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Université de Pau et des Pays de l’Adour
Ecole Doctorale 481 Sciences Sociales et Humaines
Faculté de Droit, d’Economie et de Gestion
Centre d'Analyse Théorique et de Traitement des données économiques
Transferts de fonds vers le Maroc : enjeux, comportement et impacts
THESE POUR LE DOCTORAT EN SCIENCES ECONOMIQUES
(Arrêté du 7 août 2006)
Présentée et soutenue publiquement par
Farid Makhlouf
6 Juillet 2013
Jury :
Jamal BOUOIYOUR, Université de Pau et des Pays de l’Adour : Directeur de thèse Jean-Louis COMBES, Université d'Auvergne (Clermont-Ferrand 1) : Rapporteur Jean-Pierre FLORENS, Université de Toulouse1 : Rapporteur Alain ALCOUFFE, Université de Toulouse1 : Suffragant Driss AJBALI, Directeur du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) : Suffragant Jean-Michel UHALDEBORDE, Université de Pau et des Pays de l’Adour : Suffragant
II
« L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans
cette thèse. Ces opinions doivent être considérées comme propres à l’auteur. »
IV
Remerciements
« Je remercie mon directeur de thèse Jamal Bouoiyour pour son travail d’orientations et de conseils. Je tiens à remercier Jean-Louis Combes et Jean-Pierre Florens d’avoir accep-té d’être les rapporteurs de cette thèse. Je remercie également Alain Alcouffe, Driss Ajbali et Jean-Michel Uhaldeborde d’avoir accepté de participer à ce jury.
Je remercie Serge Figiel, Olivier Jérémy, Christian Beyriere et toute sa famille no-tamment Loïs, Christian Delseaux et sa famille, Lulu, Ilham Maya, Sabine Suarez, Adil Naa-man, Marestin, Alexandra, Charles Regnacq, Fronçois Xavier, Mouhamad Abedel Nabi et l’équipe de restaurant Don Quichotte. Sans eux ce travail ne sera jamais terminé. Mes remer-ciements s’étendent à toutes les personnes qui m’ont aidé à l’élaboration de mes travaux de recherches, et bien évidemment à cette thèse. Je remercie en tous les chercheurs du CATT notamment Patrice Cassagnard et Claude Emonnot. Au sein de cette organisation j’ai trouvé un environnement propice et idéal pour apprendre et avancer mes travaux de recherche.
Je remercie mes amis qui m’ont aidé au long de cette thèse, Jonie, Aukli, Véronique Zaragoza, Mughal Mazha, Refk Salmi et Daniele Caquineau. Je remercie, également, toute ma famille pour son soutien au long de ce chemin notamment mon frère Mouloud, mon cousin Karim et mon oncle Makhlouf. Enfin, je remercie énormément Koussila Bedrane sans elle cette thèse ne sera pas finie.»
Soyez certains de ma sincère reconnaissance, de ma gratitude et mes profonds respects
V
Résumé
Le phénomène de transferts de fonds suscite un débat passionnant au sein de la classe poli-
tique, des chercheurs et des universitaires. Ceci est dû au fait qu’il touche à des aspects hu-
mains, économiques et financiers. Les transferts de fonds sont considérés comme étant une
source de financement importante pour la majorité des pays en développement. Le Maroc
n’échappe pas à cette logique. Il est, en effet, l’un des pays qui reçoit le plus de transferts de
fonds dans le monde. L’objet de notre thèse est triple. Il s’agit dans un premier temps, de
comprendre l’évolution des transferts de fonds depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui.
Dans un deuxième temps, il s’agira de cerner les principaux déterminants de ces transferts.
Dans un troisième temps, nous proposerons une analyse approfondie de l’impact des trans-
ferts de fonds sur l’économie marocaine dans son ensemble, avec une attention particulière
aux politiques de change et aux politiques monétaires. En utilisant des techniques économé-
triques adéquates et pertinentes ainsi que des données fines (bilatérales), nous arrivons à
mettre en lumière des aspects importants des transferts de fonds. En effet, les transferts de
fonds constituent un enjeu majeur pour l’économie marocaine, de même, le comportement des
migrants en termes de transferts varie selon le pays d’accueil et dans le temps. Leur impact
ne s’avère pas être nuisible (absence du phénomène du syndrome hollandais) à l’économie
marocaine. Les politiques marocaines d’émigration semblent être pertinentes. Cependant,
pour être efficaces, ces politiques doivent être plus hétérogènes, en tenant compte des spéci-
ficités et des caractéristiques des migrants en fonction des pays d’accueil.
Mots clés : Transferts de Fonds, Faits Stylisés, Propriétés Cycliques, Déterminants, Pays
d’Accueil, Syndrome Hollandais, Maroc.
JEL Classification: C10, E01, E32, E60, F62, F40, F41, O10.
VI
Abstract
The phenomenon of migrant remittances has attracted keen interest among policymakers,
scholars and researchers. This owes to the fact that remittances involve multiple human, eco-
nomic and financial aspects. International remittances have become an important source of
foreign exchange for several developing countries. One such country is Morocco, being one
of the world’s major remittance-receiving countries. This dissertation deals with three features
of remittance inflows to the country. First of all, the evolution of remittances from 1980 on-
wards is analyzed. Secondly, key drivers of these flows are empirically determined. Thirdly,
their impacts on the Moroccan economy are examined in detail, especially those pertaining to
the country’s exchange rate and monetary policy. Employing pertinent sophisticated econo-
metric techniques and bilateral data, we come up with important findings in this context. We
find that remittances are indeed playing a major role in the Moroccan economy; that the be-
havior of Moroccan migrants in terms of the amounts remitted back home vary with respect to
the destination countries as well as the time dimension; and those remittances do not appear to
induce the Dutch disease in the country’s economy. As a result, Morocco’s migration policies
seem to be adequate. The policy can be made more effective by adapting it to the diverse fea-
tures and specificities of Moroccan migrant communities residing in different parts of the
world.
Keywords: Remittances Stylized Facts, Cyclical Properties, Determinants, Host Coun-
tries, Dutch Disease, Morocco.
VII
TABLE DES MATIÈRES
Résumé ___________________________________________________________________ V
Liste des figures ____________________________________________________________ X
Liste des tableaux __________________________________________________________ XI
INTRODUCTION GENERALE _______________________________________________ 1
CHAPITRE 1 : TRANSFERTS DE FONDS : CARACTERISQUES, FAITS STYLISES ET
ENJEUX_____________________________________________________________________ 10
1. Introduction __________________________________________________________ 11
2. Migrants marocains et institutions ________________________________________ 13
2.1. Répartition et évolution des migrants marocains _________________________________ 13
2.2. Politiques d’émigration ______________________________________________________ 17
3. Transferts de fonds : caractéristiques et faits stylisés _________________________ 19
3.1. Comptabilisation et mesures des transferts de fonds _____________________________ 20
3.2. Tendance des transferts de fonds _____________________________________________ 22
3.3. Les canaux des transferts de fonds ____________________________________________ 28
3.4. Répartition géographique des transferts de fonds vers le Maroc ____________________ 29
3.5. Croissance des transferts de fonds et convergence _______________________________ 31
3.6. Volatilité des transferts de fonds _____________________________________________ 34
3.6.1. Dispersion relative ____________________________________________________ 34
3.6.2. Ecart type mobile _____________________________________________________ 35
3.6.3. Variabilité des transferts de fonds par pays d’accueil _________________________ 37
3.6. Le poids des transferts de fonds dans l’économie marocaine________________________ 39
3.6.1. Comparaison des flux financiers vers le Maroc _________________________________ 39
3.6.2. Le rôle social des transferts de fonds ______________________________________ 41
VIII
3.6.3. Le rôle économique des transferts de fonds ________________________________ 45
3.6.4. Relation entre les transferts de fonds et la balance courante (1975-2009) ________ 49
3.6.5. Relation avec le taux de croissance économique ____________________________ 51
4. Conclusion ____________________________________________________________ 54
CHAPITRE 2 : PROPRIETES CYCLIQUES DES TRANSFERTS DE FONDS _______ 56
1. Introduction __________________________________________________________ 57
2. Etat de l’art : propriétés cycliques des transferts de fonds ______________________ 59
3. Méthodologie _________________________________________________________ 65
3.1. Stratégie d’estimation ______________________________________________________ 66
3.2. Données _________________________________________________________________ 66
4. Résultats et discussion __________________________________________________ 68
4.1. Données annuelles _________________________________________________________ 68
4.2. Données trimestrielles _____________________________________________________ 74
4.2.1. Transferts de fonds et PIB du Maroc ______________________________________ 74
4.2.2. Pays d’accueil et transferts de fonds ______________________________________ 80
5. Conclusion ____________________________________________________________ 86
Annexe chapitre 2 __________________________________________________________ 88
CHAPITRE 3 : PAYS D’ACCUEIL, REVENU ET TRANSFERTS D E FONDS _________ 95
1. Introduction __________________________________________________________ 96
2. Revue de la littérature sur les déterminants des transferts de fonds ______________ 98
3. Etude empirique ______________________________________________________ 105
3.3. Résultats et commentaires ____________________________________________ 111
3.3.1. Résultats du modèle linéaire ___________________________________________ 111
3.3.2. Résultats du modèle dynamique ________________________________________ 118
3.3.3. Résultats du modèle semi-paramétrique _________________________________ 121
4. Les enseignements des données trimestrielles _______________________________ 128
IX
5. Conclusion __________________________________________________________ 131
Annexes chapitre 3 ________________________________________________________ 132
CHAPITRE 4 : IMPACT DES TRANSFERTS DE FONDS SUR LE TAUX DE CHANGE 151
1. Introduction _________________________________________________________ 152
2. Revue de la littérature : impact des transferts de fonds sur le taux de change _____ 153
2.1. Approche qualitative ______________________________________________________ 153
2.2. Approche quantitative (Méta-Régression) _____________________________________ 156
2.2.1. Méthodologie ____________________________________________________ 158
2.2.2. Modèle à effets fixes _________________________________________________ 159
2.2.3. Modèle à effets variables ______________________________________________ 160
2.2.4. Résultats ___________________________________________________________ 161
3. Analyses empiriques : relation entre les transferts de fonds et le taux de change. __ 162
3.1. Demande de monnaie, taux de change et transferts de fonds : les enseignements du
modèle VAR structurel _________________________________________________________ 162
3.1.2. Modèle VAR structurel ________________________________________________ 167
3.1.3. Résultats et discussion ________________________________________________ 169
3.2. Impact sur le taux de change effectif réel ______________________________________ 171
3.2.1. Transferts de fonds et politique de change du Maroc________________________ 172
3.2.2. Fondamentaux du taux de change effectif réel _____________________________ 174
3.2.3. Stratégie d’estimation ________________________________________________ 176
3.2.4. Résultats et discussions ____________________________________________ 179
3.3. Analyse bayésienne __________________________________________________ 181
4. Conclusion ___________________________________________________________ 185
Annexes chapitre 4 ________________________________________________________ 187
CONCLUSION GENERALE __________________________________________________ 192
Bibliographie _____________________________________________________________ 197
X
Liste des figures
Introduction
Figure 0.1: Top 10 pays qui reçoivent les transferts de fonds (2010)......................................................................3 Figure 0.2: Evolution de RNB par habitant (1960-2009) .......................................................................................5
Chapitre 1 Figure 1.1: Stock d’émigration dans les pays du Maghreb (2010) ........................................................................ 15 Figure 1.2: Stock d’émigration marocaine selon les principales destinations (2010) ........................................... 16 Figure 1.3: Les transferts de fonds reçus et envoyé dans le monde (1970-2010) .................................................. 22 Figure 1.4: Evolution des transferts de fonds en dollars courants (1975-2009) ................................................... 23 Figure 1.5: Transferts de fonds par migrant dans le monde .................................................................................. 24 Figure 1.6: La part des transferts de fonds des marocains résidant à l’étranger dans les transferts globaux (1975-2009)........................................................................................................................................................... 25 Figure 1.7: Evolution mensuelle des transferts de fonds (janvier 1998- Décembre 2010) .................................... 26 Figure 1.8: Caractéristiques des transferts de fonds 2002-2007 ........................................................................... 28 Figure 1.9: Répartition géographiques des transferts de fonds en 2010 ............................................................... 29 Figure 1.10: Transferts de fonds moyens par migrant (2008) ............................................................................... 30 Figure 1.11: Pays d’accueil et transferts de fonds ............................................................................................... 32 Figure 1.12: Ecart de richesse et transferts de fonds ............................................................................................ 33 Figure 1.13: Dispersion relative (1982-2010) ....................................................................................................... 35 Figure 1.14: Ecart type mobile (1982-2010) ......................................................................................................... 36 Figure 1.15: Comparaison des flux financiers à destination du Maroc ................................................................ 40 Figure 1.16: Le taux de croissance des transferts de fonds ................................................................................... 43 Figure 1.17: Transferts de fonds et taux de chômage (1987-2009) ....................................................................... 44 Figure 1.18: Répartition des transferts de fonds au Maroc ................................................................................... 46 Figure 1.19: Répartition des investissements des migrants marocains au Maroc ................................................. 47 Figure 1.20: Taux de croissance de consommation et transferts de fonds USD courant (1976-2009) ................. 48 Figure 1.21: Relation non paramétrique entre les transferts de fonds et Balance courante ................................. 50 Figure 1.22: Relation entre les transferts et les importations et les exportations ................................................. 51 Figure 1.23: PIB par habitant et transferts de fonds (1975-2010) ........................................................................ 52
Chpitre 2 Figure 2.1: Cycles du PIB...................................................................................................................................... 69 Figure 2.2: Cycles des Transferts de fonds ............................................................................................................ 69 Figure 2.3: Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB du Maroc. ................................. 72 Figure 2.4 : Le taux de croissance des transferts de fonds (1998-2010) ............................................................... 76 Figure 2.5: Digramme polaire (transferts de fonds en million de dirham marocain valeur) ................................ 77 Figure 2.6: Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (Maroc) ..................................... 79 Figure 2.7: Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (accueil) .................................... 84 Figure A2.1: Evolution PIB et transferts de fonds (en milliards) .......................................................................... 89 Figure A2.2: PIB et Transferts de fonds (données trimestrielles, 1998 :1 ; 2010 :4 ) ........................................... 89 Figure A2.3: Cycles des transferts de fonds et PIB du Maroc filtre HP ................................................................ 90 Figure A2.4: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre moyenne mobile ............................................................ 90 Figure A2.5: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 2 ................................................................. 91 Figure A2.6: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 3 ................................................................. 91 Figure A2.7: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 4 ................................................................. 92 Figure A2.8: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre HP) ................................................. 92 Figure A2.9: Cycles des transferts de fonds et PIB (filtre moyenne mobile) ......................................................... 93 Figure A2.10: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre BK) .............................................. 93 Figure A2.11: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre non paramétrique)....................... 94
Chapitre 3 Figure 3.1: Impact de l'écart de revenu sur les transferts de fonds ..................................................................... 112 Figure 3.2: Impact du taux de change nominal sur les transferts de fonds ........................................................ 116 Figure 3.3: Décomposition de la variance des transferts de fonds (le poids du PIB par tête dans les pays d’accueil pour la pérode=5) ............................................................................................................................... 119
XI
Figure 3.4: Le taux de croissance des transferts de fonds pendant la crise (2008-2009).................................... 120 Figure 3.5: Résultats semi-paramétrique (partie non paramétrique) ................................................................. 124 Figure 3.6: Réponse des transferts de fonds suite au choc des revenus du pays d’accueil et d’origine .............. 130 Figure A3.1: Impact du revenu du pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux .................................... 136 Figure A3.2: Impact du revenu du Maroc sur les transferts de fonds bilatéraux ................................................ 138 Figure A3.3: Impact de la productionde blé sur les transferts de fonds ............................................................ 140 Figure A3.4: Impact du taux de change sur les transferts de fonds ................................................................... 142 Figure A3.5: Impact de l’inflation au Maroc sur les transferts de fonds ........................................................... 144 Figure A3.6: Impact de l’inflation dans le pays d’accueil sur le taux ............................................................... 146 Figure A3.7: Impulse réponses données trimesrtielles ...................................................................................... 150
Chapitre 4 Figure 4.1: Modèle à effets fixes versus à effets variables .................................................................................. 157 Figure 4.2: La part des exportations marocaines vers l'Europe (15) .................................................................. 163 Figure 4.3: Relation entre la masse monétaire et l’inflation (1962-2011) .......................................................... 163 Figure 4.4: Transferts de fonds et taux de change ............................................................................................. 164 Figure 4.5: Interventions sur le marché de change ............................................................................................. 166 Figure 4.6: Réponse de taux de change et masses monétaire suite au choc des transferts de ............................. 170 Figure 4.7: Evolution du taux de change effectif ................................................................................................. 174 Figure 4.8: Décomposition de la valeur ajoutée.................................................................................................. 178 Figure A4.1: Evolution des variables utilisées dans le modèle (VARs) ............................................................... 190 Figure A4.2: Test de stabilité (OLS-CUSUM) ..................................................................................................... 191 Figure A4.2: Distributions a posteriori .............................................................................................................. 194
****
Liste des tableaux
Introduction Tableau 0.1: Indicateurs socio-économiques (Maroc) ........................................................................................... 6
Chapitre 1 Tableau 1.1: Répartition géographique des migrants marocains en 2004 ........................................................... 14 Tableau 1.2: Resultat MCO .................................................................................................................................. 27 Tableau 1.3: Relation entre les transferts de fonds et les pays d’accueil (1982-2008) ........................................ 37 Tableau 1.4: Contribution à la croissance en (%) ................................................................................................ 38 Tableau 1.5: Utilisation des transferts de fonds au Maroc ................................................................................... 46
Chapitre 2 Tableau 2.1: Propriétés cycliques ......................................................................................................................... 63 Tableau 2.2: Statistiques descriptives données annuelles (1982-2010) ............................................................... 67 Tableau 2.3: Statistiques descriptives données trimestrielles (1998 : 1 - 2010 : 3).............................................. 67 Tableau 2.4: Test de racine unitaire ..................................................................................................................... 68 Tableau 2.5: Corrélation des cycles données annuelles (1982-2009) .................................................................. 70 Tableau 2.6: Test de racine unitaire ..................................................................................................................... 74 Tableau 2.7: Corrélation de PIB et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3) ...................................................... 75 Tableau 2.8: Part des transferts des principaux 10 pays d’accueil ...................................................................... 80 Tableau 2.9: Statistiques descriptives, 1998:1 - 2010:3 ....................................................................................... 81 Tableau 2.10: Test de racine unitaire ................................................................................................................... 81 Tableau 2.11: Corrélation de PIB accueil et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3) ...................................... 82 Tableau A2.1: Résultats par pays d'accueil .......................................................................................................... 88
Chapitre 3 Tableau 3.1: Motivations d'envois ........................................................................................................................ 99 Tableau 3.2: Impact du revenu et comportement sur les transferts de fonds ...................................................... 102 Tableau 3.3: Impact du taux de change sur transferts de fonds.......................................................................... 103 Tableau 3.4: Statistiques descriptives ................................................................................................................. 109 Tableau 3.5: Déterminats des transferts de fonds pour les pays du Golfe .......................................................... 115 Tableau 3.6: Nombre d’observations en fonction des variables explicatives ..................................................... 122 Tableau 3.7: Résultats semi-paramétriques (partie paramétrique) .................................................................... 126
XII
Tableau A3.1: Résultats du modèle linéaire ....................................................................................................... 132 Tableau A3.2: Décomposition de la variance .................................................................................................... 147
Chapitre 4 Tableau 4.1: Principales études sur le syndrome hollandais et les transferts de fonds ...................................... 155 Tableau 4.2: Résultats de modèle (méta-régression) .......................................................................................... 161 Tableau 4.3: Statistiques descriptives (modèle Vargas-Silvas,2009) .................................................................. 168 Tableau 4.4: Statistiques descriptives (modèle Lartey et al.,2012) ..................................................................... 178 Tableau 4.5: Résultats (MCO, GMM) ................................................................................................................ 180 Tableau 4.6: Résultats (modèle bayésien) .......................................................................................................... 185 Tableau A4.1: Données utilisées dans la méta-analyse ...................................................................................... 187 Tableau A4.2: Décomposition de la variance ..................................................................................................... 189
Introduction générale
1
INTRODUCTION GENERALE
Les conséquences engendrées par la migration internationale suscitent un important débat,
tant dans les pays d’accueil que d’origine. Ceci est dû au fait que cette dernière touche à plu-
sieurs aspects : politique, mais aussi économique, social et sociétal. Dans cette thèse, nous
allons traiter l’une des conséquences la plus importante de la migration internationale, à sa-
voir les rapatriements de fonds. Ces derniers peuvent être définis comme étant des transferts
interpersonnels entre les migrants et leurs familles et amis restés dans le pays d’origine. Il est
à signaler que les pays en développement bénéficient d’une part très importante de ces trans-
ferts. Selon les estimations de la Banque mondiale, 3% de la population mondiale sont des
migrants. Ils ont transféré environ 483 milliards de dollars en 2011. Ces transferts vont aug-
menter davantage dans les années à venir, selon les prévisions de la Banque Mondiale, le
montant des transferts de fonds sera de 534 milliards de dollars en 2015. Plus de 70% de ces
transferts sont destinés aux pays en développement. De ce fait, ils méritent une attention par-
ticulière. De plus, ils ont augmenté considérablement depuis les années 2000. Le taux de
croissance moyen annuel était de 11,5% sur la période 2000-2010, selon la même source. Par
conséquent, ils constituent une source de financement non négligeable pour les pays en déve-
loppement (Ratha, 2003 ; Lopez et Fajnzylber, 2008). Au-delà, ils sont considérés comme
étant résilients dans les périodes de crise (Sirkeci et al., 2012).
Si les transferts de fonds augmentent, c’est bien entendu avant tout parce que, malgré les res-
trictions sur les mouvements de population (visas imposés par les principaux pays d’accueil),
les flux migratoires continuent eux aussi à augmenter (Cassagnard et Makhlouf, 2013).
Les Etats-Unis sont à la fois le premier pays d’immigration et le premier émetteur de fonds :
ils ont 40 millions de migrants et plus de 50 milliards de dollars sont envoyés en 2010 vers le
reste du monde depuis les Etats-Unis, selon les données la Banque Mondiale. Il est à signaler
que l’Europe de l’Ouest attire essentiellement les migrants issus du reste de l’Europe et les
pays de la rive sud de la méditerranée. Les pays exportateurs de pétrole situés dans le Golfe
persique sont les destinations principales des migrants issus du Moyen Orient, de l’Afrique du
Nord, et de l’Asie du Sud et du Sud-Est. Plus spécifiquement, la France occupe la 8ème place
des pays les plus attractifs, derrière l’Espagne, avec environ 5 millions de migrants et 5 mil-
liards de dollars envoyés.
Introduction générale
2
L’inde et la Chine sont les pays qui bénéficient le plus de l’argent de leurs migrants1. Selon
les données de la Banque Mondiale2, environ 55 et 51 milliards de dollars sont reçus par des
familles indiennes et chinoises respectivement, en 2010. Les transferts de fonds peuvent re-
présenter un poids non négligeable dans certaines économies récipiendaires (le Tadjikistan
reçoit environ 30% de son PIB). Le contexte international actuel des transferts de fonds
montre qu’ils constituent une source importante de financement. Ils ont enregistré un taux de
croissance relativement élevé. Ceux à destination du Maroc n’échappent pas à cette logique.
En effet, le volume des transferts de fonds envoyés par les migrants marocains ne cessent
d’augmenter depuis les années 2000. Par exemple, sur la période 2000-2008, le taux de crois-
sance moyen annuel des transferts était de 13,75%3 . Leur part dans le PIB marocain était de
7% en 2011. Ces chiffres peuvent ne représenter que partiellement la réalité de ces flux puis-
qu’une part importante ne passe pas par les canaux officiels (Freund et Spatafora, 2008),
comme les banques, les bureaux de poste, les organismes spécialisés dans les transferts de
fonds, mais par des canaux informels, comme par exemple les colis ou les lettres.
Dans la région MENA4, le Maroc compte parmi les pays qui bénéficient le plus des transferts
des migrants après l’Egypte. En outre, le Maroc fait partie des 10 pays en développement qui
reçoivent le plus de transferts de fonds de la part de ses migrants dans le monde (figure 0.1).
1 Transferts de fonds plus rapatriement des salaires. 2 http://siteresources.worldbank.org/INTPROSPECTS/Resources/334934-1199807908806/World.pdf 3 Calculs de l’auteur à partir des statistiques d’Office des Changes du Maroc. 4 Middle East and North Africa.
Introduction générale
3
Figure 0.1 : Top 10 des pays qui reçoivent les transferts de fonds (2011)
Source : Banque Mondiale (WDI, 2013)
Il est important de signaler que les travaux universitaires sur les transferts de fonds des mi-
grants prennent une place de plus en plus importante dans la littérature économique. Toute-
fois, cette part reste encore marginale par rapport à la littérature consacrée aux autres flux
financiers à destination des pays en développement, notamment les Investissements Directs
Etrangers (IDE)5. Ce regain d’intérêt pour les transferts de fonds peut trouver son explication
dans l’importance de ces flux. En effet, ils dépassent les flux des IDE et de l’aide au dévelop-
pement pour la plupart des pays en développement (Makhlouf et Mughal, 2013a). Mais aussi,
dans leur impact éventuel sur l’amélioration du niveau de vie, la réduction de la pauvreté et
les inégalités et in fine sur l’accélération de la croissance économique des pays bénéficiaires.
Nous pouvons dire que les travaux pionniers, de Lucas et Strak (1985) au niveau micro-
économique et de Swamy (1981) au niveau macro-économique, ont déclenché un débat pas-
sionnant sur le phénomène des transferts de fonds. Cependant, il reste beaucoup de pistes à
explorer dans cette problématique, notamment sur les propriétés cycliques et les éventuels
impacts qu’engendrent ces transferts dans les pays en développement. Le Maroc est très cons-
cient de l’ampleur et des conséquences de ces flux financiers. Ces derniers prennent une place
de plus en plus importante dans les politiques économiques mises en palace par ce pays. C'est
5 Par exemple sur le site d’ideas « http://ideas.repec.org/ », nous trouvons environ 5 000 références concernant
l’expression ‘transferts de fonds’ et plus de 20 000 concernant l’expression ‘investissements directs étrangers’.
Introduction générale
4
pourquoi nous souhaitons contribuer à ce débat par cette thèse consacrée entièrement à ce
phénomène dans le cas du Maroc. Ce dernier constitue, en effet, un bon exemple d’analyse et
d’étude pour plusieurs raisons :
• ce pays est historiquement un pays d’émigration ;
• des données fines sur les transferts de fonds y sont disponibles depuis bien long-
temps ;
• les transferts de fonds sont opérés globalement par des canaux officiels (De Haas et
Plug, 2006) ;
• Les transferts de fonds constituent la deuxième source de devises après celles géné-
rées par les exportations de phosphate6 (Office des Changes du Maroc) en 2009.
Trois sortes de questionnement sont posées dans cette thèse :
Quelles sont les propriétés des transferts de fonds (cyclicité, stabilité, stationnarité) ? Quels
sont leurs déterminants ? Quelles sont leurs conséquences sur l’économie marocaine, et en
particulier sur la problématique du change ?
Le choix d’étudier le Maroc correspond à un triple objectif : expliquer d’une manière rigou-
reuse la problématique des transferts de fonds ; contribuer à la littérature empirique sur la na-
ture et l’impact de ces transferts sur le développement ; combler le vide concernant les études
sur les transferts de fonds dans l’un des pays MENA qui reçoit le plus de transferts.
En général, ces transferts vers le Maroc sont assurés, pour une grande partie, par des migrants
non qualifiés (Bouoiyour et al., 2003). Le total des transferts à destination du Maroc le place
parmi les pays qui en bénéficient le plus. Les raisons de cette performance sont nombreuses, à
savoir, le nombre important de marocains résidant à l’étranger (environ 10% de sa popula-
tion), la proximité géographique entre le Maroc et les principaux pays d’accueil, les politiques
incitatives mises en place par les autorités marocaines à travers le Ministère de la Communau-
té Marocaine à l’Etranger (MCME). Selon les données de ce ministère, la majorité des mi-
grants marocains se trouve en Europe, notamment en France (plus de 80% en Europe et 30%
en France). Ceci peut être expliqué par plusieurs facteurs dont la proximité géographique, la
langue, le passé colonial, etc. Selon les données de l’Office des Changes du Maroc, plus de
40% des transferts en 2010 sont, d’ailleurs, assurés par les marocains résidant en France.
6 Le Maroc est considéré parmi les principaux exportateurs du phosphate.
Introduction générale
5
En ce qui concerne l’économie marocaine, son évolution a connu des changements remar-
quables. En effet, depuis son indépendance en 1956, le Maroc a connu des mutations notables.
Il est passé d’un pays à faible revenu à un pays à revenu intermédiaire faible. La figure 0.2 ci-
après retrace l’évolution du Revenu National Brut par habitant (RNB par habitant) calculé
selon la méthode Atlas7, d’après les données de la Banque Mondiale. Ce graphique montre
qu’à partir de 1990, le Maroc a changé de catégorie, en passant des pays à faibles revenus aux
pays à revenus intermédiaires faibles.
Figure 0.2 : Evolution du RNB par habitant (1960-2009)
Source : Banque Mondiale (WDI-2011)
L’économie marocaine est basée essentiellement sur les services. En effet, la répartition de la
valeur ajoutée entre les différents secteurs de l’économie marocaine révèle que le secteur des
services occupe la première place avec un ratio qui varie dans une fourchette de 40 à 50% du
PIB, que le secteur industriel varie aux alentours de 30%, et que celui de l’agriculture varie
autour de 20% pour la période 1980-2009 (selon les données de la Banque Mondiale, 2012).
7 Selon la Banque Mondiale, le facteur Atlas est utilisé pour effectuer des comparaisons internationales. Il est
défini comme étant un facteur de conversion qui permet de corriger les fluctuations de taux de change. Pour plus
de détails voir (http://donnees.banquemondiale.org/a-propos/classification-pays/atlas).
Introduction générale
6
En matière de réformes économiques, le Maroc a poursuivi des plans macro-économiques
dans le but de diversifier sa croissance économique (OMC, 2010). In hoc sensu, l’économie
marocaine a enregistré relativement de bonnes performances notamment depuis la fin des
années 2000. Le tableau 0.1 qui donne quelques indicateurs socio-économiques de l’économie
marocaine montre en partie cette évolution. Le taux de croissance moyen, sur la période de
2000 à 2011, est de 6%. Néanmoins, ce pays, comme d’ailleurs les autres pays du Maghreb,
est sensible aux aléas climatiques (Drine, 2011).
Tableau 0.1 : Indicateurs socio-économiques (Maroc)
Pauvreté seuil national (en % de la popula-tion)
Espérance de vie
Taux de chô-mage
PIB en $ cou-rant (en milliards)
Population totale (en millions)
Taux d'ouver-ture8
9% (2007) 72 (2010) 10% (2009) 100,2 (2011) 32,27 (2011) 82,59% (2011)
15,3% (2001) 68 (2000) 13% (2000) 37 (2000) 28,79 (200) 61,33 (2000)
Source : Banque Mondiale (WDI) (2012)
La migration marocaine participe à l’amélioration des conditions de vie au Maroc, elle peut
également participer à son développement. Le Maroc comme d’autres pays en développement
aura besoin de ses émigrés à travers leurs implications notamment en matière de transferts de
biens, de capitaux et de technologies pour améliorer l’efficacité de son économie. Concernant
les études sur les transferts de fonds, elles peuvent s’effectuer sur plusieurs domaines et ap-
proches. En effet, les transferts de fonds peuvent être étudiés suivant deux aspects : micro et
macro-économiques. La branche micro-économique des transferts de fonds s’intéresse princi-
palement aux liens entre les migrants et leurs familles, ainsi qu’aux déterminants des envois
de fonds et leurs impacts. Dans cette approche, les transferts de fonds impactent les décisions
des ménages en termes d’offre de travail (Makhlouf et Mughal, 2013b), d’investissement
(Yang, 2008), de migration, d’éducation, de consommation et de choix professionnel (Medina
et Cardona, 2010), etc. La majorité des études dans ce cadre se font à travers des question-
naires et des enquêtes établis dans les pays d’accueil et/ou d’origine. L’approche macro-
économique analyse les relations entre transferts de fonds agrégés et les principaux agrégats
économiques tels que la croissance, la consommation, l’investissement, le développement
financier, le taux de change, etc. Dans cette approche, la macro-économétrie semble l’outil le
plus pertinent pour appréhender l’impact des transferts de fonds.
8 (Explorations+Importations)/PIB
Introduction générale
7
Dans cet ordre d’idées, les transferts peuvent être traités sous deux perspectives temporelles :
une de court terme et une autre de long terme. La première concerne par exemple, la volatilité,
les propriétés cycliques, etc. La deuxième s’intéresse principalement à l’impact des transferts
de fonds sur la croissance et le développement. Il y a lieu de signaler que leurs impacts dé-
pendent aussi des caractéristiques spécifiques des pays récipiendaires tels que le régime de
change, les degrés de mobilité des capitaux, le développement financier, la qualité des institu-
tions, etc.
Les transferts de fonds sont censés avoir des effets bénéfiques sur les pays d’origine. Des tra-
vaux ont, en effet, montré que les transferts de fonds ont un impact positif sur l’éducation, la
santé et l’accumulation de capital humain et physique (Cox Edwards et Ureta, 2003 ; Woo-
druff et Zenteno, 2007), mais aussi sur la réduction de la pauvreté (Adams et Page, 2005).
Cependant, ils peuvent aussi avoir des effets négatifs (réduire la compétitivité, creuser les
inégalités, décourager le travail). De plus, ils peuvent favoriser la corruption (Berdiev, et al.,
2013).
Il est à signaler que le comportement du migrant varier selon le contexte spatial et temporel.
De même, les aléas relatifs au climat affectent le comportement des transferts de fonds (Mug-
hal et Makhlouf, 2011). Ces derniers augmentent, par exemple, dans des périodes de catas-
trophes naturelles car ils sont motivés par des sentiments altruistes. Ils sont considérés comme
contra-cycliques et stables (Ratha, 2007). Par conséquent, cette stabilité peut permettre aux
pays d’émigration d’accéder facilement à une source externe de financement fiable et sûre.
Cependant, le débat sur les propriétés cycliques des transferts de fonds est loin d’être clos.
Les résultats peuvent dépendre de la durée de la migration, de la nature du filtre mobilisé et
du type de données (mensuelles, trimestrielles, annuelles).
Les déterminants des transferts de fonds peuvent être macro et microéconomiques. Ils sont
sensibles aux conditions économiques des pays d’accueil et d’origine (Barajas et al., 2010a).
Toutes ces caractéristiques rendent le phénomène des transferts de fonds complexe. Par con-
séquent, les études relatives à ce phénomène méritent de la prudence. Le contexte de l’étude
doit être pris en compte, car il peut influencer les résultats et bien évidemment les conclusions
sur les transferts de fonds. Une mauvaise spécification du phénomène peut conduire à des
résultats biaisés, puis à des décisions erronées en termes de politiques d’émigration. Par
exemple, la sensibilité des migrants aux variations du taux de change doit être étudiée de ma-
nière précautionneuse afin de cerner la sensibilité du migrant par rapport à cette variable. En
Introduction générale
8
effet, le taux de change peut être un levier important pour drainer les transferts de fonds no-
tamment en période de crise.
Le gouvernement marocain a mis en place des politiques qui consistent à mobiliser et à drai-
ner l’épargne de ses émigrés vers l’économie locale pour promouvoir le développement du
pays (Bouoiyour, 2006). Elles visent aussi à simplifier les procédures de transfert de cette
manne. Les objectifs des politiques d’émigrations sont essentiellement mis en œuvre par le
Ministère de la Communauté Marocaine à l’Etranger, la Fondation Hassan II et le Conseil de
la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME). Ces initiatives sont très intéressantes parce
qu’elles permettent d’aider les migrants marocains à rester connectés avec leur pays d’origine
tout en participant à son développement. Le Maroc n’est pas le seul pays qui a mis en place
des politiques d’émigration bien élaborées. On trouve environ 57 pays en développement à
travers le monde qui ont crée des institutions dédiées à leurs émigrés (Handbook of Diaspora,
2012). A titre de comparaison, dans le cas du Mexique, le gouvernement a mis en place le
projet trois pour un (Tres por Uno), dans le cas du Pakistan, le gouvernement a mis en place
le PRI (Pakistan Remittances Initiative) dans le but de faciliter les procédures d’envois
d’argent. En effet, la qualité des institutions ont un impact sur les transferts de fonds (Singh et
al., 2009). Par ailleurs, les transferts de fonds peuvent influencer, également, la qualité des
institutions (Abdih et al., 2012). Cet effet peut être positif ou négatif. Berdiev et al. (2013)
trouvent, par exemple, que les transferts fonds augmentent la corruption en estimant un panel
de 111 pays. Cependant, dans le cas mexicain, Tyburski (2012) trouve que les transferts de
fonds réduisent la corruption. De plus, ils peuvent influencer les dépenses publiques pendant
les périodes qui précèdent les élections (Combes et al., 2013).
Le gouvernement marocain a considéré que les transferts de fonds sont une source de finan-
cement pour l’économie marocaine. En 1968, le plan quinquennal (1986-1972) a fixé
l’objectif d’augmentation du nombre d’émigrés afin de diminuer les pressions sur le marché
du travail et d’augmenter les transferts de fonds (Bouoiyour, 2008).
En ce qui concerne les banques nationales, elles se sont installées dans les pays d’accueil afin
de drainer plus d’épargnes des migrants marocains. De plus, la politique de change mise en
œuvre par le gouvernement marocain permet aux migrants marocains de détenir des comptes
libellés en monnaie étrangère convertible. L’ensemble de ces actions montre l’intérêt du gou-
vernement marocain vis-à-vis de ses émigrés et les transferts de fonds.
L'organisation de cette recherche s’articule comme suit :
Introduction générale
9
• dans un premier chapitre, un diagnostic de l’évolution des transferts de fonds depuis les
années 1980 jusqu’à aujourd’hui (croissance, répartition par pays d’accueil, point
d’inflexion, etc.) sera fait ainsi que l’évaluation des politiques migratoires du Maroc
en tant que pays d’origine. Dans ce chapitre, nous allons également analyser la con-
vergence du comportement des transferts de fonds des nouveaux pays d’accueil vers
les anciens pays d’accueil ;
• dans un deuxième chapitre, il s’agira de cerner les comportements des transferts de
fonds. Pour cela, nous essayerons d’étudier les propriétés cycliques des transferts de
fonds, en utilisant à la fois des données annuelles et trimestrielles. Pour tester la ro-
bustesse des résultats, nous utiliserons plusieurs filtres et techniques économétriques ;
• dans le troisième chapitre, nous étudierons les principaux déterminants macro-
économiques des transferts de fonds. Nous nous focaliserons, alors, sur le rôle des
pays d’accueil, les revenus des migrants et ceux de leurs familles restées au Maroc ;
• nous étudierons, dans le quatrième chapitre, l’impact des envois de fonds des migrants
sur l’économie marocaine. Plus précisément, nous discuterons l’hypothèse selon la-
quelle les transferts de fonds provoquent le syndrome hollandais. Enfin, nous conclu-
rons ce travail en proposant des recommandations ainsi que des perspectives de re-
cherche.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
10
CHAPITRE 1 : TRANSFERTS DE FONDS : CARACTERISQUES, FAITS
STYLISES ET ENJEUX
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
11
1. Introduction
La migration internationale a des répercussions dans les pays d’accueil et d’origine. Leur ’im-
pact sur les pays d’origine se manifeste par plusieurs aspects : taux de fécondité (Beine et al.,
2008) ; transferts de connaissances9 (Meyer, 2001 ; Meyer et Brown, 1999 ; Saxenian, 2005 ;
Hunger, 2004 et Sheila, 2011), productivité et marché de travail (Katseli et al., 2006). Mais
l’aspect le plus visible demeure, sans conteste, celui des transferts de fonds. Ces derniers pro-
fitent de manière directe et instantanée aux familles qui les reçoivent. Ceci n’est pas le cas,
par exemple, de l’aide au développement qui passe par le « filet » des agences nationales et
qui, par conséquent, peut être détournée de son objectif.
Les transferts de fonds ont augmenté considérablement depuis les années 2000 et sont rési-
lients en période de crise économique (Ratha, 2007). La croissance annuelle moyenne des
transferts envoyés par les migrants dans le monde est de 10,32%10 pour la période 1990-2008.
Cette augmentation pourrait s’expliquer par la conjonction de plusieurs facteurs tels que :
l’amélioration des institutions économiques des pays d’accueil ; le degré de plus en plus accru
d’implication des migrants vis-à-vis de leurs pays d’origine ; le développement des moyens
de communication et la baisse des coûts liés aux envois de ces transferts11. Précisons
d’emblée que cette augmentation profite davantage aux pays en développement. En effet, en-
viron 66,61%12 des transferts dans le monde sont destinés aux pays à revenu moyen. De ce
fait, pour certains pays en développement, les transferts de fonds constituent une ressource
financière étrangère importante, indispensable aux équilibres macro-économiques. Leurs
montants dépassent celui des IDE et des aides au développement pour certains pays
(Makhlouf et Mughal, 2013a). Le Maroc n’échappe pas à cette tendance. Ce dernier compte
parmi les pays qui ont le plus bénéficié des transferts des migrants internationaux après
9 Peuvent être définies comme étant un processus de création de nouvelles idées et d’innovations qui permettent
d’augmenter la productivité. 10 Selon des données de la Banque Mondiale 11 Voir sur le site de la Banque Mondiale « Remittance Prices Worldwide »
http://remittanceprices.worldbank.org/ 12 WDI-World Bank
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
12
l’Egypte, dans la région MENA, en 201013. En outre, plus de 19% des transferts de fonds dans
le monde Arabe sont destinés au Maroc14. Ceci est dû, en partie, aux stratégies mises en place
par les autorités marocaines. Ces dernières ont, en effet, dès le départ considéré que la migra-
tion et son corollaire les transferts de fonds comme un moyen parmi d’autres permettant à ce
pays d’accéder aux sources de financement extérieur, à travers justement les transferts de
fonds. Mais aussi, un accès aux savoir et aux connaissances extérieurs, par le truchement de
retour des étudiants partis pour faire leurs études à l’étranger et parfaire leurs connaissances.
Dès l’indépendance, le Maroc a encouragé l’émigration pour des raisons politiques et écono-
miques (De Haas, 2005). Les principales destinations sont la France, les Pays-Bas,
l’Allemagne et depuis les années 1980, l’Espagne et l’Italie (De Haas et Plug, 2006). Au-delà
des frontières de l’Europe, nous trouvons également le Canada et les Etats-Unis, ainsi que
certains pays du Golfe persique.
