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Page 1 sur 26 Chap. 7 CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE ORIENTALE ET MERIDIONALE - Présenter les raisons et le déroulement des conquêtes ; - Présenter la (les) puissance(s) rivale(s), l’objet des dissensions, décrire les incidents survenus du fait de ces incidents et présenter le mode de règlement adopté ; - Décrire la réaction des populations locales : les motifs, les acteurs, et l’issue de cette réaction. INTRODUCTION L’Afrique méridionale et orientale fut largement sous l’emprise britannique. L’implantat ion britannique dans la colonie du Cap traduisait le souci du gouvernement du Royaume de Grande-Bretagne de sécuriser les colonies néerlandaises afin d'éviter qu'elles ne tombent sous l'emprise des Français 1 . Son extension dans la quasi-totalité de l’Afrique méridionale était une réaction à l’installation d’une compagnie de commerce allemande dans la région d’Angra Pequena en 1884, car les Britanniques redoutaient un soutien allemand aux Républiques Boers qui leur faisaient des difficultés. Par ailleurs, ce fut l’ouverture du canal de Suez en 1869 qui suscita la ruée des puissances européennes sur les rives de la mer Rouge. I- CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE MERIDIONALE Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. 1 Alors qu'en Europe, les Pays-Bas tombent sous l'influence de la France (traité de La Haye du 16 mai 1795)

totalité de l’Afrique méridionale étaitgeorepere.e-monsite.com/medias/files/chap-7.pdfLe 24 décembre, l'escorte du Colonel George Mackinnon est attaquée par les Xhosas alors

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Chap. 7 CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE ORIENTALE ET

MERIDIONALE

- Présenter les raisons et le déroulement des conquêtes ;

- Présenter la (les) puissance(s) rivale(s), l’objet des dissensions, décrire les incidents

survenus du fait de ces incidents et présenter le mode de règlement adopté ;

- Décrire la réaction des populations locales : les motifs, les acteurs, et l’issue de cette

réaction.

INTRODUCTION

L’Afrique méridionale et orientale fut largement sous l’emprise britannique. L’implantation

britannique dans la colonie du Cap traduisait le souci du gouvernement du Royaume de

Grande-Bretagne de sécuriser les colonies néerlandaises afin d'éviter qu'elles ne tombent sous

l'emprise des Français1. Son extension dans la quasi-totalité de l’Afrique méridionale était

une réaction à l’installation d’une compagnie de commerce allemande dans la région d’Angra

Pequena en 1884, car les Britanniques redoutaient un soutien allemand aux Républiques

Boers qui leur faisaient des difficultés. Par ailleurs, ce fut l’ouverture du canal de Suez en

1869 qui suscita la ruée des puissances européennes sur les rives de la mer Rouge.

I- CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE MERIDIONALE

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

1 Alors qu'en Europe, les Pays-Bas tombent sous l'influence de la France (traité de La Haye du 16 mai 1795)

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A- Du Cap au Limpopo (Transvaal)

1- Rappel de la prise de possession de la colonie du Cap par les Britanniques

Les Britanniques occupent la région du Cap à deux reprises, en 17952 et en 1806

3. En 1814,

par le premier traité de Paris concluant les guerres napoléoniennes, le Royaume-Uni acquiert

la colonie du Cap.

2- La résistance des Xhosa face aux Britanniques

Pendant ce temps, sur la frontière est, les escarmouches étaient de plus en plus violentes. Le

11 décembre 1834, un chef de haut rang Xhosa est tué lors d'un raid des commandos boers.

Le frère de la victime lève alors dans la foulée une armée de 10 000 guerriers, franchit la

rivière Keiskamma, frontière orientale de la Colonie du Cap, procède à un pillage

systématique des fermes et abat tous ceux qui résistent. Non seulement les fermiers blancs

sont visés mais aussi les fermiers Khoikhoi établis près de la rivière Kat. Le gouverneur Sir

Benjamin d'Urban réagit rapidement et envoie dans la région un contingent militaire sous le

commandement du colonel Harry Smith. Celui-ci atteint Grahamstown le 6 janvier 1835.

Pendant neuf mois, de sévères combats opposent troupes britanniques et les guerriers Xhosas.

Le 10 mai 1835, Smith proclame l'annexion de la région située en amont de la rivière

Keiskamma et en aval de la rivière Kei sous le nom de province de la Reine Adélaïde, en

hommage à l'épouse du Roi Guillaume IV. L'annexion de cette région à la Colonie du Cap est

désavouée par le secrétaire d'état aux colonies. Le 10 décembre 1835, la province est alors

déclassée en district de la Reine Adélaïde en attendant que le statut du territoire soit fixé.

Finalement, le principe de restituer la région aux indigènes, défendu par le secrétaire d'état

aux colonies, Lord Glenelg, est approuvé par Londres. En 1836, Sir Durban, qui était

favorable à l'annexion, doit retirer ses troupes de la zone tampon et les installer sur la frontière

située à la rivière Keiskamma. Le 17 septembre 1838, un traité de paix est signé entre les

autorités britanniques et les représentants Xhosas.

En mars 1846, l'attaque meurtrière par les Xhosas d'une escorte militaire Khoikhoi débouche

sur une nouvelle guerre Cafre et la défaite des guerriers Xhosas par le général Somerset le 7

juin 1846 à Gwangu. La guerre dure encore quelque temps jusqu'à la reddition de Sandili, le

chef Xhosa de la tribu des Ngqika. Le 17 décembre 1847, le district est annexé et prend le

nom de Cafrerie britannique. Harry Smith, nouvellement nommé gouverneur, annonce qu'elle

2 Alors qu'en Europe, les Pays-Bas tombent sous l'influence de la France (traité de La Haye du 16 mai 1795), le

gouvernement du Royaume de Grande-Bretagne ordonna de sécuriser les colonies néerlandaises afin d'éviter

qu'elles ne tombent sous l'emprise des Français. Le général James Henry Craig fut alors envoyé au Cap à la tête

d'un contingent militaire en 1795. 3 En février 1803, en vertu des termes de la paix d'Amiens, la Colonie du Cap est rétrocédée à la République

batave. Les Néerlandais y envoient le commissaire général Jacob Abraham de Mist et le général Jan Willem

Janssens. Mais en janvier 1806, trois mois après Trafalgar, la colonie était de nouveau occupée par les

Britanniques.

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sera administrée séparément de la Colonie du Cap en tant que possession de la Couronne

britannique.

En 1850, les Xhosas se soulèvent de nouveau après que Smith a fait destituer le récalcitrant

Sandili de sa fonction de chef de la tribu Ngqika pour le remplacer temporairement par un

magistrat britannique. Le 24 décembre, l'escorte du Colonel George Mackinnon est attaquée

par les Xhosas alors que les colons établis dans les villages frontaliers sont attaqués par

surprise. La plupart sont tués et leurs fermes incendiées. Le gouverneur Harry Smith, présent

dans la région, est lui-même encerclé avec son escorte à Fort Cox. Il parvient à se réfugier à

King William's Town sous le feu des guerriers Xhosas, armés des carabines. Dans le même

temps, plus de 900 Khoikhois, jusque-là d'anciens soldats loyalistes envers les Britanniques,

rejoignent les guerriers Xhosas. Ils revendiquent l'établissement d'une République Khoikhoi.

La guerre dura quelques années avec les montagnes Amatolas pour principal champ de

bataille. Entre temps, en 1852, Sir Harry Smith avait été rappelé au Royaume-Uni. Le

lieutenant-général Cathcart lui succéda. Le Xhosas furent finalement expulsés des montagnes

Amatolas et en mars 1853, la frontière solidifiée. La Cafrerie britannique changea alors de

statut pour devenir une colonie de la Couronne. Les chefs Xhosas sont alors placés sous la

tutelle des conseillers britanniques.

En 1856, une jeune fille xhosa nommée Nongqawuse annonça avoir eu la vision que la

puissance des Xhosas serait restaurée, le bétail multiplié et les Blancs chassés. Elle affirma

que cette prévision ne se réaliserait que si, en préliminaire, tout le bétail était abattu, les

récoltes brulées et les réserves alimentaires détruites. Membre d'une famille xhosa importante,

elle fut entendue et les chefs xhosas ordonnèrent de procéder à la destruction du bétail et des

récoltes. La mort du lieutenant-général Cathcart en Crimée fut interprétée comme un signe

annonciateur. À la date attendue du 11 août 1856, la prédiction ne se réalisa pas alors que

85 % du bétail avait été abattu. La faute en fut imputée aux récalcitrants et de violentes

querelles achevèrent de plonger la région dans la misère et la famine. Pour survivre, plusieurs

milliers de Xhosas n'eurent d'autres choix que de recourir au cannibalisme alors que d'autres

fuyaient vers la Colonie du Cap pour implorer des secours. En fin de compte, cette famine

meurtrière tua plus de 50 000 Xhosas en six mois ce qui signa la fin des guerres cafres sur la

frontière orientale de la colonie. La population de la Cafrerie passa en deux ans de 105 000 à

moins de 27 000 individus.

Les terres dépeuplées sont alors attribuées à plus de 6 000 immigrants européens d'origine

allemandes dont un certain nombre étaient d'anciens membres de la légion germanique qui

avait combattu au côté des Britanniques lors de la guerre de Crimée. En 1866, tout le territoire

de la Cafrerie britannique est incorporé à la Colonie du Cap pour former les districts de King

William's Town et de East London. Le transfert est marqué par la levée de la prohibition

envers les indigènes de ces districts.

