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cie ´s ou d’autres facteurs de confusion pourraient e ˆtre en cause. Dans une autre e ´tude, l’administration sous-cutane ´e re ´pe ´te ´e de NP1N a augmente ´ l’incidence des carcinomes pulmonaires et des he ´mangiosarcomes chez des souris ma ˆles [2]. L’inter- pre ´tation de ces re ´sultats est difficile, en raison de la voie d’administration utilise ´e, de l’insuffisance de la caracte ´risa- tion de l’agent utilise ´ (purete ´), du traitement d’animaux d’un seul sexe, de l’absence d’information sur les pathologies associe ´es et sur la mortalite ´ des animaux traite ´s. Aucun effet cance ´roge ` ne n’a e ´te ´ observe ´ chez des rats F344/ N recevant 2500 ou 5000 ppm de NP2N dans leur nourriture pendant deux ans [3]. En revanche, aux me ˆmes doses, chez la souris B6C3F1, des tumeurs re ´nales ont e ´te ´ observe ´es (seu- lement chez les femelles). La be ˆta-naphtylamine est un me ´tabolite de la NP2N chez la souris et, probablement, chez l’homme, mais pas chez le rat, ce qui pourrait expliquer les re ´sultats observe ´s. Un exce `s de risque de cancers (toutes localisations confon- dues) a e ´te ´ observe ´ dans un atelier d’une entreprise sue ´doise (SIR et SMR de 310 et 350, respectivement). Le risque n’e ´tait e ´leve ´ que chez les femmes travaillant dans cet atelier et les cancers e ´taient principalement des tumeurs de l’ute ´rus et des ovaires. Il n’y avait pas d’exce `s de risque dans deux ateliers voisins et, selon les auteurs, ce qui diffe ´renciait les travailleurs du premier atelier des autres e ´tait leur utilisation pendant plusieurs anne ´es d’une graisse contenant 0,5 % de NP1N. Les auteurs e ´mettent l’hypothe `se de la responsa- bilite ´ de l’amine et/ou de nitrosamines forme ´es par sa re ´action avec des nitrites [4]. Au total, les donne ´es disponibles ne permettent pas d’e ´va- luation pre ´cise de la NP1N. Elle est tre `s sensibilisante. Sa toxicite ´ aigue ¨ est probablement proche de celle de l’aniline, mais sa toxicite ´ chronique est mal connue. La plupart des tests de ge ´notoxicite ´ sont ne ´gatifs. Les donne ´es disponibles ne permettent pas d’e ´valuer la cance ´roge ´nicite ´ de cette substance. On ne dispose d’aucune information sur ses effets sur la reproduction. Il n’y a aucun argument toxico- logique en faveur d’une plus grande toxicite ´ de la NP1N chez la femme. Re ´fe ´rences 1. Fontana L, Lasfargues G, Ughetto S, Rogier S, et al. The micro- nucleus assay in human exfoliated urothelial cells: application in a genotoxicity study of workers exposed to a mineral jelly containing sodium nitrite and N-phenyl-1-naphtylamine. Muta- genesis; 2001;16:449–52. 2. Wang H, Wang D, Dreng R. Carcinogenicity of N-phenyl-1-naph- tylamine in mice. Cancer Res; 1984;44:3098–100. 3. NTP – technical report on the toxicology and carcinogenesis studies of N-phenyl-2-naphtylamine (cas n o 135-88-6) in F 344/ N rats and B6C3F1 mice (feed studies) – NTP – TR; 333-1988. 4. Ja ¨rvholm B, Lavenius B. A cohort study on cancer among workers exposed to antirust oil. Scand J Work Environ Health; 1981;7:179–84. e-mail : [email protected] 1775-8785/$ - see front matter ß 2008 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. 10.1016/j.admp.2008.07.009 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2008;69:631-632 Toxicite ´ de l’eau ozone ´e Ozoned-water toxicity F. Testud Unite ´ de toxicovigilance, centre antipoison, hospices civils de Lyon, 69424 Lyon cedex 03, France Question Je suis me ´decin du travail dans une entreprise qui utilise de l’eau de ´mine ´ralise ´e ozone ´e pour la de ´sinfection de ses instal- lations. La production se fait dans un tank avec un ge ´ne ´rateur qui injecte en boucle de l’air enrichi en ozone, en circuit ferme ´. Sur la boucle d’eau ozone ´e, sont positionne ´s des dispositifs ultraviolets qui de ´truisent l’ozone pre ´sent dans l’eau qui est utilise ´e par les ope ´rateurs. Dans certains cas, ces dispositifs ne fonctionnent pas et les ope ´rateurs posent la question du risque de l’eau ozone ´e. La concentration de l’ozone dans l’eau du tank est de 6 ppm et celle de l’eau utilise ´e de 0,5 ppm. Au point d’utilisation de l’eau ozone ´e, la recherche d’ozone dans l’air ambiant a ` l’aide d’un de ´tecteur et de tubes Dra ¨ger W est ne ´gative. Selon la concentration, l’eau ozone ´e est- elle susceptible de pre ´senter un risque pour la sante ´? Dr E.T. (Oise) Re ´ponse L’ozone (O 3 ) est une varie ´te ´ allotropique de l’oxyge `ne : c’est un gaz incolore, instable, peu hydrosoluble obtenu par l’action d’un arc e ´lectrique sur l’oxyge `ne de l’air. Il est naturellement pre ´sent dans la stratosphe `re ou ` il exerce un ro ˆle protecteur vis-a `-vis des radiations ultraviolettes. Dans la troposphe `re, au contraire, c’est un polluant issu de la photolyse des oxydes d’azote (NO x ), provenant pour pre `s de 75 % du trafic automobile et des transports : l’ozone est, de ce fait, le principal polluant des grandes me ´tropoles ensoleille ´es (Athe `nes, Los Angeles, Mexico...) mais aussi des grandes villes franc ¸aises durant l’e ´te ´. Courrier des lecteurs Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2008;69:631-634 632

