22
Tous les corps naissent étrangers Hugo Léger roman Romanichels Extrait de la publication

Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Jean-Jacques Darrieux est un homme dont la réussite sociale est indéniable. Il a laissé loin derrière lui ses origines modestes, sa famille dysfonctionnelle, sa mère alcoolique et son père violent. Il a connu la gloire, en tant que présentateur de nouvelles télévisées, et il est maintenant le président d’un important cabinet de relations publiques. Il aime l’argent, et il en a beaucoup. Il n’a pas d’amis, il est vrai, mais il a des relations et il est membre de deux CA. Il n’a plus d’épouse, mais il a une maîtresse qui a de la classe ; il ne l’aime pas, mais il l’apprécie. Il a aussi un entraîneur personnel, qui est la seule personne à qui il obéit.

Il y a pourtant une faille dans la vie de cet homme riche, puissant et sûr de lui, une imperfection qui échappe à son contrôle et dont il ne parle à personne : son fils de seize ans, lourdement handicapé, est condamné à passer sa vie dans un lit d’hôpital et à mourir avant lui. C’est un corps étranger.

Hugo Léger rend avec une égale vivacité la cruauté du monde des affaires et la vulnérabilité de son personnage principal. Jean-Jacques Darrieux est un vautour redoutable, certes, un misanthrope cynique et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable de tendresse. Et un PDG qui aime troquer son complet Boss pour un costume de chevalier dans un corps de tambours et clairons où il joue de la grosse caisse. Un personnage complexe et tout en nuances.

Né à Montréal, Hugo Léger a fait des mots un métier. Sociologue de formation, il a d’abord été jour-naliste, entre autres au Devoir et à L’actualité, avant de faire le saut en publicité, à titre de concepteur- rédacteur. Il est aujourd’hui direc-teur de création chez Bos, une grande agence montréalaise.

Ph

oto

: Jef

frey

Ros

enbe

rg

Philippe ne sera jamais le fils que j’ai voulu. Je sais, je sais, les bonnes âmes me l’ont déjà servi : on peut dire la même chose d’un garçon normal, sans handicap, avec toute sa tête, tous ses membres […]. Mais je n’ai pas hérité de ce modèle-là. J’ai reçu la poupée cassée. Je suis propriétaire d’un jouet auquel il manque des morceaux et que je ne peux retourner au fabricant. Je l’avais imaginé comme moi, en mieux, sans mon passé, sans mes défauts, courant entre mes jambes, se dressant devant moi, défiant mon autorité, vif. Oui, vif comme la vie. Mais il est aussi éteint qu’une ampoule brisée. Je me sens coupable de ne pas l’aimer. Je veux l’aimer. Il faut que je l’aime.

Tous les corpsnaissent étrangers

Hugo Léger

Tou

s le

s co

rps

nai

ssen

t ét

ran

gers

Hu

go L

éger

roman

RomanichelsISBN : 978-2-89261-687-3

22 $

www.edi t ionsxyz .com

Extrait de la publication

Page 2: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Jean-Jacques Darrieux est un homme dont la réussite sociale est indéniable. Il a laissé loin derrière lui ses origines modestes, sa famille dysfonctionnelle, sa mère alcoolique et son père violent. Il a connu la gloire, en tant que présentateur de nouvelles télévisées, et il est maintenant le président d’un important cabinet de relations publiques. Il aime l’argent, et il en a beaucoup. Il n’a pas d’amis, il est vrai, mais il a des relations et il est membre de deux CA. Il n’a plus d’épouse, mais il a une maîtresse qui a de la classe ; il ne l’aime pas, mais il l’apprécie. Il a aussi un entraîneur personnel, qui est la seule personne à qui il obéit.

Il y a pourtant une faille dans la vie de cet homme riche, puissant et sûr de lui, une imperfection qui échappe à son contrôle et dont il ne parle à personne : son fils de seize ans, lourdement handicapé, est condamné à passer sa vie dans un lit d’hôpital et à mourir avant lui. C’est un corps étranger.

Hugo Léger rend avec une égale vivacité la cruauté du monde des affaires et la vulnérabilité de son personnage principal. Jean-Jacques Darrieux est un vautour redoutable, certes, un misanthrope cynique et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable de tendresse. Et un PDG qui aime troquer son complet Boss pour un costume de chevalier dans un corps de tambours et clairons où il joue de la grosse caisse. Un personnage complexe et tout en nuances.

Né à Montréal, Hugo Léger a fait des mots un métier. Sociologue de formation, il a d’abord été jour-naliste, entre autres au Devoir et à L’actualité, avant de faire le saut en publicité, à titre de concepteur- rédacteur. Il est aujourd’hui direc-teur de création chez Bos, une grande agence montréalaise.

