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MODE DES MAILLOTS TRÈS CHAUDS GILBERT ALBERT JOAILLIER ESPIÈGLE INÈS LAMUNIÈRE ARCHITECTE VISIONNAIRE TAG HEUER LA FORCE DES CLASSIQUES MERCEDES-BENZ UNE CLASSE S HYBRIDE «J’ASSUME MA SPONTANÉITÉ» MARIE GILLAIN Le magazine de la capitale du luxe — Genève Numéro 87 Eté 2009 CHF 8.- / 6.-

Trajectoire

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Numéro 87 du magazine Trajectoire

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MODE

DES MAILLOTSTRÈS CHAUDS

GILBERT ALBERT

JOAILLIERESPIÈGLE

INÈS LAMUNIÈRE

ARCHITECTEVISIONNAIRE

TAG HEUER

LA FORCEDES CLASSIQUES

MERCEDES-BENZ

UNE CLASSE SHYBRIDE

«J’ASSUME MASPONTANÉITÉ»

MARIE GILLAIN

Le magazine de la capitale du luxe— Genève

Numéro 87Eté 2009CHF 8.- / € 6.-

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EN VUE

RUE DURHÔNEDernières nouvelles de l’artère du luxePar Geneviève RUIZ

UPour son 30e anniversaire, lecélèbre «bracelet-montre» PiagetPolo s’est offert un nouveau visage,

en version titane. Une merveille à décou-vrir à l’enseigne de la marque à la rue duRhône, en même temps qu’une expositionanniversaire consacrée à cette collectionemblématique.

Intitulée «Piaget Polo, une légende»,elle invite le public à découvrir desmontres anciennes et actuelles. Desdocuments retraçant l’histoire de laPiaget Polo, créée par Yves G. Piaget en1979 et parrainée au départ par UrsulaAndress, sont également exposés.

La boutique Piaget invite le publicà parcourir cette magnifique sagadu lundi au vendredi de 10h à 17het le samedi de 11h à 16h, surrendez-vous uniquement. ——

La Piaget Polo,un symbole du luxe

2et3 PIAGETRue du Rhône 401204 GenèveT. +41 22 817 02 00www.piaget.com

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Un constat assez inattendupour une enquête menéepar l’agence Reflection

Marketing et publiée dans le maga-zine Bilan: la rue du Rhône sur-passe sa concurrente zurichoisedans l’art de servir le client. Parmiles dix meilleures boutiques clas-sées, huit sont genevoises et occu-pent les six premières places.

C’est l’horloger Roger Dubuis(photo1) qui remporte le trophéed’excellence 2009 avec une moyen-ne générale de 4,8 sur 5. Un excel-lent niveau de service atteint grâceà un duo de vendeurs complices etcompétents: Vincent Dos Santos,horloger de formation, et Capucinede Marliare, licenciée en psycholo-gie. Leur passion et leur connais-sance exemplaire des produits ont

impressionné les enquêteurs, toutcomme la coupe de champagneproposée à l’entrée. Roger Dubuisest talonné de près par le diaman-taire Laurence Graff, puis par deuxex æquo, Gérald Genta et Adler.A l’autre bout du classement, onnotera les faibles performances deChaumet et de Bulgari, ainsi que lachute spectaculaire de Blancpain,qui passe du premier rang (l’andernier) à la 32e place.

Côté rue, l’artère genevoise estcependant loin de faire le poidsavec la Bahnhofstrasse. SelonReflection Marketing, aucunecomparaison n’est possible entrel’opulence et la qualité de laBahnhofstrasse face au désastrede la rue du Rhône, mal aménagéeet constamment en travaux. ——

Le meilleur serviceà la rue du Rhône

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Une mise en scène subtile qui al-terne le noir et le blanc, de grandsmiroirs qui étirent les volumes, la

nouvelle boutique Leonard met super-bement en valeur l’univers graphique initiépar le célèbre couturier parisien DanielTribouillard (photo 9). Les robes se trou-vent comme suspendues par des présen-toirs fixés aux plafonds et les couleurs desfoulards sont magnifiées par les meublesen laque noire. Un espace très classe,inauguré le 6 mai dernier en premièremondiale à Genève. Le nouveau concept«boutique pilote» de Leonard comprendun totem vidéo à taille humaine qui diffuseles images des défilés parisiens, permet-tant ainsi aux clientes de visualiser àl’échelle réelle les vêtements portés.Les adeptes des célèbres imprimés dela marque seront ravis par les deux trèsbelles cabines d’essayage, dont l’une a étéaménagée en un confortable petit salonprivé. Elles le seront également par lacollection été 2009 dont les jupes mouchoiret les pantalons harem en jersey de soie separent de gris, de jaune solaire, de vanilleet de violet. ——

Une boutique pilotepour Leonard

La marque Church’s a inauguréune boutique à la rue du Rhône le1er mai dernier. Une nouvelle qui

devrait ravir les amateurs de luxueuseschaussures. La petite arcade a été conçueen adéquation totale avec l’esprit de lamarque: fauteuils en cuir, présentoirs enbois et épais tapis brun foncé créent uneambiance lounge, à la fois sophistiquée etdécontractée. On y trouve toute la gammedes produits Church’s: chaussures pourhommes et femmes, cravates en soie, sacs,ainsi qu’une sélection d’accessoires encuir. Un style traditionnel british indé-modable et élégant en toute circonstance.

