porc et de sauce soja.

LES RamEn Font LE BUzzdresser une liste d’adresses de restaurants de Ramen se-rait une entreprise sans fin. À l’origine, l’engouement pour cette soupe était seulement visible dans des émissions de télévision et livres spécialisés. Vous trouverez de bons tuyaux dans les nombreux blogs dédiés aux Ramen. En voici quelques-uns : www.ramentokyo.comwww.ramenate.comwww.ramenadventures.com

RamEn, dÉSIR Et CInEmaLe Ramen occupe une place de choix dans tampopo, décrit par les critiques, à sa sortie en 1985, comme l’un des plus beaux films alliant sexe et nourriture. the Ramen Girl (2008) rend aussi hommage à ce plat. Comparée à tampopo, cette histoire d’une améri-caine prise de passion pour une soupe à tokyo n’est qu’une comédie plate et sans saveur.

QUELLE SoUPE ?Pour un étranger de passage à tokyo, le choix d’un Ramen est assez facile. Il suffit d’observer les clients buvant au comptoir leur soupe et d’indiquer du doigt celle qui vous tente. Comptez au minimum six euros par personne.Te

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Un monde en actionJuillet / Août 2012

Sébastien Loeb décolle en Finlande.

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Sports19-22 JUILLET, ROYAL LYTHAM & ST ANNE, LANCASHIRE

Open Britannique1 Voilà 156 ans que le British Open parcourt

le pays. Créé en 1856, ce tournoi de golf est le plus ancien. Inexistante entre 1856 et 1862, la dotation est d’abord fixée à 6 livres en 1863 pour atteindre aujourd’hui 5 millions de livres soit 6,2 millions d’euros. Cette année, le tenant du titre, le Nord-Irlandais Darren Clarke, 43 ans, se rend dans le Lancashire pour tenter de conserver la fameuse Claret Jug. Avec plus de vingt titres à son palmarès, Clarke revient de l’enfer pour s’adjuger son premier sacre dans un tournoi Majeur.

Darren Clarke, tenant du titre

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20-21 JUILLET, VILA FRANCA, PORTUGAL

Red Bull Cli� Diving World Series

2 Après avoir sévi en Corse fin juin et en Norvège au début du mois, la troisième étape

du Red Bull Cliff Diving innove. Les Açores sont au programme. Les plongeurs s’élancent d’une véritable falaise et non d’une plate-forme dans un cadre idyllique. Sur l’îlot volcanique de Ilheu Vila Franca do Campo, le spectacle devrait, une fois de plus, être au rendez-vous.

28 JUILLET, ULURU, AUSTRALIE

Australian Outback Marathon

3 Quand la chaleur estivale de l’hémisphère Nord rend tout marathon compliqué, les courses

de l’hémisphère Sud ont le vent en poupe. L’outback australien se déroule dans un cadre somptueux. Il débute et s’achève au pied de l’inselberg Uluru, plus connu sous le nom d’Ayers Rock. La température moyenne en hiver y est de 20 degrés, parfaite pour une course sur les sentiers de terre rouge. La recette ira à la fondation Cathy Freeman qui œuvre pour l’éducation au sein de la communauté aborigène.

20 JUILLET–31 AOÛT, MONT FUJI, JAPON

Ascension du Mont Fuji

4 L’ascension du Mont Fuji est à son paroxysme pendant l’été. C’est à cette époque que le

sommet de la montagne perd son manteau neigeux. Les Japonais en profitent pour prendre leurs traditionnelles vacances scolaires. Afin d’apprécier le lever du soleil, il faut prévoir une excursion de deux jours avec une nuit à la 7e ou 8e station (il y en a dix au total). Si vous ne voulez pas subir la horde humaine, évitez la semaine du Obon du 11 au 19 août. Les bouddhistes y convergent alors en nombre pour rendre hommage à leurs ancêtres.