Ph

oto

: Jef

frey

Ros

enbe

rg

Philippe ne sera jamais le fils que j’ai voulu. Je sais, je sais, les bonnes âmes me l’ont déjà servi : on peut dire la même chose d’un garçon normal, sans handicap, avec toute sa tête, tous ses membres […]. Mais je n’ai pas hérité de ce modèle-là. J’ai reçu la poupée cassée. Je suis propriétaire d’un jouet auquel il manque des morceaux et que je ne peux retourner au fabricant. Je l’avais imaginé comme moi, en mieux, sans mon passé, sans mes défauts, courant entre mes jambes, se dressant devant moi, défiant mon autorité, vif. Oui, vif comme la vie. Mais il est aussi éteint qu’une ampoule brisée. Je me sens coupable de ne pas l’aimer. Je veux l’aimer. Il faut que je l’aime.

Tous les corpsnaissent étrangers

Hugo Léger

Tou

s le

s co

rps

nai

ssen

t ét

ran

gers

Hu

go L

éger

roman

RomanichelsISBN : 978-2-89261-687-3

22 $

www.edi t ionsxyz .com

Extrait de la publication

Page 3: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

La collection ROMANICHELS est dirigée par Josée Bonneville.

Tous les corps naissent étrangers.indd 1 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 4: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Tous les corps naissent étrangers

Tous les corps naissent étrangers.indd 3 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 5: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Hugo Léger

Tous les corps naissent étrangers

roman

éditeur

Tous les corps naissent étrangers.indd 5 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 6: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Léger, Hugo

Tous les corps naissent étrangers

(Romanichels)

ISBN 978-2-89261-687-3

I. Titre. II. Collection : Romanichels.

PS8623.E466T68 2012 C843’.6 C2011-942807-5PS9623.E466T68 2012

Les Éditions XYZ bénéficient du soutien financier des institutions suivantes pour leurs activités d’édition :– Conseil des Arts du Canada ;– Gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ;– Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) ;– Gouvernement du Québec par l’entremise du programme de crédit d’impôt pour

l’édition de livres.

Conception typographique et montage : Édiscript enr.Graphisme de la couverture : René St-AmandPhotographie de la couverture : Trevor Bonderud, First LightPhotographie de l’auteur : Jeffrey Rosenberg

Copyright © 2012, Hugo LégerCopyright © 2012, Les Éditions XYZ inc.

ISBN version imprimée : 978-2-89261-687-3ISBN version numérique (PDF) : 978-2-89261-688-0

Dépôt légal : 1er trimestre 2012Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives Canada

Diffusion/distribution au Canada : Diffusion/distribution en Europe :Distribution HMH Librairie du Québec/DNM1815, avenue De Lorimier 30, rue Gay-LussacMontréal (Québec) H2K 3W6 75005 Paris, FRANCEwww.distributionhmh.com www.librairieduquebec.fr

Imprimé au Canada

www.editionsxyz.com

Tous les corps naissent étrangers.indd 6 11-12-20 09:18

Page 7: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

À Yolande Lareau qui a eu la bonne idée de devenir ma mère.

Tous les corps naissent étrangers.indd 7 11-12-20 09:18

Page 8: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Tous les corps naissent étrangers.indd 8 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 9: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

9

Ma mère s’est présentée au bureau sans s’annoncer. Elle a rassemblé tout ce qui lui restait de lucidité et de sens de l’orientation pour me faire cette désagréable surprise.

— Monsieur Darrieux, votre mère est à la réception.— Qu’est-ce qu’elle veut ? ai-je répondu sèchement,

n’arrivant pas à dissimuler mon agacement.La question était légitime. Son grand âge n’excusait pas

tout. Que venait-elle faire ici ? Sur mes terres ? Sans m’aver-tir ? Je reconnaissais bien là son absence de manières. J’ai pris quelques secondes pour me calmer. Il fallait que je me rende à l’évidence : ma mère n’était jamais sortie de l’adolescence. Tout était à craindre chez elle, notamment le pire. Elle avait le jugement d’une récidiviste. Par temps gris, on pouvait voir les ennuis marcher à sa suite.

J’avais élevé un mur entre nous, physique d’abord, me gardant de l’inviter à la maison, au bureau ou ailleurs ; psy-chologique ensuite, noyant dans une opaque indifférence ses tentatives de manipulation. Elle avait mon numéro de cellulaire, c’est tout ce que je lui concédais d’intimité. Je donnais des nouvelles assez souvent pour qu’elle n’ait pas envie de m’en réclamer, mais pas trop, pour qu’elle ne se fasse pas d’illusions sur l’affection que je lui refusais.

