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SEPTEMBRE / OCTOBRE 2015 (5776) - NUMÉRO 67 - 3(NUMÉRO OFFERT) 5776 : L’AN NEUF De la résignation à l’espoir ALAIN JUPPÉ : « LE MOT JUIF, C’EST DANS MON CŒUR QU’IL RÉSONNE » LES « TSERFATIM » À TEL AVIV : LA FIDÉLITÉ ET LE SOUTIEN ! L’HISTOIRE DES JUIFS EN CORSE : GIACOBBI, SIMEONI... FRANCE ISRAËL HISTOIRE

TJ-Info Magazine N°67 Septembre / Octobre 2015 (5776)

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SEPTEMBRE / OCTOBRE 2015 (5776) - NUMÉRO 67 - 3€ (NUMÉRO OFFERT)

5776 : L’AN NEUFDe la résignation à l’espoir

ALAIN JUPPÉ : « LE MOT JUIF, C’EST DANS MON CŒUR QU’IL RÉSONNE »

LES « TSERFATIM » À TEL AVIV : LA FIDÉLITÉ ET LE SOUTIEN !

L’HISTOIRE DES JUIFS EN CORSE : GIACOBBI, SIMEONI...

FRANCE

ISRAËL

HISTOIRE

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TRIBUNEJUIVE.INFO - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2015

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SOMMAIREAlain Juppé : « Le mot juif c’est dans mon cœur qu’il résonne » - FRANCE

P4

Rosh Hashana : l’Appel du Grand Shofar par Rav Kook - RELIGION

P5

L’histoire des juifs en Corse : Giacobbi, Simeoni... - HISTOIRE

P6

Le cri des kurdes : « Aujourd’hui, la Turquie nous attaque et le monde nous a oubliés. » - INTERNATIONAL

P8

À propos des héros du Thalys, par Charlélie Couture - SOCIÉTÉ

P10

Israël, l’un des meilleurs pays pour élever ses enfants - ISRAËL

P11

Les « Tserfatim » à Tel Aviv : la fi délité et le soutien ! - ISRAËL

P12

Tel Aviv sur Seine / Gaza PlageFRANCE-ISRAËL

P13

Sarona Market, le Covent Garden de Tel Aviv - ISRAËL

P14

Les bottes « Mode In Israël » - MODE P15

COMMUNAUTÉ P16

Hakim, le guerrier de Sion - ISRAËL P17

En Italie, porter sa Kippa en public : no problemo - ISRAËL

P18

Héroïsme, Légion d’HonneurSOCIÉTÉ

P19

Le jour où... le roi Hussein a repris le contrôle de la Jordanie - HISTOIRE

P20

Le palais de Mahmoud Abbas à Ramallah : Président des réfugiésISRAËL-PALESTINE

P22

De jeunes bénévoles restaurent à Bayonne le plus ancien cimetière juif de France - COMMUNAUTÉ

P23

BOULANGER à la conquête de Paris ENTREVUE

P24

RENTRÉE LITÉRAIRE P26

« J’ai envie de tout » de Sylvie Pérez, à lire dans l’urgence - LIVRES

P30

« Un amour impossible » de Christine Angot - LIVRES

P32

THÉÂTRE P33

SHOPPING P34

5 775 avait beaucoup d’atouts pour réussir : deux 5 enfermant deux sept, un chiff re pa-lindrome, le même à droite et à gauche. On

peut supposer que pour beaucoup de gens, ce fut une bonne année : tendresse, amour, réussite, les sou-rires d’un enfant, le regard de l’ami fi dèle, l’épaule de l’être aimé. D’autres ont espéré et n’ont rien vu venir et tous voudraient que l’An Neuf leur apporte enfi n ce à quoi ils pensent avoir droit. Amen !

Dans le monde, où que se tourne le regard, ce ne sont que désordre, menaces et catastrophes. Peut être parce que l’information devenue instantanée, ceux qui la diff usent privilégient le « balagan » ( ce qu’on appelle tohu-bohu dans la Bible, bordel dans la rue). Mais surtout parce que la violence est devenue l’arme des faibles et que les forts sont incapables de la conte-nir à moins qu’ils ne le veuillent pas.

Un pays de 80 millions d’habitants dirigé par des mollahs va aller très vite vers la possession d’engins nucléaires. Les Etats-Unis sont désignés comme « Le Grand Satan » par l’Iran qui ne change rien à son vocabulaire. Le Président Obama s’est pourtant plié en quatre pour lui arranger une victoire certaine : un marché de dupes ou un jeu de fourbes ? L’Iran veut détruire Israël et ses dirigeants n’ont pas cessé de le répéter. Il faut les croire et rester aux aguets pour faire face ou pour anticiper.

La Syrie est en trois morceaux et le régime ne contrôle plus que sa capitale et des espaces reconquis. Les russes, sont à la manœuvre et fournissent armes et instructeurs. L’Irak est sous domination de l’ État islamique, drapeau noir, décapitations et destruc-tions. Le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne à Ramallah qui pourraient être les prochaines proies n’ont pas de crainte à avoir, les sauvages ne se frotte-ront pas à Tsahal pour le moment.

Vers l’Europe aff aissée, voguent des bateaux où s’en-tassent à fond de cale, les migrants, ceux qui veulent quitter l’enfer de la Libye, de l’Irak, de la Syrie. L’Allemagne en quête de population, accueille cette

transfusion qui pourrait la sauver, la France n’a pas le même problème et cherche à garder son identité déjà compromise mais entrebâille sa porte pour ne pas choquer ses grandes âmes.

Dans notre pays, il y a un taux de chômage insup-portable et manipuler les catégories de chômeurs ne change pas la réalité. Les réformes indispensables sont mises en œuvre dans leur version allégée, le pouvoir reculant toujours devant les opposants. « Les Français sont des conservateurs émeutiers » écri-vait André Siegfried. Dans 20 mois, ce sera l’élection présidentielle. Les Républicains lorgnent sur les élec-teurs du centre ou alors sur ceux du Front National (Juppé, Sarkozy) et le Parti socialiste essaye de garder le soutien des écologistes et des communistes sans perdre en route les sociaux démocrates : synthèse ou grand écart ?

En Israël, les dangers ne sont pas moindres mais les sunnites, Égypte, Arabie, calmés, les chiites iraniens ou libanais ont pris le relais. L’économie israélienne va bien, le taux de chômage est celui d’un pays en plein emploi, les réserves de devises sont au plus haut. Les réformes de Moshe Kahlon redonnent du pouvoir d’achat et les nappes de gaz découvertes as-sureront l’indépendance énergétique. Les émigrants arrivent en nombre d’Ukraine, de Russie, de France. Les femmes religieuses affi rment leur indépendance et leur spiritualité en priant de plus en plus nom-breuses toutes ensemble : « être avec des centaines de femmes pour prier, chanter, danser, sans se soucier du regard masculin a quelque chose de magique ». Il s’agit là d’un tournant important dans l’histoire du judaïsme.

L’An Neuf pourrait apporter des solutions à des problèmes anciens et charriera les nouveaux défi s. La vie de chacun de nous va continuer en oscillant de la résignation à l’espoir comme pour les bipo-laires que nous sommes tous devenus.

Tribune Juive

5776 : L’AN NEUFDe la résignation à l’espoir

ÉDITO

Edité par : SAS TJ INFODirecteur de la publication : André MamouRédacteur en chef : André MamouDirectrice de la rédaction : Sylvie BensaidRedactrice en chef adjointe : Line TubianaSecretaire de rédaction : Michelle DelinonMaquette : Emmanuel LacombeOnt participé : Brigitte Thevenot, Pascale Davidovicz, Lisa Mamou, Amandine Sroussi, Kalman Schnuhr, Jean Taranto, Jean-Paul Fhima, Benjamin Goldnadel, Alain Chouffan, Yves Saro...Directrice de la publicité : Sylvie MarekChef de publicité : Jeanine KonfortiCrédits photo : Alain Azria, Wikipédia, Wikimédia Commons, Flickr Commons...Photo couverture : © Fenriswolf | Dreamstime.com

Commission paritaire en cours.

5775 c’est fi ni et une nouvelle année fait ses premiers pas. Les vœux, une année bonne et douce, une tranche de pomme plongée dans du miel, le sésame et la grenade, tout le rituel de

Rosh Ha-Shana a défi lé et tout le passé s’éloigne.

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N athalie Saint-Cricq, chef du service po-litique de France 2 est à ses côtés pour diriger cette conférence – débat.

Alain Juppé commence par une phrase qui amuse l’assistance : « Je vais d’abord vous parler de moi... » Et il enchaine en soulignant que chez lui, pendant toute sa jeunesse dans les Landes, jamais il n’avait entendu un propos antisémite. Il retrace à grands traits sa carrière de député du XVIIIe où il a connu des rabbins et des électeurs juifs puis ses voyages en Israël où il a discuté tout au long de la nuit avec des interlocuteurs israé-liens qui lui ont ouvert l’esprit.

Enfi n, le point d’orgue a été son voyage comme ministre des Aff aires étrangères dans l’avion qui transportait les cercueils des victimes de Merah de Toulouse à Jérusalem.

Il montre sa profonde estime envers les juifs de France. « Je ne peux pas me résoudre à voir les synagogues sous protection militaire », « Les dix mille juifs qui ont quitté la France pour Israël, si cela correspond à leur désir, je suis content pour eux mais ceux qui ont émigré parce qu’ils ne sentent plus en sécurité, c’est un échec pour la France ».

Et pour clore son discours sur les juifs de France, il a une belle formule : « Quand j’entends le mot juif, ce n’est pas dans ma tête qu’il résonne mais dans mon cœur ».

Il survole le problème du Front National qui reste selon lui le parti de Jean-Marie Le Pen et

dont les dirigeants actuels n’apportent rien de nouveau sans parler de leur programme écono-mique qui conduirait à la catastrophe.

Pour Israël, il récite la position du Quai d’Orsay : « la sécurité de l’Etat d’Israël n’est pas négociable mais je reste attaché à la création d’un État pales-tinien, le statu quo n’est pas la solution ».

En ce qui concerne la situation économique et son programme s’il remportait la primaire, il résume simplement : il faut en fi nir avec les 35 heures, mettre l’âge de la retraite à 65 ans, ré-duire les dépenses publiques en supprimant des postes de fonctionnaires, modifi er le système de protection sociale, réviser la gratuité généralisée des soins, « La clef du redressement de la France c’est le rétablissement de la confi ance et le redé-marrage de l’économie ».

Dans l’assistance, on lui dit qu’il s’agit là d’un programme qui pourrait rebuter les électeurs et Alain Juppé répond immédiatement : « Je pré-fère ne pas être élu plutôt que de ne pas appliquer ce que je promets ».

Pour la primaire, il veut qu’elle soit organisée par une structure indépendante et qu’il y ait un nombre suffi sant de bureaux de votes. Il s’agit pour lui de rassembler la droite et le centre : « et vous verrez que beaucoup d’électeurs socialistes nous rejoindront ».

Alain Juppé s’est présenté aux amis du CRIF tel qu’il est : franc, résolu, ami sincère des juifs de

France, avec un programme économique qui tourne le dos à celui des socialistes dont l’échec est patent. Il est vrai que ce n’est pas un orateur show-man, il n’a ni crescendo ni phrases mar-telées.

Quelques formules, mais plutôt dans le style understatement que dans celui du tribun. Les Français aiment les orateurs qui les prennent aux tripes, Alain Juppé, lui, veut expliquer et rassurer comme un homme d’expérience qui distille ses conseils.

Jacques Chirac parlait de Juppé « comme le meil-leur d’entre nous ». Il ne se trompait pas mais est-ce que le pouvoir est attribué au mérite ? L’adhésion d’un peuple avec un homme, c’est un phéno-mène mystérieux. Alain Juppé pourra-t-il créer une envie, susciter chez les électeurs le désir de le voir à leur tête ?

Mardi 8 septembre 2015, 19 h 45-21 h 15, Alain Juppé est l’invité du CRIF. Une salle du Grand Hôtel de la rue Scribe, toutes les chaises

sont occupées : 800 ou 1.000 personnes ?

Alain Juppé : « Le mot juif c’est dans mon cœur

qu’il résonne » Par ANDRÉ MAMOU

FRANCE

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D ’un côté la montée des périls en Alle-magne, avec le règne hitlérien, deve-naient chaque jour plus oppressants.

D’un autre côté, la communauté juive était en Eretz Israël chaque jour plus fl orissante. L’immi-gration juive d’Europe centrale était en augmen-tation, apportant des populations éduquées, qua-lifi ées pour des travaux dont Israël avait besoin, des moyens fi nanciers importants. Au milieu des tourments, les pas vers la Rédemption semblaient se faire entendre. Dans nos prières quotidiennes, nous prononçons : « Que résonne le Grand Shofar pour notre liberté, et que s’élève l’étendard qui fait revenir nos exilés. » Quelle est la signifi cation de ce « grand Shofar » ?

Il existe trois types de Shofar que l’on fait retentir pour Rosh Hashana. Le shofar idéal est fait dans une corne de bélier. Si on ne dispose pas d’une corne de bélier, la corne de n’importe quel herbi-vore casher peut être utilisée, à l’exception d’une corne de vache. Et si un shofar casher n’est pas disponible, on peut alors souffl er dans n’importe quelle corne, même celle d’un animal non casher. Cependant, quand on souffl e dans la corne d’un animal non casher, aucune bénédiction ne peut être dite. Ces trois shofar de Rosh Hashana corres-pondent aux trois « Shofars de la Rédemption », les trois appels divins qui convoquent le peuple juif

au rachat (à l’oubli) de leurs fautes et à la libéra-tion (au rachat) de leur terre.

Le shofar le plus proche de la Rédemption est celui de l’appel divin qui réveille et inspire le peuple par des motivations sacrées, par la foi en D.ieu et l’unique mission du peuple d’Israël.Ce degré élevé du réveil d’Israël correspond à la corne de bélier, une corne et un appel qui rappellent l’amour suprême de l’Eternel pour Abraham et la reconnaissance de son obéissance (dévouement) à la Akeidat Yitzchak, la ligature d’Isaac (Genèse/Bereshit 22:1-19).

C’était l’appel de ce Shofar, avec sa vision sainte de la Jérusalem céleste unie à la Jérusalem ter-restre, qui poussa les Nahmanides, Rabbi Yehu-da HaLevy, Rabbi Ovadia ben Abraham de Ber-tinoro, les disciples du Gaon de Vilna, et ceux du Baal Shem Tov à monter en Eretz Yisrael.C’est pour ce « Grand Shofar », réveil de la gran-deur spirituelle et de l’idéal du judaïsme, que nous prions avec tant de ferveur.

