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Université de Pau et des Pays de l’Adour Ecole Doctorale 481 Sciences Sociales et Humaines Faculté de Droit, d’Economie et de Gestion Centre d'Analyse Théorique et de Traitement des données économiques Transferts de fonds vers le Maroc : enjeux, comportement et impacts THESE POUR LE DOCTORAT EN SCIENCES ECONOMIQUES (Arrêté du 7 août 2006) Présentée et soutenue publiquement par Farid Makhlouf 6 Juillet 2013 Jury : Jamal BOUOIYOUR, Université de Pau et des Pays de l’Adour : Directeur de thèse Jean-Louis COMBES, Université d'Auvergne (Clermont-Ferrand 1) : Rapporteur Jean-Pierre FLORENS, Université de Toulouse1 : Rapporteur Alain ALCOUFFE, Université de Toulouse1 : Suffragant Driss AJBALI, Directeur du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) : Suffragant Jean-Michel UHALDEBORDE, Université de Pau et des Pays de l’Adour : Suffragant

Transferts de fonds vers le Maroc : enjeux, comportement ...« Je remercie mon directeur de thèse Jamal Bouoiyour pour son travail d’orientations et de conseils. Je tiens à remercier

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Université de Pau et des Pays de l’Adour

Ecole Doctorale 481 Sciences Sociales et Humaines

Faculté de Droit, d’Economie et de Gestion

Centre d'Analyse Théorique et de Traitement des données économiques

Transferts de fonds vers le Maroc : enjeux, comportement et impacts

THESE POUR LE DOCTORAT EN SCIENCES ECONOMIQUES

(Arrêté du 7 août 2006)

Présentée et soutenue publiquement par

Farid Makhlouf

6 Juillet 2013

Jury :

Jamal BOUOIYOUR, Université de Pau et des Pays de l’Adour : Directeur de thèse Jean-Louis COMBES, Université d'Auvergne (Clermont-Ferrand 1) : Rapporteur Jean-Pierre FLORENS, Université de Toulouse1 : Rapporteur Alain ALCOUFFE, Université de Toulouse1 : Suffragant Driss AJBALI, Directeur du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) : Suffragant Jean-Michel UHALDEBORDE, Université de Pau et des Pays de l’Adour : Suffragant

II

« L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans

cette thèse. Ces opinions doivent être considérées comme propres à l’auteur. »

III

A la mémoire de mes grands-parents

IV

Remerciements

« Je remercie mon directeur de thèse Jamal Bouoiyour pour son travail d’orientations et de conseils. Je tiens à remercier Jean-Louis Combes et Jean-Pierre Florens d’avoir accep-té d’être les rapporteurs de cette thèse. Je remercie également Alain Alcouffe, Driss Ajbali et Jean-Michel Uhaldeborde d’avoir accepté de participer à ce jury.

Je remercie Serge Figiel, Olivier Jérémy, Christian Beyriere et toute sa famille no-tamment Loïs, Christian Delseaux et sa famille, Lulu, Ilham Maya, Sabine Suarez, Adil Naa-man, Marestin, Alexandra, Charles Regnacq, Fronçois Xavier, Mouhamad Abedel Nabi et l’équipe de restaurant Don Quichotte. Sans eux ce travail ne sera jamais terminé. Mes remer-ciements s’étendent à toutes les personnes qui m’ont aidé à l’élaboration de mes travaux de recherches, et bien évidemment à cette thèse. Je remercie en tous les chercheurs du CATT notamment Patrice Cassagnard et Claude Emonnot. Au sein de cette organisation j’ai trouvé un environnement propice et idéal pour apprendre et avancer mes travaux de recherche.

Je remercie mes amis qui m’ont aidé au long de cette thèse, Jonie, Aukli, Véronique Zaragoza, Mughal Mazha, Refk Salmi et Daniele Caquineau. Je remercie, également, toute ma famille pour son soutien au long de ce chemin notamment mon frère Mouloud, mon cousin Karim et mon oncle Makhlouf. Enfin, je remercie énormément Koussila Bedrane sans elle cette thèse ne sera pas finie.»

Soyez certains de ma sincère reconnaissance, de ma gratitude et mes profonds respects

V

Résumé

Le phénomène de transferts de fonds suscite un débat passionnant au sein de la classe poli-

tique, des chercheurs et des universitaires. Ceci est dû au fait qu’il touche à des aspects hu-

mains, économiques et financiers. Les transferts de fonds sont considérés comme étant une

source de financement importante pour la majorité des pays en développement. Le Maroc

n’échappe pas à cette logique. Il est, en effet, l’un des pays qui reçoit le plus de transferts de

fonds dans le monde. L’objet de notre thèse est triple. Il s’agit dans un premier temps, de

comprendre l’évolution des transferts de fonds depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui.

Dans un deuxième temps, il s’agira de cerner les principaux déterminants de ces transferts.

Dans un troisième temps, nous proposerons une analyse approfondie de l’impact des trans-

ferts de fonds sur l’économie marocaine dans son ensemble, avec une attention particulière

aux politiques de change et aux politiques monétaires. En utilisant des techniques économé-

triques adéquates et pertinentes ainsi que des données fines (bilatérales), nous arrivons à

mettre en lumière des aspects importants des transferts de fonds. En effet, les transferts de

fonds constituent un enjeu majeur pour l’économie marocaine, de même, le comportement des

migrants en termes de transferts varie selon le pays d’accueil et dans le temps. Leur impact

ne s’avère pas être nuisible (absence du phénomène du syndrome hollandais) à l’économie

marocaine. Les politiques marocaines d’émigration semblent être pertinentes. Cependant,

pour être efficaces, ces politiques doivent être plus hétérogènes, en tenant compte des spéci-

ficités et des caractéristiques des migrants en fonction des pays d’accueil.

Mots clés : Transferts de Fonds, Faits Stylisés, Propriétés Cycliques, Déterminants, Pays

d’Accueil, Syndrome Hollandais, Maroc.

JEL Classification: C10, E01, E32, E60, F62, F40, F41, O10.

VI

Abstract

The phenomenon of migrant remittances has attracted keen interest among policymakers,

scholars and researchers. This owes to the fact that remittances involve multiple human, eco-

nomic and financial aspects. International remittances have become an important source of

foreign exchange for several developing countries. One such country is Morocco, being one

of the world’s major remittance-receiving countries. This dissertation deals with three features

of remittance inflows to the country. First of all, the evolution of remittances from 1980 on-

wards is analyzed. Secondly, key drivers of these flows are empirically determined. Thirdly,

their impacts on the Moroccan economy are examined in detail, especially those pertaining to

the country’s exchange rate and monetary policy. Employing pertinent sophisticated econo-

metric techniques and bilateral data, we come up with important findings in this context. We

find that remittances are indeed playing a major role in the Moroccan economy; that the be-

havior of Moroccan migrants in terms of the amounts remitted back home vary with respect to

the destination countries as well as the time dimension; and those remittances do not appear to

induce the Dutch disease in the country’s economy. As a result, Morocco’s migration policies

seem to be adequate. The policy can be made more effective by adapting it to the diverse fea-

tures and specificities of Moroccan migrant communities residing in different parts of the

world.

Keywords: Remittances Stylized Facts, Cyclical Properties, Determinants, Host Coun-

tries, Dutch Disease, Morocco.

VII

TABLE DES MATIÈRES

Résumé ___________________________________________________________________ V

Liste des figures ____________________________________________________________ X

Liste des tableaux __________________________________________________________ XI

INTRODUCTION GENERALE _______________________________________________ 1

CHAPITRE 1 : TRANSFERTS DE FONDS : CARACTERISQUES, FAITS STYLISES ET

ENJEUX_____________________________________________________________________ 10

1. Introduction __________________________________________________________ 11

2. Migrants marocains et institutions ________________________________________ 13

2.1. Répartition et évolution des migrants marocains _________________________________ 13

2.2. Politiques d’émigration ______________________________________________________ 17

3. Transferts de fonds : caractéristiques et faits stylisés _________________________ 19

3.1. Comptabilisation et mesures des transferts de fonds _____________________________ 20

3.2. Tendance des transferts de fonds _____________________________________________ 22

3.3. Les canaux des transferts de fonds ____________________________________________ 28

3.4. Répartition géographique des transferts de fonds vers le Maroc ____________________ 29

3.5. Croissance des transferts de fonds et convergence _______________________________ 31

3.6. Volatilité des transferts de fonds _____________________________________________ 34

3.6.1. Dispersion relative ____________________________________________________ 34

3.6.2. Ecart type mobile _____________________________________________________ 35

3.6.3. Variabilité des transferts de fonds par pays d’accueil _________________________ 37

3.6. Le poids des transferts de fonds dans l’économie marocaine________________________ 39

3.6.1. Comparaison des flux financiers vers le Maroc _________________________________ 39

3.6.2. Le rôle social des transferts de fonds ______________________________________ 41

VIII

3.6.3. Le rôle économique des transferts de fonds ________________________________ 45

3.6.4. Relation entre les transferts de fonds et la balance courante (1975-2009) ________ 49

3.6.5. Relation avec le taux de croissance économique ____________________________ 51

4. Conclusion ____________________________________________________________ 54

CHAPITRE 2 : PROPRIETES CYCLIQUES DES TRANSFERTS DE FONDS _______ 56

1. Introduction __________________________________________________________ 57

2. Etat de l’art : propriétés cycliques des transferts de fonds ______________________ 59

3. Méthodologie _________________________________________________________ 65

3.1. Stratégie d’estimation ______________________________________________________ 66

3.2. Données _________________________________________________________________ 66

4. Résultats et discussion __________________________________________________ 68

4.1. Données annuelles _________________________________________________________ 68

4.2. Données trimestrielles _____________________________________________________ 74

4.2.1. Transferts de fonds et PIB du Maroc ______________________________________ 74

4.2.2. Pays d’accueil et transferts de fonds ______________________________________ 80

5. Conclusion ____________________________________________________________ 86

Annexe chapitre 2 __________________________________________________________ 88

CHAPITRE 3 : PAYS D’ACCUEIL, REVENU ET TRANSFERTS D E FONDS _________ 95

1. Introduction __________________________________________________________ 96

2. Revue de la littérature sur les déterminants des transferts de fonds ______________ 98

3. Etude empirique ______________________________________________________ 105

3.3. Résultats et commentaires ____________________________________________ 111

3.3.1. Résultats du modèle linéaire ___________________________________________ 111

3.3.2. Résultats du modèle dynamique ________________________________________ 118

3.3.3. Résultats du modèle semi-paramétrique _________________________________ 121

4. Les enseignements des données trimestrielles _______________________________ 128

IX

5. Conclusion __________________________________________________________ 131

Annexes chapitre 3 ________________________________________________________ 132

CHAPITRE 4 : IMPACT DES TRANSFERTS DE FONDS SUR LE TAUX DE CHANGE 151

1. Introduction _________________________________________________________ 152

2. Revue de la littérature : impact des transferts de fonds sur le taux de change _____ 153

2.1. Approche qualitative ______________________________________________________ 153

2.2. Approche quantitative (Méta-Régression) _____________________________________ 156

2.2.1. Méthodologie ____________________________________________________ 158

2.2.2. Modèle à effets fixes _________________________________________________ 159

2.2.3. Modèle à effets variables ______________________________________________ 160

2.2.4. Résultats ___________________________________________________________ 161

3. Analyses empiriques : relation entre les transferts de fonds et le taux de change. __ 162

3.1. Demande de monnaie, taux de change et transferts de fonds : les enseignements du

modèle VAR structurel _________________________________________________________ 162

3.1.2. Modèle VAR structurel ________________________________________________ 167

3.1.3. Résultats et discussion ________________________________________________ 169

3.2. Impact sur le taux de change effectif réel ______________________________________ 171

3.2.1. Transferts de fonds et politique de change du Maroc________________________ 172

3.2.2. Fondamentaux du taux de change effectif réel _____________________________ 174

3.2.3. Stratégie d’estimation ________________________________________________ 176

3.2.4. Résultats et discussions ____________________________________________ 179

3.3. Analyse bayésienne __________________________________________________ 181

4. Conclusion ___________________________________________________________ 185

Annexes chapitre 4 ________________________________________________________ 187

CONCLUSION GENERALE __________________________________________________ 192

Bibliographie _____________________________________________________________ 197

X

Liste des figures

Introduction

Figure 0.1: Top 10 pays qui reçoivent les transferts de fonds (2010)......................................................................3 Figure 0.2: Evolution de RNB par habitant (1960-2009) .......................................................................................5

Chapitre 1 Figure 1.1: Stock d’émigration dans les pays du Maghreb (2010) ........................................................................ 15 Figure 1.2: Stock d’émigration marocaine selon les principales destinations (2010) ........................................... 16 Figure 1.3: Les transferts de fonds reçus et envoyé dans le monde (1970-2010) .................................................. 22 Figure 1.4: Evolution des transferts de fonds en dollars courants (1975-2009) ................................................... 23 Figure 1.5: Transferts de fonds par migrant dans le monde .................................................................................. 24 Figure 1.6: La part des transferts de fonds des marocains résidant à l’étranger dans les transferts globaux (1975-2009)........................................................................................................................................................... 25 Figure 1.7: Evolution mensuelle des transferts de fonds (janvier 1998- Décembre 2010) .................................... 26 Figure 1.8: Caractéristiques des transferts de fonds 2002-2007 ........................................................................... 28 Figure 1.9: Répartition géographiques des transferts de fonds en 2010 ............................................................... 29 Figure 1.10: Transferts de fonds moyens par migrant (2008) ............................................................................... 30 Figure 1.11: Pays d’accueil et transferts de fonds ............................................................................................... 32 Figure 1.12: Ecart de richesse et transferts de fonds ............................................................................................ 33 Figure 1.13: Dispersion relative (1982-2010) ....................................................................................................... 35 Figure 1.14: Ecart type mobile (1982-2010) ......................................................................................................... 36 Figure 1.15: Comparaison des flux financiers à destination du Maroc ................................................................ 40 Figure 1.16: Le taux de croissance des transferts de fonds ................................................................................... 43 Figure 1.17: Transferts de fonds et taux de chômage (1987-2009) ....................................................................... 44 Figure 1.18: Répartition des transferts de fonds au Maroc ................................................................................... 46 Figure 1.19: Répartition des investissements des migrants marocains au Maroc ................................................. 47 Figure 1.20: Taux de croissance de consommation et transferts de fonds USD courant (1976-2009) ................. 48 Figure 1.21: Relation non paramétrique entre les transferts de fonds et Balance courante ................................. 50 Figure 1.22: Relation entre les transferts et les importations et les exportations ................................................. 51 Figure 1.23: PIB par habitant et transferts de fonds (1975-2010) ........................................................................ 52

Chpitre 2 Figure 2.1: Cycles du PIB...................................................................................................................................... 69 Figure 2.2: Cycles des Transferts de fonds ............................................................................................................ 69 Figure 2.3: Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB du Maroc. ................................. 72 Figure 2.4 : Le taux de croissance des transferts de fonds (1998-2010) ............................................................... 76 Figure 2.5: Digramme polaire (transferts de fonds en million de dirham marocain valeur) ................................ 77 Figure 2.6: Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (Maroc) ..................................... 79 Figure 2.7: Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (accueil) .................................... 84 Figure A2.1: Evolution PIB et transferts de fonds (en milliards) .......................................................................... 89 Figure A2.2: PIB et Transferts de fonds (données trimestrielles, 1998 :1 ; 2010 :4 ) ........................................... 89 Figure A2.3: Cycles des transferts de fonds et PIB du Maroc filtre HP ................................................................ 90 Figure A2.4: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre moyenne mobile ............................................................ 90 Figure A2.5: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 2 ................................................................. 91 Figure A2.6: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 3 ................................................................. 91 Figure A2.7: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 4 ................................................................. 92 Figure A2.8: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre HP) ................................................. 92 Figure A2.9: Cycles des transferts de fonds et PIB (filtre moyenne mobile) ......................................................... 93 Figure A2.10: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre BK) .............................................. 93 Figure A2.11: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre non paramétrique)....................... 94

Chapitre 3 Figure 3.1: Impact de l'écart de revenu sur les transferts de fonds ..................................................................... 112 Figure 3.2: Impact du taux de change nominal sur les transferts de fonds ........................................................ 116 Figure 3.3: Décomposition de la variance des transferts de fonds (le poids du PIB par tête dans les pays d’accueil pour la pérode=5) ............................................................................................................................... 119

XI

Figure 3.4: Le taux de croissance des transferts de fonds pendant la crise (2008-2009).................................... 120 Figure 3.5: Résultats semi-paramétrique (partie non paramétrique) ................................................................. 124 Figure 3.6: Réponse des transferts de fonds suite au choc des revenus du pays d’accueil et d’origine .............. 130 Figure A3.1: Impact du revenu du pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux .................................... 136 Figure A3.2: Impact du revenu du Maroc sur les transferts de fonds bilatéraux ................................................ 138 Figure A3.3: Impact de la productionde blé sur les transferts de fonds ............................................................ 140 Figure A3.4: Impact du taux de change sur les transferts de fonds ................................................................... 142 Figure A3.5: Impact de l’inflation au Maroc sur les transferts de fonds ........................................................... 144 Figure A3.6: Impact de l’inflation dans le pays d’accueil sur le taux ............................................................... 146 Figure A3.7: Impulse réponses données trimesrtielles ...................................................................................... 150

Chapitre 4 Figure 4.1: Modèle à effets fixes versus à effets variables .................................................................................. 157 Figure 4.2: La part des exportations marocaines vers l'Europe (15) .................................................................. 163 Figure 4.3: Relation entre la masse monétaire et l’inflation (1962-2011) .......................................................... 163 Figure 4.4: Transferts de fonds et taux de change ............................................................................................. 164 Figure 4.5: Interventions sur le marché de change ............................................................................................. 166 Figure 4.6: Réponse de taux de change et masses monétaire suite au choc des transferts de ............................. 170 Figure 4.7: Evolution du taux de change effectif ................................................................................................. 174 Figure 4.8: Décomposition de la valeur ajoutée.................................................................................................. 178 Figure A4.1: Evolution des variables utilisées dans le modèle (VARs) ............................................................... 190 Figure A4.2: Test de stabilité (OLS-CUSUM) ..................................................................................................... 191 Figure A4.2: Distributions a posteriori .............................................................................................................. 194

****

Liste des tableaux

Introduction Tableau 0.1: Indicateurs socio-économiques (Maroc) ........................................................................................... 6

Chapitre 1 Tableau 1.1: Répartition géographique des migrants marocains en 2004 ........................................................... 14 Tableau 1.2: Resultat MCO .................................................................................................................................. 27 Tableau 1.3: Relation entre les transferts de fonds et les pays d’accueil (1982-2008) ........................................ 37 Tableau 1.4: Contribution à la croissance en (%) ................................................................................................ 38 Tableau 1.5: Utilisation des transferts de fonds au Maroc ................................................................................... 46

Chapitre 2 Tableau 2.1: Propriétés cycliques ......................................................................................................................... 63 Tableau 2.2: Statistiques descriptives données annuelles (1982-2010) ............................................................... 67 Tableau 2.3: Statistiques descriptives données trimestrielles (1998 : 1 - 2010 : 3).............................................. 67 Tableau 2.4: Test de racine unitaire ..................................................................................................................... 68 Tableau 2.5: Corrélation des cycles données annuelles (1982-2009) .................................................................. 70 Tableau 2.6: Test de racine unitaire ..................................................................................................................... 74 Tableau 2.7: Corrélation de PIB et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3) ...................................................... 75 Tableau 2.8: Part des transferts des principaux 10 pays d’accueil ...................................................................... 80 Tableau 2.9: Statistiques descriptives, 1998:1 - 2010:3 ....................................................................................... 81 Tableau 2.10: Test de racine unitaire ................................................................................................................... 81 Tableau 2.11: Corrélation de PIB accueil et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3) ...................................... 82 Tableau A2.1: Résultats par pays d'accueil .......................................................................................................... 88

Chapitre 3 Tableau 3.1: Motivations d'envois ........................................................................................................................ 99 Tableau 3.2: Impact du revenu et comportement sur les transferts de fonds ...................................................... 102 Tableau 3.3: Impact du taux de change sur transferts de fonds.......................................................................... 103 Tableau 3.4: Statistiques descriptives ................................................................................................................. 109 Tableau 3.5: Déterminats des transferts de fonds pour les pays du Golfe .......................................................... 115 Tableau 3.6: Nombre d’observations en fonction des variables explicatives ..................................................... 122 Tableau 3.7: Résultats semi-paramétriques (partie paramétrique) .................................................................... 126

XII

Tableau A3.1: Résultats du modèle linéaire ....................................................................................................... 132 Tableau A3.2: Décomposition de la variance .................................................................................................... 147

Chapitre 4 Tableau 4.1: Principales études sur le syndrome hollandais et les transferts de fonds ...................................... 155 Tableau 4.2: Résultats de modèle (méta-régression) .......................................................................................... 161 Tableau 4.3: Statistiques descriptives (modèle Vargas-Silvas,2009) .................................................................. 168 Tableau 4.4: Statistiques descriptives (modèle Lartey et al.,2012) ..................................................................... 178 Tableau 4.5: Résultats (MCO, GMM) ................................................................................................................ 180 Tableau 4.6: Résultats (modèle bayésien) .......................................................................................................... 185 Tableau A4.1: Données utilisées dans la méta-analyse ...................................................................................... 187 Tableau A4.2: Décomposition de la variance ..................................................................................................... 189

Introduction générale

1

INTRODUCTION GENERALE

Les conséquences engendrées par la migration internationale suscitent un important débat,

tant dans les pays d’accueil que d’origine. Ceci est dû au fait que cette dernière touche à plu-

sieurs aspects : politique, mais aussi économique, social et sociétal. Dans cette thèse, nous

allons traiter l’une des conséquences la plus importante de la migration internationale, à sa-

voir les rapatriements de fonds. Ces derniers peuvent être définis comme étant des transferts

interpersonnels entre les migrants et leurs familles et amis restés dans le pays d’origine. Il est

à signaler que les pays en développement bénéficient d’une part très importante de ces trans-

ferts. Selon les estimations de la Banque mondiale, 3% de la population mondiale sont des

migrants. Ils ont transféré environ 483 milliards de dollars en 2011. Ces transferts vont aug-

menter davantage dans les années à venir, selon les prévisions de la Banque Mondiale, le

montant des transferts de fonds sera de 534 milliards de dollars en 2015. Plus de 70% de ces

transferts sont destinés aux pays en développement. De ce fait, ils méritent une attention par-

ticulière. De plus, ils ont augmenté considérablement depuis les années 2000. Le taux de

croissance moyen annuel était de 11,5% sur la période 2000-2010, selon la même source. Par

conséquent, ils constituent une source de financement non négligeable pour les pays en déve-

loppement (Ratha, 2003 ; Lopez et Fajnzylber, 2008). Au-delà, ils sont considérés comme

étant résilients dans les périodes de crise (Sirkeci et al., 2012).

Si les transferts de fonds augmentent, c’est bien entendu avant tout parce que, malgré les res-

trictions sur les mouvements de population (visas imposés par les principaux pays d’accueil),

les flux migratoires continuent eux aussi à augmenter (Cassagnard et Makhlouf, 2013).

Les Etats-Unis sont à la fois le premier pays d’immigration et le premier émetteur de fonds :

ils ont 40 millions de migrants et plus de 50 milliards de dollars sont envoyés en 2010 vers le

reste du monde depuis les Etats-Unis, selon les données la Banque Mondiale. Il est à signaler

que l’Europe de l’Ouest attire essentiellement les migrants issus du reste de l’Europe et les

pays de la rive sud de la méditerranée. Les pays exportateurs de pétrole situés dans le Golfe

persique sont les destinations principales des migrants issus du Moyen Orient, de l’Afrique du

Nord, et de l’Asie du Sud et du Sud-Est. Plus spécifiquement, la France occupe la 8ème place

des pays les plus attractifs, derrière l’Espagne, avec environ 5 millions de migrants et 5 mil-

liards de dollars envoyés.

Introduction générale

2

L’inde et la Chine sont les pays qui bénéficient le plus de l’argent de leurs migrants1. Selon

les données de la Banque Mondiale2, environ 55 et 51 milliards de dollars sont reçus par des

familles indiennes et chinoises respectivement, en 2010. Les transferts de fonds peuvent re-

présenter un poids non négligeable dans certaines économies récipiendaires (le Tadjikistan

reçoit environ 30% de son PIB). Le contexte international actuel des transferts de fonds

montre qu’ils constituent une source importante de financement. Ils ont enregistré un taux de

croissance relativement élevé. Ceux à destination du Maroc n’échappent pas à cette logique.

En effet, le volume des transferts de fonds envoyés par les migrants marocains ne cessent

d’augmenter depuis les années 2000. Par exemple, sur la période 2000-2008, le taux de crois-

sance moyen annuel des transferts était de 13,75%3 . Leur part dans le PIB marocain était de

7% en 2011. Ces chiffres peuvent ne représenter que partiellement la réalité de ces flux puis-

qu’une part importante ne passe pas par les canaux officiels (Freund et Spatafora, 2008),

comme les banques, les bureaux de poste, les organismes spécialisés dans les transferts de

fonds, mais par des canaux informels, comme par exemple les colis ou les lettres.

Dans la région MENA4, le Maroc compte parmi les pays qui bénéficient le plus des transferts

des migrants après l’Egypte. En outre, le Maroc fait partie des 10 pays en développement qui

reçoivent le plus de transferts de fonds de la part de ses migrants dans le monde (figure 0.1).

1 Transferts de fonds plus rapatriement des salaires. 2 http://siteresources.worldbank.org/INTPROSPECTS/Resources/334934-1199807908806/World.pdf 3 Calculs de l’auteur à partir des statistiques d’Office des Changes du Maroc. 4 Middle East and North Africa.

Introduction générale

3

Figure 0.1 : Top 10 des pays qui reçoivent les transferts de fonds (2011)

Source : Banque Mondiale (WDI, 2013)

Il est important de signaler que les travaux universitaires sur les transferts de fonds des mi-

grants prennent une place de plus en plus importante dans la littérature économique. Toute-

fois, cette part reste encore marginale par rapport à la littérature consacrée aux autres flux

financiers à destination des pays en développement, notamment les Investissements Directs

Etrangers (IDE)5. Ce regain d’intérêt pour les transferts de fonds peut trouver son explication

dans l’importance de ces flux. En effet, ils dépassent les flux des IDE et de l’aide au dévelop-

pement pour la plupart des pays en développement (Makhlouf et Mughal, 2013a). Mais aussi,

dans leur impact éventuel sur l’amélioration du niveau de vie, la réduction de la pauvreté et

les inégalités et in fine sur l’accélération de la croissance économique des pays bénéficiaires.

Nous pouvons dire que les travaux pionniers, de Lucas et Strak (1985) au niveau micro-

économique et de Swamy (1981) au niveau macro-économique, ont déclenché un débat pas-

sionnant sur le phénomène des transferts de fonds. Cependant, il reste beaucoup de pistes à

explorer dans cette problématique, notamment sur les propriétés cycliques et les éventuels

impacts qu’engendrent ces transferts dans les pays en développement. Le Maroc est très cons-

cient de l’ampleur et des conséquences de ces flux financiers. Ces derniers prennent une place

de plus en plus importante dans les politiques économiques mises en palace par ce pays. C'est

5 Par exemple sur le site d’ideas « http://ideas.repec.org/ », nous trouvons environ 5 000 références concernant

l’expression ‘transferts de fonds’ et plus de 20 000 concernant l’expression ‘investissements directs étrangers’.

Introduction générale

4

pourquoi nous souhaitons contribuer à ce débat par cette thèse consacrée entièrement à ce

phénomène dans le cas du Maroc. Ce dernier constitue, en effet, un bon exemple d’analyse et

d’étude pour plusieurs raisons :

• ce pays est historiquement un pays d’émigration ;

• des données fines sur les transferts de fonds y sont disponibles depuis bien long-

temps ;

• les transferts de fonds sont opérés globalement par des canaux officiels (De Haas et

Plug, 2006) ;

• Les transferts de fonds constituent la deuxième source de devises après celles géné-

rées par les exportations de phosphate6 (Office des Changes du Maroc) en 2009.

Trois sortes de questionnement sont posées dans cette thèse :

Quelles sont les propriétés des transferts de fonds (cyclicité, stabilité, stationnarité) ? Quels

sont leurs déterminants ? Quelles sont leurs conséquences sur l’économie marocaine, et en

particulier sur la problématique du change ?

Le choix d’étudier le Maroc correspond à un triple objectif : expliquer d’une manière rigou-

reuse la problématique des transferts de fonds ; contribuer à la littérature empirique sur la na-

ture et l’impact de ces transferts sur le développement ; combler le vide concernant les études

sur les transferts de fonds dans l’un des pays MENA qui reçoit le plus de transferts.

En général, ces transferts vers le Maroc sont assurés, pour une grande partie, par des migrants

non qualifiés (Bouoiyour et al., 2003). Le total des transferts à destination du Maroc le place

parmi les pays qui en bénéficient le plus. Les raisons de cette performance sont nombreuses, à

savoir, le nombre important de marocains résidant à l’étranger (environ 10% de sa popula-

tion), la proximité géographique entre le Maroc et les principaux pays d’accueil, les politiques

incitatives mises en place par les autorités marocaines à travers le Ministère de la Communau-

té Marocaine à l’Etranger (MCME). Selon les données de ce ministère, la majorité des mi-

grants marocains se trouve en Europe, notamment en France (plus de 80% en Europe et 30%

en France). Ceci peut être expliqué par plusieurs facteurs dont la proximité géographique, la

langue, le passé colonial, etc. Selon les données de l’Office des Changes du Maroc, plus de

40% des transferts en 2010 sont, d’ailleurs, assurés par les marocains résidant en France.

6 Le Maroc est considéré parmi les principaux exportateurs du phosphate.

Introduction générale

5

En ce qui concerne l’économie marocaine, son évolution a connu des changements remar-

quables. En effet, depuis son indépendance en 1956, le Maroc a connu des mutations notables.

Il est passé d’un pays à faible revenu à un pays à revenu intermédiaire faible. La figure 0.2 ci-

après retrace l’évolution du Revenu National Brut par habitant (RNB par habitant) calculé

selon la méthode Atlas7, d’après les données de la Banque Mondiale. Ce graphique montre

qu’à partir de 1990, le Maroc a changé de catégorie, en passant des pays à faibles revenus aux

pays à revenus intermédiaires faibles.

Figure 0.2 : Evolution du RNB par habitant (1960-2009)

Source : Banque Mondiale (WDI-2011)

L’économie marocaine est basée essentiellement sur les services. En effet, la répartition de la

valeur ajoutée entre les différents secteurs de l’économie marocaine révèle que le secteur des

services occupe la première place avec un ratio qui varie dans une fourchette de 40 à 50% du

PIB, que le secteur industriel varie aux alentours de 30%, et que celui de l’agriculture varie

autour de 20% pour la période 1980-2009 (selon les données de la Banque Mondiale, 2012).

7 Selon la Banque Mondiale, le facteur Atlas est utilisé pour effectuer des comparaisons internationales. Il est

défini comme étant un facteur de conversion qui permet de corriger les fluctuations de taux de change. Pour plus

de détails voir (http://donnees.banquemondiale.org/a-propos/classification-pays/atlas).

Introduction générale

6

En matière de réformes économiques, le Maroc a poursuivi des plans macro-économiques

dans le but de diversifier sa croissance économique (OMC, 2010). In hoc sensu, l’économie

marocaine a enregistré relativement de bonnes performances notamment depuis la fin des

années 2000. Le tableau 0.1 qui donne quelques indicateurs socio-économiques de l’économie

marocaine montre en partie cette évolution. Le taux de croissance moyen, sur la période de

2000 à 2011, est de 6%. Néanmoins, ce pays, comme d’ailleurs les autres pays du Maghreb,

est sensible aux aléas climatiques (Drine, 2011).

Tableau 0.1 : Indicateurs socio-économiques (Maroc)

Pauvreté seuil national (en % de la popula-tion)

Espérance de vie

Taux de chô-mage

PIB en $ cou-rant (en milliards)

Population totale (en millions)

Taux d'ouver-ture8

9% (2007) 72 (2010) 10% (2009) 100,2 (2011) 32,27 (2011) 82,59% (2011)

15,3% (2001) 68 (2000) 13% (2000) 37 (2000) 28,79 (200) 61,33 (2000)

Source : Banque Mondiale (WDI) (2012)

La migration marocaine participe à l’amélioration des conditions de vie au Maroc, elle peut

également participer à son développement. Le Maroc comme d’autres pays en développement

aura besoin de ses émigrés à travers leurs implications notamment en matière de transferts de

biens, de capitaux et de technologies pour améliorer l’efficacité de son économie. Concernant

les études sur les transferts de fonds, elles peuvent s’effectuer sur plusieurs domaines et ap-

proches. En effet, les transferts de fonds peuvent être étudiés suivant deux aspects : micro et

macro-économiques. La branche micro-économique des transferts de fonds s’intéresse princi-

palement aux liens entre les migrants et leurs familles, ainsi qu’aux déterminants des envois

de fonds et leurs impacts. Dans cette approche, les transferts de fonds impactent les décisions

des ménages en termes d’offre de travail (Makhlouf et Mughal, 2013b), d’investissement

(Yang, 2008), de migration, d’éducation, de consommation et de choix professionnel (Medina

et Cardona, 2010), etc. La majorité des études dans ce cadre se font à travers des question-

naires et des enquêtes établis dans les pays d’accueil et/ou d’origine. L’approche macro-

économique analyse les relations entre transferts de fonds agrégés et les principaux agrégats

économiques tels que la croissance, la consommation, l’investissement, le développement

financier, le taux de change, etc. Dans cette approche, la macro-économétrie semble l’outil le

plus pertinent pour appréhender l’impact des transferts de fonds.

8 (Explorations+Importations)/PIB

Introduction générale

7

Dans cet ordre d’idées, les transferts peuvent être traités sous deux perspectives temporelles :

une de court terme et une autre de long terme. La première concerne par exemple, la volatilité,

les propriétés cycliques, etc. La deuxième s’intéresse principalement à l’impact des transferts

de fonds sur la croissance et le développement. Il y a lieu de signaler que leurs impacts dé-

pendent aussi des caractéristiques spécifiques des pays récipiendaires tels que le régime de

change, les degrés de mobilité des capitaux, le développement financier, la qualité des institu-

tions, etc.

Les transferts de fonds sont censés avoir des effets bénéfiques sur les pays d’origine. Des tra-

vaux ont, en effet, montré que les transferts de fonds ont un impact positif sur l’éducation, la

santé et l’accumulation de capital humain et physique (Cox Edwards et Ureta, 2003 ; Woo-

druff et Zenteno, 2007), mais aussi sur la réduction de la pauvreté (Adams et Page, 2005).

Cependant, ils peuvent aussi avoir des effets négatifs (réduire la compétitivité, creuser les

inégalités, décourager le travail). De plus, ils peuvent favoriser la corruption (Berdiev, et al.,

2013).

Il est à signaler que le comportement du migrant varier selon le contexte spatial et temporel.

De même, les aléas relatifs au climat affectent le comportement des transferts de fonds (Mug-

hal et Makhlouf, 2011). Ces derniers augmentent, par exemple, dans des périodes de catas-

trophes naturelles car ils sont motivés par des sentiments altruistes. Ils sont considérés comme

contra-cycliques et stables (Ratha, 2007). Par conséquent, cette stabilité peut permettre aux

pays d’émigration d’accéder facilement à une source externe de financement fiable et sûre.

Cependant, le débat sur les propriétés cycliques des transferts de fonds est loin d’être clos.

Les résultats peuvent dépendre de la durée de la migration, de la nature du filtre mobilisé et

du type de données (mensuelles, trimestrielles, annuelles).

Les déterminants des transferts de fonds peuvent être macro et microéconomiques. Ils sont

sensibles aux conditions économiques des pays d’accueil et d’origine (Barajas et al., 2010a).

Toutes ces caractéristiques rendent le phénomène des transferts de fonds complexe. Par con-

séquent, les études relatives à ce phénomène méritent de la prudence. Le contexte de l’étude

doit être pris en compte, car il peut influencer les résultats et bien évidemment les conclusions

sur les transferts de fonds. Une mauvaise spécification du phénomène peut conduire à des

résultats biaisés, puis à des décisions erronées en termes de politiques d’émigration. Par

exemple, la sensibilité des migrants aux variations du taux de change doit être étudiée de ma-

nière précautionneuse afin de cerner la sensibilité du migrant par rapport à cette variable. En

Introduction générale

8

effet, le taux de change peut être un levier important pour drainer les transferts de fonds no-

tamment en période de crise.

Le gouvernement marocain a mis en place des politiques qui consistent à mobiliser et à drai-

ner l’épargne de ses émigrés vers l’économie locale pour promouvoir le développement du

pays (Bouoiyour, 2006). Elles visent aussi à simplifier les procédures de transfert de cette

manne. Les objectifs des politiques d’émigrations sont essentiellement mis en œuvre par le

Ministère de la Communauté Marocaine à l’Etranger, la Fondation Hassan II et le Conseil de

la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME). Ces initiatives sont très intéressantes parce

qu’elles permettent d’aider les migrants marocains à rester connectés avec leur pays d’origine

tout en participant à son développement. Le Maroc n’est pas le seul pays qui a mis en place

des politiques d’émigration bien élaborées. On trouve environ 57 pays en développement à

travers le monde qui ont crée des institutions dédiées à leurs émigrés (Handbook of Diaspora,

2012). A titre de comparaison, dans le cas du Mexique, le gouvernement a mis en place le

projet trois pour un (Tres por Uno), dans le cas du Pakistan, le gouvernement a mis en place

le PRI (Pakistan Remittances Initiative) dans le but de faciliter les procédures d’envois

d’argent. En effet, la qualité des institutions ont un impact sur les transferts de fonds (Singh et

al., 2009). Par ailleurs, les transferts de fonds peuvent influencer, également, la qualité des

institutions (Abdih et al., 2012). Cet effet peut être positif ou négatif. Berdiev et al. (2013)

trouvent, par exemple, que les transferts fonds augmentent la corruption en estimant un panel

de 111 pays. Cependant, dans le cas mexicain, Tyburski (2012) trouve que les transferts de

fonds réduisent la corruption. De plus, ils peuvent influencer les dépenses publiques pendant

les périodes qui précèdent les élections (Combes et al., 2013).

Le gouvernement marocain a considéré que les transferts de fonds sont une source de finan-

cement pour l’économie marocaine. En 1968, le plan quinquennal (1986-1972) a fixé

l’objectif d’augmentation du nombre d’émigrés afin de diminuer les pressions sur le marché

du travail et d’augmenter les transferts de fonds (Bouoiyour, 2008).

En ce qui concerne les banques nationales, elles se sont installées dans les pays d’accueil afin

de drainer plus d’épargnes des migrants marocains. De plus, la politique de change mise en

œuvre par le gouvernement marocain permet aux migrants marocains de détenir des comptes

libellés en monnaie étrangère convertible. L’ensemble de ces actions montre l’intérêt du gou-

vernement marocain vis-à-vis de ses émigrés et les transferts de fonds.

L'organisation de cette recherche s’articule comme suit :

Introduction générale

9

• dans un premier chapitre, un diagnostic de l’évolution des transferts de fonds depuis les

années 1980 jusqu’à aujourd’hui (croissance, répartition par pays d’accueil, point

d’inflexion, etc.) sera fait ainsi que l’évaluation des politiques migratoires du Maroc

en tant que pays d’origine. Dans ce chapitre, nous allons également analyser la con-

vergence du comportement des transferts de fonds des nouveaux pays d’accueil vers

les anciens pays d’accueil ;

• dans un deuxième chapitre, il s’agira de cerner les comportements des transferts de

fonds. Pour cela, nous essayerons d’étudier les propriétés cycliques des transferts de

fonds, en utilisant à la fois des données annuelles et trimestrielles. Pour tester la ro-

bustesse des résultats, nous utiliserons plusieurs filtres et techniques économétriques ;

• dans le troisième chapitre, nous étudierons les principaux déterminants macro-

économiques des transferts de fonds. Nous nous focaliserons, alors, sur le rôle des

pays d’accueil, les revenus des migrants et ceux de leurs familles restées au Maroc ;

• nous étudierons, dans le quatrième chapitre, l’impact des envois de fonds des migrants

sur l’économie marocaine. Plus précisément, nous discuterons l’hypothèse selon la-

quelle les transferts de fonds provoquent le syndrome hollandais. Enfin, nous conclu-

rons ce travail en proposant des recommandations ainsi que des perspectives de re-

cherche.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

10

CHAPITRE 1 : TRANSFERTS DE FONDS : CARACTERISQUES, FAITS

STYLISES ET ENJEUX

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

11

1. Introduction

La migration internationale a des répercussions dans les pays d’accueil et d’origine. Leur ’im-

pact sur les pays d’origine se manifeste par plusieurs aspects : taux de fécondité (Beine et al.,

2008) ; transferts de connaissances9 (Meyer, 2001 ; Meyer et Brown, 1999 ; Saxenian, 2005 ;

Hunger, 2004 et Sheila, 2011), productivité et marché de travail (Katseli et al., 2006). Mais

l’aspect le plus visible demeure, sans conteste, celui des transferts de fonds. Ces derniers pro-

fitent de manière directe et instantanée aux familles qui les reçoivent. Ceci n’est pas le cas,

par exemple, de l’aide au développement qui passe par le « filet » des agences nationales et

qui, par conséquent, peut être détournée de son objectif.

Les transferts de fonds ont augmenté considérablement depuis les années 2000 et sont rési-

lients en période de crise économique (Ratha, 2007). La croissance annuelle moyenne des

transferts envoyés par les migrants dans le monde est de 10,32%10 pour la période 1990-2008.

Cette augmentation pourrait s’expliquer par la conjonction de plusieurs facteurs tels que :

l’amélioration des institutions économiques des pays d’accueil ; le degré de plus en plus accru

d’implication des migrants vis-à-vis de leurs pays d’origine ; le développement des moyens

de communication et la baisse des coûts liés aux envois de ces transferts11. Précisons

d’emblée que cette augmentation profite davantage aux pays en développement. En effet, en-

viron 66,61%12 des transferts dans le monde sont destinés aux pays à revenu moyen. De ce

fait, pour certains pays en développement, les transferts de fonds constituent une ressource

financière étrangère importante, indispensable aux équilibres macro-économiques. Leurs

montants dépassent celui des IDE et des aides au développement pour certains pays

(Makhlouf et Mughal, 2013a). Le Maroc n’échappe pas à cette tendance. Ce dernier compte

parmi les pays qui ont le plus bénéficié des transferts des migrants internationaux après

9 Peuvent être définies comme étant un processus de création de nouvelles idées et d’innovations qui permettent

d’augmenter la productivité. 10 Selon des données de la Banque Mondiale 11 Voir sur le site de la Banque Mondiale « Remittance Prices Worldwide »

http://remittanceprices.worldbank.org/ 12 WDI-World Bank

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

12

l’Egypte, dans la région MENA, en 201013. En outre, plus de 19% des transferts de fonds dans

le monde Arabe sont destinés au Maroc14. Ceci est dû, en partie, aux stratégies mises en place

par les autorités marocaines. Ces dernières ont, en effet, dès le départ considéré que la migra-

tion et son corollaire les transferts de fonds comme un moyen parmi d’autres permettant à ce

pays d’accéder aux sources de financement extérieur, à travers justement les transferts de

fonds. Mais aussi, un accès aux savoir et aux connaissances extérieurs, par le truchement de

retour des étudiants partis pour faire leurs études à l’étranger et parfaire leurs connaissances.