Je l’ai aperçue de loin. Échouée au milieu de la récep-tion, elle flottait dans un imper gris et difforme qui accen-tuait sa maigreur et lui conférait le sex-appeal d’un cintre. Elle était couronnée d’un chapeau de paille, souvenir d’une quelconque virée dans le Sud, et chaussée de bottes de pluie noir et bourgogne, alors qu’il faisait trente degrés

Tous les corps naissent étrangers.indd 9 11-12-20 09:18

Page 10: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

10

à l’ombre. Elle avait l’air d’une clocharde. Tout était vieux chez elle : ses vêtements, sa coupe de cheveux, sa voix, sa façon de bouger. J’avais honte. Qu’est-ce que mes collègues allaient penser d’elle ? De moi ? Pourquoi M. Darrieux ne s’occupe-t-il pas de sa mère ? As-tu vu la pauvre dame ? C’est pas qu’il n’a pas les moyens…

— Bonjour, maman. Comment vas-tu ?Elle n’a pas répondu. D’une main ferme, je l’ai agrip-

pée sous le coude et j’ai accéléré le pas, pour éviter d’être vu en sa compagnie. Pour ne pas avoir à la présenter à qui que ce soit. Tout en marchant, je lui ai retiré son cha-peau. Quand les gens polis entrent dans une maison, ils se découvrent, n’est-ce pas, maman ? Elle avait les cheveux secs et blondasses, comme la paille de son chapeau.

— Jean-Jacques, il faudrait que je te voie au sujet de Spalding, m’a lancé Victor, débouchant du corridor sans que je puisse l’éviter.

— Bien sûr. J’en ai pour quelques minutes avec madame et après, je viens te voir, ai-je répondu, tout en donnant une légère poussée à ma mère pour qu’elle pénètre dans le bureau.

En entrant, elle s’est précipitée vers le fauteuil de cuir, comme si elle jouait à la chaise musicale et qu’un plus rapide qu’elle s’apprêtait à lui voler sa place. Elle regardait à gauche, à droite, béate, insensible à ma présence. Elle jouissait du sentiment d’occuper un territoire étranger, le mien. J’ai coupé court à la colonisation.

— Qu’est-ce que tu viens faire ici ?— J’ai pas reçu mon chèque.— Ton chèque, comme tu dis, je te l’ai envoyé. Tu l’as

sûrement perdu.— Non, je l’ai pas reçu.— Bon, OK, ça va… Je vais t’en faire un autre.

Tous les corps naissent étrangers.indd 10 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 11: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

11

Une fois la paix achetée, je l’ai raccompagnée vite fait à l’entrée. Je l’ai embrassée sur les deux joues, pour les apparences. J’ai fait appeler un taxi et lui ai glissé un billet de vingt dollars dans la main.

— Veux-tu que je…— C’est beau.— Bye-bye, maman.

Sans opposition, j’ai repris mon siège présidentiel. J’ai déposé mes pieds sur le bureau et laissé mon regard s’échapper par les fenêtres panoramiques d’où je peux observer l’autoroute. Je pourrais la contempler des heures si j’en avais le loisir. Au loin, des milliers de voitures, un ruban de béton, un road movie interminable dont la fin aurait été vendue à des intérêts étrangers. Où vont et d’où viennent tous ces automobilistes ? L’autoroute me permet de focaliser, de boulonner mes idées. Parce que j’ai l’esprit en désordre, comme la chambre d’un garçon pubère, un brouillon traversé de rognures et livré à un bataillon de slips pas très clairs. Ma tête ne tient rien d’intelligent en inventaire, rien de fulgurant, aucune solution au réchauf-fement de la planète, aucune formule mathématique pour réinventer le catalyseur moléculaire. Non, j’ai les méninges encombrées, le cerveau à l’heure de pointe. Je dis une chose, j’en pense une autre. Et cette autre chose est déjà chassée par un train inédit de divagations inutiles. Je ne suis pas de ces emmerdeurs qui parlent trop, qui noient le silence sous une chiée de paroles. C’est dans ma tête, à l’écart, en secret, que mes pensées se télescopent. On jurerait que j’ai deux cerveaux, comme la vache, deux estomacs. L’un, bien focalisé, capable de suivre une conversation, de prendre des décisions, de les imposer. L’autre, hirsute et délinquant, prompt à pourchasser le premier truisme venu. Comme

Tous les corps naissent étrangers.indd 11 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 12: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

