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Rpublique Algrienne Dmocratique et Populaire
Ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche Scientifique
Universit Mouloud MAMMERI de TiziOuzou
Facult des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion
Dpartement des Sciences Economiques
Mmoire En vue de lobtention du diplme de Magister s-Sciences Economiques
Option : Management des entreprises
Thme
Dirig par : Prsent par :
Dr AMOKRANE Abdelaziz MmeHAROUZ Lynda
Soutenu publiquement devant le jury compos de :
Prsident : Mr. BENNOUR Abdelhafid, Matre de Confrences/A, ESC, Alger.
Rapporteur : Mr. AMOKRANE Abdelaziz, Matre de Confrences/A, UMMTO.
Examinateurs : Mr. ALLEL Rabah, Matre de Confrences/A, UMMTO.
Mme. MELBOUCI Lela, Matre de Confrences/B, UMMTO.
Date de soutenance: 13/06/2012
Essai danalyse de stratgies de redressement dentreprises en difficult :
Cas de lEntreprise Nationale des Industries de
lElectromnager (ENIEM)
Remerciements
Tout travail de recherche nest jamais totalement luvre dune seule
personne. cet effet, je tiens exprimer ma sincre reconnaissance et mes vifs
remerciements tous ceux qui ont contribu de prs ou de loin llaboration de
ce travail en loccurrence mes chers parents et mon mari qui nont jamais cess
de mencourager.
Tout d'abord Mr AMOKRANE Abdelaziz, directeur de ce mmoire,
pour l'aide et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et que je ne remercierai
jamais assez pour son soutien et sa patience, quil trouve en ces lignes
lexpression de ma gratitude.
Ensuite Madame et Messieurs les membres du jury qui ont eu
lamabilit daccepter dvaluer ce travail. Quils trouvent ici lexpression de ma
reconnaissance.
J'exprime ma gratitude tous les responsables et dirigeants des diffrentes
directions de lENIEM qui ont accept de rpondre mes questions et de me
permettre daccder au moins une minorit de leur documentation.
Enfin, j'adresse mes plus sincres remerciements tous mes proches et
amis qui m'ont toujours soutenue et encourage au cours de la ralisation de ce
mmoire.
Merci Dieu de mavoir donn la force et le courage de tenir jusqu la
fin de ce travail.
SOMMAIRE
Introduction gnrale1
PREMIERE PARTIE : Cadre thorique relatif au redressement dentreprises en difficults
Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults10
Secon 1 : Les caractristiques gnrales dentreprise en difficult12 Secon 2 : La dgradation dentreprises : les facteurs de difficult25
Chapitre II : Les outils danalyse et de redressement des entreprises en difficults47
Secon 1 : Le diagnosc dentreprise49 Secon 2 : Les outils de redressement des entreprises en difficults65
DEUXIEME PARTIE : Les stratgies de redressement dentreprises en Algrie : Cas de lEntreprise
Nationale des Industries de lElectromnager (ENIEM)
Chapitre I : Prsentation de lENIEM et de ses difficults90
Secon 1 : Caractristiques gnrales de lENIEM et de son activit92 Secon 2 : La situation de lENIEM durant la crise116
Chapitre II : Stratgies de redressement de lENIEM : prsentation et analyse127
Secon 1 : La prsentation des aspects du redressement de lENIEM129 Secon 2 : Le contrle et lvaluation du redressement de lENIEM152
Conclusion gnrale184
Annexes189 Bibliographie227 Liste des tableaux234 Liste des figures,graphes235 Liste des abrviations236 Tables des matires237
Introduction gnrale
Introduction gnrale
2
Les quatre dernires dcennies ont t caractrises par une vulnrabilit
accrue des tissus industriels dans le monde. Les restructurations industrielles, les
programmes de licenciements massifs, les fermetures dentreprises, les rgions
sinistres, les dpts de bilan sont devenus depuis des vnements courants.
En effet, cela est d au fait que lenvironnement conomique international des
entreprises se caractrise par une forte incertitude et une volution permanente et
imprvisible, ce qui le rend de plus en plus non-matrisable par un grand nombre
dentreprises.
Il est de plus en plus rgi par une clientle exigeante dont la demande ne cesse
dvoluer et de se diversifier, une concurrence internationale accrue, accentue par une
concurrence nationale forte, une rvolution technologique suite linstauration des
nouvelles bases scientifiques et enfin, une limitation des marchs suite aux
mouvements de globalisation qua connu lconomie mondiale compter du dbut des
annes 70.
La dtrioration de lenvironnement, la mondialisation des marchs, la course
perptuelle la recherche de nouvelles parts de marchs et de gains de productivit
peuvent entraner la compression des marges, la diminution des autofinancements, les
malaises sociaux, la dsintgration de lesprit dentreprise, la dmotivation des
hommes et la fragilisation de la prennit des entreprises.
Comme, le souci majeur des entreprises consiste assurer les moyens de leur
dveloppement et de leur prennit 1, selon Crucifix F. et Derni A., (1992), elles se
doivent donc daffronter avec succs les nombreux cueils qui jalonnent leur parcours
en sadaptant de manire permanente un environnement particulirement mouvant.
A cet effet, la survie de lentreprise, comme le souligne ces auteurs est de la
sorte, troitement lie son aptitude et, surtout, sa vivacit ragir judicieusement
1Crucifix F. et Derni A., Le redressement de lentreprise : les symptmes de dfaillance et les
stratgies , Acadmia, Paris, 1992, p.07.
Introduction gnrale
3
aux multiples vnements, gnralement imprvisibles, qui handicapent sans relche
son essor 2.
Cependant, un tel dfi nest pas une chose facile toutes les entreprises, en dpit
des efforts importants consentis mais souvent inefficaces. Cest l quapparait
limprieuse ncessit pour les entreprises dapprhender suffisamment tt les risques
ventuels dune dfaillance conomique et de se doter de moyens utiles la
restauration de leur comptitivit.
LAlgrie, lindpendance, avait besoin de construire une conomie introvertie
et intgre dont loption socialiste choisie qui impliquait la mise en place dun
secteur public qui avait pour objet la reconstruction de lconomie nationale et la
matrise de certains secteurs cls avec effets dentrainement dans les domaines
conomique, politique et social de la recherche et lamnagement du territoire. Il
importait plus de produire que dtre comptitif 3.
Ce choix de prdominance du secteur public a donn naissance, dans le secteur
industriel, la cration de plusieurs entreprises publiques, ayant pour objectif
dassurer le dveloppement conomique et social de lAlgrie.
Ds les annes 80, plusieurs rformes des entreprises publiques ont t engages
en raison des dfaillances constates dues la non-matrise de la gestion, la plthore
du personnel, le gaspillage, les surcots,
Ces rformes ont dabord port sur la restructuration organique et financire,
pour stendre, par la suite, lautonomie des entreprises publiques partir de 1988
par la promulgation de la loi 88/01 portant loi dorientation sur les entreprises
publiques ; la loi 88/03 relative aux fonds de participation et la loi 88/04 qui modifie et
complte lordonnance 75/59 du 26 Septembre 1975 portant code ce commerce.
2Crucifix F. et Derni A., Op. Cit., p.08. 3 Rejiem N., Lentreprise publique algrienne , OPU, Alger, 1987, p.21.
Introduction gnrale
4
Linsuffisance des retombes positives de ces rformes conjugue une crise
conomique sans prcdent suite notamment la dtrioration de la balance des
paiements (dettes extrieurs, chute du prix du ptrole) et les dsquilibres financiers
internes, a conduit lAlgrie, en 1994, prendre de nouvelles mesures de rformes
structurelles partir de conditions draconiennes imposes par le Fonds Montaire
International (FMI) dans le cadre du rchelonnement de la dette extrieure et des
changes afin de permettre linsertion de lAlgrie dans lconomie de march.
Les entreprises algriennes, en 1995, sont passes sous le contrle des Holdings
Publics en remplacement des socits de gestion des participations SGP dissoutes dans
le cadre de la prparation pour la privatisation proprement dite des entreprises
publiques assigne par le dsengagement de lEtat de la sphre conomique.
Lobjectif de la cration des Holdings Publics tait la revalorisation, le
dveloppement et la mise en partenariat des entreprises nationales quils graient. La
proccupation majeure de toute entreprise publique algrienne est alors de rechercher
sadapter tous ces changements et sassurer sa survie dans un contexte conomique
dfavorable et un environnement hostile. Pour ce faire, des oprations dvaluation et
de redressement ont t inities pour estimer sa viabilit et sa prennit.
Dans le cadre de lenvironnement international mouvant caractris par la
monte des dfaillances des entreprises et les restructurations conomiques internes,
les entreprises algrienne sont mis en uvre des stratgies et des plans de
redressement.
Ces stratgies et plans de redressement ont pour objectif de sadapter aux
nouvelles mesures de ces restructurations, de faire face aux conditions et aux rgles
rgissant lenvironnement conomique national dans le cadre de lconomie de
march instaur et de remdier leurs difficults afin dassurer leur prennit dans un
environnement incertain.
Limportance de lvolution du nombre dentreprises en difficult et de leur
dfaillance dans le monde en gnral et en Algrie en particulier nous a conduit
Introduction gnrale
5
retenir comme objet de notre thme de recherche les entreprises en difficult .
Lidentification de notre objet dtude consistant en lentreprise en difficult est
difficile cerner du fait que ce concept dentreprise en difficult est large, souvent
diffremment dfini et par consquent, sujet beaucoup de controverses.
