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RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université de Larbi Ben M’hidi-Oum El Bouaghi Faculté des Lettres et des Langues Département de Français Mémoire élaboré en vue de l’obtention du diplôme de Master Spécialité : Littérature Générale et Comparée THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement diégétique entre personne(s) et personnage(s) à travers la transfiction dans le continuum narratif de Meursault contre-enquête de Kamel Daoud et Le soleil n’était pas obligé de Saâd Khiari Présentés par Dirigé par Mr.BOUFAR Abdelwahhab Mme. BOUCHENE Karima Mlle.BAROUR Assia Membres du Jury : Evaluateur1 Mme. BEN MBAREK Nessrine Grade Université d’O.E.B Evaluateur2 Mme. TOUIDJINI Souhayla Grade Université d’O.E.B Rapporteur Mme. BOUCHENE Karima Grade Université d’O.E.B Année universitaire : 2019/2020

THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

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Page 1: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université de Larbi Ben M’hidi-Oum El Bouaghi

Faculté des Lettres et des Langues

Département de Français

Mémoire élaboré en vue de l’obtention du diplôme de Master Spécialité : Littérature Générale et Comparée

THÈME :

Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

diégétique entre personne(s) et personnage(s) à

travers la transfiction dans le continuum narratif

de Meursault contre-enquête de Kamel Daoud et Le

soleil n’était pas obligé de Saâd Khiari

Présentés par Dirigé par Mr.BOUFAR Abdelwahhab Mme. BOUCHENE Karima

Mlle.BAROUR Assia

Membres du Jury :

Evaluateur1 Mme. BEN MBAREK Nessrine Grade Université d’O.E.B Evaluateur2 Mme. TOUIDJINI Souhayla Grade Université d’O.E.B Rapporteur Mme. BOUCHENE Karima Grade Université d’O.E.B

Année universitaire : 2019/2020

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Page 3: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

4

Dédicace

Je dédie ce modeste travail :

A mes parents aucun hommage ne pourrait être à la hauteur de l’amour don t’ils ne cesse

de combler, que Dieu leurs procure bonne santé et longue vie.

A ma mère ma raison d’être qui éclaire mon chemin avec sa douceur et son amour.

A mon père signe d’amour et de sacrifice.

A toute ma famille qui ma soutenue surtout ma chère sœur Soraya qui ma toujours

encourager durant les années d’études.

A tous mes frères : Walid, Mohcen,Youcef, Aymen, Djalel, et Malek que

Dieu les protègent.

A mes belles sœurs.

A mes petits adorables Amir, Maisem, Younes, Abderrahmane, Tasnim.

A l’homme mon précieux offre de Dieu, qui ma aidée et supporter dans les moments

difficiles, qui je le souhaite un avenir radieux plein de joie et bonheur

Sans oublier mes proches et mes amies sans exception.

A tous ce qui ma aidée à sa de réaliser mon travail

A tous ceux que j’aime.

Asssia .B

Page 4: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

5

Remerciements

Nous remercions tout d’abord Dieu, tout puissant, de nous avons donnés la

force et le courage pour mener à bon terme ce mémoire de fin d’études.

Nos remerciements s’adressent au début à notre directrice de recherche,

Madame BOUCHENE Karima qui nous a aidé par ses conseils, ses

orientations, et pour la disponibilité dont elle a fait preuve tout au long de

ce travail, nous lui disons merci.

Aussi à tous nos enseignants de département de français , notamment Mr

HADJAR Hamza pour son aide.

Nos remerciements aux membres de jury d'avoir accepté d'éplucher,

d’examiner et d’évaluer ce modeste travail.

Nous remercions toute personne, qui de près ou de loin a contribué à la

réalisation de notre modeste travail.

Merci à tous …

Page 5: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

6

Table des matières Dédicace................................................................................................................................ 3

Remerciements .................................................................................................................... 5

INTRODUCTION GÉNÉRALE .................................................................................................. 10

CHAPITRE 1 : Présentation des auteurs /œuvres........................................................15

1.1. Albert Camus…………...................................................................................... 15

1.1.1 L’Absurde chez Albert Camus...............................................................15

1.1.2. Résumé ………………....................................................................... 16

1.2. Kamel Daoud...................................................................................................... 17

1.2.1 L’Absurde chez Kamel Daoud.............................................................. 17

1.2.2. Résumé................................................................................................. 17

1.3. Saâd Khiari …………........................................................................................ 18

1.3.1. L’Absurde chez Khiari..........................................................................18

1.3.2. Résumé ……………........................................................................... 19

CHAPITRE 2 : Etude transfictionnelle ..................................................................... 20

2.1. Présentation de la théorie transfictionnelle......................................................... 20

2.1.1. Notion de personnages ........................................................................22

2.1.2. Notion d’univers partagé........................................................................ 24

2.1.3. Notion de « prolongement de l’intrigue préalable »…...........................25

2.1.4. Notion « retour des mêmes personnages »……………………...…...…25

2.1.5. Notion de l’Expansion transfictionnelle………………...……………...26

2.1.6. Prequel et Sequel……………………………...……………………..…27

2.1.7. Suite et continuation………………………..……………………….…28

2.2. La tranfictionnalité.............................................................................................. 30

2.2.1 Réapparition des personnages................................................................. 30

2.2.1.1. Notion de personnage………………………………….…………….30

2.2.1.2.Hiérarchisation des personnages dans L’étranger…………………….31

a. Le personnage principal (le héros) ……………………………….31

Page 6: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

7

b. Les personnages secondaires………………..…………….……...32

c. Les figurants ………………………………...…………………...32

2.2.1.3.Hiérarchisation des personnages dans Meursault contre-enquête…....32

a. Personnage principal……………………..…………………………..…..32

b. Personnage secondaire…………………..………………………………33

c. Personnage figurant………………………...……………………………33

2.2.1.4.Hiérarchisation des personnages dans Le soleil n’était pas obligé…...33

a. Personnage principal……………..……...………………………….…….33

b. Personnage secondaire………………………………………..…………..33

c. Personnage figurant………………………………………………...……34

2.2.1.5.Tableau récapitulatif « Meursault », « Arabe », « Marie Cardona »………..35

2.2.1.6.Tableau montrant les similitudes entre les caractéristiques des

personnages « Meursault », « Arabe », « Marie Cardona » dans les trois

romans…………………………………………………………………………..…………38

2.2.2. Le partage du même univers fictionnel.................................................. 41

2.2.3. Le prolongement de l’intrigue préalable……………………...……..…42

a. Le soleil, élément omniprésent………………………..……………...44

2.2.3.1.L’expansion transfictionnelle………………………..……………….45

2.2.3.2. « Le soleil n’était pas obligé » entre Suite et Continuation……..…..48

2.2.3.3. « Le soleil n’était pas obligé » entre Prequel et Sequel…………..…48

Conclusion…………………………………………….……………………………..…….50

CHAPITRE 3 : Etude Des personnages...........................................................................51

3.1. Les personnages référentiels ........................................................... …………..52

3.2. Les personnages embrayeurs ............................................................................. 53

3.3. Les personnages anaphores…………………………………………...……….53

3.3.1 L’être .........................................................................................................54

a. La dénomination (le nom et le surnom)……………………...…………...54

b. Le portrait physique……………………………………………………….54

Page 7: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

8

c. Le corps……………………………………………………...……………54

d. L’habit …………………………………………………………………….54

e. La psychologie…………………………………...………………………..55

f. La biographie……………………………………………………………...55

3.3.2. Le faire ....................................................................................................55

a. Les rôles thématiques……………………………………………………..55

b. Les rôles actanciels……………………………………………………….56

3.3.2.1. L’importance hiérarchique……………………………………...……57

a. Le personnage principal………………………………...………………..57

b. Le personnage secondaire…………………………..…………………....57

c. Le personnage figurant………………………….………………………..58

CHAPITRE 4 : Pour une approche titrologique et Onomastique....................59

4.1. Définition et rôles du titre...................................................................................59

4.2. La signification du « soleil » dans L’Etranger et dans le soleil n’était pas obligé

……………………………………………………………………………………………..61

4.2.1 « le ».................................................................................................................61

4.2.2. Le rôle du concept « soleil »............................................................................61

4.2.3. Le rôle de « Ne… pas »………………………………………………………62

4.2.4. L’emploi de « Etait »…………………………………………………………62

4.2.5. L’emploi de « Obligé »…………………………………...………………….62

Etude Onomastique……………………..…………………………………….65

1- Références au texte……………………………………...………………………...65

2- Signification des noms des personnages………………………………...………...65

a. Le nom « Moussa »……………………………...………………………….65

b. Le nom Meursault………………………...………………………………...66

c. Le nom Marie Cardona / Meriem…………………………………………...67

CONCLUSION GÉNÉRALE ...............................................................................................69

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 71

RÉSUMÉS ..........................................................................................................................74

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Page 9: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

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Introduction générale

La littérature est une notion mouvante à travers le temps, elle se manifeste à travers

plusieurs et différentes langues, un mélange de codes, de racines, des mutations, trop de

noms, tous ce qui est instable.

La littérature est l’expression de l’homme qui s’adresse à son genre. Elle est la

rencontre de l’écrivain qui communique à d’autres publics. A ce propos Maurice Nadeau

écrit : « La littérature est expression. Expression de l’Homme qui écrit, cela va sans dire

et, au-delà, expression de tous les hommes qui se reconnaissent en lui ».

« Les textes littéraires appartiennent à tout le monde; or, tout le monde n'est pas

aujourd'hui en mesure de percevoir les significations, les enjeux, les attraits des faits

culturels. Cela exige une information de base, et une maîtrise suffisante de la perspective

historique.»1

La littérature maghrébine d’expression française est la fille légale de la colonisation, qui

est apparue sur la scène intellectuelle grâce à un grand nombre d’écrivains maghrébins qui

poursuivaient fidèlement l’évènement tragique dans la période coloniale française.

Avec insistance sur plusieurs angles de violence dans l’Algérie de la colonisation.

L’Algérie a eu sa part en se présentant à travers les grands noms ayant non seulement

marqué la littérature algérienne mais également la production littéraire universelle tel :

Kateb Yacine, Mohamed Dib, Malek Haddad, Mouloud Feraoun.

Nombreux auteurs ceux qui ont dénoncé dans leurs œuvres les termes de la

colonisation en se penchant à titre d’exemple on cite Kamel Daoud.

Kamel Daoud, auteur et journaliste algérien d'expression française, est l’un de ces

écrivains, qui, par sa plume et son talent, a pu atteint le souci et le charme de lecteur, resté

dans l’ombre jusqu’au début des années 2008 où il a Publié « la préface du négre »

(barzakh, 2008), il est l’auteur de plusieurs ouvrages « Zabor ou les psaumes », il a produit

son dernier roman en 2013 « Meursault contre-enquête ».

Saâd Khiari est l’un de ces écrivains de cette génération qui tend à disparaitre celle des

intellectuels authentiques, lui qui partage sa vie entre Paris ,Alger et Marrakech, vivant par

1 FRAGONARD M.-M., Précis d'histoire de la littérature française, P., Didier, 1981.

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une transversalité maghrébine trop rare, il a fixé sa place comme un écrivain de talent est

d’abord, romancier, il a produit de plusieurs articles sur l’Islam, le dialogue des religions ,

parus en France et dans la presse maghrébine la plus célèbre, et notamment les deux

ouvrages : « Catholique /Musulman :je te connais moi non plus » en 2006, et « l’Islam et

les valeurs de la République » en 2015.

Son dernier roman, « Le soleil n’était pas obligé », édité au Maroc par –La croisée

des chemins- ; une suite d’une œuvre mondialement connue d’Albert Camus

« l’étranger », et l’œuvre de Kamel Daoud « Meursault contre-enquête » , c’est en quelque

sorte une trilogie sur la colonisation française de l’Algérie .

Saâd Khiari a essayé d’éliminer les stéréotypes et de rapprocher les deux Pays.

« L’étranger » c’est un célèbre roman, qui raconte l’histoire de « Meursaut »,un jeune

français qui a tué un arabe sur une plage d’Alger, en 1942 . L’« Arabe » la victime est

désignée par ce terme et pas plus, Meursault est condamné à mort après le meurtre qu’il a

commis, non parce que il a tué un arabe, mais pour n’avoir pas pleuré le jour de la mort de

sa mère.

Une reprise de l’histoire par Kamel Daoud dans son premier roman Meursault contre-

enquête, l’histoire est racontée par Haroun, le frère de l’arabe tué par Meursault ; K .D

n’aime pas l’anonymat dans le personnage Arabe par Camus et lutter contre cette idée.

Pour cela Haroun va mener sa contre-enquête pour justifier l’innocence de son frère, qui

est tué sans raison dans une plage en été 1942, et par la suite Haroun va se rapprocher du

vrai Meursault, en tuant lui aussi , mais la victime est un français cette fois, Haroun est

arrêté, il ne serait pas condamné ,contrairement à Meurault .

Le choix du titre par un auteur n’est pas aléatoire, est capital dans une œuvre. Il couvre

une importance majeure. Pour notre cas, le titre Le soleil n’était pas obligé est un énoncé

court, facile à enregistrer dans la mémoire. Il fournit, des indices indispensables à la

compréhension du récit. Nous retenons, dès lors, que le titre « enseigne à lire le texte »2

«Le soleil n’était pas obligé » est une vraie réecriture et relecture des deux romans,

« l’étranger » d’Albert Camus et « Meursaut contre-enquête » de Kamel Daoud il

entretient des liens forts avec les deux anciennes œuvres parce que Kamel Daoud donne

2 MITTERAND Henri, les titres des romans de Guy des cars , in Duchet, C, Sociocritique, Paris, Nathan, 1979. p. 86

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12

une identité au personnage « Arabe » par contre Camus dévaloriser ce personnage,il lui

donner un nom non identifier (anonymat). Saad Khiari de sa part donne à son personnage

« Marie Cardona » la fiancée de « Meursault » un corps, c’est ce qui lui donne une vraie

image transfictionnelle.

Dans «Le soleil n’était pas obligé » un prolongement de même récit de Camus,

Meursault est condamné à mort et exécuté pour avoir assassiné l’arabe, sa compagne

Marie Cardona reste seule. Celle-ci après des dizaines d’années vit solitaire dans le sud de

la France. Meursault, l’unique personne de sa vie a été condamné pour avoir tué le frère

unique de l’auteur parce que Marie apprend que l’auteur n’est autre que le propre frère de

l’Arabe par le roman de Kamel.D M.C.E , elle essaye d’être proche de K.D et cherche à le

rencontrer .Elle a décidée de partir en Algérie . Saad Khiari imagine sa vie avec le retour

d’elle en Algérie . cette fidèle et simple femme ,Khiari lui ne l’a pas oubliée, elle a quitté

l’Algérie dès la fin de la guerre en 1962. L’auteur accepte de la rencontrer et l’invite à

visiter l’Algérie à la fois de la découverte et de l’entente avec un passé tragique.

En ce qui concerne les motivations qui nous poussés pour choisir ces œuvres pour en

faire un corpus d’étude s’explique par la simple raison de comprendre et dévoiler la raison

pour laquelle Kamel Daoud et Saad Khiari ont repris les éléments en question et à la fois

nous étions attirés par ces titres assez captivants ou nous voulions lire l’étranger autrement,

un étranger écrit par des étrangers vis-à-vis de la langue et la nation.

Ainsi notre travail de recherche s’intitule « Meursault, Marie : ou la source d’un

éclatement diégétique entre personne(s) et personnage(s) à travers la transfiction dans le

continuum narratif de Meursault contre-enquête de Kamel Daoud et Le soleil n’était pas

obligé de Saâd Khiari », qui est basé sur l’analyse transfictionnelle, qui prend comme

objectif de voir s’il existe un lien transfictionnel unissant les trois œuvres.

En lisant ces trois romans nous avons été attiré par un processus complexe qui dépasse

la simple relation unissant l’étranger d’Albert Camus avec les deux autres textes, à travers

cette chaines nous avons remarqué que tout lecteur même, celui qui est naïf et non averti se

trouve face à un puzzle textuel homogène, autrement dit un ensemble de textes qui font

partie d’une même diégése où se répandent les mêmes personnages au sein d’un même

univers fictionnel qui repose sur la même intrigue.

Page 12: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

13

Ce corpus étudié s’affirme dans une stratégie d’écriture constante qui oscille entre une

perspective de continuité et un rapport de réécriture qui sous-tend notre corpus, cette

stratégie se manifeste comme nous l’avons déjà évoqué par la reprise d’une même intrigue

,d’un même univers fictionnel d’un seul et unique ancrage spatio-temporel, ce qui crée un

lien opaque unissant les personnages des trois romans et met en évidence des liens

équivoque qui lient et relient les trois romans tout en créant une nette imbrication entre les

fiction en donnant l’impression d’être face à un feuilleton ce qui nous a largement tracassé

et poussé à se demander la raison pour laquelle ces deux auteurs ont repris la même

diègese en gardant toujours la même intrigue, personnages et univers fictionnel ?