3- Les dissensions4 entre Boers et les autorités britanniques : la formation des républiques

boers du Transvaal et d’Orange

En 1815, les tensions entre Boers et autorités britanniques franchissent un nouveau pas à la

suite de la mort de Frederic Bezuidenhout. Ce jeune boer de l'intérieur avait refusé de se

rendre à une convocation judiciaire et avait été condamné par défaut. Un détachement de

4 Profonde divergence de jugement, de sentiments ou d'intérêts génératrice de conflits [Remarque d'usage:

souvent au pluriel] Synonyme: désaccord Synonyme: discorde

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police composé de quatre Blancs et de douze Hottentots fut envoyé pour l'arrêter. Il résista et

il fut tué par l'un des Hottentots armés. Le frère de la victime cria à l'assassinat et parvint à

soulever une soixantaine de fermiers, décidés à venger Frederic Bezuidenhout. Perçus comme

des rebelles, ils furent à leur tour pourchassés. Acculés à la reddition, ils passèrent en

jugement. Cinq d'entre eux furent condamnés à mort. Le 9 mars 1816, ils furent pendus à

Slachters Neck. Quatre le seront deux fois, la corde ayant rompu sous leurs poids. Cet épisode

restera longtemps l'un des motifs d'acrimonie5 des Boers envers les Britanniques.

Les premières vagues d'immigration britanniques en Afrique du Sud commencent dans les

années 1817-1819. Le gouverneur Charles Somerset souhaite alors fortifier la frontière est

avec les territoires Xhosas. C'est dans cette optique qu'il entreprend d'intensifier la

colonisation de la région frontière du Zuurveld située en amont de la rivière Sundays et en

aval de la rivière Great Fish. En 1820, avec le soutien de Lord Somerset et du parlement

britannique, près de 4 000 colons anglais émigrent dans cette région au bord de l'océan Indien.

Principalement d'anciens chômeurs urbains qui se révélèrent de piètres fermiers, ils

s'établirent pour la plupart comme artisans et commerçants à Port Elizabeth, alors un petit

village de la baie d'Algoa et à Grahamstown, alors garnison britannique11

. Cette nouvelle

émigration de « loyaux sujets de Sa Majesté » permet de faire contrepoids aux descendants de

colons néerlandais, rétifs à la nouvelle administration. Elle permet en outre d'angliciser la

colonie.

En 1822, le néerlandais perd son statut de langue officielle dans les tribunaux et les services

gouvernementaux. Il recule dans les domaines scolaires et religieux. Le processus

d'anglicisation est en marche alors que le patois néerlandais, appelé aussi afrikaans, est

dénigré et réservé aux rustauds des frontières. En 1828, l'anglais devient la seule langue

officielle pour les affaires administratives et religieuses. Les Hottentots se voient également

reconnaître l'égalité des droits avec les blancs.

Dans les années 1820, le mouvement abolitionniste avait pris de l'ampleur au Royaume-Uni.

Il aboutit en 1834 à l'émancipation de tous les esclaves de la Colonie du Cap. Pour apaiser les

esprits, le gouverneur, Sir Benjamin D'Urban instaure un conseil législatif de douze membres

supposé permettre aux administrés du Cap de débattre des affaires publiques. Les

compensations pécuniaires pour l'émancipation des esclaves ne satisfirent pas les anciens

propriétaires d'esclaves et en 1835, plusieurs milliers de fermiers Boers décidaient de rompre

tout lien avec la Colonie du Cap et de s'exiler à l'intérieur des terres pour fonder une

république boer indépendante. C'est le Grand Trek.

En quelques années, de 1837 à 1850, près de 15 000 boers12

quittent ainsi la Colonie du Cap

pour l'inconnu. Cette migration forge définitivement l’identité afrikaner. Les Boers, partis à la

recherche de la Terre promise, s'installent sur les terres situées au-delà du fleuve Orange.

Après avoir battu les Zoulous à la bataille de la Blood River (la « rivière du Sang ») le 16

décembre 1838, ils fondent, en 1840, la république du Natal (Voir carte 1, page 148, Histoire

3e. Le monde contemporain, de 1815 à nos jours, Edicef). Mais le Natal est annexé, en 1843,

par les Britanniques. Les Boers repartent alors vers l’ouest et le nord, où ils fondent en 1852

des républiques autonomes dans le Transvaal, puis en 1854, l’État libre d’Orange.

5 Mauvaise humeur s'exprimant par des paroles déplaisantes (soutenu) répondre avec acrimonie

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En 1852-1854, les frontières sont fixées avec les républiques du Transvaal et de l'Orange6. La

Colonie du Cap a désormais des états voisins gouvernés par des descendants d'européens.

4- Modernisation et extensions territoriales de la colonie du Cap

En 1858, le gouverneur Grey proposa l'établissement d'une confédération sud-africaine

englobant toute l'Afrique du Sud, y compris les Républiques boers et les territoires indigènes.

Sa proposition ambitieuse fut immédiatement rejetée par Londres. Sir George Grey

entreprend alors de développer les infrastructures routières. Avec le soutien des missionnaires

comme Robert Moffat et des explorateurs comme David Livingstone, il ouvre une route vers

le Botswana, au-delà du fleuve Orange et du désert du Karoo. Il entreprend aussi de débuter

l'intégration à des Xhosas, rendus dociles après la famine de 1857, en leur octroyant un début

d'instruction publique non obligatoire de type britannique. Quand il quitte Le Cap en 1861,

George Grey laisse une colonie plus prospère. Sa politique de grands travaux publics incluant

des barrages a permis à la colonie de se moderniser. Des mines de cuivre commencent à être

exploitées dans le petit Namaqualand, l'industrie de la laine est bénéficiaire et le Natal est

devenue une colonie de la Couronne. Les chemins de fer commencent à se développer avec le

lancement de la première ligne Le Cap-Wellington. En 1869, l'élevage d'autruches devient

une nouvelle activité prospère de la colonie et participe au développement économique de la

région d'Oudtshoorn

Par comparaison, dans les années 1860, l'économie des Républiques boers est autarcique et

primitive alors que l'administration et les infrastructures sont quasi-inexistantes, notamment

au Transvaal.

En 1868, les Basothos en guerre contre les Boers de l'État libre d'Orange requièrent et

obtiennent la nationalité britannique. Deux ans plus tard, le Basutholand est annexé à la

Colonie du Cap.

En 1871, à la suite de la découverte de diamants dans la région de Kimberley, le Griqualand

Ouest est annexé. À partir de 1875, les territoires indigènes, en amont de la rivière Kei et en

aval de Port Edward dans la colonie britannique du Natal, sont progressivement annexés à la

Colonie du Cap sans que ces territoires soient pour autant tous ouverts à la colonisation. Le

Fingoland est annexé dès 1875 puis le Griqualand-est en 1879. C'est ensuite le tour du

Gcalekaland et du Bomvanaland en 1885, du Thembuland en 1886 et du Pondoland en 1894.

Réorganisés en districts et administrés à l'aide de conseils indigènes (Native Council), ces

territoires sont progressivement unifiés au sein d'un conseil général du Transkei.

5- L’idée de l'inclusion des Républiques boers et de la Colonie du Cap ou projet d'État

souverain nommé « États-Unis d'Afrique du Sud » : expansionnisme britannique sous

l’impulsion de Cecil Rhodes motivé par la découverte des gisements de minerai

La découverte de gisements de diamants dans le Transvaal en 1867, relance l’expansionnisme

britannique. À partir de 1867, l'Afrique du Sud commence à connaître une ruée vers le

diamant. Jusque-là perçu en Europe comme une contrée pauvre et dangereuse, le sous-sol de

la région révèle ses potentielles richesses. Les colons britanniques sont les premiers à

6 En 1848, le gouverneur de la colonie du Cap, sir Harry Smith, prend le contrôle des rives du fleuve Orange.

Cependant, les Britanniques, après un soulèvement des Boers, accordent à ceux-ci l’indépendance du Transvaal

en 1852, et de l’État libre d’Orange en 1854.

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bénéficier de l'émergence de l'industrie diamantaire mais ce sont de tous les pays d'Europe et

même d'Amérique qu'affluent des milliers d'aventuriers et de prospecteurs en quête de

diamants. Parmi ces aventuriers figure un jeune britannique venu en Afrique du Sud pour des

raisons de santé et qui fait fortune sur les champs de Kimberley : Cecil Rhodes7.

Cecil Rhodes était un expansionniste qui avait entrepris de relier Le Cap au Caire par la voie

du chemin de fer8 sans jamais quitter un territoire africain sous souveraineté britannique. Il

avait dans ce but financé une colonne de pionniers pour annexer les territoires en amont du

Transvaal17

.

En 1875, un groupe d'enseignants et de pasteurs avaient formé un mouvement de

revendication culturel, l'« Association des vrais Afrikaners » dont l'objectif était de défendre

et d'imposer l'afrikaans au côté de l'anglais comme langue officielle de la colonie. En 1876,

une revue en afrikaans, Die Afrikaanse Patriot, était éditée.

En avril 1877, le Transvaal au bord de la banqueroute est annexé par la Grande-Bretagne.

Carnavon9 demanda alors à Sir Bartle Frere, le nouveau gouverneur de la Colonie du Cap et

haut-commissaire à l'Afrique du Sud, de réaliser la confédération sud-africaine. Accaparé par

de nouvelles guerres cafres10

, Frere ne peut présenter le projet de confédération lequel est

abandonné après la démission de Lord Carnarvon de ses fonctions.

L’Empire zoulou ayant été définitivement détruit par les Britanniques en 1879, les Boers

tentent de reconquérir leur indépendance en 1880. La première guerre anglo-boer s’achève par

la sévère défaite des Britanniques à Majuba Hill en 1881 et, en 1883, Paul Kruger est élu

président de la République boer indépendante du Transvaal.

En 1881, les Afrikaners du Cap se réunissent à Graaff-Reinet où ils fondent l'union afrikaner

(Afrikaner Bond), partisane de l'inclusion des Républiques boers et de la Colonie du Cap11

. Le

parti s'implante également au Transvaal et dans le gouvernement de Paul Kruger.