Lobjet de notre travail de recherche portant sur lessai danalyse des stratgies
de redressement des entreprises en difficult : cas de lentreprise nationale des
industries de llectromnager (ENIEM) sinscrit dans le contexte de lvolution des
dfaillances des entreprises, en Algrie en particulier, d au fait que la plupart des
entreprises publiques nationales, qui ont subi les retombes ngatives de la
mondialisation et de linstauration de lconomie de march comme cest le cas dans
les pays en transition, sont devenues des entreprises en difficult.
Le choix de lentreprise nationale des industries de llectromnager comme cas
pratique danalyse est motiv par le fait quelle est, dune part, une des entreprises
algriennes qui a connu toutes les tapes de lvolution de lconomie algrienne,
dautre part, quelle sinscrit parfaitement dans notre problmatique savoir que cest
une entreprise qui a fait lobjet dun redressement aprs une priode de difficults.
Notre objectif travers cette recherche est danalyser les stratgies de
redressement dentreprises en difficult en essayant didentifier, dune part, les
origines des difficults et les diffrents remdes possibles en se rfrant lapplication
des concepts thoriques et dautre part, de mesurer limpact de ces stratgies au sein
dune entreprise nationale. Pour ce faire, les quatre questions suivantes ont guid notre
rflexion :
Quest-ce quune entreprise en difficult ?
Quelles sont les origines des difficults des entreprises ?
Quelles sont les stratgies et les mesures de redressement possibles ?
Quel est limpact de la mise en uvre de stratgies de redressement sur lune
des entreprises nationales ?
Pour rpondre ces questions, nous avons mis les deux hypothses suivantes :
Introduction gnrale
6
Hypothse 1 : Partant de la ralit que lentreprise est influence par son
environnement comme elle linfluence, la dfaillance de la majorit des entreprises
nationales rsulte principalement de leur incapacit sadapter aux caractristiques de
lenvironnement et matriser les changements dans le cadre de lconomie de
march;
Hypothse 2 : Lentreprise publique nationale ne peut assurer la russite de son
redressement que si elle arrive sassurer le soutien des Pouvoirs Publics.
Le redressement dentreprises en difficult a fait lobjet de plusieurs tudes
approfondies, mais, la grande majorit de ces tudes a port sur lanalyse du
redressement dentreprises du point de vue juridique, c'est--dire, selon la procdure
judiciaire de redressement des entreprises en difficult qui sont en tat de cessation de
paiement.
A ce titre, une des caractristiques que fait apparatre notre recherche est le
manque dauteurs et de chercheurs qui ont trait des stratgies de redressement des
entreprises en difficult dans lapproche gestionnaire, ce qui limite le champ daction
au dirigeant qui se trouve confront des difficults dans son entreprise.
Cest pourquoi, dans notre travail, nous allons analyser le redressement dun
autre point de vue qui diffre compltement de celui du juriste. Cest celui du
gestionnaire qui est face des difficults et la dgradation de son entreprise.
Lintrt de notre travail semble donc tre double. Dune part, il permet aux
dirigeants des entreprises en difficult ainsi qu toute personne sintressant cette
question, de mieux comprendre le concept dentreprise en difficult, la mthodologie
de redressement des entreprises ainsi que les stratgies possibles. Dautre part, il
permet de mieux apprhender les facteurs de russite et de prennit des entreprises.
Pour pouvoir rpondre notre problmatique, confirmer ou infirmer nos
hypothses, nous avons opt pour une tude analytique qui a suivi une
mthodologie de recherche base sur :
Introduction gnrale
7
Une recherche bibliographique et une tude documentaire qui
nous ont permis de cerner toute la littrature relative lentreprise en
difficult et aux stratgies de redressement ;
Une tude de cas pratique dans lentreprise publique algrienne
ENIEM. A ce titre, une enqute est ralise sur la base dun questionnaire
distribu aux responsables de lentreprise suivi dinterviews et de
lexploitation des documents internes, afin de recueillir les donnes,
danalyser et dinterprter les rsultats des actions stratgiques mises en
place.
Pour mener bien notre recherche, nous avons structur notre travail en deux
principales parties :
La premire partie porte sur le cadre thorique relatif au redressement
dentreprises en difficults.
Cette premire partie est compose de deux chapitres. Le premier chapitre
intitul : Les concepts dentreprises en difficults, dans lequel seront abordes les
caractristiques gnrales dentreprises en difficult et la dgradation des entreprises
et les facteurs qui sont lorigine de leurs difficults.
Dans le deuxime chapitre relatif aux outils danalyse et de redressement des
entreprises en difficult seront traits le diagnostic dentreprise et les outils de
redressement des entreprises en difficult.
La deuxime partie de notre travail est intitule : Les stratgies de
redressement dentreprises en Algrie : cas de lEntreprise Nationale des Industries de
lElectromnager (ENIEM).
Cette deuxime partie est aussi structure en deux chapitres. Le premier chapitre
porte sur la prsentation de lENIEM et ses difficults et traite, premirement, des
caractristiques gnrales de lENIEM et de son activit, deuximement, de la
situation de lENIEM durant la crise.
Introduction gnrale
8
Le deuxime chapitre portant sur les stratgies de redressement de lENIEM :
prsentation et analyse. Dans ce chapitre, seront abords les points relatifs la
prsentation des aspects du redressement de lENIEM et au contrle et lvaluation
du redressement de lENIEM.
PREMIERE PARTIE
Cadre thorique relatif au redressement
dentreprises en difficults
Premire partie : Cadre thorique relatif au redressement dentreprises en difficults
10
Introduction
La vulnrabilit accrue, qui caractrisait les tissus industriels dans diffrentes rgions
du monde, est une rsultante de la mouvance de lenvironnement conomique international
caractris par une concurrence internationale effrne, une concurrence nationale accrue, une
rvolution technologique et linstauration de nouvelles bases scientifiques, une limitation des
marchs, une volatilit de clientle, etc.
Les entreprises doivent pouvoir sadapter ces changements de lenvironnement parce
que leur survie est lie leur aptitude faire face et sadapter lvolution permanente des
variables constituants leur environnement. Les entreprises qui narrivent pas sadapter
lvolution de leur environnement conomique et de faire face ses changements deviennent
des entreprises en difficult ncessitant des redressements.
Le concept dentreprise en difficult est large de sens et regroupe plusieurs cas de
figure. Pour pouvoir dterminer les principales spcificits du concept entreprise en
difficult constituant lobjet de recherche de notre travail et pour pouvoir comprendre les
diffrents aspects du redressement de ce genre dentreprises, il est ncessaire de faire un tour
dans la littrature conomique.
Lobjectif fix travers la conception de cette premire partie, qui consiste en le cadre
thorique relatif au redressement dentreprises en difficults, est dapporter quelques
claircissements sur les concepts thoriques dentreprises en difficult et de dgradation
dentreprises ainsi que sur les outils danalyse et de redressement de celles-ci.
Cette premire partie sera donc scinde en deux chapitres. En premier lieu, nous
essayerons de faire une revue des caractristiques gnrales dentreprises en difficult, de la
dgradation dentreprises, son processus et ses caractristiques, ainsi que les principaux
facteurs, qui sont lorigine des difficults des entreprises, recenss travers diverses tudes.
En deuxime lieu, nous allons tenter de prsenter les outils danalyse des entreprises et
en particulier des entreprises en difficult ainsi que les diffrentes actions et stratgies, visant
leur redressement, identifies et dcrites dans la littrature conomique.
Chapitre I :
Les concepts dentreprises en
difficults
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
12
Introduction
Les entreprises doivent pouvoir affronter avec succs les nombreux cueils qui jalonnent leurs parcours, tout en sadaptant de manire permanente un environnement particulirement mouvant caractris par une concurrence internationale effrne, une concurrence nationale accrue, une rvolution technologique et linstauration de nouvelles bases scientifiques, une limitation des marchs, une volatilit de clientle, etc.
Les entreprises qui narrivent pas sadapter lvolution de leur environnement conomique et de faire face ses changements deviennent vulnrables. Lorsque cette vulnrabilit est accrue par des erreurs structurelles accentues par des causes conjoncturelles, ces entreprises deviennent des entreprises en difficult. Ce phnomne est reflt par la multiplication des dgradations des entreprises et lacclration du monde de dfaillances fragilisant les structures conomiques.
Lvolution du phnomne de dfaillance dentreprises travers le monde, nous emmnent nous poser diverses questions fondamentales : Quest-ce quune entreprise en difficult ? Quelle est la diffrence entre une entreprise en cessation des paiements et les autres formes dentreprises en difficult ? Comment se dveloppent des dfaillances ? Quel est le contenu du droit des entreprises en difficult et quelles formes dentreprises en difficult concerne-t-il ? Quest-ce que la dgradation dentreprises et dans quelles circonstances se dveloppe-t-elle ? Quels sont les facteurs causant la dfaillance des entreprises ?
Cet ensemble de questions, parmi dautres, fera lobjet de ce premier chapitre portant sur les concepts dentreprises en difficults. La premire section de ce chapitre va nous permettre de distinguer les caractristiques gnrales de lentreprise en difficult travers les diverses dfinitions, les diffrentes formes de dfaillance ainsi que la prsentation du droit des entreprises en difficult.
