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SEPTEMBRE / OCTOBRE 2014 (5775) - NUMÉRO 65 - 3€ 5775 LE JOUR SE LÈVE !... n POUR TSAHAL, LA PROCHAINE GUERRE A DÉJÀ COMMENCÉ n FRONT DE GAUCHE ET AUTRES VISAGES DU TERRORISME INTERVIEW Paul Amar raconte « ses blessures » à Sylvie Bensaid PORTRAIT Optical Center, Laurent Lévy et le monde du partage SUPPLÉMENT : LES DOSSIERS D’ISRAËLVALLEY SITE OFFICIEL DE LA CHAMBRE DE COMMERCE FRANCE ISRAËL TOURISME ISRAËLIEN : OUZI LANDAU, LE MINISTRE DU TOURISME ISRAÉLIEN, SONNE LA RELANCE

Tj magazine N° 65

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SEPTEMBRE / OCTOBRE 2014 (5775) - NUMÉRO 65 - 3€

5775LE JOUR SE LÈVE !...

n POUR TSAHAL, LA PROCHAINE GUERRE A DÉJÀ COMMENCÉ n FRONT DE GAUCHE ET AUTRES VISAGES DU TERRORISME

INTERVIEW Paul Amar raconte « ses blessures » à Sylvie Bensaid

PORTRAIT Optical Center, Laurent Lévy et le monde du partage

SUPPLÉMENT : LES DOSSIERS D’ISRAËLVALLEY SITE OFFICIEL DE LA CHAMBRE DE COMMERCE FRANCE ISRAËL

TOURISME ISRAËLIEN : OUZI LANDAU, LE MINISTRE DU TOURISME ISRAÉLIEN, SONNE LA RELANCE

TRIBUNEJUIVE.INFO - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2014

3ÉDITO

Edité par : Yves Saro & Partners 78 Boulevard Soult - 75012 PARIS Directeur de la publication : Yves SroussiRédacteur en chef : André Mamou Directrice de la rédaction : Sylvie BensaidRedactrice en chef adjointe : Line Tubiana Secretaire de rédaction : Michelle Delinon Maquette : Emmanuel Lacombe Journalistes : Maxime Perez, Katy Bisraor AyacheOnt participé : Jean-Paul Fhima, Pascale Davidovicz, Kathie Kriegel Directrice de la publicité : Sylvie Marek Chef de publicité : Jeanine KonfortiPhotographe : Alain AzriaCrédits photo : Wikipédia, Stock.xchng

Commission paritaire en cours. Abonnements : 01 53 33 88 60

SOMMAIRENetanyahu à l’ONU - ISRAËL P4

Pour Tsahal, la prochaine guerre a déjà commencé - TSAHAL

P6

Les juifs de France cherchent à se rassurer - FRANCE

P10

La tentation du Djihad MOYEN-ORIENT

P12

Front de gauche, et autres visages du terrorisme - SOCIÉTÉ

P14

Ils les prostituaient sous prétexte de rédemption juive - ISRAËL

P19

Israël mise sur l’Azerbaïdjan ISRAËL

P20

Optical Center :Laurent Lévy et le monde du partage - PORTRAIT

P22

Paul Amar raconte « ses blessures » à Sylvie Bensaid - INTERVIEW

P24

Ouzi Landeau, le ministre du tou-risme Israélien, sonne la relance TOURISME ISRAÉLIEN

P26

Les cahiers d’ISRAËLVALLEY SUPPLÉMENT

P29

Technion, le temple israélien de la matière - ISRAËL

P33

Ils disent « Apartheid », Israël ré-pond « High-Tech arabe » - ISRAËL

P36

Le rabbin Abraham Bloch tué en 1914, un crucifix à la main COMMÉMORATIONS

P38

Les violons du cœur VENTE AUX ENCHERES

P39

Réhabilitation et inauguration du « Temple Israélite » de TULCEAINTERNATIONNAL

P40

J’ai de la chance, de Laurence Masliah - THÉÂTRE

P42

La dame du 6 - CINÉMA P42

Christian Estrosi invité d’honneur de la Fondation Françe Israël - FRANCE

P43

Omar Sy danse la samba CINÉMA

P44

Clap de fin pour la créatrice de Chloé - PORTRAIT

P45

SHOPPING P46

5775, un chiffre palindrome : en lisant de gauche à droite ou de droite à gauche, c’est identique et c’est le chiffre de l’an-

née hébraïque en cours.

Elle a été dure l’année 5774. C’est le moins que l’on puisse dire. On a tout vu défiler : en rangs serrés, les affreux, les méchants, les sournois.On ne va pas citer tout le monde : les condam-nations pour antisémitisme, le directeur de Rivarol estime que ce sont ses décorations. Dieudonné polémiste anti juif, est devenu marchand de haine. Sur France 2, Aymeric Caron s’acharne sur les invités qu’il n’aime pas : Arcady, B-H-L, Kouchner, juifs à qui on ne la fait pas.

Et il faut lire les journalistes français. Ils sont de gauche pour la plupart. Ils peuvent rêver d’une société socialisée où « la finance » ne dic-terait pas sa loi. On connaît leurs chimères et on constate leurs dégâts. Mais le problème est leur soumission aux idées dominantes, leur ali-gnement automatique : pour le Proche Orient c’est la petite Palestine occupée et exploitée par les colons israéliens. 5.000 roquettes tirées sur un million d’habi-tants devant s’abriter en 15 secondes sur une distance de 200 mètres, cela n’est pas retenu !

Le personnel politique est irréprochable dans les commémorations, les mots sont justes et les promesses tenues. Mais tant de lâcheté devant les communautaristes ou les multi culturalistes et quel aveuglement sur les raisons du glissement de la France périphé-rique vers le Front National ! Les manifestations sont lourdes de sens : 30.000 à Barbès pour assiéger la synagogue de la rue de la Roquette, 20.000 à Sarcelles pour incendier et piller les magasins de juifs et seu-lement 300 devant la Grande Mosquée pour le guide français décapité par des djihadistes.

Ce n’est pas le chômage des jeunes, le mal des cités, ce n’est pas l’importation en France d’un conflit du Moyen Orient, ce ne sont pas les bombardements sur Gaza qui expliquent leur déchaînement contre les juifs. Il y a mille français musulmans de souche ou convertis qui sont en Syrie pour faire le Dji-had, pour apprendre à bricoler une bombe, organiser un guet apens, trancher une caro-tide. Les juifs de France s’en vont. 5.000 sont déjà partis en Israël, combien d’autres vers Londres, New York ou Miami ? Non, ce n’est pas l’exode. Mais comme pour les flacons de ketchup, quand ça commence à descendre, ça dégringole vite.

Sur la bande de Gaza un million et demi d’habitants auraient dû connaître le bien être si les milliards déversés sur eux n’avaient pas servi à construire le métro de la mort pour y stocker les fusées de la mort. Le Hamas veut libérer toute la Palestine, rayer de la carte Israël et en chasser le dernier juif. L’ armée d’Israël a été contrainte de faire le ménage et plus de soixante jeunes soldats, nos frères, nos enfants, ont fait le sacrifice de leur vie : « ceux qui pieusement sont morts pour la patrie... »

L’année 5775 commence.

À l ‘ONU, le discours admirable de Neta-nyahu renvoie Mahmoud Abbas dans les ma-récages de sa duplicité. En Syrie, Isis, Daesh, l’État Islamique (trois mots pour une entité terroriste) contrôle des territoires , revend le pétrole des puits tombés sous sa domina-tion, décapite des Kurdes dont trois femmes. Obama envoie des F16, Hollande ses Mirage et Cameron ses Tornado.

Quand se lasseront-ils ? Quand confieront-ils cette mission à l’Iran qu’il faudra récompenser en acceptant ses centrifugeuses de la mort ? n

par André MAMOU

5775, le jour se lève !...

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4ISRAËL

Le message aux pays occidentaux engagés contre l’Etat islamique: « Vous gagnerez la bataille mais vous perdrez la guerre »

Netanyahu à l’ONU :« Pour l’amour de Sion je ne garderai pas le silence. » par Katy BISRAOR-AYACHE

P our la neuvième fois, Benjamin Netanyahu a prononcé hier (lundi 29 septembre) un discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Quelques jours après Mah-

moud Abbas. Après l’intervention du Président palestinien qua-lifiée par les Etats Unis et Israël de décevante et de provocatrice, le premier ministre avait promis de venir dire au monde la vérité d’Israël. Fidèle à ses priorités, Netanyaou a pourtant abordé es-sentiellement le thème du nucléaire iranien. Pour Tribune juive, Katy Bisraor analyse à chaud les grands points de ce discours.

Benjamin Netanyahu, contrairement à d’autres dirigeants du monde qui envoient leur ambassadeur ou leur ministre des affaires étrangères, continue chaque année, à venir en personne représenter Israël lors de la session annuelle des Nations-Unis. Pour Netanyahu, l’Onu est peut être un Machin mais reste une scène de choix. Une tribune pour dire la vérité d’Israël. D’autant plus que quelques jours auparavant, à cette même tribune, le Président palestinien avait accusé l’Etat d’Israël d’être un Etat terroriste, un Etat apartheid, responsable du génocide du peuple palestinien. Pour la neuvième fois, le Premier ministre israélien a donc de nouveau montré ses talents d’orateur.

L’IRAN, LE HAMAS ET L’ETAT ISLAMIQUE

Netanyahu fait volontairement un amalgame entre l’Iran, le Hamas, l’Etat islamique. Hamas et l’Etat islamique sont les deux branches d’un même arbre. Hamas = EI et EI = Hamas a dit Benjamin Netanyaou. Lutter contre le terrorisme de l’Islam extrémiste et laisser l’Iran acquérir l’arme nucléaire, c’est gagner la bataille et perdre la guerre.

A la tribune de l’Onu, le Premier ministre israélien a donné deux messages, tous deux destinés à être entendus par Barak Obama et les autres dirigeants européens.

• Pour Netanyahu, l’Islam des djihadistes contre qui l’Occi- dent a ouvert les hostilités et l’Islam des Frères musul- mans sont issus de la même idéologie et représentent tous deux une menace terroriste.

• Par ailleurs, le danger nucléaire iranien reste la menace suprême. Imaginez-vous que l’Etat islamique contre lequel vous avez décidé de vous battre ait aujourd’hui à portée de main l’arme nucléaire. Le nucléaire ne peut pas être dans les mains d’extrémistes dit Netanyahu.

Ces positions confirment le fossé qui sépare le dirigeant is-raélien et le Président des Etats-Unis. Obama aborde le Moyen-Orient, en zoom out, Netanyahu en zoom in. Pour Washington, qu’importent les détails, les poussées islamiques radicales dans certaines régions du Moyen-Orient. L’essentiel est que le monde occidental et les pays arabes modérés se mobilisent globalement contre le terrorisme. Pour Jérusalem, les détails augurent des dangers de demain. Des dangers contre Israël avec le Hamas à Gaza. Des dangers contre le monde tout entier avec le nucléaire iranien. Lorsque l’Iran aura l’arme nucléaire, les beaux sourires d’aujourd’hui se transformeront en discours agressif menace Netanyahu. Car Téhéran ne veut qu’une seule chose, la levée des sanctions.

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MAHMOUD ABBAS

Avec son discours de vendredi, Abbas avait fait voler en éclat le processus de paix. Benjamin Netanyahu à son tour, enterre des négociations déjà moribondes. Pour répondre à la violence des mots du Président palestinien, le Premier ministre a brandi une photo, prise par la télévision française France 24.

Des enfants palestiniens jouent aux côtés d’un lance-roquette dirigé contre Israël. Le Président palestinien a accusé Israël de crime de guerre. Mensonges. Placer des roquettes auprès d’en-fants, c’est cela un crime de guerre dit Netanyahu. C’est ce que fait le Hamas, le Hamas partenaire du président Mahmoud Abbas.

En d’autres termes, Netanyahu accuse le Président palestinien d’être, comme le Hamas, responsable des tirs de roquette contre Israël et par là de la mort de civils palestiniens.

LA PAIX DEMAIN

Benjamin Netanyahu tend pourtant la main vers la paix. Nous sommes prêts à des concessions historiques, dit le Premier ministre israélien. Mais le partenaire change. Netanyahu ignore l’Autorité palestinienne et parle d’un accord, d’une paix qui sera soutenue par les pays arabes modérés, la Jordanie, l’Arabie saou-dite. Belle idée, qui n’est pas nouvelle et qui semble toujours peu réaliste. Les pays arabes modérés restent très peu enthousiastes

devant l’idée de devoir s’impliquer dans le dossier palestinien. Cette proposition a comme seul avantage de permettre à Neta-nyahu de laisser d’une certaine manière une porte ouverte, tout au moins à demi-ouverte

LE DISCOURS ET SES LIMITES

Benjamin Netanyahu confirme une fois de plus qu’il connait l’art de la dialectique. Un discours, clair, net, tranchant comme la lame d’un rasoir, a dit un des collaborateurs du Premier ministre.

Pourtant ce type de discours a des limites. Bien que prononcé en anglais, il a été entendu par les convaincus, les Israéliens, les communautés juives à travers le monde. Benjamin Netanyahu n’a pas d’illusion. La vérité d’Israël a été dite mais n’a pas été en-tendue.

Ce discours ne change pas les données du Moyen-Orient et notamment le dossier iranien. Mobilisé contre l’Etat islamique, le monde occidental est sur le point de céder à Téhéran. Neta-nyahu prêche depuis près de vingt ans. Concrètement, il n’a pas convaincu. Pas encore. n

par Katy BISRAOR-AYACHE

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6TSAHAL

1 5,6 milliards de dollars : c’est donc l’enveloppe attribuée à Tsahal pour l’exercice 2015. Un budget qui intègre une hausse de 1,6 milliards de dollars pour les dépenses mili-

taires à venir, mais faussé par les quelques 2 milliards de dollars injectés pour couvrir les frais de l’opération « Bordure protectrice ». En fin de compte, les moyens attribués à la défense restent assez similaires à ceux des années précédentes. Un moindre mal alors que l’armée israélienne devait être soumise à une cure d’austérité jusqu’en 2016.

Evidemment, personne n’avait prédit que le conflit face au Ha-mas durerait 50 jours, ni que Tsahal se montrerait aussi dépen-sier. Mais face aux atermoiements de l’échiquier politique et au choix de Benyamin Netanyahou – trop prudent ? – d’opter pour une guerre d’usure, pouvait-il en être autrement ? D’importants stocks de munitions ont été utilisés pendant les frappes aériennes et l’offensive terrestre, la mobilisation de 80.000 réservistes a nécessité une logistique hors-norme, tandis que les missiles in-tercepteurs du système Dôme de fer, dont 9 batteries furent dé-ployées, ont largement contribué à créer un trou financier.

La querelle du budget résolue, l’armée israélienne peut donc aborder sereinement un nouveau cycle de préparation… à la pro-chaine guerre. Dans un Moyen-Orient toujours aussi efferves-cent, les défis sécuritaires ne manquent pas aux frontières d’Is-raël. A première vue, la formation d’une coalition anti-djihadiste autour des Etats-Unis est de nature à rassurer l’Etat hébreu.

A condition que les frappes visant les bastions de l’Etat isla-mique, et plus discrètement, ceux du Front al Nosra, ne renfor-cent pas trop l’axe chiite « Iran-Assad-Hezbollah ». « Vaincre le groupe Etat islamique et laisser l’Iran obtenir la bombe atomique

serait comme gagner une bataille et perdre la guerre », a lancé Benyamin Netanyahou, lundi, à la tribune des Nations Unies.

OBJECTIF : HEZBOLLAH ?

Voir le régime des Mollahs se doter d’ogives nucléaires reste la hantise des responsables israéliens. Mais pour Tsahal, une me-nace se mesure d’abord en capacités militaires concrètes. Celles de l’Iran se résument pour l’instant à ces missiles balistiques « Shihab », potentiellement non-conventionnels, dont quelques 400 exemplaires seraient dirigés de façon permanente vers le territoire israélien. A priori, les batteries du système Arrow-2 et celles du Arrow-3, bientôt opérationnel, devraient permettre une interception des engins balistiques iraniens au dessus de la Jor-danie, 7 minutes après leur envol.

Sans minimiser cette menace balistique, il en existe une nette-ment plus redoutable pour l’Etat hébreu : le Hezbollah. L’orga-nisation chiite libanaise a beau être embourbée dans le conflit syrien, elle dispose d’un arsenal de 100.000 roquettes et missiles, le plus impressionnant du monde arabe. Tout en subissant de lourdes pertes, le « Hezb » s’est aguerri en combattant aux côtés de l’armée d’Assad. Il n’est plus uniquement une force de gué-rilla, mais peut mener des contre-offensives en coordonnant ses mouvements avec des tanks ou des avions de combat, comme ce fut le cas dans toutes les villes reconquises par le régime syrien : Qalamoun, Qousseir et Yabroud.

Les capacités du Hezbollah posent aujourd’hui question, à tel point que le commandement nord de Tsahal n’exclut pas que la milice chiite soit, à terme, tentée de mettre à exécution un plan d’invasion d’une partie de la Galilée – via des tunnels ? – qui

Avant même d’avoir tiré les enseignements de la dernière opération à Gaza, l’armée israélienne a bataillé ferme pour obtenir un nouveau « budget de guerre ». Elle sait sa force de dissuasion érodée et doit rapidement bâtir une nouvelle doctrine.