Créée en 1873 à Northampton, la marqueChurch’s est détenue à 100% depuis 1999par le groupe Prada. Leader mondial dansle domaine de la chaussure haut de gam-me, Church’s a opté depuis 2007 pour unestratégie d’expansion misant sur l’ouver-ture de nouvelles boutiques. La marques’est récemment installée à Venise,Bologne, Hong Kong, Edimbourg, Milan,et a rénové ses espaces de Londreset de Bruxelles. ——

Church’s s’installeà Genève

10 CHURCH’SRue du Rhône 591204 GenèveT. +41 22 311 66 31

5à9 LEONARDRue du Rhône 401204 GenèveT. +41 22 312 40 23

Un écrin blanc aux lignes épurées,avec pour seule touche excentriqueun immense lustre, le nouvel

espace de Notting Heel, inauguré en marsdernier, expose les chaussures des mar-ques Polini, Emilio Pucci, Gina, Valentinoou Givenchy.

Délicates bottines à talon de python,sandales-bijoux serties de véritablescristaux Swarovski ou encore espadrillesstylisées, c’est une somptueuse sélectionque propose la jeune patronne des lieux,Elodie Bernstein. «J’aime les couleurset les extravagances, confie-t-elle. Mais jene propose que des chaussures portableset confortables.»

En plus des modèles osés, Notting Heelpropose des ballerines plus classiques,plates ou à talon. «Bien sûr, la clientèlegenevoise a des goûts plutôt conven-tionnels et je m’y adapte, explique ElodieBernstein. Mais je crois que les chosescommencent gentiment à changer…» ——

Rêves de chaussures

4 NOTTING HEELBoulevard Helvétique 331207 GenèveT. +41 22 700 72 72www.nottingheel.com

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EN VUE

PROJECTEURPar Sylvain MENÉTREY

Marie Gillain,le luxe etl’audaceLa somptueuse comédienne,devenue l’égérie de Piaget,rêve de projets marquants etexpérimentaux. Rencontre.

T out a commencé par des débuts à laSophie Marceau, dans «Mon Père cehéros», où elle interprétait une ado

prête à tout pour avoir l’air plus grande faceaux garçons, quitte à faire passer son père(Gérard Depardieu) pour son amant. Puis unfilm choc, «L’Appât» de Bertrand Tavernier,qui révélait un potentiel d’actrice à la JulietteBinoche, à la fois fragile, innocente, et ca-pable d’une sauvagerie insoupçonnée. Desressources que Marie Gillain n’a pas toujourspleinement exploitées au cours de sa carrière(qui se souvient de «Magique» avec le chan-teur Cali ou des «Femmes de l’ombre», som-bre histoire d’un trio d’espionnes?). Ce prin-temps, on a retrouvé la comédienne en sœuraimante de Coco Chanel, dans le biopicd’Anne Fontaine «Coco avant Chanel». Maisc’est peut-être au théâtre, où elle se fait rare,que Marie Gillain a jusqu’ici le mieux illustréson talent, notamment sous la direction deJohn Malkovich dans «Hysteria», une pièceoù elle campait la fille hystérique d’une an-cienne patiente de Freud. Pour Trajectoire,elle raconte sa hâte de cabosser son image etses aventures d’ambassadrice du luxe.

Que vous inspire le succès de «Coco avant Chanel»?Je suis contente d’apparaître dans un film qui marche et que j’aimebeaucoup car il réussit la synthèse entre film populaire et intimiste. Onaurait pu s’attendre à un biopic qui brasse toutes les périodes de la viede son héroïne, mais Anne Fontaine parvient à véritablement parlerdes femmes de cette époque en privilégiant l’axe des jeunes années,c’est là tout son talent.

Comment avez-vous appréhendé ce personnage qui est restédans l’ombre de sa sœur?Les rôles qui gravitent autour d’un personnage principal sont néces-saires à créer l’empathie pour le héros. Dans le rapport qui unit lesdeux sœurs, la personnalité de Coco se détache très vite. Elle est in-transigeante, tandis qu’Adrienne est une suiveuse plus fleur bleue. Audépart, elles ont les mêmes cartes en main, mais l’une possède le feusacré tandis que l’autre, plus vulnérable, recherche une forme de pro-tection. Mais ce qui est formidable avec Adrienne, c’est qu’elle ne vitjamais l’ascension de sa sœur comme un échec. Il est rare de croiserdes personnes aussi invariablement bienveillantes.

Et par extension comment avez-vous vécu ce rôle au secondplan dans le sillage d’Audrey Tautou?Ce genre de rôles représente un challenge car ils sont souvent limitésdans l’écriture. Il faut rendre en quelques séquences le spectateurle plus sensible possible. En cela, ces personnages secondairesparviennent parfois à surprendre parce qu’on n’est pas obligé d’yfaire attention.

