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Cours HGGSP T3 : Les frontières 2020/2021 page 1 Thème 3 : Étudier les divisions politiques du monde : les Frontières Plan du cours Introduction : les frontières aujourd’hui. 1) Qu’est-ce qu’une frontière ? 2) Les différents types de frontières 3) Des frontières de plus en plus nombreuses. 4) Une limite toujours d’actualité ? 5) Les espaces transfrontaliers. Axe 1 – Tracer des frontières, approche géopolitique. A) Une frontière pour se protéger : L’exemple du limes rhénan 1) Un empire longtemps en expansion. 2) Le limes rhénan. B) Se partager l’Afrique sans les Africains. C) Séparer : la frontière entre les deux Corées. Axe 2 – Des frontières en débat. A) La frontière germano-polonaise : une reconnaissance difficile (1939-1990). 1) Une frontière à nouveau remise en cause en 1939. 2) Un pays et une frontière qui réapparaissent à la libération en 1945. 3) Une frontière germano-polonaise qui se stabilise durant la guerre froide (1947-1990). 4) Une Allemagne réunifiée dans les frontières dessinées à Yalta en 1945. B) Dépasser les frontières : le droit à la mer. Objet de travail conclusif : Les frontières internes et externes de l’Union européenne.

Thème 3 : Étudier les divisions politiques du monde : les

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Cours HGGSP T3 : Les frontières 2020/2021 page 1

Thème 3 : Étudier les divisionspolitiques du monde : les

FrontièresPlan du cours

Introduction : les frontières aujourd’hui.1) Qu’est-ce qu’une frontière ?2) Les différents types de frontières3) Des frontières de plus en plus nombreuses.4) Une limite toujours d’actualité ?5) Les espaces transfrontaliers.

Axe 1 – Tracer des frontières, approche géopolitique.A) Une frontière pour se protéger : L’exemple du limes rhénan

1) Un empire longtemps en expansion.2) Le limes rhénan.

B) Se partager l’Afrique sans les Africains.C) Séparer : la frontière entre les deux Corées.

Axe 2 – Des frontières en débat.A) La frontière germano-polonaise : une reconnaissance difficile (1939-1990).

1) Une frontière à nouveau remise en cause en 1939.2) Un pays et une frontière qui réapparaissent à la libération en 1945.3) Une frontière germano-polonaise qui se stabilise durant la guerre froide (1947-1990).4) Une Allemagne réunifiée dans les frontières dessinées à Yalta en 1945.

B) Dépasser les frontières : le droit à la mer.Objet de travail conclusif : Les frontières internes et externes de l’Union européenne.

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Les vidéos en lien avec le thème 3En ligne téléchargées

2017 : vidéo montrant l’évolution des frontières en Europe entre l’an 1000 et l’an 2000.

https://www.populationdata.net/2017/02/28/histoire-geopolitique-de-leurope-cartes/

2015 : TV5MONDE : Frontières: un retour inattendu?

https://www.youtube.com/watch?v=TCuIv12FIJ8

2019 : Une Europe sans barrières, photographiée par Valerio Vincenzo (France Culture).

https://www.youtube.com/watch?v=oOA7jBDqoVw&feature=youtu.be

2016 : Entretien avec Michel Foucher,géographe, Diploweb.

https://www.youtube.com/watch?v=ugtVXYlzP3I

2016 : Le Dessous des cartes « Les frontières se referment », ARTE.

https://www.youtube.com/watch?v=8X3MmmRBG8g

oui

2010 : Le Dessous des cartes « Rio Grande, le fantôme de la nouvelle Espagne »

https://www.youtube.com/watch?v=Iv5DTnWeN0U&feature=emb_logo

oui

2017 : La renégociation de l’ALENA, JT ARTE

https://www.youtube.com/watch?v=s5cFLvpVCwQ

Frontex, hors la loi, ARTE, 2020 https://www.arte.tv/fr/videos/091151-004-A/vox-pop/

oui

Expliquez-nous... Frontex, FranceTVinfo, 2015

https://www.youtube.com/watch?v=ppcWwdVIEd0

Aux Frontex de l'Europe - #DATAGUEULE, 2014

https://www.youtube.com/watch?v=sypHVA1Du7Q

2006, La construction du mur EUA Mexique, reportage F2 JT.

https://www.ina.fr/video/3205285001010

oui

• https://www.populationdata.net/2017/02/28/histoire-geopolitique-de-leurope-cartes/ (une vidéo montrant que les frontières sont sont des conséquences de l'histoire et des lignes géographiques fluctuantes)

• https://www.youtube.com/watch?v=YRziQVtPSO0 avec Bruno Metrais• https://www.youtube.com/watch?v=TCuIv12FIJ8 avec Xavier Colin• https://www.youtube.com/watch?v=sXsYdl1ZngA avec Pascal Boniface• https://www.youtube.com/watch?v=8X3MmmRBG8g avec Jean-Christophe Victor

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Poly 1 : Serge Sur : Professeur de droit, rédacteur en chef de la revue "Questions internationales"

Poly 1 : Serge Sur : Professeur de droit, rédacteur en chef de la revue "Questions internationales"

Poly 1 : Serge Sur : Professeur de droit, rédacteur en chef de la revue "Questions internationales"

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Poly 2 : Consignes pour le reportagephotographique sur les différents types de frontières.

