2
La rn~diatisation sans nuance des deux ~tudes n~gatives pour les femmes m~nopaus~es sous TH$ aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne a eu comme effet pervers la mise en danger du tiers des femmes m~nopaus~es qui utilisaient ce traiternent en France. C ' est-&-dire, selon I'Association fran- ?aise pour I'etude de la menopause (AFEM), les quelque 700 000 femmes qui ont abandonne le traitement, en renon?ant au suivi gyneco-biologique qui doit 6tre celui de toute femme menopausee, troubles climateriques ou non. Ce danger, c'est A la fois celui des cancers gynecolo- giques et celui du risque fracturaire osteo- porotique. Or selon I'AFEM, en deux ans 35 % des femmes sous THS I'ont aban- donne. Et par ailleurs, nombre de mede- cins ont renonce & le prescrire de crainte de poursuites, au cas oe... Pourtant, I'Afssaps, & chaque alarme a reitere ses recommandations que tout prescripteur devrait connaftre, et qu'on peut resumer en 8 points. • mmmm • m 1. Le THS ne se renouvelle pas automati- quement. 2. Le THS n'est pas recommande s'il n'y a pas de sympt6mes ni de facteur de risque d'osteoporose. 3. Le THS est prescrit s'il y a des symptSmes g6nants (bouffees de chaleur...). 4. La prescription ne doit pas etre forcee : informer la patiente, qui dolt ~tre volontaire pour le THS. 5. La prescription se fait & la dose minimum efficace et se renouvelle au cas par cas. 6. La duree du traitement sera la plus courte possible, selon le profil de la patiente. 7. II faut reevaluer I'inter6t reel du THS & chaque bilan (medico-biologique). 8. Le THS ne peut plus 6tre prescrit en pre- miere intention : il existe des alternatives. La mefiance des prescripteurs, la reticence des patientes (alors qu'il existe justement des alternatives) ne sont pas justifiees. Question : quand les gynecologues et les biologistes (bilans periodiques) reverront-ils les <,femmes perdues >> ? Ce n'est pas une boutade : c'est ,, une catas- trophe annoncee ,; dit I'AFEM. Le risque, c'est autant le cancer depiste trop tard que I'excesde peur du cancer (cancerophobie), c'est aussi I'ou- bli du risque de fracture par osteoporose non depistee, non traitee : en prevention primaire,ce n'est plus le THS mais les alternatives dispo- nibles. Enfin, I'AFEM regrette que soit passe sous silence la sous-etude de WIll montrant qu'un estrog~ne seul n'augmente pas le risque de cancer. J,-M. M. • m • m • mm • m • mmm • m • mmm • mm • mmm • mmmm • m THS : risque de cancer du sein, les donnees fran :aises E n 2002 puis en 2003, les etudes WIll americaine et MWS britannique ont cree I'inquietude & la fois chez les prescrip- teurs et chez les utilisatrices du traitement hormonal substitutif (THS), allant chez les premiers jusqu'au refus de prescrire, aux secondes jusqu'& I'abandon de tout suivi de la menopause. Pourtant, outre rappel par I'Afssaps de recommandations de bon usage du THS, une etude fran?aise d'envergure a fourni des donnees directement et vraiment applicables & la France, compte tenu de nos habitudes de prescription et de suivi des patientes. Depuis 1990, une equipe INSERM (Fran?oise ClaveI-Chapelon, IG R, Villejuif) suit quelque 100 000 femmes de 54 & 79 ans. L'etude E3N vise & cor- 1 2 Revue Fran?aise des Laboratoires, decembre 2004, N° 368

THS : risque de cancer du sein, les données françaises

  • Upload
    j-mm

  • View
    212

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

La rn~diatisation sans nuance des deux ~tudes n~gatives pour les femmes m~nopaus~es sous TH$ aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne a eu comme effet pervers la mise en danger du tiers des femmes m~nopaus~es qui utilisaient ce traiternent en France.