Est-ce que les egos sont difficiles à gérer entre actrices sur untournage?Cela peut l’être, mais avec Audrey la question ne s’est pas posée. Ellea suffisamment confiance en elle pour que ce genre de problème nevienne pas parasiter le travail. Ni l’une ni l’autre n’a envie de se prendretrop au sérieux dans notre métier. Avant d’être consacrée grâce à«Amélie Poulain», Audrey a connu le parcours du combattant des ac-trices qui cherchent à se faire connaître. Elle n’est pas arrivée commeça du jour au lendemain, ce qui enseigne le respect pour les autres.

On sent en vous une part de vulnérabilité enfantine, est-ce queles réalisateurs en jouent beaucoup?Oui, je crois que c’est ce qui m’anime. Anne Fontaine a utilisé cette partde moi. Nous avons essayé de transmettre une douceur au personnage.Je suis en tout cas allée vers cette couleur. Mais il y a aussi une partsombre chez moi. Quelque chose de viscéral et bien d’autres émotionsencore plus tordues…

Est-ce que vous avez l’impression d’avoir fait les bons choix aucours de votre carrière?On n’est jamais sûr de rien. Mais chaque expérience m’a permis deme renforcer et de faire de belles rencontres. Et quand je fais un choix,je l’assume jusqu’au bout, même si au final le film ne ressemble pas àce dont je rêvais. Il y a toujours quelque chose de miraculeux dans unfilm, même si cela n’est parfois pas imprimé sur la pellicule.

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©EricTraore/Acte2

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Y a-t-il une actrice qui vous inspire?Je n’ai aucun modèle, mais j’admire le parcours de Juliette Binochepour sa liberté. Elle ne fait jamais le choix du conventionnel. Si elle veutdanser, elle danse. J’aime également son rire brut et terrien, cette lé-gèreté qu’elle conserve. Quand on passe sa vie à exister dans le re-gard des autres, il faut une sacrée force mentale pour garder la diffé-rence qui nous rend unique.

On vous a beaucoup aperçue dans ce qu’on appellele «cinéma de qualité à la française», ne rêvez-vous pas d’autresexpériences comme de grosses productions ou alors des filmsplus expérimentaux?Totalement! De jeunes réalisateurs m’envoient des scénarios, j’en suisravie. Récemment, on m’a proposé un film de genre, un huis clos. Jesuis heureuse de déclencher aussi ces envies-là. J’ai besoin de filmsaudacieux. De choses qui marquent. A l’image de mes expériencesfortes au théâtre avec «Le Journal d’Anne Frank» et «Hysteria». J’aime-rais jouer du Tennessee Williams, extérioriser des sentiments plus ex-trêmes, plus bruts, plus violents.

Entretemps, il y aura la maternité, votre deuxième enfant.Oui, c’est mon prochain projet. A l’automne, j’enchaînerai avec le pro-chain film de Bernard Giraudeau, l’adaptation d’un roman chilien qu’onva tourner là-bas. Je vais également jouer au théâtre sous la directionde Benoît Lavigne, qui a monté «Baby Doll» cette année.

Vous faites partie avec Cécile de France, Natacha Régnierou Emilie Dequenne, d’une génération d’actrices belgesqui réussissent de belles carrières, comment expliquez-vousce succès collectif?Ce qui nous lie peut-être, c’est un degré d’authenticité supplémen-taire. Je me suis toujours sentie comme une petite provinciale quin’a jamais posé ses valises. Avec toutes ces blagues qui circulaientsur les Belges, on passait pour des semi-cons. Cela nous a forgé peut-être une dose d’humilité et un sens de la dérision qui manquent

aux Français. Nous assumons plus facile-ment notre spontanéité.

En dehors du cinéma, vous êtes ambassa-drice pour la marque Piaget, comment cepartenariat est-il né?Nous avions fait une carte de vœux avecPierre et Gilles pour Lancôme. Quand Piageta choisi de travailler avec eux pour leurs pu-blicités, ils sont tombés dessus et ont décidéde me prendre comme égérie.

Travailler avec Pierre et Gilles,c’était comment?Ils sont absolument adorables. Leur studioressemble à Alice au pays des merveilles. Ilspossèdent un nombre incalculable d’objets,des nains en plastique, des gnomes… Ilsvivent dans un univers très enfantin, très lu-dique. Une expérience magique.

Ce rôle d’ambassadrice vous a-t-ilamenée en Suisse?Je dois avouer que je n’y suis allée qu’une foispour visiter l’usine Piaget à Genève. J’ai puvoir comment se déroulait la fabrication desmontres, un monde assez fascinant.

Le luxe, ça vous plaît?Je suis quelqu’un de plutôt nature.

Vous n’êtes donc pas dépensière?Les moments de luxe que m’offre mon métierme suffisent, je n’ai pas besoin d’en consom-mer dans ma vie personnelle.