Dès l’indépendance, le Maroc a encouragé l’émigration pour des raisons politiques et écono-

miques (De Haas, 2005). Les principales destinations sont la France, les Pays-Bas,

l’Allemagne et depuis les années 1980, l’Espagne et l’Italie (De Haas et Plug, 2006). Au-delà

des frontières de l’Europe, nous trouvons également le Canada et les Etats-Unis, ainsi que

certains pays du Golfe persique.

Certains gouvernements des pays d’émigration ont compris le potentiel et le rôle de leurs mi-

grants dans le développement du pays. L’engagement de la migration au profit de leurs pays

d’origine n’est pas un phénomène nouveau (Handbook of Diaspora, 2012). Par conséquent,

afin d’inciter les migrants à participer au développement de leurs pays d’origine et en tirer le

plus de bénéfices, les gouvernements doivent proposer des programmes adéquats qui facilitent

aux migrants leurs engagements auprès de leurs pays d’origine. Cela passe par la connais-

sance parfaite des spécificités des migrants, telles que le niveau de qualification, les spécifici-

tés des principaux pays d’accueil et la nature de la migration (temporaire ou permanente). A

titre d’exemple, le Sénégal fut le premier à créer un ministère dédié à ses migrants, ce fut en

1993. Actuellement, le nombre de pays d’émigration qui ont créé des instituions dédiées à

leurs émigrés est de 56 (Handbook of Diaspora, 2012). Le but final de ces politiques étant le

renforcement de la confiance entre le pays d’origine et leur migrant.

Pour appréhender le phénomène des transferts de fonds dans le cas du Maroc, ce chapitre in-

troductif propose de répondre aux questions suivantes :

• quelles sont les spécificités des transferts de fonds à destination du Maroc ?

• Comment sont-ils effectués et comment ont-ils évolué ?

13 Par exemple en 2010, plus de 6 milliards de dollars courants pour le Maroc et plus de 7 milliards de dollars

pour l’Égypte, selon les données de la Banque Mondiale. Si l’on tient compte de la population ou du PIB, ce

pays dépasse largement l’Egypte. 14 Calcul effectué à partir des données de la Banque Mondiale.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

13

• Peuvent-ils jouer un rôle sur l’économie marocaine dans son ensemble ? Si oui, par

quels canaux ?

Afin de répondre à ces interrogations, ce chapitre propose en premier lieu, une analyse con-

cise des faits stylisés des migrants marocains et en second lieu, une étude bien détaillée sur

l’évolution, la tendance et le rôle des transferts de fonds dans la croissance et le développe-

ment de ce pays. L’organisation de ce chapitre se présente de la façon suivante : la section 2

expose l’importance des flux migratoires marocains, ainsi que les politiques mises en place

par le gouvernement marocain vis-à-vis de ses émigrés. Le but est, premièrement, d’étudier

l’évolution et la répartition géographique des migrants marocains, deuxièmement, de proposer

une analyse des politiques marocaines d’émigration. Dans la section 3, nous présenterons des

faits stylisés concernant les transferts de fonds, notamment le rôle social et économique qu’ils

peuvent jouer dans les économies des pays d’origine. L’intérêt de cette section est de mettre

en évidence l’évolution et l’importance des transferts de fonds. Enfin, ce chapitre conclura sur

certaines difficultés inhérentes à ce phénomène.

2. Migrants marocains et institutions

Aujourd’hui, la migration marocaine a changé de profil, elle est devenue plus diversifiée géo-

graphiquement, car il existe d’autres changements (féminisation, capital humain, etc.). En

effet, la France, principale destination durant les années 1970 a cédé la place à d’autres pays

d’accueil tels que les pays du Golfe et l’Amérique du Nord. Nous allons voir dans cette sec-

tion les caractéristiques de cette migration ainsi que les politiques mises en place par les auto-

rités marocaines pour venir en aide à ses émigrés.

2.1. Répartition et évolution des migrants marocains

La migration internationale est une composante de la mondialisation qui subit probablement

le plus de restrictions. Certains pays d’accueil ont imposé des restrictions à la migration

(Clemens, 2011), mais les flux migratoires n’ont pas diminué. En effet, d’autres canaux se

sont substitués à la migration de travail. Parmi ces derniers, nous trouvons, notamment, celui

de regroupement familial (De Haas et Plug, 2006). Cette dynamique migratoire a donné lieu à

l’apparition d’un stock important de migrants marocains. Il est considéré parmi les plus

grands en Europe de l’Ouest (Fondation Hassan II, 2005). Le tableau 1.1 donne la répartition

géographique des migrants marocains en 2004.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

14

Tableau 1.1 : Répartition géographique des migrants marocains en 2004

Amérique Afrique Les pays arabes du

Golfe

Europe Asie

5,79% 0,17% 9,15% 84,71% 0,17%

Source : Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger (2012)

Les raisons qui poussent les migrants marocains à choisir l’Europe comme destination préfé-

rée, notamment la France (environ un million des migrants marocains se trouvent en France

en 201215) sont : la proximité géographique ; la langue ; la politique et l’écart de revenu entre

les deux entités. Dans la région du Maghreb, le Maroc a le taux d’émigration le plus élevé en

2005 (figure 1.1). Si l’écart de revenu (écart salarial) demeure la principale raison de la migra-

tion, d’autres facteurs peuvent également expliquer ce phénomène comme : la situation éco-

nomique du Maroc, la volatilité de la croissance économique ainsi que sa dépendance des

aléas climatiques. En tout cas, la croissance économique n’arrive pas à absorber le chômage16.

15 D’après le Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger. 16 Le taux de chômage moyen est de 13% pour la période (1995-2009), calcul effectué à partir des données de la Banque Mondiale.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

15

Figure 1.1 : Stock d’émigration dans les pays du Maghreb (2010)

Source : Banque Mondiale : ‘Migration and Remittances Factbook 2011’

Les causes de la migration sont multiples et complexes et ne se résument pas aux seules con-

ditions économiques du pays d’origine. En effet, d’autres causes sont liées aux pays d’accueil.

Dès lors, les modèles (push / pull17) ne sont pas en mesure d’expliquer d’une manière globale

les causes de la migration marocaine (De Haas, 2010). D’autres facteurs peuvent donc in-

fluencer les mouvements migratoires marocains tels que la langue, le réseau dans les pays

d’accueil, etc. Par exemple, dans le cas du Maroc, Fokkema et De Haas (2011) évaluent les

facteurs qui sont à l’origine de la migration, les déterminants de pré-migration. Ils concluent

que l’éducation, le regroupement familial, le régime politique dans les pays d’origine, effet

réseaux et l’information concernant le pays d’accueil perçue par le potentiel migrant jouent un

rôle important dans la migration marocaine.

Il est à signaler par ailleurs que le profil du migrant marocain a connu des mutations remar-

quables dans le temps. Au début des années 1950, la migration marocaine était constituée

essentiellement d’hommes avec un niveau de qualification relativement faible. Ce type de

migration répondait à la demande résultante de la (re)construction de l’Europe, notamment au

cours des trente glorieuses. Suite au regroupement familial, nous assistions à une féminisation

17 Cette approche initialement développée dans un cadre néo-classique. Dans ce cadre les travailleurs migrent

parce que sont pauvres dans leur pays d’origine et espèrent être mieux dans les pays d’accueil.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

16

de la migration. Enfin depuis les années 1990, le nombre d’étudiants marocains, installés

d’une manière définitive dans les pays d’accueil n’a cessé d’augmenter (Cahier de Plan, 2010,

p. 51).

Depuis peu de temps, la migration marocaine connaît un nouveau visage lié à l’apparition de

nouvelles zones d’arrivée comme l’Espagne et l’Italie (Cahier de Plan, 2010). Ces deux der-

nières destinations attirent plutôt des marocains non qualifiés (De Haas et Plug, 2006).

L’immigration en Belgique et aux Pays-Bas a commencé dès les années 1950. Cependant, la

présence de marocains a débuté à la fin des années 1960 et au début des années 1970 (De

Haas et Plug, 2006). La figure 1.2 ci-dessous donne la répartition des migrants marocains sui-

vant les principaux pays d’accueil.

Figure 1.2 : Stock d’émigration marocaine selon les principales destinations (2010)

Source: Ratha and Shaw (2007) updated with additional data for 71 destination countries as described in the

Migration and Remittances Factbook 2011.

Comme nous l’avons signalé précédemment, la France reste le pays d’accueil des marocains

par excellence, suivie de l’Espagne et de l’Italie. Concernant la Belgique, le Canada et les

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

17

Pays-Bas, ils se partagent quasiment le même nombre de marocains résidant à l’étranger18.

Enfin, nous retrouvons les pays arabes, notamment les pays exportateurs de pétrole (De Haas,

2005).

Le gouvernement marocain participe très activement via une politique d’émigration au renfor-

cement des liens entre les migrants marocains et le Maroc. Dans la sous-section ci-dessous,

nous allons analyser les principaux modes d’interventions du gouvernement marocain, ainsi

que l’objectif de ses interventions.

2.2. Politiques d’émigration

Les transferts de fonds constituent le principal lien entre la migration et le développement

(Ratha, 2007). Ils constituent un enjeu majeur de la migration sur le plan micro et macro-

économique. Sur le plan micro-économique, ils permettent aux familles de subvenir à leurs

besoins vitaux. Au niveau macro-économique, ils contribuent à l’amélioration de certains in-

dicateurs économiques. Par conséquent, ils occupent une place de choix dans les politiques

économiques de la plupart des pays en développement (Agunias, 2006). A ce propos, depuis

les années 1960, le gouvernement marocain encourage les politiques d’émigration de manière

très active (MPI19, 2005). Effectivement, les politiques migratoires marocaines ont été con-

çues dans le but de renforcer les liens entre les marocains résidant à l’étranger et le Maroc

(Bouoiyour, 2005). C’est ainsi que le but de ces politiques était dans un premier temps,

d’encourager l’émigration, puis de favoriser les transferts de fonds (De Haas et Plug, 2006).

Plus tard, le Maroc a renforcé et consolidé ses relations avec leurs migrants par le biais de ses

consulats et ambassades dans les pays d’accueil. In hoc sensu, le Ministère chargé de la

Communauté Marocaine à l'Etranger (MCME) fut créé en 1990. Au cours de la même année

fut créée la Fondation Hassan II20.

Les migrants marocains peuvent contribuer à améliorer le niveau de vie national en partici-

pant à l’allègement des pressions sur l’emploi, dans un pays où le chômage est endémique21.

18 Plus de détails sur les statistiques des migrants marocains, voir l’ouvrage de Fondation Hassan II et Organisa-

tion International de Migration ‘OIM’ (2003). 19 Migration Policy Institute. 20 Le but de cette organisation est d’aider les migrants marocains à renforcer leurs liens avec le Maroc. 21 Le taux de chômage officiel au Maroc est de 10% en 2009 après avoir été 22.85% en 1995 selon les données

de la Banque Mondiale (2012).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

18

Ils participent aussi via la migration estudiantine à l’acquisition des connaissances et du sa-

voir-faire. Ils financent, aussi, l’économie locale par le biais des transferts de fonds. Toute-

fois, l’impact des transferts de fonds est ambigu22. Le Maroc a, justement, essayé d’organiser

les flux migratoires pour en tirer le maximum de profit (Bouoiyour, 2005). Ainsi, les autorités

marocaines ont aussi créé, comme nous l’avons déjà précisé, des organismes dans le but

d’accompagner leurs migrants dans leurs différentes démarches assurant ainsi un lien fort

avec le pays d’origine. En 2002, le nouveau roi du Maroc, Mohammed VI a annoncé de nou-

velles mesures pour faciliter les investissements des migrants marocains (De Haas et Plug,

2006). Ce maillage administratif a été renforcé par la mise en place du Conseil de la Commu-

nauté Marocaine résidant à l'Etranger (CCME), dont le rôle est de mettre en place une straté-

gie d’intégration de la communauté marocaine et de renforcer ses liens avec le Maroc. Dans

cet ordre d'idées, les banques marocaines ont compris l’importance de l’épargne des migrants.

En effet, dès 1971, elles se sont installées directement dans les pays d’accueil, voire pour cer-

taines au sein même des ambassades et consulats marocains (Bouoiyour, 2005). Parmi les

« packages » qui ont été proposés par le gouvernement dans le but de booster les transferts de

fonds, on peut citer à titre d’exemple le Fonds « MDM Invest » permettant aux migrants ma-

rocains d’investir au Maroc. Ce fonds s’est développé après la crise financière23 de 2008 dans

le but de soutenir les flux des transferts de fonds. D’autres projets similaires ont été mis en

place comme Mig-ressources, projet signé entre l’Italie et le Maroc.

� Fonds « MDM Invest »

Dans le but d’encourager les migrants marocains à investir davantage, le gouvernement a mis

en place un fonds « MDM Invest ». Il s’agit d’une subvention de 10% du coût total du projet

accordée aux migrants marocains sous trois conditions :

• le montant d’investissement est compris entre 1 et 5 millions de Dirham Marocain ;

• l’apport personnel en devises est supérieur ou égal à 25% du coût du projet ;

• le financement bancaire ne dépasse pas 65% du projet24.

A coté de cette stratégie unilatérale, nous trouvons d’autres stratégies bilatérales à l’instar de

celle signée avec l’Italie (Mig-ressources).

22 Voir chapitre 2. 23 Plus de détails sur la récente crise financière voir Stiglitz (2011). 24 Plus de détails voir le site du Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger (MCCME).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

19

� Mig-ressources25

Ce projet vise à faciliter la procédure d’investissement au Maroc pour les marocains installés

en Italie. De plus, le gouvernement marocain offre des services d’assistance pour

l’accompagnement des migrants marocains dans leurs investissements, comme la mise en

contact avec les acteurs locaux afin de promouvoir le développement local. Le gouvernement

a, en outre, annoncé le programme « Stratégie et Plan d’Action » pour la période 2008-2012.

Ses objectifs sont : « Accompagner l'enracinement des nouvelles générations dans les pays

d'accueil sans déracinement par rapport au pays d'origine. Défendre les droits et intérêts des

MRE aussi bien au Maroc que dans les pays d'accueil. Faire participer les compétences ma-

rocaines à l'étranger aux chantiers de développement au Maroc. Encourager l'investissement

productif des marocains du monde. » (MCCMRE)26. Ce plan comporte ainsi une stratégie de

mobilisation des migrants marocains pour le développement du Maroc visant à les encourager

pour participer à des projets économiques et sociaux.

Enfin, les institutions qui se chargent d’appliquer des programmes en direction de la migra-

tion marocaine sont, en plus du Ministère Chargé de la Communauté Marocaine Résidant à

l’Étranger et de la Fondation Hassan II pour les marocains résidant à l’étranger, l’Observatoire

de la Communauté Marocaine Résidant à l’Etranger, le ministère des Affaires Étrangères et

de la Coopération, la Direction des Affaires Consulaires et Sociales et le Conseil Consultatif

des Marocains à l’Etranger. Ces institutions ont enregistré un certain succès, notamment en

matière d’informations et d’assistance fournies aux migrants marocains (De Haas et Plug,

2006).

Nous venons de voir l’importance de la migration marocaine et les politiques marocaines vis-

à-vis de celle-ci. Dans la section ci-dessous, nous allons étudier les faits stylisés concernant

les transferts de fonds engendrés par les migrants marocains.

3. Transferts de fonds : caractéristiques et faits stylisés

Le but de cette section est de rappeler un certain nombre de caractéristiques et de faits stylisés

relatifs aux transferts de fonds : leur évolution ; le mode d’envois ; leur répartition ; leur vola-

25 Migration and Return, Resources for Development. 26 Disponible sur le site du ministère http://www.marocainsdumonde.gov.ma/minist%C3%A8re-de-la-

cmre/strat%C3%A9gie-et-plan-d%27action

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

20

tilité. Pour bien appréhender les statistiques sur les transferts de fonds, nous commençons par

une mise en garde préalable portant sur les difficultés de leur comptabilisation.

3.1. Comptabilisation et mesures des transferts de fonds

L’Organisation Internationale de Migration (OMI) définit les transferts de fonds comme étant

l’ensemble des transferts monétaires personnels effectués par les travailleurs migrants vers

leurs proches dans les pays d’origine. En raison de leur importance, beaucoup de gouverne-

ments ont considéré les transferts de fonds comme une composante capitale et pertinente du

développement (FMI, 2009). Cependant, il y a lieu de signaler la difficulté de trouver des

données fiables sur les transferts de fonds. Ceci est dû principalement aux méthodes de leur

comptabilisation (Reinke, 2007). De plus, beaucoup de ces fonds s’effectuent par des canaux

informels non comptabilisés dans la balance des paiements. Ceux passant par les canaux offi-

ciels sont comptabilisés sous trois rubriques dans la balance courante :

• rémunération des salariés ;

• envois des fonds des travailleurs ;

• autre secteur transferts des migrants.

Nous constatons une confusion entre ces rubriques par certains pays en développement

(OCDE, 2006). Par exemple, la Banque Centrale des Philippines27 comptabilise la totalité des

transferts de fonds des migrants dans la rubrique rémunération des salariés. D’autres Banques

centrales, telles que la Banque Centrale de la République Tchèque28 et celle de la Bulgarie29

comptabilisent les transferts de fonds des travailleurs avec les transferts privés dans la ru-

brique autres transferts courants (OCDE, 2006). Les transferts de fonds non comptabilisés

sont estimés au moins à 50% des déclarés (Grabel, 2008, p. 3). Toutefois, il est compliqué

d’évaluer de manière exacte leur montant car les sources de données sont nombreuses (De

Luna-Martinez, 2005). En effet, De Luna-Martinez (2005) mène une enquête sur un échantil-

lon de pays en développement sur les sources des données des transferts de fonds. Il trouve

que 90% des pays de l’échantillon collectent des données auprès des banques commerciales,

65% collectent les données auprès des bureaux de change, 38% utilisent les compagnies des

transferts de fonds et 35% utilisent les bureaux de poste comme source des transferts de

27 Bangko Sentral ng Pilipinas 28 Česká národní banka 29 Bălgarska narodna banka

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

21

fonds. En 2005, la Banque Mondiale a organisé une réunion dans le but d’améliorer

l’information sur les chiffres des transferts de fonds.

Pour résumer, les transferts de fonds font l’objet d’une triple écriture :

• ils sont comptabilisés dans le compte rémunération des salariés « résidents à

l’étranger » pendant une durée de moins d’un an ;

• des résidents à l’étranger d’une durée de plus d’un an ;

• les transferts de capital des migrants qui représentent le transfert des richesses des mi-

grants d’un pays à l’autre30.

Selon le rapport de l’OCDE31, certains pays ne respectent pas cette règle comme les Philip-

pines, la République Tchèque, la Bulgarie. Pour connaitre l’ampleur de ces envois de fonds,

certains auteurs font la somme des trois rubriques (Ratha, 2003). D’autres démarches pour

calculer les transferts de fonds consistent à faire la somme de tous les envois de fonds des

résidents quelle que soit la durée du séjour à l’étranger, mais sans intégrer les transferts de

richesse (Taylor, 1999). Daianu (2001) suggère de faire la somme des postes suivants : rému-

nération des salariés (résidents inférieur à un an) ; envois de fonds (des résidents à l’étranger

de plus d’une année) et autres transferts courants.

Malgré l’importance des transferts de fonds, ainsi que le rôle joué par ces derniers dans les

économies des pays d’origine, les données relatives aux transferts de fonds sont moins perti-

nentes par rapport à d’autres items dans la balance des paiements (FMI, 2009). La figure 1.3

ci-après, nous retrace l’évolution des transferts de fonds reçus et payés dans le monde. Nous

constatons qu’il existe une différence notable entre les transferts de fonds reçus et ceux en-

voyés, notamment depuis le milieu des années 1990. Ce problème de données peut poser des

difficultés en fragilisant les estimations et les études sur l’impact réel des transferts de fonds

sur les économies des pays d’origine. En ce qui concerne le Maroc l’Office des Changes, pla-

cé sous tutelle du ministère chargé des finances de collecter les données concernant les trans-

ferts de fonds en respectant les normes internationales notamment celles du FMI.

30 Perspectives des migrations internationales :SOPEMI-Edition 2006-ISBN92-64-03629-6-OCDE page 150. 31 Perspectives des migrations internationales :SOPEMI-Edition 2006-ISBN92-64-03629-6-OCDE.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

22

Figure 1.3 : Les transferts de fonds reçus et envoyé dans le monde (1970-2010)

Source : Banque Mondiale 2011 (WDI)

3.2. Tendance des transferts de fonds

Depuis l’année 2000, les transferts de fonds ont connu une évolution ascendante (Figure 1.4),

aussi bien au Maroc que dans le reste de monde. Le taux de croissance annuel moyen entre

1975 et 2000 est de 5% pour le Maroc et de 10% pour le reste du monde. Sur la période 2000-

2009, ce taux atteint 11% et 12% pour le Maroc et le reste du monde, respectivement. Plu-

sieurs explications peuvent être avancées concernant cette augmentation :

• le renforcement des contrôles aux frontières suite aux événements du 11 septembre

(Fondation Hassan II, 2005) ;

• l’amélioration des institutions financières dans les pays d’accueil ;

• la baisse des frais liés aux envois de fonds. Par exemple, dans le cas d’El Salvador, Ay-

cinena et al. (2009) montrent qu’une réduction d’un dollar des frais d’envois permet

d’augmenter de vingt-cinq dollars les transferts de fonds par mois ;

• l’amélioration des instruments de mesure des transferts de fonds (Ratha, 2007) ;

• l’amélioration des statistiques liées à la comptabilisation des transferts de fonds.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

23

Figure 1.4 : Evolution des transferts de fonds en dollars courants (1975-2009)

Source : Banque Mondiale (WDI-2011)

La figure 1.4 nous montre une augmentation notable des transferts de fonds depuis 2000. Cela

peut s’expliquer par le renforcement du contrôle sur les transferts informels, par l’incitation à

utiliser des canaux formels, par la réduction des coûts d’envois. A cet égard, le choix des ca-

naux d’envoi (formel, informel) dépend de plusieurs facteurs tels que la proximité géogra-

phique, la langue, le coût de transaction, la vitesse d’envoi, la sécurité liée à l’envoi (Freund

et Spatafora, 2008).

Si globalement les transferts de fonds ont montré une tendance à la hausse, la crise finan-

cière32 de 2008 a causé une baisse notable de ces derniers. Selon les données de la Banque

mondiale, si la baisse a été limitée dans le cas marocain (9% seulement), elle a été plus impor-

tante dans d’autres pays (38% au Kenya), (Cali et al., 2008). L’une des raisons pour laquelle

la baisse des transferts de fonds vers le Maroc a été modérée est liée à la baisse des coûts

d’envoi. Selon la Banque Mondiale (2010) En moyenne les coûts liés aux envois avant la

crise étaient de 8,4% et seulement de 5,6% pendant la crise. De plus, la diversification de la

migration marocaine peut aussi contribuer à la stabilité des transferts de fonds.

32 L’impact de la crise financière sur les transferts de fonds est bien documenté par (Sirkeci, et al.2012).

Crise financière

2008

11 septembre 2001

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

24

La figure 1.4 montre que dès 2009, les transferts de fonds sont repartis à la hausse. Si l’on

tient compte des transferts de fonds par migrant33, on constate que cette moyenne continue à

augmenter (figure 1.5).

Figure 1.5 : Transferts de fonds par migrant dans le monde

Source : Banque Mondiale et Nations-Unis. e : estimation (2012)

Si, comme le montre la figure 1.4, la tendance des transferts de fonds vers le Maroc suit celle

du reste de monde ; En revanche, la part34 des transferts de fonds des migrants marocains par

rapport au total des transferts du monde entier a baissé (passant environ de 5% en 1975 à 2%

en 2000), cette part restant stable depuis 1997 (figure 1.6).

Contrairement aux années 1970, où les migrants ont peu de choix en matière de procédés

pour envoyer de l’argent à leur famille. Dans cette époque là, les organismes de transfert sont

peu nombreux et s’ils existent les frais sont très élevés (De Luna Martinez, 2005). Actuelle-

ment, les migrants disposent d’une panoplie de moyens qui leurs permettent d’envoyer de

l’argent. De plus, avec la généralisation de l’utilisation de l’outil internet dans les pays

d’origine, notamment au Maroc (le nombre d’utilisateurs est passé d’environ 1000 en 1995 à

33 Les transferts totaux divisés par le nombre de migrant. 34 La part est calculée en divisant les transferts de fonds du Maroc sur ceux du monde entier.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

25

plus de 15 millions en 2010 selon les données de la Banque Mondiale) les migrants peuvent

avoir plus de facilités pour se connecter avec leurs pays d’origine. Cet outil a permis un accès

plus facile à l’information par les migrants, ceci implique une réduction de l’asymétrie de

l’information entre le migrant et sa famille. Cette réduction de l’asymétrie de l’information

peut pousser les migrants à ajuster leurs transferts de fonds.

Figure 1.6 : La part des transferts de fonds des marocains résidant à l’étranger dans les

transferts globaux (1975-2009)

Source : Banque Mondiale (WDI, 2011) et caculs de l’auteur

Les principaux pays d’accueil35 des migrants en 2010 sont les Etats-Unis, avec plus de 40

millions de migrants, suivi de la Russie et de l’Allemagne, avec plus de 10 et 5 millions de

migrants respectivement. Certains pays en développement sont devenus une nouvelle destina-

tion comme l’Inde.

Dans notre cas, la part mondiale des transferts de fonds à destination du Maroc représente

plus de 1 % en 2009 (figure 1.6). En fait, les envois de fonds sont destinés principalement aux

pays classés dans la catégorie à revenu intermédiaire. Les pays les plus pauvres notamment

les pays subsahariens ne bénéficient pas ou peu des envois des fonds. En 2010, seulement

5,52% des envois de fonds sont destinés aux pays à faible revenu.

35 Selon les données de la Banque Mondiale (2012).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

26

Nous venons de voir l’évolution des transferts de fonds globale pour le Maroc et le reste du

Monde. Ce chapitre s’intéresse aux caractéristiques des transferts de fonds. Or, l’utilisation

des données annuelles peut estomper certaines particularités des transferts de fonds. Pour

mieux analyser et étudier le comportement des transferts de fonds, nous utiliserons des don-

nées mensuelles. L’idée principale est de savoir si les transferts de fonds présentent un effet

saisonnier. En effet, la figure 1.7 montre un effet saisonnier (composante saisonnière). Globa-

lement les pics précèdent la rentrée scolaire. Dans le chapitre 2, nous allons, étudier en détail

le comportement (propriétés cycliques) des transferts de fonds.

Figure 1.7 : Evolution mensuelle des transferts de fonds (janvier 1998- Décembre 2010)

Source : Office des changes marocain (2011)

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

27

Pour appréhender la saisonnalité des mois de juillet et d’août, nous allons constituer des va-

riables indicatrices (variable dummy) pour chaque mois. En intégrant la constante dans le

modèle ci-après, nous sommes obligés d’omettre le mois de janvier pour éviter la colinéarité

parfaite. Le modèle peut s’écrire comme suit :

(1) et , Remit : les transferts de fonds.

Les paramètres estimés du modèle (1) sont donnés dans le tableau1.2 infra

Tableau 1.2 : Résultats MCO

Constante Février Mars Avril Mai Juin

3006,03*** (-9,657)

-369,1 (-0,83)

-139,4 (-0,31)

-65,03 (-0,14)

-55,66 (-0,12)

149,6 (0,3)

Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre

1428,55*** (3,245)

1249,40*** (2,838)

44,35 (0,101)

135,24 (0,30)

-65,88 (-0,15)

292,08 (0,664)

R2 ajusté : 0.13, () test de T, *** significativité à 1%

Les résultats montrent clairement que les transferts de fonds augmentent significatement dans

le mois de juillet et août.

Nous venons de voir la tendance des transferts de fonds, dans la section suivante nous

étudierons les canaux utilisés pour ces transferts d’une manière générale et dans le cas

marocain en partculier.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

28

3.3. Les canaux des transferts de fonds

Les canaux d’envois d’argent sont informels et formels. Les canaux informels sont :

� envoyer de l’argent par le biais des amis qui se rendent au pays ;

� utiliser le système de « Hawala36 » ;

� envoyer de l’argent dans des enveloppes en utilisant les bureaux de postes.

Plusieurs canaux formels peuvent être utilisés pour transférer l’argent des migrants : les

banques, les organismes de transferts, les postes, etc. Etonnement, nous constatons que très

peu d’études explorent de manière détaillée ces canaux de transferts (Agunias, 2006). Dans le

cas du Maroc, les transferts de fonds se font par des virements bancaires (61%), par des billets

de banques (27%), des mandats postaux (12%) (figure 1.8). Cependant, le migrant peut choi-

sir d’autres canaux informels pour transférer l’argent. La part des fonds transférés par des

canaux informels varie entre 10 et 50% (OCDE, 2006). Les études empiriques ont montré que

le choix de moyen d’envoi ne dépend pas que des frais, mais aussi de la vitesse et la disponi-

bilité des services (Orozco, 2004).

Figure 1.8 : Caractéristiques des transferts de fonds 2002-2007

Source : Ministère Chargé de la Communauté Marocaine à l’Etranger

36 Hawala est considéré comme un système international de transferts de fonds (Pohoata et Caunic, 2007).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

29

Les virements bancaires occupent une place importante dans le choix des canaux de transfert.

Ceci pourrait être le résultat de la présence de succursales marocaines dans certains pays

d’accueil. A cet égard, les banques marocaines les plus importantes sont installées en France.

Par ailleurs, environ 40% des virements bancaires sont effectués avec le groupe des banques

populaires (Fondation Hassan II, 2005). Une partie de ces virements reste sous forme de dé-

pôts. En 2008, cela représentait 29% des transferts dont ¼ des dépôts sont rémunérés et ¾ ne

l’étaient pas (Berriane et Aderghal, 2010). Précisons qu’en 2001, environ 18% des migrants

marocains avaient un compte de dépôt, et la quasi-totalité des dépôts étaient libellés en Dir-

hams, alors que les migrants marocains peuvent aussi détenir des comptes libellés en devises

ou en Dirhams convertibles (Fondation Hassan II, 2005). Les transferts de fonds déposés en

comptes de dépôts peuvent stimuler le développement financier. La relation entre les trans-

ferts de fonds et le développement est testée empiriquement par plusieurs travaux (Aggarwal

et al., 2006 ; Esteves et Khoudour-Castéras, 2009 ; Bouoiyour et Makhlouf, 2011). Les con-

clusions de ces études suggèrent deux types de relation entre les transferts de fonds et le déve-

loppement financier : complémentarité ou substituabilité.

3.4. Répartition géographique des transferts de fonds vers le Maroc

Les transferts de fonds vers le Maroc proviennent essentiellement des pays de l’Europe de

l’Ouest et d’Amérique du Nord ainsi que de certains pays du Golfe persique (figure 1.9).

Figure 1.9 : Répartition géographiques des transferts de fonds en 2010

Source : office des changes du Maroc (2012)

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

30

La majorité de ces transferts proviennent de France (environ 40% du total des transferts en

2010). Ceci s’explique par la présence d’un nombre important de migrants marocains. La part

de la France (70%) était, néanmoins, plus importante dans les années 1980 selon les données

de l’office des changes du Maroc. Cette baisse peut s’expliquer, en partie, par la diversifica-

tion des destinations des marocains avec l’apparition des nouveaux pays d’accueil comme

l’Italie et l’Espagne.

Si nous nous intéressons au montant moyen annuel transféré par migrant37, l’ordre de classe-

ment des pays change (la France n’occupe plus que la troisième position). En effet, la figure

1.10 montre que l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis occupent les deux premières places. Cela

pourrait s’expliquer par la nature et le type des migrants. En d’autres termes, les migrants

dans ces deux pays peuvent être qualifiés et temporaires. De plus, les migrants qualifiés sont

la plupart du temps mieux rémunérés et peuvent donc envoyer davantage de fonds.

A l’exception de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis, la somme des transferts de fonds par

migrant est quasiment similaire pour la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne.

Figure 1.10 : Transferts de fonds moyens par migrant (2008)

Source : Office des Changes du Maroc, Fondation Hassan II (2012) et calculs de l’auteur

37 La moyenne est calculée sur la base du montant total des transferts divisé par le nombre des migrants, sous

l’hypothèse que tous les migrants contribuent aux transferts de fonds.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

31

Il est évident, que les transferts de fonds dépendent des revenus perçus par le migrant, la du-

rée de son séjour, sa situation et le pays d’accueil, etc. Plusieurs autres facteurs peuvent in-

fluencer les montants des transferts de fonds comme le genre, le niveau d’éducation, l’âge,

etc. Effectivement, les femmes pourraient envoyer des sommes moindres, en termes absolus

par rapport aux hommes. Ceci est dû au fait que les femmes ont un salaire généralement plus

faible que les hommes. Concernant le niveau d’éducation, les études montrent que les mi-

grants hautement qualifiés transfèrent moins d’argent (Funkhouser, 1995). Comme en Tuni-

sie, Jelili et Jallal (2002) trouvent que le niveau d’éducation est corrélé négativement avec le

montant des transferts de fonds des migrants tunisiens.

Nous venons de voir que le montant des transferts par migrant est différent selon le pays de

résidence, nous allons voir ci-après comment la durée de séjour peut impacter les transferts de

fonds vers le Maroc.

3.5. Croissance des transferts de fonds et convergence

La dimension temporelle du comportement des transferts de fonds est marginalisée par la lit-

térature (Bettin et Luccetti, 2012). Dans ce chapitre, nous étudions le comportement des trans-

ferts de fonds dans les nouveaux et les anciens pays d’immigration. Orozco et al. (2005) sou-

lignent une relation négative entre la durée de migration et les transferts de fonds. Ainsi, une

année de plus de migration réduit de 2% les transferts de fonds. La figure 1.11 ci-après,

montre une relation négative entre le taux de croissance moyen des transferts de fonds et les

montants initiaux transférés dans le cas du Maroc. En effet, la droite de régression montre

qu’il y a une relation négative entre les transferts de fonds initiaux (1982) et le taux de crois-

sance moyen annuel sur la période (1982-2010) pour les principaux pays d’accueil des mi-

grants marocains. La figure 1.11 met en lumière le fait que de rester plus longtemps dans le

pays d’accueil peut affecter négativement les montants des transferts. Cette relation

s’explique également par le fait que les nouveaux migrants ont tendance à envoyer davantage

de fonds, probablement dans le but de rembourser les frais liés aux coûts de la migration.

Brown (1998) soulignait déjà que les transferts de fonds étaient affectés par la durée de la

migration mais aussi par la composition et la taille de la migration. Les variations de ces trois

composantes peuvent modifier la tendance des transferts de fonds. Parmi les facteurs qui peu-

vent également baisser le taux de croissance des transferts de fonds, nous trouvons la réces-

sion économique dans les pays d’accueil, le regroupement familial et l’érosion de l’altruisme

avec la durée de la migration. En effet, la durée de séjour pourrait affecter négativement

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

32

l’attachement des migrants à leur pays d’origine. Les restrictions des flux migratoires dans les

vieilles destinations peuvent aussi expliquer la baisse des transferts de fonds. Par exemple,

depuis le choc pétrolier de 1973 la migration vers la France a baissé (De Haas et Plug, 2006).

Le graphe 1.11 ci-après montre clairement que le taux de croissance des transferts de fonds en

France est plus faible par rapport aux autres pays d’accueil. Or, la France est considérée

comme étant l’une des destinations les plus anciennes des migrants marocains (Chattou,

1998).

Figure 1.11 : Pays d’accueil38 et transferts de fonds

Source : Office des changes marocain (2012) et calculs de l’auteur

La figure 1.11 montre aussi que le taux de croissance des transferts de fonds depuis la France

et des Pays-Bas est faible par rapport à celui de l’Espagne et de l’Italie, ces deux derniers

38 France (FRA), Pays-Bas (NLD ), Belgique (BEL ), Allemagne (DEU), Danemark (DNK ), Suède (SWE),

Arabies Saoudite (SAU), Suisse (CHE), Grande Bretagne (GBR), Emirats Arabes Unis (ARE), Italie(ITA ),

Etats-Unis (USA), Espagne (ESP).

Nouvelles destinations

Anciennes destinations

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

33

étant des nouvelles destinations pour les migrants marocains (Khachani et Mghari, 2006). Ces

premiers enseignements nous ont incité à réfléchir davantage sur le lien entre les transferts de

fonds et la nature des pays d’accueil (vieille destination versus nouvelle destination). Pour ce

faire, nous proposons un indice (I) qui nous permet de capter le lien entre les transferts de

fonds et l’écart de richesse entre les pays d’accueil et le pays d’origine (Maroc).

L’indice (I) est calculé comme suit :

.

Cet indice dépend du montant des transferts de fonds, du revenu dans le pays d’accueil et

d’origine ainsi que du nombre d’habitant dans les deux pays. Si nous supposons que l’écart de

richesse est stable, cet indice tend vers 0 quand les transferts augmentent. Si R représente les

transferts de fonds, la variation de la différence de richesse entre le pays d’accueil et

d’origine, nous obtenons les propriétés suivantes :

+∞==→=∇+∞→=∇

IetIRWRW 0,0,0

lim,0lim . Les résultats de l’évolution de cet indice pour les prin-

cipaux pays d’accueil sont retracés dans la figure 1.12.

Figure 1.12 : Ecart de richesse et transferts de fonds

Source : Office des changes du Maroc (2012), Banque Mondiale (2012) et calculs de l’auteur

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

34

Pour la France, la Belgique, et les Pays-Bas, l’indice est stabilisé autour de 10-5 depuis les

années 1980. Ceci peut s’expliquer par le fait que les transferts de fonds sont stables par rap-

port aux autres pays d’accueil et très supérieurs à W. Ces pays représentent les anciens pays

d’accueil pour le Maroc. Pour les Etats-Unis, l’Espagne et l’Italie qui sont de nouvelles desti-

nations, la valeur de I est d’abord plus importante car R est moins élevé mais les courbes con-

vergent vers celle de la France en raison de l’augmentation du R au fur et à mesure que les

migrants s’installent. Dans les anciens pays d’immigration, la stabilité relative de I peut

s’expliquer par le fait qu’il existe une compensation entre les nouveaux envois de fonds des

migrants nouvellement installés et l’érosion des transferts des migrants anciennement instal-

lés. Cela met en évidence le lien entre l’attachement et la durée de la migration. En d’autres

termes, plus la durée de migration est longue plus le migrant se détache de son pays d’origine.

3.6. Volatilité des transferts de fonds

Les transferts de fonds sont considérés comme des flux financiers les moins volatiles, notam-

ment par rapport aux IDE (Ratha, 2003 ; Grabel, 2008 ; Mughal et Makhlouf, 2011). Cepen-

dant, la hausse ou la baisse soudaine des transferts de fonds peut avoir un effet déstabilisateur

sur les économies récipiendaires. La connaissance avancée sur la volatilité des transferts de

fonds permet d’anticiper des comportements non souhaités.

3.6.1. Dispersion relative

La volatilité est l’amplification des fluctuations d’une variable autour d’une tendance (Malik

Bensafta et Gervasio, 2011). Dans notre cas, elle mesure l’importance des fluctuations des

transferts de fonds sur la période de 1982 à 2010 pour la plupart des pays d’accueil des mi-

grants marocains. Ecart type divisé par la moyenne (figure 1.13) montre trois types de pays

d’accueil39 : les pays à forte volatilité (l’Espagne, les Etats-Unis, l’Italie, les Emirats Arabes

Unis et la Grande Bretagne), les pays avec une volatilité intermédiaire (le Danemark, la

Suède, la Suisse, et l’Arabie Saoudite) et les pays à faible volatilité (la France, les Pays-Bas,

la Belgique et l’Allemagne). Nous remarquons que les pays à faible volatilité sont de vieux

pays d’accueil pour les migrants marocains. La stabilité des transferts de fonds dépend égale-

39 France (FRA), Pays-Bas (NLD ), Belgique (BEL ), Allemagne (DEU), Danemark (DNK ), Suède (SWE),

Arabies Saoudite (SAU), Suisse (CHE), Grande Bretagne (GBR), Emirats Arabes Unis (ARE), Italie(ITA ),

Etats-Unis (USA), Espagne (ESP), Total des transferts de fonds (TOT ).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

35

ment de la spécificité des pays d’accueil et des conditions économiques des pays d’origine.

En effet, les pays à revenu élevé font partie de la zone euro et connaissent une certaine stabili-

té économique et une certaine ressemblance.

Figure 1.13 : Dispersion relative (1982-2010)

Source : Office des Changes du Maroc et calculs de l’auteur

Toujours d’après la figure 1.13, les pays d’accueil qui présentent une forte volatilité sont des

nouveaux pays d’immigration. Les migrants marocains étant nouvellement installés, leurs

transferts de fonds sont plus volatiles, car ils sont plus sensibles aux changements écono-

miques dans les pays d’accueil et le Maroc. Ces nouveaux migrants peuvent aussi être éco-

nomiquement plus vulnérables par rapport à ceux déjà installés depuis une longue période.

Les pays ayant une volatilité intermédiaire sont : le Danemark, la Suède, l’Arabie Saoudite et

la Suisse.

3.6.2. Ecart type mobile

La figure 1.13 nous donne la volatilité sur toute la période. Cependant, si la variabilité n’est

pas constante dans le temps, la mesure utilisée dans la figure 1.13 peut nous donner une mau-

vaise information sur la volatilité. Pour remédier à cette situation, nous allons calculer l’écart

type glissant.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

36

L’écart type, calculé tous les 6 ans pour la période de 1982 à 2010, dont l’évolution est pré-

sentée sur la figure 1.14 pour les principaux pays d’accueil, permet de mesurer la volatilité

d’une série chronologique. Le but de cet indice, dans notre cas, est de tester la robustesse de la

dispersion relative présentée dans la figure 1.13.

Nous voulons comparer l’écart type entre la France (pays à faible volatilité dans notre échan-

tillon) avec les pays ayant une grande volatilité, comme l’Espagne et les Etats-Unis. Nous

observons que l’indice est stable pour la France par rapport aux autres pays (l’Espagne,

l’Italie, les Emirats Arabes Unis et les Etats Unis). Cependant, l’indice des ces derniers pays

converge vers celui de la France.

Figure 1.14 : Ecart type mobile (1982-2010)

Source : Office des Changes du Maroc (2012) et calculs de l’auteur

A ce stade, nous remarquons que le comportement des transferts de fonds est relativement

stable en France par rapport à d’autres pays d’accueil. Cela peut s’expliquer par le fait que les

migrants résidants en France lissent leurs envois d’argent vers le Maroc, en raison de la pré-

sence d’une politique de protection sociale.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

37

3.6.3. Variabilité des transferts de fonds par pays d’accueil

Si la volatilité peut constituer un problème pour les pays bénéficiaires, nous pouvons la con-

sidérer comme un risque potentiel40. Cependant, ce risque diffère selon le pays de résidence.

Le tableau 1.3 donne les différentes valeurs du risque et du rendement des transferts de fonds

pour les principaux pays d’accueil. Le risque est mesuré par l’écart type des rendements de

transferts. Ces derniers sont mesurés par la moyenne des taux de croissance sur la période

1982-2008 sous l’hypothèse de l’exogénéité des transferts de fonds.

