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L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes La France sous l’état d’urgence... Mais... Premiers craquements après le vote unanime à l’Assemblée nationale... Pages 2, 3 et 4 Paris, 21et 22 novembre 2015 LE V e CONGRÈS DU PARTI OUVRIER INDÉPENDANT S’EST TENU. Il a proposé la tenue d’une conférence nationale pour la défense des conquêtes de 1936 et 1945. Pages 5, 6, 7, 8 et 9 Photos AFP INFORMATIONS OUVRIÈRES 5 758 abonnés reçoivent ce numéro. Et vous ? (page 16) INFORMATIONS OUVRIÈRES nouvelle série N 0 379 (2773) semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015 1,5 euro (soutien 2 euros) ISSN 0813 9500 TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES HEBDOMADAIRE DU PARTI OUVRIER INDÉPENDANT POI

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES HEBDOMADAIRE DU ... · dépôt de loi dans ce sens dans les prochaines semaines. Quelques jours après que l’Assemblée nationale a décrété

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Page 1: TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES HEBDOMADAIRE DU ... · dépôt de loi dans ce sens dans les prochaines semaines. Quelques jours après que l’Assemblée nationale a décrété

L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes

La France sous l’état d’urgence...Mais... Premiers craquementsaprès le vote unanime à l’Assemblée nationale... Pages 2, 3 et 4

Paris, 21et 22novembre 2015LE Ve CONGRÈS DU PARTI OUVRIER INDÉPENDANT S’EST TENU.Il a proposé la tenue d’une conférence nationale pour la défense des conquêtes de 1936 et 1945. Pages 5, 6, 7, 8 et 9

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5 758abonnés reçoivent ce numéro. Et vous ? (page 16)

INFORMATIONS OUVRIÈRES

nouvelle série

N0379 (2773)semaine du 26 novembre

au 2 décembre 20151,5 euro (soutien 2 euros)

ISSN 0813 9500

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES H E B D O M A D A I R E D U PA R T I O U V R I E R I N D É P E N D A N T POI

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À LA UNE2 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 379 Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015

Appel à l’unité nationalepour l’état d’urgence...

A l’Assemblée nationale, le 19 novembre : union sacrée pour l’état d’urgence

“L a France a besoin d’unité et de ras-semblement », lance Valls auxdéputés. Du PCF au Front natio-

nal, tous votent pour la prolongation de troismois (jusqu’à fin février) de l’état d’urgence :551 pour, six contre, une abstention. Lespleins pouvoirs sont donnés aux préfets et àla police, sans aucun mandat judiciaire, pourperquisitionner, de jour comme de nuit,contraindre à des assignations de résidence,interdire des réunions et manifestations sursimple présomption de trouble à « l’ordrepublic » !

Mais au Sénat, ça commence à craquer…

L e lendemain du vote quasi unanimedes députés, le texte sur l’état d’ur-gence arrive au Sénat. Cette fois, les

représentants du PCF s’abstiennent. Alorsque le député PCF André Chassaigne décla-rait la veille que « l’instauration de l’état d’ur-gence est aujourd’hui pleinement justifiée »,la sénatrice PCF Eliane Asensi s’insurge que,« sous couvert d’une loi destinée à luttercontre le terrorisme, on vote une loi sur l’ordrepublic et l’on suspend l’état de droit ».

Le soutien de la droite et de l’extrême droite… et de la CFDT

Droite et extrême droite confirmentleur soutien au gouvernement et àl’état d’urgence. Le président de la

République « nous a surpris, partiellementpositivement il faut bien l’avouer, parce qu’ily a eu des inflexions positives », déclareMarion Maréchal-Le Pen (FN), le 22 no-vembre. « La gauche applique la politiqueque la droite appelait de ses vœux », constate

le même jour Christian Estrosi, chef de filedu parti sarkoziste Les Républicains enPACA. « Oui, l’état d’urgence qui a été décrétéest légitime », lance au même moment, dansles colonnes du Parisien, le secrétaire géné-ral de la CFDT, Laurent Berger.