Pour Tsahal, la prochaine guerre a déjà commencépar Maxime PEREZ

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fut dévoilé en 2011, avant le déclenchement des troubles en Sy-rie. Parmi les scénarios noirs envisagés par l’armée israélienne, l’avancée des combattants du Hezbollah serait couverte par le pilonnage de roquettes « Vulcano ». Ces projectiles artisanaux syriens, d’une portée maximale de 3 km, peuvent transporter jusqu’à 500 kg d’explosifs. A Homs, ex-bastion de la rébellion syrienne, des quartiers entiers ont été rayés de la carte sous le feu des « Vulcano ».

UNE NOUVELLE STRATÉGIE NÉCESSAIRE

La perspective de voir les kibboutz israéliens frontaliers du Liban soumis au même traitement de faveur fait froid dans le dos. Cré-dible ou pas, agiter le chiffon rouge aura permis à l’establishment sécuritaire israélien d’obtenir une hausse conséquente du bud-get de la défense pour l’année 2015. Le plus dur reste pourtant à accomplir : attribuer aux forces de Tsahal une nouvelle doctrine de combat.

La guerre à Gaza a d’abord relancé en Israël le débat sur une armée de métier, professionnelle, justifié d’une part par la ré-pétition d’incidents impliquant des « tirs amis » (Friendly fire) qui ont coûté la vie à une dizaine de soldats israéliens, mais

également par la lenteur du commandement militaire. Avec ses 170.000 hommes, Tsahal est aujourd’hui une armée lourde, pléthorique, et si la mobilisation des réservistes s’effectue rapi-dement, leur entrée sur le champ de bataille nécessite plusieurs jours de remise à niveau et de préparation logistique, exception faite des forces spéciales.

A l’image du chef d’état-major Beny Gantz, de plus en plus de généraux israéliens plaident pour la mise en place d’une armée plus compacte, avec des unités d’infanterie polyvalentes, facile-ment déplaçables d’un front à un autre, et dotées d’équipements de contre-guérilla – mini-drones, simulateurs de combat, robots.

Une telle mutation, qui donne aux tanks israéliens un rôle presque secondaire, permettrait de raviver la doctrine Ashkéna-zi. Lorsqu’il a pris les commandes de l’armée israélienne en 2006, au lendemain de la seconde guerre du Liban, Gaby Ashkénazi avait une doctrine claire basée sur trois points fondamentaux : la conquête rapide de territoires ennemis, un engagement total dans la bataille qui, à son issue, détermine de manière irrévocable un vainqueur et un vaincu ; enfin, l’utilisation d’une puissance de feu à même de rétablir durablement la force de dissuasion israé-lienne. Aucun de ces paramètres n’a été totalement appliqué lors

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8TSAHAL

Aujourd’hui, la force de dissuasion israélienne est amoindrie. En cas d’échec des négociations au Caire, les factions palestiniennes pourraient reprendre leurs attaques sur le sud d’Israël et au-delà. De bout en bout lors des cinquante jours de guerre cet été, elles ont pu constater que les tirs de roquettes contre Jérusalem et Tel Aviv ne constituaient plus une ligne rouge mais une norme, au même titre que Sdérot ou Ashkélon.

Au-delà des coups infligés au Hamas et des destructions à Gaza, cette incapacité de l’armée à faire la décision a eu un impact ex-trêmement négatif. Pour éviter que cette situation ne se répète avec le Hezbollah, dont la puissance de feu est dix fois supérieure à celle du Hamas et du Jihad islamique, l’armée israélienne doit savoir reprendre l’initiative quand la situation l’exige.

Depuis huit ans, Tsahal entraine ses hommes à la conquête du Sud-Liban, fief de l’organisation chiite où tous les villages ont été transformés en base-arrière logistique, centres de tirs, et postes de commandement. Sauf que sans attaque préventive, Israël pourra difficilement éviter une guerre de missiles contre ses lo-calités – dont certains experts estiment la durée à quatre mois. Un désastre en perspective pour l’économie israélienne et le tou-risme. D’autre part, les quelques 5.000 missiles de longue por-

tée du Hezbollah se trouvent aujourd’hui au cœur de Beyrouth. Comment donc les neutraliser si Tsahal n’envisage d’occuper que le Sud-Liban?

A Gaza comme au Liban, la solution ne peut être exclusivement militaire et la « hasbara » (communication) israélienne est inef-ficace si elle n’intervient qu’en réaction à une escalade. Si le Hez-bollah a déplacé ses armes de destruction massive à Beyrouth, ne faudrait-il pas d’ores-et-déjà alerter la communauté interna-tionale et les Etats-Unis, lesquels fournissent allégrement armes et munition à l’armée libanaise pour qu’elle repousse les djiha-distes à ses frontières ? L’anticipation est aussi une clé pour ne pas échouer dans la prochaine guerre. n

par Maxime PEREZ

PREMIERE

“subtil,touchant

une comédieDaniel

WoodyAllen”

Burman“le cousin

argentin

de

de

FELICIDADPAR LE RÉALISATEUR DU FILS D’ÉLIAS

AVEC GUILLERMO FRANCELLA ET INÉS ESTÉVEZ

drôle”

au cinéma le29 octobre

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10FRANCE

E t il est sincère, tout le monde le ressent: il ne veut pas que la France devienne hostile aux juifs. Il sait que les juifs n’ont plus vocation à subir et que s’ils s’en vont peu à peu, c’est

que le pays est sur une mauvaise pente.

La synagogue de la rue de la Victoire est pleine à craquer. Ma-nuel Valls, le Premier ministre s’adresse à une assistance qui n’est pas forcément de son bord mais qui l’accueille favorablement parce qu’il est jeune, qu’il est un petit catalan naturalisé français, parce qu’il veut changer les choses et qu’il répète les mots qu’il avait déjà prononcés : « La France sans ses juifs, ne serait plus la France ».

Que se passe-t-il donc en France pour les juifs ?

On peut écrire deux versions de ce qui se passe, les deux étant exactes mais peut être faut-il les présenter toutes les deux pour avoir une vision binoculaire. L’Alyah des Juifs de France s’accé-lère et elle aurait été multipliée par 4 pour le premier trimestre de 2014. Un commentaire relativise : pour une communauté de près de 500.000 personnes, 5.000 départs, cela concernerait un pour cent de la population. Si on corrige les chiffres en tenant compte de ceux qui vont revenir après avoir fait un beau voyage, on obtiendrait un chiffre supérieur à celui des années précédentes mais relativement pas très significatif. Cependant, la France est devenue le premier pays d’émigration des juifs avant les USA ou la Russie.

- Une autre façon de présenter les choses : Les Juifs de France ne quittent pas la France : le nombre de départs est faible, beau-coup reviendront et, pour un petit nombre , il ne s’agirait pas de s’installer en Israël mais de préparer un départ éventuel, au cas où les choses recommenceraient.

Alors de quoi parle-t-on dans les journaux ? Pourquoi ces édi-toriaux, ces articles à la une, ces chroniques à la radio, à la télé-vision ?

Il s’en est passé des choses : le martyre de Ilan Halimi, les assassinats commis par Mohamed Merah, le rabbin tabassé à la sortie d’un restaurant dans Paris XIXe, les deux jeunes juifs agressés après l’office à Créteil… des actes antisémites, des pro-pos contre les juifs, version intello ou version gros dégueulasse : Soral, Dieudonné... On a vu les manifestations de soutien à Gaza commencer à Barbès et finir par le siège de la synagogue de la rue de la Roquette, on a vu brandir dans les rues de Paris les dra-peaux du Hamas, ceux de Daesh ( État islamique en arabe) , or-ganisations officiellement terroristes. Des commandos de jeunes issus de l’immigration ont harcelé les forces de l’ordre : pavés, jets de pierres, de poubelles incendiées, ce fut l’émeute à Sarcelles et des scènes d’intifada s’y sont déroulées. Le nombre d’actes anti sémites a augmenté de 91% en deux trimestres. C’est trop, c’est inquiétant.C’est révoltant car il s’agit du XXIème siècles, il s’agit de la France. « Juif, juif, la France n’est pas à toi » crient dans la rue des crétins au crâne rasé, « Edbah Liyoud » (égorge les juifs) répondent d’autres débiles, visage masqué sous leur capuche.

Et partout dans les journaux, à la télévision, des attaques sour-noises, perfides contre les « sionistes », les calomnies contre Israël que l’on veut diaboliser (Aymeric Caron entre autres), ou alors un éditorialiste distingué tordant des phrases pour culpabiliser les juifs bref un climat délétère de mépris, d’agressivité à l’égard des juifs.

Il a mis une kippa noire et il est content que les photographes prennent le cliché et que demain il soit diffusé partout . Il parle de la judéité de sa femme, la violoniste, Anne Gravoin et il en est fier.

Les juifs de France cherchent à se rassurerpar André MAMOU

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11On ne va pas faire un inventaire mais chacun en est conscient,

tous ressentent que ce n’est plus comme avant : désormais la grille a été descellée et rien n’empêche les eaux d’égout de se déverser et de se répandre.

Ils veulent quoi tous ces antijuifs, violents ou hypocrites ? Qu’on s’en aille et qu’on leur laisse la place libre ?

Les autorités israéliennes ont des plans, des programmes d’intégration pour cinquante mille français qui pourraient venir s’installer en Israël dans les années à venir, en 5 ans ou plutôt en 10 ans… L’Agence Juive, le Ministère de l’intégration et de l’ab-sorption, ont reçu des dotations supplémentaires pour faire face aux besoins. Ce ne sera pas une opération du type « flying car-pet » comme pour les juifs éthiopiens mais un train de mesures ciblées, équivalence des diplômes, couverture sociale, aménage-ment de programmes scolaires, enseignement de l’hébreu...

CHACUN A SA RÉPONSE

Alors, vont-ils se décider à quitter l’Europe, la France, leur ville, leur famille et leurs amis ? C’est difficile de quitter Paris, la ville somptueuse, Paris ma belle ville. Comment pourront-ils gagner leur vie ? Arriveront-ils à se passer de la protection sociale la plus généreuse de la planète et affronter un monde dur et impi-toyable ? Chacun a sa réponse, chacun a un scénario : le couple de retraités, les jeunes en quête d’avenir, les actifs à mi parcours, les diplômés, ceux qui n’ont aucune formation, les religieux et ceux qui le sont si peu, la gauche béate, la droite forte, des destins, des parcours, des vies de juifs en diaspora.

LA PETITE ALYAH

Les juifs de France restent pour le moment assez contempla-tifs, regardant sans voir et cherchant à deviner les paysages à ve-nir. Il n’y a pas de phrases définitives, de décisions prises une fois pour toutes, plutôt des interrogations, des quêtes d’informations. Chacun se gratte la tête et tous envisagent des demi mesures faci-lement annulables. Le pays pourrait bien se redresser, l’écono-mie repartir, le PS abandonner ses chimères ou céder la place à Sarkozy ou Juppé.

Au Moyen Orient, de nouvelles alliances se nouent pour em-pêcher la déferlante islamique et le conflit avec les palestiniens pourrait devenir moins urgent ou peut être plus facile à mettre entre parenthèses le temps pour les arabes de se résigner à par-tager.

« Vous verrez, ça passera comme c’est venu » ou alors « ça commence à devenir sérieux, faut ouvrir l’œil et rester attentif ». En tout cas, il y a des faits qui ne trompent pas : il n’y a plus d’élèves juifs dans les écoles,les collèges et les lycées de la Seine Saint- De-nis, Ils sont dans l’enseignement confessionnel ou bien, ils ont déménagé. Une blague bien connue : untel a fait sa petite Alyah.

C’est quoi ? Il a quitté Créteil, Sarcelles ou Dugny pour un arron-dissement de Paris, pour Levallois ou Boulogne où il va se sentir davantage en sécurité.

Et il y a également d’autres signes avant coureurs : les étudiants doués, les « mention très bien », les reçus au premier concours , regardent ce qui leur est possible de faire à Londres, à New York, à Jerusalem malgré la différence des coûts et l’obstacle des lan-gues. Beaucoup ont quitté la France : combien y reviendront ? La communauté perd ses meilleurs éléments, c’est évident.

Ceux qui restent et n’envisagent aucun exode, ne sont pas dans une phase euphorique. Les chefs d’entreprise doutent à juste titre de l’amélioration économique et gèrent leurs entreprises en serrant les boulons, en se débarrassant rapidement des « sacs à problèmes ». On ne crée pas de nouvelles affaires, on n’investit que pour réduire la masse salariale. Les membres des professions libérales, les cadres et les directeurs scrutent l’horizon, craignant tous le coup de grisou.

« Les Français sont des conservateurs émeutiers » écrivait André Siegfried .

Comment cela a-t-il été possible ? Comment la France au beau visage s’est- elle mise à grimacer ? n

par André MAMOU

TRIBUNEJUIVE.INFO - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2014

12MOYEN-ORIENT

D ounia Bouzar, anthropologue, née d’une mère française d’origine italo-corse et d’un père maroco-algérien, tra-vaille avec le Ministère de l’Intérieur, et multiplie ses

passages à la télévision pour alerter sur les risques de recrute-ment de jeunes d’origine musulmane par les filières djihadistes.

Elle a démissionné du Conseil français du culte musulman, et est membre de l’Observatoire de la laïcité.

Elle milite au sein du CPDSI, le Centre de Prévention contre les Dérives Sectaires liées à l’Islam.

Alors qu’une énième candidate au djihad de 14 ans venait d’être interpellée à Quimper, alors qu’elle s’apprêtait à rejoindre les centaines de français qui combattent en Syrie et en Irak, elle témoigne dans le Grand Journal de Canal + le 29 août dernier.

Elle explique que 50 % des candidats au djihad sont des filles, que la majorité d’entre elles sont en études supérieures, de méde-

cine ou de sciences politiques, et qu’elles veulent changer la socié-té ou se projeter vers l’assistance sociale.

Elles se laissent embrigader parce qu’elles sont fragiles et sen-sibles à la douleur et à la souffrance.

Pour 70 % d’entre elles, elles sont issues de familles athées ou peu pratiquantes, ce qui veut dire que le terrorisme s’attaque en priorité à ceux qui ne connaissent pas l’islam.

Les parents qui s’alarment et contactent le CPDSI, le Centre de Prévention contre les Dérives Sectaires liées à l’Islam, sont majo-ritairement issus des classes moyennes et supérieures, beaucoup de professeurs, de fonctionnaires et de policiers.

Sur la plateau de Canal +, Fouad témoigne que sa sœur est en Syrie, qu’il y est allé en avril dernier, et que grâce à l’émir du coin, il a pu voir sa sœur deux fois.

Il dit qu’il n’a pas eu le temps de parler, juste de pleurer et de la serrer dans ses bras.

Elle est partie à 15 ans, elle en a 16 aujourd’hui, mais il ne peut pas dire que sa sœur est retenue contre son gré car cela la met-trait en danger.

« Il vaut mieux parler d’autre chose » dit-elle dit que les isla-mistes écoutent, et que lorsqu’une personne est là-bas, on ne peut

« Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l’enfer ».La tentation du djihad.

La tentation du Djihad par Pascale DAVIDOVICZ

Pour 70 % d’entre elles, elles sont issues de familles athées ou peu pratiquantes, ce qui veut dire que le terrorisme s’attaque en priorité à ceux qui ne connaissent pas l’islam.

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Dounia Bouzar, après avoir publié « Désamorcer l’islam radical. Ces dérives sectaires qui défigurent l’islam » en janvier dernier, sort un livre le 6 octobre prochain qui s’intitule :

« Ils cherchent le paradis ils ont trouvé l’enfer », aux mêmes éditions de l’Ate-lier, où elle raconte l’his-toire des familles qui ont essayé de contrer l’embri-gadement de leurs en-fants.

pas dire si elle veut rester ou si elle est séquestrée, sans mettre sa vie en danger.

Mais les familles veulent sauver leurs enfants, dit-elle, et des jeunes pleurent parce qu’ils ont compris qu’il n’y avait pas d’hu-manitaire, que ce n’étaient pas des musulmans, ni des êtres hu-mains normaux.

Ils ont assisté à des égorgements et ont vu couper la tête à des enfants syriens qui ne voulaient pas rentrer dans le groupe de ter-roristes, alors ils sont montés sur les toits pour aller sur Facebook et crier je suis avec des barbares !

Mais quand le mal est fait, c’est trop tard et ils deviennent de la chair à canon.

Internet est le support privilégié des recruteurs pour le djihad.

Sur leurs vidéos, ils vous font croire que vous vivez dans un monde de mensonge, que vous mangez des choses dégueulasses et dangereuses, que l’on vous ment à la télévision et que ce sont tous des vendus.

Que ce sont les juifs et les croisés qui manipulent pour leur pouvoir et complotent.

Face au rejet du monde réel, la seule voix de sortie est le djihad.

Et d’un coup, un gosse heureux, bon élève, peut basculer en 3 semaines car la méthode est pernicieuse et implacable.

L’endoctrinement fulgurant concernerait plus d’un millier de jeunes qui sont partis faire le djihad. n

par Pascale DAVIDOVICZ

5 rue Alfred de Vigny - 75008 Paris - Tél. : 01 82 28 95 [email protected] - www.fondationfranceisrael.org

Nicole GuedjAncien Ministre,

Président de la Fondation France-Israël et le Conseil d’Administration en France et en Israël

vous souhaitent

SHANA TOVAQue l’année 5775

soit porteuse de Paix, de sérénité et de solidarité. Qu’elle consacre l’amitié

entre la France et Israël.

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U ne mécanique de la violence antijuive s’est emparée de notre société. Longtemps, on a cherché à la minimiser, voire l’ignorer.

Le 20 novembre 2003, un jeune parisien, Sébastien Sellam (23 ans), était sauvagement assassiné à coups de fourchette et de couteau par son voisin de palier qui disait après les faits « J’ai tué un Juif, j’irai au paradis ». La thèse de l’acte antisémite n’a pas été retenue au terme d’une longue procédure pénale qui vient récemment de s’achever.