Tableau 1.3 : Relation entre les transferts de fonds et les pays d’accueil (1982-2008)

Pays d’accueil Risque spécifique Rendement Elasticité avec les PIB d’accueil

Italie 39% 37% 86%

Espagne 17% 33% 90%

Etats-Unis 17% 26% 92%

Royaume-Uni 11% 19% 86%

Suisse 3% 17% 91%

E.A.U. 5% 17% 75.93%

Danemark 8% 16% 86%

Suède 8% 16% 93%

Arabie Saoudite 5% 12% 76%

Pays-Bas 12% 11% 64%

Allemagne 7% 10% 74%

U.E.B.L 4% 9% 90%

France 3% 8% 87%

Global 17% 10%

Source : Office des Changes du Maroc (2012) et calculs de l’auteur

Trois informations principales peuvent être déduites du tableau 1.3 : les pays qui ont un ren-

dement élevé ont un risque élevé ; la France et la Suisse peuvent être considérées comme

« source stable » avec un minimum de risque ; l’Espagne, l’Italie et les Etats-Unis ont un

risque plus élevé ; la plupart des pays d’accueil ont un risque inférieur au risque global.

La source de la variabilité des fonds n’est pas seulement une conséquence des chocs écono-

miques. Elle peut aussi venir de la nature de la migration, qualifiée ou non, temporaire ou

40 Notamment pour les pays à forte dépendance.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

38

permanente, masculine ou féminine, etc. L’économie marocaine prend part, aussi, à la variabi-

lité des transferts de fonds par le biais des chocs qu’elle subit. Il s’agit des chocs économiques

ou des catastrophes naturelles.

Les chocs économiques dans le pays d’accueil ou d’origine ne suffisent pas pour expliquer

d’une manière structurelle le comportement des migrants. Ces chocs peuvent créer des com-

portements opportunistes ou d’arbitrage temporel et spatial. Si l’on prend des investissements

des migrants, ces derniers ont le choix de les réaliser soit dans les pays d’origine ou dans le

pays d’accueil. Ils peuvent aussi faire un arbitrage dans le choix du moment opportun pour

investir (immédiat ou dans le futur).

� La contribution à la croissance41

La croissance des transferts de fonds peut être décomposée en la somme de la croissance de

chaque pays d’accueil. Le tableau 1.4 donne la contribution à cette croissance des principaux

pays d’accueil pour la période 2000 à 2010.

Tableau 1.4 : Contribution à la croissance en (%)

FRA BEL NLD DEU ITA DNK SWE SAU GBR USA ESP CHE ARE

2000 4,55 19,6 13,6 0,51 24,0 1,34 0,00 3,54 11,8 5,54 8,69 2,90 1,05

2001 33,0 0,84 13,5 6,79 20,6 0,40 0,12 0,40 4,62 9,81 6,99 0,88 0,51

2002 9,95 -2,01 26,73 11,16 42,06 0,67 0,10 -0,49 5,89 7,46 -1,20 -1,76 0,16

2003 32,1 -0,38 -2,68 -5,90 23,7 -1,11 0,42 -3,26 12,4 5,64 42,85 0,25 -3,32

2004 26,2 -5,06 -20,6 2,00 20,3 -1,06 0,24 1,10 -3,46 14,5 48,36 3,15 11,2

2005 25,04 8,71 5,84 7,32 2,34 -0,14 0,03 6,20 5,76 -3,93 21,96 -4,6 18,6

2006 51,79 -0,75 4,67 3,88 11,37 0,26 0,18 0,88 -1,41 5,49 19,85 0,87 -0,40

2007 37,9 1,95 4,90 1,55 13,4 0,13 0,07 2,37 6,55 0,72 25,20 -0,3 1,91

2008 119 -5,06 8,90 4,59 13,1 -7,32 0,39 -3,39 6,76 -28,9 38,39 -14 -29,9

2009 29,01 -25,7 2,24 -14,8 18,9 5,14 0,46 -6,43 8,18 28,19 63,72 8,09 -5,77

2010 48,96 -5,99 4,48 -5,64 -15 -0,3 0,87 12,8 19,54 11,28 -12,95 3,22 12,07

Source : Office des Changes du Maroc (2012) et calculs de l’auteur

41 France (FRA), Pays-Bas (NLD ), Belgique (BEL ), Allemagne (DEU), Danemark (DNK ), Suède (SWE),

Arabies Saoudite (SAU), Suisse (CHE), Grande Bretagne (GBR), Emirats Arabes Unis (ARE), Italie(ITA ),

Etats-Unis (USA), Espagne (ESP).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

39

Le tableau 1.4 montre que la France a toujours une contribution positive pour la croissance

sur la période. D’autres pays représentent plus au moins des contributions négatives et posi-

tives selon l’année. Par exemple, en 2010, la France, la Suède, l’Arabe Saoudite, la Grande

Bretagne, les Etats-Unis, la Suisse et les Emirats Arabes Unis ont une contribution positive.

Par contre, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark et l’Espagne ont une contribution

négative. Nous pouvons déduire à partir de ce tableau que la France est une source sure et

fiable des transferts de fonds vers le Maroc.

3.6. Le poids des transferts de fonds dans l’économie marocaine

Dans cette section, nous allons essayer de montrer l’importance des transferts de fonds dans

l’économie marocaine. Pour cela, nous allons commencer par les comparer avec d’autres flux

financiers à destination du Maroc, puis discuter de leurs rôles dans le financement de

l’économie.

3.6.1. Comparaison des flux financiers vers le Maroc

Les transferts de fonds sont considérés comme le plus important flux financier vers les pays

en développement après les investissements directs étrangers (Ratha, 2003). La part des trans-

ferts de fonds dans la richesse du Maroc est plus importante que celle des flux des IDE et des

aides au développement (figure 1.15). Cette part varie aux alentours de 6 à 9% du PIB42. De

plus ces transferts peuvent augmenter dans les périodes de crise et de catastrophes naturelles

(Ratha, 2003). Cette situation n’est pas propre au Maroc, il est reconnu, aujourd’hui, que les

transferts de fonds jouent un rôle financier très important dans les pays en développement

(Bouoiyour et Makhlouf, 2011).

42D’après le classement des transferts de fonds de la Banque Mondiale (2009)

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

40

Figure 1.15 : Comparaison des flux financiers à destination du Maroc

Source : Banque Mondiale (WDI-2011)

Les transferts de fonds peuvent être classés en trois catégories :

i) les transferts de fonds destinés à aider les familles restées dans le pays d’origine ;

ii) les transferts de fonds individuels dédiés au financement des projets d’investissements ;

iii) les transferts de fonds effectués d’une manière collective afin de réaliser des projets

collectifs.

Il est à noter que l’aide au développement connait une stagnation remarquable depuis des dé-

cennies (figure 1.15). Les causes sont manifestement bien connues et il n’est pas opportun d’y

revenir. Avec la crise que connaissent des pays développés, cette tendance n’est pas prête de

s’inverser, d’où l’importance des transferts de fonds. La Banque Mondiale43 est consciente de

ce phénomène et met « les bouchées doubles » pour mieux exploiter ce levier.

43 Le volet sous la rubrique « Migration and Remittances ».

http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTDECPROSPECTS/0,,contentMDK:21121930~

pagePK:64165401~piPK:64165026~theSitePK:476883,00.html

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

41

Nous avons souligné précédemment l’importance et le poids des transferts de fonds dans la

richesse marocaine et l’implication du gouvernement de ce pays dans la gestion des affaires

migratoires. Mais, nous n’avons pas discuté du rôle qu’ils peuvent avoir dans les économies

récipiendaires notamment dans le cas du Maroc. Pour évaluer ce rôle, nous allons scinder

notre analyse en deux catégories. La première consiste à étudier le rôle social, et la deuxième

se focalisera sur le rôle économique de transferts de fonds.

3.6.2. Le rôle social des transferts de fonds

Les transferts de fonds peuvent avoir des effets positifs sur le bien être global. Cela passe par

l’amélioration des conditions de vie des familles bénéficiaires de ces transferts. Ils peuvent se

substituer aux mécanismes d’assurance traditionnels dans les pays qui n’ont pas de systèmes

d’assurance suffisamment performants. Ils peuvent également jouer un rôle non négligeable

dans la santé et l’éducation des enfants. Par exemple, Lopez-Cordova (2004) a associé la

baisse de la mortalité infantile à une augmentation des transferts de fonds au Mexique. Les

transferts de fonds contribuent aussi d’une manière positive à l’inscription des enfants à

l’école et à la baisse du travail des enfants (Dessy et Rambeloma, 2009). De plus, Medina et

Cardona (2010) trouvent que les ménages colombiens bénéficiaires des transferts de fonds

dépensent 10% de plus dans l’éducation par rapport aux non bénéficiaires. Dans le cas du

Maroc, plus précisément dans la région Souss-Massa, Bouoiyour et Miftah (2013) trouvent

que les transferts de fonds baissent le travail des enfants et réduisent la probabilité de décro-

chage scolaire. C'est ainsi que beaucoup de pays en développement utilisent les transferts de

fonds pour financer leur développement local (Grable, 2008). Bien sûr, ils peuvent améliorer

les conditions de vie des ménages récipiendaires d’une manière directe, mais ils peuvent aussi

créer beaucoup d’activités et d’emplois via la création des entreprises. De cette façon ils ré-

duisent le chômage et les pressions sociales. Dans cet ordre d'idées, les transferts de fonds

contribuent à la baisse de la pauvreté par l’amélioration des revenus des ménages récipien-

daires. In hoc sensu, Il est démontré que les transferts de fonds réduisent la pauvreté (Adams

et al., 2008; Adams et Page, 2005; Quartey et Blankson, 2004). Ceci est d’autant plus vrai que

les transferts de fonds sont de plus en plus importants pendant les périodes de crise (Grabel,

2008). Toutefois, l’impact des transferts de fonds sur les inégalités reste ambigu (Ratha, 2003;

López-Córdova et Olmedo, 2006). Certaines études soulignent que les transferts de fonds ag-

gravent les inégalités. Par exemple, Rodriguez (1998) observe que les transferts de fonds ap-

profondissent les inégalités aux Philippines. Adams (1991) remarque, dans le cas de l’Egypte,

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

42

le même phénomène, de même pour Mughal et Diwara (2010) dans le cas du Pakistan. En

revanche, Taylor (1999) est convaincu que les transferts de fonds ont un effet stabilisateur sur

la distribution des revenus au Mexique. Ils peuvent améliorer la stabilité de l’économie.

Si la stabilité de l’économie est l’un des objectifs du gouvernement du Maroc, son économie

reste vulnérable aux aléas climatiques (Drine, 2011). Les transferts de fonds peuvent contri-

buer dans certains cas, notamment dans les périodes de crise, à la stabilité des économies

d’origine (Ratha, 2007). De plus, Les transferts de fonds atténuent les effets des catastrophes

naturelles, dans les pays où le poids des transferts de fonds excède 17 % du PIB (Ebeke et

Combes, 2013).

Pour illustrer cette idée dans le cas marocain, nous avons calculé l’évolution du taux de crois-

sance des transferts de fonds (figure 1.16). Nous montrons en analysant ce graphique que les

pics de croissance des transferts de fonds correspondent à des catastrophes naturelles et/ou à

une baisse de l’activité économique. Selon EM-DAT (2011), nous avons pu distinguer les

catastrophes naturelles en fonction du nombre de personnes sinistrées. C'est ainsi que la crois-

sance des transferts de fonds en 1999 avoisine les 45%, ce qui correspond à la sécheresse qui

a touché le pays pendant cette année. Toutefois, l’augmentation des transferts de fonds dans

les périodes de catastrophes naturelles n’est pas spécifique au Maroc. Ce phénomène se géné-

ralise aux pays en développement d’émigration.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

43

Figure 1.16 : Le taux de croissance des transferts de fonds

Source : Banque Mondiale (WDI-2011) et "EM-DAT(2011) : The OFDA/CRED International Disaster Database

Les transferts de fonds peuvent jouer un rôle important dans l’absorption des crises sociales.

À ce propos, les transferts de fonds sont destinés aux ménages qui en ont besoin mais sans

être forcement les ménages les plus nécessiteux. Ils contribuent à aider les familles bénéfi-

ciaires à subvenir à leurs besoins en matière de consommation courante, éducation, santé, etc.

Selon les Cahiers de Plan (2010), dans le cas du Maroc, durant les premières années de

l’émigration, le migrant essaye d’améliorer les conditions de vie des membres de sa famille.

Au niveau du village, les transferts de fonds contribuent à des projets de développement

comme l’aménagement de certaines pistes, l’adduction d’eau potable. D'ailleurs, les transferts

de fonds peuvent jouer un rôle de « protection sociale » dans les pays d’origine. Ce rôle est

pertinent notamment dans les périodes de crises économiques (en particulier dans des pé-

riodes où le taux de chômage est trop élevé) ou de maladie des proches. La figure 1.17 montre

une relation négative entre les transferts de fonds et le taux de chômage. À ce sujet, des études

suggèrent que les transferts de fonds ont deux types d’effets opposés : des effets bénéfiques et

d’autres préjudiciables (Funkhouser, 1992). En d’autres termes, Funkhsouer (1992) observe

que les transferts de fonds ont un impact négatif sur l’offre de travail et un impact positif sur

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

44

la création d’entreprises (self-employment). De plus, les transferts de fonds augmentent la

création des ‘start-up’ quand le secteur public est petit et le pays est relativement ouvert (Vaa-

ler, 2011). D’un coté, ces fonds ont tendance à faire baisser le taux global d'activité, en rédui-

sant la nécessité pour certains membres de la famille de participer au marché du travail et

d’un autre coté ils peuvent favoriser la création d’emplois notamment par la création des en-

treprises.

Figure 1.17 : Transferts de fonds et taux chômage (1987-2009)44

Source : Banque Mondiale (WDI-2011) et calcul de l’auteur

La question concernant l’offre de travail45 s’avère cruciale dans la mesure où une source sup-

plémentaire de revenu qui s’accumule à d’autres revenus non salariaux peut avoir un impact

négatif sur la probabilité qu’un individu participe au marché du travail. Dans les modèles

classiques sur le marché du travail, les revenus non salariaux peuvent avoir un impact négatif

sur l’offre de travail. Des précautions doivent donc être prises sur la relation entre les trans-

ferts de fonds et le marché du travail, d’autant plus que le taux de chômage est relativement

élevé au Maroc46. Il serait raisonnable de penser que les transferts de fonds peuvent alléger les

pressions sociales et ainsi aider les familles récipiendaires à trouver du travail. Toutefois,

44 Sauf l’année 1994, l’observation concernant le taux de chômage n’est pas disponible. 45 La plus part des études sont réalisées au niveau micro-économique. 46 Le taux de chômage en 2009 est de 10% selon les données de la Banque Mondiale.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

45

Barham et Boucher (1995) remarquent qu’il existe une relation négative entre les transferts de

fonds et la participation au marché du travail. Rodrigez et Tiongson (2001) soulignent que les

transferts de fonds ont un impact négatif sur le marché du travail. Dans le cas de la Jamaïque,

Kim (2007) montre que les transferts de fonds augmentent le salaire de réservation. Récem-

ment, dans le cas du Pakistan, Makhlouf et Mughal (2013a) remarquent que les transferts de

fonds ont un effet négatif sur l’offre de travail.

Acosta (2006), quant à lui, déduit, de son enquête, que les transferts de fonds améliorent le

budget des familles bénéficiaires et réduisent leurs problèmes de liquidités au Salvador. Donc,

ils permettent plus d’investissements et de consommations. Il montre également que les trans-

ferts ont un impact négatif sur le travail des enfants. Funkhouser (1992) observe que les trans-

ferts de fonds favorisent la création d’entreprises dans le cas du Nicaragua. De même, dans le

cas du Maroc, les transferts de fonds permettent de pérenniser certaines activités en milieu

rural, en donnant des moyens financiers aux petits exploitants pour combler leurs déficits,

notamment dans les périodes de sécheresse (Cahier du Plan, 2010, p. 57).

3.6.3. Le rôle économique des transferts de fonds

Actuellement, le débat sur l’impact des transferts de fonds sur les économies des pays

d’origine est en pleine effervescence. Ceci est dû à plusieurs raisons : d'abord, ils peuvent

jouer un rôle crucial dans la stabilité macro-économique des pays exportateurs de main

d’œuvre ; ils peuvent aussi soutenir la consommation (Banque Mondiale, 2006). De plus, ils

réduisent la volatilité de la consommation. A cet égard, Combes et Ebeke (2011), en utilisant

des données de panel pour un groupe de pays en développement ont trouvé une relation néga-

tive entre les transferts de fonds et l’écart types de la consommation. Ils déduisent que les

transferts de fonds réduisent la volatilité de consommation. Ils influencent aussi les politiques

fiscales (Ebeke, 2011). Ils impactent également les dépenses de l’Etat (Kapur et Singer,

2006 ; Shahbaz et al., 2008). In hoc sensu, certains pays taxent les transferts de fonds47, ce

qui permet d’avoir des ressources supplémentaires. Donc, les transferts de fonds peuvent im-

pacter les dépenses des ménages, de l’Etat et des entreprises.

Dans le cas du Maroc, nous avons distingué (Makhlouf, 2011) deux types de transferts de

fonds vers le Maroc : ceux visant à aider les familles en allégeant leurs contraintes budgétaires

47 La Colombie 0,004% de montant de transfert, l’Equateur 12%, la Géorgie 20%, le Pérou 0,1% et la Pologne

utilise le même taux appliqué à l’impôt sur le revenu (De Luna Martínez, 2005).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

46

(transferts de fonds pour la consommation finale) ; ceux correspondant à un investissement.

Ces deux types réagissent différemment suite à un choc économique au Maroc.

Figure 1.18 : Répartition des transferts de fonds au Maroc

Source: Berriane et Aderghal (2010, p. 17.

La figure 1.18 montre que la part des transferts de fonds destinée à la consommation est plus

importante. Ceci confirme que les migrants aident leurs familles à subvenir à leurs besoins de

consommation. L’investissement occupe une part très faible, environ 8%. La part des trans-

ferts de fonds destinée à l’investissement peut changer en fonction de la conjoncture écono-

mique. En effet, nous avons déduit (Makhlouf, 2011) que dans des périodes de forte apprécia-

tion du taux de chômage, les transferts de fonds à vocation d’investissements pourraient bais-

ser. A l’opposé, les transferts de fonds destinés à la consommation finale pourraient augmen-

ter. En ce qui concerne l’utilisation des transferts de fonds, le tableau 1.5 ci-dessous montre la

répartition des transferts de fonds.

Tableau 1.5 : Utilisation des transferts de fonds au Maroc

Budget

familial

Santé

Education

Immobilier

familial

Immobilier

individuel

Projet

social

Investissement

productif

69% 30% 26% 6% 10% 1% 13%

Source : Banque Africaine de Développement 2009

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

47

L’étude réalisée par Miotti et al. (2010) sur un échantillon de 215 migrants marocains

enquêtés en 2008 dans les bureaux de poste en France, montre que plus de 70% des fonds

transférés sont alloués aux dépenses courantes et 6% à l’investissement. Si les migrants arri-

vent simultanément à satisfaire les besoins de première nécessité des membres de leurs fa-

milles et à accumuler de l’épargne, ils peuvent, alors, s’engager dans des projets

d’investissement. D’ailleurs, les migrants marocains investissent plus dans leurs pays

d’origine que dans leur pays d’accueil. L’essentiel des investissements (89 %) est réalisé dans

le secteur immobilier (figure 1.19).

Figure 1.19 : Répartition des investissements des migrants marocains au Maroc

Source : Cahiers du Plan (2010) n° 32, p.5.

Du point de vue du profil des investisseurs, le sexe masculin est surreprésenté et une majorité

d’entre eux ont un âge compris entre 35 et 49 ans48. Au niveau macro-économique, le taux de

corrélation entre les transferts de fonds et l’investissement est de 0,9649. Au niveau macro-

économique50, les transferts de fonds n’interviennent pas uniquement sur l’investissement et

la croissance. Dans le cas du Pakistan, Khan et al. (2007) soulignent que les transferts de

fonds contribuent significativement à la consommation. Aux Philippines, Quisumbing et al.

48 Plus de détails sur l’enquête voir Fondation Hassan II (2005). 49 Le taux de corrélation entre les transferts de fonds et la consommation finale des ménages est de 0,964 sur la

période 1975-2010. Calcul effectué d’après les données de la Banque Mondiale. 50 Cette thèse se positionne dans une démarche macro-économique des transferts de fonds.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

48

(2008) observent que les transferts de fonds stimulent la consommation de biens durables. Les

transferts de fonds peuvent aider les ménages bénéficiaires à lisser leur consommation. En

effet, Chami et al. (2003) mentionnent que les transferts de fonds sont utilisés majoritairement

dans la consommation des ménages.

En cas de baisse du revenu des ménages récipiendaires, notamment dans des périodes de crise

ou de catastrophes naturelles, les transferts de fonds peuvent compenser entièrement ou en

partie de cette baisse pour maintenir la consommation à son niveau habituel. De plus, la rela-

tion entre les transferts de fonds et la volatilité de la consommation est négative (Combes et

Ebeke, 2011). Dans le cas du Maroc, la figure 1.20 montre que le taux de croissance des

transferts de fonds est corrélé avec celui de la consommation finale des ménages51. De la

même manière, ils contribuent à alléger les contraintes financières résultant des imperfections

des marchés du crédit.

Figure 1.20 : Taux de croissance de consommation et transferts de fonds USD courant

(1976-2009)

Source : Banque Mondiale WDI-2011

51 Le taux de corrélation entre les transferts de fonds et la consommation finale des ménages est de 0,968 sur la

période 1975-2010. Calcul effectué d’après les données de la Banque Mondiale (2010).

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

49

Les familles dans les régions rurales tirent principalement leurs revenus de l’activité agricole.

Par exemple, dans le cas de la Pologne, Barbone et al. (2012) concluent que les transferts de

fonds augmentent le revenu réel disponible des ménages de 0,2% et la consommation de

0,1%. Les transferts de fonds, dans ce cas, auront un impact considérable sur la consomma-

tion dans les périodes de sécheresses ou d’inondations. De même, ils impactent d’autres gran-

deurs macro-économiques telles que la balance des paiements et / ou la croissance écono-

mique.

3.6.4. Relation entre les transferts de fonds et la balance courante (1975-2009)

Les transferts de fonds peuvent avoir un impact positif sur l’équilibre de la balance des tran-

sactions courantes. Ils peuvent, également, avoir un effet positif sur la situation des avoirs

extérieurs des pays d’origine. Cependant, ils peuvent avoir des effets inflationnistes et con-

duire à une appréciation du taux de change réel. C’est pour cela que Grabel (2008) conclut

que les effets macro-économiques des transferts de fonds des migrants sont complexes.

Dans le but d’analyser la relation entre les transferts de fonds et la balance courante, nous

utiliserons la relation non paramétrique52. Cette relation est donnée par la figure 1.21. Elle est

non-monotone. Plus précisément, les transferts de fonds contribuent à absorber une partie des

déficits chroniques de la balance courante. Il y a lieu de signaler que les transferts de fonds

sont sans contrepartie. Donc, ils constituent une source de devises non négligeable et intéres-

sante. C’est pourquoi, ils peuvent contribuer à la stabilité de l’économie marocaine dans des

périodes de chocs.

52 Dans ce cadre, nous n’avons pas besoin de supposer une relation a priori entre la balance courante et les trans-

ferts de fonds.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

50

Figure 1.21 : Relation non paramétrique entre les transferts de fonds et balance cou-

rante53

Source : Banque Mondiale (WDI-2011), et calculs de l’auteur

Les transferts de fonds permettent la stabilisation de la balance courante et réduisent la volati-

lité de la production nationale et facilitent l’accès aux marchés internationaux de capitaux

(Avendano et al., 2009 ; Chami et al., 2009 ; Ratha, 2010). Cependant, ils peuvent engendrer

un “effet de boomerang”, en creusant le déficit de la balance courante, par l’augmentation des

importations. Un autre risque lié aux transferts de fonds est celui du syndrome hollandais54.

Dans le cas du Maroc, cet effet peut être atténué par les interventions des autorités monétaires

sur le marché des changes, et par d’autres facteurs liés aux spécificités de l’économie maro-

caine (voir chapitre 4). A ce sujet, plusieurs études ont été réalisées dans le but de vérifier ce

phénomène. Par exemple, Barajas et al. (2010b), dans une étude effectuée sur des données de

panel, ont montré que le risque est plus important dans les cas des pays à revenu intermé-

diaire. Concernant des études sur un seul pays, Bourdet et Falck (2006) confirment la pré-

sence du syndrome hollandais au Cap-Vert. Ce phénomène, comme nous l’avons montré dans

53 L’estimation est réalisée à l’aide du package « np » sur le R : http://cran.r-project.org/web/packages/np/np.pdf. 54 Nous allons étudier cette question dans le cas marocain dans le chapitre 4.

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

51

des travaux antérieurs, touche aussi le Pakistan (Makhlouf et Mughal, 2013a) et la Tunisie

(Makhlouf et Chnaina, 2011).

Les transferts de fonds affectent la balance des paiements. Ils ont, d’ailleurs, un impact plus

important par rapport à d’autres flux financiers tels que les aides et les IDE, car ils sont plus

stables (Mughal et Makhlouf, 2011). Par conséquent, la corrélation entre les transferts de

fonds et les importations est plus forte qu’entre les transferts de fonds et les exportations (fi-

gure 1.22).

Figure 1.22 : Relation entre les transferts et les importations et les exportations

Source : CHELEM-CEPII, Banque Mondiale (2012) et calculs de l’auteur

3.6.5. Relation avec le taux de croissance économique

Comme nous venons de le constater, les transferts de fonds stimulent la consommation et

l’investissement dans les pays d’origine. Ils peuvent également augmenter les recettes pu-

bliques par le biais des taxes à la consommation. Taylor et al. (1996) suppose que les trans-

ferts de fonds affectent de manière positive la demande de biens et services, ce qui implique

une augmentation de la croissance. Dans cet ordre d’idées, ils contribuent à l’investissement

productif. Ils peuvent aussi constituer un facteur stabilisateur de l’équilibre financier dans les

périodes de crise (Yang, 2003). Ils promeuvent, également, le capital physique et humain

(Adenutsi, 2010 ; Gupta et al., 2009 ; Hildebrandt et McKenzie, 2005 ; Phillips, 2009). Ils

peuvent aussi favoriser la croissance économique par le biais du développement financier. En

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

52

effet, Aggarwal et al. (2006) trouvent que les transferts de fonds favorisent le développement

financier.

La relation entre les transferts de fonds et la croissance dans les pays en développement est

ambiguë (Ratha, 2007). Dans cet ordre d’idées, Massey et Parrado (1998) et Griffin (1976)

considèrent que les transferts de fonds contribuent à l’investissement productif. In hoc sensu,

Bouoiyour (2008) observe que les transferts de fonds augmentent le stock des investissements

des ménages marocains. Toujours dans le cas marocain, nous observons (Makhlouf et al.,

2012) que les transferts de fonds ont un impact positif sur la croissance économique. La figure

1.23 montre une relation positive entre les transferts de fonds et le PIB par habitant au Maroc.

De plus, les transferts de fonds réduisent la volatilité de la croissance économique. Par

exemple, en utilisant les données de panel pour 60 pays en développement de 1980 à 2003,

Bugamelli et Paternò (2011) montrent que les transferts de fonds sont corrélés négativement

avec la volatilité de la croissance économique.

Figure 1.23 : PIB par habitant et transferts de fonds (1975-2010)

Source : Banque Mondiale WDI-2011 et calculs de l’auteur

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

53

Dans le cas du Maroc, La figure 1.23 montre que la relation entre les transferts de fonds et le

PIB par tête est positive. De plus, Makhlouf et Naamane (2013) trouvent que les transferts de

fonds impactent positivement la croissance économique.

L’utilisation d’une partie des transferts de fonds dans des investissements peut favoriser la

croissance économique. Par ailleurs, les transferts de fonds permettent d’investir dans le capi-

tal humain, ce qui implique une croissance positive. Ziesemer (2006) démontre, aussi, que les

transferts de fonds ont bien un impact positif sur la croissance économique.

Cependant, l’impact des transferts de fonds sur la croissance n’est pas encore clair en raison

de résultats disparates. Par exemple, Stark et Lucas (1988), Faini (2007), Mundaca (2009),

Garcia-Fuentes et Kennedy (2009) remarquent un impact positif des transferts sur la crois-

sance, tandis que Chami et al. (2003), Ramirez et Sharma (2009) observent un lien négatif.

L’impact des transferts de fonds sur la croissance passe par plusieurs canaux. Nous pouvons

illustrer ces canaux de transmissions entre les transferts de fonds et la croissance économique

par le schéma 1.1 ci-après.

Schéma 1.1 : Canaux de transmission

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

54

4. Conclusion

La migration marocaine a connu une évolution remarquable au point d’atteindre 10% de la

population totale. Par conséquent, les transferts de fonds vers le Maroc ont connu une ten-

dance à la hausse. Ils constituent également une source importante de revenu pour plusieurs

familles marocaines. Malgré l’éloignement géographique, les migrants marocains ont entrete-

nu des liens forts avec leur pays d’origine. Ceci se manifeste, pour une partie, par le volume

des transferts de fonds opérés. Ces derniers ne sont pas uniquement destinés à la consomma-

tion mais aussi à l’investissement. Dans ce chapitre introductif, nous avons montré :

� premièrement, l’importance et l’évolution de la migration marocaine en donnant aussi

un aperçu sur les politiques mises à disposition des migrants par le gouvernement ma-

rocain ;

� deuxièmement, la tendance à la hausse et le poids non négligeable des transferts de

fonds engendrés par les migrants dans l’économie marocaine.

Ce chapitre ne s’arrête pas à ce niveau d’analyse, il étudie également le nature et le compor-

tement des transferts de fonds par pays d’accueil. En effet ce chapitre nous invite à voir au-

delà des chiffres et des faits stylisés concernant les transferts de fonds en analysant leur com-

portement, leurs rôles, et leurs relations avec certaines variables macro-économiques clés.

En termes de volatilité, nous avons trouvé qu’à court terme les transferts de fonds ont un

comportement différent selon le pays d’accueil. En effet, dans les anciens pays d’accueil,

nous montrons que les transferts de fonds sont moins volatiles par rapport aux nouveaux pays

d’accueil. Enfin, le comportement des migrants marocains n’est pas homogène. Ceci, nous

amène à recommander aux autorités d’établir des politiques de ciblage afin d’optimiser ces

flux. Cependant, à long terme nous avons trouvé que le comportement des transferts de fonds

des nouveaux pays d’accueil converge vers celui des anciens pays d’accueil, notamment la

France. Nous avons aussi discuté du rôle éventuel que les transferts de fonds peuvent jouer

dans les économies en développement d’une manière générale et au Maroc en particulier. Ce

dernier dispose d’un nombre très important de migrants qui peuvent jouer un rôle crucial au

niveau économique et social en Maroc, notamment par le biais des transferts de fonds. Ce

rôle, mérite une attention très particulière de la part des universitaires, des chercheurs et des

décideurs, politiques.

Le présent chapitre constitue une description des transferts de fonds des migrants marocains

et témoigne de leur importance. Il constitue une étape préliminaire à une étude approfondie de

Chapitre 1 : Transferts de fonds : caractéristiques, faits stylisés et enjeux

55

ce phénomène. Nous allons traiter maintenant des propriétés cycliques des transferts de fonds

dans le cadre marocain.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

56

CHAPITRE 2 : PROPRIETES CYCLIQUES DES TRANSFERTS DE

FONDS

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

57

1. Introduction

Fournir des explications à la dynamique des transferts de fonds ainsi qu’à leurs caractéris-

tiques n’est pas une tâche facile. En effet, transférer de l’argent est une décision qui s’appuie

sur plusieurs facteurs liés à l’individu et à sa famille. De même, lorsque nous nous intéressons

à plusieurs individus, sur une longue période et dans des espaces géographiques hétérogènes,

l’étude des transferts de fonds devient encore plus complexe. Dans ce sens, l’environnement

macro-économique dans les pays d’accueil et d’origine peut jouer un rôle non négligeable sur

la décision et le volume d’argent envoyé. D’autres événements ponctuels peuvent aussi in-

fluencer cette décision, comme les fêtes familiales ou religieuses.

Dans la littérature économique, nous pouvons distinguer deux approches principales qui

s’opposent à propos des propriétés cycliques des transferts de fonds. Dans la première ap-

proche, les transferts sont considérés stables et contra-cycliques (Bugamelli et Paterno, 2005 ;

Ratha 2003; Grable, 2008). Selon la Banque mondiale “Remittances may move

countercyclically relative to the economic cycle of the recipient country. Remittances may

risewhenthe recipient economy suffers a downturn in activity or macroeconomic shocks due

to financial crisis, natural disaster, or political conflict, because migrants may send more

funds during hard times to help their families and friends. Remittances may thus smooth con-

sumption and contribute to the stability of recipient economies” (Banque Mondiale, 2006).

Par conséquent, les transferts jouent un rôle significatif dans la réduction des amplitudes des

cycles économiques dans le pays d’origine. Dans la deuxième approche, les transferts de

fonds sont considérés comme relativement volatiles et sensibles aux conditions économiques

des pays d’origine (Ghosh, 2006 ; Mughal et Makhlouf, 2011).

La connaissance des propriétés cycliques des transferts de fonds est importante pour les pays

bénéficiant de volumes conséquents. En effet, cette connaissance va leur permettre de réagir

d’une manière adéquate aux fluctuations des cycles des affaires (Vargas-Silva, 2008). Der-

rière le caractère contra-cyclique des transferts de fonds, nous pouvons supposer principale-

ment un comportement altruiste des migrants. Par contre, si les transferts de fonds sont pro-

cycliques, nous pouvons les catégoriser avec les autres flux d’investissement.

Ainsi, les transferts de fonds peuvent augmenter dans les périodes où les familles restées dans

le pays d’origine ont besoin de dépenser d’avantage par rapport à leurs dépenses habituelles,

comme dans des périodes de fêtes familiales, religieuses, ou lors de la rentrée scolaire. De ce

fait, ils peuvent avoir un comportement saisonnier. Ceci n’exclut pas certains envois pour des

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

58

motifs d’investissements dans des conditions économiques favorables55. Il faut cependant

préciser que cette relation n’est pas aussi automatique. En effet, les deux comportements (al-

truiste et égoïste) peuvent très bien coexister.

Dans ce chapitre, nous souhaitons enrichir le débat à propos des propriétés cycliques des

transferts de fonds par une approche empirique.

La principale interrogation dans ce travail est donc de savoir si les transferts de fonds sont

contra-cycliques ou pro-cycliques. Cependant, l’apport principal de cette étude par rapport

aux précédentes consiste à :

• étudier les transferts en utilisant des fréquences annuelles et trimestrielles ;

• utiliser plusieurs techniques de filtrages, y compris non paramétriques pour tester les

deux types de tendances (déterministe et stochastique) ;

• tester plusieurs techniques de liaison entre les cycles en vérifiant la robustesse.

Il y a lieu de signaler que dans le cas du Maroc, Sayan (2004) souligne que les transferts de

fonds sont pro-cycliques, alors que Bouhga-Hagbe (2006) aboutit à la conclusion qu’ils sont

contra-cycliques. Au regard de ces deux études, il semble difficile de pouvoir conclure sur le

caractère réel de ces transferts de fonds. C’est pourquoi, ce présent travail invite à aller au-

delà de ces contradictions, afin d’éclaircir au mieux les propriétés cycliques de ces transferts.

En effet, une connaissance fiable des propriétés cycliques des transferts de fonds est capitale,

notamment pour les décideurs et politiciens des pays d’origine, afin de mettre en place des

politiques économiques efficaces.

La suite de ce chapitre se présente comme suit : dans la section 2, nous allons présenter une

revue critique de la littérature sur les propriétés cycliques des transferts de fonds. Puis, la sec-

tion 3 nous permettra d’exposer la stratégie d’estimation en fonction des données utili-

sées. Dans la section 4, nous présenterons et commenterons les résultats obtenus avec des

périodicités différentes. Dans la section 5, nous tirerons les conclusions de ce chapitre.

55 Le gouvernement marocain a mis en place des programmes dans le but de favoriser des investissements de ses

émigrés. Voir le chapitre 1, p. 5.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

59

2. Etat de l’art : propriétés cycliques des transferts de fonds

Les cycles des transferts de fonds peuvent être accentués par plusieurs facteurs, comme la

conjoncture économique dans les deux pays (d’origine et d’accueil), le taux de change,

l’inflation, les cycles des affaires, le degré d’intégration économique, etc. Elbadawi et Rocha

(1992) nous expliquent d’ailleurs comment le niveau de transferts peut être affecté par les

politiques économiques des pays d’accueil. En prenant l’exemple du Pakistan, nous avons

montré dans des travaux antérieurs, que les transferts de fonds en provenance d’Europe sont

plus stables que ceux provenant du Moyen Orient et d’Amérique du Nord (Mughal et

Makhlouf, 2011). En d’autres termes, la variance des transferts de fonds en provenance de ces

deux dernières régions d’accueil est hétéroscédastique. De plus, la stabilité des transferts de

fonds pourrait être due en partie au fait que les économies européennes sont stables par rap-

port aux autres régions. La situation économique des pays d’origine influence également les

transferts de fonds (Swamy, 1981). Dans ce contexte, Elbadawi et Rocha (1992) indiquent

que la variation des transferts de fonds est sensible aux périodes des crises, aux catastrophes

naturelles et à l’instabilité politique du pays d’origine. Les transferts de fonds peuvent intera-

gir en fonction des chocs survenus au sein des pays d’origine (Makhlouf, 2011). Kapur (2004)

a montré que les économies ayant subi des chocs macroéconomiques reçoivent généralement

plus de transferts de fonds. La conjoncture et les politiques économiques dans les pays

d’accueil peuvent jouer un rôle important dans la détermination de la nature et du comporte-

ment des transferts de fonds (Mughal et Makhlouf, 2011).

El-Sakka et McNabb (1999) défendent l’idée selon laquelle le niveau général des prix affecte

les transferts de fonds. Assurément, ceteris paribus, une augmentation générale des prix dans

le pays d’origine érode le pouvoir d’achat issu des transferts de fonds. Dans ce cas, ils peu-

vent augmenter pour compenser cette perte. Les politiques économiques des pays d’accueil

ainsi que le degré de dépendance économique entre le pays d’origine et les pays d’accueil

peuvent également jouer un rôle important dans la détermination de la nature des transferts de

fonds.

Ainsi, le statut du pays d’accueil (nouvelle ou ancienne destination) a un rôle à jouer dans le

comportement des transferts de fonds. Plus précisément, les nouveaux pays d’immigrations

peuvent engendrer des cycles avec des oscillations plus grandes par rapport aux anciens pays

d’accueil. Cela peut s’expliquer, par le fait que les transferts de fonds sont sensibles aux

changements économiques dans les nouveaux pays d’accueil, d’autant plus que ces nouveaux

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

60

migrants peuvent être économiquement vulnérables par rapports à ceux déjà installés depuis

une plus longue période, ce qui engendre une volatilité plus importante. Entre les deux extré-

mités, il existe des pays à statut intermédiaire dont la volatilité est plus au moins faible (voir

chapitre 1).

Les transferts de fonds peuvent aussi être déterminés56 par le revenu courant (keynésien) ou

par le revenu permanent (au sens de Freidman). Dans ce dernier cas, les transferts de fonds ne

sont pas sensibles aux trajectoires transitoires du revenu, mais ils seront plutôt sensibles aux

revenus anticipés. De plus, le risque lié à la concentration des migrants dans une région don-

née constitue une menace pour la stabilité des transferts de fonds. Dans le cas où la région en

question est touchée par des crises économiques, des conséquences immédiates sur les trans-

ferts de fonds peuvent être engendrées. In hoc sensu, Stiglitz (2011) considère les transferts de

fonds comme étant un canal de transmission de crise économique des pays d’accueil vers les

pays d’origine. Par conséquent la diversification des pays d’accueil peut contribuer à la stabi-

lité des transferts de fonds.

Si les cycles des transferts de fonds sont corrélés positivement avec ceux de l’activité écono-

mique dans le pays d’origine, ils pourraient aggraver les amplitudes des cycles économiques.

Par contre, une corrélation négative pourrait les atténuer en absorbant les chocs. Les cycles

des transferts de fonds peuvent également influencer les fluctuations d’autres variables macro-

économiques, comme le taux de change, la masse monétaire en circulation et la consomma-

tion. Ceci peut créer plusieurs difficultés pour les pays d’origine notamment : • des tensions inflationnistes ;

• des transferts de fonds difficilement prévisibles qui compliquent la mise en place de

certaines politiques économiques ;

• la baisse de la part des transferts de fonds destinée à l’investissement ;

• des aggravations de la situation des ménages qui dépendent de ces transferts de fonds.

Au-delà, ils peuvent également être à l’origine de comportements rentiers de la part

des ménages récipiendaires.

Les études empiriques sur les propriétés cycliques des phénomènes économiques, notamment

le PIB et la consommation, sont abondamment exploitées particulièrement dans les pays dé-

veloppés (Verne, 2011). Les fluctuations des variables économiques constituent un domaine

de recherche intéressant compte tenu des conséquences qu’ils peuvent engendrer notamment

56 Voir le chapitre 3 pour plus de détails sur les déterminants des transferts de fonds.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

61

sur les économies considérées. Dans le cas des transferts de fonds, la littérature économique

reste encore insuffisante. Par contre, les organismes internationaux tels que la Banque Mon-

diale ou le Fonds Monétaire International ainsi que certains universitaires commencent à

s’intéresser aux propriétés cycliques des transferts de fonds, cependant, la littérature dans ce

domaine n’est pas assez riche (Sayan et al., 2010).

Certaines études montrent que les migrants ont tendance à envoyer davantage de fonds vers

leurs pays d’origine lors des périodes de crises économiques, désastres naturels et conflits

(Ratha, 2007). Yang (2003), à son tour, note que les transferts de fonds vers les Philippines

ont augmenté suite à la crise financière de 1997. Dans ce cas ils sont considérés comme con-

tra-cycliques (Ratha, 2007 ; Banque Mondiale, 2006 ; Chami et al., 2005). Néanmoins, ils

peuvent aussi augmenter lorsque les conditions économiques sont favorables dans les pays

d’origine, principalement lorsque ils sont destinés à l’investissement. Dans ce cas, ils sont

considérés comme pro-cycliques. Ils peuvent aussi être acycliques. Sayan (2004) a analysé la

corrélation entre les cycles des transferts de fonds (en provenant de l’Allemagne) et les cycles

du PIB de la Turquie. Les cycles obtenus, en utilisant le filtre Hodrick Prescott, démontrent

que les transferts de fonds sont pro-cycliques. Les résultats sur les propriétés cycliques sont

donc différents selon le pays d’origine. Ainsi, Sayan (2006) qui a étudié les propriétés cy-

cliques de 12 pays d’émigration (à revenu moyen inférieur) pour la période 1976-2003, en

utilisant un filtre polynomial, obtient des résultats différents selon le pays d’origine. Par

exemple, pour le Maroc, les résultats montrent que les transferts de fonds sont pro-cycliques.

Cependant, toujours dans le cas du Maroc, Bouhga-Hagbe (2006) trouve une relation négative

entre la production agricole et les transferts de fonds et conclut que ces derniers sont contra-

cycliques.