La deuxime section portera sur le processus de dgradation dentreprises qui, son tour, prsente plusieurs symptmes, diverses caractristiques, se dveloppe en plusieurs phases et son origine rside une multitude de facteurs causant la difficult et la dgradation dentreprises.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
13
Section1 : Les caractristiques gnrales dentreprises en difficults
La notion dentreprise en difficult est assez large pour la limit une dfinition
prcise ou un concept bien cern. Elle rassemble plusieurs dfinitions selon langle
danalyse considr et selon le stade de dveloppement des difficults quelle prvoie ou
quelle subit. Elle sest limite pour longtemps caractriser les entreprises rencontrant des
difficults de nature financire sagissant des problmes de financement, des dsquilibres
du bilan ou encore des dtriorations de la trsorerie.
Cependant, cette notion intgre dautres formes de difficults et prsente dautres
cas de figure. Elle est aussi spcifie par les diffrents plans de dveloppement des
difficults quelle occulte et par une catgorie de droit spcialement pour leur traitement et
leur rgularisation.
I. Dfinitions et formes dentreprises en difficults
1. Dfinitions
Nous commenant la prsentation des caractristiques gnrales des entreprises en
difficult par quelques dfinitions avances par les grands auteurs du domaine suivie de la
typologie des formes dentreprises en difficult.
Daprs Carole Gresse : Depuis la situation conomique difficile la
constatation juridique de la dfaillance, la notion dentreprise en difficult est assez
largeet comporte trois niveaux : la dfaillance conomique, la dfaillance financire et la
dfaillance juridique. La faillite juridiquesanctionne lincapacit de lentreprise
gnrer un excdent de ressources montaires rmunrant tous les agents impliqus dans la
cration de cette richesse et honorer ses engagements. 1
1Gresse C., Les entreprises en difficult , Economica (2e dition), Paris, 2003, p.09.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
14
Jean-Franois Daigne de sa part a crit : Jusquaux rcentes rformes, notre
lgislation ne prvoyait que deux notions dfinissant lentreprise en difficult : La
cessation des paiements La situation financire difficile 2
Jean Brilman, dans sa dfinition reprise par Carole Gresse, dfinit lentreprise
en difficult comme suit : Lentreprise en difficult nest pas seulement une entreprise
qui a des problmes financiers mais cest aussi une entreprise qui, rencontrant ou
prvoyant des difficults, prend des mesures immdiates afin de ne pas connaitre dennuis
financiers. Ces entreprises se caractrisent par une faible rentabilit, un volume dactivit
en baisse, une dgradation du climat social voire des grves, elles traversent aussi, pour
nombre dentre elles, une conjoncture difficile.3
Nous pouvons conclure que la dfinition dune entreprise en difficult nest pas
limite une entreprise qui a des problmes financiers (consquence immdiate dautres
problmes beaucoup plus profonds) ou encore qui est en tat de cessation de paiement.
Cest aussi une entreprise qui met immdiatement en place des mesures de redressement
ds quelle rencontre ou prvoie des risques de situation dlicate, afin de ne pas connatre
de difficults financires.
Il peut sagir galement dentreprises traversant une conjoncture difficile
temporaire ou prolonge, caractrise par des dfaillances telles que : une faible rentabilit,
une baisse du volume dactivit, une dgradation du climat social souvent lorigine dun
grand nombre de grves, etc
2. Les formes dentreprises en difficults
La notion dentreprise en difficult est donc un concept portant sur un champ
dapplication beaucoup plus large et fonction de lobjectif que veut lui assigner lanalyste.
Elle peut caractriser des entreprises subissant des difficults relles, potentielles ou
2Daigne J.F., Management en priode de crise : aspects stratgiques, financiers et sociaux , Editions
dorganisation, Paris, 1991, pp.24-25. 3Gresse C., Les entreprises en difficult , Economica, Paris, 1994, p.08.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
15
latentes. Selon Jean-Franois Daigne, on peut retenir trois grands concepts dfinissant une
entreprise en difficult4, savoir :
- Entreprise non rentable en tat de cessation de paiement ;
- Entreprise saine mais vulnrable ;
- Entreprise prsentant des dsquilibres.
2.1. Entreprise non rentable en tat de cessation de paiement
2.1.1. Dfinition
Selon Jean-Franois Daigne, une entreprise non rentable en tat de cessation de
paiement peut tre dfinie comme une entreprise qui risque de ne pas continuer son
exploitation 5.
Cest une entreprise qui a atteint la fin du processus de dveloppement des
dfaillances. Ce qui veut dire que sa situation financire est dgrade et quelle est
irrmdiable. En dautres termes, elle a atteint la limite de sa dfaillance financire.
2.1.2. Caractristiques dentreprise non rentable en tat de cessation de paiement
Ce concept dentreprise non rentable en tat de cassation de paiement est le concept
retenu dans les textes juridiques. Une entreprise en difficult est dfinie du point de vue
juridique par les deux notions suivantes :
La cessation des paiements est dfinie par la loi comme limpossibilit pour lentreprise
de faire face son passif exigible avec son actif disponible 6. Lactif disponible
correspond aux liquidits en caisse ou en banque, ou encore aux lments immdiatement
convertibles en monnaie, c'est--dire aux titres ngociables vue ; tandis que le passif
exigible sous-entend le passif chu. Cest une notion de trsorerie et non pas une notion
comptable. Le manquement avr de lentreprise ses engagements financiers donne alors
lieu louverture dune procdure de redressement judiciaire.
4Daigne J.F., Op. Cit., p.25. 5Ibidem, p.25. 6 Gresse C., Op. Cit., 2003, p.11.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
16
La situation financire difficile exclut linterruption des paiements. Elle concerne les
entreprises ayant une situation financire tendue, principalement due des difficults de
trsorerie et un non-respect des grands quilibres du bilan, et prsentant un risque non
ngligeable de cessation de paiement. En fonction de la gravit des difficults, un
responsable de lentreprise peut prendre linitiative de faire ouvrir un rglement amiable
pour favoriser le redressement de la situation.
2.2. Entreprise saine mais vulnrable
2.2.1. Dfinition
Une entreprise saine mais vulnrable est une entreprise qui risque, en cas
dvolution dans le mauvais sens, de se trouver son tour en tat de cessation de
paiement 7. Cette entreprise est trs performante, mais elle est extrmement vulnrable du
fait quelle a un taux de croissance trop important et une sous-capitalisation financire
chronique. Nous rencontrons cette situation surtout dans les entreprises de taille moyenne,
extrmement performantes mais qui se dveloppent trop vite, parce que leur gestion
financire laisse parfois dsirer.
2.2.2. Les facteurs de vulnrabilit des entreprises
Daprs Franois Crucifix et Amar Derni, on peut relever cinq facteurs de
vulnrabilit des entreprises qui stimulent considrablement le flux des dfaillances8. Ces
facteurs de vulnrabilit consistent en :
La jeunesse de lentreprise car les entreprises dont la cration remonte moins de cinq ans
reprsentent environ 50% des dfaillances ;
Le manque de performances surtout en termes de productivit ;
Une technologie peu diffrencie ou une technologie obsolte ;
La dpendance vis--vis du march intrieur et labsence des exportations ;
7Daigne J.F., Op. Cit., p.25. 8Crucifix F. & Derni A., Le redressement de lentreprise : les symptmes de dfaillance et les stratgies ,
Acadmia, Paris, 1992, p.35.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
17
Une faible diversification de lactivit et de la clientle.
2.2.3. Lincapacit de raction et dadaptation
En plus de ces cinq facteurs de vulnrabilit, les entreprises en difficult font face
un problme beaucoup plus complexe qui est celui de lincapacit de raction et
dadaptation aux changements. Les entreprises en difficult, face la dtrioration de leurs
rsultats, se caractrisent par un manque de dynamisme par rapport aux indicateurs de
comportement (cf. Annexe I p.190).
La limitation de la capacit de raction et dadaptation des entreprises vulnrables
est le rsultat des insuffisances caractrisant leurs systmes de gestion. Elle est la
rsultante de linsuffisance de vision stratgique dans le processus de rflexion stratgique
et du processus de diversification et de capitalisation limits. Elle est aussi le rsultat des
actions restreintes, tardives et mal menes du processus dinnovation, des mthodes de
gestion obsoltes et dun systme dinformation dfectueux, en plus de labsence de
managers comptents parmi les dirigeants et les problmes lis la vacance et la
transmission du pouvoir dans les successions.
2.3. Entreprise prsentant des dsquilibres
Lentreprise prsentant des dsquilibres est surtout le type qui intresse les
analystes visant mettre en uvre des stratgies de redressement pour relancer
lexploitation. Cette notion suppose que lentreprise a cess de fonctionner de manire
harmonieuse ou son exploitation nest plus satisfaisante. Cela signifie quune rupture dans
la continuit de son exploitation sest produite ou risque de se produire.
Cette entreprise est une entreprise qui prsente des dsquilibres au niveau de ses
donnes industrielles, puis sociales et enfin financires 9. Le dsquilibre des donnes
industrielles est li une baisse dactivit, le dsquilibre des donnes sociales rsulte de la
9Daigne J.F., Op. Cit., p.25.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
18
dmotivation du personnel, tandis que le dsquilibre des donnes financires est le
rsultat de la dgradation de la trsorerie.
En effet, lorsque les lments conomiques se dtriorent cela se rpercute
ngativement sur le fonctionnement harmonieux de lentreprise pour entrainer, si lon ne
fait pas attention, un alourdissement gnral, une diminution de la rentabilit et une
dmotivation du personnel avec la spirale de dgradation de la trsorerie.