S’agit-il d’un choix anodin ou d’une envie consciente et réfléchie de présenter les

différents volets du corpus à travers « l’étranger d’Albert Camus » autrement dit pouvons-

nous présenter ou lire « Meursaut contre-enquête », « Le soleil n’était pas obligé » comme

un continuum narratif de plusieurs histoires diégétiquement apparentées et en établissant

une relation mutuelle ?

S’agit-il d’une même histoire présentée dans chaque roman selon le point de vue de son

créateur ?

Ces questionnements nous ont conduits à constituer notre problématique qui se formule

ainsi :

« Peu ont considérer les romans qui forment le corpus à étudier comme des fragments

voire des chapitres d’une histoire où les volets sont éparpillés entre auteurs en

gardant la même intrigue et repères spatio-temporels singulièrement les mêmes

personnages ?

Nous avons proposé comme hypothèses ce qui suit :

- Les diverses histoires du corpus présenteraient les visions des auteurs et leurs

raisonnements.

- Il semblerait que l’idée de reprendre les mêmes personnages et intrigue serait un

choix conscient bien déterminé et étudié par les propriétaires des histoires.

- Les deux romans seraient un continuum narratif où chaque histoire ressouderait une

part de l’énigme créée par Camus dans le roman mère.

- Le corpus présenterait une simple influence exprimée par les auteurs qui sont

poussés par des lectures antérieures.

Page 13: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

14

Pour pouvoir confirmer ou infirmer ces hypothèses nous allons faire appel aux théories

suivantes:

La transfiction notamment les travaux de Saint-Gelais qui considère cette approche

comme la théorie qui se charge du phénomène par lequel au moins deux textes , du même

auteur ou non se rapportent conjointement à une même fiction ce qui est notre cas de

recherche.

L’étude des personnages : nous ferons appel aux travaux de Philippe Hamon

notamment dans l’étude de "Meursault" et "Marie Cardona".

Etude titrologique de L.Hoek s’est imposée comme un outil dans notre recherche, dans

le décryptage des titres qui sans aucun doute attribueront à la clarification à l’histoire.

L’etude onomastique : nous évoquerons cette approche singulièrement dans l’étude des

noms porteurs de significations, tel Meursault et Marie.

Notre travail se constitue de quatre chapitres. le premier chapitre : porte le titre

Présentation des auteurs /œuvres : sera un chapitre présentatif qui regroupe la biographie

des auteurs et leurs œuvres.

Nous essayerons dans notre deuxième chapitre, qui s’intitule : Etude transfictionnelle

de présenter la théorie transfictionnelle et de repérer surtout ce lien de prolongement qui

lie et relie les trois textes Le soleil n’était pas obligé, Meursaut contre-enquête

et l’étranger, en nous appuyant sur le prolongement de l’intrigue notamment l’expansion

transfictionnelle, univers fictionnels partagés, et retour des mêmes personnages.

Le troisième chapitre, sera un chapitre qui présente l’étude des personnages comme

un élément très important dans notre analyse, nous nous fondons sur l’analyse de

Meursault et Marie Cardona.

Le quatrième chapitre s’intitule "Pour une étude titrologique et onomastique" où nous

montre l’importance du titre en tant que support de l’oeuvre littéraire. Et en deuxième

catégorie l’étude des noms des personnages qui sont en interaction dans les romans de « Le soleil

n’était pas obligé » « Meursault, Contre- Enquête » et de « l`Etranger »

Page 14: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

15

Chapitre premier : Présentation des auteurs /œuvres

1.1. Albert Camus

Albert Camus, est un auteur français orphelin de père, né en Algérie dans une famille

modeste, il a subit une influence de son ami Jean Grenier concernant les premiers

principes de la philosophie. Parallèlement, il commença à participer et produire des pièces

de théâtre et publia sa première oeuvre, l’Envers et l’Endroit (1937), suivant d’une série

d’essais littéraires dont les thèmes de : la mort, le soleil, l’isolement, le destin de l’homme,

etc.

En 1940, le début d’un carrière d’écrivain, après deux ans il a publié « L’étranger »

et « Le mythe de sisyphe » chez Gallimard. qui exposaient la philosophie de Camus et qui

s’inscrivaient dans ce que lui-même appela le «!cycle de l’absurde!», Ces deux œuvres ont

réalisé un buzz à l’époque.

A partir de cette année-là Camus à accédé à la bonne réputation. Il a produit plusieurs

ouvrages, dont des romans connus dans le monde entier comme la Peste (1947), la Chute

(1956), ainsi qu’un recueil de nouvelles, l’Exil et le royaume (1957). Dans cette année

même, il reçut le prix Nobel de la littérature pour «avoir mis en lumière les soucis qui se

pose à l’époque surtout la conscience des hommes!». Le 4 janvier 1960 il est décédé dans

un accident de voiture.

1.1.1. L’Absurde chez Albert Camus

Ce terme est illustré pour découvrir certaine « difficulté de l’homme à comprendre le

monde dans lequel il vit »3 et aussi pour justifier le comportement non logique et non

justifié de l’être humain.

La notion de l’absurde est fondée par Albert Camus est représentée principalement

dans son roman « L’Etranger ».

Il pense que : « l’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence

déraisonnable du monde »4 c’est-à-dire l’absurde est une recherche de sens de l’homme

comparée au non-sens du monde.

3 Au cœur du comparatisme : langues, littératures et cinéma in connaissance et savoir, disponible

sur :https :books.google.dz/books ?isbn :2753904235.consulté le 01/07/2020

4 Albert.Camus, le mythe de sisyphe. 1942, Paris, Gallimard, P 31

Page 15: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

16

1.1.2. Résumé « L’étranger » est un célèbre roman, qui raconte l’histoire de « Meursaut », un jeune

français qui a tué un arabe sur une plage d’Alger, en 1942. L’« Arabe » la victime est

désigné par ce terme et pas plus.

Meursault le personnage principal reçoit une mauvaise nouvelle par un télégramme

que sa mère est morte, mais il a réagi d’une façon absurde très froide il ne pleure pas,

comme si rien ne s’était passe, le jour de l’enterrement, il est parti se baigner avec sa

compagne Marie Cardona (une ancienne collègue du bureau), puis ils vont au cinéma pour

voir un film comique, alors qu’il est en deuil. Meursault tourne cette page sans sensation et

a cherché une façon pour sortir de cette atmosphère , il a un rapport avec son voisin

Raymond (un ancien boxeur), il lui demande d’écrire une lettre qui servira sa vengeance.

Quelques jours plus tard, Raymond se bat avec sa maîtresse et la police intervient.

Meursault accepte de l'accompagner au commissariat, et après cet incident et perturbation,

Raymond a invité Meursault et sa maitresse à un cabanon du bois au bout de la plage et

après le repas, les hommes se promènent sur la plage et rencontrent deux Arabes, dont le

frère de la maîtresse de Raymond. Ils se battent et Raymond est blessé. Un combat éclaté et

Raymond reçoit un coup de couteau sous les yeux de Meursault. Un autre accrochage a

suivi entre Meursault et l’Arabe, soudain un reflet sur le couteau de l’Arabe, Meursault tire

avec le revolver de Raymond par cinq coups a tué l’Arabe sur une plage d’Alger. Dans le

tribunal il ne montra aucune contrariété d’avoir tué un homme, et quand on lui pose la

question pourquoi tu l’as tué il répond juste que c’est à cause du soleil. Meursault est

condamné à mort après le meurtre qu’il a commis, non parce que il a tué un arabe, mais

pour ne pas pleurer le jour de la mort de sa mère.

Page 16: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

17

1.2. Kamel Daoud

Kamel Daoud est un journaliste au quotidien d’Oran et écrivain d’expression

française, né en 1970 à Mostaganem. Ce dernier entreprend l`expérience de l`écriture

romanesque avec son premier roman faisant partie de la littérature postcoloniale Meursault

contre-enquête, publié en Algérie et en France et traduit dans le mande (34 traductions),

qui fait l`objet un texte parmi notre corpus d`étude, et plusieurs ouvrages dont « la préface

du négre » (barzakh,2008), « Zabor ou les psaumes » roman, il apprend le prix Mohammed

Dib , dominateur du prix Goncourt du premier roman en 2015.

Kamel .D nous a conduit, à travers son roman Meursault contre-enquête, une histoire

littéraire en immergeant dans « une histoire qui remonte à plus d’un demi-siècle »5

d’Albert Camus, l’étranger, pour y donner une nouvelle vision et version.

1.2.1. L’Absurde dans Meursault contre-enquête

Kamel .D a parlé de la notion de l’absurde superficiellement et différente de celle de

Camus, il voit : « l’absurde c’est mon frère et moi qui le portons sur le dos ou dans le

ventre de nos terres, pas l’autre. »6 il imagine que « l’Arabe » qui est absurde et Meursault

c’est pas le cas. Ainsi que l’auteur K.D parle aussi sur l’absurdité du roman de Camus et

pas de l’absurdité de la condition humaine : « cette histoire est absurde ! c’est un

mensonge cousu de fil blanc »7

1.2.2. Résumé

Daoud dans son roman partage l’idée de sentir et d’écouter la voix des Arabes,

silencieuse dans L’Etranger d’Albert Camus. Une reprise d’une célèbre histoire de Camus

l’Etranger, par Kamel.Daoud dans son premier roman Meursault contre-enquête, mais

avec un autre style et un autre point de vue. Dans ce roman, l’histoire sous forme d’un

monologue a été racontée par Haroun, le frère de l’arabe tué par Meursault ; K .D n’aime

pas l’anonymat dans le personnage « L’Arabe » dans l`Etranger ,il prend la parole pour

lutter contre cette idée. il a commencé le récit par l’identification de son frère. Ce dernier il

a été assassiné en juillet 1942 en lui donnant le prénom « Moussa », et une histoire et une

identité. Pour cela Haroun va mener sa contre-enquête pour justifier l’innocence à son

5 DAOUD, Kamel, Meursault, contre-enquête, Barzakh, Alger, 2013 p.13

6 Ibid

7 :Ibid p 37

Page 17: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

18

frère, qui est tué sans raison dans une plage l’été de 1942, et pour rétablir la justice et le

droit que la première enquête a achevée sans aucune franchise. Le narrateur défens que

c`est sous le poids d`une mère blessée, de vengeance et qui cherche à tous les moyens la

restitution du crime de son enfant le jour de l`indépendance, mais la victime est un

européen français Joseph Larquais. Haroun le frére de Moussa est arrêté, il ne serait pas

condamné, contrairement à Meurault . Il raconte aussi son amour avec Meriem la belle et

jeune étudiante, constantinoise vivant à Alger, qui fait une thèse sur L’Etranger, elle fait

découvrir le livre à Haroun, et il est contant d’avoir rencontré et affirme que grâce à elle

qu`il a appris le français et pu lire cette histoire de Camus.

1.3. Saâd Khiari

Saâd Khiari est un écrivain algérien, il partage sa vie entre Paris ,Alger et Marrakech,

vivant par une transversalité maghrébine trop rare, est d’abord un cinéaste, diplômé de

l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques de Paris, auteur, essayiste ,romancier, il a

produit de plusieurs articles et analyses sur l’Islam, la dialogue des religions , parus dans

la France et dans la presse maghrébine la plus célèbre, et notamment les deux

ouvrages : « Catholique /Musulman :je te connais moi non plus » en 2006, et « l’Islam et

les valeurs de la République » en 2015.

Son dernier roman, « Le soleil n’était pas obligé », édité au Maroc par –La croisée des

chemins- c’est notre choix d’étude, parce que il traite un texte très répondu, c’est une suite

d’une œuvre mondialement connue d’Albert Camus « l’étranger », et l’œuvre de Kamel

Daoud « Meursault contre-enquête », c’est en quelque sorte une trilogie sur la colonisation

française de l’Algérie.

Saâd Khiari a essayé de briser les stéréotypes et de rapprocher les deux Pays L’Algérie et

la France.

1.3.1. L’Absurde chez Khiari

Un être de papier créé par Camus, un personnage fictif ( Marie Cardona ) prend vie

dans l’oeuvre de Khiari, et chercher à la faire rencontrer avec un écrivain vivant (Kamel

Daoud), qui lui-même donne vie à un personnage fictif, cela ressemble très clair de

l’absurde tel que défini par Camus. Ainsi cette absurdité apparait « Je n’ai jamais cru aux

histoires d’esprits ni de démons et pourtant ma démarche ressemble beaucoup à une sorte

Page 18: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

19

de rituel que je dois accomplir pour me libérer de Meursault. Je sais que cela parait

absurde, me libérer de Meursault.»8.

1.3.2. Résumé

Khiari partage l’idée de percevoir et d’écouter la voix de la compagne de Meursault,

silencieuse dans l’Etranger et même après demi-siècle par Kamel Daoud dans Meursault

Contre-Enquête.

Dans «Le soleil n’était pas obligé » célèbre roman de Camus, Meursault est

condamné à mort et exécuté pour avoir assassiné l’Arabe ,sa compagne Marie Cardona

reste seule. Celle-ci après des dizaines d’années de solitude dans le sud de la France dans

une maison de retraite, Khiari ne la lui a pas oubliée, elle a quitté l’Algérie dès la fin de la

guerre en 1962. Meursault, l’unique personne de sa vie a été condamné pour avoir tué le

frère unique de l’auteur de Meursault Contre-Enquête, parce que Marie apprend que

l’auteur n’est autre que le propre frère de l’Arabe d’après le roman de Kamel.Daoud

M.C.E , elle essaye d’être proche de Kamel.Daoud et cherche à le rencontrer .Elle a décidé

de rejoindre au pays natal en Algérie et revenir sur les lieux du drame après la lecture de

l’oeuve M.C.E avec son amie Madame Yolande , et à la faveur de sa quête de l’écrivain

Kamel Daoud ,Marie a commencée une grande enquête sur les coulisses de cette affaire

parce que n’était pas très nette et l’ambigüité de cet homicide qui a accusé Meursault, et

pour dégager la photo typique de sa tristesse, de sa colère, de deuil à cause de l’exécution

de la mort de son fiancé . Saad Khiari imagine sa vie avec le retour d’elle avec sa copine

en Algérie. cette fidèle et simple femme a retrouvé le pays de son enfance attachant et beau

et elle a passé des moments inoubliables, de grande émotion avec des douleurs intense,

L’auteur accepte de la voir et l’invite à visiter l’Algérie à la fois de la découverte et de la

concordance avec un passé tragique.

En fin de visite Marie Cardona a tenté sa chance en envoyant une lettre à Monsieur

Daoud pour dire que Meursault n’a jamais voulu tuer volontairement votre frère et qu’il a

été illégalement mis à mort, et on peut abréger la souffrance. Après ,elle a choisi de quitter

Alger vers son futur destin ; plus loin de la tragédie et de se protéger d’un monde qui lui

semblait devenu hostile.

Ce roman une envie de dépasser tous les blessures de l’Histoire, une volonté de

l’entente totale. Khiari accomplit un très beau geste littéraire et humain.

8 KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 139.

Page 19: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

20

Chapitre deuxième : Etude transfictionnelle

2.1. Présentation de la théorie transfictionnelle

L’application du modèle transfictionnel sur Meursault contre-enquête et Le soleil

n’était pas obligé nous permettra de répondre à l’histoire des deux textes et leurs relations

particulières avec L’étranger d’Albert Camus.

La transfictionnalité extraite historiquement à partir d’un survol de plusieurs

théories. Additivement aux travaux et études de : Bakhtine, Kristéva sur l’intertextualité,

sans nul doute Gérard Genette avec la notion d’hyper textualité qui a montré dans

« Palimpsestes » et avec la progression des recherches une autre relation textuelle porte le

nom transtextualité, change le préfixe (hyper avec trans) dans un sens « transcendance

textuelle du texte ». Cette dernière rejoint davantage le concept de la transfictionnalité.

La transfiction , l’étymologie de ce mot commence par la combinaison du préfixe

latin « trans » qui indique le sens de : passer, circuler, « d’ici à la », « à travers », « au-

delà », et le radical « fiction ».

En 2001, Richard Saint-Gelais introduit la première fois la notion de transfictionnalité

dans un colloque, organisé en 2005 sur le titre « contours de la transfictionnalité » , la

définition et l’application de cette théorie réalisée par un groupe de chercheurs selon un but

d’étude choisi.

Saint-Gelais a tenté de définir cette notion à travers l’intertexte. Ainsi la

transfictionnalité « doit être distinguée de l'intertextualité, dont elle constitue un cas

particulier opérant selon des mécanismes et une économie propres ».9

L'intertextualité repose sur des relations de texte à texte, que ce soit par citation,

allusion, parodie ou pastiche. La transfictionnalité, elle, suppose la mise en relation de

deux ou de plusieurs textes sur la base d'une communauté fictionnelle [...]. [Elle] repose

sur le postulat d'une identité fictive qui transcenderait les limites d'un texte [...] » 1

Notre corpus appartient à la littérature algérienne d’expression française. Nous

essayerons à cet effet de percevoir l’étude qui a été accordée à la notion de la transfiction

par la critique littéraire.