En comparant cette source de revenu (les transferts de fonds) par rapport à d’autres flux fi-

nanciers (Investissements Directs Etrangers), Vargas-Silva (2008) souligne, que dans le cas

du Mexique, les transferts de fonds sont contra-cycliques, tandis que, les IDE sont pro-

cycliques. Toutefois, l’auteur admet que les résultats obtenus manquent de robustesse. Dans

une étude plus récente, Sayan et al. (2010) ont conclu que les propriétés cycliques des trans-

ferts de fonds sont impactées par les caractéristiques des cycles des affaires du Mexique et

ceux des Etats-Unis, en utilisant les données trimestrielles, de 1980 à 2008. La nature de

l’interaction entre l’économie d’origine et le pays d’accueil peut donc jouer sur les propriétés

cycliques des transferts de fonds. De même, Akkoyunlu et Kholodilin (2006) ont étudié

l’interaction entre les transferts de fonds des migrants turcs résidant en Allemagne avec le PIB

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

62

de la Turquie et de l’Allemagne. Ils ont remarqué que les transferts de fonds réagissent de

manière positive aux variations du PIB de l’Allemagne. En revanche, ils ne sont pas sensibles

aux variations du PIB de la Turquie.

La période d’étude peut biaiser les résultats de l’étude. A cet égard, nous avons constaté que,

pour toute la période allant de 1973 à 2008, les transferts de fonds vers le Pakistan sont pro-

cycliques (Mughal et Makhlouf, 2010). Cependant durant cette période, nous avons constaté

des sous périodes où les transferts de fonds sont contra-cycliques. Cette étude manque de ro-

bustesse, du fait que nous avons utilisé un seul filtre pour déterminer les cycles. Sayan et Te-

kin-Koru (2007) ont conclu que les transferts de fonds sont contra-cycliques dans le cas du

Mexique et pro-cycliques pour la Turquie. Frankel (2011) a noté que les transferts de fonds

sont pro-cycliques, en utilisant deux types de régression : la première avec des données bilaté-

rales de 64 pays d’accueil et d’origine en 2005 (coupe transversale) et la deuxième en utilisant

le même échantillon de pays pour la période 1979-2005 (données de panel). Mandelman et

Zlate (2010) en utilisant un modèle SDGE57 appliqué au cas du Mexique et des États-Unis ont

observé que les transferts de fonds sont pro-cycliques. Chami et al. (2008), en utilisant un

panel de pays, ont montré une relation négative entre les transferts de fonds et le PIB des pays

d’accueil. Le tableau 2.1 résume les principales études sur les propriétés cycliques des trans-

ferts de fonds.

57 Stochastic Dynamic General Equilibrium (SDGE)

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

63

Tableau 2.1 : Propriétés cycliques

Auteurs Filtre Période Pays Estima-

tion58

Conclusion

Chami et al. 2008 Hodrick

Prescott

1970-2005 An-

nuelles

Panel de pays Régression Contra-

cycliques

Akkoyunlu et

Kholodilin

(2006),

Hodrick-

Prescott

1962-2004

Annuelles

Turquie Corrélation Pas de rela-

tion

Vargas-Silva

(2008)

Baxter et

King

1981-2006

Trimestrielles

Mexique Corrélation Contra-

cycliques

Frankel (2011) Différence de

PIB

Coupe transver-

sale 2005

64 pays

d’accueil et

d’origine

Régression Contra-

cycliques

Sayan et al.

(2010)

Baxer et

King

1980-2008

Trimestrielles

Mexique-Etats-

Unis

GMM Contra-

cycliques

Sayan (2004) Hodrick

Prescott

1987 :1-2001:4

Trimestrielles

Turquie Corrélation Pro-cyclique

Mughal et

Makhlouf (2010)

Hodrick

Prescott

1973-2008 Pakistan Corrélation Pro-

cycliques

Sayan (200659) Polynomial 1976-2003

Annuelles

Maroc Corrélation Pro-

cycliques

Mandelman et

Zlate (2010)

DSEG Trimestrielles

1995 :2-2006 :3

Mexique-Etats-

Unis

Corrélation Contra-

cyclique

Sayan et Tekin-

Koru (2007)

Hodrick-

Prescott et

Polynomial

Trimestrielles

1987 :1-2003 :3

Mexique-Etats-

Unis

Corrélation Pro-cyclique

En résumé, nous arrivons à deux sortes de résultats : les transferts de fonds sont contra-

cycliques ou pro-cycliques. Ceci veut dire que les transferts de fonds sont sensibles aux con-

58 Nature de liaison entre les cycles des transferts de fonds et les cycles des affaires 59 Les résultats pour les autres pays sont comme suit : Algérie, Pakistan, Lesotho, République dominicaine, Ja-

maïque, Côte d’Ivoire : acycliques ; Bangladesh : contra-cyclique et synchro, Inde : contra-cycliques, Jorda-

nie : pro-cycliques et synchro.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

64

jonctures économiques des pays d’accueil et d’origine. Nous venons également de voir que

leurs propriétés cycliques sont liées au type de données utilisées et à la mesure de la liaison.

Ils peuvent être vus comme le résultat d’une offre et d’une demande. Le schéma 2.1 illustre

cette idée.

Schéma 2.1 : Impact de la demande des transferts de fonds sur leurs propriétés cy-cliques

Si nous raisonnons en termes d’offre et de demande des transferts de fonds, nous pouvons

penser que les familles des migrants restées au pays demandent de l’argent à leurs proches

résidant à l’étranger. Cette demande peut notamment dépendre de leurs revenus. Par contre,

l’offre de transferts de fonds est une fonction du revenu du migrant. S’il y a une crise écono-

mique spécifique au pays d’origine qui ne se propage pas entre le pays d’origine et les pays

d’accueil, les ressources financières des familles des migrants auront tendance à baisser mais

pas celles des migrants. De ce fait, les familles demanderont plus d’aides que d’habitude à

leurs proches à l’étranger. Dans ce cas, la demande de transferts de fonds sera supérieure à

l’offre. Si les migrants répondent favorablement à cette demande, les cycles de transferts de

fonds seront contra-cycliques avec l’activité économique. Dans le cas inverse, une conjonc-

ture économique favorable dans le pays d’origine entraînera une baisse de la demande d’aides

des familles. Dans ce cas de figure, les migrants dégageront un surplus de transferts de fonds.

Les cycles des transferts de fonds seront alors pro-cycliques.

Transferts

de fonds

Demande des transferts de

fonds par des familles

Offre des transferts de fonds

par les migrants

par des migrants

Contra-

cycliques

Pro-cycliques

Revenus des familles et

leurs migrants

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

65

Les propriétés cycliques des transferts de fonds peuvent être impactées par le pays d’origine,

les pays d’accueil et le degré d’interdépendance entre les deux pays. Pour les pays d’origine,

les chocs et les aléas sont à l’origine des fluctuations des transferts de fonds car les migrants

sont en permanence en connexion avec leur pays d’origine via principalement leurs familles,

les médias, etc. La réaction des migrants peut être immédiate ou étalée dans le temps, selon le

type de choc. En ce qui concerne les pays d’accueil, nous pouvons déduire que les propriétés

cycliques des transferts de fonds reflètent celles des cycles des affaires des pays d’accueil.

Etudier le phénomène des transferts de fonds, notamment au niveau macroéconomique, né-

cessite beaucoup de précautions. Cela ne remet nullement en cause l’étude de cycles qui peut

donner une vision plus compréhensible d’un tel phénomène. Dans la section suivante, nous

allons utiliser une approche macro-économétrique pour décortiquer les propriétés cycliques

des transferts de fonds vers le Maroc. Pour ce faire, plusieurs filtres seront mobilisés avec des

données annuelles et trimestrielles.

3. Méthodologie

Cette section s’interroge sur les fluctuations des transferts de fonds, en étudiant leurs cycles.

Le terme cycle peut être défini comme l’amplitude des mouvements des transferts de fonds

par rapport à la tendance. Nous définissons les cycles comme des déviations par rapport à la

tendance. Dès lors, la question se pose sur la meilleure manière de décomposer la tendance du

cycle. Une fois les cycles des transferts de fonds, du revenu des migrants et celui des familles

restées au Maroc extraits, nous étudierons les corrélations entre ces cycles. Pour bien étudier

le lien entre les cycles, nous ferons la différence entre une simple corrélation et un lien de

causalité. Encore, pour mieux appréhender la cyclicité des transferts de fonds, nous allons

analyser graphiquement les cycles pour détecter d’éventuelles sous-périodes pendant les-

quelles le comportement des transferts de fonds serait modifié. Dans cette section nous utilise-

rons, également, plusieurs filtres afin d’estimer au mieux la tendance.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

66

3.1. Stratégie d’estimation

Pour analyser la corrélation entre les cycles des transferts de fonds avec ceux des revenus des

familles restées au Maroc et des migrants dans le pays d’accueil, nous allons dans un premier

temps extraire les cycles pour chacune des variables en utilisant plusieurs filtres : le filtre

« HP » (Hodrick-Prescott, 1997), le filtre « BK » (Baxter et King, 1999), le filtre polynomial

selon, le filtre moyenne mobile simple, le filtre exponentiel et le filtre non paramétrique. En-

suite, nous testerons la stationnarité des cycles en utilisant le test des racines unitaires

(ADF60) pour ne retenir que les filtres donnant des cycles stationnaires. Afin de conclure sur

les propriétés cycliques, nous analyserons les signes des corrélations obtenues. Un signe néga-

tif et significatif traduit le fait que les transferts de fonds sont contra-cycliques. Un signe posi-

tif implique que les transferts de fonds sont pro-cycliques. Si la corrélation n’est pas significa-

tive, cela traduit le fait que les transferts de fonds sont acycliques. Les résultats seront discu-

tés dans les sections ci-après.

3.2. Données

Nous utilisons des données annuelles et également trimestrielles. L’intérêt de considérer des

données trimestrielles. C’est qu’elles prennent en considération les tendances courtes telle la

saisonnalité (ce que ne se produit pas avec des données annuelles). Pour ces dernières, les

transferts de fonds sont mesurés en dirham marocain de 1982 à 2010. Ces données sont obte-

nues via le site de l’Office des Changes du Maroc61. En ce qui concerne le revenu des familles

restées au Maroc, nous utilisons comme variable proxy le Produit Intérieur Brut (PIB)62 du

Maroc, extrait de l’IFS63. Les graphiques des variables sont donnés en Annexe (figures A2.1

et A2.2) et les statistiques descriptives sont données dans le tableau 2.2.

60 Augmented Dickey-Fuller. 61 http://www.oc.gov.ma/ 62 Pour plus de détails vois le chapitre 3. 63 International Financial Statistics CD-ROM.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

67

Tableau 2.2 : Statistiques descriptives données annuelles (1982-2010)

En milliards Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type Coefficient de variation

Remit-A

Transferts de

fonds

(fréquences

annuelles) 28,4 24,2 13,2 52,1 11,2 0,39449

PIB-A

PIB

(fréquences

annuelles) 405 376 238 668 126 0,31067

A : pour annuel.

Pour les estimations trimestrielles, nous utilisons les données trimestrielles (1998 : 1 - 2010 :

3) des transferts de fonds fournies par le site de l’Office des Changes du Maroc. En ce qui

concerne le revenu des familles des migrants restées au Maroc, nous avons également utilisé

comme variable proxy le Produit Intérieur Brut (PIB) du Maroc en dirham (source IFS). Les

statistiques descriptives sont fournies dans le tableau 2.3.

Tableau 2.3 : Statistiques descriptives données trimestrielles (1998 : 1 - 2010 : 3)

En millions

(Dirhams) Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type C.V.

PIB-T

PIB (fréquences

trimestrielles)

131990

125610

93840

190690

31381

0,23774

Remit-T

Transferts de fonds

(fréquences trimes-

trielles)

9595,6

9826,2

4105,1

16885

3417

0,3561

T : trimestriel.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

68

4. Résultats et discussion

Dans cette section, nous allons présenter et comparer les résultats des différents types de don-

nées ainsi que les différentes liaisons entre les cycles.

4.1. Données annuelles

Avant de procéder à l’étude des liaisons entre les cycles, nous allons sélectionner les cycles

qui sont stationnaires afin d’estimer une corrélation sans biais. En effet, si la relation n’est pas

monotone, le coefficient de corrélation qui est proche de 0 n’implique pas toujours

l’indépendance entre les deux variables.

D’après les résultats présentés dans le tableau 2.4, nous avons retenu les filtres HP, BK et

polynomial d’ordre 3 et 4 qui donnent effectivement des cycles stationnaires.

Tableau 2.4 : Test de racine unitaire

Filtre PIB-A ADF (test) Stationnarité Remit-A

ADF (test) Stationnarité

Moyenne mobile simple mc_PIB-A -1,6182 I(1) mc_Remit-A -4,391*** I(0)

Moyenne mobile expo-

nentielle

emc_ PIB-A -0,3997 I(1) emc_ Remit-A -2,4969 I(1)

Hodrick Prescott hp_ PIB-A -6,175*** I(0) hp_ Remit-A -3,812*** I(0)

Baxter et King bk_ PIB-A -9,581*** I(0) bk_ Remit-A -4,423*** I(0)

Polynomial d’ordre 1 pc_ PIB-A1 0,0494 I(1) pc_ Remit-A 1 -1,98824 I(1)

Polynomial

d’ordre 2

pc_ PIB-A2 -1,7139 I(1) pc_ Remit-A 2 -2,8167* I(0)

Polynomial

d’ordre 3

pc_ PIB-A3 -6,376*** I(0) pc_ Remit-A 3 -3,1341** I(0)

Polynomial

d’ordre 4

pc_ PIB-A4 -7,30*** I(0) pc_ Remit-A 4 -4,281*** I(0)

Non paramétrique

(kernel)

-0,254084 I(1) Non paramétrique

(kernel)

-4,017*** I(0)

*** significativité à 1%, **à 5%, * à 10%.

Les cycles obtenus par les différentes méthodes choisies précédemment sont représentés par

les figures 2.1 et 2.2.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

69

Figure 2.1 : Cycles du PIB64

hp : Hodrick-Prescott, bx : Baxter et King, pc_y3 polynomial d’ordre 3 et pc_4 polynomial

d’ordre 4.

Figure 2.2 : cycles des Transferts de fonds

hp : Hodrick-Prescott, bx : Baxter et King, pc_y3 polynomial d’ordre 3 et pc_4 polynomial

d’ordre 4.

64 Les cycles présentés dans les graphiques sont stationnaires.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

70

Les résultats des corrélations des cycles du PIB et ceux des transferts de fonds selon les diffé-

rents filtres sont donnés dans le tableau 2.5. Ils montrent, pour les filtres HP, BX, polynomial

d’ordre 4 et Kernel que les transferts de fonds sont acycliques. Cependant, pour le filtre poly-

nomial d’ordre 3, les transferts de fonds sont pro-cycliques et synchroniques.

Tableau 2.5 : Corrélation des cycles (données annuelles : 1982-2009)

HP BX PL3 PL4 Non paramétrique

Kernel

t(-1) -0,0207 -0,0490 0,1787 0,0964 -0,1118

t(0) 0,1451 0,1516 0,4015 ** 0,2417 -0,2242

t(1) 0,1882 0,0339 0,4786 ** 0,1048 -0,2369

Acyclique Acyclique Pro-cyclique Acyclique Acyclique

*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%

HP : Hodrick Prescott, BX : Baxter King, PL3, PL4 : Polynomial d’ordre 3 et 4

Les résultats obtenus dans le tableau 2.5 sont sensibles aux filtres utilisés. Ce manque de ro-

bustesse peut être la conséquence de l’agrégation de l’ensemble des pays d’accueil du migrant

et l’utilisation de données annuelles. En effet, le fait de regrouper l’ensemble des transferts de

fonds des pays d’accueil revient à supposer que ces pays sont homogènes. Cependant, en réa-

lité les économies des pays d’accueil pour les migrants marocains sont hétérogènes comme on

l’a démontré au long du chapitre1. Les travaux de Sayan (2006) montraient que les transferts

de fonds vers le Maroc ont tendance à être pro-cycliques. En se basant sur les résultats de ta-

bleau 2.5, nous pouvons dire que les résultats obtenus par Sayan (2006) ne sont pas robustes.

A ce stade, on ne peut cependant bien conclure, étant donné la fragilité de ces résultats.

� Limites de la corrélation

La corrélation donne une information sur une dépendance positive ou négative entre deux

variables et elle traduit l’intensité de la liaison entre les deux variables. Cependant, il est bien

connu que la corrélation n’est pas la causalité. De même les résultats obtenus concernent la

corrélation linéaire. Or, d’autres relations fonctionnelles peuvent exister, elles peuvent être

non linéaires et dans ce cas la covariance tend vers 0 ce qui donne un coefficient de corréla-

tion proche de 0. De plus, si la relation est non monotone, le coefficient de corrélation ne tra-

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

71

duit ni l’intensité ni le sens de la relation. Pour remédier à ce type de problème, nous propo-

sons un modèle VAR discuté ci-dessous.

� VAR (Vecteur Auto-Régressif)

Les modèles VAR sont utilisés dans les estimations macro-économiques. Depuis le modèle

pionnier de Sims (1980). Il préconise que ces modèles donnent une meilleure qualité

d’ajustement par rapport aux modèles à équations simultanées. Actuellement, pour étudier les

interrelations entre les variables économiques, le modèle VAR est considéré comme un mo-

dèle optimal (Joiner, 2001). Puisque les deux variables sont endogènes, nous utiliserons un

modèle VAR65 (Vecteur Auto-Régressif). En effet, les transferts de fonds sont impactés par le

revenu des familles des migrants restées au pays (voir le chapitre 3) et, le PIB est aussi impac-

té par les transferts de fonds (voir le chapitre 1). Dans ce modèle, nous supposons que les

deux variables (cycles des transferts de fonds et cycles du PIB) ont le même statut. Le mo-

dèle VAR d’ordre p66, peut s’écrire comme suit :

P et n sont les retards.

CPIB représente les cycles du PIB et Cremit représente les cycles des transferts de fonds.

Afin d’étudier la relation dynamique entre les cycles des transferts de fonds, nous allons étu-

dier les résultats des fonctions de « impulse response » pour détecter le sens de causalité.

Un choc sur a des répercutions directes sur puis sur . Il faut préciser

que les résultats de la stationnarité ont été donnés dans le tableau 2.4. Comme précédemment,

nous avons retenu les cycles stationnaires, même si c’est discutable pour le modèle VAR.

65 La forme explicite du modèle est donnée en annexe. 66 P : retards, nous avons pris le retard optimal selon le critère de Akaik et de Schwarz.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

72

Les résultats (figure 2.3) montrent que, suite à une augmentation du PIB du Maroc, les trans-

ferts de fonds baissent. Nous pouvons alors affirmer que derrière ces envois, se cache un

comportement altruiste qui l’emporte sur d’autres comportements67. Cependant, nous ne pou-

vons pas conclure d’une manière définitive sur les propriétés cycliques des transferts de

fonds. Il est évident que la notion d’altruisme est plus complexe et ne peut se résumer à la

réaction des transferts de fonds suite au choc du PIB du pays d’origine.

Figure 2.3 : Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB du

Maroc.

67 Plus de détails sur les motivations de transférer des fonds voir le chapitre 3.

-1,4e+009

-1,2e+009

-1e+009

-8e+008

-6e+008

-4e+008

-2e+008

0

2e+008

4e+008

6e+008

8e+008

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

réponse de hp_RtOT à un choc dans hp_Y

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

-1,2e+009

-1e+009

-8e+008

-6e+008

-4e+008

-2e+008

0

2e+008

4e+008

6e+008

8e+008

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de bk_RtOT à un choc dans bk_Y

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

-1,2e+009

-1e+009

-8e+008

-6e+008

-4e+008

-2e+008

0

2e+008

4e+008

6e+008

8e+008

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_RtOT3 à un choc dans pc_Y3

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

-1e+009

-5e+008

0

5e+008

1e+009

1,5e+009

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_RtOT4 à un choc dans pc_Y4

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

HP

Polynomial d’ordre3

BK

Polynomial d’ordre 4

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

73

Les enseignements qui peuvent être déduits de ces résultats sont les suivants :

• l’utilisation de simples corrélations entre les cycles peut donner des résultats dispro-

portionnés voire biaisés ;

• la réaction à la baisse immédiate des transferts de fonds constatée suite à une améliora-

tion des revenus des familles pourrait traduire un comportement altruiste ;

• les données annuelles peuvent dissimuler certaines informations concernant la réaction

des migrants marocains suite aux chocs dans le pays d’origine et d’accueil.

En ce qui concerne les résultats par pays68, le tableau A2.1 présenté dans l’annexe de ce cha-

pitre montre que les transferts de fonds sont acycliques pour la plupart des pays d’accueil.

Cependant, ils sont contra-cycliques pour la Suède et le Danemark. Pour la Suède ils sont éga-

lement synchroniques. Ces résultats nous permettent de déduire plusieurs enseignements. Les

marocains auront tendance à envoyer davantage de transferts de fonds dans des conditions

économiques favorables. Les transferts de fonds pourraient être utilisés davantage dans

l’investissement que dans la consommation. Ils peuvent avoir des spécificités quasiment iden-

tiques avec les autres flux d’investissements, notamment les Investissements Directs Etran-

gers. Ceci n’écarte pas l’hypothèse altruiste. En d’autres termes, Ce résultat, ne signifie pas

qu’en cas de mauvaise conjoncture économique, les transferts de fonds vont baisser. Dans le

cas où les transferts de fonds sont acycliques. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’une par-

tie de ces transferts est destinée à la consommation et une autre à l’investissement.

A la lumière de ces résultats, on peut dire que les propriétés cycliques des transferts de fonds

changent selon le pays d’accueil. En d’autres termes, la réaction des marocains est différente

selon le pays d’accueil. Par ailleurs, d’autres facteurs peuvent intervenir dans la décision des

migrants marocains d’envoyer une partie de leurs revenus comme la conjoncture économique

dans les pays d’accueil et leurs politiques migratoires. L’interdépendance des économies entre

le pays d’accueil et d’origine peut influencer la nature des transferts de fonds.

Nous allons approfondir notre analyse en utilisant des données trimestrielles avec la même

méthodologie que celle utilisée précédemment. Le but est de comparer les résultats issus des

deux types de données et de vérifier leur robustesse.

68 Corrélation des cycles des transferts de fonds en provenant de chaque pays d’accueil et le PIB du Maroc, en

utilisant le filtre HP et les données annuelles (1982-2010).

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

74

4.2. Données trimestrielles

4.2.1. Transferts de fonds et PIB du Maroc

Comme dans la section précédente, nous allons utiliser plusieurs filtres et faire les tests de

racines unitaires sur les cycles. Nous ne retenons que des filtres stationnaires. Le tableau 2.6

fournit les résultats concernant la stationnarité pour les données trimestrielles.

Tableau 2.6 : Test de racine unitaire

Filtre PIB ADF (test) Stationnarité Remit ADF (test) Stationnarité

Moyenne

mobile simple

mc_PIB -10,29*** I(0) mc_Remit-T -7,34*** I(0)

Moyenne

mobile expo-

nentielle

emc_PIB -1,7593 I(1) emc_ Remit-T -7,34*** I(0)

Hodrick-

Prescott

hp_PIB -4,79*** I(0) hp_ Remit-T -5,77*** I(0)

Baxter et

King

bk_PIB -4,96*** I(0) bk_ Remit-T -4,022*** I(0)

Polynomial

d’ordre 1

pc_PIB1 -1,90501 I(1) pc_ Remit-T1 -5,72*** I(0)

Polynomial

d’ordre 2

pc_PIB2 -4,27*** I(0) pc_ Remit-T2 -5,88*** I(0)

Polynomial

d’ordre 3

pc_PIB3 -5,94*** I(0) pc_ Remit-T3 -5,94*** I(0)

Polynomial

d’ordre 4

pc_PIB4 -4,91*** I(0) pc_ Remit-T4 -5,68*** I(0)

Non paramé-

trique (kernel)

-5,43***

I(0)

Non paramétrique (kernel)

-4,162***

I(0)

*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%.

Les graphiques des cycles (figures de A2.3 à A2.11) sont donnés en annexe du chapitre 2.

Nous notons clairement sur les graphiques que les transferts de fonds sont contra-cycliques

sur la quasi-totalité de la période. Les résultats des corrélations des cycles selon les différents

filtres sont donnés dans le tableau 2.7.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

75

Corrélation de PIB et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3)

Retards -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Filtre

Moyenne mobile

simple

-0,30 ** 0,102 0,012 0,058 -0,179 0,094 0,097 0,036 -0,223

Hodrick-Prescott -0,417 *** -0,22 -0,122 0,018 -0,114 0,068 0,191 0,242

*

-0,009

Baxter et King -0,509 *** -0,44*** -0,168 0,106 0,170 0,2 0,130 0,029 -0,071

Polynomial

d’ordre 2

-0,39 ***

-0,20

-0,11

0,03

-0,06

0,14

0,26 * 0,29

**

0,045

Polynomial

d’ordre 3

-0,37 ***

-0,179

-0,114

0,028

-0,09

0,11

0,236* 0,28

**

0,039

Polynomial

d’ordre 4

-0,416 *** -0,204 -0,123 0,014 -0,130 0,051 0,177 0,23 * -0,014

Polynomial

d’ordre 5

-0,152 0,1547 0,080 -0,035 -0,159 0,024

-0,143 -0,172 -0,39***

Non paramé-

trique (kernel)

-0,2873 **

0,0093

0,039

0,183

-0,140

-0,050

0,0754 0,1665 -0,266*

*** significativité à 1%, **à 5%, * à 10%

HP : Hodrick-Prescott, BK : Baxter et King, PL3, PL4 : Polynomial d’ordre 3 et 4 respectivement

Les résultats obtenus dans le tableau 2.7 apparaissent robustes et montrent que les transferts

de fonds sont plutôt contra-cycliques. En d’autres termes les transferts de fonds sont envoyés

pour répondre aux besoins des familles quand le budget des familles est toujours insuffisant

pour couvrir tous les besoins, comme lors de la rentrée scolaire ou à l’occasion de fêtes reli-

gieuses, etc. Ces résultats ne corroborent pas ceux de Sayan (2006) qui utilisait un filtre poly-

nomial.

La corrélation des cycles des transferts de fonds est négative mais n’est pas très forte (ne dé-

passant pas 50%). D’autres motifs d’envois expliquent donc les transferts de fonds tels que les

envois pour des motifs d’investissements et surtout les envois saisonniers comme les fêtes

religieuses (Aid El Adha). La figure 2.4 illustre clairement cette idée.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

76

Figure 2.4 : Le taux de croissance des transferts de fonds (1998-2010)

Source : Office des Changes du Maroc (2012)

La figure 2.4 montre clairement le comportement saisonnier des transferts de fonds (pour plus

de détails voir le chapitre 1). Nous remarquons que les pics des envois sont en juillet. Ce mois

correspond aux périodes de vacances. Durant cette période les migrants envoient davantage de

fonds pour faire face aux dépenses supplémentaires à l’occasion des visites aux familles res-

tées au Maroc. Cependant, cette saisonnalité est atténuée par le fait que les fêtes religieuses

n’ont pas une date fixe concernant le calendrier utilisé. Pour confirmer cette idée nous allons

prendre les trois dernières années des transferts de fonds en les représentant par un diagramme

polaire (figure 2.5).

Données mensuelles

Tau

x de

cro

issa

nce

des

trans

ferts

de

fond

s (%

)

févr-98 nov-98 juil-99 avr-00 janv-01 oct-01 juin-02 mars-03 janv-04 oct-04 juin-05 mars-06 janv-07 oct-07 juin-08 mars-09 janv-10 oct-10

-40

-20

020

4060

80

11

1111111111

1

11111111111

1

111111111111

1

11111111

1

111111111111

1

111111111111

11111111111 1111111111111

1111111111

1

11111111111

1

11111111111

1

1111111111 1111111111111

122222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222222222

2

22222333333

3

33333333333

3

33333333333 333333333333

3

33333333333

3

33333333333

3

333333333333

33333333333

3

33333333333

3

33333333333 333333333333

3

33333333333

3

33333333333

3

3333

1: Aid El Adha 2:Juillet 3: Août

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

77

Figure 2.5 : Digramme polaire (transferts de fonds en million de dirham marocain en

valeur)

Source : Office des Changes du Maroc

Le diagramme montre bien que les pics des transferts de fonds se produisent en juillet. Au-

trement dit, les propriétés cycliques des transferts de fonds sont le fruit d’un « panachage » de

plusieurs comportements liés à la culture, à l’aide familiale mais aussi à l’investissement.

Nous rappelons ci-après les éléments qui peuvent expliquer la cyclicité des transferts de

fonds. Les changements institutionnels dans le pays d’origine, la perception des migrants et le

degré de confiance vis-à-vis des ces institutions peuvent aussi influencer le comportement des

transferts de fonds. Par exemple, si les migrants ont plus confiance dans leurs institutions, ils

peuvent envoyer de l’argent pour réaliser des projets d’investissement. En d’autres termes, la

stabilité macro-économique et l’amélioration de l’efficacité des administrations publiques

peuvent engendrer des transferts de fonds pour des motifs d’investissements.

Dans le cas contraire, ils vont investir dans leurs pays d’accueil et limiter leurs envois aux

motifs purement culturels.

Le taux de change peut également influencer le comportement des transferts de fonds, un ré-

gime de change fixe peut aider les migrants à anticiper et lisser leurs envois. De même, des

politiques de dévaluation peuvent pousser les migrants à changer les fréquences ou les mon-

tants des envois. Les pays d’accueil sont hétérogènes et cela peut influencer la robustesse des

résultats. De plus, le comportement peut changer dans le temps selon l’information disponible

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

78

dans le pays d’accueil et d’origine. En d’autres termes, la nouvelle information perçue par le

migrant concernant sa famille et sa situation peut influencer la relation entre le cycle des af-

faires et celui des transferts de fonds.

Les résultats de la figure 2.6 corroborent ceux donnés par les corrélations dans le tableau 2.7.

La réaction des transferts de fonds est négative suite à une augmentation de PIB au Maroc. De

plus, les résultats du modèle VAR sont valables tant pour les données annuelles que trimes-

trielles. En nous basant sur les résultats des données trimestrielles, nous avons affirmé que les

transferts de fonds vers le Maroc semblent être contra-cycliques. Cela peut contribuer à la

stabilité économique et sociale au Maroc. Dans ce cas, les transferts de fonds peuvent jouer

les rôles importants de stabilisateur et d’amortisseurs (voir chapitre 1). Ils peuvent aussi atté-

nuer le phénomène du syndrome hollandais (voir le chapitre 4).

Enfin, nous pouvons déduire de ces résultats les conclusions suivantes :

• la relation n’est pas linéaire entre les cycles des transferts de fonds et le PIB des pays

d’accueil ;

• l’utilisation de données trimestrielles ou mensuelles doit être privilégiée. Les fré-

quences de courte durée peuvent mieux refléter le comportement des migrants no-

tamment par rapport à des données annuelles, étant donné la réaction immédiate des

migrants vis-à-vis des chocs survenus au pays d’origine. Ceci est dû au développe-

ment des moyens de transferts (par exemple Western Union69 qui permet des envois

immédiats) et le développement des moyens de communication. Les données an-

nuelles peuvent dissimuler ces réactions en lissant les données des transferts de fonds ;

• les transferts de fonds peuvent être décomposés en deux catégories : les transferts

ponctuels (principalement destinés à l’investissement) et altruistes.

69 Organisme spécialisé dans les envois de fonds. D’autres organismes de transferts d’argent opèrent au côté de

Western Union.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

79

Figure 2.6 : Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (Maroc)

-600

-500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_remit1 à un choc dans pc_PIBnominal1

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

Pl.1 -500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de mc_remit à un choc dans mc_PIBnominal

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

MC

-600

-500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_remit2 à un choc dans pc_PIBnominal2

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

Pl.2 -600

-500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_remit3 à un choc dans pc_PIBnominal3

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

Pl.3

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de cremit à un choc dans cpib

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

-700

-600

-500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_remit4 à un choc dans pc_PIBnominal4

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

-250

-200

-150

-100

-50

0

50

100

150

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de bk_remit à un choc dans bk_PIBnominal

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

réponse de bk_remit à un choc dans bk_PIBnominal

BK

-600

-500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de hp_remit à un choc dans hp_PIBnominal

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

HP

Pl4 Kernel

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

80

4.2.2. Pays d’accueil et transferts de fonds

Nous allons appliquer la même stratégie que celle utilisée dans la section 4.1 pour analyser la

relation entre les cycles des transferts de fonds et les revenus de migrants marocains. Nous

prendrons le PIB des pays d’accueil comme variable proxy du revenu des migrants. Ce der-

nier est calculé en faisant une moyenne pondérée par les parts des transferts de chaque pays

des PIBs. Les pondérations sont données dans le tableau 2.8.

Tableau 2.8 : Part des transferts des principaux 10 pays d’accueil

Années FRA BEL NLD DEU ITA DNK SWE GBR USA ESP Total

1998 53,71% 6,54% 6,81% 5,54% 9,92% 0,61% 0,25% 2,03% 1,61% 4,07% 91,10%

1999 53,71% 5,66% 5,61% 5,05% 10,75% 0,54% 0,31% 2,56% 3,56% 3,05% 90,81%

2000 45,23% 8,07% 7,00% 4,27% 13,04% 0,68% 0,26% 4,16% 3,90% 4,02% 90,63%

2001 40,63% 5,35% 9,46% 5,22% 15,91% 0,57% 0,21% 4,33% 6,13% 5,14% 92,94%

2002 45,61% 6,54% 6,65% 4,25% 11,66% 0,56% 0,23% 4,08% 5,91% 6,17% 91,66%

2003 44,49% 5,96% 5,88% 3,41% 12,66% 0,42% 0,24% 4,77% 5,89% 9,22% 92,94%

2004 43,11% 5,13% 3,86% 3,30% 13,25% 0,31% 0,24% 4,15% 6,55% 12,19% 92,08%

2005 41,63% 5,42% 4,02% 3,63% 12,36% 0,27% 0,22% 4,28% 5,70% 12,99% 90,53%

2006 43,14% 4,50% 4,12% 3,67% 12,22% 0,27% 0,22% 3,43% 5,67% 14,00% 91,24%

2007 42,46% 4,17% 4,22% 3,39% 12,38% 0,25% 0,20% 3,84% 5,02% 15,46% 91,39%

2008 39,68% 4,50% 4,05% 3,35% 12,35% 0,53% 0,19% 3,73% 6,26% 14,63% 89,27%

2009 40,29% 6,23% 4,15% 4,39% 11,98% 0,26% 0,18% 3,48% 5,01% 11,83% 87,79%

2010 40,91% 5,35% 4,18% 3,66% 9,98% 0,22% 0,23% 4,64% 5,46% 10,05% 84,67%

Source : Office des Changes du Maroc(2012)

Le tableau 2.8 montre que la France occupe la première place. En 2010, par exemple, plus de

40% des transferts de fonds sont assurés par les marocains résidants en France70. Pour cons-

truire une variable qui reflète le revenu des migrants dans leurs pays d’accueil, nous avons

calculé la moyenne des PIBs pondérée par la part des transferts de fonds de chaque pays

d’accueil. La définition est donnée ci-dessous.

Le revenu des migrants =

Avec i le pays d’accueil , αi la part des transferts de fonds et y le PIB. Nous avons pris le PIB

de chaque pays d’accueil. Ce dernier est calculé en euro, car les principaux pays d’accueil

pour les migrants marocains sont en Europe. Pour les autres pays, hors zone euro, nous avons

70 Plus de détails voir le chapitre 1.

∑=

10

1

i

iii yα

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

81

utilisé le taux de change pour calculer la valeur du PIB en Euro. Les statistiques descriptives

de cet indice sont données dans le tableau 2.9.

Tableau 2.9 : Statistiques descriptives 1998:1 - 2010:3

Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type C.V.

PIBH PIB pays

accueil en €

8,23E+05 8,53E+05 4,35E+05 1,10E+06 1,56E+05 0,18972

Comme nous l’avons fait pour les autres variables (PIB du Maroc et Transferts de fonds) nous

avons testé la stationnarité de cet indice avec le même test utilisé précédemment. Dans le ta-

bleau 2.10 ci-après, nous présentons les tests de racine unitaire des cycles obtenus par des

différents filtres.

Tableau 2.10 : Test de racine unitaire

Filtre PIB ADF (test) Stationnarité

Moyenne mobile

simple

-3,481** I(0)

Moyenne mobile

exponentielle

-2,327 I(1)

Hodrick Prescott -3,162** I(0)

Baxter et King -7,064*** I(0)

Polynomial

d’ordre 1

-2,268 I(1)

Polynomial

d’ordre 2

-2,205 I(1)

Polynomial

d’ordre 3

-3,781*** I(0)

Polynomial

d’ordre 4

-3,903*** I(0)

Non paramétrique

(kernel)

-9,6759*** I(0)

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

82

Les résultats des corrélations (tableau 2.11) montrent que les relations entre les transferts de

fonds et les PIBs de pays d’accueil sont positives. Ce résultat confirme l’hypothèse selon la-

quelle le revenu des migrants est positivement lié aux envois de fonds. On constate une corré-

lation faible, ceci peut s’expliquer par le fait que les migrants marocains lissent leurs envois.

En d’autres termes, ils envoient des fonds de manière régulière.

Tableau 2.11 : Corrélation de PIB accueil et Transferts retardés (1998 : 1 - 2010 : 3)

-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Filtre

Moyenne

mobile simple

-0,097 -0,070 0,210 0,140 0,1318 0,033 0,106 0,027 0,006

Hodrick Pres-

cott

-0,014 0,0565 0,1575 0,1104 0,2150 0,2035 0,251* 0,0297 -0,042

Baxter et

King

-0,4349

***

-0,2353 0,1135 0,3459 ** 0,4342 *** 0,3355 ** 0,2131 0,0725 -0,054

Polynomial

d’ordre 3

-0,1085 -0,0107 0,3054 ** 0,2583 * 0,2784 ** 0,2005 0,25 * 0,132 0,039

Polynomial

d’ordre 4

-0,1208 -0,0216 0,3039 ** 0,2573 * 0,2772 ** 0,185 0,2385* 0,1147 0,0251

Non paramé-

trique (kernel)

0,0440 -0,0214 0,1382 -0,1423 0,0506 -0,0777 0,2756** -0,151 -0,132

*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%

HP : Hodrick Prescott, BK : Baxter King, PL3, PL4 : Polynomial d’ordre 3 et 4 respectivement

Les migrants ayant un revenu élevé peuvent rapporter plus de transferts de fonds en terme

absolu dans le cas du Maroc, car les transferts sont corrélés positivement avec le revenu du

pays d’accueil. Ceci, par contre, peut constituer une menace dans les périodes de crise éco-

nomique. D’ailleurs, suite à la crise financière de 2008, une baisse des transferts de fonds a

été constatée dans le monde entier en général, et au Maroc en particulier (voir chapitre 1).

La diversification de la migration marocaine peut contribuer à la stabilité des transferts de

fonds, d’autant plus que les pays d’accueil sont hétérogènes (voir Chapitre 1).

Les résultats présentés jusqu'à présent nous aident à comprendre le comportement des trans-

ferts de fonds. Pour aller plus loin dans notre analyse, nous allons appliquer le modèle VAR

afin d’évaluer la réponse des transferts de fonds suite au choc du revenu dans le pays

d’accueil. Les résultats, pour chaque filtre utilisé, sont présentés dans le graphe 2.7. Ils con-

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

83

firment l’idée selon laquelle les transferts de fonds sont impactés positivement par le revenu

d’accueil.

L’hypothèse implicite posée dans ce travail est la suivante : les transferts de fonds sont con-

tra-cycliques avec les cycles des affaires du Maroc et pro-cyclique avec ceux des pays

d’accueil. Nos résultats valident en partie cette hypothèse.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

84

Figure 2.7 : Réponses des cycles des transferts suite au choc des cycles de PIB (accueil)

MC Pl3

PL4 Kernel

HP BK

-200

-100

0

100

200

300

400

500

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de mc_RemitVo à un choc dans mc_PIBHVO

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

-100

0

100

200

300

400

500

600

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_RemitVo3 à un choc dans pc_PIBHVO3

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

-100

0

100

200

300

400

500

1 2 3 4 5 6 7 8 9

périodes

réponse de hp_RemitVo à un choc dans hp_PIBHVO

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

-100

-50

0

50

100

150

200

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de bk_RemitVo à un choc dans bk_PIBHVO

intervalle de confiance de 90 pourcent

estimation ponctuelle

-400

-200

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de pc_RemitVo4 à un choc dans pc_RemitVo4

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

-300

-200

-100

0

100

200

300

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de cre à un choc dans cy

intervalle de confiance de 90 pourcentestimation ponctuelle

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

85

Dans ce chapitre nous avons souhaité soulever une problématique sur la nature des transferts

de fonds pour laquelle certains travaux ont déjà donné des conclusions pour certains pays,

comme Sayan (2004) pour la Turquie et Vargas-Silvas (2008) pour le Mexique.

Les résultats montrent qu’il existe une différence selon le pays d’accueil. La question à se

poser est la suivante : les migrants ont-ils vraiment un comportement différent ? A priori et

sur une long période il est difficile de supposer que les migrants, de manière générale, ont des

comportements très différents. En revanche, étant donné les différences des conjonctures dans

les pays d’accueil et d’origine, ceci peut conduire à une différence de comportement. De plus,

il est difficile de conclure sur la nature du comportement de migrants en prenant en compte

uniquement les transferts de fonds et le PIB du pays d’accueil et en utilisant un seul pays et un

seul filtre. Dans ce cas de figure, nous perdons, en effet, une information importante celle

relative au migrant lui même. Nous avons démontré que la cyclicité des transferts de fonds est

influencée par les cycles des affaires des pays d’émigration et ceux d’immigration. Si les

cycles des affaires entre les deux pays sont pro-cycliques, dans ce cas, nous avons plus de

chance de trouver que les transferts sont pro-cycliques avec le pays d’accueil et d’origine (cas

de l’Allemagne et de la Turquie, (Sayan, 2004)). Dans le cas contraire si les cycles des af-

faires sont contra-cycliques comme cela est constaté entre un pays d’origine et un pays

d’accueil importateur de pétrole, les transferts seront probablement contra-cycliques

(Mexique et les Etats-Unis, Vargas-Silvas, 2008).

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

86

5. Conclusion

Les transferts de fonds des migrants sont un phénomène complexe notamment du point de vue

de leurs propriétés cycliques. Ils ne sont pas le fruit d’une décision prise d’une manière indé-

pendante de l’environnement macro-économique dans le pays d’accueil et d’origine. Nous

venons de voir que leurs propriétés cycliques sont liées d’une manière positive aux cycles des

affaires des pays d’accueil et de manière négative à l’activité économique au Maroc.