Il y a aussi un second Shofar de la Rédemption, une forme d’éveil moins parfaite. Ce shofar appelle le peuple juif à revenir dans son foyer, vers la Terre où nos ancêtres, nos prophètes et nos rois ont vécu jadis. Il nous enjoint de vivre en hommes libres, d’élever nos familles dans un pays juif, et une culture juive. C’est un shofar casher, mais pas un grand shofar comme le pre-mier. Cependant, avec ce shofar, nous pouvons bénir.

Il existe, cependant un troisième type de Shofar : (à ce moment du sermon, le Rav Kook éclate en sanglots.) C’est le moins désirable, le moins grand des shofars qui provient d’un ani-mal impur. Ce shofar, c’est celui du réveil que sonnent les persécutions des nations antisé-

mites, avertissant les juifs d’échapper tant qu’ils le peuvent, et de fuir vers leur propre Terre.

Les ennemis forcent les juifs au rachat, faisant éclater les trompettes de la guerre, les bombar-dant de menaces assourdissantes, faisant pleu-voir sur eux de multiples tourments, et les har-celant sans repos.

Le shofar des animaux impurs est ainsi transfor-mé en un Shofar de la Rédemption. Qui a man-qué d’entendre l’appel des deux premiers shofars sera forcé d’écouter celui du dernier shofar.

Mais, cependant, pendant l’appel de ce dernier shofar, aucune bénédiction ne peut être dite. « On ne récite pas de bénédiction sur une coupe d’affl iction » (Talmud Berakot 51b).

Nous prions pour être rachetés et libérés par la voix du « Grand Shofar ». Nous ne demandons pas à être réveillés par l’appel « calamiteux » du Shofar de la persécution ; pas plus que par le sho-far médiocre des aspirations ordinaires (com-munes) des nations. Nous désirons un shofar qui correspond à une nation sainte, le shofar de la grandeur spirituelle et de la liberté véritable.Nous attendons le souffl e du Shofar qui annonce la complète Rédemption, l’appel sacré qui ins-pire et mène le peuple juif vers le saint idéal de Jérusalem et du Mont Moriah.

« Ce jour-là un grand shofar se fera entendre, et les égarés de la terre d’Assyrie et les dispersés de la terre d’Egypte viendront se prosterner devant L’Eternel dans la montagne sainte, à Jérusalem. » (Isaïe 27:13)

Article publié en anglais dans « Rav Kook Torah ». Traduit de l’hébreu à l’anglais par Rav Chanan Morrison. Traduit de l’anglais par Jean Taranto.

Rav Avraham Itshak HaKohen Kook, premier Grand Rabbin d’Israël a pronon-cé ce discours de Rosh Hashana dans la vieille Ville de Jérusalem en 1933.

C’était un temps mouvementé de nouveautés mêlées aux menaces.

Rosh Hashana : l’Appel du Grand Shofar par Rav Kook

RELIGION

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A cette époque, une importante im-migration venue d’Egypte s’est ins-tallée dans le Sud de la Corse ; une

grande partie de ces femmes et hommes juifs parlaient et écrivaient l’hébreu. La majorité d’entre eux s’est implantée à proximité d’un village dénommé Levie (la bien nommée), situe à l’intérieur des terres à 20 km environ de Porto-Vecchio. Par la suite, les membres de la communauté se sont dispersés un peu par-tout dans l’ile en devenant partie intégrante de la population autochtone et dans certains villages de montagne, des églises gardent en-

core la trace de documents rédigés en hébreu à côté de ceux rédigés en latin. Bien des siècles plus tard, dans les années 1500-1530, environ 1000 Juifs de la région de Naples trouvèrent refuge en Corse, fuyant très certainement une persécution locale, et ils s’installèrent dans les régions montagneuses du centre de l’ile. En l’an 1684, la ville de Padoue, située en Italie, qui était peuplée en grande partie par des Juifs qui habitaient un ghetto édifi é en 1516, fut le théâtre de violences dirigées contre ses ci-toyens juifs, dont une partie faillit se faire lyn-cher. Une rumeur malveillante selon laquelle

leurs coreligionnaires de Buda, avaient com-mis des actes de cruauté contre les Chrétiens de la ville hongroise, déclencha cette fl ambée de brutalité dirigée contre la communauté juive de la ville. C’est grâce à l’intervention d’un père Franciscain nomme Père Marco qui écrivit une lettre afi n de dénoncer cette mys-tifi cation, que la communauté juive échappa au massacre annoncé. Une grande partie de la communauté juive de Padoue décida à la suite de ces événements d’émigrer sous d’autres cieux plus cléments. Certains arrivèrent en Corse, et les habitants les nommèrent Pado-

L’histoire des Juifs en Corse remonte à plusieurs centaines d’années. Les premières traces d’une présence juive dans l’ile se situent

aux alentours de l’an 800.

L’histoire des juifs en Corse :Giacobbi, Simeoni...

HISTOIRE

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7vani, ce qui signifi e : venu de Padoue. Le nom de famille Padovani est un nom très répandu de nos jours en Corse.

LES ROIS DE FRANCE EXPULSENT LES JUIFS, LES CORSES LES

INVITENT POUR RÉGÉNÉRER L’ILE

Mais la plus importante vague d’immigration juive qu’ait connue la Corse se situe entre les années 1750 et 1769. La première république constitutionnelle et démocratique d’Europe venant de naitre, le leader de l’époque Pascal Paoli fi t venir en Corse entre 5000 et 10000 Juifs du nord de l’Italie, (les chiff res varient selon les sources) de Milan, de Turin ainsi que de Gènes pour revitaliser l’ile suite à 400 ans d’occupation génoise. Afi n de les rassurer sur leur intégration et sur la volonté du peuple corse de les considérer comme leurs égaux, ce même Paoli fi t une déclaration destinée aux nouveaux venus : « Les Juifs ont les mêmes droits que les Corses puisqu’ils partagent le même sort ». Cela fi t comprendre aux Juifs qu’ils étaient des citoyens à part entière et qu’ils bénéfi ciaient d’une totale liberté de culte, ce qui n’était pas le cas dans bon nombre de pays.

EN RÉALITÉ, C’EST PLUS DE 25% DE LA POPULATION CORSE QUI AURAIT

DES ORIGINES JUIVE

Ces immigrants portaient pour la plupart des noms à consonance ashkénaze, qui étaient très diffi cilement prononçables par la popula-tion locale. Une partie d’entre eux étant roux, ils se virent aff ubles du surnom de Rossu qui signifi e rouge et désigne les rouquins ce qui donne au pluriel Rossi, nom extrêmement répandu en Corse. En réalité, c’est plus de 25% de la population corse qui aurait des origines juives. En lisant les états civils, on peut faci-lement s’en rendre compte : les noms tels que Giacobbi, Zuccarelli, Costantini, Simeoni... très communs dans l’ile de Beauté, ne laissent planer aucun doute quant à leur origine.

Le nombre peu important des membres de la communauté juive, ajouté au fait que les Corses n’ont fait aucune diff érence entre les originaires de l’ile et ces nouveaux venus, est très certainement à l’origine d’un grand nombre de mariages mixtes qui déclenchèrent une assimilation quasi-totale. Malgré cela, les signes sur l’ile de beauté d’une ancienne pré-sence juive y sont très nombreux ; un exemple probant en est le nom d’un village Cazalabri-va qui selon plusieurs sources concordantes

viendrait de: casa di l’ebreo, littéralement la maison de l’hébreu (le mot juif n’existant pas en Corse). Ou bien encore, de nos jours dans certaines régions, il subsiste une tradition très ancienne de donner aux nouveau-nés des prénoms d’origine hébraïque tel que Mouse (Moise) etc. ...

Plus proche de nous, durant la seconde guerre mondiale, alors que la Corse était occupée par les fascistes italiens, les habitants de l’ile se mobilisèrent pour aider les Juifs à se ca-cher. Avec les moyens du bord, ils aidèrent hommes, femmes et enfants à se refugier dans les villages de montagne. Un haut fonction-naire français accomplit un travail admirable et, au mépris de sa vie, sauva à lui seul, plu-sieurs dizaines de Juifs. Il s’agit du sous préfet de Sartène Pierre-Joseph Jean Jacques Ravail. Il travaillait avec le réseau mis en place par les partisans de Paul Giacobbi, grand père de l’ac-tuel préfet de Haute-Corse qui refusait d’opter pour la voie de la collaboration.

LA CORSE APPORTA SA CONTRIBUTION À LA CRÉATION DE

L’ETAT D’ISRAËL

La Corse eut donc une attitude plus qu’honorable envers les Juifs persécutés, et pas seulement pendant la Seconde guerre mondiale. En eff et, c’est le seul endroit en Europe ou l’on n’eut jamais à déplorer d’actes antisémites, et cela mérite d’être dit. En 1947, la Corse apporta sa contribution à la création de l’Etat d’Israël. Des Corses d’alors décidèrent de secourir les combattants juifs luttant pour leur indépendance et pour former leur Etat. Leur mission: accueillir des avions qui vont être bourrés d’armes pour s’envoler vers des lieux gardés par la Haganah. Ajaccio est alors choisie comme piste d’atterrissage. Des hommes, parmi eux des policiers mais aussi des voyous, rendent visite au préfet de

l’époque; il a pour nom... Maurice Papon.L’homme a un passé confus, trois Corses lui expliquent que l’aéroport d’Ajaccio sera réservé à ces transports d’armes. Les Corses bénéfi cient de l’accord du gouvernement so-cialiste qui ne peut agir ouvertement. Maurice Papon ferme donc les yeux et il laissera fi ler parait-il le bébé. Les armes transiteront par la Corse pour s’évaporer vers le futur Etat juif. Il ne faut pas oublier de souligner qu’hormis toutes les vagues d’immigration juive qu’ait pu connaitre la Corse, des individus isolés sont venus s’y installer, provenant notamment des communautés juives d’Afrique du nord.

De nos jours, la communauté juive de l’ile, très peu nombreuse, se concentre essentiellement à Bastia. Son président Mr Ninio, natif de Ti-bériade, ouvre deux fois dans l’année la syna-gogue qui possède deux Rouleaux de la Torah en parfait état: pour Roch Hachana, le jour de l’an Juif et Yom Kipour. Les jeunes, pour la plupart, quittent l’ile pour aller étudier sur le continent et bien souvent ils y rencontrent leur moitié et s’y installent défi nitivement. Il existe en Corse de très nombreuses personnes sou-tenant l’Etat d’Israël dans la période diffi cile qu’il traverse actuellement. Parmi ces amis d’Israël, certains sont allés jusqu’a écrire des missives au président français Jaques Chirac, à la Haute Cour internationale de La Haye ainsi qu’aux medias français, afi n de dénoncer la politique européenne et française, en parti-culier, toujours pro palestinienne. Ce soutien inconditionnel s’explique en partie par le fait que beaucoup de corses ont le sentiment qu’il y a un gouff re entre ce qui se passe réellement et ce qui se dit dans les medias Français au sujet de ces deux communautés.

Du reste, une association Corse – Israël s’est créée afi n de rapprocher les deux communau-tés et de développer le dialogue entre elles.

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L es kurdes de Turquie ne comprennent pas que les occidentaux ne s’opposent pas à la politique turque qui vise da-

vantage à les anéantir qu’à combattre Daesh

LE DOUBLE JEU DANGEREUX D’ERDOGAN

Le double jeu de Recep Tayyip Erdogan, le pré-sident de la République de Turquie depuis 2014 et fondateur du AKP Parti de la Justice

et du Développement, n’est un secret pour personne et la presse s’en est faite l’écho.

Il fallait être bien naïf pour penser que derrière son revirement du 24 juillet der-nier, date à laquelle la Turquie est entrée en guerre contre Daesh et a accordé à la coali-tion l’accès à sa base aérienne d’Incirlik, il n’avait pas une idée derrière la tête.

IL Y A VU L’OPPORTUNITÉ D’EN FINIR AVEC LES KURDES

Ces mêmes kurdes, hommes et femmes, qui combattent avec une détermination et un courage sans faille l’Etat islamique.

D’après le quotidien turc Hürriyet, qui cite des sources officielles, l’accord au sujet de l’utilisation de la base d’Incirlik prévoirait la mise en place d’une zone tampon le long de la frontière turque, officiellement pour accueillir des réfugiés, mais principalement pour instaurer une zone d’exclusion aé-rienne. Chose que Washington avait refusé jusqu’en octobre dernier.

Le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a exprimé clairement l’ordre des priorités : « Nous ne pouvons tolérer que des militants kurdes, d’extrême gauche ou de l’État isla-mique, visent notre pays. »

Vous constaterez que les djihadistes viennent en dernier !

Les raids turcs contre l’Etat islamique sont peu nombreux, les frappes aériennes visent principalement les militants du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et n’épargnent pas la population civile kurde en Turquie, en Syrie et en Irak.

Le PKK, organisation armée qui revendique un projet d’autonomie kurde en Turquie, est classé comme organisation terroriste par la Turquie, autant que par l’Union Européenne et les autres pays occidentaux.

Cependant Amnesty International dénonce les frappes aériennes turques qui touchent des villageois, qui tuent, mutilent et déplacent des habitants, détruisent des maisons et sèment la

« Nos martyrs sont morts en combattant Daesh au nom de l’Humanité », déclare le frère aîné d’un combattant kurde tué en Syrie venu pour at-tendre son corps à la frontière depuis Diyarbakir, ville du sud-est de la Turquie constituée majoritairement de kurdes. « Aujourd’hui, la Turquie

nous attaque et le monde nous a oubliés. »

Le cri des kurdes : « Aujourd’hui, la Turquie

nous attaque et le monde nous a oubliés. »

Par PASCALE DAVIDOVICZ

INTERNATIONAL

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terreur là où aucune cible n’existe.

En outre, la police turque multiplie les arrestations dans les milieux pro kurdes et d’extrême gauche.

Avec l’aval des États-Unis et de l’Otan, le pré-sident turc mène une politique répressive dont les principales victimes sont les populations kurdes et les progressistes.

Pour Jean Marcou, qui s’exprime dans Les Echos, en s’attaquant aux kurdes du PKK Er-dogan se livre à un pari hasardeux.

« L’aviation turque prétend attaquer désor-mais l’organisation Etat islamique mais frappe surtout le PKK qui combat l’Etat islamique. A quoi joue Erdogan, au juste ?