Certains gouvernements des pays d’émigration ont compris le potentiel et le rôle de leurs mi-
grants dans le développement du pays. L’engagement de la migration au profit de leurs pays
d’origine n’est pas un phénomène nouveau (Handbook of Diaspora, 2012). Par conséquent,
afin d’inciter les migrants à participer au développement de leurs pays d’origine et en tirer le
plus de bénéfices, les gouvernements doivent proposer des programmes adéquats qui facilitent
aux migrants leurs engagements auprès de leurs pays d’origine. Cela passe par la connais-
sance parfaite des spécificités des migrants, telles que le niveau de qualification, les spécifici-
tés des principaux pays d’accueil et la nature de la migration (temporaire ou permanente). A
titre d’exemple, le Sénégal fut le premier à créer un ministère dédié à ses migrants, ce fut en
1993. Actuellement, le nombre de pays d’émigration qui ont créé des instituions dédiées à
leurs émigrés est de 56 (Handbook of Diaspora, 2012). Le but final de ces politiques étant le
renforcement de la confiance entre le pays d’origine et leur migrant.
Pour appréhender le phénomène des transferts de fonds dans le cas du Maroc, ce chapitre in-
troductif propose de répondre aux questions suivantes :
• quelles sont les spécificités des transferts de fonds à destination du Maroc ?
• Comment sont-ils effectués et comment ont-ils évolué ?
13 Par exemple en 2010, plus de 6 milliards de dollars courants pour le Maroc et plus de 7 milliards de dollars
pour l’Égypte, selon les données de la Banque Mondiale. Si l’on tient compte de la population ou du PIB, ce
pays dépasse largement l’Egypte. 14 Calcul effectué à partir des données de la Banque Mondiale.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
13
• Peuvent-ils jouer un rôle sur l’économie marocaine dans son ensemble ? Si oui, par
quels canaux ?
Afin de répondre à ces interrogations, ce chapitre propose en premier lieu, une analyse con-
cise des faits stylisés des migrants marocains et en second lieu, une étude bien détaillée sur
l’évolution, la tendance et le rôle des transferts de fonds dans la croissance et le développe-
ment de ce pays. L’organisation de ce chapitre se présente de la façon suivante : la section 2
expose l’importance des flux migratoires marocains, ainsi que les politiques mises en place
par le gouvernement marocain vis-à-vis de ses émigrés. Le but est, premièrement, d’étudier
l’évolution et la répartition géographique des migrants marocains, deuxièmement, de proposer
une analyse des politiques marocaines d’émigration. Dans la section 3, nous présenterons des
faits stylisés concernant les transferts de fonds, notamment le rôle social et économique qu’ils
peuvent jouer dans les économies des pays d’origine. L’intérêt de cette section est de mettre
en évidence l’évolution et l’importance des transferts de fonds. Enfin, ce chapitre conclura sur
certaines difficultés inhérentes à ce phénomène.
2. Migrants marocains et institutions
Aujourd’hui, la migration marocaine a changé de profil, elle est devenue plus diversifiée géo-
graphiquement, car il existe d’autres changements (féminisation, capital humain, etc.). En
effet, la France, principale destination durant les années 1970 a cédé la place à d’autres pays
d’accueil tels que les pays du Golfe et l’Amérique du Nord. Nous allons voir dans cette sec-
tion les caractéristiques de cette migration ainsi que les politiques mises en place par les auto-
rités marocaines pour venir en aide à ses émigrés.
2.1. Répartition et évolution des migrants marocains
La migration internationale est une composante de la mondialisation qui subit probablement
le plus de restrictions. Certains pays d’accueil ont imposé des restrictions à la migration
(Clemens, 2011), mais les flux migratoires n’ont pas diminué. En effet, d’autres canaux se
sont substitués à la migration de travail. Parmi ces derniers, nous trouvons, notamment, celui
de regroupement familial (De Haas et Plug, 2006). Cette dynamique migratoire a donné lieu à
l’apparition d’un stock important de migrants marocains. Il est considéré parmi les plus
grands en Europe de l’Ouest (Fondation Hassan II, 2005). Le tableau 1.1 donne la répartition
géographique des migrants marocains en 2004.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
14
Tableau 1.1 : Répartition géographique des migrants marocains en 2004
Amérique Afrique Les pays arabes du
Golfe
Europe Asie
5,79% 0,17% 9,15% 84,71% 0,17%
Source : Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger (2012)
Les raisons qui poussent les migrants marocains à choisir l’Europe comme destination préfé-
rée, notamment la France (environ un million des migrants marocains se trouvent en France
en 201215) sont : la proximité géographique ; la langue ; la politique et l’écart de revenu entre
les deux entités. Dans la région du Maghreb, le Maroc a le taux d’émigration le plus élevé en
2005 (figure 1.1). Si l’écart de revenu (écart salarial) demeure la principale raison de la migra-
tion, d’autres facteurs peuvent également expliquer ce phénomène comme : la situation éco-
nomique du Maroc, la volatilité de la croissance économique ainsi que sa dépendance des
aléas climatiques. En tout cas, la croissance économique n’arrive pas à absorber le chômage16.
15 D’après le Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger. 16 Le taux de chômage moyen est de 13% pour la période (1995-2009), calcul effectué à partir des données de la Banque Mondiale.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
15
Figure 1.1 : Stock d’émigration dans les pays du Maghreb (2010)
Source : Banque Mondiale : ‘Migration and Remittances Factbook 2011’
Les causes de la migration sont multiples et complexes et ne se résument pas aux seules con-
ditions économiques du pays d’origine. En effet, d’autres causes sont liées aux pays d’accueil.
Dès lors, les modèles (push / pull17) ne sont pas en mesure d’expliquer d’une manière globale
les causes de la migration marocaine (De Haas, 2010). D’autres facteurs peuvent donc in-
fluencer les mouvements migratoires marocains tels que la langue, le réseau dans les pays
d’accueil, etc. Par exemple, dans le cas du Maroc, Fokkema et De Haas (2011) évaluent les
facteurs qui sont à l’origine de la migration, les déterminants de pré-migration. Ils concluent
que l’éducation, le regroupement familial, le régime politique dans les pays d’origine, effet
réseaux et l’information concernant le pays d’accueil perçue par le potentiel migrant jouent un
rôle important dans la migration marocaine.
Il est à signaler par ailleurs que le profil du migrant marocain a connu des mutations remar-
quables dans le temps. Au début des années 1950, la migration marocaine était constituée
essentiellement d’hommes avec un niveau de qualification relativement faible. Ce type de
migration répondait à la demande résultante de la (re)construction de l’Europe, notamment au
cours des trente glorieuses. Suite au regroupement familial, nous assistions à une féminisation
17 Cette approche initialement développée dans un cadre néo-classique. Dans ce cadre les travailleurs migrent
parce que sont pauvres dans leur pays d’origine et espèrent être mieux dans les pays d’accueil.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
16
de la migration. Enfin depuis les années 1990, le nombre d’étudiants marocains, installés
d’une manière définitive dans les pays d’accueil n’a cessé d’augmenter (Cahier de Plan, 2010,
p. 51).
Depuis peu de temps, la migration marocaine connaît un nouveau visage lié à l’apparition de
nouvelles zones d’arrivée comme l’Espagne et l’Italie (Cahier de Plan, 2010). Ces deux der-
nières destinations attirent plutôt des marocains non qualifiés (De Haas et Plug, 2006).
L’immigration en Belgique et aux Pays-Bas a commencé dès les années 1950. Cependant, la
présence de marocains a débuté à la fin des années 1960 et au début des années 1970 (De
Haas et Plug, 2006). La figure 1.2 ci-dessous donne la répartition des migrants marocains sui-
vant les principaux pays d’accueil.
Figure 1.2 : Stock d’émigration marocaine selon les principales destinations (2010)
Source: Ratha and Shaw (2007) updated with additional data for 71 destination countries as described in the
Migration and Remittances Factbook 2011.
Comme nous l’avons signalé précédemment, la France reste le pays d’accueil des marocains
par excellence, suivie de l’Espagne et de l’Italie. Concernant la Belgique, le Canada et les
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
17
Pays-Bas, ils se partagent quasiment le même nombre de marocains résidant à l’étranger18.
Enfin, nous retrouvons les pays arabes, notamment les pays exportateurs de pétrole (De Haas,
2005).
Le gouvernement marocain participe très activement via une politique d’émigration au renfor-
cement des liens entre les migrants marocains et le Maroc. Dans la sous-section ci-dessous,
nous allons analyser les principaux modes d’interventions du gouvernement marocain, ainsi
que l’objectif de ses interventions.
2.2. Politiques d’émigration
Les transferts de fonds constituent le principal lien entre la migration et le développement
(Ratha, 2007). Ils constituent un enjeu majeur de la migration sur le plan micro et macro-
économique. Sur le plan micro-économique, ils permettent aux familles de subvenir à leurs
besoins vitaux. Au niveau macro-économique, ils contribuent à l’amélioration de certains in-
dicateurs économiques. Par conséquent, ils occupent une place de choix dans les politiques
économiques de la plupart des pays en développement (Agunias, 2006). A ce propos, depuis
les années 1960, le gouvernement marocain encourage les politiques d’émigration de manière
très active (MPI19, 2005). Effectivement, les politiques migratoires marocaines ont été con-
çues dans le but de renforcer les liens entre les marocains résidant à l’étranger et le Maroc
(Bouoiyour, 2005). C’est ainsi que le but de ces politiques était dans un premier temps,
d’encourager l’émigration, puis de favoriser les transferts de fonds (De Haas et Plug, 2006).
Plus tard, le Maroc a renforcé et consolidé ses relations avec leurs migrants par le biais de ses
consulats et ambassades dans les pays d’accueil. In hoc sensu, le Ministère chargé de la
Communauté Marocaine à l'Etranger (MCME) fut créé en 1990. Au cours de la même année
fut créée la Fondation Hassan II20.
Les migrants marocains peuvent contribuer à améliorer le niveau de vie national en partici-
pant à l’allègement des pressions sur l’emploi, dans un pays où le chômage est endémique21.
18 Plus de détails sur les statistiques des migrants marocains, voir l’ouvrage de Fondation Hassan II et Organisa-
tion International de Migration ‘OIM’ (2003). 19 Migration Policy Institute. 20 Le but de cette organisation est d’aider les migrants marocains à renforcer leurs liens avec le Maroc. 21 Le taux de chômage officiel au Maroc est de 10% en 2009 après avoir été 22.85% en 1995 selon les données
de la Banque Mondiale (2012).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
18
Ils participent aussi via la migration estudiantine à l’acquisition des connaissances et du sa-
voir-faire. Ils financent, aussi, l’économie locale par le biais des transferts de fonds. Toute-
fois, l’impact des transferts de fonds est ambigu22. Le Maroc a, justement, essayé d’organiser
les flux migratoires pour en tirer le maximum de profit (Bouoiyour, 2005). Ainsi, les autorités
marocaines ont aussi créé, comme nous l’avons déjà précisé, des organismes dans le but
d’accompagner leurs migrants dans leurs différentes démarches assurant ainsi un lien fort
avec le pays d’origine. En 2002, le nouveau roi du Maroc, Mohammed VI a annoncé de nou-
velles mesures pour faciliter les investissements des migrants marocains (De Haas et Plug,
2006). Ce maillage administratif a été renforcé par la mise en place du Conseil de la Commu-
nauté Marocaine résidant à l'Etranger (CCME), dont le rôle est de mettre en place une straté-
gie d’intégration de la communauté marocaine et de renforcer ses liens avec le Maroc. Dans
cet ordre d'idées, les banques marocaines ont compris l’importance de l’épargne des migrants.
En effet, dès 1971, elles se sont installées directement dans les pays d’accueil, voire pour cer-
taines au sein même des ambassades et consulats marocains (Bouoiyour, 2005). Parmi les
« packages » qui ont été proposés par le gouvernement dans le but de booster les transferts de
fonds, on peut citer à titre d’exemple le Fonds « MDM Invest » permettant aux migrants ma-
rocains d’investir au Maroc. Ce fonds s’est développé après la crise financière23 de 2008 dans
le but de soutenir les flux des transferts de fonds. D’autres projets similaires ont été mis en
place comme Mig-ressources, projet signé entre l’Italie et le Maroc.
� Fonds « MDM Invest »
Dans le but d’encourager les migrants marocains à investir davantage, le gouvernement a mis
en place un fonds « MDM Invest ». Il s’agit d’une subvention de 10% du coût total du projet
accordée aux migrants marocains sous trois conditions :
• le montant d’investissement est compris entre 1 et 5 millions de Dirham Marocain ;
• l’apport personnel en devises est supérieur ou égal à 25% du coût du projet ;
• le financement bancaire ne dépasse pas 65% du projet24.
A coté de cette stratégie unilatérale, nous trouvons d’autres stratégies bilatérales à l’instar de
celle signée avec l’Italie (Mig-ressources).
22 Voir chapitre 2. 23 Plus de détails sur la récente crise financière voir Stiglitz (2011). 24 Plus de détails voir le site du Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger (MCCME).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
19
� Mig-ressources25
Ce projet vise à faciliter la procédure d’investissement au Maroc pour les marocains installés
en Italie. De plus, le gouvernement marocain offre des services d’assistance pour
l’accompagnement des migrants marocains dans leurs investissements, comme la mise en
contact avec les acteurs locaux afin de promouvoir le développement local. Le gouvernement
a, en outre, annoncé le programme « Stratégie et Plan d’Action » pour la période 2008-2012.
Ses objectifs sont : « Accompagner l'enracinement des nouvelles générations dans les pays
d'accueil sans déracinement par rapport au pays d'origine. Défendre les droits et intérêts des
MRE aussi bien au Maroc que dans les pays d'accueil. Faire participer les compétences ma-
rocaines à l'étranger aux chantiers de développement au Maroc. Encourager l'investissement
productif des marocains du monde. » (MCCMRE)26. Ce plan comporte ainsi une stratégie de
mobilisation des migrants marocains pour le développement du Maroc visant à les encourager
pour participer à des projets économiques et sociaux.
Enfin, les institutions qui se chargent d’appliquer des programmes en direction de la migra-
tion marocaine sont, en plus du Ministère Chargé de la Communauté Marocaine Résidant à
l’Étranger et de la Fondation Hassan II pour les marocains résidant à l’étranger, l’Observatoire
de la Communauté Marocaine Résidant à l’Etranger, le ministère des Affaires Étrangères et
de la Coopération, la Direction des Affaires Consulaires et Sociales et le Conseil Consultatif
des Marocains à l’Etranger. Ces institutions ont enregistré un certain succès, notamment en
matière d’informations et d’assistance fournies aux migrants marocains (De Haas et Plug,
2006).
Nous venons de voir l’importance de la migration marocaine et les politiques marocaines vis-
à-vis de celle-ci. Dans la section ci-dessous, nous allons étudier les faits stylisés concernant
les transferts de fonds engendrés par les migrants marocains.
3. Transferts de fonds : caractéristiques et faits stylisés
Le but de cette section est de rappeler un certain nombre de caractéristiques et de faits stylisés
relatifs aux transferts de fonds : leur évolution ; le mode d’envois ; leur répartition ; leur vola-
25 Migration and Return, Resources for Development. 26 Disponible sur le site du ministère http://www.marocainsdumonde.gov.ma/minist%C3%A8re-de-la-
cmre/strat%C3%A9gie-et-plan-d%27action
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
20
tilité. Pour bien appréhender les statistiques sur les transferts de fonds, nous commençons par
une mise en garde préalable portant sur les difficultés de leur comptabilisation.
3.1. Comptabilisation et mesures des transferts de fonds
L’Organisation Internationale de Migration (OMI) définit les transferts de fonds comme étant
l’ensemble des transferts monétaires personnels effectués par les travailleurs migrants vers
leurs proches dans les pays d’origine. En raison de leur importance, beaucoup de gouverne-
ments ont considéré les transferts de fonds comme une composante capitale et pertinente du
développement (FMI, 2009). Cependant, il y a lieu de signaler la difficulté de trouver des
données fiables sur les transferts de fonds. Ceci est dû principalement aux méthodes de leur
comptabilisation (Reinke, 2007). De plus, beaucoup de ces fonds s’effectuent par des canaux
informels non comptabilisés dans la balance des paiements. Ceux passant par les canaux offi-
ciels sont comptabilisés sous trois rubriques dans la balance courante :
• rémunération des salariés ;
• envois des fonds des travailleurs ;
• autre secteur transferts des migrants.
Nous constatons une confusion entre ces rubriques par certains pays en développement
(OCDE, 2006). Par exemple, la Banque Centrale des Philippines27 comptabilise la totalité des
transferts de fonds des migrants dans la rubrique rémunération des salariés. D’autres Banques
centrales, telles que la Banque Centrale de la République Tchèque28 et celle de la Bulgarie29
comptabilisent les transferts de fonds des travailleurs avec les transferts privés dans la ru-
brique autres transferts courants (OCDE, 2006). Les transferts de fonds non comptabilisés
sont estimés au moins à 50% des déclarés (Grabel, 2008, p. 3). Toutefois, il est compliqué
d’évaluer de manière exacte leur montant car les sources de données sont nombreuses (De
Luna-Martinez, 2005). En effet, De Luna-Martinez (2005) mène une enquête sur un échantil-
lon de pays en développement sur les sources des données des transferts de fonds. Il trouve
que 90% des pays de l’échantillon collectent des données auprès des banques commerciales,
65% collectent les données auprès des bureaux de change, 38% utilisent les compagnies des
transferts de fonds et 35% utilisent les bureaux de poste comme source des transferts de
27 Bangko Sentral ng Pilipinas 28 Česká národní banka 29 Bălgarska narodna banka
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
21
fonds. En 2005, la Banque Mondiale a organisé une réunion dans le but d’améliorer
l’information sur les chiffres des transferts de fonds.
Pour résumer, les transferts de fonds font l’objet d’une triple écriture :
• ils sont comptabilisés dans le compte rémunération des salariés « résidents à
l’étranger » pendant une durée de moins d’un an ;
• des résidents à l’étranger d’une durée de plus d’un an ;
• les transferts de capital des migrants qui représentent le transfert des richesses des mi-
grants d’un pays à l’autre30.
Selon le rapport de l’OCDE31, certains pays ne respectent pas cette règle comme les Philip-
pines, la République Tchèque, la Bulgarie. Pour connaitre l’ampleur de ces envois de fonds,
certains auteurs font la somme des trois rubriques (Ratha, 2003). D’autres démarches pour
calculer les transferts de fonds consistent à faire la somme de tous les envois de fonds des
résidents quelle que soit la durée du séjour à l’étranger, mais sans intégrer les transferts de
richesse (Taylor, 1999). Daianu (2001) suggère de faire la somme des postes suivants : rému-
nération des salariés (résidents inférieur à un an) ; envois de fonds (des résidents à l’étranger
de plus d’une année) et autres transferts courants.
Malgré l’importance des transferts de fonds, ainsi que le rôle joué par ces derniers dans les
économies des pays d’origine, les données relatives aux transferts de fonds sont moins perti-
nentes par rapport à d’autres items dans la balance des paiements (FMI, 2009). La figure 1.3
ci-après, nous retrace l’évolution des transferts de fonds reçus et payés dans le monde. Nous
constatons qu’il existe une différence notable entre les transferts de fonds reçus et ceux en-
voyés, notamment depuis le milieu des années 1990. Ce problème de données peut poser des
difficultés en fragilisant les estimations et les études sur l’impact réel des transferts de fonds
sur les économies des pays d’origine. En ce qui concerne le Maroc l’Office des Changes, pla-
cé sous tutelle du ministère chargé des finances de collecter les données concernant les trans-
ferts de fonds en respectant les normes internationales notamment celles du FMI.
30 Perspectives des migrations internationales :SOPEMI-Edition 2006-ISBN92-64-03629-6-OCDE page 150. 31 Perspectives des migrations internationales :SOPEMI-Edition 2006-ISBN92-64-03629-6-OCDE.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
22
Figure 1.3 : Les transferts de fonds reçus et envoyé dans le monde (1970-2010)
Source : Banque Mondiale 2011 (WDI)
3.2. Tendance des transferts de fonds
Depuis l’année 2000, les transferts de fonds ont connu une évolution ascendante (Figure 1.4),
aussi bien au Maroc que dans le reste de monde. Le taux de croissance annuel moyen entre
1975 et 2000 est de 5% pour le Maroc et de 10% pour le reste du monde. Sur la période 2000-
2009, ce taux atteint 11% et 12% pour le Maroc et le reste du monde, respectivement. Plu-
sieurs explications peuvent être avancées concernant cette augmentation :
• le renforcement des contrôles aux frontières suite aux événements du 11 septembre
(Fondation Hassan II, 2005) ;
• l’amélioration des institutions financières dans les pays d’accueil ;
• la baisse des frais liés aux envois de fonds. Par exemple, dans le cas d’El Salvador, Ay-
cinena et al. (2009) montrent qu’une réduction d’un dollar des frais d’envois permet
d’augmenter de vingt-cinq dollars les transferts de fonds par mois ;
• l’amélioration des instruments de mesure des transferts de fonds (Ratha, 2007) ;
• l’amélioration des statistiques liées à la comptabilisation des transferts de fonds.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
23
Figure 1.4 : Evolution des transferts de fonds en dollars courants (1975-2009)
Source : Banque Mondiale (WDI-2011)
La figure 1.4 nous montre une augmentation notable des transferts de fonds depuis 2000. Cela
peut s’expliquer par le renforcement du contrôle sur les transferts informels, par l’incitation à
utiliser des canaux formels, par la réduction des coûts d’envois. A cet égard, le choix des ca-
naux d’envoi (formel, informel) dépend de plusieurs facteurs tels que la proximité géogra-
phique, la langue, le coût de transaction, la vitesse d’envoi, la sécurité liée à l’envoi (Freund
et Spatafora, 2008).
Si globalement les transferts de fonds ont montré une tendance à la hausse, la crise finan-
cière32 de 2008 a causé une baisse notable de ces derniers. Selon les données de la Banque
mondiale, si la baisse a été limitée dans le cas marocain (9% seulement), elle a été plus impor-
tante dans d’autres pays (38% au Kenya), (Cali et al., 2008). L’une des raisons pour laquelle
la baisse des transferts de fonds vers le Maroc a été modérée est liée à la baisse des coûts
d’envoi. Selon la Banque Mondiale (2010) En moyenne les coûts liés aux envois avant la
crise étaient de 8,4% et seulement de 5,6% pendant la crise. De plus, la diversification de la
migration marocaine peut aussi contribuer à la stabilité des transferts de fonds.
32 L’impact de la crise financière sur les transferts de fonds est bien documenté par (Sirkeci, et al.2012).
Crise financière
2008
11 septembre 2001
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
24
La figure 1.4 montre que dès 2009, les transferts de fonds sont repartis à la hausse. Si l’on
tient compte des transferts de fonds par migrant33, on constate que cette moyenne continue à
augmenter (figure 1.5).
Figure 1.5 : Transferts de fonds par migrant dans le monde
Source : Banque Mondiale et Nations-Unis. e : estimation (2012)
Si, comme le montre la figure 1.4, la tendance des transferts de fonds vers le Maroc suit celle
du reste de monde ; En revanche, la part34 des transferts de fonds des migrants marocains par
rapport au total des transferts du monde entier a baissé (passant environ de 5% en 1975 à 2%
en 2000), cette part restant stable depuis 1997 (figure 1.6).
Contrairement aux années 1970, où les migrants ont peu de choix en matière de procédés
pour envoyer de l’argent à leur famille. Dans cette époque là, les organismes de transfert sont
peu nombreux et s’ils existent les frais sont très élevés (De Luna Martinez, 2005). Actuelle-
ment, les migrants disposent d’une panoplie de moyens qui leurs permettent d’envoyer de
l’argent. De plus, avec la généralisation de l’utilisation de l’outil internet dans les pays
d’origine, notamment au Maroc (le nombre d’utilisateurs est passé d’environ 1000 en 1995 à
33 Les transferts totaux divisés par le nombre de migrant. 34 La part est calculée en divisant les transferts de fonds du Maroc sur ceux du monde entier.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
25
plus de 15 millions en 2010 selon les données de la Banque Mondiale) les migrants peuvent
avoir plus de facilités pour se connecter avec leurs pays d’origine. Cet outil a permis un accès
plus facile à l’information par les migrants, ceci implique une réduction de l’asymétrie de
l’information entre le migrant et sa famille. Cette réduction de l’asymétrie de l’information
peut pousser les migrants à ajuster leurs transferts de fonds.
Figure 1.6 : La part des transferts de fonds des marocains résidant à l’étranger dans les
transferts globaux (1975-2009)
Source : Banque Mondiale (WDI, 2011) et caculs de l’auteur
Les principaux pays d’accueil35 des migrants en 2010 sont les Etats-Unis, avec plus de 40
millions de migrants, suivi de la Russie et de l’Allemagne, avec plus de 10 et 5 millions de
migrants respectivement. Certains pays en développement sont devenus une nouvelle destina-
tion comme l’Inde.
Dans notre cas, la part mondiale des transferts de fonds à destination du Maroc représente
plus de 1 % en 2009 (figure 1.6). En fait, les envois de fonds sont destinés principalement aux
pays classés dans la catégorie à revenu intermédiaire. Les pays les plus pauvres notamment
les pays subsahariens ne bénéficient pas ou peu des envois des fonds. En 2010, seulement
5,52% des envois de fonds sont destinés aux pays à faible revenu.
35 Selon les données de la Banque Mondiale (2012).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
26
Nous venons de voir l’évolution des transferts de fonds globale pour le Maroc et le reste du
Monde. Ce chapitre s’intéresse aux caractéristiques des transferts de fonds. Or, l’utilisation
des données annuelles peut estomper certaines particularités des transferts de fonds. Pour
mieux analyser et étudier le comportement des transferts de fonds, nous utiliserons des don-
nées mensuelles. L’idée principale est de savoir si les transferts de fonds présentent un effet
saisonnier. En effet, la figure 1.7 montre un effet saisonnier (composante saisonnière). Globa-
lement les pics précèdent la rentrée scolaire. Dans le chapitre 2, nous allons, étudier en détail
le comportement (propriétés cycliques) des transferts de fonds.
Figure 1.7 : Evolution mensuelle des transferts de fonds (janvier 1998- Décembre 2010)
Source : Office des changes marocain (2011)
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
27
Pour appréhender la saisonnalité des mois de juillet et d’août, nous allons constituer des va-
riables indicatrices (variable dummy) pour chaque mois. En intégrant la constante dans le
modèle ci-après, nous sommes obligés d’omettre le mois de janvier pour éviter la colinéarité
parfaite. Le modèle peut s’écrire comme suit :
(1) et , Remit : les transferts de fonds.
Les paramètres estimés du modèle (1) sont donnés dans le tableau1.2 infra
Tableau 1.2 : Résultats MCO
Constante Février Mars Avril Mai Juin
3006,03*** (-9,657)
-369,1 (-0,83)
-139,4 (-0,31)
-65,03 (-0,14)
-55,66 (-0,12)
149,6 (0,3)
Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
1428,55*** (3,245)
1249,40*** (2,838)
44,35 (0,101)
135,24 (0,30)
-65,88 (-0,15)
292,08 (0,664)
R2 ajusté : 0.13, () test de T, *** significativité à 1%
Les résultats montrent clairement que les transferts de fonds augmentent significatement dans
le mois de juillet et août.
Nous venons de voir la tendance des transferts de fonds, dans la section suivante nous
étudierons les canaux utilisés pour ces transferts d’une manière générale et dans le cas
marocain en partculier.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
28
3.3. Les canaux des transferts de fonds
Les canaux d’envois d’argent sont informels et formels. Les canaux informels sont :
� envoyer de l’argent par le biais des amis qui se rendent au pays ;
� utiliser le système de « Hawala36 » ;
� envoyer de l’argent dans des enveloppes en utilisant les bureaux de postes.
Plusieurs canaux formels peuvent être utilisés pour transférer l’argent des migrants : les
banques, les organismes de transferts, les postes, etc. Etonnement, nous constatons que très
peu d’études explorent de manière détaillée ces canaux de transferts (Agunias, 2006). Dans le
cas du Maroc, les transferts de fonds se font par des virements bancaires (61%), par des billets
de banques (27%), des mandats postaux (12%) (figure 1.8). Cependant, le migrant peut choi-
sir d’autres canaux informels pour transférer l’argent. La part des fonds transférés par des
canaux informels varie entre 10 et 50% (OCDE, 2006). Les études empiriques ont montré que
le choix de moyen d’envoi ne dépend pas que des frais, mais aussi de la vitesse et la disponi-
bilité des services (Orozco, 2004).
Figure 1.8 : Caractéristiques des transferts de fonds 2002-2007
Source : Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger
36 Hawala est considéré comme un système international de transferts de fonds (Pohoata et Caunic, 2007).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
29
Les virements bancaires occupent une place importante dans le choix des canaux de transfert.
Ceci pourrait être le résultat de la présence de succursales marocaines dans certains pays
d’accueil. A cet égard, les banques marocaines les plus importantes sont installées en France.
Par ailleurs, environ 40% des virements bancaires sont effectués avec le groupe des banques
populaires (Fondation Hassan II, 2005). Une partie de ces virements reste sous forme de dé-
pôts. En 2008, cela représentait 29% des transferts dont ¼ des dépôts sont rémunérés et ¾ ne
l’étaient pas (Berriane et Aderghal, 2010). Précisons qu’en 2001, environ 18% des migrants
marocains avaient un compte de dépôt, et la quasi-totalité des dépôts étaient libellés en Dir-
hams, alors que les migrants marocains peuvent aussi détenir des comptes libellés en devises
ou en Dirhams convertibles (Fondation Hassan II, 2005). Les transferts de fonds déposés en
comptes de dépôts peuvent stimuler le développement financier. La relation entre les trans-
ferts de fonds et le développement est testée empiriquement par plusieurs travaux (Aggarwal
et al., 2006 ; Esteves et Khoudour-Castéras, 2009 ; Bouoiyour et Makhlouf, 2011). Les con-
clusions de ces études suggèrent deux types de relation entre les transferts de fonds et le déve-
loppement financier : complémentarité ou substituabilité.
3.4. Répartition géographique des transferts de fonds vers le Maroc
Les transferts de fonds vers le Maroc proviennent essentiellement des pays de l’Europe de
l’Ouest et d’Amérique du Nord ainsi que de certains pays du Golfe persique (figure 1.9).
Figure 1.9 : Répartition géographiques des transferts de fonds en 2010
Source : office des changes du Maroc (2012)
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
30
La majorité de ces transferts proviennent de France (environ 40% du total des transferts en
2010). Ceci s’explique par la présence d’un nombre important de migrants marocains. La part
de la France (70%) était, néanmoins, plus importante dans les années 1980 selon les données
de l’office des changes du Maroc. Cette baisse peut s’expliquer, en partie, par la diversifica-
tion des destinations des marocains avec l’apparition des nouveaux pays d’accueil comme
l’Italie et l’Espagne.
Si nous nous intéressons au montant moyen annuel transféré par migrant37, l’ordre de classe-
ment des pays change (la France n’occupe plus que la troisième position). En effet, la figure
1.10 montre que l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis occupent les deux premières places. Cela
pourrait s’expliquer par la nature et le type des migrants. En d’autres termes, les migrants
dans ces deux pays peuvent être qualifiés et temporaires. De plus, les migrants qualifiés sont
la plupart du temps mieux rémunérés et peuvent donc envoyer davantage de fonds.
A l’exception de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis, la somme des transferts de fonds par
migrant est quasiment similaire pour la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne.
Figure 1.10 : Transferts de fonds moyens par migrant (2008)
Source : Office des Changes du Maroc, Fondation Hassan II (2012) et calculs de l’auteur
37 La moyenne est calculée sur la base du montant total des transferts divisé par le nombre des migrants, sous
l’hypothèse que tous les migrants contribuent aux transferts de fonds.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
31
Il est évident, que les transferts de fonds dépendent des revenus perçus par le migrant, la du-
rée de son séjour, sa situation et le pays d’accueil, etc. Plusieurs autres facteurs peuvent in-
fluencer les montants des transferts de fonds comme le genre, le niveau d’éducation, l’âge,
etc. Effectivement, les femmes pourraient envoyer des sommes moindres, en termes absolus
par rapport aux hommes. Ceci est dû au fait que les femmes ont un salaire généralement plus
faible que les hommes. Concernant le niveau d’éducation, les études montrent que les mi-
grants hautement qualifiés transfèrent moins d’argent (Funkhouser, 1995). Comme en Tuni-
sie, Jelili et Jallal (2002) trouvent que le niveau d’éducation est corrélé négativement avec le
montant des transferts de fonds des migrants tunisiens.
Nous venons de voir que le montant des transferts par migrant est différent selon le pays de
résidence, nous allons voir ci-après comment la durée de séjour peut impacter les transferts de
fonds vers le Maroc.
3.5. Croissance des transferts de fonds et convergence
La dimension temporelle du comportement des transferts de fonds est marginalisée par la lit-
térature (Bettin et Luccetti, 2012). Dans ce chapitre, nous étudions le comportement des trans-
ferts de fonds dans les nouveaux et les anciens pays d’immigration. Orozco et al. (2005) sou-
lignent une relation négative entre la durée de migration et les transferts de fonds. Ainsi, une
année de plus de migration réduit de 2% les transferts de fonds. La figure 1.11 ci-après,
montre une relation négative entre le taux de croissance moyen des transferts de fonds et les
montants initiaux transférés dans le cas du Maroc. En effet, la droite de régression montre
qu’il y a une relation négative entre les transferts de fonds initiaux (1982) et le taux de crois-
sance moyen annuel sur la période (1982-2010) pour les principaux pays d’accueil des mi-
grants marocains. La figure 1.11 met en lumière le fait que de rester plus longtemps dans le
pays d’accueil peut affecter négativement les montants des transferts. Cette relation
s’explique également par le fait que les nouveaux migrants ont tendance à envoyer davantage
de fonds, probablement dans le but de rembourser les frais liés aux coûts de la migration.
Brown (1998) soulignait déjà que les transferts de fonds étaient affectés par la durée de la
migration mais aussi par la composition et la taille de la migration. Les variations de ces trois
composantes peuvent modifier la tendance des transferts de fonds. Parmi les facteurs qui peu-
vent également baisser le taux de croissance des transferts de fonds, nous trouvons la réces-
sion économique dans les pays d’accueil, le regroupement familial et l’érosion de l’altruisme
avec la durée de la migration. En effet, la durée de séjour pourrait affecter négativement
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
32
l’attachement des migrants à leur pays d’origine. Les restrictions des flux migratoires dans les
vieilles destinations peuvent aussi expliquer la baisse des transferts de fonds. Par exemple,
depuis le choc pétrolier de 1973 la migration vers la France a baissé (De Haas et Plug, 2006).
Le graphe 1.11 ci-après montre clairement que le taux de croissance des transferts de fonds en
France est plus faible par rapport aux autres pays d’accueil. Or, la France est considérée
comme étant l’une des destinations les plus anciennes des migrants marocains (Chattou,
1998).
Figure 1.11 : Pays d’accueil38 et transferts de fonds
Source : Office des changes marocain (2012) et calculs de l’auteur
La figure 1.11 montre aussi que le taux de croissance des transferts de fonds depuis la France
et des Pays-Bas est faible par rapport à celui de l’Espagne et de l’Italie, ces deux derniers
38 France (FRA), Pays-Bas (NLD ), Belgique (BEL ), Allemagne (DEU), Danemark (DNK ), Suède (SWE),
Arabies Saoudite (SAU), Suisse (CHE), Grande Bretagne (GBR), Emirats Arabes Unis (ARE), Italie(ITA ),
Etats-Unis (USA), Espagne (ESP).
Nouvelles destinations
Anciennes destinations
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
33
étant des nouvelles destinations pour les migrants marocains (Khachani et Mghari, 2006). Ces
premiers enseignements nous ont incité à réfléchir davantage sur le lien entre les transferts de
fonds et la nature des pays d’accueil (vieille destination versus nouvelle destination). Pour ce
faire, nous proposons un indice (I) qui nous permet de capter le lien entre les transferts de
fonds et l’écart de richesse entre les pays d’accueil et le pays d’origine (Maroc).
L’indice (I) est calculé comme suit :
.
Cet indice dépend du montant des transferts de fonds, du revenu dans le pays d’accueil et
d’origine ainsi que du nombre d’habitant dans les deux pays. Si nous supposons que l’écart de
richesse est stable, cet indice tend vers 0 quand les transferts augmentent. Si R représente les
transferts de fonds, la variation de la différence de richesse entre le pays d’accueil et
d’origine, nous obtenons les propriétés suivantes :
+∞==→=∇+∞→=∇
IetIRWRW 0,0,0
lim,0lim . Les résultats de l’évolution de cet indice pour les prin-
cipaux pays d’accueil sont retracés dans la figure 1.12.
Figure 1.12 : Ecart de richesse et transferts de fonds
Source : Office des changes du Maroc (2012), Banque Mondiale (2012) et calculs de l’auteur
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
34
Pour la France, la Belgique, et les Pays-Bas, l’indice est stabilisé autour de 10-5 depuis les
années 1980. Ceci peut s’expliquer par le fait que les transferts de fonds sont stables par rap-
port aux autres pays d’accueil et très supérieurs à W. Ces pays représentent les anciens pays
d’accueil pour le Maroc. Pour les Etats-Unis, l’Espagne et l’Italie qui sont de nouvelles desti-
nations, la valeur de I est d’abord plus importante car R est moins élevé mais les courbes con-
vergent vers celle de la France en raison de l’augmentation du R au fur et à mesure que les
migrants s’installent. Dans les anciens pays d’immigration, la stabilité relative de I peut
s’expliquer par le fait qu’il existe une compensation entre les nouveaux envois de fonds des
migrants nouvellement installés et l’érosion des transferts des migrants anciennement instal-
lés. Cela met en évidence le lien entre l’attachement et la durée de la migration. En d’autres
termes, plus la durée de migration est longue plus le migrant se détache de son pays d’origine.
3.6. Volatilité des transferts de fonds
Les transferts de fonds sont considérés comme des flux financiers les moins volatiles, notam-
ment par rapport aux IDE (Ratha, 2003 ; Grabel, 2008 ; Mughal et Makhlouf, 2011). Cepen-
dant, la hausse ou la baisse soudaine des transferts de fonds peut avoir un effet déstabilisateur
sur les économies récipiendaires. La connaissance avancée sur la volatilité des transferts de
fonds permet d’anticiper des comportements non souhaités.
3.6.1. Dispersion relative
La volatilité est l’amplification des fluctuations d’une variable autour d’une tendance (Malik
Bensafta et Gervasio, 2011). Dans notre cas, elle mesure l’importance des fluctuations des
transferts de fonds sur la période de 1982 à 2010 pour la plupart des pays d’accueil des mi-
grants marocains. Ecart type divisé par la moyenne (figure 1.13) montre trois types de pays
d’accueil39 : les pays à forte volatilité (l’Espagne, les Etats-Unis, l’Italie, les Emirats Arabes
Unis et la Grande Bretagne), les pays avec une volatilité intermédiaire (le Danemark, la
Suède, la Suisse, et l’Arabie Saoudite) et les pays à faible volatilité (la France, les Pays-Bas,
la Belgique et l’Allemagne). Nous remarquons que les pays à faible volatilité sont de vieux
pays d’accueil pour les migrants marocains. La stabilité des transferts de fonds dépend égale-
39 France (FRA), Pays-Bas (NLD ), Belgique (BEL ), Allemagne (DEU), Danemark (DNK ), Suède (SWE),
Arabies Saoudite (SAU), Suisse (CHE), Grande Bretagne (GBR), Emirats Arabes Unis (ARE), Italie(ITA ),
Etats-Unis (USA), Espagne (ESP), Total des transferts de fonds (TOT ).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
35
ment de la spécificité des pays d’accueil et des conditions économiques des pays d’origine.
En effet, les pays à revenu élevé font partie de la zone euro et connaissent une certaine stabili-
té économique et une certaine ressemblance.
Figure 1.13 : Dispersion relative (1982-2010)
Source : Office des Changes du Maroc et calculs de l’auteur
Toujours d’après la figure 1.13, les pays d’accueil qui présentent une forte volatilité sont des
nouveaux pays d’immigration. Les migrants marocains étant nouvellement installés, leurs
transferts de fonds sont plus volatiles, car ils sont plus sensibles aux changements écono-
miques dans les pays d’accueil et le Maroc. Ces nouveaux migrants peuvent aussi être éco-
nomiquement plus vulnérables par rapport à ceux déjà installés depuis une longue période.
Les pays ayant une volatilité intermédiaire sont : le Danemark, la Suède, l’Arabie Saoudite et
la Suisse.
3.6.2. Ecart type mobile
La figure 1.13 nous donne la volatilité sur toute la période. Cependant, si la variabilité n’est
pas constante dans le temps, la mesure utilisée dans la figure 1.13 peut nous donner une mau-
vaise information sur la volatilité. Pour remédier à cette situation, nous allons calculer l’écart
type glissant.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
36
L’écart type, calculé tous les 6 ans pour la période de 1982 à 2010, dont l’évolution est pré-
sentée sur la figure 1.14 pour les principaux pays d’accueil, permet de mesurer la volatilité
d’une série chronologique. Le but de cet indice, dans notre cas, est de tester la robustesse de la
dispersion relative présentée dans la figure 1.13.
Nous voulons comparer l’écart type entre la France (pays à faible volatilité dans notre échan-
tillon) avec les pays ayant une grande volatilité, comme l’Espagne et les Etats-Unis. Nous
observons que l’indice est stable pour la France par rapport aux autres pays (l’Espagne,
l’Italie, les Emirats Arabes Unis et les Etats Unis). Cependant, l’indice des ces derniers pays
converge vers celui de la France.
Figure 1.14 : Ecart type mobile (1982-2010)
Source : Office des Changes du Maroc (2012) et calculs de l’auteur
A ce stade, nous remarquons que le comportement des transferts de fonds est relativement
stable en France par rapport à d’autres pays d’accueil. Cela peut s’expliquer par le fait que les
migrants résidants en France lissent leurs envois d’argent vers le Maroc, en raison de la pré-
sence d’une politique de protection sociale.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
37
3.6.3. Variabilité des transferts de fonds par pays d’accueil
Si la volatilité peut constituer un problème pour les pays bénéficiaires, nous pouvons la con-
sidérer comme un risque potentiel40. Cependant, ce risque diffère selon le pays de résidence.
Le tableau 1.3 donne les différentes valeurs du risque et du rendement des transferts de fonds
pour les principaux pays d’accueil. Le risque est mesuré par l’écart type des rendements de
transferts. Ces derniers sont mesurés par la moyenne des taux de croissance sur la période
1982-2008 sous l’hypothèse de l’exogénéité des transferts de fonds.
Tableau 1.3 : Relation entre les transferts de fonds et les pays d’accueil (1982-2008)
Pays d’accueil Risque spécifique Rendement Elasticité avec les PIB d’accueil
Italie 39% 37% 86%
Espagne 17% 33% 90%
Etats-Unis 17% 26% 92%
Royaume-Uni 11% 19% 86%
Suisse 3% 17% 91%
E.A.U. 5% 17% 75.93%
Danemark 8% 16% 86%
Suède 8% 16% 93%
Arabie Saoudite 5% 12% 76%
Pays-Bas 12% 11% 64%
Allemagne 7% 10% 74%
U.E.B.L 4% 9% 90%
France 3% 8% 87%
Global 17% 10%
Source : Office des Changes du Maroc (2012) et calculs de l’auteur
Trois informations principales peuvent être déduites du tableau 1.3 : les pays qui ont un ren-
dement élevé ont un risque élevé ; la France et la Suisse peuvent être considérées comme
« source stable » avec un minimum de risque ; l’Espagne, l’Italie et les Etats-Unis ont un
risque plus élevé ; la plupart des pays d’accueil ont un risque inférieur au risque global.