9 SAINT-GELAIS Richard, « La fiction à travers I'intertexte : pour une théorie de la transfictionnalité »,

dans René Audet et Âlexendre Grefen (dir.), Frontières de la fiction, Québec/Bordeaux, 2001, p. 45

Page 20: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

21

Par la suite nous nous inclinerons sur l’aide que peut apporter cette présente

recherche à l’exposition de ce phénomène sur les trois romans de notre étude.

Nous allons essayer de mener plusieurs interprétations et explications du concept de

la transfiction par lequel au moins deux œuvres, d’auteurs différents ou d’un même

écrivain reprend unis à une même fiction, que ce soit par le retour des mêmes

personnages, prolongement de l’intrigue préalable et étendue d’histoires ou partage de

même univers fictionnel, ce que confirme Saint-Gelais ,qui considère cette approche

comme la théorie qui se charge du « phénomène par lequel au moins deux textes, du même

auteur ou non, se rapportent conjointement à une même fiction que ce soit par reprise de

personnages, prolongement d’une intrigue préalable ou partage d’univers fictionnel » . 10

La transfictionnalité est un mécanisme à naviguer entre les fictions « elle permet

aux lecteurs qui aimeraient savoir ce qui arrive après la fin du récit (ou avant qu’il ne

commence, ou parallèlement à lui,tandis que le narrateur décrit les agissements de X mais

néglige ceux, simultanés, de Y) de satisfaire leur curiosité ». 11

Nous avons remarqué que plusieurs auteurs l’on fait , d’adopter des données

fictives acceptables avec celles du texte original, de mener des données totalement

différentes et même de corriger le texte premier, soit en modifiant, soit en réinterprétant les

faits. « un texye littéraire se réduit à un nombre limité d’énoncés clos. Cette limitation

sépare la réalité littéraire des réalités de notre monde, et par exemple de la réalité

historique. Alors que la connaissance de celle-ci peut espérer s’enrichir de nouveaux

documents, la réalité d’une œuvre littéraire est strictement bornée par les énoncés qui la

constituent ». 12

La frontière, qui étudie les caractéristiques générales de l’être est celle qui divise le

monde réel dans lequel l’écrivain vit et écrit le monde fictif (tout ce qui relève de la

diégèse) :

« La frontière ontologique établit une distinction entre le statut des entités fictives et celui

des entités réelles. À première vue, cette frontière est on ne peut plus nette : personne ne

niera, d'une part, que Sherlock Holmes, Mickey Mouse ou la planète Tralfamadore

10

SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 7. 11 SAINT-GELAIS Richard, La Fiction à travers l’intertexte, (En ligne),disponible sur http://fabula.org 12 SAINT-GELAIS Richard,Op.cit.

Page 21: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

22

relèvent de la fiction et que, d'autre part, Mikhaïl Gorbachev, la brebis Dolly ou Prague

appartiennent à la réalité ».13

SAINT-GELAIS met l’accent sur le dépassement des frontières de l’œuvre par la

transformation, modification et l’évolution que les personnages, les lieux ou l’univers fictif

peuvent subir d’un roman à l’autre « l’idée que des personnages, des lieux ou même des

univers fictifs puissent franchir les limites de l’œuvre où nous les avons d’abord

découverts a quelque chose d’irrésistible […]. Il est tentant d’y voir un signe de la

rémanence de la fiction, de sa capacité à transcender le texte qui l’a instaurée, comme si

les personnages vivaient d’une vie propre, indépendante du texte où ils ont " vu le jour ".

»14

2.1.1. Notion de personnages

Selon SAINT-GELAIS L’élément majeur de la notion de transfictionnalité est axé sur

les personnages, lorsqu’il y a une transcendance textuelle, il est nécessaire de relever les

éléments fictifs significatifs qui reviennent dans plus d’un texte, notamment les

personnages comme une base de toute création littéraire, qui facilite au créateur la

présentation de l’univers fictif de l’œuvre , donc la transfictionnalité selon Richard Saint-

Gelais suppose que certaines éléments fictives traversent les frontières du texte pour se

retrouver dans d'autres textes. « […] Il y a transfictionnalité lorsque des éléments fictifs

sont repris dans plus d’un texte. Ces éléments fictifs sont plus souvent qu’autrement des

personnages et on ne s’étonnera pas de la large place que les travaux sur la question ont

fait à ces derniers. »15 .

L’établissement de l’identité des personnages ne se fait pas aussi facilement qu’on

peut le croire puisque, toujours selon SAINT-GELAIS, la transfictionnalité « [...] repose

sur le postulat d'une identité fictive qui transcendrait les limites d'un texte, mais il devient

vite évident que la récurrence des personnages (ou plus généralement des mondes fictifs)

peut amener des indéterminations, des paradoxes ou des fractures qui ne laissent pas

indemne cette identité postulée au départ. Le « même » y est contaminé par une part

13 SAINT-GELAIS Richard, « La fiction à travers I'intertexte : pour une théorie de la transfictionnalité »,

dans René Audet et Âlexendre Grefen (dir.), Frontières de la fiction, Québec/Bordeaux, 2001, p. 46-47.

14

SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 19. 15

Ibid.p.19-20.

Page 22: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

23

d'altérité qui n'échappe jamais tout à fait au lecteur, qui ne suffit généralement pas à

parler d'un personnage distinct mais travaille l'identité de l'intérieur »16.

En outre, l’image des personnages dans une fiction relève d’une action destinée à

garantir l’effet de réel. Le lecteur s’installe par rapport à ces personnages. La

reconnaissance de soi qu’il opère à travers la figure fictive est accomplie par l’effet de

vraisemblance qui a pour dessein de permettre au récepteur d’adhérer le mieux possible à

l’univers diégétique.

Dans la réalité, la société base l'identification des individus sur leur nom. Mais dans les

fictions, puisqu'elles sont imaginaires, tout devient possible, et le nom n'est plus aussi

déterminant. Dans plusieurs fictions, les personnages évoluent sous une fausse identité, ils

n'utilisent pas leur vrai nom.

« les personnages reparaissant comme ceux de La Comédie humaine »17.

Dans « la Comédie humaine » de Balzac le lecteur admet le rôle joué par la reprise

d’une histoire à l’autre des mêmes personnages, ce retour représente un principe

fondamental de cette Comédie. Le phénomène de reparition à partir la procession des

éditions (édition originale jusqu’à l’édition définitive).

« Des travaux s’y engagent dans plusieurs directions, mais souvent de manière

indépendante : sur le retour de personnages (Margolin, 1996 ; Aranda, 1997, 2001 a,

b et c, 2002, 2007), les cycles et les series (Benassi, 2000 ; Besson, 2004), les ≪réécritures postmodernes ≫ (Doležel, 1998), la fan fiction (Jenkins, 1991, 1992,

1995) : autant de régions de la contrée que je voudrais considérer globalement en

dégageant son unité, en la construisant dans sa cohérence – tout en soulignant que

cette unité et cette cohérence recouvrent, comme on le verra, de décisives

différences ».18

Miss Ethel Preston a étudié ce phénomène « le retour des personnages »

16 SAINT-GELAIS Richard, « La fiction à travers I'intertexte : pour une théorie de la transfictionnalité »,

dans René Audet et Âlexendre Grefen (dir.), Frontières de la fiction, Québec/Bordeaux, 2001, p. 65. 17

SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 7. 18

Ibid.p.9.

Page 23: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

24

« Est reparaissant », selon Ethel Preston, « tout personnage mentionné dans plus d’un

roman soit qu’il participe personnellement à l’action, soit qu’on fasse certainement allusion

à lui en le désignant par son nom ou implicitement. »

« La transfictionnalite est l’un de ces terrains ou l’on a tout intérêt a croiser des

champs trop souvent disjoints par la compartimentation academique et certains

prejuges encore tenaces ».19

À ce propos Richard SAINT-GELAIS confirme : que la transfictionnalité est l’un des

terrains propices pour fusionner plusieurs champs littéraires, qui fait disparaitre les

bordures textuelles en les transgressant, en les traversant.

2.1.2. Notion d’univers partagé

« On en dira autant des ≪ univers partages ≫, ces fictions développées

conjointement par plusieurs écrivains qui situent dans un même cadre (souvent

futuriste) des récits lies a seule hauteur encyclopédique, sans parfois que leurs

intrigues se recoupent ou que des personnages réapparaissent de l’une a

l’autre »20.

Richard SAINT-GELAIS de sa part avise que la même fiction développée par un

groupe d’écrivains, c’est-à-dire les auteurs partagent le même univers fictionnel non

seulement certains événements, mai un lien étroit notamment les intrigues et les

personnages.

« L’hypertextualite est une relation d’imitation et de transformation entre textes ; la

transfictionnalite, une relation de migration (avec la modification qui en résulte

presque immanquablement) de données diégétiques »21

L’ hypertextualité ,au contraire de la transfictionnalité (outils dans laquelle des éléments

fictifs comme les personnages ,les lieux sont partagés par deux ou plusieurs

textes)s’intéresse aux rapports d’imitation et de transformation entre les textes.

19 SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 9. 20

Ibid.p.10. 21

Ibid.p.11.

Page 24: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

25

2.1.3. Notion de « prolongement de l’intrigue préalable »

« pour nous, une intrigue romanesque, nichée dans les pages d’un autre livre, est traite

comme un événement réel couvert par les journaux ».22

Selon SAINT-GELAIS L’intrigue romanesque dépend principalement de la succession

logique des événements et élevée à partir d’une autre production, l’auteur afin de structurer

son intrigue sélectionne des fragments de la vie réelle et introduit des personnages réels,

mais toujours le fictionnel présent , on citons comme exemple « l’intrigue balzacienne »

éprouvée pour sa vraisemblance avec la réalité.

2.1.4. Notion « retour des mêmes personnages »

« La reprise de personnages est un procédé majeur de La Comédie humaine »23

Le retour des personnages constitue l’un des plus importants éléments de « La

Comédie humaine »,ils voyagent d’une œuvre à l’autre, les personnages centraux de

Balzac correspondent à des types humains, c’est-à-dire des portraits de plusieurs

personnes, médecins, politiciens ou des femmes.

Les personnages principaux de Balzac évaluent comme les personnages secondaires à

la fois dans le décor d’un même roman.

En fin cette reprise des personnages présente un élément capital dans le contenu et

l’évolution du chef-d’œuvre balzacien.

« Le regard transfictionnel consiste surtout a s’interroger sur les répercussions de ces

contacts et de ces déplacements diégétiques ».24

La vision de la transfiction permet de créer une interaction diégétique entre deux textes

ou plus , et aussi à l’œuvre de placer une intrigue dans un autre univers qui se veut le

mélange de deux diégéses.

22 SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 11 23

Ibid.p.12. 24

Ibid..

Page 25: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

26

2.1.5. Notion de l’Expansion transfictionnelle

« la relation transfictionnelle la plus simple, et à coup sur la plus courante, consiste à

proposer une expansion d’une fiction préalable, à travers une transfiction qui la prolonge

sur le plan temporel ou, plus largement, diégétique. »25

Une expansion est considérée comme opération majeur axée sur deux plans, à savoir le

plan diégétique ou temporel qui appartient à l’histoire elle-même.

«la transfictionnalité ne consiste jamais à intervenir sur le texte initial, bien évidemment

inchangé, mais sur sa diégèse (…) »26

SAINT-GELAIS voulait expliquer que le modèle transfictionnel ne touche jamais le

texte source, les lecteurs en réalisent, ou approuvent à effectuer sur la base d’un

changement, d’une continuation, d’une interprétation manipulée ou même par un

acte transgressif, mais toujours dans l’espace-temps dans lequel se développe l'histoire

fournie par la fiction du premier récit.

Au cours d’en même contexte, SAINT-GELAIS propose une relation transfictionnelle

qu’il considère la plus adéquate et la plus ordinaire «La relation transfictionnelle la plus

simple, et à coup sur la plus courante, consiste à proposer une expansion d’une fiction

préalable, à travers une transfiction qui la prolonge sur le plan temporel ou, plus

largement, diégétique. ».27

le concept de la transfiction est basé sur la maîtrise du discours critique du récit

original en s’appuyant sur les récits transfictionnels : « certaines opérations

transfictionnelles (…) se donnent assez visiblement comme des critiques du récit original,

soit par développement d’une intrigue donnée comme plus vraisemblable, soit par

adoption d’un point de vue jusque-là occulté . »28

25SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p.71 26

Ibid.p.70. 27

Ibid.p.71. 28

SAINT-GELAIS Richard,Op.cit.p.454

Page 26: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

27

2.1.6. Prequel et Sequel

Bien qu’une relation privilégiée avec le récit premier, il n'en reste pas moins que les

deux critères (Prequel et Sequel).

Un préquel , ou aussi appelé une préquelle, antépisode au Canada

Définitions selon :

Dictionnaire de français Larousse

Film, roman , etc, dont la réalisation est postérieure à une œuvre de référence mais

qui, à l’inverse de la suite, évoque des faits antérieurs à cette œuvre.

Reverso dictionnaire

œuvre dont l'histoire précède celle d'une œuvre antérieurement créée

Dictionnaire Internaute

Un prequel est un film reprenant l'univers et une partie des personnages d'un autre

film existant, mais racontant une autre histoire, s'étant déroulée avant le film ayant

servi de modèle.

Exemple : "Le Monde de Dorri" est un prequel au "Monde de Némo".

Dictionnaire de français Larousse

Littéraire. Suite de gens ou de choses attachés à quelqu'un, à quelque chose : On l'a

chassé, lui et sa séquelle.

Reverso dictionnaire

sequel veut dire la suite d'une œuvre

Pour différencier ces phénomènes, Gérard GENETTE propose une terminologie de

son ouvrage Palimpseste, terme Sequel « la continuation par l’avant (c’est-à-dire l’après)

ou, pour parler français, proleptique ; la plus répandue »29, et de « la continuation

analeptique ou par l’arrière (c’est-à-dire l’avant), chargée de remonter, de cause en

cause, jusqu’à un point de départ plus absolu, ou du moins plu satisfaisant »30 qui renvoie

au Prequel.

29

GENETTE Gérard, Palimpsestes : la littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982, p. 242. 30

Ibid

Page 27: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

28

Richard SAINT-GELAIS à son rôle annonce par une autre voie que sur la base d’un

schéma terminologique « les continuations proleptique et analeptique sont sans doute

mieux connues sous leurs appellations anglaises respectives de sequel et de prequel. »31

Selon Richard SAINT-GElAIS : « les prequels sont des récits qui se dirigent vers une

intrigue qui diégétiquement les suit, mais qui, en principe, les précède dans l’ordre de la

lecture »32

Pour Saint-Gelais, la transfictionnalité peut être la conséquence d'œuvre autographe,

c'est-à-dire une œuvre rédigée par un seul auteur ; elle peut être aussi allographe, c'est-à-

dire écrite par plusieurs auteurs. Elle peut donc prendre la forme d'une continuation ou

d'une suite.

Exclusivement, selon Saint-Gelais, l'intention de l'auteur est accessoire, elle n'est qu'un

moyen d'éclaircissement pour le lecteur33.

D’ailleurs, les transfictions doivent être des œuvres allographes et leur explication

dépendra du lecteur. Aranda Il explique que les méthodes de la transfictionnalité et de la

récurrence des personnages se complètent.

Ainsi, il examine que les transfictions autographes sont plus étudiées, car les études de

personnages récurrents visent ce corpus, mais que les transfictions allographes, moins

étudiées, seraient plus intéressantes, plus complexes34. Pour lui, les enjeux et l'intérêt de la

transfictionnalité seraient dans les œuvres produites par des auteurs différents.

2.1.7. Suite et continuation

Le philosophe et encyclopédiste français D'ALEMBERT dans le Dictionnaire des

synonymes nous convoque à différencier les deux concepts la suite et la continuation:

« Lorsqu'une oeuvre est laissée inachevée du fait de la mort de son auteur, ou de toute

autre cause d'abandon définitif, la continuation consiste à l'achever à sa place, et ne peut

être que le fait d'un autre. La suite remplit une tout autre fonction, qui est en général

31

SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 77.

32 Ibid.p. 79.

33 SAINT-GELAIS Richard, Contours de la transfictionnalité, dans René Audet et Richard Saint-Gelais

(dir.), La fiction, suites et variations, Québec, Nota Bene, 2007, p. 15. 34 D.Aranda, Le retour des personnages dans les ensembles romanesques : essai de synthèse, thèse de doctorat d’université, Paris III, 1997, p. 254.

Page 28: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

29

d'exploiter le succès d'une oeuvre, souvent considérée en son temps comme achevée, en la

faisant rebondir sur de nouvelles péripéties. » 35

35

Gérard Genette, Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982, p.223

Page 29: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

30

2.2. La tranfictionnalité

Après avoir connu cette théorie de la transfictionnalité avec ses voies, nous

allons maintenant procéder à sa mise en œuvre

2.2.1. Réapparition des personnages

2.2.1.1. Notion de personnage

L’élément de base de chaque création romanesque c’est le personnage, il facilite à

son créateur de présenter l’univers fictif de son roman.