2–4 AOÛT, JYVÄSKYLÄ, FINLANDE

Les 1 000 lacs5 De la vitesse et des sauts comme nulle part.

Depuis 1951, le « Rallye des 1 000 lacs » a été le théâtre du saut le plus long – les 57 mètres de l’Estonien Markko Märtin en 2003 – et de la vitesse moyenne la plus élevée avec les 123 km/h du Finlandais Marcus Grönholm en 2005. À domicile, les Finlandais sont connu pour être intraitables sur les périlleuses pistes de gravier qu’ils connaissent par cœur. Ces vingt dernières années, seules trois victoires leur ont échappé : Märtin en 2003 et Loeb en 2008 et 2011.

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Janelle Monáe se produira aussi en Norvège.

Boue à gogo à Boryeong (Corée du Sud)

Jack White offre son Blues-Rock à Lollapalooza.

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Lâcher de taureaux en pleine rue

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Culture6-14 JUILLET, PAMPELUNE, ESPAGNE

Taureaux en furie6 Cette tradition remonte au XVIe siècle. Tous

les matins, pendant les fêtes de la Saint Firmin, une horde de taureaux est lâchée dans les rues de la ville. De jeunes gens arborent foulards et ceintures rouges. Ils courent devant les animaux voire au beau milieu d’eux. Parfois, ils finissent en dessous. Et là, c’est moins drôle. Si vous n’êtes pas tentés par l’expérience, vous pourrez toujours la vivre dans le roman d’Ernest Hemingway Le soleil se lève aussi.

5-21 JUILLET, MONTEGO BAY, JAMAÏQUE

Reggae Sumfest8 Sumfest est le plus grand festival de musique

du pays. Depuis 1993, 55 000 fans se pressent sur la côte nord-ouest de la Jamaïque pour la plus importante manifestation Reggae au monde. Le festival s’est ouvert à d’autres genres musicaux. Nicki Minaj y a fait son apparition. Le jeudi est consacré aux soirées en club avec des stars locales comme Bounty Killer et Lady Saw. La scène de la Red Bull Music Academy y est également présente. Les programmes sont à vivre en live sur redbullmusicacademyradio.com.

14-27 JUILLET, PLAGE DE DAECHEON, BORYEONG, CORÉE DU SUD

Tous à boue !7 Un festival de boue et pas n’importe lequel.

Il s’agit du plus grand au monde. Chaque année, en Corée du Sud, Boryeong attire 1,5 million d’amoureux de la gadoue. Ils se vautrent, glissent et se dépatouillent dans une boue grisâtre récupérée dans des marécages et étalée sur la plage pour l’occasion. Ce festival est un sommet mondial, véritable rendez-vous de ceux qui ne résistent pas à se jeter dans une flaque d’eau quand ils en voient une !

19-21 JUILLET, TØNSBERG, NORVÈGE

Comment déjà ?9 Tønsberg est une petite ville portuaire endormie

du sud d’Oslo. Au centre, une colline boisée. Au sommet de celle-ci, une imposante tour viking dont s’emparent les organisateurs du Slottsjellfestivalen, nom en version originale de cet événement à ciel ouvert. Un chemin ondule à travers une forêt féérique – directement sortie du monde de Narnia – jusqu’à une forteresse. Le chemin passe devant quatre scènes d’où s’élèvent des voix rafraîchissantes et magiques : New Order, les rockers Wolfmother, la reine de New Funk Janelle Monáe, sans oublier les dieux du tonnerre Drum’n’ Bass Chase & Status.

3-5 AOÛT, CHICAGO, ÉTATS-UNIS

Lollapalooza10 Voilà plus de vingt ans que Perry Farrell,

héros du Rock alternatif, exauce ses rêves en programmant des stars sur la scène de Lollapalooza. Il attire encore cette année du beau monde avec les Red Hot Chili Peppers, The Black Keys, Black Sabbath et Jack White. Mais Farrell sait aussi flairer les talents en herbe comme aucun autre.