7 Homme d'affaires, colonisateur et homme d'État britannique. Né en Angleterre, Rhodes, atteint de tuberculose,

fut envoyé, en 1870, en Afrique du Sud auprès de son frère. Cette même année, des gisements de diamants

étaient découverts à Kimberley, dans la colonie du Cap ; Rhodes se tourna vers la prospection minière. À la tête

d'une énorme fortune dès sa vingtième année, il regagna l'Angleterre pour étudier à l'université d'Oxford. Ce fut

durant ses études qu'il forgea sa conviction impérialiste, fondée sur la certitude que les Britanniques avaient une

mission de colonisation du monde. 8 Revenu en Afrique du Sud en 1881, Rhodes se consacra à la vie politique ainsi qu'à l'établissement d'un empire

minier. Élu au Parlement du Cap, il incita le gouvernement britannique à établir un protectorat sur le

Bechuanaland (aujourd'hui, Botswana), en 1884. Il créa deux compagnies pour l'exploitation des mines d'or et de

diamants, Gold Fields of South Africa et De Beers, avant de fonder la British South Africa Company qui obtint

en 1889 une charte royale. Cette compagnie, appelée « Chartered », devait être l'instrument de ses ambitions

colonisatrices. 9 Le secrétaire aux colonies

10 Aussitôt arrivé au Cap, peu avant le 12 avril 1877, Frere doit faire cependant faire face à des troubles dans le

Zoulouland, au Natal mais aussi à la frontière des territoires Xhosas encore indépendants. La révolte des tribus

Galekas et Gaikas débouche sur une neuvième guerre cafre inattendue et l'annexion in fine du Gcalekaland à la

Colonie du Cap. 11

Le projet global de l'Afrikaner Bond est d'établir une nationalité sud-africaine pour un pays souverain, dirigé

par les Afrikaners. Le pays défendrait ses propres intérêts et non ceux de la métropole européenne, que ce soit

dans les domaines politiques, économiques et commerciaux. Le Royaume-Uni demeurerait un partenaire

privilégié.

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En 1883, le député de Barkly West et homme d'affaires ambitieux, Cecil Rhodes, se

rapproche de Hofmeyr12

et lui demande de réfléchir sur un projet d'État souverain nommé

« États-Unis d'Afrique du Sud ».

Rhodes est un impérialiste britannique et un homme politique avisé. Il sait que sa carrière

politique peut évoluer plus ou moins favorablement en fonction de ses rapports avec les

Afrikaners du Cap. C'est pourquoi il a fermement défendu l'utilisation du néerlandais au sein

du parlement et en 1884, il se retrouve pendant six mois trésorier-général dans le

gouvernement de Sir Thomas Scanlen. En effet, à cette date, l'influence du Bond au parlement

parvient à renverser le gouvernement de Sir Scanlen. Hofmeyr est pressenti pour lui succéder

mais il refuse et préfère soutenir un avocat irlandais, Thomas Upington. Le refus de Hofmeyr

est perçu par les loyalistes anglais comme une violation du régime parlementaire puisque le

principal chef de parti au parlement préfère ne pas assumer ses responsabilités, nommer un

homme de paille à sa place et orienter ainsi en sous-main la politique du gouvernement.

6- La mise en place de L'union douanière par le développement d’un réseau ferroviaire sud-africain.

La découverte de vastes gisements aurifères dans le sud du Transvaal, en 1886, coïncide avec

l’occupation de l’Afrique du Sud-Ouest (actuelle Namibie) par les Allemands.

En 1888, le parlement du Cap vote en faveur de l'établissement d'une union douanière sud-

africaine. Elle est la première pierre d'un processus ayant pour objet d'aboutir à une

Fédération sud-africaine. Les colonies britanniques d'Afrique australe y sont incluses

progressivement mais également la République boer de l'État libre d'Orange qui y adhère en

1889. Le Transvaal du président Paul Kruger refuse cependant d'y adhérer. En fait, il tente de

désenclaver son pays et ne plus dépendre des Britanniques avec le lancement de la

construction d'un chemin de fer reliant le Transvaal à la baie de Delagoa au Mozambique

portugais.

Le réseau de chemins de fer de l'Afrique du Sud s'était beaucoup développé avec la

prospection des mines de diamants. Des lignes avaient été ouvertes reliant au Cap les

principales villes de la colonie comme Worcester, Beaufort West, Grahamstown, Graaff

Reinet, Queenstown et Kimberley. La découverte de l'or dans le Witwatersrand en 1886

permet de prolonger ces lignes vers le Transvaal jusqu'à Vryburg à la frontière du

Bechuanaland.

Cette expansion ferroviaire avait bénéficié de la fusion des compagnies diamantaires de Cecil

Rhodes, Alfred Beit et Barney Barnato en une seule compagnie la De Beers, en 1889. Celle-ci

était une entreprise influente et prépondérante sur le marché de l'exploitation du diamant et

elle réclamait toujours plus de lignes pour convoyer ses chargements d'hommes, de matériaux

et de matériels. En 1889, Bloemfontein, dans l'État libre d'Orange, est relié par le rail au Cap.

La ville allait devenir le principal nœud ferroviaire d'Afrique du Sud.

Le Royaume-Uni fait échouer en 1890 le projet de Kruger de soumettre à la domination boer

le Bechuanaland (devenu Botswana) en étendant son protectorat à cette région. Enfin, en

1892, c'est au tour de Pretoria et de Johannesburg dans le Transvaal d'être relié au réseau

ferroviaire sud-africain.

12

Jan Hofmeyr, député de Stellenbosch, il est celui qui dirige le Bond. Défenseur au sein de la colonie de la

politique expansionniste du président du Transvaal, Paul Kruger, Hofmeyr finit par incarner le Bond

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En 1898, le Natal entre dans l'union douanière. Un tarif unique est adopté pour tous les biens

importés et consommés au sein des pays et colonies de l'Union. La répartition des droits se

fait sur la base de l'équité et de l'apport de la production locale au développement des

territoires de l'Union.

7- Eclatement du désaccord entre Paul Kruger et Cecil Rhodes

Dans les faits, de 1881 à 1898, le Bond est tout-puissant. Hofmeyr détermine les votes des

députés néerlandais (afrikaners) du parlement du Cap tout comme il initie la politique du

Bond et influence celle du gouvernement, même après sa démission du parlement du Cap en

1895. En 1890, Cecil Rhodes avait reçu le soutien de Jan Hofmeyr pour occuper le poste de

premier ministre à la place de Sir John Gordon Sprigg, démissionnaire. Hofmeyr lui avait

proposé d'être le candidat officiel du Bond mais Rhodes avait refusé. Il obtint néanmoins la

confiance des parlementaires du Bond, lesquels étaient très favorables à sa politique douanière

et de construction ferroviaire pour l'ensemble de l'Afrique du Sud.

En 1894, Rhodes mit en œuvre un projet de fédération commerciale et ferroviaire entre les

colonies et les États d'Afrique du Sud, fondée sur le même principe que l'union douanière. Le

projet capota à la suite de désaccords entre le Cap et le Transvaal sur les tarifs ferroviaires.

S'estimant lésé par les tarifs britanniques, Kruger bloqua ainsi une multitude de marchandises

et d'hommes à la frontière du Transvaal alors qu'il taxait fortement l'industrie aurifère. Un

recours fut déposé au gouvernement impérial. En fin de compte, la route fut rouverte au trafic

mais pour Rhodes, le président Kruger était un ennemi de la modernisation de l'Afrique du

Sud et un obstacle à son projet d'union globale sud-africaine sous souveraineté britannique.

Le 29 décembre 1895, l'un de ses proches, le docteur Leander Starr Jameson13

tente lors d'un

raid de renverser le gouvernement du Transvaal. Il s’agit d’une expédition militaire contre la

république du Transvaal, dirigée par Leander Jameson et encouragée par Rhodes. C'est un

piteux échec14

. Jameson est emprisonné et Rhodes, accusé d'être l'auteur du raid, est obligé de

démissionner de son poste de premier ministre15

. Il est alors remplacé par Sir Gordon Sprigg.

L'implication de Rhodes dans le coup d'État est inconnue mais son éventualité probable est

dénoncée très fortement par le Bond et Hofmeyr qui s'estiment trahis. Les Afrikaners du Cap

commencent alors à se méfier du gouvernement colonial et à se montrer plus sensibles aux

arguments des Boers du Transvaal.

8- La marche vers la guerre : le désaccord au sujet de l’égalité de droits pour les citoyens

britanniques résidant au Transvaal.

En 1898, la Colonie du Cap est alors dirigée par William Philip Schreiner. Il doit son maintien

à sa capacité à naviguer entre des courants politiques contradictoires qui vont des loyalistes

anglais aux Afrikaners du Bond et qui forment sa majorité parlementaire. Il est cependant

hostile à toute velléité de guerre avec les républiques boers et s'oppose à la politique ferme

prônée par le ministre des colonies, Joseph Chamberlain, et Sir Alfred Milner, le haut-

commissaire au Cap.

13

Administrateur britannique des territoires de la Rhodésie du Sud. 14

Le coup de force est déjoué par Joubert, général boer 15

Il se consacra dès lors au développement économique des territoires rhodésiens.

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Le président Marthinus Theunis Steyn de l'État libre d'Orange invita Alfred Milner et Kruger

à une conférence à Bloemfontein qui débuta le 30 mai 1899 pour parler des droits des

uitlanders (étrangers) au Transvaal16

.

En juin, Schreiner et la majorité parlementaire du Cap acceptent les propositions faites par

Kruger de créer de nouvelles circonscriptions électorales permettant aux non Boers de

participer à la vie politique du Transvaal. Quelques jours plus tard, lors d'un voyage à

Pretoria, Hofmeyr et le ministre de l'Agriculture de la colonie s'aperçoivent que le parlement

du Transvaal a noyé l'ouverture politique de Kruger en créant quinze nouvelles

circonscriptions électorales boers face aux quatre concédées par Kruger dans les zones

anglophones de la République. Hofmeyr est indigné par ce qu'il perçoit comme un

manquement déloyal mais son influence est contrecarrée par l'émissaire de l'État libre

d'Orange, Abraham Fischer, qui encourage les Boers du Transvaal dans leurs résolutions.

Hofmeyr ayant la réputation d'être un fin diplomate et le seul capable d'influencer Kruger, son

échec alimente le courant belliciste qui monte au Cap.