12

la fois où j’ai voulu vérifier l’affirmation d’un critique à l’effet qu’une musique de sa connaissance était agréable à écouter en faisant du ménage. J’ai tenté l’expérience, et la conclusion ne souffre aucune réplique : la musique ne s’entend pas en passant l’aspirateur. On n’entend que l’aspirateur en se passant la musique. Même en explosant les haut-parleurs, rien n’y fait ; dans un combat singulier, l’aspirateur l’emporte toujours sur la musique. Malgré tout, l’être humain est rassuré à l’idée que la musique puisse l’accompagner dans ses corvées, comme si elles s’accomplissaient plus aisément en écoutant Frank Sinatra ou Stevie Wonder. J’ai choisi ces deux noms, au hasard. J’aurais pu en nommer d’autres, mais je me suis arrêté sur ces deux-là. Je sais que ces choix ne sont pas innocents. Je me dévoile. Je détache le deuxième bouton de ma che-mise. Eh oui, je craque pour les crooners. Je suis partant pour le vieux jeu, les mélodies mémorisables et les paroles légères. Je suis un homme facile, musicalement s’entend. J’aime tout. Jusqu’à la musique d’ascenseur, si tant est que cette musique insipide existe encore. Car ces dernières années, j’ai pris régulièrement l’ascenseur, beaucoup plus souvent que l’avion et le bateau réunis, et je vous assure que la musique dans les ascenseurs vit son chant du cygne. Quelqu’un, quelque part, a statué qu’elle ne convenait plus aux ascenseurs. Qu’il fallait lui trouver un lieu d’expres-sion plus convenable, un lieu d’expiation, et la rebaptiser musique de centre commercial, musique grande surface, muzak, je ne sais trop. Pourtant, la musique d’ascenseur a du bon, surtout quand on y reste coincé. Parce que dans un ascenseur en panne dont le poids total des occupants excède la limite permise, il est techniquement impossible de sacrifier le gros, juste là dans le coin, qui essaie de se faire tout petit. C’est prouvé : pour faire disparaître un

Tous les corps naissent étrangers.indd 12 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 13: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

13

outremangeur d’un ascenseur, il n’existe aucune solu-tion. On n’est pas en montgolfière, aucun lest à jeter. Tout ce qu’il faut espérer, c’est de poireauter assez longtemps pour que le gros maigrisse et nous évite la chute fatale. La musique prend alors tout son sens : elle fait passer le temps et le gros pour moins gros.

Il ne me restait qu’à signer quelques documents quand la porte de mon bureau s’est entrouverte. Comme le mot l’indique, il ne s’est pas agi ici d’une porte qu’on ouvre d’une main familière, la main d’un ami par exemple qui la pousserait sans cérémonie, non, dans le cas qui nous intéresse ou pas du tout, la porte s’est ouverte délicate-ment, comme une fiancée le ferait du boîtier d’un grand bijoutier. C’était Margot, ma secrétaire. La mienne, en propre. Elle est jolie, Margot. Très. Je l’ai engagée en partie pour sa plastique. Disons à hauteur de 65 %. La plus belle partie, sans l’ombre d’un doute. Les 35 % restants sont gardés en mémoire quelque part, sous l’onglet Curriculum vitæ, dans un PC qu’une minijupe ne fait pas frissonner. D’accord, Margot n’est pas une lumière, mais elle sait ménager des ambiances mieux qu’un rhéostat. Prenons ses seins. Fabriqués en série limitée chez un maître hypnoti-seur, ils devraient être assignés à résidence. Pour le cheveu, elle a adopté le blond cliché qu’elle porte décoloré jusqu’à l’omoplate. Ses yeux sont bleus comme un ciel qui n’est pas couvert, et ses lèvres collagéniques épousent le rouge pompier qu’Esthée Lauder a mis au point sans effleurer le moindre animal. Mais aussi pétaradante soit-elle, Margot est un modèle de discrétion. Quand je l’appelle, elle arrive comme un petit rat de l’Opéra, sur la pointe des pieds, l’air de ne pas y toucher. Si elle n’était pas secrétaire, elle serait fantôme.

Tous les corps naissent étrangers.indd 13 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 14: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

14

— Jean-Jacques, je peux te parler deux secondes ?— Bien sûr.— Écoute, je ne sais pas comment te dire ça… Mon

mari a appris qu’il avait un cancer. Un cancer des testi-cules. Il va falloir l’opérer. Il faudrait que je prenne congé.

À froid, la phrase saisit. Coupé, l’appétit. Net. Ce type de déclaration vous scie les jambes, s’il faut commencer l’amputation quelque part. Sérieusement, un cancer des testicules… Le bas qui blesse. J’avais mal pour lui. Je me suis frôlé là où le ventre perd jusqu’à son prénom. J’ai bafouillé. Beh, beu, euuh… Je me faisais mon cinéma de quartier. Sur écran géant, pêle-mêle, une couille qui porte un voile noir, un raisin dérivant dans le formol, un homme nu pleurant au bord d’un lit, un godemiché phos-phorescent et un trentenaire dont la voix avait mué en sens inverse. J’étais remué.