La source de la variabilité des fonds n’est pas seulement une conséquence des chocs écono-
miques. Elle peut aussi venir de la nature de la migration, qualifiée ou non, temporaire ou
40 Notamment pour les pays à forte dépendance.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
38
permanente, masculine ou féminine, etc. L’économie marocaine prend part, aussi, à la variabi-
lité des transferts de fonds par le biais des chocs qu’elle subit. Il s’agit des chocs économiques
ou des catastrophes naturelles.
Les chocs économiques dans le pays d’accueil ou d’origine ne suffisent pas pour expliquer
d’une manière structurelle le comportement des migrants. Ces chocs peuvent créer des com-
portements opportunistes ou d’arbitrage temporel et spatial. Si l’on prend des investissements
des migrants, ces derniers ont le choix de les réaliser soit dans les pays d’origine ou dans le
pays d’accueil. Ils peuvent aussi faire un arbitrage dans le choix du moment opportun pour
investir (immédiat ou dans le futur).
� La contribution à la croissance41
La croissance des transferts de fonds peut être décomposée en la somme de la croissance de
chaque pays d’accueil. Le tableau 1.4 donne la contribution à cette croissance des principaux
pays d’accueil pour la période 2000 à 2010.
Tableau 1.4 : Contribution à la croissance en (%)
FRA BEL NLD DEU ITA DNK SWE SAU GBR USA ESP CHE ARE
2000 4,55 19,6 13,6 0,51 24,0 1,34 0,00 3,54 11,8 5,54 8,69 2,90 1,05
2001 33,0 0,84 13,5 6,79 20,6 0,40 0,12 0,40 4,62 9,81 6,99 0,88 0,51
2002 9,95 -2,01 26,73 11,16 42,06 0,67 0,10 -0,49 5,89 7,46 -1,20 -1,76 0,16
2003 32,1 -0,38 -2,68 -5,90 23,7 -1,11 0,42 -3,26 12,4 5,64 42,85 0,25 -3,32
2004 26,2 -5,06 -20,6 2,00 20,3 -1,06 0,24 1,10 -3,46 14,5 48,36 3,15 11,2
2005 25,04 8,71 5,84 7,32 2,34 -0,14 0,03 6,20 5,76 -3,93 21,96 -4,6 18,6
2006 51,79 -0,75 4,67 3,88 11,37 0,26 0,18 0,88 -1,41 5,49 19,85 0,87 -0,40
2007 37,9 1,95 4,90 1,55 13,4 0,13 0,07 2,37 6,55 0,72 25,20 -0,3 1,91
2008 119 -5,06 8,90 4,59 13,1 -7,32 0,39 -3,39 6,76 -28,9 38,39 -14 -29,9
2009 29,01 -25,7 2,24 -14,8 18,9 5,14 0,46 -6,43 8,18 28,19 63,72 8,09 -5,77
2010 48,96 -5,99 4,48 -5,64 -15 -0,3 0,87 12,8 19,54 11,28 -12,95 3,22 12,07
Source : Office des Changes du Maroc (2012) et calculs de l’auteur
41 France (FRA), Pays-Bas (NLD ), Belgique (BEL ), Allemagne (DEU), Danemark (DNK ), Suède (SWE),
Arabies Saoudite (SAU), Suisse (CHE), Grande Bretagne (GBR), Emirats Arabes Unis (ARE), Italie(ITA ),
Etats-Unis (USA), Espagne (ESP).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
39
Le tableau 1.4 montre que la France a toujours une contribution positive pour la croissance
sur la période. D’autres pays représentent plus au moins des contributions négatives et posi-
tives selon l’année. Par exemple, en 2010, la France, la Suède, l’Arabe Saoudite, la Grande
Bretagne, les Etats-Unis, la Suisse et les Emirats Arabes Unis ont une contribution positive.
Par contre, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark et l’Espagne ont une contribution
négative. Nous pouvons déduire à partir de ce tableau que la France est une source sure et
fiable des transferts de fonds vers le Maroc.
3.6. Le poids des transferts de fonds dans l’économie marocaine
Dans cette section, nous allons essayer de montrer l’importance des transferts de fonds dans
l’économie marocaine. Pour cela, nous allons commencer par les comparer avec d’autres flux
financiers à destination du Maroc, puis discuter de leurs rôles dans le financement de
l’économie.
3.6.1. Comparaison des flux financiers vers le Maroc
Les transferts de fonds sont considérés comme le plus important flux financier vers les pays
en développement après les investissements directs étrangers (Ratha, 2003). La part des trans-
ferts de fonds dans la richesse du Maroc est plus importante que celle des flux des IDE et des
aides au développement (figure 1.15). Cette part varie aux alentours de 6 à 9% du PIB42. De
plus ces transferts peuvent augmenter dans les périodes de crise et de catastrophes naturelles
(Ratha, 2003). Cette situation n’est pas propre au Maroc, il est reconnu, aujourd’hui, que les
transferts de fonds jouent un rôle financier très important dans les pays en développement
(Bouoiyour et Makhlouf, 2011).
42D’après le classement des transferts de fonds de la Banque Mondiale (2009)
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
40
Figure 1.15 : Comparaison des flux financiers à destination du Maroc
Source : Banque Mondiale (WDI-2011)
Les transferts de fonds peuvent être classés en trois catégories :
i) les transferts de fonds destinés à aider les familles restées dans le pays d’origine ;
ii) les transferts de fonds individuels dédiés au financement des projets d’investissements ;
iii) les transferts de fonds effectués d’une manière collective afin de réaliser des projets
collectifs.
Il est à noter que l’aide au développement connait une stagnation remarquable depuis des dé-
cennies (figure 1.15). Les causes sont manifestement bien connues et il n’est pas opportun d’y
revenir. Avec la crise que connaissent des pays développés, cette tendance n’est pas prête de
s’inverser, d’où l’importance des transferts de fonds. La Banque Mondiale43 est consciente de
ce phénomène et met « les bouchées doubles » pour mieux exploiter ce levier.
43 Le volet sous la rubrique « Migration and Remittances ».
http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTDECPROSPECTS/0,,contentMDK:21121930~
pagePK:64165401~piPK:64165026~theSitePK:476883,00.html
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
41
Nous avons souligné précédemment l’importance et le poids des transferts de fonds dans la
richesse marocaine et l’implication du gouvernement de ce pays dans la gestion des affaires
migratoires. Mais, nous n’avons pas discuté du rôle qu’ils peuvent avoir dans les économies
récipiendaires notamment dans le cas du Maroc. Pour évaluer ce rôle, nous allons scinder
notre analyse en deux catégories. La première consiste à étudier le rôle social, et la deuxième
se focalisera sur le rôle économique de transferts de fonds.
3.6.2. Le rôle social des transferts de fonds
Les transferts de fonds peuvent avoir des effets positifs sur le bien être global. Cela passe par
l’amélioration des conditions de vie des familles bénéficiaires de ces transferts. Ils peuvent se
substituer aux mécanismes d’assurance traditionnels dans les pays qui n’ont pas de systèmes
d’assurance suffisamment performants. Ils peuvent également jouer un rôle non négligeable
dans la santé et l’éducation des enfants. Par exemple, Lopez-Cordova (2004) a associé la
baisse de la mortalité infantile à une augmentation des transferts de fonds au Mexique. Les
transferts de fonds contribuent aussi d’une manière positive à l’inscription des enfants à
l’école et à la baisse du travail des enfants (Dessy et Rambeloma, 2009). De plus, Medina et
Cardona (2010) trouvent que les ménages colombiens bénéficiaires des transferts de fonds
dépensent 10% de plus dans l’éducation par rapport aux non bénéficiaires. Dans le cas du
Maroc, plus précisément dans la région Souss-Massa, Bouoiyour et Miftah (2013) trouvent
que les transferts de fonds baissent le travail des enfants et réduisent la probabilité de décro-
chage scolaire. C'est ainsi que beaucoup de pays en développement utilisent les transferts de
fonds pour financer leur développement local (Grable, 2008). Bien sûr, ils peuvent améliorer
les conditions de vie des ménages récipiendaires d’une manière directe, mais ils peuvent aussi
créer beaucoup d’activités et d’emplois via la création des entreprises. De cette façon ils ré-
duisent le chômage et les pressions sociales. Dans cet ordre d'idées, les transferts de fonds
contribuent à la baisse de la pauvreté par l’amélioration des revenus des ménages récipien-
daires. In hoc sensu, Il est démontré que les transferts de fonds réduisent la pauvreté (Adams
et al., 2008; Adams et Page, 2005; Quartey et Blankson, 2004). Ceci est d’autant plus vrai que
les transferts de fonds sont de plus en plus importants pendant les périodes de crise (Grabel,
2008). Toutefois, l’impact des transferts de fonds sur les inégalités reste ambigu (Ratha, 2003;
López-Córdova et Olmedo, 2006). Certaines études soulignent que les transferts de fonds ag-
gravent les inégalités. Par exemple, Rodriguez (1998) observe que les transferts de fonds ap-
profondissent les inégalités aux Philippines. Adams (1991) remarque, dans le cas de l’Egypte,
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
42
le même phénomène, de même pour Mughal et Diwara (2010) dans le cas du Pakistan. En
revanche, Taylor (1999) est convaincu que les transferts de fonds ont un effet stabilisateur sur
la distribution des revenus au Mexique. Ils peuvent améliorer la stabilité de l’économie.
Si la stabilité de l’économie est l’un des objectifs du gouvernement du Maroc, son économie
reste vulnérable aux aléas climatiques (Drine, 2011). Les transferts de fonds peuvent contri-
buer dans certains cas, notamment dans les périodes de crise, à la stabilité des économies
d’origine (Ratha, 2007). De plus, Les transferts de fonds atténuent les effets des catastrophes
naturelles, dans les pays où le poids des transferts de fonds excède 17 % du PIB (Ebeke et
Combes, 2013).
Pour illustrer cette idée dans le cas marocain, nous avons calculé l’évolution du taux de crois-
sance des transferts de fonds (figure 1.16). Nous montrons en analysant ce graphique que les
pics de croissance des transferts de fonds correspondent à des catastrophes naturelles et/ou à
une baisse de l’activité économique. Selon EM-DAT (2011), nous avons pu distinguer les
catastrophes naturelles en fonction du nombre de personnes sinistrées. C'est ainsi que la crois-
sance des transferts de fonds en 1999 avoisine les 45%, ce qui correspond à la sécheresse qui
a touché le pays pendant cette année. Toutefois, l’augmentation des transferts de fonds dans
les périodes de catastrophes naturelles n’est pas spécifique au Maroc. Ce phénomène se géné-
ralise aux pays en développement d’émigration.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
43
Figure 1.16 : Le taux de croissance des transferts de fonds
Source : Banque Mondiale (WDI-2011) et "EM-DAT(2011) : The OFDA/CRED International Disaster Database
Les transferts de fonds peuvent jouer un rôle important dans l’absorption des crises sociales.
À ce propos, les transferts de fonds sont destinés aux ménages qui en ont besoin mais sans
être forcement les ménages les plus nécessiteux. Ils contribuent à aider les familles bénéfi-
ciaires à subvenir à leurs besoins en matière de consommation courante, éducation, santé, etc.
Selon les Cahiers de Plan (2010), dans le cas du Maroc, durant les premières années de
l’émigration, le migrant essaye d’améliorer les conditions de vie des membres de sa famille.
Au niveau du village, les transferts de fonds contribuent à des projets de développement
comme l’aménagement de certaines pistes, l’adduction d’eau potable. D'ailleurs, les transferts
de fonds peuvent jouer un rôle de « protection sociale » dans les pays d’origine. Ce rôle est
pertinent notamment dans les périodes de crises économiques (en particulier dans des pé-
riodes où le taux de chômage est trop élevé) ou de maladie des proches. La figure 1.17 montre
une relation négative entre les transferts de fonds et le taux de chômage. À ce sujet, des études
suggèrent que les transferts de fonds ont deux types d’effets opposés : des effets bénéfiques et
d’autres préjudiciables (Funkhouser, 1992). En d’autres termes, Funkhsouer (1992) observe
que les transferts de fonds ont un impact négatif sur l’offre de travail et un impact positif sur
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
44
la création d’entreprises (self-employment). De plus, les transferts de fonds augmentent la
création des ‘start-up’ quand le secteur public est petit et le pays est relativement ouvert (Vaa-
ler, 2011). D’un coté, ces fonds ont tendance à faire baisser le taux global d'activité, en rédui-
sant la nécessité pour certains membres de la famille de participer au marché du travail et
d’un autre coté ils peuvent favoriser la création d’emplois notamment par la création des en-
treprises.
Figure 1.17 : Transferts de fonds et taux chômage (1987-2009)44
Source : Banque Mondiale (WDI-2011) et calcul de l’auteur
La question concernant l’offre de travail45 s’avère cruciale dans la mesure où une source sup-
plémentaire de revenu qui s’accumule à d’autres revenus non salariaux peut avoir un impact
négatif sur la probabilité qu’un individu participe au marché du travail. Dans les modèles
classiques sur le marché du travail, les revenus non salariaux peuvent avoir un impact négatif
sur l’offre de travail. Des précautions doivent donc être prises sur la relation entre les trans-
ferts de fonds et le marché du travail, d’autant plus que le taux de chômage est relativement
élevé au Maroc46. Il serait raisonnable de penser que les transferts de fonds peuvent alléger les
pressions sociales et ainsi aider les familles récipiendaires à trouver du travail. Toutefois,
44 Sauf l’année 1994, l’observation concernant le taux de chômage n’est pas disponible. 45 La plus part des études sont réalisées au niveau micro-économique. 46 Le taux de chômage en 2009 est de 10% selon les données de la Banque Mondiale.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
45
Barham et Boucher (1995) remarquent qu’il existe une relation négative entre les transferts de
fonds et la participation au marché du travail. Rodrigez et Tiongson (2001) soulignent que les
transferts de fonds ont un impact négatif sur le marché du travail. Dans le cas de la Jamaïque,
Kim (2007) montre que les transferts de fonds augmentent le salaire de réservation. Récem-
ment, dans le cas du Pakistan, Makhlouf et Mughal (2013a) remarquent que les transferts de
fonds ont un effet négatif sur l’offre de travail.
Acosta (2006), quant à lui, déduit, de son enquête, que les transferts de fonds améliorent le
budget des familles bénéficiaires et réduisent leurs problèmes de liquidités au Salvador. Donc,
ils permettent plus d’investissements et de consommations. Il montre également que les trans-
ferts ont un impact négatif sur le travail des enfants. Funkhouser (1992) observe que les trans-
ferts de fonds favorisent la création d’entreprises dans le cas du Nicaragua. De même, dans le
cas du Maroc, les transferts de fonds permettent de pérenniser certaines activités en milieu
rural, en donnant des moyens financiers aux petits exploitants pour combler leurs déficits,
notamment dans les périodes de sécheresse (Cahier du Plan, 2010, p. 57).
3.6.3. Le rôle économique des transferts de fonds
Actuellement, le débat sur l’impact des transferts de fonds sur les économies des pays
d’origine est en pleine effervescence. Ceci est dû à plusieurs raisons : d'abord, ils peuvent
jouer un rôle crucial dans la stabilité macro-économique des pays exportateurs de main
d’œuvre ; ils peuvent aussi soutenir la consommation (Banque Mondiale, 2006). De plus, ils
réduisent la volatilité de la consommation. A cet égard, Combes et Ebeke (2011), en utilisant
des données de panel pour un groupe de pays en développement ont trouvé une relation néga-
tive entre les transferts de fonds et l’écart types de la consommation. Ils déduisent que les
transferts de fonds réduisent la volatilité de consommation. Ils influencent aussi les politiques
fiscales (Ebeke, 2011). Ils impactent également les dépenses de l’Etat (Kapur et Singer,
2006 ; Shahbaz et al., 2008). In hoc sensu, certains pays taxent les transferts de fonds47, ce
qui permet d’avoir des ressources supplémentaires. Donc, les transferts de fonds peuvent im-
pacter les dépenses des ménages, de l’Etat et des entreprises.
Dans le cas du Maroc, nous avons distingué (Makhlouf, 2011) deux types de transferts de
fonds vers le Maroc : ceux visant à aider les familles en allégeant leurs contraintes budgétaires
47 La Colombie 0,004% de montant de transfert, l’Equateur 12%, la Géorgie 20%, le Pérou 0,1% et la Pologne
utilise le même taux appliqué à l’impôt sur le revenu (De Luna Martínez, 2005).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
46
(transferts de fonds pour la consommation finale) ; ceux correspondant à un investissement.
Ces deux types réagissent différemment suite à un choc économique au Maroc.
Figure 1.18 : Répartition des transferts de fonds au Maroc
Source: Berriane et Aderghal (2010, p. 17.
La figure 1.18 montre que la part des transferts de fonds destinée à la consommation est plus
importante. Ceci confirme que les migrants aident leurs familles à subvenir à leurs besoins de
consommation. L’investissement occupe une part très faible, environ 8%. La part des trans-
ferts de fonds destinée à l’investissement peut changer en fonction de la conjoncture écono-
mique. En effet, nous avons déduit (Makhlouf, 2011) que dans des périodes de forte apprécia-
tion du taux de chômage, les transferts de fonds à vocation d’investissements pourraient bais-
ser. A l’opposé, les transferts de fonds destinés à la consommation finale pourraient augmen-
ter. En ce qui concerne l’utilisation des transferts de fonds, le tableau 1.5 ci-dessous montre la
répartition des transferts de fonds.
Tableau 1.5 : Utilisation des transferts de fonds au Maroc
Budget
familial
Santé
Education
Immobilier
familial
Immobilier
individuel
Projet
social
Investissement
productif
69% 30% 26% 6% 10% 1% 13%
Source : Banque Africaine de Développement 2009
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
47
L’étude réalisée par Miotti et al. (2010) sur un échantillon de 215 migrants marocains
enquêtés en 2008 dans les bureaux de poste en France, montre que plus de 70% des fonds
transférés sont alloués aux dépenses courantes et 6% à l’investissement. Si les migrants arri-
vent simultanément à satisfaire les besoins de première nécessité des membres de leurs fa-
milles et à accumuler de l’épargne, ils peuvent, alors, s’engager dans des projets
d’investissement. D’ailleurs, les migrants marocains investissent plus dans leurs pays
d’origine que dans leur pays d’accueil. L’essentiel des investissements (89 %) est réalisé dans
le secteur immobilier (figure 1.19).
Figure 1.19 : Répartition des investissements des migrants marocains au Maroc
Source : Cahiers du Plan (2010) n° 32, p.5.
Du point de vue du profil des investisseurs, le sexe masculin est surreprésenté et une majorité
d’entre eux ont un âge compris entre 35 et 49 ans48. Au niveau macro-économique, le taux de
corrélation entre les transferts de fonds et l’investissement est de 0,9649. Au niveau macro-
économique50, les transferts de fonds n’interviennent pas uniquement sur l’investissement et
la croissance. Dans le cas du Pakistan, Khan et al. (2007) soulignent que les transferts de
fonds contribuent significativement à la consommation. Aux Philippines, Quisumbing et al.
48 Plus de détails sur l’enquête voir Fondation Hassan II (2005). 49 Le taux de corrélation entre les transferts de fonds et la consommation finale des ménages est de 0,964 sur la
période 1975-2010. Calcul effectué d’après les données de la Banque Mondiale. 50 Cette thèse se positionne dans une démarche macro-économique des transferts de fonds.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
48
(2008) observent que les transferts de fonds stimulent la consommation de biens durables. Les
transferts de fonds peuvent aider les ménages bénéficiaires à lisser leur consommation. En
effet, Chami et al. (2003) mentionnent que les transferts de fonds sont utilisés majoritairement
dans la consommation des ménages.
En cas de baisse du revenu des ménages récipiendaires, notamment dans des périodes de crise
ou de catastrophes naturelles, les transferts de fonds peuvent compenser entièrement ou en
partie de cette baisse pour maintenir la consommation à son niveau habituel. De plus, la rela-
tion entre les transferts de fonds et la volatilité de la consommation est négative (Combes et
Ebeke, 2011). Dans le cas du Maroc, la figure 1.20 montre que le taux de croissance des
transferts de fonds est corrélé avec celui de la consommation finale des ménages51. De la
même manière, ils contribuent à alléger les contraintes financières résultant des imperfections
des marchés du crédit.
Figure 1.20 : Taux de croissance de consommation et transferts de fonds USD courant
(1976-2009)
Source : Banque Mondiale WDI-2011
51 Le taux de corrélation entre les transferts de fonds et la consommation finale des ménages est de 0,968 sur la
période 1975-2010. Calcul effectué d’après les données de la Banque Mondiale (2010).
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
49
Les familles dans les régions rurales tirent principalement leurs revenus de l’activité agricole.
Par exemple, dans le cas de la Pologne, Barbone et al. (2012) concluent que les transferts de
fonds augmentent le revenu réel disponible des ménages de 0,2% et la consommation de
0,1%. Les transferts de fonds, dans ce cas, auront un impact considérable sur la consomma-
tion dans les périodes de sécheresses ou d’inondations. De même, ils impactent d’autres gran-
deurs macro-économiques telles que la balance des paiements et / ou la croissance écono-
mique.
3.6.4. Relation entre les transferts de fonds et la balance courante (1975-2009)
Les transferts de fonds peuvent avoir un impact positif sur l’équilibre de la balance des tran-
sactions courantes. Ils peuvent, également, avoir un effet positif sur la situation des avoirs
extérieurs des pays d’origine. Cependant, ils peuvent avoir des effets inflationnistes et con-
duire à une appréciation du taux de change réel. C’est pour cela que Grabel (2008) conclut
que les effets macro-économiques des transferts de fonds des migrants sont complexes.
Dans le but d’analyser la relation entre les transferts de fonds et la balance courante, nous
utiliserons la relation non paramétrique52. Cette relation est donnée par la figure 1.21. Elle est
non-monotone. Plus précisément, les transferts de fonds contribuent à absorber une partie des
déficits chroniques de la balance courante. Il y a lieu de signaler que les transferts de fonds
sont sans contrepartie. Donc, ils constituent une source de devises non négligeable et intéres-
sante. C’est pourquoi, ils peuvent contribuer à la stabilité de l’économie marocaine dans des
périodes de chocs.
52 Dans ce cadre, nous n’avons pas besoin de supposer une relation a priori entre la balance courante et les trans-
ferts de fonds.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
50
Figure 1.21 : Relation non paramétrique entre les transferts de fonds et balance cou-
rante53
Source : Banque Mondiale (WDI-2011), et calculs de l’auteur
Les transferts de fonds permettent la stabilisation de la balance courante et réduisent la volati-
lité de la production nationale et facilitent l’accès aux marchés internationaux de capitaux
(Avendano et al., 2009 ; Chami et al., 2009 ; Ratha, 2010). Cependant, ils peuvent engendrer
un “effet de boomerang”, en creusant le déficit de la balance courante, par l’augmentation des
importations. Un autre risque lié aux transferts de fonds est celui du syndrome hollandais54.
Dans le cas du Maroc, cet effet peut être atténué par les interventions des autorités monétaires
sur le marché des changes, et par d’autres facteurs liés aux spécificités de l’économie maro-
caine (voir chapitre 4). A ce sujet, plusieurs études ont été réalisées dans le but de vérifier ce
phénomène. Par exemple, Barajas et al. (2010b), dans une étude effectuée sur des données de
panel, ont montré que le risque est plus important dans les cas des pays à revenu intermé-
diaire. Concernant des études sur un seul pays, Bourdet et Falck (2006) confirment la pré-
sence du syndrome hollandais au Cap-Vert. Ce phénomène, comme nous l’avons montré dans
53 L’estimation est réalisée à l’aide du package « np » sur le R : http://cran.r-project.org/web/packages/np/np.pdf. 54 Nous allons étudier cette question dans le cas marocain dans le chapitre 4.
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
51
des travaux antérieurs, touche aussi le Pakistan (Makhlouf et Mughal, 2013a) et la Tunisie
(Makhlouf et Chnaina, 2011).
Les transferts de fonds affectent la balance des paiements. Ils ont, d’ailleurs, un impact plus
important par rapport à d’autres flux financiers tels que les aides et les IDE, car ils sont plus
stables (Mughal et Makhlouf, 2011). Par conséquent, la corrélation entre les transferts de
fonds et les importations est plus forte qu’entre les transferts de fonds et les exportations (fi-
gure 1.22).
Figure 1.22 : Relation entre les transferts et les importations et les exportations
Source : CHELEM-CEPII, Banque Mondiale (2012) et calculs de l’auteur
3.6.5. Relation avec le taux de croissance économique
Comme nous venons de le constater, les transferts de fonds stimulent la consommation et
l’investissement dans les pays d’origine. Ils peuvent également augmenter les recettes pu-
bliques par le biais des taxes à la consommation. Taylor et al. (1996) suppose que les trans-
ferts de fonds affectent de manière positive la demande de biens et services, ce qui implique
une augmentation de la croissance. Dans cet ordre d’idées, ils contribuent à l’investissement
productif. Ils peuvent aussi constituer un facteur stabilisateur de l’équilibre financier dans les
périodes de crise (Yang, 2003). Ils promeuvent, également, le capital physique et humain
(Adenutsi, 2010 ; Gupta et al., 2009 ; Hildebrandt et McKenzie, 2005 ; Phillips, 2009). Ils
peuvent aussi favoriser la croissance économique par le biais du développement financier. En
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
52
effet, Aggarwal et al. (2006) trouvent que les transferts de fonds favorisent le développement
financier.
La relation entre les transferts de fonds et la croissance dans les pays en développement est
ambiguë (Ratha, 2007). Dans cet ordre d’idées, Massey et Parrado (1998) et Griffin (1976)
considèrent que les transferts de fonds contribuent à l’investissement productif. In hoc sensu,
Bouoiyour (2008) observe que les transferts de fonds augmentent le stock des investissements
des ménages marocains. Toujours dans le cas marocain, nous observons (Makhlouf et al.,
2012) que les transferts de fonds ont un impact positif sur la croissance économique. La figure
1.23 montre une relation positive entre les transferts de fonds et le PIB par habitant au Maroc.
De plus, les transferts de fonds réduisent la volatilité de la croissance économique. Par
exemple, en utilisant les données de panel pour 60 pays en développement de 1980 à 2003,
Bugamelli et Paternò (2011) montrent que les transferts de fonds sont corrélés négativement
avec la volatilité de la croissance économique.
Figure 1.23 : PIB par habitant et transferts de fonds (1975-2010)
Source : Banque Mondiale WDI-2011 et calculs de l’auteur
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
53
Dans le cas du Maroc, La figure 1.23 montre que la relation entre les transferts de fonds et le
PIB par tête est positive. De plus, Makhlouf et Naamane (2013) trouvent que les transferts de
fonds impactent positivement la croissance économique.
L’utilisation d’une partie des transferts de fonds dans des investissements peut favoriser la
croissance économique. Par ailleurs, les transferts de fonds permettent d’investir dans le capi-
tal humain, ce qui implique une croissance positive. Ziesemer (2006) démontre, aussi, que les
transferts de fonds ont bien un impact positif sur la croissance économique.
Cependant, l’impact des transferts de fonds sur la croissance n’est pas encore clair en raison
de résultats disparates. Par exemple, Stark et Lucas (1988), Faini (2007), Mundaca (2009),
Garcia-Fuentes et Kennedy (2009) remarquent un impact positif des transferts sur la crois-
sance, tandis que Chami et al. (2003), Ramirez et Sharma (2009) observent un lien négatif.
L’impact des transferts de fonds sur la croissance passe par plusieurs canaux. Nous pouvons
illustrer ces canaux de transmissions entre les transferts de fonds et la croissance économique
par le schéma 1.1 ci-après.
Schéma 1.1 : Canaux de transmission
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
54
4. Conclusion
La migration marocaine a connu une évolution remarquable au point d’atteindre 10% de la
population totale. Par conséquent, les transferts de fonds vers le Maroc ont connu une ten-
dance à la hausse. Ils constituent également une source importante de revenu pour plusieurs
familles marocaines. Malgré l’éloignement géographique, les migrants marocains ont entrete-
nu des liens forts avec leur pays d’origine. Ceci se manifeste, pour une partie, par le volume
des transferts de fonds opérés. Ces derniers ne sont pas uniquement destinés à la consomma-
tion mais aussi à l’investissement. Dans ce chapitre introductif, nous avons montré :
� premièrement, l’importance et l’évolution de la migration marocaine en donnant aussi
un aperçu sur les politiques mises à disposition des migrants par le gouvernement ma-
rocain ;
� deuxièmement, la tendance à la hausse et le poids non négligeable des transferts de
fonds engendrés par les migrants dans l’économie marocaine.
Ce chapitre ne s’arrête pas à ce niveau d’analyse, il étudie également le nature et le compor-
tement des transferts de fonds par pays d’accueil. En effet ce chapitre nous invite à voir au-
delà des chiffres et des faits stylisés concernant les transferts de fonds en analysant leur com-
portement, leurs rôles, et leurs relations avec certaines variables macro-économiques clés.
En termes de volatilité, nous avons trouvé qu’à court terme les transferts de fonds ont un
comportement différent selon le pays d’accueil. En effet, dans les anciens pays d’accueil,
nous montrons que les transferts de fonds sont moins volatiles par rapport aux nouveaux pays
d’accueil. Enfin, le comportement des migrants marocains n’est pas homogène. Ceci, nous
amène à recommander aux autorités d’établir des politiques de ciblage afin d’optimiser ces
flux. Cependant, à long terme nous avons trouvé que le comportement des transferts de fonds
des nouveaux pays d’accueil converge vers celui des anciens pays d’accueil, notamment la
France. Nous avons aussi discuté du rôle éventuel que les transferts de fonds peuvent jouer
dans les économies en développement d’une manière générale et au Maroc en particulier. Ce
dernier dispose d’un nombre très important de migrants qui peuvent jouer un rôle crucial au
niveau économique et social en Maroc, notamment par le biais des transferts de fonds. Ce
rôle, mérite une attention très particulière de la part des universitaires, des chercheurs et des
décideurs, politiques.
Le présent chapitre constitue une description des transferts de fonds des migrants marocains
et témoigne de leur importance. Il constitue une étape préliminaire à une étude approfondie de
Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux
55
ce phénomène. Nous allons traiter maintenant des propriétés cycliques des transferts de fonds
dans le cadre marocain.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
56
CHAPITRE 2 : PROPRIETES CYCLIQUES DES TRANSFERTS DE
FONDS
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
57
1. Introduction
Fournir des explications à la dynamique des transferts de fonds ainsi qu’à leurs caractéris-
tiques n’est pas une tâche facile. En effet, transférer de l’argent est une décision qui s’appuie
sur plusieurs facteurs liés à l’individu et à sa famille. De même, lorsque nous nous intéressons
à plusieurs individus, sur une longue période et dans des espaces géographiques hétérogènes,
l’étude des transferts de fonds devient encore plus complexe. Dans ce sens, l’environnement
macro-économique dans les pays d’accueil et d’origine peut jouer un rôle non négligeable sur
la décision et le volume d’argent envoyé. D’autres événements ponctuels peuvent aussi in-
fluencer cette décision, comme les fêtes familiales ou religieuses.
Dans la littérature économique, nous pouvons distinguer deux approches principales qui
s’opposent à propos des propriétés cycliques des transferts de fonds. Dans la première ap-
proche, les transferts sont considérés stables et contra-cycliques (Bugamelli et Paterno, 2005 ;
Ratha 2003; Grable, 2008). Selon la Banque mondiale “Remittances may move
countercyclically relative to the economic cycle of the recipient country. Remittances may
risewhenthe recipient economy suffers a downturn in activity or macroeconomic shocks due
to financial crisis, natural disaster, or political conflict, because migrants may send more
funds during hard times to help their families and friends. Remittances may thus smooth con-
sumption and contribute to the stability of recipient economies” (Banque Mondiale, 2006).
Par conséquent, les transferts jouent un rôle significatif dans la réduction des amplitudes des
cycles économiques dans le pays d’origine. Dans la deuxième approche, les transferts de
fonds sont considérés comme relativement volatiles et sensibles aux conditions économiques
des pays d’origine (Ghosh, 2006 ; Mughal et Makhlouf, 2011).
La connaissance des propriétés cycliques des transferts de fonds est importante pour les pays
bénéficiant de volumes conséquents. En effet, cette connaissance va leur permettre de réagir
d’une manière adéquate aux fluctuations des cycles des affaires (Vargas-Silva, 2008). Der-
rière le caractère contra-cyclique des transferts de fonds, nous pouvons supposer principale-
ment un comportement altruiste des migrants. Par contre, si les transferts de fonds sont pro-
cycliques, nous pouvons les catégoriser avec les autres flux d’investissement.
Ainsi, les transferts de fonds peuvent augmenter dans les périodes où les familles restées dans
le pays d’origine ont besoin de dépenser d’avantage par rapport à leurs dépenses habituelles,
comme dans des périodes de fêtes familiales, religieuses, ou lors de la rentrée scolaire. De ce
fait, ils peuvent avoir un comportement saisonnier. Ceci n’exclut pas certains envois pour des
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
58
motifs d’investissements dans des conditions économiques favorables55. Il faut cependant
préciser que cette relation n’est pas aussi automatique. En effet, les deux comportements (al-
truiste et égoïste) peuvent très bien coexister.
Dans ce chapitre, nous souhaitons enrichir le débat à propos des propriétés cycliques des
transferts de fonds par une approche empirique.
La principale interrogation dans ce travail est donc de savoir si les transferts de fonds sont
contra-cycliques ou pro-cycliques. Cependant, l’apport principal de cette étude par rapport
aux précédentes consiste à :
• étudier les transferts en utilisant des fréquences annuelles et trimestrielles ;
• utiliser plusieurs techniques de filtrages, y compris non paramétriques pour tester les
deux types de tendances (déterministe et stochastique) ;
• tester plusieurs techniques de liaison entre les cycles en vérifiant la robustesse.
Il y a lieu de signaler que dans le cas du Maroc, Sayan (2004) souligne que les transferts de
fonds sont pro-cycliques, alors que Bouhga-Hagbe (2006) aboutit à la conclusion qu’ils sont
contra-cycliques. Au regard de ces deux études, il semble difficile de pouvoir conclure sur le
caractère réel de ces transferts de fonds. C’est pourquoi, ce présent travail invite à aller au-
delà de ces contradictions, afin d’éclaircir au mieux les propriétés cycliques de ces transferts.
En effet, une connaissance fiable des propriétés cycliques des transferts de fonds est capitale,
notamment pour les décideurs et politiciens des pays d’origine, afin de mettre en place des
politiques économiques efficaces.
La suite de ce chapitre se présente comme suit : dans la section 2, nous allons présenter une
revue critique de la littérature sur les propriétés cycliques des transferts de fonds. Puis, la sec-
tion 3 nous permettra d’exposer la stratégie d’estimation en fonction des données utili-
sées. Dans la section 4, nous présenterons et commenterons les résultats obtenus avec des
périodicités différentes. Dans la section 5, nous tirerons les conclusions de ce chapitre.
55 Le gouvernement marocain a mis en place des programmes dans le but de favoriser des investissements de ses
émigrés. Voir le chapitre 1, p. 5.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
59
2. Etat de l’art : propriétés cycliques des transferts de fonds
Les cycles des transferts de fonds peuvent être accentués par plusieurs facteurs, comme la
conjoncture économique dans les deux pays (d’origine et d’accueil), le taux de change,
l’inflation, les cycles des affaires, le degré d’intégration économique, etc. Elbadawi et Rocha
(1992) nous expliquent d’ailleurs comment le niveau de transferts peut être affecté par les
politiques économiques des pays d’accueil. En prenant l’exemple du Pakistan, nous avons
montré dans des travaux antérieurs, que les transferts de fonds en provenance d’Europe sont
plus stables que ceux provenant du Moyen Orient et d’Amérique du Nord (Mughal et
Makhlouf, 2011). En d’autres termes, la variance des transferts de fonds en provenance de ces
deux dernières régions d’accueil est hétéroscédastique. De plus, la stabilité des transferts de
fonds pourrait être due en partie au fait que les économies européennes sont stables par rap-
port aux autres régions. La situation économique des pays d’origine influence également les
transferts de fonds (Swamy, 1981). Dans ce contexte, Elbadawi et Rocha (1992) indiquent
que la variation des transferts de fonds est sensible aux périodes des crises, aux catastrophes
naturelles et à l’instabilité politique du pays d’origine. Les transferts de fonds peuvent intera-
gir en fonction des chocs survenus au sein des pays d’origine (Makhlouf, 2011). Kapur (2004)
a montré que les économies ayant subi des chocs macroéconomiques reçoivent généralement
plus de transferts de fonds. La conjoncture et les politiques économiques dans les pays
d’accueil peuvent jouer un rôle important dans la détermination de la nature et du comporte-
ment des transferts de fonds (Mughal et Makhlouf, 2011).
El-Sakka et McNabb (1999) défendent l’idée selon laquelle le niveau général des prix affecte
les transferts de fonds. Assurément, ceteris paribus, une augmentation générale des prix dans
le pays d’origine érode le pouvoir d’achat issu des transferts de fonds. Dans ce cas, ils peu-
vent augmenter pour compenser cette perte. Les politiques économiques des pays d’accueil
ainsi que le degré de dépendance économique entre le pays d’origine et les pays d’accueil
peuvent également jouer un rôle important dans la détermination de la nature des transferts de
fonds.
Ainsi, le statut du pays d’accueil (nouvelle ou ancienne destination) a un rôle à jouer dans le
comportement des transferts de fonds. Plus précisément, les nouveaux pays d’immigrations
peuvent engendrer des cycles avec des oscillations plus grandes par rapport aux anciens pays
d’accueil. Cela peut s’expliquer, par le fait que les transferts de fonds sont sensibles aux
changements économiques dans les nouveaux pays d’accueil, d’autant plus que ces nouveaux
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
60
migrants peuvent être économiquement vulnérables par rapports à ceux déjà installés depuis
une plus longue période, ce qui engendre une volatilité plus importante. Entre les deux extré-
mités, il existe des pays à statut intermédiaire dont la volatilité est plus au moins faible (voir
chapitre 1).
Les transferts de fonds peuvent aussi être déterminés56 par le revenu courant (keynésien) ou
par le revenu permanent (au sens de Freidman). Dans ce dernier cas, les transferts de fonds ne
sont pas sensibles aux trajectoires transitoires du revenu, mais ils seront plutôt sensibles aux
revenus anticipés. De plus, le risque lié à la concentration des migrants dans une région don-
née constitue une menace pour la stabilité des transferts de fonds. Dans le cas où la région en
question est touchée par des crises économiques, des conséquences immédiates sur les trans-
ferts de fonds peuvent être engendrées. In hoc sensu, Stiglitz (2011) considère les transferts de
fonds comme étant un canal de transmission de crise économique des pays d’accueil vers les
pays d’origine. Par conséquent la diversification des pays d’accueil peut contribuer à la stabi-
lité des transferts de fonds.
Si les cycles des transferts de fonds sont corrélés positivement avec ceux de l’activité écono-
mique dans le pays d’origine, ils pourraient aggraver les amplitudes des cycles économiques.
Par contre, une corrélation négative pourrait les atténuer en absorbant les chocs. Les cycles
des transferts de fonds peuvent également influencer les fluctuations d’autres variables macro-
économiques, comme le taux de change, la masse monétaire en circulation et la consomma-
tion. Ceci peut créer plusieurs difficultés pour les pays d’origine notamment : • des tensions inflationnistes ;
• des transferts de fonds difficilement prévisibles qui compliquent la mise en place de
certaines politiques économiques ;
• la baisse de la part des transferts de fonds destinée à l’investissement ;
• des aggravations de la situation des ménages qui dépendent de ces transferts de fonds.
Au-delà, ils peuvent également être à l’origine de comportements rentiers de la part
des ménages récipiendaires.
Les études empiriques sur les propriétés cycliques des phénomènes économiques, notamment
le PIB et la consommation, sont abondamment exploitées particulièrement dans les pays dé-
veloppés (Verne, 2011). Les fluctuations des variables économiques constituent un domaine
de recherche intéressant compte tenu des conséquences qu’ils peuvent engendrer notamment
56 Voir le chapitre 3 pour plus de détails sur les déterminants des transferts de fonds.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
61
sur les économies considérées. Dans le cas des transferts de fonds, la littérature économique
reste encore insuffisante. Par contre, les organismes internationaux tels que la Banque Mon-
diale ou le Fonds Monétaire International ainsi que certains universitaires commencent à
s’intéresser aux propriétés cycliques des transferts de fonds, cependant, la littérature dans ce
domaine n’est pas assez riche (Sayan et al., 2010).
Certaines études montrent que les migrants ont tendance à envoyer davantage de fonds vers
leurs pays d’origine lors des périodes de crises économiques, désastres naturels et conflits
(Ratha, 2007). Yang (2003), à son tour, note que les transferts de fonds vers les Philippines
ont augmenté suite à la crise financière de 1997. Dans ce cas ils sont considérés comme con-
tra-cycliques (Ratha, 2007 ; Banque Mondiale, 2006 ; Chami et al., 2005). Néanmoins, ils
peuvent aussi augmenter lorsque les conditions économiques sont favorables dans les pays
d’origine, principalement lorsque ils sont destinés à l’investissement. Dans ce cas, ils sont
considérés comme pro-cycliques. Ils peuvent aussi être acycliques. Sayan (2004) a analysé la
corrélation entre les cycles des transferts de fonds (en provenant de l’Allemagne) et les cycles
du PIB de la Turquie. Les cycles obtenus, en utilisant le filtre Hodrick Prescott, démontrent
que les transferts de fonds sont pro-cycliques. Les résultats sur les propriétés cycliques sont
donc différents selon le pays d’origine. Ainsi, Sayan (2006) qui a étudié les propriétés cy-
cliques de 12 pays d’émigration (à revenu moyen inférieur) pour la période 1976-2003, en
utilisant un filtre polynomial, obtient des résultats différents selon le pays d’origine. Par
exemple, pour le Maroc, les résultats montrent que les transferts de fonds sont pro-cycliques.
Cependant, toujours dans le cas du Maroc, Bouhga-Hagbe (2006) trouve une relation négative
entre la production agricole et les transferts de fonds et conclut que ces derniers sont contra-
cycliques.