C’est ce que certifie Roland BARTHES à propos du personnage et son rôle

important dans la construction du récit romanesque : « Comme il ne peut y avoir un récit

sans narrateur, sans auditeur ou lecteur, on peut bien dire qu’il n’existe pas un seul récit

au monde sans personnage. […] Il n’y a pas de récit sans personnage. »36. De même

reflexe l’écrivain Arnold BENETT affirme que « La base d’un bon roman c’est la

création du personnage, et rien d’autre. ».

Aucun lecteur n’ignore le rôle que joue le retour d’un texte à l’autre des mêmes

personnages

Nous comprenons à travers la définition de la transfictionnalité de Saint-Gelais que les

critères de base fictionnels traversent les limites d'un texte. Ces éléments sont plus souvent

des personnages. Désigner un personnage est suffisant pour dégager un questionnement :

est-ce le même personnage? Mais la réponse n'est qu'un chemin, car pour être

transactionnel le personnage doit être participé activement à l'intrigue c'est-à-dire actif au

sein de la diégèse. Saint-Gelais montre la fiabilité de ce concept avec l'exemple de

Sherlock Holmes ; l'unité transfictionnelle existerait :

[...] non pas [d]es textes qui mentionnent un personnage comme Sherlock Holmes

(notamment [d]es travaux des logiciens, qui l'utilisent souvent comme exemple), mais bien

[d]es textes où Holmes figure et agit comme personnages. Il en va de même pour les

univers fictifs considérés dans leur ensemble. Un auteur qui situerait une histoire dans

36

BARTHES Roland, Introduction à l’analyse structurale des récits, Paris, Seuil, 1966, pp. 7-8.

Page 30: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

31

MiddleEarth, le monde imaginé par Tolkien dans The Lord of the Rings, créerait du coup

un ensemble fictionnei dans lequel le texte de Tolkien serait rétrospectivement inclus37.

Pour étudier les personnages dans «Le soleil n’était pas obligé», de S.Khiari, nous

allons faire appel à Philippe. HAMON, Pour un statut sémiologique du personnage38 qui

propose d’appliquer une théorie moderne dans le regard d’une analyse réelle du

personnage. Cette théorie va se classer hors des théories traditionnelles, parce qu’elle fera

appel à la notion de la sémiologie pour l’analyse du personnage. Il s’agit de voir le

personnage comme « un signe » à part entière tout en l’intégrant dans un mode de

communication soumis à l’analyse fictionnelle qui est devenue indispensable à l’écriture

romanesque.

Dans notre cas, nous allons nous fonder sur la notion du personnage, essayer de repérer

le plus possible les personnages présents dans Le soleil n’était pas obligé, M.C.E, et dans

l’Etranger, analyser les propriétés visibles par lesquelles ils sont identifiés dans le texte,

les répertorier et relever les éléments communs entre eux afin de montrer comment

s’exprime la transfiction dans ces trois textes à travers le retour et la reprise des mêmes

personnages.

2.2.1.2.Hiérarchisation des personnages dans L’étranger

a. Le personnage principal (le héros)

Le personnage principal de ce roman Meursault est le narrateur lui-même,

personnage narrateur (celui qui dit Je), Nous pouvons constater l’absence de la description

de celui-ci et qui manque aussitôt de prénom, ce qui révèle l’aspect d’une fragilité

identitaire de ce héros. Son itinéraire , vers une mort absurde, l’absurdité qui se révèle une

dissociation entre l’Homme et sa vie, fait de lui un héros moderne. il n’exprime aucun

sentiment humain : amour ou regret pendant une partie majeure de l’ouvrage, il révèle en

réalité un amour de la vie très matériel. c’est un simple employé de bureau à Alger.

L’amour avec Marie, les souvenirs heureux et le souvenir de sa mère

37 SAINT-GELAIS Richard, « La fiction à travers I'intertexte : pour une théorie de la transfictionnalité », dans René Audet et Âlexendre Grefen (dir.), Frontières de la fiction, Québec/Bordeaux, 2001, p. 45. 38

http://www.persee.fr/ Philipe HAMON, Pour un statut sémiologique du personnage, In: Littérature, N°6, 1972. Littérature. Mai 1972. pp. 86-110. Consulté le 20/08/2020.

Page 31: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

32

b. Les personnages secondaires

- Raymond Sintès : est l’ami de Meursault. Magasinier assez petit avec de larges épaules

et un nez de boxeur, bien habillé. C’est lui qui demanda un jour à Meursault de lui écrire

une lettre pour sa maîtresse. Il est aussi celui qui a mis en contact la victime et le meurtrier.

Il assistera au jugement de Meursault et témoignera.

- Le vieux Salamano : est le deuxième voisin de palier de Meursault qui vit avec son chien

depuis huit ans année de la mort de sa femme.

- Céleste : propriétaire d’un restaurent où Meursault avait l’habitude d’aller manger.

- Emmanuel : c’est le collègue de service de Meursault avec qui il mange souvent. C’est

avec lui que Meursault à emprunter le brassard noir et une cravate noire pour aller à

l’enterrement de sa mère.

- Monsieur Massan et sa femme : Ce sont les amis de Raymond. Ce sont eux qui ont

invité Raymond, Meursault et Marie à la plage. Monsieur Massan est grand de taille ; sa

femme quant à elle est petite, ronde et gentille.

- Marie Cardona : elle est la maîtresse de Meursault. C’est une ancienne Dactylo du

bureau de Meursault, elle est brune. Ils se retrouvent à la plage après la mort de la mère de

Meursault.

- L’arabe : le frère de la maîtresse de Raymond et la victime, était un anonyme.

c. Les figurants

- Le concierge : c’est le gardien de l’asile où était la mère de Meursault. C’est un vieil

homme aux beaux yeux. Il est un parisien de soixante-quatre ans.

- Le vieux Thomas Pérez : c’était un vieil ami de la mère de Meursault. Ils étaient

ensemble à l’asile.

- Le Directeur de l’asile : il est petit, vieux, avec la légion d’honneur. Il a des yeux clairs.

- L’avocat de Meursault : petit rond assez jeune, cheveux soigneusement collés.

-Le juge et l’aumônier : qui cherche à le convertir juste avant son exécution.

2.2.1.3.Hiérarchisation des personnages dans Meursault contre-enquête

a. Le personnage principal (le héros)

- Haroun : le narrateur le frère de Moussa, tue un français, un certain Joseph Larquais, il

est arrêté lui aussi, mais il échappe à toute condamnation, est tombé amoureux de Meriem.

Page 32: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

33

-Moussa : Selon le narrateur, Moussa aurait dû être le vrai héros ,avait un nom, une mère

discrète, un père disparu, une amante, des amis et un frère qui cherche à lui rendre justice

Meursault : Meursault tué le frère de narrateur Haroun, on le condamne à mort non pas

pour l’avoir tué mais pour n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère

b. Les personnages secondaires

- M`ma : c’est la mer de Haroun dont on ne connait ni le nom, ni le prénom ni l’âge.

-Meriem: une jeune étudiante qui prépare une thèse sur le livre qui relate le meurtre de

l’Arabe.

-Zoubida : femme qui se présente comme amont de Moussa

c. Les figurants

Ajoutons d’autres personnages figurants ayant des rôles secondaires au sein de l’histoire,

comme : Joseph Larquais le français victime de Haroun le jour de

l`indépendance, Récitant du Coran le premier qui passe toute la journée à battre son chien

et à hurler contre lui.

2.2.1.4.Hiérarchisation des personnages dans Le soleil n’était pas obligé

a. Le personnage principal (le héros)

-Marie Cardona : Le personnage principal de ce roman est en même temps la narratrice

(celui qui dit Je), c’est une femme simple, fidèle âgée plus de soixante-dix ans de

mauvaise santé, vit solitaire dans le sud de la France dans une maison de retraite,

compagne de Meursault, elle a quitté l’Algérie dès la fin de la guerre en 1962. Elle a

décidé de rejoindre son pays natal l’Algérie et revenir sur les lieux du drame, elle a

commencé une grande enquête sur Meursault.

-Meursault : C’est le personnage le plus répandu dans ce roman. Il n’a pas connu son

père et il n’en a pas une idée fixe. Il ne croit pas en Dieu et trouve que c’est une chose sans

importance. Il a une maîtresse qui se nomme Marie, ils ne se sont pas mariés.

b. Les personnages secondaires

-Arabe ou Moussa : le personnage anonyme tué par Meursault dans l’Étranger de

Camus

-Madame Yolande : l’amie de Marie, est une infirmière en chef dans la maison de retraite

en France. Elle est très gentille, elle était professeur de Français avant

Page 33: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

34

Raymond :Témoin qui a assisté au drame.

Monsieur Céleste : le restaurateur.

Salamano : c’est un ancien boxeur, il est aussi chef de groupe au pole céréalier des docks

du port d’Alger.

Simone : c’est une dactylographe.

- Monsieur Massan et sa femme : Ce sont les amis de Raymond. Ce sont eux qui ont

invité Raymond, Meursault et Marie à la plage.

Yacine : ami de l’écrivain Kamel Daoud

Achour : ami de l’écrivain Kamel Daoud

Fernand Iveton : c’est un européen. Il a été guillotiné à l’âge de trente ans

c. Les figurants

Lalla Yamina : la tante de Achour :Quatre-vingts ans. Elle est belle.

Fatiha : femme de ménage.

Abdou : un homme d’un certain âge, assez grand avec un léger embompoint, des yeux

bleus.

Zineb : collègue de Achour

Nadia et leurs petites filles Noor et Alya : la femme de Yacine

Additivement à cette classification hiérarchique nous arrivons à dire que l’univers

fictionnel de L’Etranger, Meursault contre-enquête et de Le soleil n’était pas obligé se

trouve centralisé sur trois personnages essentiels : « Meursault », « Arabe », « Marie

Cardona ». Ces acteurs, qui jouent un rôle capital dans les trois intrigues, conduis

l’organisation des trois histoires et assure le déroulement et la continuité des actions,

présente des liens solides que nous allons essayer de découvrir à travers le tableau

récapitulatif et comparatif qui suit.

Page 34: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

35

2.2.1.5.Tableau récapitulatif « Meursault », « Arabe », « Marie Cardona »

L’œuvre Le personnage L’être Le faire

L’Etranger

Marie Cardona

(Meriem)

Une fille.

-Elle est Brune.

-Elle avait une belle

robe à raies rouges

et blanches et des

sandales de cuir

-Elle est amoureuse

de Meursault

-elle est la maîtresse de

Meursault

-.C’est une ancienne

Dactylo du bureau de

Meursault

-Ils se retrouvent à la

plage après la mort de

la mère de Meursault

-.Elle permet en

quelque sorte la

communication du

héros avec la nature.

Meursault contre-

enquête

Meriem :

- jeune universitaire

-Elle est belle

-Elle est amoureuse

de Haroun

- Constantinoise

émancipée et vivant à

Alger.

-grâce à elle le

narrateur a appris le

français et pu lire cette

histoire de Camus.

Le soleil n’était

pas obligé

-Le personnage

principal

- narratrice de ce

roman

- femme simple, fidèle

-âgé plus de soixante-

dix ans

-de mauvaise santé

-compagne de

Meursault

-Elle vit solitaire dans

le sud de la France dans

une maison de retraite

- Elle a quitté l’Algérie

dès la fin de la guerre

en 1962.

-Elle a décidé de

rejoindre au pays natal

en Algérie

-Revenir sur les lieux

Page 35: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

36

du drame

-Elle a commencé une

grande enquête sur de

Meursault.

-elle a adressée à un

auteur vivant(Kamel

Daoud) au sujet d’un

personnage fictif

« Meursault »

- Elle cherche la vérité

L’Etranger

Meursault

-Le personnage

principal de ce roman

-Meursault est le

narrateur lui-même

- Il n’a pas connu son

Père

-c’est un simple

employé de bureau à

Alger.

-ce qui révèle l’aspect

d’une fragilité

identitaire de ce héros.

-il n’exprime aucun

sentiment humain :

amour ou regret

- refuse de masquer

ses sentiments

-Il ne croit pas en Dieu

et trouve que c’est une

chose sans importance

-absence de la

description de celui-ci

et qui manque aussitôt

de prénom

-Son itinéraire , vers

une mort absurde

-l’absurdité qui se

révèle une dissociation

entre l’Homme et sa

vie, fait de lui un héros

moderne.

-il révèle en réalité un

amour de la vie très

matériel. les souvenirs

heureux et le souvenir

de sa mère

- Meursault tue un

Arabe parce qu’il se

croit en danger

Page 36: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

37

Meursault contre-

enquête

-Meursault adopte un

comportement raciste

-Meursault refuse

l’Arabe

-Meursault tué le

frère de narrateur

Haroun

- Meurt seul ? Meurt

sot ? « ne meure

jamai » ?

-Moussa victime de

Meursault soliloque

dans un bar à Oran où

il est encore possible de

boire de l’alcool.

-Meursault parle de son

crime sans exprimer

aucune émotion vers sa

victime

-tirer cinq coups de feu

sur un Arabe anonyme

et sans raison

- l’absurdité

Le soleil n’était

pas obligé

- le personnage le plus

répété dans ce roman.

-Il ne connut pas son

père

- Il a une compagne

qui se nomme Marie

Cardona, ils ne se sont

pas mariés.

-Il n’a pas connu son

père et il n’en a pas une

idée fixe.

-Il ne croit pas en Dieu

et trouve que c’est une

chose sans importance

- Il a commis un

meurtre involontaire

L’Etranger

L’Arabe

(Moussa)

-le frère de la

maîtresse de Raymond

- la victime

- anonyme

-sans famille

-dévalorisation de

l’Arabe

-l'Arabe victime de

Meursault

- portera le prénom de

Moussa

-Moussa le vrai héros

de l’histoire

-comparant l’arabité à

la négritude, le

narrateur affirme

l’absence de ce

sentiment chez lui, il ne

se sent plus Arabe

Page 37: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

38

2.2.1.6. Tableau montrant les similitudes entre les caractéristiques des personnages

« Meursault », « Arabe », « Marie Cardona » dans les trois romans

Meursault contre-

enquête

_ la maitresse de

Raymond n’était pas

la soeur de l’Arabe

-Moussa avait :

un nom

une mère

discrète

un père

disparu

une amante

des amis

un frère qui

cherche à lui

rendre justice.

-Moussa n’avait pas

de travail stable, il

était un ouvrier

-Daoud infirme

également l’existence

d’un pays arabe

-l’écrivain refuse cette

identité dite arabe, il ne

se considère pas

comme arabe mais

plutôt comme un

algérien

-considère le fait

d’appeler la victime par

le terme arabe comme

une dévalorisation

totale de cet algérien

-la volonté de Moussa

de subvenir aux besoins

de sa famille

Le soleil n’était

pas obligé

-Le frère de Daoud

- le personnage

anonyme ou identifier

tué par Meursault

-Mort de l’Arabe sur la

plage

- la mort de l’Arabe est

accidentelle

-« l’homicide était

involontaire »

Le personnage caractéristiques

-Le personnage le plus répondu dans les trois romans.

- Il n’a pas connu son père

-c’est un simple employé de bureau à Alger.

-il n’exprime aucun sentiment humain : amour ou regret

-Il ne croit pas en Dieu

Page 38: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

39

A partir des deux tableaux récapitulatifs insérés ci-dessus, et ce qui confirme Kamel

Daoud et Saad Khiari montrent consciemment ou inconsciemment les liens étroits et les

rapprochements entre les personnages des trois romans. A cet égard, nous pouvons dire

que les deux auteurs Kamel Daoud et Saad Khiari ont fait appel aux personnages déjà

existés dans le texte de Camus « L’étranger », ce phénomène est connu sous la notion

« retour des personnages », cette reprise des personnages représente un élément capital de

la Comédie humaine de Balzac, et bien expliquer dans la transfictionnalité de Saint-

Gelais.

Nous avons vu dans l’explication de la transfictionnalité de Saint-Gelais que les entités

fictives traversent les limites d'un texte. Ces identités sont plus souvent des personnages.

Saint-Gelais exprime dans son étude «Personnage et transfictionnalité» un petit «

catalogue » de ces pratiques, à partir des transfictions de Madame Bovary. Il illustre un

personnage qui passe dans un autre roman c'est-à-dire l' « immigrant »,. Il y avoir le

Meursault - Une mort absurde

- Un héros moderne.

-il révèle en réalité un amour de la vie très matériel.

- Meursault tue un Arabe

-Meursault parle de son crime sans exprimer aucune émotion vers sa

victime

- Il a une compagne « Marie Cardona ».

Marie Cardona

(Meriem)

- Femme simple, fidèle, belle ,Brune, amoureuse de Meursault.

-Elle est la maîtresse de Meursault

-.C’est une ancienne Dactylo du bureau de Meursault

-Assiste au meurtre de l’Arabe

-Elle vit solitaire après la condamnation de Meursault.

L’Arabe

- personnage très répondu dans les trois romans.

- la victime

-sans famille

-Mort de l’Arabe sur la plage

Page 39: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

40

récurrent qui est une version du personnage original du récit premier ou l'« emprunt ».