Toxicité de l’eau ozonée

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Page 1: Toxicité de l’eau ozonée

Courrier des lecteurs Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2008;69:631-634

cies ou d’autres facteurs de confusion pourraient etre encause.Dans une autre etude, l’administration sous-cutanee repeteede NP1N a augmente l’incidence des carcinomes pulmonaireset des hemangiosarcomes chez des souris males [2]. L’inter-pretation de ces resultats est difficile, en raison de la voied’administration utilisee, de l’insuffisance de la caracterisa-tion de l’agent utilise (purete), du traitement d’animaux d’unseul sexe, de l’absence d’information sur les pathologiesassociees et sur la mortalite des animaux traites.Aucun effet cancerogene n’a ete observe chez des rats F344/N recevant 2500 ou 5000 ppm de NP2N dans leur nourriturependant deux ans [3]. En revanche, aux memes doses, chez lasouris B6C3F1, des tumeurs renales ont ete observees (seu-lement chez les femelles). La beta-naphtylamine est unmetabolite de la NP2N chez la souris et, probablement, chezl’homme, mais pas chez le rat, ce qui pourrait expliquer lesresultats observes.Un exces de risque de cancers (toutes localisations confon-dues) a ete observe dans un atelier d’une entreprise suedoise(SIR et SMR de 310 et 350, respectivement). Le risque n’etaiteleve que chez les femmes travaillant dans cet atelier et lescancers etaient principalement des tumeurs de l’uterus etdes ovaires. Il n’y avait pas d’exces de risque dans deuxateliers voisins et, selon les auteurs, ce qui differenciait lestravailleurs du premier atelier des autres etait leur utilisationpendant plusieurs annees d’une graisse contenant 0,5 %de NP1N. Les auteurs emettent l’hypothese de la responsa-bilite de l’amine et/ou de nitrosamines formees par sareaction avec des nitrites [4].Au total, les donnees disponibles ne permettent pas d’eva-luation precise de la NP1N. Elle est tres sensibilisante. Satoxicite aigue est probablement proche de celle de l’aniline,mais sa toxicite chronique est mal connue. La plupart destests de genotoxicite sont negatifs. Les donnees disponiblesne permettent pas d’evaluer la cancerogenicite de cettesubstance. On ne dispose d’aucune information sur seseffets sur la reproduction. Il n’y a aucun argument toxico-logique en faveur d’une plus grande toxicite de la NP1N chezla femme.