En comparant cette source de revenu (les transferts de fonds) par rapport à d’autres flux fi-
nanciers (Investissements Directs Etrangers), Vargas-Silva (2008) souligne, que dans le cas
du Mexique, les transferts de fonds sont contra-cycliques, tandis que, les IDE sont pro-
cycliques. Toutefois, l’auteur admet que les résultats obtenus manquent de robustesse. Dans
une étude plus récente, Sayan et al. (2010) ont conclu que les propriétés cycliques des trans-
ferts de fonds sont impactées par les caractéristiques des cycles des affaires du Mexique et
ceux des Etats-Unis, en utilisant les données trimestrielles, de 1980 à 2008. La nature de
l’interaction entre l’économie d’origine et le pays d’accueil peut donc jouer sur les propriétés
cycliques des transferts de fonds. De même, Akkoyunlu et Kholodilin (2006) ont étudié
l’interaction entre les transferts de fonds des migrants turcs résidant en Allemagne avec le PIB
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
62
de la Turquie et de l’Allemagne. Ils ont remarqué que les transferts de fonds réagissent de
manière positive aux variations du PIB de l’Allemagne. En revanche, ils ne sont pas sensibles
aux variations du PIB de la Turquie.
La période d’étude peut biaiser les résultats de l’étude. A cet égard, nous avons constaté que,
pour toute la période allant de 1973 à 2008, les transferts de fonds vers le Pakistan sont pro-
cycliques (Mughal et Makhlouf, 2010). Cependant durant cette période, nous avons constaté
des sous périodes où les transferts de fonds sont contra-cycliques. Cette étude manque de ro-
bustesse, du fait que nous avons utilisé un seul filtre pour déterminer les cycles. Sayan et Te-
kin-Koru (2007) ont conclu que les transferts de fonds sont contra-cycliques dans le cas du
Mexique et pro-cycliques pour la Turquie. Frankel (2011) a noté que les transferts de fonds
sont pro-cycliques, en utilisant deux types de régression : la première avec des données bilaté-
rales de 64 pays d’accueil et d’origine en 2005 (coupe transversale) et la deuxième en utilisant
le même échantillon de pays pour la période 1979-2005 (données de panel). Mandelman et
Zlate (2010) en utilisant un modèle SDGE57 appliqué au cas du Mexique et des États-Unis ont
observé que les transferts de fonds sont pro-cycliques. Chami et al. (2008), en utilisant un
panel de pays, ont montré une relation négative entre les transferts de fonds et le PIB des pays
d’accueil. Le tableau 2.1 résume les principales études sur les propriétés cycliques des trans-
ferts de fonds.
57 Stochastic Dynamic General Equilibrium (SDGE)
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
63
Tableau 2.1 : Propriétés cycliques
Auteurs Filtre Période Pays Estima-
tion58
Conclusion
Chami et al. 2008 Hodrick
Prescott
1970-2005 An-
nuelles
Panel de pays Régression Contra-
cycliques
Akkoyunlu et
Kholodilin
(2006),
Hodrick-
Prescott
1962-2004
Annuelles
Turquie Corrélation Pas de rela-
tion
Vargas-Silva
(2008)
Baxter et
King
1981-2006
Trimestrielles
Mexique Corrélation Contra-
cycliques
Frankel (2011) Différence de
PIB
Coupe transver-
sale 2005
64 pays
d’accueil et
d’origine
Régression Contra-
cycliques
Sayan et al.
(2010)
Baxer et
King
1980-2008
Trimestrielles
Mexique-Etats-
Unis
GMM Contra-
cycliques
Sayan (2004) Hodrick
Prescott
1987 :1-2001:4
Trimestrielles
Turquie Corrélation Pro-cyclique
Mughal et
Makhlouf (2010)
Hodrick
Prescott
1973-2008 Pakistan Corrélation Pro-
cycliques
Sayan (200659) Polynomial 1976-2003
Annuelles
Maroc Corrélation Pro-
cycliques
Mandelman et
Zlate (2010)
DSEG Trimestrielles
1995 :2-2006 :3
Mexique-Etats-
Unis
Corrélation Contra-
cyclique
Sayan et Tekin-
Koru (2007)
Hodrick-
Prescott et
Polynomial
Trimestrielles
1987 :1-2003 :3
Mexique-Etats-
Unis
Corrélation Pro-cyclique
En résumé, nous arrivons à deux sortes de résultats : les transferts de fonds sont contra-
cycliques ou pro-cycliques. Ceci veut dire que les transferts de fonds sont sensibles aux con-
58 Nature de liaison entre les cycles des transferts de fonds et les cycles des affaires 59 Les résultats pour les autres pays sont comme suit : Algérie, Pakistan, Lesotho, République dominicaine, Ja-
maïque, Côte d’Ivoire : acycliques ; Bangladesh : contra-cyclique et synchro, Inde : contra-cycliques, Jorda-
nie : pro-cycliques et synchro.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
64
jonctures économiques des pays d’accueil et d’origine. Nous venons également de voir que
leurs propriétés cycliques sont liées au type de données utilisées et à la mesure de la liaison.
Ils peuvent être vus comme le résultat d’une offre et d’une demande. Le schéma 2.1 illustre
cette idée.
Schéma 2.1 : Impact de la demande des transferts de fonds sur leurs propriétés cy-cliques
Si nous raisonnons en termes d’offre et de demande des transferts de fonds, nous pouvons
penser que les familles des migrants restées au pays demandent de l’argent à leurs proches
résidant à l’étranger. Cette demande peut notamment dépendre de leurs revenus. Par contre,
l’offre de transferts de fonds est une fonction du revenu du migrant. S’il y a une crise écono-
mique spécifique au pays d’origine qui ne se propage pas entre le pays d’origine et les pays
d’accueil, les ressources financières des familles des migrants auront tendance à baisser mais
pas celles des migrants. De ce fait, les familles demanderont plus d’aides que d’habitude à
leurs proches à l’étranger. Dans ce cas, la demande de transferts de fonds sera supérieure à
l’offre. Si les migrants répondent favorablement à cette demande, les cycles de transferts de
fonds seront contra-cycliques avec l’activité économique. Dans le cas inverse, une conjonc-
ture économique favorable dans le pays d’origine entraînera une baisse de la demande d’aides
des familles. Dans ce cas de figure, les migrants dégageront un surplus de transferts de fonds.
Les cycles des transferts de fonds seront alors pro-cycliques.
Transferts
de fonds
Demande des transferts de
fonds par des familles
Offre des transferts de fonds
par les migrants
par des migrants
Contra-
cycliques
Pro-cycliques
Revenus des familles et
leurs migrants
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
65
Les propriétés cycliques des transferts de fonds peuvent être impactées par le pays d’origine,
les pays d’accueil et le degré d’interdépendance entre les deux pays. Pour les pays d’origine,
les chocs et les aléas sont à l’origine des fluctuations des transferts de fonds car les migrants
sont en permanence en connexion avec leur pays d’origine via principalement leurs familles,
les médias, etc. La réaction des migrants peut être immédiate ou étalée dans le temps, selon le
type de choc. En ce qui concerne les pays d’accueil, nous pouvons déduire que les propriétés
cycliques des transferts de fonds reflètent celles des cycles des affaires des pays d’accueil.
Etudier le phénomène des transferts de fonds, notamment au niveau macroéconomique, né-
cessite beaucoup de précautions. Cela ne remet nullement en cause l’étude de cycles qui peut
donner une vision plus compréhensible d’un tel phénomène. Dans la section suivante, nous
allons utiliser une approche macro-économétrique pour décortiquer les propriétés cycliques
des transferts de fonds vers le Maroc. Pour ce faire, plusieurs filtres seront mobilisés avec des
données annuelles et trimestrielles.
3. Méthodologie
Cette section s’interroge sur les fluctuations des transferts de fonds, en étudiant leurs cycles.
Le terme cycle peut être défini comme l’amplitude des mouvements des transferts de fonds
par rapport à la tendance. Nous définissons les cycles comme des déviations par rapport à la
tendance. Dès lors, la question se pose sur la meilleure manière de décomposer la tendance du
cycle. Une fois les cycles des transferts de fonds, du revenu des migrants et celui des familles
restées au Maroc extraits, nous étudierons les corrélations entre ces cycles. Pour bien étudier
le lien entre les cycles, nous ferons la différence entre une simple corrélation et un lien de
causalité. Encore, pour mieux appréhender la cyclicité des transferts de fonds, nous allons
analyser graphiquement les cycles pour détecter d’éventuelles sous-périodes pendant les-
quelles le comportement des transferts de fonds serait modifié. Dans cette section nous utilise-
rons, également, plusieurs filtres afin d’estimer au mieux la tendance.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
66
3.1. Stratégie d’estimation
Pour analyser la corrélation entre les cycles des transferts de fonds avec ceux des revenus des
familles restées au Maroc et des migrants dans le pays d’accueil, nous allons dans un premier
temps extraire les cycles pour chacune des variables en utilisant plusieurs filtres : le filtre
« HP » (Hodrick-Prescott, 1997), le filtre « BK » (Baxter et King, 1999), le filtre polynomial
selon, le filtre moyenne mobile simple, le filtre exponentiel et le filtre non paramétrique. En-
suite, nous testerons la stationnarité des cycles en utilisant le test des racines unitaires
(ADF60) pour ne retenir que les filtres donnant des cycles stationnaires. Afin de conclure sur
les propriétés cycliques, nous analyserons les signes des corrélations obtenues. Un signe néga-
tif et significatif traduit le fait que les transferts de fonds sont contra-cycliques. Un signe posi-
tif implique que les transferts de fonds sont pro-cycliques. Si la corrélation n’est pas significa-
tive, cela traduit le fait que les transferts de fonds sont acycliques. Les résultats seront discu-
tés dans les sections ci-après.
3.2. Données
Nous utilisons des données annuelles et également trimestrielles. L’intérêt de considérer des
données trimestrielles. C’est qu’elles prennent en considération les tendances courtes telle la
saisonnalité (ce que ne se produit pas avec des données annuelles). Pour ces dernières, les
transferts de fonds sont mesurés en dirham marocain de 1982 à 2010. Ces données sont obte-
nues via le site de l’Office des Changes du Maroc61. En ce qui concerne le revenu des familles
restées au Maroc, nous utilisons comme variable proxy le Produit Intérieur Brut (PIB)62 du
Maroc, extrait de l’IFS63. Les graphiques des variables sont donnés en Annexe (figures A2.1
et A2.2) et les statistiques descriptives sont données dans le tableau 2.2.
60 Augmented Dickey-Fuller. 61 http://www.oc.gov.ma/ 62 Pour plus de détails vois le chapitre 3. 63 International Financial Statistics CD-ROM.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
67
Tableau 2.2 : Statistiques descriptives données annuelles (1982-2010)
En milliards Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type Coefficient de variation
Remit-A
Transferts de
fonds
(fréquences
annuelles) 28,4 24,2 13,2 52,1 11,2 0,39449
PIB-A
PIB
(fréquences
annuelles) 405 376 238 668 126 0,31067
A : pour annuel.
Pour les estimations trimestrielles, nous utilisons les données trimestrielles (1998 : 1 - 2010 :
3) des transferts de fonds fournies par le site de l’Office des Changes du Maroc. En ce qui
concerne le revenu des familles des migrants restées au Maroc, nous avons également utilisé
comme variable proxy le Produit Intérieur Brut (PIB) du Maroc en dirham (source IFS). Les
statistiques descriptives sont fournies dans le tableau 2.3.
Tableau 2.3 : Statistiques descriptives données trimestrielles (1998 : 1 - 2010 : 3)
En millions
(Dirhams) Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type C.V.
PIB-T
PIB (fréquences
trimestrielles)
131990
125610
93840
190690
31381
0,23774
Remit-T
Transferts de fonds
(fréquences trimes-
trielles)
9595,6
9826,2
4105,1
16885
3417
0,3561
T : trimestriel.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
68
4. Résultats et discussion
Dans cette section, nous allons présenter et comparer les résultats des différents types de don-
nées ainsi que les différentes liaisons entre les cycles.
4.1. Données annuelles
Avant de procéder à l’étude des liaisons entre les cycles, nous allons sélectionner les cycles
qui sont stationnaires afin d’estimer une corrélation sans biais. En effet, si la relation n’est pas
monotone, le coefficient de corrélation qui est proche de 0 n’implique pas toujours
l’indépendance entre les deux variables.
D’après les résultats présentés dans le tableau 2.4, nous avons retenu les filtres HP, BK et
polynomial d’ordre 3 et 4 qui donnent effectivement des cycles stationnaires.
Tableau 2.4 : Test de racine unitaire
Filtre PIB-A ADF (test) Stationnarité Remit-A
ADF (test) Stationnarité
Moyenne mobile simple mc_PIB-A -1,6182 I(1) mc_Remit-A -4,391*** I(0)
Moyenne mobile expo-
nentielle
emc_ PIB-A -0,3997 I(1) emc_ Remit-A -2,4969 I(1)
Hodrick Prescott hp_ PIB-A -6,175*** I(0) hp_ Remit-A -3,812*** I(0)
Baxter et King bk_ PIB-A -9,581*** I(0) bk_ Remit-A -4,423*** I(0)
Polynomial d’ordre 1 pc_ PIB-A1 0,0494 I(1) pc_ Remit-A 1 -1,98824 I(1)
Polynomial
d’ordre 2
pc_ PIB-A2 -1,7139 I(1) pc_ Remit-A 2 -2,8167* I(0)
Polynomial
d’ordre 3
pc_ PIB-A3 -6,376*** I(0) pc_ Remit-A 3 -3,1341** I(0)
Polynomial
d’ordre 4
pc_ PIB-A4 -7,30*** I(0) pc_ Remit-A 4 -4,281*** I(0)
Non paramétrique
(kernel)
-0,254084 I(1) Non paramétrique
(kernel)
-4,017*** I(0)
*** significativité à 1%, **à 5%, * à 10%.
Les cycles obtenus par les différentes méthodes choisies précédemment sont représentés par
les figures 2.1 et 2.2.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
69
Figure 2.1 : Cycles du PIB64
hp : Hodrick-Prescott, bx : Baxter et King, pc_y3 polynomial d’ordre 3 et pc_4 polynomial
d’ordre 4.
Figure 2.2 : cycles des Transferts de fonds
hp : Hodrick-Prescott, bx : Baxter et King, pc_y3 polynomial d’ordre 3 et pc_4 polynomial
d’ordre 4.
64 Les cycles présentés dans les graphiques sont stationnaires.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
70
Les résultats des corrélations des cycles du PIB et ceux des transferts de fonds selon les diffé-
rents filtres sont donnés dans le tableau 2.5. Ils montrent, pour les filtres HP, BX, polynomial
d’ordre 4 et Kernel que les transferts de fonds sont acycliques. Cependant, pour le filtre poly-
nomial d’ordre 3, les transferts de fonds sont pro-cycliques et synchroniques.
Tableau 2.5 : Corrélation des cycles (données annuelles : 1982-2009)
HP BX PL3 PL4 Non paramétrique
Kernel
t(-1) -0,0207 -0,0490 0,1787 0,0964 -0,1118
t(0) 0,1451 0,1516 0,4015 ** 0,2417 -0,2242
t(1) 0,1882 0,0339 0,4786 ** 0,1048 -0,2369
Acyclique Acyclique Pro-cyclique Acyclique Acyclique
*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%
HP : Hodrick Prescott, BX : Baxter King, PL3, PL4 : Polynomial d’ordre 3 et 4
Les résultats obtenus dans le tableau 2.5 sont sensibles aux filtres utilisés. Ce manque de ro-
bustesse peut être la conséquence de l’agrégation de l’ensemble des pays d’accueil du migrant
et l’utilisation de données annuelles. En effet, le fait de regrouper l’ensemble des transferts de
fonds des pays d’accueil revient à supposer que ces pays sont homogènes. Cependant, en réa-
lité les économies des pays d’accueil pour les migrants marocains sont hétérogènes comme on
l’a démontré au long du chapitre1. Les travaux de Sayan (2006) montraient que les transferts
de fonds vers le Maroc ont tendance à être pro-cycliques. En se basant sur les résultats de ta-
bleau 2.5, nous pouvons dire que les résultats obtenus par Sayan (2006) ne sont pas robustes.
A ce stade, on ne peut cependant bien conclure, étant donné la fragilité de ces résultats.
� Limites de la corrélation
La corrélation donne une information sur une dépendance positive ou négative entre deux
variables et elle traduit l’intensité de la liaison entre les deux variables. Cependant, il est bien
connu que la corrélation n’est pas la causalité. De même les résultats obtenus concernent la
corrélation linéaire. Or, d’autres relations fonctionnelles peuvent exister, elles peuvent être
non linéaires et dans ce cas la covariance tend vers 0 ce qui donne un coefficient de corréla-
tion proche de 0. De plus, si la relation est non monotone, le coefficient de corrélation ne tra-
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
71
duit ni l’intensité ni le sens de la relation. Pour remédier à ce type de problème, nous propo-
sons un modèle VAR discuté ci-dessous.
� VAR (Vecteur Auto-Régressif)
Les modèles VAR sont utilisés dans les estimations macro-économiques. Depuis le modèle
pionnier de Sims (1980). Il préconise que ces modèles donnent une meilleure qualité
d’ajustement par rapport aux modèles à équations simultanées. Actuellement, pour étudier les
interrelations entre les variables économiques, le modèle VAR est considéré comme un mo-
dèle optimal (Joiner, 2001). Puisque les deux variables sont endogènes, nous utiliserons un
modèle VAR65 (Vecteur Auto-Régressif). En effet, les transferts de fonds sont impactés par le
revenu des familles des migrants restées au pays (voir le chapitre 3) et, le PIB est aussi impac-
té par les transferts de fonds (voir le chapitre 1). Dans ce modèle, nous supposons que les
deux variables (cycles des transferts de fonds et cycles du PIB) ont le même statut. Le mo-
dèle VAR d’ordre p66, peut s’écrire comme suit :
P et n sont les retards.
CPIB représente les cycles du PIB et Cremit représente les cycles des transferts de fonds.
Afin d’étudier la relation dynamique entre les cycles des transferts de fonds, nous allons étu-
dier les résultats des fonctions de « impulse response » pour détecter le sens de causalité.
Un choc sur a des répercutions directes sur puis sur . Il faut préciser
que les résultats de la stationnarité ont été donnés dans le tableau 2.4. Comme précédemment,
nous avons retenu les cycles stationnaires, même si c’est discutable pour le modèle VAR.
65 La forme explicite du modèle est donnée en annexe. 66 P : retards, nous avons pris le retard optimal selon le critère de Akaik et de Schwarz.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
72
Les résultats (figure 2.3) montrent que, suite à une augmentation du PIB du Maroc, les trans-
ferts de fonds baissent. Nous pouvons alors affirmer que derrière ces envois, se cache un
comportement altruiste qui l’emporte sur d’autres comportements67. Cependant, nous ne pou-
vons pas conclure d’une manière définitive sur les propriétés cycliques des transferts de
fonds. Il est évident que la notion d’altruisme est plus complexe et ne peut se résumer à la
réaction des transferts de fonds suite au choc du PIB du pays d’origine.
Figure 2.3 : Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB du
Maroc.
67 Plus de détails sur les motivations de transférer des fonds voir le chapitre 3.
-1,4e+009
-1,2e+009
-1e+009
-8e+008
-6e+008
-4e+008
-2e+008
0
2e+008
4e+008
6e+008
8e+008
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
réponse de hp_RtOT à un choc dans hp_Y
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
-1,2e+009
-1e+009
-8e+008
-6e+008
-4e+008
-2e+008
0
2e+008
4e+008
6e+008
8e+008
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de bk_RtOT à un choc dans bk_Y
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
-1,2e+009
-1e+009
-8e+008
-6e+008
-4e+008
-2e+008
0
2e+008
4e+008
6e+008
8e+008
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_RtOT3 à un choc dans pc_Y3
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
-1e+009
-5e+008
0
5e+008
1e+009
1,5e+009
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_RtOT4 à un choc dans pc_Y4
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
HP
Polynomial d’ordre3
BK
Polynomial d’ordre 4
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
73
Les enseignements qui peuvent être déduits de ces résultats sont les suivants :
• l’utilisation de simples corrélations entre les cycles peut donner des résultats dispro-
portionnés voire biaisés ;
• la réaction à la baisse immédiate des transferts de fonds constatée suite à une améliora-
tion des revenus des familles pourrait traduire un comportement altruiste ;
• les données annuelles peuvent dissimuler certaines informations concernant la réaction
des migrants marocains suite aux chocs dans le pays d’origine et d’accueil.
En ce qui concerne les résultats par pays68, le tableau A2.1 présenté dans l’annexe de ce cha-
pitre montre que les transferts de fonds sont acycliques pour la plupart des pays d’accueil.
Cependant, ils sont contra-cycliques pour la Suède et le Danemark. Pour la Suède ils sont éga-
lement synchroniques. Ces résultats nous permettent de déduire plusieurs enseignements. Les
marocains auront tendance à envoyer davantage de transferts de fonds dans des conditions
économiques favorables. Les transferts de fonds pourraient être utilisés davantage dans
l’investissement que dans la consommation. Ils peuvent avoir des spécificités quasiment iden-
tiques avec les autres flux d’investissements, notamment les Investissements Directs Etran-
gers. Ceci n’écarte pas l’hypothèse altruiste. En d’autres termes, Ce résultat, ne signifie pas
qu’en cas de mauvaise conjoncture économique, les transferts de fonds vont baisser. Dans le
cas où les transferts de fonds sont acycliques. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’une par-
tie de ces transferts est destinée à la consommation et une autre à l’investissement.
A la lumière de ces résultats, on peut dire que les propriétés cycliques des transferts de fonds
changent selon le pays d’accueil. En d’autres termes, la réaction des marocains est différente
selon le pays d’accueil. Par ailleurs, d’autres facteurs peuvent intervenir dans la décision des
migrants marocains d’envoyer une partie de leurs revenus comme la conjoncture économique
dans les pays d’accueil et leurs politiques migratoires. L’interdépendance des économies entre
le pays d’accueil et d’origine peut influencer la nature des transferts de fonds.
Nous allons approfondir notre analyse en utilisant des données trimestrielles avec la même
méthodologie que celle utilisée précédemment. Le but est de comparer les résultats issus des
deux types de données et de vérifier leur robustesse.
68 Corrélation des cycles des transferts de fonds en provenant de chaque pays d’accueil et le PIB du Maroc, en
utilisant le filtre HP et les données annuelles (1982-2010).
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
74
4.2. Données trimestrielles
4.2.1. Transferts de fonds et PIB du Maroc
Comme dans la section précédente, nous allons utiliser plusieurs filtres et faire les tests de
racines unitaires sur les cycles. Nous ne retenons que des filtres stationnaires. Le tableau 2.6
fournit les résultats concernant la stationnarité pour les données trimestrielles.
Tableau 2.6 : Test de racine unitaire
Filtre PIB ADF (test) Stationnarité Remit ADF (test) Stationnarité
Moyenne
mobile simple
mc_PIB -10,29*** I(0) mc_Remit-T -7,34*** I(0)
Moyenne
mobile expo-
nentielle
emc_PIB -1,7593 I(1) emc_ Remit-T -7,34*** I(0)
Hodrick-
Prescott
hp_PIB -4,79*** I(0) hp_ Remit-T -5,77*** I(0)
Baxter et
King
bk_PIB -4,96*** I(0) bk_ Remit-T -4,022*** I(0)
Polynomial
d’ordre 1
pc_PIB1 -1,90501 I(1) pc_ Remit-T1 -5,72*** I(0)
Polynomial
d’ordre 2
pc_PIB2 -4,27*** I(0) pc_ Remit-T2 -5,88*** I(0)
Polynomial
d’ordre 3
pc_PIB3 -5,94*** I(0) pc_ Remit-T3 -5,94*** I(0)
Polynomial
d’ordre 4
pc_PIB4 -4,91*** I(0) pc_ Remit-T4 -5,68*** I(0)
Non paramé-
trique (kernel)
-5,43***
I(0)
Non paramétrique (kernel)
-4,162***
I(0)
*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%.
Les graphiques des cycles (figures de A2.3 à A2.11) sont donnés en annexe du chapitre 2.
Nous notons clairement sur les graphiques que les transferts de fonds sont contra-cycliques
sur la quasi-totalité de la période. Les résultats des corrélations des cycles selon les différents
filtres sont donnés dans le tableau 2.7.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
75
Corrélation de PIB et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3)
Retards -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
Filtre
Moyenne mobile
simple
-0,30 ** 0,102 0,012 0,058 -0,179 0,094 0,097 0,036 -0,223
Hodrick-Prescott -0,417 *** -0,22 -0,122 0,018 -0,114 0,068 0,191 0,242
*
-0,009
Baxter et King -0,509 *** -0,44*** -0,168 0,106 0,170 0,2 0,130 0,029 -0,071
Polynomial
d’ordre 2
-0,39 ***
-0,20
-0,11
0,03
-0,06
0,14
0,26 * 0,29
**
0,045
Polynomial
d’ordre 3
-0,37 ***
-0,179
-0,114
0,028
-0,09
0,11
0,236* 0,28
**
0,039
Polynomial
d’ordre 4
-0,416 *** -0,204 -0,123 0,014 -0,130 0,051 0,177 0,23 * -0,014
Polynomial
d’ordre 5
-0,152 0,1547 0,080 -0,035 -0,159 0,024
-0,143 -0,172 -0,39***
Non paramé-
trique (kernel)
-0,2873 **
0,0093
0,039
0,183
-0,140
-0,050
0,0754 0,1665 -0,266*
*** significativité à 1%, **à 5%, * à 10%
HP : Hodrick-Prescott, BK : Baxter et King, PL3, PL4 : Polynomial d’ordre 3 et 4 respectivement
Les résultats obtenus dans le tableau 2.7 apparaissent robustes et montrent que les transferts
de fonds sont plutôt contra-cycliques. En d’autres termes les transferts de fonds sont envoyés
pour répondre aux besoins des familles quand le budget des familles est toujours insuffisant
pour couvrir tous les besoins, comme lors de la rentrée scolaire ou à l’occasion de fêtes reli-
gieuses, etc. Ces résultats ne corroborent pas ceux de Sayan (2006) qui utilisait un filtre poly-
nomial.
La corrélation des cycles des transferts de fonds est négative mais n’est pas très forte (ne dé-
passant pas 50%). D’autres motifs d’envois expliquent donc les transferts de fonds tels que les
envois pour des motifs d’investissements et surtout les envois saisonniers comme les fêtes
religieuses (Aid El Adha). La figure 2.4 illustre clairement cette idée.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
76
Figure 2.4 : Le taux de croissance des transferts de fonds (1998-2010)
Source : Office des Changes du Maroc (2012)
La figure 2.4 montre clairement le comportement saisonnier des transferts de fonds (pour plus
de détails voir le chapitre 1). Nous remarquons que les pics des envois sont en juillet. Ce mois
correspond aux périodes de vacances. Durant cette période les migrants envoient davantage de
fonds pour faire face aux dépenses supplémentaires à l’occasion des visites aux familles res-
tées au Maroc. Cependant, cette saisonnalité est atténuée par le fait que les fêtes religieuses
n’ont pas une date fixe concernant le calendrier utilisé. Pour confirmer cette idée nous allons
prendre les trois dernières années des transferts de fonds en les représentant par un diagramme
polaire (figure 2.5).
Données mensuelles
Tau
x de
cro
issa
nce
des
trans
ferts
de
fond
s (%
)
févr-98 nov-98 juil-99 avr-00 janv-01 oct-01 juin-02 mars-03 janv-04 oct-04 juin-05 mars-06 janv-07 oct-07 juin-08 mars-09 janv-10 oct-10
-40
-20
020
4060
80
11
1111111111
1
11111111111
1
111111111111
1
11111111
1
111111111111
1
111111111111
11111111111 1111111111111
1111111111
1
11111111111
1
11111111111
1
1111111111 1111111111111
122222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222222222
2
22222333333
3
33333333333
3
33333333333 333333333333
3
33333333333
3
33333333333
3
333333333333
33333333333
3
33333333333
3
33333333333 333333333333
3
33333333333
3
33333333333
3
3333
1: Aid El Adha 2:Juillet 3: Août
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
77
Figure 2.5 : Digramme polaire (transferts de fonds en million de dirham marocain en
valeur)
Source : Office des Changes du Maroc
Le diagramme montre bien que les pics des transferts de fonds se produisent en juillet. Au-
trement dit, les propriétés cycliques des transferts de fonds sont le fruit d’un « panachage » de
plusieurs comportements liés à la culture, à l’aide familiale mais aussi à l’investissement.
Nous rappelons ci-après les éléments qui peuvent expliquer la cyclicité des transferts de
fonds. Les changements institutionnels dans le pays d’origine, la perception des migrants et le
degré de confiance vis-à-vis des ces institutions peuvent aussi influencer le comportement des
transferts de fonds. Par exemple, si les migrants ont plus confiance dans leurs institutions, ils
peuvent envoyer de l’argent pour réaliser des projets d’investissement. En d’autres termes, la
stabilité macro-économique et l’amélioration de l’efficacité des administrations publiques
peuvent engendrer des transferts de fonds pour des motifs d’investissements.
Dans le cas contraire, ils vont investir dans leurs pays d’accueil et limiter leurs envois aux
motifs purement culturels.
Le taux de change peut également influencer le comportement des transferts de fonds, un ré-
gime de change fixe peut aider les migrants à anticiper et lisser leurs envois. De même, des
politiques de dévaluation peuvent pousser les migrants à changer les fréquences ou les mon-
tants des envois. Les pays d’accueil sont hétérogènes et cela peut influencer la robustesse des
résultats. De plus, le comportement peut changer dans le temps selon l’information disponible
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
78
dans le pays d’accueil et d’origine. En d’autres termes, la nouvelle information perçue par le
migrant concernant sa famille et sa situation peut influencer la relation entre le cycle des af-
faires et celui des transferts de fonds.
Les résultats de la figure 2.6 corroborent ceux donnés par les corrélations dans le tableau 2.7.
La réaction des transferts de fonds est négative suite à une augmentation de PIB au Maroc. De
plus, les résultats du modèle VAR sont valables tant pour les données annuelles que trimes-
trielles. En nous basant sur les résultats des données trimestrielles, nous avons affirmé que les
transferts de fonds vers le Maroc semblent être contra-cycliques. Cela peut contribuer à la
stabilité économique et sociale au Maroc. Dans ce cas, les transferts de fonds peuvent jouer
les rôles importants de stabilisateur et d’amortisseurs (voir chapitre 1). Ils peuvent aussi atté-
nuer le phénomène du syndrome hollandais (voir le chapitre 4).
Enfin, nous pouvons déduire de ces résultats les conclusions suivantes :
• la relation n’est pas linéaire entre les cycles des transferts de fonds et le PIB des pays
d’accueil ;
• l’utilisation de données trimestrielles ou mensuelles doit être privilégiée. Les fré-
quences de courte durée peuvent mieux refléter le comportement des migrants no-
tamment par rapport à des données annuelles, étant donné la réaction immédiate des
migrants vis-à-vis des chocs survenus au pays d’origine. Ceci est dû au développe-
ment des moyens de transferts (par exemple Western Union69 qui permet des envois
immédiats) et le développement des moyens de communication. Les données an-
nuelles peuvent dissimuler ces réactions en lissant les données des transferts de fonds ;
• les transferts de fonds peuvent être décomposés en deux catégories : les transferts
ponctuels (principalement destinés à l’investissement) et altruistes.
69 Organisme spécialisé dans les envois de fonds. D’autres organismes de transferts d’argent opèrent au côté de
Western Union.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
79
Figure 2.6 : Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (Maroc)
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_remit1 à un choc dans pc_PIBnominal1
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
Pl.1 -500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de mc_remit à un choc dans mc_PIBnominal
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
MC
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_remit2 à un choc dans pc_PIBnominal2
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
Pl.2 -600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_remit3 à un choc dans pc_PIBnominal3
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
Pl.3
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de cremit à un choc dans cpib
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
-700
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_remit4 à un choc dans pc_PIBnominal4
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
-250
-200
-150
-100
-50
0
50
100
150
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de bk_remit à un choc dans bk_PIBnominal
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
réponse de bk_remit à un choc dans bk_PIBnominal
BK
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de hp_remit à un choc dans hp_PIBnominal
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
HP
Pl4 Kernel
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
80
4.2.2. Pays d’accueil et transferts de fonds
Nous allons appliquer la même stratégie que celle utilisée dans la section 4.1 pour analyser la
relation entre les cycles des transferts de fonds et les revenus de migrants marocains. Nous
prendrons le PIB des pays d’accueil comme variable proxy du revenu des migrants. Ce der-
nier est calculé en faisant une moyenne pondérée par les parts des transferts de chaque pays
des PIBs. Les pondérations sont données dans le tableau 2.8.
Tableau 2.8 : Part des transferts des principaux 10 pays d’accueil
Années FRA BEL NLD DEU ITA DNK SWE GBR USA ESP Total
1998 53,71% 6,54% 6,81% 5,54% 9,92% 0,61% 0,25% 2,03% 1,61% 4,07% 91,10%
1999 53,71% 5,66% 5,61% 5,05% 10,75% 0,54% 0,31% 2,56% 3,56% 3,05% 90,81%
2000 45,23% 8,07% 7,00% 4,27% 13,04% 0,68% 0,26% 4,16% 3,90% 4,02% 90,63%
2001 40,63% 5,35% 9,46% 5,22% 15,91% 0,57% 0,21% 4,33% 6,13% 5,14% 92,94%
2002 45,61% 6,54% 6,65% 4,25% 11,66% 0,56% 0,23% 4,08% 5,91% 6,17% 91,66%
2003 44,49% 5,96% 5,88% 3,41% 12,66% 0,42% 0,24% 4,77% 5,89% 9,22% 92,94%
2004 43,11% 5,13% 3,86% 3,30% 13,25% 0,31% 0,24% 4,15% 6,55% 12,19% 92,08%
2005 41,63% 5,42% 4,02% 3,63% 12,36% 0,27% 0,22% 4,28% 5,70% 12,99% 90,53%
2006 43,14% 4,50% 4,12% 3,67% 12,22% 0,27% 0,22% 3,43% 5,67% 14,00% 91,24%
2007 42,46% 4,17% 4,22% 3,39% 12,38% 0,25% 0,20% 3,84% 5,02% 15,46% 91,39%
2008 39,68% 4,50% 4,05% 3,35% 12,35% 0,53% 0,19% 3,73% 6,26% 14,63% 89,27%
2009 40,29% 6,23% 4,15% 4,39% 11,98% 0,26% 0,18% 3,48% 5,01% 11,83% 87,79%
2010 40,91% 5,35% 4,18% 3,66% 9,98% 0,22% 0,23% 4,64% 5,46% 10,05% 84,67%
Source : Office des Changes du Maroc(2012)
Le tableau 2.8 montre que la France occupe la première place. En 2010, par exemple, plus de
40% des transferts de fonds sont assurés par les marocains résidants en France70. Pour cons-
truire une variable qui reflète le revenu des migrants dans leurs pays d’accueil, nous avons
calculé la moyenne des PIBs pondérée par la part des transferts de fonds de chaque pays
d’accueil. La définition est donnée ci-dessous.
Le revenu des migrants =
Avec i le pays d’accueil , αi la part des transferts de fonds et y le PIB. Nous avons pris le PIB
de chaque pays d’accueil. Ce dernier est calculé en euro, car les principaux pays d’accueil
pour les migrants marocains sont en Europe. Pour les autres pays, hors zone euro, nous avons
70 Plus de détails voir le chapitre 1.
∑=
−
10
1
i
iii yα
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
81
utilisé le taux de change pour calculer la valeur du PIB en Euro. Les statistiques descriptives
de cet indice sont données dans le tableau 2.9.
Tableau 2.9 : Statistiques descriptives 1998:1 - 2010:3
Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type C.V.
PIBH PIB pays
accueil en €
8,23E+05 8,53E+05 4,35E+05 1,10E+06 1,56E+05 0,18972
Comme nous l’avons fait pour les autres variables (PIB du Maroc et Transferts de fonds) nous
avons testé la stationnarité de cet indice avec le même test utilisé précédemment. Dans le ta-
bleau 2.10 ci-après, nous présentons les tests de racine unitaire des cycles obtenus par des
différents filtres.
Tableau 2.10 : Test de racine unitaire
Filtre PIB ADF (test) Stationnarité
Moyenne mobile
simple
-3,481** I(0)
Moyenne mobile
exponentielle
-2,327 I(1)
Hodrick Prescott -3,162** I(0)
Baxter et King -7,064*** I(0)
Polynomial
d’ordre 1
-2,268 I(1)
Polynomial
d’ordre 2
-2,205 I(1)
Polynomial
d’ordre 3
-3,781*** I(0)
Polynomial
d’ordre 4
-3,903*** I(0)
Non paramétrique
(kernel)
-9,6759*** I(0)
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
82
Les résultats des corrélations (tableau 2.11) montrent que les relations entre les transferts de
fonds et les PIBs de pays d’accueil sont positives. Ce résultat confirme l’hypothèse selon la-
quelle le revenu des migrants est positivement lié aux envois de fonds. On constate une corré-
lation faible, ceci peut s’expliquer par le fait que les migrants marocains lissent leurs envois.
En d’autres termes, ils envoient des fonds de manière régulière.
Tableau 2.11 : Corrélation de PIB accueil et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3)
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4
Filtre
Moyenne
mobile simple
-0,097 -0,070 0,210 0,140 0,1318 0,033 0,106 0,027 0,006
Hodrick Pres-
cott
-0,014 0,0565 0,1575 0,1104 0,2150 0,2035 0,251* 0,0297 -0,042
Baxter et
King
-0,4349
***
-0,2353 0,1135 0,3459 ** 0,4342 *** 0,3355 ** 0,2131 0,0725 -0,054
Polynomial
d’ordre 3
-0,1085 -0,0107 0,3054 ** 0,2583 * 0,2784 ** 0,2005 0,25 * 0,132 0,039
Polynomial
d’ordre 4
-0,1208 -0,0216 0,3039 ** 0,2573 * 0,2772 ** 0,185 0,2385* 0,1147 0,0251
Non paramé-
trique (kernel)
0,0440 -0,0214 0,1382 -0,1423 0,0506 -0,0777 0,2756** -0,151 -0,132
*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%
HP : Hodrick Prescott, BK : Baxter King, PL3, PL4 : Polynomial d’ordre 3 et 4 respectivement
Les migrants ayant un revenu élevé peuvent rapporter plus de transferts de fonds en terme
absolu dans le cas du Maroc, car les transferts sont corrélés positivement avec le revenu du
pays d’accueil. Ceci, par contre, peut constituer une menace dans les périodes de crise éco-
nomique. D’ailleurs, suite à la crise financière de 2008, une baisse des transferts de fonds a
été constatée dans le monde entier en général, et au Maroc en particulier (voir chapitre 1).
La diversification de la migration marocaine peut contribuer à la stabilité des transferts de
fonds, d’autant plus que les pays d’accueil sont hétérogènes (voir Chapitre 1).
Les résultats présentés jusqu'à présent nous aident à comprendre le comportement des trans-
ferts de fonds. Pour aller plus loin dans notre analyse, nous allons appliquer le modèle VAR
afin d’évaluer la réponse des transferts de fonds suite au choc du revenu dans le pays
d’accueil. Les résultats, pour chaque filtre utilisé, sont présentés dans le graphe 2.7. Ils con-
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
83
firment l’idée selon laquelle les transferts de fonds sont impactés positivement par le revenu
d’accueil.
L’hypothèse implicite posée dans ce travail est la suivante : les transferts de fonds sont con-
tra-cycliques avec les cycles des affaires du Maroc et pro-cyclique avec ceux des pays
d’accueil. Nos résultats valident en partie cette hypothèse.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
84
Figure 2.7 : Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (accueil)
MC Pl3
PL4 Kernel
HP BK
-200
-100
0
100
200
300
400
500
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de mc_RemitVo à un choc dans mc_PIBHVO
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
-100
0
100
200
300
400
500
600
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_RemitVo3 à un choc dans pc_PIBHVO3
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
-100
0
100
200
300
400
500
1 2 3 4 5 6 7 8 9
périodes
réponse de hp_RemitVo à un choc dans hp_PIBHVO
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
-100
-50
0
50
100
150
200
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de bk_RemitVo à un choc dans bk_PIBHVO
intervalle de confiance de 90 pourcent
estimation ponctuelle
-400
-200
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de pc_RemitVo4 à un choc dans pc_RemitVo4
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
-300
-200
-100
0
100
200
300
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de cre à un choc dans cy
intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
85
Dans ce chapitre nous avons souhaité soulever une problématique sur la nature des transferts
de fonds pour laquelle certains travaux ont déjà donné des conclusions pour certains pays,
comme Sayan (2004) pour la Turquie et Vargas-Silvas (2008) pour le Mexique.
Les résultats montrent qu’il existe une différence selon le pays d’accueil. La question à se
poser est la suivante : les migrants ont-ils vraiment un comportement différent ? A priori et
sur une long période il est difficile de supposer que les migrants, de manière générale, ont des
comportements très différents. En revanche, étant donné les différences des conjonctures dans
les pays d’accueil et d’origine, ceci peut conduire à une différence de comportement. De plus,
il est difficile de conclure sur la nature du comportement de migrants en prenant en compte
uniquement les transferts de fonds et le PIB du pays d’accueil et en utilisant un seul pays et un
seul filtre. Dans ce cas de figure, nous perdons, en effet, une information importante celle
relative au migrant lui même. Nous avons démontré que la cyclicité des transferts de fonds est
influencée par les cycles des affaires des pays d’émigration et ceux d’immigration. Si les
cycles des affaires entre les deux pays sont pro-cycliques, dans ce cas, nous avons plus de
chance de trouver que les transferts sont pro-cycliques avec le pays d’accueil et d’origine (cas
de l’Allemagne et de la Turquie, (Sayan, 2004)). Dans le cas contraire si les cycles des af-
faires sont contra-cycliques comme cela est constaté entre un pays d’origine et un pays
d’accueil importateur de pétrole, les transferts seront probablement contra-cycliques
(Mexique et les Etats-Unis, Vargas-Silvas, 2008).
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
86
5. Conclusion
Les transferts de fonds des migrants sont un phénomène complexe notamment du point de vue
de leurs propriétés cycliques. Ils ne sont pas le fruit d’une décision prise d’une manière indé-
pendante de l’environnement macro-économique dans le pays d’accueil et d’origine. Nous
venons de voir que leurs propriétés cycliques sont liées d’une manière positive aux cycles des
affaires des pays d’accueil et de manière négative à l’activité économique au Maroc.
Les chocs et les aléas dans les pays d’origine peuvent aussi affecter le comportement des mi-
grants marocains. S’ils s’adaptent aux économies des pays d’accueil, nous pouvons déduire
que les propriétés cycliques de leurs transferts de fonds reflètent celles des cycles des affaires
des pays d’accueil. Le degré de dépendance économique et l’intégration économique entre les
pays d’accueil et les pays d’origine peuvent affecter les propriétés cycliques des transferts de
fonds. Ces derniers peuvent aider les économies des pays d’origine à réduire l’amplitude des
cycles de certaines variables économiques, comme la consommation, la croissance etc. Ce
chapitre s’interrogeait sur les caractéristiques des cycles des transferts de fonds. Pour ce faire,
nous avions mobilisé des outils économétriques adéquats qui nous ont permis d’éclairer et
d’expliquer certains points relatifs aux propriétés des transferts de fonds :
• dans le cas marocain, les transferts de fonds sont contra-cycliques, contrairement aux
conclusions de Sayan (2004) ;
• les transferts de fonds peuvent augmenter durant les crises économiques et durant des
phases de récession du cycle économique ;
• les conclusions relatives à la nature des cycles des transferts sont dépendantes des
données (mensuelles, annuelles et trimestrielle), de la période choisie et du filtre
utilisé ;
• les transferts de fonds sont sensibles aux chocs dans les pays d’origine et d’accueil;
• l’environnement macro-économique dans les pays d’accueil peut expliquer en partie
les propriétés cycliques des transferts de fonds ;
• les transferts de fonds sont corrélés positivement avec le revenu de migrant, cependant
cette corrélation est faible. Ceci implique qu’une partie des migrants marocains
utilisent l’épargne dans le processus d’envoi.