L’auteur Saad Khiari continu, et parfois il a l'intention de réviser, de corriger, le récit

premier. Par exemple, Jean Améry, dans son roman Charles Bovary, Médecin de

campagne, Portrait d'un homme simple, a une visée critique, il tente de « réhabiliter la

figure de Chartes24 ».

En outre, Les personnages principaux de Balzac , comme les acteurs secondaires

évoluent à la fois dans l’atmosphère d'un même roman, mais aussi à travers tout l'ouvrage.

Le retour des personnages représente aussi la stratégie d'écriture de Saad Khiari. Ce dernier

transformer un personnage ayant un rôle principal dans le texte primitif L’Etranger en un

personnage secondaire dans Le soleil n’était pas obligé et vice-versa ,permettent au

personnage de Khiari; de voyager pour qu’il sache passer d’un texte à un autre texte,

franchir les frontières de la fiction originelle et s’investir dans un espace diégétique non

exploité.

Saint-Gelais dit « Quoi qu'il en soit, l'incomplétude de la fiction, des personnages,

doit être comblée par le lecteur. Mais malgré ce travail de complétude lecturale, le lecteur

ne réussira jamais à répondre à toutes les interrogations que créent les textes, ce qui laisse

la porte grande ouverte à de nombreuses transfictions. »39

S. Khiari de sa part revient à un personnage auquel Camus pas donné une importance ,

celui de Marie Cardona, l’écrivain tente donner un corps à un personnage fictif (Marie

Cardona) et à la faire exister en m’adressant à un auteur vivant (Kamel .D) au sujet de

Meursault.

Le soleil n’était pas obligé aborde la relation entre un personnage considéré comme

une virtuelle fiancée de Meursault, le personnage principal du célèbre roman d’Albert

Camus L’Etranger, et de l’écrivain algérien Kamel Daoud.

Nous pouvons dire que le personnage « Meursault », « Arabe », « Marie Cardona »

toujours présent dans les trois romans.

Au fait, nous pouvons dire, de ce chapitre, que les personnages de« Le soleil n’était

pas obligé », M.C.E se révèlent comme un élément transfictionnel tirant son origine de

l’Etranger de Camus.

39 Jacques, p. la transfictionnalité dans l'oeuvre , p 25

Page 40: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

41

2.2.2. Le partage du même univers fictionnel

Nous rassemblons sous la notion d'« univers fictionnel » l'ensemble de tout ce qui

existe au sein d’une œuvre et relève de sa diégèse. Différemment, l’univers fictionnel

d’une œuvre littéraire est le monde qu’elle évoque ou qu’elle déploie.

Les principales actions se déroulent à Alger, Belcourt, la rue de Lyon et le champ des

manoeuvres . D’autres espaces sont aussi évoqués comme la prison « Barberousse ou

Serkadji », le palais de justice, de même que l’asile de Marengo « Hadjout ». Mais

l’espace le plus significatif c’est la plage située dans la banlieue d’Alger où tout a

commencé, la véritable histoire du roman. C’est le lieu du crime, de l’absurdité de la vie. Il

rappelle par l’éclat du soleil sur la grève la réalité du crime de Meursault.

A travers son discours fictionnel, Saâd Khiari a pu maintenir une harmonie

romanesque entre son roman « Le soleil n’était pas obligé » et les deux autres textes

L’étranger et M.C.E, qui repose en fait sur le partage d’un seul et unique univers

diégétique.

Une définition qui s’applique très bien à « Le Soleil n’était pas obligé », dans sa

relation à M.C.E et L’étranger : il s’agit de trois textes, se rapportant conjointement à une

même fiction, celle de L’étranger, et par la reprise des personnages, Meursault, l’Arabe,

Marie, Masson,…etc et par le prolongement de son intrigue.

Chacun de ces textes abordent les circonstances d’une même histoire, mettant en scène

une masse littéraire solide, non seulement la colonisation, les lieux du drame, les cultures

différentes, mais surtout le personnage « Meursault » qui partage le sentiment

d’étrangement et de déracinement dans les trois textes. Ajoutons le personnage '' Marie

Cardona '' de Le Soleil n’était pas obligé qui était passif dans L’Etranger et dans M.C.E et

trouve son rival dans Le Soleil n’était pas obligé. De plus, des mêmes composantes

textuelles abordent ; le cas de la reprise des mêmes objets comme le soleil, cet élément qui

occupe une place assez symbolique dans le récit des trois œuvres, aussi « La plage » « …

la mort de l’Arabe sur la plage »40 , et les anciens quartiers d’Alger « …l’immmeuble au

champ de manoevres ; un quartier que je connaissais un peu puisque c’est là qu’habitait

Meursault. »41

40 KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 24. 41

Ibid.p.58

Page 41: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

42

La mer, la plage, le ciel est en général des endroits de plaisir, mais ici le contraire sont

des éléments hostiles partagent le même univers hostile (Meursault victime d’un univers

hostile) ce qui confirme un même univers fictionnel dans les trois œuvres.

Les trois textes d’étude abordent les évènements d’une même histoire, mettant en

scène un trio, se rapportant conjointement à une même fiction, celle de L’étranger, et par la

reprise des personnages, Meursault, l’Arabe, Marie, Masson,…etc

2.2.3. Le prolongement de l’intrigue préalable

D’après l’étude de l’univers fictionnel que partagent les trois textes L’Etranger ,

M.C.E et Le soleil n’était pas obligé , et qui a permis la reprise des personnages Meursault,

Marie Cardona, Raymond,Masson…etc de transcender le texte originel pour se mettre à

circuler à travers Le soleil n’était pas obligé , mettent le lecteur face à un prolongement

diégétique produit par plusieurs et divers auteurs.

De ce fait, a ce que Saâd Khiari nous raconte la même histoire de Camus et de

Daoud ? ou est une intrigue différente du texte initial ? A ce qu’il y a une relation de

l’intrigue de Khiari avec les deux autres textes ?

Tous les récits laissent des vides et des blancs que le lecteur voudrait combler.

Saint-Gelais indique que la transfictionnalité permet d'ajouter des données fictives

compatibles avec le texte original, ou de corriger les faits42.

Dès le départ « incipit » : « Aujourd’hui, je suis encore en vie »43, c’est une phrase

utiliser par l’écrivain de Le soleil n’était pas obligé , mette le lecteur face à un appel à sa

mémoire et ses compétences culturelles entre une œuvre et d`autres qui l`ont précédées :

Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud avec « Aujourd’hui, M’ma est encore vivante.

»44. Et le fameux début de L’Etranger d’Albert Camus : « Aujourd’hui, maman est morte.

»45 , Des ressemblances entre les trois premières phrases des trois œuvres, l’étendue de

l’intrigue vient de cette contestation principale.

Kamel Daoud offre un nom et une identité à l’Arabe « Moussa » « des histoires de

lutte à bras-le-corps entre Moussa, géant invisible et le gaouri, le roumi, le Français

42

SAINT-GELAIS, op. cit., 2001, p. 66. 43

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 13. 44

DAOUD Kamel, Meursault contre-enquête,Alger,Barzakh,2013,p.13 45Camus Albert., L'étranger, Talantikit,Béjaia,2007 p. 9.

Page 42: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

43

obèse, voleur de sueur et de terre. »46, qui est dévalorisé par Camus, symbolise le rejet de

l’Arabe par la société coloniale. et Saad Khiari à sa part jumelé les deux termes par la

langue de son personnage principal Marie Cardona dans « Je vous aurais dit par exemple,

que l’Arabe que vous appelez Moussa, votre frère »47

Camus met en scène Meursault, le personnage central accusé par son quotidien, notre

écrivain algérien Saad Khiari réemploi Le nom « Meursault » n`est pas au hasard c`est

pour renvoyer directement le lecteur à la source du mot : c’est le personnage central de

l`Etranger de Camus et assassin de l`Arabe.

Saad Khiari avec le personnage Marie Cardona prend le risque de cette affaire

ambiguë de Meursault, elle revient sur les lieux du drame sous forme d’une lettre à

Monsieur Daoud pour dire la vraie vérité, parce qu’elle était sur l’endroit du drame, elle

était un témoin, et elle connait toute l’histoire au contraire de Kamel.D n’est pas encore né

« J’étais sur les lieux du drame ; vous n’y étiez pas. Je connaissais Meursault ; vous ne le

connaissiez pas. J’ai fréquenté le petit monde des cabanons et des gens qui y passent leurs

journées de repos ; vous ne pouvez pas parler de ce milieu puisque vous n’étiez pas encore

né. »48, elle a exprimé à Daoud qu’il y a une grande différence entre l’imagination et la

réalité pour trancher une affaire ambiguë comme celle de Meursault « Je ne peux donc

prendre pour argent comptant tout ce que vous imaginez en marge de ce drame et puis très

honnêtement, est-ce bien raisonnable d’accorder la même importance à l’imagination qu’à

la réalité surtout quand il y a mort d’homme et qu’on a recours à une contre-enquête pour

rétablir la vérité ? »49.

Contre contre- enquête de Marie, donne un éclaircissement de l’affaire, elle a adressé à

un auteur vivant(Kamel Daoud) au sujet d’un personnage fictif « Meursault » que : « ni

Meursault ni son voisin Raymond ni aucun d’entre nous n’avait souhaité la mort de votre

frère »50, et « la mort de votre frère est accidentelle »51 , « J’attends moi-même depuis

tant d’années l’occasion de prouver que la condamnation de Meursault à la peine capitale

46

DAOUD Kamel, Meursault contre-enquête,Alger,Barzakh,2013,p.30 47

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 171. 48

Ibid.p.173 49

Ibid 50

Ibid.p.14 51

Ibid.p.19

Page 43: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

44

est injuste puisque l’homicide était involontaire. »52 , et « Je suis décidée à me battre de

toutes mes forces pour prouver qu’il s’agit d’un meurtre non prémédité et d’une mort

involontaire. »53 .

a. Le soleil, élément omniprésent

Le soleil, est l’élément qui domine les trois textes, il est omniprésent.

Meursault exprime les effets nuisibles du soleil et de la chaleur et de son malaise par

les termes tels que « Me faisait mal », « je ne pouvais plus supporter », « m’atteignait »,

« douloureux ». ce malaise circuler après un demi-siècle par Daoud « souffrir du soleil »,

« inondé de soleil », « perdu le corps sous le soleil », par contre, Khiari il a amorti ce

malaise par « Le soleil d’ici est froid »54 , « qu’il n’aimait pas les cours sans soleil. C’est

vrai qu’ici le soleil prend toute sa place. »55 , «bain de soleil »56 , « Le soleil commençait à

décliner à l’horizon. »57 et « ce soleil qui inonde de bonheur »58

« Moi, je suis partie à la fin des événements »59 énoncé illustré par S. Khiari Dans ce

roman le soleil n’était pas obligé, confirme la reprise de Marie Cardona dans l’histoire

comme un personnage actif dans le récit, « je n’ai jamais été heureuse depuis que j’ai

quitté Alger et depuis la mort de Meursault »60 parce qu’elle est muette dans L’Etranger

d’Albert Camus. Il a donné un corps lorsque Camus ne se concentre que sur l’unique

personnage de Meursault, et l’autre texte de Daoud se focalise sur Haroune frère l’Arabe

(Moussa).Pour cela Khiari adopte un point de vue différent et indépendant de celui du

texte initial, et grâce à Kamel. D, Marie Cardona nous raconte la même histoire mais avec

une continuation de l’histoire pour aller plus loin « Le livre de Kamel Daoud est venu me

réveiller. »61

52

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 19. 53

Ibid.p.79 54

Ibid.p.17 55Ibid.p.39 56

Ibid.p.63 57

Ibid.p.148 58Ibid.p.174 59

Ibid.p.15 60

Ibid.p.16 61

Ibid.p.139

Page 44: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

45

« Le soleil n’était pas obligé » de Saâd Khiari, ce dernier voit les choses autrement.

Khiari reprend le même récit de l’Etranger et M.C.E avec son propre style, d’un autre point

de vue.

Il a remit le lecteur face à un prolongement diégétique produit sous la direction de

plusieurs et différents écrivains.

À travers Khiari, nous allons essayer de mettre en évidence une telle manœuvre qui

se présente en fait comme un phénomène innovant de l’écriture de Saâd Khiari et qui

comporte également à opérer un rattachement entre l’ensemble des anciennes œuvres

romanesques. Ce prolongement fictionnel de l’intrigue source sera l’objet de notre point

suivant, portant le titre de :L’expansion transfictionnelle.

2.2.3.1.L’expansion transfictionnelle

La recherche de la transfictionnalité est un territoire riche et nous ne pouvons pas le

couvrir intégralement. On a un concept très utilisé dans le domaine transfictionnel, celui de

L’expansion transfictionnelle.

L’expansion est une sorte de prolongement d’une œuvre, et l’élargissement d’un récit

plus précisément le récit original au point de vue temporel. Cette pratique transfictionnelle

permet d’élaborer une nouvelle fiction à travers l’exploitation du texte support et primitif.

L'expansion fait un impact certainement sur le texte d'origine: « Donner à un récit un

prolongement, c'est remettre en question les limites que se fixait l'œuvre originale. Un tel

geste ne saurait être innocent dans une culture qui fonde sur l' idée de clôture sa conception

de l'œuvre comme totalité autonome, possédant une « forme » déterminée, instaurant son

propre « code » et déployant un «réseau de sens » spécifique_62

Cette opération majeur axée sur deux plans, à savoir le plan diégétique ou temporel

qui appartient à l’histoire elle-même.

L’expansion transfictionnelle lui fournit un « appendice fictionnel »63 « La

relation trasnfictionnelle la plus simple, et à coup sûr la plus courante, consiste à proposer

62 SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 71. 63 Ibid, p. 72.

Page 45: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

46

une expansion d’une fiction préalable à travers une transfiction qui la prolonge sur le plan

temporel ou, plus largement, diégétique »64

Le critère temporel est très primordial dans notre corpus ,puisque tout récit prolonge

dans le facteur « Durée » . A partir de cette optique on peut dire que « Le soleil n’était pas

obligé » est une expansion transfictionnelle de M.C.E et L’Etranger.

Les personnages d’Albert Camus dans « L’étranger » ne vivent pas , Saâd Khiari et on

premier Kamel D , il presente comme un personnage de roman ,le frère de la victime

« Haroun »,et donne enfin un nom à « L’Arabe » ,c’est Moussa , Haroun absent de

l’histoire originale.

Saâd Khiari dans « Le soleil n’était pas obligé » donne corps à un personnage du

roman de Camus.Il s’agit de Marie Cardona (personnage fictif).

S. Khiari tenait l’occasion pour semer la graine à son tour dans le débat autour de

l’œuvre de Camus, il a créé une situation absurde ,pour garder la même atmosphère du

roman et d’un aspect majeur de l’œuvre d’Albert Camus.

L’écrivain a choisi une fin ouverte sous forme d’une lettre écrite par Marie Cardona

(personnage principal) à Monsieur Daoud pour dire que : je connais toute l’histoire « Je

connaissais Meursault » « J’ai fréquenté le petit monde des cabanons et des gens qui y

passent leurs journées de repos » , j’étais sur le lieu de la scène « j’étais sur les lieux du

drame »3. Et vous n’étiez pas encore présent dans la vie, malgré ça vous enquêtez sur les

évènements tragiques « vous n’y étiez pas » « vous ne le connaissiez pas » « vous ne

pouvez pas parler de ce milieu puisque vous n’étiez pas encore né ».

Ainsi l’écrivain a proposé une fin qui procure du plaisir, il ne l’a pas oubliée Marie

Cardona ,cette fidèle femme, un désir de dépasser tous les malheurs de l’Histoire, une

bonne volonté de réconciliation définitive dans l’espoir de casser les stéréotypes et

rapprocher les deux nations de la méditerranée.

Il a choisi de tourner vers l’avenir et d’accomplir un travail positif dans le sens de la

réconciliation et de l’entente entre les deux pays « les Arabes a aucune raison de les

considérer comme inférieurs aux Européens. »65 , et selon l’écrivain, c’est injuste de les

64 SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 72. 65

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 45.

Page 46: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

47

assimiler(les français) dans leur totalité à des colons racistes, ce sont des français modestes

« petits blancs », et qui n’avaient pas vu venir le soulèvement du peuple algérien et sa

volonté de se libérer du colonialisme « Je parle des Français qui me rassemblent, qui n’ont

jamais cherché à faire du mal aux arabes et qui ont été surpris par la guerre ».66

A travers son créateur ,Saâd Khiari a réussi un exploit littéraire dans son œuvre « Le

soleil n’était pas obligé » un espace fictif où s’étale une expansion transfictionnelle qui

élargie et prolonge l’univers diégétique de M.C.E et L’Etranger et aussi augmente son

abondance temporelle.

Au contraire du structuralisme qui considère le texte comme un ensemble clos,

refermé sur lui-même, notre écrivain applique ce phénomène d’extension fictionnelle.

Khiari a intégré l’intrigue primitive d’Albert Camus dans une nouvelle fiction qui

franchit la trame de l’œuvre originale et se prolonge et rattrape pour ainsi dire son monde.