Dans notre travail, on abordera donc lentreprise en difficult selon lapproche du
gestionnaire et stratgique et non pas du point de vue juridique o lon sintressera au
troisime concept, c'est--dire lentreprise prsentant des dsquilibres, car notre objectif
est dtudier une stratgie de redressement dune entreprise en difficult qui na pas encore
atteint ltape fatidique dune soumission la procdure du redressement judiciaire.
Autrement dit, une entreprise qui nest pas dans une situation de cessation de
paiement et l on examinera comment sont menes les stratgies de redressement pour les
entreprises prsentant des difficults mais qui ne sont pas encore en cessation de paiement.
II. Lescalade des dfaillances et le droit des entreprises en
difficults
1. Lescalade des dfaillances dentreprise
La dfaillance des entreprises ninterviennent jamais de manire brutale, de longues
tapes sont traverses avant datteindre une situation critique et faire appel aux procdures
judiciaires. Elle commence sur le plan conomique, puis financier avant daller sa
traduction sur le plan juridique, qui nest quune rsultante logique en cas dchec ou
dabsence de mesures par lentreprise pour redresser sa situation.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
19
1.1. La dfaillance conomique
Le rsultat de lentreprise est fond sur trois facteurs qui sont le cot de revient de
sa production, les quantits vendues et le prix de vente. Chacun de ces facteurs est soumis
aux contraintes des changements de lenvironnement.
Selon la nature de son activit et en fonction de son environnement, le rsultat de
lentreprise est plus au moins sensible aux vnements tels que : laugmentation des prix
des matires premires, la hausse des salaires, laccentuation de la concurrence,
linnovation technologique, etc. Le degr de sensibilit du rsultat fait de lactivit de
chaque entreprise une activit plus ou moins risque. Lentreprise en difficult illustre le
cas dune grande dpendance du rsultat la stabilit de ces facteurs.
Une dfaillance conomique peut tre dfinie par des pertes substantielles et
structurelles ou chroniques. Elle signifie que lentit nest plus rentable et gnre plus de
charges que de produits 10. Ce qui fait que le rsultat de lactivit nenrichit plus
lentreprise et que celle-ci ne contribue plus positivement lconomie. Cette situation
peut tre mesure par les deux indicateurs de gestion suivants :
- La valeur ajoute ;
- Lexcdent brut dexploitation.
1.1.1. La valeur ajoute
La valeur ajoute est un indicateur pertinent pour apprcier lactivit et le
dveloppement de lentreprise. Elle rend compte du poids conomique rel de lentreprise.
Elle dpend dun nombre de facteurs tels que le degr dintgration de lentreprise, le
degr dlaboration et dinnovation des produits, la qualit de lorganisation industrielle et
commerciale, la formation et la productivit du personnel, le rendement des quipements.
Une influence ngative de ces facteurs entrainera une dgradation de la valeur
ajoute. Le stade ultime de la rgression conomique est une valeur ajoute ngative. Ce
qui signifie que lentreprise dans ce cas consomme de la richesse au lieu den crer.
10Gresse C., Op. Cit., 2003, p.10.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
20
1.1.2. Lexcdent brut de lexploitation
Lexcdent brut dexploitation reprsente lindicateur de la rentabilit conomique
de lactivit. Il constitue la meilleure faon pour dtecter la non profitabilit dun projet du
fait quil est un indicateur proche de lexploitation qui ne tient pas compte des politiques
financires et fiscales choisies par les dirigeants. Il consiste calculer le solde des recettes
et des dpenses lies lactivit industrielle et commerciale. La situation limite est atteinte
lorsque lexcdent brut dexploitation est structurellement ngatif.
1.2. La dfaillance financire
Une entreprise qui nest pas flexible et qui ne ragit pas temps pour trouver de
nouveaux marchs, tout en rduisant ses charges de structure, va amorcer une dfaillance
financire. Elle est le plus souvent la consquence dune dfaillance conomique non
maitrise. Linsuffisance de marge ne permet plus de couvrir les charges de structure. Le
rsultat positif peut devenir ngatif et, ce qui est plus grave, laffaiblissement de
lautofinancement qui risque de rendre difficile les remboursements demprunts.
Lentreprise donc va se trouver devant une situation critique se caractrisant par des signes
de rgression financire, savoir :
De gros impays ;
La perte dimportants clients ;
Des retraits de concours bancaires ;
Des montages financiers inadapts avec des crdits court terme finanant des
investissements long terme.
Dans ce cas, lentreprise ne peut structurellement pas faire face ses dcaissements
et son passif court terme est nettement suprieur son actif ralisable. Elle ne trouve plus
de solution pour grer ses dettes, ce qui se traduit par des incidents de paiements11. Ce
manque de liquidit aboutit rapidement limpossibilit de payer les cranciers.
11Gresse C., Op. Cit., 2003, p.10.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
21
Linsolvabilit se constate alors grce aux ratios qui comparent les actifs et les passifs de
mme chance.
Lentreprise tant consciente de ces difficults, doit entreprendre toutes mesures pour
remdier cette situation. Lchec ou labsence de telles actions conduira lentreprise aux
procdures du rglement judicaire, qui nest autre que la sanction lgale des difficults et la
traduction juridique de linsolvabilit de lentreprise.
1.3. La dfaillance juridique
La dfaillance juridique est la sanction lgale de la dfaillance financire et la
constatation juridique de linsolvabilit de lentreprise qui la soumet au contrle de la
justice 12. Elle signifie, dans la majorit des cas, la disparition court terme de lentit
conomique.
Deux situations peuvent conduire la constatation juridique de lentreprise en
difficult. La plus critique est la cessation de paiement. Elle matrialise la dfaillance
juridique et dclenche louverture dune procdure de redressement judiciaire qui aboutira
soit la restructuration de lentreprise, soit sa liquidation. Le second cas possible est la
situation financire difficile sans cessation de paiement avre, mais suffisamment tendue
pour louverture dune procdure de rglement amiable dont lobjet est dorganiser une
ngociation entre lentreprise et ses cranciers.
La sanction lgale de dfaillance financire dune entreprise est matrialise par
lapplication des procdures et du rglement judiciaires stimuls dans les articles de la
branche du droit commercial rgissant les entreprises en difficult, qui est le droit des
entreprises en difficult appel aussi droit des procdures collectives.
Au-del, la notion dentreprise en difficult ne renvoie pas forcement lide des
difficults financires. Un droit des entreprises en difficult pour tre efficace doit prendre
en considration toutes les difficults rencontres, sans attendre leur traduction financire.
12Gresse C., Op. Cit., 2003, p.11.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
22
La notion dentreprise en difficult traduit aussi une approche diffrente des
incidents de fonctionnement que peuvent rencontrer les entreprises. Elle intgre, en effet,
une ide essentielle celle de la prvention. Ainsi, on peut dire que la protection de
lentreprise devienne lune des finalits assignes au droit des entreprises en difficult. La
finalit du rglement collectif des cranciers devient, par voie de consquence, secondaire.
2. Le droit des entreprises en difficults
Le droit des entreprises en difficult (droit de la faillite), appel aussi droit des
procdures collectives13, est une branche du droit des socits. Il est applicable aux
socits en tat de cessation de paiement. Depuis les annes soixante, le droit des
entreprises en difficult a connu de nombreuses adaptations. Les crises conomiques ont
conduit les lgislateurs travers le monde mettre en place des dispositifs visant le
redressement de lentreprise, la sauvegarde de lemploi et le rglement des cranciers.
Le droit de lentreprise en difficult a plusieurs vocations. Premirement, il vise
prvenir les difficults avant quelles ne conduisent irrmdiablement la crise financire.
Deuximement, il vise organiser la sauvegarde de la firme dfaillante, et troisimement,
il planifie la liquidation des actifs si lactivit est dfinitivement compromise.
Pour mieux expliquer le droit des entreprises en difficult et son contenu, on se
rfrera ltude du droit franais des entreprises en difficult. On a choisi dtudier le
droit franais des entreprises en difficult car il est le plus proche de la ralit algrienne et
parce que le droit algrien est inspir dans sa majorit du droit franais. Cela est la
rsultante des liens historiques entre lAlgrie et la France.
En France, le cadre juridique des entreprises en difficult, daprs Carole Gresse,
est dfini par une srie de textes lgislatifs venus rformer, partir de 1984, la loi du 13
Juillet 1967 et lordonnance du 23 Septembre 196714. Cet ensemble lgislatif se compose
des lois suivantes :
13 Gresse C., Op. Cit., 2003, p.09. 14 Idem, p.12
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
23
La loi du 1er mars 1984 relative la prvention et au rglement amiable des
difficults des entreprises et de son dcret dapplication du 1er mars 1985.
La loi n 85-98 du 25 janvier 1985 galement connue sous lappellation de
loi Badinter . Elle est relative au redressement et la liquidation judiciaire et de son
dcret dapplication du 27 dcembre 1985.
La loi n 85-99 du 25 janvier 1985 relative aux administrateurs judiciaires et
aux mandataires liquidateurs.
La loi du 10 juin 1994 complte les prcdentes afin de renforcer la
prvention, de simplifier les procdures collectives, damliorer le sort des cranciers et de
moraliser les plans de redressement.
Ltude du droit des entreprises en difficult franais peut offrir des renseignements
importants sur le traitement des entreprises en difficult. Le dispositif du droit des
entreprises en difficult franais peut tre dcompos en deux volets : lun est prventif,
lautre est curatif consistant la procdure du redressement judiciaire.