Les chocs et les aléas dans les pays d’origine peuvent aussi affecter le comportement des mi-

grants marocains. S’ils s’adaptent aux économies des pays d’accueil, nous pouvons déduire

que les propriétés cycliques de leurs transferts de fonds reflètent celles des cycles des affaires

des pays d’accueil. Le degré de dépendance économique et l’intégration économique entre les

pays d’accueil et les pays d’origine peuvent affecter les propriétés cycliques des transferts de

fonds. Ces derniers peuvent aider les économies des pays d’origine à réduire l’amplitude des

cycles de certaines variables économiques, comme la consommation, la croissance etc. Ce

chapitre s’interrogeait sur les caractéristiques des cycles des transferts de fonds. Pour ce faire,

nous avions mobilisé des outils économétriques adéquats qui nous ont permis d’éclairer et

d’expliquer certains points relatifs aux propriétés des transferts de fonds :

• dans le cas marocain, les transferts de fonds sont contra-cycliques, contrairement aux

conclusions de Sayan (2004) ;

• les transferts de fonds peuvent augmenter durant les crises économiques et durant des

phases de récession du cycle économique ;

• les conclusions relatives à la nature des cycles des transferts sont dépendantes des

données (mensuelles, annuelles et trimestrielle), de la période choisie et du filtre

utilisé ;

• les transferts de fonds sont sensibles aux chocs dans les pays d’origine et d’accueil;

• l’environnement macro-économique dans les pays d’accueil peut expliquer en partie

les propriétés cycliques des transferts de fonds ;

• les transferts de fonds sont corrélés positivement avec le revenu de migrant, cependant

cette corrélation est faible. Ceci implique qu’une partie des migrants marocains

utilisent l’épargne dans le processus d’envoi.

Les propriétés cycliques peuvent changer dans le temps et sont différentes selons les pays

d’accueil et d’origine. Les politiques prises par les autorités marocaines à l’égard de ses

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

87

émigrants ne doivent pas être homogènes, elles doivent prendre en considération les

spécificités des pays d’accueil. En d’autres termes, pour contrôler le phénomène des transferts

de fonds, les politiques doivent être spécifiques à chaque pays d’accueil. Les politiques

bilatérales peuvent être efficaces par rapport à celles prises d’une manière unilatérale.

Nos analyses sur le phénomène des transferts de fonds à ce stade restent incomplètes. En

effet, les déterminants de ces transferts de fonds vers le Maroc restent à analyser comme le

revenu dans les pays d’accueil et celui du Maroc, analyse proposée dans le chapitre suivant.

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

88

Annexe chapitre 2

Tableau A2.1 : Résultats par pays d'accueil

Retards HP BK -1 0 1 -1 0 1 Allemagne -0,10 0,08 0,04 -0,14 0,09 -0,006

Arabie saoudite 0.05 -0.03 0.09 -0.01 -0.05 0.12

Belgique -0,12 0,03 0,18 -0,27 -0,02 0,2

Danemark -0.31* 0.0007 0.04 -0,37 0.04 -0,08

Émirats Arabes Unis 0,21 0,14 0,21 0,01 -0,02 0,20

Espagne 0,005 0,14 0,20 0,001 0,11 -0,05

Etats-Unis 0,05 -0,03 0,09 -0,26 0,001 -0,14

France 0,13 0,15 0,19 0,10 0,10 0,03

Italie -0,26 0,07 0,01 -0.25 0.15 -0.04

Pays-Bas -0,12 0,10 0,04 -0,18 0,13 -0,01

Royaume-Uni -0,14 -0,07 0,13 -0,14 -0,04 0,16

Suède -0,23 0,33 -0,26 -0,3 0,45** -0,46***

Suisse -0,09 0,05 0,0004 -0,05 0,16 -0,21

*** significativité à 1%,*significativité à 10%

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

89

Figure A2.1 : Evolution PIB et transferts de fonds (en milliards de dirham marocain)

Source : IFS et Office des Changes du Maroc (2012)

Figure A2.2: PIB et Transferts de fonds (données trimestrielles, 1998 :1-2010 :4 )

Source : Office des Changes du Maroc et Banque Modiale (2012)

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

90

Figure A2.3 : Cycles des transferts de fonds et PIB du Maroc filtre HP

-10000

-8000

-6000

-4000

-2000

0

2000

4000

6000

8000

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

hp_remit

hp_PIB

Figure A2.4 : Cycles des transferts de fonds et PIB filtre moyenne

mobile

-4000

-2000

0

2000

4000

6000

8000

10000

2000 2002 2004 2006 2008 2010

mc_PIB

mc_remit

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

91

Figure A2.5 : Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 2

-10000

-8000

-6000

-4000

-2000

0

2000

4000

6000

8000

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

pc_PIB2

pc_remit2

Figure A2.6 : Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 3

-10000

-8000

-6000

-4000

-2000

0

2000

4000

6000

8000

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

pc_remit3

pc_PIB3

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

92

Figure A2.7: Cycles des transferts de fonds et PIB filtre polynomial 4

-8000

-6000

-4000

-2000

0

2000

4000

6000

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

pc_remit4

pc_PIB4

Figure A2.8 : Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre HP)

-3000

-2000

-1000

0

1000

2000

3000

4000

5000

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

-150000

-100000

-50000

0

50000

100000

150000

200000

250000hp_PIBHVO (droite)

hp_RemitVo (gauche)

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

93

Figure A2.9 : Cycles des transferts de fonds et PIB (filtre moyenne mobile)

-100000

-50000

0

50000

100000

150000

200000

250000

2000 2002 2004 2006 2008 2010

-3000

-2000

-1000

0

1000

2000

3000

4000mc_RemitVo (droite)

mc_PIBHVO (gauche)

Figure A2.10: Cycles des transferts de fonds et PIB du pays d’accueil (filtre BK)

-80000

-60000

-40000

-20000

0

20000

40000

60000

80000

100000

120000

2000 2002 2004 2006 2008

-1500

-1000

-500

0

500

1000

1500bk_RemitVo (droite)

bk_PIBHVO (gauche)

Chapitre 2 : Propriétés cycliques des transferts de fonds

94

Figure A2.11 : Cycles des transferts de fonds et PIB du pays

d’accueil (filtre non paramétrique)

-120000

-100000

-80000

-60000

-40000

-20000

0

20000

40000

60000

80000

100000

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

-2000

-1500

-1000

-500

0

500

1000

1500

2000

2500cre (droite)

cy (gauche)

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

95

CHAPITRE 3 : PAYS D’ACCUEIL, REVENU ET TRANSFERTS D E

FONDS

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

96

1. Introduction

En comparant les déterminants des transferts de fonds en provenance de 13 pays d’accueil

vers le Maroc, ce chapitre met en exergue les arguments selon lesquels les conditions macro-

économiques dans les pays hôtes ont un impact différent sur les transferts de fonds. Nous dis-

tinguons, globalement, deux groupes de pays d’accueil pour les migrants marocains : les nou-

veaux et les anciens pays d’accueil. Dans le chapitre 2, nous avons constaté clairement que les

propriétés cycliques varient selon l’économie d’accueil. Mais, nous n’avons pas cherché à

savoir comment ces conditions peuvent affecter les transferts de fonds. La plupart des travaux

sur les déterminants des transferts de fonds portent principalement sur les caractéristiques

individuelles des migrants (ces dernières, telles que le niveau d’éducation du migrant ou le

genre, influencent le comportement des transferts de fonds). De même, la communauté à la-

quelle est rattaché le migrant dans le pays d’accueil peut également jouer un rôle important

dans la détermination des transferts de fonds. Par conséquent, il nous semble nécessaire de

compléter ces études en regardant comment les caractéristiques des pays d’accueil et celles du

Maroc jouent sur les transferts de fonds. L’idée est ici d’examiner les transferts de fonds, non

pas de manière globale, mais par pays d’accueil. Ceci nous paraît être important pour plu-

sieurs raisons. Il s’agit d’améliorer la qualité des prévisions des montants transférés en tenant

compte des spécificités des pays d’accueil. Le fait de considérer les conjonctures des pays

hôtes permet aux responsables en charge des politiques migratoires de limiter les erreurs de

prévision inhérentes à cet exercice. En effet, il est important pour les responsables politiques

des pays d’origine de migrants d’être capables de faire de bonnes prévisions et de mettre en

place des politiques d’encouragement des transferts et d’accompagnement des migrants. Cette

différenciation qui est, de notre point de vue, un élément essentiel des politiques publiques

n’est pas assez mise en valeur, étant donné justement le manque d’études par pays.

En s’interrogeant sur les motifs des transferts de fonds et en remarquant qu’ils engendrent

davantage de flux migratoires au Maroc, en Egypte et en Turquie, Van Dalen et al. (2005) ont

conclu que les déterminants des transferts sont le fruit d’un mélange de pur altruisme ainsi

que d’un altruisme éclairé. Ils démontrent également que les liens familiaux et les revenus

nets des migrants ont un effet non négligeable sur les flux des transferts de fonds. Enfin, ils

mettent en évidence la corrélation forte entre les transferts de fonds et la décision de migrer

notamment dans le cas marocain. Il existe, par conséquent, une relation bi-causale entre les

transferts de fonds et la migration.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

97

Il est vrai qu’envoyer de l’argent relève a priori d’une décision individuelle. Cependant,

l’environnement macro-économique peut influencer cette décision. Les caractéristiques so-

ciales et économiques sont également à prendre en compte. De plus, la dynamique de

l’environnement macro-économique et la structure des économies des pays d’accueil et celle

du pays d’origine affectent les revenus des migrants et de leurs familles, et bien évidement

leurs transferts de fonds. Manifestement, plusieurs facteurs expliquent la variation des com-

portements des migrants dans le temps et entre les pays d’accueil. Dans une étude similaire à

la notre, Vargas-Silva et Huang (2006) notent que les transferts de fonds sont davantage sen-

sibles aux chocs opérant dans le pays d’accueil (Etats-Unis) que dans le pays d’origine

(Mexique). De même, dans le cas du Tadjikistan, les principaux facteurs qui influencent les

transferts de fonds sont principalement les variables du pays d’accueil (Coiffard, 2011). Bien

que les transferts de fonds soient considérés à la fois comme un phénomène micro et macro-

économique, la plupart des études sur leurs déterminants sont micro-économiques (Köksal,

2006). Peu de publications s’intéressent à l’impact des conditions des pays d’accueil sur les

transferts de fonds (Roache et Gradzka, 2007). Très peu d’études portent sur les déterminants

des transferts de fonds dans les pays du Maghreb (Miotti et al., 2010). Dans le cas du Maroc,

nous constatons qu’il n’existe aucune recherche sur les déterminants des transferts de fonds

bilatéraux.

Ce chapitre s’inscrit dans une démarche empirique et macro-économique et complète le peu

de travaux sur les transferts de fonds au Maroc. Nous tentons d’apporter notre contribution à

la littérature économique existante sur les déterminants des transferts de fonds sur plusieurs

volets. Premièrement, nous ferons une revue de la littérature existante notamment sur le plan

macro-économique. Deuxièmement, nous étudierons les déterminants macro-économiques

des transferts de fonds dans le cas marocain en prenant en compte les principaux pays

d’accueil. Troisièmement, nous utiliserons plusieurs techniques économétriques pour vérifier

la robustesse de nos résultats contrairement aux études antérieures qui se contentent d’un

nombre limité de techniques (comme Bouhga-Hagbe (2006) qui n’a utilisé que la technique

de co- intégration).

Les principaux pays d’accueil71 des marocain sont : la France, l’Allemagne, l’Arabie Saou-

dite, la Belgique, le Danemark, les Emirats Arabes Unis, l’Espagne, les Etats-Unis, le

Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse. Ces pays peuvent être regroupés en

trois catégories : les anciens pays d’immigration comme la France, les nouveaux pays

71 Pou plus de détails voir le chapitre1.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

98

d’immigration comme l’Espagne, et certains pays du Golfe. La suite de ce chapitre sera orga-

nisée comme suit : dans la section 2, nous essayerons de mettre en avant les déterminants ma-

cro-économiques et micro-économiques des transferts de fonds en nous appuyant sur les tra-

vaux réalisés précédemment ; dans la section 3, nous estimerons la fonction des transferts de

fonds pour chaque pays d’accueil par plusieurs techniques économétriques afin de contrôler

les problèmes d’endogénéité, une attention particulière sera donnée aux problèmes de non-

linéarité. Ce chapitre se terminera par une conclusion, sous forme de synthèse générale à pro-

pos des déterminants et des caractéristiques des transferts de fonds.

2. Revue de la littérature sur les déterminants des transferts de fonds

L’objectif de cette section est de synthétiser les principaux déterminants des transferts de

fonds et de justifier les variables utilisées dans la section empirique. Rappelons tout d’abord

que les déterminants des transferts de fonds sont de nature micro et macro-économiques

(Mouhoud et al., 2008). Les déterminants micro-économiques reposent essentiellement sur les

caractéristiques liées à l’immigré lui-même ainsi qu’à sa famille. Le tableau 3.1 résume

l’impact des principales variables explicatives sur les transferts de fonds suivant les motiva-

tions des migrants. On peut se référer à la revue de la littérature de Rapoport et Docquier

(2006) sur les déterminants des transferts de fonds qui classent les motivations d’envoi

d’argent en deux catégories. Les motivations personnelles du migrant et celles communes

entre le migrant et sa famille, sous forme d’arrangement tels que le paiement des crédits liés

au coût de la migration. Les deux auteurs arrivent à la conclusion selon laquelle il est difficile

d’avoir des résultats concluants et robustes sur les déterminants des transferts de fonds.

En ce qui concerne les déterminants macro-économiques, ils sont liés aux caractéristiques

économiques du pays d’accueil et du pays d’origine. Il est à noter que le stock de migrants

dans le pays d’accueil est un déterminant évident des transferts de fonds. Il est considéré

comme l’un des plus importants (Singh et al., 2009). Par exemple, Freund et Spatafora (2008)

observent qu’une augmentation de 100% du stock de migrant dans les pays de l’OCDE72

permet une augmentation de 75% des transferts de fonds.

72 Organisation de Coopération et de Développement Economiques.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

99

Tableau 3.1 : Motivations d'envois de fonds

Globalement, les déterminants des transferts de fonds peuvent être résumés comme suit : les

revenus perçus par les migrants ; les revenus perçus par les familles récipiendaires ; le niveau

d’éducation du migrant et de sa famille ; la durée de séjour ; la composition de la famille du

migrant ; le degré d’altruisme du migrant ; le comportement stratégique du migrant et sa fa-

mille ; le taux de change ; l’évolution des prix dans les pays d’accueil et d’origine ; le taux

d’intérêt dans les pays d’accueil et d’origine ; le PIB dans les pays d’accueil et d’origine ; le

climat des affaires dans les pays d’origine. A côté de ces facteurs, il existe d’autres détermi-

nants non observables comme l’attachement au pays d’origine, le sentiment d’obligation

d’envoyer de l’argent, le projet de retour, qui peuvent jouer un rôle important sur le compor-

tement des transferts de fonds (Miotti et al., 2010). De plus, le contexte politique peut aussi

influencer la probabilité d’envoyer de l’argent et également le montant à transférer (Arestoff

et al., 2010 ; O’Mahony, 2012).

La nature de la migration joue un rôle important dans les déterminants des transferts de fonds

(Dustmann et Mestres, 2010). La durée de séjour est corrélée négativement avec les transferts

de fonds (voir chapitre 1). Lowell et De la Garza (2000) montrent, ainsi, qu’une augmentation

de 1% de la durée de séjour du migrant diminue de 2% la probabilité de transférer de l’argent.

Cependant, Aggarwal et Horowitz (2002) ainsi qu’Osaki (2003) ne trouvent aucun lien entre

Variables

Explicatives

Motifs d’envois

Variables liées au migrant Motifs arrangements fami-

liaux

Altruisme Echange Héritage Stratégie Assurance

(implicite)

Prêt

(implicite)

Revenu du migrant + + + * +

Education du migrant * - * + * +

Durée de séjour - * * - * *

Distance avec le pays d’origine - * - * * +

Nombre de migrants héritiers - * Relation U

inversé * * *

Revenu de sa famille - -/+ * + + +

Choc négatif affectant le revenu

de la famille à court terme * * + * * *

(+) effet positif,(-) effet négatif, (*) pas d’effet

Source : Adapté de Rapoport et Docquier, 2006, p.1163

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

100

la durée de séjour et les transferts de fonds. Dans le cas du Maroc, les transferts de fonds en

provenance des anciens pays d’accueil ont un taux de croissance moins important par rapport

aux nouvelles destinations (voir chapitre 1).

Au niveau micro-économique, mesurer les déterminants des transferts de fonds nécessite des

enquêtes de terrain. En d’autres termes, cela oblige à chercher l’information directement au-

près des migrants et de leurs familles73. Au niveau macro-économique, les études nécessitent

plutôt des données agrégées. Il faut préciser que la première publication (Swamy, 1981) sur

les déterminants macroéconomiques remonte à une trentaine d’années.

Notons que l’objectif est de montrer que le comportement des transferts de fonds est le résul-

tat de plusieurs interactions de variables macro-économiques (notamment les structures des

pays d’accueil). Dans cet ordre d’idées, Barajas et al., (2010a) et Glytsos (1997) observent

que les facteurs liés au pays d’accueil influencent davantage les transferts de fonds par rapport

à ceux du pays d’origine. Mais les déterminants des transferts de fonds ne sont pas seulement

le résultat des variations des facteurs liés aux pays d’accueil. Si l’on prend le cas de l’Inde74,

par exemple, on trouve que plusieurs facteurs expliquent les transferts de fonds. On peut citer

l’activité économique dans le pays d’accueil, mais aussi la différence des salaires, le taux de

change, le nombre de migrants (Sirkeci et al., 2012, p. 112).

Les transferts de fonds sont constitués d’une composante exogène et d’une composante endo-

gène (Glytsos, 2002). Wahba (1991) va jusqu’à distinguer deux types de transferts de fonds.

Le premier comprend les transferts de fonds fixes destinés à satisfaire les besoins des fa-

milles. Le deuxième, discrétionnaire, est généralement destiné à l’investissement. Ce dernier

peut être influencé par l’environnement macro-économique des pays d’accueil et / ou

d’origine. En outre, Hoddinott (1994) souligne qu’il existe une différence entre la décision

d’envoyer de l’argent et la quantité d’argent envoyé. Dans notre travail, nous nous intéressons

évidemment à la quantité des transferts de fonds puisqu’on raisonne dans un cadre macro. Si

les facteurs qui déterminent la décision du migrant d’envoyer ou non de l’argent à sa famille

peuvent être d’ordre micro-économique (facteurs liés aux migrants), le montant de transferts,

quant à lui, peut être influencé par des variables macro-économiques (le taux de change,

l’inflation, etc.). De plus, le coût lié aux transferts joue un rôle non négligeable sur le volume

73 Voir Mouhoud et al. (2008) pour un état de l’art sur la question. 74 L’Inde est considérée comme le premier pays qui reçoit le plus de transferts de fonds de ses migrants, environ

54 milliards de dollars en 2010, selon les données de la Banque Mondiale.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

101

des transferts de fonds. Par exemple, Gibson et al., (2006) montrent qu’une baisse de 1 % des

coûts liés aux transferts permet une augmentation de 0,22 % des transferts de fonds.

Les raisons pour lesquelles les migrants envoient de l’argent sont multiples. Ainsi, Lucas et

Strak (1985) en exposent trois. La première est attribuée au pur altruisme, puisqu’il s’agit

d’améliorer le bien être de leurs familles. La deuxième raison vient du fait que les migrants

peuvent transférer une partie de leurs revenus dans leur propre intérêt (par exemple en ache-

tant des biens durables). La dernière raison considère que les transferts de fonds servent à

rembourser la dette liée à la migration.

L’altruisme implique une relation positive entre le revenu du migrant et les chocs négatifs

subis par les familles dans le pays d’origine, et une relation négative avec le revenu des fa-

milles des migrants. Selon Glytsos (1988), les coûts de migration sont partagés entre les

membres de la famille et de ce fait, les migrants peuvent transférer une partie de leurs revenus

afin d’honorer les engagements envers leurs familles.

En moyenne, les migrants envoient un cinquième de leurs revenus (Ratha et al., 2010). Le

niveau d’activité économique dans le pays d’accueil et d’origine influence les transferts de

fonds (Swamy, 1981). Le revenu du migrant qui dépend du niveau d’activité du pays

d’accueil est l’un des déterminants les plus importants des transferts de fonds (pour envoyer

de l’argent, il faut commencer par le gagner). La situation du migrant dans le pays d’accueil

(statut légal ou illégal) influence également son comportement en termes de transferts de

fonds (Amuedo-Dorantes et Pozo, 2012).

Makhlouf (2011) démontre que les transferts de fonds augmentent suite à une bonne conjonc-

ture économique au Maroc. Bouhga-Hagbe (2006) a utilisé les données macro-économiques

pour mesurer l’altruisme. Il a utilisé le PIB agricole comme étant une mesure de la difficulté

économique dans les pays d’origine. Ses résultats montrent que l’altruisme est un déterminant

important des transferts de fonds. Karpestam et Andersson (2011), en estimant l’équation de

la consommation avec les transferts de fonds comme une variable explicative, notent que le

comportement altruiste prime sur le comportement d’assurance. L’hypothèse d’assurance dé-

veloppée par la nouvelle économie de la migration présente cette dernière comme étant un

processus d’assurance en cas d’une baisse de revenu. Le tableau 3.2 résume l’interaction entre

le niveau des transferts de fonds du migrant, son revenu et celui de sa famille.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

102

Tableau 3.2 : Impact du revenu sur le comportement des transferts de fonds

Les transferts de fonds dépendent des caractéristiques économiques des pays d’origine (ré-

gime de change, activité économique, degré de mobilité des capitaux, développement finan-

cier, etc.) (Grabel, 2008). L’instabilité économique dans les pays d’origine peut aussi influen-

cer les transferts de fonds (Elbadawi et Rocha, 1992). Il est important de signaler la relation

bi-causale existant entre les transferts de fonds et l’instabilité économique des pays d’origine.

In hoc sensu, le lien entre les transferts et la croissance économique reste encore ambigu75.

Ces deux derniers auteurs proposent une autre approche permettant d’expliquer la décision de

transférer des fonds : celle de l’arbitrage entre l’épargne et l’investissement dans les pays

d’accueil ou dans les pays d’origine. Dans ce cas, les transferts sont considérés comme de

simples flux financiers. Dans les périodes de crise, les transferts de fonds peuvent augmenter

et de ce fait, peuvent être considérés comme un facteur stabilisateur (Yang, 2003) qui rédui-

rait l’amplitude des cycles économiques.

Parmi les déterminants macro-économiques des transferts, le différentiel de taux d’intérêt joue

un rôle important (Vargas-Silva, 2009). Par exemple, El-Sakka et McNabb (1999) montrent

que le taux d’intérêt explique de manière significative les transferts des migrants vers

l’Egypte. En effet, le taux d’intérêt dans les pays d’origine peut jouer un rôle dans la détermi-

nation des transferts de fonds (Adams, 2009 ; Lianos, 1997 ; Alper, 2005)

Dans les pays exportateurs de main d’œuvre en général, le taux d’inflation peut être une

source de variation du pouvoir d’achat. L’inflation peut ainsi jouer un rôle dans la détermina-

tion des transferts de fonds (El-Sakka et McNabb, 1999). En utilisant les données sur

75 Voir le chapitre 1

Les effets sur le niveau des transferts Revenu de famille Revenu du migrant

Pur altruisme - +

Pur intérêt personnel + +

Assurance -

Paiement des dettes +/- +

Motivations d’échanges +/- +

Comportements stratégiques - +

(-) : effet négatif, (+) : effet positif

Source : Hagen-Zanker et Siegel (2007)

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

103

l’Algérie, le Maroc, le Portugal, la Tunisie, la Turquie et la Yougoslavie, Elbadawi et Rocha

(1992) nous montrent que le niveau de revenu dans le pays d’accueil et le taux d’inflation

dans le pays d’origine sont des déterminants significatifs. Cependant le niveau de revenu dans

le pays d’accueil et le différentiel de taux d’intérêt ne le sont pas. La variation du taux de

change peut également influencer la décision des migrants de transférer une partie de leurs

revenus (Barro et al., 2007). Selon Faini (2007), la variation du taux de change réel engendre

deux principaux effets. Le premier est un effet de revenu et le deuxième un effet de substitu-

tion. Le tableau 3.3 résume l’impact du taux de change sur les transferts de fonds. El-Sakka et

McNabb (1999) montrent que le taux de change a un rôle important dans la détermination des

transferts de fonds vers l’Egypte. Nous avons montré (Makhlouf, 2011) que la dévaluation du

taux de change engendre un effet de substitution et un effet de revenu sur les transferts de

fonds. Par contre, Straubhaar (1986) remarque que les transferts de fonds ne sont pas affectés

par la variation du taux de change dans le cas de la Turquie. Yang (2008) note que dans le cas

des Philippines, les transferts de fonds augmentent suite à une dépréciation du peso. Par ail-

leurs, la réaction des transferts de fonds n’est pas stable par rapport à la variation de taux de

change. A titre d’exemple, à court terme, la dépréciation de la monnaie indienne engendre une

augmentation des transferts de fonds, mais à long terme, elle engendre une baisse de ces

transferts (Sirkeci et al., 2012, p. 115). Enfin, les migrants préfèrent utiliser les canaux infor-

mels quand le taux de change n’est pas attractif (Freund et Spatafora, 2008).

Tableau 3.3 : Impact du taux de change sur transferts de fonds

Auteurs Impact du taux de change bilatéral

Russell (1986) *

Elbadawi et Rocha (1992) -

Faini (1994) +

Lianos (1997) -

Buch et al. (2002) *

Freund et Spatafora (2008) -

Gupta (2005) *

IMF(2005) -

Aydas et al. (2006) -

Lueth et Ruiz-Arranz (2007) -

Singh et al. (2009) -

(-) effet négatif sur les transferts de fonds, (+) effet positif, (*) effet non significatif

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

104

Dans cette section, nous avons vu comment les variables micro et macro-économiques in-

fluencent les transferts de fonds des migrants. Nous avons également montré que le revenu

des migrants influence positivement les transferts de fonds. Cependant, le revenu des réci-

piendaires peut avoir un effet positif et/ou négatif selon le comportement du migrant. Nous

avons compris également que l’instabilité économique dans les pays d’origine et d’accueil

peut modifier la fonction des transferts de fonds. De plus, le degré d’intégration économique

entre le pays d’accueil et d’origine peut influencer le comportement des transferts de fonds

(Chami et al., 2005). Cependant, la réaction des transferts de fonds suite à une crise financière

dans les pays d’accueil n’est pas claire (Mohapatra et Ratha, 2010). Le schéma 3.1 montre les

canaux de transmission de la crise économique vers les transferts de fonds.

Schéma 3.1 : Les canaux de transmission de la crise économique aux transferts de fonds

Source : D’après Sirkeci et al., 2012, p. 216

Pour chercher la meilleure relation entre les transferts et leurs principaux déterminants, nous

retiendrons, d’après cette revue bibliographique, les principaux déterminants suivants : le PIB

par tête et l’inflation du pays d’accueil et du pays d’origine ; le taux de change et la variable

relative aux institutions dans le pays d’origine. Pour nous assurer de la robustesse de nos ré-

sultats, nous mettons en place une stratégie d’estimation basée sur plusieurs techniques statis-

tiques. Nous essayerons, dans la section suivante, d’estimer l’impact de ces déterminants ma-

cro-économiques qui reflètent les conditions économiques au Maroc et dans les principaux

pays d’accueil des migrants marocains.

Crise économique Transferts de fonds

Taux de change

Revenu du Migrant

Stock de migration

Coûts d’envois

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

105

3. Etude empirique

Dans un premier temps, nous allons aborder l’aspect méthodologique en présentant les don-

nées et les techniques utilisées dans ce travail. Puis, nous discuterons les résultats de chaque

technique.

3.1. Données et méthodologie

Dans cette section, nous allons comparer les principaux déterminants des transferts de fonds

pour chaque pays d’accueil. L’objectif essentiel est de comparer l’impact des revenus (proxy

de revenu du migrant) des différents pays d’accueil sur les transferts de fonds vers le Maroc.

Notre hypothèse est que ce comportement est hétérogène. Nous considérons, comme dans le

chapitre 1, la France comme pays de référence. Pour ce faire, nous allons considérer les 13

principaux pays d’accueil des migrants marocains qui représentent plus de 95% des transferts

de fonds vers ce pays. Nous allons effectuer une batterie de tests et régressions pour chaque

pays d’accueil. Ensuite, nous comparerons les résultats entre ces différents pays. Nous utilise-

rons également les revenus des migrants et de leurs familles pour capter l’évolution des com-

portements altruistes ou égoïstes. Les variables explicatives sont : le taux de change nominal

bilatéral, les taux d’inflation et le taux d’intérêt dans les pays d’accueil et du Maroc. Pour

capter l’éventuel comportement de solidarité, nous utilisons deux variables : la première con-

cerne l’indice de production de blé ; la deuxième est relative aux catastrophes naturelles76 au

Maroc. Il est à noter que l’agriculture au Maroc est pluviale (Chafai Elalaoui, 2006). Les

transferts de fonds devraient augmenter dans les périodes de sècheresses. De plus, d’autres

études utilisent le PIB agricole comme variable proxy (Younoussa, 2011 et Bouhga-Hagbe,

2006) pour les Comores et le Maroc. L’idée est de pouvoir dissocier de façon rigoureuse les

transferts de fonds altruistes de ceux à destination d’investissement.

Pour le revenu du migrant et celui de sa famille, nous avons choisi le PIB par tête en parité du

pouvoir d’achat du pays d’accueil et d’origine respectivement, comme étant une variable

proxy du revenu de migrant et celui de sa famille, comme suggéré par Faini (2007). Pour le

taux de change, nous avons considéré le taux de change nominal bilatéral (au certain par rap-

port au Maroc). Nous avons utilisé le différentiel de taux d’inflation pour détecter si les mi-

76 Source:"EM-DAT: The OFDA/CRED International Disaster Database, www.emdat.be - Université catholique

de Louvain - Brussels - Belgium".

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

106

grants marocains sont des victimes d’illusion monétaire. Les transferts de fonds sont en dir-

ham marocain. Enfin, nous allons estimer les déterminants des transferts de fonds en utilisant

des données trimestrielles.

3.2. Stratégie d’estimation

L’économétrie nous offre une panoplie de méthodes et de techniques dans le but d’améliorer

la qualité des estimations. Greene (2005) propose une grande liste de méthodes économé-

triques et explique qu’ « on peut pardonner, même à l’économètre le plus chevronné, de ne

pas savoir comment choisir la bonne méthode dans cette longue liste » (Greene, 2005, p.

409). Cependant, nous assistons à une utilisation de plus en plus fréquente de techniques dont

les restrictions sur les hypothèses sont moins contraignantes. Les déterminants macro-

économiques des transferts de fonds sont construits sur plusieurs relations complexes. C’est le

cas, par exemple, de l’environnement du pays d’accueil qui est lui-même constitué d’un en-

semble de relations complexes entre les variables macro-économiques. Il en est de même pour

le pays d’origine. Les transferts de fonds sont donc la conséquence d’interactions entre plu-

sieurs variables macro-économiques. On peut dire que l’équilibre se réalise entre le migrant et

sa famille lorsque la somme d’argent demandée par la famille correspond à celle offerte par le

migrant. En d’autres termes, la somme envoyée correspond à la somme désirée. Il est évident

que les variables qui influencent la demande ne sont pas les mêmes que celles qui influencent

l’offre des transferts de fonds. Afin d’établir la « meilleure » estimation, nous allons procéder

par étapes. Dans un premier temps, nous allons commencer par estimer une relation linéaire

entre les transferts de fonds et les principaux déterminants, en utilisant la méthode des

moindres carrés ordinaires. Toutefois, cette technique ne permet pas de donner des estima-

teurs sans biais du fait de l’endogénéité de certaines variables explicatives. Dans le but de

pallier à ce problème d’endogénéité, nous allons utiliser la modèle de régressions apparem-

ment indépendantes (SUR77), dans un deuxième temps. Cependant, un autre problème sub-

siste ; dans ces deux méthodes, le modèle estimé est statique. Pour prendre en considération

la dynamique et l’endogénéité, nous allons estimer le modèle VAR, dans un troisième temps.

Les modèles testés, à ce stade, supposent une relation linéaire entre les transferts de fonds et

leurs déterminants. Cependant, cette hypothèse n’est pas toujours valide. Ceci nous amène à

penser à des modèles qui ne stipulent pas de forme a priori de la relation à estimer. Autrement

dit, le manque de modèle fiable sur les déterminants des transferts de fonds, notamment sur la

77 Seemingly Unrelated Regressions

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

107

relation entre les transferts de fonds et le revenu de la famille des migrants, nous oblige à tes-

ter un modèle non paramétrique, dans un quatrième temps. Nous sommes également confron-

tés à une autre contrainte ; celle des données puisque nous avons seulement 29 observations

(1982-2010) pour 6 variables alors que la méthode non paramétrique a besoin d’un nombre

important d’observations pour fournir des résultats fiables. De plus, nous n’avons pas des

données trimestrielles pour les variables choisies. Face à ces contraintes, nous avons opté

pour une méthode hybride, à savoir la méthode semi paramétrique qui inclut une partie para-

métrique et une partie non paramétrique. Le schéma 3.2 infra résume la stratégie d’estimation

décrite ci-dessus.

Schéma 3.2 : Stratégie d’estimation

Fonction connue Fonction inconnue

MCO SUR

Statique Dynamique

VAR

Semi-

paramétrique

Remit=f(X)

X : matrice des variables explicatives

X : Matrice des variables explicatives Remit : Transferts de fonds

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

108

Dans un premier temps, nous allons estimer le modèle de base ci-dessous en utilisant les

MCO et SUR pour la majorité des pays d’accueil.

)1()()( 633210 εαααααα +++−++−+= PAgriIIQyyR amMarocaccueil

Avec :

)( Marocaccueil yy − , le différentiel du PIB par tête ;

C, une constante ;

Q, le taux de change nominal bilatéral ;

Ia, l’inflation dans le pays d’accueil ;

Im, l’inflation au Maroc ;

P, la variable dummy qui représente les institutions (elle prend la valeur 1 en 1990, date à

laquelle le Ministère Chargé des Marocains à l’Etranger a été créé) ;

ε, les erreurs tel que : ε ~N(0,σ).

Les variables utilisées dans l’équation (1) sont censées capter à la fois l’impact du revenu et

les conditions économiques sur les transferts de fonds (Agunias, 2006 ; Hagen-Zanker et Sie-

gel, 2007 ; Sirkeci, et al., 2012).

Nous avons pris le taux de change nominal au lieu du taux de change réel et les taux

d’inflation dans les pays d’accueil et les pays d’origines afin de décomposer l’effet du pouvoir

d’achat sur les transferts de fonds.

D’autres variables sont censées influencer les transferts de fonds, telles que le stock de mi-

grants, le taux d’intérêt et les coûts d’envois qui ne sont pas intégrées dans l’équation (1). Ces

variables ne sont pas disponibles pour l’ensemble des pays d’accueil. Cependant, les princi-

paux facteurs sont représentés dans notre modèle. Pour capter les comportements

d’investissement, nous avons ajouté dans l’équation (1) le différentiel de taux d’intérêt pour

les pays dont les données sont disponibles sur l’IFS. L’équation (1) est estimée pour chaque

pays d’accueil. Le tableau 3.4 donne les statistiques descriptives des variables utilisées.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

109

Tableau 3.4 : Statistiques descriptives

Moyenne Médiane Minimum Maximum Écart type C.V.

Transferts de fonds (source : Office des Changes du Maroc)

FRA 12277000000 10941000000 3640900000 23353000000 5385000000 0,439

BEL 1507200000 1366300000 386100000 3127700000 706330000 0,469

NLD 1447400000 1421400000 395000000 3485700000 669460000 0,463

DEU 1089200000 980300000 256600000 2201800000 512830000 0,471

ITA 2409400000 1659700000 14400000 6808500000 2416800000 1,003

DNK 95228000 89000000 11100000 279000000 61630000 0,647

SWE 53990000 43700000 5000000 122700000 34944000 0,647

SAU 553240000 432200000 104600000 1778000000 361150000 0,653

GBR 783250000 259100000 52100000 2508200000 779350000 0,995

USA 984590000 187200000 21400000 3320400000 1174500000 1,193

ESP 1948200000 471000000 14900000 8504900000 2682300000 1,377

CHE 364030000 246800000 20400000 934200000 280070000 0,769

ARE 710740000 504700000 59000000 2781000000 708710000 0,997

TOT 24864000000 18531000000 5114500000 55001000000 15619000000 0,628

Taux de change au certain (source : base de données CHELEM - CEPII)

USAQMAD 0,114 0,114 0,088 0,166 0,015 0,132

FRAQMAD 0,104 0,095 0,088 0,166 0,022 0,212

BELQMAD 0,106 0,094 0,086 0,188 0,028 0,259

DEUQMAD 0,107 0,094 0,086 0,206 0,030 0,283

ITAQMAD 0,091 0,091 0,074 0,116 0,010 0,106

NLDQMAD 0,107 0,094 0,085 0,201 0,030 0,278

GBRQMAD 0,070 0,068 0,061 0,095 0,009 0,130

DNKQMAD 0,789 0,707 0,656 1,383 0,193 0,245

SWEQMAD 0,838 0,838 0,682 1,078 0,089 0,106

CHEQMAD 0,172 0,152 0,124 0,337 0,051 0,296

ESPQMAD 0,092 0,091 0,072 0,121 0,011 0,117

SAUQMAD 0,423 0,426 0,332 0,569 0,049 0,115

AREQMAD 0,419 0,418 0,325 0,609 0,055 0,131

PIB par tête (PPA) (source : base de données CHELEM - CEPII)

MAR 3008,700 2842,200 2302,200 4231,600 561,830 0,187

USA 35228,000 34520,000 24956,000 43380,000 5717,500 0,162

FRA 26701,000 26214,000 21253,000 31542,000 3398,900 0,127

BEL 27465,000 27003,000 20846,000 33562,000 4187,700 0,152

DEU 28891,000 28481,000 23766,000 33758,000 2801,900 0,097

ITA 25009,000 25542,000 19039,000 28774,000 3056,400 0,122

NLD 29782,000 29324,000 21574,000 38134,000 5310,700 0,178

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

110

GBR 26603,000 25965,000 18501,000 34032,000 4892,800 0,184

DNK 28550,000 28693,000 21392,000 34598,000 3982,600 0,140

SWE 26971,000 24992,000 20493,000 34782,000 4491,800 0,167

CHE 33391,000 32816,000 28301,000 38310,000 2813,400 0,084

ESP 22178,000 21465,000 15322,000 28522,000 4388,900 0,198

SAU 20677,000 20362,000 18340,000 28568,000 2001,300 0,097

ARE 50154,000 46546,000 42002,000 77473,000 8460,500 0,169

Inflation (%) (source : Banque Mondiale WDI-2011)

MAR 4,112 3,922 -0,604 12,159 3,345 0,813

GBR 3,756 3,052 1,185 7,729 1,903 0,507

DNK 3,040 2,496 0,361 10,099 2,070 0,681

SWE 3,763 2,626 0,314 10,201 3,043 0,809

SAU 2,198 3,082 -21,883 19,336 10,051 4,572

CHE 1,926 2,021 -0,491 7,369 1,786 0,927

ARE 4,180 2,744 -11,277 21,826 8,342 1,996

FRA 2,888 2,014 0,177 12,100 2,696 0,934

BEL 2,642 2,169 0,312 7,570 1,642 0,621

NLD 1,960 1,848 -1,047 5,099 1,336 0,682

DEU 1,774 1,421 -0,678 4,963 1,349 0,760

ITA 5,154 3,551 0,612 17,541 3,992 0,775

ESP 5,369 4,286 0,601 13,582 3,222 0,600

USA 2,632 2,267 0,924 6,093 1,085 0,412

Indice de production de blé au Maroc (2004-200=100, (source : FAO)

MAR 546,5894 529,939 172,094 1005,297 253,1848 0,463

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

111

3.3. Résultats et commentaires

Les résultats détaillés seront présentés dans l’annexe de ce chapitre. Ne seront représentés

cependant, que les résumés des résultats, en utilisant la technique de la méta-analyse78.

3.3.1. Résultats du modèle linéaire

Selon les résultats du tableau A3.1 dans l’annexe, on peut distinguer trois types de pays : les

pays où l’écart de revenu du migrant est fortement significatif et positif (l’Espagne, l’Italie,

les Etats-Unis, le Grande Bretagne et la Suisse), et les pays où l’écart de revenu est positif

mais inférieur à la moyenne de tous les pays (la France, la Belgique, l’Allemagne, les Pays-

Bas, le Danemark, et la Suède). Le troisième groupe, où l’écart de revenu joue d’une manière

négative mais non significative sur les transferts de fonds : les pays du Golfe (l’Arabie Saou-

dite, les Emirats Arabes Unis). La figure 3.1 synthétise l’impact de l’écart de la richesse sur

les transferts de fonds selon les pays d’accueil. Les résultats sont donnés en détail en annexe.

L’impact des revenus sur les transferts de fonds vers le Maroc, comme on vient de voir, est

différent selon les pays d’accueil. Cela vient de fait que les émigrés marocains sont dispatchés

dans des pays différents en termes de structures économiques. On trouve des pays essentiel-

lement exportateurs de pétrole à l’instar des pays du Golfe et des pays industrialisés situés en

Europe essentiellement et l’Amérique du Nord.

La figure 3.1 présente pour chaque pays d’accueil le paramètre α1 (l’impact du différentiel de

PIB sur les transferts de fonds) estimé par la méthode SUR et son écart type, pour chaque

pays d’accueil, présentés par le rectangle et le segment respectivement. Elle donne également

l’effet moyen du différentiel sur les transferts de fonds suivant deux hypothèses (homogénéi-

té : effet fixe, hétérogénéité : effets aléatoires).

Le résultat de la figure 3.1 peut s’expliquer par le fait que dans les premières années de la

migration, le migrant maximise les envois de fonds afin de rembourser les coûts de son dépla-

cement. Les stratégies d’investissements et le lissage des envois de fonds viennent une fois

que le migrant a remboursé ses dettes. En d’autres termes, l’impact de revenu sur les trans-

ferts de fonds est plus important dans les premiers temps de la migration. Les résultats con-

cernant le premier et le deuxième groupe de pays corroborent avec ceux de Chami et al.

(2005).

78 Plus de détail sur les méta-régressions voir chapitre 4.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

112

Figure 3.1 : Impact de l'écart de revenu sur les transferts de fonds

Source : d’après les résultats reportés dans le tableau A3.1 en annexe de ce chapitre

La figure 3.1 montre clairement qu’en moyenne pondérée79 l’impact de l’écart de revenu est

positif. Elle montre également que cet effet est plus important dans les nouveau pays

d’immigration par rapport aux anciens. Ces résultats correspondent pour une partie à ceux

trouvés dans le chapitre 1, concernant la relation entre le taux de croissance des transferts de

fonds et la nature du pays d’accueil (anciens ou nouveaux pays d’accueil).

Cette différence des économies des pays d’accueil et la diversification de la migration maro-

caine peut constituer un avantage concernant les transferts de fonds. Le risque de concentra-

tion d’une diaspora dans une région donnée constitue une menace sur la stabilité des transferts

de fonds. Si la région en question est touchée par une crise économique, cela pourrait avoir

des conséquences immédiates sur les transferts de fonds.

Au niveau local, la variabilité des transferts de fonds présente des dangers notamment sur le

comportement des ménages qui bénéficient de ces transferts. Ces derniers ont tendance à dé-

pendre de ces transferts, du fait qu’ils les considèrent comme une source de revenu. A cet 79 Plus de détails sur la méthode de calcul, voir le chapitre 4.