Le spectre d’un rejet massif, à dix jours des régionales

Dans les états-majors des partis institu-tionnels, on scrute avec angoisse laperspective de l’abstention aux élec-

tions régionales des 6 et 13 décembre. « Cequi doit nous préoccuper, s’alarme l’éditoria-liste de Libération (23 novembre), c’est le score que réalisera l’abstention, promiseencore il y a peu à des records (…). Nous pour-rons y lire ce qu’il reste de confiance dans laparole politique. Et ce ne sont pas les gesticu-lations outrancières qui vont contribuer àlutter contre cette tendance (…). »

L’arbitraire policier frappe au hasard

L es effets de l’état d’urgence sontimmédiats. Dans le journal Le Monde(20 novembre), l’ancien juge antiter-

roriste Marc Trévidic dénonce : « On se di-rige, à terme, vers un Guantanamo à lafrançaise. »Dans son édition du 24 novembre, ce journalrelate l’une des 1 072 perquisitions adminis-tratives intervenues depuis l’instauration del’état d’urgence. Cette fois, c’est dans un res-taurant de Cergy-Pontoise : une clientèle pani-quée, un restaurant saccagé… Pour strictementrien. « Le principe de ces perquisitions, c’est detaper large », se défend le préfet du Val-d’Oise.A Saint-Denis, les résidents de l’immeuble quia subi l’assaut du Raid sont presque unesemaine après les faits, encore parqués dansun gymnase sans chauffage. « On se sent reje-tés par l’Etat, pas pris en charge. On a très froidla nuit. Mes enfants sont traumatisés », déclare,sur France Info, une résidente.

Hollande, en chef de guerre mondial

L undi 23 novembre, Hollande entameune tournée des gouvernements amé-ricain, britannique, russe, chinois…

La France va « intensifier » ses frappes contrel’Etat islamique, déclare Hollande, et « choi-sir des cibles qui feront le plus de dégâts pos-sible ». Le porte-avions Charles-de-Gaulle estenvoyé en renfort. Dans cette coalition, cha-cun tire à hue et à dia. Pis : le 24 novembre,l’aviation turque abat délibérément un chas-seur russe, théoriquement « ami ». Un chaos,une guerre qui a déjà provoqué l’exode forcéde millions de personnes. La dévastation deleurs pays, la décomposition des Etats, afourni le terreau des groupes mafieux quiexportent aujourd’hui la terreur en Europe(lire page 12).

Macron a trouvé le responsable du “jihadisme”: “les corporatismes” !

L e ministre de l’Economie, EmmanuelMacron, a affirmé, le 21 novembre,que la société française devait assu-

mer une « part de responsabilité » dans le« terreau » sur lequel le « jihadisme » a puprospérerEt d’expliquer : « Ce sont des fermetures dansnotre économie, dans notre société, les pertes

d’opportunité, les plafonds de verre qui sontmis, les corporatismes qui se sont construits quià la fois nourrissent de la frustration sur le planindividuel et créent de l’inefficacité sur le planéconomique. »Traduisons : la cause du terrorisme, ce seraitle Code du travail, les statuts, etc. (habituel-lement désignés comme des « corporatismes »par Macron) qui créent de la « frustration ».Ignoble !

C’est reparti : le 24 novembre, offensive contre la Sécurité sociale et le Code du travail

Contre l’opposition quasi unanime desmédecins (lire page 4), la ministre de laSanté, Marisol Touraine, maintient le

nouvel examen de son projet de loi, ce mardi 24 novembre, à l’Assemblée nationale. Désengagement de la Sécurité sociale dessoins de ville, installation des assurancescomplémentaires au cœur du système, souscouvert de la généralisation du tiers payant,fusion forcée de services et d’hôpitauxentiers dans des « groupements hospitaliersde territoires » : telles sont les principales dis-positions du texte.Le même jour, la ministre du travail, MyriamEl Khomri, installe la commission « chargée dedéfinir les principes fondamentaux du droit dutravail ».Son objectif : définir quelques principes géné-raux et laisser libre cours aux patrons, entre-prise par entreprise, pour dicter leur loi. Unébranlement complet de toute l’architecturedu droit du travail. Le gouvernement avait confirmé ses inten-tions, le 5 novembre dernier, en annonçant undépôt de loi dans ce sens dans les prochainessemaines. �

Quelques jours après que l’Assemblée nationale a décrété l’état d’urgence, François Hollande entame une tournée qui commence par les Etats-Unis.

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Laurent Berger.

Emmanuel Macron.

Marisol Touraine.

Manuel Valls.

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À LA UNE 3INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 379 Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015

... Mais pas si simple

Le comité confédéral national (CCN) de la CGTdéclare le 18 novembre que la CGT « refuse que les salariés et la population française, à travers des modifications de la Constitution, soient placés de fait dans un état d’urgencepermanent. Elle refuse que l’expression revendicative et le mouvement social soient muselés. »

� L’état d’urgence est régi par la loi 55-385, du 3 avril 1955, modifiée par la loi 2015-1501, du 20novembre 2015.L’état d’urgence permet au ministre de l’In-térieur, aux préfets « d’interdire la circula-tion des personnes ou des véhicules dansles lieux et aux heures fixés par arrêté »(article 5), ou encore « d’interdire le séjourdans tout ou partie du département à toutepersonne cherchant à entraver, de quelquemanière que ce soit, l’action des pouvoirspublics » (idem).Il permet aussi aux préfets, en se passant detout mandat de justice, « d’ordonner des per-quisitions à domicile de jour et de nuit »(article 11), « d’ordonner la fermeture pro-visoire des salles de spectacles, débits de

boissons et lieux de réunion de toute nature »(article 8). « Peuvent être également inter-dites, à titre général ou particulier, lesréunions de nature à provoquer ou à entre-tenir le désordre » (idem).On le voit : l’état d’urgence peut tout à fait per-mettre d’entraver, voire d’interdire l’action dessyndicats et des partis.

� L’article 6 permet au ministre de l’Intérieur de« prononcer l’assignation à résidence, dansle lieu qu’il fixe, de toute personne (…) àl’égard de laquelle il existe des raisonssérieuses de penser (sic !) que son com-portement constitue une menace pour lasécurité et l’ordre publics ». L’article 6-1, intro-duit par la loi du 20 novembre 2015, per-

met au gouvernement de dissoudre par unsimple décret « les associations ou groupe-ments de fait qui participent à la commis-sion d’actes portant une atteinte grave àl’ordre public ou dont les activités facilitentcette commission ou y incitent ».

� Jusqu’alors, les infractions à l’état d’urgenceétaient punies « d’un emprisonnement de huitjours à deux mois et d’une amende de 11 euros à 3 750 euros ». La loi du 20 novembre a lourdement aggravéces peines à « six mois d’emprisonnementet 7 500 euros d’amende » et même à « troisans d’emprisonnement et 45 000 eurosd’amende » en cas de non-respect d’uneassignation à résidence. �

Qu’est-ce que l’état d’urgence ?

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otre parti a tenu, ce week-end, son Ve Congrès, dans uncontexte politique et socialtrès particulier. La classe diri-geante, celle des bourgeois et

des patrons qui détiennent le capital,mène, avec le relai des médias à sa botte,une propagande inouïe pour faire plier laclasse ouvrière.

Ils se servent de l’horreur des attentatset de la légitime émotion ressentie pour ten-ter de faire croire que, aujourd’hui, il faillerenoncer à tous les acquis, que la popula-tion laborieuse, les retraités, paient les effortsde guerre qui seraient indispensable à leursécurité.

Les partis politiques, leurs dirigeants,qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposi-tion, se font les porte-parole des capitalistes.Derrière les postures, les mines graves, ilss’engouffrent dans cette brèche pour menerà bien leur œuvre de destruction.