2.1. Le volet prventif
Le volet prventif du droit des entreprises en difficult franais consiste en la
lgislation sur la prvention des entreprises en difficult. Ce volet prventif prvoit tout un
ensemble de mesures prventives telles que laugmentation des fonds propres des SARL,
lamlioration des informations comptables et financires, le contrle des comptes et
linstauration de procdures de surveillance et dalerte ainsi que la cration dune
procdure de rglement amiable.
Cette lgislation prventive est mise en uvre, donc, pour permettre de dtecter les
difficults de lentreprise avant que sa situation ne devienne irrversible. La prvention se
ralise par les procds damlioration de linformation financire, les procdures dalerte
et le rglement amiable.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
24
2.1.1. Lamlioration de linformation financire
Lamlioration de linformation financire dite par les entreprises consiste la
mise en uvre de nouvelles rformes par la lgislation. Ces rformes ont pour objet
dlargir le champ dapplication des obligations de tenue de la comptabilit historique
(comptabilit lgale ou gnrale) et dimposer aux entreprises dune certaine taille de
produire des informations comptables prvisionnelles.
Autrement dit, ces rformes exigent aux entreprises dune certaine taille de
complter leur comptabilit historique par des documents comptables prvisionnels devant
permettre de dceler des difficults potentielles. Ces documents consistent en :
Une situation de lactif ralisable et disponible et du passif exigible, valeurs dexploitation
exclues ;
Un compte de rsultats prvisionnel ;
Un tableau de financement prvisionnel ;
Un plan de financement prvisionnel.
Chacun de ces documents est accompagn dun rapport explicatif analysant,
notamment, les carts entre les prvisions et les ralisations a posteriori. La priodicit de
ces documents est annuelle, sauf le premier, dont la priodicit est semestrielle.
2.1.2. Les procdures dalerte
Une procdure dalerte consiste en la possibilit, donne une personne ou un
organe interne ou externe lentreprise, davertir les dirigeants, par voie lgale, de la
dgradation de la situation conomique de lentreprise. Elle va permettre une prise de
conscience au sein de lentreprise propos de difficults rencontres.
La rglementation confre un devoir ou un pouvoir dalerte quatre types de
partenaires. Ces partenaires consistent ,dune part, au Prsident du Tribunal de Commerce,
au commissaire aux comptes et aux actionnaires de SA ou les associs de SARL ayant un
pouvoir dalerte fond sur la ncessit dappeler lattention des dirigeants sur tout fait de
nature compromettre la continuit de lexploitation, dune autre part, au comit
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
25
dentreprise ou le dlgu du personnel, si lentreprise na pas mis en place de comit,
dtenant un droit dalerte fond sur des faits proccupants.
2.1.3. Le rglement amiable
Le rglement amiable est une procdure spcifique prvue par la lgislation
destine intervenir avant les procdures collectives sous lgide du prsident du tribunal.
Cette procdure est applicable toute personne morale de droit priv (en sont exclues les
personnes physiques exerant une profession librale). Elle a pour objet la rorganisation
du passif et notamment la conversion dune partie des dettes court terme en dettes
moyen et long terme.
2.2. La procdure de redressement judiciaire
Le redressement judiciaire est applicable, principalement, partir du moment o
lentreprise se trouve en cessation de paiement, celle-ci tant dfinie comme limpossibilit
de faire face au passif exigible avec son actif disponible.
La procdure de redressement judiciaire est compose de la priode dobservation
qui peut dboucher sur un plan de redressement trois issues possibles (cf. Annexe II
p.191). Mais, pralablement, la procdure de redressement judiciaire doit tre ouverte par
une dcision de la justice.
2.2.1. Louverture de la procdure
La procdure de redressement judiciaire est ouverte par un jugement du tribunal
dans les quatre situations ci-aprs :
Echec du rglement amiable en raison de linexcution des engagements ;
Une cessation de paiement c'est--dire lorsque le dbiteur est dans limpossibilit de faire
face son passif exigible avec son actif disponible ;
Linexcution dun contrat de location-grance : le locataire-grant nexcute pas son
obligation dacqurir dans les conditions et les dlais fixs ;
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
26
Linexcution dun plan de continuation lorsque le dbiteur na pas respecter des dlais
dexcution fixs.
La procdure est, donc, ouverte principalement par le dbiteur lui-mme dans des
quinze jours qui suivent la cessation de paiement. Elle peut galement tre dclenche par
un crancier de lentreprise, par le Procureur de la Rpublique ou encore par les dlgus
du personnel si ceux-ci communiquent un rapport sur la cessation des paiements au
Prsident du Tribunal ou au Procureur de la Rpublique.
Le Prsident du Tribunal convoque, pour le jugement douverture, toute personne
dont il considre le tmoignage utile tel que : le dbiteur (reprsentant lgal), les
reprsentants du comit dentreprise ( dfaut les dlgus du personnel) et le conciliateur
(dans le cas o la procdure a eu lieu la suite de lchec dun rglement amiable), etc. Ce
jugement douverture a deux issues possibles : soit la liquidation immdiate ou louverture
de la procdure de redressement judiciaire.
2.2.2. La priode dobservation
La priode dobservation a pour but de faire un bilan sur ltat de lentreprise et de
prparer son redressement. Elle est dune dure initiale de trois mois, renouvelable une
fois. Son renouvellement se fait une fois par une dcision motive la demande de
ladministrateur, du dbiteur, du Procureur de la Rpublique, ou doffice par le Tribunal.
Pendant cette priode, lexploitation de lentreprise continue. Ladministrateur
judiciaire soit assiste ou remplace le dbiteur dans la gestion de lentreprise. Il commence
par faire ou faire faire un audit de la socit et prend les mesures urgentes de
restructuration. Pour soutenir la poursuite de lactivit pendant la priode dobservation, le
lgislateur prvoit le mode de financement suivant : il avantage les cranciers qui octroient
des crdits lentreprise pendant cette priode en les rendant des cranciers privilgis.
2.2.3. Les issues du jugement du tribunal
A la fin de la priode dobservation, ladministrateur rdige un bilan conomique et
social servant donner une image relle de la situation de lentreprise. Ensuite, il propose
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
27
soit un plan de redressement consistant la continuation de lexploitation de lentreprise
ou sa cession totale ou partielle, soit la liquidation de lentreprise. Peu avant lissue de la
priode dobservation, le Tribunal arrte ou rejette le plan de redressement et ordonne une
des trois solutions suivantes :
La continuation de lentreprise : implique la conservation de lactivit et de quipe
dirigeante condition de procder aux restructurations conomiques et/ou juridiques
prvues dans le jugement du Tribunal ;
La cession de lentreprise : elle peut tre totale ou partielle et ne porte que sur un ou
plusieurs ensembles dlments dexploitation constituant une branche autonome
dactivit ;
La liquidation judiciaire de lentreprise: elle est prononce lorsque la continuation et la
cession napparaissent pas possibles.
Aprs avoir prsent les caractristiques gnrales dentreprises en difficult dans
cette premire section, on examinera dans la section 2 la dgradation dentreprises et les
facteurs de difficult de celles-ci.
Section 2 : La dgradation dentreprises : les facteurs de difficult
I.La dgradation dentreprises
La dgradation dune entreprise est gnralement laboutissement logique dun
processus de dtrioration, appel aussi processus de dgradation, qui stend sur
plusieurs annes 15 et qui se dveloppe en plusieurs phases.
Les signaux de danger qui permettent de dceler la mise en phase du processus de
dgradation peuvent tre anticip laide dindicateurs et de symptmes, dis dalerte.
Lapparition et le dveloppement de lun ou plusieurs de ces indicateurs et symptmes,
15 Crucifix F. & Derni A., Op. Cit., p.26.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
28
sans quils soient pris en charge par les dirigeants, va dclencher le processus de
dgradation de lentreprise en question.
1. Les symptmes et indicateurs dalerte
Une entreprise peut tre alerte du risque dune crise grce de nombreux
symptmes et indicateurs quelle pourra exploiter en sa faveur pour faire face la
crise 16.Ces indicateurs dalerte peuvent tre pris en compte dans diffrents tats. Ils
peuvent prvenir dune crise avant son arrive dans le cas des indicateurs en avance ;
durant son dveloppement dans le cas des indicateurs simultans ; ou encore peuvent tre
une consquence de la crise comme cest le cas des indicateurs en retard.
1.1. Les symptmes et indicateurs en avance
Les indicateurs en avance sont ceux qui prviennent dun risque de crise ou larrive
prochaine de la crise pour lentreprise. Les prendre en compte est significatif dune grande
autonomie de pense parce que la plupart des personnes nayant pas subi la crise en
rfuteront lannonce.
Parmi les principaux indicateurs en avance, on a choisi de prsenter les plus
importants :
1.1.1. Les menaces sur les activits des clients
Les entreprises, qui sintressent leurs clients et leurs affaires, sont les entreprises
bien gres. Elles suivent avec vigilance lvolution de leurs dbouchs et de leur situation
financire parce que lvolution des marchs et de la comptitivit des clients sont des
indicateurs en avance. Les menaces sur les activits des clients peuvent tre de trois
natures :
Une volution dfavorable de la conjoncture conomique du secteur ;
Un changement de la technologie de base ;
Lapparition dune concurrence trangre nouvelle dans les produits exportables.
