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Le journal des sciences de la cognition N° 27 - Trimestriel - Septembre 2016 // Prix libre // p. 3-5 et nouvelles technologies : tableau du monde de demain ? TRANSHUMANISME Parkinson vu par l’équipe de Cogni’Junior p. 6 Elaboration d’un système d’aide à la décision médicale p. 7-9

TRANSHUMANISME - cognisciences.fr · Cette branche du transhumanisme convoite la création d’un être au-delà de l’humain, un être « singulier », qui via une connexion de

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Le journal des sciences de la cognition

N° 27 - Trimestriel - Septembre 2016 // Prix libre //

p. 3-5

et nouvelles technologies : tableau du monde de demain ?

TRANSHUMANISME

Parkinson vu par l’équipe de Cogni’Junior

p. 6

Elaboration d’un système d’aide à la décision médicalep. 7-9

Si ses intentions et motivations font polémiques, sa vision du processus de transition vers un nouveau genre humain permet, elle, de mieux cerner les changements à venir. Ainsi, Il identifie quatre étapes vers l’immortalité cybernétique.

La première – que nous vivons déjà – consiste en l’ajout d’un ou plusieurs organes bioniques afin de suppléer un handicap voire d’augmenter certaines capacités.

La seconde, qu’Il prévoit pour 2025, marquerait la fin de l’enveloppe corporelle. Notre cerveau serait tout bonnement greffé dans un robot, balayant d’un seul coup l’ensemble des pathologies liées à la mortalité de notre corps. Seule la matière grise resterait, elle dont la longévité semble beaucoup plus importante.

Dix ans plus tard arriverait l’étape trois. Là, Il estime que nous pourrions transférer notre esprit vers un cerveau artificiel, faisant de nous des êtres immortels.

Enfin, horizon 2040, tout deviendrait immatériel. Nous ne serions plus que des programmes se baladant dans l’immensité de l’univers, débarassés de toute enveloppe corporelle, rebondissant d’ordinateur en ordinateur.

Non, ce «Il» aux allures divines n’est pas un dieu. Il s’appelle Dmitri Itskov et n’est pas un cas isolé. Il est un des transhumanistes les plus renommés, ou du moins celui dont les gesticulations métaphysiques font le plus parler. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui consacrent leur vie à l’étude et au développement de cette nouvelle mouvance, parfois à coups d’investissements colossaux, comme c’est le cas pour ce millionnaire russe.

Simples illuminés enivrés par l’essor des nouvelles technologies ou visionnaires d’un nouveau genre humain dont la métamorphose serait déjà enclenchée ? Affaire à suivre, de très près…

Boris Gambet, Coordinateur

Édito

Actualités

Transhumanisme et nouvelles technologies : tableau du monde de demain ?

Parkinson vu par Cogni’Junior

Elaboration d’un système d’aide à la décision médicale ou Clinical Decision Support System « CDSS »

Fiche de lecture

Mots croisés

Laurent Mouluquet

Alizée Lambert

Ingénieur diplômé de l’ENSC

Consultante en innovation

Cadre pédagogique à l’École Supérieure européenne des travailleurs sociaux, Saint-Omer

Arnaud Choquet

SOMMAIRE

contributeurs

L’ÉDITO

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COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016 1

Alzheimer : Vers des liens qui libèrent Deux journées proposées par VFvalidation Méthode de validation® selon Naomi Feil Plus d’informations ici : http://vfvalidation.fr/symposium/

Violences et institutions 8ème colloque soignant de l’Etablissement Public de Santé Alsace Nord à Brumath Plus d’informations ici : www.ch-epsan.fr

2èmes Rencontres Soignantes en Psychiatrie à Montpellier Plus d’informations ici : http://rencontressoignantesenpsychiatrie.fr/

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EN OCTOBRE

EN NOVEMBRE

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Actualités

Wanted

COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016

■ Le développement de l’intelligence artificielle : une menace pour l’homme ?

Scénario d’apocalypse : des intelligences artificielles incarnées par des robots prenant des formes diverses, cessent de se mettre au service de leurs créateurs, les hommes. Les robots sont intelligents, suffisamment pour être capables de prendre le contrôle d’eux-mêmes et de leur environnement. Ces entités artificielles vont jusqu’ à prendre la décision de supprimer tout ce qui serait susceptible d’entraver leur entreprise de conquête du monde. Qui donc serait concerné par cette éradication ? Bien évidemment et en premier lieu les hommes. Lesquels ? Assurément tous, sans la moindre distinction.