L’auteur s’est a donné à une expansion transfictionnelle, qui a donné naissance à un

nouveau titre comme troisième volet ouvert du récit originel d’une manière consciente ou

inconsciente. Cette pratique de reouverture et d’élargissement du texte primitif

« L’Etranger » est soumise à une question de légitimité de l’œuvre comme contrainte.

Pour ce qui est de notre corpus, l’expansion transfictionnelle engendrée par Saâd

Khiari, a été jugée comme contrainte puisqu’elle fait partie des prolongements allographes,

assignables à plusieurs et différents signataires, comme il a expliqué Richard SAINT-

GELAIS dans son ouvrage Fictions transfuges ; la transfictionnalité et ses enjeux :

« Les prolongements allographes,eux,n’atteignent sans doute jamais la légitimité des

suites autographes. L’altérité de la provenance- et, plus sourdement, l’exhibition par le

continuateur d’une autre « manière », en rassemblant sous ce terme un peu vague tout ce

qui a trait à la facture du texte, du style à la construction de l’intrigue-prive les

prolongements d’un effet de continuité sans lequel ils ne sauraient être tout à fait

légitimes. »67.

66

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 171 67 SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 72.

Page 47: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

48

2.2.3.2. « Le soleil n’était pas obligé » entre Suite et Continuation

L’auteur Gérard GENETTE dans le célèbre ouvrage Palimpsestes, a été le premier a

fréquenter ces termes : suite et continuation.

Le philosophe et encyclopédiste français D'ALEMBERT dans le Dictionnaire des

synonymes nous convoque à différencier les deux proches termes la suite et la

continuation:

« Lorsqu'une œuvre est laissée inachevée du fait de la mort de son auteur, ou de toute autre

cause d'abandon définitif, la continuation consiste à l'achever à sa place, et ne peut être que

le fait d'un autre. La suite remplit une tout autre fonction, qui est en général d'exploiter le

succès d'une œuvre, souvent considérée en son temps comme achevée, en la faisant

rebondir sur de nouvelles péripéties. »68

A partir de cette distinction, la différence entre la suite et continuation renvoie aux

critères de : l’achevée de l’œuvre ou non, auteur en vit ou non, l’abondement de l’œuvre

par son créateur, le vide dans le récit.

L’auteur a très bien exploité le succès d’une œuvre et remplit un vide dans le récit

« L’Etranger » considéré en son temps comme achevé. Nous obtenons donc une suite

allographe.

2.2.3.3. « Le soleil n’était pas obligé » entre Prequel et Sequel

Il y a plusieurs formes d'expansions dont le prequel et le sequel sont les plus connues.

Un écrivain ajoute certains évènements à l’intrigue initiale qui conduisent le récit vers

l’amont ; le cas du prequel, ou vers l’aval pour ce qui est du sequel.

Richard SAINT-GELAIS, distingue entre les deux termes « la différence entre sequels

et prequels est ici, me semble-t-il, particulièrement révélatrice. Certes, si l’on s’en tient à

une perspective formelle, les uns et les autres paraissent simplement emprunter des

directions opposées : les sequels prolongent le récit vers son aval, les prequels vers son

amont. En termes de dynamique narrative cependant, il faut bien voir qu’ils n’opèrent pas

de la même manière : les sequels profitent de la lancée d’une histoire alors que les

prequels, pour leur part, accomplissent une opération curieuse qui va, et pas seulement

dans le sens chronologique du terme, à contre-courant du récit. »69.

68

GENETTE Gérard, Palimpsestes : la littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982, p. 223. 69

SAINT-GELAIS Richard, Fictions transfuges : la transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, 2011, p. 78.

Page 48: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

49

En lisant le troisième texte «Le soleil n’était pas obligé » , un enchaînement logique

des idées, et un prolongement du récit de L’Etranger de Camus, Meursault est condamné

à mort et exécuté pour avoir assassiné l’Arabe ,sa compagne Marie Cardona reste seule.

Celle-ci après des dizaines d’années vit solitaire dans la France, Khiari lui ne l’a pas

oubliée. Marie considère Meursault, l’unique personne de sa vie, a été condamné pour

avoir tué le frère unique de l’auteur de Meursault Contre-Enquête, parce que Marie

apprend que l’auteur n’est autre que le propre frère de l’Arabe d’après le roman de

Kamel.Daoud M.C.E.

Khiari fait un prolongement à une œuvre considérée comme imparfaite, achevée ou

temporairement achevée donne la possibilité aux lecteurs de joindre le prochain d’un récit

qui rapporte à un monde imaginaire déjà constitué en répondant à la question « Que

surviendra-il après la fin de ce dernier ? ».

Cette question trouve leurs réponses dans le récit suivant ; Le soleil n’était pas

obligé sous l’aspect de sequel comme étant un récit qui reprend l’univers fictif ou un

nombre de personnages d’une autre histoire qui existe auparavant, mais qui raconte un

autre récit exprimant des évènements qui poursuivent ceux du récit initial. Ce nouveau

récit injecte des fragments narratifs capitaux et inséparables de l’intrigue mère

« L’Etranger ».comme par exemple, le réemploi du nom « Meursault » par l’auteur pour

renvoie directement le lecteur à la source du mot : c’est le personnage central de

l`Etranger de Camus et revivre le personnage Marie Cardona, trouvait son corps perdu,

elle disait : «Je m’appelle Marie Cardona et vous devez savoir sans doute que Meursault

et moi, nous avions envisagé de nous marier avant d’être frappés par ce terrible

malheur. »70 , et elle a choisi de quitter Alger vers son futur destin ; plus loin de la tragédie

et se protéger d’un monde qui lui semblait devenu hostile.

Le prolongement fictionnel de « L’Etranger » nous met donc sur le chemin d’un

rapprochement entre les trois fictions en créant l’image d’un continuum narratif qui

renforce l’idée d’imposer « Le soleil n’était pas obligé » comme un troisième volet de duo

pour en former avec les autres textes (L’Etranger, M.C.E) une trilogie.

70

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 14.

Page 49: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

50

Conclusion

Nous concluons que ces entités (personnages, univers fictif, prolongement de

l’intrigue) transfictionnelles nous produisent un continuum narratif entre les trois textes.

En dernier lieu, nous allons prouver la présence d’une même fiction dans les trois

œuvres, que ce soit par le retour des personnages, prolongement de l’intrigue et étendue de

l’histoire dans un même univers fictionnel.

Effectivement les trois romans sont considèrent comme des fragments d’un même

corps, d’une fiction unie.

Page 50: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

51

Chapitre Troisième : Etude Des personnages

Le terme personnage ,désigne les personnages fictifs dans une œuvre littéraire ,cette

notion présente un élément très important dans toute production littéraire romanesque, qui

est constitué d’un personnage, qui permet au lecteur de vivre l’histoire, donc sont les

personnages qui construisent le roman, et nous donne l’imagination de vivre chaque détail

dans le récit, d’après PHILIPE HAMON, l’étude du personnage doit être fixé sur une

analyse spécifique, selon lui « chaque personnage ne serait en fait qu’une reconstruction

du lecteur autant qu’une construction du texte »71,ici chaque lecteur considère le

personnage comme une base de construction dans le texte ;à la lumière des recherches de

l’un des écrivains ROLAND BARTHES qui confirme que le personnage joue un rôle très

important dans la création romanesque, il déclare que : « comme il ne peut y avoir un récit

sans narrateur, sans auditeur ou lecteur, on peut bien dire qu’il n’existe pas un seul récit

au monde sans personnage( …)n’y a pas de récit sans personnage »72 ;on trouve aussi un

autre écrivain qui renforce l’idée de ROLAND BARTHES ,qui est l’écrivain d’origine

Britanniques ARNOLD BENETT dit que : « la base d’un bon roman c’est la création du

personnage ,et rien d’autre »

L’étude des personnages a mobilisé de nombreuses recherches dès l’apparence du

roman, beaucoup de chercheurs ont analysés l’écriture romanesque, cette création a pris

un grand part dans les recherches littéraires, ce que PHILIPE HAMON indiquait :

« Le personnage soit du roman, l’épopée, de théâtre du poème, le problème des modalités

de son analyse et son statut constitue l’un des points de fixation traditionnels de la

critique(ancienne ou moderne)et des théories de la littérature »73

Pour mieux cerner cette étude, il faut d’abord distinguer les personnages principaux,

des personnages secondaires, par exemple dans un roman, si on fait une analyse on peut

observer qu’il y a une destinée entre les personnages très remarquables

(heureuse/malheureuse),à travers cela on peut qualifier le héros ;pour ce qui est de notre

objet nous allons nous appuyer sur la notion du personnage, cela veut dire qu’il faut réparer

71 HAMON PHILIPE , texte et idiologie : valeurs , Hiérarchie et évaluation dans l’œuvre littéraire , paris , presses universitaires de France , 1984 , p.47

72Barthes Roland, introduction à l’analyse structurale des récits ,Paris ,seuil,1966 ,pp,7-8 73HAMON PHILIPE, pour un statut sémiologique du personnage ,in :n°6 ,1972,p.86

Page 51: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

52

chaque personnage présent dans le texte, cette opération basée sur les travaux de PHILIPE

HAMON qui reposent sur une théorie sémiologique dans son article intitulé(Pour un

statut sémiologique du personnage),il considère le personnage comme un « signe »(signe

linguistique) »74, c'est-à-dire ayant la même compétence que les signes de la langue qui

désigne « un système d’équivalence réglée destinée à assurer la lisibilité du texte »75 .

Tous les travaux de PHILIPE HAMON sont réalisés pour éviter l’obscure entre les

personnages, il fait un travail qui sert à organiser ou bien classer les signes selon des

différentes catégories :

3.1 .Les personnages référentiels

Les personnages référentiels, englobent l’ensemble des personnages réels, cette

catégorie a une enracinement réaliste, qui aidé à la construction et à la lisibilité du texte,

selon SORIN,NÖELLE « le personnage référentiel comme composante de la lisibilité

sémiotique »76

Ces personnages sont basés sur l’acceptabilité de la cohésion et de la crédibilité ou de

non vraisemblance du texte.

Pour PHILIPE HAMON, le personnage référentiel renvoie à un signifié lui conférant

« un sens » (HAMON1977 :125) ,le personnage selon lui présente un objet sémiotique, ou

une unité de signification, c'est-à-dire chaque personnage existe dans le texte a un sens très

important dans la structure du texte.

Dans ce type des signes on trouve(les personnages historiques, les personnages

mythologiques, les personnages allégoriques, et les personnages sociaux)

Ces noms historiques, mythologiques, ou sociaux : « demandent à la fois d’être

reconnus (ils font alors appel à la compétence socio-culturelle du lecteur)et compris

(reconnus ou pas ils entrent dans un système de relations internes construit par l’œuvre

)(HAMON1977 :127)

74Hamon philipe,pour un statut sémiologique du personnage in poétique du récit de Roland Barthees , Paris, seuil,1977,p.225. 75Hamon Philipe ,pour un statut sémiologique du personnage ,in :Littérature,N°6,Mai 1972.PP.86-110. 76

French.chass.utoronto.ca »ASSA-No2

Page 52: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

53

Pour découvrir ce genre des personnages (personnages historiques, mythologique,…),il

faut que le lecteur soit cultivé, il faut qu’il aura un niveau culturel et intellectuel, et une

capacité ou une aptitude socio-culturelle dans des différents domaines, à titre d’exemple

les personnages historiques on trouve L’EMIR ABD EL KADER dans NEDJMA de

KATEB YACINE ,est un personnage purement historique, nous savons que ce personnage

est un personnage historique grâce à nos acquisitions tribales que nous avons étudiées en

l’HISTOIRE.

3.2. Les personnages embrayeurs

Les personnages embrayeurs sont considérés comme un organisateur textuel, c'est-à-

dire ce sont les personnages qui précisent la situation de l’auteur ou du lecteur dans le

texte ( narrateur , observateur , personnage , porte-parole ),ces personnages donnent au

chaque lecteur les informations les plus nécessaires dans l’organisations du texte qui lui

aide à mieux comprendre le contenu du texte et le rôle de chaque personnage, mais ce n’est

pas nié que leurs caractérisations est parfois délicate , c'est-à-dire le décodage du sens de

chaque personnage et quelque fois difficile , donc il est très important de connaitre le

contexte textuel puisque on trouve dans des différents textes l’auteur ne s’implique pas , il

est caché derrière un autre prénom «il » ou « je » , dans ce cas il faut faire une analyse du

héros pour faciliter la tâche au lecteur qui ne connait pas les données contextuelles du

passage et de l’énonciateur.

3.3. Les personnages anaphores

« ici une référence au système propre de l’œuvre est seule indispensable (…) ils sont en

quelque sorte les signes mnémotechniques du lecteur, personnages de prédicateurs,

personnages doués de mémoire, personnages qui sèment ou interprètent des indices »77

Pour PHILIPE HAMON les personnages anaphores, sont les personnages qui

interprètent les idées importantes dans le texte, qui aident le déroulement et la

continuation des événements du récit.

Pour le lecteur, cette classe des personnages présente un type de mémorisation, qui

exprime le contenu globale du récit, qui a le rôle d’enrichir la mémoire de lecteur à propos

de chaque élément dans le texte, cela veut dire que chaque personnage dans le récit est

77HAMON.P , Pour un statut sémiologique du personnages , poétique du récit 1977 , paris , seuil , p.123

Page 53: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

54

considéré comme une référence qui sert à préparer le lecteur de faire un ancrage des

informations essentielles dans son mémoire.

Les personnages sont créés à partir d’un ensemble des signifiants et des symboles

textuels qui sont existés dans le roman, à savoir le portrait physique, l’âge, le sexe…et le

portrait moral :la situation sociale, les aptitudes mentales ;c’est pour cette raison PHILIPE

HAMON a cité trois champs d’analyse principales :

1. L’être :

Il englobe l’ensemble des différentes caractéristiques que donne l’énonciateur à son

personnage qui contient le nom, le surnom, le portrait physique, les habits, le corps, tous

propriété morphologique, le faire, le dire, et le rapport aux lois morales qui est très attaché

à son être ;pour analyser un personnage, il faut suivre cette construction :

a. La dénomination (le nom et le surnom) :

le premier c’est le nom propre donné à chaque personnage ,est un détail très important

pour connaitre la personnalisation de tout personnage existe dans le texte, on peut trouver

un ou plusieurs ;le deuxième est un nom secondaire donné au personnage.

b. Le portrait physique :

Ici le narrateur caractérise le personnage par une description de ses traits de caractère,

ses qualités ou ses défauts, il donne les fonctions explicatives, évaluatives et symboliques.

c. Le corps :

« C’est la partie matérielle d’un être animé considéré en particulier du point de vue de son

anatomie, de son aspect extérieur »78;c'est-à-dire tout ce qui a une relation avec la

description physique du personnage.

d. L’habit :

Selon la définition de LAROUSSE, l’habit désigne la tenue particulière à une activité,

une fonction…cette notion dans un texte c’est la tenue qui reflète l’appartenance sociale de

chaque personnage d’après l’auteur.

78Définition : dictionnaire de français Larousse

Page 54: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

55

e. La psychologie:

« C’est l’ensemble des connaissances, des activités mentales ; ensemble des sentiments

exprimés dans une œuvre, ensemble des idées, des sentiments propre à quelqu’un, à son

groupe »79, la psychologie dans un texte c’est la collection de caractère exposé, qui

introduise la relation des personnages entre eux et la vie intérieure du chaque personnage.

f. La biographie :

C’est la référence au personnage, sa vie personnelle, sa famille, son entourage social,

d’après Larousse la biographie c’est l’histoire de la vie de quelqu’un relatée dans un récit.

2. Le faire :

C’est l’ensemble des actions et des rôles effectifs qui sont joués par le personnage au

sein de l’intrigue, PHILIPE HAMON affirme que l’être du personnage résulte d’un faire

précédent cela veut dire que le faire présent définit essentiellement l’être future du

personnage, pour PHILIPE HAMON le faire porte deux types de rôles :

2.a.Les rôles thématiques :

Qui renvoient à des espèces psychologiques(le jaloux, l’amoureux…) ,et

socioprofessionnels(le professeur, le médecin…),ils nous donne le sens et la valeur de

chaque personnage existe dans le centre de narration, ils sont variés mais seuls qui sont

pertinents ceux qui collaborent dans des domaines d’action favorisés par l’intrigue qui sont

les(axes préférentiels),ils reproduisent la structure de la réalité, ils permet aussi d’analyser

les points de ressemblances entre les personnages, du côté du sexe, l’origine géographique,

ou de l’affiliation idéologique ou politique, qui sont exprimés avec une manière

observable(explicite) ,qui renvoient aussi aux actes narratives essentielles, cela veut dire

que les rôles thématiques autorisent le lecteur a étudié tout ce qui a une relation avec les

personnages, ces faits, ces aventures, ces événements, ces actions, et ces ordres

chronologiques dans le récit, c’est : « De comprendre le sens profond et caché »80

Les rôles thématiques sont assurés par un ensemble des fonctions, un être (des

attributs) ;un faire(des rôles),un ensemble de valeurs, un rôle narratif(la situation dans

79Définition : dictionnaire de français Larousse 80Maupassant , le roman in Michel Erman, poétique du personnage de roman,p.87.