Un documentaire reviendra le 17 octobre prochain (sur France 3, à 23h20) sur les circonstances de l’assassinat d’Ilan Halimi en janvier 2006, torturé à mort par la gang des barbares de Youssouf Fofana. La brigade criminelle de Paris chargée de l’enquête avait, semble-t-il, sous-estimé le mobile antisémite.

Le 19 mars 2012, la tuerie de l’école Ozar Hatorah de Toulouse faisait quatre victimes dont trois enfants (Jonathan Sandler, ses deux fils et Myriam Monsonégo, fille du directeur de l’école). Mohamed Merah, le tueur au scooter, voulait « venger les enfants palestiniens ».

Tuer un Juif n’est pas un simple fait divers, fruit du hasard, d’un accident ou d’un acte fou. Il est faux de dire que les hordes furieuses, qui ont attaqué les synagogues l’été dernier, sont dépolitisées. Au contraire.

UNE COLLUSION CRIMINELLE S’EST ÉTABLIE ENTRE LES PIRES REVENDICATIONS VIOLENTES ET LE DISCOURS DÉCOMPLEXÉ DE « LA GAUCHE DE LA GAUCHE ».

SOCIÉTÉ

Ceux qui ont crié « mort aux juifs » en juillet dernier ne sont pas des jeunes radi-caux, paumés et marginaux, dépolitisés et ultra minoritaires. Mieux organisés et entrainés qu’il y parait, ces activistes ont fait de la cause palestinienne le nouveau paradigme de la lutte des classes.

Front de gauche et autres visages du terrorisme par Jean-Paul FHIMA

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15 Le Front de gauche, fondé en 2009, est une alliance entre

le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche (PG) et six autres organisations de gauche et d’extrême gauche. Le NPA (Nou-veau Parti Anticapitaliste) est issu de la Ligue Communiste révo-lutionnaire (LCR), trotskiste et libertaire. La mouvance altermon-dialiste (dont ATTAC créée en 1998) se définit par un militantisme antilibéral et écologique.

Leur principaux items fondamentalistes résident dans « l’urgence » : urgence économique et sociale, urgence politique, urgence environ-nementale, et... urgence palestinienne.

Dès les années 1970, les mouvements marxistes révolutionnaires dénoncent en France et à l’étranger l’axe diplomatique entre Israël et les Etats-Unis, grand Satan capitaliste. Depuis, le discours de Ba-rack Obama au Caire (4 juin 2009) pour un « new beginning » avec les pays arabo-musulmans, a été un vrai mea culpa de l’Amérique. Israël, seul sur le banc des accusés, reste « une sentinelle de la coloni-sation libérale » (José Bové, mars 2002). Et tous les Juifs du monde, complices, en incarnent la récurrence.

Internationaliste, tiers-mondiste, anti-impérialiste, et antisio-

niste, le frontisme de gauche a donc fait progressivement de la lutte pro-palestinienne un symbole-placard au nom de tous les exclus du système-monde.

A la faveur d’un communautarisme galopant dans la popula-tion française, ce mouvement politique marginal s’est rapidement étoffé d’un réseau solide d’associations, de collectifs humanitaires et d’ONG regroupées dans la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine dont fait partie le Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP) lié au Hamas (Gilles Paris, Le Monde, 4 juin 2010).

CETTE GAUCHE SE DIT DANS ‘’L’URGENCE’’, AU CHEVET DE LA SOCIÉTÉ MALADE. EN RÉA-LITÉ, C’EST LA SOCIÉTÉ QUI EST MALADE DE CETTE GAUCHE.

Une obsession maladive de « l’urgence » progresse dans les men-talités, surtout chez les jeunes.

Dans les banlieues, l’Etat islamique en Irak serait assez populaire. Un sondage (controversé) de l’Agence d’informations russe Rossiya Segodnya, a été réalisé entre le 11 et le 21 juillet 2014 sur 3 007 per-sonnes interrogées par téléphone (1 000 en Grande-Bretagne, 1 006 en France et 1 001 en Allemagne). On y indique que 16% des jeunes français auraient une opinion favorable à l’égard de l’EI contre 7% au Royaume-Uni et 2% en Allemagne.

L’appel au jihad serait pour ces populations fragiles, « en manque de repères », une sorte de quête identitaire. Celle-ci est réapparue dé-cisive dans un nouveau combat de classes, étonnamment archaïque mais réactivé. L’extrême gauche est plus que jamais déterminée à

parler au nom des minorités et des marges. Au point d’entretenir des « liaisons dangereuses » entre le politique et le religieux (Alexandre Devecchio Le Figaro, 23 juillet 2014).

Le NPA par exemple, rappelle Laurent Bouvet (directeur de l’Ob-servatoire de la vie politique, Ovipol), « est très proche d’un discours religieux périphérique ». On se souvient que ce parti avait présenté une candidate voilée, Ilham Moussaïd, (étudiante de 21 ans) sur la liste de ses candidats dans la région PACA aux élections régionales de 2010. Ce qui avait suscité émoi et polémique au pays de la laïcité.

La gauche antilibérale soutient un islam revendicatif et prosélyte malgré le commandement originel de rejeter toute religion « opium du peuple ». Nullement perturbée par cette contradiction, elle voit dans l’islam une nouvelle forme de combat pour l’émancipation sociale. Revendiquer son appartenance religieuse reviendrait à revendiquer son appartenance de classe. Compromission qui vire à l’aveuglement déraisonnable quand il s’agit de nier le danger de l’islam radical. Tout le monde le voit, sauf la gauche... radicale.

Les jeunes de banlieue partis en Syrie pour faire le jihad, re-viennent ou vont revenir en France... pour la continuer.

Mais beaucoup de ces jeunes restent chez eux, sans pourtant

abandonner leurs projets d’en découdre. Transformés en piétaille salafisée, ils sont convaincus de pouvoir mener ici même un jihad de l’intérieur... contre « les suppôts d’Israël. » Voilà donc ces moudjahi-din made in France qui déclarent courageusement la guerre sainte

Le vrai visage du terrorisme : ses victimes.

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aux Juifs qui représentent moins d’un pour cent de la population totale.

Les militants de la gauche révolutionnaire n’ont jamais, quant à eux, abandonné leur rêve du « Grand Soir ».

Il existe bien des apparentements idéologiques et politiques entre l’islamisme international et les visées universalistes de l’extrême gauche : conquérir le monde et imposer une paix sociale à une seule et même classe unifiée d’individus.

UN SEUL MONDE POUR UN SEUL PEUPLE ! LE CALIFAT SUNNITE DE MOSSOUL EST UNE FORME ANTIMODERNE DE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT.

Cette gauche-là n’a plus besoin de passer par le militantisme de base. Elle propose aux jeunes un jihad « à domicile ».D’après Anne-Elisabeth Moutet (correspondante de Newsweek), ces jeunes français musulmans issus de l’immigration et biberonnés à la haine d’Israël et des Juifs, « ont été submergés par les chaînes satel-lites et la propagande sur Internet. (…) Ils composent le vivier d’un nouvel antisémitisme » (Marianne, 27 août 2014).

CES JEUNES GENS RADICALISÉS, LA GAUCHE FONDAMENTALISTE LES CUEILLE AU NID.

Certes, le mouvement anarcho-palestinien, persuadé de travailler pour la paix et la justice, réfute toute allégation dans ce sens. Pour en convaincre nos concitoyens, il dispose d’ailleurs de solides assises intellectuelles et politiques.

Assimiler l’islam à un nouveau fascisme est « un amalgame gros-sier » écrivait le chercheur Stefan Durant en novembre 2006 (Le Monde diplomatique). Parler de totalitarisme islamique assurait-il à l’époque, est une façon de jouer avec des concepts vides comme « des dents creuses. »

« C’est l’Occident qui est coupable de tout » nous dit Edwy Plenel, « car l’homme blanc est mauvais, colonisateur et esclavagiste. » Les Musulmans en sont les grandes victimes que personne ne comprend, insiste le patron de Médiapart qui voit dans Mehdi Nemmouche, le tueur de Bruxelles, un « pur produit occidental » humilié et stigma-tisé par l’injuste société libérale ! (Causeur, 25 septembre 2014).

Pascal Boniface, spécialiste en relations internationales, directeur de l’IRIS, regrettait dans le Nouvel Observateur (10 mars 2014), que le conflit israélo-palestinien devienne « le plus clivant de notre so-ciété » continuellement fait de « divisions et de tourments », sujet d’ « un débat passionnel (…) qui aurait à gagner en rationalité (Nouvel observateur, 27 juillet 2014). Ce qui est dommage, c’est que Boniface semble s’en réjouir plutôt que de s’en plaindre. S’il peut même contri-buer au clivage, il n’hésite pas.

« L’Antisémitisme : à l’exagérer, on ne fait que le renforcer » ex-plique-t-il encore (Nouvel Observateur, 27 juillet 2014). Au lieu de stigmatiser les jeunes de cité, il faut, persiste Pascal Boniface, « dyna-miter les idées reçues ». La tactique, selon lui, qui consiste à grossir « artificiellement » l’ampleur du phénomène antijuif pour « prévenir toute critique de l’action israélienne » sous-entend une connivence entre Juifs de France et Tsahal, laquelle connivence pourrait expli-quer les débordements.

SOCIÉTÉ

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17 « Pascal Boniface est tellement obsédé par les Juifs et Israël que

dans son dernier livre ‘’La France malade du conflit israélo-palesti-nien’’, il s’acharne à relativiser le mobile antisémite de Fofana et de son Gang des barbares, les assassins et bourreaux d’Ilan Halimi » (Frédéric Haziza, Huffington Post, 25 mai 2014).

Le député PCF Jean-Jacques Candelier a évoqué à l’Assemblée nationale « le grand capital apatride », sous-entendu antisémite qui « n’est pas loin des protocoles des sages de Sion » (Pierre Lellouche, député UMP, l’Express, 25 juin 2014). Le même élu communiste s’est récemment fait remarquer en demandant la dissolution de la LDJ « organisation criminelle fasciste » a-t-il dit.

« Quand les synagogues se comportent comme les ambassades, il n’est pas étonnant qu’elles subissent les mêmes attaques qu’une ambassade », a twitté Pierre Minnaert, délégué du parti écologiste EELV, le 12 juillet 2014. « Je ne vois pas comment on peut lutter contre la dérive antisémite de jeunes de banlieue quand les synago-gues soutiennent Israël » a-t-il ajouté peu après.

Lors du 3ème congrès du Parti de gauche à Bordeaux, Jean-Luc

Mélenchon traitait Pierre Moscovici, alors ministre de l’économie, de « quelqu’un qui pense dans la langue de la finance internationale » (Le Monde, 24 mars 2013). Se disant « du côté du faible et de l’hu-milié parce que nos valeurs, c’est la liberté, l’égalité et la frater- nité », il déclarait dans un violent discours à l’université d’été du Par-ti de Gauche à Grenoble (24 août 2014) que la communauté juive est « agressive [et] fait la leçon au reste du pays. » Evoquant un « géno-cide à Gaza », il y faisait d’insupportables analogies. « La race supé-rieure, ça ne vous rappelle rien ? (…) Si nous avons quelque chose à dénoncer, c’est ceux de nos compatriotes [juifs] qui ont cru, bien inspirés, d’aller manifester devant l’ambassade d’un pays étranger ou d’aller servir sous ses couleurs les armes à la main. » a encore martelé Jean-Luc Mélenchon à Grenoble.

« LA GAUCHE EST FIÈRE DE CES JEUNES DE BANLIEUE SOLIDAIRES ET RESPONSABLES ! » (JEAN-LUC MÉLENCHON)MERAH ÉTAIT UN JEUNE DE BANLIEUE. FOFANA AUSSI.

Ces valeurs humanistes de la « gauche pure », pacifiste et amie des peuples qui souffrent, Mélenchon les oublie vite dans d’autres cir-constances. En avril 2008, il défendait avec hargne, sur son blog, la détermination de la République populaire de Chine contre le Tibet en révolte pour son indépendance. Plus récemment, il ne cachait pas son admiration pour les régimes totalitaires comme celui de Fidel Castro à Cuba (Grand Soir, journal alternatif, 23 juin 2010) ou celui de son ami Hugo Chavez au Venezuela (France Inter janvier 2011, Nouvel Observateur 6 mars 2013).

Pendant ce temps, les banlieues crépitent.Marc Hecker, historien du mouvement palestinien en France, parle de « minorité agissante » qui pratique une « délinquance politi-

sée » (revue Confluence Méditerranée, 2013/3 n°86). Il confesse que « l’antisémitisme progresse dans la population », et avoue « je ne suis pas optimiste (…) la tendance de long terme n’est pas à l’apaisement ». (Télérama, 21 juillet 2014).

A qui la faute, monsieur Mélenchon ?

La fête de l’Humanité (12 au 14 septembre, parc de la Courneuve) n’a pas lésiné en tracts musclés qui paraissaient sortir tout droit du mégaphone géant d’un chauffeur de salle : « Aux actes, citoyens ! (…) La colère monte dans le pays … colère du peuple qui se sent trahi et humilié ! (…) La peur doit vite changer de camp. (…) Se rassembler est d’une urgence vitale. (…) Il faut ouvrir en grand ce dialogue en lien avec les luttes, avec toutes les forces vives de la société, avec tous ceux et celles qui expriment les urgences populaires. (…) Revenons à une convergence des espoirs pour remettre au cœur de la politique l’humain et le progrès partagé. »

A propos de conflit de Gaza on pouvait lire et entendre : « Dési-gnons le respon-sable de cette nouvelle tragédie. (…) Gouvernement complice de l’agression contre le peuple palestinien. (…) Protégeons la population face aux menaces. (…) Le Hamas a maintes fois répété qu’il n’est pour rien dans le rapt et l’assassinat des trois adolescents israéliens. »

Est-ce pour célébrer « l’humain et le progrès » que la fête de l’Hu-

manité a été dédiée au meurtrier Marouane Barghouti ? Ce terro-riste est lié aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, une des nombreuses organisations palestiniennes spécialisées en attentats-suicides. Il a été condamné à perpétuité par Israël. Son portrait de « héros révo-lutionnaire » estampillé PCF inonde les panneaux d’affichage de la région parisienne. Le message subliminal contenu dans de telles affiches est le suivant : « jeunes gens rejoignez le PCF, lui seul est capable de défendre votre cause. »

Alain Pojolat est un autre représentant de la cause palestinienne. Ce révolutionnaire professionnel, membre du NPA, peu connu du grand public, sera jugé à Paris, le 22 octobre 2014, pour avoir orga-nisé l’une des manifestations interdites sur la voie publique en juillet dernier. Il a déjà été condamné avec sursis pour avoir réclamé, dans une autre manifestation non autorisée, la libération du terroriste li-banais, Georges Ibrahim Abdallah, chef présumé de la Fraction ar-mée révolutionnaire libanaise (FARL), assassin de deux diplomates en janvier et avril 1982.

Alain Pojolat a d’abord milité à la Jeunesse Communiste Révolutionnaire puis dans les comités Vietnam et à la Ligue Com-muniste (future LCR puis NPA). Il a été membre du groupe « Ré-volution ! » de 1973 à 1976. Après son éviction de la CFDT, il s’est rapproché d’une certaine Nathalie Ménigon, co-fondatrice en 1978 d’Action directe. Ménigon a participé à plusieurs attentats et assas-sinats dont celui de Georges Besse, PDG de Renault, en 1986. Elle a été condamnée à perpétuité mais libérée en 2008.

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18A TRAVERS LA CAUSE ISLAMO-PALESTINIENNE, LA GAUCHE RÉVOLUTIONNAIRE RENOUE AVEC SES ORIGINES TERRORISTES.

Pour ce faire, elle exhume habilement le mythe de la révolution mondiale. Avec le concours non négligeable des journalistes de ce pays.

Dans Regards, mensuel communiste (16 juillet 2014), Emmanuel Riondé, n’hésite pas à voir dans la Palestine « la tranchée avancée de la guerre globale » que livre « le peuple du monde » contre « l’injus-tice structurelle ». Ainsi, le conflit à Gaza serait la régénération d’un combat ancestral et bipolaire.

Dans le journal Le Monde, Hélène Jaffiol et Hélène Sallon ont mené une enquête exclusivement à charge « sur les exactions israé-liennes » pendant l’opération Bordure protectrice. Le catéchisme pro-palestinien y est repris à la lettre, au point d’affirmer qu’une habitation garde son statut civil, même transformée en arsenal de guerre, et même en présence de membres du Hamas (23 août 2014). Arguant qu’« il n’y a aucune preuve de boucliers humains », les au-teures de cette « enquête » placent Israël immanquablement dans ce fameux camp du mal occidental dont parle Edwy Plenel.

Pierre Barbancey, du journal L’Humanité, a écrit que « l’armée israélienne s’est déchaînée » par des « déjections meurtrières » dans un « tonnerre de feu » et un « tapis de bombes » (19 juillet 2014). Ces ampoulées digressions littéraires aboutissent dans son article à cette phrase lourde de sens pour tout lecteur français : « Les imams ont pro¬noncé des dis¬cours enflammés, appelant notamment les Pales¬ti¬niens à sou¬tenir la résis¬tance. » Chacun sait que certains imams font sur notre propre territoire le même discours mortifère entendu par nos jeunes qui partent en Syrie ‘’touchés au cœur’’ par le drame de Gaza.

LA GAUCHE ANTIRACISTE FLIRTE AVEC L’INCITATION À LA HAINE. LE COMBLE DU PARADOXE RÉPUBLICAIN.

