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On peut~ juste titre s'indigner de la persistance de cas de rub~ole cong~nitale chez des~femmes multipares alors qu'un vaccin efficace est disponible : la situation de la toxoplasmose cong~nitale est plus complexe. L a contamination du foetus par Toxoplasma gondii resulte surtout de celle de la mere par voie digestive (viande et aliments vegetaux souilles). La forme parasitaire transmise evolue vers une forme qui colonise de preference les tissus foetaux & croissance rapide (cerveau, nerfs, retine), formant des kystes qui desorga- nisent la fonction des cellules parasitees. Une immunite maternelle ancienne protegera le foetus, mais un deficit peut amoindrir son effi- cacite. La surveillance du risque de toxoplas- mose des femmes est biologique : dosage et caracterisation des anticorps. Non systematique, la contamination fcetale de- pend du stade de la grossesse. Les plus dan- gereuses surviennent entre 30 semaines d'ame- norrhee (SA) et la fin de la grossesse (taux de transmission : > 50 & > 80 o/0 respectivement). Le risque est inferieur & 5 0/o avant 16 SA et de 20 °/0 entre 16 et 25 SA. Les anticorps matemels peuvent apporter une pro- tection qui explique I'absence de sequelles chez I'enfant. Les atteintes fcetales n6cessitent un diagnostic precoce pour eviter des sequelles definitives & I'&ge adulte. La recherche des anticorps anti- T. gondii est jus- tifiee, I'epidemiologie montrant une prevalence de 54 o/0 seulement de femmes en &ge de procreer precedemment infectees (presence d'anticorps anciens), mais plus basse dans certains pays developpes. Ce qui signifie un faible taux d'in- fections, mais peut-etre un risque plus eleve chez des femmes non averties. Un choix : le depistage systematique Une seance thematique sur la toxoplasmose congenitale (Academie nationale de medecine, 2001 ) a d'ailleurs note que cette disparite des ni- veaux de risque en Europe (8 & 56 0/o) etait & rapprocher des differences de politiques de Sante publique en matiere de depistage et de surveillance clinique et biologique de la femme enceinte. Le Symposium europeen sur la toxo- plasmose congenitale <')a souligne le caractere de ,, bombe & retardement ,, de celle-ci, puis- qu'& la naissance seulement 10 A 15 0/0 des en- rants contamines in utero presentent des signes d'orientation. Par exemple dans les vingt ans qui suivent la naissance, plus de 40 o/0 de sujets atteints risquent, en I'absence de traitement pre- coce, de graves atteintes oculaires (retine, cho- rdide). La gravite des 16sions des enfants conta- mines justifient le depistage chez la femme enceinte, strategie de la France (au contraire d'autres pays europeens), ou I'on note de 6 000 & 7 000 seroconversions annuelles et 600 & 700 cas de toxoplasmose confirmee, soit une incidence de 1/1 000 nouveau-nes. La toxo- plasmose est le premier poste de depistage pre- natal et neo-natal par rapport A d'autres atteintes congenitales : rubeole, hepatite B, phenylceto- nurie, hypothyrdldie... La toxoplasmose adulte etant souvent pauci- ou asymptomatique, la prevention repose sur la sur- veillance biologique de la mere. Le point crucial, devant une serologie positive (IgG, IgM), est de savoir s'il s'agit d'une primo-infection ou de la trace d'une infection anterieure A la grossesse. En cas de serologie negative, le suivi dolt etre men- suel jusqu'& I'accouchement. Un contr61e dans les 15 jours de la naissance est suggere, pour ne pas taisser passer une infection de fin de grossesse d'un enfant asymptomatique. Actuellement, on ajoute exceptionnellement cette serologie classique la recherche du para- site en PCR (70 a 80 % de sensibilite) dans le liquide amniotique a partir de 18 SA. Notons cependant que le test d'avidite (indice eleve) des IgG permet mieux aujourd'hui d'eliminer une toxoplasmose recente. ,&, I'inverse, la PCR sur amniocentese peut se justifier pour discuter une IVG, notamment au vu des cliches d'IRM. L'efficacite du traitement de la mere pour at- teindre le foetus (antibiotiques : spiramycine, py- rimethamine, sulfamides, acide folinique) depend de la precocite du diagnostic serologique. Serologie syst6matique et traitement ont per- mis une nette diminution des complications fcetales, avec quasi-disparition des formes gravissimes & la naissance. J.-M. M. " Organis6 par les Prs Pierre Ambro/se-Thomas (Acad6mie nationale de m~decine, CHU de Grenoble), Jean-Michel Pinon (CHU de Reims) et Walter Foulon (H6pital universitaire de Bruxelles) avec bioM6rieux. Roche et le traitement de I'h6patite C : pr( dire, gudrir On le salt, certains groupes pharmaceutiques ont d6velopp~ i la fois leur dlipartement m~dicament et leur d~partenlent diagnostic. Approuv~ aux I~tats,gnis par la FDA pour le traitement de I'h~- paUte ii virus C (HVC), Pegasys ®, interferon alfa- 2a + PEG de Roche, doit ce r~sultat ~ des itudes th6rapeutiques de phase 3, pour lesquelles le laburatoire a ufilisi sa propre technique de diagnostic qualitatif et quantitatif en PCR pour identifier et mesurer le taux s6rique d'ARN viral, avec les tests Cobas Amplicor ® HCV et Cobas Amplicor ® Monitor. Le diagnostic a contribu~ it la construction du dossier pour la FDA, qui a valu i Pegasys ® I,autorisation de prescription aux patients avec HVC chronique, janlais trait~s par interferon (patients ,, na'i~s ,,) nt avec maladie h~patique bien cnmpens~e. L'efficacit~ du m6dicarnent a ligalement ~t~ dlimontnie chez des patients ayant une cirrhose compens~e. Les patients recevaient en association Copegus ®, forme de ribavirine d~velopp~e par Roche. Les tests en PCR ont permis notamment la com- paraison de la charge virale avant et apr~s traitement combin& >> 8 Revue Franoaise des Laboratoires, decembre 2002, N° 348