Nouveaux pays d’accueil

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

113

égard, ils sont aussi, à l’origine de comportements rentiers (Tall, 2001). Cette dépendance

traduit une certaine vulnérabilité en cas de chocs dans les pays d’accueil. Il y a lieu de signa-

ler que la source de la variabilité n’est pas juste la conséquence des chocs économiques ou

d’autres aléas. Elle peut aussi venir de la nature de la migration comme le cas des transferts de

fonds assurés par une main-d’œuvre qualifiée. Cette dernière se caractérise par une faible

propension à transférer par rapport aux migrants non qualifiés. Ces flux peuvent s’arrêter lors

de la migration du reste de la famille, synonyme d’absence de lien familial immédiat (Schuer-

kens, 2006).

En ce qui concerne les caractéristiques de la migration, le premier groupe de pays regroupe

essentiellement les nouveaux pays d’accueil pour les marocains à l’étranger. Cela peut

s’expliquer par plusieurs facteurs comme on l’a vu précédemment:

• les premières années de migration, la part des transferts de fonds dans le revenu du

migrant est importante parce qu’elle sert à rembourser les coûts liés à la migration et à

aider la famille ;

• la durée de migration. D’après le chapitre 1, la durée de migration affecte négative-

ment le volume des transferts de fonds (érosion de l’attachement au pays d’origine).

Dans ce cas, la part des transferts de fonds dans le revenu est moins importante. Cela

signifie que le migrant a remboursé sa dette et a aidé sa famille ;

• le capital. Plus les migrants passent du temps dans les pays hôtes, plus la probabilité

de retour baisse. Ces migrants pensent, dans ce cas, à constituer un capital physique

dans le pays d’origine et les transferts de fonds dépendent alors des revenus du capi-

tal ;

• les politiques sociales dans les pays d’accueil. Dans certains pays d’accueil, même si

le migrant perd son travail, il continue à percevoir des aides via les organismes so-

ciaux. Ceci peut lui permettre de continuer à envoyer de l’argent ;

• les réseaux relationnels. Plus la durée de migration est longue, plus la probabilité que

le migrant élargisse son réseau est grande. Dans ce cas, il a plus de facilité à accéder à

un emprunt octroyé notamment par les membres de sa communauté ;

• les associations. Dans les anciens pays d’accueil, les transferts de fonds peuvent être

envoyés d’une manière collective par le biais d’associations. Le montant à payer par

chaque membre pourrait être variable.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

114

Enfin, nous pouvons affirmer que les transferts de fonds compensent l’écart de revenu entre le

migrant et sa famille. Plus cet écart de revenu est important plus le volume des transferts de

fonds est important.

Dans la majorité des pays d’accueil, les transferts de fonds des migrants marocains répondent

de manière positive à l’écart de revenu sauf pour l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes

Unis. Dans ces deux pays, l’effet est négatif. Des explications peuvent résider dans le fait que

les transferts de fonds sont dépendants du cours du pétrole. De plus, la valeur du R2 ajusté

dans le cas de ces deux pays est relativement faible par rapport aux autres pays d’accueil, 0,26

et 0,50 respectivement. D’autres variables macro-économiques sont censées expliquer les

transferts de fonds dans ces deux pays, comme l’évolution des cours du pétrole. Pour illustrer

cette idée, nous avons utilisé des données de la FMI-IFS concernant le prix de pétrole. En-

suite, nous avons ré-estimé le modèle appliqué sur les déterminants des transferts de fonds en

remplaçant l’écart du PIB par le prix du pétrole. Les résultats sont donnés dans le tableau 3.5.

Les résultats du tableau 3.5 montrent clairement une relation positive et significative entre les

transferts de fonds et le cours du pétrole. De même la qualité d’ajustement s’est améliorée (le

R2 ajusté est même passé de 0,26 à 0,81 pour les EAU et de 0,50 à 0,69 pour l’Arabie Saou-

dite). Ceci indique qu’il n’existe pas un modèle général qui peut s’appliquer à tous les pays. Il

faut donc adapter la modélisation aux cas particuliers.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

115

Tableau 3.5 : Déterminants des transferts de fonds pour les pays du Golfe

Concernant le taux de change, sa variation engendre deux effets selon le pays d’accueil :

• un effet de revenu où les transferts de fonds à destination de la consommation des fa-

milles des migrants sont plus importants par rapport à ceux destinés à

l’investissement. Dans ce cas, une politique de dévaluation ne permet pas de drainer

davantage de flux de transferts de fonds.

• un effet de substitution où les transferts de fonds destinés à l’investissement sont plus

importants que ceux destinés à la consommation, dans cette situation, une politique de

dévaluation permet d’attirer davantage de transferts de fonds. La figure 3.2 résume

l’impact du taux de change sur les transferts de fonds selon les pays d’accueil.

De plus, une amélioration des conditions économiques favorisent les transferts de fonds

(Coiffard, 2011). Les migrants sont amenés également à faire l’arbitrage entre le pays

d’accueil et le pays d’origine pour leurs projets d’investissements.

Variable dépendante : transferts de fonds

Constante Prix du pétrole Q DINF Blé P R2 ajusté

Emirats Arabes Unis-Maroc 12.53***

(939)

0.86***

( 5.18)

-1.45*

(-1.91)

0.001

0.13

0.30*

(0.07)

1.16***

( 5.55)

0.81

Arabie Saoudite-Maroc 14.20***

(12.25)

0.66***

(5.38)

-1.74***

(-2.88)

0.003

(0.5)

0.2

(1.66)

0.46***

(2.82)

0.69

*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%. ( ) : test de Student

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

116

Figure 3.2: Impact du taux de change nominal bilatéral (au certain) sur les transferts de

fonds

Source : d’après les résultats reportés dans le tableau A3.1 en annexe de ce chapitre

La figure 3.2 montre que, globalement, le taux de change a un effet significatif et négatif dans

les anciens pays d’accueil. Les résultats montrent également qu’il y a trois types de pays : le

premier groupe où une réévaluation du taux de change favorise les transferts de fonds (les

Etats-Unis et la Grande Bretagne).

Le deuxième type de pays concerne la plupart des anciens pays d’accueil. La dévaluation de

la monnaie marocaine implique ici une baisse des transferts des fonds (la France, le Dane-

mark, la Belgique, l’Allemagne, les Pays Bas, la Suède, et la Suisse). Le dernier type de pays,

où le taux de change ne joue aucun rôle sur les transferts de fonds. Ce groupe concerne essen-

tiellement les nouveaux pays d’accueil (l’Espagne, l’Italie, l’Arabie saoudite, Les Emirats

Arabes Unis).

Le principal enseignement qui peut être tiré de ces résultats est le suivant : dans les nouveaux

pays d’accueil, le migrant envoie de l’argent sans tenir compte des variations du taux de

change, car son principal objectif est le remboursement des coûts liés à la migration.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

117

Dans les anciens pays de migration, les migrants marocains sont bien installés, dans le sens où

ils connaissent le contexte dans lequel ils vivent, ils ont beaucoup de relation et ont un réseau

important. C’est pourquoi, ils ont la possibilité de lisser leurs envois.

Le taux de change est une variable déterminante des transferts de fonds car le migrant lisse

ses envois pour une partie et adapte d’autres comportements. En effet, les transferts de fonds

qui sont destinés à d’autres fins que le remboursement des dettes, sont sensibles à d’autres

variables stratégiques comme le taux de change. Ce résultat corrobore ceux de Makhlouf

(2011).

En ce qui concerne l’inflation, les résultats du tableau A3.1 en annexe de ce chapitre montrent

que le différentiel de l’inflation n’a aucun effet sur les transferts de fonds. Donc, nous pou-

vons dire que les migrants marocains sont victimes de l’illusion monétaire. Une augmentation

de l’inflation n’engendre pas une variation des transferts de fonds.

Le taux d’intérêt peut représenter des opportunités d’investissements. Le différentiel de taux

d’intérêt n’a pas un effet sur les transferts de fonds. La tendance des migrants à investir au

Maroc, notamment dans l’immobilier, malgré le fait que leur résidence principale se trouve

dans les pays d’accueil. Cela peut s’expliquer par le biais de pays d’origine «home bias ». Ce

biais est censé apparaitre à la suite des difficultés liées à l'investissement dans des pays

d’accueil, telles que les restrictions juridiques et les coûts de transaction, etc.

La variable institution est représentée par la variable (P). Elle représente la date à laquelle le

Ministère Chargé de la communauté Marocaine à l’Etranger a été créé. Les résultats montrent

que cette variable n’a pas d’effet sur les transferts de fonds pour la plupart des pays. Par

contre, elle a joué un rôle significatif dans l’augmentation des transferts de fonds dans les

pays d’accueil suivants : l’Italie, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et la Suède. Elle

joue également un rôle négatif dans le cas de l’Espagne. La différence des résultats peut venir

du fait que le nombre de données est insuffisant pour estimer l’impact des institutions.

La constante peut regrouper d’autres variables qui peuvent influencer les transferts de fonds

mais qui ne sont pas intégrées dans le modèle en raison d’un manque de données comme pour

le taux d’intérêt pour certains pays, le nombre de migrants, les coûts liés aux transferts, etc.

Toutefois, les variables étudiées dans notre étude parviennent à expliquer plus de 90% des

transferts de fonds pour tous les pays d’accueil selon le critère du coefficient de détermination

ajusté, excepté dans le cas de l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (avec un R2(80)

80 Coefficient de détermination.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

118

respectivement de 26%, et 55%). Les résultats montrent que la constante est négative et signi-

ficative pour les pays suivants : l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis, le Danemark, la Suède, la

Suisse et la Grande Bretagne. Elle est positive et significative dans le cas des Emirats Arabes

Unis et l’Arabie Saoudite. Elle n’est pas significative pour le cas de la France et les Pays-Bas.

Dans le cas où la constante est positive et significative, cela peut s’expliquer par des condi-

tions favorables liées aux conditions d’envoi. Dans le cas contraire, nous pouvons déduire

qu’il existe d’autres entraves aux transferts de fonds.

Les modèles étudiés jusqu’à présent sont basés essentiellement sur une relation statique. Ils

sont de plus déduits des modèles théoriques bien connus. Cependant, dans notre cas, l’absence

d’une théorie fiable sur les déterminants macro-économiques des transferts de fonds nous

invite à réfléchir à des modèles moins contraignants et dynamiques. Dans le modèle ci-

dessous, nous utiliserons le modèle VAR.

3.3.2. Résultats du modèle dynamique

Dans cette sous-section, nous allons estimer les déterminants des transferts de fonds en utili-

sant le modèle VAR appliqué pour chaque pays d’accueil. Nous estimons les mêmes variables

utilisées dans le modèle 1 à savoir, le PIB par tête au Maroc, le taux de change, l’inflation au

Maroc et au pays d’accueil et le PIB par tête dans le pays d’accueil.

Les résultats des fonctions impulses réponses montrent que dans tous les pays d’accueil, les

migrants marocains réagissent de la même manière par rapport aux conditions économiques.

En d’autres termes, une augmentation du PIB par tête dans les pays d’accueil engendre une

hausse des transferts de fonds (figure A3.1 dans l’annexe de ce chapitre). Cependant, la dé-

composition de la variance montre que dans certains pays d’accueil les migrants marocains

sont plus dépendants au revenu que dans d’autres (figure 3.381).

81 Décomposition de la variance par pays est donnée dans l’annexe de ce chapitre.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

119

Figure 3.3: Décomposition de la variance des transferts de fonds (le poids du PIB par

tête dans les pays d’accueil pour la période=5)

Source : d’après les résultats de tableau A3.2

La part du revenu dans les innovations des transferts de fonds est plus importante dans les

pays suivants : les Etats Unis, la Suisse la Belgique, l’Espagne, le Danemark et l’Italie. Dans

ces pays en cas de crise économique les transferts de fonds vont baisser d’une manière remar-

quable. Pour illustrer cette hypothèse, nous allons vérifier avec la récente crise économique,

la baisse des transferts de fonds (figure 3.4). Cette dernière montre que dans les pays où la

part de revenu est importante dans les transferts de fonds, la baisse est considérable.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

120

Figure 3.4 : Le taux de croissance des transferts de fonds pendant la crise (2008-2009)

Source : Office des changes du Maroc (2013)

En ce qui concerne les conditions économiques au Maroc et en particulier les difficultés tem-

poraires (variable mesurée par la production de blé). Les résultats montrent deux comporte-

ments : altruiste et investisseur.

Les migrants qui n’ont pas une sensibilité forte au revenu dans les pays d’accueil peuvent

investir davantage au Maroc. De plus, dans les nouveaux pays d’immigration (selon le cha-

pitre1), la décomposition de la variance montre que c’est la situation économique dans le pays

d’accueil qui influence davantage les transferts de fonds que celle du Maroc. Ce résultat cor-

robore celui de Coiffard (2011).

Dans tous les pays d’accueil, les transferts de fonds augmentent suite à une appréciation de

taux de change, sauf au Danemark. Cela peut s’expliquer par le fait que les migrants maro-

cains peuvent détenir deux comptes libellés en dirham et en devise étrangères, une déprécia-

tion de la monnaie étrangère incite les migrants à détenir de la monnaie nationale.

L’inflation au Maroc réduit les transferts de fonds pour les migrants résidant dans l’ensemble

des pays d’accueil à l’exception de la France et des Etats-Unis.

L’inflation dans les pays d’accueil, qui se traduit par une érosion du pouvoir d’achat des mi-

grants, incite à envoyer moins d’argent. Ce résultat semble logique, car ils consacrent une part

plus importante de leur revenu à leur consommation.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

121

Dans les modèles précédents, nous avons supposés que la relation entres les transferts de

fonds et les revenus est linéaire. Cependant dans la réalité, cette hypothèse peut être fausse.

En d’autres termes, dans les modèles précédents, nous avons cherché les paramètres inconnus

en supposant que la relation est connue. Dans les modèles suivants, nous estimerons les rela-

tions inconnues.

3.3.3. Résultats du modèle semi-paramétrique

La difficulté majeure rencontrée dans ce chapitre est de déterminer la meilleure spécification

du modèle. Les relations entre les phénomènes économiques ne peuvent pas être résumées à

des formes linéaires. Les méthodes paramétriques stipulent une connaissance parfaite à priori

de la relation qui lie les phénomènes économiques. En d’autres termes, l’hypothèse principale

dans les régressions paramétriques est de supposer que la forme fonctionnelle de la relation

est connue. Cependant, la forme explicite de ces relations est rarement connue avec exacti-

tude. De plus, dans le cas où la spécification est éloignée de la réalité, les résultats obtenus

sont approximatifs voire erronés. Dans notre cas, la relation entre le revenu et les transferts de

fonds n’est pas connue à priori. Or, les modèles utilisés précédemment étaient basés sur

l’hypothèse de linéarité. Si cette hypothèse n’est pas valide, ils pourraient donner des interpré-

tations fausses de la réalité (notamment sur l’impact du revenu sur les transferts de fonds,

objet de ce chapitre). Une régression sans modèle (ou régression non-paramétrique) peut re-

médier à ce problème. Les techniques non paramétriques et semi-paramétriques offrent plu-

sieurs choix sur le plan empirique. Cependant, ces techniques ont quelques inconvénients,

concernant le nombre de données requises pour assurer la fiabilité des résultats qui augmente

en fonction du nombre de variables utilisées (Ahamada et Flachaire, 2008). Le tableau 3.6 ci-

après retrace le nombre de données requis pour que l’estimateur non paramétrique soit fiable.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

122

Tableau 3.6 : Nombre d’observations en fonction des variables explicatives

Source : Silverman (1986)

D’après le tableau 3.6, nous constatons qu’à partir de 3 variables les données deviennent un

problème pour notre étude puisque nous ne disposons que de 29 observations. Pour pallier au

problème de données, nous proposons un modèle semi-paramétrique. Ce dernier combine les

méthodes paramétriques et non paramétriques. En général, la forme de ces modèles peut être

écrite comme suit :

y=XB+f(z) + e (2)

avec :

y, variable dépendante ;

B, le vecteur des paramètres ;

X, la matrice des variables explicatives ;

f, la fonction non paramétrique ;

z, variable explicative pour la partie non paramétrique;

e, les erreurs.

Les modèles semi-paramétriques sont utilisés quand les modèles entièrement non-

paramétriques ne sont pas fiables. Ils sont utiles quand la fonction de certains paramètres est

inconnue. Ils sont également faciles à interpréter et ils nécessitent un nombre réduit

d’observations. Ils sont utilisés dans plusieurs domaines (Li et Racine, 2009). Par exemple, ils

sont utilisé dans la détermination des loyers (Ahmada et Flachaire, 2008) ; dans la détermina-

tion des prix des options aux Etats-Unis (Gagliardini et Ronchetti, 2013) ; dans l’estimation

de la règle de Taylor (Markov et De Porres, 2011) ; ou encore dans la détermination de

l’impact des transferts de fonds sur la croissance économique (Ruiz et al., 2009).

Dimensions (nombre de variables explicatives)

Observations requises

1 4

2 19

3 67

4 223

5 768

6 2790

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

123

Nous allons estimer le modèle (2) en supposant que la relation entre l’écart de revenu et les

transferts de fonds n’est pas connu a priori. Donc, notre modèle peut s’écrire comme suit :

)3()()()(444 3444 214444444 34444444 21

ueparamétriqnonPartie

MarocAccueil

ueparamétriqPartie

accueilMaroc yysPAgriInInQR−

−+++−+= γηθβ

Avec :

γηθβ et,, , les paramètres des variables du taux de change bilatéral, le différentiel

d’inflation, l’indice de production de blé et les institutions respectivement ;

s, la fonction de différentiel de revenus. Les résultats du modèle (3) sont donnés sous deux formes : la partie paramétrique dans le ta-

bleau 3.7 et la partie non paramétrique est représentée dans la figure 3.5.

Les résultats de la figure 3.5 montrent que la relation entre les transferts de fonds et l’écart de

revenu est non monotone pour les pays suivant : la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Arabie

Saoudite, les Emirats Arabes Unis, la Grande Bretagne et les Pays-Bas. Pour les autres pays :

Espagne, l’Italie, les Etats-Unis, la Suède et le Danemark la relation est plutôt linéaire.

D’après ce résultat, nous distinguons deux types de pays : anciens pays d’immigration où la

relation n’est pas monotone ; les nouveaux pays d’immigration où la relation est linéaire.

Ces résultats prouvent, également, que l’altruisme seul n’explique pas les transferts de fonds.

Plusieurs stratégies peuvent exister dans le comportement des migrants. A propos de la sensi-

bilité des transferts de fonds vis-à-vis des conditions économiques existantes au Maroc, nous

observons que la réaction est différente selon le pays d’accueil. Par exemple, les migrants

installés en France sont altruistes jusqu’à un certain seuil puis ils commencent à réfléchir à

des projets d’investissement. Ce résultat n’est pas spécifique à la France, nous le retrouvons

aussi dans d’autres pays comme l’Espagne.

La différence de l’impact du revenu des familles sur les transferts peut refléter la différence

des caractéristiques de chaque diaspora.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

124

Figure 3.5 : Résultats semi-paramétriques (partie non paramétrique)

France Allemagne Belgique

Espagne Italie Etats-Unis

Emirats Arabes Unis Arabie Saoudite Grande Bretagne

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

125

Suite figure 3.5

Danemark Pays-Bas Suède

Suisse

Nous venons de voir comment le revenu des familles et des migrants influence les transferts

de fonds. Globalement, nous avons déduit que la relation entre ces deux variables n’est pas

linéaire pour la plupart des cas.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

126

Tableau 3.7: Estimation semi-paramétrique (partie paramétrique) France Espagne Italie Belgique Allemagne Arabie

Saoudite

Emirats Arabes

Unis

Constante 17.49***

(16.64)

20.20***

(17.76)

18.07***

(5.77)

17.61***

(11.76)

17.82***

(13.06)

18.46***

(12.62)

17.42***

(9.76)

Taux de

change

-2.27****

(-4.61)

-1.02**

(-2.05)

0.33

(0.25)

-1.31*

(-1.92)

-1.08

(-1.65)

0.26

(0.28)

0.36

(1.30)

Différentiel

d’inflation

0.005

(0.64)

0.01

(1.56)

0.03

(0.93)

-0.001

(-0.09)

0.007

(0.62)

-0.005

(-0.63)

-0.01

(-1.21)

Agri 0.05

(1.16)

0.04

(0.91)

0.39*

(1.93)

0.04

(0.74)

0.04

(0.7)

0.22

(1.26)

0.32

(1.57)

Institution 0.15

(0.99)

0.27

(1.19)

1.25**

(2.71)

0.23

(1.00)

0.19

(1.14)

0.47**

(2.01)

1.13***

(3.92)

R2 ajusté 0.94 0.93 0.92 0.94 0.92 0.43 0.72

Etats-Unis Grande

Bretagne

Pays-Bas Danemark Suède Suisse

Constante 17.41***

(9.66)

21.52***

(14.69

19.97***

(9.50)

17.82***

(13.06)

16.01***

(30.00)

14.29***

(14.65)

Taux de

change

-0.36

(-0.51)

0.79

(1.58)

-0.17

(-0.18)

-1.08

(-1.65)

-0.89

(-1.61)

-2.59***

(-4.32)

Différentiel

d’inflation

-0.006

(-0.36)

-0.01

(-1.30)

-0.001

(-0.072)

0.007

(0.62)

0.008

(0.64)

0.002

(0.17)

Agri 0.15

(1.54)

0.04

(0.63)

0.02

(0.301)

0.04

(0.70)

0.13

(1.65)

0.05

(0.76)

Institution 0.47**

(2.04)

0.28*

(1.99)

0.62*

(1.95)

0.19

(1.14)

0.66***

(5.22)

0.02

(0.15)

R2 ajusté 0.98 0.98 0.79 0.92 0.94 0.97

*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%. ( ) : test de Student

Dans les vieilles destinations où la migration se constitue globalement par des regroupements

familiaux, le coût lié à la migration peut être moins important. La culture locale influe égale-

ment sur la manière dont les migrants envoient de l’argent. Les caractéristiques des migrants

jouent aussi un rôle non négligeable. Dans les pays d’Amérique du Nord où la migration est

plutôt qualifiée, les transferts de fonds n’auront pas les mêmes comportements par rapport à

d’autres pays. Globalement, les résultats montrent que les transferts de fonds sont sensibles d’une manière

non linéaire aux variations de revenu dans les anciens pays d’accueil. La non-linéarité de la

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

127

relation prouve la coexistence de plusieurs motivations derrières les transferts de fonds. La

perception du migrant de la conjoncture économique et le climat des affaires peut impacter

une partie des transferts de fonds, notamment celle qui est destinée à l’investissement. Con-

cernant l’augmentation de l’activité économique, la réponse des transferts de fonds ne se fait

pas dans l’immédiat.

Les comportements des migrants en matière de transferts de fonds vers le Maroc sont plus ou

moins différents selon le pays (ou la région) d’accueil. Cela peut s’expliquer par le fait que les

marocains sont installés dans des pays très différents en termes de structures économiques, de

politiques d’immigration, etc. Par exemple, il y a des pays d’accueil qui sont essentiellement

exportateurs de pétrole à l’instar des pays du Golfe et des pays d’accueil essentiellement im-

portateurs de pétrole (principalement les pays européens). Ceci peut impacter différemment

les conjonctures économiques des pays d’accueil.

Les transferts de fonds peuvent aussi dépendre de la nature de la migration (qualifiée ou non

qualifiée, temporaire ou permanente). Adams (2009) trouve que les pays qui ont une part im-

portante des migrants qualifiés reçoivent moins de transferts de fonds par rapport à ceux qui

ont une fraction moins importante de migrants qualifiés.

L’économie marocaine façonne également les transferts de fonds. Les changements dans les

pays d’origine influencent évidemment le volume des transferts de fonds d’une manière ins-

tantanée mais les chocs n’ont pas d’influence à long terme, c’est-à-dire que les émigrés ne

changent pas leurs comportements en matière de transferts de fonds d’une manière durable.

Au contraire, les chocs économiques (ou politiques) qui touchent les pays d’accueil provo-

quent un changement structurel et durable dans le comportement des migrants en matière des

transferts de fonds. Les transferts de fonds en provenance de l’Amérique du Nord peuvent

avoir un comportement différent par rapport à ceux de l’Europe et du Golfe. Les chocs éco-

nomiques dans les pays d’accueil ne modifient pas d’une manière structurelle le comporte-

ment des migrants en matière de transferts de fonds. Ils peuvent créer des comportements op-

portunistes ou d’arbitrage entre investir dans le pays d’accueil ou d’origine et / ou l’arbitrage

dans le temps entre le présent et le futur. La migration temporaire peut aussi jouer un rôle

prédominant dans les variations des transferts de fonds. Une conjoncture favorable temporaire

dans les pays d’accueil peut engendrer une hausse des transferts de fonds. Cette idée est con-

firmée en regardant la cyclicité des transferts de fonds (voir chapitre 2). Les chocs sur

l’économie marocaine (notamment de PIB) ne modifient donc pas d’une manière structurelle

leurs comportements puisque les propriétés cycliques des transferts de fonds changent dans le

temps. Les crises économiques qui touchent les pays d’accueil peuvent affecter les transferts

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

128

de fonds selon la structure sociale des pays d’accueil. Par exemple, les politiques sociales

européennes permettent aux immigrés de toucher des indemnités ou d’autres formes d’aides

qui peuvent pérenniser leurs transferts de fonds, l’impact de la crise sera alors moindre. Les

chocs politiques dans les pays d’accueil peuvent modifier d’une manière structurelle le com-

portement des transferts de fonds. Par exemple, le 11 septembre 2001 constitue un cas évident

où les transferts de fonds ont augmenté d’une manière spectaculaire sans revenir à leur niveau

initial (chapitre 1).

Nous venons de voir comment le revenu et les conditions économiques dans les pays

d’accueil et d’origine influencent les transferts de fonds en utilisant des données annuelles et

plusieurs techniques économétriques. Pour la suite de ce travail, il semble pertinent d’analyser

d’une manière simultanée l’impact de l’environnement économique dans les deux pays

(d’origine et d’accueil) sur les transferts de fonds d’une manière globale. Pour ce faire, nous

allons mobiliser le modèle VAR (Vecteur Autorégressif). Dans la section suivante, nous al-

lons considérer deux pays : le Maroc et un seul pays d’accueil qui regroupe tous les pays

d’accueil analysé séparément ci-dessous.

4. Les enseignements des données trimestrielles

Nous avons montré que les pays d’accueil influencent les transferts de fonds. Dans cette sec-

tion, nous allons essayer d’évaluer globalement les déterminants des transferts de fonds en

utilisant des données trimestrielles. Plusieurs raisons ont conduit à utiliser des données agré-

gées des transferts de fonds, comme l’absence de données annuelles concernant le taux

d’intérêt au Maroc et le fait que les données trimestrielles sont susceptibles de refléter plus

d’informations vis-à-vis de la réaction des transferts de fonds.

4.3. Données et stratégie d’estimation

Nous allons utiliser les données trimestrielles d’une période allant du premier trimestre 1998

au troisième trimestre 2010. Pour le revenu des familles restées au pays, nous avons considéré

le PIB du Maroc en volume. Le revenu des migrants est une moyenne pondérée des PIBs des

pays d’accueil par la part des transferts de fonds82. L’inflation qui reflète la stabilité écono-

mique est calculée sur la base de l’indice des prix à la consommation. Nous utilisons aussi le

taux de change effectif réel comme variable explicative des transferts de fonds (Faini, 1994). 82 Voir le chapitre 2 concernant les détails de calcul.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

129

Notre principale source de données pour les transferts de fonds est l’Office des Changes du

Maroc. Pour les autres variables, nous avons utilisé la base de données du Fonds Monétaires

International, (FMI-IFS). Les transferts de fonds sont déterminés en partie par un ensemble de

relations complexes entre les variables macro-économiques.

Le VAR d’ordre p sous forme matricielle peut s’écrire comme suit :

)3(1

0 t

p

iptit uYBBY +++= ∑

=−

Avec :

Y, le vecteur des variables endogènes ;

t, le temps ;

l, le retard.

Nous estimons dans notre cas un modèle VAR simple tel que proposé par Sims (1980).

4.4. Résultats et commentaires Les résultats des fonctions impulses réponses du modèle VAR estimé ci-dessus sont donnés

en annexe de ce chapitre (figure A3.8). Ils montrent qu’à court terme, les transferts de fonds

sont purement altruistes. C’est-à-dire qu’ils augmentent avec l’élévation du revenu du migrant

ou avec la baisse du revenu de sa famille. Cependant, à long terme, nous remarquons que les

transferts de fonds pourraient être stratégiques (voir figure 3.6 ci-après83). Les stratégies du

gouvernement doivent donc être scindées en deux catégories : des politiques conjoncturelles

et des politiques structurelles. A court terme, les transferts de fonds étant plutôt altruistes, une

mauvaise conjoncture économique va les augmenter. A long terme, le climat des affaires doit

être pris en compte dans les politiques gouvernementales.

83 Les réponses avec l’intervalle de confiance sont données en annexe pour tous les déterminants.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

130

Figure 3.6 : Réponse des transferts de fonds suite au choc des revenus du pays d’accueil

et d’origine

Source : d’après le modèle VAR

Enfin, les résultats du modèle VAR corroborent les intuitions du modèle théorique de Bouh-

ga-Hagbe (2004) : l’altruisme implique une augmentation des transferts de fonds suite à une

baisse du revenu des familles restées au Maroc ; l’attachement au pays implique une augmen-

tation des investissements immobiliers notamment à long terme. Dans le cas du Maroc, la

plupart des motivations discutées théoriquement peuvent être validées empiriquement, no-

tamment les deux principales motivations à savoir l’altruisme et l’investissement. La politique

marocaine vis-à-vis de ses émigrés est essentiellement basée sur le renforcement du degré

d’attachement (voir chapitre 1). Ceci peut contribuer à l’augmentation des transferts de fonds

notamment ceux qui sont destinés à l’investissement (achat des maisons). Comme Bouhga-

Hagbe (2004), nous pouvons déduire que les migrants marocains montrent un attachement au

pays.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

131

5. Conclusion

Le Maroc est un pays d’émigration notamment depuis les années 1960. La principale destina-

tion est l’Europe occidentale, mais d’autres destinations sont apparues plus récemment

comme l’Amérique du Nord et les pays du Golfe. Une migration marocaine s’est formée au

cours des années. De plus les migrants marocains ont tissé des liens économiques solides avec

le Maroc. Par ailleurs, concernant les déterminants macro-économiques, nous avons vu que

les niveaux d’activités dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine constituent des va-

riables pertinentes pour les transferts de fonds. Nous avons également montré que le taux

d’intérêt et l’inflation ne jouent aucun rôle sur les transferts de fonds à destination du Maroc.

La dépréciation du taux de change incite les migrants marocains à envoyer davantage

d’argent. Nous avons montré aussi qu’une variation du taux de change a un double effet sur

les transferts de fonds des migrants. Par ailleurs, d’autres facteurs, non exposés dans ce tra-

vail, peuvent influencer les transferts de fonds comme les facteurs liés aux coûts de transferts

ainsi que le marché financier dans le pays d’accueil et d’autres facteurs micro-économiques.

Nous avons observé également que les transferts de fonds sont sensibles aux variables macro-

économiques dans les deux pays (origine et accueil). De plus, une amélioration de la conjonc-

ture peut inciter les migrants souhaitant investir à envoyer davantage. Cependant, dans les

périodes de crises économiques, les migrants envoient plus d’argent, ce qui est le cas des ma-

rocains à l’étranger.

A cet égard, les décideurs peuvent utiliser la politique de change dans le but d’orienter ou

d’influencer les transferts de fonds. Il est bien évident, que d’autres facteurs économiques

peuvent aussi influencer le volume des transferts de fonds. Enfin, le gouvernement devrait

établir des politiques de ciblage afin de maximiser les transferts de fonds. Le comportement et

les réactions des transferts de fonds dépendent de la nature de pays d’accueil.

Ce travail non-exhaustif est une tentative de modélisation des déterminants de transferts de

fonds. Certaines variables (taux d’intérêt, stock de migrant, etc.) n’ont pas été mises en consi-

dération étant donné leur indisponibilité. Cependant, et malgré ces insuffisances nous pensons

que nous avons abouti à des résultats forts intéressants qui peuvent être utiles pur les déci-

deurs politiques.

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

132

Annexes chapitre 3

Tableau A3.1: Résultat du modèle linéaire (OLS-SUR)

Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)

Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D P R2 ajusté

Fran

ce-Maro

c

OL

S

-3.36

-0.68

2.34***

4.02

-1.29**

-2.97

0.001

0.12

0.06

0.9

-0.18 0.85

4.08

0.67

1.36*

1.98

-2.27** -0.0006

-0.052

-0.06

-2.23

0.067

1

-0.26

-1.68

0.87

-3.70

-0.64

2.36***

3.82

-1.40***

-3.1

0.0002

0.021

0.005

0.06

-0.22

-1.364

0.85

SUR

-4.49

-1.20

2.49***

6.31

-1.06***

-3.49

-0.01

-1.06

0.01

0.41

-0.05

-0.52

0.83

-1.21

-0.27

2.07***

4.099

-1.52***

-3.34

-0.009

-0.946

-0.02

-1.28

0.028

0.57

-0.10

-0.97

0.85

-4.54

-1.17

2.50***

6.12

-1.08***

-3.69

-0.01

-1.15

0.001

0.029

-0.06

-0.58

0.82

Esp

agne-M

aroc

OL

S

-81.67***

-13.523

10.05****

17.148

-0.531

-0.800

0.03191

1.42

0.35**

2.559

-0.872***

-3.054

0.96

-85.65***

-12.601

10.59***

16.232

-0.9218

-1.249

0.03205

1.261

-0.0617

-0.341

-1.034***

-3.284

0.96

SUR

-75.21***

-15.32

9.583***

20.03

-0.108

-0.22

0.016

1.051

0.161

1.642

-0.40*

-1.965

0.96

-74.41***

-14.411

9.597***

19.053

-0.11

-0.249

0.012

0.81

-0.019

-0.17

-0.32

-1.641

0.95

Italie-Maro

c OLS -77.13***

-4.757

9.725***

6.00

1.11

1.06

0.0276

0.814

0.394

1.886

1.1467***

2.662

0.91

-78.85***

-4.45

9.962***

5.595

0.372

0.336

0.0203

0.565

0.1580

0.588

1.079**

2.357

0.90

SUR -110***

-10.40

13.18**

12.39

0.49

0.77

0.09

0.47

0.11

0.88

0.328

1.23

0.89

-115***

-11.08

13.71***

13.05

0.267

0.45

0.05

0.31

0.02

0.20

0.204

0.81

0.88

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

133

Tableau A3.1: Résultat de modèle linéaire (OLS-SUR) Suite

Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)

Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D p R2 ajusté

Belgiq

ue M

aroc

OL

S

-3.69

-0.944

2.221***

5.311

-0.81**

-2.639

-0.006

-0.528

0.074

1.103

-0.037

-0.248

0.89

-5.06

-1.189

2.393***

5.315

-0.87***

-2.85

-0.0061

-0.499

-0.052

-0.649

-0.0746

-0.496

0.89

SUR

-5.25**

-2.3166

2.428***

10.4267

-0.75***

-4.949

-0.008

-1.1522

0.008

0.263

-0.0043

-0.059

0.88

-5.50**

-2.342

2.45***

10.26

-0.76***

-5.27

-0.008

-1.17

-0.0046

-0.12

-0.006

-0.09

0.88

Allem

agne-M

aroc

OLS -15.87**

-2.59

3.43***

5.39

-0.49

-1.6

0.004

0.34

0.056

0.74

0.21

1.44

0.86

-16.10**

-2.45

3.48***

5.14

-0.54*

-1.74

0.004

0.301

0.01

0.14

0.19

1.29

0.86

SUR -23.20***

-5.66

4.16***

9.98

-0.67***

-3.82

0.004

0.49

0.01

0.25

0.01

0.25

0.04

0.48

0.84

-23.44***

-5.508

4.18***

9.73

-0.68***

-3.79

0.004

0.48

0.02

0.04

0.03

0.40

0.84

Arab

ie Saou

dite -M

aroc

OLS 33.11**

2.63

-1.50

0.21

0.167

0.169

-0.003

-0.362

0.21

1.12

0.56**

2.35

0.35

38.68***

3.33

-1.91

-1.68

0.46

0.48

0.0005

0.009

0.17

0.809

0.545**

2.214

0.34

SUR 50.97***

4.46

-3.28

-3.04***

0.14

0.16

-0.002

-0.283

0.15

0.89

0.404*

1.85

0.26

55.33***

5.26

-3.61***

-3.51

0.35

(0.41)

0.0009

(0.011)

0.125

0.63

0.387*

1.72

0.24

Em

irats A

rabes

Un

is-

Maro

c

OLS 17.96

1.38

-0.15

-1.140

0.42

1.26

-0.01

-.35

0.48*

1.97

1.402***

4.49

0.59

27.33**

2.14

-0.71

-0.64

0.9

0.68

-0.008

-0.68

0.32

1.14

1.36***

3.99

0.54

SUR 30.82

2.46**

-1.31

-1.24

0.42

0.35

-0.01

-1.25

0.43*

1.82

1.25***

4.13

0.55

40.43***

3.32

-1.92*

-1.81

0.83

0.97

-0.007

-0.62

0.28

1.05

1.19***

3.62

0.50

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

134

Tableau A3.1: Résultat du modèle linéaire (OLS-SUR) Suite

Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)

Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D p R2 ajusté

Etats-U

nis-M

aroc

OL

S

-90.19***

-10.18

10.75***

12.49

0.98

1.36

-0.03

-1.04

0.08

0.52

-0.21

-0.767

0.94

-88.44***

-10.228

10.63***

12.24

0.98

1.39

-0.03

-1.102

0.16

0.84

-0.24

-0.86

0.94

-89.85***

-10.44

10.96***

11.82

0.90

1.16

-0.02

-1.00

-0.01

-0.27

0.10

0.57

-0.18

-0.56

0.93

SUR

-92.45***

-17.65

11.01***

21.05

1.03***

3.74

-0.002

-0.16

0.04

0.07

-0.01

-0.11

0.93

-96.96***

-17.27

11.06***

20.45

1.03***

3.43

-0.001

-0.13

-0.004

-0.03

0004

0.06

-0.007

-0.063

0.93

-92.07***

-17.19

10.98***

20.65

1.02***

3.59

-0.002

-0.20

0.11

0.14

-0.01

-0.15

0.93

Ro

yaum

e Un

i -Maro

c

OL

S

-44.37***

-907

6.52****

11.54

0.60

0.85

-0.01

-0.91

0.7

0.60

-0.25

-1.21

0.92

-45.95***

-8.85

6.76***

11.51

0.74

1.02

-0.02

-1.025

-0.09

-0.66

-0.25

-1.22

0.92

SUR

-43.80***

-13.0

6.54***

18.19

0.80*

2.62

-0.003

-0.39

0.006

0.12

-0.022

-0.25

0.91

-43.93***

-1256

6.56***

17.52

0.81**

2.59

-0.04

-0.42

-0.009

-0.14

-0.02

-0.26

0.91

Pays B

as-Maro

c

OL

S

3.96

0.71

1.50**

2.57

-0.59

-1.24

-0.002

-0.12

0.05

0.494

-0.009

-0.036

0.62

1.02

0.11

1.827*

1.84

-0.42

-0.65

-0.0007

-0.037

0.022

0.406

0.05

0.47

-0.007

-0.029

0.609

0.70

0.07

1.87*

1.9

-0.5

-0.77

-0.001

-0.05

0.01

0.29

-0.05

-0.34

-0.035

-0.13

0.60

SUR

-1.31

0.35

2.06***

5.41

-0.52*

-1.76

-0.002

-0.17

0.01

0.16

-0.001

-0.1

0.58

-1.56

-0.39

2.09***

5.21

-0.53

0.29

-0.002

-0.17

-0.01

-0.15

-0.007

-0.04

0.58

-2.09

0.35

2.15***

3.41

-0.49

-1.23

-0.001

-0.14

0.004

0.13

0.011

0.15

-0.001

0.16

0.55

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

135

Tableau A3.1: Résultat de modèle linéaire (OLS-SUR) Suite

Variable dépendante : Transferts de fonds bilatéraux (Maroc-Pays d’accueil)

Constante Ya-YMaroc Q DINF DINT Blé D p R2 ajusté

Dan

emark

-Maro

c

OL

S

-19.03***

-3.202

3.61***

6.06

-1.00**

-2.12

0.002

0.27

0.025

0.09

0.17

0.91

0.91

-17.44***

-2.82

3.46***

5.60

-1.05**

-2.32

0.04

0.297

0.08

0.78

0.15

0.86

0.91

SUR

-22.73***

-6.55

3.99***

11.58

-1.15***

-4.76

-0.008

-0.90

0.003

0.08

0.24

026

0.90

-22.36***

-6.17

3.96***

10.98

-1.15***

-4.80

-0.008

-0.87

0.013

0.24

0.25

0.26

0.90

Suèd

e-Maro

c

OL

S

-18.27***

-5.44

3.38***

9.65

-1.45***

-3.508

0.009

0.66

0.14

1.69

0.72***

5.9

0.94

-17.53***

-4.99

3.39***

9.6

-1.66***

-4.07

0.005

0.37

0.15

1.55

0.67***

5.401

0.93

SUR

-24.33***

-8.088

4.027***

12.91

-1.63***

-4.58

0.006

0.553

0.101

1.359

0.50***

4.66

0.92

-23.94***

-7.66

4.04***

12.89

-1.77

-4.99

0.004

0.32

0.10

1.24

0.46***

4.25

0.92

Suisse-M

aroc

OL

S

-65.54***

-6.12

7.92***

7.33

-1.40***

-3.47

-0.008

-0.53

0.05

0.59

0.30*

1.75

0.95

-88.99***

-8.045

10.30***

9.21

-0.50

-1.19

-0.02

-1.70

0.10***

3.48

0.08

1.07

0.36**

2.54

0.97

-64.22***

-5.94

7.82***

7.19

-1.45***

-3.74

-0.009

-0.647

0.07

0.77

0.27

1.62

0.95

SUR

-73.36***

-10.85

8.68***

12.90

-1.66***

-7.47

-0.01

-0.85

0.01

0.20

0.05

0.60

0.95

-81.68***

-9.58

9.53***

11.12

-1.16***

-3.47

-0.01

-1.43

0.04**

2.19

0.03

0.68

0.17

0.10

0.96

-73.02***

-10.67

8.65***

12.72

-1.67***

-7.69

-0.01

-0.87

0.01

0.27

0.05

0.57

0.95

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

136

Figure A3.1 : Impact du revenu du pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux

France Espagne Italie

2 4 6 8 10

-0.0

10.

00

0.01

0.0

20.

030.

04

log.

RF

RA

.

Orthogonal Impulse Response from log.yyFRA.

95 % Bootstrap CI, 100 runs

Belgique Allemagne Arabie Saoudite

Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni

2 4 6 8 10

-0.0

50.

000.

050.

10

log.

RA

RE

.

Orthogonal Impulse Response from log.yyARE.