16 Brilman J., Gestion de crise et redressement dentreprises , Hommes et techniques, Paris, 1986, p.29.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
29
1.1.2.Lapparition dune concurrence dangereuse dans un pays tranger
Lapparition dune concurrence dangereuse ltranger constitue une menace sur
lune des activits de lentreprise elle-mme. Cest pour cela quun entrepreneur avis qui
surveille ce qui se passe ltranger dans son domaine aura toujours le temps pour ragir
et prendre ses prcautions, c'est--dire, soit acclrer la mise au point dun produit
comptitif en terme de qualit, performance ou prix, soit tenter dobtenir un accord de
distribution du produit, etc.
1.1.3. La prise en compte des crises larves ou chroniques non rsolues
La prise en compte des crises larves ou chroniques non rsolues consiste prendre
en compte le risque dinsolvabilit de certains pays, c'est--dire, le risque de non-paiement
de leurs engagements. Il sagit aussi de prendre en compte la rduction des commandes
publiques, linsolvabilit des organismes publics et des groupes subventionns dont la
subvention sera rduite.
1.1.4. Les changements du rythme de linflation
Les crises saccompagnent souvent de changements de rythme dinflation. Grer en
priode de crise, cest aussi anticiper correctement les changements du rythme de
linflation pour les transformer en dcisions ou en mesures pertinentes et bnfiques pour
les entreprises.
1.2. Les symptmes et indicateurs simultans
Les indicateurs simultans sont ceux qui indiquent que la crise est installe et quelle va se
rpercuter de manire imminente sur lentreprise. Parmi les multiples indicateurs
simultans, on citera les plus significatifs :
1.2.1. Les indicateurs lis au volume dactivit
Les indicateurs lis au volume dactivit consistent linsatisfaction de la force de
vente, la baisse du niveau des propositions ou des offres, la baisse du niveau des
commandes ou la prise de commandes des prix non rmunrateurs, la baisse du chiffre
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
30
daffaires masque par une hausse des prix, laugmentation des taux de marges ou des
commissions accordes au systme de distribution.
1.2.2. Les indices au niveau de la production
Parmi les sonnettes dalarmes les plus connues, on retient des allongements des
dlais de production, des problmes de qualit, des ennuis dans la ralisation des grosses
commandes, les retards dans la mise au point de produits nouveaux ou dans le dmarrage
dune nouvelle installation.
1.2.3. Les indicateurs fournis par le personnel
Les principaux signes refltant un malaise dans lorganisation et qui prcdent ou
accompagnent une crise sont : laugmentation du taux dabsentisme, la recrudescence des
conflits sociaux surtout au niveau de la direction et la dmission de collaborateurs de
valeur.
1.3. Les indicateurs en retard
Les indicateurs en retard ne sont pas des indicateurs de prvention comme les deux autres
types de symptmes et dindicateurs dalerte. En ralit, ce ne sont que des rvlateurs des
consquences des difficults et de la crise.
Dans un ordre de gravit croissante, du moins grave au plus grave, on va citer les
indicateurs qui rvlent la situation dlicate dune entreprise :
Larrt de la distribution des dividendes sil ne sagit pas bien sr dun arrt dans le but de
financer une croissance trs rapide ;
La baisse des rsultats rels ;
Lapparition de pertes et les difficults de la trsorerie ;
Ltat de cessation de paiement.
Les indicateurs et symptmes dalerte cits ci-dessus peuvent tre constats un par
un, comme ils peuvent se conjuguer entre eux. Leur apparition exige une raction
immdiate et rapide pour remdier temps la crise quils signalent et minimiser au mieux
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
31
les consquences nfastes quils pourront apporter. Mais, malheureusement, ce nest pas le
cas de la majorit des entreprises qui commencent connatre des difficults. La situation
dlicate en leur sein se caractrise autrement.
2. Caractristiques et phases du processus de dgradation dentreprises
2.1. Les caractristiques dune situation dlicate
Les entreprises durant leurs vies connaissent toutes des priodes de difficults et de crise.
Cela est souvent d et accentu par la conjoncture qui leur est dfavorable, par des
problmes qui leur sont propres et qui rsultent de leurs processus de gestion, ou encore
par des facteurs qui les rendent facilement vulnrables.
Daprs Jean Brilman17, les entreprises lors des crises et des situations dlicates prsentent
souvent deux caractristiques principales qui sont la rsultante des ractions de leurs
dirigeants.
Les entreprises sont conduites des situations dlicates, parfois irrmdiables, du
fait que leurs dirigeants ragissent trop tard ou encore ragissent trop lentement. En
dautres termes, les erreurs dans la gestion sont frquentes mais, parfois, il est difficile dy
remdier et de remettre en ordre tout du fait que la prise en charge de lerreur et
lvaluation de son risque viennent en retard ou se ralisent lentement. Ces deux faits
caractrisent les situations dlicates de la plupart des entreprises en difficult.
2.1.1. Les ractions tardives des dirigeants
Selon Jean Brilman, lun des facteurs qui aggrave la situation au sein dune
entreprise et la conduisant des tats irrversibles et dangereux est le fait que le ou les
dirigeants de lentreprise en question ragissent trop tard18. Cela nous conduit nous poser
la question : pourquoi les dirigeants des entreprises connaissant les difficults ragissent-ils
17Jean Brilman est expert directeur international du groupe CEGOS. Il a t le premier en France mettre en vidence ces deux caractristiques dans ses ouvrages : Le redressement dentreprises en difficult de 1978 et Gestion de crise et redressement dentreprises de 1986. 18 Brilman J., Op. Cit., p.16.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
32
si trop tard ? La rponse cette question est apporte par la conjugaison de plusieurs
facteurs, savoir :
Lattente dune amlioration de la conjoncture ;
La confusion entre crise structurelle et ralentissement conjoncturel ;
La subvention des activits en perte par des activits bnficiaires ;
Lusage dindicateurs en retard ;
Labsence dindicateurs en avance fiables et de tableaux de bord mensuels ;
Linsuffisance du niveau dexigence des conseils dadministration ;
Lanesthsie comptable ;
Les budgets trop optimistes ;
La crainte de crer un contexte ngatif ;
Le recours aux solutions de facilit ;
Un dclin plus rapide que prvu ;
Lincapacit de la direction grer la crise.
Tous ces facteurs peuvent paratre banals et vidents, mais malheureusement
expliquent le pourquoi de la raction si tardive des entreprises en situation dlicate. Mais le
plus grave encore est de ragir lentement, c'est--dire, quil existera une priode dinertie
pendant laquelle lentreprise continue daccumuler les pertes et cela entre le diagnostic de
lerreur et la mise en place des mesures correctives.
2.1.2. Les ractions lentes des dirigeants
La lenteur des ractions est la deuxime particularit dune situation dlicate,
daprs Jean Brilman19. Elle accompagne souvent, mais pas obligatoirement, les ractions
tardives pour des raisons similaires. Nous nous demandons, donc, pour quelles raisons les
dirigeants ragissent-ils si lentement ? La rponse cette question, nous la donnerons par
la conjugaison des paramtres suivants :
Les pertes de temps en tudes et runions ;
19 Brilman J., Op. Cit., p.24.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
33
Labsence dides de solution ;
Les dsaccords sur les causes des difficults et les remdes ;
Les hsitations devant les mesures haut risque ;
Le temps pass aux problmes de survie provisoire ;
Le manque dHommes capables de mettre en uvre des solutions d la centralisation ;
Les dlais longs dapprentissage et de formation ;
Les dlais bureaucratiques et lgaux.
Les facteurs expliquant le retard et la lenteur dans les dcisions et les ractions des
dirigeants des entreprises traversant des situations dlicates sont nombreux comme on
vient de le voir ci-dessus. Leur prsence et leur conjugaison aggrave la situation et favorise
le dveloppement des diffrentes phases du processus de dtrioration.
2.2. Les phases du processus de dgradation
En priode de retournement de march et de conjoncture conomique dfavorable,
certaines entreprises font face avec rapidit et souplesse aux influences ngatives de la
dtrioration de leur environnement, dautres ne ragissent pas temps pour plusieurs
raisons et iront alimenter le vivier des entreprises en difficults.
Mais la dtrioration dune entreprise ne se ralise pas dune manire brutale car
lentreprise ne dcline pas soudainement. La dtrioration passe, si son management nest
pas nergique et courageux pour intervenir au moment opportun, par diffrentes phases.
Daprs Jean-Franois Daigne, les phases du processus de dtrioration ou de dgradation
dune entreprise sont en nombre de trois20. Ces phases consistent en :
2.2.1. La premire phase
La premire phase du processus de dtrioration dune entreprise se caractrise par une
stagnation des ventes, une diminution de la rentabilit, une augmentation des cots qui
psent sur les principaux postes du bilan.
20Daigne J.F., Op. Cit., p.72.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
34
Il est alors ncessaire de redresser lexploitation rapidement, si non cet alourdissement
attient la trsorerie de faon plus au moins irrmdiable. Durant cette priode, lentreprise
techniquement ne peut maintenir ni la qualit, ni le niveau des cots de fabrication. Le
drapage qualit / prix senclenche et il va avoir une rpercussion directe sur la production
de lentreprise. La premire consquence sera la diminution des commandes.
A la suite de ces perturbations et leurs rpercutions, lentreprise sera soumise
faire un choix difficile entre le maintien de la rentabilit ou la sauvegarde des parts de
march :
Soit elle opte pour la perte de ses parts de march et cela en choisissant de maintenir ses
prix ;
Soit elle accepte de perdre sa rentabilit en optant pour la diminution de ses prix.