Toxoplasmose congénitale, sérologie, traitement, prévention

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On peut~ juste titre s'indigner de la persistance de cas de rub~ole cong~nitale chez des~femmes multipares alors qu'un vaccin efficace est disponible : la situation de la toxoplasmose cong~nitale est plus complexe.

L a contamination du foetus par Toxoplasma gondii resulte surtout de celle de la mere

par voie digestive (viande et aliments vegetaux souilles). La forme parasitaire transmise evolue vers une forme qui colonise de preference les tissus foetaux & croissance rapide (cerveau, nerfs, retine), formant des kystes qui desorga- nisent la fonction des cellules parasitees. Une immunite maternelle ancienne protegera le foetus, mais un deficit peut amoindrir son effi- cacite. La surveillance du risque de toxoplas- mose des femmes est biologique : dosage et caracterisation des anticorps. Non systematique, la contamination fcetale de- pend du stade de la grossesse. Les plus dan- gereuses surviennent entre 30 semaines d'ame- norrhee (SA) et la fin de la grossesse (taux de transmission : > 50 & > 80 o/0 respectivement). Le risque est inferieur & 5 0/o avant 16 SA et de 20 °/0 entre 16 et 25 SA. Les anticorps matemels peuvent apporter une pro- tection qui explique I'absence de sequelles chez I'enfant. Les atteintes fcetales n6cessitent un diagnostic precoce pour eviter des sequelles definitives & I'&ge adulte. La recherche des anticorps anti- T. gondii est jus- tifiee, I'epidemiologie montrant une prevalence de 54 o/0 seulement de femmes en &ge de procreer precedemment infectees (presence d'anticorps anciens), mais plus basse dans certains pays developpes. Ce qui signifie un faible taux d'in- fections, mais peut-etre un risque plus eleve chez des femmes non averties.