Valérie Igounet, spécialiste de l’antisémitisme et du négation-nisme, parle d’une «banalisation des paroles et des actes, notamment dans les banlieues. » On est passé d’un antisémitisme historique « classique », affirme-t-elle, à « un néo-antisémitisme recontextua-lisé et démonétisé. » Le conflit israélo-palestinien en est « un facteur déterminant » et un « point de ralliement. »

Willy Le Devin et Dominique Albertini ont dressé l’inventaire des associations et collectifs pro-palestiniens qui sont tous plus ou moins proches de la gauche dure (Libération, 22 juillet 2014). Très implantés dans les banlieues des grandes villes, ces groupes pro-posent aux jeunes « une grille de lecture dans un monde devenu incompréhensible ». Les discours très radicaux de ces mouvements reprennent sous une forme vulgarisée les principales thématiques antijuives.

C’est le cas du collectif Cheikh Yassine (du nom du leader spiri-tuel du Hamas assassiné par Tsahal en 2004) « groupusculaire et dangereux. » C’est le cas de l’organisation EuroPalestine, très im-plantée dans les quartiers populaires et qui compterait un millier d’adhérents. Les listes EuroPalestine (où figurait Dieudonné) ont atteint 10,75% à Garges-lès-Gonesse, 6,7% à Bobigny aux élections européennes de 2004.

La Fédération chiite de France a été fondée par Yahia Gouasmi, président du Parti antisioniste. Ancien boucher halal, cet algérien de 65 ans, admirateur de Khomeini, est un agent de liaison de l’Iran. Il a présenté des candidats aux récentes élections législatives (2012) et aux élections européennes (2009) dont Dieudonné et Soral étaient têtes de liste.

« Farcis de complotisme », ces derniers dirigent de véritables

« PME de la haine » nous rappellent les enquêteurs de Libération. Leurs vidéos, pseudo-humoristes pour l’un, pseudo-intellectuelles pour l’autre, « diffusent la paranoïa d’un monde rongé par le sio-nisme. (…) La fracture est tellement consommée avec les médias dits mainstream que toutes les envolées de Dieudonné, [ou les logorrhées de Soral] même les plus farfelues, deviennent parole d’évangile. »

Les suprémacistes panafricains se disent menacés par « le complot

juif mondial ». Kémi Séba, converti à l’islam en 2008, a fondé plu-sieurs associations telle que Tribu Ka et Génération Kémi Séba (dis-soutes par décret en 2006 et 2009). Poursuivi par la justice française, il vit actuellement au Sénégal d’où il supervise d’autres associations afrocentristes et antijuives radicales bien connues dans les banlieues françaises. Il a publié en 2013 un essai « Supra-négritude. » Il préside le Mouvement des damnés de l’impérialisme.

Enfin, les réseaux sociaux sont, bien entendu, « des outils de propa-gande idéaux » car le Net est « une formidable machine à rumeurs », une caisse de résonance qui propage la haine et prend des allures de « café du commerce viral » (Le Devin, Albertini, Libération, 22 juil-let 2014).

Une association néerlandaise, la MDI (Meldpunt Discrimina-tie Internet) spécialisée dans la lutte contre les discriminations sur internet, a déclaré qu’elle observait des niveaux record d’inci-tation à la haine antisémite en ligne, surtout en France. Le hash-tag #PalestineVivraIsraelBrulera, est l’un des plus populaires de la région de Toulouse (JTA, 30 juillet 2014)

De la Fête de l’Huma au défouloir de rue, la violence

antijuive est redevenue un langage politique. Omniprésente dans les innombrables filières qui prennent le pouvoir en France, elle forme un nouveau front idéologique, déterminé et sans scrupule, dont la phraséologie et les méthodes incitent à la haine et au ter-rorisme. n

par Jean-Paul FHIMA

SOCIÉTÉ

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19ISRAËL

L es policiers ont récemment arrêté huit hommes et femmes au discours « messianique »; ils s’en prenaient à des femmes vulnérables qu’ils abrutissaient de drogues et d’alcool et

auxquelles ils assuraient qu’en donnant leur corps à des non-juifs, elles « sauveraient le peuple juif et amèneraient la rédemp-tion », a précisé la police. Le principal suspect est un homme de 60 ans, un marginal de Kiryat Arba, une colonie proche de Hé-

bron en Cisjordanie et réputée très à droite, selon des documents d’enquête.

Une quinzaine de femmes, dont peut-être des mineures, au-raient ainsi été prostituées, dit dans le quotidien Haaretz le com-missaire Arik Mordechai, qui dirige les investigations.Leurs clients comprenaient des Palestiniens de Cisjordanie et des travailleurs étrangers de Tel-Aviv, précise le journal. L’affaire a été dénoncée à la police par Lehava, un groupe extrémiste qui combat les mariages de juifs avec des non-juifs.

Le réseau de proxénétisme fonctionnait depuis six ou sept ans, a dit Bentzi Gopstein, responsable de Lehava. Selon lui, les proxé-nètes ne croyaient pas un seul instant à ce qu’ils racontaient, mais les femmes, elles, « le croyaient, ils ont exploité leur crédulité ». n

par Haaretz

La police israélienne vient de démanteler un réseau de proxénétisme dont les meneurs avaient convaincu des juives qu’elles favoriseraient l’avènement du messie en pratiquant le sexe avec des non-juifs, a-t-elle indiqué lundi.

Ils les prostituaient sous prétexte de rédemption juive

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C’est une alliance qui, de prime abord, peut paraître sur-prenante, voire contre-nature. D’un côté, Israël, Etat juif, puissance économique et militaire incontournable du

Moyen-Orient ; de l’autre, l’Azerbaïdjan, Etat postsoviétique à majorité musulmane (70 % de chiites) richement doté en hydro-carbures, mais sans réelle aura géopolitique.

Depuis une vingtaine d’années, les deux pays entretiennent pourtant d’étroits rapports, axés essentiellement sur des parte-nariats économiques et militaires. L’Etat hébreu est le deuxième plus grand client de pétrole azéri, transporté par le pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan, et ses ventes d’armes permettent à Baku de développer ses capacités militaires après que l’OSCE l’a frappé d’un embargo sur les armes suite à son conflit avec l’Arménie sur la région du Haut-Karabagh.

Plus récemment, la position de la Russie sur le dossier ukrai-nien a poussé l’Azerbaïdjan à modifier sa stratégie militaire vers une plus grande autonomie. Sur ce point, les autorités azéries misent sur un développement de leur complexe industrialo-mili-taire, avec l’aide d’Israël. Précisément, la visite à Baku de Moshé Yaalon – la première d’un ministre de la défense israélien et la plus importante depuis celle de Shimon Peres en 2009 -, le 10 septembre, coïncidait avec l’ouverture du salon d’armements ADEX-2014 dans lequel étaient représentées 16 entreprises israé-liennes du secteur.

BASE-ARRIÈRE CONTRE L’IRAN

Derrière ce marchandage, la contrepartie est simple : la répu-blique caucasienne partage 611 km de frontière commune avec l’Iran. Son positionnement offre à l’aviation de Tsahal une base-arrière inespérée en cas d’attaque contre les centrales nucléaires du régime des Mollahs. Une première illustration de cette al-liance semble avoir été mise à jour le 23 août dernier. Le drone

de reconnaissance israélien Hermes 450 prétendument abattu au-dessus du site d’enrichissement d’uranium de Natanz, aurait décollé de la base aérienne de Nakhchivan, en Azerbaïdjan, selon des sources militaires iraniennes.

Ces allégations confirment celles d’officiers du renseignement américain, en 2012. Pour éviter une action unilatérale d’Israël, le Pentagone avait ouvertement évoqué la possible utilisation par Tsahal de bases aériennes en Azerbaïdjan. Malgré le démenti ferme de Bakou, cette fuite soigneusement organisée a quelque peu ébranlée la stratégie régionale d’Israël face à l’Iran.

Les bases aériennes auxquelles faisaient référence les respon-sables américains, au nombre de quatre, ont été abandonnées depuis le retrait de l’armée soviétique en 1991. Même à 500 km de la frontière azéri-iranienne, elles offrent un positionnement beaucoup plus appréciable que les 1500 km qui séparent Israël de l’ouest de l’Iran. A défaut d’abriter des escadrilles de l’avia-

Sur fond de crise du budget alimentée par les futures dépenses militaires, le ministre de la défense, Moshé Yaalon, s’est discrètement rendu à Baku. Une visite historique tournée vers la signature de contrats d’armements et, surtout, la coopération face à l’Iran.

Israël mise sur l’Azerbaïdjan par Maxime PEREZ

ISRAËL

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tion israélienne, ces aérodromes assureraient le ravitaillement des escadrilles F-15 et F-16I engagées dans des frappes contre la République islamique.

LUTTE ANTI-TERRORISTE

Reste que la coopération militaire et sécuritaire entre Israël et l’Azerbaïdjan ne date pas forcément de l’internationalisation du dossier iranien. En 2001, à l’initiative du président Heydar Halyev, les deux pays avaient décidé de joindre leurs forces pour combattre l’organisation islamiste Hizb-u-Tharir, qui compte plusieurs centaines de membres en Azerbaïdjan – et par ailleurs très présente dans d’autres pays d’Asie Centrale, comme le Turk-ménistan et l’Ouzbékistan.

Les échanges entre les services de renseignement des deux pays permettront, plus tard, de déjouer plusieurs tentatives d’atten-tats contre l’ambassade israélienne à Bakou, comme ce fut le cas en 2008. Ce rapprochement finit par s’opérer également contre l’Iran, un pays où il existe également une forte minorité azérie.

Le 12 février 2012, la République islamique accusait son voi-sin d’avoir facilité les éliminations de scientifiques nucléaires iraniens ces dernières années. « Certains des terroristes liés à l’assassinat de scientifiques nucléaires iraniens se sont rendus en Azerbaïdjan d’où ils disposent de facilités pour se rendre à Tel-Aviv », avait indiqué l’agence de presse officielle IRNA sur son site internet.

En quelques années, l’Azerbaïdjan serait-il devenu le fer de lance de la doctrine israélienne de la périphérie, prônée en son temps par David Ben Gourion pour encercler ses ennemis ? Seul un éventuel conflit avec l’Iran donnera la mesure de l’implication des autorités azéries aux cotés de l’Etat hébreu. n

par Maxime PEREZ

www.ville-belfort.fr

Damien MeslotDéputé - Maire de Belfortet l’ensemble des membresdu Conseil municipal de la Ville de Belfortprésentent leurs meilleurs vœux de paix, de prospérité à la communauté israélitede France

Al’occasion de cette nouvelle année, je souhaite adresser aux

habitants d’Enghien-les-Bains, Deuil-la-Barre, Montmagny, du

Val d’Oise, ainsi qu’aux visiteurs de notre cité touristique, mes vœux

de bonne et heureuse Roch Hachana 5775. Notre époque souffre de

l’absence de Lumières. Ces Lumières fondent pourtant l’idée d’une

République universelle qui doit nous guider. Ces Lumières sont notre

conscience et dans ce monde fragile, il nous faut réaffi rmer ces liens au

cœur de notre République. Ensemble, les citoyens libres et responsables

se renforcent pour trouver l’équilibre car l’Union fait la force d’âme

d’une société.

Du péril naît ce qui sauve. Nous devons plus que jamais croire à cet

horizon et rester dans l’inspiration de ces Lumières. Nous nous devons

de croire en la paix. Dans un monde global où le temps efface l’espace,

il nous faut restaurer le sens du politique et d’un humanisme nouveau

pour poursuivre ce désir de paix, de reconnaissance et de respect des

identités. Cet humanisme doit enfi n permettre à la violence de s’effacer

devant le visage de l’autre. Que la France soit toujours fi dèle aux idéaux

de tolérance construits avec les autres nations de Lumières.

Au nom des élus municipaux d’Enghien-les-Bains, j’adresse mes vœux

de prospérité et de bonheur dans la paix voulue par les citoyens de

bonne volonté.

PHILIPPE SUEUR, Maire d’Enghien-les-Bains,

Vice-président du Conseil général du Val d’Oise

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Tribune Juive : Comment avez vous démarré l’aventure d’Optical Center ?

Laurent Lévy : Mon diplôme d’opticien-lunetier en poche, j’ai complété mon cursus en étudiant l’optométrie en Israël car cet enseignement n’était pas dispensé en France.

J’ai créé ensuite ma première boutique Optical Center de 26m² en 1991 à Boulogne et deux nouveaux magasins ouvrent leurs portes en région parisienne.

Très rapidement, le concept, les produits et les nouvelles offres séduisent et en 1997, nous ouvrons la première franchise à Rouen. Ensuite tout est allé très vite.

Tribune Juive : Pour compléter votre activité, Vous faites le choix de développer votre expertise en audition. Vous avez eu du flair ?

L.L. : L’audio prothèse reste un marche très particulier.Avec le prolongement de la durée de vie, de plus en plus de

personnes seront amenées a s’appareiller, nous avons un travail éducatif a faire pour dédramatiser le port de la prothèse auditive.

Tout déficit auditif est irrécupérable. D’où la nécessité d’un appareillage aussi précoce que possible. la discrétion des appa-reils que nous leur proposons, le meilleur de ce qui se fait sur le marche, facilitant leur port.

Tribune Juive : Vous créez vos propres marques de lunettes et de lentilles de contact. Comment décidez-vous alors de les com-mercialiser ?

Laurent Lévy est le fondateur et très dynamique président directeur général d’Optical Center qui est devenu en vingt ans, la 5ème enseigne en optique et audition en France. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce jeune patron, très attaché aux valeurs du judaïsme, qui a eu très jeune le sens de l’entrepreunariat et de l’aide aux plus démunis et dont la devise est « Le monde du partage devra remplacer le partage du monde ».

Optical Center : Laurent Lévy et le monde du partage

PORTRAIT

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23L.L. : Notre rôle a toujours été de répondre au mieux aux at-

tentes du consommateur qui souhaite le meilleur au prix le plus bas.

Nous anticipons les modes et avec nos designers nous créons nos modèles exclusifs, complémentaires aux marques internatio-nales qui sont vendues dans nos boutiques. Les lunettes de vue ou de soleil sont devenues un véritable accessoire de mode, vec-teur d’identité.

Tribune Juive : Vous vous installez en 2005 en famille à Jé-rusalem pourquoi ce choix ?

L.L. : Je voulais accomplir ma mission celle de rejoindre notre peuple et parfaire l’humanité. La Thora se pratique mieux en Israel.

Tribune Juive : En 2007, vous créez la la fondation « Le temple de la vision » en centre ville de Jérusalem. Pouvez vous nous en dire plus sur cette fondation ?

L.L. : J’ai crée la Fondation Optical Center à Jérusalem pour permettre aux nécessiteux de la ville sainte de voir le beau et en-tendre le bien qu’il y a dans son prochain.

Elle se présente sous la forme d’un magasin de 1 000 m², équi-pé de 3 cabines d’optométrie et d’une cabine de Basse Vision, avec une offre de 2 000 montures. Les clients doivent débourser 20 shekels (4 euros environ) pour une paire de lunettes.

Ce prix symbolique responsabilise les porteurs, notamment les enfants. Il préserve aussi leur dignité L’entreprise Optical Center toute entière est mobilisée autour de cette action huma-nitaire. Nous offrons 20 000 lunettes par an et 15000 appareils auditifs.

De plus une optométriste se déplace dans les écoles pour faire de la prévention pour les élèves de CP jusqu’au Cm1. 14000 en-fants ont ainsi été auscultés.

Tribune Juive : En 2012, vous ouvrez la première franchise d’optique sur Internet www.optical-center.eu. Quel est son fonc-tionnement ?

L.L. : Nous avons été novateurs en la matière.

Bien que la vente en ligne en soit encore en France a ses balbu-tiements contrairement à la Scandinavie et aux États Unis, une nouvelle loi sortie le 18 septembre oblige les ophtalmologistes à préciser sur leur ordonnance les mesures exactes pour le port de lunettes permettant la fabrication directe de lunettes de correc-tion.

Celles-ci seront livrées sous 48 heures au domicile ou dans nos boutiques.

Tribune Juive : Quels sont vos projets ?

L.L. : Nous sommes actuellement dans le top 5 en France, nous espérons en 2020 occuper la première place et atteindre les 700 points de vente.

Et bien bonne chance et bravo Monsieur Laurent Levy !

Propos reccueillis par Sylvie BENSAID

Laurent levy est Professeur et membre du jury à l’Ecole HEC-Entrepreneurs 2. Il est l’auteur de l’ouvrage «Les 7 clés pour Réussir» paru en 2011.

OPTICAL CENTER C’EST :

• 400 magasins en France mais aussi en Suisse en Belgique en Espagne et au Luxembourg• Une ouverture de magasin par semaine• 2500 collaborateurs

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24INTERVIEW

Tribune Juive : Pour la première fois, vous racontez votre enfance en Algérie que vous avez quittée a 11 ans, les trauma-tismes de la guerre et votre arrivée dans la banlieue de Lyon. Vous vous mettez à nu ? Pourquoi maintenant ?

Paul Amar : Pour plusieurs raisons. Je suis aujourd’hui un homme libre, je ne présente plus d’émission, et ne suis attaché à aucun service public ou privé. Si je ne l’ai pas fait jusqu’à pré-sent, c’est parce que je voulais éviter toute confusion entre vie professionnelle et sentiments personnels. Je ressens en effet de-puis plusieurs années un trouble profond, qui est à l’origine de ce livre, un trouble provoqué par la résurgence de l’antisémitisme, aujourd’hui assassin, par les mots ou par les armes.