— Bien sûr, Margot. Je comprends… Comment va-t-il ?

Par politesse, le gentleman évite de poser des questions indélicates dans ces occasions-là : Sera-t-il encore capable d’avoir une érection ? D’éjaculer ? Son désir sexuel sera-t-il entamé ? Elle s’est mise à pleurer abondamment sans que je n’insinue rien de tout cela. J’ai approché mon épaule comme on tend un kleenex. Elle s’est mouchée dessus, généreusement.

— Il va bien… Ça va aller…, a-t-elle eu le courage de préciser entre deux reniflements.

— Si je peux faire quelque chose… Je sais pas, moi…J’étais honnête, je ne savais pas, moi. De ses yeux de

biche chagrine coulaient des larmes si lourdes qu’elles émettaient un ploc en s’écrasant sur le bureau. Je me suis laissé aller au jeu des suppositions. Hypothèse un, elle par-tageait la vie d’un homme qu’elle aimait, hypothèse deux,

Tous les corps naissent étrangers.indd 14 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 15: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

15

elle se désespérait à l’idée de repartir en chasse d’un parte-naire fonctionnel, hypothèse trois, elle n’avait rien trouvé de moins prévisible dans les circonstances que de jouer les bornes-fontaines.

— Quand veux-tu partir ?— Dans une semaine.— Bien. Si je peux faire quelque chose pour toi…Ces paroles ont servi d’épilogue à la conversation. Je

l’ai raccompagnée à la porte qui, la vie étant bien faite parfois, sert à la fois d’entrée et de sortie. Elle m’a souri candidement, puis a détourné la tête. J’éprouve une réelle affection pour Margot.

— Tu viens jouer au golf ? J’ai réservé un départ avec Marc et Ricky. Il fait trop beau.

Nullement préoccupé par la gravité du moment, André m’a lancé l’invitation. Demandé si gentiment… J’accepte en général les propositions qui ne se refusent pas. Je ne vais pas passer l’après-midi au bureau, je suis le patron avant tout. Entre la bourse et la vie, le jeudi après-midi, je choisis la vie. Le Cabinet Victoria peut respirer sans moi. Je traîne toujours mon sac de golf dans le coffre de la voi-ture, au cas. En affaires, c’est un préalable, comme une montre griffée, une cravate lignée, un veston bien coupé et une sortie occasionnelle dans un club de danseuses. Les hommes d’affaires aiment les effeuilleuses. La perspective qu’un être humain puisse vivre heureux dans le plus grand dénuement, sans doute ; ils ont aussi le loisir d’explorer leur côté féminin, tomber la veste, et la chemise une fois lancés. Il n’y a rien de plus attendrissant que de voir un homme qui brasse des millions se comporter en anthropo-pithèque du tertiaire. Ce ne sont pas des préjugés, j’en suis un, je les fréquente, et les bars et les hommes d’affaires.

Tous les corps naissent étrangers.indd 15 11-12-20 09:18

Page 16: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

16

Arrivé au club, j’ai enfilé mon bermuda de golf, mon polo de golf, ma casquette de golf, mes chaussettes de golf, mes chaussures de golf, mes gants de golf, mes lunettes fumées de golf, mon sac de golf, mon attitude de golf, mon instinct de golf, et j’ai rejoint mes amis gol-feurs pour une partie de golf sur le terrain de golf. Au 4e, normale 5, Ricky m’a proposé une association foi-reuse dans un bizness d’« ampoules de luxe pour suckets de riches », texto. Le raisonnement était imparable, selon lui : les riches abusent de tout et en particulier de l’élec-tricité. Ils ont les moyens de gaspiller. Laisser la maison allumée pendant la nuit est un signe de richesse, et que je t’arrose de spots le mur de lierre, et que je t’explose le hall à coups de 100 watts. Suivant ce raisonnement, ima-ginons la demeure d’une famille de chromés moyens. Elle abrite grosso modo quarante-cinq ampoules. Les ampoules actuelles, très énergivores, sont fabriquées en Chine à un coût dérisoire, par des ouvriers sous-payés, et vendues à un prix que Ricky juge encore plus révoltant. Elles sont de qualité douteuse, prétend-il, et leur espérance de vie ne dépasse pas les six mois. Pourquoi ne pas fabriquer des ampoules vertes, de qualité supérieure, des ampoules longue durée, qu’on pourrait vendre le quintuple du prix ? J’ai trouvé le nom, a-t-il précisé : The Lightest. On se fait de la promo dans les grandes surfaces, on devient copain-copain avec les télés de rénovation, et les dollars entrent à la souffleuse. Pour faire pleuvoir de l’argent, vous pouvez parier sur les incantations de Ricky.

