LA TRIBUNE PARTENAIRE

Quelle est exactement votre mission dans le cadre de la transformation digitale ? Et pour commencer, parlez-vous plutôt de transition ou de transformation ? Le phénomène en cours est un phénomène de trans-formation. Le mot transition n’exprime pas exac-tement ce qui se passe. Vous voyez les comporte-ments évoluer autour de vous. Les outils et les technologies ont profondément transformé notre façon d’être. Pour les entreprises, le tournant à prendre est rapide. Nos clients, plutôt de grandes entreprises du CAC 40, sont confrontés à cette exi-gence de mutation imposée par les consommateurs. Nous sommes une société d’ingénierie mais pas seulement. Nous apportons une solution d’ensemble qui intègre une réflexion sur la transformation de la société et sur les nouvelles attentes des consom-mateurs.

Les entreprises françaises sont–elles prêtes à la transformation numérique ? Vous savez, le marché est un espace darwinien. Ce sont les contraintes qui font évoluer. Par le passé, la croissance des entreprises se faisait souvent au détriment des concurrents. Cet équilibre des rap-ports de force s’est transformé. La concurrence est désormais exogène. Elle vient des acteurs de la nouvelle économie. Nous avons des phénomènes de substitution sous les yeux : Booking est aussi puissant que les grands groupes hôteliers, BlaBlacar embarque l’équivalent de 5 TGV au départ de Paris chaque vendredi soir. En réalité, la transformation digitale n’est pas une option. La question n’est plus pourquoi mais comment… Les entreprises qui se sont immédiatement mobilisées pour réus-sir leur propre trans-formation l’ont fait pour maintenir leurs parts de marché et pour s’assurer d’une croissance enrichis-sante.

AVANADE est aussi une entreprise qui revendique l’innovation comme un élément de son ADN ? Oui, nous nous appuyons notamment sur un centre d’innovation où nos collaborateurs pensent aussi bien à l’expérience client qu’à la technologie. Il ne faut pas confondre la fin et les moyens. Une fois encore, nous ne

sommes pas une boite d ’ ingén ieurs pour reprendre une expression toute faite. Nous avons cet esprit Lab où les pro-cessus d’innovation reposent sur un foisonne-ment organisé. Nos centres d’innovation sont orga-nisés par pays et interconnectés. AVANADE est une entreprise mondiale qui ne se prive pas de solliciter toutes les compétences disponibles. Notre fonction-nement est horizontal, je veux dire par là que nous travaillons en co-production constante avec tous nos homologues.

Pratiquez-vous le Design-thinking ? Oui bien sûr, le design–thinking est un formidable outil de coopération entre les entreprises et leurs clients. Dans nos centres d’innovation, nous posons des questions simples et nous recherchons les solu-tions pour nos clients : Qu’est-ce-que nous pouvons apporter dans leurs stratégies d’offre au marché ? Qu’est-ce-que la technologie peut apporter ? Le design-thinking est un levier de compréhension et d’éclaircissement du parcours client. Il n’interdit rien en matière d’accès aux solutions. Nous utili-sons l’analogie avec nos clients. Les banquiers s’intéressent par exemple au monde du retail pour identifier des solutions à leurs propres questionne-ments et les exemples de ce genre sont nombreux.

Concrètement, les choses se passent comment ? Nous rencontrons nos clients et nous leur montrons l’univers des possibles : tout ce qu’il est possible de faire. Pas de préconstruit, il convient de garder

l’esprit ouvert à la découverte. Quand une de nos idées fait réson-nance chez le client, nous construisons un scénario répondant à ses attentes et nous avançons ensemble sur un mode agile…

L’expression mode agile est très en cours dans les conversations, mais de quoi s’agit-il exactement ? Le mode agile permet,

en utilisant des sprints de quelques semaines, de réaliser un cycle complet de paramétrage d’une Appli répondant à la demande du client. La solution est bâtie au fur et à mesure de l’avancée des tra-

vaux. On la construit par allers et retours entre l’expérimentation et la réflexion théorique primaire. C’est un modèle de développement exigeant mais efficace. De notre coté, nous avons professionnalisé ce process de recherche et d’innovation notamment grâce à un partenariat avec Scrum.org. Notre travail est de mettre les équipes de nos clients en mouve-ment à travers le process agile. Le mode agile est un processus rationnel en dépit de son apparence expérimentale. Il suggère l’idée que les problèmes doivent d’abord être priorisés. Quelque soit le modèle de développement retenu, on doit toujours se demander quelles sont ses priorités et quelle est l’ambition économique. Le digital a permis d’accé-lérer le rythme. Grâce à lui, tout le monde peut aller plus vite et devenir plus précis.