Plusieurs incidents diplomatiques se succèdent durant l'été 1899 et en septembre,

Chamberlain envoya un ultimatum à Kruger exigeant la complète égalité de droits pour les

citoyens britanniques résidant au Transvaal. Le but inavoué mais transparent des bellicistes

britanniques est de s'emparer des richesses minières du Transvaal et de créer une

confédération sous leur contrôle. Kruger, anticipant que la guerre était inévitable, lança son

propre ultimatum avant même d'avoir reçu celui de Chamberlain. Il donnait 48 heures aux

Britanniques pour évacuer leurs troupes des frontières du Transvaal ou la guerre leur serait

déclarée en accord avec leur allié, l'État libre d'Orange.

9- Le conflit militaire (1899-1902)

Le 12 octobre 1899, les États boers déclarèrent la guerre au Royaume-Uni. Les forces boers,

numériquement supérieures, équipées d’armements légers achetés à la France et à l’Allemagne, et

jouissant d'une bonne connaissance du terrain, eurent l’avantage dans les premières semaines.

Les premiers coups de feu sont d'ailleurs tirés à l'intérieur des frontières de la colonie à

Kraipan, une petite station de chemin de fer au sud de Mafikeng, la ville la plus au nord de la

colonie. Cette dernière se retrouvait alors isolée et assiégée pendant sept mois par les Boers.

Le 16 octobre, Kimberley était à son tour assiégée et le 18 octobre, les Républiques boers

proclamaient l'annexion de plusieurs portions de territoire de la Colonie du Cap, en

l'occurrence le Bechuanaland britannique et le Griqualand-Ouest avec ses champs de

diamants. Le 28 octobre, Schreiner déclara ces annexions nulles et non avenues.

Les défaites britanniques à Magersfontein (11 décembre 1899) et Stormberg (10 décembre

1899) enhardirent les Boers dont l'armée n'était en fait constituée que de fermiers et de jeunes

idéalistes, armés par leur propre soin. Par contre, l'humiliation de ces défaites était terrible

pour l'armée professionnelle qu'était celle du Royaume-Uni. Dans un premier temps, celle-ci

reçut le soutien actif des loyalistes du Cap et en janvier 1901, l'armée passa sous le

16

L’exploitation de l’or, financée par les Britanniques, attire des milliers de mineurs britanniques, appelés

uitlanders (en afrikaans, « étrangers ») par les Boers, qui s’installent au Transvaal.

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commandement de Lord Roberts17

et Lord Kitchener dont la mission était de gagner la guerre

par tous les moyens.

À Kimberley, Cecil Rhodes organise efficacement la résistance jusqu'à la libération de la ville

le 15 février 1900. Dans le même temps, les troupes boers se replient de Magersfontein vers

Bloemfontein. Le siège de Mafeking est à son tour levé le 17 mai 1900. La colonie n'est dès

lors plus amputée du moindre territoire et les Britanniques reprennent l'avantage sur le front

des opérations militaires. Au Cap, des parlementaires appellent pour la première fois à

annexer les deux Républiques boers pour former un nouveau Canada en Afrique du Sud.

Le 13 mars, Roberts entra à Bloemfontein, la capitale de l’État libre d’Orange, occupée puis

annexée. En mai, le siège de Mafeking fut levé et le Transvaal envahi ; Johannesburg puis

Pretoria furent prises par les Britanniques le mois suivant. En septembre 1900, l’État du

Transvaal fut à son tour annexé par l’Empire britannique.

En juin 1900, Schreiner démissionne et est remplacé par Sir Gordon Sprigg. Une loi est

adoptée, réprimant tous ceux qui soutiendraient le camp des Boers.

Kruger tenta en vain d’obtenir l’aide des autres pays européens, rivaux des Britanniques sur le

continent africain. Les Boers continuèrent à lutter, adoptant désormais la tactique de la

guérilla, sous la direction du général Louis Botha et de Jan Christiaan Smuts.

À la fin de l'année 1900, alors que les républiques boers sont occupées par les Britanniques, la

guerre entrait dans une nouvelle phase, celle de la guérilla et du harcèlement des troupes du

Commonwealth par des commandos boers. En décembre, certains de ces commandos

entrèrent dans la colonie pour y recruter des volontaires et pour harceler les troupes

coloniales. En octobre 1901, la loi martiale est décrétée dans toute la colonie.

En novembre 1900, le général Horatio Kitchener fut nommé commandant en chef des forces

britanniques. Vainqueur du Mahdi, au Soudan, il employa des méthodes impitoyables pour

écraser les Boers, incendiant systématiquement les fermes et enfermant dans des camps

d’internement quelque 200 000 hommes, femmes et enfants. Vingt mille de ces prisonniers

moururent en raison des conditions d’internement.

Pendant ce temps, le 4 janvier 1901, le haut-commissaire Sir Alfred Milner avait été nommé

gouverneur du Transvaal et de la colonie de la rivière Orange. Le haut-commissariat à

l'Afrique du Sud élargissait ainsi sa compétence aux deux anciennes Républiques boers. Au

Cap, les parlementaires se divisaient sur les conséquences à tirer de la nouvelle situation

politique. C'est à cette époque que le camp progressiste, attaché à la couronne d'Angleterre,

perdit son leader, Cecil Rhodes, en mai 1902, quelques jours avant la signature du traité de

paix à Vereeniging.

Ainsi vaincus, les Boers signèrent, le 31 mai 1902, le traité de Vereeniging, par lequel ils

reconnaissaient la souveraineté britannique sur le Transvaal et l’ancien État libre d’Orange.

L’Empire leur accordait cependant un gouvernement autonome, autorisait l’usage de

17

Après l’échec d’une première contre-offensive britannique à la mi-décembre, le commandant en chef sir Buller

fut remplacé par lord Roberts, et le corps expéditionnaire porté à 300 000 hommes. Dès lors, le cours de la

guerre bascula.

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l’afrikaans dans les écoles et les cours de justice, et versait 3 millions de livres pour la

reconstruction du pays.

Les Britanniques se retrouvaient à la direction d'un grand nombre de colonies : Le Cap, le

Natal, le Transvaal, l'Orange, le Griqualand, la Nouvelle République (New Republic), le

Stellaland, le Zoulouland, et le Botswana plus au nord. Celles-ci étaient peuplées de 5,2

millions d'habitants dont 3 millions étaient des Noirs et 1,3 million étaient des Blancs.

B- Du Limpopo au Tanganyika : les territoires rhodésiens et le Nyassaland

1- La Rhodésie du sud (Zimbabwe)

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Venus d’Afrique du Sud à la fin du XVIIIe siècle, lors des mfecanes, grandes migrations

provoquées par l’expansion guerrière, les Zoulous détruisirent sur leur passage le royaume de

Changamire18

. Un groupe zoulou dissident, les Ndebele, s’établit, vers 1830, dans le sud-ouest

du pays, imposant leur domination aux Shonas.

En 1888, le roi ndebele, Lobengula, concéda des droits miniers au sud du Zambèze à l’homme

d’affaires britannique Cecil Rhodes. L’année suivante, Rhodes obtint du gouvernement

britannique une charte pour sa société, la British South Africa Company, pour

l’administration des territoires conquis en Afrique centrale et australe. La Compagnie de

Rhodes favorisa la colonisation agricole, y compris vers les territoires sur lesquels sa

souveraineté ne s’étendait pas. Toutes ces terres qui allaient porter le nom de Rhodésie

(aujourd'hui, Zimbabwe et Zambie).

En 1890 était fondée Salisbury19

(aujourd’hui Harare) par la Pioneer Column de la British

South Africa Company pour servir de base militaire. En 1899, l’inauguration de la ligne de

18

Etabli au sud du Monomotapa, il prit la relève et conquit presque la totalité de l’ancien royaume au XVIIe

siècle. 19

La communauté est baptisée Fort Salisbury en l’honneur du troisième marquis de Salisbury, Premier ministre

britannique de l’époque.

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chemin de fer en provenance de Beira (Mozambique) permet à la ville de devenir un pôle

commercial.

En 1895, le territoire ainsi colonisé fut baptisé Rhodésie. Jusqu’en 1897, une guerre opposa

les Blancs aux Ndebele et aux Shonas, qui furent finalement relégués dans des « réserves ».

Les colons blancs, désireux de s’affranchir de la tutelle de la Compagnie, avaient réclamé

l’autonomie politique dès le début du XXe siècle. En 1922, consultés par référendum, ils

écartèrent le rattachement à l’Afrique du Sud et, l’année suivante, la Rhodésie, selon leur

souhait, devenait colonie de la Couronne, sous le nom de Rhodésie du Sud.

2- La Rhodésie du Nord (Zambie)

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Au XIXe siècle, le pays était divisé en plusieurs États, souvent de petite taille ; au centre et au

nord dominaient les Lozis ; le Sud était occupé par une ethnie originaire de l’actuel Malawi.

La traite des Noirs s’est développée durant tout le siècle, sous le contrôle des marchands de

Zanzibar.

Dès le XVIIIe siècle, les Portugais, présents en Angola et au Mozambique, pénètrent dans le

pays par l'intermédiaire des pombeiros (métis de Portugais et d'Africains), liaison qui est

accomplie officiellement au XIXe siècle par l'explorateur portugais Serpa Pinto, mais son

exploit heurte les intérêts britanniques. En effet, La découverte de gisements de cuivre dans le

nord du pays date de la fin des années 1880, mais l’exploitation s’intensifie à partir des années

trente, attirant d’abord de nombreux Européens puis des Africains du Nyassaland et de

Rhodésie du Sud, plus agricole (actuel Zimbabwe).

En 1890, la British South Africa Company, fondée par Cecil Rhodes, étend sa domination au

Barotseland, à l’ouest, par la signature d’un traité avec les Lozis et se voit accorder par la

Couronne le droit d’administrer les pays situés au nord du fleuve Limpopo.