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13-15 JUILLET, CHAMPIONNATS DE FRANCE DE VTT

Répétition générale

25-28 JUILLET, GARANCE REGGAE FESTIVAL

Jah powerLa 21e édition de cet incontournable événement musical de Reggae et de Dub coïncide cette année avec le 50e anniversaire de l’indépendance de la Jamaïque. Tout un symbole. Au programme notamment de ces quatre soirées au sein du Parc Arthur Rimbaud de Bagnols-sur-Cèze, I-Threes feat. Rita Marley, Alpha Blondy – l’Ivoirien accumule les concerts estivaux en France – et King Jammy vs Mad Professor. Rastaman Vibration s’il en est pour ce rendez-vous dans un cadre somptueux du Gard. Tous auront une pensée émue pour Bob Marley, icône définitivement immortelle d’une musique qui traverse les décennies sans prendre une ride.Plus d’infos sur www.garancereggaefestival.com

Après avoir accueilli les Champion-nats du monde de VTT en 2004, la station des Gets en remet une couche cette année mais uniquement à l’échelle française. Cela revient quasiment au même puisque les Fran-çais sont bel et bien les meilleurs de cette discipline. Au cœur de la Haute-Savoie, trois épreuves sont chargées de déterminer les futurs lauréats (Descente, Cross-Country et Trial). Malgré des Jeux d’été plutôt proches

et le risque avéré de blessure, Julien Absalon (photo), Damien Spagnolo, Julie Bresset et Pauline Ferrand- Prevot devraient être au départ en ce week-end de fête nationale.Tout le programme sur www.lesgets.com

FocusJuillet

19-22 JUILLET, OPEN BRITANNIQUE DE GOLF

The OpenLa troisième et avant-dernière levée du Grand Chelem de golf s’annonce indécise. Comme tous les ans. Le tracé du Royal Lytham and St Annes est situé au sud de Blackpool et en pleine ville. Le British ne s’est pas disputé sur ce parcours depuis 2001. L’Américain David Duval s’adjuge alors la fameuse Claret Jug. Rappelons que l’ultime vainqueur français en Grand Chelem date de 1907. Il s’appelle Arnaud Massy.www.europeantour.com

28 JUILLET, TROPHÉE DES CHAMPIONS

Henry accueille la L1Le Trophée des Champions s’exporte hors de nos frontières pour la quatrième année consécutive. Après Montréal, Tunis et Tanger, c’est au tour de New York de recevoir cette épreuve. L’affiche oppose cette année Lyon, vainqueur de la Coupe de France, à Montpellier. Le stade n’est autre que celui des New York Red Bulls – la Red Bull Arena – situé à quelques encablures de Manhattan.www.redbullarena.us

20 JUILLET, DIAMOND LEAGUE MONACO

Le show BoltÀ quelques jours d’une tournée anglaise, le meeting Herculis qui se tient au Stade Louis II propose un plateau de choix. Usain Bolt a prévu de s’aligner sur 200 m alors que Yelena Isinbaeva prendra part au concours de saut à la perche. La Russe s’entraîne toute l’année dans cette même enceinte. Sans doute superstitieuse, elle avait battu un énième record du monde en 2008… juste avant les Jeux de Pékin.www.herculis.com

Bolt fera le show sur le Rocher.

Alpha Blondy continue à distiller son flow unique.

13-15 JUILLET, CHAMPIONNATS DE FRANCE DE VTT

Répétition générale

coïncide cette année avec le 50Tout un symbole. Au programme notamment de ces quatre soirées au sein du Parc Arthur Rimbaud de Bagnols-sur-Cèze, I-Threes feat. Rita Marley, Alpha Blondy – l’Ivoirien accumule les concerts estivaux en France – et King Jammy vs Mad Professor. cadre somptueux du Gard. Tous auront une pensée émue pour Bob Marley, icône définitivement immortelle d’une musique qui traverse les décennies sans prendre une ride.Plus d’infos sur www.garancereggaefestival.comPlus d’infos sur www.garancereggaefestival.com