Page 55: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

56

l’histoire),selon Vincent jouve :« si le rôle actanciel assure le fonctionnement du récit, le

rôle thématique lui permet de véhiculer du sens et des valeurs. De fait, la signification

d’un texte tient en grande partie aux combinaisons entre rôles actanciels et rôles

thématiques »81.

2.b.Les rôles actanciels

Dans cette catégorie le personnage devient un « acteur » qui joue un rôle dans

l’action , on peut constater que le personnage représente plusieurs rôles , le sujet ne

caractérise pas obligatoirement un seule personnage , le sujet ou l’acteur peut être évoquer

par une seule personne ou une collectivité sociales ; ici « l’objet peut être apparu se forme

d’une personne , une chose , un évènement matériel , psychique ou sociale , un phénomène

naturelle , une idée , une théorie , etc. … Il peut être réel qu’imaginaire ou mythique , mais

il est toujours requis »82

Selon GREIMAS le terme personnage est devenu acteur qui repartit à des retouches

humaines (un reflet humain) ou non, GREIMAS propose (un genre actanciel) en donnant

six types d’actant : le héros sujet, l’objet, l’adjuvant, l’opposant, le destinateur et le

destinataire.

D’un autre coté nous allons nous appuyer sur les travaux de PHILIPE HAMON, qui a

proposé dans son œuvre (poétique du récit), que les rôles actanciels doivent étudiés à partir

de deux axes sémantique : initialement, il s’agit de réparer le programme narratif du

personnage, son savoir, son vouloir, et son pouvoir. En second lieu, nous devons connaitre

le rôle actanciel de chaque personnage dans le plan de narration.

Schéma actanciel, il sera comme suit :

81Jouve Vincent, La poétique du récit, éd.Arman colin,1997 ;p:53

82Denise Jodelet , les représentations sociales , Paris , PUF , 1991 , op . cité , p .37

Page 56: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

57

2.1. L’importance hiérarchique :

Cette notion définit le classement des personnages qui existe dans le récit selon leur

importance particulière, on distingue trois catégories de classification, les personnages

principaux« moins schématique »83, les personnages secondaire « défini par une seule

fonction ou une seule qualification »84, les personnages figurants qui ne jouent pas un rôle

important dans le récit :

a. Le personnage principal :

Ou le héros, c’est le personnage le plus observé dans l’histoire, il joue le rôle principal,

il se trouve toujours au sein de l’intrigue, selon PHILIPE HAMON le héros est : « le

personnage au portrait le plus riche, à l’action la plus déterminante et à l’apparition la plus

fréquente »85.

b. Le personnage secondaire :

Est un personnage dans un récit, qui n’est pas au centre principal de l’intrigue ; qui

apparait dans l’histoire pour être plus qu’un simple personnage mineur, mais ce n’est pas

83Hamon , PH , op , p 13 84Ibid , p 132 – 133 85HAMON PHILIPE , texte et idéologie : valeurs , Hiérarchie et évaluation dans l’œuvre littéraire , paris ,

presses universitaires de France , 1984 , p.47

Adjuvant

(Aidant)

Héros

(Sujet)

Opposant

(Adversaire)

Destinateur

(Émetteur)

Objet

(Objectif)

Destinataire

(Récepteur)

Page 57: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

58

nier les personnages secondaires qui jouent un rôle dans le récit ;qui participent aussi dans

la production du récit à côté de l’héros.

«… ceux qui en général, sont les plus proches de vos héros .ce ne sont pas des

personnages principaux pour autant, mais sans eux, l’intrigue serait bien différente(…)les

personnages secondaires vont donc venir épauler les héros, les aider dans leur quête, les

soutenir. ce sont eux qui vont donner la réplique au héros et qui vont équilibrer leur trait

de caractère »86

c. Le personnage figurant :

C’est le personnage qui est moins important que le personnage secondaire, est un

personnage qui joue un rôle passif dans le déroulement de l’intrigue, ce personnage n’a

aucune influence dans l’histoire, il n’est pas nécessaire dans l’intrigue du récit.

« il s’agit des personnages secondaires les moins importants de l’histoire, c’est pourquoi

ils ne devront pas occupe une place trop importante au sein de votre récit. Les figurants

vont simplement servir à apporter un peu plus de réalisme à un lieu ou bien une scène, un

peu comme les figurants que l’on peut apercevoir dans les films. Ils ne marqueront donc

pas vos lecteurs »87.

86

https://www.edilivre.com/les-differents-type-de-personnages-secondaires/ consulté le 16/08/2020 87 Ibid

Page 58: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

59

Quatrième chapitre : Pour une approche titrologique Onomastique Les titres ont fait l’objet de nombreuses analyses dans des domaines différents,

précisément dans la littérature, le titre occupe une place primordiale irremplaçable. Il est le

premier indice paratextuel qui attire le public. Des études faites par J.Ricardou, G.Genette,

R.Barthes, C.Duchet, L.Hoek…, qui montrent l’importance du titre en tant que support de

l’oeuvre littéraire.

Pour G.Genette, le titre , c’est « Un lieu (tardif ou non), un objet (symbolique ou non),

un leitmotiv, un personnage, même central, ne sont pas à proprement parler des thèmes,

mais des éléments de l’univers diégétique des oeuvres qu'ils servent à intituler. Je

qualifierai pourtant tous les titres ainsi évoqués de thématiques, par une synecdoque

généralisante qui sera, si l'on veut, un hommage à l'importance du thème dans le contenu

d'une oeuvre, qu'elle soit d'ordre narratif, dramatique ou discursif.».88 Pour lui, le titre est

une partie de ce qu’il appelle « le paratexte». La production d’un texte d’un écrivain

susceptible d’éclairer la production et la réception d’un texte donné. Le paratexte, dit

Genette, est une zone intermédiaire entre le texte et le hors-texte.

4.1.Définition et rôles du titre

Un titre est « ce signe par lequel le livre s'ouvre : la question romanesque se trouve

dès lors posée, l'horizon de lecture désigné, la réponse promise… »89

Le titre a une valeur primordiale dans la couverture du livre en tant qu’accès, qui s’ouvre

au lecteur. Il assure la prise en contact avec le texte et stimule la curiosité des lecteurs et

leurs intérêts et définit son horizon d’attente.

Dans une autre optique Claude Duchet le définit tel « un message codé en situation de

marché : il résulte de la rencontre d’un énoncé romanesque et d’un énoncé

publicitaire…»90

Dans la majorité des cas, le titre doit séduire le lecteur. Il a aussi la puissance de

fonctionner comme un texte publicitaire pour répondre aux besoins du marché.

88 Gérard Genette, Seuils, Paris, Seuil, 1987, p. 78.

89 GRIVEL Charles. Production de l'intérêt romanesque. Paris-La Haye : Mouton, 1973. p.173.

90

DUCHET Claude. « Eléments de titrologie romanesque », in LITTERATURE n° 12, décembre1973. P.49-73 consulté le 12 Aout 2020.

Page 59: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

60

Ainsi, il est un rapport très étroit entre « les lois du marché et le vouloir-dire de

l’écrivain »91 Tel le titre dans un texte publicitaire, peut réunir différentes fonctions, à

savoir : poétique (susciter l’admiration). conative (impliquer) et référentielle (Informer),

Ce qui nous permet d’entrer dans le monde des livres.

En outre, un titre assume deux fonctions principales92:

* Il est "mnésique" quand il sollicite le savoir antérieur (le déjà familier) du lecteur. Il

cherche à atteindre un public précis.

* De "rupture" quand il s’affiche comme nouveau et original. Son but est plutôt de se faire

de nouveaux admirateurs.

A travers une lecture analytique, le fonctionnement du titre dans l'oeuvre de Saad Khiari.

Le titre «Le soleil n’était pas obligé » écrit en gros caractères rouge, en haut de la

couverture après le nom de l’écrivain. Cela permet de rapprocher l’auteur de sa création.

Généralement, le « Rouge », couleur du feu et du sang. Sa puissance symbolise,

universellement, la vie. Comme dans notre cas cette couleur interprète la volonté du

personnage narrateur « Marie Cardona » de prendre en main son avenir, son destin. Le

rouge symbolise ici le renouveau de l’histoire et l’affaire de Meursault car elle n’était pas

clair.

Représenter aussi l'image de la femme, oublie et condamner au silence par les deux

auteurs « Camus, et Daoud » dans leurs textes.

Le « rouge » représente encore la période où Marie Cardona a quitté Alger, et le

meurtre de son fiancé « Meursault » : « je n’ai jamais été heureuse depuis que j’ai quitté

Alger et depuis la mort de Meursault. »93

91 ACHOUR Christiane, BEKKAT Amina. Clefs pour la lecture des récits : Convergences Critiques II.

Alger : éditions du Tell, 2002, p.71 92 BOUHADID Nadia. L’Aventure scripturale au coeur de l’autofiction dans Kiffe Kiffe demain de Faiza

Guène. Dans le site internet : ˂ http://www.memoireonline.com/08/08/1448/m_aventure-scripturale-coeur-

autofiction- consulté le 12 Aout 2020. 93

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 16.

Page 60: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

61

4.2. La signification du « soleil » dans L’Etranger et dans le soleil n’était

pas obligé

4.2.1. « le »

« Le » « le » étant un déterminant masculin singulier, appartient à la classe grammaticale

des déterminants spécifiquement, les articles définis. D’après Bescherelle la grammaire

pour tous (2006 :73), lorsqu’on utilise l’article défini devant un nom, on indique à celui à

qui l’on parle qu’il doit se demander qui est la personne, quel est l’animal ou l’objet dont il

est question. D’autre part il détermine un sujet prétendu connu par le récepteur du titre, il

prend, selon les grammairiens, la valeur de « notoriété » dite encore valeur anaphorique.

Dans ses travaux réalisés sur l’article défini, Langage et science du langage, Guillaume

Gustave94 affirme que ce dernier (l’article défini le) suppose un mouvement de pensée qui

va du singulier vers le général. La détermination est donc une composante accordé de

lecture implicite proposé par Saad Khiari. Pacte qui procède d’un désir d’établir dès le titre

une relation entre son imaginaire et la réalité.

« Soleil »

4.2.2. Le rôle du concept « soleil »

« Le Soleil est l'étoile la plus proche de la Terre, dont elle est distante d'environ 150

millions de kilomètres. Elle est utilisée comme unité de masse pour les

étoiles. L'énergie solaire, d'une importance capitale pour la Terre et notamment pour la

vie, est produite par les réactions nucléaires qui se déroulent au coeur du Soleil. »95

Le rayonnement solaire est responsable de la plupart des phénomènes

météorologiques observés sur la Terre.

Généralement il est le symbole de la vie, de la lumière, de l’amour, de la chaleur, de

la beauté

94Guillaume Gustave, Langage et science du langage, Revue belge de Philologie et d'Histoire Année 1967 45-1 pp. 146-152 95

https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/univers-soleil-3727/ consulté le 12 Aout 2020.

Page 61: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

62

Le soleil est un concept mondial, qui possède plusieurs et diverses significations

connotatives, y compris : littéraire, mythique, astronomique, associative, poétique et

d’autres.

Chaque culture est basée sur plusieurs concepts, mais parmi ces concepts chaque

peuple possède des notions particulières, qui créent la vision du monde nationale.

4.2.3. Le rôle de « Ne… pas »

Avec les verbes aux temps composés le ne… pas encadre l’auxiliaire :

NE + AUXILIAIRE + PAS + PARTICIPE PASSÉ

L’emploi de la négation (ne… pas), le fait que le soleil n’est pas obligé présuppose

qu’il (le soleil) a le choix de faire autrement. Mais personne ne peut le forcer à être juste

car il est puissant.

4.2.4. L’emploi de « Etait »

le verbe « être » à l’imparfait, présente l’action passée dans sa durée et en cours

d’accomplissement. C’est sa valeur fondamentale.

L’imparfait est notamment utilisé pour :

– indiquer l’arrière-plan du récit sur lequel se détachent les actions qui font avancer le

récit, exprimées, elles, au passé simple.

– pour décrire un lieu ou faire le portrait d’un personnage

– pour indiquer des actions qui se répètent

– pour faire un commentaire

4.2.5. L’emploi de « Obligé »

« Obligé » est le participe passé du verbe « obliger » qui signifie mettre dans la

nécessité de faire, assujettir par une obligation d’ordre juridique, assujettir par une

obligation d’ordre moral.

Le titre définitif et complet est répété deux (02) fois dans le texte :

Page 62: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

63

-« C’est comme un dernier clin d’œil à Meursault, histoire de le prendre à témoin et lui

dire que ce jour-là, sur cette plage de Zéralda, le soleil n’était pas obligé. »96

-« Je me dis toujours que le soleil n’était pas obligé. »97

Le terme « soleil » n`est pas habituel c`est pour cela son réemploi par l`auteur,

renvoie directement le lecteur avisé à la référence : de l`Etranger de Camus et Meursault

contre-enquête de Daoud.

Le soleil est l’étoile la plus surveillante de nos regards. C’est par sa chaleur et sa

lumière que tout développe et s’organise. Aucune vie ne pourrait s’en passer. le soleil tient

un grand rôle dans notre corpus. Alors que dans l’Etranger, c’est l’ éclat du soleil dans la

lame du couteau de l’Arabe « comme une épée brulante » fait impact sur la détente la

main de Meursault qui va pousser au meurtre, il lui fait retenir la tête et lui ôte le courage

de retrouver les femmes au cabanon, c’est la source de toute souffrance «À cause de cette

brûlure que je ne pouvais plus supporter, j’ai fait un mouvement en avant. Je savais que

c’était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d’un pas.»98 le

soleil est décrit plutôt comme un objet qui en impose à l’homme et au contrôle duquel

personne ne saurait échapper. Par contre dans le soleil n’était pas obligé, le soleil moins

piquant, il est froid, affaibli et décliner : « le soleil d’ici est froid » « le soleil commençait à

décliner à l’horizon »99

Le titre « Le soleil n’était pas obligé »

Le soleil n’était pas obligé, est un énoncé déclaratif elliptique et au négatif dont le titre

définitif et complet

L`analyse du titre qui révèle :

- Un lien explicite avec l`emprunt du mot « Soleil » atteste de vrai que notre idée de départ

que l`auteur aurait avec le terme « soleil » un lien très étroit avec les deux autres œuvres

comme un rapport intertextuel. Étant donné que l’auteur se situe consciemment ou

inconsciemment par rapport à ce qu`il lit.

96

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 169. 97 Ibid,p.174. 98

Albert Camus,L’Etranger, 2004, p.61 99

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p.17.

Page 63: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

64

- Une intégration d`un fragment visible qui renvoi à un texte antérieur, celui de l`Etranger

de Camus et Meursault contre-enquête de Daoud par l`usage du terme « soleil » ayant

déjà une présence importante dans les trois romans.

- Pour Saad Khiari, le titre est en premier lieu un respect à un grand écrivain ivoirien

Ahmadou Kourouma, l’auteur qui a reçu dans les années 2000 le prix Renaudot. Il a publié

son roman « Dieu n’était pas obligé »

-Deuxièmement, on revient toujours au texte référence, L’étranger de Camus, Meursault

dit, devant le tribunal, avoir tué à cause du soleil qu’il avait dans les yeux, et ce roman

vient quelque peu contester, et mettre en discussion cette thèse du soleil et nier cette notion

comme étant réelle ou juste, par la voix de Marie Cardona qui vient en Algérie à la

rencontre de Kamel Daoud.

Marie-Cardona que « le soleil n’était pas obligé », en référence à l’importance du soleil

incriminé dans l’assassinat commis par Meursault dans « l’Etranger ». Elle revient sur ce

message chaque fois qu’il parle de son malheur, celui de Meursault, le soleil n’était pas

obligé.

Page 64: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

65

Etude Onomastique

Pour pouvoir affirmer qu'il s'agit bien du même personnage ou non, il sera impératif

d'étudier attentivement les caractéristiques de chacun d'eux, le premier critère, le plus

légitime, est sans contredit le nom.

Dans ce chapitre qui se veut un essai de compréhension de quelques noms propres,

notamment les personnages de forts caractères, brillants, répétés dans les trois textes.

1- Références au texte

Tableau : Noms des personnages en interaction entre le roman de « Le soleil n’était pas

obligé » « Meursault, Contre- Enquête » et de « l`Etranger » et le saint Coran.