Photos1. «Coco avant Chanel»,Anne Fontaine, 20092. «Barnie et ses petitesconrtariétés», BrunoChiche, 20013. «Les Femmes de l’ombre»,Jean-Paul Salomé, 20084. «L’Appât»,Bertrand Tavernier, 19955. «Ni pour, ni contre(bien au contraire)»,Cédric Klapisch, 20036. «Magique»,Philippe Muyl, 20087. «La Clef»,Guillaume Nicloux, 20078. «Fragile(s)»,Martin Valente, 2007

EN VUE PROJECTEURMarie Gillain

Les momentsde luxe quem’offre monmétier mesuffisent,je n’ai pasbesoin d’enconsommerdans ma viepersonnelle.

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Comment gérez-vous le risque d’apparaître davantage commeune cover girl qu’une actrice en acceptant des contrats publici-taires, à l’image par exemple d’une Monica Bellucci?La différence avec Monica, c’est qu’au départ elle était mannequin.Elle a un rapport avec sa beauté et son corps totalement différent dela plupart des actrices. Mais il faut effectivement faire attention à cetravers, car le luxe fige une image.

Est-ce que l’aisance matérielle que vous offrent ces activitésannexes vous permet de prendre plus de risques dans votrecarrière de comédienne?Cette idée de risque me déplaît dans le sens où elle est galvaudée.Soyons franc, je ne suis pas une actrice sur la paille qui attend le filmd’auteur sans rien à manger dans son frigo. Je dirais plutôt que cetteaisance me permet de faire des choix. Ce qui est un luxe. C’est la raisonpour laquelle je trouve dur de condamner les choix des acteurs. Il y atoutes sortes de parcours. J’ai la chance de pouvoir tracer le mien. ——

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RENCONTRE

HORLOGERIEPar William TÜRLERPhotos Thierry PORCHET

Tag Heuermise surses icônesJean-Christophe Babin, CEO deTAG Heuer, table sur les grandsclassiques de la marque maisaussi sur la diversification dansdes articles de luxe complémen-taires, comme les lunettes etles téléphones portables, poursurmonter la crise. Interview.

E n bon capitaine d’industrie, c’est avec assurance et convictionque Jean-Christophe Babin, 50 ans, analyse la situation danslaquelle se trouve l’entreprise qu’il dirige depuis bientôt dix

ans: «Nous souffrons de la crise, certes, mais sans surprise.» Aprèscinq années d’euphorie et de croissance ininterrompue, TAG Heuer seretrouve, comme l’ensemble du secteur horloger, confronté à desvents contraires.

La société, qui fait partie depuis 1999 du groupe LVMH, dispose tou-tefois d’atouts de taille pour surmonter ces moments difficiles: un po-sitionnement solide dans le segment des montres comprises entre1’000 et 5’000 francs, un choix d’ambassadeurs judicieux et un sa-voir-faire certain en termes d’innovation, notamment grâce à une in-sertion de longue date dans l’univers automobile.

Ces différents facteurs ont permis à la compagnie, malgré un net flé-chissement de la demande, de dégager l’année dernière un chiffred’affaires de 915 millions de francs selon les estimations de la banqueVontobel. De quoi se montrer optimiste pour les années à venir et ren-forcer sa place parmi les principales marques mondiales de montres,derrière Rolex, Cartier, Omega et Patek Philippe.

Avec une décontraction rare dans le milieu souvent très formel et po-licé de l’horlogerie suisse, Jean-Christophe Babin a reçu Trajectoireau siège de l’entreprise à la Chaux-de-Fonds, où travaillent 400 de ses1’000 collaborateurs.

Comment vivez-vous la situation de ralentissement actuelle?Avez-vous prévu des ajustements?Nous avons ressenti un début de fléchissement de la demande très tôtaux Etats-Unis, notre marché principal. Du côté des détaillants, l’éro-sion est également forte en raison des stocks excédentaires. Nousn’avons cependant pas été pris au dépourvu, car, dès la crise précé-dente de 2001/2002, nous avons commencé à revoir nos processusde fabrication.

Ci-contreJean-Christophe Babin«Dessiner une montreest beaucoup pluscontraignant que dedessiner une voiture.»

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De quelle manière?En produisant mieux et moins cher! Nous avons abandonné plusieursmodèles et nous nous sommes concentrés sur cinq séries iconiquesqui constituent l’histoire de notre marque depuis plus de vingt ans. Ence qui concerne la fabrication elle-même, nous sommes passésd’un processus majoritairement manuel à une production robotisée àprès de 70%. Par ailleurs, afin de gagner en exclusivité, nous avonsréduit nos points de vente de 8’000, il y a huit ans, à environ 5’100 au-jourd’hui et augmenté en parallèle le nombre de nos boutiques, d’unevingtaine à 70.