Les territoires orientaux sont intégrés à l’Empire britannique lors de la conquête du

Nyassaland (actuel Malawi). En 1911 est créée la Rhodésie du Nord, rattachée à la colonie

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britannique du Cap mais administrée par la Compagnie de Cecil Rhodes. En 1924,

l’administration est confiée à un gouverneur britannique, l’exploitation minière demeurant le

monopole de la British South Africa Company.

3- Le Nyassaland (Malawi)

Voir carte 1, page 148, Histoire 3e précité

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Après l’arrivée de commerçants portugais, dont les métis (Pomberos) qui, remontant le

Zambèze, sont parvenus jusque dans le sud du pays dès le xviie siècle, s’organise un vaste

trafic d’esclaves. Les Européens n’ont connaissance de l’existence du lac qu’en 1859, lorsque

David Livingstone parvient sur ses rives. Livingstone dénonce les ravages provoqués par la

traite des Noirs, organisée par les commerçants portugais et arabes. Son expédition ouvre la

voie à l’établissement, à partir de 1875, des missions, protestantes au sud, catholiques dans le

Centre. Les missionnaires sont bientôt suivis par des commerçants britanniques.

Un consul britannique s’établit dans le pays en 1883. Des affrontements avec les marchands

d’esclaves et la volonté de stopper l’expansion du Portugal et de l’Allemagne amènent les

Britanniques à négocier avec les souverains indigènes la déclaration formelle d’un protectorat

en 1891, qui prend le nom de Nyassaland en 1907.

C- Les conquêtes portugaises d’Angola et du Mozambique

1- L’Angola20

(voir carte 2, page 153, Histoire 3e précité)

C’est au XVe siècle que les Portugais entrent en contact et s’établissent dans le royaume de

Kongo. En effet, Lorsque l’explorateur portugais Diogo Cam atteint l’embouchure du Congo

vers 1482, il trouve le royaume de Kongo bien établi de part et d’autre du fleuve. Les

20

Situé à la charnière de l’Afrique centrale et de l’Afrique australe.

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nouveaux arrivants sont bien accueillis par le souverain kongo, Nzinga Nkuwu21

. Après avoir

occasionné la chute de ce royaume afin de pouvoir contrôler le commerce de l’or, de l’ivoire

et des esclaves, qui commence à prendre de l’essor au XVIe siècle, les Portugais fondent en

1575 la colonie de Luanda où Paulo Dias de Novais fonde en 1576 une ville qui devient le

centre de la traite négrière (voir esclavage) à destination du Brésil et de Cuba et à laquelle ils

annexent le royaume Ndongo.

Le commerce d’esclaves transatlantique depuis l’Angola est interdit en 1836, mais le travail

forcé reste la règle. La traite, cependant, se poursuit dans les colonies portugaises au moins

jusqu’en 1878, date à laquelle l’esclavage est officiellement aboli. Cette abolition pousse les

Portugais à s’intéresser aux richesses minières du pays et chercher réellement à prendre le

contrôle de l’intérieur du pays à partir de 1900. Ils livrent une véritable guerre au royaume

ovimbundu (1890- 1904), affrontant les Lunda (1894- 1926), conquis le sud du pays contre

les Ovombo et les Humbe. (1895-1915).La progression est très lente : en 1900, le Portugal ne

contrôle qu’un dixième de la superficie de l’actuel Angola ; il faut attendre 1920 pour que les

campagnes armées cessent définitivement.

2- Le Mozambique22

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Le Portugais Vasco de Gama reconnaît les côtes du Mozambique lors de sa première

expédition en 1498. Les premiers colons portugais s’établissent dans les comptoirs

musulmans23

au XVIe siècle.

21

En 1491, des commerçants et des missionnaires portugais apportent des cadeaux à la cour du roi, qui se

convertit au catholicisme 22

Pays d’Afrique australe. 23

Les navigateurs indiens et arabes ouvrent de nombreux comptoirs sur la côte est de l’Afrique. Au viiie siècle,

les Arabes développent celui de Sofala, au sud du Zambèze, d’où sont exportés l’or, le fer et le cuivre du

royaume du Zimbabwe.

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Ainsi, au XIXe siècle, l’autorité portugaise se limitait à quelques points sur la côte. Mais,

l’indépendance du Brésil et la chute du commerce des esclaves, l’essor des produits licites

(ivoire, caoutchouc, gomma arabique, cire) et surtout la pression de la British South African

Company dirigée par Cécile Rhodes poussèrent les Portugais à établir plus solidement leur

domination coloniale sur le Mozambique. En 1894, le commissaire royal, Antonio Enes, fut

chargé de la conquête du Mozambique, qui se révéla très difficile du fait de la résistance des

populations. Plus de 160 campagnes et opérations mineures furent nécessaires pour venir à

bout de la résistance. En 1895, Enes brisa le royaume Nguni de Gaza. Moussinho de

Albuquerque, son successeur, réprima une ultime rébellion dans le sud, mais ne put conquérir

le district de « Moçambique ». Joao de Azevedo Couthino conduisit la guerre de Barue qui, en

1902, réduisit le dernier Etat au sud du Zambèze. De 1890 à 1904, les rebelles de Mapondera,

le grand « bandit social » du Mozambique, soutenu par la paysannerie, organisèrent des

maquis et exécutèrent de nombreux attentats et des sabotages qui laissèrent les portugais

impuissants.

D- Le Sud-Ouest africain allemand (Namibie)

Voir carte page 1 ci-dessus.

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1-Rappel de la fondation de la colonie

Le navigateur portugais Bartolomeu Dias contourne le premier le cap de Bonne-Espérance en

1488, ouvrant ainsi la voie aux nombreux explorateurs, missionnaires et autres marchands

européens en Afrique australe. Avant le milieu du XIXe siècle, le territoire intérieur de

l’actuelle Namibie n’intéresse guère les colons européens. Seule la côte de Walvis Bay sert de

port aux chasseurs de baleines britanniques, et les îles voisines — couvertes de guano — de

source d’engrais.

Le 10 avril 1883 un commerçant allemand, Adolf Lüderitz envoie son ami Henrich Vogelsang

et des explorateurs en reconnaissance dans le Sud-Ouest Africain. Ils débarquent dans la baie

d'Angra Pequena avec une cargaison de maisons préfabriquées, des chars à bœufs et des

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provisions. Trois semaines plus tard, le chef nama Joseph Frederiks II lui vend toute la baie

pour 100 livres sterling et 200 fusils.

L’année suivante, la conférence européenne de Berlin, réunie à l’initiative du prince Otto Von

Bismarck pour régler le problème des zones d’influence en Afrique, montre au chancelier

allemand l’importance du continent. À la demande de Lüderitz, la baie (rebaptisée baie de

Luderitz) est alors placée sous la protection de l'Allemagne dès le 24 avril 1884. La

proclamation est faite sur place par l'explorateur allemand Gustav Nachtigal qui, investi de la

fonction de commissaire du Reich, signe le premier traité de protection avec Joseph Frederiks

II. Seul Walvis Bay reste aux mains des Britanniques.

Heinrich Göring succède dès 1885 à Nachtigal. Avec deux assistants et sans armée, il

représente l'ordre prussien dans l'embryon de colonie dont la capitale est fixée à Otjimbingwe.

De même, en 1885, un traité de protectorat est signé avec le chef hottentot local24

. Et, puisque

l’enclave de Walvis Bay reste britannique, l’Allemagne négocie en 1890 la création d’un

couloir permettant d’accéder au Zambèze : la pointe de Caprivi, du nom du chancelier ayant

succédé à Bismarck. De leurs côtés, les Basters de Rehoboth (issus des unions entre Boers et

Namas au XVIIIe siècle) signent un traité similaire. Ils devinrent ensuite des supplétifs très

coopératifs de l'armée allemande jusqu'en 1915.

Le 20 octobre 1885, après avoir sans succès tenté d'obtenir la protection de la colonie du Cap,

l'explorateur William Worthington Jordaan fonde avec 45 familles de Dorslandtrekkers

revenus d'Angola la république de Upingtonia dans la région de Grootfontein et d'Otavi, sur

les terres concédés par le roi des Ndongas. Les Hereros revendiquent alors ces terres

contraignant plusieurs de ces familles à émigrer de nouveau vers le plateau du Waterberg ou à

retourner vers le Transvaal.

Le 30 juin 1886, Jordaan est assassiné par un Ovambo, mettant fin à l'éphémère république.

Le commanditaire de l'assassinat resta inconnu malgré la mise en cause de Maharéro. Les

terres sont alors rachetées par une compagnie allemande.

En 1886, la frontière tracée entre la colonie portugaise d'Angola et le Sud-Ouest africain

allemand coupe en deux le territoire Ovambo.

2- L’extension de la colonie

En 1889, le gouvernement allemand envoie le capitaine Curt Von François dans le Sud-Ouest

Africain à la tête d'un contingent militaire. Il débarque le 24 juin 1889 avec vingt et un soldats

allemands à Walvis Bay où il retrouve le haut-commissaire allemand, Heinrich Göring, qui

avait dû se résoudre à se placer sous la protection britannique après la dénonciation par

Maharero du traité de protection. Très vite, Curt von François entreprend de marquer la

présence militaire allemande sur la région.

24

Après la bataille d'Osana où les Hereros infligent une cuisante défaite aux Namas de Hendrik Witbooi, le chef

Maharero signe son premier traité de protection avec le commissaire allemand.

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Après avoir installé ses quartiers à Otjimbingwe, il conquiert Tsaobis, puis Heusis et

renouvelle le traité de protection avec Maharero. Son successeur, Samuel Maharero

entreprend dès l'année suivante une politique de collaboration renforcée avec les troupes

coloniales et cède une partie de ses terres en échange de produits européens.

En 1890, la région de la Bande de Caprivi est intégrée au Sud-Ouest africain allemand

permettant un accès au fleuve Zambèze et aux colonies orientales. La frontière Est de la

colonie avec le Bechuanaland britannique est également fixée.

Le 18 octobre 1890, ses troupes arrivèrent sur le site de Winterhoek où Von François fait

construire un fort (Alte Feste) destiné à être le quartier général des forces coloniales du Reich.