95 % Bootstrap CI, 100 runs

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

137

Impact de revenu du Pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux suite figure

A3.1

Pays-Bas Danemark Suède

Suisse

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

138

Figure A3.2 : Impact de revenu du Maroc sur les transferts de fonds bilatéraux

France Espagne Italie

Belgique Allemagne Arabie Saoudite

Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

139

Suite figure A3.2

Pays-Bas Danemark Suède

Suisse

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

140

Figure A3.3: Impact de la production de blé sur les transferts de fonds bilatéraux

France Espagne Italie

Belgique Allemagne Arabie Saoudite

Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

141

Pays-Bas Danemark Suède

Suisse

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

142

Figure A3.4 Impact de taux de change bilatéral sur les transferts de fonds bilatéraux

France Espagne Italie

Belgique Allemagne Arabie Saoudite

Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni

Pays-Bas Danemark Suède

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

143

Suisse

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

144

Figure A3.5: Impact de l’inflation au Maroc sur les transferts de fonds bilatéraux

France Espagne Italie

Belgique Allemagne Arabie Saoudite

Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni

Pays-Bas Danemark Suède

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

145

Suisse

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

146

Figure A3.6: Impact de l’inflation dans le pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux

Impact de l’inflation dans le pays d’accueil sur les transferts de fonds bilatéraux

France Espagne Italie

Belgique Allemagne Arabie Saoudite

Emirats Arabes Unis Etats-Unis Royaume Uni

Pays-Bas Danemark Suède

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

147

Tableau A3.2: Décomposition de la Variance

France

log,RFRA, log,yyFRA, log,yyMAR, log,Agri, log,FRAQMAD, INMAR INFRA

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 95,38% 0,73% 1,07% 0,09% 1,02% 0,00% 1,70%

[3,] 87,78% 2,84% 3,51% 0,09% 1,84% 0,11% 3,83%

[4,] 79,86% 5,62% 6,57% 0,17% 2,29% 0,16% 5,32%

[5,] 73,57% 8,17% 9,25% 0,32% 2,40% 0,18% 6,12%

Espagne

log,RESP, log,yyESP, log,yyMAR, log,Agri, log,ESPQMAD, INMAR INESP

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 91,10% 2,86% 0,70% 0,28% 0,51% 3,66% 0,90%

[3,] 84,15% 7,56% 0,56% 0,72% 1,06% 4,20% 1,74%

[4,] 76,19% 12,97% 1,45% 1,82% 1,81% 3,98% 1,78%

[5,] 66,71% 18,03% 3,83% 3,87% 2,51% 3,53% 1,52%

$log,RITA,

log,RITA, log,yyITA, log,yyMAR, log,Agri, log,ITAQMAD, INMAR INITA

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

Suisse

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

148

[2,] 83,81% 12,16% 0,54% 2,08% 0,04% 0,04% 1,31%

[3,] 64,70% 27,00% 0,44% 2,09% 1,62% 3,12% 1,03%

[4,] 51,41% 33,26% 1,14% 3,72% 3,89% 5,07% 1,50%

[5,] 43,74% 33,00% 3,05% 6,03% 5,81% 5,51% 2,87%

$log,RBEL,

log,RBEL, log,yyBEL, log,yyMAR, log,Agri, log,BELQMAD, INMAR INBEL

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 86,79% 2,76% 1,40% 1,21% 2,41% 4,66% 0,76%

[3,] 79,95% 7,46% 3,00% 1,15% 2,21% 5,18% 1,05%

[4,] 75,54% 11,08% 4,07% 1,18% 2,12% 4,97% 1,04%

[5,] 71,78% 14,59% 4,69% 1,15% 2,00% 4,79% 0,99%

$log,RDEU,

log,RDEU, log,yyDEU, log,yyMAR, log,Agri, log,DEUQMAD, INMAR INDEU

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 89,43% 2,35% 0,92% 4,20% 0,16% 2,01% 0,93%

[3,] 82,62% 2,61% 3,23% 4,61% 0,16% 3,15% 3,63%

[4,] 76,95% 2,95% 4,24% 5,82% 0,15% 3,41% 6,49%

[5,] 71,24% 2,99% 5,42% 6,71% 0,15% 3,79% 9,70%

$log,RSAU,

log,RSAU, log,yySAU, log,yyMAR, log,Agri, log,SAUQMAD, INMAR INSAU

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 95,70% 1,60% 0,90% 1,50% 0,10% 0,10% 0,00%

[3,] 87,20% 3,90% 5,00% 3,20% 0,20% 0,30% 0,20%

[4,] 78,50% 5,20% 9,90% 5,40% 0,20% 0,40% 0,50%

[5,] 70,90% 5,70% 14,90% 7,40% 0,20% 0,40% 0,60%

$log,RARE,

log,RARE, log,yyARE, log,yyMAR, log,Agri, log,AREQMAD, INMAR INARE

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 92,50% 0,40% 4,10% 1,30% 0,70% 0,80% 0,10%

[3,] 77,80% 0,50% 15,50% 3,30% 2,00% 0,70% 0,10%

[4,] 66,40% 0,40% 24,40% 6,00% 2,00% 0,60% 0,20%

[5,] 58,60% 0,40% 30,10% 8,50% 1,60% 0,70% 0,20%

$log,RUSA,

log,RUSA, log,yyUSA, log,yyMAR, log,Agri, log,USAQMAD, INMAR INUSA

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 91,05% 3,56% 3,99% 0,00% 0,52% 0,77% 0,11%

[3,] 82,46% 6,86% 6,12% 1,18% 1,35% 1,30% 0,74%

[4,] 72,02% 9,12% 9,42% 2,62% 2,13% 2,49% 2,20%

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

149

[5,] 62,51% 10,10% 12,83% 3,87% 2,57% 3,96% 4,15%

log,RGBR,

log,RGBR, log,yyGBR, log,yyMAR, log,Agri, log,GBRQMAD, INMAR INGBR

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 97,00% 1,00% 1,00% 0,00% 0,00% 0,00% 1,00%

[3,] 91,00% 2,00% 1,00% 0,00% 1,00% 0,00% 5,00%

[4,] 83,00% 3,00% 2,00% 1,00% 0,00% 0,00% 11,00%

[5,] 75,00% 4,00% 2,00% 1,00% 0,00% 1,00% 17,00%

log,RNLD,

log,RNLD, log,yyNLD, log,yyMAR, log,Agri, log,NLDQMAD, INMAR INNLD

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 90,26% 0,55% 3,44% 0,53% 1,93% 3,23% 0,05%

[3,] 88,20% 1,23% 3,43% 0,52% 2,71% 3,86% 0,06%

[4,] 86,73% 2,24% 3,54% 0,52% 2,92% 3,98% 0,07%

[5,] 85,69% 3,30% 3,50% 0,61% 2,90% 3,92% 0,09%

$log,RDNK,

log,RDNK, log,yyDNK, log,yyMAR, log,Agri, log,DNKQMAD, INMAR INDNK

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 59,32% 5,17% 23,07% 7,50% 0,65% 1,51% 2,79%

[3,] 50,32% 14,68% 20,66% 6,42% 1,29% 1,33% 5,30%

[4,] 44,47% 19,86% 21,26% 5,71% 1,40% 1,18% 6,12%

[5,] 39,43% 24,10% 22,04% 5,27% 1,37% 1,05% 6,74%

$log,RSWE,

log,RSWE, log,yySWE, log,yyMAR, log,Agri, log,SWEQMAD, INMAR INSWE

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 93,64% 0,16% 3,09% 1,15% 0,00% 1,60% 0,36%

[3,] 93,05% 0,63% 3,35% 1,02% 0,06% 1,54% 0,35%

[4,] 91,77% 0,99% 3,75% 0,92% 0,23% 1,76% 0,57%

[5,] 89,96% 1,18% 4,31% 0,85% 0,54% 1,95% 1,20%

$log,RCHE,

log,RCHE, log,yyCHE, log,yyMAR, log,Agri, log,CHEQMAD, INMAR INCHE

[1,] 100,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%

[2,] 87,00% 4,36% 2,11% 0,15% 0,16% 5,79% 0,43%

[3,] 82,79% 6,86% 1,62% 0,15% 0,15% 7,34% 1,10%

[4,] 78,99% 8,89% 1,44% 0,35% 0,13% 8,18% 2,02%

[5,] 75,29% 10,41% 1,86% 0,73% 0,12% 8,62% 2,98%

Chapitre 3 : Pays d’accueil, revenu et transferts de fonds

150

Figure A3.7 : Impulse réponses (données trimestrielles)

Réponse des transferts suite au choc du PIB au Maroc Réponse des transferts suite au choc du PIB dans le

pays d’accueil

-600

-500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

500

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de RemitVo à un choc dans PIBOVo

intervalle de confiance de 95 pourcent

estimation ponctuelle

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

500

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de RemitVo à un choc dans PIBHVO

intervalle de confiance de 95 pourcent

estimation ponctuelle

Réponse des transferts suite au choc de taux d’intérêt Réponse des transferts suite au choc de taux de change

-600

-500

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

500

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de RemitVo à un choc dans interest

intervalle de confiance de 95 pourcent

estimation ponctuelle

-400

-300

-200

-100

0

100

200

300

400

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de RemitVo à un choc dans REER

intervalle de confiance de 95 pourcent

estimation ponctuelle

Réponse des transferts suite au choc de taux

d’inflation

-15000

-10000

-5000

0

5000

10000

15000

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

périodes

réponse de PIBHVO à un choc dans INF

intervalle de confiance de 95 pourcent

estimation ponctuelle

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

151

CHAPITRE 4 : IMPACT DES TRANSFERTS DE FONDS SUR LE TAUX

DE CHANGE

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

152

1. Introduction

Dans les chapitres précédents, nous avons analysé les caractéristiques des transferts de fonds

et nous nous sommes rendus compte qu’ils représentent un phénomène complexe. Ce qui a

suscité un foisonnement d’études et de recherches ces dernières années. Au vu des chapitres

précédents, nous avons appris que les transferts de fonds effectués par les migrants vers leur

pays d’origine constituent une source de financement importante pour un bon nombre de pays

en développement, le Maroc en fait partie. Cette manne financière peut être utilisée dans les

pays en développement comme un substitut à d’autres flux financiers afin de promouvoir

leurs institutions économiques et financières. A cet égard, beaucoup de pays en développe-

ment utilisent cette source pour financer leur développement local (Grabel, 2008). Cependant,

les effets des transferts de fonds sur les économies des pays d’origine restent ambigus. Pour

certains économistes, ces transferts ont un impact positif sur la balance des paiements (Chami

et al., 2005). Pour d’autres, ils peuvent avoir des effets inflationnistes et apprécient le taux de

change en causant ce que l’on appelle le « syndrome hollandais84 » (Bourdet et Falck, 2006).

Les effets macro-économiques des transferts de fonds des migrants sont donc complexes

(Grabel ,2008) et diffèrent d’un pays à l’autre. Ceci est dû principalement aux politiques éco-

nomiques mises en place dans les pays d’origine des migrants, mais aussi à la manière selon

laquelle ces transferts sont utilisés. De plus, la plupart des gouvernements des pays en déve-

loppement interviennent de manière fréquente sur le marché des changes85 (Krugman et

Obstfeld, 2011, p.492).

La littérature économique souligne les risques d’appréciation du taux de change suite aux

transferts de fonds, puisque cela peut provoquer des pertes de compétitivité prix pour les pays

bénéficiaires. Par exemple, Amuedo-Dorantes et Pozo (2004) montrent en utilisant les don-

nées de panel pour 13 pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, qu’une augmentation de 100%

des envois de fonds engendre une augmentation de 22% du taux de change réel. Ce risque

peut être plus important dans les petits pays (Kapur, 2004).

Dans ce chapitre, nous allons étudier, dans un premier temps, l’impact des transferts de fonds

en provenance de la France vers le Maroc sur le taux de change bilatéral (dirham-euro) et sur

84 Le syndrome hollandais se réfère à l’appréciation de la monnaie suite à une entrée massive de capitaux. 85 Il est à signaler que dans un système de change flexible, le taux de change corrige le déséquilibre de la balance

courante. Dans un régime de taux de change fixe, la variation de la balance courante engendre une variation de la

masse monétaire.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

153

la masse monétaire. La France constitue le principal pays d’accueil pour les migrants maro-

cains (chapitre 1). Pour ce faire, nous utiliserons le modèle VAR structurel, inspiré de Vargas-

Silva (2009). En second lieu, nous vérifierons l’hypothèse selon laquelle les transferts de

fonds provoquent le syndrome hollandais, en étudiant leur impact sur le taux de change effec-

tif et sur la réallocation des ressources.

La suite de travail sera organisée comme suit : la deuxième section traite la revue de la littéra-

ture selon deux approches (qualitative et quantitative) ; dans la troisième section, nous estime-

rons premièrement le model VAR structurel pour analyser l’impact d’un choc des transferts

de fonds sur la demande de monnaie et sur le taux de change bilatéral entre le Maroc et la

France ; deuxièmement, nous testerons l’hypothèse selon laquelle les transferts de fonds en-

gendrent le syndrome hollandais dans le cas du Maroc en utilisant deux types d’estimations

(fréquentiste et baysésienne) ; enfin dans la dernière section nous conclurons ce travail.

2. Revue de la littérature : impact des transferts de fonds sur le taux de change

Dans cette section, nous allons tenter de décliner deux approches complémentaires. La pre-

mière, que nous pouvons qualifier de classique est une approche narrative « qualitative ». La

deuxième est une approche qui consiste à mesurer l’impact des transferts de fonds sur le taux

de change en utilisant les résultats des études concernant ce phénomène. Cette approche est

connue sous le nom de Méta-analyse « Meta-analysis », elle est très intéressante quand les

résultats obtenus sont disparates sur le même sujet (Laroche, 2000).

2.1. Approche qualitative

Comme nous l’avons déjà précisé à plusieurs reprises, les transferts de fonds représentent une

source importante de capitaux étrangers dans les pays en développement. De plus, ils sont

globalement contra-cycliques et moins volatiles que d’autres flux financiers (chapitre1 et 2).

À première vue, les résultats des études antérieures concernant l’impact des transferts de

fonds des migrants sur le taux de change restent encore ambigus (Vargas-Silva, 2009). En

effet, certaines études montrent l’occurrence du syndrome hollandais alors que d’autres trou-

vent des résultats opposés (effets bénéfiques des transferts de fonds).

Bourdet et Falck (2006) qui ont analysé les effets des transferts sur le Cap-Vert, ont montré

que les aides ainsi que les transferts de fonds ont un effet négatif sur la compétitivité. En utili-

sant des données de panel, Lartey et al. (2012) soulignent que les transferts de fonds engen-

drent un effet de dépense et de réallocation des ressources. Dans une étude récente (Makhlouf

et Mughal, 2013a), nous avons montré, en utilisant les techniques bayésiennes, que les trans-

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

154

ferts de fonds provoquent le phénomène du syndrome hollandais au Pakistan. Dans une autre

étude (Makhlouf et Chnaina, 2011), nous avons noté, en utilisant un modèle à correction

d’erreur (VCEM), qu’une augmentation de 1% du ratio des transferts de fonds sur le PIB pro-

voque une appréciation du taux de change réel d’équilibre de 0,38 %, en Tunisie. Barajas et

al. (2010b), en utilisant la technique de cointégration pour des données de panel, ont abouti

aux résultats selon lesquels une appréciation du taux de change effectif réel suite à un choc

des transferts de fonds. A contrario, les résultats de Mongardini et Rayner (2009), issus d’une

étude sur des pays d’Afrique Subsaharienne, indiquent que les transferts de fonds ne causent

pas l’appréciation du taux de change réel d’équilibre. Nous pouvons également indiquer

l’étude de Rajan et Subramanian (2005) qui n’observent aucune preuve de la présence d’une

telle relation.

Il est à noter que les transferts de fonds ont un impact différent selon le régime de change.

Cependant, les autorités peuvent adopter plusieurs régimes de change (Lahrèche-Revil, 2000).

En effet, Singer (2008) est convaincu que les transferts de fonds des migrants exercent des

pressions sur le choix du régime du taux de change.

Nous venons de voir que les transferts affectent le taux de change. Cependant, nous avons pu

le vérifier dans le chapitre 3, ils sont eux-mêmes déterminés, en partie, par la variation du

taux de change. La manière d’utiliser les transferts de fonds détermine en partie les effets de

ces derniers sur le taux de change. Selon Glytsos (1997), l’impact des transferts de fonds est

largement lié à la manière dont ils sont utilisés. En d’autres termes, leur effet est lié à leurs

utilisations pour la consommation des biens importés, ou des biens fabriqués localement, ou

des biens échangeables ou non échangeables. Vargas-Silva (2009) explique que suite à un

choc des transferts des migrants mexicains, la réaction de la demande de monnaie est positive,

ce qui peut provoquer un accroissement de la masse monétaire et qui impliquerait une hausse

de l’inflation.

Selon Amuedo-Dorante et Pozo (2006), les envois de fonds peuvent alléger la contrainte bud-

gétaire des ménages. De ce fait, les transferts peuvent diminuer la demande de crédit. Ainsi,

les transferts de fonds ont un effet plus au moins nuancé sur le développement financier du

Maroc (Bouoiyour et Makhlouf, 2011). Cependant, selon la Banque Mondiale, les transferts

de fonds contribuent au développement financier des pays d’origine. Une étude réalisée sur 99

pays pour la période 1975-2003 concernant l’impact des transferts sur les dépôts et les crédits,

montre que les transferts contribuent à l’accroissement des crédits et des dépôts par

l’intermédiaire du secteur bancaire (Banque Mondiale, 2006). Selon la même référence, les

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

155

transferts pourraient ne pas augmenter les dépôts bancaires s’ils sont utilisés dans la consom-

mation immédiate. Ainsi, le débat sur l’impact des transferts de fonds sur le taux de change et

la demande de monnaie est loin d’être clos. Les principaux résultats sur le syndrome hollan-

dais sont regroupés dans le tableau 4.1 ci-dessous.

Tableau 4.1 : Principales études sur le syndrome hollandais et les transferts de fonds

Auteurs Période Méthode86 Résul-

tats

Amuedo-Dorantes et Pozo

(2004)

1979-

1998

Panel 13 pays LAC effet fixe (OLS) +

Petri et Saadi Sedik (2006) 1964-

2005

Jordanie (VCEM) +

Bourdet et Falck (2006) 1980-

2000

Cape Vert (OLS) +

Izquierdo et Montiel (2006) 1960-

2004

VAR 6 pays **

Vargas-Silva (2009) 1996-

2006

Mexique (SVAR) +

Lopez, Molina et Bussolo

(2007)

1990-

2003

Panel effet fixe dynamique modèle IV 20 pays LAC

(OLS) +

Acosta et al. (2009) 1991 El Salvador

(DSGE) +

Fajnzylber et López (2007) 1990-

2003

Corrélation, transferts / Taux de change 8 pays LAC +

Singh et al. (2009) 36 pays SSA

(panel) -

Lartey et al., (2012) 1990-

2003

109 Pays en développement Panel dynamique

(GMM) +

Mongardini et Rayner

(2009)

1980-

2006

Panel 15 pays ASS (dynamic fixed-effect) -

Sy et Tabarraei (2009) 1970-

2004

39 Pays

PMG +

Makhlouf et Mughal (2013a) 1980- Pakistan +

86 OLS (Ordinary Least Square), VCEM (Vector Correction Errors Model), SVAR(Structural Vector Auto re-

gression), DSGE (Dynamic Stochastic General Equilibrium), IV (Instrumental Variable) GMM Generalized

Moments Method) ASS (Sub-Saharan Africa countries). PMG: Pooled Mean Group, 2OLS : 2 Ordinary Least

Square.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

156

2008 IV- Bayesien

Barajas et al. (2010b) 1980-

2007

Panel (138 pays)

Cointégration +

Makhlouf et Chanaina (2011) 1980-

2008

Tunisie

VCEM +

Beja (2011) 1984-

2008

Panel (20 pays) +

Fayad (2011)

1980 et

1990

Coupe transversale

IV (2OLS) (*)

Kemegue et al. (2011) 1980-

2008

SSA

Panel dynamique +

Hassan et Holmes (2012) 1987-

2010

Panel 24 pays

VECM +

(+) Appréciation de taux de change. (-) dépréciation de taux de change

(**) résultats mitigés

(*) les transferts de fonds n’entravent pas la croissance économiques et les exportations

2.2. Approche quantitative (Méta-Régression)

Nous venons d’analyser dans la section précédente la relation entre les transferts de fonds et le

taux de change. Cette analyse rapide montre bien l’ambigüité de la relation entre ces deux

variables. Nous proposons dans cette sous-section une approche originale basée sur la méta-

régression, qui a l’avantage d’aboutir à des résultats plus tranchants. Elle permet aussi plus de

précision sur le phénomène étudié. Elle permet, également, de synthétiser d’une manière effi-

cace les études appliquées à une seule question de recherche.

En résumé, nous allons calculer la moyenne des résultats des études précédentes sur le syn-

drome hollandais, même si ces études utilisent des techniques différentes pour mesurer l’effet

des transferts de fonds. Cette technique consistant à tirer des conclusions à partir de la revue

de la littérature est appelée « Meta-analysis ». L’idée de cette technique est de combiner diffé-

rents résultats afin de produire une réponse générale sur la question étudiée. Cette procédure

est de plus en plus utilisée par les chercheurs, car elle donne une vision plus objective de la

littérature (Everitt et Hothorn, 2006).

La plupart des études de la méta-analyse utilise un seul modèle (effets fixes ou effets va-

riables). Sous le modèle à effets fixes, on suppose qu’il existe un seul vrai effet. Cependant, le

modèle à effets variables stipule que le vrai effet peut changer selon l’étude. Ce modèle sti-

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

157

pule l’existence d’hétérogénéités inter études (Everitt et Hothorn, 2006). La figure 4.1 montre

la principale différence entre les deux méthodes. Dans notre cas nous allons traiter les deux

modèles et à l’aide du test d’homogénéité, nous choisirons le modèle adéquat.

Figure 4.1: Modèle à effets fixes versus à effets variables

Effets fixes (une seule source d’erreur) Effets variables (deux sources d’erreurs)

Etude

(1)

Etude

(2)

Etude

(k)

Effet

combiné

Source : (Borenstein et al., 2009)

Effet observé

Vrai effet

Vrai effet

Vrai effet

Effet observé

Effet observé

ε

Vrai effet

Vrai effet

Vrai effet

Effet observé

Effet observé

ε

ζ

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

158

2.2.1. Méthodologie

Ici, nous analyserons empiriquement la revue de la littérature concernant l’impact des trans-

ferts de fonds sur le taux de change. Pour ce faire, nous prendrons un échantillon qui com-

porte 53 régressions issues de 7 papiers. Notre base de données inclut : EconLit, documents

de travail, Google Scholar selon la méthodologie suivie par Stanley (2001). Pour réduire le

biais de sélection, nous avons sélectionné des papiers publiés et non publiés, comme le sug-

gère Stanley (2001).

Les études considérées dans notre échantillon utilisent l’estimation linéaire suivante

avec:

i={1,.., N) et N est le nombre de régressions ;

: le taux de change réel au certain ;

: les transferts de fonds ;

: la matrice des déterminants du taux de change réel.

Un signe positif et significatif du paramètre (α) signifie une appréciation du taux de change.

Les autres études qui analysent différemment la relation entre le syndrome hollandais et les

transferts ne sont pas prises en considération dans notre étude. Le tableau A4.1 en annexe

retrace les données utilisées dans la méta-analyse.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

159

2.2.2. Modèle à effets fixes

Dans ce modèle, nous supposons qu’il y a un seul vrai paramètre étudié par l’ensemble des

papiers. Dans ce cas, il existe un seul effet des transferts de fonds sur le taux de change indé-

pendamment du contexte d’étude. L’objectif est donc d’estimer l’effet combiné de l’impact

des transferts de fonds sur le taux de change. Pour ce faire, nous allons calculer la moyenne

pondérée des effets issus des 53 essais (régressions). L’idée est d’accorder plus de poids pour

les études ayant une grande précision. De ce fait, le paramètre de pondération est l’inverse de

la variance de chaque effet. Le modèle à effets fixes peut être modélisé comme suit :

Soit Y l’effet combiné,

=

==k

ii

k

iii

W

YWY

1

1 (1)

Avec :

k, le nombre de régressions prises en considération ;

Y i, l’effet des transferts de fonds sur le taux de change de l’étude i ;

Wi = 1/ 2iV ;

2iV : la variance de Yi.

La variance de Y se calcule de la manière suivante : 2

Yσ =

∑=

k

iiW

1

1(2)

Avec les formules (1) et (2) on peut calculer l’intervalle de confiance de Y . La formule pour

l’intervalle de confiance à 95% est donnée comme suit : [ ]YY

YY σσ 96,1;96,1 +− .

Malgré le fait que les études choisies dans notre échantillon partagent un certain nombre de

caractéristiques (pays en développement, pays d’émigration, intervention sur le marché des

changes, etc.), elles peuvent être hétérogènes. Pour cette raison, nous allons également estimer

le modèle à effets variables présenté ci-après.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

160

2.2.3. Modèle à effets variables

Sous l’hypothèse d’un modèle à effets aléatoires, nous supposons que le vrai paramètre varie

selon l’étude. Par exemple, le paramètre est plus fort dans le cas où le taux de change est

flexible ou bien dans le cas où la part des transferts de fonds dans le PIB est plus grande.

Cette hypothèse est d’autant plus plausible que d’autres facteurs interviennent dans

l’occurrence du syndrome hollandais. Ceci veut dire que l’intensité de l’impact des transferts

de fonds sur le long terme dépend d’autres facteurs (régime de change, la part des transferts

de fonds utilisée dans la consommation des biens échangeables, le taux d’ouverture, etc.).

L’utilisation des transferts de fonds est un élément capital dans la détermination du syndrome

hollandais. En effet, si la plupart d’entre eux sont utilisés dans l’investissement, cela peut ré-

duire la probabilité de l’occurrence du syndrome hollandais.

Le modèle à effets variables peut être écrit comme suit :

ki

Y iiiii

,...,1),N(u,~

N(0,1),~;2

i =

+=

τµεεσµ

(3)

Avec :

iY , c’est l’effet combiné qui dépend du vrai effet iµ et de la variance iσ ;

u , est estimé selon l’équation (1).

La pondération de chaque étude change dans ce modèle. Dans ce modèle la variance inter-

études est prise en compte.

La pondération ′iW s’écrit comme suit :

)ˆ/(1 22 τ+=′ ii VW où 2τ̂ est la variance inter-études estimée.

∑∑∑

−=

−=

−>+−−<

=

=

i

ii

k

ii

W

WWU

YYQ

kQsiUkQ

kQsi

2

1

2

2

)(

1/)1(

10τ̂

Le test d’homogénéité des études est donné par la statistique Q qui suit une loi de 2 1−kχ .

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

161

2.2.4. Résultats87

Les résultats (tableau 4.2) des deux modèles (effets fixes et effets variables) montrent que les

transferts de fonds engendrent une appréciation du taux de change réel. Le test d’homogénéité

des études préconise le modèle à effets variables. Ceci conduit à la validation de l’hypothèse

selon laquelle les transferts de fonds provoquent une appréciation du taux de change.

Tableau 4.2: Résultats du modèle (méta-régression)

Impact des transferts de fonds sur les taux de

change réel

Effets fixes 0,0205*** (16,61)

Effets variables 0,0376*** (5,806)

Test d’homogéniété: Q=750,22, degrés de liberté =52

p.value<0.0001

() t-test, *** significativité + 1%

Nous pouvons dire que l’impact des transferts de fonds sur le taux de change est positif. De

plus, le test d’homogénéité préconise le modèle à effets aléatoires, ce qui implique que les

études sont hétérogènes. Ceci veut dire que le contexte de l’étude peut influencer la relation

entre les transferts et le taux de change. Pour cela, dans la section 3 nous allons étudier le cas

du Maroc pour les raisons évoquées dans le chapitre 1. L’idée est de vérifier si le contexte

marocain va confirmer ou infirmer le résultat obtenu par la méta-régression. Nous venons de

valider le modèle à effets variables ce qui implique qu’il existe plusieurs effets des transferts

de fonds sur le taux de change.

87 La méthodologie décrite est implanté sur R, sous le package (meta)

http://cran.r-project.org/web/packages/meta/meta.pdf

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

162

3. Analyses empiriques : relation entre les transferts de fonds et le taux de

change.

Dans cette section, nous allons estimer premièrement l’impact des transferts de fonds sur le

taux de change bilatéral (France - Maroc) et la demande de monnaie, en s’inspirant des tra-

vaux de Vargas-Silva (2009). Deuxièmement, nous allons diagnostiquer la présence du phé-

nomène du syndrome hollandais par l’estimation du taux de change effectif réel en s’inspirant

des travaux de Lartey et al. (2012).

3.1. Demande de monnaie, taux de change et transferts de fonds : les enseigne-

ments du modèle VAR structurel

Avant de vérifier l’hypothèse du syndrome hollandais, nous allons nous intéresser aux inte-

ractions qui existent entre les transferts de fonds, le taux de change et la demande de monnaie

en s’inspirant des travaux de Vargas-Silva (2009). Ce dernier a essayé d’étudier l’impact des

transferts de fonds, depuis les Etats-Unis vers le Mexique, sur le taux de change et la demande

de monnaie. L’objectif de cette sous-section est d’étudier l’impact des envois de fonds des

migrants marocains sur le taux de change entre la France et le Maroc, et sur la demande de

monnaie au Maroc. Afin d’éliminer le problème d’endogénéité, nous allons utiliser le modèle

VAR structurel. Les modèles VAR sont un mélange des éléments théoriques (Greene, 2005,

p.577). Les modèles VAR structurels permettent d’affiner al modélisation en rajoutant des

contraintes dans le modèle à estimer.

Le taux de change marocain est ancré à un panier de devises des principaux partenaires com-

merciaux avec une convertibilité partielle88. A titre d’exemple, le dirham s’est apprécié de

22,5% vis-à-vis des pays de l’UE (15) pour la période allant de 1990 à 2000 (Bouoiyour et al.,

2002). Les envois de fonds pour la même période ont augmenté environ de 38%89. Les envois

de fonds sont-ils donc à l’origine de cette appréciation ? Pour répondre à cette question, nous

avons pris en compte les transferts de fonds depuis la France vers le Maroc. En effet, plus de

40% des transferts de fonds sont assurés par les marocains résidant en France (plus de détails

voir le chapitre 1). De plus, la plupart des exportations marocaines sont à destination de

88 Pour plus de détails, voir Bouoiyour et al (2004) « Taux de change réel et politique de change au Maroc : une

approche non paramétrique. 89 Calculé à partir des données de l’Office des Changes du Maroc.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

163

l’Europe, comme l’indique la figure 4.2. Une appréciation du taux de change peut nuire à la

compétitivité prix.

Figure 4.2: La part des exportations marocaines vers l'Europe (15)

Source : CEPII-CHELEM (2012)

Cette sous section s’intéresse aussi à l’interaction entre la demande de monnaie et les trans-

ferts de fonds. En effet, un accroissement de demande de monnaie peut engendrer de

l’inflation. Dans le cas du Maroc, la relation entre l’inflation et la masse monétaire est posi-

tive comme le souligne la figure 4.3. Cette dernière confirme la théorie quantitative de la

monnaie dans le cas du Maroc.

Figure 4.3: Relation entre la masse monétaire et l’inflation (1962-2011)

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

164

Source : Banque Mondiale (WDI, 2012) et calculs de l’auteur

3.1.1. Relation des transferts de fonds avec le taux de change et la masse monétaire

� Transferts de fonds et taux de change nominal

La figure 4.4 présente la corrélation entre le taux de change au certain du Maroc et les trans-

ferts des migrants. Elle montre une relation négative entre la variation des transferts de fonds

et le taux de change nominal bilatéral. Nous pouvons dire, a priori, que les transferts de fonds

n’apprécient pas le taux de change. Néanmoins, la dépréciation du taux de change conduit à

une augmentation des transferts. Par exemple, la dépréciation de la monnaie marocaine dans

le milieu des années 80, suite à l’adoption du PAS (Plan d’Ajustement Structurel) en 1983, a

permis aux migrants marocains de rapatrier une partie supplémentaire de leurs revenus non

consommés dans le pays d’accueil. L’adoption de l’euro en 1999 a conduit à une dépréciation

du Dirham qui a engendré une augmentation des transferts.

Figure 4.4 : Transferts de fonds et taux de change (1982-2009)

Office des Changes du Maroc et IFS (2011) et calculs de l’auteur

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

165

� La politique monétaire marocaine vis-à-vis des transferts des migrants

L’objectif principal de la Banque Centrale du Maroc (BAM) est la stabilité des prix. Pour ce

faire, la BAM intervient par le biais des canaux traditionnels (canal de taux d’intérêt, et canal

de crédit) pour contrôler la masse monétaire. Cette dernière est déterminée, en partie, par les

avoirs extérieurs. Ainsi, une variation de ces avoirs extérieurs peut affecter la liquidité ban-

caire. Dans ce sens, une augmentation des avoirs nets en devises de la Banque Centrale ac-

croît la masse monétaire. Les dépôts des migrants marocains ont augmenté de manière remar-

quable et ils représentent environ 25% de l’ensemble des dépôts en 2007. (Bouoiyour et

Makhlouf, 2011). Ceci peut aussi influencer la liquidité bancaire. Par exemple, en 2007, le

cumul des dépôts bancaires des migrants marocains s’élevait à 424,95 milliards de dirhams

(Khachani 2010, p.9). De plus, l’essentiel des transferts de fonds des migrants marocains pas-

sent par le canal bancaire et postal (chapitre 1).

Les achats et les ventes des devises sur le marché des changes par la BAM peuvent modifier

l’évolution du taux de change par le jeu de l’offre et de la demande. Afin de gérer la variation

de la liquidité bancaire engendrée par les mouvements des devises, les autorités monétaires

ont recours principalement à la politique des réserves obligatoires90. L’accroissement sensible

de la liquidité bancaire est lié à un afflux de capitaux étrangers eux-mêmes expliqués par

l’ouverture du capital d’Ittissalat Al Maghrib en février 2000. De plus, une hausse des trans-

ferts des migrants marocains de 60,5% en 2001 (qui sont passés de 22 milliards de DH à 36

milliards en 2001) a également favorisé l’augmentation de la liquidité. Il y a également eu une

surliquidité en raison d’un renforcement substantiel des avoirs extérieurs, en mars 2002. Cette

surliquidité est imputable à la cession de 80% du capital de la société des tabacs en 2003.

L’excédent de liquidité peut être qualifié de structurel à partir de 1999 jusqu'au deuxième tri-

mestre 2007. Entre 2001 et 2002, nous assistions à un accroissement sensible de la surliquidi-

té bancaire expliquée par un afflux de capitaux étrangers liés à l’ouverture du capital

d’entreprises publiques en février 2000 et le renforcement des avoirs extérieurs (transferts des

migrants marocains et recettes de voyages).

90 Selon la BAM, le montant des liquidités retirées par la politique des réserves obligatoires ont connu une crois-

sance considérable environ 500% pour la période 1999-2007.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

166

Figure 4.5 : Interventions sur le marché de change

Source : Banque Al Maghrib (2011)

Les interventions de la BAM sur le marché de change ont plutôt pour but de vendre des de-

vises. Ces interventions ont un double effet. Elles permettent d’absorber la liquidité bancaire.

Dans le cas où la liquidité n’est pas abondante, elles augmentent l’offre de devises étrangères.

Cela va engendrer une sous-évaluation du taux de change. La figure 4.5 nous permet de tirer

les premières conclusions sur les interventions qui consistent à vendre des devises sur le mar-

ché de change par la BAM.

Les ventes de devises n’ont pas l’effet attendu sur le taux de change, à savoir une appréciation

du taux de change. Ces interventions devraient contribuer à l’appréciation du dirham. Cepen-

dant, nous remarquons le contraire notamment sur la période 2001-2007 où le taux de change

continue à se déprécier malgré l’augmentation des volumes des devises vendues sur le marché

des changes. Cela peut s’expliquer par une demande plus importante des devises, notamment

pour les besoins d’importations. Les transferts des migrants peuvent alléger cette contrainte.

La vente des devises par la BAM va contribuer, en outre, à une baisse de la monnaie natio-

nale. Il y a lieu de signaler que la liquidité a connu une baisse depuis les années 2007 jusqu’à

nos jours. Actuellement, nous assistons à une situation de sous-liquidité. Ceci peut s’expliquer

par la baisse des transferts de fonds liée à la récente crise économique.

0

1000

2000

3000

4000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Achat de devises

0

100

200

300

400

500

Vente de devises

Ventes de devises par BAM aux banques Achats de devises par BAM aux banques

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

167

3.1.2. Modèle VAR structurel

Afin d’éliminer le problème d’endogénéité et de prendre en considération certaines con-

traintes, nous utiliserons le modèle VAR structurel91. Nous analyserons les fonctions impulses

afin de voir l’impact des transferts sur le taux de change, la masse monétaire et la réaction des

transferts suite à un choc du taux de change. Nous décomposerons la variance du modèle afin

de tirer le maximum d’information du modèle utilisé. En effet, la décomposition de la va-

riance indique la quantité de l’information de chaque variable qui contribue aux innovations

des autres variables. Nous nous inspirons des travaux de Vargas-Silva (2009) dans le cas

« Mexique-Etats-Unis » pour le cas « Maroc – France ».

Le modèle à estimer est le suivant :

++++=++=

++++=+++=

++==

−−−−

−−

−−−−

−−−

−−

64321

521

44321

3321

221

1

uremditcymM

uyfymR

ummtcyfymdi

uremdiymtc

ummdiym

uyf

ltltltltt

ltltt

ltltltltt

ltltltt

ltltt

t

γγγγηη

θθθθφφφ

αα

(4)

Avec :

yf et ym représentent le PIB en volume (2005 indice 100) de la France et du Maroc res-

pectivement. Il s’agit des variables proxy des revenus des migrants et de leur famille ;

tc, le taux de change bilatéral Maroc / France au certain ;

di, le taux d’intérêt des dépôts au Maroc moins celui de la France ;

R, les transferts de fonds en provenance de France mesurée en dirham marocain;

M, la masse monétaire au Maroc mesurée en dirham marocain.

Nous avons utilisé des données annuelles de 1980 à 2010. Les statistiques descriptives sont

données dans le tableau 4.3 et leurs évolutions sont présentées sur la figure A4.1 en annexe

de ce chapitre.

91 L’estimation de ce modèle est faite à l’aide du package « vars » sur R

http://cran.r-project.org/web/packages/vars/vars.pdf

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

168

Tableau 4.3 : Statistiques descriptives

Moyenne Médiane Minimum Maximum Source

R en milliards 16,55

10,94

3,641

23,35

Office des Changes Maro-

cain

Di 1,949 2,47 -2,37 4 FMI-IFS

Tc 0,104 0,095 0,088 0,166 FMI-IFS

Yf 82,23

80,6

58,79 104,9

FMI-IFS

Ym 74,47 69,83 41,37 126,5 FMI-IFS

M en milliards 358,5

265,3

29,96

849,2

Banque Mondiale

La première équation du modèle (4) traduit l’hypothèse selon laquelle un choc sur l’économie

marocaine n’influence pas le PIB de la France. La deuxième équation représente la courbe IS

au Maroc. La troisième équation traduit la relation entre le taux de change réel, le PIB, le dif-

férentiel du taux d’intérêt et les envois de fonds92. La quatrième équation explique la fonction

de réaction de la Banque centrale marocaine. La cinquième équation explique l’évolution des

transferts de fonds en fonction de la variation des PIB93. La dernière équation représente la

demande dont nous avons discuté les variables dans la section précédente.

Le retard optimal est sélectionné à l’aide des critères donnés dans le tableau infra.

Retards 1 2 3 4

AIC(n) 79,11 78,54 74,27 -80,43

HQ(n) 79,71 79,65 75,90 -78,29

SC(n) 81,13 82,28 79,74 -73,23

92 L’introduction des envois de fonds dans la troisième équation traduit le fait que les envois de fonds influen-

cent le taux de change (Vargas-Silva, 2009). 93 Les envois de fonds dépendent du PIB du pays d’accueil et du PIB du pays d’origine (Glytsos, 2005 ; Vargas-

Silva et Huang, 2006).

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

169

3.1.3. Résultats et discussion

Dans cette sous-section, nous allons premièrement discuter les résultats des fonctions des ré-

ponses suite au choc des transferts de fonds, deuxièmement, nous commenterons les résultats

de la décomposition de la variance.

� Fonctions impulse réponses

Les résultats des fonctions impulse réponses (figure 4.6) montrent qu’un choc sur les trans-

ferts n’engendre pas une appréciation du taux de change bilatéral. Cela peut s’expliquer par

les interventions de la BAM sur le marché des changes. Dans ce cas, les transferts de fonds,

n’affectent pas négativement la compétitivité prix des entreprises exportatrices.

L’ensemble de ces interventions sur le marché de change détermine le régime de change au

Maroc. En effet, ce dernier est un facteur clé dans la détermination de l’impact des transferts

de fonds sur le taux de change (Barajas et al., 2010b). Une augmentation des transferts peut

inciter les autorités monétaires à dévaluer la monnaie afin d’éviter une appréciation de sa

monnaie.

En ce qui concerne la réaction de la masse monétaire suite à un choc des transferts de fonds,

elle est positive. Les transferts de fonds engendrent une augmentation de la masse monétaire à

long terme. Cela peut s’expliquer par la création monétaire engendrée par les transformations

des euros en monnaie locale.

La dépréciation du taux de change est due en partie à la baisse de la demande de monnaie

locale. Cette diminution peut s’expliquer par l’intervention de la Banque Al Maghrib afin de

retirer de la monnaie du circuit économique et d’éviter des tensions inflationnistes. Il y a lieu

de signaler que la dépréciation entraîne une augmentation des prix à l’importation ce qui peut

provoquer une inflation importée.

L’objectif de la Banque Al-Maghrib est de maintenir la stabilité des prix internes. Pour ce

faire, elle utilise plusieurs canaux afin d’atteindre son objectif. La masse monétaire est l’un

des instruments essentiels sur lequel la Banque Al-Maghrib intervient.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

170

Figure 4.6: réponse du taux de change et la masse monétaire suite au choc des transferts

de fonds

Le graphique 1 représente la réponse du taux de change suite à un choc des transferts de fonds, tandis que le

graphique 2 retrace la réponse de la masse monétaire.

� Décomposition de la variance

Afin de connaître l’importance de chaque choc dans l’explication des variables étudiées et

calculer la contribution de chaque innovation sur la variance à l’horizon (H), nous étudierons

ici la décomposition de la variance. Les résultats (tableau A4.3 en annexe) montrent que la

variabilité du taux de change est due pour une grande partie aux innovations du PIB au Maroc

et la masse monétaire, 36% et 47% respectivement. Cependant les innovations des transferts

n’ont pas une importante influence sur la variabilité du taux de change (3%). Ceci confirme

les interventions de la BAM.

1

2

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

171

Les innovations de la masse monétaire sont dues en grande partie aux innovations du PIB et

aux innovations du taux de change, 45% et 23% respectivement. Les transferts de fonds con-

tribuent à l’hauteur de 5% aux innovations de la masse monétaire.

Dans le cas où le régime de change est fixe, la masse monétaire devient endogène, par consé-

quent elle sera sensible aux variations de taux de change.

Les transferts des migrants marocains ne causent pas une appréciation du taux de change.

Quant à la masse monétaire qui devrait augmenter remarquablement suite à une entrée de de-

vises, les résultats montrent que cette augmentation est relativement faible. Deux raisons peu-

vent expliquer cela. Premièrement, la variance de la masse monétaire est due en grande partie

aux innovations du taux de change qui lui-même se déprécie. Les innovations des transferts

ont un impact faible sur la variance de la masse monétaire. Deuxièmement, la position struc-

turelle de liquidité bancaire au Maroc est excédentaire, ce qui nécessite la mise en place d’une

politique restrictive afin d’absorber le surplus de liquidité, cela se traduit par une baisse de la

demande de monnaie.