Quelle est votre production aujourd’hui?Nous ne donnons pas de chiffre précis, mais nous produisons entre500’000 et 1 million de pièces par an…

Vosmodèles sont-ils entièrement fabriqués à l’interne?Quelle est votre politique en la matière?Nous réalisons le tiers de notre production, le reste de la conceptionest assurée par nos fournisseurs, qui se situent dans un rayon dequelques dizaines de kilomètres de notre siège. Depuis 2000, nousavons diminué notre capacité de production à l’interne pour être plusréactifs en cas de besoin. Pour résumer, et pour reprendre une idée deJacques Attali que j’ai eu l’occasion de rencontrer récemment, un in-dustriel ne doit pas hésiter à transformer, lorsque c’est possible, desfrais fixes en frais variables.

Qu’est-ce qui a motivé votre diversification dans les lunettesoptiques?Le fait qu’un nombre toujours plus important de marques — dont cen’est pas le métier de base — se lancent dans la montre. Cette concur-rence représente un risque inévitable de pertes de parts de marché,d’autant que certaines enseignes, comme Vuitton ou Dior, opèrentde manière extrêmement professionnelle. Nous avons donc choisi,dès 2002, de fabriquer des lunettes optiques, un secteur proche denotre activité première et de nos aptitudes en termes de microméca-

nique de précision et de design. Aujourd’hui,nos modèles sont présents dans plus de6’000 points de vente dans le monde, ce quinous a permis de doubler notre visibilité. Deplus, comme le prix de vente moyen se situeà environ 420 francs, cette diversificationnous amène une nouvelle clientèle légère-ment plus âgée et fortunée. Aujourd’hui, lamoyenne d’âge des acheteurs de nos mon-tres se situe à 37 ans, contre 44 ans pourles lunettes.

Le raisonnement a-t-il été le même ence qui concerne les téléphones portables?Oui, ce choix nous paraît cohérent étantdonnée notre spécialisation horlogère. Carles téléphones mobiles comportent de nom-breuses similitudes avec les montres, notam-ment des fonctions comme l’heure, le chro-nométrage, l’alarme ou le compte à rebours.Pour l’instant, nos ventes restent confiden-tielles, à peine une centaine de pièces parannée (prix de vente moyen: 6’200 francs,ndlr). Je souligne que plus de 90% de nos re-cettes provient des montres et cette propor-tion restera encore longtemps majoritaire.Nos lunettes et téléphones portables sontdes produits additionnels.

Où se situent vos principaux marchés?Pour l’instant, notre principal marché resteles Etats-Unis, suivi du Japon. Cette année,nous allons ouvrir 20 boutiques dans lemonde, avec un fort accent sur l’Est, notam-ment l’Inde et la Chine. Outre le potentiel en

Bio expressNé à Paris en 1959, Jean-Christophe Babin, obtientun MBA en 1980 et com-mence sa carrière au seindu département marketinget vente de la division cos-métique et détergents dugéant américain Procter& Gamble. Il y travailledurant six ans. De 1989 à1994, il collabore au seindu cabinet de conseil enstratégie Boston ConsultingGroup, partageant sontemps entre Paris et Milan.Il s’installe à plein tempsen Italie en 1991. Ennovembre 2000, le groupeLVMH l’arrache au groupeallemand Henkel KGaA et lenomme CEO de TAG Heuer.

Sportif assidu, le Françaispasse son temps libre àskier, faire de la voile etde la plongée. Il piloteoccasionnellement laFormule 1 que la compa-gnie horlogère possèdedans son école de forma-tion de pilotes à Barcelone(LRS). Jean-ChristopheBabin vit actuellement àMorges, entouré de safemme et de ses 5 en-fants. Il aime conduire saFerrari pour se rendre àson lieu de travail à laChaux-de-Fonds tous lesjours, le trajet ne lui prendalors qu’une heure montreen main…

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en utilisant des matériaux tels que le titane, le saphir, l’acier et l’or rose.Nous allons travailler sur des concepts tels que la légèreté, l’inrayabi-lité et le polissage. Dessiner une montre est beaucoup plus contrai-gnant que de dessiner une voiture, où l’on dispose d’une surface deplusieurs mètres! En comparaison, la taille d’un poignet restera tou-jours la même, il faut suivre une certaine ergonomie, d’où une margede manœuvre nettement réduite en horlogerie. Sur une montre, on nedispose que de 40 mm pour résumer une histoire, un positionnementet créer une différence…

Comment va évoluer votre positionnement?Nous allons continuer à miser sur nos modèles iconiques, afin de ren-forcer notre position en tant que leader sur le marché des montres de1’000 à 5’000 francs, où notre part de marché est de l’ordre de 20%.Le secteur de l’horlogerie est de plus en plus fragmenté, avec unnombre croissant de nouvelles marques chaque année. En Suisse, onen compte plus de 300… Dans ce contexte, c’est une grande force depouvoir compter sur des icônes, auxquels les consommateurs peu-vent se rattacher. Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas conti-nuer à réaliser des modèles spéciaux, à la périphérie de notre galaxie,comme le modèle «Professionnal Golf Watch», ultra-léger, que nousavons spécialement conçu pour Tiger Woods. Pour prendre une mé-taphore alpine, nous ne visons pas le sommet de l’Everest. Il y a ceuxqui restent en plaine, nous, nous sommes au camp de base. Tout enhaut les places sont rares, mais il y a aussi moins d’oxygène… ——

termes de croissance des marchés asia-tiques, ils comportent un atout de taille pourune marque telle que la nôtre dont les prixde vente sont identiques partout: des coûtsbas, notamment en matière de main-d’œuvre.