On n’a encore pour habitude - en France en tout cas - de considérer pareil scénario comme réservé à l’imaginaire de l’industrie cinématographique. A tort vraisemblablement. Au-delà des blockbusters américains, ces prédictions alarmantes figurent aujourd’hui le discours de personnes éminentes, dont il ne faut pas douter du sérieux. Les déclarations de personnalités telles que les entrepreneurs Bill Gates (Microsoft), Elon Musk (PayPal) ou encore le physicien Stephen Hawking, ont de quoi frapper les esprits.

Tout en reconnaissant le fait que les formes d’intelligence artificielles développées jusqu’ici ont prouvé leur utilité, il n’en demeure pas moins, selon Stephen Hawking, que leur développement « pourrait engendrer la fin de

l’espèce humaine […] les humains limités par une évolution biologique lente ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés »1 prévient-t-il.

Ces déclarations permettent de mettre en regard finalement deux positions vis-à-vis de l’essor actuel des nouvelles technologies. L’une pessimiste met en perspective la domination de l’homme par la machine. L’autre position, optimiste, insiste davantage sur l’utilité et plus encore sur les formidables espoirs, que suscite le développement des nouvelles technologies. Aujourd’hui par exemple, des imprimantes en 3D permettent de créer des tissus cartilagineux, demain probablement la transplantation d’un cœur artificiel sera-t-elle possible, de même que l’usage de nanorobots - ces engins de taille microscopique injectés dans l’organisme - programmés pour repérer et éradiquer des cellules malades.

■ Les néo Gilgamesh et la quête de l’immortalité

Au total, la multiplication des prouesses et projets visant à réparer l’homme, en vertu des nouvelles technologies, convainc du caractère sans précédent des progrès de la médecine. Ces prouesses rendent pensable ce qu’il y a encore quelques années, relevait strictement de la chimère, la réalisation d’un projet d’envergure s’il en est, celui de rendre immortel. Ce projet aura le plus souvent à travers les siècles, collé à la peau des rêveurs et des audacieux, à l’image de Gilgamesh, ce roi de Mésopotamie qui vers 2650 avant J.C, marqué par la mort de son ami

Transhumanisme et nouvelles technologies :

tableau du monde de demain ?

Arnaud Choquet

Cadre pédagogique à l’École Supérieure européenne des travailleurs sociaux,

Saint-Omer

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Article

COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016

Enkidu, avait voulu percer le secret de la vie sans fin. Vaine quête. Nul jusqu’à aujourd’hui n’a réussi.

Mais en ce début de 21ème siècle, d’autres relèvent le défi. Combien sont-ils ? Une poignée seulement mais ô combien déterminée, ô combien puissante. Qui sont-ils ? Des milliardaires faisant figure de Gilgamesh contemporains. Il y a Larry Ellison cofondateur d’Oracle coopération (firme spécialisée dans la gestion de base de données) ou encore Larry Page (cofondateur de Google), pour ne citer qu’eux. En injectant des centaines de millions de dollars dans la recherche, ces entrepreneurs affirment aujourd’hui leur intention de « tuer la mort », à tout le moins de repousser celle-ci en faisant émerger les conditions d’une espérance de vie, jusqu’à 120 ans d’ici quelques années. Bien entendu, le projet comprend le fait de ne pas s’embarrasser du cortège de désagréments qu’induit la vieillesse. S’il s’agit encore de mourir pour un temps, alors oui mais ce sera en bonne santé.

Note pour les sceptiques. Nulle fantaisie ici. Les moyens à disposition pour aboutir à ces réalisations démiurgiques sont tout bonnement colossaux. Ces oligarques visionnaires peuvent compter effectivement dans leur quête, sur la convergence des différentes sciences, les fameuses NBIC, acronyme désignant la fine fleur de la science : nanotechnologie (N), biotechnologie (B), informatique (I) et sciences cognitives (C). L’union faisant la force, chacune de ces sciences collaborant les unes avec les autres, telle est la manière selon laquelle le Graal de la vie éternelle pourrait être atteint, estiment ces conquérants du futur. Lieu névralgique de cette effervescence technologique au service de l’Homme 2.0 : la Silicon Valley en Californie où se trouve l’Université de la Singularité. Ainsi

est appelé le centre de recherche financé par Google, présidé par Ray Kurzweil, figure émérite du transhumanisme.

