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Travail d’adoption du Pays Guignon Arnaud Guignon septembre 2008

Travail d'adoption du pays Guignon

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Elaboration d'une porte en fer forgée dans la cadre du compagnonage

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Travail d’adoptiondu Pays Guignon

Arnaud Guignon

septembre 2008

tre Compagnon, c’est considérer le travail non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen de se découvrir et de s’épanouir.

L’essentiel de cette philosophie tient dans quelques préceptes simples : transmettre son savoir-faire, être volontaire, droit et fidèle dans ses engagements, être capable de se remettre en cause, avoir un goût marqué pour la liberté d ’entreprendre et de penser.

Apprendre un métier, c’est bien ; réussir sa vie, c’est mieux !

des

EAssociation Ouvrière

Compagnons du Devoirdu Tour de France

Travail d’adoption du Pays Guignon

En janvier 2008, lors d’un entretien avec le Coterie Champagne,

Prévôt de la Maison de Troyes, et les tailleurs de pierre, l’idée

germe dans mon esprit : réaliser une porte en fer forgé, porte

qui constituerait le travail pour mon adoption au sein des

Compagnons du Devoir.

Le projet est lancé à l’issue de ma mise en chantier par la

Corporation des Serruriers de Troyes. Dans un premier temps,

je me consacre à l’élaboration des plans.

Soixante-et-onze heures de labeur plus tard, je les présente à

Florent d’All’ava, Compagnon serrurier du Devoir, responsable

de la Corporation des serruriers de Troyes ainsi qu’à Jacques

Globigue, Compagnon serrurier du Devoir.

Ce dernier est aussi mon parrain d’adoption.

Fort de leurs judicieux conseils et m’inspirant de leurs

corrections, ils me mettent en chantier à l’atelier.

Le temps initial estimé pour la réalisation de cette porte s’éleve

à quatre-vingt heures...

Les périodes les plus intenses et ardues restent la mise en forme

des cintres, les travaux de forge, le redressage et la finition.

Finalement, cent-dix heures auront été nécessaires pour

finaliser la porte.

1 - présentation des cadres sur épure

2 - préparation du pivot haut

7 - Travail d’adoption du Pays Guignon

A la suite de la réalisation des

cintres et des refoulés au bas

des montants de la porte, j’ai

positionné partiellement les cadres en

fonction de mes tracés.

Ainsi, j’ai obtenu approximativement la

forme de ma porte finie.

Après avoir positionné les cintres sur

l’épure, j’ai reporté les tracés de mon

pivot haut.

Ensuite, j’ai utilisé la lime et la scie à

métaux pour l’usinage du fer plat (format

30X15) et la barre d’acier de section

carrée (20X20).

Quant à l’ajustage final, j’ai employé

du papier de verre (grain de 220) sur la

partie arrondie des cintres.

Pour maintenir la porte en bonne

position, j’ai fabriqué une cale dans

un carré de 20X20 avec un côté

arrondie : cette pièce complète et rattrape le

jeu de la porte. Elle est fixée par un rivetage

borgne à chaud.

Sur la photo 3, nous remarquons la fixation

par rivets et les grugeages pour la mise en

place du « U », Ce dernier maintient la porte

en position contre le guide.

4 - détail du guide pivot haut

3 - fixation du guide

9 - Travail d’adoption du Pays Guignon

5 - refoulé pivôt bas

6 - réglage pivôt bas

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Cette partie de la porte est forgée : le

travail consiste à refouler la matière

dans le but d’obtenir le passage du

carré de 20X20 en 27X27.

Le travail exécuté sur le pivot bas (photo 6) est

un trou oblong avec un écrou carré. Celui-ci est

positionné dans un caisson en tôle de 2 mm de

manière à ce le pivot puisse être réglé avec la

porte en position finale.

Sur le bas de la porte, j’ai choisi l’option

d’assembler l’ensemble « tenon/

mortaise passant » plus approprié aux

métiers de la menuiserie et de la charpente. Ce

choix correspond à l’esprit et au style employés

à l’époque du sujet.

Refoulage du tenon à chaud (vue latérale) :

cette étape est destinée à maintenir en position

la traverse basse de la porte aux dimensions et

à l’équerrage.

8 - préparation tenon/mortaise

7 - fixation mortaise

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9 - tenon/mortaise vue de dessus

10 - support de la serrure

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Sur ce gros plan de l’ensemble «

tenon/mortaise » vu de dessus

(photo 9), nous distinguons

l’assemblage « tenon/mortaise passant » et

le refoulé à chaud en bas de porte.

Zoom (photo 10)sur la réalisation en carré

de 20X20 d’un support aux dimensions de

la serrure avec un grugeage pour libérer le

passage de la clef. La fixation du support

est effectuée par rivets à chaud sur le

montant de la porte en carré 20X20.

Préparation d’une tôle de 2 mm dans

laquelle j’ai réalisé le trou de la forme

de la clef. Ainsi, le mécanisme de la

serrure en façade n’est plus apparent.