References1. Fontana L, Lasfargues G, Ughetto S, Rogier S, et al. The micro-

nucleus assay in human exfoliated urothelial cells: application ina genotoxicity study of workers exposed to a mineral jellycontaining sodium nitrite and N-phenyl-1-naphtylamine. Muta-genesis; 2001;16:449–52.

2. Wang H, Wang D, Dreng R. Carcinogenicity of N-phenyl-1-naph-tylamine in mice. Cancer Res; 1984;44:3098–100.

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3. NTP – technical report on the toxicology and carcinogenesisstudies of N-phenyl-2-naphtylamine (cas no 135-88-6) in F 344/N rats and B6C3F1 mice (feed studies) – NTP – TR; 333-1988.

4. Jarvholm B, Lavenius B. A cohort study on cancer among workersexposed to antirust oil. Scand J Work Environ Health; 1981;7:179–84.

e-mail : robe1775-8785/$ - se

[email protected] front matter � 2008 Publie par Elsevier Masson SAS.

10.1016/j.admp.2008.07.009 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement2008;69:631-632

Toxicite de l’eau ozonee

Ozoned-water toxicity

F. TestudUnite de toxicovigilance, centre antipoison, hospices civils de Lyon,69424 Lyon cedex 03, France

Question

Je suis medecin du travail dans une entreprise qui utilise del’eau demineralisee ozonee pour la desinfection de ses instal-lations. La production se fait dans un tank avec un generateurqui injecte en boucle de l’air enrichi en ozone, en circuit ferme.Sur la boucle d’eau ozonee, sont positionnes des dispositifsultraviolets qui detruisent l’ozone present dans l’eau qui estutilisee par les operateurs. Dans certains cas, ces dispositifs nefonctionnent pas et les operateurs posent la question durisque de l’eau ozonee. La concentration de l’ozone dansl’eau du tank est de 6 ppm et celle de l’eau utilisee de0,5 ppm. Au point d’utilisation de l’eau ozonee, la recherched’ozone dans l’air ambiant a l’aide d’un detecteur et de tubesDragerW est negative. Selon la concentration, l’eau ozonee est-elle susceptible de presenter un risque pour la sante?

Dr E.T. (Oise)

Reponse

L’ozone (O3) est une variete allotropique de l’oxygene : c’estun gaz incolore, instable, peu hydrosoluble obtenu parl’action d’un arc electrique sur l’oxygene de l’air. Il estnaturellement present dans la stratosphere ou il exerceun role protecteur vis-a-vis des radiations ultraviolettes.Dans la troposphere, au contraire, c’est un polluant issude la photolyse des oxydes d’azote (NOx), provenant pourpres de 75 % du trafic automobile et des transports : l’ozoneest, de ce fait, le principal polluant des grandes metropolesensoleillees (Athenes, Los Angeles, Mexico. . .) mais aussi desgrandes villes francaises durant l’ete.