■ Les différents visages du transhumanisme

Lorqu’on évoque le transhumanisme, de quoi parle-t-on ? Cela désigne le projet d’amélioration de l’humanité, tant dans ses caractéristiques physiques que mentales, grâce aux progrès des sciences. Au sein du courant transhumaniste se distinguent deux branches. Il y a d’une part un transhumanisme « biologique » (pour reprendre une terminologie du philosophe Luc Ferry2), qui entend essentiellement améliorer le potentiel naturel de l’être humain. Il s’agit par exemple de permettre aux personnes qui s’en donneront les moyens (… et qui auront les moyens), de vivre au-delà d’une centaine d’années, tout en leur assurant de vieux jours en relative bonne santé.

Ce transhumanisme « bon pied bon œil» se distingue d’une seconde branche, celle du transhumanisme « posthumaniste », dont les orientations sont bien davantage discutables. L’objectif n’est plus ici seulement d’optimiser les capacités naturelles des êtres humains mais plus fondamentalement de dépasser la condition humaine par l’usage d’artefacts robotiques. Cette branche du transhumanisme convoite la création d’un être au-delà de l’humain, un être « singulier », qui via une connexion de l’organisme à une logistique cybernétique, serait alors bien plus performant, bien plus intelligent, en comparaison de n’importe quel être humain non appareillé d’une technologie futuriste.

Pour vous représenter le potentiel de cette « posthumanité », imaginez-vous penser, argumenter, arbitrer non plus selon les seules connexions neuronales de votre cerveau mais également en vertu d’une puce implantée dans votre cortex. Imaginez que cette puce connectée à vos méninges, vous permette d’accéder directement par la pensée, à Internet et aux milliers de données que le web abrite. En outre, ce second versant du transhumanisme permet de penser une interface homme/machine, où les cellules neuronales seraient un jour convertibles en autant d’octets transposables sur un ordinateur ou sur simple clé USB. Tel est le type de scénario auquel Raymond Kurzweil sensibilise livre après livre, conférence après conférence, son auditoire.

ARTICLE - TRANSHUMANISME ET NOUVELLES TECHNOLOGIES, TABLEAU DU MONDE DE DEMAIN

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“ “Quid alors des arrière-mondes, de Dieu, de l’âme, d’une vie après

la mort ?

■ Le cerveau est-il le siège de la pensée ?

Aussi fascinante que soit l’idée d’un prolongement de la pensée humaine sous forme d’intelligence artificielle, cette idée ne peut être accréditée d’un cachet scientifique. Elle relève en réalité d’un parti-pris idéologique consistant à dire que la pensée est réductible à une infrastructure neurale. Croire en cette idée revient à dire qu’il suffirait de décoder cette infrastructure biologique à l’aide d’algorithmes, pour saisir le mystère de la pensée. Raymond Kurzweil et ses disciples ne raisonnent plus là en scientifique qu’ils sont mais en parieurs. Ils misent sur le fait que la réflexion s’expliquerait par la cartographie des différents circuits neuronaux, alimentant ainsi l’idée de la réduction du monde spirituel au monde matériel.

Les posthumanistes s’inscrivent - sans qu’ils en soient nécessairement conscients tant ils ont foi en leur projet d’informatiser la pensée - dans la lignée des philosophies matérialistes, telles que les défend le philosophe André Comte-Sponville, où ce qui relève de l’esprit a pour fondement unique et ultime notre réalité biologique, éducative ou sociale. Quid alors des arrière-mondes, de Dieu, de l’âme, d’une vie après la mort ? Tout cela en soi n’existe pas, si tant est que l’on se place dans une perspective matérialiste.

Des philosophes comme Sartre, Rousseau ont quant à eux, fait à leur époque le pari inverse de celui de Raymond Kurzweil, celui de croire à la liberté de consentir ou de refuser, en pensant que la nature de ces décisions était indépendante d’une complexion neurale ou des conditions sociales de production de la pensée. Dans ce cas de figure, la pensée relève d’une transcendance que rien dans le monde matériel ne peut circonscrire. Les conséquences d’un tel raisonnement sont les suivantes. Si l’on s’autorise à penser nos idées comme transcendant les conditions matérielles dans lesquelles ces idées s’expriment, utopique alors serait le projet de dupliquer la pensée sur disque dur. Le cogito se définirait alors comme échappant à toute emprise. Il serait transcendantal et donc non copiable sur logiciel.