Qu’en est-il du segment «femmes»,va-t-il croître ces prochaines années?Nos montres pour femmes représentent prèsde 30% de nos ventes et ce chiffre resterastable. Chacune de nos grandes familles con-tinuera de se décliner en version féminine.

TAG Heuer est intimement lié à l’industrieautomobile depuis plusieurs années.Quelle importance joue l’innovation ausein de l’entreprise?Une importance majeure. Nous employons25 personnes à plein temps dans notre dé-partement R&D, et leur accordons une trèsgrande marge de manœuvre. Afin de favori-ser leur créativité, un quart de leurs projetssont non spécifiques. Nous travaillons égale-ment avec McLaren ou des instituts commela Nasa ou l’ESA. Ces différents partenariatsnous ont permis de développer un modèlecomme la «Monaco 24», que nous venons deprésenter à Bâle et dont le cadran protègel’ensemble du mouvement jusqu’à un chocde 24’000 G.

Quelles grandes tendances allez-voussuivre en matière de design?Nous allons continuer à évoluer dans un styleà la fois contemporain, classique et vintage

1. ProfessionalGolf Watch

Ce modèle, une éditionlimitée de 8’000 pièces, aété mis au point après unan de collaboration avec legolfeur Tiger Woods. Ellene pèse que 55 grammes,afin de ne pas affecter lasensibilité nécessaire à lapratique du golf.1’500 francs

2. Grand Carrera 36RSCette déclinaison 2009 dela Grand Carrera abrite lecélèbre mouvement auto-matique certifié COSC dufabricant. Le châssis et lastructure noirs sont entitane grade 2 (Ti2), unmétal pur ultra-résistantet biocompatible, deux foisplus léger que l’acier.20’000 francs

3. Monaco 24 ConceptChronograph

Le design tubulaire etles composants protégéscontre les chocs extrêmesde ce prototype high-techsont inspirés par la célèbrecourse d’endurance des24 Heures du Mans.

4. 5200 series WideNightvision

Les nouvelles lunettessportives au designd’avant-garde du fabricantsuisse combinent perfor-mance, confort et élé-gance. Env. 550 francs

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ESTIVAL

MODEPar Sylvain MENÉTREY

S i la plage se découpe toujours entresirènes monokinis et naïades bikinis,celles qui ont su prendre le vent des

tendances ne sont pas celles que l’on croit.Cette année, c’est du côté du une-pièce quevient l’inventivité. On avait déjà vu déferler deCopacabana une version très échancrée surle ventre qu’on avait tôt fait de nommer letrikini pour son côté hybride. On le retrouvecette saison dans de nombreuses collectionsde marques méridionales comme Ana Pires,Dolce & Gabbana, Chiarugi ou Rosa Chà. Safine bandelette qui barre le ventre et relie lebustier à la culotte n’est pas sans rappeler latendance bondage qui a galopé sur les po-diums sous la houlette de Riccardo Tisci, letrès gothique-chic directeur artistique de lamaison Givenchy.

Une influence SM traduite en maillot jet-setpar DSquared pour un modèle en mousselineblanche qui enserre la poitrine d’un X agui-cheur, tandis qu’Hervé Léger ligature le corpsde ses dociles clientes dans un réseau debandes noires. Un modèle sans ambiguïté.Moins rentre-dedans, certains créateurs sesont amusés à pervertir le chaste une-pièceavec plus de subtilité. A l’image de la marquecorse Cariocacollection qui propose un jolimaillot violet sans couture apparente. Un dé-colleté bustier à large ouverture asymétrique

Des une-pièce aux découpes asymétriques,des bikinis qu’on porte plus haut sur la tailleet des couleurs pastel: en 2009, la plage seramoins coquine mais plus fantaisiste. Quoique…

Maillots:un étéen modefantaisie

Quelques adressesGenèveBon GénieRue du Marché 34T. +41 22 818 11 11

Pain de SucreRue Verdaine 1T. +41 22 311 01 67

OsklenRue Etienne-Dumont 5T. +41 22 310 72 82

TribecaRue d’Italie 8T. +41 22 810 33 50

MegèveMahéArcs Mont Blanc 12T. +33 4 50 21 20 53

ZurichKowäSankt Peterstrasse 11T. +41 44 215 70 50

VestibuleSpiegelgasse 13T. +41 44 260 13 31

En lignewww.yoox.com

PhotoMust have de la saison,la culotte haute rétrocomme chez Eres.