Page 2: Toxicité de l’eau ozonée

Courrier des lecteurs

L’ozone est tres puissamment oxydant (potentielredox = 2,07) : il reagit avec la plupart des macromoleculesbiologiques en generant de l’oxygene radicalaire, qui induitune per-oxydation des lipides des membranes cellulaires. Satoxicite est essentiellement locale, au niveau de lamuqueuse des tissus superficiels (œil et voies aeriennes)avec lesquels il entre en contact. L’inhalation du gaz entraıneune irritation/inflammation oculaire, rhinopharyngee et tra-cheobronchique, dont l’intensite depend de la concentrationet de la duree d’exposition. Les premiers signes irritatifssurviennent entre 0,1 et 0,3 ppm (pour memoire, la VMEet la VLE, sont respectivement de 0,1 et 0,2 ppm) ; unedyspnee est presente au-dela de 1 ppm, un œdeme pulmo-naire lesionnel possible des 5 ppm. Les accidents profession-nels semblent peu frequents, mais les prevalences de larhinite et de l’asthme sont augmentees dans l’industriepapetiere ou l’ozone est employe pour blanchir la pate(alternative au dioxyde de chlore). Les etudes sur la pollutionatmospherique urbaine ont montre un lien entre les pics depollution a l’ozone et la morbidite respiratoire des asthma-tiques, avec un risque accru d’attaque d’asthme. Les pics depollution a l’ozone et/ou aux NOx sont egalement associes aune augmentation des infarctus du myocarde, survenant lejour meme ou le jour suivant, plus volontiers l’ete et chez lessujets ages.L’ozonation est une technique de desinfection/sterilisationde l’eau de plus en plus employee : l’ozone est, en effet, unbiocide extremement puissant (plus efficace que le chlore oules rayons ultraviolets) et de spectre tres large, allant desvirus aux protozoaires. Le traitement ne laisse aucun residudans l’eau car le gaz se decompose rapidement en oxygenemoleculaire : dans une eau de pH neutre, sa demi-vie nedepasse pas 15 minutes. Cette absence de remanence est sonprincipal handicap : l’ozonation n’est pas utilisable si le delaientre le traitement et la consommation et/ou l’utilisation del’eau est prolonge. C’est pourquoi la chloration reste lamethode la plus utilisee pour les reseaux de distributiond’eau potable. En revanche, l’ozonation tend a se repandredans l’industrie agroalimentaire (conservation et desinfec-tion des fruits et legumes, ainsi que des poissons, ralentis-sement du processus de maturation des fruits), la productiond’eau de table, mais aussi pour le traitement des circuits destours de refroidissement, le blanchiment des textiles et de lapate a papier. . . Dans l’industrie agroalimentaire, desconcentrations de 2 ppm sont generalement mises en œuvre,avec des temps de contact de quelques minutes. L’ozonationest egalement presente chez les particuliers, pour traiterl’eau des piscines ou potabiliser l’eau de pluie dans leshabitations isolees.

Manipuler de l’eau ozonee expose les operateurs a de l’ozonepar degazage, en raison de la faible hydrosolubilite du gaz.Selon les industriels du secteur, il semble qu’une teneur de0,5 ppm dans l’eau (et a fortiori 6 ppm, en cas de panne desdispositifs UV) soit suffisante pour produire des concentra-tions depassant la VME, voire la VLE au-dessus du liquide.Tout depend donc des possibilites/modalites d’exposition –non precisees ici – des salaries. Neanmoins, dans la mesureou le gaz n’est pas detecte dans l’atmosphere de travail(attention cependant a la plage de mesure de l’appareil, undetecteur utile devant « descendre » au moins a 0,05 ppm etetre de type capteur a semi-conducteur) et en l’absence detoute plainte du personnel, le risque sanitaire n’apparaıt passignificatif.Pour l’anecdote, vous noterez que l’ozonotherapie est une« medecine alternative » encore confidentielle en France(bien qu’il existe une Societe francaise d’ozonotherapie),mais dont la pratique est libre et relativement repandue enSuisse, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie. . . et treslargement discutee sur Internet. L’eau ozonisee est admi-nistree par voie orale, en injection sous-cutanee ou intra-veineuse, voire par lavement, dans des indicationsextremement variees : HTA, arterite et insuffisance vei-neuse des membres inferieurs, AVC, rhumatismes inflam-matoires, hepatite chronique active, hernie discale, cariedentaire, depression, cancers. . . Au regard de la cytotoxicitedes radicaux libres oxygenes, on ne peut qu’etre etonne dela publication en Russie, en Italie ou a Cuba d’essais cliniquesaux resultats positifs !

1775-8785/$ - se10.1016/j.admp.2

e front matter � 2008 Publie par Elsevier Masson SAS.008.07.008 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement

2008;69:632-633

Traitement des brulures chimiques

Chemical-burns treatment

R. GarnierConsultation de pathologie professionnelle, hopital Fernand-Widal,200, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75475 Paris cedex, France

Question

Je suis interroge sur l’interet de l’emploi de DiphoterineW

plutot que d’eau pour le traitement des projections cutaneesde substances corrosives. Pourriez-vous m’indiquer s’il existe

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