Les propriétés cycliques peuvent changer dans le temps et sont différentes selons les pays
d’accueil et d’origine. Les politiques prises par les autorités marocaines à l’égard de ses
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
87
émigrants ne doivent pas être homogènes, elles doivent prendre en considération les
spécificités des pays d’accueil. En d’autres termes, pour contrôler le phénomène des transferts
de fonds, les politiques doivent être spécifiques à chaque pays d’accueil. Les politiques
bilatérales peuvent être efficaces par rapport à celles prises d’une manière unilatérale.
Nos analyses sur le phénomène des transferts de fonds à ce stade restent incomplètes. En
effet, les déterminants de ces transferts de fonds vers le Maroc restent à analyser comme le
revenu dans les pays d’accueil et celui du Maroc, analyse proposée dans le chapitre suivant.
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
88
Annexe chapitre 2
Tableau A2.1 : Résultats par pays d'accueil
Retards HP BK -1 0 1 -1 0 1 Allemagne -0,10 0,08 0,04 -0,14 0,09 -0,006
Arabie saoudite 0.05 -0.03 0.09 -0.01 -0.05 0.12
Belgique -0,12 0,03 0,18 -0,27 -0,02 0,2
Danemark -0.31* 0.0007 0.04 -0,37 0.04 -0,08
Émirats Arabes Unis 0,21 0,14 0,21 0,01 -0,02 0,20
Espagne 0,005 0,14 0,20 0,001 0,11 -0,05
Etats-Unis 0,05 -0,03 0,09 -0,26 0,001 -0,14
France 0,13 0,15 0,19 0,10 0,10 0,03
Italie -0,26 0,07 0,01 -0.25 0.15 -0.04
Pays-Bas -0,12 0,10 0,04 -0,18 0,13 -0,01
Royaume-Uni -0,14 -0,07 0,13 -0,14 -0,04 0,16
Suède -0,23 0,33 -0,26 -0,3 0,45** -0,46***
Suisse -0,09 0,05 0,0004 -0,05 0,16 -0,21
*** significativité à 1%,*significativité à 10%
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
89
Figure A2.1 : Evolution PIB et transferts de fonds (en milliards de dirham marocain)
Source : IFS et Office des Changes du Maroc (2012)
Figure A2.2: PIB et Transferts de fonds (données trimestrielles, 1998 :1-2010 :4 )
Source : Office des Changes du Maroc et Banque Modiale (2012)
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
90
Figure A2.3 : Cycles des transferts de fonds et PIB du Maroc filtre HP
-10000
-8000
-6000
-4000
-2000
0
2000
4000
6000
8000
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
hp_remit
hp_PIB
Figure A2.4 : Cycles des transferts de fonds et PIB filtre moyenne
mobile
-4000
-2000
0
2000
4000
6000
8000
10000
2000 2002 2004 2006 2008 2010
mc_PIB
mc_remit
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
91
Figure A2.5 : Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 2
-10000
-8000
-6000
-4000
-2000
0
2000
4000
6000
8000
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
pc_PIB2
pc_remit2
Figure A2.6 : Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 3
-10000
-8000
-6000
-4000
-2000
0
2000
4000
6000
8000
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
pc_remit3
pc_PIB3
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
92
Figure A2.7: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 4
-8000
-6000
-4000
-2000
0
2000
4000
6000
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
pc_remit4
pc_PIB4
Figure A2.8 : Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre HP)
-3000
-2000
-1000
0
1000
2000
3000
4000
5000
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
-150000
-100000
-50000
0
50000
100000
150000
200000
250000hp_PIBHVO (droite)
hp_RemitVo (gauche)
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
93
Figure A2.9 : Cycles des transferts de fonds et PIB (filtre moyenne mobile)
-100000
-50000
0
50000
100000
150000
200000
250000
2000 2002 2004 2006 2008 2010
-3000
-2000
-1000
0
1000
2000
3000
4000mc_RemitVo (droite)
mc_PIBHVO (gauche)
Figure A2.10: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre BK)
-80000
-60000
-40000
-20000
0
20000
40000
60000
80000
100000
120000
2000 2002 2004 2006 2008
-1500
-1000
-500
0
500
1000
1500bk_RemitVo (droite)
bk_PIBHVO (gauche)
Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds
94
Figure A2.11 : Cycles des transferts de fonds et PIB du pays
d’accueil (filtre non paramétrique)
-120000
-100000
-80000
-60000
-40000
-20000
0
20000
40000
60000
80000
100000
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
-2000
-1500
-1000
-500
0
500
1000
1500
2000
2500cre (droite)
cy (gauche)
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
95
CHAPITRE 3 : PAYS D’ACCUEIL, REVENU ET TRANSFERTS D E
FONDS
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
96
1. Introduction
En comparant les déterminants des transferts de fonds en provenance de 13 pays d’accueil
vers le Maroc, ce chapitre met en exergue les arguments selon lesquels les conditions macro-
économiques dans les pays hôtes ont un impact différent sur les transferts de fonds. Nous dis-
tinguons, globalement, deux groupes de pays d’accueil pour les migrants marocains : les nou-
veaux et les anciens pays d’accueil. Dans le chapitre 2, nous avons constaté clairement que les
propriétés cycliques varient selon l’économie d’accueil. Mais, nous n’avons pas cherché à
savoir comment ces conditions peuvent affecter les transferts de fonds. La plupart des travaux
sur les déterminants des transferts de fonds portent principalement sur les caractéristiques
individuelles des migrants (ces dernières, telles que le niveau d’éducation du migrant ou le
genre, influencent le comportement des transferts de fonds). De même, la communauté à la-
quelle est rattaché le migrant dans le pays d’accueil peut également jouer un rôle important
dans la détermination des transferts de fonds. Par conséquent, il nous semble nécessaire de
compléter ces études en regardant comment les caractéristiques des pays d’accueil et celles du
Maroc jouent sur les transferts de fonds. L’idée est ici d’examiner les transferts de fonds, non
pas de manière globale, mais par pays d’accueil. Ceci nous paraît être important pour plu-
sieurs raisons. Il s’agit d’améliorer la qualité des prévisions des montants transférés en tenant
compte des spécificités des pays d’accueil. Le fait de considérer les conjonctures des pays
hôtes permet aux responsables en charge des politiques migratoires de limiter les erreurs de
prévision inhérentes à cet exercice. En effet, il est important pour les responsables politiques
des pays d’origine de migrants d’être capables de faire de bonnes prévisions et de mettre en
place des politiques d’encouragement des transferts et d’accompagnement des migrants. Cette
différenciation qui est, de notre point de vue, un élément essentiel des politiques publiques
n’est pas assez mise en valeur, étant donné justement le manque d’études par pays.
En s’interrogeant sur les motifs des transferts de fonds et en remarquant qu’ils engendrent
davantage de flux migratoires au Maroc, en Egypte et en Turquie, Van Dalen et al. (2005) ont
conclu que les déterminants des transferts sont le fruit d’un mélange de pur altruisme ainsi
que d’un altruisme éclairé. Ils démontrent également que les liens familiaux et les revenus
nets des migrants ont un effet non négligeable sur les flux des transferts de fonds. Enfin, ils
mettent en évidence la corrélation forte entre les transferts de fonds et la décision de migrer
notamment dans le cas marocain. Il existe, par conséquent, une relation bi-causale entre les
transferts de fonds et la migration.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
97
Il est vrai qu’envoyer de l’argent relève a priori d’une décision individuelle. Cependant,
l’environnement macro-économique peut influencer cette décision. Les caractéristiques so-
ciales et économiques sont également à prendre en compte. De plus, la dynamique de
l’environnement macro-économique et la structure des économies des pays d’accueil et celle
du pays d’origine affectent les revenus des migrants et de leurs familles, et bien évidement
leurs transferts de fonds. Manifestement, plusieurs facteurs expliquent la variation des com-
portements des migrants dans le temps et entre les pays d’accueil. Dans une étude similaire à
la notre, Vargas-Silva et Huang (2006) notent que les transferts de fonds sont davantage sen-
sibles aux chocs opérant dans le pays d’accueil (Etats-Unis) que dans le pays d’origine
(Mexique). De même, dans le cas du Tadjikistan, les principaux facteurs qui influencent les
transferts de fonds sont principalement les variables du pays d’accueil (Coiffard, 2011). Bien
que les transferts de fonds soient considérés à la fois comme un phénomène micro et macro-
économique, la plupart des études sur leurs déterminants sont micro-économiques (Köksal,
2006). Peu de publications s’intéressent à l’impact des conditions des pays d’accueil sur les
transferts de fonds (Roache et Gradzka, 2007). Très peu d’études portent sur les déterminants
des transferts de fonds dans les pays du Maghreb (Miotti et al., 2010). Dans le cas du Maroc,
nous constatons qu’il n’existe aucune recherche sur les déterminants des transferts de fonds
bilatéraux.
Ce chapitre s’inscrit dans une démarche empirique et macro-économique et complète le peu
de travaux sur les transferts de fonds au Maroc. Nous tentons d’apporter notre contribution à
la littérature économique existante sur les déterminants des transferts de fonds sur plusieurs
volets. Premièrement, nous ferons une revue de la littérature existante notamment sur le plan
macro-économique. Deuxièmement, nous étudierons les déterminants macro-économiques
des transferts de fonds dans le cas marocain en prenant en compte les principaux pays
d’accueil. Troisièmement, nous utiliserons plusieurs techniques économétriques pour vérifier
la robustesse de nos résultats contrairement aux études antérieures qui se contentent d’un
nombre limité de techniques (comme Bouhga-Hagbe (2006) qui n’a utilisé que la technique
de co- intégration).
Les principaux pays d’accueil71 des marocain sont : la France, l’Allemagne, l’Arabie Saou-
dite, la Belgique, le Danemark, les Emirats Arabes Unis, l’Espagne, les Etats-Unis, le
Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse. Ces pays peuvent être regroupés en
trois catégories : les anciens pays d’immigration comme la France, les nouveaux pays
71 Pou plus de détails voir le chapitre1.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
98
d’immigration comme l’Espagne, et certains pays du Golfe. La suite de ce chapitre sera orga-
nisée comme suit : dans la section 2, nous essayerons de mettre en avant les déterminants ma-
cro-économiques et micro-économiques des transferts de fonds en nous appuyant sur les tra-
vaux réalisés précédemment ; dans la section 3, nous estimerons la fonction des transferts de
fonds pour chaque pays d’accueil par plusieurs techniques économétriques afin de contrôler
les problèmes d’endogénéité, une attention particulière sera donnée aux problèmes de non-
linéarité. Ce chapitre se terminera par une conclusion, sous forme de synthèse générale à pro-
pos des déterminants et des caractéristiques des transferts de fonds.
2. Revue de la littérature sur les déterminants des transferts de fonds
L’objectif de cette section est de synthétiser les principaux déterminants des transferts de
fonds et de justifier les variables utilisées dans la section empirique. Rappelons tout d’abord
que les déterminants des transferts de fonds sont de nature micro et macro-économiques
(Mouhoud et al., 2008). Les déterminants micro-économiques reposent essentiellement sur les
caractéristiques liées à l’immigré lui-même ainsi qu’à sa famille. Le tableau 3.1 résume
l’impact des principales variables explicatives sur les transferts de fonds suivant les motiva-
tions des migrants. On peut se référer à la revue de la littérature de Rapoport et Docquier
(2006) sur les déterminants des transferts de fonds qui classent les motivations d’envoi
d’argent en deux catégories. Les motivations personnelles du migrant et celles communes
entre le migrant et sa famille, sous forme d’arrangement tels que le paiement des crédits liés
au coût de la migration. Les deux auteurs arrivent à la conclusion selon laquelle il est difficile
d’avoir des résultats concluants et robustes sur les déterminants des transferts de fonds.
En ce qui concerne les déterminants macro-économiques, ils sont liés aux caractéristiques
économiques du pays d’accueil et du pays d’origine. Il est à noter que le stock de migrants
dans le pays d’accueil est un déterminant évident des transferts de fonds. Il est considéré
comme l’un des plus importants (Singh et al., 2009). Par exemple, Freund et Spatafora (2008)
observent qu’une augmentation de 100% du stock de migrant dans les pays de l’OCDE72
permet une augmentation de 75% des transferts de fonds.
72 Organisation de Coopération et de Développement Economiques.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
99
Tableau 3.1 : Motivations d'envois de fonds
Globalement, les déterminants des transferts de fonds peuvent être résumés comme suit : les
revenus perçus par les migrants ; les revenus perçus par les familles récipiendaires ; le niveau
d’éducation du migrant et de sa famille ; la durée de séjour ; la composition de la famille du
migrant ; le degré d’altruisme du migrant ; le comportement stratégique du migrant et sa fa-
mille ; le taux de change ; l’évolution des prix dans les pays d’accueil et d’origine ; le taux
d’intérêt dans les pays d’accueil et d’origine ; le PIB dans les pays d’accueil et d’origine ; le
climat des affaires dans les pays d’origine. A côté de ces facteurs, il existe d’autres détermi-
nants non observables comme l’attachement au pays d’origine, le sentiment d’obligation
d’envoyer de l’argent, le projet de retour, qui peuvent jouer un rôle important sur le compor-
tement des transferts de fonds (Miotti et al., 2010). De plus, le contexte politique peut aussi
influencer la probabilité d’envoyer de l’argent et également le montant à transférer (Arestoff
et al., 2010 ; O’Mahony, 2012).
La nature de la migration joue un rôle important dans les déterminants des transferts de fonds
(Dustmann et Mestres, 2010). La durée de séjour est corrélée négativement avec les transferts
de fonds (voir chapitre 1). Lowell et De la Garza (2000) montrent, ainsi, qu’une augmentation
de 1% de la durée de séjour du migrant diminue de 2% la probabilité de transférer de l’argent.
Cependant, Aggarwal et Horowitz (2002) ainsi qu’Osaki (2003) ne trouvent aucun lien entre
Variables
Explicatives
Motifs d’envois
Variables liées au migrant Motifs arrangements fami-
liaux
Altruisme Echange Héritage Stratégie Assurance
(implicite)
Prêt
(implicite)
Revenu du migrant + + + * +
Education du migrant * - * + * +
Durée de séjour - * * - * *
Distance avec le pays d’origine - * - * * +
Nombre de migrants héritiers - * Relation U
inversé * * *
Revenu de sa famille - -/+ * + + +
Choc négatif affectant le revenu
de la famille à court terme * * + * * *
(+) effet positif,(-) effet négatif, (*) pas d’effet
Source : Adapté de Rapoport et Docquier, 2006, p.1163
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
100
la durée de séjour et les transferts de fonds. Dans le cas du Maroc, les transferts de fonds en
provenance des anciens pays d’accueil ont un taux de croissance moins important par rapport
aux nouvelles destinations (voir chapitre 1).
Au niveau micro-économique, mesurer les déterminants des transferts de fonds nécessite des
enquêtes de terrain. En d’autres termes, cela oblige à chercher l’information directement au-
près des migrants et de leurs familles73. Au niveau macro-économique, les études nécessitent
plutôt des données agrégées. Il faut préciser que la première publication (Swamy, 1981) sur
les déterminants macroéconomiques remonte à une trentaine d’années.
Notons que l’objectif est de montrer que le comportement des transferts de fonds est le résul-
tat de plusieurs interactions de variables macro-économiques (notamment les structures des
pays d’accueil). Dans cet ordre d’idées, Barajas et al., (2010a) et Glytsos (1997) observent
que les facteurs liés au pays d’accueil influencent davantage les transferts de fonds par rapport
à ceux du pays d’origine. Mais les déterminants des transferts de fonds ne sont pas seulement
le résultat des variations des facteurs liés aux pays d’accueil. Si l’on prend le cas de l’Inde74,
par exemple, on trouve que plusieurs facteurs expliquent les transferts de fonds. On peut citer
l’activité économique dans le pays d’accueil, mais aussi la différence des salaires, le taux de
change, le nombre de migrants (Sirkeci et al., 2012, p. 112).
Les transferts de fonds sont constitués d’une composante exogène et d’une composante endo-
gène (Glytsos, 2002). Wahba (1991) va jusqu’à distinguer deux types de transferts de fonds.
Le premier comprend les transferts de fonds fixes destinés à satisfaire les besoins des fa-
milles. Le deuxième, discrétionnaire, est généralement destiné à l’investissement. Ce dernier
peut être influencé par l’environnement macro-économique des pays d’accueil et / ou
d’origine. En outre, Hoddinott (1994) souligne qu’il existe une différence entre la décision
d’envoyer de l’argent et la quantité d’argent envoyé. Dans notre travail, nous nous intéressons
évidemment à la quantité des transferts de fonds puisqu’on raisonne dans un cadre macro. Si
les facteurs qui déterminent la décision du migrant d’envoyer ou non de l’argent à sa famille
peuvent être d’ordre micro-économique (facteurs liés aux migrants), le montant de transferts,
quant à lui, peut être influencé par des variables macro-économiques (le taux de change,
l’inflation, etc.). De plus, le coût lié aux transferts joue un rôle non négligeable sur le volume
73 Voir Mouhoud et al. (2008) pour un état de l’art sur la question. 74 L’Inde est considérée comme le premier pays qui reçoit le plus de transferts de fonds de ses migrants, environ
54 milliards de dollars en 2010, selon les données de la Banque Mondiale.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
101
des transferts de fonds. Par exemple, Gibson et al., (2006) montrent qu’une baisse de 1 % des
coûts liés aux transferts permet une augmentation de 0,22 % des transferts de fonds.
Les raisons pour lesquelles les migrants envoient de l’argent sont multiples. Ainsi, Lucas et
Strak (1985) en exposent trois. La première est attribuée au pur altruisme, puisqu’il s’agit
d’améliorer le bien être de leurs familles. La deuxième raison vient du fait que les migrants
peuvent transférer une partie de leurs revenus dans leur propre intérêt (par exemple en ache-
tant des biens durables). La dernière raison considère que les transferts de fonds servent à
rembourser la dette liée à la migration.
L’altruisme implique une relation positive entre le revenu du migrant et les chocs négatifs
subis par les familles dans le pays d’origine, et une relation négative avec le revenu des fa-
milles des migrants. Selon Glytsos (1988), les coûts de migration sont partagés entre les
membres de la famille et de ce fait, les migrants peuvent transférer une partie de leurs revenus
afin d’honorer les engagements envers leurs familles.
En moyenne, les migrants envoient un cinquième de leurs revenus (Ratha et al., 2010). Le
niveau d’activité économique dans le pays d’accueil et d’origine influence les transferts de
fonds (Swamy, 1981). Le revenu du migrant qui dépend du niveau d’activité du pays
d’accueil est l’un des déterminants les plus importants des transferts de fonds (pour envoyer
de l’argent, il faut commencer par le gagner). La situation du migrant dans le pays d’accueil
(statut légal ou illégal) influence également son comportement en termes de transferts de
fonds (Amuedo-Dorantes et Pozo, 2012).
Makhlouf (2011) démontre que les transferts de fonds augmentent suite à une bonne conjonc-
ture économique au Maroc. Bouhga-Hagbe (2006) a utilisé les données macro-économiques
pour mesurer l’altruisme. Il a utilisé le PIB agricole comme étant une mesure de la difficulté
économique dans les pays d’origine. Ses résultats montrent que l’altruisme est un déterminant
important des transferts de fonds. Karpestam et Andersson (2011), en estimant l’équation de
la consommation avec les transferts de fonds comme une variable explicative, notent que le
comportement altruiste prime sur le comportement d’assurance. L’hypothèse d’assurance dé-
veloppée par la nouvelle économie de la migration présente cette dernière comme étant un
processus d’assurance en cas d’une baisse de revenu. Le tableau 3.2 résume l’interaction entre
le niveau des transferts de fonds du migrant, son revenu et celui de sa famille.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
102
Tableau 3.2 : Impact du revenu sur le comportement des transferts de fonds
Les transferts de fonds dépendent des caractéristiques économiques des pays d’origine (ré-
gime de change, activité économique, degré de mobilité des capitaux, développement finan-
cier, etc.) (Grabel, 2008). L’instabilité économique dans les pays d’origine peut aussi influen-
cer les transferts de fonds (Elbadawi et Rocha, 1992). Il est important de signaler la relation
bi-causale existant entre les transferts de fonds et l’instabilité économique des pays d’origine.
In hoc sensu, le lien entre les transferts et la croissance économique reste encore ambigu75.
Ces deux derniers auteurs proposent une autre approche permettant d’expliquer la décision de
transférer des fonds : celle de l’arbitrage entre l’épargne et l’investissement dans les pays
d’accueil ou dans les pays d’origine. Dans ce cas, les transferts sont considérés comme de
simples flux financiers. Dans les périodes de crise, les transferts de fonds peuvent augmenter
et de ce fait, peuvent être considérés comme un facteur stabilisateur (Yang, 2003) qui rédui-
rait l’amplitude des cycles économiques.
Parmi les déterminants macro-économiques des transferts, le différentiel de taux d’intérêt joue
un rôle important (Vargas-Silva, 2009). Par exemple, El-Sakka et McNabb (1999) montrent
que le taux d’intérêt explique de manière significative les transferts des migrants vers
l’Egypte. En effet, le taux d’intérêt dans les pays d’origine peut jouer un rôle dans la détermi-
nation des transferts de fonds (Adams, 2009 ; Lianos, 1997 ; Alper, 2005)
Dans les pays exportateurs de main d’œuvre en général, le taux d’inflation peut être une
source de variation du pouvoir d’achat. L’inflation peut ainsi jouer un rôle dans la détermina-
tion des transferts de fonds (El-Sakka et McNabb, 1999). En utilisant les données sur
75 Voir le chapitre 1
Les effets sur le niveau des transferts Revenu de famille Revenu du migrant
Pur altruisme - +
Pur intérêt personnel + +
Assurance -
Paiement des dettes +/- +
Motivations d’échanges +/- +
Comportements stratégiques - +
(-) : effet négatif, (+) : effet positif
Source : Hagen-Zanker et Siegel (2007)
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
103
l’Algérie, le Maroc, le Portugal, la Tunisie, la Turquie et la Yougoslavie, Elbadawi et Rocha
(1992) nous montrent que le niveau de revenu dans le pays d’accueil et le taux d’inflation
dans le pays d’origine sont des déterminants significatifs. Cependant le niveau de revenu dans
le pays d’accueil et le différentiel de taux d’intérêt ne le sont pas. La variation du taux de
change peut également influencer la décision des migrants de transférer une partie de leurs
revenus (Barro et al., 2007). Selon Faini (2007), la variation du taux de change réel engendre
deux principaux effets. Le premier est un effet de revenu et le deuxième un effet de substitu-
tion. Le tableau 3.3 résume l’impact du taux de change sur les transferts de fonds. El-Sakka et
McNabb (1999) montrent que le taux de change a un rôle important dans la détermination des
transferts de fonds vers l’Egypte. Nous avons montré (Makhlouf, 2011) que la dévaluation du
taux de change engendre un effet de substitution et un effet de revenu sur les transferts de
fonds. Par contre, Straubhaar (1986) remarque que les transferts de fonds ne sont pas affectés
par la variation du taux de change dans le cas de la Turquie. Yang (2008) note que dans le cas
des Philippines, les transferts de fonds augmentent suite à une dépréciation du peso. Par ail-
leurs, la réaction des transferts de fonds n’est pas stable par rapport à la variation de taux de
change. A titre d’exemple, à court terme, la dépréciation de la monnaie indienne engendre une
augmentation des transferts de fonds, mais à long terme, elle engendre une baisse de ces
transferts (Sirkeci et al., 2012, p. 115). Enfin, les migrants préfèrent utiliser les canaux infor-
mels quand le taux de change n’est pas attractif (Freund et Spatafora, 2008).
Tableau 3.3 : Impact du taux de change sur transferts de fonds
Auteurs Impact du taux de change bilatéral
Russell (1986) *
Elbadawi et Rocha (1992) -
Faini (1994) +
Lianos (1997) -
Buch et al. (2002) *
Freund et Spatafora (2008) -
Gupta (2005) *
IMF(2005) -
Aydas et al. (2006) -
Lueth et Ruiz-Arranz (2007) -
Singh et al. (2009) -
(-) effet négatif sur les transferts de fonds, (+) effet positif, (*) effet non significatif
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
104
Dans cette section, nous avons vu comment les variables micro et macro-économiques in-
fluencent les transferts de fonds des migrants. Nous avons également montré que le revenu
des migrants influence positivement les transferts de fonds. Cependant, le revenu des réci-
piendaires peut avoir un effet positif et/ou négatif selon le comportement du migrant. Nous
avons compris également que l’instabilité économique dans les pays d’origine et d’accueil
peut modifier la fonction des transferts de fonds. De plus, le degré d’intégration économique
entre le pays d’accueil et d’origine peut influencer le comportement des transferts de fonds
(Chami et al., 2005). Cependant, la réaction des transferts de fonds suite à une crise financière
dans les pays d’accueil n’est pas claire (Mohapatra et Ratha, 2010). Le schéma 3.1 montre les
canaux de transmission de la crise économique vers les transferts de fonds.
Schéma 3.1 : Les canaux de transmission de la crise économique aux transferts de fonds
Source : D’après Sirkeci et al., 2012, p. 216
Pour chercher la meilleure relation entre les transferts et leurs principaux déterminants, nous
retiendrons, d’après cette revue bibliographique, les principaux déterminants suivants : le PIB
par tête et l’inflation du pays d’accueil et du pays d’origine ; le taux de change et la variable
relative aux institutions dans le pays d’origine. Pour nous assurer de la robustesse de nos ré-
sultats, nous mettons en place une stratégie d’estimation basée sur plusieurs techniques statis-
tiques. Nous essayerons, dans la section suivante, d’estimer l’impact de ces déterminants ma-
cro-économiques qui reflètent les conditions économiques au Maroc et dans les principaux
pays d’accueil des migrants marocains.
Crise économique Transferts de fonds
Taux de change
Revenu du Migrant
Stock de migration
Coûts d’envois
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
105
3. Etude empirique
Dans un premier temps, nous allons aborder l’aspect méthodologique en présentant les don-
nées et les techniques utilisées dans ce travail. Puis, nous discuterons les résultats de chaque
technique.
3.1. Données et méthodologie
Dans cette section, nous allons comparer les principaux déterminants des transferts de fonds
pour chaque pays d’accueil. L’objectif essentiel est de comparer l’impact des revenus (proxy
de revenu du migrant) des différents pays d’accueil sur les transferts de fonds vers le Maroc.
Notre hypothèse est que ce comportement est hétérogène. Nous considérons, comme dans le
chapitre 1, la France comme pays de référence. Pour ce faire, nous allons considérer les 13
principaux pays d’accueil des migrants marocains qui représentent plus de 95% des transferts
de fonds vers ce pays. Nous allons effectuer une batterie de tests et régressions pour chaque
pays d’accueil. Ensuite, nous comparerons les résultats entre ces différents pays. Nous utilise-
rons également les revenus des migrants et de leurs familles pour capter l’évolution des com-
portements altruistes ou égoïstes. Les variables explicatives sont : le taux de change nominal
bilatéral, les taux d’inflation et le taux d’intérêt dans les pays d’accueil et du Maroc. Pour
capter l’éventuel comportement de solidarité, nous utilisons deux variables : la première con-
cerne l’indice de production de blé ; la deuxième est relative aux catastrophes naturelles76 au
Maroc. Il est à noter que l’agriculture au Maroc est pluviale (Chafai Elalaoui, 2006). Les
transferts de fonds devraient augmenter dans les périodes de sècheresses. De plus, d’autres
études utilisent le PIB agricole comme variable proxy (Younoussa, 2011 et Bouhga-Hagbe,
2006) pour les Comores et le Maroc. L’idée est de pouvoir dissocier de façon rigoureuse les
transferts de fonds altruistes de ceux à destination d’investissement.
Pour le revenu du migrant et celui de sa famille, nous avons choisi le PIB par tête en parité du
pouvoir d’achat du pays d’accueil et d’origine respectivement, comme étant une variable
proxy du revenu de migrant et celui de sa famille, comme suggéré par Faini (2007). Pour le
taux de change, nous avons considéré le taux de change nominal bilatéral (au certain par rap-
port au Maroc). Nous avons utilisé le différentiel de taux d’inflation pour détecter si les mi-
76 Source:"EM-DAT: The OFDA/CRED International Disaster Database, www.emdat.be - Université catholique
de Louvain - Brussels - Belgium".
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
106
grants marocains sont des victimes d’illusion monétaire. Les transferts de fonds sont en dir-
ham marocain. Enfin, nous allons estimer les déterminants des transferts de fonds en utilisant
des données trimestrielles.
3.2. Stratégie d’estimation
L’économétrie nous offre une panoplie de méthodes et de techniques dans le but d’améliorer
la qualité des estimations. Greene (2005) propose une grande liste de méthodes économé-
triques et explique qu’ « on peut pardonner, même à l’économètre le plus chevronné, de ne
pas savoir comment choisir la bonne méthode dans cette longue liste » (Greene, 2005, p.
409). Cependant, nous assistons à une utilisation de plus en plus fréquente de techniques dont
les restrictions sur les hypothèses sont moins contraignantes. Les déterminants macro-
économiques des transferts de fonds sont construits sur plusieurs relations complexes. C’est le
cas, par exemple, de l’environnement du pays d’accueil qui est lui-même constitué d’un en-
semble de relations complexes entre les variables macro-économiques. Il en est de même pour
le pays d’origine. Les transferts de fonds sont donc la conséquence d’interactions entre plu-
sieurs variables macro-économiques. On peut dire que l’équilibre se réalise entre le migrant et
sa famille lorsque la somme d’argent demandée par la famille correspond à celle offerte par le
migrant. En d’autres termes, la somme envoyée correspond à la somme désirée. Il est évident
que les variables qui influencent la demande ne sont pas les mêmes que celles qui influencent
l’offre des transferts de fonds. Afin d’établir la « meilleure » estimation, nous allons procéder
par étapes. Dans un premier temps, nous allons commencer par estimer une relation linéaire
entre les transferts de fonds et les principaux déterminants, en utilisant la méthode des
moindres carrés ordinaires. Toutefois, cette technique ne permet pas de donner des estima-
teurs sans biais du fait de l’endogénéité de certaines variables explicatives. Dans le but de
pallier à ce problème d’endogénéité, nous allons utiliser la modèle de régressions apparem-
ment indépendantes (SUR77), dans un deuxième temps. Cependant, un autre problème sub-
siste ; dans ces deux méthodes, le modèle estimé est statique. Pour prendre en considération
la dynamique et l’endogénéité, nous allons estimer le modèle VAR, dans un troisième temps.
Les modèles testés, à ce stade, supposent une relation linéaire entre les transferts de fonds et
leurs déterminants. Cependant, cette hypothèse n’est pas toujours valide. Ceci nous amène à
penser à des modèles qui ne stipulent pas de forme a priori de la relation à estimer. Autrement
dit, le manque de modèle fiable sur les déterminants des transferts de fonds, notamment sur la
77 Seemingly Unrelated Regressions
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
107
relation entre les transferts de fonds et le revenu de la famille des migrants, nous oblige à tes-
ter un modèle non paramétrique, dans un quatrième temps. Nous sommes également confron-
tés à une autre contrainte ; celle des données puisque nous avons seulement 29 observations
(1982-2010) pour 6 variables alors que la méthode non paramétrique a besoin d’un nombre
important d’observations pour fournir des résultats fiables. De plus, nous n’avons pas des
données trimestrielles pour les variables choisies. Face à ces contraintes, nous avons opté
pour une méthode hybride, à savoir la méthode semi paramétrique qui inclut une partie para-
métrique et une partie non paramétrique. Le schéma 3.2 infra résume la stratégie d’estimation
décrite ci-dessus.
Schéma 3.2 : Stratégie d’estimation
Fonction connue Fonction inconnue
MCO SUR
Statique Dynamique
VAR
Semi-
paramétrique
Remit=f(X)
X : matrice des variables explicatives
X : Matrice des variables explicatives Remit : Transferts de fonds
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
108
Dans un premier temps, nous allons estimer le modèle de base ci-dessous en utilisant les
MCO et SUR pour la majorité des pays d’accueil.
)1()()( 633210 εαααααα +++−++−+= PAgriIIQyyR amMarocaccueil
Avec :
)( Marocaccueil yy − , le différentiel du PIB par tête ;
C, une constante ;
Q, le taux de change nominal bilatéral ;
Ia, l’inflation dans le pays d’accueil ;
Im, l’inflation au Maroc ;
P, la variable dummy qui représente les institutions (elle prend la valeur 1 en 1990, date à
laquelle le Ministère Chargé des Marocains à l’Etranger a été créé) ;
ε, les erreurs tel que : ε ~N(0,σ).
Les variables utilisées dans l’équation (1) sont censées capter à la fois l’impact du revenu et
les conditions économiques sur les transferts de fonds (Agunias, 2006 ; Hagen-Zanker et Sie-
gel, 2007 ; Sirkeci, et al., 2012).
Nous avons pris le taux de change nominal au lieu du taux de change réel et les taux
d’inflation dans les pays d’accueil et les pays d’origines afin de décomposer l’effet du pouvoir
d’achat sur les transferts de fonds.
D’autres variables sont censées influencer les transferts de fonds, telles que le stock de mi-
grants, le taux d’intérêt et les coûts d’envois qui ne sont pas intégrées dans l’équation (1). Ces
variables ne sont pas disponibles pour l’ensemble des pays d’accueil. Cependant, les princi-
paux facteurs sont représentés dans notre modèle. Pour capter les comportements
d’investissement, nous avons ajouté dans l’équation (1) le différentiel de taux d’intérêt pour
les pays dont les données sont disponibles sur l’IFS. L’équation (1) est estimée pour chaque
pays d’accueil. Le tableau 3.4 donne les statistiques descriptives des variables utilisées.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
109
Tableau 3.4 : Statistiques descriptives
Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type C.V.
Transferts de fonds (source : Office des Changes du Maroc)
FRA 12277000000 10941000000 3640900000 23353000000 5385000000 0,439
BEL 1507200000 1366300000 386100000 3127700000 706330000 0,469
NLD 1447400000 1421400000 395000000 3485700000 669460000 0,463
DEU 1089200000 980300000 256600000 2201800000 512830000 0,471
ITA 2409400000 1659700000 14400000 6808500000 2416800000 1,003
DNK 95228000 89000000 11100000 279000000 61630000 0,647
SWE 53990000 43700000 5000000 122700000 34944000 0,647
SAU 553240000 432200000 104600000 1778000000 361150000 0,653
GBR 783250000 259100000 52100000 2508200000 779350000 0,995
USA 984590000 187200000 21400000 3320400000 1174500000 1,193
ESP 1948200000 471000000 14900000 8504900000 2682300000 1,377
CHE 364030000 246800000 20400000 934200000 280070000 0,769
ARE 710740000 504700000 59000000 2781000000 708710000 0,997
TOT 24864000000 18531000000 5114500000 55001000000 15619000000 0,628
Taux de change au certain (source : base de données CHELEM - CEPII)
USAQMAD 0,114 0,114 0,088 0,166 0,015 0,132
FRAQMAD 0,104 0,095 0,088 0,166 0,022 0,212
BELQMAD 0,106 0,094 0,086 0,188 0,028 0,259
DEUQMAD 0,107 0,094 0,086 0,206 0,030 0,283
ITAQMAD 0,091 0,091 0,074 0,116 0,010 0,106
NLDQMAD 0,107 0,094 0,085 0,201 0,030 0,278
GBRQMAD 0,070 0,068 0,061 0,095 0,009 0,130
DNKQMAD 0,789 0,707 0,656 1,383 0,193 0,245
SWEQMAD 0,838 0,838 0,682 1,078 0,089 0,106
CHEQMAD 0,172 0,152 0,124 0,337 0,051 0,296
ESPQMAD 0,092 0,091 0,072 0,121 0,011 0,117
SAUQMAD 0,423 0,426 0,332 0,569 0,049 0,115
AREQMAD 0,419 0,418 0,325 0,609 0,055 0,131
PIB par tête (PPA) (source : base de données CHELEM - CEPII)
MAR 3008,700 2842,200 2302,200 4231,600 561,830 0,187
USA 35228,000 34520,000 24956,000 43380,000 5717,500 0,162
FRA 26701,000 26214,000 21253,000 31542,000 3398,900 0,127
BEL 27465,000 27003,000 20846,000 33562,000 4187,700 0,152
DEU 28891,000 28481,000 23766,000 33758,000 2801,900 0,097
ITA 25009,000 25542,000 19039,000 28774,000 3056,400 0,122
NLD 29782,000 29324,000 21574,000 38134,000 5310,700 0,178
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
110
GBR 26603,000 25965,000 18501,000 34032,000 4892,800 0,184
DNK 28550,000 28693,000 21392,000 34598,000 3982,600 0,140
SWE 26971,000 24992,000 20493,000 34782,000 4491,800 0,167
CHE 33391,000 32816,000 28301,000 38310,000 2813,400 0,084
ESP 22178,000 21465,000 15322,000 28522,000 4388,900 0,198
SAU 20677,000 20362,000 18340,000 28568,000 2001,300 0,097
ARE 50154,000 46546,000 42002,000 77473,000 8460,500 0,169
Inflation (%) (source : Banque Mondiale WDI-2011)
MAR 4,112 3,922 -0,604 12,159 3,345 0,813
GBR 3,756 3,052 1,185 7,729 1,903 0,507
DNK 3,040 2,496 0,361 10,099 2,070 0,681
SWE 3,763 2,626 0,314 10,201 3,043 0,809
SAU 2,198 3,082 -21,883 19,336 10,051 4,572
CHE 1,926 2,021 -0,491 7,369 1,786 0,927
ARE 4,180 2,744 -11,277 21,826 8,342 1,996
FRA 2,888 2,014 0,177 12,100 2,696 0,934
BEL 2,642 2,169 0,312 7,570 1,642 0,621
NLD 1,960 1,848 -1,047 5,099 1,336 0,682
DEU 1,774 1,421 -0,678 4,963 1,349 0,760
ITA 5,154 3,551 0,612 17,541 3,992 0,775
ESP 5,369 4,286 0,601 13,582 3,222 0,600
USA 2,632 2,267 0,924 6,093 1,085 0,412
Indice de production de blé au Maroc (2004-200=100, (source : FAO)
MAR 546,5894 529,939 172,094 1005,297 253,1848 0,463
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
111
3.3. Résultats et commentaires
Les résultats détaillés seront présentés dans l’annexe de ce chapitre. Ne seront représentés
cependant, que les résumés des résultats, en utilisant la technique de la méta-analyse78.
3.3.1. Résultats du modèle linéaire
Selon les résultats du tableau A3.1 dans l’annexe, on peut distinguer trois types de pays : les
pays où l’écart de revenu du migrant est fortement significatif et positif (l’Espagne, l’Italie,
les Etats-Unis, le Grande Bretagne et la Suisse), et les pays où l’écart de revenu est positif
mais inférieur à la moyenne de tous les pays (la France, la Belgique, l’Allemagne, les Pays-
Bas, le Danemark, et la Suède). Le troisième groupe, où l’écart de revenu joue d’une manière
négative mais non significative sur les transferts de fonds : les pays du Golfe (l’Arabie Saou-
dite, les Emirats Arabes Unis). La figure 3.1 synthétise l’impact de l’écart de la richesse sur
les transferts de fonds selon les pays d’accueil. Les résultats sont donnés en détail en annexe.
L’impact des revenus sur les transferts de fonds vers le Maroc, comme on vient de voir, est
différent selon les pays d’accueil. Cela vient de fait que les émigrés marocains sont dispatchés
dans des pays différents en termes de structures économiques. On trouve des pays essentiel-
lement exportateurs de pétrole à l’instar des pays du Golfe et des pays industrialisés situés en
Europe essentiellement et l’Amérique du Nord.
La figure 3.1 présente pour chaque pays d’accueil le paramètre α1 (l’impact du différentiel de
PIB sur les transferts de fonds) estimé par la méthode SUR et son écart type, pour chaque
pays d’accueil, présentés par le rectangle et le segment respectivement. Elle donne également
l’effet moyen du différentiel sur les transferts de fonds suivant deux hypothèses (homogénéi-
té : effet fixe, hétérogénéité : effets aléatoires).
Le résultat de la figure 3.1 peut s’expliquer par le fait que dans les premières années de la
migration, le migrant maximise les envois de fonds afin de rembourser les coûts de son dépla-
cement. Les stratégies d’investissements et le lissage des envois de fonds viennent une fois
que le migrant a remboursé ses dettes. En d’autres termes, l’impact de revenu sur les trans-
ferts de fonds est plus important dans les premiers temps de la migration. Les résultats con-
cernant le premier et le deuxième groupe de pays corroborent avec ceux de Chami et al.
(2005).
78 Plus de détail sur les méta-régressions voir chapitre 4.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
112
Figure 3.1 : Impact de l'écart de revenu sur les transferts de fonds
Source : d’après les résultats reportés dans le tableau A3.1 en annexe de ce chapitre
La figure 3.1 montre clairement qu’en moyenne pondérée79 l’impact de l’écart de revenu est
positif. Elle montre également que cet effet est plus important dans les nouveau pays
d’immigration par rapport aux anciens. Ces résultats correspondent pour une partie à ceux
trouvés dans le chapitre 1, concernant la relation entre le taux de croissance des transferts de
fonds et la nature du pays d’accueil (anciens ou nouveaux pays d’accueil).
Cette différence des économies des pays d’accueil et la diversification de la migration maro-
caine peut constituer un avantage concernant les transferts de fonds. Le risque de concentra-
tion d’une diaspora dans une région donnée constitue une menace sur la stabilité des transferts
de fonds. Si la région en question est touchée par une crise économique, cela pourrait avoir
des conséquences immédiates sur les transferts de fonds.
Au niveau local, la variabilité des transferts de fonds présente des dangers notamment sur le
comportement des ménages qui bénéficient de ces transferts. Ces derniers ont tendance à dé-
pendre de ces transferts, du fait qu’ils les considèrent comme une source de revenu. A cet 79 Plus de détails sur la méthode de calcul, voir le chapitre 4.
Nouveaux pays d’accueil
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
113
égard, ils sont aussi, à l’origine de comportements rentiers (Tall, 2001). Cette dépendance
traduit une certaine vulnérabilité en cas de chocs dans les pays d’accueil. Il y a lieu de signa-
ler que la source de la variabilité n’est pas juste la conséquence des chocs économiques ou
d’autres aléas. Elle peut aussi venir de la nature de la migration comme le cas des transferts de
fonds assurés par une main-d’œuvre qualifiée. Cette dernière se caractérise par une faible
propension à transférer par rapport aux migrants non qualifiés. Ces flux peuvent s’arrêter lors
de la migration du reste de la famille, synonyme d’absence de lien familial immédiat (Schuer-
kens, 2006).