Winterhoek, germanisé en Windhuk est un lieu idéal à proximité de sources d'eaux, au centre

du pays, situé entre les territoires namas et hereros. À partir du 7 décembre 1891, Windhuk est

dorénavant le centre administratif de la colonie. En 1894, la ville compte 85 résidents blancs

(dont 5 femmes), 500 soldats de la troupe coloniale allemande et de 300 à 400 Noirs

(essentiellement des Namas).

En 1892, Von François fonde le port de Swakopmund destiné à affranchir la colonie de sa

dépendance vis-à-vis de Walvis Bay.

3- La résistance des Namas (1893-1904)

En 1893, promu major, Von François reçoit le titre de Landeshauptmann du Sud-Ouest

africain allemand. Au cours de la même année, il connait de fortes résistances de la part des

Namas commandés par Hendrik Witbooi. Après avoir refusé par trois fois de se mettre sous la

protection allemande, Witbooi est devenu le principal ennemi de Von François lequel a fait

interdire toute importation de munitions, privant les tribus de tout accès aux armes à feu. Les

troupes coloniales attaquent la capitale des Namas où ils massacrent soixante-dix femmes et

enfants. Mais Witbooi reste ferme et contre-attaque. Dans le même temps, les pressions

montent en Allemagne pour rappeler Von François à qui il est reproché de ne pas avoir pu

traiter avec Witbooi autrement que par les armes — et de ne pas l'avoir vaincu non plus par

cette voie. En août 1894, il est remplacé par le major Theodor Leutwein.

Après l'échec de ses tentatives d'alliance avec les Hereros, Witbooi accepte finalement de se

placer sous la suzeraineté allemande. Les Namas de Witbooi deviennent alors d'efficaces

auxiliaires de l'armée coloniale participant à la répression contre le soulèvement des clans

rivaux alors que les Hereros qui avaient jusque-là participé à la répression de toute rébellion,

commencent à s'éloigner de la puissance coloniale, exaspérés par la peste bovine, les

exactions des colons et l'affranchissement de leurs serfs Damaras.

En 1897, un poste militaire est établi à Namutoni en pays ovambo après l'insistance des

missionnaires à obtenir une protection. La même année, les premières réserves indigènes sont

fixées pour les Namas puis en 1903 pour les Hereros.

4- La résistance et le « génocide » des Herero (1904-1908)

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En 1903, les Khoi et les tribus Hereros se révoltent contre les colons et l'administration

allemande. L'affranchissement des serfs25

Damaras auraient été la principale cause du

soulèvement selon certains historiens (les Damaras seront auxiliaires de l'armée allemande et

seront récompensés par l'octroi de 6 000 m2 de terres pour leur contribution à la répression de

la révolte). Le 10 janvier 1904 marque le début du soulèvement herero commandé par le chef

Samuel Maharero. Witbooi se joint aux insurgés et mène une guerre d'embuscade. Disposant

de six mille fusils, ils sabotent les voies de chemin de fer et incendient les fermes. Près de

soixante colons allemands sont tués dans un premier temps provoquant l'envoi massive de

troupes allemandes dans le Sud-Ouest Africain puis encore cent vingt-trois civils allemands.

Le 11 juin 1904, le lieutenant-général Lothar Von Trotha, nommé commandant en chef des

troupes de la colonie allemande du Sud-Ouest Africain, débarque dans la possession du Reich

avec pour mission d'en finir avec la révolte des Hereros. La guerre contre ces derniers fait

alors rage depuis cinq mois sans perspective de victoire. Au contraire, les pertes allemandes

augmentaient alors que le contingent atteignait désormais quatorze mille soldats. Pourtant le

28 juin 1904 à Namutoni, la tentative de prise du fort par cinq cents Ovambos n'est repoussée

que par trois soldats et trois fermiers allemands.

Lors de la bataille de Waterberg le 11 août 1904, il remporte une victoire décisive contre les

guerriers Hereros du chef Samuel Maharero. En les encerclant de trois côtés, il ne laissait aux

Hereros qu'une seule issue pour fuir : le désert du Kalahari. Alors que ces derniers essayent

d'y trouver refuge, Von Trotha fait empoisonner les points d'eau, dresse des postes de garde à

intervalles réguliers avec ordre de tirer sans sommation à la vue de chaque Herero, qu'il soit

homme, femme ou enfant26

. Des milliers d'Hereros meurent alors de soif dans le désert.

Bientôt les actions de von Trotha sont connues de l'opinion publique allemande et un

mouvement de répulsion s'empare de la population ; le chancelier Bernhard Von Bülow est

amené à demander au Kaiser Guillaume II de démettre Von Trotha de son commandement.

L'ordre est donné trop tard alors que les survivants hereros étaient parqués dans des camps de

concentration ou servaient de main d'œuvre à bon marché. Beaucoup étaient morts de

malnutrition ou de dysenterie.

Le 29 octobre 1905, Hendrik Witbooi est tué lors de l'attaque d'un convoi à Vaalgras. Le 19

novembre 1905, Von Trotha revient en Allemagne. La population Herero estimée à 75 000

âmes avant le début de la guerre était réduite à 15 000 individus en 1911, soit une baisse de

80 % de la population initiale.

Les révoltes continuent encore jusqu'en 1908. Le gouverneur Friedrich Von Lindequist, après

avoir proposé une amnistie générale aux Hereros est amené à faire réprimer brutalement les

révoltes Namas dont il envisage la déportation vers les îles Samoa. Si son projet avorte, faute

25

Dans le système féodal paysan qui appartient au seigneur féodal, tout comme la terre qu'il cultive Exemple : la

condition des serfs et des serves. 26

En fait, Von Trotha avait signé un ordre d'extermination (Vernichtungsbefehl) selon lequel « À l'intérieur des

frontières allemandes, chaque Herero, armé ou non armé, sera abattu. Je n'accepterai pas plus des femmes ou des

enfants ».

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de financement, de nombreux indigènes, notamment les hommes de Witboois, sont déportés

au Togo. En 1908, les souverains ovambos se placent sous la protection allemande.

On peut donc constater que l’Afrique méridionale a subi la domination de trois puissances

européennes : le Royaume-Uni de Grande Bretagne qui au départ était motivé par le seul

souci de contrôler la Route de Indes, puis qui a voulu par la suite s’accaparer des richesses

diamantaires et aurifères des Républiques Boers ; Le Portugal qui a été poussé à rechercher

les richesses minérales de l’Angola et les produits commerciaux du Mozambique ; et

l’Allemagne qui a fini par comprendre au cours de la conférence de Berlin l’importance de

l’Afrique. Et malgré l’âpreté27

quelques fois des résistances, l’inimitié des populations locales

n’a pu permettre à celles-ci de prendre le dessus sur les colons. Seul le cas de l’Ethiopie a pu

démentir ces propos. Cette résistance victorieuse a plutôt eu lieu en Afrique orientale.

II- CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE ORIENTALE

Elle est restée soumise à l’influence et au commerce arabes jusqu’au milieu du XIXe siècle

avec pour centres Khartoum et Zanzibar. Très peu d’européens se sont aventurés en Afrique

orientale ; l’ouverture du Canal de Suez suscita leur attention sur les rives de la mer Rouge.

Finalement, l’Angleterre occupa Sokotora en 1875, Berbera en 1884 (future capitale de la

Somalie britannique) ; l’Italie annexa des terrains dans la baie d’Assab en 1879-1880 ; la

France acheta Obock28

en 1882. Cependant, la puissance la plus intéressée à l’Afrique oriental

fut l’Angleterre qui voulut surveiller « la Route des Indes » par l’intermédiaire de son consul

en Egypte qui occupait une position prééminente, le canal de Suez fut inauguré en 1869.

Tardivement, en février 1885, la « Compagnie allemande de l’Afrique orientale » fut fondée

par Karl Peters qui avait signé des traités de commerce avec des chefs africains de la côte qui

fait vis-à-vis à zanzibar.

A- Le condominium anglo-égyptien au Soudan nilotique

(Voir cartes 1, page 118 et 7, page 146 ? Histoire 3e, précité)

27

Manifestation de dureté ou d'acharnement Synonyme: virulence Exemple : l'âpreté de la concurrence

commerciale

28

Des explorateurs français parcoururent le territoire dès 1837 et le traité d'Obock signé en 1862 établit un

protectorat français sur ce petit mais stratégique pays.

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1- Rappel de la conquête égyptienne du Soudan

Entre la première et la troisième cataracte, se trouvent les pays appelés par les Turcs

Berberistan et As-Saïdi par les Arabes, placés sous la direction d’un gouvernement

reconnaissant l’autorité du khédive. Au-delà s’étendent les domaines du sultan de Foundj et

les pays connus sous le nom de Nubie, Sennar ou Abyssinie. La frontière de la langue arabe et

de l’islam s’enfonce jusqu’aux bordures méridionales du royaume du Darfour et du Foundj. Il

s’agit de petits royaumes qui ont succédé à l’ancien royaume de Méroé à partir du VIe siècle

Le commerce entre le Soudan et l’Égypte passe par les routes de Siouah à l’ouest, de Sennar

le long du Nil et du Darfour par le darb al-arbain (route des quarante jours). Il est dominé à la

fin du XVIIIe siècle par les jallaba, qui revendent les marchandises soudanaises à des

intermédiaires pour le marché égyptien ou pour l’exportation. Il est principalement axé sur le

trafic négrier. Toutefois, à la fin du XVIIIe siècle, des dissensions entre les grandes tribus

foundjies affaiblissent considérablement le royaume du Sennar.

En Egypte, Méhémet Ali s'empara du pouvoir en 1804 et se fit reconnaître pacha d'Égypte

par le sultan ottoman. Méhémet Ali, qui a modernisé l’armée égyptienne avec l’aide des

conseillers militaires français, engage alors des troupes dans une série de guerres de conquête,

menées au nom de la Sublime Porte, mais dont il espère tirer un profit personnel. De 1820 à

1822, Méhémet Ali se consacra à la conquête du Soudan septentrional, puis peu après, en

1823, fonda la ville de Khartoum, ceci afin de contrôler le commerce caravanier avec

l’intérieur du continent africain.