Enfin, quoi qu’il en soit de la plausibilité des assertions transhumanistes, il n’empêche que

les immenses innovations technologiques de ces dernières années permettent de reprendre à nouveaux frais les questionnements posés en son temps par Emmanuel Kant : que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l’Homme ? Peut-être nous acheminons-nous vers un monde, où aux réponses sensibles de personnes s’exprimant en leur âme et conscience, vont se substituer les assertions froides et implacables de logiciels sophistiqués. Mais en définitive, un tel monde bouleversé par ses productions cybernétiques, au point que des machines puissent répondre aux questions existentielles de l’homme, prédire son avenir, voire l’orienter, cela est-il souhaitable pour l’humanité ? Qu’adviendrait-t-il alors de nos libertés en pareil monde ? Gageons sur le fait que les prochaines décennies ne donnent pas raison aux inquiétudes nourries par Stephen Hawking.

1. Extrait d’une interview de Stephen Hawking sur la BBC, 02 décembre 2014.

2. FERRY Luc, La révolution transhumaniste. Comment la technomédecine et l’uberisation du monde vont bouleverser nos vies. Editions Plon, 2016.

■ Pour aller plus loin :

BOTTERO Jean, L’Epopée de Gilgamesh : le grand homme qui ne voulait pas mourir. Ed. Gallimard, 1992.

COMTE-SPONVILLE André, FERRY Luc, La sagesse des Modernes. Chap. 1 : comment peut-on être matérialiste ? Comment peut-on être humaniste ? Ed. Pocket, 1999.

FERRY Luc, La révolution transhumaniste. Comment la technomédecine et l’uberisation du monde vont bouleverser nos vies. Ed. Plon, 2016.

Interview de Stephen HAWKING, Hawking on internet and human’s fate, BBC, 2014.

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5COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016

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Bande dessinée

PARKINSON VU par cogni’juinor

COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016

Un système d’aide à la décision clinique (CDSS) est un système de technologie de l’information sur la santé qui est

conçu pour fournir aux médecins et autres professionnels de la santé un soutien lors des décisions cliniques. Ils sont généralement utilisés pour assister les médecins dans leur travail quotidien même si, pour l’instant, leur adoption n’est pas totale.

Le Dossier Médical constitue un ensemble de documents physiques ou informatisés qui retracent des épisodes ayant affecté la santé d’une personne. Il peut contenir différents chapitres tels que les antécédents, les notes des médecins et des infirmières, les lettres et compte-rendu, les résultats des examens complémentaires, les prescriptions médicamenteuses, les recommandations… Les informations qui sont consignées dans ce dossier sont couvertes par le secret professionnel. La qualité des soins dépend ainsi de plus en plus de la qualité du partage d’informations et de la communication entre les professionnels de santé.

Même lorsque le contenu des documents est numérisé, le système d’information hospitalier gère des interfaces complexes et imparfaites. Les professionnels de santé doivent souvent créer ou compléter eux-mêmes leur avis du patient. Au-delà du temps passé et des coûts correspondants, la non-maitrise de ces informations augmente les risques lors des soins

et les facteurs de stress des professionnels de santé.Le personnel hospitalier a souvent besoin de consulter toutes les données structurées et non structurées pour chaque patient en fonction des besoins professionnels, des préférences et des autorisations. Les systèmes informatiques actuels ne permettent pas de répondre aux exigences hospitalières et n’apparaissent pas comme une source fiable.

L’informatisation doit permettre d’optimiser les processus avec une automatisation des activités et la communication d’informations en temps réel.

Ce changement se doit d’être rassurant et d’inspirer la confiance car l’informatique et la médecine ont deux approches différentes, l’une cartésienne basé sur les mathématiques, l’autre basé sur l’analyse de symptômes et le questionnement. Afin de tirer parti de l’ensemble des informations disponibles dans le dossier patient, il est impératif de chercher à mettre en valeur ces informations à l’aide d’un nouvel outil, afin qu’elles soient utilisées à bon escient.