Objectifs : s’approprier le vocabulaire du cours et les différents types de frontières pour pouvoir utiliser ces exemples dans un devoir de composition ou d’étude de document(s).

Des photographies commentées : Il faut accompagner les photographies choisies (soyez originaux) d’un commentaire donnant la localisation de son contenu, la description du paysage, la présentation des relations/tensions/conflits entre les deux pays de la dyade.

Les photographies doivent sourcées et datées.

L’importance de la mise en page :

Il faut un titre à ce reportage.

Un sommaire

Un planisphère localisant les exemples.

Ton nom ainsi que ta classe.

Le format PDF doit être choisi pour votre devoir.

Il faut mettre ce devoir en mode « paysage » et non « portrait » (voir catégorie « page »).

Il faut insérer des « sauts de page ».

Poly 3 : « L'obsession des frontières »,, n° 357, octobre 2010

A quoi servent les frontières ? Doivent-elles disparaître ? Le tour de la question dans la revueMédium .

Étonnant paradoxe... Au moment où la globalisation est censée abolir les frontières, où l'informationcircule d'un continent à l'autre en se jouant souvent des interdits des États, où les passeports ne sont plus demise à l'intérieur de l'Union européenne, jamais le repli identitaire n'a été aussi fort, la nostalgie de frontièressécurisantes aussi prégnante.

La dernière livraison (n° 24/25) de Médium tente de comprendre ce malentendu à travers des points devue qui s'étaient exprimés au cours d'un séminaire organisé par la revue en février 2010. « Nous voici doncdans un état de quasi-schizophrénie, condamnés à vivre simultanément sur deux planètes , écrivent enouverture Régis Debray et Michel Melot, directeur et rédacteur en chef de Médium : la tête dans les réseauxde communications et de transports, les pieds dans les terroirs et territoires identitaires. »

Pour autant, les frontières répondent à diverses nécessités. Si elles jalonnent la trame de l'histoire, elles nesont pas toujours fixées par la nature, par des montagnes ou des rivières. Le géographe Michel Foucher nousrappelle qu'elles ont rempli dans l'imaginaire des peuples une fonction de verrouillage culturel sans pourautant rester intangibles. Ainsi, au-delà du limes romain commençait le monde barbare. Mais au temps deCharlemagne, insiste Catherine Bertho-Lavenir (Paris-III), cette borne s'est déplacée, divisant l'Europe depart et d'autre d'une ligne nord-sud allant grosso modo de la baie de Kiel à la baie de Trieste : les Germainsétaient annexés du côté de la civilisation chrétienne1 les Slaves repoussés dans les ténèbres païennes de l'Est.

Frontières ? Le cinéaste israélien Amos Gitaï, qui a choisi l'exil en France pour avoir dit publiquement sesdésaccords avec les autorités de Jérusalem sur le conflit palestinien, le reconnaît : « Le thème de la frontièreest au coeur de tous mes films. » Faute de frontières sûres et reconnues réciproquement, Israéliens etPalestiniens s'enferment chacun dans « leur cauchemar », et « cela nourrit une procédure de fermeturecomplète à la perception de la souffrance de l'autre ». Amos Gitaï nous renvoie à la couverture de la revue :un pan du mur de Jérusalem sur lequel Ernest Pignon-Ernest, l'artiste qui peint à même les rues des villes, areprésenté le poète palestinien Mahmoud Darwich.

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Poly 4 : Etude de cas : les régionstransfrontalières en Amérique du Nord.

Site Eduscol : Frontières et ouverture : affirmation d’espaces transfrontaliersLes frontières peuvent également servir de charnières entre États voisins aux relations apaisées, où les échangesse multiplient de part et d’autre de la frontière. Il s’agit alors d’espaces de contacts et de transition entre desterritoires de souveraineté différente, qui se caractérisent par exemple par des différentiels en termes de coûts,d’opportunités économiques ou d’offres. Les différentiels entre les pays sont exploités par les acteurs géographiques, habitants et entreprises . Cecirenforce des échanges structurés et durables s’effectuant sur de courtes distances de part et d’autre de lafrontière, ce qui les distingue des échanges transnationaux. Les liens l’emportent ainsi sur la séparation. => Les flux transfrontaliers entraînent alors une intégration fonctionnelle entre les espaces nationaux que lafrontière délimitait jusqu’à alors, comme entre la Suisse et la France ou entre l’Allemagne et la Pologne. La frontière devient le centre d’un espace transfrontalier. Cet espace nouveau peut alors représenter pour desacteurs comme l’Union européenne la première étape vers une intégration institutionnelle et une gouvernancetransnationale.