Pour la réalisation du trou, plusieurs outils

différents ont été mis à contribution : la

perceuse, le bédane, le burin, les limes aiguilles

rondes, demi-rondes, plates et triangles.

Cette tôle se fixe ensuite sur le support serrure.

11 - cache de la serrure

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12 - serrure de face

13 - serrure de profil

14 - montage des croisillons par tressage

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En ce qui concerne la serrure, elle a

été récupérée dans une maison de

campagne en Provence. Pour son

ajustement sur la porte, j’ai été contraint de

modifier le trou de la serrure, d’ajuster le

penne et de transformer le profil du bâti.

Les croisillons entrelacés sont disposés sur le

châssis (ou sur l’ouvrant).

Pendant toute l’étape du tressage, Pays

Bouclet, mon frère d’adoption, m’aura

apporté une aide précieuse et efficace.

Dans l’étape suivante, les croisillons

sont percés et vissés sur le châssis.

Il aura fallu positionner chaque

croisillon aux côtes ce qui a nécessité une

application toute particulière. La contribution

fraternelle de la Coterie Beauceron aura été

opportune et bienveillante.

15 - finition des croisillons

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16 - serrure

23 - Travail d’adoption du Pays Guignon

La tôle qui cache le mécanisme

est fixée sur le support en

position terminale. On distingue

le plat de battement (ou battue) en fer

plat de 40X6 mesurant 83 cm de long

et maintenu par rivets sur l’ouvrant (la

porte).

Ce fer plat permet l’arrêt de la porte lors

de sa fermeture (butée).

A ce stade de la réalisation, il reste

approximativement 20% de travail, à

savoir : passage du cadre à la forge pour

faire réapparaître la calamine sur sa

globalité, brossage complet de la porte

avant le passage de la patine de finition.

Quand la porte sera terminée, elle

s’insèrera dans cette voûte en pierre

tendre de Champagne. Elle a été conçue

et taillée lors d’un travail d’adoption d’un tailleur

de pierre en l’année 2007 S’agissant des colonnes,

elles ont été réalisées par des « casse-cailloux »

(un apprenti tailleur de pierre 2ème année et un

aspirant 2ème année).

En arrière-plan, on distingue le blason des tailleurs

de pierre qui est, lui aussi, un travail d’adoption.

17 - maçonnerie en pierre de taille

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La porte est posée sur un support

provisoire avant sa correction

par Florent le Niçois et Jacques

le Breton.

Dans quelques semaines, elle rejoindra

son emplacement définitif, c’est-à-dire

l’entrée du local à outil des « casse-cailloux

» aux lignes solides du style roman.

On peut admirer le travail de précision et

la parfaite harmonie des lignes et courbes

du haut de cette voûte en parfaite

adéquation avec le lieu.

page de gauchehaut : 18 - porte en phase finalebas : 19 - haut de la voûte

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31 - Travail d’adoption du Pays Guignon

Le cadre est présenté contre

la voûte. C’est un travail en

commun avec les Tailleurs de

pierre qui attendaient ma porte avec

impatience. Picard retaillera légèrement

le cadre et la porte s’encastrera

parfaitement dans la feuillure.

La porte est en place scellée et ajustée. Elle

s’ouvre à gauche avec un débattement de

plus de 90° et respecte toutes les contraintes

imposées par la Corporation des tailleurs de pierre.

Cette porte ferme à battue et se verrouille à l’aide

d’une serrure ancienne sans poignée.

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Le compagnon Niçois est le responsable

de la Corporation des Serruriers de

la ville de Troyes. Tout comme lui, je

porte le nom de « Niçois ».

L’année de l’adoption, j’ai été embauché dans

la même entreprise que lui : Art & Forges à la

chapelle Saint-Luc.

Les connaissances que j’ai pu acquérir au cours

de l’année écoulée ont été renforcées par l’aide

et les conseils avertis du Compagnon Niçois

ainsi que du Compagnon Breton.

20 - en présence du compagnon Niçois le jour de notre adoption

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1. Manuel Blanc, dit Agenais, Menuisier2. Jérémy Boixados, dit Bourguignon, Menuisier3. Julien Prudhomme, Champagne, Plombier4. Uliana Marcilly, la Mère

5. Thibault Zezula-Neufville, Lorrain, Plombier6. Julien Bouclet, dit Vendôme, Serrurier7. Arnaud Guignon, dit Niçois, Serrurier

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Le 12 avril 2008, après une

journée forte en émotion, nous

sommes réunis autour de notre

Mère. Nos familles et nos proches nous

ont rejoints en fin d’après-midi pour

partager le repas communautaire présidé

par le Prévôt, notre Mère et des Anciens.

Cette date restera toujours pour nous le

jour où nous devenons Frères d’adoption

dans notre belle ville de Troyes.

CroquisCroquis

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Arnaud Guignonseptembre 2008

Page de gauche : Croquis tirés de «L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers» Diderot & d’Alembert - 1765

Association Ouvrière

des Compagnons du Devoir

du Tour de France

www.compagnon-du-devoir.com