Est-ce que les entreprises françaises sont dans le coup ? Elles sont très ouvertes aux changements en cours. Pour nous faire une idée, nous avons contribué à un baromètre sur l’utilisation de l’agilité/ DevOps (développement-opérations) avec l’IDC (Interna-tional Data Corporation). 75% des entreprises affir-ment avoir besoin d’accélérer le rythme de déploie-ment de leur système d’information mais en même temps seulement une entreprise sur six déclare en avoir les moyens au sens des capacités. Dans ces conditions, notre job est d’apporter des méthodo-logies et une gestion des changements pour implé-menter le mode agile chez nos clients et mettre toutes les organisations en synergie. L’enjeu dans les processus d’innovation est ici de réconcilier des départements qui ne travaillaient pas ensemble. Je vous ai parlé d’objectif final, il faut aussi ajouter l’impérieuse nécessité de la cohérence opération-nelle. L’intérêt du mode agile c’est précisément de mobiliser tout le monde en même temps pour avan-cer d’un pas commun, sur la base d’un cadence-ment serré. Quelles sont les clés du succès ? Par quelles étapes passez-vous ? Pour poser la question autrement, quels sont vos outils méthodologiques ?D’abord utiliser le mode agile tel que je l’ai décrit, puis travailler avec les agences du groupe par exemple sur le design-thinking et l’enrichissement du parcours utilisateurs. Troisième point, l’utilisa-tion rationnelle des données, enfin la gestion du changement. Cette boucle se fait en aller et retour.

Tout à l’heure vous m’avez montré les HoloLens (voir photo), un casque de réalité augmentée. Est-ce un gadget ?Pas du tout, vous avez vu un outil qui est un tour-nant dans le secteur de l’innovation. La réalité aug-mentée va par exemple permettre de piloter la maintenance à distance des moteurs d’avion. Nous passons d’un manuel 2D à la 3D. Nous vivons dans la 3D et nous allons enfin pouvoir y accéder. C’est une transformation qui induit des changements qu’on n’imagine pas encore. Nous travaillons sur les nouveaux scenarii métier, sur de nouvelles hypothèses en matière d’innovation. La croissance du 21e siècle est là.

Y a t-il aujourd’hui une nouvelle approche de l’innovation dans les entreprises ? Oui et souvent une approche dynamique. Les entre-prises conduisent l’innovation de façon plus ouverte et plus engagée. Il y a 20 ans, on localisait le service innovation dans un bureau et on fermait les portes en attendant qu’il en sorte quelque chose. Aujourd’hui, l’innovation appelle des process hori-zontaux, les différents services se parlent, la lumière peut venir de partout. Mais de façon générale, les chefs d’entreprises ont compris que l’innovation se cultivait. Nous sommes là pour apporter les bons outils pour la rendre efficace et productive. Quoi qu’il en soit, c’est un processus irréversible.

Quel regard jetez-vous sur l’intelligence artificielle ?Je préfère confier les tâches répétitives à la machine et garder l’innovation pour nous, êtres humains. En innovant, on parvient à donner de la diversité dans le travail, c’est un formidable moyen de réinventer, parfois même de ré-enchanter des métiers anciens.

Savez-vous nous citer un exemple concret d’une solution innovante mise en œuvre chez un client ?Je vais vous citer un exemple. En utilisant l’envi-ronnement Microsoft, nous avons accompagné une grande entreprise dans le secteur de la maintenance. 3 500 techniciens à gérer. Nos outils ont permis d’organiser, de planifier le travail et d’enrichir le discours client. Nous avons gagné 15% de produc-tivité et 93% des techniciens étaient satisfaits parce qu’on les aidait à mieux faire leur travail et à deve-nir des prescripteurs.

« Innovation et transformation digitale : Quels sont les grands enjeux pour les entreprises ? »

AVANADE est une société de services spécialisée dans

l’intégration des technologies de l’écosystème Microsoft, pour les

grandes entreprises. Nicolas Marry, directeur général pour la

France et le Benelux, décrit un mouvement rapide de

transformation digitale.

Tribune d’expert. Par Nicolas Marry, Directeur Général Avanade France/ Benelux.

« Avanade est une entreprise mondiale qui ne se prive pas de solliciter toutes les compétences disponibles »

Avanade