Méhémet Ali s’empara du Sennar et du Kordofan entre 1820 et 1822 ; environ 50 000

Soudanais périrent et presque autant furent vendus comme esclaves. Khartoum est fondée au

début des années 1820 par le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali pour servir de base militaire.

C’est là le gouverneur chargé de surveiller et d’exploiter le pays (c’est d’y prélever des

esclaves et du bétail) au bénéfice du Caire. Par la suite, les gouverneurs envoyèrent des

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expéditions vers le sud, bien au-delà de leurs frontières pour capturer des esclaves ou en

acheter aux chefs de tribus contre des armes à feu ; vers 1860, ils atteignaient la région de

l’Ouellé. Les esclaves étaient acheminés soit vers Souakim et l’Arabie (par El-Obeid et

Berber), soit vers le Caire et les pays ottoman par la vallée du Nil, soit vers Kouka près du

Tchad-et de là, vers le Fezzan et Tripoli. À l’ouest, néanmoins, le Sultanat de Darfour, dans le

djebel Marra habité par les Fours, conserve son indépendance jusqu’en 1916.

2- La domination britannique au Soudan (conquête et contrôle du Soudan par les

Britanniques)

Les gouverneurs égyptiens faisaient souvent « des affaires » pour leur propre compte, car

l’abominable traite rapportait de gros bénéfices ; ils s’enrichissaient, payant des troupes

personnelles ; si bien que leur puissance inquiéta le Khédive d’Egypte qui jugea plus sûr d’en

révoquer certains et de nommer à leur place et à celle de commandant de ses troupes des

Européens. En 1874, Charles George Gordon, entra au service d'Ismaïl Pacha, khédive

d'Égypte. Nommé gouverneur de la province équatoriale (1877-1879), il déploya des efforts

sont déployés pour supprimer le commerce des esclaves. C’est ainsi que Rabah, un général au

service du gouverneur égyptien destitué du Bahr el Ghazal, se révolta et reconstitua à son

profit un véritable royaume fondé sur les razzias d’esclaves (1886-1900).Il s’enfuit vers

l’Ouest quand les troupes égyptiennes vinrent mater la rébellion.

Le mécontentement contre l’autorité égyptienne et ses représentants explose dans la révolte

du Mahdi29

(1881-1885-1899). De fait, La démission de Gordon (1879) puis l’instauration

d’un protectorat britannique en Égypte, en 1882, aggravent les tensions internes au Soudan.

En 1881, Muhammad Ahmad ibn Abd Allah30

se proclame mahdi (sauveur, imam caché, ou

messie, dans la tradition musulmane) soudanais et fonde l’Etat mahdiste. Celui-ci est régi

depuis 1885 par le Khalife Abdoullah qui a organisé une bonne armée (100 000 hommes) et

installé sa capitale à Omdourman, face à Khartoum. Lorsque les Britanniques occupèrent

l’Egypte en 1882, il leur déclara la guerre sainte.

Les Ansars parviennent notamment à détruire un corps d’armée égyptien en novembre 1883.

En février 1884, les Britanniques envoient à Khartoum (capitale du Soudan) un de leurs

meilleurs officiers, le major Gordon, pour évacuer leurs forces31

. Mais la garnison, prise au

piège32

, succombe sous le nombre, le 26 janvier 188533

(lors de l’attaque finale, toute la

garnison anglo-égyptienne ainsi que son commandant britannique, Charles George Gordon,

29

Nom donné à celui qui doit rétablir la foi et la justice sur la Terre, et dont la venue précèdera celle du messie le

jour du jugement (Yawm al-Qiyamah). 30

En 1880, Muhammad Ahmad Abd Allah s’appuie sur le sentiment religieux et nationaliste des populations

pour chasser du pays les occupants britanniques et leurs alliés turco-égyptiens. À la tête de ses talibans —

disciples ou étudiants en théologie — armés seulement d’armes blanches, il vient à bout d’un détachement

égyptien, et connaît pour ce fait d’arme, une popularité grandissante. 31

Lors de la révolte du chef religieux Muhammad Ahmad, surnommé le Mahdi, Gordon retourna en février 1884

au Soudan, appelé par le Premier ministre britannique William Gladstone. 32

La ville est assiégée pendant dix mois par les forces du Mahdi. Peu soutenu par le gouvernement britannique,

Gordon résista pendant dix mois dans Khartoum, encerclée par les forces du Mahdi. 33

En novembre 1884, Gladstone envoya finalement un corps expéditionnaire pour le secourir. Les renforts

arrivèrent deux jours après la mort de Gordon, tombé lors de la chute de Khartoum, le 26 janvier 1885.

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sont massacrés). Cette défaite, survenue en pleine conférence des pays européens réunie à

Berlin pour partager l’Afrique en zones d’influences, a un retentissement considérable : on

assiste à un désengagement britannique au Soudan.

Devenu pour ses partisans le « mahdi » tant attendu (réformateur religieux venu rétablir la

justice), Muhammad Ahmad installe sa capitale en face de Khartoum sur l’autre rive du Nil et

édifie un État islamique idéal. Il meurt peu après.

La situation intérieure se détériore sous le règne du Mahdi puis du calife Abdallah al-Taaisha,

qui succède au Mahdi en 1885. Le calife mène une lutte incessante contre les peuples

nilotiques du Sud, annexant une grande partie de leur territoire au Soudan égyptien, et se

lance dans plusieurs autres aventures militaires, dont une tentative avortée de conquête de

l’Égypte en 1889.

Entre temps, Horatio Herbert Kitchener, dit lord Kitchener fut promu capitaine en 1883 dans

l'armée égyptienne. En 1884, il participa à l'expédition dépêchée pour tenter de délivrer le

général Gordon à Khartoum. Gouverneur général de l'est du Soudan de 1886 à 1888, il fut

nommé commandant en chef sirdar de l'armée égyptienne en 1892.

Le khalife Abdoullah poursuit les raids sur l’Ethiopie : il bat le Négus Johannès en 1886, puis

en 1889 à Métemna, où Johannès trouve la mort. EN 1890 les mahdistes, maitres de la

province du Bahr el Ghazal, font des razzias dans celle d’Equatoria, dont le gouverneur Emin

Pacha (qui est un allemand, Schmitzer, nommé par le Khédive d’Egypte) a été sauvé par

Stanley et évacué vers Zanzibar.

En 1896, les gouvernements britannique et égyptien, soucieux de contrer l’influence

croissante de la France en Afrique centrale, lancent une expédition militaire commune contre

le calife. La même année, Horatio Herbert Kitchener fut promu au rang de major général. Ce

fut donc lui qui commandât cette expédition militaire. Dongola est reprise en 1896, Berber en

1897. L’expédition se solde par la défaite des troupes mahdistes à Omdurman, le 2 septembre

1898 (11 000 morts et Abdoullah s’enfuit. En représailles du meurtre de Gordon, il fit jeter

dans le Nil, le corps du Mahdi, enseveli à Omdourman.

3- Rivalités franco-britannique : l’incident de Fachoda

Malgré les avertissements du Royaume-Uni contre toute incursion dans une région stratégique

pour ses intérêts, les Français cherchent à profiter du désengagement britannique au Soudan

(une conséquence de la chute de Khartoum en 1885). En 1896, une expédition française —

soutenue par Théophile Delcassé et Gabriel Hanotaux, respectivement ministres des Colonies

et des Affaires étrangères — est organisée. Sous couvert d’une traversée de l'Afrique du

Congo jusqu'à Djibouti, sur la mer Rouge, elle vise à réinstaller la présence française.

Partie du Congo en juillet 1896, la mission du capitaine Jean-Baptiste Marchand, à la tête de 8

officiers et de 154 tirailleurs sénégalais, arrive le 10 juillet 1898 au poste soudanais de

Fachoda. Au nom de la IIIe République, il instaure un protectorat sur la région. Dans le même

temps, les troupes du général britannique Horatio Kitchener, qui ont reconquis le Soudan et

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défait le Mahdi soudanais à la bataille d'Omdurman, arrivent à leur tour à Fachoda, le 25

septembre 1898.

La confrontation entre Kitchener et Marchand (ce dernier refuse de s’effacer, malgré son

infériorité) entraîne un casus belli qui déchaîne l'opinion publique des deux pays. La

conflagration est évitée de justesse. La France, déstabilisée par l’affaire Dreyfus34

et n’étant

pas, militairement, en situation de résister à l’Anglais, Delcassé — successeur d'Hanotaux aux

Affaires étrangères — s'incline devant l'ultimatum britannique. Le 3 novembre, il ordonne à

Marchand d'évacuer Fachoda en échange de l’abandon des prétentions britanniques sur le

Sahara. La pacification du Soudan a été difficile et n’est réellement achevée qu’en 1916, après

l’assassinat du sultan du Darfour par des agents anglais.

4- Accord de condominium sur le Soudan

Le 19 janvier 1899 est instauré un condominium anglo-égyptien sur le Soudan. Cet accord

confirme la prédominance britannique au Soudan — situation que renforce l’accord franco-

34

Crise politique de la IIIe République qui, de 1896 à 1899, a profondément divisé l’opinion publique et entraîné

une crise nationale.

Scindée en deux camps antagonistes, l’opinion s’est opposée au sujet de la culpabilité ou de l’innocence du

capitaine Alfred Dreyfus, condamné à tort pour espionnage au profit de l’Allemagne. Au-delà du scandale

judiciaire, l’affaire Dreyfus a été un puissant révélateur des profonds clivages idéologiques et politiques de la

France d’avant 1914. À terme, elle a en grande partie déterminé la représentation de l’« esprit républicain ».