Site de Géoconfluences : définition « transfrontalier »Développement d’un phénomène qui transcende la discontinuité politique. Il donne naissance à une entiténouvelle, qui intègre dans un même ensemble les entités autrefois séparées. La notion d’espace transfrontalierdépasse ainsi en intensité le simple échange entre deux espaces frontaliers. Il est caractérisé par des échangesstructurés, durables et par un certain nombre de traits communs.Les espaces les plus intégrés donnent naissance à des territoires transfrontaliers, issus d’une constructionpolitique locale ou régionale qui se fixe pour but l’approfondissement des relations et le développement local. Sices territoires transfrontaliers dépassent les frontières politiques, ils se construisent néanmoins sur lesdiscontinuités sociales, politiques ou économiques qu’elles génèrent. L’enjeu pour ces espaces est alors defonder à plus long terme un développement qui ne repose pas uniquement sur les différentiels nés de lafrontière.

DOSSIER PAGES 192 et 193Document 1 : Deux villes jumelles ( twin-cities ), San Diego (Etats-Unis) et Tijuana (Mexique). «San Diego est un grand port de guerre et un grand centre touristique, mais son destin est aujourd’huilié à celui de Tijuana, la grande ville mexicaine de l’autre côté de la frontière la plus traversée aumonde. Chaque jour, environ 45 000 personnes viennent du Mexique pour travailler dans lesateliers textiles ou les hôtels de San Diego, empruntant l’autoroute ou une ligne de trolley qui reliele centre de San Diego à la frontière. Les consommateurs américains, quant à eux, vont faire desachats à Tijuana où les prix sont nettement inférieurs. Les autorités américaines sont débordées parle flux des immigrés clandestins qui traversent en masse la frontière. Mais un nombre croissant deMexicains trouvent aujourd’hui du travail dans leur propre pays grâce aux usines maquiladoras (1)installées par des firmes américaines, japonaises ou coréennes (assemblage de téléviseurs,confection de jeans) autour de Tijuana, qui connaît unaccroissement de population très rapide. »

Yves Boquet (géographe), Les Etats-Unis, Paris, Belin,2003.

(1) : Les maquiladoras sont des entreprises bénéficiant defranchises légales ou de détaxations, installées au Mexique lelong de la frontière avec les Etats-Unis, souvent financées par descapitaux nord-américains et dont les productions sont destinées àl’exportation.

Document 2 : Les échanges commerciaux entre les troispartenaires de l'Alena (2010) (en % des exportations et

des importations

Doc 3 La barrière à Tijuana.À droite : le Mexique, àgauche : les États-Unis.

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Titre :

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Poly 5 : BERLIN 1885 : Michel FOUCHER : “Toutesles frontières sont artificielles”