Ricky, c’est Richard, une vieille relation, le seul souve-nir vivant que j’ai gardé de mon ancienne vie de pauvre. On s’est connus en culotte courte, dans les ruelles du bas de la ville. Il est né commerçant. Il vendrait sa mère à un Esquimau, le frigo, c’est déjà fait. Il a une grande gueule,

Tous les corps naissent étrangers.indd 16 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 17: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

17

mais grande, vous ne pouvez pas imaginer. Il cumule, même si cela peut paraître antinomique, la gouaille d’un marchand de la médina et la ruse d’un Juif de Bay Street. Sa bouche est couverte de lèvres babyloniennes, et son visage a la beauté conviviale des mauvais garçons. Il a quelque chose d’un Johnny Hallyday qui aurait évité de se faire remonter le visage dans une clinique clandestine des faubourgs de Beijing. Quand il sourit, des rides explosent au coin de ses yeux, ce qui le rajeunit instantanément d’une décennie. Il parle sans arrêt, les mots déboulent, une avalanche d’anec-dotes que même le silence n’a pas le pouvoir d’arrêter. Il cause comme une mitraillette, sans vous laisser le temps de courir vers l’abri. Ricky est un filou en complet-cravate. Un crosseur de première, jamais à court de plans B.

J’entretiens moi-même avec l’argent un rapport, disons, fusionnel. J’adore l’argent, et l’argent me le rend bien. Je ne sais pas pourquoi, je n’en ai jamais assez. Je vis un état de manque permanent. Je crains l’abandon. On ne se fatigue jamais de l’argent. On peut s’écœurer d’une mai-son, d’une voiture, d’une femme, voire de soi-même, mais jamais de l’argent. On peut se lasser de ce qu’il procure, jamais de ce qu’il permet. L’argent n’a pas d’odeur, dit-on. Il n’a pas de sentiment non plus, il va, il vient, libre. Après moi, c’est la chose la plus infidèle que je connaisse. On ne laisse pas l’argent, c’est lui qui nous largue. Je l’aime, mais lui m’aimera-t-il autant ? L’argent est mon amphétamine. Il me tient debout, aux aguets, comme un chien renifleur. Il stimule ma curiosité, il dope mes intérêts. Il occupe tout l’espace de mes pensées ; il est la raison pour laquelle je peine à m’endormir le soir et celle pour laquelle je suis heureux de me lever le matin. Je veux en gagner, quitte à en perdre. Quand on n’en a pas assez, on en veut pour compenser. Et quand on en a, on en veut pour toujours.

Tous les corps naissent étrangers.indd 17 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 18: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

18

Je suis de cette couvée. Si l’on vient d’où je viens, c’est de l’ordre du prévisible.

Je suis né au cœur d’un cliché misérabiliste. Mon père a vécu de petits métiers, si petits que, certains jours, personne à la maison n’arrivait à les trouver. Ils avaient disparu avec la nuit. Par chance, ce qu’il y a de bien avec le petit métier, c’est qu’on l’oublie vite quand on le perd. Perdre un petit emploi ne porte pas à conséquence. Le CV de mon père, s’il avait été écrit, aurait impressionné par sa cohérence : une succession de jobs alimentaires sans aucune envergure. Il savait tout faire en général et rien en particulier. Il a été tour à tour videur, maçon, livreur dans un marché, peintre, fossoyeur, cuisinier, vidangeur, pale-frenier, vendeur de souliers, de téléviseurs et d’encyclopé-dies. Pour suivre ses traces, il aurait fallu de l’ambition. Mon père n’a pas été un modèle pour moi, il va sans dire. Il n’a rien réussi. J’ai donc commencé au bas de l’échelle, si bas que j’ai mis du temps à imaginer qu’il puisse exis-ter un premier barreau. De fait, j’ai longtemps pensé que l’échelle n’avait pas été inventée pour moi, et mes parents n’ont jamais senti le besoin de me contredire à ce sujet. J’ai ramé, souqué même, à la sueur de mon front, pour m’en sortir. Pour arriver. Je suis un arriviste, donc. Tout ce que j’ai, je l’ai gagné, je ne l’ai pas volé, enfin, je ne l’ai pas volé au complet.