Un seul exemple pour illustrer : laministre de la Santé s’est gargarisée determes tous plus élogieux envers les per-sonnels de santé, saluant leur courage, leursens du devoir, leur dévouement, la qualitédu service public… Le sang des victimesn’est pas encore sec qu’elle maintient contrevents et marées la présentation de sa loi àl’Assemblée, loi qui va casser encore plus leservice public hospitalier.

L’organisation médicale de notre paysa pourtant fait preuve de son efficacitédepuis des décennies, grâce notamment àla Sécurité sociale arrachée par la classeouvrière en 1945.

Cette organisation qui repose sur un ser-vice public pourtant déjà bien mis à mal afait la démonstration, lors des tragiques évé-nements récents, qu’elle était capable derépondre aux urgences les plus absolues.

C’est la destruction de tout ça que Mari-sol Touraine, agissant au nom de ce gou-vernement de « gôche », s’apprête à détruire,sans vergogne, sans états d’âme !

Les militants du POI réunis dans cecongrès, leurs invités, nombreux, ont faitpreuve de grande lucidité dans leurs inter-ventions. Plus que jamais, le POI est apparucomme le parti indispensable à la classeouvrière pour l’aider à construire la riposte.

L’enjeu pour notre classe, aujourd’hui,est bien de construire ce parti qui a su trèsvite dépasser les turbulences internes qu’ila subies de la part de ceux qui veulent sadestruction.

Les orientations, les décisions prises,notamment celle d’aller vers une conférencenationale pour la défense des acquis de 1936et 1945, vont être l’occasion de rencontrerdes centaines de militants ouvriers, d’allervoir les travailleurs dans les usines, lesbureaux, les paysans sur leurs terres, pourdébattre avec eux de l’organisation poli-tique dont ils ont besoin pour combattrel’inacceptable.

Cette organisation, c’est bien le POI quenous sommes en train de construire. Unparti ne serait pas grand-chose sans sonjournal. Informations ouvrières est le nôtreet celui de tous les militants ouvriers quipeuvent intervenir dans la « tribune librede la lutte de classe ».

C’est avec eux que nous construisons.La création des Amis d’Informationsouvrières est un formidable point d’appui.Leur présence, leurs interventions lors ducongrès, ont été d’un apport considérable.

Le POI se construit avec tous ceux quiveulent bien s’engager dans la lutte de classe.Nous ne sommes pas là pour leur donnerdes leçons et leur fournir un mode d’em-ploi tout prêt, qu’il suffirait de respecter.C’est ça la démocratie !

Yannick Sybelin, membre du bureau national du POI

Le Ve Congrès du POI

Pour la Ligue des droits de l’homme (LDH), « le projet du gouvernement de proroger de trois mois l’étatd’urgence pose de graves problèmes de libertéspubliques et individuelles (…).Le vague des motifs qui pourront être invoqués, qui dépassent de beaucoup la prévention et la répressiond’actes de terrorisme, permet à tout gouvernement de s’en prendre au mouvementsocial dans son ensemble »(communiqué du 19 novembre).

Pour le Syndicat de la magistrature,« l’état d’urgence modifie dangereusement la nature et l’étendue des pouvoirs de police des autorités admi-nistratives (…). La France a tout à perdre à cette suspen-sion – même temporaire – del’Etat de droit. Lutter contre leterrorisme, c’est d’abord proté-ger nos libertés et nos institu-tions démocratiques enrefusant de céder à la peur et àla spirale guerrière »(communiqué du 16 novembre).

Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche, à qui France 3 demande, le 22 novembre,s’il aurait voté la prolongation de l’état d’urgence s’il avait été député,répond : « Je pense que non (…). Aucun pays au monde n’a jamais tiré bénéfice en matière de sécurité de la réduction de ses libertés. »

Jean-Claude Mailly, de Force ouvrière, a demandé, le 20 novembre, au Premier ministre, « quels sont les critères objectifs » pour interdire des manifestations, prévenant que son syndicat n’hésiterait pas à « appeler à des manifestations »s’il n’est pas satisfait de la future réforme du Code du travail.

