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Songe d’un soir d’automne J’ai fait un « rêve » ! 11 novembre 2013, jour d’Armistice ! Le texte de Loi d’affirmation des Métropoles est promulgué dans l’enthousiasme général après avoir été approuvé conforme, en seconde lecture, à l’Assemblée Nationale … par cinq voix de majorité ! La Métropole du Grand Paris voit le jour, l’Acte 3 est enfin sur les rails et Paris va pouvoir devenir … « ville monde »! 25 juin 2014 : conscients de cet enjeu « historique », les élus de mon agglomération de Grande Couronne se prononcent, à l’unanimité, pour rejoindre, à effet du 1 er janvier 2016 les 127 communes qui constituent le « noyau dur » de la Métropole ! 1 er janvier 2016 : en rangs serrés, les 180 agents de l’agglomération rejoignent la capitale pour partir à l’assaut du défi métropolitain et d’une nouvelle carrière. Premier bémol, la DRH de la Métropole, apercevant les uniformes des 80 policiers municipaux et ASVP mutualisés s’étrangle en se demandant ce qu’ils font là : « Retournez dans vos communes, on ne va quand même pas s’occuper de la tranquillité publique et des sorties d’écoles » ! Allez « mutualiser ailleurs » !!! Puis, découvrant, un peu à l’écart, les 15 opérateurs de vidéo protection, elle leur passe le même message et leur disant : « Allez donc voir vos élus, qu’ils créent un SIVOM pour gérer vos caméras et vos dispositifs » !

Tribune de Patrice Girot

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Page 1: Tribune de Patrice Girot

Songe d’un soir d’automne

J’ai fait un « rêve » !

11 novembre 2013, jour d’Armistice !

Le texte de Loi d’affirmation des Métropoles est promulgué dans l’enthousiasme général après avoir été approuvé conforme, en seconde lecture, à l’Assemblée Nationale … par cinq voix de majorité !

La Métropole du Grand Paris voit le jour, l’Acte 3 est enfin sur les rails et Paris va pouvoir devenir … « ville monde » !

25 juin 2014 : conscients de cet enjeu « historique », les élus de mon agglomération de Grande Couronne se prononcent, à l’unanimité, pour rejoindre, à effet du 1er janvier 2016 les 127 communes qui constituent le « noyau dur » de la Métropole !

1er janvier 2016 : en rangs serrés, les 180 agents de l’agglomération rejoignent la capitale pour partir à l’assaut du défi métropolitain et d’une nouvelle carrière.

Premier bémol, la DRH de la Métropole, apercevant les uniformes des 80 policiers municipaux et ASVP mutualisés s’étrangle en se demandant ce qu’ils font là : « Retournez dans vos communes, on ne va quand même pas s’occuper de la tranquillité publique et des sorties d’écoles » ! Allez « mutualiser ailleurs » !!!

Puis, découvrant, un peu à l’écart, les 15 opérateurs de vidéo protection, elle leur passe le même message et leur disant : « Allez donc voir vos élus, qu’ils créent un SIVOM pour gérer vos caméras et vos dispositifs » !

Se félicitant de ne pas être dans la « purge », les rescapés des filières administratives, techniques, culturelles et sportives se murmurent : « on reste entre nous et on s’auto-protège » !

Manque de chance, l’adjoint à la DRH apercevant la responsable de la mise en réseau des bibliothèques et les personnels de la piscine intercommunale leur montre, vindicatif, le chemin communal en criant : « Compétences facultatives !  Vous n’avez rien à faire ici ! Rentrez chez vous » !

Page 2: Tribune de Patrice Girot

Réponse en chœur de nos agents : « Mais, Monsieur, on a plus de chez nous ! C’est l’agglomération qui nous a recrutés ! Qu’allons-nous devenir ? »

Avant même d’avoir pu répondre à cette « question piège », ne voilà-t-il pas qu’il découvre, avec effarement, les agents en charge des espaces emplois, ceux qui, au quotidien interviennent sur les opérations d’assainissement, sans voir, cachés derrière les plus grands, les agents de la voirie communautaire … ni les regards ravagés de l’équipe de direction face à ce « naufrage collectif » !

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Malheureusement, je me réveillais en sursaut par un éclat de voix du rapporteur du texte de loi, apostrophant un opposant : « Monsieur le Sénateur, vous insultez la vérité ! Vous savez très bien que les territoires de Grande Couronne ne seront pas obligés de rejoindre la future métropole comme y seront contraintes les 19 agglomérations de Petite Couronne » !

Réveil salutaire ! Nous voilà « sauvés » !

Frontalier de la Métropole, nous resterons libres !

Libre de nous replier sur nous-mêmes, avec nos 125 000 administrés qui, au quotidien, se déplacent dans la métropole sans tenir le moindre compte des frontières administratives ;

Libre, en fait, de nous fondre et disparaître dans la Métropole ou de s’étioler au cœur d’un territoire aux limites artificielles …

Libre, en quelque sorte, de devenir le « paillasson » du Grand Paris !

Dormons !!!

Patrice GIROT

Président de l’union régionale du SNDGCT