Les raids turcs sur l’Etat islamique, au demeu-rant très peu nombreux, servent seulement de gage pour faire accepter une relance des frappes contre les séparatistes du PKK, qui demeurent le principal ennemi du président turc Recep Erdogan.

Tout cela s’insère dans les négociations me-nées depuis des mois avec les Etats-Unis sur la coalition contre l’Etat islamique (avec lequel le régime turc a longtemps été complaisant, voire a noué des liens opaques), négociations qui portent sur l’utilisation de la base d’Incir-lik, la création d’une zone tampon en Syrie, la formation de rebelles syriens « modérés », et l’insertion de la Turquie dans la coalition internationale.

Ankara veut un contrôle sur la chaîne de commandement américaine pour s’assurer que ne sont frappés que les objectifs qui lui conviennent.

Frapper le PKK rend eff ectivement service à l’Etat islamique, une contradiction straté-gique qui se comprend toutefois si on prend en compte la politique intérieure turque. »En eff et, les pourparlers entre l’AKP, le parti islamo conservateur d’Erdogan, et le CHP, le Parti Social Démocrate, ayant échoué le 13 août dernier, et faute de coalition, Erdogan va devoir aff ronter de nouvelles élections législa-tives.

L’objectif d’Erdogan est de prendre sa re-vanche sur son revers du 7 juin dernier, où son parti l’AKP avait perdu la majorité absolue, et de reprendre sa marche vers un régime pré-sidentiel en se servant du dossier kurde pour que le parti kurde HDP, qui dispose actuelle-ment de 80 sièges, passe au dessous de la barre des 10 % qui lui permet d’avoir des députés. Pour Jean Marcou : « C’est toutefois un pari hasardeux, sauf dégradation extrême de la situation sécuritaire, car les électeurs turcs se déterminent surtout en fonction de la situa-tion économique, marquée par une chute de la croissance, et redoutent les eff ets de la crise syrienne, avec l’affl ux de 2 millions de réfu-giés. Les électeurs tiennent, en outre, l’Etat islamique pour une menace plus importante que le PKK. »

LE PACTE D’OBAMA AVEC LE DIABLE

Il y a-t-il eu un accord entre Obama et Erdogan ?

Tu me laisses ta base aérienne et je te laisse en fi nir avec les kurdes.

Si c’est le cas, Obama comme Erdogan auront peut-être a à en répondre un jour.

Ancien élève de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr puis de l’École des offi ciers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d’un master II en relations internatio-nales et stratégie sur la question des Chrétiens d’Orient. Aujourd’hui il collabore à Causeur et Confl its et il livre ses réfl exions au Figaro.

Pour lui aussi, la stratégie pragmatique d’Er-dogan est ambiguë.

« La Turquie a déjà déclaré la guerre à l’Etat is-lamique à de nombreuses reprises. En ce sens la réjouissance occidentale est très prématurée ou bien très en retard. L’Etat islamique avait pris de nombreux otages turcs lors de son avancée foudroyante de l’été 2014 à Mossoul

et elle menaçait le mausolée du fondateur de la dynastie ottomane dans le nord syrien.

Pour autant, l’ambiguïté perdure: la Turquie a ménagé ce groupe islamiste en lui servant de base arrière pour ses blessés, son pétrole et ses fournitures en tous genres. Car à choisir, comme on l’a vu à Kobané, elle préfère encore l’Etat islamique aux kurdes qui menacent son intégrité territoriale. »

François Hollande est bien le seul, avec Oba-ma, à se réjouir de l’implication turque dans la guerre contre Daesh.

Il n’a pas eu un mot sur le sort des kurdes.

LES DÉPOUILLES DES COMBATTANTS KURDES BLOQUÉES

À LA FRONTIÈRE TURQUE

Le 5 août dernier les autorités turques ont bloqué le passage des dépouilles de combat-tants kurdes ayant combattu dans les régions d’Hassaké en Syrie et de Sinjar en Irak contre Daesh.

Au bout de onze jours, le camion contenant les treize cadavres kurdes et d’un volontaire allemand a été autorisé à passer.

Au cours de ces journées d’attente, le village de Basverimli, situé à proximité de Silopi, dans le département de Sirnak, à deux kilomètres de la frontière a accueilli plusieurs centaines de kurdes venus réclamer leurs martyrs.

Leur rassemblement au poste frontière a été dispersé par les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre turques.

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Je remercie le musicien, le peintre, l’artiste Charlélie Couture de m’avoir autorisé à partager avec vous dans le cadre de mon Billet de l’Invité, le statut

qu’il a publié aujourd’hui sur sa page Facebook.

À propos des héros du Thalys, par Charlélie

Couture

SOCIÉTÉ

L a mort est sortie des toilettes du Th alys avec un AK 47 et un sac de munitions de rechange, mais ce jour-là dans le

Nord de la France, la mort torse nu a rencon-tré plus fort qu’elle. Les passagers Th alys de la voiture 11 et 12 en provenance d’Amsterdam, peuvent avoir des sueurs froides, ils ont eu chaud. « Avant, tout va bien... », comme dit le proverbe, et heureusement que l’arme s’est enrayée , mais heureusement surtout que des mecs courageux soient intervenus pour chan-ger l’issue de cette journée.

D’abord un Franco Américain, qui s’est pris une balle dans le cou. C’est grâce à son inter-vention que tout est devenu évident pour les trois Américains et le Britannique qui se sont jetés sur le potentiel assassin, pour le maîtriser et le ligoter avec la cravate d’un contrôleur. – Ce même contrôleur j’imagine qui est apparu dans un deuxième temps, associé aux prota-gonistes étrangers ( ? ). –

Voilà les faits, c’est allé très vite, mais les mé-dias ont le don de créer l’aversion à force d’en faire des tonnes. Aujourd’hui, décorés on les appelle des héros, et ces honneurs suscitent des jalousies et des polémiques absurdes. Putain de jalousie qui transforme l’acte de bravoure de ces gens, pour en faire un confl it de valeurs morales, symbole des diff érences culturelles, Français vs Américains. Ça n’a pas de sens. Je suis certain que des Français courageux seraient aussi capables de faire de la sorte, mais c’est vrai aussi que ce genre d’ac-tion est en général assez peu encouragé. Plutôt humbles, les trois jeunes venus d’outre atlan-

tique tentent de relativiser. Ils ne parlent pas de « Devoir » ou de « lutte des Anges contre le Mal », ils évoquent un « instinct de survie ». Disons qu’il y a deux écoles de survie. D’un côté le « non-interventionniste des employés du Th alys», de l’autre « l’utilisation pragma-tique de techniques de close-combat, et les gestes précis de mecs hyper motivés ». Eux, ils ont choisi de faire quelque chose. Ils n’ont pas attendu qu’un autre agisse à leur place. C’est une question d’éthique. D’un côté Capdevielle qui écrit « C’est dur d’être un héros », « … ton ange attend l’heure pour te tirer de là », ou Ba-lavoine « Je ne suis pas un Héros, mes faux-pas me collent à la peau », de l’autre David Bowie « We can be heroes for ever and ever », ou « we are the champions of the world ». Deux men-talités diff érentes, en eff et.

À force de prendre la défense des cambrio-leurs, ou à force de condamner – par principe – l’autodéfense, (certes parfois mal analysée ou disproportionnée sous l’infl uence de la peur panique sous adrénaline), quand ils assistent à une agression dans la rue, dans le métro, dans leur immeuble ou le RER, plus personne n’intervient. Et que dire de ceux qui croient faire acte de civisme en fi lmant une agression sur leur Cell phone plutôt que d’intervenir ?

Y a belle lurette que « non assistance à per-sonne en danger » n’est même plus répréhen-sible. Alors oui, à force de sentir qu’on leur ap-puie sur la tête, les gens comme les autruches, enfouissent leur tête dans le sable…Rien de surprenant à ce que les employés se sentant impuissants, s’enferment dans leur

habitacle. D’ailleurs ils auraient eu tort de s’en priver, puisqu’en plus ils ont été défen-dus par leur hiérarchie, et Mme Agnès Ogier, CEO de Th alys, s’en est prise à J.H. Anglade, se chargeant de réécrire l’Histoire à sa ma-nière. Quand je lis la méchanceté des com-mentaires à l’égard du comédien, j’y retrouve le même débordement de bonne conscience, que celui qui soulage les poltrons, collabos, et autres planqués pendant la bataille, ceux qui ressortent sitôt le calme revenu comme des marmottes au printemps, pour demander la tonsure de certaines, ou des sacrifi ces infects cherchant dans l’humiliation de l’autre, une forme de rédemption à leur propre lâcheté.

Choisit-on de devenir un héros en prenant un billet de train ? Non !

CharlElie CoutureAoût 2015

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Israël fi gure dans le top 4 mondial des pays où il fait bon élever ses enfants, d’après le rapport annuel publié la semaine passée par InterNations, un réseau d’aide aux expatriés.

Israël, l’un des meilleurs pays pour élever ses enfants (ÉTUDE)

ISRAËL

É tabli sur des critères précis notés par des familles expatriées – l’existence et la diversité des structures d’accueil pour

la petite enfance et des établissements d’éduca-tion, le coût de ces structures, la qualité de l’édu-cation et le bien-être de la famille – le Family Life Index d’InterNations révèle que l’Autriche est le meilleur pays pour élever ses enfants, suivie de la Finlande, la Suède et Israël.

Sur les 41 pays inclus dans ce classement, Israël se trouve en 4e position en ce qui concerne l’existence et la diversité des struc-tures d’accueil et d’éducation et même en 3e position pour le bien-être de la famille. En revanche, le coût et la qualité de l’éducation sont moins intéressants pour les expatriés résidant en Israël. L’État hébreu n’est plus qu’en 13e position lorsqu’on en vient aux frais

d’accueil en structures pour les enfants et en établissements scolaires, et en 16e position pour la qualité de l’éducation dispensée dans ces établissements.

Le rapport « le Monde vu par les expatriés » 2015 d’InterNations, qui synthétise les ré-ponses de quelque 14 400 personnes expa-triées dans 170 pays à travers le monde, com-prend des questions sur divers aspects de la vie à l’étranger.

Dans la catégorie qualité de la vie (adultes et enfants confondus) – qui comprend les sous-catégories possibilités de loisir, bonheur per-sonnel, transports, ainsi que santé, sécurité et bien-être – Israël est à la 15e place sur 64 pays. L’État hébreu est en 6e position pour le choix des loisirs, en 11e position en matière de

bonheur personnel, en 26e position pour les transports et en 25e position lorsqu’il s’agit de la santé, la sécurité et le bien-être.

Les pays où la population est la plus ac-cueillante à l’égard des expatriés sont le Myanmar, Mexico et le Portugal. Dans cette catégorie, Israël est classé en 27e position. Concernant le travail à l’étranger pour les expatriés, Israël est en 28e position et la se-maine de travail y est parmi les plus longues pour les expatriés, à savoir 47,9 heures contre 40,4 heures en Norvège. Concernant le coût de la vie, Israël se trouve en 61e position sur 64 pays, devant le Brésil, le Niger et le Mo-zambique, alors que l’Équateur, la Pologne et la République tchèque sont les pays où la vie coûte le moins cher.

anne Maire de Paris

à l'occasion de Roch Ha Chana,

J’adresse aux Juifs de Paris et du monde entier,

mes meilleurs vœux pour l’année 5776,

je souhaite une année de joie, de santé et de paix,

qui permette à chacun La réalisation de ses projets

et ceux qui contribuent au rayonnement de Paris

dans un climat de confiance et d’espoir.

Pho

to c

Car

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Bel

laïc

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L t a foule des vacanciers prend d’assaut la pizzeria, le sushi bar, le burger, les cafés, les bars, les boutiques de falafel ou de

shawarma. Ils ont très faim. Ils se sont réveillés vers 15 heures et après un breakfast plutôt qu’un petit déjeuner, ils ont envahi les plages : Banana, Frishman, Gordon surtout. Sur le sable, para-sols, chaises, relax, tout était pris et il y avait foule sur le bord de mer: impressionnant !

Ils viennent dîner et prendre des forces : la soirée et la nuit vont être longues. Les bars n’ont plus un seul tabouret de libre bien qu’ils envahissent tout le trottoir, la bière en chopes de 50 cl, les cocktails, Mojito ou Caïpirinha, rhum, sucre de canne, menthe, le consomma-teur raisonnable les commande par tournées

successives. Après, ils vont en boîte, « Valium » ou « Clara » principalement : ils dansent et boivent jusqu’à plus soif et ils terminent en couple le plus souvent. Ce sont les vacances telles qu’ils les ont rêvées : le soleil, la mer, les amis, les copines, les beaux mecs, les « canons ». Rue Ben Yehuda ou sur Dizengoff , Boulevard Rothschild ou à Neve Tsedek, c’est le même scénario.

Ils ont 17 ans, ils ont 20 ans et les plus vieux approchent des 25 ans. Joshua, Jonathan, Raphaël, Nathan, Ethan... Hannah, Rebecca, Ronit, Sarah, Noa, ils ont presque tous des prénoms bibliques et des passeports français : ils sont les « Tserfatim » (les français).

Ils déferlent sur Tel Aviv en août malgré les menaces de guerre, la crainte des attentats, la cherté des hôtels, la faiblesse de l’euro. Ils viennent à Tel Aviv, une plage de 10 km, mille choses à visiter, des gens accueillants, la joie de vivre, le sourire et l’éclat de rire, la vie en mieux !

Ils ont lu que la Maire de Paris organisait à Paris -Plage une journée Tel Aviv sur Seine et ils ont suivi avec eff arement la levée de bou-cliers contre Israël, écologistes, communistes, gauchistes, anti sionistes et anti juifs de tout poil, tous coalisés pour empêcher qu’une jour-née d’amitié ne puisse avoir lieu sur un quai de Seine.

Rue Bograshov à Tel Aviv, il est plus de 21 heures et on avance diffi cilement sur les trottoirs : vélos, poussettes, groupes d’amis en rangs compacts

et tous ceux qui attendent devant les restaurants que vienne leur tour d’avoir une table.

Les « Tserfatim » à Tel Aviv : la fi délité et le soutien !