Tribune Juive : Pourquoi parlez-vous à la première personne dans ce livre ?

P.A. : Si je parle à la première personne dans ce livre, c’est parce que j’ai voulu incarner ce problème qui me touche person-nellement.

Il me renvoie à ma propre enfance. Ma famille subit d’abord un double antisémitisme. D’abord Vichy, les lois raciales. Mon père, fonctionnaire, perd son emploi. Mes sœurs sont virées du collège. Puis la rue, la presse. Insultes, crachats, coups et atten-tats. Je suis moi-même blessé à l’âge de dix ans.

Tribune Juive : Vous criez votre indignation face à la montée du racisme et de l’antisémitisme, aux slogans antisémites en-tendus dans les manifestations récentes. Est-ce que ce sont les derniers évènements en Israël et les débordements en France qui vous ont poussé à vous exprimer sur ce sujet ?

P.A. : Le trouble que j’évoque remonte en fait aux années 80, avec l’apparition du FN. Le Pen, avec les attaques du journal d’ex-trême droite, Minute. Il s’est accentué aujourd’hui avec les délires de Dieudonné qui influe malheureusement sur une partie de la

Paul Amar, vous venez de publier un livre « Blessures » un livre confession, autobiogra-phique, riche en révélations, dans lequel vous racontez les étapes de votre vie qui vont ont le plus marqué. Tribune Juive a voulu en savoir un peu plus.Entretien avec ce passionné de l’info.

Paul Amar raconte ses « Blessures » à Sylvie Bensaid

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25jeunesse. Je n’ai jamais mis en avant mes « origines » dans ma vie sociale et professionnelle. J’ai au contraire défendu des valeurs qui me sont chères, républicaines et humanistes. Et voilà que je suis désigné, et d’autres avec moi, par cet hydre à deux têtes. Dé-signé et stigmatisé. Comment ne pas être choqué ?

Tribune Juive : Vous racontez également votre parcours professionnel vos quarante années de carrière à France Inter, Antenne 2, France 3, TF1 et France 5.

P.A. : En racontant mon histoire, je raconte en fait notre his-toire, politique et médiatique.

Tribune Juive : Est-ce que vous réglez vos comptes avec votre ancien patron Jean Pierre Elkabbach qui vous avait dit « Je n’ai rien à faire de tes scrupules… de juif ! » en vous imposant le débat entre Bernard Tapie et Jean-Marie Le Pen, en 1994 sur France 2 ?

P.A. : Non, je ne règle pas mes comptes. Jean-Pierre Elkab-bach, je l’ai oublié, « évacué », au sens psychanalyste du terme depuis fort longtemps. Si je reviens dans ce livre, sur ce fameux débat Le Pen/Tapie, c’est pour expliquer aux lecteurs mon geste de l’époque, et rappeler le contexte. Hervé Bourges, le président de France Télévisions qui m’avait demandé de présenter le 20h d’Antenne 2 avait compris mon trouble. Nous nous étions mis d’accord pour que Jean Maris Le Pen soit reçu par Bruno Masure, nous présentions le journal en alternance. Mais Jean Pierre El-kabbach, le successeur d’Hervé Bourges, n’a rien voulu savoir et a balayé mes scrupules en m’imposant ce débat.

Tribune Juive : Vous révélez également dans le livre, les cir-constances de votre éviction du 20 Heures de France 2.

P.A. : Jean Paul Elkabbach voulait me virer car je n’étais pas d’accord avec lui qui était aux ordres du pouvoir. Il trouvait que j’avais trop de place dans cette rédaction.

Il n’est pas le seul. Mais il est l’un des journalistes politiques à avoir le plus souvent invité Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Et notre différend sur le traitement de l’extrême-droite est révélateur.

Tribune Juive : Pourquoi avoir fait ce pacte avec les diri-geants de France Télévisions ?

P.A. : Je le fais dans un souci de transparence et de vérité. Je n’ai pas été licencié à la suite de ce débat Le Pen/Tapie, je suis moi-même revenu à l’antenne. La rédaction qui me soutenait l’exigeait. Non, j’ai été licencié après un entretien tendu avec Jean Pierre Elkabbach. Nous étions le 4 juillet 1994 au matin.

Il me demande alors de soutenir ouvertement le Premier Mi-nistre de l’époque, Édouard Balladur. Je lui réponds que j’entends

rester neutre à l’égard de tous les candidats à la présidentielle. Et là, j’ai doit à un tonitruant : « je te vire ».

Tribune Juive : Considérez-vous que Jean-Pierre Elkabbach porte une lourde responsabilité dans l’émergence du Front national ?

P.A. : Jean Pierre Elkabbach a été un des journalistes poli-tiques qui a le plus invité Jean-Marie Le Pen dans les années 80.

Tribune Juive : Vous évoquez dans votre livre le pacte passé entre Nicolas Sarkozy alors ministre du budget, et Jean Pierre Elkabbach patron d’Europe 1, à savoir l’élection de Édouard Balladur contre la direction de France Télévisions, Jean-Pierre Elkabbach a démenti a la télévision tout pacte avec Nicolas Sarkozy en 1993 et a dénoncé votre « délire mensonger ». Que répondez-vous ?

P.A. : Jean-Pierre Elkabbach a été un des journalistes poli-tiques qui a le plus invité Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Demandez à Marc Autheman, à l’époque présentateur du 19/20 ce qu’il lui est arrivé. Débarqué pour avoir « désobéi » à Jean Pierre Elkabbach et posé une question sur le CIP à Édouard Bal-ladur.

Tribune Juive : Souhaitez- vous que ce livre ait une portée éducative ?

P.A. : Merci de revenir au thème de ce livre qui porte sur l’an-tisémitisme. L’épisode Elkabbach ne compte que huit pages sur près de 300. Oui, je souhaite porter cette parole républicaine un peu partout en France, et dialoguer avec les jeunes notamment. J’ai commencé à le faire et je mesure l’étendue des dégâts. Le socle démocratique, censé incarner la cohésion du pays, est fis-suré et menacé. Il y a donc un travail pédagogique à faire. Il passe par l’École de la République à qui je dois tout, mais aussi, j’ose le terme à la Télévision de la République.n

Propos reccueillis par Sylvie BENSAID

BIO EXPRESS :Connu et aimé du grand public, Paul Amar, 64 ans, long-temps présentateur de Journal Télévisé sur France 3 et France 2 et qui animait jusqu’en 2012, le magazine “Revu et corri-gé” sur France 5, est un Éditorialiste politique écouté, célèbre animateur des soirées électorales et des grands débats de société. Confident des artistes et des écrivains, Paul Amar aime donner la parole aux autres. Mais aujourd’hui, dans Blessures, le livre confidences qu’il publie chez Tallandier, il dit sans détour et avec une sensibilité extrême, son mal-être et son indignation face à la montée du racisme et de l’antisé-mitisme. Lui qui se définit comme un Français républicain, laïc et humaniste souffre d’être désigné ainsi que d’autres comme juif et s’interroge sur la vie politique française.

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26TOURISME ISRAÉLIEN

Tribune Juive : L’industrie du tourisme a-t-elle beaucoup souffert du dernier conflit ?

Ouzi Landau : Bien sûr, c’est un des secteurs d’activités les plus touchés par l’instabilité géo politique. Nous avons accusé une chute d’un tiers de l’activité touristique et les pertes enre-gistrées se chiffrent à 2 milliards de shekels. Il y a eu beaucoup d’annulations. Selon le Bureau Central des Statistiques on a enregistré 182.000 visiteurs en août 2013, soit 36% de moins qu’en août 2013. Mais il faut relativiser car c’est quand même 49% de plus qu’en août 2006 pendant la seconde guerre du Liban. Pour autant, ce n’est pas rien. Mais nous savons aussi par expérience que la reprise est toujours étonnamment rapide. Une fois que les armes se sont tues, la routine reprend comme s’il ne s’était rien passé. Nous avons déjà pu observer ce phénomène par le passé.

Tribune Juive : Quels sont les touristes qui viennent en Is-raël ?

O.L. : Ce sont les chrétiens qui représentent le plus grand nombre de touristes puisqu’ils sont 58% en moyenne, surtout au printemps et en automne. Ils sont moins nombreux en été. Sur les 3,5 millions de touristes que nous avons accueillis en 2013, 650 000 sont venus des Etats-Unis et 350 000 de Russie. La com-munauté juive de France arrive en troisième position. C’est aussi

la plus fidèle. Nous l’avions déjà constaté lors des conflits précédents et ça s’est encore vérifié pendant l’opération « Bordure protectrice ». La baisse de fréquentation en provenance de France n’a été que de 13%. C’est vrai que cette année, les français ont préféré Netanya à Ashdod, car cette localité était moins exposée, mais ils sont venus. Et nous comptons beaucoup sur cette commu-nauté juive de France pour la relance. D’ailleurs beaucoup de voyages de soutien sont déjà prévus pour les semaines à venir.

Tribune Juive : Comment envisagez-vous cette relance ?

O.L. : Nous allons disposer d’une rallonge de budget de 491 millions de shekels. Une partie bien sûr viendra compenser le manque à gagner pendant l’opération Bordure Protectrice et servira à dédommager ceux qui ont subi le plus de pertes. Une autre servira à la relance de l’industrie touristique. Nous allons investir dans la rénovation des hôtels qui offriront un meilleur standing et dans le développement des infrastruc-tures, notamment les transports.

Tribune Juive : Israël est encore une destination chère réser-vée à une clientèle argentée ?

O.L. : C’est vrai. Et de ce fait malheureusement, les touristes restent moins longtemps dans le pays et dépensent moins pen-

L’industrie touristique israélienne, durement frappée au plus fort de la saison haute par l’opération « Bordure protectrice », a payé un lourd tribut au conflit. Ouzi Landau, le ministre du tourisme a confié à Kathie Kriegel pour Tribune Juive, la série de mesures qu’il envisage pour relancer ce secteur d’activité. Il en a profité pour remercier la communauté française de sa fidélité à Israël et s’est dit confiant dans la reprise.

Ouzi Landau, le ministre du tourisme israélien, sonne la relance Il faut venir en Israël au moins une fois dans sa vie

Ouzi Landau

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dant leur séjour car tout leur budget passe dans l’hébergement. En août, 10% des touristes ont été des visiteurs d’un jour. Nous allons développer un service d’accueil moins onéreux comme les auberges de jeunesse, les campings, les Zimmers et chambres d’hôtes. Nous allons moins concentrer nos efforts sur les groupes qui viennent en voyage organisé et encourager une population plus modeste à venir en Israël. Nous voulons cibler les globe-trot-teurs. Pour la saison automne hiver nous allons lancer une cam-pagne qui vise justement les touristes à petits budgets.

Tribune Juive : Quel type d’activités touristiques allez-vous favoriser ?

O.L. : Nous voulons encourager le tourisme culturel pour at-tirer d’autres touristes qui ne sont pas forcément juifs d’ailleurs. Nous voulons leur donner envie de venir pour les marathons de Jérusalem et de Tel Aviv, l’opéra de Massada, la Gay Pride de Tel- Aviv, le festival de jazz à Eilat, etc. Des événements qui attirent un autre profil de touristes qui ne seraient pas venu en Israël pour une autre raison.

Tribune Juive : Vous allez donc aussi investir dans la commu-nication ?

O.L. : C’est indispensable. Nous allons consacrer 3 million

de dollars à une vaste campagne publicitaire sur les chaînes de télévision internationales et sur le net. 61% des touristes qui viennent en Israël s’y rendent pour la 1ere fois et 39% d’entre eux y retournent en vacances. C’est ce qui a inspiré le base line de cette campagne publicitaire de grande ampleur qui sera lancée notamment sur Eurosport TV : « Il faut aller en Israël au moins une fois dans sa vie.

Tribune Juive : Pensez-vous qu’à part la communauté juive, les français soient une cible pour le tourisme en Israël ?

O.L. : Nous savons que l’antisémitisme est en hausse en France. Néanmoins nous attendons des retombées positives de cette campagne publicitaire et nous comptons sur 100.000 tou-ristes français potentiels supplémentaires, pas forcément juifs.

Tribune Juive : Au regard des menaces islamiques et dans le contexte de l’intervention de la coalition internationale contre Daesh, le Conseil de vigilance du Quai d’Orsay a classé Israël sur la liste des 40 pays à risque, craignez-vous des retombées négatives sur le tourisme ?

O.L. : Israël n’est pas dangereux pour les touristes. Il va fal-loir les rassurer sur ce point et les convaincre qu’ils n’ont pas à craindre pour leur sécurité. Mais bien sûr, c’est une fois qu’ils sont venus qu’ils s’en rendent compte. D’où l’importance de les attirer au moins une fois. Quand ils viennent, les gens sont sur-pris de voir qu’on peut se promener sans crainte dans les rues de Tel Aviv à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. D’ailleurs Lady Gaga que nous avons accueillie à Tel Aviv pour un concert cet été s’en est étonnée. Il faut le faire savoir.

Tribune Juive : Vous allez continuer à encourager le « Ciel Ouvert » ?

O.L. : Bien sûr. Nous avons tout intérêt à favoriser le « Ciel Ouvert », puisqu’il a été prouvé que cela permet à plus de tou-ristes de choisir Israël comme destination, qui devient de fait plus compétitive. Et comme je vous l’ai dit, nous voulons encourager les petits budgets et ce qu’on appelle les City Breaks (Escapades de peu de jours voire de weekends). Nous savons aussi que les français espèrent voir Easy Jet ouvrir une ligne Paris-Tel Aviv. Mais le problème vient de la France qui voit cette concurrence à Transavia et Air Méditerranée d’un mauvais œil. Mais Easy Jet va revenir à la charge en 2015, et je pense qu’il sera alors difficile de leur refuser cette liaison.

Tribune Juive : Êtes-vous optimiste pour la reprise et l’ave-nir du tourisme en Israël ?

O.L. : Evidemment. Et j’ai raison de l’être. Nous savons déjà que les fêtes de Tichri ont fait pratiquement le plein de touristes. Les israéliens ont été encouragés à se rendre dans le sud du pays, ce qu’ils ont fait massivement pour montrer leur solidarité à la région. Je vous rappelle que les chiffres du début de l’année 2014 indiquaient une progression de 15% du tourisme, et d’ailleurs le tourisme français y contribuait pour une large part. Nous atten-dons donc une hausse par rapport à 2013 pour la fin de l’année aussi ce qui pourrait combler la baisse enregistrée cet été. On note déjà que le nombre de chrétiens venus pour les fêtes de Souccot a été en très nette augmentation par rapport à l’année dernière. Nous allons continuer sur cette lancée. n

Propos recueillis par Kathie KRIEGEL

TOURISME ISRAËLIEN

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F orbes a classé 25 startups israéliennes qui vont changer l’industrie. « Une ribambelle de start-ups sont en train de transformer profondément les secteurs de la santé, du diver-

tissement, de la finance, des médias et d’une myriade d’autres industries. » Selon Ilya Pozin, contributeur pour la revue Forbes : « La dynamique technologique d’Israël en matière de start-ups n’est un secret pour personne ».

En tête de la liste, on retrouve le développeur d’imprimante mobile Zuta Labs, qui lance une imprimante de quatre pouces par cinq pouces qui sera disponible en janvier 2015. La société

vient récemment de lever un demi-million de dollars pour com-mercialiser cette imprimante qui tiendra dans votre sac.

Kaltura est un développeur de plateforme vidéo en open source. Depuis son lancement en 2006, Kaltura a rassemblé 116 millions de dollars d’investissement. Aujourd’hui chaque fois que vous regardez une vidéo en ligne parmi plus de 300.000 médias, d’entreprises et d’organismes d’enseignement allant de HBO TMZ à Harvard et Bank of America, la vidéo a été produite par la plate-forme Kaltura.

Yevvo se présente comme « le Twitter du streaming » ce qui correspond asse bien à la réalité. La start-up israélienne permet à ses utilisateurs de partager des vidéos en streaming avec l’en-semble de leurs followers.

Yotpo développe une plateforme de lecture, écriture, et partage d’avis concernant les produits présentés sur les sites de vente en ligne, ou à des fins commerciales. Egalement, le système permet aux internautes les plus influents de rejoindre les programmes leurs permettant de bénéficier d’avantages sur les sites en ques-tion. La solution développée par la start-up est déjà très prisée

« L’innovation continue et une nouvelle génération de startups israéliennes sont sur leur chemin de la réussite », affirme le rapport.

Les 25 Startups Israéliennes Incontournables de l’année

Pour vous protéger, Billguard a développé une plate-forme qui permet aux consommateurs de conserver une trace de leurs comptes bancaires et de leurs cartes de crédit via un site web ou une application.

LES DOSSIERS D’ISRAËLVALLEY SITE OFFICIEL DE LA CHAMBRE DE COMMERCE FRANCE ISRAËL

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30puisqu’on la retrouve sur plusieurs plateformes comme notam-ment les boutiques en ligne telles que Shopify, BCommerce, Vo-lusion, ainsi que Magento ou encore dCart3.

Le service proposé par MyPermissions permet de regrouper toutes les applications qui ont accès à vos comptes sur les réseaux sociaux majeurs. En scannant rapidement les icônes de vos divers comptes sur MyPermissions, vous pouvez savoir instantanément quels sites ont accès à vos informations. Il vous est ensuite faci-lement possible de modifier les autorisations et de remettre de l’ordre dans tous vos abonnements. Un simple clic suffit pour toutes ces opérations.

Ce système autorise la consultation des dernières dépenses et permet de recevoir des mises à jour automatiques à chaque fois qu’une dépense suspecte est détectée.