Références au texte littéraire

Texte

Nom du

Personnage

Dans

Le soleil n’était pas

obligé

Dans

Meursault, Contre-

Enquête

Dans

L`Etranger

Meursault Meursault Albert Meursault /

El-Mersoul

Meursault

Arabe Arabe / Moussa Moussa Arabe

Marie Cardona Marie Cardona Meriem Marie Cardona

Références au texte coranique

Moussa Moussa Moussa Arabe

Haroun Haroun Haroun /

Meriem / Meriem /

2- Signification des noms des personnages

a. Le nom « Moussa »

Moussa, est un prénom masculin d’origine arabe. Il s’agit de l’identique du Moïse de la

Bible (qui correspond au personnage biblique de Moïse de l'hébreu "mosheh".), personne

Page 65: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

66

arabe très répandu (mûsâ). C’est un, Symbole de la force, l’honnêteté. C`est le frère

d'Aaron et de Marie, et le fils d'Amrane,

Moussa est un prophète responsable de la libération d'Egypte du peuple juif. Moïse est

également présent dans les récits coraniques dans les versets de la version traduite le

confirment bien : «Et Nous révélâmes à la mère de Moussa [ceci]: ‘Allaite-le. Et quand tu

craindras pour lui, jette-le dans le flot. Et n’aie pas peur et ne t’attriste pas: Nous te le

rendrons et ferons de lui un Messager’.» (Sourate Al-Qasas, verset 7).

«Et c’est alors qu’un homme vint du bout de la ville en courant et dit: ‘Ô Moussa, les

notables sont en train de se concerter à ton sujet pour te tuer. Quitte [la ville]. C’est le

conseil que je te donne’.» (Sourate Al-Qasas, verset 20)

« Moussa est le prophète dont la vie est la plus relatée dans le Coran. En commençant

par son enfance, le Coran fournit un compte très détaillé de sa lutte avec Pharaon, de la

conduite défavorable de son peuple et de la façon dont le prophète Moussa les a invités à

la voie de Dieu. »100

« Prénoms approchants : Mussa, Musatafa, Moïse, Moché, Musa, Moussab, Moussaab,

Muaz, Moshé, Mousse, Moussha et Moussakz »101

Dans notre corpus, Moussa le personnage anonyme tué par Meursault dans l’Étranger

de Camus, Daoud lutter contre cette idée et lui donne un droit à ce prénom symbolique de

prophète après un anonymat, après Saad Khiari par une volonté de l’entente il a jumelé les

deux façons d’appellation. « Je vous aurais dit par exemple, que l’Arabe que vous appelez

Moussa, votre frère »102

b. Le nom Meursault

Meursault est le personnage principal de l`Etranger de Camus, en même temps le

narrateur, connu par son absurdité à travers le roman. Il est le meurtrier de l`Arabe. Son

retour par les deux auteurs algériens est très significatif. C`est un nom très répondu dans

les trois récits.

100

Les prénoms en Islam », [en ligne], disponible sur URL : http://sajidine.com/au quotidien/prenoms/ nomination .htm, consulté le 20/08/2020 101

https://madame.lefigaro.fr/prenoms/prenom/garcon/moussa, consulté le 20/08/2020 102

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 171.

Page 66: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

67

Les passages suivants prouvent une relation de coprésence de personnage Meursault « ni

Meursault ni son voisin Raymond ni aucun d’entre nous n’avait souhaité la mort de votre

frère »103

« Le titre en était L`Etranger, le nom de l`assassin était écrit en lettres noires et strictes en

haut à droite : Albert Meursault. »104

L’origine de ce mot, appartient à « une commune française viticole, située sur la route

des Grands Crus dans le vignoble de Bourgogne dans le département de la Côte-d'Or en

région Bourgogne-Franche-Comté. Ses habitants sont appelés les Murisaltiens. »105

L'appellation «Meursault» est « réservée aux vins tranquilles blancs ou rouges ».106

c. Le nom Marie Cardona / Meriem

"Marie" chez les chrétiens, "Meriem" chez les musulmans, elle est la fille du prophète

‘Imran et, et la soeur de Haroun. symbole de la pureté, un nom prophétique ,qualifiée, la

Vierge, Dans le Quoran Dieu dit : «Soeur de Hārūn, ton père n’était pas un homme de mal

et ta mère n’était pas une prostituée» (la Sourate Maryam verset 28)

Dans L’Etranger et le soleil n’était pas obligé, Marie Cardona, est la maîtresse de

Meursault. C’est une ancienne Dactylo du bureau de Meursault, ce personnage féminin

réemploie par Daoud, dans son roman, par le nom Meriem, est une jeune étudiante qui fait

une thèse sur L’Etranger, elle fait découvrir le livre à Haroun et avec elle, il apprend la

langue française qu`il utilise pour raconter sa version. « Dans ma vie, la seule histoire qui

ressemble un peu à une histoire d’amour est celle que j’ai vécue avec Meriem. Elle est la

seule femme qui ait trouvé la patience de m’aimer et de me ramener à la vie.»

L’actrice Meriem , fait référence à Marie Cardona l`amie de Meursault. Dans les deux

autres textes L’Etranger « (.....),Marie Cardona, une ancienne dactylo de mon bureau,

(.....). »107, et le soleil n’était pas obligé « Je m’appelle Marie Cardona et vous devez

savoir sans doute que Meursault et moi, nous avions envisagé de nous marier avant d’être 103 KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p.14 104 DAOUD, Kamel, Meursault, contre-enquête, Barzakh, Alger, 2013 p.171 105 https://fr.wikipedia.org/wiki/Meursault_(AOC) consulté le 20/08/2020 106 MEURSAULT, in : Bookine, [en ligne] disponible sur : http://www.bookine.net/meursault.htm consulté le 20/08/2020 107

Albert, Camus. L’Étranger, Gallimard (Folio), 1942. P. 27

Page 67: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

68

frappés par ce terrible malheur. »108, C`est un personnage qui symbolise le respect et

l`admiration et véhicule des valeurs culturelles et religieuses communes entre Islam et

Christianisme, dans le roman de Khiari « Madame Yolande m’a dit que Marie, c’est

Mériem chez vous et que les musulmans aiment beaucoup Marie »109, et même dans

« Marie (…)fait des blocages à cause d’Albert Camus…parler de Meursault comme d’un

assassin qui n’aime pas les Arabes. »110.

En fin, le réemploi des noms propres dans les deux œuvres est très significatif, Saad

Khiari avec son ami de métier Kamel Daoud interpellent la participation du lecteur pour

mobiliser sa mémoire et ses compétences culturelles afin de trouver les correspondances

entre le nom et se qu`il signifie autrement dit décoder l`emploi onomastique dans le texte

par le biais d`un raisonnement argumenté.

108

KHIARI Saad, Le Soleil n’était pas obligé, Alger, Hibr, 2018, p. 14. 109

Ibid.p.20 110 Ibid.p.69

Page 68: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

69

Conclusion générale

On guise de conclusion nous souhaitons pouvoir répondre aux différents

questionnements lancés dans notre problématique qui consiste à connaitre et trouver la

raison pour laquelle les deux auteurs Kamel Daoud et Saad Khiari ont réinvesti et exploité

les deux personnages Meursault et Marie Cardona, déjà évoqués dans L’Etranger d’Albert

Camus qui raconte l’histoire de « Meursaut », un jeune français qui a tué un arabe sur une

plage d’Alger, en 1942. L’« Arabe » la victime est désignée par ce terme et pas plus.

Meursault est emprisonné. Après son départ, il se calme, réalise qu'il est heureux et espère,

pour se sentir moins seul, que son exécution se déroulera devant une foule nombreuse et

hostile.

Notre travail porte sur les motivations qui ont poussé les deux auteurs à savoir Khiari

et kamel Daoud et justifier un tel choix. Dans notre travail nous avons évoqué la

transfictionnalité comme approche fondamentale.

Notre problématique consiste à connaitre les différentes motivations et les diverses

raisons pour lesquelles Kamel Daoud et Saad Khiari ont repris L’Etranger d’une manière

différente en faisant toujours de Meursault et Marie Cardona leurs personnages principaux

et ont les mettons et les plaçons dans un autre univers fictionnel à s’avoir le temps et

l’espace.

L’étranger a été pour eux le point de départ si c’est possible de dire L’étranger a été

leur source d’inspiration, Ce qui nous a poussés à se poser des interrogations sur les

raisons personnelles ou professionnelles des deux écrivains.

Pour pouvoir répondre à ces différentes questions nous avons évoqué des approches

que nous avons jugées adéquates pour notre travail.

Nous avons divisé notre travail en quatre chapitres le premier chapitre là où on nous

avons présenté notre corpus « l`Etranger, Meursault, Contre- Enquête et Le soleil

n’était pas obligé .

Le point suivant nous avons donné un survol sur les biographies des trois auteurs ont

partant toujours de L’Etranger, dans le deuxième chapitre nous avons présenté la

transfictionnlité que nous avons mise comme approche fondamentale au sein de la

transfictionnalité nous avons intégré l’étude des personnages de Philip Hamon car notre

problématique s’intéresse principalement à l’étude des personnages, dans le chapitre

Page 69: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

70

suivant, s’est présenté Meursault et Cardona comme personnages principaux et comme

objet d’étude à la fois, autrement dit c’est la reprise des personnages de Meursault et

Cardona qui ont marqué l’approche et l’acte de la reprise notamment Meursault qui parait

d’une manière attractive et captivante dans le deuxième volet qu’est Meursault, Contre-

Enquête, dans le dernier chapitre nous avons analysé les titres et les noms propres là où

nous avons évoqué l’analyse titrologique de L.Hoek, et l’analyse onomastique parce que

les noms propres présents dans les trois romans ont vraiment une valeur qui donne et offre

une autre étude globale et plus d’information qui participe à nous clarifier plus cette

reprise.

Nous avons essayé de répondre aux différentes questions, qui présentent les visions des

auteurs et leurs raisonnements et à la fois l’idée de reprendre les mêmes personnages et

intrigue où sera un choix conscient bien déterminé et étudié par les propriétaires des

histoires.

De ce fait, les trois romans composent un continuum narratif où chaque histoire a pu

résoudre une part de l’énigme créée par Camus dans le roman mère. Donc, Le corpus fait

entrer une forte influence exprimée par les auteurs qui sont poussés par des lectures

antérieures.

A la fin de notre travail nous trouvons que Kamel Daoud et à la fois Saad Khiari ont

exploité et ont profité de succès réalisé par L’étranger d’Albert Camus en faisant de

Meursault qui a été le personnage principal et à la fois le personnage énigme à cause et

grâce de son absurdité.

Nous trouvons également que l’ensemble des textes font partie d’une même diégése.

Si nous présentons ce corpus à un lecteur naïf non averti il croit certainement se sont trois

fragments différents d’une seule histoire venons d’une seule et unique source comme une

seul œuvre fragmentée à travers le temps. On prenant en considération l’acte de la

continuité évoquée déjà par Saint Gelais.

Page 70: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

71

Bibliographie

I. Corpus d’étude

1. Albert, C.( 2007). L’Étranger, Talantikit ,Béjaia.

2. Daoud, K. (2013). Meursault, contre-enquête, Barzakh, Alger.

3. Khiari, S. (2018). Le Soleil n’était pas obligé, Hibr, Alger.

II. Ouvrages et romans

1.Achour, C.( 2002). Clefs pour la lecture des récits : Convergences Critiques II, Tell,

Alger.

2. Albert,C.(1942). le mythe de sisyphe, Paris, Gallimard.

3.Aranda, D.( 1997 ). Le retour des personnages dans les ensembles romanesque, Paris.

4.Barthes, R .( 1966). Introduction à l’analyse structurale des récits, Paris, Seuil.

5.Denise, J. (1991). les représentations sociales, Paris.

6.Duchet, C. (1973). Eléments de titrologie romanesque, in litterature.

7.Fragonard, M. (1981). Précis d'histoire de la littérature française, Didier.

8.Genette, G. (1982). Palimpsestes : la littérature au second degré, Paris, Seuil.

9.Genette , G. (1987). Seuils, Paris, Seuil.

10.Grivel, C. (1973). Production de l'intérêt romanesque, Paris-La Haye : Mouton.

11.Guillaume, G. (1967). Langage et science du langage, Revue belge de Philologie et

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12.Hamon, P. (1972), pour un statut sémiologique du personnage ,in :Littérature.

13.Hamon, P. (1977). Pour un statut sémiologique du personnage in poétique du récit de

Roland Barthees, Paris, seuil.

14.Hamon, P. (1984). texte et idiologie : valeurs , Hiérarchie et évaluation dans l’œuvre

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15.Jouve, V. (1997). La poétique du récit, éd.Arman colin.

16.Maupassant, G. le roman, in Michel, E. (2006). Poétique du personnage de roman,

Paris, Ellipses.

17.Mitterand, H. (1979). Les titres des romans de Guy des cars, in Duchet, C,

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Page 71: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

72

18.Saint-Gelais, R. (2001). La fiction à travers I'intertexte : pour une théorie de la

transfictionnalité, dans René Audet et Âlexendre Grefen (dir.), Frontières de la fiction,

Québec/Bordeaux.

19.Saint-Gelais, R. (2007). Contours de la transfictionnalité, dans René Audet et Richard

Saint-Gelais (dir.), La fiction, suites et variations, Québec, Nota Bene.

20.Saint-Gelais, R. (2011). Fictions transfuges: la transfictionnalité et ses enjeux, Paris,

Seuil.

V. Articles

1. Noëlle, S. Le personnage-référentiel comme composante de la lisibilité sémiotique,

Université du Québec à Montréal, disponible sur le site : French.chass.utoronto.ca »ASSA-

No2

VI. Thèse consultée

1. BOUHADID Nadia. L’Aventure scripturale au coeur de l’autofiction dans Kiffe

Kiffe demain de Faiza Guène. Dans le site internet : ˂

http://www.memoireonline.com/08/08/1448/m_aventure-scripturale-coeur-

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2. Jacques, P. (2009). la transfictionnalité dans l'oeuvre , Mémoire de maîtrise,

Université du Québec à Chicoutimi. consulté le 11/07/2020.

IV. Dictionnaires et encyclopédies

1. Dictionnaire de français Larousse 2008.

2. Dictionnaire Reverso dictionnaire 2012.

3. Dictionnaire Internaute 2018.

Sitographie

1. https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/univers-soleil-3727/ consulté

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2. Les prénoms en Islam », [en ligne], disponible sur URL : http://sajidine.com/au

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3. https://madame.lefigaro.fr/prenoms/prenom/garcon/moussa, consulté le 20/08/2020

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73

4. Au cœur du comparatisme :langues,littératures et cinéma in connaissance et

savoir,disponible sur :https :books.google.dz/books ?isbn :2753904235.consulté le

01/07/2020

5. https://www.edilivre.com/les-differents-type-de-personnages-secondaires/ consulté

le 16/08/2020

6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Meursault_(AOC) consulté le 20/08/2020

7. MEURSAULT, in : Bookine, [en ligne] disponible sur :

http://www.bookine.net/meursault.htm consulté le 20/08/2020.

Page 73: THÈME : Meursault, Marie : ou la source d’un éclatement

74

Résumé Ce présent mémoire indiqué les liens et les rapprochement des trois textes par le biais

de l`approche transfictionnelle en particulier le retour des mêmes personnages, le

prolongement de même intrigue préalable, et le partage d’un même univers fictionnel.

L’auteur Saad Khiari avec Le soleil n’était pas obligé a réemploie des personnages de

L’étranger de Camus et Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud. l’auteur algérien,

khiari a créé une autre fiction où il imagine le futur des personnages déjà existés dans les

deux textes avant, avec un même espace fictionnel c’est-à-dire les trois romans composent

un continuum narratif.

Mots-clefs : L’étranger, Meursault, contre-enquête, Le soleil n’était pas obligé, l`approche

transfictionnelle, personnages, intrigue préalable, univers fictionnel, Saad Khiari,

continuum narratif.

ملخص

انشخصاث فس عىدة سا ولا ، انتحىم هج خلال ي انثلاثت انصىص ب انزوابط إنى ةانذكز هذ تشز

نى خلال" ي خاري سعذ انؤنف . نهذ انزوااث انثلاثت انخان فضاءان فس ويشاركت ، انسابقت انحبكت فس وتذذ ،

انكاتب ,داود لكا ل تحقق يىرسى ف و لأنبارث كاي , شخصاث الأجب استخذاو " نذنك يضطزة انشستك

يغاز أ تصىر يستقبم انشخصاث انستعهت ي قبم انص انسابق يع انحزص تخم خاري ابتكز انجزائزي

.فس انتكهت انسزدت تشكم تانثلاث انزوااث أ أي ،تخهانفضاء ان عهى استعال فس

انشخصاث ، انتحىه انهج ، يضطزة نذنك انشس تك نى ، انضاد انتحقق ، يىرسى ، انغزب: المفتاحية الكلمات

.انسزدي انتسهسم ، خاري سعذ ، انخان انكى ، الأونت انحبكت ، .

summary

This present memoir indicates the links and reconciliations of the three texts through the

transfictional approach, in particular the return of the same characters, the extension of the

same prior plot, and the sharing of the same fictional universe. author Saad Khiari with

The Sun Was Not Obliged has re-used characters from L’étranger by Camus and

Meursault, counter-investigation by Kamel Daoud. the Algerian author, created another

fiction in which he imagines the future of characters already existing in the two texts

before, with the same fictional space, that is to say the three novels make up a narrative

continuum.

Keywords: The stranger, Meursault, counter-investigation, The sun was not obligated, the

transfictional approach, characters, preliminary plot, fictional universe, Saad Khiari,

narrative continuum.