Michel Foucher est l’auteur de Frontières d’Afrique. Pour en finir avec un mythe (2014). RFI: Vous réfléchissez depuis longtemps, Michel Foucher, sur la question des frontières enEurope et en Afrique. Vous êtes aussi l’auteur d’un livre très remarqué, paru cette année :Frontières d’Afrique. Pour en finir avec un mythe. C’est quoi, ce mythe ?Michel Foucher : C’est l’idée que les tracés coloniaux artificiels seraient responsables de tous lesmaux de l’Afrique contemporaine [54 Etats indépendants en 2020]. Les frontières d’Afriqueseraient arbitraires, absurdes, poreuses, indéfendables et non-défendues. Cette affirmation fait partiedes idées reçues sur l’Afrique. Pour moi, cette thèse ne tient pas debout. Elle ne sert qu’à dédouanerles Africains de leurs responsabilités dans les conflits et le mal-développement de la périodepostcoloniale. En pratique, l’engagement pris par les Etats, dans la Déclaration du 21 juillet 1964[Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)réunie au Caire], de respecter les frontières héritées à l’indépendance a été globalement tenu etcontinue de l’être. Le principe d’intangibilité des frontières n’a été mis à mal que dans deux cas,celui de l’Erythrée et celui du Soudan du Sud.Les frontières africaines, tracées au cordeau par les colonisateurs sans tenir compte desréalités du vécu des communautés et des peuples, n’en restent pas moins artificielles.Toutes les frontières sont artificielles au sens où elles sont de construction socio-historique. Lafrontière naturelle est un mythe dans la mesure où les éléments naturels qui délimitent un territoirene sont des limites parce que l’Histoire les a imposés comme tels. S’agissant des frontièresafricaines, il ne faut pas oublier la brièveté de la période coloniale, avec soixante ans d’occupationeffective, ce qui est très peu dans une perspective historique. L’histoire longue nous invite à prêterplus d’attention à l’importance des configurations précoloniales qui ont servi de support de nombrede tracés coloniaux. L’Afrique a une histoire et si on ne tient pas compte de son passé précolonial,on ne comprend pas ce qui s’y passe aujourd’hui. C’est ça ma thèse.L’Afrique précoloniale était organisée en empires, royaumes, en aires de production agricoleet de marchés, en régions côtières et intérieures. Entre ces régions, il y avait souvent unecirculation intense, des passages. Dans ces temps anciens, la pensée de la frontière n’avaitpeut-être pas la même finalité que celle dans les Etats urbanisés d’aujourd’hui ?Les frontières renvoient à l’Etat qui ne peut exister sans limites linéaires. Dans la conceptioneuropéenne classique, la frontière sert de limite. Selon les juristes, la frontière est la limite où expireune souveraineté et commence une autre. Dans l’Afrique des empires, il n’y avait pas de place pourdes frontières linéaires, il y avait uniquement des confins ou des marges. Tracer une ligne séparantdeux pays n’avait pas de sens car les pays étaient souvent des ensembles très vastes où lesallégeances pouvaient changer du jour au lendemain. Ces pays étaient composés d’un centre fort etd’une périphérie en constant état de flux et où florissaient toutes sortes de commercestransfrontaliers. Dans la mesure où ces commerces frontaliers font vivre des populations entières, jeles appelle des « frontières ressources ». La situation n’est pas très différentes aujourd’hui dansbeaucoup de pays africains, notamment dans l’aire saharo-sahélienne, où les asymétries frontalièresfavorisent des échanges (pas toujours légaux) qui génèrent d’importantes ressources pour lespopulations. Pour les Etats africains, les frontières africaines sont moins des obstacles que desressources, puisque leurs recettes nationales sont composées de 30 à 70% de droits de douanes.Que sera la politique intelligente de gestion des frontières en Afrique que vous appelez de tousvos voeux ?Il faut être deux pour gérer une frontière. Une gestion intelligente passe nécessairement par lanégociation avec pour objectif de concilier la logique du flux et celle du contrôle.

Source : D’après RFI, 22 décembre 2014.Questions: 1- Quel mythe dénonce Michel Foucher?2- Selon lui, les frontières tracées en Afrique sont-elles vraiment différentes de celles tracées en Europe ou ailleursdans le monde? 3- Pourquoi parle-t-il de “frontière-ressource” plutôt que d’obstacle ?

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, mardi 2 juin 2015

Poly 6 : Google Maps, des frontières à la cartepour ne froisser personne

Par Timothée Vilars,

CARTES. L'omniprésent service de cartographie de Google ne veut se mettre personne à dos. Et adapte docilement le tracé des frontières aux représentations du territoire du pays de connexion.

Il y a tout juste une décennie, le 8 février 2005, Google annonçait le lancement d'un service de cartographie maison qui allait vite devenir inévitable, d'abord en Amérique du Nord puis en Europe : "Maps". Avec des fonctions comme le calcul d'itinéraires, la vision satellite et les vues photographiques à 360° de portions de route (Street View, 2007), sa popularité a vite dépassé le français Mappy ou le britannique participatif OpenStreetMap, avant d'être imité par "Bing Maps" en2010.A l'été 2014, Google Maps a dépassé le milliard de téléchargement sur Android... tout en étant utilisé par un milliard d'internautes par mois. Et ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin puisque Google a annoncé il y a quelques jours que l'application serait désormais entièrement utilisable hors-connexion afin de faciliter son expansion dans les pays en voie de développement numérique. Un futur monopole mondial qui inquiète, car le service n'est pasépargné par les critiques. Une Crimée à géométrie variable Il y a un an, alors que la communauté internationale refusait dereconnaître le rattachement de la Crimée à la Russie proclamépar Vladimir Poutine le 18 mars 2014, de nombreux médiasavaient remarqué que les frontières tracées sur Google Mapschangeaient en fonction du pays de connexion. Ainsi l'internet russe (google.ru/maps) pouvait voir un traitcontinu entériner la sécession de la province... tandis quel'internet ukrainien (google.com.ua/maps) pouvait, et peuttoujours, constater une parfaite absence d'ambiguïté dans l'autresens. Une initiative que ni Bing ni OpenStreetMap n'ont prise...mais qui a le mérite de ne froisser personne. D'autres provincesdisputées, comme l'Ossétie du Sud ou l'Abkhazie, sont pourtantbien marquées en pointillés dans les versions russe etgéorgienne, note le "Washington Post". Comme l'avait repéré le site "Atlantico", il y a en tout plus de 30pays dont Google "refuse" de dessiner les frontières en rougelorsque l'on clique sur leur territoire [1]. Et, comme l'avait déjàremarqué Pierre Haski de Rue89 (groupe "Obs"), les tracés defrontières varient selon les versions au-delà même du cas de laCrimée. Interrogés sur le sujet à plusieurs reprises ces dernièresannées, les porte-paroles de Google répondent systématiquementdans le même sens : "Nous faisons au mieux pour représenter objectivement lesfrontières disputées. Lorsque c'est approprié, les frontières deces zones contestées sont tracées d'une manière spéciale."Objectivement... ou conformément à la subjectivité de chacun ? Les appétits chinois mis en évidence "Dans les pays où nous avons une version locale de nos services, nous nous conformons aux lois locales", ajoute Google. Sous pression des services diplomatiques, Google est aussi très soucieux