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ESTIVAL MODEMaillots

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ESTIVAL MODEMaillots

qui laisse pointer le ventre en promettantd’étonnantes marques de bronzage. Violettoujours chez Tomas Maier, le roi du maillotclassique et classieux, pour un bustier auventre tailladé par des découpes graphiquesdont les pans sont joliment attachés en petitsnœuds. Dans son plus pur style destiné auxdéesses antiques réincarnées en sirènesd’aujourd’hui, Versace joue à un savantchassé-croisé avec un maillot bleu luisantvertigineux. Comme une écharpe, il enserrela nuque, entrecroise ses deux brins sur lagorge, masque on ne sait par quel miracle lesdeux seins, puis recroise dans le dos avantde former un petit slip. Mieux que de la trigo-nométrie, du Versace!

La championne de planche à voile Jenna deRosnay, qui a lancé une marque de maillotsde bain s’est attaquée au classique des clas-siques: le maillot noir noué derrière la nuque.Elle le rend sexy grâce à un décolleté plon-geant et des découpes au niveau de la taille.Eres renouvelle l’art du une-pièce avec laretenue et l’élégance qui lui vaut un véritableculte chez ses clientes au porte-monnaiebien garni. La marque française s’est inspiréedu cinéma des années 1930 pour imaginerune gamme délicieusement rétro dont on re-tient surtout les jolis froncés des modèlesIpanema au niveau du décolleté et Acapulcoautour de la taille.

Moins créatif et toujours aussi redoutable pourles bourrelets qui émargent, le bikini ne selaisse pas éclipser pour autant par cette nou-velle vague du une-pièce. Pour casser le côtéensemble coordonné, plusieurs marques (lesaméricaines en tête) laissent leurs clientescombiner à leur guise haut et bas. Le dépa-reillé, c’est fun. Marc Jacobs, qui a lancé cetété une mini-collection de maillots de bainfaçon fillette régressive, appartient à ces par-tisans du do-it-yourself. On a le choix entredes soutiens-gorge bandeaux à imprimé li-berty à volants et des mini-slips constellés depetits poissons pixellisés. Côté culotte, onnote deux choses. Premièrement, que la crisemondiale n’a pas dû beaucoup faire baisser leprix du tissu à voir l’avarice en surfaces cou-vrantes de certains créateurs méridionaux.Mais si le tout petit bikini peut continuer à cou-ler de beaux jours sous le soleil, ceux du tanga

Modèles (de gauche à droite)Bikini désaccordé de Marc by Marc JacobsUne-pièce DSquared blanc en X évocateurUne-pièce Parasol d’Eres au décolleté plongeantInspiration bondage pour Hervé Léger by Max AzriaClassique noir revisité chez Jenna de Rosnay

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brésilien sont quand même comptés. Le slip fi-celle à la vulgarité affichée a pratiquement dis-paru cette saison. Au Nord, où souffle l’esprit«new modesty», l’érotisme menthe à l’eaugagne du terrain. On l’observe chez Chloé,Eres ou Juicy Couture, des marques qui met-tent en valeur les culottes portées hautesfaçon années 1950. A noter aussi les culottesagrémentées d’un volant de dentelle ou detissu liberty de Guia la Bruna et Roseanna,deux jeunes créateurs qui amènent un brin defantaisie douce dans l’univers du beachwear.

Pour le haut, le monde des fashionistas se di-vise là encore, comme au water-polo, en deuxirréductibles camps. Celui des bandeaux sansbretelle grignote quelques kilomètres deplage aux thuriféraires parishiltoniennes dusoutien-gorge triangle. Les Brésiliens d’Osk-len et les Français de Pain de Sucre, qui ontouvert des espaces de vente à Genève l’andernier, défendent cet esprit pin-up réservéaux petits seins. Pour les poitrines plus géné-reuses, Pain de Sucre renforce ses trianglesde coques à effet push-up. Hic de l’astuce, lescoussinets se gorgent d’eau durant la bai-gnade et mettent des heures à sécher. Mais àvoir les bijoux, coquillages et fanfreluches ca-bochonnes qui parent ces maillots, on com-prend vite qu’ils servent davantage à attirerles regards sur la plage qu’à faire du papillondans les vagues. Après un épisode doré, ar-genté et fluo, les couleurs rentrent dans lerang. On se prélasse cette saison plutôt enpastel, en noir, en blanc ou en imprimés flo-raux consensuels. Le motif à rayures marinesrepique lui aussi, notamment chez Chiarugien version dénudée et chez Michael Kors pourun deux-pièces années 1930 à rayures dont lataille très haute est soulignée d’une ceinture.L’effet peut-être de l’affiche du film «Cocoavant Chanel» où Audrey Tautou pose en ma-rinière ou de l’exposition «Les Marins font lamode» au fort retentissement parisien.