StartApp, fondée en 2010, propose l’installation d’une barre d’outils à même le smartphone de l’utilisateur. Pour chaque té-léchargement d’une application contenant le programme Star-tApp, l’entreprise israélienne reverse 5 cents aux développeurs, tandis que les développeurs hors Etats-Unis devront se contenter d’un cent par téléchargement.

La startup Moovit basée à Ness Tziona permet au public de se rendre d’un point A à un point B, par le chemin, le plus rapide, le plus court, ou le moins bondé. Basée sur l’Open Maps Street, le Wikipedia de cartes, Moovit est construit sur des données collectées par les compagnies de transport – le plus souvent des horaires de bus, et parfois des données GPS en temps réel des bus sur la route.

Concumer Physics, basée à Tel-Aviv se spécialise dans les scanners de poche. Reliée à une application sur smartphone, une technologie infrarouge est utilisée pour identifier les molé-cules afin d’obtenir un grand nombre de données sur les produits analysés et qui sont directement transférées sur le smartphone, consultables en instantané par son utilisateur.

Interlude.fm met au service des entreprises sa créativité en concevant, développant et commercialisant des vidéos inte-ractives. Sur la base d’une vidéo préenregistrée, les utilisateurs peuvent créer en temps réel une version personnalisée de celle-ci grâce aux choix qui leur sont offerts à des moments prédéter-minés dans la video, leur permettant ainsi de la faire évoluer à souhait. Chaque version personnelle, une fois finie, peut être sau-vegardée et partagée sur des réseaux sociaux.

La startup Israélienne, StoreDot, a développé un prototype de batterie et chargeur pour Smartphone qui permet un chargement intégral en 30 secondes, grâce à des composants nano-technolo-giques et bio-organiques. n

par Avner MYERS

Bilan 5774 : l’économie d’Israël traverse une zone de turbulencesCroissance, consommation, chômage, bourse, etc. : durant l’année juive écoulée, les indicateurs économiques ont oscillé entre le vert et le rouge.

L ’ année juive 5774 avait bien démarré pour l’économie israé-lienne : l’exploitation des nouveaux puits de gaz permettait à Israël d’entrevoir son indépendance énergétique, l’afflux

de capitaux étrangers confirmait qu’Israël était un placement sûr pour les investisseurs, l’arrivée massive de touristes étrangers annonçait de nouveaux records, etc.

C’était sans compter sur les turbulences internationales et régionales qui allaient aussi secouer Israël : le ralentissement de l’économie mondiale et le conflit militaire avec la bande de Gaza vont brouiller les cartes de l’économie israélienne, la dépossédant de certains de ses atouts, comme tourisme, high tech, consom-mation privée, etc.

VERT : L’EMPLOI ET LA BOURSE AU BEAU FIXE

Malgré le ralentissement de l’activité économique et la guerre à Gaza, le marché de l’emploi s’est stabilisé avec un faible chômage tout au long des douze derniers mois. En août dernier, le taux de chômage était à 6,4% et la courbe reste tournée vers le bas. En revanche, le faible chômage s’accompagne d’une augmentation des effectifs des salariés travaillant à temps partiel : dorénavant, 800.000 israéliens travaillent à temps partiel, soit un salarié sur quatre.

Comme le marché de l’emploi, le marché financier aussi a fait preuve d’une vitalité exceptionnelle en 5774 : l’indice TA-25 a fait un bond de 22%, contre 5% l’an dernier. Le volume moyen des transactions s’est élevé à 1,2 milliard de shekels par jour, soit une hausse de 6% par rapport à l’année précédente.

ORANGE : LA CROISSANCE EN DENTS DE SCIE

5774 aura été une année en dents de scie pour la croissance de l’économie israélienne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au dernier trimestre 2013, le PIB a progressé au taux annuel de 2,5%, puis la croissance s’est accélérée au premier trimestre de 2014 (2,7%), pour se ralentir à nouveau au second trimestre de 2014 (1,5%). Au cours des douze derniers mois, l’économie israélienne a connu une croissance de 2,3% contre 3% pour la même période de l’an passé.

LES DOSSIERS D’ISRAËLVALLEY SITE OFFICIEL DE LA CHAMBRE DE COMMERCE FRANCE ISRAËL

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31Deux facteurs principaux expliquent le ralentissement de la

croissance de l’économie israélienne. Jusqu’au début de l’été, c’étaient le ralentissement mondial et un shekel trop fort qui handicapaient les exportations de marchandises israéliennes. Depuis l’été, c’est la guerre à Gaza qui a freiné la consommation des ménages ainsi que l’activité économique d’Israël, notamment dans les secteurs du tourisme, du commerce et de l’agriculture.

ROUGE : INVESTISSEMENTS ET CONSOMMATION EN BERNE

Le recul des investissements dans l’économie israélienne a commencé bien avant le déclenchement de la guerre à Gaza au début de juillet. Au cours du premier semestre 2104, les inves-

tissements en capital fixe (construction de logements et équipe-ments industriels) ont baissé de 4,4% en rythme annuel, après une hausse de 5,4% au semestre précédente.

Côté consommation aussi, 5774 a été l’année de la morosité. Jadis moteur de la croissance israélienne, la consommation par habitant a augmenté d’un tout petit 0,6% au premier semestre de 2014 ; c’est un net ralentissement comparé à la hausse de la consommation enregistrée au premier semestre de cette année (2,3%) et au second semestre de 2013(1,5%). n

par Jacques BENDELAC (Jérusalem)

Entrepreneuriat en Israël : Quels sont les Mécanismes Juridiques. Constituter une Société.La constitution d’une société en Israël est la façon la plus courante de pratiquer une activité commerciale ou immobilière. La société est une personne juridique indépendante de ses actionnaires qui, selon les statuts qu’elle adopte, est assimilable à la Société à Responsabilité Limitée bien connue en France.

Le principe de la société : En Israël, toute personne, même seule, peut créer une société. Comme dans la plupart des pays, le grand intérêt de la société est donc de pratiquer une activité au travers d’un organe détaché juridiquement de ses actionnaires et administrateurs. Il existe plusieurs types d’associations de per-sonnes, parmi lesquelles la société, qui peut elle aussi prendre des formes juridiques diverses : privée, publique, cotée en bourse, reconnue d’utilité publique…

La constitution : Pour constituer une société, il faut présenter une demande au Registre des Sociétés accompagnée du paiement des droits d’enregistrement. A cette demande, on ajoutera une déclaration des actionnaires, ainsi qu’une déclaration des pre-miers directeurs (administrateurs) établissant qu’ils s’engagent à former le conseil d’administration. Ces déclarations devront être contresignées par un avocat. Le second élément essentiel à la constitution de la société est le dépôt des statuts (Takanon) signés et contresignés également. Les statuts représentent un contrat

entre les actionnaires et entre la société et les actionnaires, dans lequel les droits et obligations de chaque organe de la société sont fixés, ainsi que les règles de prise de décisions. Les actionnaires peuvent décider d’adopter tout simplement les statuts proposés par la loi ou les faire rédiger selon leurs besoins, ce qui est recom-mandé quand il y a plusieurs actionnaires.

Les points essentiels des statuts de la société : Quatre éléments sont à définir obligatoirement dans les statuts : le nom de la socié-té, son but, le capital social et le nombre d’actions, et la limite de responsabilité. Lors de la demande de constitution de la société, le Registre des Sociétés devra notamment approuver le nom, et vérifier s’il n’est pas déjà attribué, et s’il ne prête pas à confusion. Les statuts préciseront ensuite quel est le but de la société, autre-ment dit le type d’activité de la société, de façon plus ou moins précise. Quant au capital social, il faudra en définir le montant, le nombre d’actions qui le composent, et le type d’actions. Enfin, la société choisira si elle veut limiter la responsabilité des action-naires et dans quelle mesure, sachant que certaines activités ne permettent pas la clause de responsabilité limitée

Il est important d’examiner au cas par cas l’intérêt effectif de créer ou non une société et sous quelle forme, notamment au niveau fiscal. De façon générale, le type de société le plus clas-sique est la société à responsabilité limitée (H’evra Ba’am), mais cette forme de société peut là encore adopter différentes confi-gurations, puisque la loi octroie une grande liberté contractuelle aux actionnaires quant au contenu des statuts. Notons enfin que toute société israélienne doit avoir un actionnaire ou un garant israélien. n

Publié à titre d’information générale, ne constitue pas une consultation juridique personnelle.

Me Yaël Hagege MaruaniAvocat au Barreau d’Israël,Berkovitch 4, Tel Aviv. Tél. : +00 972 35 23 99 44

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TransTech 5, un colloque internationnal sur le transfert de technologie

M ardi 28 octobre 2014, la Chambre de Commerce et d’Industrie Israël-France, présidée par Daniel Rouach, organise l’événement majeur du second

semestre : TransTech 5, un colloque international sur le trans-fert de technologie et les technologies financières en Israël.

En présence de nombreux leaders économiques israéliens et européens, cette conférence organisée à l’Université de Tel-Aviv en partenariat avec l’Ambassade de France en Israël, offre une occasion privilégiée de mieux comprendre le transfert de tech-nologie en Israël, d’évaluer le potentiel des technologies finan-cières et de rencontrer les acteurs influents agissant dans ces domaines d’activité.

La conférence réunira 200 participants parmi lesquels des ins-titutions financières et des investisseurs, des représentants des centres de transfert de technologie, des sociétés israéliennes et françaises de premier plan, des institutionnels, des start-ups et le réseau de la Chambre de Commerce.

Cet événement exceptionnel s’inscrit dans la continuité de la 12ème édition de Go4Europe, organisée le 27 octobre par Edouard Cukierman et Catalyst et baptisée cette année «Go4Is-rael».

DEUX PANELS DE CONFÉRENCES SIMULTANÉES

Le séminaire débutera par l’intervention de l’ambassadeur de France en Israël, Patrick Maisonnave, et de Daniel Rouach, Pré-sident de la Chambre de Commerce et d’industrie Israël-France (CCIIF), professeur à l’ESCP Europe et à l’Université de Tel-Aviv.

Lors de la conférence, deux thèmes principaux seront abordés en concomitance :

- Les transferts de technologie : session co-présidée par Da-vid Harari, le père des drones israéliens, et Daniel Rouach. Elle regroupera les discussions suivantes :

• Gérer le transfert de technologie en Israël (aspect juridique)• Transfert de technologie, du laboratoire à l’entreprise• Transfert de technologie, la coopération B2B France- Israël

réussie• Open Innovation• Intelligence économique & transfert technologique

- Les technologies financières (FinTech) : session présidée par Amos Ron, ancien Directeur général au Ministère de l’Éner-gie et de l’Infrastructure, aujourd’hui President de Webit-Card Ltd. Elle comprendra les exposés suivants :

• L’Innovation FinTech au sein de l’économie numérique en Israël

• Israël Show-Case en FinTech • La R&D française dans l’avenir des services bancaires• La France comme porte d’entrée d’Israël sur le marché euro-

péen en ligne

C’est en choisissant des thématiques, intervenants et sponsors de qualité que la Chambre de Commerce Israël-France entend offrir une journée d’étude et de networking des plus fructueuses.

LA VENUE DE DÉLÉGATIONS FRANÇAISES

Cet événement exceptionnel sera également l’occasion privi-légiée pour les entreprises françaises de rencontrer leurs futurs partenaires en Israël et d’étudier le marché.

En effet, la Chambre de Commerce Israël-France propose aux entreprises françaises souhaitant se rendre à la conférence d’organiser des rencontres professionnelles sur place lors de leur mission en Israël. Elle sélectionnera, en fonction du cahier des charges des entreprises, les opérateurs locaux en adéquation avec leur projet et organisera la prise de rendez-vous. Pour plus d’in-formations sur cette prestation, merci de contacter André Dan au 06 80 38 57 10 ou sur [email protected].

La Chambre de Commerce et d’Industrie France-Israël sou-haite, grâce à ce colloque, poursuivre les actions qu’elle mène de-puis plusieurs années : offrir aux acteurs économiques français et israéliens un accès à une plateforme d’informations et d’interac-tions favorable au développement des relations économiques. n

PLUS D’INFORMATIONS ET INSCRIPTION SUR :www.transtech5.netCONTACTS :

Leslie Gahnassia : [email protected] - Tél. : +972 52 428 0757Yael Haouzi : [email protected] - Tél. : +972 55 993 4696

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33ISRAËL

« En Israël, on trouve quasiment un diplômé du Technion derrière chaque usine de dessalement d’eau, chaque autoroute et chaque start-up. » Issu de l’Institut technologique de Haïfa, sou-vent présenté comme l’équivalent du célèbre MIT, Yossi Vardi parle en connaissance de cause. A 72 ans, ce « serial entrepre-neur » a participé à la création d’une bonne soixantaine d’entre-prises high-tech dans l’informatique, l’énergie, le traitement de l’eau ou Internet… Et la jeune génération n’est pas en reste. Originaire de Kiev, Kira Radinsky, 27 ans, n’a pas attendu la fin de son doctorat en informatique au Technion pour découvrir le milieu de l’entreprise : remarquée par Microsoft, elle a eu la chance de travailler trois ans aux Etats-Unis sur un logiciel pré-dictif avec Eric Horvitz, le codirecteur de la recherche du géant de Redmond. « En 2012, j’ai cofondé la start-up SalesPredict qui offre aux entreprises des solutions logicielles pour améliorer leur performance commerciale », explique-t-elle depuis Tel Aviv, où elle présentait son « bébé » devant l’Institut Orange, le think tank de l’opérateur français dédié aux innovations numériques. Sélectionnée par le MIT parmi les 35 chercheurs mondiaux les plus prometteurs, Kira Radinsky ne compte pas en rester là. « A 40 ans, j’espère que j’aurai accompli de grandes choses, avec une vision et pas dans le seul but de gagner de l’argent ou d’inventer un meilleur algorithme de trading ! » confie cette énergique bru-nette qui aspire « à changer le monde » en marchant dans les pas de Bill Gates. Rien de moins.

UNE START-UP POUR 2000 HABITANTS

Avec une densité record d’une start-up pour 2 000 habitants, Israël se considère d’ailleurs volontiers comme « une start-up na-tion » . Pas plus grand que la Bretagne, dépourvu de ressources naturelles, ce petit pays de 8 millions d’habitants, au milieu na-turel aride et à l’environnement géopolitique hostile, a très tôt lutté contre l’adversité. Faute de pouvoir établir des relations commerciales avec ses voisins, il a très vite misé sur la matière

grise et la grande exportation, en priorité vers l’Amérique du Nord. Les parcours de Yossi Vardi ou de Kira Radinsky illustrent à merveille ce qui caractérise le pays : l’appétit d’entreprendre et la volonté de participer à un projet collectif. Israël continue d’ailleurs à attirer des immigrants – dont de plus en plus de Français –, guidés par leurs convictions ou l’esprit d’aventure. « J’ai tout laissé tomber pour venir ici en 1998, à 21 ans, raconte Jérémie Kletzkine. Sans réseau ni diplôme, mais avec une petite expérience de développeur informatique, j’ai appris tout seul la technologie Flash, puis monté une entreprise de services avec un autre Français. » Depuis, Jérémie Kletzkine a accumulé les expériences aux Etats-Unis et en Asie. Après la vente à Apple de l’entreprise PrimeSense, dont il avait en charge le développement commercial, il s’apprête à rebondir. L’homme est également ac-tionnaire ou conseiller d’une douzaine d’entreprises innovantes et de l’accélérateur du Technion

80 ENTREPRISES À SON ACTIF

A lui seul, l’Institut a enfanté quelque 80 entreprises dans des secteurs aussi variés que l’informatique (Comverse), les télécoms (AudioCodes) ou encore le biomédical (Given Imaging). Et il investit régulièrement dans des sociétés créées hors de son giron. Très tôt, le pays a dû innover sous contraintes. Conçu au début du XXe siècle par des ingénieurs sionistes venus d’Allemagne, le Technion s’est d’abord concentré sur le développement des infra-structures pour couvrir les besoins en eau, en nourriture et en énergie d’une population très dense. « Dès les années 60, rappelle le vice-président de la recherche, Noam Adir, l’institution a di-versifié ses enseignements vers la microélec tronique, orientant le pays vers le high-tech, devenu le véritable moteur de l’économie israélienne. »

Une spécialité qui a été fortement poussée par les impératifs de défense des frontières de l’Etat hébreu et dopée avec l’arrivée

Dix-huit facultés, trois Prix Nobel…L’Institut technologique de Haïfa est le vivier de toute l’industrie israélienne, dans ce petit pays devenu un géant de la high-tech. A l’origine de 80 entreprises, le Technion fonctionne comme un incubateur et évolue régulièrement pour suivre au plus près les techniques. Retrouvez aussi le « spécial innovation » d’Enjeux Les Echos, Septembre 2014.

Le Technion, temple israélien de la matière

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massive d’ingénieurs russes dans les années 90. A elles seules, les technologies de pointe représentent 15% du produit intérieur brut et 40% des exportations.

La vitalité de l’écosystème du Technion suscite l’appétit des grands de l’infor matique, des télécoms et d’Internet qui viennent régulièrement faire leurs emplettes sur le campus du mont Car-mel, à Haïfa. De nombreuses entreprises étrangères se sont im-plantées à proximité, dans le Silicon Wadi, l’étroite bande côtière qui s’étire de Haïfa à Tel Aviv. C’est le cas d’IBM, la première américaine à installer sur place un chercheur en 1972. « Au dé-part, il était même hébergé sur le campus », raconte Alain Azagu-ry, directeur de la stratégie technique des logiciels du groupe. Les équipes locales comptent aujourd’hui 2 300 personnes et IBM a construit son propre centre de R&D à moins de 5 km de là pour assurer une veille technologique et, au besoin, racheter de jeunes pousses prometteuses !