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des législations locales quand elles peuvent lui nuire. Or en Chine, la loi interdit catégoriquement depublier des ressources cartographiques du territoire chinois sans autorisation et force Google à collaborer avec un fournisseur local, en l'occurrence AutoNavi. Google n'est pas en pays conquis en Chine (un de ses terrains d'implantation tardifs, et une des raresnations où il n'est pas numéro un), où l'on préfère le moteur de recherche national Baidu. Il demeurenéanmoins intéressant d'étudier les différences apportées par Google China : sur les 12 "cartes alternatives" de Google Maps repérées par le site "OpenNews", 8 concernent en effet directement des territoires chinois ou revendiqués par la Chine. >> Diaoyu / Senkaku Appelées Diaoyu en mandarin et Senkaku en japonais, ces huitminuscules îlots inhabités en mer de Chine orientale, souscontrôle japonais depuis 1895, sont au coeur d'une violentequerelle territoriale de longue date entre les deux pays. Ici pas de frontière. On remarque néanmoins que Google Mapsdonne les deux noms dans sa version "internationale", maisuniquement le nom chinois sur Google.cn et uniquement lenom japonais sur Google.jp. On précisera, comme circonstanceatténuante, que les deux signifient exactement la même chose :"îles de la pêche". [...]Quand Maps nourrit les incidents diplomatiques... En octobre 2010, le commandant militaire nicaraguayen EdénPastora a stationné ses troupes dans la zone d'Isla Calero, dansle delta du fleuve San Juan. Sauf que celle-ci se trouve sur leterritoire du voisin (et rival) costaricain. Face à l'incidentdiplomatique, sanctionné par une décision de la Courinternationale de justice, il avait justifié cette initiative... par letracé de la frontière dessinée sur Google Maps. Après les réclamations du Costa Rica, l'ambassade duNicaragua à Londres avait formellement demandé à la firmecalifornienne de laisser sa carte intacte. En 2011, Google a mis à jour ses données pour corriger l'erreur... l'expliquant par la multiplicité des sources auxquelles il recourt pour actualiser "Maps" en temps réel. La cartographie est une entreprise complexe, et les frontières changent sans cesse. Nous nous engageons toujours à mettre à jour nos cartes dès qu'il le faudra", s'excusait Google, manifestement ennuyé. Tracer une frontière sans fâcher personne est un art difficile. En février 2010, c'est le Premier ministre du Cambodge qui s'était plaint auprès du géant de Mountain View pour la "tromperie manifeste" que constituait son tracé de la frontière avec la Thaïlande. "Une carte dénuée de toute vérité, professionnellement irresponsable", s'était indigné Phnom Penh, qui revendique depuis les années 1950 la possession du temple khmer de Preah Vihear. Depuis juillet 2010, la ligne apparaît en pointillés. Pas de quoi éviter les fusillades de février 2011 autour du temple (cinq morts). [...]"Dans l'histoire, le meilleur cartographe, un titre longtemps revenu à l'Empire britannique, était souvent aussi la première puissance mondiale", notait le journaliste John Gravois, interrogé sur l'imbroglio Google Maps en Crimée dans un entretien à la radio américaine NPR. Parfois, le vrai pouvoir peut aussi consister à ne montrer à chacun que ce qu'il veut voir.

Timothée Vilars [1] Voici ces pays listés par "Atlantico" : Albanie, Bhoutan, Chine, Corée du Nord, Egypte, Géorgie,

Inde, Israël, Japon, Kenya, Malawi, Mauritanie, Maurice, Monténégro, Maroc, Nauru, Pakistan,Palestine, Philippines, Corée du Sud, Russie, Serbie, Soudan du Sud, Soudan, Syrie, Macédoine,

Ukraine, Tanzanie, Vanuatu, Venezuela, Vietnam.