C ' est-&-dire, selon I'Association fran- ?aise pour I'etude de la menopause

(AFEM), les quelque 700 000 femmes qui ont abandonne le traitement, en renon?ant au suivi gyneco-biologique qui doit 6tre celui de toute femme menopausee, troubles climateriques ou non. Ce danger, c'est A la fois celui des cancers gynecolo- giques et celui du risque fracturaire osteo- porotique. Or selon I'AFEM, en deux ans 35 % des femmes sous THS I'ont aban- donne. Et par ailleurs, nombre de mede- cins ont renonce & le prescrire de crainte de poursuites, au cas oe... Pourtant, I'Afssaps, & chaque alarme a reitere ses recommandations que tout prescripteur devrait connaftre, et qu'on peut resumer en 8 points.

• mmmm • • • • m

1. Le THS ne se renouvelle pas automati- quement. 2. Le THS n'est pas recommande s'il n'y a pas de sympt6mes ni de facteur de risque d'osteoporose. 3. Le THS est prescrit s'il y a des symptSmes g6nants (bouffees de chaleur...). 4. La prescription ne doit pas etre forcee : informer la patiente, qui dolt ~tre volontaire pour le THS. 5. La prescription se fait & la dose minimum efficace et se renouvelle au cas par cas. 6. La duree du traitement sera la plus courte possible, selon le profil de la patiente. 7. II faut reevaluer I'inter6t reel du THS & chaque bilan (medico-biologique). 8. Le THS ne peut plus 6tre prescrit en pre- miere intention : il existe des alternatives.

La mefiance des prescripteurs, la reticence des patientes (alors qu'il existe justement des alternatives) ne sont pas justifiees. Question : quand les gynecologues et les biologistes (bilans periodiques) reverront-ils les <, femmes perdues >> ? Ce n'est pas une boutade : c'est ,, une catas- trophe annoncee ,; dit I'AFEM. Le risque, c'est autant le cancer depiste trop tard que I'exces de peur du cancer (cancerophobie), c'est aussi I'ou- bli du risque de fracture par osteoporose non depistee, non traitee : en prevention primaire, ce n'est plus le THS mais les alternatives dispo- nibles. Enfin, I'AFEM regrette que soit passe sous silence la sous-etude de WIl l montrant qu'un estrog~ne seul n'augmente pas le risque de cancer.

J,-M. M.

• m • m • m m • m • m m m • m • m m m • m m • m m m • mmmm • m

THS : risque de cancer du sein, les donnees fran :aises E n 2002 puis en 2003, les etudes WIl l

americaine et MWS britannique ont cree I'inquietude & la fois chez les prescrip-

teurs et chez les utilisatrices du traitement hormonal substitutif (THS), allant chez les premiers jusqu'au refus de prescrire, aux

secondes jusqu'& I'abandon de tout suivi de la menopause. Pourtant, outre rappel par I'Afssaps de recommandations de bon usage du THS, une etude fran?aise d'envergure a fourni des donnees directement et vraiment applicables & la France, compte tenu de nos habitudes de prescription et de suivi des patientes. Depuis 1990, une equipe INSERM (Fran?oise ClaveI-Chapelon, IG R, Villejuif) suit quelque 100 000 femmes de 54 & 79 ans. L'etude E3N vise & cor-

1 2 Revue Fran?aise des Laboratoires, decembre 2004, N ° 368

reler le rapport THS-cancer du sein. Selon les premieres donnees, I'association estro- gene-progestat i f augmente ce risque, meme si le traite- ment ne depasse pas 2 ans. Mais I'association estrogene- progesterone micronisee (chimiquement similaire & la progesterone naturelle), ne semble pas augmenter le

risque. E3N confirme donc le risque d 'augmentat ion du risque sous THS, avec une nuance : I'influence diff6rente selon nature des combinai- sons hormonales et de leur galenique. On salt qu'on ne peut pas comparer strictement les trai- tements utilises en France et dans les pays anglo-saxons et d'Europe du Nord. Nos THS associent le plus souvent un estrogene en patch ou en gel & la progesterone micronisee ou & des progestatifs de syn- these souvent differents des progestat i fs evalues dans WI l l et MWS. Le profil m6dian des patientes elles- memes est different ! Les donnees publiees concer- nent 54 548 femmes menopau- sees et I'evaluation du risque de cancer en fonction de la compo-