Le géant a récemment acquis Trusteer, un spécialiste des systèmes de sécurisation des transactions via Internet. « C’est important de nouer des liens avec les start-up dès le début pour qu’elles créent leurs produits sur la base de ceux d’IBM, précise Alain Azagury, lui-même diplômé du Technion en informatique. Le groupe identifie ainsi une dizaine de technologies innovantes par an, dont certaines impactent directement sa stratégie mon-diale.

LE MIT POUR MODÈLE

Réputé pour la qualité de ses formations dans l’informatique, le génie électrique, la biologie ou encore la médecine, le Technion compte actuellement dix-huit facultés. Pionnier dans la multi-plication de passerelles entre la bio logie, l’ingénierie et la phy-sique, il crée régulièrement de nouveaux départements au gré de l’évolution des techniques ou de l’environnement. « Ces cinq der-nières années, nous avons ouvert un centre de nanotechnologies et lancé un diplôme d’ingénierie gazière, après la découverte de réserves d’hydrocarbures au large de nos côtes », explique Noam Adir. Pour Manuel Trajtenberg, le directeur du comité de planifi-cation et de budget du Conseil de l’éducation supérieure d’Israël, « le Technion se nourrit de deux ingrédients : l’ingénierie, fer de lance du high-tech local, et la science, qui a généré trois Prix No-bel. C’est le modèle du MIT adossé au Media Lab sans oublier le virus de l’entrepreneuriat, véritable trait israélien ». En effet, après deux ans d’armée pour les femmes et trois ans pour les hommes, les jeunes Israéliens sont généralement plus âgés que la moyenne des étudiants de l’OCDE lorsqu’ils entrent à l’université. Mais ils ont été confrontés à des situations inédites, parfois dangereuses, qui exigent des prises de risques et des décisions rapides. « Leur tolérance au risque est plus élevée que celle des Américains, des Chinois ou des Allemands », constate Mia Erez, responsable du centre de la connaissance de l’innovation du Technion.

ISRAËL

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35ENSEIGNER « L’ENTREPRENEURIAT TECHNOLO-GIQUE »

Ils bousculent davantage l’autorité et ne redoutent pas l’échec. Dov Moran en est un bon exemple. Après avoir fait fortune en inventant la clé USB en 1998, ce diplômé en génie électrique du Technion a connu de sérieux déboires avec son smartphone Modu torpillé par le lancement de l’iPhone qui l’a obligé à mettre la clé sous la porte, après avoir englouti 120 millions de dollars. Google en a racheté les brevets. « Mon passage au Technion m’a enseigné l’humilité, confie-t-il. Il m’a appris qu’une déconve-nue est toujours synonyme de seconde chance. » Sans se laisser abattre, il développe à présent un dispositif destiné à transformer chaque téléviseur en « smart TV ». De longue date, à l’instar des universités américaines, le Technion encourage vivement les étu-diants à transformer leurs idées innovantes en projet commer-cial, aidés par une batterie de dispositifs de soutien et de tutorat. Dès 1986, Dan Shechtman, à l’époque professeur à la faculté des matériaux – Prix Nobel de chimie 2011 – a initié un cours sur « l’entrepreneuriat technologique ». Dispensé chaque hiver par un panel d’entrepreneurs israéliens, ce module, qui fait aussi intervenir des juristes ou des acteurs du capital-risque, a enre-gistré 600 inscrits dès son lancement. « Avec 10 000 étudiants formés à ce jour, c’est l’un des cours les plus recherchés du Tech-nion, déclare avec satisfaction la vedette du campus, toujours aux manettes à 73 ans. Réservé initialement aux apprentis entrepre-neurs, il est maintenant ouvert à tous : qui sait d’où viendra la prochaine idée géniale ! »

LE TECHNION EN CHIFFRES

• 70% des ingénieurs israéliens sont formés au Technion.• 3 enseignants prix Nobel• 78e du classement de Shanghai 2014 des 100 meilleures universités.• 18e dans le même classement pour l’informatique.

Sources : Technion, Arwu

Le Technion a été également l’une des premières universités au monde à se doter, en 1995, d’un bureau de transfert de tech-nologies. « A raison de 80 dépôts de brevets par an, l’institut finance déjà avec ses royalties 40% d’un budget de recherche de 80 millions de dollars, explique le directeur du développement commercial, Isaac Tzachy. L’objectif est d’atteindre 100% d’ici dix ans. »

UNE INSTITUTION QUI SAIT PRENDRE DES RISQUES

L’institut centenaire n’hésite pas à prendre des risques. Et cela paie. Il y a huit ans, le Technion avait recruté Hossam Haick et

financé son premier projet de recherche, un nez électronique capable de diagnostiquer un cancer en analysant l’haleine du pa-tient. En début d’année, l’Institut s’est engagé avec l’Inserm pour créer un laboratoire international sur le sujet, qui sera dirigé par le chercheur arabe israélien, et a signé une joint-venture avec l’américain Alpha Szenszor pour une commercialisation d’ici 2020. « C’est une institution qui sait prendre des risques, car c’est finalement la seule façon de générer de l’innovation, » reconnaît Hossam Haick, Prix d’excellence Marie Curie (une distinction décernée par la Commission européenne).

A l’heure où les grandes universités se livrent une bataille fé-roce pour attirer les meilleurs talents, le Technion doit déployer l’artillerie lourde pour continuer à séduire. Et ce d’autant plus que la Chine et l’Inde forment à tour de bras des ingénieurs à des tarifs très compétitifs.

L’Institut israélien a construit de longue date un réseau d’an-tennes en Amérique du Nord, au Brésil, en Australie et en Eu-rope (la prochaine ouvrira à Monaco en novembre) pour faciliter les coopérations avec le monde académique et les entreprises ; à présent il exporte sa marque. Aux Etats-Unis, il s’est associé en 2011 avec l’université Cornell pour créer un campus technolo-gique sur la Silicon Island à New York. En Chine, il doit ouvrir en 2017 une institution sœur avec l’université de Shantou dans la province du Guangdong. n

par Florence BAUCHARD et Nathalie HAMOU à Haïfa, pour Enjeux Les Echos

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36ISRAËL

D ans le secteur de Jérusalem ces start-up ont été créées par des arabes israéliens, dont l’un des plus connus est Hani Alami, qui a racheté en septembre 2013 la société israé-

lienne Alvarion implantée partout dans le monde.Alami est un entrepreneur de télécommunications palestiniennes qui vit dans le quartier de Beit Hanina à Jérusalem-Est. Alami a créé un cer-tain nombre de sociétés de télécommunications, la plus impor-tante étant Coolnet, un fournisseur de services Internet (ISP) qui exploite des services Internet haute vitesse.

« Je ne me soucie pas de savoir si Alvarion est une société Israélienne ou palestinienne. En ce qui me concerne, c’est juste du business. Je connais la société, j’ai travaillé avec elle pendant de longues années. Je veux diriger cette société, et la mener au succès. En tant que natif de Jérusalem, je peux vous dire que si chacun de nous fait sa part, comme il peut, nous pouvons encore parvenir à la paix », a-t-il déclaré dans une interview donnée à Calcalist au moment de ce rachat.

Avec Yazeed Ghandour, co-fondateur de la société PalYP (pages jaunes palestiniennes sur le web) après une expérience réussie dans le domaine des télécoms, Alami fonde la société

JEST (Jerusalem Entrepreneurs for Society and Technology) dont le but est de soutenir les start-up à Jerusalem Est, avec no-tamment le soutien de CISCO.

Parallèlement au développement du pôle de Jérusalem, on a pu assister à celui du pôle de Nazareth, localisation logique, puisque la région de Haïfa a une forte population arabe, dont le niveau de compétences élevé boosté par la proximité du Technion a long-temps été sous-utilisé.

L’incubateur dirigé par Fadi Swidan, initiative de l’Autorité pour le développement économique des secteurs minoritaires, bénéficie d’un budget de 700 millions de shekels (201 millions de dollars), et a été la première étape de l’émergence de ce pôle. La pépinière d’entreprises a été lancée en partenariat avec les centres de développement des petites entreprises (connues sous le nom MATI en hébreu).

Le second stade a été le lancement au printemps 2014 de Naz-Tech. Le principe de cet accélérateur est de faire travailler inten-sivement pendant 5 mois un groupe de 15 entrepreneurs dont le projet a été sélectionné sur son intérêt technologique et sa faisa-

Depuis quelques temps une information circule dans les sites israéliens : une nouvelle « Silicon Valley » bicéphale émerge, elle se trouve à Jérusalem Est et à Nazareth.

Ils disent « Apartheid », Israël répond « High-Tech arabe »

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37bilité, en partenariat avec des mentors de la communauté high-tech en plein essor d’Israël. L’un des entrepreneurs, par exemple, réalise des livres électroniques en langue arabe.

Même si l’entrepreneur n’a pas pu entrer dans le projet Naz-Tech, la vocation du programme n’est pas restrictive, et il peut toujours bénéficier de conseils pour son projet.

Le financement de Naztech est réalisé par Cisco, MATI Naza-reth et le Département du développement de l’économie arabe du bureau du Premier ministre israélien.

Toutes ces informations donc circulent depuis bientôt deux ans, uniquement dans les sites israéliens, ou quelques sites de high tech lors du rachat d’Alvarion, mais le slogan lancinant d’Apartheid continue néanmoins à résonner partout dans le monde, et ici, en France.

Les appels au boycott se font de plus en plus virulents, comme si tout ce qui était produit en Israël et dans les territoires dispu-tés/occupés, qu’importe la terminologie adoptée, était marqué du sceau du diable.

Jusqu’à ce que paraisse dans un organe de presse qu’on ne pourra pas qualifier de pro-sioniste un article remarquable, au sens premier du terme : « que l’on remarque ».

Le 8 septembre, dans rue89, un titre m’interpelle : « Israël, dis-crète tête de pont des produits numériques dans le monde arabe ». Voici son introduction : « Sans le savoir, le Moyen-Orient vit peut-être à l’e-heure de l’Etat hébreu : faute de contenus suffisants en langue arabe, les start-up d’Arabes israéliens réussissent à atti-rer incognito de nombreux internautes. »

Il faut le lire.

Et la conclusion est donnée dans un des nombreux commen-taires, pas tous intéressants, souvent sans lien avec l’article :

« Il y a un code-barre sur la page d’accueil des sites ?Il faudrait quand-même que les joyeux boycotteurs BDS d’Is-

raël s’y retrouvent. »

Allez courage les mecs du BDS, ça se complique gravement si on ne peut même plus se fier à du contenu arabe, si en boycottant Alvarion on boycotte en même temps une société israélienne et la réussite éclatante d’un arabe palestinien, le travail devient vrai-ment dur, mais vous pouvez le faire.

A moins qu’un jour, touchés par la grâce, éclairés par une lueur d’intelligence après récupération de 2 ou 3 neurones, vous compreniez que « BDS is BS, Boycott is Bullshit ». n

par Line TUBIANA

La communauté juive de France et l’État d’Israël, dont je suis l’indéfectible ami, ont vécu des épreuves d’une intensitéparticulière durant l’été qui vient de s’achever. J’ai voulu vivre ces épreuves au plus près de vous et à vos côtés, en merendant en Israël à deux reprises lors de la période récente, en juin puis en juillet, alors que Tsahal défendait avec efficacité,mesure et discernement la population israélienne. Durant ces semaines difficiles qui précèdent le mois de Tichri, je me suis également vigoureusement élevé contre l’autorisationirresponsable donnée par l’actuel gouvernement au déroulement, à Paris, de manifestations, après qu’ont été proférés des sloganset propos antisémites, ainsi qu’anti israéliens, intolérables et indignes de la République française.Je veux souhaiter à chacune et chacun des lecteurs de Tribune Juive une excellente année 5775 ainsi que de très bonnes fêtesde Soukkot, quelques jours après Roch Hachana et Yom Kippour, alors que se sont succédé les jours du Jugement et duPardon. Au cours de ces trois journées de fêtes des Trompettes et du jeûne se sont manifestés l’humilité humaine tout autantque l’amour de la Vie. S’ouvre désormais une période de joie, celle où la récolte agraire annuelle est composée des fruits de la terre. L’alternance dujeûne volontaire et de la gestion maîtrisée de l’abondance ouvre à la redécouverte de la précarité humaine, si bien illustréepar la fête de Soukkot. Car au milieu des bienfaits prodigués, et après s’être abstenus de boire et de manger pendant un jourcomplet, les valeurs de partage et de respect de l’autre prennent toute leur importance.C’est bien le sens que, chaque année, je donne à cette période riche d’enseignements. Lorsque je me rends sous la Soukkad’amis pour partager un repas, je mesure combien l’être humain a besoin de protection. Le toit ajouré et composé de branchesde palmiers qui surmonte chacune des cabanes construites lors de la fête de Soukkot constitue une leçon à la fois immémorialeet pérenne : dans les moments difficiles comme dans les réjouissances, la fraternité et la solidarité sont deux élémentsessentiels du vivre-ensemble.

Député-Maire de NicePrésident de la Métropole

Nice Côte d’Azur

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38COMMÉMORATIONS

« Le 29 août 1914, un soldat tombe, mor-tellement touché, et voit le grand rab-bin, portant la soutane comme beaucoup

d’aumôniers. Il le prend pour un prêtre catho-lique et lui demande un crucifix », a déclaré Haïm Korsia lors d’une cérémonie à Taintrux (Vosges), en présence des autorités militaires et religieuses, ainsi que de l’arrière petit-fils de Bloch, Paul Netter.

C’est alors qu’un nouvel obus les frappe tous deux et les réunit dans la même mort », a dit le grand rabbin.

Bien que le récit soit sujet à caution selon plusieurs historiens, l’histoire du rabbin Bloch, devenue particulièrement populaire, a été éle-vée au rang de symbole de l’union sacrée des Français dans le premier conflit mondial.

Premier aumônier israélite à tomber en 1914, le récit de la mort du héros Bloch a donné lieu à de nombreuses planches de colporteurs et articles dans la presse, ainsi qu’à un tableau.

L’écrivain Maurice Barrès, pourtant réputé antisémite, avait également salué la mémoire de l’aumônier dans l’un de ses livres, en y voyant un acte « plein de tendresse humaine ».

« Les circonstances de la mort du rabbin Bloch ne sont certes historiquement pas prou-vées, mais c’est symboliquement très fort », a déclaré Haïm Korsia, qu s’exprimait devant la stèle érigée en 1934 en hommage au rab-bin Bloch, en insistant dans son discours sur la fraternité inter-religieuse et l’unicité de la République.

« Cent ans après le geste sublime du grand rabbin Abraham Bloch, nous avons plus que jamais besoin de son message d’amour du pro-chain, son rappel de ce qu’est la vocation du creuset français et son rêve d’une France plus unie dans la diversité », a-t-il dit. n

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a commémoré vendredi dans les Vosges le centenaire de la mort du rabbin Abraham Bloch,aumônier des armées pendant la Première Guerre mondiale, tué par un obus alors qu’il apportait un crucifix à un catholique mourant et dont l’histoire est devenu un symbole de l’union sacrée.

Le rabbin Abraham Bloch tué en 1914, un crucifix à la main

« Pour répondre à l’ultime désir du soldat, le grand rabbin Bloch court chercher une croix dans le village le plus proche et la présente au moribond.

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A près avoir customisé, des girafes, des éléphants, les « ART » de l’Espoir, cette vente sera axée sur la musique. En effet, 100 artistes internationaux parmi lesquels

Christo, Peter Klasen, Laurence Jenkell, Philippe Cognée, Anto-nio Seguy, Hervé Di Rosa, Speedy Graphito, Ivan Messac, Fran-çois Boisrond... se sont emparés d’un violon pour le customiser et produire des œuvres uniques et originales dans la continuité artistique impulsée par Martine Nathan de Lara, et le résultat est époustouflant.

Cette grande dame très charismatique, amatrice d’art, ne ménage pas ses efforts et son temps pour faire de cette grande vente annuelle, une réussite. En effet, elle n’hésite pas à frapper à la porte des artistes et des galeries qu’elle sollicite, pour porter son projet. Lors d’une mission en Israël, alors qu’elle remettait le chèque à l’association bénéficiaire du projet, elle s’est rendue compte de l’importance du bénéfice de cette vente, permettre à des enfants défavorisés de toutes confessions d’accéder à la culture et à l’éducation. Alors qu’elle souhaitait passer le flam-beau, elle s’est donc une fois de plus, investie dans ce projet, en y mettant tout son coeur. Un bel exemple de solidarité.

Les œuvres sont acquises sous forme de dons, les bénéfices de cette vente seront entièrement reversés au profit du programme Yad Rachel qui propose depuis dix ans, un programme éducatif et de soins aux enfants défavorisés de toutes confessions de la ville de Lod en Israël.

La vente est parrainée par Laurence Jenkell artiste sculpteur et peintre pop art nouveau, connue mondialement pour ses sculp-tures de bonbons déclinées en plexiglas, bronze, aluminium, polyester et marbre.

Elle se fera sous le marteau de Maître Georges Delettrez, pré-sident de Drouot Patrimoine.

Une belle soirée en perspective. npar Sylvie BENSAID

Pour la quatrième année consécutive, Marlène Nathan de Lara, avec l’Action féminine de collecte de l’AUJF, réitère sa vente aux enchères caritative.

Les Violons du cœur de l’appel Unifié juif de France

VENTE AUX ENCHÈRES

Exposition des œuvres : dimanche 16 novembre 2014 de 10h00 à 18h00Cocktail : dimanche 16 novembre 2014 à 18h00 et vente aux enchères à 19h.