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Poly 7 : Faites deux fiches en répondant auxquestions ci-dessous :

La conférence de Berlin de1885

Pages 202 à 205

La frontière entre les deuxCorée.

Pages 206 à 209

- Qui sont les participants à cette conférence organisée à l'initiative de qui ?- Quel est le contexte qui explique son organisation ?- Quel est l'ordre du jour ?- Quelles sont les décisions prises ?- Quel intérêt a ce rappel historique pour le cours sur les frontières ?

- Présentez l'histoire de la naissance des deuxCorée.- Présentez les causes, les acteurs, les phases et les conséquences de la guerre de Corée (1950-1953).- En quoi est-ce un conflit de la "guerre froide" ?- Décrivez cette frontière aujourd'hui.

Extraits du documentaire-fiction français réalisé par Joël Calmettes (2011) intitulé "Berlin 1885, la ruée sur l’Afrique" :

https://www.filmsdocumentaires.com/films/4913-berlin-1885-la-ruee-sur-l-afrique

https://www.youtube.com/watch?v=ZI5bBWZ7XxE

Le site touristique de la DMZ en Corée (en français)L’émission du dessous des cartes, Corée du Nord son histoire en 12 min, 2017Reportage sur la Corée du Nord, la métamorphose, Arte en 2018Les experts du dessous des cartes : Pierre Olivier François, « La Corée du Nord, vers l’apaisement ? » Arte 2019.

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Poly 8 - FICHE ELEVEThème 3 : Etudier les divisions politiques du monde : les frontières.

Axe 2 : Les frontières en débat.A) Reconnaître les frontières : l’exemple de la frontière germano-polonaise (1939-1990)

Introduction : L’histoire tourmentée de la Pologne.Le royaume de Pologne a été créé au Xème siècle. Depuis, son histoire a été très tourmentée. Pourtant, c’est aujourd’hui, un Etat-nation très homogène : 95 % de la population sont des slaves, catholiques parlant une langue commune : le polonais.Problématique : Comment expliquer cette instabilité ?

1) Grâce à vos recherches, présentez très rapidement son évolution (principalement territoriale) jusqu’au XVIIIème siècle.2) Qu’est devenue la Pologne au XIXème siècle ?3) Présentez la renaissance de la Pologne après la première Guerre mondiale (1914-1918). Décrivez son territoire (doc 2 page 214). Aidez-aussi de la carte suivante :

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4) Après avoir présenté les documents, dîtes pourquoi le protocole qui complète le traité public de non-agression doit-il rester secret ? (Document 1 et 2)Voir pages 214 et 215Document 1: Le protocole secret du pacte germanique de non-agression du 23 août 1939 1.Dans le cas d'une réorganisation territoriale et politique des zones appartenant aux Etatsbaltes (Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie), la frontière septentrionale de la Lituanie devraconstituer la limite des sphères d'influence de l'Allemagne et de l'URSS. En fonction dequoi, les droits de la Lituanie sur la zone de Vilna sont reconnus par les deux parties. 2.Dans le cas d'une réorganisation territoriale et politique des zones appartenant à l'Etatpolonais, les sphères d'influence de l'Allemagne et de l'URSS seront délimitéesapproximativement par les fleuves Narev, Vistule et San. La question de savoir si l'intérêtdes deux parties rend souhaitable la conservation d'un Etat polonais indépendant, et celledes limites qui doivent être fixées à cet Etat pourront être déterminées seulement au coursdes développements politiques ultérieurs. En tout état de cause, les deux gouvernementsrégleront cette question par des accords à l'amiable. 3. Pour ce qui est du sud-est del'Europe, la partie soviétique rappelle à l'attention ses prétentions sur la Bessarabie. Lapartie allemande déclare son désintéressement politique complet pour ce territoire. 4. Ceprotocole sera considéré comme strictement secret par les deux parties. Moscou, le 23 août1939. Le plénipotentiaire du gouvernement de l'URSS V. Molotov Pour le gouvernement duReich allemand : J. von Ribbentrop

Document 2 : Extrait de « Chronologie de la Pologne 1918-1948 », Jean-Yves Potel, www.sciencespo.fr

« L’attaque allemande de la Pologne, le 1er septembre 1939, est suivie le 17 d’une invasiondes régions de l’est par les troupes soviétiques(…)Le gouvernement polonais se réfugie enRoumanie pendant la nuit du 17 au 18 septembre ; la population de Varsovie résiste jusqu’au28.(…) A l’ouest , la zone allemande comprend 48,4 % du territoire polonais et 62,7 % de lapopulation (22,1 millions). Une partie (Toruń, Poznań, Łódź et Katowice) est intégrée, avecla ville de Gdańsk, au IIIe Reich sous le nom de Warthegau (la Warta est la rivière dePoznań), tandis qu’est formé avec les quatre provinces centrales un GeneralgouvernementPolen (Gouvernement général), sous l’autorité d’une administration allemande quecommande le gouverneur général Hans Frank (1900-1946), un proche d’Hitler.(…) A l’est ,la répression soviétique obéit à une autre logique.