Par ANDRÉ MAMOU

ISRAËL

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E t au bout du quai, un triple rang de CRS pour empêcher d’aller voir ce qui se pas-sait à Gaza plage. On devait faire parta-

ger aux parisiens l’ambiance de Tel Aviv, bonne humeur, musique, danse et petites spécialités à grignoter. Mais, le pluie et la polémique montée par cette frange islamo-gauchiste, mais surtout antisémite, ont sans doute découragé les badauds dans la journée. Mais dans la soirée le public juif en majorité, était plus varié : après 19h, un public « aft er work », indiff érent à la pluie, se pressait nombreux autour du DJ.On voulait une journée de fraternité et de joie et on a dû faire avec la contre manifestation des pro-palestiniens, toujours les mêmes, qui sous couverts d’antisionisme, ont étalé leur bêtise et leur ignorance, telle Olivia Zémor, déclarant sans vergogne « les arabes ne peuvent pas s’installer sur un fauteuil à la plage de Tel-Aviv » : drapeaux palestiniens et cris hostiles sans compter les « Palestine vivra » ou les « Palestine vaincra ». Les média leur ont comme d’habitude accor-dé un poids démesuré, et personne n’est venu rectifi er ce genre d’âneries, une parmi mille.

On remarquait beaucoup de jeunes hommes parlant dans des micros cachés : policiers en civil et volontaires du SPCJ. Et cette collabo-ration pour alléger les fi les d’attentes et mi-nimiser les risques a déchaîné sur les réseaux la paranoïa des dingues habituels, criant au scandale et s’off usquant d’une collabora-tion entre la police et la LDJ….en vacance en Israël. Et beaucoup de curieux avec l’œil fureteur : journalistes ou services spéciaux ? Sans doute, c’était l’évènement de la journée.

TOUT ÇÀ POUR ÇÀ ?

Quoi ? La Maire de Paris Anne Hidalgo décide d’organiser une manifestation touristique et culturelle : promouvoir sa ville auprès des israéliens, off rir aux parisiens et aux touristes une attraction supplémentaire, rapprocher ceux qui s’ignorent et elle n’en aurait pas le pouvoir ?Venue de sa majorité, une conseillère lui de-mande d’annuler la manifestation, son pre-mier adjoint précise que la politique d’Israël est détestable mais que Tel Aviv est sympa-thique, un autre fait valoir que les gays sont bien accueillis à Tel Aviv ! Des maladresses, certes, mais n’oublions pas la terrible pression médiatique. Et au bout du compte, une déci-sion maintenue sans concessions, en mettant en œuvre tous les moyens pour qu’elle ne soit pas perturbée. On accepte une contre-mani-festation sur une autre portion de Paris Plages. Il s’agit de ne pas mécontenter une clientèle électorale ? Peut-être, mais on peut aussi y voir cette volonté de ne pas donner la moindre

excuse au plus petit débordement « de l’autre côté ». Vous avez eu le droit de monter votre évènement, donc….

Et tiens au fait, curieusement, au-dessus de Tel Aviv sur Seine, des protections (contre les projectiles et autres violences) sans équivalent en face. On dirait que tout le monde sait d’où viennent les provocations : nos islamo-gau-chos antisémites qui promettent des contre manifestations et ont montré l’année dernière de quoi ils sont capables, se plaignent de la sécurité, ils en voudraient pour eux aussi ?

Alors, elle a tout raté Anne Hidalgo ? En tout cas, elle a essayé généreusement de nouer un lien, de changer la donne par ses eff orts et son intransigeance.

Et quant aux juifs de France , « la France sans ses juifs ne serait pas la France », ils ressortent de tout ce chaos médiatique avec des senti-ments plus que mitigés, se demandant parfois s’ils ne feraient pas mieux de s’en aller, si on ne leur demande pas en fait de dissimuler leur fi délité et leur attachement à l’Etat juif et de se comporter comme les anciens « marranes « en Espagne ou comme les anciens « dhimmis » en Afrique du Nord et de vivre en cachette.

Un réveil en forme de gueule de bois, mêlant le soulagement qu’aucun incident ne soit venu ternir cette journée à part les habituelles dé-clarations antisémites à une amertume tenace.

On devait avoir une fête à Tel Aviv sur Seine. On a eu ce qu’on redoutait et tout ce qu’il fallait éviter : 200 mètres entre le pont Notre Dame

et le pont d’Arcole où ceux qui entraient étaient fouillés et passés au détecteur de métaux.

Tel Aviv sur SeineGaza Plage

Par LINE TUBIANA

FRANCE-ISRAËL

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E n face, Sarona, c’est diff érent : des tours de bureaux et d’habitations sur-plombent des maisonnettes d’un étage

où les offi ciers de Tsahal étaient logés. On les a fait partir et on a installé des marchands de fringues, des cafés, des restos, des boutiques ten-dance.

Les gens se promènent dans les jardins, re-gardent les objets en vente, montent un étage, prennent un café, achètent et semblent appré-cier ce centre commercial éclaté avec une at-mosphère « vintage ». Ce qui ne veut pas dire hors d’âge mais au contraire « old is beautiful ».Le Market de Sarona vient d’ouvrir ses portes : 8700 m2, 91 commerces diff érents mais une seule activité, la gastronomie. Ça se présente comme un souk, une rue couverte, comme un passage. On voit le ciel et on circule aisément. La climatisation est parfaite.

LA RUE QUINCAMPOIX

Il n’y a pas en France d’équivalent à Sarona Market, sauf peut être la rue Quincampoix à Paris qui devrait être inscrite au patrimoine national. Par contre à Londres, le Covent Garden, en plein centre de la ville a certaine-ment dû inspirer les concepteurs de Sarona Market : grande halle et boutiques.

Il s’est agi de tourner le dos à la grande dis-tribution , aux marques des distributeurs, aux caddies débordant et aux caissières sur-voltées, Des marques connues, le choix de la qualité en privilégiant l’accueil, le sourire, avec des spécialistes installés à leur compte, c’était la recette de la gastronomie tradition-nelle, avant que les milliardaires de la distri-bution ne paupérisent et ne ruinent tous ces artisans du bon goût.

Cent pas de promenade à droite, autant à gauche et se succèdent des boutiques de pâtes, des marchands de légumes, des fruits tellement beaux qu’on n’oserait pas les peler ni les couper, deux ou trois poissonniers loups, rougets, daurades, Saint Pierre, cala-mars, crevettes et même du thon albacore, des bouchers dont un qui vend également du porc, une boutique de poissons fumés, une autre de surgelés ou de plats sous vide, des cafés italiens, une pizzeria et un fromager qui a tous les fromages même ceux dont vous découvrez l’appellation... Il y a tout, très beau, très bien présenté et les clients affl uent de partout.

Je me suis arrêté devant un étalage d’olives de Grèce, fasciné de voir tant de sortes, de

la petite noire fripée aux « super colossal » Kalamata. J’ai évité les marchands de bon-bons, les glaciers, les pâtissiers. Mais la foule les prenait d’assaut.

Une longue fi le d’attente bien sage m’intrigue. C’est bien sûr, une pizzeria qui débite en parts individuelles des « Margherita » ou des « Napoletana ».

On a le tournis en visitant les deux allées, telle-ment les commerces présentent des marchan-dises de qualité et des produits originaux avec toujours la garantie des grandes marques. Le thon en boîte c’est Ortiz, les pâtes Di Cecco, les sauces tomate Mutti, rien que du beau et du très bon. Les prix, c’est pas donné, m’a-t-on dit. Seul un marchand de falafels m’a paru très raisonnable.

Le Market ou le Souk, comme vous voudrez est construit dans des matériaux nobles et de très bon goût. Les passants, les mères de famille avec poussette, les gourmands, les jeunes fi lles en brochette de trois copines, les buveurs de bière, ils sont tous là.

A l’entrée principale, il y a Fauchon qui n’est pas une simple boutique mais un grand com-plexe gastronomique avec une belle salle et une terrasse. Toutes les places sont occupées et une fi le d’attente s’est formée avec des can-didats pour y entrer. Ils attendent patiemment muni d’un numéro et leur tour viendra qui leur permettra de vivre un moment la magie de Fauchon, Place de la Madeleine à Paris.

A l’entrée de la ville, il y a le Centre Commercial Azrieli qui est reconnais-sable à ses 3 immeubles géométriques : cylindre, rectangle et triangle.

Sarona Market, le Covent Garden de Tel Aviv

Par ANDRÉ MAMOU

ISRAËL

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15MODE

C réée en 1970, l’école est classée en 20e

position parmi les meilleurs établis-sements de mode et de design à tra-

vers le monde par l’organisation mondiale des écoles de mode.

Produit par Motty Reif, producteur de la Fashion week de Tel-Aviv depuis 2011, l’évè-nement est une institution qui marque l’abou-tissement de quatre années d’études. A l’issue de la soirée le meilleur étudiant reçoit le « Fini Leitersdorf award » accompagné d’un chèque de 50 000 dollars. Cette année Kobi Halperin, designer pour Eli Saab et président du jury, a remis le prix à Dana Cohen. 1.500 personnes ont fait le déplacement du monde entier pour découvrir ces nouveaux talents: des hommes et des femmes d’aff aires mais aussi des desi-gners de renommée internationale qui ont fait la réputation de Shenkar.

Etaient présents Gideon Oberson, ancien directeur artistique pour « Gottex », Dorin Frankfurt, des artistes comme Stella Amar – ancienne muse de Gaultier – et aussi des man-nequins, comme Natali Eydelman, (qui offi cie chez Balenciaga, Chanel entre autres) et qui s’est prêtée au jeu en défi lant pour les jeunes designers. En moins de 70 ans, Shenkar s’est imposé comme un établissement incontour-nable dans la fashion sphère.

« Ne jamais abandonner, essayer, réaliser ses rêves parce qu’à la fi n on réussit toujours » Menashe Ben Yosef, chef designer chez Hun-ter – promo Shenkar 2006.

Dirigée par l’ancienne ministre de l’Education Youli Tamir, l’école comprend 7 départements d’études dédiés à une discipline artistique. De la section mode à celle consacrée aux nou-velles technologies, les étudiants échangent et collaborent sur de nombreux projets. Léa Perez Recanati, directrice du département design et mode depuis 2006, tient à laisser les élèves exprimer leurs émotions. La créativité est ici une religion, dictée par la rigueur tech-nique. Pari réussi, pour l’équipe pédagogique.

Ainsi Alon Livné est un tout jeune créateur qui fait déjà des émules auprès des stars : Beyonce, les sœurs Kardashian ou Paris Hil-ton sont des inconditionnelles. Il est loin d’être le seul. Avashlom Gur est à l’origine de la fameuse robe en viande de Lady Gaga et Menashe Ben-Yosef est chef designer chez « Hunter », les fameuses bottes anglaises en caoutchouc, adoptées par Kate Moss, Kate Middleton ou Jessica Parker. Mais Shenkar c’est un état d’esprit situé dans une zone de confl its et cette particularité participe de la spécifi cité de l’institution.

A l’instar de Tal Drori, co-fondatrice de la marque d’accessoires « Collect’ » et ancienne de Shenkar, « la mode doit être envisagée comme un pont entre les peuples et les reli-gions ». Seul le talent compte, ainsi Naim K. Qasim, un jeune arabe, a suivi la formation avec brio (promo 2001), travaillé à New York et en Italie avant de retourner dans son village afi n d’y tenter d’apporter sa vision du monde et de la mode.

ENJEUX ET DÉFIS POUR L’AVENIR

Au-delà de la guerre, l’industrie de la mode et du textile en Israël doit faire face à de nombreuses problématiques : absence de showroom, d’organisations du textile et de la mode, manque de budget alloué à ce secteur professionnel. Pour autant, sa directrice ne se décourage pas. Elle est une femme infl uente et met tout en œuvre pour faire changer les choses. Le plus important pour elle est qu’une fois leur diplôme en poche, ses élèves possè-dent la technique sans être dépossédés de leur rêves.

D’après Daria Soussan

Israël possède trois grandes écoles de mode et de design : « Betsalel » à Jérusalem, l’école de la « Wizo » à Haifa et « Shenkar » à Ramat Gan.

Dotée d’une notoriété mondiale, cette dernière a formé de grands noms de la mode.

Les bottes « Mode In Israël » de Kate Moss, Kate Middleton,

Sarah Jessica Parker

École des beaux-arts de Betsalel, à Jérusalem

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Ça s’est passé...COMMUNAUTÉ PAR SYLVIE BENSAID

Guy Béart, célèbre interprète de L’eau vive et La Vérité et père d’Emmanuelle Béart est mort à 85 ans. il est décédé d’une crise car-diaque à Garches (Hauts-de-Seine) à l’âge de 85 ans. Béart est mort en allant chez le coiff eur. Il est tombé sur le trottoir. Malgré l’intervention des secours, il n’a pu être réa-nimé. Il avait fait ses adieux à la scène en janvier dernier lors d’un dernier concert à l’Olympia.Guy Béart, né Guy Béhart-Hasson au Caire (Égypte) le 16 juillet 1930 fi ls d’un expert-comptable, Guy Béart, a passé son enfance au Proche-Orient, en Italie, en Grèce. Arrivé à Paris, Guy Béart fi nit par se lancer lui-même dans la chanson dans des cabarets parisiens. En 1957, il enregistre son premier

disque. Un an plus tard, « L’eau vive », com-posée pour le fi lm du même nom de Fran-çois Villiers, avec des dialogues de Jean Gio-no, lui vaut un succès populaire. La même année, il découvre l’Olympia où il a fait en janvier dernier, près de 60 ans plus tard, ses adieux. La voix voilée, s’accompagnant à la guitare, Guy Béart chante des textes souvent poétiques, parfois mélancoliques.

Guy Béart a publié un recueil de poésies (« Couleurs et colères du temps », 1976) et deux autres livres (« L’espérance folle », 1987 et « Il est temps », 1995). Il était père de deux fi lles. Il va nous manquer.

Sylvie Bensaid

Un grand Poète de la chanson disparait...

À l’initiative du Consistoire et de son Président Joël Mergui, le Premier Ministre Manuel Valls présente à la synagogue de Nazareth les vœux de Rosh Hachana de son Gouvernement.

La Maire de Paris Anne Hidalgo présente à l’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Eu-rope, ses vœux de Rosh Hachana en présence des Institutions Juives de France.

EL AL avait mis les petits plats dans les grands pour cette soirée de voeux. Yoram El-grabli, le directeur France d’EL AL, présenta la nouvelle Ambassadrice d’Israël en France Ali-za Bin-Noon, qui fi t son premier discours offi -ciel en présence de nombreuses personnalités.

Le philosophe Bernard-Henri Lévy de pas-sage en Ukraine, s’est joint au rassemblement de Génération Breslev à Ouman pour Rosh Hachana.

À la veille de Rosh Hachana, Bar Rafaeli se recueille devant le kotel à Jerusalem.