Enfin, le test de stabilité (figure A4.2 en annexe) montre qu’il n’y a pas de changement de

régime sur la période étudiée. L’idée est de voir si la crise économique de 2008 a impacté le

comportement des variables étudiées.

3.2. Impact sur le taux de change effectif réel

Nous venons de voir l’impact des transferts de fonds en provenance de la France sur le taux

de change bilatéral. Dans cette sous section, nous allons essayer de voir l’impact des transferts

de fonds globaux sur le taux de change effectif. Cette ressource financière, engendrée par la

migration internationale, peut servir à alléger certaines contraintes budgétaires des ménages

dans les pays d’origine. Elle peut les aider à améliorer leur niveau de vie. Par ailleurs, elle

peut aussi engendrer certains effets non souhaités sur les économies bénéficiaires. En effet, la

littérature économique récente s’intéresse aux effets néfastes des transferts de fonds, sur le

plan macro et micro-économique. En outre, ces effets négatifs peuvent se manifester sous

forme d’un phénomène connu sous le nom de syndrome hollandais (Fajnzylber et López,

2007). Cet effet est particulièrement important dans les petits pays (Kapur, 2004). Ce phéno-

mène a été analysé par Corden et Neary (1982) et Corden (1984) dans le cas d’une rentrée

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

172

massive de devises. Les transferts de fonds peuvent apporter de nouveaux ajustements sur

l’économie marocaine, en particulier par l’effet dépense94.

La théorie du syndrome hollandais est associée à une appréciation du taux de change suite à

une entrée massive des capitaux étrangers. Cette théorie a été formulée au départ pour les

pays développés, notamment à partir de la découverte du gaz en Hollande dans les années 50.

La pertinence de cette théorie a poussé les économistes à l’appliquer pour les pays en déve-

loppement. Cependant, l’application de cette théorie pour les pays en développement peut

donner des résultats différents comparés aux pays développés. Cette différence est due en

partie aux différences du régime de change. En effet, Krugman et Obstfled (2011, p. 664) sou-

lignent certaines rigidités des régimes de change des pays en développement. Dans le cas des

transferts de fonds, Vargas-Silva (2009) note que leurs effets sur le taux de change effectif

réel restent encore ambigus. En effet, d’après Barajas et al. (2010b), l’impact des transferts de

fonds sur le taux de change réel dépend de la part des transferts de fonds dépensée dans les

biens échangeables du degré de l’ouverture économique, de la mobilité des facteurs entre les

secteurs et du comportement cyclique des transferts de fonds. In hoc sensu, Grabel (2008)

considère que les effets à court terme des transferts de fonds sont similaires à d’autres flux

financiers. Par ailleurs, leurs impacts à long terme sont différents selon les politiques écono-

miques engagées dans les pays bénéficiaires. Dans cette section, nous allons estimer l’impact

des transferts de fonds sur le taux de change effectif réel du Maroc.

3.2.1. Transferts de fonds et politique de change du Maroc

Les transferts de fonds engendrent des effets plus ou moins importants sur certaines variables

macro-économiques dont le taux de change. Comme nous l’avons signalé précédemment, la

littérature économique est encore loin de répondre d’une manière précise à la question de

l’impact des transferts des migrants sur le taux de change. Les causes de la divergence des

résultats peuvent être expliquées par la manière dont les transferts de fonds sont utilisés, mais

également par la capacité des économies en développement à « absorber » les chocs engen-

drés par ces flux financiers, ainsi que le degré d’ouverture économique. De plus, les politiques

de change adoptées par les pays bénéficiaires peuvent atténuer les effets néfastes des trans-

ferts de fonds sur le taux de change, et bien évidemment sur la compétitivité prix. Dans cet

ordre d’idée, Singer (2008) a montré que les transferts des migrants poussent les autorités 94 La corrélation entre les transferts de fonds et la consommation finale des ménages marocains est positive est

proche de 1(chapitre 1, p. 47).

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

173

monétaires à opter pour un régime de change fixe. Le choix du régime de change a un impact

important sur l’inflation, les investissements et les relations commerciales (Singer, 2008).

Selon le même auteur, les transferts de fonds peuvent compenser les imperfections de la poli-

tique monétaire.

La stérilisation des transferts de fonds peuvent constituer un remède contre le syndrome hol-

landais, mais Lopèz et al. (2007) ont déconseillé la politique de stérilisation des transferts de

fonds, qui selon eux s’avère coûteuse en matière budgétaire. La question qui se pose alors est

de savoir dans quelle mesure les interventions de la Banque Al Maghreb (BAM) sur le mar-

ché monétaire en général, et sur le marché de change en particulier, permettent de stabiliser la

variabilité du taux de change. Pour essayer de répondre à cette interrogation, il nous faut

commencer par étudier le régime de change marocain, même si les travaux de Bouoiyour et

al. (2004)95 nous ont fourni certains éléments clés de réponses sur la parité de change du dir-

ham. L’ancrage du dirham à deux principales devises que sont l’euro et le dollar américain lui

assure une certaine stabilité. Mais il nous reste à savoir si cette politique est préjudiciable pour

la compétitivité des exportations marocaines ou non. La BAM intervient sur le marché de

change afin de le maintenir dans une fourchette bien définie. Pour éponger la surliquidité en-

gendrée en partie par les transferts de fonds, la BAM utilise la politique des réserves obliga-

toires. Le marché monétaire est caractérisé par une surliquidité, notamment pour la période

1999 -2007, ce qui s’explique par la politique de libéralisation au Maroc. En ce qui concerne

l’évolution du taux de change effectif, la figure 4.7 montre qu’il y a une dépréciation jusqu’à

l’année 1990, puis une appréciation dans les années 1990, période où l’inflation est relative-

ment forte (par exemple le taux d’inflation est proche de 8% en 1991).

95 Leurs travaux portent sur le taux de change réel d’équilibre et la politique de change au Maroc : une approche

non paramétrique.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

174

Figure 4.7: Evolution du taux de change effectif

Source : Banque Mondiale (WDI, 2012)

3.2.2. Fondamentaux du taux de change effectif réel

Afin d’estimer le taux de change effectif réel, nous utiliserons les variables utilisées par Lar-

tey et al. (2012). Les définitions96 des principaux fondamentaux du taux de change utilisés

dans les estimations économétriques sont données comme suit :

a) Productivité

La différence des taux de croissance de productivité dans la production des biens échan-

geables d'un pays par rapport à celle des principaux partenaires commerciaux est un facteur

qui peut affecter le taux de change d’équilibre. Ainsi, l'effet de Balassa-Samuelson est positif

sur le taux de change réel. Il peut être interprété comme l'effet du développement économique

sur le taux de change réel. Autrement dit, les pays à croissance rapide ont tendance à con-

naître une appréciation réelle de leur taux de change (Carrera et Restout, 2004). Plusieurs

études ont aussi montré un effet positif du progrès technique (Montiel, 1999 ; De Gregorio et

Wolf, 1994 ; Montiel et Hinkel, 2001). Cependant, la relation dépend de l’effet qui domine:

effet de l’offre ou de la demande des biens non échangeables. Un impact positif ne se réalise

que lorsque l’effet demandé domine et vice versa (Edwards, 1989 ; Kalinda, 2001).

96 Plus de détails voir Makhlouf et Chnaina (2011).

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

175

b) Termes de l’échange

L’indice des termes de l'échange est généralement défini comme le ratio de l'indice des prix à

l'exportation par rapport à celui des prix à l’importation. Tous les modèles théoriques en géné-

ral97 soulignent l'importance des variations des termes de l’échange comme une source poten-

tielle de fluctuations du taux de change effectif. La variation des termes de l’échange entraîne

un effet de substitution inter-temporel et intra-temporel ainsi qu’un effet de revenu98 (Eita et

Sichei, 2006). L’effet net sur le taux de change effectif est ambigu et ne peut pas être connu à

priori à cause de l’existence de ces deux effets (Rano et Bayero, 2008). Il dépend de l’effet

qui domine (la dominance de l'effet revenu conduit à l'appréciation du taux de change effectif

réel). A contrario, la détérioration des termes de l’échange conduit à une dépréciation du

TCRE (Zhang, 2001 ; Asfaha et Huda, 2002). Toutefois, des études empiriques ont constaté

que l'effet de revenu est prédominant (Baffes et al., 1999 ; Carrera et Restout, 2004).

c) Ouverture commerciale

Une libéralisation commerciale plus importante conduit à une dépréciation du taux de change

effectif, car elle permet l’augmentation des échanges et la convergence des prix [Goldfajn et

Valdes (1999), IEQ (2003) et Drine et Rault (2005)].

La position nette des actifs extérieurs est largement considérée dans la littérature comme une

des variables déterminantes du taux de change effectif d’un pays (MacDonald, 1997 ; Mac-

Donald et Ricci, 2003). Lorsque la position nette extérieure d’un pays atteint un niveau élevé,

une perte de compétitivité peut être maintenue, ce qui est associé à une appréciation du taux

de change effectif (MacDonald et Ricci, 2003). Un déficit du compte courant conduit à une

augmentation de la dette extérieure nette qui peut être financée soit par les institutions finan-

cières internationales, soit par les investissements étrangers à des taux de rendements élevés.

Ceci peut conduire à une dépréciation de la monnaie (Maeso-Fernandez et al., 2002).

97 Par exemple Clark et MacDonald (1999), Elbadawi et Kahn (1997) et Baffes et al. (1999). 98 L’effet revenu est défini par le phénomène suivant : lorsque le revenu intérieur augmente, l’amélioration des

termes de l'échange va accroître la demande pour les biens non échangeables, en provoquant une nouvelle aug-

mentation des prix afin de rétablir l'équilibre du marché (Guillaumont et Hua, 2002).

L’effet de substitution est défini par le phénomène suivant : lorsque les importations deviennent moins chères

que les biens non-échangeables, la consommation des biens non-échangeables décroit et le prix des biens non

échangeables baisse pour absorber l’offre excédentaire des biens non échangeables, en conséquence le taux de

change effectif se déprécie.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

176

d) Transferts de fonds

L'impact macroéconomique de l’augmentation des transferts reçus de l’extérieur conduit à

une appréciation du taux de change effectif par le biais de leurs effets positifs sur le solde du

compte courant (Haque et Montiel, 1998 ; Izquierdo et Montiel, 2006). Ceteris paribus, les

pays recevant les transferts des travailleurs connaissent l’appréciation de leurs monnaies

(Amuedo-Dorantes et Pozo, 2004). Selon Obstfeld et Rogoff (1996), ce genre de transfert de

ressources nuit à la compétitivité du pays sur les marchés mondiaux.

3.2.3. Stratégie d’estimation

Nous allons reprendre la même stratégie que celle utilisée par Lartey et al. (2012). Première-

ment nous allons essayer de détecter l’impact des transferts de fonds sur le taux de change

effectif. Un signe positif des transferts de fonds correspond à une appréciation du taux de

change et un signe négatif correspond à une dépréciation de ce même taux de change.

Deuxièmement, nous allons voir comment les transferts de fonds affectent les ressources entre

le secteur échangeable et le secteur non échangeable. Pour ce faire, nous construisons un in-

dice « TNT » qui est égal au rapport entre la valeur ajouté de secteur échangeable et celle du

non échangeable. Le secteur échangeable regroupe les secteurs de l’agriculture et de

l’industrie. Le secteur non échangeable comprend le secteur des services. Le TNT peut se

calculer comme suit :

TNT = (valeur ajoutée du secteur industriel + valeur ajoutée du secteur agricole) / (valeur

ajoutée du secteur des services)

La présence du syndrome hollandais doit se manifester sous deux formes : premièrement, une

appréciation du taux de change (signe positif entre les transferts de fonds et le taux de change

effectif) ; deuxièmement, une réallocation des ressources du secteur échangeable vers le sec-

teur non échangeable (signe négatif de la relation entre les transferts de fonds et le TNT).

Pour savoir comment la réallocation des ressources s’effectue, nous allons estimer l’impact

des transferts pour chaque secteur.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

177

Comme nous l’avons signalé notamment dans le chapitre 3, le taux de change est un détermi-

nant important des transferts de fonds. En effet, la relation entre les transferts de fonds et le

taux de change est bidirectionnelle. Afin de remédier au problème d’endogénéité, nous procè-

derons à deux types d’estimation : la première avec la méthode des moindres carrés ordinaires

(MCO) et la deuxième avec la méthode des moments généralisés (MMG).

Une fois l’effet des transferts de fonds sur le taux de change effectif réel et sur le TNT déter-

miné, nous estimerons l’impact des transferts de fonds sur chaque secteur, afin d’évaluer la

relation entre les transferts et la réallocation des ressources au Maroc.

� Répartition de la valeur ajoutée au Maroc

La théorie du syndrome hollandais stipule une perte de compétitivité suite à une entrée mas-

sive de capitaux. Le phénomène a été initialement constaté dans les Pays-Bas suite à la dé-

couverte de gaz. La malédiction des ressources naturelles se manifeste à deux niveaux : il y a

tout d’abord un effet prix lié à l’appréciation du taux de change effectif réel et il y a ensuite un

effet volume correspondant à la réallocation de ressources du secteur échangeable vers le sec-

teur non échangeable. L’effet des transferts de fonds sur la compétitivité passe par deux ca-

naux. Le premier concerne l’effet dépense, qui va modifier l’équilibre interne. Le deuxième

intervient au niveau de la balance courante en créant des déséquilibres externes. La figure 4.8

retrace l’évolution de la valeur ajoutée sectorielle depuis 1980 à 2010. Plus de 50% de la va-

leur ajoutée au Maroc est assurée par le secteur des services (secteur non échangeable). Cela

traduit la stratégie marocaine, notamment dans le développement du secteur touristique, con-

trairement aux pays à revenu moyen où la part de la valeur ajoutée de services est inférieure à

45%.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

178

Figure 4.8: Décomposition de la valeur ajoutée

Source : Banque Mondiale (2011)

Les statistiques descriptives des variables utilisées sont données dans le tableau 4.4.

Tableau 4.4 : Statistiques descriptives (1980-2009)

Min. Médiane Moyenne Max. Source

Taux de change effectif 0,5859 0,6418 0,6714 0,9891 CEPII-CHELEM

PIB par tête 2255 2830 2912 3914 CEPII-CHELEM

Taux de croissance -0,18814 0,07470 0,06306 0,32051 CEPII-CHELEM

Masse Monétaire / PIB 0,3081 0,4550 0,4759 0,8447 FMI-IFS

Taux d'ouverture 0,3537 0,4487 0,4511 0,6244 CEPII-CHELEM

Termes de l'échange 78,79 90,85 91,98 105,88 CEPII-CHELEM

Transferts de fonds / PIB 0,04878 0,06985 0,06847 0,08947 Banque

Mondiale

TNT 0,6962 0,9598 0,9298 1,1071 Banque

Mondiale

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

179

3.2.4. Résultats et discussions Le tableau 4.5 montre que les transferts de fonds n’ont pas un impact significatif sur le taux

de change effectif. Les transferts de fonds n’engendrent pas une appréciation du taux de

change. Ce résultat confirme ceux obtenus précédemment avec le modèle VAR structurel. Le

fait de rajouter d’autres pays dans nos estimations et de considérer le taux de change effectif

réel ne change pas les conclusions sur le phénomène du syndrome hollandais. Ce résultat peut

s’expliquer par : la stérilisation des transferts de fonds ; le manque de lien avec le cycle des

affaires au Maroc ; les données sur les transferts de fonds ne représentent pas la réalité ; une

capacité d’absorption adéquate des transferts de fonds.

Les interventions de la BAM99 s’avèrent efficaces puisqu’elles maintiennent une certaine sta-

bilité des taux de change. Cependant, il existe un paradoxe concernant l’impact des transferts

de fonds sur le TNT. Cet impact est négatif et significatif, ce qui revient à dire que les trans-

ferts de fonds engendrent une réallocation des ressources du secteur échangeable vers le sec-

teur non échangeable. Ainsi, le secteur échangeable perd en compétitivité sans que le taux de

change ne s’apprécie. Les estimations montrent que les ressources se déplacent du secteur de

l’agriculture (signe négatif et significatif des transferts) vers les services (signe positif et si-

gnificatif).

Le cas marocain semble être intéressant de par le fait que le syndrome hollandais touche

d’une manière partielle l’économie marocaine. De plus, le syndrome hollandais est la réaction

optimale d’une économie suite à une entrée non anticipée et massive de capitaux étrangers.

Cependant, dans le cas marocain, où son économie est en plein développement, non seule-

ment ces ressources étrangères ne provoquent pas le syndrome hollandais, mais elles aident le

secteur manufacturier à se développer. Les autorités marocaines semblent avoir compris

l’enjeu et l’impact des transferts de fonds. Cela se traduit par ses interventions sur des indica-

teurs monétaires nominaux comme la masse monétaire (via les réserves obligatoires) et le

taux de change, par le biais du marché monétaire et du marché des changes. En revanche, il

s’avère difficile d’orienter l’utilisation des transferts de fonds. Nous savons que la manière

d’utiliser ces transferts de fonds a des conséquences non négligeables sur l’économie.

99 Banque Al-Maghrib c’est la banque centrale du Maroc.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

180

Tableau 4.5 : Résultats économétriques

Table 2 MCO variable dépendante taux de change effectif réel

Taux de

Change

effectif

TNT V,Agriculture V,Industrie V,Service

Constante

6,470

(1.738)*

-0.055

(-0.210)

-7.833

(-2.942)**

1.645

(0.830)

-0.320

(-0.254)

Transferts de fonds

0.059

(0.397)

-0.279

(-2.64)***

-0.351

(-3.293)***

-0.03

(-0.487)

0.132

(2.620)*

PIB par tête

-1.322

(-2.934)***

0.488

(1.528)

0.930

(2.885)***

-0.09

(-0.396)

-0.251

(-1.645)

Masse Monétaire/PIB

0.344

(1.431)

-0.0762

(-0.447)

-1.105

(-0.615)

-0.006

(-0.047)

-0.04

(0.463)

Croissance (-1)

0.412

(1.474)*

0.100

(0.601)

0.327

(1.934)*

-0.097

(-0.774)

-0.048

(-0.601)

Ouverture

0.076

(0.281)

-0.545

(-2.83)***

-0.562

(-2.895)**

-0.145

(-1.007)

0.260

(2.831)***

Termes de l'échange

0.912

(2.095)**

-1.035

(-3.35)***

-0.635

(-2.041)**

-0.503

(-2.174)*

0.501

(3.402)**

R2 Ajusté 0.22 0.72 0.64 0.663 0.718

MMG

Taux de

change

effectif

TNT V,Agriculture V,Industrie V,Service

Constante

22.434

(3.493)***

-8.331

(-2.39)***

-21.739

(-5.880)

-6.672

(-3.704)***

12.709

(4.453)***

Transferts de fonds

-0.154

(-0.88)

-0.210

(-2.036)**

-0.513

(-4.312)***

0.157

(1.839)***

0.143

(2.443)**

PIB par tête

-2.889

(-4.052)***

1.310

(3.499)***

2.436

(5.674)***

0.369

(1.468)

-1.479

(-4.437)***

Masse Monétaire

1.100

(3.117)***

-0.331

(-1.942)**

-0.848

(-4.618)***

-0.314

(-2.893)***

0.577

(3.484)***

Croissance (-1)

1.200

(3.984)***

-0.335

(-1.429)

-0.157

(-0.781)

-0.296

(-3.265)***

0.268

(2.031)**

Ouverture

0.511

(2.087)**

-1.024

(-4.88)***

-0.677

(-4.312)***

0.286

(2.717)****

-0.104

(-0.680)

Termes de l'échange

0.216

(0.434)

-0.850

(-6.03)***

-0.447

(-2.945)***

0.775

(2.983)***

-0.303

(0.102)

*** significativité à 1%,**à 5%, * à 10%

( ) : t test

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

181

Dans le cas du Maroc, les transferts de fonds sont davantage orientés vers la construction et

les services, ce qui nuit au secteur agricole. En d’autres termes, la main-d’œuvre quitte

l’agriculture pour aller vers les secteurs industriels par le fait des transferts de fonds. Cela

peut provoquer une hausse des salaires dans ce secteur, donc une hausse des prix des produits

agricoles, ce qui peut engendrer à l’horizon une perte de compétitivité du secteur agricole.

Cependant, l’abondance de la main d’œuvre permet de garder les salaires stables malgré

l’augmentation de la demande. Dans le but de se prémunir contre le syndrome hollandais, le

gouvernement marocain ne doit pas se focaliser uniquement sur la variation du taux de

change, mais également sur la manière d’utiliser ces transferts.

Le degré de liberté dans cette estimation est égal à 22, cela peut nuire à la qualité de

l’ajustement. Pour remédier à ce problème de données, nous proposons dans la section ci-

dessous une estimation bayésienne.

3.3. Analyse bayésienne

Le cadre fréquentiste utilisé précédemment emploie un raisonnement déterministe, afin

d’estimer les paramètres décrivant les effets des facteurs explicatifs sur le taux de change,

notamment les transferts de fonds. Dans cette sous-section, nous utilisons deux niveaux

d’incertitudes sur les paramètres (a priori et a posteriori). Dans ce cas, les paramètres sont

considérés comme des variables.

Comme nous l’avons rappelé précédemment, notre période d’estimation est relativement

courte (1980-2009). Nous ne disposons pas d’assez d’observations pour pouvoir utiliser les

méthodes économétriques usuelles sans risque concernant la fiabilité des résultats. L utilisa-

tion de l’analyse bayésienne nous permet de surmonter ce problème. La loi conditionnelle

f(θ/X) (distribution a posteriori) s’obtient par la formule de Bayes. La théorie de Bayse stipule

la relation suivante :

Où : θ paramètres et X les données.

∫∞=

θθθ

θθθdXff

XffXf

)|()(

)|()()|(

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

182

Ou encore le paradigme bayésien peut être synthétisé dans le schéma 4.1 ci-dessous

Schéma 4.1 : Paradigme bayésian

Où : π(θ) la distribution a priori de paramètre θ et π(x/θ) la distribution de la densité x sachant

le paramètre θ . π(θ/x) est appelé distribution a posteriori.

L’approche bayésienne permet d’intégrer l’information a priori et de l’actualiser avec les

données observées. En effet, la distribution a priori peut être interprétée comme des croyances

ou des informations subjectives sur les paramètres. Cette information peut venir des études

antérieures ou d’un expert sur le sujet à étudier. Et la distribution a posteriori peut être consi-

dérée comme l’actualisation des informations a priori sur les paramètres avec les données

observées. Par ailleurs, dans certain cas, il est difficile de trouver des informations a priori sur

les paramètres. Dans ce cas, la meilleure méthode est d’utiliser un a priori non informatif

(Box et Tiao, 1973). De plus, dans l’inférence bayésienne, la tache la plus difficile est de

trouver l’information a priori (Parent et Bernier, 2007).

L’analyse bayésienne admet que les distributions de probabilité soient connues. Cependant, la

connaissance des distributions a priori et a posteriori ne permettent pas souvent de calculer les

distributions marginales a posteriori. En effet, dans de nombreux cas il n'y a pas de solution

analytique ; d’où le recours aux techniques de (Monte Carlo, l'échantillonnage de Gibbs) pour

calculer les distributions marginales a posteriori. L’essor de l’informatique a rendu ces tech-

niques d’approximations abordables pour les chercheurs et les scientifiques. Parmi ces tech-

niques, nous trouvons l'échantillonnage de Gibbs. Ce dernier est très adapté à notre cas.

données / hypothèses

hypothèses

informations a priori

hypothèses /données �(�/�)

�(�/�)

�(�)

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

183

Nous utilisons ici la spécification de l’échantillonnage de Gibbs avec un modèle à variable

instrumentale (Gibbs Sampler for Linear 'IV' Model100). Le recours aux variables instrumen-

tales se justifie par le fait que les transferts de fonds sont endogènes. L’instrument adéquat

dans ce genre de situation est le PIB des pays d’accueil.

De manière plus précise, selon Rossi (2012)101 nous considérons la modélisation suivante:

Σ++=

+=

),0(~),(

'

'

21

2

1

N

WXY

ZX

εεεγβ

εδ

Où:

X : correspond aux transferts de fond.

Z: est le PIB du pays d’accueil.

Y: est le taux de change réel effectif.

W: est l’ensemble des variables explicatives à savoir:

Remit: Transferts de fonds ;

TOT: Termes de l’échange ;

OPEN: Ouverture ;

M2: Masse monétaire ;

GDPpercapita: PIB par tête ;

Growth: Croissance.

100 L’estimation est réalisée à l’aide du package ‘bayesm’ sur le R

http://cran.r-project.org/web/packages/bayesm/bayesm.pdf 101 Pour plus de détails voir http://cran.r-project.org/web/packages/bayesm/bayesm.pdf

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

184

Les expressions des « a priori » sont données par suivant (Rossi, 2012) :

Nous allons considérer les mêmes valeurs a priori que celles de McCulloch et Rossi. En effet,

nous ne disposons pas d’a priori informatif102.

Les résultats du tableau 4.6 donnent la moyenne a posteriori de chaque paramètre et son écart

type. La distribution a posteriori est donnée en annexe de chapitre (figure A4.3)

La variable endogène est le taux de change réel effectif. Les résultats présentés concernent le

modèle bayésien avec comme variable instrumentale le PIB du pays d’accueil, pondéré par le

poids des transferts. Un signe positif (négatif) dans le tableau correspond à une appréciation

(dépréciation) du taux de change.

Les résultats montrent que le Maroc ne souffre pas du syndrome hollandais. En d’autres

termes, les transferts de fonds ne causent pas une baisse de compétitivité du pays. Les résul-

tats de la technique bayésienne corroborent les résultats du GMM et le modèle VAR structu-

rel. Donc, nous pouvons infirmer, dans le cas marocain, l’hypothèse selon laquelle les trans-

ferts de fonds engendrent le syndrome hollandais.

102 δm =0; δA =0.01; βγm = 0; βγA = 0.01; η =5; V =0.

)A,N(m~ -1δδδ , ),N(m~),( 1−

βγβγγβ A and V),IW(~ ηΣ

Où:

δm : la moyenne a priori de δ .

δA : la matrice de variance-covariance de l’a priori δ .

βγm : la moyenne a priori du vecteur des paramètres γβ , .

βγA : la matrice de variance-covariance du vecteur des paramètres γβ , .

η : d.f. parm for IW prior on Σ (5)

V : pds location matrix for IW prior on Σ

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

185

Tableau 4.6 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change – Variable instrumen-

tale (PIB du pays hôte)

Mean/Median SD

Intercept -0.715069 2.640014

Remit -0.057 0.38

TOT 0.7141 0.6773

Open 0.1898 0.4312

M2 -0.4825 0.2100

GDPpcapita 0.3288 0.5390

Growth -0.0057 0.0093

Le taux de change est au certain. Un signe positif (négatif) est équivalent à

une appréciation (dépréciation). SD : standard deviation

4. Conclusion

L’objectif principal de ce chapitre est de montrer l’impact des transferts de fonds sur

l’économie marocaine. Il s’agit de vérifier l’hypothèse selon laquelle les transferts de fonds

engendrent le syndrome hollandais. L’apport de ce chapitre ne se limite pas à cette idée car il

examine aussi cette hypothèse d’une manière générale en utilisant la méta-analyse. En, effet

les résultats de cette technique montrent que les transferts de fonds peuvent avoir des effets

néfastes sur les économies récipiendaires. En d’autres termes, ils engendrent le phénomène du

syndrome hollandais. Les résultats de la méta-analyse montrent également que les études ne

sont pas homogènes. C’est-à-dire l’impact des transferts de fonds peut être différent selon les

caractéristiques des pays d’origine. Dans le cas du Maroc, la question que nous nous somme

posée, dans l’introduction de ce chapitre, est de savoir si les transferts des migrants peuvent

engendrer une appréciation du taux de change et donc s’ils freinent la compétitivité prix du

secteur exposé à la concurrence internationale. Nos résultats montrent clairement que les

transferts de fonds n’engendrent pas une appréciation de taux change et n’engendrent pas une

perte de compétitivité. Ces résultats sont robustes aux modèles utilisés et aux différentes spé-

cifications (France, ensemble des pays d’immigration).

La gestion des transferts des migrants par les autorités monétaires marocaines semble être

efficace (du moins par rapport à cette problématique des envois de fonds). La gestion des li-

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

186

quidités bancaires dans ce pays permet d’éviter une augmentation de la demande de monnaie

suite à un choc des transferts. Le régime de change marocain et les interventions sur le marché

monétaire, et notamment sur le marché des changes de la BAM ont permis d’écarter le risque

du syndrome hollandais. Ce résultat marque une rupture avec l’idée selon laquelle les trans-

ferts de fonds affectent généralement d’une manière négative la compétitivité.

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

187

Annexes chapitre 4

Tableau A4.1: données utilisées dans la méta-analyse

Auteurs Effet des trans-

ferts de fonds

(Y i)

Ecart-Type

(V i)

Amuedo-Dorantes et Pozo (2004) 0,220 0,071

Lartey et al. (2012) 0,403 0,239

Lartey et al. (2012) 0,085 0,019

Lartey et al. (2012) 0,346 0,054

Lartey et al. (2012) 0,033 0,002

Lartey et al. (2012) 0,424 0,055

Lartey et al. (2012) 0,243 0,070

Lartey et al. (2012) 0,403 0,050

Lartey et al. (2012) 0,168 0,066

Barajas et al. (2010b) -0,005 0,005

Barajas et al. (2010b) -0,005 0,006

Barajas et al. (2010b) 0,010 0,005

Barajas et al. (2010b) 0,023 0,008

Barajas et al. (2010b) 0,000 0,007

Barajas et al. (2010b) 0,001 0,006

Barajas et al. (2010b) 0,018 0,007

Barajas et al. (2010b) 0,020 0,007

Barajas et al. (2010b) 0,035 0,016

Barajas et al. (2010b) 0,030 0,016

Barajas et al. (2010b) -0,027 0,031

Barajas et al. (2010b) 0,033 0,019

Barajas et al. (2010b) 0,034 0,021

Barajas et al. (2010b) 0,018 0,025

Barajas et al. (2010b) -0,033 0,039

Barajas et al. (2010b) 0,010 0,006

Barajas et al. (2010b) 0,010 0,007

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

188

Barajas et al. (2010b) 0,017 0,006

Barajas et al. (2010b) 0,032 0,009

Barajas et al. (2010b) 0,016 0,007

Barajas et al. (2010b) 0,017 0,007

Barajas et al. (2010b) 0,017 0,006

Barajas et al. (2010b) 0,029 0,009

Makhlouf et Mughal (2013a) 0,290 0,270

Makhlouf et Mughal (2013a) 0,022 0,011

Makhlouf et Chainai (2011) 0,386 0,050

Fayad (2010) 0,380 0,053

Fayad (2010) 1,762 1,666

Fayad (2010) -0,149 0,030

Fayad (2010) -0,286 0,146

Fayad (2010) 0,385 0,054

Fayad (2010) 0,101 1,149

Fayad (2010) 0,210 0,033

Fayad (2010) 0,846 0,940

Fayad (2010) 0,040 0,019

Fayad (2010) -0,274 0,192

Fayad (2010) 0,184 0,031

Fayad (2010) -0,151 0,137

Fayad (2010) 0,101 0,038

Fayad (2010) -0,178 0,120

Fayad (2010) -0,157 0,022

Fayad (2010) -0,259 0,081

Fayad (2010) -0,186 0,020

Fayad (2010) -0,277 0,214

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

189

Figure A4.1 : évolution des variables utilisées dans le modèle (VARs)

60

7080

9010

0

yf

4060

8010

012

0

ym

0.10

0.12

0.14

0.16

1980 1990 2000 2010

tc

années

-2-1

01

23

4

di

5.0e

+09

1.5e

+10

R

0e+0

04e

+11

8e+1

1

1980 1990 2000 2010

M

années

yf : PIB en France ; ym : PIB en Maroc ; tc ; taux de change bilatéral ; d : différentiel

d’intérêt ; R : transferts de fonds bilatéraux ; M : masse monétaire.

Tableau A4.2: décomposition de la variance

Taux de change

Horizon log.yf. log.ym. log.tc. Di log.R. log.M.

1 5% 49% 8% 4% 0% 34%

2 7% 44% 4% 2% 2% 42%

3 8% 41% 3% 1% 2% 44%

4 9% 39% 2% 1% 2% 46%

5 10% 37% 2% 2% 3% 46%

6 10% 37% 2% 2% 3% 47%

7 10% 36% 2% 2% 3% 47%

8 10% 36% 2% 2% 3% 47%

9 10% 36% 2% 2% 3% 47%

10 10% 36% 2% 2% 3% 47%

Masse Monétaire

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

190

log.yf. log,ym, log,tc, Di log,R, log,M,

1 9% 24% 25% 35% 0% 7%

2 7% 29% 26% 32% 0% 6%

3 6% 35% 26% 28% 1% 5%

4 5% 39% 25% 25% 1% 5%

5 5% 42% 24% 23% 2% 5%

6 4% 44% 23% 21% 3% 5%

7 4% 45% 23% 20% 3% 5%

8 4% 45% 23% 19% 4% 5%

9 4% 45% 23% 19% 5% 5%

10 4% 45% 23% 18% 5% 4%

Figure A4.2: test de stabilité (OLS-CUSUM)

Chapitre 4 : Impact des transferts de fonds sur le taux de change

191

Figure A4.3 : Distributions a posteriori

1 : TOT ; 2 : OPEN, 3 : M2, 4 : GDPpercapita, 5 : Growth.

Distribution a posteriori (Transferts de fonds)

Conclusion générale

192

CONCLUSION GENERALE

Les transferts de fonds sont un phénomène difficile à appréhender, et traduisent la relation

complexe qu’entretient le migrant avec son pays d’origine. Ils sont issus d’un ensemble de

motivations micro et macro-économiques, et reflètent plusieurs comportements liés au mi-

grant et à sa famille. De plus, leur impact peut varier sur deux dimensions : spatiale et tempo-

relle. L’objectif de cette thèse a donc été d’analyser de plus près les transferts de fonds des

migrants marocains, de comprendre leur comportement et de saisir leur impact sur l’économie

marocaine. Pour ce faire, nous avons établi des hypothèses simples et nous avons utilisé des

techniques économétriques sophistiquées afin de nous assurer de la robustesse de nos résul-

tats. Par ailleurs, il est à noter que les interrogations posées dans cette thèse sont d’actualité et

reflètent certains débats soulevés récemment par des économistes, des universitaires ou encre

des hommes politiques, comme l’augmentation spectaculaire et récente des transferts de fonds

(depuis les années 2000), ou encore la nature des déterminants des transferts de fonds ainsi

que leurs impacts sur les économies d’origine.

En ce qui concerne maintenant le terrain choisi pour mener notre étude, à savoir le Maroc, il a

été motivé par plusieurs raisons dont notamment, le poids important que représentent les

transferts dans l’économie de ce pays, ainsi que la dynamique institutionnelle et l’intégration

de ces transferts comme une composante capitale dans les politiques économiques.

Plus précisément, nous avons développé les points suivants : l’importance des enjeux que

représentent les transferts pour un pays comme le Maroc, les variations des flux migratoires

et des transferts de fonds ; l’analyse des propriétés cycliques ; l’évaluation du comportement

des transferts de fonds dans le temps et dans l’espace ; la détermination de l’impact des trans-

ferts de fonds sur l’économie marocaine.

Cette thèse avait pour but d’enrichir la littérature empirique concernant les transferts de fonds,

en contribuant à expliquer plus finement ce phénomène dans le cas du Maroc. Les transferts

de fonds vers le Maroc ont une composante commune avec les autres pays d’émigration et

une composante spécifique liée au contexte de ce pays. Les transferts de fonds résultent des

réactions aux chocs qui surviennent dans des pays d’accueil et d’origine. Ce qui rend l’étude

de ce phénomène encore plus complexe dans la mesure où il est indispensable de distinguer

l’impact de chaque choc sur l’économie d’origine. L’une des conclusions de notre travail est

que les transferts de fonds ont principalement deux fonctions à savoir :

Conclusion générale

193

- une fonction de stabilisation macro-économique : face à des chocs aléatoires qui tou-

chent les économies des pays d’origine, les transferts de fonds peuvent amortir ces

chocs ;

- une fonction de réallocation des ressources : les transferts de fonds modifient

l’allocation des ressources dans une économie, en affectant la quantité de production

disponible d’un secteur donné.

Le premier chapitre est consacré essentiellement à l’évolution et aux caractéristiques des

transferts de fonds. Dans ce chapitre, nous avons montré que la migration marocaine a connu

des mutations notables. Elle est plus féminine, plus qualifiée et plus diversifiée même si

l’Europe draine toujours l’essentiel des migrants marocains. Nous avons, également, montré

que le marché des transferts de fonds au Maroc a connu une mutation considérable au cours

de ces dernières années. Nous avons aussi montré la persistance de l’attachement des maro-

cains à leur pays d’origine malgré l’éloignement Ceci est le résultat de plusieurs facteurs

comme la mise en place d’institutions spécialisées par le gouvernement marocain et le déve-

loppement des moyens de communication. Nous avons vu également que les transferts de

fonds n’ont pas cessé d’augmenter notamment depuis l’année 2000, ce qui n’est pas spéci-

fique au Maroc. La plupart des pays en développement ont vu leurs transferts de fonds aug-

menter depuis cette date (2000). Ces derniers vont continuer à augmenter dans le cas maro-

cain, car la migration marocaine est diversifiée en termes du pays d’accueil.

Les crises économiques dans les pays d’accueil ne pourront pas affecter de manière substan-

tielle les transferts de fonds, compte tenu justement de cette diversité. La comparaison du

comportement des migrants marocains dans les différents pays d’accueil (nouveaux et anciens

pays d’accueil), nous révèle qu’il y a un phénomène de convergence à long terme des trans-

ferts de fonds. Ce résultat, constitue la principale valeur ajoutée de ce chapitre.

Dans le deuxième chapitre, nous avons démontré essentiellement que les études concernant

les propriétés cycliques sont sensibles à la nature des données et outils économétriques utili-

sés dans l’étude. Dans le cas du Maroc, les données trimestrielles semblent donner des résul-

tats robustes. Elles montrent que les transferts de fonds sont contra-cycliques avec le revenu

des familles au Maroc. Par contre, ils peuvent aussi augmenter dans des périodes de bonne

conjoncture économique, car les transferts de fonds incarnent aussi les comportements

d’investissement. De plus, le comportement des transferts de fonds est stable, et les différents

aléas auxquels fait face le migrant (crise, perte d’emploi…) ou sa famille (maladie, séche-

Conclusion générale

194

resse…) n’affectent donc pas le comportement des transferts. Les cycles des transferts de

fonds sont amenés à changer dans le temps. L’environnement macro-économique dans les

pays d’accueil et dans les pays d’origine entrent dans la détermination des propriétés cy-

cliques des transferts de fonds.

Le chapitre 3 examine les déterminants des transferts de fonds. La littérature économique

distingue deux types de déterminants : micro et macro-économiques. Dans ce chapitre nous

avons mis l’accent sur les déterminants suivants ;

• les revenus perçus par les familles récipiendaires ;

• les revenus perçus par les migrants ;

• la conjoncture économique ;

• le taux de change ;

• les institutions dans les pays d’origine.

La principale contribution de ce chapitre consiste à examiner la relation empirique entre les

transferts de fonds et le revenu des migrants. A défaut des modèles théoriques et pour mieux

comprendre cette relation, nous avons mobilisé plusieurs techniques économétriques (li-

néaires, et non paramétriques). De plus, nous avons étudié l’effet des variables macro-

économiques selon les pays d’accueil. Nous avons montré que la relation entre le revenu et les

transferts de fonds n’est pas monotone. Nous avons aussi mis en exergue la coexistence de

deux comportements : altruiste à court terme et d’investissement à long terme. Ces compor-

tements sont liés à la nature des pays d’accueil. On peut affirmer que globalement les mi-

grants marocains résidant dans les nouveaux pays d’accueil ont plutôt un comportement al-

truiste. Alors que, ceux qui résident dans les anciens pays d’accueil ont plutôt un comporte-

ment d’investisseur. Ceci ne remet pas en cause évidemment le comportement altruiste dans

ces pays.

Le chapitre 4 est consacré à l’évaluation de l’impact des transferts de fonds sur l’économie,

principalement sur l’économie marocaine. Ce chapitre a montré que l’impact des transferts de

fonds sur le taux de change est lié aux spécificités des pays d’origine. Nous avons également

démontré, d’une manière générale en utilisant la méta-analyse, que les transferts de fonds ap-

précient le taux de change. Dans le cas du Maroc, nos estimations montrent que les transferts

de fonds ne causent pas une appréciation du taux de change, ce qui infirme l’hypothèse du

syndrome hollandais.

Conclusion générale

195

A la fin de ce travail, nous pouvons dire que nous en savons plus sur le phénomène des trans-

ferts de fonds d’une manière générale et plus particulièrement dans le contexte marocain.

Néanmoins, nos investigations restent incomplètes. En même temps, cette étude ouvre

d’autres débats tout aussi pertinents qui n’ont pas été abordés comme l’impact des transferts

de fonds sur les inégalités, la pauvreté, l’éducation des enfants, etc. Donner des éléments de

réponses à ces questions nécessiterait d’effectuer des enquêtes de terrain. Nous avons ouvert

le débat sur l’importance d’étudier les modalités d’intégration des transferts de fonds dans les

politiques de développement de l’ensemble des pays en développement et du Maroc en parti-

culier. Ces politiques doivent être en coordination avec les autres politiques de développe-

ment pour constituer un ensemble cohérent. In hoc sensu, le Maroc peut utiliser le potentiel de

ses émigrants comme un outil parmi d’autres de développement. Cela peut se faire par la sta-

bilisation des transferts de fonds, et la mise en place de moyens permettant aux migrants ma-

rocains d’investir dans leur pays d’origine. De plus, les accords bilatéraux en matière de mi-

gration entre le Maroc et les pays de destination peuvent améliorer la situation des migrants

marocains et réduire l’asymétrie de l’information. Les ambassades et les consulats dans les

pays d’accueil peuvent intervenir davantage pour sensibiliser les migrants et les encourager à

construire des projets productifs au Maroc.

Le Maroc, dans ses stratégies vis-à-vis de ses émigrants, devrait proposer des politiques dif-

férentes selon le pays d’accueil et les caractéristiques des migrants (qualifiés, non qualifiés,

genre, etc.), mais également proposer davantage de programmes d’investissements afin de

drainer plus d’épargne. Le Maroc devrait aussi sensibiliser les migrants à s’intéresser aux op-

portunités qui se présentent au Maroc. Certes, le gouvernement marocain a élaboré des poli-

tiques dans le but d’inciter les migrants à participer au développement. Cependant, la réussite

de ces politiques passe par :

� la reconnaissance du migrant comme acteur de développement dans son pays

d’origine ;

� l’implication plus poussée des ambassades et des consulats dans la sensibilisation des

migrants ;

� l’encouragement des transferts de fonds par des canaux officiels, notamment par les ca-

naux bancaires, afin de développer le secteur financier et de transformer ces ressources

en crédits pour des projets d’investissements. Ce qui permettra au Maroc e un accès

aux financements internationaux avec des coûts relativement bas ;

Conclusion générale

196

� l’établissement d’un climat favorable pour accueillir les investissements des migrants

marocains, en proposant des politiques fiscales incitatives et attractives.

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