Le 17 septembre 1939 à 2h du matin, l’ambassadeur polonais est convoqué à Moscou, etles autorités lui signifient qu’au « vu de la banqueroute de l’Etat polonais », l’Armée rougeest entrée sur le territoire polonais « pour protéger les populations biélorusses etukrainiennes ». La zone occupée englobe 13,1 millions d’habitants sur les 51,6 % restant duterritoire polonais. Ils sont intégrés dès novembre 1939 aux républiques soviétiquesd’Ukraine, de Biélorussie et, en août 1940, de Lituanie. »

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De la ligne à la frontière : enjeux politiques etnationalisme

« Soucieux de limiter sa puissance, [...] les Alliés décident d’amputer l’Allemagne d’unquart de son territoire, en opérant [...] un déplacement des frontières polonaises vers l’ouest.[...] Les territoires de Dantzig, Prusse orientale, Brandebourg oriental, Silésie, Poméranieorientale ne sont donc plus allemands et se retrouvent placés sous administration polonaisejusqu’à la signature d’un traité de paix. Ils deviennent donc de fait polonais mais sont enpartie peuplés d’Allemands. [...] Afin d’asseoir l’autorité polonaise sur ces territoires [...] lesAlliés donnent leur accord pour que les Allemands qui vivent dans ces territoires soientdéplacés vers ce qui reste du territoire allemand [...]. Les accords de Potsdam ont fixé laligne constituée par les fleuves Oder et Neisse comme frontière entre la Pologne etl’Allemagne [...]. Le choix du mot “ligne” n’est pas neutre. [...] Le mot “frontière” serait icidélicat à utiliser, car il laisserait entendre que les territoires situés à l’est ne sont passeulement placés sous administration polonaise mais bel et bien polonais. Le mot “ligne” ace mérite de ne pas avoir de sens politique et de laisser la porte ouverte à toute évolutionultérieure. Une grande partie des discussions entre Polonais et Allemands portera sur lestatut de cette ligne que les Polonais qualifieront de “frontière” pour faire valoir le statuquo1 et que les Allemands considéreront comme une simple ligne géographique servant delimite provisoire à l’État polonais. [...] Dès lors qu’un traité de paix aura été signé, lesexpulsés espèrent que le droit à l’autodétermination prévaudra, que ces territoires seront ànouveau allemands et qu’ils pourront rentrer chez eux. [...] La république populaire dePologne ne va avoir de cesse de proclamer que cette limite est une frontière définitive et dese battre pour que la communauté internationale l’accepte. [...] La signature du traité deVarsovie2 est vécue comme une véritable trahison par les expulsés. [...] Le tournant de1989 est plus radical encore. L’unité allemande étant subordonnée à la reconnaissance de lafrontière germano-polonaise, un traité portant sur la reconnaissance de la frontière (14novembre 1990) est signé de même qu’un traité de bon voisinage entre la Pologne etl’Allemagne (17 juin 1991). [...] Depuis l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne, ilest devenu [...] naturel pour les Allemands de voyager en Pologne [...]. Ainsi, le traumatismede la perte des territoires de l’Est peut être partiellement surmonté non par la disparitionmais par le dépassement des limites que sont les frontières. En rendant les frontièresperméables, les États européens s’ouvrent les uns aux autres et les populations partent à larencontre les unes des autres. »

Lionel Picard, « La ligne Oder-Neisse est-elle la frontière définitive germano-polonaise ? Le combatdes expulsés autour d’une limite géographique », Sciences humaines, n°5, 2010.

1. Expression latine signifiant « situation semblable à celle qui existait avant les hostilités ».2. Traité signé en 1970 entre l’Allemagne de l’Ouest et la Pologne qui reconnaît la ligne

Oder-Neisse comme frontière.

1) Dans quel contexte est fixée la ligne Oder-Neisse ?2) Quelles raisons justifient ce choix du traité ?3) Quelles sont les conséquences pour les populations allemandes et polonaises ?4) Expliquez le terme de « polonisation ».

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Poly 9 : Un territoire sans frontièresPar Jean-Michel Gaillard, historien et spécialiste de l’Europe, , n°284, mars 1995.

C'est l'Europe des citoyens qui se construit à travers les accords de Schengen. Ils permettent la créationd'un espace de libre circulation des biens et des personnes.