En septembre 1894, alors que l’État révise les plans de guerre après la conclusion de l’accord secret franco-russe,

on découvre au sein du service de renseignements français un bordereau anonyme contenant une liste de

documents militaires confidentiels destinés à l’ambassade d’Allemagne. Après une enquête sommaire, le

capitaine Dreyfus — Juif d’origine alsacienne — est accusé de cette trahison, l’écriture de celui-ci étant

semblable à celle qui apparaît sur le bordereau. Traduit devant le Conseil de guerre, il est condamné à la

dégradation et à la déportation à vie au bagne de Cayenne, sur l’île du Diable (22 décembre 1894).

À cette époque, rares sont ceux qui doutent de la culpabilité de Dreyfus, y compris certains de ses futurs

défenseurs, tel le socialiste Jean Jaurès. En fait, le procès alimente le discours de la droite nationaliste et en

particulier la campagne antisémite menée tambour battant par la Libre Parole, journal d’Édouard Drumont,

également directeur de la Ligue antisémitique. Ce dernier voit dans l’affaire un alibi pour faire progresser son

idéal de nationalisme xénophobe au sein de l’opinion française.

Pourtant, la famille du capitaine — notamment son frère Matthieu — refuse la condamnation. Avec l’aide du

journaliste et publiciste Bernard Lazare, Matthieu veut prouver l’innocence d’Alfred. Dans un premier temps,

l’Éclair et le Matin attirent l’attention du public sur la nature suspecte des preuves fondant sa condamnation.

Lazare publie une brochure favorable à Dreyfus, relançant l’attention de l’opinion. Surtout, Matthieu Dreyfus et

Lazare reçoivent l’appui décisif du colonel Georges Picquart, chef du 2e Bureau (service des renseignements).

Celui-ci découvre l’identité du probable coupable : le commandant Esterhazy. Mais les autorités militaires

refusent de revenir en arrière. Un an plus tard, toutes ses tractations ayant échoué, Matthieu Dreyfus révèle cette

découverte dans le Figaro. Pour empêcher une révision du procès, les autorités militaires traduisent Esterhazy

devant le Conseil de guerre, qui l’acquitte (10 janvier 1898). Quant à Picquart, il est muté dans le sud de la

Tunisie, avant d’être mis aux arrêts, puis réformé.

Devant l’évidente volonté du gouvernement de laisser s’épuiser l’affaire, l’écrivain Émile Zola décide de frapper

un grand coup pour alerter l’opinion. Le 13 janvier 1898, avec l’accord de Georges Clemenceau qui en dirige la

rédaction, il publie « J’accuse » dans l’Aurore. Cette lettre ouverte au président de la République dénonce le déni

de justice commis par l’armée et ses complices, hommes politiques et magistrats. Zola est condamné pour

diffamation à un an de prison ferme et à une amende.

Mais le procès Dreyfus a pris une nouvelle envergure. Désormais, l’attention de l’opinion et des ténors de

l’intelligentsia, du monde politique de droite et de gauche, se braque vers ce que l’on nomme dorénavant «

l’Affaire ».

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britannique du 21 mars 1899 par lequel la France abandonne toutes ses prétentions sur le

bassin du Nil.

En réalité, le Royaume-Uni apparaît comme le véritable maître du pays, établissant dans le

Nord une organisation administrative efficace, et favorisant le développement économique de

la colonie, notamment par l’irrigation de la Gezireh. La mainmise britannique est bien plus

ténue dans le Sud, placé sous l’autorité d’une poignée de fonctionnaires coloniaux, les «

barons du marais » et sous l’influence des missionnaires chrétiens, autorisés par le

gouvernement britannique à évangéliser les populations nilotiques.

B- La conquête avortée35

de l’Ethiopie et la consécration de son indépendance

Voir carte 1, page 118, Histoire 3e, précité

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1- Rappel sur l’établissement d’un pouvoir central au XIXe siècle et le positionnement des

grandes puissances sous fond de compétition

En Éthiopie36

, l’arrivée des Portugais a permis de repousser une invasion musulmane en

154237

. Toutefois, à la suite de querelles doctrinales38

entre coptes orthodoxes39

et jésuites

35

Tourner court dans son développement Exemple : une tentative de putsch avortée 36

Au fondement de l’Ethiopie se trouve le royaume d’Axoum fondé au cours du IIe siècle apr. J.-C et gouverné

par la dynastie salomonide, dont les représentants font remonter l’origine au roi Salomon et à la reine de Saba. 37

Lorsque des musulmans envahissent l’Éthiopie en 1527 sous la conduite de l’émir Granne du Harar, le négus

demande l’aide des Portugais dont une première ambassade avait rejoint en 1520 l’Éthiopie, connue en Europe

sous le nom de royaume du Prêtre Jean. Les Portugais envoient une petite armée et les musulmans sont vaincus

en mars 1542 à Anasta par les troupes de l’empereur Galaoudios et les Portugais. 38

Les tentatives de catholicisation de l’Éthiopie par les missionnaires jésuites provoquent ensuite des troubles

politiques et sociaux chez les coptes, pour lesquels la foi monophysite est indissociable du pouvoir politique et

de l’identité éthiopienne. 39

Au IVe siècle, sous le règne de l’empereur Lezanas, le royaume est converti au christianisme par des moines

grecs orthodoxes : il se rattache à la tradition monophysite des chrétiens coptes d’Égypte.

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portugais catholiques, les Portugais sont expulsés en 1632. L’Éthiopie entre alors dans une

période d’isolement et, au XVIIIe siècle, la monarchie est au bord de l’effondrement. Ainsi,

au début du XIXe siècle, il n’y a plus de pouvoir central en Ethiopie ; l’anarchie chronique

sévit jusqu’à ce qu’un chef de canton du Gondar (voir carte 1 précitée), Kassa, s’impose

comme négus40

sous le nom de Théodoros II. Il s’efforce de réorganiser la justice, la police,

l’administration et enfin décide de remplacer les « ras41

» trop indépendants par des

gouverneurs. Mais Théodoros manifeste au bout de quelques temps des crises de folie au

cours desquelles il fit massacrer des gens de son entourage. Ses adversaires soutinrent le ras

du Tigré qui en 1872 se fit couronner empereur et prit le nom de Johannes IV. Ce dernier dut

lutter contre les troupes égyptiennes du Khédive Ismail42

qu’il vainquit en 187543

et 1876, et

contre le ras du Choa, Ménélik, tout puissant et ambitieux.

Derrière ces querelles locales, se dissimulaient plus ou moins les compétitions entre grandes

puissances européennes qui convoitaient des positions en Afrique orientale ; les Anglais

soutinrent Théodoros II (jusqu’à ce qu’il emprisonnât leurs ressortissants) puis Johannes IV,

tandis que l’Italie favorisa Ménélik. Au début du 20e siècle, l’Ethiopie a résisté aux

Européens, sans doute à cause de son relief qui en rend l’accès difficile et sûrement aussi

grâce à l’énergie de l’empereur Ménélik. Ras du Choa, il avait agrandi sa province du pays

Galla et du Kaffa et fondé en remplacement de Gondar une nouvelle capitale : Addis-Abeba.

2- L’échec de l’occupation italienne de l’Ethiopie

Ménélik se fit sacrer empereur après la mort de Johannes à Metemna devant les mahdistes. Il

sut tirer parti des rivalités européennes. Avec l’ouverture du canal de Suez en 1869, la côte de

la mer Rouge est livrée à la convoitise des puissances européennes, l’Italie, la France et la

Grande-Bretagne, soucieuses de contrôler le bon passage de leurs navires. L’Italie s’empare

des ports d’Assab en 1872 et de Massaoua en 1885. En 1889, Ménélik II signe avec les

Italiens le traité d’Ucciali, en théorie un traité d’amitié et de coopération, mais dont la version

italienne diffère de la version amharique. Les Italiens revendiquent ainsi le protectorat sur tout

le territoire éthiopien. Quand l’Italie en réclame l’application après avoir déclaré colonie

l’Erythrée, Ménélik protesta auprès des autres puissances européennes (1890). L’Italie, après

son échec, essaie de lui créer des difficultés, que Ménélik surmonte. La guerre éclate entre les

deux pays en 1895 et les forces italiennes sont vaincues à Adoua l’année suivante (1er mars

1896) avec l’aide d’un armement acheté aux Français. . L’Italie doit reconnaître

l’indépendance de l’Éthiopie et les frontières telles qu’elles résultent de l’expansion de

Ménélik — elles correspondent aux frontières actuelles.

On constate que l’Afrique orientale est la région qui causa le plus de difficultés aux

conquérants européens, du fait de la résistance farouche des populations. Celles-ci infligèrent

des défaites retentissantes aux forces coloniales (voir la bataille de Khartoum en 1885 et celle

40

Roi d'Éthiopie 41

Histoire : chef éthiopien dont le rang est situé juste au-dessous de celui de négus 42

Dans la décennie 1870, le principal ennemi extérieur de l’empire est l’Égypte : en 1875, le khédive Ismaïl

Pacha étend la protection égyptienne au sultan du Harar et lance une attaque contre l’Éthiopie. 43

Alors que les côtes de la Mer Rouge sont la convoitise depuis l'ouverture du Canal de Suez, des Italiens, des

Britanniques et des Français.

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d’Adoua en 1896). Les rivalités y furent également les plus âpres car pas moins de quatre

puissances étaient en compétition pour le contrôle de la navigation sur la mer Rouge.

CONCLUSION

Exception faite de l’Ethiopie qui conserva son indépendance à l’issue d’une guerre menée

contre l’Italie, tous les territoires d’Afrique de l’Est et méridionale tombèrent sous le joug

colonial, ce malgré les résistances parfois vives des populations et les rivalités intenses des

puissances européennes. Néanmoins, cette domination que connaitront dès lors les colonies

africaines va être légèrement différente de celle que les européens vont imposer à la Chine en

particulier, et à l’Asie en général.

BIBLIOGRAPHIE

Institut Pédagogique Africain et Malgache, Histoire 3e. Le monde contemporain du début du

19e siècle à nos jours, Edicef, Paris, 1973, 319 pages.

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Colonie_du_Cap

Article, Histoire du Sud-Ouest africain allemand