Le développement d’un système d’aide à la décision clinique, défini comme un « système de connaissances actives, qui utilise deux ou plusieurs éléments de données du patient pour générer des conseils au cas par cas », également appelé CDSS (Clinical Decision Support System) semble donc être primordial. Il est axé sur la

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Article

Elaboration d’un système d’aide à la décision

médicale ou Clinical Decision Support

System « CDSS »

Laurent Mouluquet

Ingénieur diplômé de l’ENSC

COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016

ARTICLE - ELABORATION D’UN SySTèME D’AIDE à LA DéCISION MéDICALE

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gestion des connaissances pour formuler les conseils cliniques et les soins appropriés aux patients.

Le premier objectif des CDSS est d’assister les cliniciens dans leurs soins, dans l’analyse et l’établissement d’un diagnostic, basé sur de multiples sources de connaissances dont les données du patient [1].

Les premiers systèmes cliniques d’aide à la décision sont dérivés de la recherche de systèmes d’experts, avec des développeurs qui cherchaient à intégrer des règles qui permettraient au système de « penser » comme un clinicien devant un patient. Depuis ces premiers développements, l’utilité de ces systèmes au-delà de la recherche, pour aider les praticiens dans la prise de décision et les avertir sur des problèmes potentiels, a été reconnue.

Les premiers systèmes fournissaient des conseils d’experts pour le diagnostic et la sélection de médicaments. Les CDSS ont ensuite évolué vers une spécification des règles relatives aux conditions et données du patient.

La méthodologie moderne du CDSS signifie que le clinicien interagit avec le système, en utilisant à la fois ses propres connaissances et le CDSS, afin d’avoir une meilleure analyse des données du patient. Typiquement, un CDSS fait des suggestions pour le clinicien et le clinicien devra reprendre des informations utiles à partir des résultats présentés. En aucun cas, le CDSS ne doit décider à la place du clinicien.

Un exemple de la façon dont un CDSS peut être utilisé par un clinicien est un type spécifique de système d’aide à la décision : un DDSS (Diagnosis Decision Support System). Un DDSS demande certaines des données des patients et, en réponse, propose un ensemble de diagnostics « potentiels ». Le médecin visualise les propositions et détermine quels diagnostics pourraient être pertinents et si d’autres tests sont nécessaires pour affiner le diagnostic.Il existe deux grands types de CDSS :

1. Basés sur la connaissance

La plupart des CDSS sont composés de trois parties : la base de connaissances, un moteur d’inférence et un mécanisme pour communiquer.

La base de connaissances contient les règles et les associations de données compilées qui prennent le plus souvent la forme de règles SI-ALORS. Le moteur d’inférence combine les règles de la base de connaissances avec les données du patient. Le mécanisme de communication permet au système de présenter les résultats à l’utilisateur ainsi que la possibilité de renseigner des données du patient.

2. Non basés sur la connaissance

Un CDSS qui ne peut pas utiliser une base de connaissances va utiliser la forme d’intelligence artificielle « Machine learning », au travers d’algorithmes génétiques ou de réseaux de neurones artificiels. Cependant, les systèmes basés sur cette méthode ne peuvent pas expliquer les raisons de leurs conclusions. La plupart des cliniciens ne les utilisent pas directement pour les diagnostics, pour des raisons de fiabilité et de responsabilité. Néanmoins, ils peuvent être utiles en tant que systèmes de post-diagnostic.

Une étude publiée en 2005 conclut que les outils CDSS augmentent les performances du personnel médical dans 64% des cas.

Aujourd’hui, de nombreux outils CDSS existent, sous différents modèles [2] et des projets de recherche sont lancés pour en développer de nouveaux [3], plus particulièrement aux Etats-Unis. Les recherches actuelles sur ces systèmes se focalisent sur leur interopérabilité, sur de nouvelles architectures systèmes orientées services pour intégrer différents systèmes de données et faciliter l’utilisation de l’outil sur tous les supports, ou sur les technologies de moteur de recherche de solutions optimales et d’algorithmes de convergence.

Beaucoup d’efforts ont été mis en avant par de nombreux établissements médicaux et sociétés pour produire un CDSS viable afin de soutenir tous les aspects des tâches cliniques. Cependant, avec la complexité des processus cliniques et les exigences élevées sur le temps du personnel, des précautions doivent être prises par l’hôpital pour déployer le CDSS et assurer que le système devienne une partie intégrante du flux de travail clinique.