U n c h o i x : le d e p i s t a g e s y s t e m a t i q u e

Une seance thematique sur la toxoplasmose congenitale (Academie nationale de medecine, 2001 ) a d'ailleurs note que cette disparite des ni- veaux de risque en Europe (8 & 56 0/o) etait & rapprocher des differences de polit iques de Sante publique en matiere de depistage et de surveillance clinique et biologique de la femme

enceinte. Le Symposium europeen sur la toxo- plasmose congenitale <')a souligne le caractere de ,, bombe & retardement ,, de celle-ci, puis- qu'& la naissance seulement 10 A 15 0/0 des en- rants contamines in utero presentent des signes d'orientation. Par exemple dans les vingt ans qui suivent la naissance, plus de 40 o/0 de sujets atteints risquent, en I'absence de traitement pre- coce, de graves atteintes oculaires (retine, cho- rdide). La gravite des 16sions des enfants conta- mines justifient le depistage chez la femme enceinte, strategie de la France (au contraire d'autres pays europeens), ou I'on note de 6 000 & 7 000 seroconversions annuelles et 600 & 700 cas de toxoplasmose confirmee, soit une incidence de 1/1 000 nouveau-nes. La toxo- plasmose est le premier poste de depistage pre- natal et neo-natal par rapport A d'autres atteintes congenitales : rubeole, hepatite B, phenylceto- nurie, hypothyrdldie... La toxoplasmose adulte etant souvent pauci- ou asymptomatique, la prevention repose sur la sur- veillance biologique de la mere. Le point crucial, devant une serologie positive (IgG, IgM), est de savoir s'il s'agit d'une primo-infection ou de la trace d'une infection anterieure A la grossesse. En cas de serologie negative, le suivi dolt etre men- suel jusqu'& I'accouchement. Un contr61e dans les 15 jours de la naissance est suggere, pour ne pas taisser passer une infection de fin de grossesse d'un enfant asymptomatique. Actuellement, on ajoute exceptionnellement cette serologie classique la recherche du para- site en PCR (70 a 80 % de sensibilite) dans le liquide amniotique a partir de 18 SA. Notons cependant que le test d'avidite (indice eleve) des IgG permet mieux aujourd'hui d'eliminer une toxoplasmose recente. ,&, I'inverse, la PCR sur amniocentese peut se justifier pour discuter une IVG, notamment au vu des cliches d'IRM. L'efficacite du traitement de la mere pour at- teindre le foetus (antibiotiques : spiramycine, py- rimethamine, sulfamides, acide folinique) depend de la precocite du diagnostic serologique.

Serologie syst6matique et traitement ont per- mis une nette diminution des complicat ions fcetales, avec quasi-disparit ion des formes gravissimes & la naissance.

J.-M. M.

" Organis6 par les Prs Pierre Ambro/se-Thomas (Acad6mie nationale de m~decine, CHU de Grenoble), Jean-Michel Pinon (CHU de Reims) et Walter Foulon (H6pital universitaire de Bruxelles) avec bioM6rieux.

Roche et le traitement de I'h6patite C : pr( dire, gudrir On le salt, certains groupes pharmaceutiques ont d6velopp~ i la fois leur dlipartement m~dicament et leur d~partenlent diagnostic. Approuv~ aux I~tats,gnis par la FDA pour le traitement de I'h~- paUte ii virus C (HVC), Pegasys ®, interferon alfa- 2a + PEG de Roche, doit ce r~sultat ~ des itudes th6rapeutiques de phase 3, pour lesquelles le laburatoire a ufilisi sa propre technique de diagnostic qualitatif et quantitatif en PCR pour identifier et mesurer le taux s6rique d'ARN viral, avec les tests Cobas Amplicor ® HCV et Cobas Amplicor ® Monitor. Le diagnostic a contribu~ it la construction du dossier pour la FDA, qui a valu i Pegasys ® I,autorisation de prescription aux patients avec HVC chronique, janlais trait~s par interferon (patients ,, na'i~s ,,) nt avec maladie h~patique bien cnmpens~e. L'efficacit~ du m6dicarnent a ligalement ~t~ dlimontnie chez des patients ayant une cirrhose compens~e. Les patients recevaient en association Copegus ®, forme de ribavirine d~velopp~e par Roche. Les tests en PCR ont permis notamment la com- paraison de la charge virale avant et apr~s traitement combin& >>

8 Revue Franoaise des Laboratoires, decembre 2002, N ° 348