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C ette semaine j’ai été prié de donner un coup de main à une brigade de Magav, la police des frontières, dé-

ployée à Jérusalem-Est. Magav est une unité à mi-chemin entre l’armée et la police. Plus qu’ailleurs, ces combattants ont la réputation, pas toujours usurpée, d’être d’un raffi nement assez modéré et d’avoir une philosophie poli-tique dont la nuance n’est pas le premier attri-but. Un soir, je débute une garde de nuit. Une de nos missions est de protéger les quelques juifs qui, uniquement par idéologie sioniste, persistent à vouloir habiter et faire acte de pré-sence dans ces quartiers devenus musulmans suite aux expulsions de la guerre de 1948. Tout en m’équipant de mon gilet censé me protéger des lames de couteaux et d’un casque je passe au volant d’une voiture blindée. Nous sommes une équipe de trois, le commandant siège à ma droite et un autre combattant prend place derrière moi. Tandis que nous patrouillons j’écoute la conversation entre mes deux nou-veaux collègues. Impossible de ne pas remar-quer l’énorme accent du commandant. Je leur demande leurs prénoms : Elad et Hakim. Les deux sont des colosses très sympathiques d’environ 25 ans qui après avoir eff ectués leur service dans Magav y sont maintenant en tant que militaires de carrière.

Concernant Hakim, de par les traits de son visage et son accent il m’a paru tout de suite évident que je n’avais pas pour commandant un Druze. J’avais l’impression de recevoir des instructions d’un Palestinien. « Tu es bédouin Hakim? ». La question est posée, la nuit va être longue, j’ai envie d’engager la discussion sur ce qui était pour moi un peu singulier. J’avais déjà servi avec un ou deux bédouins, ces derniers rejoignent parfois les rangs des combattants israéliens. Tout en communi-quant notre position dans la radio militaire Hakim me répond en se défi nissant par une

expression que je ne connais pas, constate ma perplexité et me facilite la tâche en disant » je suis Arabe, Arabe musulman ». La discus-sion reprend entre lui et Elad le juif. Arrivés devant les quelques maisons juives nous nous déployons armes aux poing. Sur l’une d’elles fl otte le plus grand drapeau frappé de l’étoile de David qu’il m’ait été donné de voir. Il est environ minuit, Hakim et moi sommes équi-pés d’un M-16 et Elad d’un fusil à balles de caoutchouc pour nous permettre de répliquer à des attaques sans risquer d’ôter la vie.

« JE FAIS MON DEVOIR, C’EST MON PAYS »

La conversation reprend avec Hakim. Après avoir échangé sur tout et rien je lui demande en souriant si je peux m’intéresser à son cas sans être impoli. J’apprends qu’il vit dans le nord d’Israël, dans un village musulman. À ma question sur ses motivations à être com-battant dans l’armée d’Israël il me répond presque étonné « mais je suis citoyen Israé-lien, je fais mon devoir, c’est mon pays » . Ha-kim n’aime pas parler de lui mais accepte cette bienveillante interview. Il m’explique que chez lui on sert dans Tsahal, évoque même en une phrase un oncle anciennement membre des renseignements. Je lui demande si je pourrais écrire sur lui et me répond « si tu veux mais fl oute mon visage et change mon prénom, j’ai déjà fait l’objet de menaces. » Nous commen-çons à contrôler des voitures dans le but de trouver des armes et je ne peux m’empêcher de regarder du coin de l’oeil Hakim travail-ler face à ses « frères Arabes ». Respectueu-sement mais fermement, nous interrogeons certains passants. Ces derniers ne sont pas dupes une seconde sur les origines d’Hakim et s’adressent à lui en arabe. J’observe mon col-lègue d’un soir leur répondre avec son accent à couper au couteau « Ata mouzman lédaber

élaï béivrit » (tu es prié de t’adresser à moi en hébreu). Plus tard je le verrai faire preuve de beaucoup de gentillesse avec un employé arabe d’une station essence du quartier. Notre nuit se terminera sans incidents et je quitterai les membres de mon équipe d’une très ami-cale poignée de mains.

Qu’on excuse mon ignorance, mais l’émotion passée et les renseignements pris, mon Hakim est loin d’être un cas isolé. Les Arabes musul-mans d’Israël sont de plus en plus nombreux à vouloir servir ce qu’ils considèrent aussi comme leur pays.Une pensée pour les idiots. Pour ceux d’entre eux qui osent parler d’une armée raciste.Pour ceux d’entre eux qui aiment ou haïssent les gens pour ce qu’ils sont plutôt que pour ce qu’ils font.

Une pensée pour ces guerriers d’Israël un peu particuliers.

Je vis en Israël depuis 10 ans jour pour jour. J’y suis fl ic après y avoir été soldat, cela m’a permis de voir deux ou trois choses. Je constate

que j’ai encore beaucoup à apprendre.

Hakim, le guerrier de Sion Par BENJAMIN GOLDNADEL

ISRAËL

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Pendant mes 4 mois d’études en Italie durant l’automne 2007, on peut dire que j’ai eu plus que ma part d’ expériences juives curieuses.

En Italie, porter sa Kippa en public : no problemo

ISRAËL

U n matin à Florence, en retard pour mon train, je décide que la meil-leure chose à faire en l’occurrence

est de mettre mes Tefi llins dans la cabine du concierge de la gare ; uniquement pour me voir menacé par un policier et d’être arrêté pour intrusion.

Perdu à Rome un vendredi après-midi, une voiture de marque « Smart » s’arrête à ma hauteur, un jeune de 17 ans se penche par la fenêtre pour m’inviter-en Hébreu- à monter. Il me dépose à mon auberge, assez éloignée de sa synagogue. Et à la fi n de mon semestre d’études, mon camarade de classe juif et moi avons pris la décision incroyablement stupide de poser une menora sur un pot de plâtre li-quide au second étage d’un « palazzo » vieux de plusieurs siècles. Je suis encore soulagé de constater que l’édifi ce n’a pas brûlé…

Mais l’expérience de l’antisémitisme me fut épargnée, bien qu’ayant porté ma Kippa par-tout et toujours. Cette même année je fus accosté physiquement et interpellé, à Bar-

celone, Budapest, Paris et Prague. Mais que ce soit dans une rue de Florence peuplée de commerçants arabes ou dans le Nord, dans la ville de Cremona, aucun italien ne m’a mal-traité en raison de ma judéité. De retour en Italie cette semaine pour y travailler j’ai voulu voir si les choses avaient changé. Car ces der-nières années, des informations concernant la montée de l’antisémitisme étayées par de faits indéniables ainsi que les discours de juifs eu-ropéens m’avaient convaincu d’ôter ma Kippa sur le continent.

Serait-ce pareil en Italie ? Après tout, il existe bien de comptes rendus sur une montée de l’antisémitisme là aussi. J’ai décidé donc de me transformer en cobaye, garder la Kippa sur la tête et voir ce qui adviendrait.

La réponse : rien.

A la place j’ai trouvé en Italie de juifs éton-namment confi ants ; ce qui n’était pas le cas lors de mes visites à Paris, Madrid et Kiev. Pendant une semaine durant j’ai rencontré de juifs de tous bords dans trois villes diff érentes ; aucun ne m’a suggéré de cacher mon couvre-chef ou de faire particulièrement attention.

Certes, des militaires en voitures blindées sont garés devant les synagogues principales, mais ils ne protègent pas une communauté eff rayée. Lorsque les juifs italiens parlent de l’antisé-mitisme local ils le balaient comme étant un phénomène marginal ou lié à de récents évè-nements en Israël. Les italiens, disent-ils, n’ont aucun diff érend avec leurs voisins juifs.

À Milan, un rabbin Loubavitch souriant arpentait la gare centrale revêtu de chapeau, manteau et barbe. À Florence, au restaurant Kasher de Ruth aucune table n’est libre et à Rome, qui abrite la population juive la plus im-

portante d’Italie, j’ai trouvé une communauté fl orissante. Dix restaurants Kasher, servant de mets italiens traditionnels et de la nourriture israélienne, sont alignés le long d’une avenue pavée du vieux ghetto juif. Poussant la porte d’un café voisin pour mon « espresso » de l’après-midi, le « barista » a pris soin de préci-ser que la nourriture n’y était pas Kasher. Plus loin dans la rue un grand drapeau israélien fl ottait sur un bâtiment avec ceux de l’Union Européenne et de l’Italie, au-dessus de tou-ristes discutant bruyamment en Hébreu et de juifs orthodoxes locaux en jupes longues ou Kippa. Dans une allée, un Loubavitch incitait les passants à mettre des Tefi llins.

Policiers, garçons de café, grooms et chauf-feurs de taxi me traitaient exactement comme à New York ou à Tel Aviv. Divulguer mon lieu de résidence ne provoquait aucune réaction particulière. Vers la fi n du voyage j’ai fi ni par oublier que j’avais la Kippa sur la tête.

Et, le dernier jour, quelqu’un me tape sur l’épaule. Anticipant une expérience désa-gréable, je me suis retourné pour me retrouver face à un romain d’un certain âge. Il voulait simplement savoir comment ma Kippa tenait en place...

M’apprêtant déjà à sortir du car, après lui avoir montré mes attaches, il tenait à me raconter que son père, un catholique très pratiquant, était en aff aires pendant de longues années avec de nombreux commerçants juifs. De tous ses partenaires, disait-il, ils étaient les plus honnêtes.

Là-dessus il sourit, et en disant « Ciao, ciao » m’expédia sur mon chemin.

Source : JTA, par Ben SalesTraduction et adaptation par K.Schnur.

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Pour le terroriste marocain, le Thalys avec des centaines de voyageurs c’était une belle cible bien choisie. Il n’aurait jamais pu monter dans le

moindre avion de ligne avec son sac : fusil mitrailleur, armes de poing, poignard, chargeurs.

SOCIÉTÉ

E t les voyageurs quelle chance avaient-ils d’échapper au massacre devant une Kalachnikov crachant ses balles ? Dans

les locaux de Charlie Hebdo, devant le Musée du Bardo, sur la plage de Sousse, les victimes se comptaient par dizaines.

Quelle probabilité avait le terroriste de tom-ber sur 4 hommes n’écoutant que leur courage pour l’empêcher de faire un bain de sang ? Trois américains, un britannique, comme en 14, comme en 44 !

Héroïsme, Légion d’ Honneur : le Bien contre le Mal a dit le Président. Des mesures vont être prises pour mieux garantir la sécurité des voya-geurs : quoi ? La fouille des sacs des voyageurs dans les trains, les RER , le métro ? Demander aux voyageurs d’être vigilants : surveiller tous les sacs, les valises, regarder de travers les por-teurs de barbes ou les femmes trop couvertes ?

Quelle chance de trouver du personnel des transports mieux formé prêt à risquer sa vie pour empêcher un massacre certain ? Le

terroriste prétend qu’il n’avait pas de but ter-roriste ! Il s’en trouvera qui feindront de le croire. Ces 4 hommes courageux, téméraires ont sauvé la vie de dizaines de voyageurs. Le personnel du train : enfermé dans un local technique verouillé pour les autres voyageurs, afi n de téléphoner au services centraux ! La panique ne se commande pas.

Aujourd’hui, il faut savourer un moment de grâce.

Héroïsme, Légion d’Honneur

Par ANDRÉ MAMOU

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Du 17 au 27 septembre 1970, le monarque hachémite lance son armée contre les fedayyine palestiniens. Ces derniers, qui ont au fi l des années sapé

son autorité et créé un «État dans l’État», périssent par milliers.

Le jour où... le roi Hussein a repris le contrôle

de la Jordanie

HISTOIRE

J usqu’à ce matin de septembre 1970, la tension entre les fedayyine palesti-niens et le gouvernement jordanien est

palpable et la situation explosive. Tous ont littéralement le doigt sur la gâchette. Depuis un bon moment déjà, des aff rontements opposent régulièrement les uns aux autres, non sans faire de victimes. Le 17 septembre 1970 à 6h, l’enfer se déchaîne. Le roi Hussein vient d’ordonner aux unités blindées jorda-niennes de se diriger vers le centre d’Am-man pour détruire les bases palestiniennes. Parallèlement, les fedayyine ouvrent le feu contre le QG jordanien dans la capitale,

dont l’aéroport interrompt toute activité. Au compte-gouttes d’abord, abondamment en-suite, les informations fi ltrent surtout à tra-vers Radio-Amman et des émissions palesti-niennes émettant de Bagdad et Damas, dont La Voix de la Révolution palestinienne. La guerre des ondes est aussi intense que sur le terrain. Au fi l des heures, les uns et les autres affi rment avoir repris telle ou telle position stratégique de la capitale, ville fantôme où les seuls bruits à trouer le silence sont ceux des armes et des obus. Des combats ont éga-lement lieu à Zarka, Irbid, Ramtha, Madaba, Jarash, Salt…

Pendant dix jours, heure par heure, minute par minute, combattants palestiniens et sol-dats jordaniens rendent compte par l’inter-médiaire d’émissions radio de leurs prises et de leurs victoires respectives sur les diff érents champs de bataille. Les camps de réfugiés palestiniens, comme ceux de Wahadat ou de Jabal Hussein par exemple, sont dans le col-limateur de l’armée jordanienne et seraient même attaqués au napalm, aux dires de cer-tains commentateurs radio, qui n’hésitent pas à qualifi er le roi Hussein de « Néron de Jor-danie ». La situation devient vite dramatique à Amman. Les guerres de rues font rage, les rumeurs de couvre-feu reviennent sans cesse sur le tapis ; des équipes médicales régionales et internationales débarquent tous les jours à Amman et se retrouvent vite débordées. En eff et, dès le troisième jour, certains, dont le journal égyptien al-Ahram, font état de 5 000 morts, et du double en termes de blessés. Sur place lorsque la guerre éclate, le journaliste Éric Rouleau, correspondant pour Le Monde, raconte ce qu’il a vécu après avoir été pris au piège à l’hôtel Jordan Intercontinental avec des centaines d’autres journalistes, sans eau, sans électricité, sans téléphone, pendant toute la durée de la guerre, carburant au whisky et aux minipots de confi ture...

GUERRE DE JUIN 67

Comment en est-on arrivé là ? La défaite cui-sante des armées arabes face à Israël lors de la guerre des Six-Jours en 1967 a fortement contribué au renforcement de l’Organisa-tion de libération de la Palestine (OLP). En

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quelques jours à peine, l’État hébreu avait occupé le Sinaï égyptien et la bande de Gaza sous administration égyptienne, puis la Cis-jordanie sous contrôle jordanien depuis 1950, ainsi que Jérusalem-Est et le Golan syrien. Des vagues de réfugiés palestiniens fuient de nou-veau vers les pays voisins, dont la Jordanie. Si la débâcle militaire arabe renforce Israël, elle contribue à pousser des milliers de Palesti-niens vers les organisations armées qui, après le quatrième congrès national palestinien de juillet 1968, rejoignent l’OLP. Entre-temps, le Fateh de Yasser Arafat a pris de l’ampleur et gagné en popularité après la bataille de Kara-mé (camp palestinien en Jordanie).