En ce qui concerne les caractéristiques de la migration, le premier groupe de pays regroupe
essentiellement les nouveaux pays d’accueil pour les marocains à l’étranger. Cela peut
s’expliquer par plusieurs facteurs comme on l’a vu précédemment:
• les premières années de migration, la part des transferts de fonds dans le revenu du
migrant est importante parce qu’elle sert à rembourser les coûts liés à la migration et à
aider la famille ;
• la durée de migration. D’après le chapitre 1, la durée de migration affecte négative-
ment le volume des transferts de fonds (érosion de l’attachement au pays d’origine).
Dans ce cas, la part des transferts de fonds dans le revenu est moins importante. Cela
signifie que le migrant a remboursé sa dette et a aidé sa famille ;
• le capital. Plus les migrants passent du temps dans les pays hôtes, plus la probabilité
de retour baisse. Ces migrants pensent, dans ce cas, à constituer un capital physique
dans le pays d’origine et les transferts de fonds dépendent alors des revenus du capi-
tal ;
• les politiques sociales dans les pays d’accueil. Dans certains pays d’accueil, même si
le migrant perd son travail, il continue à percevoir des aides via les organismes so-
ciaux. Ceci peut lui permettre de continuer à envoyer de l’argent ;
• les réseaux relationnels. Plus la durée de migration est longue, plus la probabilité que
le migrant élargisse son réseau est grande. Dans ce cas, il a plus de facilité à accéder à
un emprunt octroyé notamment par les membres de sa communauté ;
• les associations. Dans les anciens pays d’accueil, les transferts de fonds peuvent être
envoyés d’une manière collective par le biais d’associations. Le montant à payer par
chaque membre pourrait être variable.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
114
Enfin, nous pouvons affirmer que les transferts de fonds compensent l’écart de revenu entre le
migrant et sa famille. Plus cet écart de revenu est important plus le volume des transferts de
fonds est important.
Dans la majorité des pays d’accueil, les transferts de fonds des migrants marocains répondent
de manière positive à l’écart de revenu sauf pour l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes
Unis. Dans ces deux pays, l’effet est négatif. Des explications peuvent résider dans le fait que
les transferts de fonds sont dépendants du cours du pétrole. De plus, la valeur du R2 ajusté
dans le cas de ces deux pays est relativement faible par rapport aux autres pays d’accueil, 0,26
et 0,50 respectivement. D’autres variables macro-économiques sont censées expliquer les
transferts de fonds dans ces deux pays, comme l’évolution des cours du pétrole. Pour illustrer
cette idée, nous avons utilisé des données de la FMI-IFS concernant le prix de pétrole. En-
suite, nous avons ré-estimé le modèle appliqué sur les déterminants des transferts de fonds en
remplaçant l’écart du PIB par le prix du pétrole. Les résultats sont donnés dans le tableau 3.5.
Les résultats du tableau 3.5 montrent clairement une relation positive et significative entre les
transferts de fonds et le cours du pétrole. De même la qualité d’ajustement s’est améliorée (le
R2 ajusté est même passé de 0,26 à 0,81 pour les EAU et de 0,50 à 0,69 pour l’Arabie Saou-
dite). Ceci indique qu’il n’existe pas un modèle général qui peut s’appliquer à tous les pays. Il
faut donc adapter la modélisation aux cas particuliers.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
115
Tableau 3.5 : Déterminants des transferts de fonds pour les pays du Golfe
Concernant le taux de change, sa variation engendre deux effets selon le pays d’accueil :
• un effet de revenu où les transferts de fonds à destination de la consommation des fa-
milles des migrants sont plus importants par rapport à ceux destinés à
l’investissement. Dans ce cas, une politique de dévaluation ne permet pas de drainer
davantage de flux de transferts de fonds.
• un effet de substitution où les transferts de fonds destinés à l’investissement sont plus
importants que ceux destinés à la consommation, dans cette situation, une politique de
dévaluation permet d’attirer davantage de transferts de fonds. La figure 3.2 résume
l’impact du taux de change sur les transferts de fonds selon les pays d’accueil.
De plus, une amélioration des conditions économiques favorisent les transferts de fonds
(Coiffard, 2011). Les migrants sont amenés également à faire l’arbitrage entre le pays
d’accueil et le pays d’origine pour leurs projets d’investissements.
Variable dépendante : transferts de fonds
Constante Prix du pétrole Q DINF Blé P R2 ajusté
Emirats Arabes Unis-Maroc 12.53***
(939)
0.86***
( 5.18)
-1.45*
(-1.91)
0.001
0.13
0.30*
(0.07)
1.16***
( 5.55)
0.81
Arabie Saoudite-Maroc 14.20***
(12.25)
0.66***
(5.38)
-1.74***
(-2.88)
0.003
(0.5)
0.2
(1.66)
0.46***
(2.82)
0.69
*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%. ( ) : test de Student
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
116
Figure 3.2: Impact du taux de change nominal bilatéral (au certain) sur les transferts de
fonds
Source : d’après les résultats reportés dans le tableau A3.1 en annexe de ce chapitre
La figure 3.2 montre que, globalement, le taux de change a un effet significatif et négatif dans
les anciens pays d’accueil. Les résultats montrent également qu’il y a trois types de pays : le
premier groupe où une réévaluation du taux de change favorise les transferts de fonds (les
Etats-Unis et la Grande Bretagne).
Le deuxième type de pays concerne la plupart des anciens pays d’accueil. La dévaluation de
la monnaie marocaine implique ici une baisse des transferts des fonds (la France, le Dane-
mark, la Belgique, l’Allemagne, les Pays Bas, la Suède, et la Suisse). Le dernier type de pays,
où le taux de change ne joue aucun rôle sur les transferts de fonds. Ce groupe concerne essen-
tiellement les nouveaux pays d’accueil (l’Espagne, l’Italie, l’Arabie saoudite, Les Emirats
Arabes Unis).
Le principal enseignement qui peut être tiré de ces résultats est le suivant : dans les nouveaux
pays d’accueil, le migrant envoie de l’argent sans tenir compte des variations du taux de
change, car son principal objectif est le remboursement des coûts liés à la migration.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
117
Dans les anciens pays de migration, les migrants marocains sont bien installés, dans le sens où
ils connaissent le contexte dans lequel ils vivent, ils ont beaucoup de relation et ont un réseau
important. C’est pourquoi, ils ont la possibilité de lisser leurs envois.
Le taux de change est une variable déterminante des transferts de fonds car le migrant lisse
ses envois pour une partie et adapte d’autres comportements. En effet, les transferts de fonds
qui sont destinés à d’autres fins que le remboursement des dettes, sont sensibles à d’autres
variables stratégiques comme le taux de change. Ce résultat corrobore ceux de Makhlouf
(2011).
En ce qui concerne l’inflation, les résultats du tableau A3.1 en annexe de ce chapitre montrent
que le différentiel de l’inflation n’a aucun effet sur les transferts de fonds. Donc, nous pou-
vons dire que les migrants marocains sont victimes de l’illusion monétaire. Une augmentation
de l’inflation n’engendre pas une variation des transferts de fonds.
Le taux d’intérêt peut représenter des opportunités d’investissements. Le différentiel de taux
d’intérêt n’a pas un effet sur les transferts de fonds. La tendance des migrants à investir au
Maroc, notamment dans l’immobilier, malgré le fait que leur résidence principale se trouve
dans les pays d’accueil. Cela peut s’expliquer par le biais de pays d’origine «home bias ». Ce
biais est censé apparaitre à la suite des difficultés liées à l'investissement dans des pays
d’accueil, telles que les restrictions juridiques et les coûts de transaction, etc.
La variable institution est représentée par la variable (P). Elle représente la date à laquelle le
Ministère Chargé de la communauté Marocaine à l’Etranger a été créé. Les résultats montrent
que cette variable n’a pas d’effet sur les transferts de fonds pour la plupart des pays. Par
contre, elle a joué un rôle significatif dans l’augmentation des transferts de fonds dans les
pays d’accueil suivants : l’Italie, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et la Suède. Elle
joue également un rôle négatif dans le cas de l’Espagne. La différence des résultats peut venir
du fait que le nombre de données est insuffisant pour estimer l’impact des institutions.
La constante peut regrouper d’autres variables qui peuvent influencer les transferts de fonds
mais qui ne sont pas intégrées dans le modèle en raison d’un manque de données comme pour
le taux d’intérêt pour certains pays, le nombre de migrants, les coûts liés aux transferts, etc.
Toutefois, les variables étudiées dans notre étude parviennent à expliquer plus de 90% des
transferts de fonds pour tous les pays d’accueil selon le critère du coefficient de détermination
ajusté, excepté dans le cas de l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (avec un R2(80)
80 Coefficient de détermination.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
118
respectivement de 26%, et 55%). Les résultats montrent que la constante est négative et signi-
ficative pour les pays suivants : l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis, le Danemark, la Suède, la
Suisse et la Grande Bretagne. Elle est positive et significative dans le cas des Emirats Arabes
Unis et l’Arabie Saoudite. Elle n’est pas significative pour le cas de la France et les Pays-Bas.
Dans le cas où la constante est positive et significative, cela peut s’expliquer par des condi-
tions favorables liées aux conditions d’envoi. Dans le cas contraire, nous pouvons déduire
qu’il existe d’autres entraves aux transferts de fonds.
Les modèles étudiés jusqu’à présent sont basés essentiellement sur une relation statique. Ils
sont de plus déduits des modèles théoriques bien connus. Cependant, dans notre cas, l’absence
d’une théorie fiable sur les déterminants macro-économiques des transferts de fonds nous
invite à réfléchir à des modèles moins contraignants et dynamiques. Dans le modèle ci-
dessous, nous utiliserons le modèle VAR.
3.3.2. Résultats du modèle dynamique
Dans cette sous-section, nous allons estimer les déterminants des transferts de fonds en utili-
sant le modèle VAR appliqué pour chaque pays d’accueil. Nous estimons les mêmes variables
utilisées dans le modèle 1 à savoir, le PIB par tête au Maroc, le taux de change, l’inflation au
Maroc et au pays d’accueil et le PIB par tête dans le pays d’accueil.
Les résultats des fonctions impulses réponses montrent que dans tous les pays d’accueil, les
migrants marocains réagissent de la même manière par rapport aux conditions économiques.
En d’autres termes, une augmentation du PIB par tête dans les pays d’accueil engendre une
hausse des transferts de fonds (figure A3.1 dans l’annexe de ce chapitre). Cependant, la dé-
composition de la variance montre que dans certains pays d’accueil les migrants marocains
sont plus dépendants au revenu que dans d’autres (figure 3.381).
81 Décomposition de la variance par pays est donnée dans l’annexe de ce chapitre.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
119
Figure 3.3: Décomposition de la variance des transferts de fonds (le poids du PIB par
tête dans les pays d’accueil pour la période=5)
Source : d’après les résultats de tableau A3.2
La part du revenu dans les innovations des transferts de fonds est plus importante dans les
pays suivants : les Etats Unis, la Suisse la Belgique, l’Espagne, le Danemark et l’Italie. Dans
ces pays en cas de crise économique les transferts de fonds vont baisser d’une manière remar-
quable. Pour illustrer cette hypothèse, nous allons vérifier avec la récente crise économique,
la baisse des transferts de fonds (figure 3.4). Cette dernière montre que dans les pays où la
part de revenu est importante dans les transferts de fonds, la baisse est considérable.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
120
Figure 3.4 : Le taux de croissance des transferts de fonds pendant la crise (2008-2009)
Source : Office des changes du Maroc (2013)
En ce qui concerne les conditions économiques au Maroc et en particulier les difficultés tem-
poraires (variable mesurée par la production de blé). Les résultats montrent deux comporte-
ments : altruiste et investisseur.
Les migrants qui n’ont pas une sensibilité forte au revenu dans les pays d’accueil peuvent
investir davantage au Maroc. De plus, dans les nouveaux pays d’immigration (selon le cha-
pitre1), la décomposition de la variance montre que c’est la situation économique dans le pays
d’accueil qui influence davantage les transferts de fonds que celle du Maroc. Ce résultat cor-
robore celui de Coiffard (2011).
Dans tous les pays d’accueil, les transferts de fonds augmentent suite à une appréciation de
taux de change, sauf au Danemark. Cela peut s’expliquer par le fait que les migrants maro-
cains peuvent détenir deux comptes libellés en dirham et en devise étrangères, une déprécia-
tion de la monnaie étrangère incite les migrants à détenir de la monnaie nationale.
L’inflation au Maroc réduit les transferts de fonds pour les migrants résidant dans l’ensemble
des pays d’accueil à l’exception de la France et des Etats-Unis.
L’inflation dans les pays d’accueil, qui se traduit par une érosion du pouvoir d’achat des mi-
grants, incite à envoyer moins d’argent. Ce résultat semble logique, car ils consacrent une part
plus importante de leur revenu à leur consommation.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
121
Dans les modèles précédents, nous avons supposés que la relation entres les transferts de
fonds et les revenus est linéaire. Cependant dans la réalité, cette hypothèse peut être fausse.
En d’autres termes, dans les modèles précédents, nous avons cherché les paramètres inconnus
en supposant que la relation est connue. Dans les modèles suivants, nous estimerons les rela-
tions inconnues.
3.3.3. Résultats du modèle semi-paramétrique
La difficulté majeure rencontrée dans ce chapitre est de déterminer la meilleure spécification
du modèle. Les relations entre les phénomènes économiques ne peuvent pas être résumées à
des formes linéaires. Les méthodes paramétriques stipulent une connaissance parfaite à priori
de la relation qui lie les phénomènes économiques. En d’autres termes, l’hypothèse principale
dans les régressions paramétriques est de supposer que la forme fonctionnelle de la relation
est connue. Cependant, la forme explicite de ces relations est rarement connue avec exacti-
tude. De plus, dans le cas où la spécification est éloignée de la réalité, les résultats obtenus
sont approximatifs voire erronés. Dans notre cas, la relation entre le revenu et les transferts de
fonds n’est pas connue à priori. Or, les modèles utilisés précédemment étaient basés sur
l’hypothèse de linéarité. Si cette hypothèse n’est pas valide, ils pourraient donner des interpré-
tations fausses de la réalité (notamment sur l’impact du revenu sur les transferts de fonds,
objet de ce chapitre). Une régression sans modèle (ou régression non-paramétrique) peut re-
médier à ce problème. Les techniques non paramétriques et semi-paramétriques offrent plu-
sieurs choix sur le plan empirique. Cependant, ces techniques ont quelques inconvénients,
concernant le nombre de données requises pour assurer la fiabilité des résultats qui augmente
en fonction du nombre de variables utilisées (Ahamada et Flachaire, 2008). Le tableau 3.6 ci-
après retrace le nombre de données requis pour que l’estimateur non paramétrique soit fiable.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
122
Tableau 3.6 : Nombre d’observations en fonction des variables explicatives
Source : Silverman (1986)
D’après le tableau 3.6, nous constatons qu’à partir de 3 variables les données deviennent un
problème pour notre étude puisque nous ne disposons que de 29 observations. Pour pallier au
problème de données, nous proposons un modèle semi-paramétrique. Ce dernier combine les
méthodes paramétriques et non paramétriques. En général, la forme de ces modèles peut être
écrite comme suit :
y=XB+f(z) + e (2)
avec :
y, variable dépendante ;
B, le vecteur des paramètres ;
X, la matrice des variables explicatives ;
f, la fonction non paramétrique ;
z, variable explicative pour la partie non paramétrique;
e, les erreurs.
Les modèles semi-paramétriques sont utilisés quand les modèles entièrement non-
paramétriques ne sont pas fiables. Ils sont utiles quand la fonction de certains paramètres est
inconnue. Ils sont également faciles à interpréter et ils nécessitent un nombre réduit
d’observations. Ils sont utilisés dans plusieurs domaines (Li et Racine, 2009). Par exemple, ils
sont utilisé dans la détermination des loyers (Ahmada et Flachaire, 2008) ; dans la détermina-
tion des prix des options aux Etats-Unis (Gagliardini et Ronchetti, 2013) ; dans l’estimation
de la règle de Taylor (Markov et De Porres, 2011) ; ou encore dans la détermination de
l’impact des transferts de fonds sur la croissance économique (Ruiz et al., 2009).
Dimensions (nombre de variables explicatives)
Observations requises
1 4
2 19
3 67
4 223
5 768
6 2790
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
123
Nous allons estimer le modèle (2) en supposant que la relation entre l’écart de revenu et les
transferts de fonds n’est pas connu a priori. Donc, notre modèle peut s’écrire comme suit :
)3()()()(444 3444 214444444 34444444 21
ueparamétriqnonPartie
MarocAccueil
ueparamétriqPartie
accueilMaroc yysPAgriInInQR−
−+++−+= γηθβ
Avec :
γηθβ et,, , les paramètres des variables du taux de change bilatéral, le différentiel
d’inflation, l’indice de production de blé et les institutions respectivement ;
s, la fonction de différentiel de revenus. Les résultats du modèle (3) sont donnés sous deux formes : la partie paramétrique dans le ta-
bleau 3.7 et la partie non paramétrique est représentée dans la figure 3.5.
Les résultats de la figure 3.5 montrent que la relation entre les transferts de fonds et l’écart de
revenu est non monotone pour les pays suivant : la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Arabie
Saoudite, les Emirats Arabes Unis, la Grande Bretagne et les Pays-Bas. Pour les autres pays :
Espagne, l’Italie, les Etats-Unis, la Suède et le Danemark la relation est plutôt linéaire.
D’après ce résultat, nous distinguons deux types de pays : anciens pays d’immigration où la
relation n’est pas monotone ; les nouveaux pays d’immigration où la relation est linéaire.
Ces résultats prouvent, également, que l’altruisme seul n’explique pas les transferts de fonds.
Plusieurs stratégies peuvent exister dans le comportement des migrants. A propos de la sensi-
bilité des transferts de fonds vis-à-vis des conditions économiques existantes au Maroc, nous
observons que la réaction est différente selon le pays d’accueil. Par exemple, les migrants
installés en France sont altruistes jusqu’à un certain seuil puis ils commencent à réfléchir à
des projets d’investissement. Ce résultat n’est pas spécifique à la France, nous le retrouvons
aussi dans d’autres pays comme l’Espagne.
La différence de l’impact du revenu des familles sur les transferts peut refléter la différence
des caractéristiques de chaque diaspora.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
124
Figure 3.5 : Résultats semi-paramétriques (partie non paramétrique)
France Allemagne Belgique
Espagne Italie Etats-Unis
Emirats Arabes Unis Arabie Saoudite Grande Bretagne
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
125
Suite figure 3.5
Danemark Pays-Bas Suède
Suisse
Nous venons de voir comment le revenu des familles et des migrants influence les transferts
de fonds. Globalement, nous avons déduit que la relation entre ces deux variables n’est pas
linéaire pour la plupart des cas.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
126
Tableau 3.7: Estimation semi-paramétrique (partie paramétrique) France Espagne Italie Belgique Allemagne Arabie
Saoudite
Emirats Arabes
Unis
Constante 17.49***
(16.64)
20.20***
(17.76)
18.07***
(5.77)
17.61***
(11.76)
17.82***
(13.06)
18.46***
(12.62)
17.42***
(9.76)
Taux de
change
-2.27****
(-4.61)
-1.02**
(-2.05)
0.33
(0.25)
-1.31*
(-1.92)
-1.08
(-1.65)
0.26
(0.28)
0.36
(1.30)
Différentiel
d’inflation
0.005
(0.64)
0.01
(1.56)
0.03
(0.93)
-0.001
(-0.09)
0.007
(0.62)
-0.005
(-0.63)
-0.01
(-1.21)
Agri 0.05
(1.16)
0.04
(0.91)
0.39*
(1.93)
0.04
(0.74)
0.04
(0.7)
0.22
(1.26)
0.32
(1.57)
Institution 0.15
(0.99)
0.27
(1.19)
1.25**
(2.71)
0.23
(1.00)
0.19
(1.14)
0.47**
(2.01)
1.13***
(3.92)
R2 ajusté 0.94 0.93 0.92 0.94 0.92 0.43 0.72
Etats-Unis Grande
Bretagne
Pays-Bas Danemark Suède Suisse
Constante 17.41***
(9.66)
21.52***
(14.69
19.97***
(9.50)
17.82***
(13.06)
16.01***
(30.00)
14.29***
(14.65)
Taux de
change
-0.36
(-0.51)
0.79
(1.58)
-0.17
(-0.18)
-1.08
(-1.65)
-0.89
(-1.61)
-2.59***
(-4.32)
Différentiel
d’inflation
-0.006
(-0.36)
-0.01
(-1.30)
-0.001
(-0.072)
0.007
(0.62)
0.008
(0.64)
0.002
(0.17)
Agri 0.15
(1.54)
0.04
(0.63)
0.02
(0.301)
0.04
(0.70)
0.13
(1.65)
0.05
(0.76)
Institution 0.47**
(2.04)
0.28*
(1.99)
0.62*
(1.95)
0.19
(1.14)
0.66***
(5.22)
0.02
(0.15)
R2 ajusté 0.98 0.98 0.79 0.92 0.94 0.97
*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%. ( ) : test de Student
Dans les vieilles destinations où la migration se constitue globalement par des regroupements
familiaux, le coût lié à la migration peut être moins important. La culture locale influe égale-
ment sur la manière dont les migrants envoient de l’argent. Les caractéristiques des migrants
jouent aussi un rôle non négligeable. Dans les pays d’Amérique du Nord où la migration est
plutôt qualifiée, les transferts de fonds n’auront pas les mêmes comportements par rapport à
d’autres pays. Globalement, les résultats montrent que les transferts de fonds sont sensibles d’une manière
non linéaire aux variations de revenu dans les anciens pays d’accueil. La non-linéarité de la
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
127
relation prouve la coexistence de plusieurs motivations derrières les transferts de fonds. La
perception du migrant de la conjoncture économique et le climat des affaires peut impacter
une partie des transferts de fonds, notamment celle qui est destinée à l’investissement. Con-
cernant l’augmentation de l’activité économique, la réponse des transferts de fonds ne se fait
pas dans l’immédiat.
Les comportements des migrants en matière de transferts de fonds vers le Maroc sont plus ou
moins différents selon le pays (ou la région) d’accueil. Cela peut s’expliquer par le fait que les
marocains sont installés dans des pays très différents en termes de structures économiques, de
politiques d’immigration, etc. Par exemple, il y a des pays d’accueil qui sont essentiellement
exportateurs de pétrole à l’instar des pays du Golfe et des pays d’accueil essentiellement im-
portateurs de pétrole (principalement les pays européens). Ceci peut impacter différemment
les conjonctures économiques des pays d’accueil.
Les transferts de fonds peuvent aussi dépendre de la nature de la migration (qualifiée ou non
qualifiée, temporaire ou permanente). Adams (2009) trouve que les pays qui ont une part im-
portante des migrants qualifiés reçoivent moins de transferts de fonds par rapport à ceux qui
ont une fraction moins importante de migrants qualifiés.
L’économie marocaine façonne également les transferts de fonds. Les changements dans les
pays d’origine influencent évidemment le volume des transferts de fonds d’une manière ins-
tantanée mais les chocs n’ont pas d’influence à long terme, c’est-à-dire que les émigrés ne
changent pas leurs comportements en matière de transferts de fonds d’une manière durable.
Au contraire, les chocs économiques (ou politiques) qui touchent les pays d’accueil provo-
quent un changement structurel et durable dans le comportement des migrants en matière des
transferts de fonds. Les transferts de fonds en provenance de l’Amérique du Nord peuvent
avoir un comportement différent par rapport à ceux de l’Europe et du Golfe. Les chocs éco-
nomiques dans les pays d’accueil ne modifient pas d’une manière structurelle le comporte-
ment des migrants en matière de transferts de fonds. Ils peuvent créer des comportements op-
portunistes ou d’arbitrage entre investir dans le pays d’accueil ou d’origine et / ou l’arbitrage
dans le temps entre le présent et le futur. La migration temporaire peut aussi jouer un rôle
prédominant dans les variations des transferts de fonds. Une conjoncture favorable temporaire
dans les pays d’accueil peut engendrer une hausse des transferts de fonds. Cette idée est con-
firmée en regardant la cyclicité des transferts de fonds (voir chapitre 2). Les chocs sur
l’économie marocaine (notamment de PIB) ne modifient donc pas d’une manière structurelle
leurs comportements puisque les propriétés cycliques des transferts de fonds changent dans le
temps. Les crises économiques qui touchent les pays d’accueil peuvent affecter les transferts
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
128
de fonds selon la structure sociale des pays d’accueil. Par exemple, les politiques sociales
européennes permettent aux immigrés de toucher des indemnités ou d’autres formes d’aides
qui peuvent pérenniser leurs transferts de fonds, l’impact de la crise sera alors moindre. Les
chocs politiques dans les pays d’accueil peuvent modifier d’une manière structurelle le com-
portement des transferts de fonds. Par exemple, le 11 septembre 2001 constitue un cas évident
où les transferts de fonds ont augmenté d’une manière spectaculaire sans revenir à leur niveau
initial (chapitre 1).
Nous venons de voir comment le revenu et les conditions économiques dans les pays
d’accueil et d’origine influencent les transferts de fonds en utilisant des données annuelles et
plusieurs techniques économétriques. Pour la suite de ce travail, il semble pertinent d’analyser
d’une manière simultanée l’impact de l’environnement économique dans les deux pays
(d’origine et d’accueil) sur les transferts de fonds d’une manière globale. Pour ce faire, nous
allons mobiliser le modèle VAR (Vecteur Autorégressif). Dans la section suivante, nous al-
lons considérer deux pays : le Maroc et un seul pays d’accueil qui regroupe tous les pays
d’accueil analysé séparément ci-dessous.
4. Les enseignements des données trimestrielles
Nous avons montré que les pays d’accueil influencent les transferts de fonds. Dans cette sec-
tion, nous allons essayer d’évaluer globalement les déterminants des transferts de fonds en
utilisant des données trimestrielles. Plusieurs raisons ont conduit à utiliser des données agré-
gées des transferts de fonds, comme l’absence de données annuelles concernant le taux
d’intérêt au Maroc et le fait que les données trimestrielles sont susceptibles de refléter plus
d’informations vis-à-vis de la réaction des transferts de fonds.
4.3. Données et stratégie d’estimation
Nous allons utiliser les données trimestrielles d’une période allant du premier trimestre 1998
au troisième trimestre 2010. Pour le revenu des familles restées au pays, nous avons considéré
le PIB du Maroc en volume. Le revenu des migrants est une moyenne pondérée des PIBs des
pays d’accueil par la part des transferts de fonds82. L’inflation qui reflète la stabilité écono-
mique est calculée sur la base de l’indice des prix à la consommation. Nous utilisons aussi le
taux de change effectif réel comme variable explicative des transferts de fonds (Faini, 1994). 82 Voir le chapitre 2 concernant les détails de calcul.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
129
Notre principale source de données pour les transferts de fonds est l’Office des Changes du
Maroc. Pour les autres variables, nous avons utilisé la base de données du Fonds Monétaires
International, (FMI-IFS). Les transferts de fonds sont déterminés en partie par un ensemble de
relations complexes entre les variables macro-économiques.
Le VAR d’ordre p sous forme matricielle peut s’écrire comme suit :
)3(1
0 t
p
iptit uYBBY +++= ∑
=−
Avec :
Y, le vecteur des variables endogènes ;
t, le temps ;
l, le retard.
Nous estimons dans notre cas un modèle VAR simple tel que proposé par Sims (1980).
4.4. Résultats et commentaires Les résultats des fonctions impulses réponses du modèle VAR estimé ci-dessus sont donnés
en annexe de ce chapitre (figure A3.8). Ils montrent qu’à court terme, les transferts de fonds
sont purement altruistes. C’est-à-dire qu’ils augmentent avec l’élévation du revenu du migrant
ou avec la baisse du revenu de sa famille. Cependant, à long terme, nous remarquons que les
transferts de fonds pourraient être stratégiques (voir figure 3.6 ci-après83). Les stratégies du
gouvernement doivent donc être scindées en deux catégories : des politiques conjoncturelles
et des politiques structurelles. A court terme, les transferts de fonds étant plutôt altruistes, une
mauvaise conjoncture économique va les augmenter. A long terme, le climat des affaires doit
être pris en compte dans les politiques gouvernementales.
83 Les réponses avec l’intervalle de confiance sont données en annexe pour tous les déterminants.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
130
Figure 3.6 : Réponse des transferts de fonds suite au choc des revenus du pays d’accueil
et d’origine
Source : d’après le modèle VAR
Enfin, les résultats du modèle VAR corroborent les intuitions du modèle théorique de Bouh-
ga-Hagbe (2004) : l’altruisme implique une augmentation des transferts de fonds suite à une
baisse du revenu des familles restées au Maroc ; l’attachement au pays implique une augmen-
tation des investissements immobiliers notamment à long terme. Dans le cas du Maroc, la
plupart des motivations discutées théoriquement peuvent être validées empiriquement, no-
tamment les deux principales motivations à savoir l’altruisme et l’investissement. La politique
marocaine vis-à-vis de ses émigrés est essentiellement basée sur le renforcement du degré
d’attachement (voir chapitre 1). Ceci peut contribuer à l’augmentation des transferts de fonds
notamment ceux qui sont destinés à l’investissement (achat des maisons). Comme Bouhga-
Hagbe (2004), nous pouvons déduire que les migrants marocains montrent un attachement au
pays.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
131
5. Conclusion
Le Maroc est un pays d’émigration notamment depuis les années 1960. La principale destina-
tion est l’Europe occidentale, mais d’autres destinations sont apparues plus récemment
comme l’Amérique du Nord et les pays du Golfe. Une migration marocaine s’est formée au
cours des années. De plus les migrants marocains ont tissé des liens économiques solides avec
le Maroc. Par ailleurs, concernant les déterminants macro-économiques, nous avons vu que
les niveaux d’activités dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine constituent des va-
riables pertinentes pour les transferts de fonds. Nous avons également montré que le taux
d’intérêt et l’inflation ne jouent aucun rôle sur les transferts de fonds à destination du Maroc.
La dépréciation du taux de change incite les migrants marocains à envoyer davantage
d’argent. Nous avons montré aussi qu’une variation du taux de change a un double effet sur
les transferts de fonds des migrants. Par ailleurs, d’autres facteurs, non exposés dans ce tra-
vail, peuvent influencer les transferts de fonds comme les facteurs liés aux coûts de transferts
ainsi que le marché financier dans le pays d’accueil et d’autres facteurs micro-économiques.
Nous avons observé également que les transferts de fonds sont sensibles aux variables macro-
économiques dans les deux pays (origine et accueil). De plus, une amélioration de la conjonc-
ture peut inciter les migrants souhaitant investir à envoyer davantage. Cependant, dans les
périodes de crises économiques, les migrants envoient plus d’argent, ce qui est le cas des ma-
rocains à l’étranger.
A cet égard, les décideurs peuvent utiliser la politique de change dans le but d’orienter ou
d’influencer les transferts de fonds. Il est bien évident, que d’autres facteurs économiques
peuvent aussi influencer le volume des transferts de fonds. Enfin, le gouvernement devrait
établir des politiques de ciblage afin de maximiser les transferts de fonds. Le comportement et
les réactions des transferts de fonds dépendent de la nature de pays d’accueil.
Ce travail non-exhaustif est une tentative de modélisation des déterminants de transferts de
fonds. Certaines variables (taux d’intérêt, stock de migrant, etc.) n’ont pas été mises en consi-
dération étant donné leur indisponibilité. Cependant, et malgré ces insuffisances nous pensons
que nous avons abouti à des résultats forts intéressants qui peuvent être utiles pur les déci-
deurs politiques.
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
132
Annexes chapitre 3
Tableau A3.1: Résultat du modèle linéaire (OLS-SUR)
Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)
Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D P R2 ajusté
Fran
ce-Maro
c
OL
S
-3.36
-0.68
2.34***
4.02
-1.29**
-2.97
0.001
0.12
0.06
0.9
-0.18 0.85
4.08
0.67
1.36*
1.98
-2.27** -0.0006
-0.052
-0.06
-2.23
0.067
1
-0.26
-1.68
0.87
-3.70
-0.64
2.36***
3.82
-1.40***
-3.1
0.0002
0.021
0.005
0.06
-0.22
-1.364
0.85
SUR
-4.49
-1.20
2.49***
6.31
-1.06***
-3.49
-0.01
-1.06
0.01
0.41
-0.05
-0.52
0.83
-1.21
-0.27
2.07***
4.099
-1.52***
-3.34
-0.009
-0.946
-0.02
-1.28
0.028
0.57
-0.10
-0.97
0.85
-4.54
-1.17
2.50***
6.12
-1.08***
-3.69
-0.01
-1.15
0.001
0.029
-0.06
-0.58
0.82
Esp
agne-M
aroc
OL
S
-81.67***
-13.523
10.05****
17.148
-0.531
-0.800
0.03191
1.42
0.35**
2.559
-0.872***
-3.054
0.96
-85.65***
-12.601
10.59***
16.232
-0.9218
-1.249
0.03205
1.261
-0.0617
-0.341
-1.034***
-3.284
0.96
SUR
-75.21***
-15.32
9.583***
20.03
-0.108
-0.22
0.016
1.051
0.161
1.642
-0.40*
-1.965
0.96
-74.41***
-14.411
9.597***
19.053
-0.11
-0.249
0.012
0.81
-0.019
-0.17
-0.32
-1.641
0.95
Italie-Maro
c OLS -77.13***
-4.757
9.725***
6.00
1.11
1.06
0.0276
0.814
0.394
1.886
1.1467***
2.662
0.91
-78.85***
-4.45
9.962***
5.595
0.372
0.336
0.0203
0.565
0.1580
0.588
1.079**
2.357
0.90
SUR -110***
-10.40
13.18**
12.39
0.49
0.77
0.09
0.47
0.11
0.88
0.328
1.23
0.89
-115***
-11.08
13.71***
13.05
0.267
0.45
0.05
0.31
0.02
0.20
0.204
0.81
0.88
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
133
Tableau A3.1: Résultat de modèle linéaire (OLS-SUR) Suite
Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)
Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D p R2 ajusté
Belgiq
ue M
aroc
OL
S
-3.69
-0.944
2.221***
5.311
-0.81**
-2.639
-0.006
-0.528
0.074
1.103
-0.037
-0.248
0.89
-5.06
-1.189
2.393***
5.315
-0.87***
-2.85
-0.0061
-0.499
-0.052
-0.649
-0.0746
-0.496
0.89
SUR
-5.25**
-2.3166
2.428***
10.4267
-0.75***
-4.949
-0.008
-1.1522
0.008
0.263
-0.0043
-0.059
0.88
-5.50**
-2.342
2.45***
10.26
-0.76***
-5.27
-0.008
-1.17
-0.0046
-0.12
-0.006
-0.09
0.88
Allem
agne-M
aroc
OLS -15.87**
-2.59
3.43***
5.39
-0.49
-1.6
0.004
0.34
0.056
0.74
0.21
1.44
0.86
-16.10**
-2.45
3.48***
5.14
-0.54*
-1.74
0.004
0.301
0.01
0.14
0.19
1.29
0.86
SUR -23.20***
-5.66
4.16***
9.98
-0.67***
-3.82
0.004
0.49
0.01
0.25
0.01
0.25
0.04
0.48
0.84
-23.44***
-5.508
4.18***
9.73
-0.68***
-3.79
0.004
0.48
0.02
0.04
0.03
0.40
0.84
Arab
ie Saou
dite -M
aroc
OLS 33.11**
2.63
-1.50
0.21
0.167
0.169
-0.003
-0.362
0.21
1.12
0.56**
2.35
0.35
38.68***
3.33
-1.91
-1.68
0.46
0.48
0.0005
0.009
0.17
0.809
0.545**
2.214
0.34
SUR 50.97***
4.46
-3.28
-3.04***
0.14
0.16
-0.002
-0.283
0.15
0.89
0.404*
1.85
0.26
55.33***
5.26
-3.61***
-3.51
0.35
(0.41)
0.0009
(0.011)
0.125
0.63
0.387*
1.72
0.24
Em
irats A
rabes
Un
is-
Maro
c
OLS 17.96
1.38
-0.15
-1.140
0.42
1.26
-0.01
-.35
0.48*
1.97
1.402***
4.49
0.59
27.33**
2.14
-0.71
-0.64
0.9
0.68
-0.008
-0.68
0.32
1.14
1.36***
3.99
0.54
SUR 30.82
2.46**
-1.31
-1.24
0.42
0.35
-0.01
-1.25
0.43*
1.82
1.25***
4.13
0.55
40.43***
3.32
-1.92*
-1.81
0.83
0.97
-0.007
-0.62
0.28
1.05
1.19***
3.62
0.50
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
134
Tableau A3.1: Résultat du modèle linéaire (OLS-SUR) Suite
Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)
Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D p R2 ajusté
Etats-U
nis-M
aroc
OL
S
-90.19***
-10.18
10.75***
12.49
0.98
1.36
-0.03
-1.04
0.08
0.52
-0.21
-0.767
0.94
-88.44***
-10.228
10.63***
12.24
0.98
1.39
-0.03
-1.102
0.16
0.84
-0.24
-0.86
0.94
-89.85***
-10.44
10.96***
11.82
0.90
1.16
-0.02
-1.00
-0.01
-0.27
0.10
0.57
-0.18
-0.56
0.93
SUR
-92.45***
-17.65
11.01***
21.05
1.03***
3.74
-0.002
-0.16
0.04
0.07
-0.01
-0.11
0.93
-96.96***
-17.27
11.06***
20.45
1.03***
3.43
-0.001
-0.13
-0.004
-0.03
0004
0.06
-0.007
-0.063
0.93
-92.07***
-17.19
10.98***
20.65
1.02***
3.59
-0.002
-0.20
0.11
0.14
-0.01
-0.15
0.93
Ro
yaum
e Un
i -Maro
c
OL
S
-44.37***
-907
6.52****
11.54
0.60
0.85
-0.01
-0.91
0.7
0.60
-0.25
-1.21
0.92
-45.95***
-8.85
6.76***
11.51
0.74
1.02
-0.02
-1.025
-0.09
-0.66
-0.25
-1.22
0.92
SUR
-43.80***
-13.0
6.54***
18.19
0.80*
2.62
-0.003
-0.39
0.006
0.12
-0.022
-0.25
0.91
-43.93***
-1256
6.56***
17.52
0.81**
2.59
-0.04
-0.42
-0.009
-0.14
-0.02
-0.26
0.91
Pays B
as-Maro
c
OL
S
3.96
0.71
1.50**
2.57
-0.59
-1.24
-0.002
-0.12
0.05
0.494
-0.009
-0.036
0.62
1.02
0.11
1.827*
1.84
-0.42
-0.65
-0.0007
-0.037
0.022
0.406
0.05
0.47
-0.007
-0.029
0.609
0.70
0.07
1.87*
1.9
-0.5
-0.77
-0.001
-0.05
0.01
0.29
-0.05
-0.34
-0.035
-0.13
0.60
SUR
-1.31
0.35
2.06***
5.41
-0.52*
-1.76
-0.002
-0.17
0.01
0.16
-0.001
-0.1
0.58
-1.56
-0.39
2.09***
5.21
-0.53
0.29
-0.002
-0.17
-0.01
-0.15
-0.007
-0.04
0.58
-2.09
0.35
2.15***
3.41
-0.49
-1.23
-0.001
-0.14
0.004
0.13
0.011
0.15
-0.001
0.16
0.55
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
135
Tableau A3.1: Résultat de modèle linéaire (OLS-SUR) Suite
Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)
Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D p R2 ajusté
Dan
emark
-Maro
c
OL
S
-19.03***
-3.202
3.61***
6.06
-1.00**
-2.12
0.002
0.27
0.025
0.09
0.17
0.91
0.91
-17.44***
-2.82
3.46***
5.60
-1.05**
-2.32
0.04
0.297
0.08
0.78
0.15
0.86
0.91
SUR
-22.73***
-6.55
3.99***
11.58
-1.15***
-4.76
-0.008
-0.90
0.003
0.08
0.24
026
0.90
-22.36***
-6.17
3.96***
10.98
-1.15***
-4.80
-0.008
-0.87
0.013
0.24
0.25
0.26
0.90
Suèd
e-Maro
c
OL
S
-18.27***
-5.44
3.38***
9.65
-1.45***
-3.508
0.009
0.66
0.14
1.69
0.72***
5.9
0.94
-17.53***
-4.99
3.39***
9.6
-1.66***
-4.07
0.005
0.37
0.15
1.55
0.67***
5.401
0.93
SUR
-24.33***
-8.088
4.027***
12.91
-1.63***
-4.58
0.006
0.553
0.101
1.359
0.50***
4.66
0.92
-23.94***
-7.66
4.04***
12.89
-1.77
-4.99
0.004
0.32
0.10
1.24
0.46***
4.25
0.92
Suisse-M
aroc
OL
S
-65.54***
-6.12
7.92***
7.33
-1.40***
-3.47
-0.008
-0.53
0.05
0.59
0.30*
1.75
0.95
-88.99***
-8.045
10.30***
9.21
-0.50
-1.19
-0.02
-1.70
0.10***
3.48
0.08
1.07
0.36**
2.54
0.97
-64.22***
-5.94
7.82***
7.19
-1.45***
-3.74
-0.009
-0.647
0.07
0.77
0.27
1.62
0.95
SUR
-73.36***
-10.85
8.68***
12.90
-1.66***
-7.47
-0.01
-0.85
0.01
0.20
0.05
0.60
0.95
-81.68***
-9.58
9.53***
11.12
-1.16***
-3.47
-0.01
-1.43
0.04**
2.19
0.03
0.68
0.17
0.10
0.96
-73.02***
-10.67
8.65***
12.72
-1.67***
-7.69
-0.01
-0.87
0.01
0.27
0.05
0.57
0.95
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
136
Figure A3.1 : Impact du revenu du pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux
France Espagne Italie
2 4 6 8 10
-0.0
10.
00
0.01
0.0
20.
030.
04
log.
RF
RA
.
Orthogonal Impulse Response from log.yyFRA.
95 % Bootstrap CI, 100 runs
Belgique Allemagne Arabie Saoudite
Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni
2 4 6 8 10
-0.0
50.
000.
050.
10
log.
RA
RE
.
Orthogonal Impulse Response from log.yyARE.