Reprenons. A la fois plus couvrant et plusaudacieux au niveau des coupes, volontiersrétro, haut sur les hanches et plus adapté à laserviette qu’à l’onde, le maillot de bain suit uneévolution qui pourrait l’amener jusqu’à une vi-sion à la Jean-Paul Gaultier. Le créateur a ima-giné cette saison des maillots de bain de soi-rée ultra-chics pour les cocktails de cinqétoiles au bord de l’eau. Notre copine Marie-Victoire, styliste chez Louis Vuitton en rêvedéjà: «Je vais me marier à Las Vegas en mail-lot de bain blanc, c’est exactement ce qu’il mefaut.» Autre mutation possible: le burkini, in-vention libanaise dessinée à partir de la tradi-tionnelle burka, qui remporte de nombreuxsuffrages au Moyen-Orient. A rapprocher descombinaisons intégrales que les nageurs etnageuses emploient pour leurs records dumonde en grands bassins. Cacher/montrer,séduire/convoiter: la plage demeure le lieu oùcorps, morale et pudeur entrent en collisionsous un soleil hédoniste. ——

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DESIGN

INTÉRIEURPar William TÜRLERPhotos Thierry PAREL

De la banque à l’art

«2 février 2003.» La date trône sur unpanneau rouge au-dessus d’unbureau, dans l’atelier du couple

Barilla. Elle évoque leur rencontre, il y a sixans, et c’est à compter de ce jour qu’ils ontdécidé d’unir leurs destins.

Tous deux travaillaient alors dans le secteurbancaire à Genève. Lui chez Syz & Co, où il aparticipé à la création des célèbres fonds deplacement Oyster, elle chez Lombard Odier,comme l’une des rares femmes actives dansla salle des marchés. Afin de «profiter de lavie», ils décident de prendre une année sab-batique, au cours de laquelle ils se forment àla photographie. Ils persévèrent dans cettevoie et mettent une croix sur leur vie passéede banquiers.

C’est avec un équipement de pointe qu’ilsréalisent aujourd’hui des photographies grandformat d’une qualité de grain époustouflante.Certaines prennent la forme de tables et or-nent le salon et la très lumineuse salle à man-ger. Plusieurs clichés évoquent les excès dumonde de la finance, qu’ils connaissent biende l’intérieur, ou de l’art contemporain, unsecteur qu’ils appréhendent avec amuse-ment: «Dans certaines foires, la provenancedes œuvres, entre autres de Chine, a eu uneffet très spéculatif sur les prix, remarque lecouple. Pour beaucoup, les acheteurs sontdevenus avant tout des investisseurs...»

La dernière série de Sandrine et RiccardoBarilla a été présentée dans des galeries àGenève, Paris, Baden-Baden, ainsi que dansdiverses foires d’art contemporain telles queArt Paris. ——

01 Piscine en quartzitegrise. Mobilier dejardin en métal

thermolaqué réalisé par lecouple. Les deux chaisesblanches sont des Cloverde Ron Arad, chez Driade.

02Sandrine etRiccardo Barilladevant deuxphotos réalisées

en 2009. Elles s’intitulent«FOC le fil rouge», de la série«It’s another job».

03 Les tableauxderrière le litont été réalisés par

Sandrine en 2004. Ils regroupentdes SMS qu’elle et son mari sesont envoyés. Ce diptyque adonné naissance à la série«Undisclosed».

Après plusieurs années dans la finance, Sandrineet Riccardo Barilla ont décidé de se consacrerà leur passion pour la photographie. Plusieursde leurs créations habillent désormais l’intérieurde leur splendide villa genevoise.

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04 La photo carréeprovient de la série«Abudafleur» et se

nomme «Boule d’amour». Lesphotos contre lemur sont l’œuvrede Vik Muniz. La chaise Tulipeest d’Eero Saarinen, éditée parKnoll en 1956. Le banc en cuirblanc est signé Florence Knoll.

05 Réalisée par lecouple en 2009,la photo s’intitule

«Artist’s tool kit» et porte«un regard ironique sur lestatut d’artiste».

06 La photo est signéeMarie Amar. Lesdiverses photos

argentiques ont été réaliséespar le couple. La lampe enmétal thermolaqué blanc estde Philippe Cramer.

07 Dans l’angle,la photo deRiccardo Barillaest issue de la série

«Fers», réalisée en 2005. LaCoffee table est l’œuvre desdeux ex-banquiers.

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10 L’entrée de lamaison. Devantle garage, une

moto BMW R51/3 de 1954.

11 La table, «qui doitêtre vue commeune intervention

photographique horizontale»,et la photo ont été réalisées parle couple. Intitulée «What haveyou done», la photo ironise surle rapport complexe entre l’artet l’argent.

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08 La photo estsignée Riccardo etSandrine Barilla.

Réalisée en 2008, elle s’intitule«Et l’homme créa la bulle».Le tableau est l’œuvre del’artiste minimaliste américainPeter Halley.

La table, également réaliséepar le couple, provient de lasérie «Statement F» et s’intitule«MONEY». Les photos sont col-lées sous verre et encadréesdans une structure métalliqueen inox brossé.

09 Les tableaux,représentant desséries de SMS, ontété réalisés par

Riccardo et Sandrine Barillaen 2006. A gauche, une inter-vention en silicone réaliséepour une performance surAndy Warhol l’année suivante.

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