Prévue dans le traité de Rome de 1957, réaffirmée dans l'Acte unique de 1986, reprise par le traité de Maastrichtde 1991, la libre circulation des personnes au sein de l'Union européenne ne devient réalité que le 26 mars 1995,lorsque entre en vigueur la convention de Schengen.

Cette longue marche est une nouvelle illustration des difficultés que rencontre, depuis sa création, laconstruction européenne pour traduire en actes les décisions prises par les chefs d'État et de gouvernement. Certes,sur le papier, la libre circulation, une des conséquences de l'« Europe des citoyens », existe depuis le milieu desannées 1980. Elle s'est matérialisée par la naissance d'un passeport européen, venu compléter la panoplie des «signes extérieurs d'Europe » que sont le drapeau aux douze étoiles hissé pour la première fois à Bruxelles le 29 mai1986 et l'hymne européen ( L'Hymne à la joie de Beethoven) joué à cette occasion.

Mais l'application de ce principe se heurte à de grandes difficultés. Il suppose d'une part la suppression descontrôles de toute nature aux frontières des États membres, d'autre part l'instauration d'un contrôle aux frontièresexternes de l'Union, délégué par tous aux États membres concernés. Or, pour qu'il en soit ainsi, encore faut-ilqu'aient été harmonisées les politiques d'attribution des visas, de réglementation du droit d'asile, de lutte contre lacriminalité et l'immigration clandestine.

Il s'agit là de sujets sensibles, à un moment où l'irrésistible appel de l'Europe attire vers l'Union des millionsd'immigrants venus de ses confins orientaux ou méditerranéens, mais également d'Afrique et d'Asie1 à un momentaussi où les mafias en tout genre ont fait de l'Europe l'une de leurs cibles de prédilection et où le terrorismecommence à devenir une menace palpable. On touche là par ailleurs des domaines sur lesquels les opinionspubliques se sentent particulièrement concernées, dans un contexte de besoin accru de sécurité et de montée de laxénophobie. Enfin, ces politiques relèvent par excellence des pouvoirs régaliens de police et de justice des États.

On mesure combien il était difficile pour les gouvernements de les communautariser. C'est pourquoi la convention de Schengen n'a été signée en 1985 que par cinq États (France, Belgique, Pays-

Bas, Luxembourg, Allemagne) et qu'elle a mis une décennie pour entrer en vigueur. Pendant les cinq premièresannées, il a fallu désarmer les préventions des uns et des autres : le principe de Schengen ne suppose-t-il pas quechaque pays contribue également à la sécurité de tous les autres ? Cette coopération ne trouve sa concrétisation quele 19 juin 1990, avec la signature de la « convention d'application des accords de Schengen » - accords auxquelsviennent se joindre l'Italie, l'Espagne, le Portugal et la Grèce.

Ce nouvel espace à neuf, que d'aucuns considèrent comme une passoire laissant grandes ouvertes les portes del'immigration et d'autres comme une forteresse dressant un limes , une frontière fermée entre l'Europe des nantis etses périphéries proches ou lointaines, provoque des polémiques qui rendront partout difficile le processus deratification. Celui-ci s'étale entre 1990 et 1993.

Or, à cette date, la France en suspend l'application. L'accord ne devient donc effectif que le 26 mars 1995. Le28 avril, l'Autriche y adhère. Le 19 décembre 1996, les trois États du Nord (Danemark, Suède, Finlande) sejoignent au dispositif. Seules l'Irlande et la Grande-Bretagne manquent à l'appel.

Libre circulation interne, harmonisation des conditions d'entrée, contrôle communautarisé aux frontièresexternes et coopération policière : au début de l'année 1997, on peut enfin considérer qu'un territoire européen esten voie de concrétisation entre les treize États continentaux. Ainsi, malgré les angoisses sécuritaires et les coûtsafférents aux nouvelles politiques (« système d'information Schengen » qui centralise les données policières, miseen conformité des aéroports pour les passagers en provenance de l'espace Schengen), le traité d'Amsterdam du 18juin 1997 marque une nouvelle avancée, de même que le sommet de Tampere (15-16 octobre 1999).

Désormais, la coopération policière et judiciaire en matière pénale est devenue une réalité, tandis que lespolitiques nationales en matière d'immigration et de droit d'asile tendent à s'harmoniser. Prend corps un territoireeuropéen sans frontières pour les citoyens de l'Europe qui s'y déplacent et les étrangers qui y ont été admis.

Ce transfert de souveraineté, des États membres vers l'Union, constitue un acquis décisif. C'est bien l'Europe descitoyens qui est en train de naître, avec pour objectif de concilier liberté de mouvement et sécurité des biens et despersonnes, contrôle des flux migratoires et intégration des étrangers.

1) Expliquez les difficultés qu’a connues l’UE pour la mise en place de la librecirculation des personnes.2) Décrivez le contenu de cette politique commune aujourd’hui.