Les militants palestiniens multiplient les opé-rations à partir de la Jordanie, où les camps de réfugiés représentent un vivier de choix pour la résistance armée. Il est nécessaire de souligner au passage que les deux tiers de la population jordanienne sont d’origine pales-tinienne et comprennent près d’un million et demi de réfugiés. De plus en plus, l’autorité du roi Hussein est rejetée par les Palestiniens qui, d’après Éric Rouleau citant des observa-teurs étrangers, créent un véritable « État dans l’État ».

« Dès mon atterrissage à l’aéroport d’Amman, il m’était apparu qu’ils avaient raison. Les fe-dayyine en battle-dress y accueillaient les jour-nalistes, leur délivraient des cartes d’accrédita-tion, des tracts, des brochures de la résistance, ils les guidaient vers le meilleur hôtel de la ville, le Jordan Intercontinental, leur proposaient de

ménager des rendez-vous avec les personnalités de leur choix (…). Ils assumaient avec davantage d’effi cacité les tâches habituelles des fonction-naires du ministère jordanien de l’Informa-tion, mais aussi celles de la police et de l’armée du royaume (…). Rouge de honte, le général Ali Abou Nawar, ancien chef d’état-major, conseil-ler du roi, me dit qu’il ne sortait plus de chez lui pour ne pas avoir à subir les humiliations qu’in-fl igeaient les commandos palestiniens (…).

Personne ne pouvait entrer ou quitter Amman sans montrer patte blanche. Ils disposaient de camps d’entraînement, d’arsenaux et – disait-on – de leurs propres tribunaux et prisons. Ils préle-vaient des impôts, fi nançaient leurs écoles et hô-pitaux, assuraient les frais sociaux de centaines de milliers de réfugiés palestiniens », raconte Éric Rouleau.

LANCEMENT DE L’OFFENSIVE

Le roi Hussein ne peut laisser faire, il y va de son autorité, de sa dignité, de son désir de paix avec Israël pour récupérer la Cisjordanie, de l’héri-tage même de son grand-père. Depuis quelques mois, le monarque essaie de faire adopter le plan Rogers, qui a pour but d’apporter une solution au confl it israélo-arabe, prévoit un cessez-le-feu et affi rme la légitimité de l’État hébreu, tout en réduisant les Palestiniens à un état de réfugiés. Le plan, adopté par Amman et Le Caire, est re-jeté avec véhémence par la partie palestinienne, qui dénonce une trahison et un « complot impé-rialiste ». Au début de l’année 1970, l’OLP mul-tiplie en toute impunité les attentats et les opé-

rations sanglantes, sous l’ascendant croissant du Front de libération de la Palestine (FPLP) fondé par Georges Habache. Début juin, le roi Hus-sein échappe à une tentative d’assassinat. Idem le 1er septembre. Au cours des jours suivants, il est accusé par Arafat d’être un agent de la CIA. Le chef palestinien compare même la Jordanie à l’Allemagne nazie ! Le 6 septembre, le FPLP parvient à détourner trois avions de ligne vers l’ancienne base de Dawson’s Field à Zarka, dans le Nord jordanien. La grande majorité des otages sont libérés quelques jours plus tard et, le 12 sep-tembre, les trois appareils vides sont détruits sur le tarmac devant la presse internationale.

Ayant perdu toute crédibilité, le roi Hussein ne peut plus reculer. Il impose la loi martiale le 16 septembre, constitue un gouvernement mili-taire et met Habès al-Majali à la tête des forces armées. Le lendemain commence ce qui devait être connu dans l’histoire sous le nom de Sep-tembre noir. Dix jours durant, les combats font rage, la plupart des victimes sont civiles. Les Pa-lestiniens avancent un bilan allant de 10 000 à 25 000 morts, mais certaines sources (jordaniennes du moins) affi rment qu’il faut réduire ce chiff re de moitié. Quoi qu’il en soit, lorsque les violences s’arrêtent, le bilan est catastrophique, les camps de réfugiés ont été rasés.

L’OLP avait bien appelé les pays arabes à l’aide. D’ailleurs, la Syrie répond à cet appel et envoie des blindés à la frontière le 21 septembre. Mais lorsqu’Israël fait mine de les attaquer, les chars font demi-tour, abandonnant les Palestiniens à leur sort.

Sous la pression du président égyptien Gamal Abdel Nasser, Yasser Arafat et le roi Hussein de Jordanie fi nissent par signer un traité au Caire le 27 septembre. Nasser s’éteint d’épuisement le lendemain. Le jour même, Hussein nomme Wasfi al-Tall Premier ministre, le chargeant de rétablir l’ordre. Les aff rontements se pour-suivent et, à l’été 1971, les fedayyine palesti-niens sont complètement éradiqués du royaume hachémite. L’OLP est alors chassée vers le Liban, où elle s’installe.

BibliographieArchives L’OrientDans les coulisses du Proche-Orient (1952-2012), Éric ROULEAU, Fayard

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L’Autorité palestinienne et ses collaborateurs dans les médias dominants aiment dépeindre les territoires contrôlés par les Palestiniens comme

une terre opprimée et sans ressources.

Le palais de Mahmoud Abbas à Ramallah :

Président des réfugiés?

ISRAËL-PALESTINE

M ais il suffi t de regarder le niveau de vie somptueux de la direction palestinienne pour réaliser que

quelque chose est étrange. Cette semaine, les photos sont apparues sur les médias sociaux montrant le palais récemment achevé du « président » palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah.

La planifi cation de la construction de cette demeure princière n’était pas inconnue. Il y a quelques années le Conseil économique palestinien pour le développement et la re-construction (PECDAR) a affi ché les détails du projet. Et à la fi n de 2010 Abbas a été pho-tographié par l’Autorité Palestinienne alors qu’il posait la première pierre de ce nouveau château de la «Cisjordanie».

Mais il semble y avoir des divergences entre les indications fournies par PECDAR et, la réalité sur le terrain.

Tout d’abord, la direction palestinienne a décrit le projet comme un « établissement public »,

mais il est peu probable que le public moyen ne verra jamais son intérieur. Il est répertorié comme un « palais d’hôtes », ostensiblement une résidence pour les dignitaires en visite. Mais cela soulève deux questions :

a) les Palestiniens à court de liquidités dans leur Trésorerie peuvent-ils vraiment se per-mettre la construction de ces somptueuses « maisons d’hôtes » ?

et b) si tel est le palais de l’« invité » présiden-tiel, à quoi doit ressembler la résidence prin-cipale de M. Abbas ?

A titre de comparaison, voici une photo de la résidence fi nancée par le contribuable israé-lien du premier ministre d’Israël (les digni-taires étrangers doivent séjourner dans un hôtel)

Le deuxième problème fl agrant est que PEC-DAR revendique que la construction du pa-lais de M. Abbas a étét « auto-fi nancé ». Mais comme tout observateur averti le sait, la ma-jeure partie du budget national de l’Autorité palestinienne vient de l’aide étrangère, et, il y

a néanmoins un énorme défi cit.En d’autres mots, jetez un oeil à la nouvelle maison de vos impôts viennent d’acheter pour le chef de l’OLP !

Et, en attendant, Abbas et son régime conti-nuent de dépenser très, très peu de cette aide pour réellement stimuler l’économie palesti-nienne et améliorer la vie des gens qu’ils pré-tendent servir.

Il y a plusieurs années, l’Institut de Jérusalem de la Justice (JIJ) a eff ectué des recherches révélant que depuis la signature des Accords d’Oslo en 1995, l’Autorité palestinienne avait reçu 25 fois plus d’aide fi nancière par habitant (compte tenu de l’infl ation actuelle) que les citoyens de l’Europe ont reçu dans le cadre le plan Marshall après la Seconde Guerre mon-diale.

Pour ceux qui connaissent leur histoire, le plan Marshall a permis fi nancièrement à l’Europe de se reconstruire avec succès après la guerre la plus dévastatrice de l’histoire.

Et pourtant, après qu’il lui a été remis 25 fois plus d’argent et de ressources qu’à l’Eu-rope d’après-guerre, l’Autorité palestinienne continue à se plaindre du chômage, d’une économie chancelante et des conditions de vie des démunis.

Mais bon, ils ont ce qu’il faut pour construire des palais présidentiels !

Ryan Jones

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23COMMUNAUTÉ

T émoin de l’arrivée d’une importante communauté juive au XVIe siècle à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), pré-

sence qui a notamment fait de la cité basque une place forte du commerce et la capitale française du chocolat, le cimetière s’étend sur plus de deux hectares et compte près de 3.000 tombes datées du XVIIe au XIXe siècle.

« Chassés d’Espagne puis du Portugal, les juifs séfarades ont été accueillis à Bayonne autour de 1525. C’était une implantation d’abord discrète, en tant que +nouveaux chrétiens+ », rappelle Olivier Hottois, conseiller scientifi que du Mu-sée juif de Bruxelles, impliqué dans le chantier.

« Les juifs étaient ainsi d’abord inhumés dans le cimetière catholique mais au cours du XVIIe

siècle, grâce aux bonnes relations entretenues par les communautés, l’évêque de Bayonne a vendu un terrain pour y implanter ce cime-tière » , indique Philippe Pierret, conservateur du Musée juif de Bruxelles et à l’origine des travaux de restauration en 2010.Depuis plus de 400 ans, cimetières catholique et juif se font ainsi face sur les hauteurs de Bayonne.

RIEN QUE DES TAS DE TERRE ET DES ARBRES

Longtemps restée à l’abandon, la partie ancienne du cimetière juif est ainsi dévoilée au fi l des chantiers, chaque été depuis cinq ans. « Il n’y avait là rien que des tas de terre et des arbres », se rappelle Philippe Pierret, montrant les centaines de pierres tombales extraites du

sol et soigneusement nettoyées. « Il n’y avait jamais eu de travail d’inventaire à partir des épitaphes », explique le conservateur, témoignant d’un travail acharné.Pour Olivier Hottois, cet inventaire permet-tra aux familles de localiser des sépultures de proches. Philippe Pierret insiste aussi sur la dimension historiographique: « C’est un patri-moine unique. Esthétiquement ce n’est certes pas le cimetière séfarade d’Amsterdam, mais la base de données sera un outil d’interpréta-tion exceptionnel pour mesurer, par exemple, l’évolution économique et intellectuelle des juifs venus d’Espagne ».Le conservateur a notamment recensé « une cinquantaine de pierres remarquables au ni-veau des symboles ».A l’origine du chantier, les deux chercheurs, soutenus par la Direction régionale de l’ac-tion culturelle (Drac) d’ Aquitaine, la mai-rie de Bayonne et l’Association cultuelle israélite de Bayonne-Biarritz, s’appuient aussi sur un réseau de jeunes bénévoles européens,notamment issus de l’Aktion Süh-nezeichen Friedensdienste (ASF), association allemande créée après la Seconde guerre mon-diale pour éveiller le peuple allemand à sa res-ponsabilité dans la barbarie nazie.

Si l’AFS a dû arrêter son soutien fi nancier cette année, Maria Sofi e Pitzer et Florian Henz, membres de l’association, participent au chantier.Pour Florian Henz, 30 ans, étudiant en his-toire engagé depuis une décennie dans les travaux de restauration, la société allemande « doit s’engager dans ce type de démarche parce

qu’elle doit assumer sa responsabilité dans ce qui s’est passé sous le nazisme ».

Maria Sofi e Pitzer, 18 ans et fi lle de deux pas-teurs, s’est elle mobilisée « pour que cela ne se reproduise plus ». Une motivation décuplée plus d’un an après l’attentat, le 24 mai 2014, au Musée juif de Bruxelles, lieu de travail de Philippe Pierret et Olivier Hottois, où Maria Sofi e Pitzer était aussi bénévole.

Sur les 3.000 sépultures recensées à Bayonne, près de 2.600 ont déjà été extraites de terre depuis 2010. « La fi n du chantier approche, certainement en 2016, souffl e Philippe Pier-ret. Mais, le site ne sera toujours pas accessible au public concède, frustré, le conservateur: « Nous, bénévoles, avons fait beaucoup pour inventorier le site. Il faut désormais que les pouvoirs publics s’impliquent davantage pour fi nir de restaurer le site ».

Source : France 3 région

Armés de pelles, pioches et brouettes, une douzaine de bénévoles sondent le sol du cimetière juif de Bayonne pour répertorier et restaurer les sépul-tures de ce site considéré par les historiens comme le plus grand et plus

ancien cimetière juif de France...

De jeunes bénévoles restaurent à Bayonne le plus

ancien cimetière juif de France

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L enseigne déploie sur 1400m2 et trois ni-veaux, toute son expertise et son savoir faire en électroménager et multimédia.

« Nous savons qu’être à Paris aura un impact fort en termes d’image, mais nous ne venons pas ouvrir un fl agship de démonstration, ex-plique Étienne Hurez, le directeur général de Boulanger. Nous comptons réellement “ chal-lenger ” Darty, et, après cette première ouver-ture, d’autres suivront. » Au total, Boulanger souhaiterait y posséder cinq points de vente.

BOULANGER VA PROPOSER À SA CLIENTÈLE DES SERVICES VIP

« Les parisiens qui s’y rendent très nombreux, apprécient la qualité et l’accueil de l’équipe », confi e Th omas Demant, le directeur du maga-sin parisien qui est complimenté au quotidien

L’alignement des prix en magasin en temps réel avec le site boulanger.com grâce à l’éti-quetage électronique est également reconnu comme un vrai avantage par les clients.

Enfi n, la conciergerie, et le catalogue de ser-vices proposé, rencontrent un vrai succès, notamment le service de livraison rapide par coursier : Livraison express en Ile-de- France. Pour toute commande passée le soir, la livrai-son et l’installation se fera à domicile des 7 heures du matin. Mais Boulanger va plus loin encore avec un service de livraison unique en 90 minutes dans la journée.

Boulanger dispose de 4 300 références Essen-tielB et veut en doubler le poids dans le CA

ENTREVUE

Le spécialiste du multimédia et de l’électroménager a ouvert début septembre son premier magasin parisien à l’Opéra.

BOULANGER à la conquête de Paris

Par SYLVIE BENSAID

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Créée à Lille en 1954 par Bernard et Gustave Boulanger. L’enseigne qui a fêté ses soixante ans l’an dernier est présente dans l’Hexagone à travers 130 magasins commercialisant près de 20000 références.