Historiquement, un grand obstacle à l’acceptation a été l’intégration dans les

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ARTICLE - ELABORATION D’UN SySTèME D’AIDE à LA DéCISION MéDICALE

9COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016

processus hospitaliers. Souvent les CDSS sont des applications autonomes, exigeant que le clinicien cesse de travailler sur son outil actuel, passe au CDSS, entre les données nécessaires (même si elles avaient déjà été entrées dans un autre système) et examine les résultats obtenus. Les étapes supplémentaires vont casser la routine du clinicien et coûtent un temps précieux. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, aucun CDSS n’est pleinement fonctionnel en milieu hospitalier. On peut donc imaginer que les technologies telles que le « deep learning, big data et algorithme en réseau de neurones » pourront améliorer ces outils et donc la qualité du traitement patient.

■ Références bibliographiques :

[1] Clinical Decision Support Systems : State of the Art, Agency for Healthcare Research and

Quality U.S. Department of Health and Human Services, AHRQ Publication No. 09-0069-EF June 2009[2] Systèmes informatiques d’aide à la décision en médecine : panorama des approches utilisant les données et les connaissances, Brigitte Séroussi, Jacques Bouaud, Sorbonne Universités, Hôpital Tenon, Pratique Neurologique – FMC, Volume 5, Issue 4, December 2014

[3] Etude des systèmes d’aide à la décision médicale, Etude commanditée par la Haute Autorité de Santé et réalisée par Cegedim-Activ, Initiatives nord-américaines et européennes, 2010

Fiche de lecture

Ready Player One

Titre : Ready Player OneAuteur : Ernest ClineDate de publication : 2011

2044, notre planète est en proie à une crise énergétique, économique et écologique. La population s’échappe de ce monde morose grâce à l’OASIS, un univers virtuel auquel chacun peut accéder grâce à des lunettes et des gants haptiques. Son créateur, James Halliday, disparait en laissant derrière lui un testament léguant sa fortune et le contrôle de l’OASIS à qui sera capable de résoudre les puzzles qu’il y a dissimulés.

Ce thriller-SF, écrit par Ernerst Cline en 2011 et acclamé par la critique, est un brillant mash-up de références à la pop culture des années 80 et 90 et de références geek. A travers les yeux de Wade Watts, un adolescent à la recherche de l’héritage d’Halliday, le lecteur se retrouve entrainé dans une réflexion électrique sur l’interdépendance du virtuel et du réel et de la recherche d’identité. Le style envolé et plein d’humour se fait support d’une superbe célébration («We exist as nothing but raw personnality in here ») tout autant que critique de la culture online.

A lire maintenant ou à retrouver à retrouver au cinéma printemps 2018 dans une adaptation de Steven Spielberg.

Par Alizée Lambert

10COGNISCIENCES - OCTOBRE 2016

Jeu

Mots croisés

Après la phase de conditionnement, passons à la phase de test… Si vos capacités attentionnelles ne vous ont pas trahi au cours de votre lecture, les phrases stimuli suivantes activeront sans aucun doute des réponses automatiques qui vous permettront de compléter cette grille…

Vertical

1 Lieu d’usage des systèmes d’aide à la décision

médicale

2 Discipline de Comte-Sponville et Ferry

3 L’Homme fantasme, les académiciens y

parviennent

4 Il est au chevet du patient

5 «Micro» entrepreneur

6 Donc je suis

7 Toute petite technologie

8 Programme

9 Mission essentielle du médecin

Horizontal

I Système d’Aide à la Décision Médicale

II Courant visant le dépassement de condition

humaine

III Après

IV Art se délectant des théories transhumanistes

V Relatif à l’ensemble des mécanismes de la

connaissance

VI Pourra-t-on la dupliquer sur disque dur ?

VII Fine fleur de la science

VIII But de la recherche

IX Pas naturel

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ISSN 2106-6442

Directeur de la publication : Boris Gambet CogniScienceS, 31 Rue du Général Crémer,

33130 BÈGLES

Crédits

Equipe : Boris Gambet, Claire Lestié, Alhadi Chafi, Marie Lambert.

Ont collaboré à ce numéro : Arnaud Choquet, l’équipe de Cogni’Junior,

Laurent Mouluquet & Alizée Lambert.