Mon truc pour réussir, je n’en détiens pas le copyright, il est dans tous les livres de recettes commerciales : c’est d’acheter le moins cher possible et de revendre le plus cher possible. Je ne réinvente pas la roue économique, je la fais tourner. J’achète, je revends. Élémentaire. Je ne tire aucune gloire à posséder. Je ne crée aucune richesse, sinon la mienne. Je suis un opportuniste, un vautour juché sur son sans-fil. Je tourne autour de ma proie et j’attends le

Tous les corps naissent étrangers.indd 18 11-12-20 09:18

Page 19: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

19

moment de faiblesse, quand l’entreprise ferme l’œil pour se reposer de ses déboires financiers. Et là, je fonds, toutes ailes déployées, je me pose en sauveur, dont l’aura saura libérer les propriétaires de leurs tracas. J’ai toutes les appa-rences et les manières de l’honnête homme d’affaires. Mais je ne suis pas un entrepreneur. Je suis un dilettante de la business. J’ai déjà un job très lucratif en relations publiques. Je ne veux pas me salir les mains. Je n’ai ni l’imagination ni l’énergie pour arracher une entreprise au néant. Je n’ai que le pif. Trois petites lettres : P, I, F. D’ailleurs, je suis sur un gros coup qui mettrait ma famille à l’abri du besoin, si j’en avais une.

J’ai rencontré les proches d’un homme qui a inventé, il y a une trentaine d’années, une colle miracle. Une colle très performante, une colle qui colle tout ce qu’il est ima-ginable de coller : bois sur bois, verre sur bois, verre sur céramique, caoutchouc et céramique. La colle d’entre les colles, celle qui a la vertu de remplacer toutes les autres. Mais ce qui la différencie de ces autres, et voilà la beauté de la chose, c’est qu’elle ne colle pas aux doigts. Quand elle touche la peau, elle perd ses propriétés adhésives. Les descendants de l’inventeur, les Noiseux, ne connaissent rien à la mise en marché. Contrairement à leur colle, ils n’ont aucun contact. Autant le dire crûment, j’entends bien exploiter leur procédé et leur ignorance.

Les Noiseux habitent une maison blanche et anonyme, située à l’extérieur d’un village fantôme comme le pays en compte des centaines. Elle est recouverte de ce maté-riau qui a fait plus pour défigurer le paysage que tous les marchands de béton réunis : le déclin de vinyle. La bâtisse est cernée par un nombre de voitures et de carcasses de voitures de loin supérieur à ce que la maison peut décem-ment contenir de résidants. En arrivant, j’ai remarqué, en

Tous les corps naissent étrangers.indd 19 11-12-20 09:18

Page 20: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

tous les corps naissent étrangers

20

retrait, le bâtiment qui devait tenir lieu d’usine. Il avait toutes les apparences d’une grange : murs de planches grises, toit de tôle rouillé, fenêtres à petits carreaux et porte à double battant pour sortir les instruments aratoires. En sonnant, j’ai entendu un jappement puissant. La bête s’est ruée sur la porte. Je pouvais voir sa gueule bavant dans la fenêtre recouverte d’un rideau de dentelle synthétique. Je n’apercevais la tête vociférante qu’aux deux secondes, le temps pour le cabot d’y aller d’un bond spectaculaire. Habituellement, ces chiens-là dorment dehors, dans un froid qui exacerbe leur rage, attachés à une chaîne qui claque sèchement quand elle s’étire. Pas lui. Il n’avait rien d’attachant.

— Va te coucher, Jambon !L’homme qui m’a ouvert devait mesurer deux mètres.

Il avait les cheveux en bataille, la barbe hirsute et les yeux perdus au fond de leurs orbites. Ses sourcils étaient si touf-fus qu’une hirondelle myope aurait pu y élire domicile. Il portait un jean fatigué, des bottes de travail qui, vu leur saleté, n’en manquaient pas, et une chemise à carreaux couverte de fétus de paille. C’était Gilles Noiseux, le fils, l’héritier de la famille. Jean-Jacques Darrieux, enchanté. De sa main gauche, large comme un bardeau de cèdre, il a broyé la mienne. Le dos légèrement penché vers l’avant, il m’a invité à entrer. Il marchait avec nonchalance, comme si le simple fait de mettre un pied devant l’autre exigeait un effort particulier, proportionnel à l’énormité de son corps. Nous sommes passés au salon, une attention qui, à en juger par les moutons de poussière sur le parquet, n’était réser-vée qu’à d’insignes convives. Le papier peint aux motifs Versailles commençait à décoller, les franges du tapis étaient moisies et les rideaux n’avaient pas été ouverts depuis deux générations. Au loin, j’ai entendu à la radio une populaire

Tous les corps naissent étrangers.indd 20 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 21: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Dans la même collection