Après avoir accueilli les Champion-nats du monde de VTT en 2004, la station des Gets en remet une couche cette année mais uniquement à l’échelle française. Cela revient quasiment au même puisque les Fran-çais sont bel et bien les meilleurs de cette discipline. Au cœur de la Haute-Savoie, trois épreuves sont chargées de déterminer les futurs lauréats (Descente, Cross-Country et Trial). Malgré des Jeux d’été plutôt proches

frontières pour la quatrième année consécutive. Après Montréal, Tunis et Tanger, c’est au tour de New York de recevoir cette épreuve. L’affiche oppose cette année Lyon, vainqueur de la Coupe de France, à Montpellier. Le stade n’est autre que celui des New York Red Bulls – la Red Bull Arena – situé à quelques encablures de Manhattan.www.redbullarena.us

20 JUILLET, DIAMOND LEAGUE MONACO

Le show BoltÀ quelques jours d’une tournée anglaise, le meeting Herculis qui se tient au Stade Louis II propose un plateau de choix. Usain Bolt a prévu de s’aligner sur 200 m alors que Yelena Isinbaeva prendra part au concours de saut à la perche. La Russe s’entraîne toute l’année dans cette même enceinte. Sans doute superstitieuse, elle avait battu un énième record du monde en 2008… juste avant les Jeux de Pékin.www.herculis.com

Bolt fera le show sur le Rocher.

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Le 10e numéro de The red buLLeTin disponibLe Le 8 aoûT 2012

The Red BulleTin France numéro 9 / Juillet 2012 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bulletin Gmbh directeur de la publication Alexander Koppel directeurs Généraux Alexander Koppel, Rudolf Theierl directeur d’édition Franz Renkin directeur de la rédaction Robert Sperl directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédaction en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Susanne Fortas, Christine Vitel, Baptiste Blanchet, Étienne Bonamy, Frédéric Pelatan, Ioris Queyroi Responsable de la production Marion Wildmann Rédaction en chef photos Fritz Schuster, Susie Forman Booking Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Maquette Erik Turek (DA), Patrick Anthofer, Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Miles English, Kevin Goll, Kasimir Reimann, Carita Najewitz, Esther Straganz Publication Corporate Boro Petric (directeur), Christoph Rietner, Nadja Zele (rédacteurs en chef); Dominik Uhl (DA); Markus Kucera (directeur photos); Lisa Blazek (rédactrice); Christian Graf-Simpson, Daniel Kudernatsch (iPad) Chefs de la Production Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Omar Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (chef), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (directrice), Stefan Ebner, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Peter Schiffer, Julia Schweikhardt. The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays suivants : Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et États-Unis www.redbulletin.com Siège social Autriche Red Bulletin GmbH, Am Brunnen 1, A-5330 Fuschl am See, FN 287869m, ATU63087028. Siège social France Red Bull SASU, 12 rue du Mail, F-75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège Rédaction Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienna, +43 (1) 90221 28800 imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 7 61 87 31 15 ou [email protected] dépôt légal/iSSn 2225-4722 nous écrire [email protected]. Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

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Agrégé de lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont birmane, prix Interallié 2007.

Quand j’étais petit, ma mère me racontait un conte qui me fai-sait plus peur que les autres. Pourtant, il n’y avait ni sorcière,ni dragon, ni ogre. Ce conte,

c’était Le Joueur de flûte de Hamelin. si vous ne connaissez pas, voilà l’histoire : un joueur de flûte arrive dans la bonne ville de Hamelin, en allemagne. on est au Moyen-Âge, la ville est envahie de rats. une prime de mille écus est promise par le maire à celui qui les en débarrasse, parce que la peste, y’en a marre. le joueur de flûte prend son instrument et se met à jouer un air. genre William Forsythe et sa mini-flûte de pan dans Il était une fois en Amérique. surprise : les rongeurs sortent des caves et des greniers. le joueur de flûte se dirige vers les portes de la ville, toujours en jouant de son instrument. les rats le suivent, charmés par sa musique. Jusqu’à la rivière du coin où ils se noient. tous.