Employant 8000 collaborateurs, elle réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 2 milliards d’euros.

(12% aujourd’hui) en s’attaquant à de nou-veaux marchés (santé connectée, drone...).

Pour célébrer son arrivée à Paris une édition limitée de l’enceinte nomade #oglo, exclusivité Boulanger a été spécialement conçue et sera en vente au magasin parisien

Aujourd’hui, Boulanger ne cesse d’étendre le domaine de ses compétences en multipliant l’off re de ses produits, développement de ses marques propres, Smartphone, tablette, en-

ceinte sans fi l…, accélération sur internet avec le lancement d’une market place, la gamme partenaire, proposition de plus de contenu (vidéos, conseils), une véritable alliance avec la croissance

L’enseigne met au coeur de ses préoccupa-tions la satisfaction de ses clients et s’engage en off rant un accompagnement sur mesure : conseil, fi nancement, extension de garanties, livraisons, installation, Sav, assistance télé-phonique

Boulanger ambitionne de devenir leader du marché français de la distribution d’électro-ménager.

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Si c’est un hommede Primo Levi

L’exercice de la médecinede Laurent Seksik

Déporté à Auschwitz, il y demeure plus d’un an avant d’être libéré par l’armée russe en janvier 1945. Dès son retour, il débute la rédaction de son propre journal de sa déporta-tion, qui fut publié en Italie en 1947 et en France en 1987.

Ce document historique majeur, considéré aujourd’hui comme l’une des œuvres les plus importantes du XXe siècle, est désormais disponible en format audio.

Raphaël Enthoven, professeur de philosophie et animateur de radio et de télévision, parce qu’il est familier des grands textes philosophiques, en fait une lecture d’une grande jus-tesse, et résout avec une talentueuse sobriété la diffi cile équation que pose le texte de Primo Levi : com-ment nommer l’innommable ?

Si c’est un homme est régulièrement au programme des collégiens et lycéens. Cette version audio peut s’inscrire dans le cadre d’une écoute pédagogique en classe, permettant l’accès à cette oeuvre emblématique aux élèves en diffi culté.

Pour la première fois en livre audio en France en 2015, à l’occasion des 70 ans de la libération des camps de concentration.

En livre audio lecture inédite par Raphaël ENTHOVENParution en CD et fi chier numérique : mercredi 9 septembre 2015 chez Audiolib

Durée d’écoute : 7 heures 35Avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

Nous découvrons un beau portrait de femme, Léna cancérologue dans les hôpitaux de Paris, entière et dé-vouée à son métier dont on suit avec plaisir les trajectoires. Léna souff re du devoir qui pèse sur elle. Elle rêve de se soustraire à cette tradition familiale, elle refuse la fatalité, mais il n’est pas facile d’échapper à son destin. Pourtant Lena n’a de cesse de préserver son père, le seul de la famille qui n’a pas pu faire méde-cine et qui ne doit pas disparaître. Au fi l des pages nous découvrons que Lena est le porte-parole de ses ancêtres, privée de son avenir par le poids du passé, elle est là pour répa-rer les survivants.

On oscille tout au long du livre dans un balancement entre passé et avenir, un croisement où les êtres peuvent être happés par leur propre histoire qui les dépasse.Ce livre est à la jonction d’une vocation littéraire et médicale.

L’auteur, Laurent Seksik, âgé de 53 ans, est médecin et écrivain. Il a été Interne des hôpitaux et Assistant hospitalo-universitaire à la Faculté. Il est l’auteur de six romans dont Les Derniers Jours de Stefan Zweig et Le Cas Eduard Einstein (Flammarion, 2010 et 2013) qui ont connu un grand succès et sont traduits dans de nombreuses langues.

L’exercice de la médecine a été tiré à 20 000 ex chez Flammarion.

Si c’est un homme de Primo Levi, raconte l’expérience de son auteur dans le camp d’extermination

d’Auschwitz, où il fut arrêté en décembre 1943 en Italie alors qu’il entre en résistance.

Laurent Seksik nous offre une chronique sur une longue lignée de médecins juifs, au destin tragique,

qui nous fait traverser le siècle.

RENTRÉE LITTÉRAIRE PAR SYLVIE BENSAID

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Pierre-Christophe Baguet

Maire de Boulogne-BillancourtPrésident de la Communauté

d’agglomération Grand Paris Seine Ouest

et le conseil municipal

sont heureux de présenter à la communauté juive de France

et de Boulogne-Billancourtleurs vœux les plus sincères

pour l’année 5776.

CHANA TOVA

l ’occasion de cette nouvelle année, je souhaite adresser aux

membres de la communauté d’Enghien-les-Bains et du Val d’Oise,

ainsi qu’à celles et ceux qui visitent notre cité touristique, mes

vœux de bonne et heureuse Roch Hachana 5776.

Que cette année guide les femmes et les hommes de bonne volonté dans

une époque qui doit retrouver le sens du politique, le sens républicain

de l’intérêt général et du lien. Cette idée républicaine est portée par les

Lumières de la tolérance, de notre responsabilité envers l’autre et de la

liberté humaniste. Ces Lumières sont notre conscience.

Nous devons plus que jamais croire à cet horizon de la paix et rester dans

l’inspiration de ces Lumières. L’humanisme doit contraindre la violence à

s’eff acer devant le visage de l’autre. Il nous faut vivre constamment avec

ce désir de paix, de reconnaissance et de respect des identités qui nous

construisent. Que notre République soit toujours fi dèle aux idéaux universels

qu’elle a contribué à construire avec les autres nations de Lumières. Au nom

des élus municipaux d’Enghien-les-Bains, j’adresse pour tous des vœux de

prospérité et de bonheur.

SHANA TOVA © S

. Arslanyan

PHILIPPE SUEUR, Maire d’Enghien-les-Bains,1er Vice-président du Conseil départemental du Val d’Oise

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PAVILLON POPULAIRE - ESPACE D’ART PHOTOGRAPHIQUEEsplanade Charles-de-Gaulle

Entrée libre – www.montpellier.fr

En coproduction avec

En ce début 5776,

Jean-Loup MettonMaire de Montrouge

et le Conseil Municipal

adressent leurs voeux les plus amicaux et les plus chaleureuxà la Communauté Juive de Montrouge et celle de France.

Que ce nouvel an soit propice à la concrétisationdes accords de paix pour que chacun vive

dans un climat de liberté et de sérénité.

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ouge

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La Zone d’intérêtde Martin Amis

Un homme dangereuxd’ Émilie Freche

Les promessesd’ Amanda Sthers

RENTRÉE LITTÉRAIRE PAR SYLVIE BENSAID

La zone d’intérêt est un livre polé-mique puisque l’éditeur habituel de Martin Amis en France, Gallimard, a refusé de le publier.

Son humour corrosif égratigne nos sociétés contemporaines et laisse rarement les lecteurs indiff érents. Dans son dernier roman «La Zone d’intérêt», l’auteur nous entraîne au Camp de concentration fi ctif, Kat Zet l en Pologne, en 1942, lors de la seconde guerre mondiale. Le livre s’articule autour de trois person-nages qui s’expriment tour à tour, et racontent le quotidien du camp d’extermination.

Angelus Th omsen, neveu du secré-taire personnel d’Hitler, qui tente de conquérir la belle Hannah Doll ; le mari de celle-ci, le commandant Paul Doll, ridicule personnage mo-qué de tous ; et Smulz, Juif nommé chef des Sonderkommandos et obli-gé d’aider les nazis dans leur tuerie.

Un grand livre sur la shoah, un roman brillant et bouleversant où les nazis sont dépeints comme des fonctionnaires ridicules, insensibles aux atrocités qu’ils pratiquent. L’au-teur ose un autre ton, un regard plus oblique, une manière habile de cari-

caturer le mécanisme de l’horreur pour le rendre plus insoutenable encore.

Martin Amis s’était déjà intéressé à la Shoah, notamment dans la Flèche du temps, paru en 1991.Le roman est très documenté et précis. On retrouve dans la postface, une phrase connue de Primo Levi, citée par Amis, qui retient notam-ment l’attention : « Peut-être que ce qui s’est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où com-prendre, c’est presque justifi er.

Le livre le plus audacieux de cette rentrée littéraire. Edité par Calmann-Levy.

Jusqu’où est-on prêts à aller par amour ? À quoi pourrait-on renon-cer ? Voilà les posées après la lec-ture de ce roman...Mariée, à Adam un brillant chirur-gien depuis 15 ans, mère de deux enfants, Émilie est romancière, es-sayiste, et vient de terminer la réali-sation d’un fi lm. elle tombe sous le charme d’un certain Benoît Parent, éditorialiste renommé, auteur de romans couronnés. Une rencontre fatale. Cet homme qui la tient sous sa coupe, va la maltraiter, l’humilier la rendre totalement dépendante est de surcroît, antisémite. Émilie est complètement dominée par cet homme obscur et met en

péril son mariage et son équilibre. Une descente aux enfers. Il est son « cancer », celui de son couple.Un pamphlet contre l’antisémitisme et une histoire d’amour dévasta-trice entre deux écrivains. Un thriller psychologique habilement mené par Emilie Freche.

Depuis son plus jeune age, Alexandre dit Sandro est promis à un avenir ra-dieux. Enfant unique, choyé et couvé par ses parents, bercé par de sublimes étés toscans et une douce vie parisienne, jusqu’au jour où son père se noie sous ses yeux, alors que Sandro n’a que 10 ans. La vie l’ampute de ses promesses. La désil-lusion prendra doucement le dessus, au fi l de l’histoire, déception après décep-tion. Un double récit entre la France et l’Italie, l’enfance et l’âge adulte... La vie est une promesse. Un roman captivant et émouvant. Edité chez Grasset.

À 66 ans, Martin Amis est l’un des écrivains britanniques les plus adulés.

Un homme dangereux d’Emilie Freche lauréate en 2013 du Prix Orange du Livre avec Deux étrangers, vient de

paraître chez Stock.

Promesses tenues

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Alors que l’année 5775 s’achève et que s’ouvre, avec les fêtes de Tichri, une nouvelle période d’espérance et d’action, la Ville de Nice exprime son indéfectible amitié, fondée sur plusieurs décennies de liens étroits avec la Communauté juive française et l’Etat d’Israël.

Le Nouvel An symbolise le retour régulier et cyclique de chaque début d’année et de sa continuité, permettant ainsi, durant les mois qui suivent, à l’activité humaine de se déployer dans son ardeur et sa solidité nécessaires. Chaque nouveau départ, chaque recommencement constituent une chance à saisir. Nous savons combien sont nombreux en France et au sein de l’Etat d’Israël, celles et ceux qui œuvrent pour le présent et l’avenir, dans le respect des valeurs et des traditions, et qui veillent à diffuser et faire rayonner les fruits de leurs efforts.

Car si le nombre d’années progresse, il en va de même pour les avancées sociales et techniques. Une dimen-sion tout aussi indispensable s’impose également à nous, celle de la solidarité, et la Soukkah, cette cabane au toit ajouré fait de branches de palmes et construite après le jour du Grand Pardon, est là pour rappeler, dans son beau symbole, la précarité de la condition humaine.

Le conseil municipal de la Ville de Nice vous souhaite une excellente année 5776 et vous adresse ses vœux de CHANA TOVA OUMETOUKA, ainsi qu’à l’ensemble de vos familles et de vos proches. Qu’elle nous apporte également la santé, la réussite et la paix véritable !

Christian EstrosiDéputé-Maire de Nice

Président de la Métropole Nice Côte d’Azur

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P our Pauline, ce livre est une question de vie ou de mort. La vie, pour elle, ne vaut plus la peine d’être vécue. Elle

est à bout. Elle veut en fi nir. La mort, elle la vit « en direct » tous les jours. Alors, en suppliant presque Sylvie Pérez d’écrire un livre sur ce mal qui la ronge et qu’elle vit en silence, Pauline n’a plus qu’une seule motivation, un faible espoir, un projet qui la maintiendra à fl ot. Elle a besoin du livre pour survivre. La journaliste voudrait bien lui faire plaisir mais elle hésite. Elle aime bien son amie, mais tous les sépare. Pauline veut un livre alors qu’elle lit peu, et

écrit rarement. Aucun centre d’intérêts com-muns, sauf leurs origines : elles sont toutes les deux juives tunisiennes. Mêmes souvenirs d’enfance, des amis communs et même sens de la famille. Sylvie Perez fi nit par accepter. Elle se lance dans l’aventure, sans plan, sans rien prévoir, sans aucune condition, sans rien connaître du mal dont souff re Pauline.

Elle a eu raison d’accepter. Elle découvre une femme attachante à la personnalité exaltante. Rongée par une maladie incroyable : la maladie de Crohn, une infl ammation chronique de tout

l’appareil digestif avec un côlon sévèrement abimé. Une maladie rare, incurable, qu’on ne sait pas guérir et qui atteint aujourd’hui en France 200.000 personnes. Et plus grave encore, il n’y a pas de solution thérapeutique convaincante à proposer aux malades.

PAULINE VIT AVEC SON CROHN DEPUIS L’ENFANCE. LE ROMAN DE

SA VIE, C’EST SA MALADIE DE CROHN

L’histoire impitoyable de ce combat entre Pauline et sa maladie. Car si ce mal la ronge jusqu’à la paralyser, Pauline n’est pas prête à lui céder. Elle veut l’ignorer. Elle ne s’interdit pas une vie étincelante de gaité. Dépassant ses souff rances physiques quotidiennes, Pauline continue à vivre sa vie comme elle le désire. Elle ne se prive de rien. Elle voyage. Là où les passions de son mari l’emmène, au Brésil ou en Inde.

Le travail de Sylvie Perez n’est pas facile. Pauline a un caractère bien trempé. Elle est souvent insupportable par ses réfl exions à dix sous, et ses réactions sur tout ce qui bouge. Elle envoie balader tout le monde. Elle a ses têtes. Celles qu’elle aime et celles qu’elle ne peut pas voir. Et elle le leur dit en face ! Pauline a quelque chose d’Arletty dans son vocabulaire. Elle dit ce qu’elle a à dire. Elle ne

Jamais la journaliste Sylvie Perez ne pensait arriver au bout de sa promesse : écrire ce livre à la demande pressante de son amie, Pauline.

Plus qu’une demande d’ailleurs : un cri de désespoir !