sition et de la duree du THS : moins de 2 arts, 2 & 4 ans, plus de 4 ans. Conclusion : I 'augmentat ion du risque, meme pour une courte duree de traitement, est de 1,2. Les femmes sous THS ont 1,2 fois plus de risque en moyenne (entre 10 et 40 %) de cancer du sein que les femmes non trai- tees. L'influence d'un usage meme de courte duree (moins de 2 ans) s'explique : le THS a pu favoriser I'evolution d'une tumeur dormante meconnue, non depistee. L'etude de I'in- fluence du THS selon sa nature donne un constat rassurant, note dans WI l l : pour les femmes hysterectomisees sous estrogene le risque de cancer du sein est minime, voire inexis- tant. Si un progestatif de synthe- se est associe & I'estrogene, le risque augmente de 40 %, inde-

pendamment de la vole d'admi- nistration de ce dernier. L'association estrogene-proges- terone micronis6e semble depourvue d'effet cancerigene, du moins & court terme, risque inf6rieur au risque lie & I'associa- tion estrogene-progestatif de syn- these. Resultats & confirmer pour un traitement de plus de 4 ans. E3N est la partie franqaise de I'etu- de europeenne EPIC du Centre international de recherche sur le cancer (Lyon), portant sur 500 000 Europeens de 10 pays et 2 cancers frequents : sein et cSIon-rectum.

J.-M. M.

64 es Sessions scientifiques de I'Association am~- ricaine du diab~te (ADA). Durant 8 semaines, les sujets trait~s ont re~:u quatre doses quotidiennes de 40 UI. On a not~ chez eux une meilleure m6morisation des mots, une meilleure humeur, ils ~taient moins col~reux et avaient davantage confiance en eux : I'insuline en intra-nasal aurait des effets sur les fonctions cognitives et la m~moire. II est pr~matur~ de relier diab~te et d6gradation cognitive comme dans I'Alzheimer (suggestion d~j~ propos~e), mais cette communication le sogg~re.

SOS AES

Selon une 6tude du minist~re de la Sant& les accidents d'exposition au sang (AES) constituent le premier risque physique per~:u par les professionnels de sant6 et influen- cent de mani6re significative leurs conditions de travail. Selon cette 6tude, 92 % des m~decins lib~- raux, 87 % des infirmi~res, 80 % des m6decins salari6s et 75 % des aides-soignantes se sentent expos6s au risque de blessure avec du mat6riel d'injection ou de pr~l~vement. On regrettera que den n'ait 6t6 dit quant aux biologistes, techniciens de laboratoire et pr~leveurs des Labm. A roccasion de la Journ6e mondiale de lutte contre le sida, le Syndicat national de I'industrie des technologies m~dicales (SNITEM) demande au gouvernement d'envisager << une v6ritable politique d'incitation ~ /'usage de dis-

posit i fs s~curis6s pour prot6ger les professionnels de sant6 du risque de contamination >>.

Diabbte apres diabete U ne 6tude danoise chez 481 femmes

traitees par r6gime pour un diabete gestationnel entre 1978 et 1985 et entre 1987-1996 et revues entre 2000 et 2002 indique que I'incidence du diabete install6 augmente chez les femmes ayant eu un diab~te per-gravidique. Les patientes ont subi un test de provo- cation hyperglycemique ou un test intre- veineux au glucagon, avec recherche des auto-anticorps anti-GAD (marqueur d'au- to-immunit6). Un diab6te a 6te diagnosti- que chez 40 O/o des femmes, une intol6- rance au glucose ou une hyperglycemie & jeun chez 27 O/o, mais dans le groupe de patientes le plus ancien 18,3 % etaient diab6tiques, contre 40,9 % dans le grou- pe le plus recent, oQ I'indice de masse corporelle (IMC) etait plus elev& Prise de poids gravidique excessive et intolerance au glucose en post-partum sent des pr6- dicteurs independants de diabete. I'augmentation de I'incidence du diabete chez ces femmes en 10 ans est due & I'augmentation de I'IMC au Danemark.

J.-M. M.

(1) Diabetes Care 27 (2004) 1194-1199,

Revue Fran(~aise des Laboratoires, d6cembre 2004, N ° 368 1 3