Pavillon Ledoyen – 75008 Paris.Renseignements : Sophie Souvré - 01 42 17 11 23

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40INTERNATIONNAL

P endant longtemps cette ville n’eut pour moi, aucune réa-lité. Je ne la trouvais pas sur les cartes. Je doutais presque de son existence.

Tulcea se trouve à l’entrée du delta du Danube. A quelques kilomètres de là, la frontière avec l’Ukraine longe un des bras du fleuve.

A 300 km de Bucarest, Tulcea est un des cœurs de la Dobrou-dja, vaste et riche région que se partagent la Roumanie et la Bul-garie. Ville très ancienne, fondée par les Daces (les Gètes) au VIIème siècle avant JC, Ovide la cite sous son nom « Aegyssus ».

Aujourd’hui c’est une ville d’environ 100 000 habitants, une ville touristique, la « porte » sur le delta du Danube. Site classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, Réserve de la biosphère, le delta est aussi une réserve ornithologique.

Mais cette région n’est pas seulement une voie de passage pour les oiseaux. De nombreux peuples l’ont traversée ou s’y sont ins-tallés : les Grecs, les Romains qui l’ont conquise plusieurs fois, mais aussi les Bulgares, les Russes, les Tatares , les Ottomans. Et parmi eux de nombreux Juifs.

C’est ainsi que la famille de mon père fuyant les pogroms en Ukraine, s’y établit dans les dernières décennies du XIXème siècle. Mon grand-père était né à Kichinev vers 1863. Ma grand-mère naquit à Tulcea vers 1865, et mon père vers 1891.

Monsieur Faimblat, responsable de la communauté juive de

Tulcea, m’accueillit, me fit visiter la synagogue et les cimetières juifs de la ville. Il me présenta les membres de la petite association juive qui rêvait de redonner à la synagogue son lustre d’antan.

Projet utopique, vu l’état du bâtiment, délabré et dangereux.

J’adhérai à l’association et à son projet.

De retour à Marseille, j’essayai de sensibiliser les associations : on organisa des conférences sur les Juifs de Roumanie, avec l’aide du professeur Carol Iancu, des brunch, des diaporamas, une ex-position de photos au Centre Edmond Fleg .

Les travaux débutèrent enfin.

En 2008, j’eus l’opportunité de me rendre à Bucarest pour la convention du Bnai Brith. Ce fut l’occasion d’aller à la découverte de la ville natale de mon père, Tulcea.

Réhabilitation et inauguration du « Temple Israélite » de TULCEA (Roumanie) par Élise LEIBOWITCH

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41Et, le vendredi 22 août 2014, le Temple Israélite de Tulcea en

Roumanie, a été inauguré. Evénement rare et symbolique.

ÉTINCELANTE DE BLEU ET D’OR

L’ancienne synagogue, entièrement rénovée, étincelante de bleu et d’or, ouvrit ses portes aux nombreux visiteurs venus assis-ter à cet événement : roumains de Tulcea mais aussi de Bucarest, de Costanza, de Focsani …. israéliens de Haifa, Tel Aviv,… et même français venus de Marseille et de Paris .

Au moment du dévoilement des plaques commémoratives par le Maire de Tulcea et le Président de la Fédération des Commu-nautés juives de Roumanie, les autorités civiles et religieuses se pressaient dans le hall d’entrée de la synagogue.

L’Etat roumain était largement représenté au niveau commu-nal, départemental(Judet) et national par le Dr Constantin Ho-gea, maire de la ville, par M. Simion Eduard, préfet, par M.Strat Vasile, vice-président du Conseil départemental, et enfin par M.Téodore Opanschi, représentant du gouvernement roumain, Ministre des cultes.

Toutes les communautés de Tulcea étaient présentes, grecque, turque, italienne, russe, ukrainienne, rom, macédonienne….On remarquait plus particulièrement la présence de l’Evêque, du Pope et du Mufti de Costanza.

Dans leur allocution, tous évoquèrent les communautés très nombreuses en Roumanie, réunies en ce jour dans la synagogue et la nécessité d’œuvrer pour maintenir l’harmonie dans le pays.

La communauté juive était représentée par le Dr Aurel Vai-ner, député et Président de la FCER, fédération des Communau-tés juives de Roumanie , par le Directeur du Joint en Roumanie, Israël Sabag, et par les Présidents des communautés de Tulcea, Costanza, Focsani…..

750.000 JUIFS : IL N’EN RESTE QUE 6.000

Dans les années 30, la communauté juive de Roumanie était la 3ème d’Europe, après la Russie et la Pologne. Elle comptait environ 750 000 Juifs. La moitié disparut pendant la Shoah et l’autre moitié émigra, le plus souvent en Israël. Aujourd’hui elle comprend envi-ron 6000 personnes réparties sur une soixantaine de communau-tés. Les nombreuses synagogues et les cimetières témoignent de la splendeur disparue. C’est le cas de Tulcea, dont la population juive atteignit plusieurs milliers de membres, et qui compte aujourd’hui une quarantaine de personnes ayant un lien avec le judaïsme.

Le Grand Rabbin de Roumanie, Rafaël Shaffer et le premier can-tor Iosef Adler, ouvrirent les cérémonies par un office religieux. La mezouza fut posée aux sons de la musique Klezmer jouée dans la synagogue.

Dans son intervention, le Dr Aurel Vainer, Président de la FCER, salua l’œuvre accomplie, et sa signification symbolique pour les Juifs de Roumanie et pour le judaïsme. M. Faimblat, Président de la communauté juive de Tulcea, à qui l’on doit la renaissance de la synagogue, prit la parole ensuite ; il évoqua les difficultés rencontrées, la joie d’avoir réussi dans cette entreprise et remercia tous ceux qui l’avaient aidé. On notait dans l’assis-tance la présence du Président de la loge Bnai Brith de Bucarest , José Iacobescu, et l’ancien ambassadeur de Roumanie en Israël.

L’inauguration du Musée d’histoire des Juifs de la Dobrougea Nord eut lieu le lendemain, samedi 23 août 2014, suivie d’un col-loque sur les Juifs de la Dobrougea qui se déroula dans la salle du Conseil départemental (consiliu judetean ).

Dans la galerie des femmes, à laquelle on accède par un bel esca-lier de bois en colimaçon, furent exposés des documents, des pho-tos et des objets, qui constituent le début des collections à venir. Le musée sera administré au niveau national par Mme Janina Ilie, qui s’occupe déjà des huit autres musées juifs de Roumanie. Au niveau local, c’est Monsieur Faimblat, Président de la communauté juive de Tulcea et initiateur du projet, qui en a la responsabilité.

Les festivités furent nombreuses : le théâtre « Jean Bart » accueillit les participants pour un concert donné par le « Bucarest Klezmer Band » ; après l’office à la synagogue, car la synagogue est vivante et la communauté s’y retrouve pour le shabbat et les fêtes, un grand dîner avec un spectacle de musique et de danses folkloriques rou-maines, fut offert dans un grand hôtel de la ville. Et bien sûr, une promenade dans le delta du Danube…

A la tombée de la nuit, la prière de Havdala fut récitée sur la rive du fleuve, face aux embarcadères en présence du Maire de la ville.

« C’est la première fois que cette cérémonie a lieu à Tulcea », me chuchota Monsieur Faimblat.

Renaissance ? Pérennité du Judaïsme. L’inauguration du Temple israélite de Tulcea en est le symbole. n

par Élise LEIBOWITCH

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42

E lle se lance dans l’aventure après le décès de ses parents, anciens enfants cachés à

Moissac. Natasha est comédienne. La mort de sa grand-mère Ger-maine va éveiller en elle des re-grets. Germaine était une sacrée bonne femme, émouvante, drôle, coquine, coquette et déroutante. Natasha connaissait bien sa grand-mère, mais n’en sait pas assez sur son histoire, en particulier sur l’épisode étonnant qu’elle a vécu pendant la guerre.

Surgit alors « J’ai de la chance », l’histoire de Natasha, la petite fille de Germaine qui, à sa mort, regrette de ne jamais avoir dit « Mamie, raconte ».

Elle se lance donc dans l’écriture d’une sorte de docu-fiction sur sa grand-mère, son histoire, sa famille, ses passions, et va ten-ter de percer le mystère de cette « chance » que Germaine reven-dique à tout bout de champ.

De sa vie à Moissac, maison où sont réfugiés une centaine d’enfants juifs, Germaine parle d’une vie heureuse où la soli-darité est devenue le maître mot. Lors de l’invasion allemande, cette jeune juive va devenir agent de liaison dans la région, allant d’une ville à l’autre afin de rendre visite aux enfants cachés et de faire le lien avec la deuxième famille dont ils ont dû se séparer : la maison de Moissac.

Laurence Masliah nous offre avec cette pièce qu’elle interprète seule sur scène, une réelle proximité avec son public qu’elle fait entrer dans l’action, le transforme en confident.J’ai de la chance est un vrai moment de théâtre, une pièce sub-tile sur la transmission de l’histoire et le respect de la mémoire, ouvre un dialogue intergénérationnel, une véritable performance sur l’âge, et l’amour de la langue française.Une prouesse de comédienne, un petit bijou.

La Mise en scène et la scénographie très dépouillées, sont de Patrick Haggiag, la Voix Off d’André Dussollier.

Cette pièce a reçu le soutien de la Fondation pour la mémoire de la shoah. n

par Sylvie BENSAID

S on esprit optimiste et positif à toute épreuve lui ont permis de traverser le 20ème siècle. Remplis de sagesse, de tolérance et d’hu-

mour, les mots d’Alice forment une formidable leçon de vie universelle. Elle s’est éteinte une se-maine avant la cérémonie des Oscars. Malcolm Clarke, le réalisateur lui a bien sûr dédié cette vic-toire.

Alice Sommer Herz, plus connue sous le nom d’Alice Sommer, était l’amie de Franz Kafka.

Pianiste et professeur tchèque de musique, elle est une des rares rescapées du camp de concen-tration de Theresientadt, ou elle fut internée deux ans. Avec d’autres musiciens, Alice Sommer-Herz

donnera plus de 100 concerts dans le camp. Même au milieu de l’enfer, Alice avait su y créer un jar-din.

Après un séjour en Israël pour suivre son fils pianiste, notre héroïne vivait depuis 1986, dans le nord de Londres, et était, à la fin de sa vie, la pianiste et la survivante la plus âgée connue de la shoah.

Le 7 octobre sort en dvd « la Dame du 6 » Raconté par Patrick Bruel et Réalisé par Malcolm Clarke.

Un moment de pur bonheur. n

par Sylvie BENSAID

Comédienne, Laurence Masliah, porte en elle le personnage de Germaine et l’envie de lui écrire une histoire.

Dans ce documentaire, la musicienne, âgée de 110 ans, raconte sa vie et affirme l’importance de la musique et du rire pour mener une vie heureuse.

J’ai de la chance, de Laurence Masliah

La Dame du 6

THÉÂTRE

CINÉMA

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43FRANCE

N icole Guedj a salué l’engagement et le courage de Chris-tian Estrosi, un soutien très actif et ami de longue date de la communauté Juive et de l’Etat d’Israel. Elle a sou-

haité a l’aube de cette nouvelle année 5775, lui exprimer amitié et reconnaissance.

L’élu UMP, qui s’est rendu dans l’Etat hébreu cet été, des le début du conflit, a rendu visite, dans une démarche forte et sym-bolique, aux villes touchées quotidiennement par les roquettes, dans le sud d’Israël.

« J’y ai vécu les alertes et les angoisses des abris à Sderot et Ashkelon, j’ai vu sur place le quotidien des habitants » a-t-il rap-pelé, tout en dénonçant le traitement médiatique du conflit.

Une assistance motivée et très attentive était réunie. On pou-vait noter la présence de Richard Prasquier, Sidney Ohana, l’hôte de la soirée, Muriel Touati, Valerie Hoffenberg.

L’invité d’honneur de la Fondation Françe Israel a évoqué la situation très difficile dans laquelle se trouve la Françe, Israël et l’ensemble du Proche-Orient et a confirmé, de façon courageuse, son implication et son engagement ainsi que sa détermination à lutter sans faillir contre toutes les formes de terrorisme.

Pour lui, combattre le djihâd c’est aussi combattre le Hamas. Christian Estrosi s’est aussi exprimé sur les nombreuses coopé-rations technologiques et commerciales entre la France et Israël qu’il a initiées et qu’il souhaite encore accentuer.

Le Député maire de Nice a été fait Docteur Honoris Causa par la faculté de Netanya.

Il est titulaire du prix Uzi Narkiss. n

par Sylvie BENSAID

La Fondation France Israel et sa Présidente Nicole Guedj, recevaient, le 30 septembre, dans le cadre des Entretiens des Amis de la Fondation France-Israël, Christian Estrosi, Ancien ministre et député maire de Nice.

Christian Estrosi invité d’honneur de la Fondation Françe Israël

Crédit Photo : © Erez Lichtfeld

Crédit Photo : © Erez Lichtfeld

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44CINÉMA

L’histoire : Samba, sénégalais en France depuis 10 ans, col-lectionne les petits boulots ; Alice est une cadre supérieure épuisée par un burn out. Lui essaye par tous les moyens

d’obtenir ses papiers, alors qu’elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu’au jour où leurs destins se croisent... Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d’imagination qu’eux ?

Omar Sy est a fond dans ce rôle de composition et joue tout en nuance un personnage attachant, humain et complexe qui réussit à nous faire oublier sa prestation dans Intouchables. Quel talent.

Pour le comédien, en opposant sans cesse drame et comédie, Samba soulève des questions essentielles sans donner de réponse, il pousse à chercher des solutions».

« Samba » n’est pas un film à charge. « C’est une observation empirique d’un état de fait », confie Eric Toledano, qui a visité avec son comparse des centres de rétention, des associations d’aide aux migrants et rencontré des demandeurs d’asile. Ainsi, chaque personnage du film a été inspiré par une personne réelle rencontrée lors de l’élaboration du projet. Mais il souffle dans le film un « vent de légèreté parce que c’est notre vision de l’exis-tence ».

Samba est adapté du roman « Samba pour la France » de Del-phine Coulin, paru aux éditions du Seuil en 2011. Interrogée sur TF1 sur l’adaptation de ce livre, l’auteur précise : « Nous sommes partis du livre et de toute la trame du livre. Ce sont les mêmes personnages. En revanche, quand c’était drôle dans le livre, on le gardait, et quand c’était trop sombre, on essayait de l’alléger un peu, en particulier par les dialogues. » Par ailleurs, le person-nage d’Alice, tenu par Charlotte Gainsbourg, n’existait pas dans le roman. Sa création a donné l’opportunité aux réalisateurs de mettre en scène un «vrai couple de cinéma, ce que nous n’avions jamais fait jusque-là», précise Olivier Nakache.

Samba, « une volonté affichée d’avoir un film avec plusieurs facettes ».

Le duo de réalisateurs fera-t-il encore mieux que pour Intou-chables, attendons sa sortie le 22 octobre sur les écrans français pour le savoir. n

par Sylvie BENSAID

Samba signe le retour du duo de réalisateurs Olivier Nakache et Eric Toledano, trois ans après le triomphe d’Intouchables.

Omar Sy danse la Samba

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45PORTRAIT

N ée à Alexandrie en 1921, Gabrielle Hanoka, dite Gaby, est la fille d’un

fabricant de cigarettes d’origine gréco-italienne. Elle arrive à Paris en 1945, quelques années après son mariage avec le militant commu-niste Raymond Aghion.

Femme d’une rare élégance et de distinction, Gabrielle Aghion avait révolutionné la mode en in-ventant une certaine idée du prêt-à-porter. Elle a été initiée très tôt à l’élégance parisienne : sa mère, passionnée de mode, faisait faire les vêtements de la famille par une couturière qui s’inspirait des magazines de mode.

Un premier défilé au café Le Flore.Elle crée en 1952, la maison de mode française Chloé, une en-seigne de vêtements de luxe spécialisée plus particulièrement dans le prêt-à-porter. L’entreprise se développe quelques années

plus tard, suite à l’association de la fondatrice avec Jacques Lenoir puis Jeannette Alfandari.

Elle avait fait accéder Karl Lagerfeld à la notoriété, en le nom-mant en 1966 à la tête de la création de la marque, où il est resté jusqu’en 1984. « Karl Lagerfeld cristallisa véritablement l’identité de Chloé. Evanescents, éphémères, fluides, légers comme l’air, ses vêtements exprimaient les libertés et les fantasmes d’une généra-tion », disait-elle à propos du couturier.

Gaby Aghion présida aux destinées de la maison Chloé jusqu’en 1985, date à laquelle la société est reprise par le groupe Richemont, depuis cette date, Gaby Aghion n’avait plus de rôle dans la maison, mais ne manquait quasiment aucun défilé. Elle avait reçu la légion d’honneur en décembre 2013, se déplaçant en fauteuil roulant.

Lire le livre d’Hélène Schoumann, Chloé, Assouline, mars 2003 n

par Sylvie BENSAID

Cabrielle Aghion qui avait fait accéder Karl Lagerfeld à la notoriété, est morte à 93 ans à Paris, a annoncé la maison de mode, à la veille du défilé de prêt-à-porter printemps-été.

Clap de fin pour le créatrice de chloé

DREYFUS - 224 pages - 19,90 €

« ...un portrait saisissant, avec comme - rare - échappatoire les lettres à sa femme »

Le Figaro Littéraire

« ...un portrait inédit, à la fois intime et haletant. » Le Parisien

BLESSURES - 288 pages - 18,90 €

« Passionnant. » Patrick Poivre d’Arvor,

Radio Classique

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46SHOPPING

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