la suite est plus punk. le joueur dératiseur revient dans la ville. il demande ses mille écus. le maire les lui refuse et les habitants lui jettent des pierres. Dans les zones tribales du Waziristan ou le rap business américain, ça se serait fini à la kalach. le joueur de Hamelin était beaucoup plus pervers. Discrètement, il revient par une nuit sans lune. et se met à jouer un nouvel air à la ennio Morricone (bronson et son harmo-nica dans Il était une fois dans l’Ouest). surprise : ce ne sont pas des rats qui cette fois-ci sortent des maisons – il n’y en a plus –, mais les enfants de la ville. Des petites filles et des petits garçons sortis de leur lit comme par enchantement et qui se mettent à suivre le joueur de flûte, pieds nus, somnambuliques. il les mène à la rivière. et ils se noient. tous.

Évidemment, c’est un peu punk, disais-je. Punk : je n’utilise pas le mot au hasard. Car pour moi, le joueur de flûte de Hamelin n’est pas un conte qui dit qu’il faut toujours payer ses dettes. C’est un

conte sur le pouvoir insensé de la musique. Ce truc qu’on entend d’abord à travers la paroi de l’utérus de maman. et qui ne vous lâche pas jusqu’à la fin. Même le jour de votre enterrement il y aura de la musique. Je demanderai, moi, qu’on joue Fuck forever des libertines. Comme ça tout le monde pensera à autre chose. la musique adoucit les morts.

J’aime tellement la musique que j’ai même, il y a longtemps, aimé la Fête de la musique. Quand j’avais encore l’âge d’embrasser des filles au pair danoises rencontrées dans la rue et de marcher toute la nuit avec des clarks dont le daim, le matin, après l’amour, avait pourri à

côté du lit. Quand j’avais l’âge, aussi, de boire de la bière assis sur le trottoir en regardant mes potes bouger la tête en avant et en arrière sur Bring the Noise d’anthrax dans sa version Hip-Hop avec Public enemy, comme s’ils enfonçaient un clou dans l’air avec leur front. Plus tard, j’eus des copains argentins, chiliens et cubains qui avaient des ponchos tissés main et qui m’initièrent à des plantes bizarres sur Chan Chan de Compay segundo. C’était plus doux qu’anthrax, et beaucoup mieux pour se faire rapprocher les corps. ensuite, je me suis maquillé parce qu’on réécoutait bowie et I wanna Be your Dog d’iggy pop à cause du film musical Velvet Goldmine. on faisait n’importe quoi, on était les chiens et on cherchait notre maîtresse avec nos yeux dégoulinant de rimmel. « so messed up i want you here / in my room i want you here. » la musique adoucit les forts.

J’aime la musique parce que le corps prend le pouvoir. Quand en février dernier la chanteuse adele a remporté six grammy awards, le Wall Street Jour-nal a lancé une grande étude pour savoir pourquoi Someone like you faisait autant pleurer. Des neuroscientifiques ont planché : c’est le changement d’octave au moment du refrain qui active les glandes lacrymales. rien que ça. il me vient une idée bizarre : un scientifique qui mettrait au point dans son labo, octave après octave, la chanson qui sauverait le monde. Des bombardiers sonores la joueraient en rase-motte dans les zones de guerre et sur les places financières. Cette bombe a comme amour mettrait le feu à la haine. Ce napalm d’humanisme embraserait l’humanité. tiens, je raconte-rai ça à mon fils, ce soir. Ma version à moi du joueur de flûte de Hamelin.

Pleine lucarne

On dit que la musique adoucit les mœurs. Mais pas que...

La chanson qui sauvera

le monde

p l u s d e c o r p s e t d ’ e s p r i t

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