« J’ai envie de tout » de Sylvie Pérez, à lire

dans l’urgence Par ALAIN CHOUFFAN

LIVRES

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31cherche pas ses mots. Elle parle crûment, elle réagit au quart de tour, spontanément. Elle a la répartie facile. Souvent blessante, parfois ironique, mais toujours sans concession dans ce qu’elle a à dire. Elle a horreur du bluff . Elle instaure d’emblée une proximité impitoyable. Pas question pour elle de trafi quer la réalité, de construire un personnage. Même son mari, Pierre, portrait de Gandhi, grand passionné de bossa nova, qui parle avec un accent juif tunisien bien à lui, en détachant chaque syllabe des mots qu’il prononce, en prend pour son grade tout au long du livre. Elle le traite de tous les noms – « cet enfoiré », « ce mariolle », « cet enculé mondain qui ne pense qu’à sortir et baiser » - mais elle le préfère fi nalement à tous ceux qu’elle a connus. Un jour qu’il l’avait quittée dix jours avant son départ, Pauline l’assomme de paroles choisies dans son magnifi que vocabulaire corsé : « Monsieur est parti jouer les aventuriers, il m’a laissé seule, en pleine crise, tordue comme une serpillière dans mon lit ». Et pour ce départ précipité, elle se venge : « Alors, quand j’ai rencontré Rui, je n’ai pas hésité, je me suis scapée avec lui ! » Autrement dit, elle s’est barrée avec lui pendant dix jours !

Personnage de roman, Pierre est imperméable à ce type de réaction. Mais très perméable à toutes les croyances mystico-occultes, il médite tous les jours. Habitué des ashrams, il croit en la doctrine du yoga intégral, discipline spirituelle qui assurera l’évolution de l’espèce humaine. Pour lui, l’homme est un être de transition. Et il en donne un exemple : l’homme n’a-t-il émergé de l’animal ? Eh ! bien le surhomme émergera de l’homme ! Rien de plus simple, n’est-ce pas ? Pierre croit aussi au supramental et à la mutation des cellules. C’est à Auroville, à dix kilomètres de Pondichéry, une ville sans religion, sans politique et sans argent, qu’il a trouvé sa voie spirituelle. Et sa raison de vivre. Comme il l’a eu au Brésil ou il a vécu plusieurs années.

Sylvie Perez avance dans son livre.

ELLE TROUVE MÊME UN TITRE : LE « CÔLON JUIF ». SON ÉDITEUR

N’EN A PAS VOULU

« C’est de mauvais goût lui dit-il. Personne ne va voir l’accent circonfl exe sur le O de colon, et on va croire que c’est un livre sur le problème israélo-palestinien ! ». Pauline aussi connait une accalmie. Le Crohn se fait moins pressant. Espérant jouir de cette liberté inattendue, Pauline vends son cabinet

dentaire. L’appétit revient. Hélas, ce bonheur est de courte durée. Bru-talement son Crohn surgit. Et mieux : il redouble de mal. Voilà Pauline à nouveau enfermée dans le carcan de la maladie. Et la valse des hôpitaux qu’elle connait comme sa poche. Les années passent et elle compte plus le nombre d’hospitalisations, d’examens, de la-vements barytés, biopsie et biopsie intestinale, coloscopie, fi broscopie, IRM, scanner thoraco-abdomino-pelvien, hystérosalpingographie, biopsie hépatique écho guidée, gastroscopie... Toutes les entrailles ont été prises sous tous les angles ! Pas une parcelle n’a été négligée. Sans oublier les infi nies prises de sang et les bilans hépatiques. Le Crohn est un monstre protéi-forme. Il faut à tout moment le surveiller.

« Au restaurant, dit-elle, c’est pas un cul que j’ai, c’est un volcan ! Faut pas me voir comme ça ! Je trimbale avec moi une souff rance permanente de chaque instant. Faut voir ma salle de bain c’est devenue un bloc opératoire ! J’attache mes cheveux avec quatorze trucs, je mets mes lunettes pour voir de près, je prends le miroir grossissant, je mets un pied sur le lavabo et je fais quoi ? Je vois mon cul. Mais une fois sur deux je ne le regarde pas ! Pourquoi ? Parce que j’ai peur de ce que je vois. Et quand je vois, j’ai juste mal à la tête ! Y a un creux, y a une bosse, c’est bleu marine, c’est dur, c’est violet, c’est brulant. Je m’assois. Et je vais crever Et je dis « bon qu’est-ce que je fais ? Et ce que je fais, eh bien, je m’en fous ! Je rentre dans un bain avec les huiles essentielles en espérant que ça se calmera ! Et ça ne se calme pas ! Des fois je suis allongée par terre dans la salle de bains torturé de douleurs. C’est un bordel. Mes boyaux ne ressemblent plis à rien. »

Pauline en a marre de souff rir. Elle est fatiguée d’être fatiguée. Epuisée de souff rir. Elle ne supporte plus avoir mal.

« JE HURLE TOUTE LA JOURNÉE SEULE CHEZ MOI. JE M’EN FOUS DU

RESTE, DE BAISER, DE TOUT. J’AI JUSTE ENVIE DE VIVRE, DE RESPI-RER L’AIR ET DE DIRE MERCI MON

DIEU. JUSTE ÇA. SI JE PEUX NE PAS SOUFFRIR CINQ MINUTES ! »

Les professeurs qui la suivent ne voient qu’une solution : un traitement chirurgical. C’est-à-dire lui mettre une poche à la place de l’intestin. Cette solution, Pauline la connait. Pendant plus de quarante ans, elle l’a refusée. Ressortir avec une poche ? Atrophiée ? Te balader dans la rue avec une poche ? Ne plus aller à la plage ?

Jamais ! « Si le médecin ouvre, il va devenir fou explique-t-elle. Tout est pourri. Mon intestin est pourri. Coupez-moi en rondelles et après. Je vais être une handicapée. Je vais marcher sur ma tête. Qu’ils me foutent la paix, qu’ils me laissent crever. Je n’ai pas envie de cette vie. J’ai une profonde envie de m’en sortir. De vivre. Aller à la mer, plaisanter, m’envoyer en l’air, boire, bouff er, j’ai envie de tout. Et si je fais rien alors si pour ne rien faire, pour que ma vie ne ressemble à rien, autant que je crève. Je lutte pourquoi faire ? Pour être dans un lit avec un tube, là, là et là ? Regarde mes jambes, on dirait un serpent ».

Sentant qu’elle est sur le point de perdre la bataille contre le Crohn, c’est ce moment particulièrement cruel qu’elle choisit pour supplier son amie d’écrire ce livre. « Écris vite ce bouquin !!! Ecris- le avant que je me tire une balle dans la tête parce que je suis paumée, paumée. Je ne suis même pas désespérée, je suis juste paumée. Qu’est- ce que je peux faire ? Rien ! Alors ! Salut les potes »

Le livre vient de sortir (1). Il est époustoufl ant. A couper au couteau. Sylvie Perez a fait un travail formidable... de patience. Elle a poussé Pauline dans ses intimes retranchements, la poussant à fournir des détails incroyables de sa maladie, sur son intimité, ses coups de force et ses passages à vide. « Qui va utiliser qui ? » s’interroge la narratrice. « Je vais me servir de sa vie, me servir dans sa vie, pour écrire mon livre ? Elle va me mettre à contribution pendant un an, pour avoir une trace écrite de son existence ». Enfi n, il y a une question restée en suspense : Pauline fi nira-t-elle par subir l’opération qu’elle redoute tant ? À vous de le découvrir en lisant le livre !

(1)« J’ai envie de tout » par Sylvie Perez(Edition Lemieux). 18 €

Burrill Bernard Crohn 13 juin 1884 -29 juillet 1983 Il a donné son nom à la maladie de Crohn.

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« Pierre et Rachel vivent une liaison courte mais intense à Châteauroux à la fi n des an-nées 1950. Pierre, érudit, issu d’une famille bourgeoise, fascine Rachel, employée à la Sécurité Sociale. Il refuse de l’épouser mais ils font un enfant. L’amour maternel devient pour Rachel et pour Christine le socle d’une vie heureuse. Pierre voit sa fi lle épisodique-ment. Des années plus tard, Rachel apprend qu’il la viole. Le choc est immense. Un sen-timent de culpabilité s’immisce progressive-ment entre la mère et la fi lle. »

C’est en quatrième de couverture le résumé du dernier roman de Christine Angot « Un amour impossible », 217 pages, chez Flammarion.

La mère, Rachel Schwartz, une très belle femme, est juive par son père qui a eu la chance de ne

pas être en France pendant l’Occupation. Elle va subir une lente et méthodique humiliation de la part de Pierre parce qu’elle n’a pas d’argent, pas de culture, pas de famille et qu’elle n’est qu’une petite française sans extraction et juive de sur-croît.

Christine interroge sa mère à propos de son père :

C’est écrit avec la simplicité de style qui caractérise l’œuvre du grand écrivain. Vous connaissez l’importance fl aubertienne de la première phrase. Je ne résiste pas à l’envie de reproduire les premières lignes de « Un amour impossible » faites de plusieurs phrases séparées par des virgules. Le décor et les personnages y sont campés et on pourrait

imaginer le ressort dramatique du roman.« Mon père et la mère se sont rencontrés à Châteauroux, près de l’avenue de la Gare,dans la cantine qu’elle fréquentait, à vingt-six ans elle était déjà à la Sécurité sociale depuis plusieurs années, elle a commencé à travailler à dix-sept ans comme dactylo dans un garage, lui après de longues études, à trente ans c’était son premier poste ».

C’est une belle histoire que Chritine Angot raconte à ses lecteurs : d’abord un reportage sur les années 60 à 90, la vie des employées d’administrations, dans des petites villes de province, Châteauroux, Lons le Saunier, Reims avec leurs quartiers périphériques et les premières barres de HLM, les maigres distractions, cinéma, radio, ritournelles des chanteurs populaires, les petites visites familiales. Ensuite l’amour inconditionnel de la mère et de la fi lle.

Enfi n il y a le père dont Christine Angot explique le comportement de prédateur par la guerre sociale qui le conditionne : « Dans leur monde, on n’a pas d’enfant avec une juive, surtout si elle n’a pas d’argent et qu’il n’y a rien à obtenir d’elle ».

On lit très vite, on sort pensif, on reste meurtri.

« Parle moi de ta judéité »

« Un amour impossible » de Christine Angot

Par ANDRÉ MAMOU

LIVRES

– Il parlait des juifs quelquefois ?– Oui, C’était pas très positif.– Qu’est ce qu’il disait ?– Des petites choses... J’essayais de pas faire attention...– Il savait que tu étais juive ?– Bien sûr.– ...il les trouvait intelligents. Mais il fallait faire attention, s’en méfi er. C’étaient des gens qui voulaient obtenir des choses. Il fallait rester prudent, C’étaient des propos comme ça qui tombaient. Et il était contre Israël. Je me souviens, j’ai encore une phrase dans la tête : « Prendre un pays comme ça »...– Il disait ça sur un ton choqué. Le ton de celui qui trouve que c’est pas correct...

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33THÉÂTRE PAR SYLVIE BENSAID

On connaissait Michel Sardou le chanteur, on découvre cette fois la face cachée, celle du comédien dans la pièce de théâtre Repré-sailles où il incarne Francis, un mari infi dèle. il forme un couple sur le point de divorcer avec Marie-Anne Chazel .

Le soir du mariage de sa fi lle, Francis se fait surprendre par sa femme avec sa maîtresse. Rosalie, qui découvre alors les nombreuses infi délités de son mari, menace de divor-cer. Pour sauver son mariage, Francis tente de faire la paix et n’hésite pas à mentir. Un double jeu qui, au lieu d’apaiser Rosalie, ac-croit sa colère.

Le divorce qui s’annonce semble perdu d’avance pour Francis qui craint de se voir dépouiller. Et puis, il aime toujours Rosalie.Alors pourquoi ne pas signer la paix ?

De Éric Assous, mise en scène de Anne Bour-geois. Avec Marie-Anne Chazel et Michel Sardou.

Du 22 septembre 2015 au 25 octobre 2015Th éâtre de la La Michodière 4bis rue de la Michodière 75002 Paris

Une femme rangée traîne son ennui dans les casinos. A Monaco, elle rencontre un jeune homme qu’elle décide de sauver du jeu. Du moins le croit-elle...Vertige et confusion des sentiments... Jusqu’où la passion nous conduit-elle ? Chacun se reconnaîtra dans ce chef-d’oeuvre. Jamais Zweig n’a montré, avec autant d’intensité, la personne inconnue qui se tapit au fond de nous, et qui attend son heure...Un voyage fascinant dans la complexité humaine.« Comprendre. Comprendre sans juger. Telle fut l’obsession de Stefan Zweig. Et telle fut sa réussite, puisque, un siècle plus tard, on le lit davantage qu’en son temps » Eric Emmanuel Schmitt. Belle performance d’actrice. Clé-mentine Celarie est lumineuse et craquante dans un monologue remarquable et magis-tralement interprété. Joli moment de « folie d’une femme », pourtant si ordinaire.

Mise en scène Steve Suissa - Adaptation Eric Emmanuel Schmitt.

Jusqu’au 29 novembreDu jeudi au samedi à 21 heuresMatinée le samedi et le dimanche à 17 heuresTh éâtre rive gauche6, rue de la Gaîté 75014 Paris Tél : 01 43 35 32 31

Trois ans Après La Vérité, Florian Zeller explore d’un autre point de vue les petits arrangements avec la réalité, une autre manière d’être sincère. Quatre personnages qui avancent masqués et beaucoup de mensonges pour défendre ce vaudeville plein d’esprit : Pierre Arditi, Évelyne Bouix, Josiane Stoléru et Jean-Michel Dupuis, dirigés avec science par Bernard Murat.

L’histoire : Dans la rue, Alice surprend le mari d’une de ses amies avec une autre femme. Elle se trouve confrontée à un dilemme : faut-il lui dire ce qu’elle a vu ou lui cacher la vérité... Un dilemme diffi cile. Une seule certitude : toute vérité n’est pas bonne à ne pas dire... et inversement.

« Personnellement, je ne trouve rien de plus dangereux que de vouloir toujours dire la vérité. Dans la vie, même dans les relations d’aff ection et de tendresse, il faut savoir ne pas tout dire. Le mensonge est même un bien s’il permet de protéger les autres. » Florian Zeller.

Th éâtre Edourd VII10, place Édouard VII 75009 ParisRéservations : 01 47 42 59 92

Représaillesde Eric Assous

Mensongede Florian Zeller

24 heures dans la vie d’une Femme

de Stéphan Zweig

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34SHOPPING

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Par SYLVIE BENSAID

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