Il faut prendre conscience de cette volution et ragir trs vite si non la situation va
se dvelopper et va saggraver plus par larrive des rpercutions de la deuxime phase.
2.2.2. La deuxime phase
La deuxime phase du processus de dgradation dentreprise connait une aggravation de la
rgression de la situation de lentreprise. Elle se caractrise par limportance des incidents
sur le bilan qui refltent le recul de lexploitation et son dysfonctionnement :
Un alourdissement gnral ;
Un dphasage des variations de stock par rapport aux variations de lactivit commerciale ;
Un accroissement du besoin en fonds de roulement ;
Une diminution de la rentabilit.
Tout cela fait que le cycle infernal des difficults sacclre. Il se caractrise par
une baisse de la rotation de lactif qui ne produira plus les flux ncessaires pour assurer les
chances du passif. Cela va se rpercuter sur le fonds de roulement qui va baisser suite
lenregistrement dune diminution relative des capitaux permanents par rapport aux valeurs
immobilises. Les effets se font immdiatement ressentir : une augmentation des frais
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
35
financiers et une dgradation du rsultat brut conomique. Ces effets vont conduire la
troisime phase du processus.
2.2.3. La troisime phase
La troisime et dernire phase du processus de dgradation dune entreprise se
caractrise par laccentuation des difficults de la trsorerie et par lasphyxie financire par
manque du fonds de roulement.
La dfaillance de lexploitation se traduit, terme, par un puisement plus ou
moins rapide de ses moyens financiers (dcouverts de trsorerie, retard de paiement,).
Lentreprise prouve de plus en plus de difficults pour assurer les chances et voit sa
dpendance accrotre vis--vis des organismes bancaires et des crdits fournisseurs.
Les signes indicateurs du processus de dgradation dune entreprise rvlent donc
des problmes de nature financire savoir linsuffisance des ressources face aux besoins
et des problmes de rentabilit dus au fait que les produits ne couvrent pas les charges.
La situation de crise dans une entreprise est la rsultante de plusieurs facteurs de
difficult, de natures diffrentes, quon traitera dans la sous-section suivante.
II. Les principaux facteurs de difficult des entreprises
La priode de 1970 1990 a t caractrise par une monte des faillites. Ceci
ntait pas, seulement, le signe de difficults conomiques mais, aussi, le reflet dun
dynamisme entrepreneurial. En effet, depuis le dbut des annes 70, on assiste une
rgnration industrielle avec des flux importants de cration dentreprises, dune part, et
des flux croissants de dfaillance, dautre part.
Devant la progression alarmante des dfaillances dentreprises, de nombreuses recherches
et tudes ont t faites. Toutes ces tudes avaient le leitmotiv de bien se connatre, ragir
avec mesure et en temps voulu car le temps est un alli naturel, tre attentif et imaginatif,
apprendre freiner son dveloppement, connatre son environnement et ne jamais
dsesprer.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
36
La recherche des origines des difficults des entreprises tait, donc, la
proccupation de nombreux analystes qui ont ralis des tudes statistiques en vue
dclaircir ce problme et de donner des rponses satisfaisantes aux dirigeants des
entreprises qui voulaient savoir les origines des crises dans les entreprises et pouvoir y
remdier.
Les diffrentes recherches menes dans ce sens ont abouti mettre en uvre un
ensemble de rsultats qui donne lieu des facteurs et des causes expliquant lorigine des
difficults au sien des entreprises. La plupart de ces tudes statistiques ont t ralises en
France entre 1977 et 1997 et menes par diffrents organismes, savoir :
Lenqute de la Caisse Nationale des Marchs de lEtat (CNME) en 197721 ;
Les travaux de Conan et Holder en 19791 ;
Lenqute des Tribunaux de Commerce entre 1980 et 19841 ;
Les travaux de Dun et Bradstreet entre 1980 et 19851 ;
Ltude du Crdit dEquipement des Petites et Moyennes Entreprises (CEPME) en 1986 22;
Ltude de lInstitut National des Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE) en 199723.
La convergence des rsultats de ces tudes statistiques a permis de recenser un
ensemble de facteurs principaux qui expliquent les origines des difficults des entreprises.
Les facteurs ainsi recenss sont regroups en trois catgories qui consistent en des facteurs
de difficult lis des carences des dirigeants des entreprises en question, en des facteurs
lis aux problmes structurels et, en des facteurs rsultant de la situation de
lenvironnement macro-conomique des entreprises.
1. Les facteurs lis aux carences des dirigeants
Toute entreprise est dans le besoin davoir un bon dirigeant. Le ou les dirigeants
sont des lments cruciaux au sien des directions des entreprises, mais cela nest pas
21 Daigne J.F., Op. Cit., pp.27-29. 22 Gresse C., Op. Cit., 2003,p.30. 23Blazy R.et Combier J., La dfaillance dentreprise : causses conomiques, traitement judiciaire et impact
financier , INSEE Mthodes, n 72-73, Paris, 1997.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
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toujours le cas. Un dirigeant, qui acquiert son exprience uniquement du terrain sans
prendre le temps de se recycler rgulirement, aura sans doute du mal matriser les
changements de son environnement et adapter son mode de gestion cette volution.
La matrise de lenvironnement du moment est capitale pour tout dirigeant dentreprise. Si
ce nest pas le cas, tant que les performances de lentreprise sont satisfaisantes et mme
avec un systme de gestion parfois incertain, tout va fonctionner parfaitement, mais ds
quun retournement de tendance se prsente, alors le dirigeant va se trouver "dsarm.
Les carences des dirigeants et les facteurs qui leur sont lis constituent donc de graves
problmes au sien des entreprises. Ils jouent un rle dvastateur pour les
entreprises24.Parmi les facteurs les plus significatifs, on voque :
1.1. Lincapacit matriser lenvironnement
Lincapacit du dirigeant matriser lenvironnement consiste son inaptitude prendre
en compte ou matriser les changements et lvolution au sien de lenvironnement du
moment. Cette incapacit faire face aux volutions de lenvironnement se situe trois
niveaux :
1.1.1. Au niveau industriel
Lincapacit du dirigeant matriser lvolution de lenvironnement industriel de
lentreprise apparait, principalement, dans la stratgie industrielle mal dfinie ou non
suivie do laugmentation des produits poids morts . Elle apparait, aussi, dans
linadquation technique, labsence de recyclage et le maintien des investissements ne
rpondant plus aux exigences du march.
Et enfin, elle se constate dans linaptitude faire face aux concurrents locaux ou trangers
utilisant des procds techniques plus performants leur permettant damliorer leur
productivit, de diminuer les cots et daugmenter leur rentabilit.
24Daigne J.F., Op. Cit., p.41.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
38
1.1.2. Au niveau montaire
La non-matrise de lenvironnement montaire se constate, en premier lieu, dans
lincapacit du dirigeant tenir compte des dsquilibres montaires internationaux pour
bien grer sa trsorerie en devises court terme, ce qui peut provoquer des effets pervers
sur la trsorerie dexploitation dus aux fluctuations des monnaies fortes.
Elle apparait, aussi, dans la non-prise en compte de diverses mesures gouvernementales
parmi les composantes stratgiques lors de ltablissement des budgets, ce qui confrontera
lentreprise des difficults financires pouvant lui entraner une rgression du niveau
dactivit. Et enfin, dans la mauvaise anticipation des variations des taux dintrts et des
taux de change.
1.1.3. Au niveau lgislatif
Depuis le premier choc ptrolier, laugmentation des prlvements obligatoires lamine les
rsultats conomiques des entreprises. Du fait que ces prlvements doivent tre pris en
compte dans le calcul des points morts et des cots de revient, lentreprise, et en particulier
son ou ses dirigeants, doit imprativement se tenir informer des nouvelles lgislations.
Cela est ncessaire afin de pouvoir ventuellement prendre les mesures qui simposent
pour conserver un taux de rentabilit ncessaire la survie de lentreprise.
Il parat donc vital que le dirigeant soit au courant des mesures sociales la suite de
lapplication des nouvelles lois, des nouveaux prlvements fiscaux, des contraintes
juridiques qui viennent pour freiner ou modifier la gestion dune entreprise et, enfin, des
alas rglementaires tels que la rduction du temps de travail, la cinquime semaine de
congs pays, le temps allou aux reprsentants du personnel, etc. La non-matrise de ces
lments composant lenvironnement lgislatif de lentreprise par son ou ses dirigeants va
se rpercuter, sans aucun doute, ngativement sur sa performance et sa survie.
1.2. La matrise insuffisante des relations rentabilit produit/march
Toute entreprise ne peut survivre sans produit et sans march. Mais cette vrit
fondamentale est souvent mconnue par un nombre important de dirigeants dentreprises,
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
39
ce qui les amne terme connatre des dfaillances. Par consquent, il semble ncessaire
ces dirigeants de pouvoir diagnostiquer trs vite toutes les volutions susceptibles de
modifier les relations produit/march, et donc de dtriorer la rentabilit et dentraner
lentreprise dans des difficults de plus en plus graves.