95 % Bootstrap CI, 100 runs
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
137
Impact de revenu du Pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux suite figure
A3.1
Pays-Bas Danemark Suède
Suisse
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
138
Figure A3.2 : Impact de revenu du Maroc sur les transferts de fonds bilatéraux
France Espagne Italie
Belgique Allemagne Arabie Saoudite
Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
139
Suite figure A3.2
Pays-Bas Danemark Suède
Suisse
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
140
Figure A3.3: Impact de la production de blé sur les transferts de fonds bilatéraux
France Espagne Italie
Belgique Allemagne Arabie Saoudite
Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
142
Figure A3.4 Impact de taux de change bilatéral sur les transferts de fonds bilatéraux
France Espagne Italie
Belgique Allemagne Arabie Saoudite
Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni
Pays-Bas Danemark Suède
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
144
Figure A3.5: Impact de l’inflation au Maroc sur les transferts de fonds bilatéraux
France Espagne Italie
Belgique Allemagne Arabie Saoudite
Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni
Pays-Bas Danemark Suède
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
146
Figure A3.6: Impact de l’inflation dans le pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux
Impact de l’inflation dans le pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux
France Espagne Italie
Belgique Allemagne Arabie Saoudite
Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni
Pays-Bas Danemark Suède
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
147
Tableau A3.2: Décomposition de la Variance
France
log,RFRA, log,yyFRA, log,yyMAR, log,Agri, log,FRAQMAD, INMAR INFRA
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 95,38% 0,73% 1,07% 0,09% 1,02% 0,00% 1,70%
[3,] 87,78% 2,84% 3,51% 0,09% 1,84% 0,11% 3,83%
[4,] 79,86% 5,62% 6,57% 0,17% 2,29% 0,16% 5,32%
[5,] 73,57% 8,17% 9,25% 0,32% 2,40% 0,18% 6,12%
Espagne
log,RESP, log,yyESP, log,yyMAR, log,Agri, log,ESPQMAD, INMAR INESP
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 91,10% 2,86% 0,70% 0,28% 0,51% 3,66% 0,90%
[3,] 84,15% 7,56% 0,56% 0,72% 1,06% 4,20% 1,74%
[4,] 76,19% 12,97% 1,45% 1,82% 1,81% 3,98% 1,78%
[5,] 66,71% 18,03% 3,83% 3,87% 2,51% 3,53% 1,52%
$log,RITA,
log,RITA, log,yyITA, log,yyMAR, log,Agri, log,ITAQMAD, INMAR INITA
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
Suisse
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
148
[2,] 83,81% 12,16% 0,54% 2,08% 0,04% 0,04% 1,31%
[3,] 64,70% 27,00% 0,44% 2,09% 1,62% 3,12% 1,03%
[4,] 51,41% 33,26% 1,14% 3,72% 3,89% 5,07% 1,50%
[5,] 43,74% 33,00% 3,05% 6,03% 5,81% 5,51% 2,87%
$log,RBEL,
log,RBEL, log,yyBEL, log,yyMAR, log,Agri, log,BELQMAD, INMAR INBEL
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 86,79% 2,76% 1,40% 1,21% 2,41% 4,66% 0,76%
[3,] 79,95% 7,46% 3,00% 1,15% 2,21% 5,18% 1,05%
[4,] 75,54% 11,08% 4,07% 1,18% 2,12% 4,97% 1,04%
[5,] 71,78% 14,59% 4,69% 1,15% 2,00% 4,79% 0,99%
$log,RDEU,
log,RDEU, log,yyDEU, log,yyMAR, log,Agri, log,DEUQMAD, INMAR INDEU
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 89,43% 2,35% 0,92% 4,20% 0,16% 2,01% 0,93%
[3,] 82,62% 2,61% 3,23% 4,61% 0,16% 3,15% 3,63%
[4,] 76,95% 2,95% 4,24% 5,82% 0,15% 3,41% 6,49%
[5,] 71,24% 2,99% 5,42% 6,71% 0,15% 3,79% 9,70%
$log,RSAU,
log,RSAU, log,yySAU, log,yyMAR, log,Agri, log,SAUQMAD, INMAR INSAU
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 95,70% 1,60% 0,90% 1,50% 0,10% 0,10% 0,00%
[3,] 87,20% 3,90% 5,00% 3,20% 0,20% 0,30% 0,20%
[4,] 78,50% 5,20% 9,90% 5,40% 0,20% 0,40% 0,50%
[5,] 70,90% 5,70% 14,90% 7,40% 0,20% 0,40% 0,60%
$log,RARE,
log,RARE, log,yyARE, log,yyMAR, log,Agri, log,AREQMAD, INMAR INARE
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 92,50% 0,40% 4,10% 1,30% 0,70% 0,80% 0,10%
[3,] 77,80% 0,50% 15,50% 3,30% 2,00% 0,70% 0,10%
[4,] 66,40% 0,40% 24,40% 6,00% 2,00% 0,60% 0,20%
[5,] 58,60% 0,40% 30,10% 8,50% 1,60% 0,70% 0,20%
$log,RUSA,
log,RUSA, log,yyUSA, log,yyMAR, log,Agri, log,USAQMAD, INMAR INUSA
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 91,05% 3,56% 3,99% 0,00% 0,52% 0,77% 0,11%
[3,] 82,46% 6,86% 6,12% 1,18% 1,35% 1,30% 0,74%
[4,] 72,02% 9,12% 9,42% 2,62% 2,13% 2,49% 2,20%
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
149
[5,] 62,51% 10,10% 12,83% 3,87% 2,57% 3,96% 4,15%
log,RGBR,
log,RGBR, log,yyGBR, log,yyMAR, log,Agri, log,GBRQMAD, INMAR INGBR
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 97,00% 1,00% 1,00% 0,00% 0,00% 0,00% 1,00%
[3,] 91,00% 2,00% 1,00% 0,00% 1,00% 0,00% 5,00%
[4,] 83,00% 3,00% 2,00% 1,00% 0,00% 0,00% 11,00%
[5,] 75,00% 4,00% 2,00% 1,00% 0,00% 1,00% 17,00%
log,RNLD,
log,RNLD, log,yyNLD, log,yyMAR, log,Agri, log,NLDQMAD, INMAR INNLD
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 90,26% 0,55% 3,44% 0,53% 1,93% 3,23% 0,05%
[3,] 88,20% 1,23% 3,43% 0,52% 2,71% 3,86% 0,06%
[4,] 86,73% 2,24% 3,54% 0,52% 2,92% 3,98% 0,07%
[5,] 85,69% 3,30% 3,50% 0,61% 2,90% 3,92% 0,09%
$log,RDNK,
log,RDNK, log,yyDNK, log,yyMAR, log,Agri, log,DNKQMAD, INMAR INDNK
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 59,32% 5,17% 23,07% 7,50% 0,65% 1,51% 2,79%
[3,] 50,32% 14,68% 20,66% 6,42% 1,29% 1,33% 5,30%
[4,] 44,47% 19,86% 21,26% 5,71% 1,40% 1,18% 6,12%
[5,] 39,43% 24,10% 22,04% 5,27% 1,37% 1,05% 6,74%
$log,RSWE,
log,RSWE, log,yySWE, log,yyMAR, log,Agri, log,SWEQMAD, INMAR INSWE
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 93,64% 0,16% 3,09% 1,15% 0,00% 1,60% 0,36%
[3,] 93,05% 0,63% 3,35% 1,02% 0,06% 1,54% 0,35%
[4,] 91,77% 0,99% 3,75% 0,92% 0,23% 1,76% 0,57%
[5,] 89,96% 1,18% 4,31% 0,85% 0,54% 1,95% 1,20%
$log,RCHE,
log,RCHE, log,yyCHE, log,yyMAR, log,Agri, log,CHEQMAD, INMAR INCHE
[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
[2,] 87,00% 4,36% 2,11% 0,15% 0,16% 5,79% 0,43%
[3,] 82,79% 6,86% 1,62% 0,15% 0,15% 7,34% 1,10%
[4,] 78,99% 8,89% 1,44% 0,35% 0,13% 8,18% 2,02%
[5,] 75,29% 10,41% 1,86% 0,73% 0,12% 8,62% 2,98%
Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds
150
Figure A3.7 : Impulse réponses (données trimestrielles)
Réponse des transferts suite au choc du PIB au Maroc Réponse des transferts suite au choc du PIB dans le
pays d’accueil
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
500
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de RemitVo à un choc dans PIBOVo
intervalle de confiance de 95 pourcent
estimation ponctuelle
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
500
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de RemitVo à un choc dans PIBHVO
intervalle de confiance de 95 pourcent
estimation ponctuelle
Réponse des transferts suite au choc de taux d’intérêt Réponse des transferts suite au choc de taux de change
-600
-500
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
500
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de RemitVo à un choc dans interest
intervalle de confiance de 95 pourcent
estimation ponctuelle
-400
-300
-200
-100
0
100
200
300
400
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de RemitVo à un choc dans REER
intervalle de confiance de 95 pourcent
estimation ponctuelle
Réponse des transferts suite au choc de taux
d’inflation
-15000
-10000
-5000
0
5000
10000
15000
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
périodes
réponse de PIBHVO à un choc dans INF
intervalle de confiance de 95 pourcent
estimation ponctuelle
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
151
CHAPITRE 4 : IMPACT DES TRANSFERTS DE FONDS SUR LE TAUX
DE CHANGE
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
152
1. Introduction
Dans les chapitres précédents, nous avons analysé les caractéristiques des transferts de fonds
et nous nous sommes rendus compte qu’ils représentent un phénomène complexe. Ce qui a
suscité un foisonnement d’études et de recherches ces dernières années. Au vu des chapitres
précédents, nous avons appris que les transferts de fonds effectués par les migrants vers leur
pays d’origine constituent une source de financement importante pour un bon nombre de pays
en développement, le Maroc en fait partie. Cette manne financière peut être utilisée dans les
pays en développement comme un substitut à d’autres flux financiers afin de promouvoir
leurs institutions économiques et financières. A cet égard, beaucoup de pays en développe-
ment utilisent cette source pour financer leur développement local (Grabel, 2008). Cependant,
les effets des transferts de fonds sur les économies des pays d’origine restent ambigus. Pour
certains économistes, ces transferts ont un impact positif sur la balance des paiements (Chami
et al., 2005). Pour d’autres, ils peuvent avoir des effets inflationnistes et apprécient le taux de
change en causant ce que l’on appelle le « syndrome hollandais84 » (Bourdet et Falck, 2006).
Les effets macro-économiques des transferts de fonds des migrants sont donc complexes
(Grabel ,2008) et diffèrent d’un pays à l’autre. Ceci est dû principalement aux politiques éco-
nomiques mises en place dans les pays d’origine des migrants, mais aussi à la manière selon
laquelle ces transferts sont utilisés. De plus, la plupart des gouvernements des pays en déve-
loppement interviennent de manière fréquente sur le marché des changes85 (Krugman et
Obstfeld, 2011, p.492).
La littérature économique souligne les risques d’appréciation du taux de change suite aux
transferts de fonds, puisque cela peut provoquer des pertes de compétitivité prix pour les pays
bénéficiaires. Par exemple, Amuedo-Dorantes et Pozo (2004) montrent en utilisant les don-
nées de panel pour 13 pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, qu’une augmentation de 100%
des envois de fonds engendre une augmentation de 22% du taux de change réel. Ce risque
peut être plus important dans les petits pays (Kapur, 2004).
Dans ce chapitre, nous allons étudier, dans un premier temps, l’impact des transferts de fonds
en provenance de la France vers le Maroc sur le taux de change bilatéral (dirham-euro) et sur
84 Le syndrome hollandais se réfère à l’appréciation de la monnaie suite à une entrée massive de capitaux. 85 Il est à signaler que dans un système de change flexible, le taux de change corrige le déséquilibre de la balance
courante. Dans un régime de taux de change fixe, la variation de la balance courante engendre une variation de la
masse monétaire.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
153
la masse monétaire. La France constitue le principal pays d’accueil pour les migrants maro-
cains (chapitre 1). Pour ce faire, nous utiliserons le modèle VAR structurel, inspiré de Vargas-
Silva (2009). En second lieu, nous vérifierons l’hypothèse selon laquelle les transferts de
fonds provoquent le syndrome hollandais, en étudiant leur impact sur le taux de change effec-
tif et sur la réallocation des ressources.
La suite de travail sera organisée comme suit : la deuxième section traite la revue de la littéra-
ture selon deux approches (qualitative et quantitative) ; dans la troisième section, nous estime-
rons premièrement le model VAR structurel pour analyser l’impact d’un choc des transferts
de fonds sur la demande de monnaie et sur le taux de change bilatéral entre le Maroc et la
France ; deuxièmement, nous testerons l’hypothèse selon laquelle les transferts de fonds en-
gendrent le syndrome hollandais dans le cas du Maroc en utilisant deux types d’estimations
(fréquentiste et baysésienne) ; enfin dans la dernière section nous conclurons ce travail.
2. Revue de la littérature : impact des transferts de fonds sur le taux de change
Dans cette section, nous allons tenter de décliner deux approches complémentaires. La pre-
mière, que nous pouvons qualifier de classique est une approche narrative « qualitative ». La
deuxième est une approche qui consiste à mesurer l’impact des transferts de fonds sur le taux
de change en utilisant les résultats des études concernant ce phénomène. Cette approche est
connue sous le nom de Méta-analyse « Meta-analysis », elle est très intéressante quand les
résultats obtenus sont disparates sur le même sujet (Laroche, 2000).
2.1. Approche qualitative
Comme nous l’avons déjà précisé à plusieurs reprises, les transferts de fonds représentent une
source importante de capitaux étrangers dans les pays en développement. De plus, ils sont
globalement contra-cycliques et moins volatiles que d’autres flux financiers (chapitre1 et 2).
À première vue, les résultats des études antérieures concernant l’impact des transferts de
fonds des migrants sur le taux de change restent encore ambigus (Vargas-Silva, 2009). En
effet, certaines études montrent l’occurrence du syndrome hollandais alors que d’autres trou-
vent des résultats opposés (effets bénéfiques des transferts de fonds).
Bourdet et Falck (2006) qui ont analysé les effets des transferts sur le Cap-Vert, ont montré
que les aides ainsi que les transferts de fonds ont un effet négatif sur la compétitivité. En utili-
sant des données de panel, Lartey et al. (2012) soulignent que les transferts de fonds engen-
drent un effet de dépense et de réallocation des ressources. Dans une étude récente (Makhlouf
et Mughal, 2013a), nous avons montré, en utilisant les techniques bayésiennes, que les trans-
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
154
ferts de fonds provoquent le phénomène du syndrome hollandais au Pakistan. Dans une autre
étude (Makhlouf et Chnaina, 2011), nous avons noté, en utilisant un modèle à correction
d’erreur (VCEM), qu’une augmentation de 1% du ratio des transferts de fonds sur le PIB pro-
voque une appréciation du taux de change réel d’équilibre de 0,38 %, en Tunisie. Barajas et
al. (2010b), en utilisant la technique de cointégration pour des données de panel, ont abouti
aux résultats selon lesquels une appréciation du taux de change effectif réel suite à un choc
des transferts de fonds. A contrario, les résultats de Mongardini et Rayner (2009), issus d’une
étude sur des pays d’Afrique Subsaharienne, indiquent que les transferts de fonds ne causent
pas l’appréciation du taux de change réel d’équilibre. Nous pouvons également indiquer
l’étude de Rajan et Subramanian (2005) qui n’observent aucune preuve de la présence d’une
telle relation.
Il est à noter que les transferts de fonds ont un impact différent selon le régime de change.
Cependant, les autorités peuvent adopter plusieurs régimes de change (Lahrèche-Revil, 2000).
En effet, Singer (2008) est convaincu que les transferts de fonds des migrants exercent des
pressions sur le choix du régime du taux de change.
Nous venons de voir que les transferts affectent le taux de change. Cependant, nous avons pu
le vérifier dans le chapitre 3, ils sont eux-mêmes déterminés, en partie, par la variation du
taux de change. La manière d’utiliser les transferts de fonds détermine en partie les effets de
ces derniers sur le taux de change. Selon Glytsos (1997), l’impact des transferts de fonds est
largement lié à la manière dont ils sont utilisés. En d’autres termes, leur effet est lié à leurs
utilisations pour la consommation des biens importés, ou des biens fabriqués localement, ou
des biens échangeables ou non échangeables. Vargas-Silva (2009) explique que suite à un
choc des transferts des migrants mexicains, la réaction de la demande de monnaie est positive,
ce qui peut provoquer un accroissement de la masse monétaire et qui impliquerait une hausse
de l’inflation.
Selon Amuedo-Dorante et Pozo (2006), les envois de fonds peuvent alléger la contrainte bud-
gétaire des ménages. De ce fait, les transferts peuvent diminuer la demande de crédit. Ainsi,
les transferts de fonds ont un effet plus au moins nuancé sur le développement financier du
Maroc (Bouoiyour et Makhlouf, 2011). Cependant, selon la Banque Mondiale, les transferts
de fonds contribuent au développement financier des pays d’origine. Une étude réalisée sur 99
pays pour la période 1975-2003 concernant l’impact des transferts sur les dépôts et les crédits,
montre que les transferts contribuent à l’accroissement des crédits et des dépôts par
l’intermédiaire du secteur bancaire (Banque Mondiale, 2006). Selon la même référence, les
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
155
transferts pourraient ne pas augmenter les dépôts bancaires s’ils sont utilisés dans la consom-
mation immédiate. Ainsi, le débat sur l’impact des transferts de fonds sur le taux de change et
la demande de monnaie est loin d’être clos. Les principaux résultats sur le syndrome hollan-
dais sont regroupés dans le tableau 4.1 ci-dessous.
Tableau 4.1 : Principales études sur le syndrome hollandais et les transferts de fonds
Auteurs Période Méthode86 Résul-
tats
Amuedo-Dorantes et Pozo
(2004)
1979-
1998
Panel 13 pays LAC effet fixe (OLS) +
Petri et Saadi Sedik (2006) 1964-
2005
Jordanie (VCEM) +
Bourdet et Falck (2006) 1980-
2000
Cape Vert (OLS) +
Izquierdo et Montiel (2006) 1960-
2004
VAR 6 pays **
Vargas-Silva (2009) 1996-
2006
Mexique (SVAR) +
Lopez, Molina et Bussolo
(2007)
1990-
2003
Panel effet fixe dynamique modèle IV 20 pays LAC
(OLS) +
Acosta et al. (2009) 1991 El Salvador
(DSGE) +
Fajnzylber et López (2007) 1990-
2003
Corrélation, transferts / Taux de change 8 pays LAC +
Singh et al. (2009) 36 pays SSA
(panel) -
Lartey et al., (2012) 1990-
2003
109 Pays en développement Panel dynamique
(GMM) +
Mongardini et Rayner
(2009)
1980-
2006
Panel 15 pays ASS (dynamic fixed-effect) -
Sy et Tabarraei (2009) 1970-
2004
39 Pays
PMG +
Makhlouf et Mughal (2013a) 1980- Pakistan +
86 OLS (Ordinary Least Square), VCEM (Vector Correction Errors Model), SVAR(Structural Vector Auto re-
gression), DSGE (Dynamic Stochastic General Equilibrium), IV (Instrumental Variable) GMM Generalized
Moments Method) ASS (Sub-Saharan Africa countries). PMG: Pooled Mean Group, 2OLS : 2 Ordinary Least
Square.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
156
2008 IV- Bayesien
Barajas et al. (2010b) 1980-
2007
Panel (138 pays)
Cointégration +
Makhlouf et Chanaina (2011) 1980-
2008
Tunisie
VCEM +
Beja (2011) 1984-
2008
Panel (20 pays) +
Fayad (2011)
1980 et
1990
Coupe transversale
IV (2OLS) (*)
Kemegue et al. (2011) 1980-
2008
SSA
Panel dynamique +
Hassan et Holmes (2012) 1987-
2010
Panel 24 pays
VECM +
(+) Appréciation de taux de change. (-) dépréciation de taux de change
(**) résultats mitigés
(*) les transferts de fonds n’entravent pas la croissance économiques et les exportations
2.2. Approche quantitative (Méta-Régression)
Nous venons d’analyser dans la section précédente la relation entre les transferts de fonds et le
taux de change. Cette analyse rapide montre bien l’ambigüité de la relation entre ces deux
variables. Nous proposons dans cette sous-section une approche originale basée sur la méta-
régression, qui a l’avantage d’aboutir à des résultats plus tranchants. Elle permet aussi plus de
précision sur le phénomène étudié. Elle permet, également, de synthétiser d’une manière effi-
cace les études appliquées à une seule question de recherche.
En résumé, nous allons calculer la moyenne des résultats des études précédentes sur le syn-
drome hollandais, même si ces études utilisent des techniques différentes pour mesurer l’effet
des transferts de fonds. Cette technique consistant à tirer des conclusions à partir de la revue
de la littérature est appelée « Meta-analysis ». L’idée de cette technique est de combiner diffé-
rents résultats afin de produire une réponse générale sur la question étudiée. Cette procédure
est de plus en plus utilisée par les chercheurs, car elle donne une vision plus objective de la
littérature (Everitt et Hothorn, 2006).
La plupart des études de la méta-analyse utilise un seul modèle (effets fixes ou effets va-
riables). Sous le modèle à effets fixes, on suppose qu’il existe un seul vrai effet. Cependant, le
modèle à effets variables stipule que le vrai effet peut changer selon l’étude. Ce modèle sti-
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
157
pule l’existence d’hétérogénéités inter études (Everitt et Hothorn, 2006). La figure 4.1 montre
la principale différence entre les deux méthodes. Dans notre cas nous allons traiter les deux
modèles et à l’aide du test d’homogénéité, nous choisirons le modèle adéquat.
Figure 4.1: Modèle à effets fixes versus à effets variables
Effets fixes (une seule source d’erreur) Effets variables (deux sources d’erreurs)
Etude
(1)
Etude
(2)
Etude
(k)
Effet
combiné
Source : (Borenstein et al., 2009)
Effet observé
Vrai effet
Vrai effet
Vrai effet
Effet observé
Effet observé
ε
Vrai effet
Vrai effet
Vrai effet
Effet observé
Effet observé
ε
ζ
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
158
2.2.1. Méthodologie
Ici, nous analyserons empiriquement la revue de la littérature concernant l’impact des trans-
ferts de fonds sur le taux de change. Pour ce faire, nous prendrons un échantillon qui com-
porte 53 régressions issues de 7 papiers. Notre base de données inclut : EconLit, documents
de travail, Google Scholar selon la méthodologie suivie par Stanley (2001). Pour réduire le
biais de sélection, nous avons sélectionné des papiers publiés et non publiés, comme le sug-
gère Stanley (2001).
Les études considérées dans notre échantillon utilisent l’estimation linéaire suivante
avec:
i={1,.., N) et N est le nombre de régressions ;
: le taux de change réel au certain ;
: les transferts de fonds ;
: la matrice des déterminants du taux de change réel.
Un signe positif et significatif du paramètre (α) signifie une appréciation du taux de change.
Les autres études qui analysent différemment la relation entre le syndrome hollandais et les
transferts ne sont pas prises en considération dans notre étude. Le tableau A4.1 en annexe
retrace les données utilisées dans la méta-analyse.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
159
2.2.2. Modèle à effets fixes
Dans ce modèle, nous supposons qu’il y a un seul vrai paramètre étudié par l’ensemble des
papiers. Dans ce cas, il existe un seul effet des transferts de fonds sur le taux de change indé-
pendamment du contexte d’étude. L’objectif est donc d’estimer l’effet combiné de l’impact
des transferts de fonds sur le taux de change. Pour ce faire, nous allons calculer la moyenne
pondérée des effets issus des 53 essais (régressions). L’idée est d’accorder plus de poids pour
les études ayant une grande précision. De ce fait, le paramètre de pondération est l’inverse de
la variance de chaque effet. Le modèle à effets fixes peut être modélisé comme suit :
Soit Y l’effet combiné,
∑
∑
=
==k
ii
k
iii
W
YWY
1
1 (1)
Avec :
k, le nombre de régressions prises en considération ;
Y i, l’effet des transferts de fonds sur le taux de change de l’étude i ;
Wi = 1/ 2iV ;
2iV : la variance de Yi.
La variance de Y se calcule de la manière suivante : 2
Yσ =
∑=
k
iiW
1
1(2)
Avec les formules (1) et (2) on peut calculer l’intervalle de confiance de Y . La formule pour
l’intervalle de confiance à 95% est donnée comme suit : [ ]YY
YY σσ 96,1;96,1 +− .
Malgré le fait que les études choisies dans notre échantillon partagent un certain nombre de
caractéristiques (pays en développement, pays d’émigration, intervention sur le marché des
changes, etc.), elles peuvent être hétérogènes. Pour cette raison, nous allons également estimer
le modèle à effets variables présenté ci-après.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
160
2.2.3. Modèle à effets variables
Sous l’hypothèse d’un modèle à effets aléatoires, nous supposons que le vrai paramètre varie
selon l’étude. Par exemple, le paramètre est plus fort dans le cas où le taux de change est
flexible ou bien dans le cas où la part des transferts de fonds dans le PIB est plus grande.
Cette hypothèse est d’autant plus plausible que d’autres facteurs interviennent dans
l’occurrence du syndrome hollandais. Ceci veut dire que l’intensité de l’impact des transferts
de fonds sur le long terme dépend d’autres facteurs (régime de change, la part des transferts
de fonds utilisée dans la consommation des biens échangeables, le taux d’ouverture, etc.).
L’utilisation des transferts de fonds est un élément capital dans la détermination du syndrome
hollandais. En effet, si la plupart d’entre eux sont utilisés dans l’investissement, cela peut ré-
duire la probabilité de l’occurrence du syndrome hollandais.
Le modèle à effets variables peut être écrit comme suit :
ki
Y iiiii
,...,1),N(u,~
N(0,1),~;2
i =
+=
τµεεσµ
(3)
Avec :
iY , c’est l’effet combiné qui dépend du vrai effet iµ et de la variance iσ ;
u , est estimé selon l’équation (1).
La pondération de chaque étude change dans ce modèle. Dans ce modèle la variance inter-
études est prise en compte.
La pondération ′iW s’écrit comme suit :
)ˆ/(1 22 τ+=′ ii VW où 2τ̂ est la variance inter-études estimée.
∑∑∑
∑
−=
−=
−>+−−<
=
=
i
ii
k
ii
W
WWU
YYQ
kQsiUkQ
kQsi
2
1
2
2
)(
1/)1(
10τ̂
Le test d’homogénéité des études est donné par la statistique Q qui suit une loi de 2 1−kχ .
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
161
2.2.4. Résultats87
Les résultats (tableau 4.2) des deux modèles (effets fixes et effets variables) montrent que les
transferts de fonds engendrent une appréciation du taux de change réel. Le test d’homogénéité
des études préconise le modèle à effets variables. Ceci conduit à la validation de l’hypothèse
selon laquelle les transferts de fonds provoquent une appréciation du taux de change.
Tableau 4.2: Résultats du modèle (méta-régression)
Impact des transferts de fonds sur les taux de
change réel
Effets fixes 0,0205*** (16,61)
Effets variables 0,0376*** (5,806)
Test d’homogéniété: Q=750,22, degrés de liberté =52
p.value<0.0001
() t-test, *** significativité + 1%
Nous pouvons dire que l’impact des transferts de fonds sur le taux de change est positif. De
plus, le test d’homogénéité préconise le modèle à effets aléatoires, ce qui implique que les
études sont hétérogènes. Ceci veut dire que le contexte de l’étude peut influencer la relation
entre les transferts et le taux de change. Pour cela, dans la section 3 nous allons étudier le cas
du Maroc pour les raisons évoquées dans le chapitre 1. L’idée est de vérifier si le contexte
marocain va confirmer ou infirmer le résultat obtenu par la méta-régression. Nous venons de
valider le modèle à effets variables ce qui implique qu’il existe plusieurs effets des transferts
de fonds sur le taux de change.
87 La méthodologie décrite est implanté sur R, sous le package (meta)
http://cran.r-project.org/web/packages/meta/meta.pdf
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
162
3. Analyses empiriques : relation entre les transferts de fonds et le taux de
change.
Dans cette section, nous allons estimer premièrement l’impact des transferts de fonds sur le
taux de change bilatéral (France - Maroc) et la demande de monnaie, en s’inspirant des tra-
vaux de Vargas-Silva (2009). Deuxièmement, nous allons diagnostiquer la présence du phé-
nomène du syndrome hollandais par l’estimation du taux de change effectif réel en s’inspirant
des travaux de Lartey et al. (2012).
3.1. Demande de monnaie, taux de change et transferts de fonds : les enseigne-
ments du modèle VAR structurel
Avant de vérifier l’hypothèse du syndrome hollandais, nous allons nous intéresser aux inte-
ractions qui existent entre les transferts de fonds, le taux de change et la demande de monnaie
en s’inspirant des travaux de Vargas-Silva (2009). Ce dernier a essayé d’étudier l’impact des
transferts de fonds, depuis les Etats-Unis vers le Mexique, sur le taux de change et la demande
de monnaie. L’objectif de cette sous-section est d’étudier l’impact des envois de fonds des
migrants marocains sur le taux de change entre la France et le Maroc, et sur la demande de
monnaie au Maroc. Afin d’éliminer le problème d’endogénéité, nous allons utiliser le modèle
VAR structurel. Les modèles VAR sont un mélange des éléments théoriques (Greene, 2005,
p.577). Les modèles VAR structurels permettent d’affiner al modélisation en rajoutant des
contraintes dans le modèle à estimer.
Le taux de change marocain est ancré à un panier de devises des principaux partenaires com-
merciaux avec une convertibilité partielle88. A titre d’exemple, le dirham s’est apprécié de
22,5% vis-à-vis des pays de l’UE (15) pour la période allant de 1990 à 2000 (Bouoiyour et al.,
2002). Les envois de fonds pour la même période ont augmenté environ de 38%89. Les envois
de fonds sont-ils donc à l’origine de cette appréciation ? Pour répondre à cette question, nous
avons pris en compte les transferts de fonds depuis la France vers le Maroc. En effet, plus de
40% des transferts de fonds sont assurés par les marocains résidant en France (plus de détails
voir le chapitre 1). De plus, la plupart des exportations marocaines sont à destination de
88 Pour plus de détails, voir Bouoiyour et al (2004) « Taux de change réel et politique de change au Maroc : une
approche non paramétrique. 89 Calculé à partir des données de l’Office des Changes du Maroc.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
163
l’Europe, comme l’indique la figure 4.2. Une appréciation du taux de change peut nuire à la
compétitivité prix.
Figure 4.2: La part des exportations marocaines vers l'Europe (15)
Source : CEPII-CHELEM (2012)
Cette sous section s’intéresse aussi à l’interaction entre la demande de monnaie et les trans-
ferts de fonds. En effet, un accroissement de demande de monnaie peut engendrer de
l’inflation. Dans le cas du Maroc, la relation entre l’inflation et la masse monétaire est posi-
tive comme le souligne la figure 4.3. Cette dernière confirme la théorie quantitative de la
monnaie dans le cas du Maroc.
Figure 4.3: Relation entre la masse monétaire et l’inflation (1962-2011)
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
164
Source : Banque Mondiale (WDI, 2012) et calculs de l’auteur
3.1.1. Relation des transferts de fonds avec le taux de change et la masse monétaire
� Transferts de fonds et taux de change nominal
La figure 4.4 présente la corrélation entre le taux de change au certain du Maroc et les trans-
ferts des migrants. Elle montre une relation négative entre la variation des transferts de fonds
et le taux de change nominal bilatéral. Nous pouvons dire, a priori, que les transferts de fonds
n’apprécient pas le taux de change. Néanmoins, la dépréciation du taux de change conduit à
une augmentation des transferts. Par exemple, la dépréciation de la monnaie marocaine dans
le milieu des années 80, suite à l’adoption du PAS (Plan d’Ajustement Structurel) en 1983, a
permis aux migrants marocains de rapatrier une partie supplémentaire de leurs revenus non
consommés dans le pays d’accueil. L’adoption de l’euro en 1999 a conduit à une dépréciation
du Dirham qui a engendré une augmentation des transferts.
Figure 4.4 : Transferts de fonds et taux de change (1982-2009)
Office des Changes du Maroc et IFS (2011) et calculs de l’auteur
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
165
� La politique monétaire marocaine vis-à-vis des transferts des migrants
L’objectif principal de la Banque Centrale du Maroc (BAM) est la stabilité des prix. Pour ce
faire, la BAM intervient par le biais des canaux traditionnels (canal de taux d’intérêt, et canal
de crédit) pour contrôler la masse monétaire. Cette dernière est déterminée, en partie, par les
avoirs extérieurs. Ainsi, une variation de ces avoirs extérieurs peut affecter la liquidité ban-
caire. Dans ce sens, une augmentation des avoirs nets en devises de la Banque Centrale ac-
croît la masse monétaire. Les dépôts des migrants marocains ont augmenté de manière remar-
quable et ils représentent environ 25% de l’ensemble des dépôts en 2007. (Bouoiyour et
Makhlouf, 2011). Ceci peut aussi influencer la liquidité bancaire. Par exemple, en 2007, le
cumul des dépôts bancaires des migrants marocains s’élevait à 424,95 milliards de dirhams
(Khachani 2010, p.9). De plus, l’essentiel des transferts de fonds des migrants marocains pas-
sent par le canal bancaire et postal (chapitre 1).
Les achats et les ventes des devises sur le marché des changes par la BAM peuvent modifier
l’évolution du taux de change par le jeu de l’offre et de la demande. Afin de gérer la variation
de la liquidité bancaire engendrée par les mouvements des devises, les autorités monétaires
ont recours principalement à la politique des réserves obligatoires90. L’accroissement sensible
de la liquidité bancaire est lié à un afflux de capitaux étrangers eux-mêmes expliqués par
l’ouverture du capital d’Ittissalat Al Maghrib en février 2000. De plus, une hausse des trans-
ferts des migrants marocains de 60,5% en 2001 (qui sont passés de 22 milliards de DH à 36
milliards en 2001) a également favorisé l’augmentation de la liquidité. Il y a également eu une
surliquidité en raison d’un renforcement substantiel des avoirs extérieurs, en mars 2002. Cette
surliquidité est imputable à la cession de 80% du capital de la société des tabacs en 2003.
L’excédent de liquidité peut être qualifié de structurel à partir de 1999 jusqu'au deuxième tri-
mestre 2007. Entre 2001 et 2002, nous assistions à un accroissement sensible de la surliquidi-
té bancaire expliquée par un afflux de capitaux étrangers liés à l’ouverture du capital
d’entreprises publiques en février 2000 et le renforcement des avoirs extérieurs (transferts des
migrants marocains et recettes de voyages).
90 Selon la BAM, le montant des liquidités retirées par la politique des réserves obligatoires ont connu une crois-
sance considérable environ 500% pour la période 1999-2007.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
166
Figure 4.5 : Interventions sur le marché de change
Source : Banque Al Maghrib (2011)
Les interventions de la BAM sur le marché de change ont plutôt pour but de vendre des de-
vises. Ces interventions ont un double effet. Elles permettent d’absorber la liquidité bancaire.
Dans le cas où la liquidité n’est pas abondante, elles augmentent l’offre de devises étrangères.
Cela va engendrer une sous-évaluation du taux de change. La figure 4.5 nous permet de tirer
les premières conclusions sur les interventions qui consistent à vendre des devises sur le mar-
ché de change par la BAM.
Les ventes de devises n’ont pas l’effet attendu sur le taux de change, à savoir une appréciation
du taux de change. Ces interventions devraient contribuer à l’appréciation du dirham. Cepen-
dant, nous remarquons le contraire notamment sur la période 2001-2007 où le taux de change
continue à se déprécier malgré l’augmentation des volumes des devises vendues sur le marché
des changes. Cela peut s’expliquer par une demande plus importante des devises, notamment
pour les besoins d’importations. Les transferts des migrants peuvent alléger cette contrainte.
La vente des devises par la BAM va contribuer, en outre, à une baisse de la monnaie natio-
nale. Il y a lieu de signaler que la liquidité a connu une baisse depuis les années 2007 jusqu’à
nos jours. Actuellement, nous assistons à une situation de sous-liquidité. Ceci peut s’expliquer
par la baisse des transferts de fonds liée à la récente crise économique.
0
1000
2000
3000
4000
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Achat de devises
0
100
200
300
400
500
Vente de devises
Ventes de devises par BAM aux banques Achats de devises par BAM aux banques
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
167
3.1.2. Modèle VAR structurel
Afin d’éliminer le problème d’endogénéité et de prendre en considération certaines con-
traintes, nous utiliserons le modèle VAR structurel91. Nous analyserons les fonctions impulses
afin de voir l’impact des transferts sur le taux de change, la masse monétaire et la réaction des
transferts suite à un choc du taux de change. Nous décomposerons la variance du modèle afin
de tirer le maximum d’information du modèle utilisé. En effet, la décomposition de la va-
riance indique la quantité de l’information de chaque variable qui contribue aux innovations
des autres variables. Nous nous inspirons des travaux de Vargas-Silva (2009) dans le cas
« Mexique-Etats-Unis » pour le cas « Maroc – France ».
Le modèle à estimer est le suivant :
++++=++=
++++=+++=
++==
−−−−
−−
−−−−
−−−
−−
64321
521
44321
3321
221
1
uremditcymM
uyfymR
ummtcyfymdi
uremdiymtc
ummdiym
uyf
ltltltltt
ltltt
ltltltltt
ltltltt
ltltt
t
γγγγηη
θθθθφφφ
αα
(4)
Avec :
yf et ym représentent le PIB en volume (2005 indice 100) de la France et du Maroc res-
pectivement. Il s’agit des variables proxy des revenus des migrants et de leur famille ;
tc, le taux de change bilatéral Maroc / France au certain ;
di, le taux d’intérêt des dépôts au Maroc moins celui de la France ;
R, les transferts de fonds en provenance de France mesurée en dirham marocain;
M, la masse monétaire au Maroc mesurée en dirham marocain.
Nous avons utilisé des données annuelles de 1980 à 2010. Les statistiques descriptives sont
données dans le tableau 4.3 et leurs évolutions sont présentées sur la figure A4.1 en annexe
de ce chapitre.
91 L’estimation de ce modèle est faite à l’aide du package « vars » sur R
http://cran.r-project.org/web/packages/vars/vars.pdf
1θ
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
168
Tableau 4.3 : Statistiques descriptives
Moyenne Médiane Minimum Maximum Source
R en milliards 16,55
10,94
3,641
23,35
Office des Changes Maro-
cain
Di 1,949 2,47 -2,37 4 FMI-IFS
Tc 0,104 0,095 0,088 0,166 FMI-IFS
Yf 82,23
80,6
58,79 104,9
FMI-IFS
Ym 74,47 69,83 41,37 126,5 FMI-IFS
M en milliards 358,5
265,3
29,96
849,2
Banque Mondiale
La première équation du modèle (4) traduit l’hypothèse selon laquelle un choc sur l’économie
marocaine n’influence pas le PIB de la France. La deuxième équation représente la courbe IS
au Maroc. La troisième équation traduit la relation entre le taux de change réel, le PIB, le dif-
férentiel du taux d’intérêt et les envois de fonds92. La quatrième équation explique la fonction
de réaction de la Banque centrale marocaine. La cinquième équation explique l’évolution des
transferts de fonds en fonction de la variation des PIB93. La dernière équation représente la
demande dont nous avons discuté les variables dans la section précédente.
Le retard optimal est sélectionné à l’aide des critères donnés dans le tableau infra.
Retards 1 2 3 4
AIC(n) 79,11 78,54 74,27 -80,43
HQ(n) 79,71 79,65 75,90 -78,29
SC(n) 81,13 82,28 79,74 -73,23
92 L’introduction des envois de fonds dans la troisième équation traduit le fait que les envois de fonds influen-
cent le taux de change (Vargas-Silva, 2009). 93 Les envois de fonds dépendent du PIB du pays d’accueil et du PIB du pays d’origine (Glytsos, 2005 ; Vargas-
Silva et Huang, 2006).
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
169
3.1.3. Résultats et discussion
Dans cette sous-section, nous allons premièrement discuter les résultats des fonctions des ré-
ponses suite au choc des transferts de fonds, deuxièmement, nous commenterons les résultats
de la décomposition de la variance.
� Fonctions impulse réponses
Les résultats des fonctions impulse réponses (figure 4.6) montrent qu’un choc sur les trans-
ferts n’engendre pas une appréciation du taux de change bilatéral. Cela peut s’expliquer par
les interventions de la BAM sur le marché des changes. Dans ce cas, les transferts de fonds,
n’affectent pas négativement la compétitivité prix des entreprises exportatrices.
L’ensemble de ces interventions sur le marché de change détermine le régime de change au
Maroc. En effet, ce dernier est un facteur clé dans la détermination de l’impact des transferts
de fonds sur le taux de change (Barajas et al., 2010b). Une augmentation des transferts peut
inciter les autorités monétaires à dévaluer la monnaie afin d’éviter une appréciation de sa
monnaie.
En ce qui concerne la réaction de la masse monétaire suite à un choc des transferts de fonds,
elle est positive. Les transferts de fonds engendrent une augmentation de la masse monétaire à
long terme. Cela peut s’expliquer par la création monétaire engendrée par les transformations
des euros en monnaie locale.
La dépréciation du taux de change est due en partie à la baisse de la demande de monnaie
locale. Cette diminution peut s’expliquer par l’intervention de la Banque Al Maghrib afin de
retirer de la monnaie du circuit économique et d’éviter des tensions inflationnistes. Il y a lieu
de signaler que la dépréciation entraîne une augmentation des prix à l’importation ce qui peut
provoquer une inflation importée.
L’objectif de la Banque Al-Maghrib est de maintenir la stabilité des prix internes. Pour ce
faire, elle utilise plusieurs canaux afin d’atteindre son objectif. La masse monétaire est l’un
des instruments essentiels sur lequel la Banque Al-Maghrib intervient.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
170
Figure 4.6: réponse du taux de change et la masse monétaire suite au choc des transferts
de fonds
Le graphique 1 représente la réponse du taux de change suite à un choc des transferts de fonds, tandis que le
graphique 2 retrace la réponse de la masse monétaire.
� Décomposition de la variance
Afin de connaître l’importance de chaque choc dans l’explication des variables étudiées et
calculer la contribution de chaque innovation sur la variance à l’horizon (H), nous étudierons
ici la décomposition de la variance. Les résultats (tableau A4.3 en annexe) montrent que la
variabilité du taux de change est due pour une grande partie aux innovations du PIB au Maroc
et la masse monétaire, 36% et 47% respectivement. Cependant les innovations des transferts
n’ont pas une importante influence sur la variabilité du taux de change (3%). Ceci confirme
les interventions de la BAM.
1
2
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
171
Les innovations de la masse monétaire sont dues en grande partie aux innovations du PIB et
aux innovations du taux de change, 45% et 23% respectivement. Les transferts de fonds con-
tribuent à l’hauteur de 5% aux innovations de la masse monétaire.
Dans le cas où le régime de change est fixe, la masse monétaire devient endogène, par consé-
quent elle sera sensible aux variations de taux de change.
Les transferts des migrants marocains ne causent pas une appréciation du taux de change.
Quant à la masse monétaire qui devrait augmenter remarquablement suite à une entrée de de-
vises, les résultats montrent que cette augmentation est relativement faible. Deux raisons peu-
vent expliquer cela. Premièrement, la variance de la masse monétaire est due en grande partie
aux innovations du taux de change qui lui-même se déprécie. Les innovations des transferts
ont un impact faible sur la variance de la masse monétaire. Deuxièmement, la position struc-
turelle de liquidité bancaire au Maroc est excédentaire, ce qui nécessite la mise en place d’une
politique restrictive afin d’absorber le surplus de liquidité, cela se traduit par une baisse de la
demande de monnaie.