Donald Alarie, David et les autres.Donald Alarie, J’attends ton appel.Donald Alarie, Thomas est de retour.Donald Alarie, Tu crois que ça va durer ?Émilie Andrewes, Les cages humaines.Émilie Andrewes, Eldon d’or.Émilie Andrewes, Les mouches pauvres d’Ésope.J. P. April, La danse de la fille sans jambes.J. P. April, Les ensauvagés.J. P. April, Histoires humanimales.J. P. April, Mon père a tué la Terre.Aude, Chrysalide.Aude, L’homme au complet.Noël Audet, Les bonheurs d’un héros incertain.Noël Audet, Le roi des planeurs.Marie Auger, L’excision.Marie Auger, J’ai froid aux yeux.Marie Auger, Tombeau.Marie Auger, Le ventre en tête.Katia Belkhodja, La peau des doigts.Lise Blouin, Dissonances.Pan Bouyoucas, Cocorico.André Brochu, Les Épervières.André Brochu, Le maître rêveur.André Brochu, La vie aux trousses.Serge Bruneau, Bienvenue Welcome.Serge Bruneau, L’enterrement de Lénine.Serge Bruneau, Hot Blues.Serge Bruneau, Rosa-Lux et la baie des Anges.Roch Carrier, Les moines dans la tour.Daniel Castillo Durante, Ce feu si lent de l’exil.Daniel Castillo Durante, La passion des nomades.Daniel Castillo Durante, Un café dans le Sud.Pierre Chatillon, Île était une fois.Pierre de Chevigny, S comme Sophie.Anne Élaine Cliche, Mon frère Ésaü.Anne Élaine Cliche, Rien et autres souvenirs.Hugues Corriveau, La gardienne des tableaux.Esther Croft, De belles paroles.Esther Croft, Le reste du temps.Jean Désy, Le coureur de froid.Jean Désy, L’île de Tayara.Jean Désy, Nepalium tremens.Danielle Dubé, Le carnet de Léo.Danielle Dubé et Yvon Paré, Le bonheur est dans le Fjord.Danielle Dubé et Yvon Paré, Un été en Provence.Louise Dupré, L’été funambule.Louise Dupré, La Voie lactée.Marc Forget, Versicolor.Pierre Gariépy, L’âge de Pierre.

Pierre Gariépy, Blanca en sainte.Pierre Gariépy, Lomer Odyssée.Guy Genest, Bordel-Station.Bertrand Gervais, Comme dans un film des frères Coen.Bertrand Gervais, Gazole.Bertrand Gervais, L’île des Pas perdus.Bertrand Gervais, Le maître du Château rouge.Bertrand Gervais, La mort de J. R. Berger.Bertrand Gervais, Tessons.Anne Guilbault, Joies.Hélène Guy, Amours au noir.Andrée Laberge, Le fin fond de l’histoire.Andrée Laberge, La rivière du loup.Micheline La France, Le don d’Auguste.Marie-Renée Lavoie, La petite et le vieux.Claude Marceau, Le viol de Marie-France O’Connor.Véronique Marcotte, Les revolvers sont des choses qui arrivent.Patrice Martin, Le chapeau de Kafka.Felicia Mihali, Luc, le Chinois et moi.Felicia Mihali, Le pays du fromage.Pascal Millet, Animal.Pascal Millet, L’Iroquois.Pascal Millet, Québec aller simple.Marcel Moussette, L’hiver du Chinois.Clara Ness, Ainsi font-elles toutes.Clara Ness, Genèse de l’oubli.Madeleine Ouellette-Michalska, L’apprentissage.Yvon Paré, Les plus belles années.Michèle Péloquin, Les yeux des autres.Jean Perron, Les fiancés du 29 février.Jean Perron, Visions de Macao.Daniel Pigeon, Ceux qui partent.Daniel Pigeon, Chutes libres.Daniel Pigeon, Dépossession.Hélène Rioux, Âmes en peine au paradis perdu.Hélène Rioux, Le cimetière des éléphants.Hélène Rioux, Mercredi soir au Bout du monde.Hélène Rioux, Nuits blanches et jours de gloire.Jean-Paul Roger, Un sourd fracas qui fuit à petits pas.Martyne Rondeau, Game over.Martyne Rondeau, Ravaler.Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux.Jocelyne Saucier, Jeanne sur les routes.Jocelyne Saucier, La vie comme une image.Pierre Tourangeau, La dot de la Mère Missel.Pierre Tourangeau, La moitié d’étoile.Pierre Tourangeau, Le retour d’Ariane.André Vanasse, Avenue De Lorimier.

Tous les corps naissent étrangers.indd 219 11-12-20 09:18

Extrait de la publication

Page 22: Tous les corps : Jeffrey Rosenberg Photo naissent étrangers · 2018. 4. 13. · et misogyne, mais c’est aussi, quoi qu’il en dise, un père soucieux de son fils et un homme capable

Achevé d’imprimer en février deux mille douzesur les presses de l’imprimerie Gauvin,

Gatineau, Québec

Suivez-nous :

Tous les corps naissent étrangers.indd 220 11-12-20 09:18

Extrait de la publication