Parmi les principales volutions que tout dirigeant doit diagnostiquer pour protger
lavenir de son entreprise, on peut voquer les plus significatives :
Le march cible pour produit nouveau non atteint ;
Lanalyse insuffisante des consquences industrielles et financires du produit se
trouvant en phase de dclin de son cycle de vie ;
Les mauvais choix des circuits de distribution ;
La rgression ou la disparition du march ;
Les difficults pour rpercuter les hausses des matires premires dans les cots de
revient ;
Lapparition de concurrents dangereux, locaux ou trangers, mettant sur le march
de nouveaux produits, de nouvelles applications, crant ainsi de nouveaux besoins
et dbouchs ;
La conjoncture conomique dfavorable ;
Larrive de concurrence nouvelle pratiquant le dumping, la suite dune politique
des cots salariaux trs bas (ex. le textile avec les pays du Sud-est Asiatique) ;
La diversification trop pousse et prpondrance donne la croissance du chiffre
daffaires et non plus la rentabilit conomique ;
Le non suivi de lvolution des besoins de la clientle ;
La dfaillance de clients importants.
On voit ainsi limportance de la surveillance de son crneau par lentreprise qui est la
consquence des choix industriels de son ou ses dirigeants. Les erreurs dans ce domaine, la
mconnaissance du processus de dcision stratgique sont malheureusement lorigine de
nombreuses difficults souvent fatales pour les entreprises.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
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1.3. La stratgie dentreprise mal dfinie
Depuis les annes 1980, petit petit, les dirigeants ont pris conscience du fait que la
stratgie dentreprise sintgrait aux grandes dcisions financires. Sans stratgie, on ne
peut jamais faire de bonnes finances.
Jusquau moment de prise de conscience, les grandes dcisions stratgiques taient
prises intuitivement mais cela ntait pas trop dangereux du moment o lenvironnement
tait peu prs stable. Mais, elles deviennent alatoires et risques ds lors quon assiste
une mondialisation de la concurrence, une croissance beaucoup plus lente et
lapparition de contraintes conomiques et sociales de plus en plus importantes.
Lenvironnement est en pleine mouvance et les grandes dcisions stratgiques ont besoin
de rpondre des normes, cest pour cela que les dirigeants des entreprises ont de moins en
moins droit aux erreurs. Cest pourquoi, une approche incertaine de la stratgie peut
conduire lentreprise vers des difficults parfois irrversibles. Cela peut tre la
consquence de :
- Lignorance des grands principes stratgiques ;
- La mconnaissance des phases du processus danalyse stratgique.
1.3.1. Lignorance des grands principes stratgiques
Survie, croissance, profit sont les matres mots de toute stratgie. La responsabilit de
lquipe dirigeante est de veiller en permanence sur les six facteurs qui peuvent menacer la
prennit de lentreprise : la concurrence et les cinq forces qui la commandent, le march
et ses divers composants, le produit et son cycle de vie (spcialisation ou diversification),
la technologie (leader ou suiveur), les hommes (leur motivation, leur satisfaction) et, enfin,
le capital par la prise en compte de sa rpartition, le niveau du F.R, le cot des fonds
propres et de lendettement et la sous-capitalisation.
Par ailleurs, que faire pour placer lentreprise dans les meilleures conditions pour se
dfendre et gagner ? Quelle est la force concurrentielle la plus importante qui dterminera
le taux de rentabilit ? Cest des rponses ces questions que va dcouler la stratgie qui
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
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impliquera des hommes, des ressources matrielles et financires et qui sera conduite par
une srie de rflexions successives absolument ncessaires pour mettre lentreprise sur la
route du succs.
1.3.2. La mconnaissance des phases du processus danalyse stratgique
Le processus danalyse stratgique permet lentreprise de crer et de maintenir une
relation viable avec lenvironnement travers : la dfinition de son cadre de rfrence
fondamentale, ses objectifs stratgiques, ses valeurs de croissance et les plans de
dveloppement de son portefeuille dactivits.
Il existe, diffrents modles danalyse stratgique qui reposent tous sur la notion de
portefeuille dactivits constitu de mtiers ayant chacun des caractristiques particulires.
Dans un premier temps, on procdera la segmentation stratgique pour dfinir les mtiers
pour lesquels il est possible de dfinir un marketing-mix spcifique.
La performance ou contre-performance dans un mtier spcifique dpond donc de sa
position concurrentielle et de sa maturit financire. Mais il existe une constante, la
rentabilit est directement fonction de la comptitivit, celle-ci tant la rsultante de la part
de march relative. La mconnaissance de cette constante peut donc entraner lentreprise
vers des difficults mettant en pril sa survie.
2. Les facteurs micro et macro-conomiques
2.1. Les facteurs rsultant des crises structurelles
Daprs Jean-Franois Daigne, lorsquune entreprise traverse des crises
structurelles la faisant tomber dans des difficults importantes, souvent, on trouve ses
dirigeants dans un tat deuphorie suite une priode de russite prcdente qui les
aveuglent et leur masquent les ralits conomiques25. Ces diffrentes difficults
structurelles interviennent au cours des phases du processus de dgradation et entranent un
choc pour les dirigeants qui ninterviennent pas au moment voulu.
25 Daigne J.F., Le redressement dentreprise , PUF-Que sais-je ?, 1993, p.22.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
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Le cycle infernal des difficults sacclre avec laugmentation des frais financiers, la
dgradation du rsultat brut conomique et la diminution relative des capitaux permanents
dclenchant, ainsi lentement, lasphyxie financire. Ces difficults se combinent toujours
avec dautres facteurs de dtrioration dont les plus significatifs sont la dmotivation des
quipes, le manque de transparence, la dstabilisation de lencadrement et la rupture finale
des grands quilibres fondamentaux.
Limportance des causes structurelles propres lentreprise est mise en exergue et montre
que sans plan de redressement, ces causes sont de nature dstabiliser durablement
lactivit. Leurs consquences se traduisent en final par la non-matrise des diffrentes
fonctions de lentreprise. Les principaux facteurs lis aux problmes structurels sont :
2.1.1. Les investissements errons
Dans la stricte optique financire, un projet dinvestissement sanalyse comme un simple
chancier de flux dans le cadre dune politique de croissance, ce qui suppose une
rentabilit suprieure. Cependant, les mthodes sophistiques de slection
dinvestissements prsentent toutes des avantages et des inconvnients. Cest pour cela que
la prise en compte du facteur temps , c'est--dire lincertitude du futur, reste llment le
plus important.
Lactualisation reste un bon instrument de mesure mais elle donne lieu de nombreuses
critiques du fait quelle ne fournit pas au dirigeant la possibilit de prendre des dcisions
en liaison avec les choix stratgiques.
Les composantes du choix dun investissement sont dune importance capitale dont
la non-matrise peut entraner une entreprise vers de grandes difficults. Et le fait de nier la
ncessit de matriser le temps revient accepter lerreur de gestion.
La plus grande partie des investissements doit tre amortie assez rapidement en fonction de
la dure du cycle de fabrication et de la position sur la courbe du cycle de vie. Si les
investissements sont errons, durant de nombreux exercices la rentabilit de lentreprise
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
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sera ampute de la dotation aux amortissements des biens en question. Cest pourquoi
prendre la dcision dinvestir est galement mettre en jeu tout lavenir de lentreprise.
2.1.2. Les problmes de croissance
Les problmes de croissance interne, mais sur tout externe, peuvent entraner des
dtriorations de trsorerie et des sources fatales de difficults sils sont accompagns de
phnomnes tels que la non-matrise de la gestion financire, erreur dans les
investissements, trsorerie dexploitation dgrade.
Si la croissance interne est bien matrise par le dirigeant, la croissance externe sera
plus rapide et elle va permettre lentreprise datteindre aussi vite la taille critique lui
facilitant linternationalisation, le renforcement de la gamme des produits et
laugmentation du taux dinvestissement productif et du taux de rentabilit conomique et
financire.
La croissance externe est plus rentable pour lentreprise lorsquelle est bien mene et bien
matrise car elle permet dobtenir un levier conomique . Mais, elle est aussi, la plus
dangereuse si le dirigeant commet des erreurs dans le choix et lvaluation de la cible ce
qui met la survie de lentreprise en danger.
La non-matrise de la croissance externe provoque un effet de massue dcupl si celle-
ci se fait par diversification, abandon partiel du mtier dorigine ou par une insuffisance de
rflexion stratgique. Le fait de vouloir augmenter les gammes et diversifier les secteurs
dactivits sans analyser au pralable les consquences, conduit parfois une perte de
rentabilit inluctable et des difficults irrmdiables.
Premire partie Chapitre I : Les concepts dentreprises en difficults
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2.1.3. La gestion financire incertaine et non-matrise
La matrise en matire de gestion financire et de trsorerie dexploitation est une
condition sine qua non pour assurer la prennit et la survie dune entreprise. Cette
matrise repose, avant tout sur, une parfaite connaissance de la structure bilancielle de
lentreprise : fonds de roulement, besoin en fonds de roulement, cycle dexploitation, plan
dinvestissement et de dsinvestissement et du niveau dendettement.
Elle ncessite, aussi, une bonne gestion prvisionnelle avec analyse dynamique des carts,
une intgration financire des choix stratgiques et une matrise du tableau des
emplois/ressources comprenant lanalyse des flux doprations avec leur incidence sur la
trsorerie dexploitation. Enfin, elle exige un bon suivi de lvolution du besoin en fonds
de roulement (BFR) qui consiste rechercher en permanence lutilisation optimale des
liquidits. Cela est ncessaire du fait que la matrise permanente de lvolution du BFR est
un lment essentiel et une vritable clef de vote de la gestion prvisionnelle.
Six grandes causes dtriorent les quilibres fondamentaux de la trsorerie, savoir : les
crises de croissance, lalourdissement des actifs circulants, les erreurs de politique
financire, les pertes des