Enfin, le test de stabilité (figure A4.2 en annexe) montre qu’il n’y a pas de changement de
régime sur la période étudiée. L’idée est de voir si la crise économique de 2008 a impacté le
comportement des variables étudiées.
3.2. Impact sur le taux de change effectif réel
Nous venons de voir l’impact des transferts de fonds en provenance de la France sur le taux
de change bilatéral. Dans cette sous section, nous allons essayer de voir l’impact des transferts
de fonds globaux sur le taux de change effectif. Cette ressource financière, engendrée par la
migration internationale, peut servir à alléger certaines contraintes budgétaires des ménages
dans les pays d’origine. Elle peut les aider à améliorer leur niveau de vie. Par ailleurs, elle
peut aussi engendrer certains effets non souhaités sur les économies bénéficiaires. En effet, la
littérature économique récente s’intéresse aux effets néfastes des transferts de fonds, sur le
plan macro et micro-économique. En outre, ces effets négatifs peuvent se manifester sous
forme d’un phénomène connu sous le nom de syndrome hollandais (Fajnzylber et López,
2007). Cet effet est particulièrement important dans les petits pays (Kapur, 2004). Ce phéno-
mène a été analysé par Corden et Neary (1982) et Corden (1984) dans le cas d’une rentrée
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
172
massive de devises. Les transferts de fonds peuvent apporter de nouveaux ajustements sur
l’économie marocaine, en particulier par l’effet dépense94.
La théorie du syndrome hollandais est associée à une appréciation du taux de change suite à
une entrée massive des capitaux étrangers. Cette théorie a été formulée au départ pour les
pays développés, notamment à partir de la découverte du gaz en Hollande dans les années 50.
La pertinence de cette théorie a poussé les économistes à l’appliquer pour les pays en déve-
loppement. Cependant, l’application de cette théorie pour les pays en développement peut
donner des résultats différents comparés aux pays développés. Cette différence est due en
partie aux différences du régime de change. En effet, Krugman et Obstfled (2011, p. 664) sou-
lignent certaines rigidités des régimes de change des pays en développement. Dans le cas des
transferts de fonds, Vargas-Silva (2009) note que leurs effets sur le taux de change effectif
réel restent encore ambigus. En effet, d’après Barajas et al. (2010b), l’impact des transferts de
fonds sur le taux de change réel dépend de la part des transferts de fonds dépensée dans les
biens échangeables du degré de l’ouverture économique, de la mobilité des facteurs entre les
secteurs et du comportement cyclique des transferts de fonds. In hoc sensu, Grabel (2008)
considère que les effets à court terme des transferts de fonds sont similaires à d’autres flux
financiers. Par ailleurs, leurs impacts à long terme sont différents selon les politiques écono-
miques engagées dans les pays bénéficiaires. Dans cette section, nous allons estimer l’impact
des transferts de fonds sur le taux de change effectif réel du Maroc.
3.2.1. Transferts de fonds et politique de change du Maroc
Les transferts de fonds engendrent des effets plus ou moins importants sur certaines variables
macro-économiques dont le taux de change. Comme nous l’avons signalé précédemment, la
littérature économique est encore loin de répondre d’une manière précise à la question de
l’impact des transferts des migrants sur le taux de change. Les causes de la divergence des
résultats peuvent être expliquées par la manière dont les transferts de fonds sont utilisés, mais
également par la capacité des économies en développement à « absorber » les chocs engen-
drés par ces flux financiers, ainsi que le degré d’ouverture économique. De plus, les politiques
de change adoptées par les pays bénéficiaires peuvent atténuer les effets néfastes des trans-
ferts de fonds sur le taux de change, et bien évidemment sur la compétitivité prix. Dans cet
ordre d’idée, Singer (2008) a montré que les transferts des migrants poussent les autorités 94 La corrélation entre les transferts de fonds et la consommation finale des ménages marocains est positive est
proche de 1(chapitre 1, p. 47).
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
173
monétaires à opter pour un régime de change fixe. Le choix du régime de change a un impact
important sur l’inflation, les investissements et les relations commerciales (Singer, 2008).
Selon le même auteur, les transferts de fonds peuvent compenser les imperfections de la poli-
tique monétaire.
La stérilisation des transferts de fonds peuvent constituer un remède contre le syndrome hol-
landais, mais Lopèz et al. (2007) ont déconseillé la politique de stérilisation des transferts de
fonds, qui selon eux s’avère coûteuse en matière budgétaire. La question qui se pose alors est
de savoir dans quelle mesure les interventions de la Banque Al Maghreb (BAM) sur le mar-
ché monétaire en général, et sur le marché de change en particulier, permettent de stabiliser la
variabilité du taux de change. Pour essayer de répondre à cette interrogation, il nous faut
commencer par étudier le régime de change marocain, même si les travaux de Bouoiyour et
al. (2004)95 nous ont fourni certains éléments clés de réponses sur la parité de change du dir-
ham. L’ancrage du dirham à deux principales devises que sont l’euro et le dollar américain lui
assure une certaine stabilité. Mais il nous reste à savoir si cette politique est préjudiciable pour
la compétitivité des exportations marocaines ou non. La BAM intervient sur le marché de
change afin de le maintenir dans une fourchette bien définie. Pour éponger la surliquidité en-
gendrée en partie par les transferts de fonds, la BAM utilise la politique des réserves obliga-
toires. Le marché monétaire est caractérisé par une surliquidité, notamment pour la période
1999 -2007, ce qui s’explique par la politique de libéralisation au Maroc. En ce qui concerne
l’évolution du taux de change effectif, la figure 4.7 montre qu’il y a une dépréciation jusqu’à
l’année 1990, puis une appréciation dans les années 1990, période où l’inflation est relative-
ment forte (par exemple le taux d’inflation est proche de 8% en 1991).
95 Leurs travaux portent sur le taux de change réel d’équilibre et la politique de change au Maroc : une approche
non paramétrique.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
174
Figure 4.7: Evolution du taux de change effectif
Source : Banque Mondiale (WDI, 2012)
3.2.2. Fondamentaux du taux de change effectif réel
Afin d’estimer le taux de change effectif réel, nous utiliserons les variables utilisées par Lar-
tey et al. (2012). Les définitions96 des principaux fondamentaux du taux de change utilisés
dans les estimations économétriques sont données comme suit :
a) Productivité
La différence des taux de croissance de productivité dans la production des biens échan-
geables d'un pays par rapport à celle des principaux partenaires commerciaux est un facteur
qui peut affecter le taux de change d’équilibre. Ainsi, l'effet de Balassa-Samuelson est positif
sur le taux de change réel. Il peut être interprété comme l'effet du développement économique
sur le taux de change réel. Autrement dit, les pays à croissance rapide ont tendance à con-
naître une appréciation réelle de leur taux de change (Carrera et Restout, 2004). Plusieurs
études ont aussi montré un effet positif du progrès technique (Montiel, 1999 ; De Gregorio et
Wolf, 1994 ; Montiel et Hinkel, 2001). Cependant, la relation dépend de l’effet qui domine:
effet de l’offre ou de la demande des biens non échangeables. Un impact positif ne se réalise
que lorsque l’effet demandé domine et vice versa (Edwards, 1989 ; Kalinda, 2001).
96 Plus de détails voir Makhlouf et Chnaina (2011).
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
175
b) Termes de l’échange
L’indice des termes de l'échange est généralement défini comme le ratio de l'indice des prix à
l'exportation par rapport à celui des prix à l’importation. Tous les modèles théoriques en géné-
ral97 soulignent l'importance des variations des termes de l’échange comme une source poten-
tielle de fluctuations du taux de change effectif. La variation des termes de l’échange entraîne
un effet de substitution inter-temporel et intra-temporel ainsi qu’un effet de revenu98 (Eita et
Sichei, 2006). L’effet net sur le taux de change effectif est ambigu et ne peut pas être connu à
priori à cause de l’existence de ces deux effets (Rano et Bayero, 2008). Il dépend de l’effet
qui domine (la dominance de l'effet revenu conduit à l'appréciation du taux de change effectif
réel). A contrario, la détérioration des termes de l’échange conduit à une dépréciation du
TCRE (Zhang, 2001 ; Asfaha et Huda, 2002). Toutefois, des études empiriques ont constaté
que l'effet de revenu est prédominant (Baffes et al., 1999 ; Carrera et Restout, 2004).
c) Ouverture commerciale
Une libéralisation commerciale plus importante conduit à une dépréciation du taux de change
effectif, car elle permet l’augmentation des échanges et la convergence des prix [Goldfajn et
Valdes (1999), IEQ (2003) et Drine et Rault (2005)].
La position nette des actifs extérieurs est largement considérée dans la littérature comme une
des variables déterminantes du taux de change effectif d’un pays (MacDonald, 1997 ; Mac-
Donald et Ricci, 2003). Lorsque la position nette extérieure d’un pays atteint un niveau élevé,
une perte de compétitivité peut être maintenue, ce qui est associé à une appréciation du taux
de change effectif (MacDonald et Ricci, 2003). Un déficit du compte courant conduit à une
augmentation de la dette extérieure nette qui peut être financée soit par les institutions finan-
cières internationales, soit par les investissements étrangers à des taux de rendements élevés.
Ceci peut conduire à une dépréciation de la monnaie (Maeso-Fernandez et al., 2002).
97 Par exemple Clark et MacDonald (1999), Elbadawi et Kahn (1997) et Baffes et al. (1999). 98 L’effet revenu est défini par le phénomène suivant : lorsque le revenu intérieur augmente, l’amélioration des
termes de l'échange va accroître la demande pour les biens non échangeables, en provoquant une nouvelle aug-
mentation des prix afin de rétablir l'équilibre du marché (Guillaumont et Hua, 2002).
L’effet de substitution est défini par le phénomène suivant : lorsque les importations deviennent moins chères
que les biens non-échangeables, la consommation des biens non-échangeables décroit et le prix des biens non
échangeables baisse pour absorber l’offre excédentaire des biens non échangeables, en conséquence le taux de
change effectif se déprécie.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
176
d) Transferts de fonds
L'impact macroéconomique de l’augmentation des transferts reçus de l’extérieur conduit à
une appréciation du taux de change effectif par le biais de leurs effets positifs sur le solde du
compte courant (Haque et Montiel, 1998 ; Izquierdo et Montiel, 2006). Ceteris paribus, les
pays recevant les transferts des travailleurs connaissent l’appréciation de leurs monnaies
(Amuedo-Dorantes et Pozo, 2004). Selon Obstfeld et Rogoff (1996), ce genre de transfert de
ressources nuit à la compétitivité du pays sur les marchés mondiaux.
3.2.3. Stratégie d’estimation
Nous allons reprendre la même stratégie que celle utilisée par Lartey et al. (2012). Première-
ment nous allons essayer de détecter l’impact des transferts de fonds sur le taux de change
effectif. Un signe positif des transferts de fonds correspond à une appréciation du taux de
change et un signe négatif correspond à une dépréciation de ce même taux de change.
Deuxièmement, nous allons voir comment les transferts de fonds affectent les ressources entre
le secteur échangeable et le secteur non échangeable. Pour ce faire, nous construisons un in-
dice « TNT » qui est égal au rapport entre la valeur ajouté de secteur échangeable et celle du
non échangeable. Le secteur échangeable regroupe les secteurs de l’agriculture et de
l’industrie. Le secteur non échangeable comprend le secteur des services. Le TNT peut se
calculer comme suit :
TNT = (valeur ajoutée du secteur industriel + valeur ajoutée du secteur agricole) / (valeur
ajoutée du secteur des services)
La présence du syndrome hollandais doit se manifester sous deux formes : premièrement, une
appréciation du taux de change (signe positif entre les transferts de fonds et le taux de change
effectif) ; deuxièmement, une réallocation des ressources du secteur échangeable vers le sec-
teur non échangeable (signe négatif de la relation entre les transferts de fonds et le TNT).
Pour savoir comment la réallocation des ressources s’effectue, nous allons estimer l’impact
des transferts pour chaque secteur.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
177
Comme nous l’avons signalé notamment dans le chapitre 3, le taux de change est un détermi-
nant important des transferts de fonds. En effet, la relation entre les transferts de fonds et le
taux de change est bidirectionnelle. Afin de remédier au problème d’endogénéité, nous procè-
derons à deux types d’estimation : la première avec la méthode des moindres carrés ordinaires
(MCO) et la deuxième avec la méthode des moments généralisés (MMG).
Une fois l’effet des transferts de fonds sur le taux de change effectif réel et sur le TNT déter-
miné, nous estimerons l’impact des transferts de fonds sur chaque secteur, afin d’évaluer la
relation entre les transferts et la réallocation des ressources au Maroc.
� Répartition de la valeur ajoutée au Maroc
La théorie du syndrome hollandais stipule une perte de compétitivité suite à une entrée mas-
sive de capitaux. Le phénomène a été initialement constaté dans les Pays-Bas suite à la dé-
couverte de gaz. La malédiction des ressources naturelles se manifeste à deux niveaux : il y a
tout d’abord un effet prix lié à l’appréciation du taux de change effectif réel et il y a ensuite un
effet volume correspondant à la réallocation de ressources du secteur échangeable vers le sec-
teur non échangeable. L’effet des transferts de fonds sur la compétitivité passe par deux ca-
naux. Le premier concerne l’effet dépense, qui va modifier l’équilibre interne. Le deuxième
intervient au niveau de la balance courante en créant des déséquilibres externes. La figure 4.8
retrace l’évolution de la valeur ajoutée sectorielle depuis 1980 à 2010. Plus de 50% de la va-
leur ajoutée au Maroc est assurée par le secteur des services (secteur non échangeable). Cela
traduit la stratégie marocaine, notamment dans le développement du secteur touristique, con-
trairement aux pays à revenu moyen où la part de la valeur ajoutée de services est inférieure à
45%.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
178
Figure 4.8: Décomposition de la valeur ajoutée
Source : Banque Mondiale (2011)
Les statistiques descriptives des variables utilisées sont données dans le tableau 4.4.
Tableau 4.4 : Statistiques descriptives (1980-2009)
Min. Médiane Moyenne Max. Source
Taux de change effectif 0,5859 0,6418 0,6714 0,9891 CEPII-CHELEM
PIB par tête 2255 2830 2912 3914 CEPII-CHELEM
Taux de croissance -0,18814 0,07470 0,06306 0,32051 CEPII-CHELEM
Masse Monétaire / PIB 0,3081 0,4550 0,4759 0,8447 FMI-IFS
Taux d'ouverture 0,3537 0,4487 0,4511 0,6244 CEPII-CHELEM
Termes de l'échange 78,79 90,85 91,98 105,88 CEPII-CHELEM
Transferts de fonds / PIB 0,04878 0,06985 0,06847 0,08947 Banque
Mondiale
TNT 0,6962 0,9598 0,9298 1,1071 Banque
Mondiale
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
179
3.2.4. Résultats et discussions Le tableau 4.5 montre que les transferts de fonds n’ont pas un impact significatif sur le taux
de change effectif. Les transferts de fonds n’engendrent pas une appréciation du taux de
change. Ce résultat confirme ceux obtenus précédemment avec le modèle VAR structurel. Le
fait de rajouter d’autres pays dans nos estimations et de considérer le taux de change effectif
réel ne change pas les conclusions sur le phénomène du syndrome hollandais. Ce résultat peut
s’expliquer par : la stérilisation des transferts de fonds ; le manque de lien avec le cycle des
affaires au Maroc ; les données sur les transferts de fonds ne représentent pas la réalité ; une
capacité d’absorption adéquate des transferts de fonds.
Les interventions de la BAM99 s’avèrent efficaces puisqu’elles maintiennent une certaine sta-
bilité des taux de change. Cependant, il existe un paradoxe concernant l’impact des transferts
de fonds sur le TNT. Cet impact est négatif et significatif, ce qui revient à dire que les trans-
ferts de fonds engendrent une réallocation des ressources du secteur échangeable vers le sec-
teur non échangeable. Ainsi, le secteur échangeable perd en compétitivité sans que le taux de
change ne s’apprécie. Les estimations montrent que les ressources se déplacent du secteur de
l’agriculture (signe négatif et significatif des transferts) vers les services (signe positif et si-
gnificatif).
Le cas marocain semble être intéressant de par le fait que le syndrome hollandais touche
d’une manière partielle l’économie marocaine. De plus, le syndrome hollandais est la réaction
optimale d’une économie suite à une entrée non anticipée et massive de capitaux étrangers.
Cependant, dans le cas marocain, où son économie est en plein développement, non seule-
ment ces ressources étrangères ne provoquent pas le syndrome hollandais, mais elles aident le
secteur manufacturier à se développer. Les autorités marocaines semblent avoir compris
l’enjeu et l’impact des transferts de fonds. Cela se traduit par ses interventions sur des indica-
teurs monétaires nominaux comme la masse monétaire (via les réserves obligatoires) et le
taux de change, par le biais du marché monétaire et du marché des changes. En revanche, il
s’avère difficile d’orienter l’utilisation des transferts de fonds. Nous savons que la manière
d’utiliser ces transferts de fonds a des conséquences non négligeables sur l’économie.
99 Banque Al-Maghrib c’est la banque centrale du Maroc.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
180
Tableau 4.5 : Résultats économétriques
Table 2 MCO variable dépendante taux de change effectif réel
Taux de
Change
effectif
TNT V,Agriculture V,Industrie V,Service
Constante
6,470
(1.738)*
-0.055
(-0.210)
-7.833
(-2.942)**
1.645
(0.830)
-0.320
(-0.254)
Transferts de fonds
0.059
(0.397)
-0.279
(-2.64)***
-0.351
(-3.293)***
-0.03
(-0.487)
0.132
(2.620)*
PIB par tête
-1.322
(-2.934)***
0.488
(1.528)
0.930
(2.885)***
-0.09
(-0.396)
-0.251
(-1.645)
Masse Monétaire/PIB
0.344
(1.431)
-0.0762
(-0.447)
-1.105
(-0.615)
-0.006
(-0.047)
-0.04
(0.463)
Croissance (-1)
0.412
(1.474)*
0.100
(0.601)
0.327
(1.934)*
-0.097
(-0.774)
-0.048
(-0.601)
Ouverture
0.076
(0.281)
-0.545
(-2.83)***
-0.562
(-2.895)**
-0.145
(-1.007)
0.260
(2.831)***
Termes de l'échange
0.912
(2.095)**
-1.035
(-3.35)***
-0.635
(-2.041)**
-0.503
(-2.174)*
0.501
(3.402)**
R2 Ajusté 0.22 0.72 0.64 0.663 0.718
MMG
Taux de
change
effectif
TNT V,Agriculture V,Industrie V,Service
Constante
22.434
(3.493)***
-8.331
(-2.39)***
-21.739
(-5.880)
-6.672
(-3.704)***
12.709
(4.453)***
Transferts de fonds
-0.154
(-0.88)
-0.210
(-2.036)**
-0.513
(-4.312)***
0.157
(1.839)***
0.143
(2.443)**
PIB par tête
-2.889
(-4.052)***
1.310
(3.499)***
2.436
(5.674)***
0.369
(1.468)
-1.479
(-4.437)***
Masse Monétaire
1.100
(3.117)***
-0.331
(-1.942)**
-0.848
(-4.618)***
-0.314
(-2.893)***
0.577
(3.484)***
Croissance (-1)
1.200
(3.984)***
-0.335
(-1.429)
-0.157
(-0.781)
-0.296
(-3.265)***
0.268
(2.031)**
Ouverture
0.511
(2.087)**
-1.024
(-4.88)***
-0.677
(-4.312)***
0.286
(2.717)****
-0.104
(-0.680)
Termes de l'échange
0.216
(0.434)
-0.850
(-6.03)***
-0.447
(-2.945)***
0.775
(2.983)***
-0.303
(0.102)
*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%
( ) : t test
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
181
Dans le cas du Maroc, les transferts de fonds sont davantage orientés vers la construction et
les services, ce qui nuit au secteur agricole. En d’autres termes, la main-d’œuvre quitte
l’agriculture pour aller vers les secteurs industriels par le fait des transferts de fonds. Cela
peut provoquer une hausse des salaires dans ce secteur, donc une hausse des prix des produits
agricoles, ce qui peut engendrer à l’horizon une perte de compétitivité du secteur agricole.
Cependant, l’abondance de la main d’œuvre permet de garder les salaires stables malgré
l’augmentation de la demande. Dans le but de se prémunir contre le syndrome hollandais, le
gouvernement marocain ne doit pas se focaliser uniquement sur la variation du taux de
change, mais également sur la manière d’utiliser ces transferts.
Le degré de liberté dans cette estimation est égal à 22, cela peut nuire à la qualité de
l’ajustement. Pour remédier à ce problème de données, nous proposons dans la section ci-
dessous une estimation bayésienne.
3.3. Analyse bayésienne
Le cadre fréquentiste utilisé précédemment emploie un raisonnement déterministe, afin
d’estimer les paramètres décrivant les effets des facteurs explicatifs sur le taux de change,
notamment les transferts de fonds. Dans cette sous-section, nous utilisons deux niveaux
d’incertitudes sur les paramètres (a priori et a posteriori). Dans ce cas, les paramètres sont
considérés comme des variables.
Comme nous l’avons rappelé précédemment, notre période d’estimation est relativement
courte (1980-2009). Nous ne disposons pas d’assez d’observations pour pouvoir utiliser les
méthodes économétriques usuelles sans risque concernant la fiabilité des résultats. L utilisa-
tion de l’analyse bayésienne nous permet de surmonter ce problème. La loi conditionnelle
f(θ/X) (distribution a posteriori) s’obtient par la formule de Bayes. La théorie de Bayse stipule
la relation suivante :
Où : θ paramètres et X les données.
∫∞=
θθθ
θθθdXff
XffXf
)|()(
)|()()|(
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
182
Ou encore le paradigme bayésien peut être synthétisé dans le schéma 4.1 ci-dessous
Schéma 4.1 : Paradigme bayésian
Où : π(θ) la distribution a priori de paramètre θ et π(x/θ) la distribution de la densité x sachant
le paramètre θ . π(θ/x) est appelé distribution a posteriori.
L’approche bayésienne permet d’intégrer l’information a priori et de l’actualiser avec les
données observées. En effet, la distribution a priori peut être interprétée comme des croyances
ou des informations subjectives sur les paramètres. Cette information peut venir des études
antérieures ou d’un expert sur le sujet à étudier. Et la distribution a posteriori peut être consi-
dérée comme l’actualisation des informations a priori sur les paramètres avec les données
observées. Par ailleurs, dans certain cas, il est difficile de trouver des informations a priori sur
les paramètres. Dans ce cas, la meilleure méthode est d’utiliser un a priori non informatif
(Box et Tiao, 1973). De plus, dans l’inférence bayésienne, la tache la plus difficile est de
trouver l’information a priori (Parent et Bernier, 2007).
L’analyse bayésienne admet que les distributions de probabilité soient connues. Cependant, la
connaissance des distributions a priori et a posteriori ne permettent pas souvent de calculer les
distributions marginales a posteriori. En effet, dans de nombreux cas il n'y a pas de solution
analytique ; d’où le recours aux techniques de (Monte Carlo, l'échantillonnage de Gibbs) pour
calculer les distributions marginales a posteriori. L’essor de l’informatique a rendu ces tech-
niques d’approximations abordables pour les chercheurs et les scientifiques. Parmi ces tech-
niques, nous trouvons l'échantillonnage de Gibbs. Ce dernier est très adapté à notre cas.
données / hypothèses
hypothèses
informations a priori
hypothèses /données �(�/�)
�(�/�)
�(�)
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
183
Nous utilisons ici la spécification de l’échantillonnage de Gibbs avec un modèle à variable
instrumentale (Gibbs Sampler for Linear 'IV' Model100). Le recours aux variables instrumen-
tales se justifie par le fait que les transferts de fonds sont endogènes. L’instrument adéquat
dans ce genre de situation est le PIB des pays d’accueil.
De manière plus précise, selon Rossi (2012)101 nous considérons la modélisation suivante:
Σ++=
+=
),0(~),(
'
'
21
2
1
N
WXY
ZX
εεεγβ
εδ
Où:
X : correspond aux transferts de fond.
Z: est le PIB du pays d’accueil.
Y: est le taux de change réel effectif.
W: est l’ensemble des variables explicatives à savoir:
Remit: Transferts de fonds ;
TOT: Termes de l’échange ;
OPEN: Ouverture ;
M2: Masse monétaire ;
GDPpercapita: PIB par tête ;
Growth: Croissance.
100 L’estimation est réalisée à l’aide du package ‘bayesm’ sur le R
http://cran.r-project.org/web/packages/bayesm/bayesm.pdf 101 Pour plus de détails voir http://cran.r-project.org/web/packages/bayesm/bayesm.pdf
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
184
Les expressions des « a priori » sont données par suivant (Rossi, 2012) :
Nous allons considérer les mêmes valeurs a priori que celles de McCulloch et Rossi. En effet,
nous ne disposons pas d’a priori informatif102.
Les résultats du tableau 4.6 donnent la moyenne a posteriori de chaque paramètre et son écart
type. La distribution a posteriori est donnée en annexe de chapitre (figure A4.3)
La variable endogène est le taux de change réel effectif. Les résultats présentés concernent le
modèle bayésien avec comme variable instrumentale le PIB du pays d’accueil, pondéré par le
poids des transferts. Un signe positif (négatif) dans le tableau correspond à une appréciation
(dépréciation) du taux de change.
Les résultats montrent que le Maroc ne souffre pas du syndrome hollandais. En d’autres
termes, les transferts de fonds ne causent pas une baisse de compétitivité du pays. Les résul-
tats de la technique bayésienne corroborent les résultats du GMM et le modèle VAR structu-
rel. Donc, nous pouvons infirmer, dans le cas marocain, l’hypothèse selon laquelle les trans-
ferts de fonds engendrent le syndrome hollandais.
102 δm =0; δA =0.01; βγm = 0; βγA = 0.01; η =5; V =0.
)A,N(m~ -1δδδ , ),N(m~),( 1−
βγβγγβ A and V),IW(~ ηΣ
Où:
δm : la moyenne a priori de δ .
δA : la matrice de variance-covariance de l’a priori δ .
βγm : la moyenne a priori du vecteur des paramètres γβ , .
βγA : la matrice de variance-covariance du vecteur des paramètres γβ , .
η : d.f. parm for IW prior on Σ (5)
V : pds location matrix for IW prior on Σ
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
185
Tableau 4.6 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change – Variable instrumen-
tale (PIB du pays hôte)
Mean/Median SD
Intercept -0.715069 2.640014
Remit -0.057 0.38
TOT 0.7141 0.6773
Open 0.1898 0.4312
M2 -0.4825 0.2100
GDPpcapita 0.3288 0.5390
Growth -0.0057 0.0093
Le taux de change est au certain. Un signe positif (négatif) est équivalent à
une appréciation (dépréciation). SD : standard deviation
4. Conclusion
L’objectif principal de ce chapitre est de montrer l’impact des transferts de fonds sur
l’économie marocaine. Il s’agit de vérifier l’hypothèse selon laquelle les transferts de fonds
engendrent le syndrome hollandais. L’apport de ce chapitre ne se limite pas à cette idée car il
examine aussi cette hypothèse d’une manière générale en utilisant la méta-analyse. En, effet
les résultats de cette technique montrent que les transferts de fonds peuvent avoir des effets
néfastes sur les économies récipiendaires. En d’autres termes, ils engendrent le phénomène du
syndrome hollandais. Les résultats de la méta-analyse montrent également que les études ne
sont pas homogènes. C’est-à-dire l’impact des transferts de fonds peut être différent selon les
caractéristiques des pays d’origine. Dans le cas du Maroc, la question que nous nous somme
posée, dans l’introduction de ce chapitre, est de savoir si les transferts des migrants peuvent
engendrer une appréciation du taux de change et donc s’ils freinent la compétitivité prix du
secteur exposé à la concurrence internationale. Nos résultats montrent clairement que les
transferts de fonds n’engendrent pas une appréciation de taux change et n’engendrent pas une
perte de compétitivité. Ces résultats sont robustes aux modèles utilisés et aux différentes spé-
cifications (France, ensemble des pays d’immigration).
La gestion des transferts des migrants par les autorités monétaires marocaines semble être
efficace (du moins par rapport à cette problématique des envois de fonds). La gestion des li-
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
186
quidités bancaires dans ce pays permet d’éviter une augmentation de la demande de monnaie
suite à un choc des transferts. Le régime de change marocain et les interventions sur le marché
monétaire, et notamment sur le marché des changes de la BAM ont permis d’écarter le risque
du syndrome hollandais. Ce résultat marque une rupture avec l’idée selon laquelle les trans-
ferts de fonds affectent généralement d’une manière négative la compétitivité.
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
187
Annexes chapitre 4
Tableau A4.1: données utilisées dans la méta-analyse
Auteurs Effet des trans-
ferts de fonds
(Y i)
Ecart-Type
(V i)
Amuedo-Dorantes et Pozo (2004) 0,220 0,071
Lartey et al. (2012) 0,403 0,239
Lartey et al. (2012) 0,085 0,019
Lartey et al. (2012) 0,346 0,054
Lartey et al. (2012) 0,033 0,002
Lartey et al. (2012) 0,424 0,055
Lartey et al. (2012) 0,243 0,070
Lartey et al. (2012) 0,403 0,050
Lartey et al. (2012) 0,168 0,066
Barajas et al. (2010b) -0,005 0,005
Barajas et al. (2010b) -0,005 0,006
Barajas et al. (2010b) 0,010 0,005
Barajas et al. (2010b) 0,023 0,008
Barajas et al. (2010b) 0,000 0,007
Barajas et al. (2010b) 0,001 0,006
Barajas et al. (2010b) 0,018 0,007
Barajas et al. (2010b) 0,020 0,007
Barajas et al. (2010b) 0,035 0,016
Barajas et al. (2010b) 0,030 0,016
Barajas et al. (2010b) -0,027 0,031
Barajas et al. (2010b) 0,033 0,019
Barajas et al. (2010b) 0,034 0,021
Barajas et al. (2010b) 0,018 0,025
Barajas et al. (2010b) -0,033 0,039
Barajas et al. (2010b) 0,010 0,006
Barajas et al. (2010b) 0,010 0,007
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
188
Barajas et al. (2010b) 0,017 0,006
Barajas et al. (2010b) 0,032 0,009
Barajas et al. (2010b) 0,016 0,007
Barajas et al. (2010b) 0,017 0,007
Barajas et al. (2010b) 0,017 0,006
Barajas et al. (2010b) 0,029 0,009
Makhlouf et Mughal (2013a) 0,290 0,270
Makhlouf et Mughal (2013a) 0,022 0,011
Makhlouf et Chainai (2011) 0,386 0,050
Fayad (2010) 0,380 0,053
Fayad (2010) 1,762 1,666
Fayad (2010) -0,149 0,030
Fayad (2010) -0,286 0,146
Fayad (2010) 0,385 0,054
Fayad (2010) 0,101 1,149
Fayad (2010) 0,210 0,033
Fayad (2010) 0,846 0,940
Fayad (2010) 0,040 0,019
Fayad (2010) -0,274 0,192
Fayad (2010) 0,184 0,031
Fayad (2010) -0,151 0,137
Fayad (2010) 0,101 0,038
Fayad (2010) -0,178 0,120
Fayad (2010) -0,157 0,022
Fayad (2010) -0,259 0,081
Fayad (2010) -0,186 0,020
Fayad (2010) -0,277 0,214
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
189
Figure A4.1 : évolution des variables utilisées dans le modèle (VARs)
60
7080
9010
0
yf
4060
8010
012
0
ym
0.10
0.12
0.14
0.16
1980 1990 2000 2010
tc
années
-2-1
01
23
4
di
5.0e
+09
1.5e
+10
R
0e+0
04e
+11
8e+1
1
1980 1990 2000 2010
M
années
yf : PIB en France ; ym : PIB en Maroc ; tc ; taux de change bilatéral ; d : différentiel
d’intérêt ; R : transferts de fonds bilatéraux ; M : masse monétaire.
Tableau A4.2: décomposition de la variance
Taux de change
Horizon log.yf. log.ym. log.tc. Di log.R. log.M.
1 5% 49% 8% 4% 0% 34%
2 7% 44% 4% 2% 2% 42%
3 8% 41% 3% 1% 2% 44%
4 9% 39% 2% 1% 2% 46%
5 10% 37% 2% 2% 3% 46%
6 10% 37% 2% 2% 3% 47%
7 10% 36% 2% 2% 3% 47%
8 10% 36% 2% 2% 3% 47%
9 10% 36% 2% 2% 3% 47%
10 10% 36% 2% 2% 3% 47%
Masse Monétaire
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
190
log.yf. log,ym, log,tc, Di log,R, log,M,
1 9% 24% 25% 35% 0% 7%
2 7% 29% 26% 32% 0% 6%
3 6% 35% 26% 28% 1% 5%
4 5% 39% 25% 25% 1% 5%
5 5% 42% 24% 23% 2% 5%
6 4% 44% 23% 21% 3% 5%
7 4% 45% 23% 20% 3% 5%
8 4% 45% 23% 19% 4% 5%
9 4% 45% 23% 19% 5% 5%
10 4% 45% 23% 18% 5% 4%
Figure A4.2: test de stabilité (OLS-CUSUM)
Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change
191
Figure A4.3 : Distributions a posteriori
1 : TOT ; 2 : OPEN, 3 : M2, 4 : GDPpercapita, 5 : Growth.
Distribution a posteriori (Transferts de fonds)
Conclusion générale
192
CONCLUSION GENERALE
Les transferts de fonds sont un phénomène difficile à appréhender, et traduisent la relation
complexe qu’entretient le migrant avec son pays d’origine. Ils sont issus d’un ensemble de
motivations micro et macro-économiques, et reflètent plusieurs comportements liés au mi-
grant et à sa famille. De plus, leur impact peut varier sur deux dimensions : spatiale et tempo-
relle. L’objectif de cette thèse a donc été d’analyser de plus près les transferts de fonds des
migrants marocains, de comprendre leur comportement et de saisir leur impact sur l’économie
marocaine. Pour ce faire, nous avons établi des hypothèses simples et nous avons utilisé des
techniques économétriques sophistiquées afin de nous assurer de la robustesse de nos résul-
tats. Par ailleurs, il est à noter que les interrogations posées dans cette thèse sont d’actualité et
reflètent certains débats soulevés récemment par des économistes, des universitaires ou encre
des hommes politiques, comme l’augmentation spectaculaire et récente des transferts de fonds
(depuis les années 2000), ou encore la nature des déterminants des transferts de fonds ainsi
que leurs impacts sur les économies d’origine.
En ce qui concerne maintenant le terrain choisi pour mener notre étude, à savoir le Maroc, il a
été motivé par plusieurs raisons dont notamment, le poids important que représentent les
transferts dans l’économie de ce pays, ainsi que la dynamique institutionnelle et l’intégration
de ces transferts comme une composante capitale dans les politiques économiques.
Plus précisément, nous avons développé les points suivants : l’importance des enjeux que
représentent les transferts pour un pays comme le Maroc, les variations des flux migratoires
et des transferts de fonds ; l’analyse des propriétés cycliques ; l’évaluation du comportement
des transferts de fonds dans le temps et dans l’espace ; la détermination de l’impact des trans-
ferts de fonds sur l’économie marocaine.
Cette thèse avait pour but d’enrichir la littérature empirique concernant les transferts de fonds,
en contribuant à expliquer plus finement ce phénomène dans le cas du Maroc. Les transferts
de fonds vers le Maroc ont une composante commune avec les autres pays d’émigration et
une composante spécifique liée au contexte de ce pays. Les transferts de fonds résultent des
réactions aux chocs qui surviennent dans des pays d’accueil et d’origine. Ce qui rend l’étude
de ce phénomène encore plus complexe dans la mesure où il est indispensable de distinguer
l’impact de chaque choc sur l’économie d’origine. L’une des conclusions de notre travail est
que les transferts de fonds ont principalement deux fonctions à savoir :
Conclusion générale
193
- une fonction de stabilisation macro-économique : face à des chocs aléatoires qui tou-
chent les économies des pays d’origine, les transferts de fonds peuvent amortir ces
chocs ;
- une fonction de réallocation des ressources : les transferts de fonds modifient
l’allocation des ressources dans une économie, en affectant la quantité de production
disponible d’un secteur donné.
Le premier chapitre est consacré essentiellement à l’évolution et aux caractéristiques des
transferts de fonds. Dans ce chapitre, nous avons montré que la migration marocaine a connu
des mutations notables. Elle est plus féminine, plus qualifiée et plus diversifiée même si
l’Europe draine toujours l’essentiel des migrants marocains. Nous avons, également, montré
que le marché des transferts de fonds au Maroc a connu une mutation considérable au cours
de ces dernières années. Nous avons aussi montré la persistance de l’attachement des maro-
cains à leur pays d’origine malgré l’éloignement Ceci est le résultat de plusieurs facteurs
comme la mise en place d’institutions spécialisées par le gouvernement marocain et le déve-
loppement des moyens de communication. Nous avons vu également que les transferts de
fonds n’ont pas cessé d’augmenter notamment depuis l’année 2000, ce qui n’est pas spéci-
fique au Maroc. La plupart des pays en développement ont vu leurs transferts de fonds aug-
menter depuis cette date (2000). Ces derniers vont continuer à augmenter dans le cas maro-
cain, car la migration marocaine est diversifiée en termes du pays d’accueil.
Les crises économiques dans les pays d’accueil ne pourront pas affecter de manière substan-
tielle les transferts de fonds, compte tenu justement de cette diversité. La comparaison du
comportement des migrants marocains dans les différents pays d’accueil (nouveaux et anciens
pays d’accueil), nous révèle qu’il y a un phénomène de convergence à long terme des trans-
ferts de fonds. Ce résultat, constitue la principale valeur ajoutée de ce chapitre.
Dans le deuxième chapitre, nous avons démontré essentiellement que les études concernant
les propriétés cycliques sont sensibles à la nature des données et outils économétriques utili-
sés dans l’étude. Dans le cas du Maroc, les données trimestrielles semblent donner des résul-
tats robustes. Elles montrent que les transferts de fonds sont contra-cycliques avec le revenu
des familles au Maroc. Par contre, ils peuvent aussi augmenter dans des périodes de bonne
conjoncture économique, car les transferts de fonds incarnent aussi les comportements
d’investissement. De plus, le comportement des transferts de fonds est stable, et les différents
aléas auxquels fait face le migrant (crise, perte d’emploi…) ou sa famille (maladie, séche-
Conclusion générale
194
resse…) n’affectent donc pas le comportement des transferts. Les cycles des transferts de
fonds sont amenés à changer dans le temps. L’environnement macro-économique dans les
pays d’accueil et dans les pays d’origine entrent dans la détermination des propriétés cy-
cliques des transferts de fonds.
Le chapitre 3 examine les déterminants des transferts de fonds. La littérature économique
distingue deux types de déterminants : micro et macro-économiques. Dans ce chapitre nous
avons mis l’accent sur les déterminants suivants ;
• les revenus perçus par les familles récipiendaires ;
• les revenus perçus par les migrants ;
• la conjoncture économique ;
• le taux de change ;
• les institutions dans les pays d’origine.
La principale contribution de ce chapitre consiste à examiner la relation empirique entre les
transferts de fonds et le revenu des migrants. A défaut des modèles théoriques et pour mieux
comprendre cette relation, nous avons mobilisé plusieurs techniques économétriques (li-
néaires, et non paramétriques). De plus, nous avons étudié l’effet des variables macro-
économiques selon les pays d’accueil. Nous avons montré que la relation entre le revenu et les
transferts de fonds n’est pas monotone. Nous avons aussi mis en exergue la coexistence de
deux comportements : altruiste à court terme et d’investissement à long terme. Ces compor-
tements sont liés à la nature des pays d’accueil. On peut affirmer que globalement les mi-
grants marocains résidant dans les nouveaux pays d’accueil ont plutôt un comportement al-
truiste. Alors que, ceux qui résident dans les anciens pays d’accueil ont plutôt un comporte-
ment d’investisseur. Ceci ne remet pas en cause évidemment le comportement altruiste dans
ces pays.
Le chapitre 4 est consacré à l’évaluation de l’impact des transferts de fonds sur l’économie,
principalement sur l’économie marocaine. Ce chapitre a montré que l’impact des transferts de
fonds sur le taux de change est lié aux spécificités des pays d’origine. Nous avons également
démontré, d’une manière générale en utilisant la méta-analyse, que les transferts de fonds ap-
précient le taux de change. Dans le cas du Maroc, nos estimations montrent que les transferts
de fonds ne causent pas une appréciation du taux de change, ce qui infirme l’hypothèse du
syndrome hollandais.
Conclusion générale
195
A la fin de ce travail, nous pouvons dire que nous en savons plus sur le phénomène des trans-
ferts de fonds d’une manière générale et plus particulièrement dans le contexte marocain.
Néanmoins, nos investigations restent incomplètes. En même temps, cette étude ouvre
d’autres débats tout aussi pertinents qui n’ont pas été abordés comme l’impact des transferts
de fonds sur les inégalités, la pauvreté, l’éducation des enfants, etc. Donner des éléments de
réponses à ces questions nécessiterait d’effectuer des enquêtes de terrain. Nous avons ouvert
le débat sur l’importance d’étudier les modalités d’intégration des transferts de fonds dans les
politiques de développement de l’ensemble des pays en développement et du Maroc en parti-
culier. Ces politiques doivent être en coordination avec les autres politiques de développe-
ment pour constituer un ensemble cohérent. In hoc sensu, le Maroc peut utiliser le potentiel de
ses émigrants comme un outil parmi d’autres de développement. Cela peut se faire par la sta-
bilisation des transferts de fonds, et la mise en place de moyens permettant aux migrants ma-
rocains d’investir dans leur pays d’origine. De plus, les accords bilatéraux en matière de mi-
gration entre le Maroc et les pays de destination peuvent améliorer la situation des migrants
marocains et réduire l’asymétrie de l’information. Les ambassades et les consulats dans les
pays d’accueil peuvent intervenir davantage pour sensibiliser les migrants et les encourager à
construire des projets productifs au Maroc.
Le Maroc, dans ses stratégies vis-à-vis de ses émigrants, devrait proposer des politiques dif-
férentes selon le pays d’accueil et les caractéristiques des migrants (qualifiés, non qualifiés,
genre, etc.), mais également proposer davantage de programmes d’investissements afin de
drainer plus d’épargne. Le Maroc devrait aussi sensibiliser les migrants à s’intéresser aux op-
portunités qui se présentent au Maroc. Certes, le gouvernement marocain a élaboré des poli-
tiques dans le but d’inciter les migrants à participer au développement. Cependant, la réussite
de ces politiques passe par :
� la reconnaissance du migrant comme acteur de développement dans son pays
d’origine ;
� l’implication plus poussée des ambassades et des consulats dans la sensibilisation des
migrants ;
� l’encouragement des transferts de fonds par des canaux officiels, notamment par les ca-
naux bancaires, afin de développer le secteur financier et de transformer ces ressources
en crédits pour des projets d’investissements. Ce qui permettra au Maroc e un accès
aux financements internationaux avec des coûts relativement bas ;
Conclusion générale
196
� l’établissement d’un climat favorable pour accueillir les investissements des migrants
marocains, en proposant des politiques fiscales incitatives et attractives.
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