Et aussi...

Philippe Martinez. Jean-Claude Mailly.

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Les 21 et 22 novembre le Ve Congrès du Parti ouvrier

indépendant (POI) s’est tenu

5INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 379 Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015

éunion fraternelle, discussion large, dégagéede toute idée préconçue, entre les 197 délé-gués mandatés par les adhérents de 68 dépar-tements, les membres du bureau nationalsortant, les invités non membres du POI, maisattachés au libre débat au sein du mouve-

ment ouvrier et qui ont rejoint l’association Les Amisd’Informations ouvrières.

Discussion libre et fraternelle, d’autant plus néces-saire qu’après l’effroi provoqué dans le pays tout entierpar la sauvagerie des attentats terroristes du 13 novembre,le temps des questions est venu pour tous les défenseursde la démocratie.

Chacun, en effet, sent le piège qui est tendu aux tra-vailleurs, ouvriers et paysans, et à leurs organisations,à toutes les couches de la population laborieuse frap-pées par les « réformes » successives dictées par l’Unioneuropéenne, aux élus des petites communes, littéra-lement étranglées par la politique de réduction desdépenses publiques, ainsi qu’à tous les citoyens atta-chés à la défense des valeurs de la démocratie répu-blicaine. Chacun voit, avec la plus grande inquiétude,un dispositif institutionnel liberticide se mettre enplace. L’impérieuse nécessité de protéger la popula-tion des attaques terroristes n’est-elle pas en contra-diction criante avec la politique extérieure guerrière etinterventionniste des gouvernements qui nourrit leterrorisme, avec les plus grandes conséquences pourla population ?

A quel niveau d’hypocrisie faut-il que ce gouver-nement se hisse pour oser répondre à l’aspiration à lapaix et à la sécurité de l’immense majorité de la popu-lation frappée par l’horreur, en prenant comme pre-mières décisions : renforcer l’intervention de l’arméefrançaise en Syrie, la compléter par l’annonce d’uneprolongation de trois mois de l’état d’urgence ? Cesmesures lui permettent d’interdire toutes les manifes-tations, à commencer par celles qui sont appelées parles organisations syndicales pour défendre les reven-dications des travailleurs.

D’ores et déjà, se multiplient les prises de positiond’organisations syndicales et démocratiques refusanttoute atteinte au droit de revendiquer, de faire grève,de manifester contre les atteintes incessantes aux acquisdes salariés.

Comment ce gouvernement peut-il prétendre, dansses propositions de « réforme du Code du travail », pré-server la durée légale du temps de travail, alors qu’ils’agit de pulvériser le Code du travail et de liquider lesCDI ?

Comment ce gouvernement peut-il prétendre fêterles soixante-dix ans de la Sécurité sociale, alors qu’avecla loi Touraine il bouleverse les principes fondateursde la Sécurité sociale, notamment en donnant auxassurances complémentaires privées la même placeque le régime obligatoire ?

Nous rejetons toute prétention à détenir à nousseuls la vérité, ou à proposer des solutions « miracles »qui résoudraient les difficiles problèmes qui se posentdans la situation qui vient de s’ouvrir.

Tournant le dos à toute attitude péremptoire don-nant des « leçons » aux travailleurs et aux dirigeants,nous nous adressons à vous pour construire ensemble,jour après jour, les réponses qui uniront la résistancedes travailleurs et de la population laborieuse de cepays.

Nous sommes, en effet, convaincus que seuls lestravailleurs, se rassemblant dans l’unité la plus large

avec leurs organisations et entraînant toutes les couchesde la population victimes des contre-réformes coor-données par l’Union européenne, sont capables deprotéger la société de la barbarie – qu’il s’agisse du ter-rorisme ou des régressions profondes dans lesquellesles exigences d’exploitation sans limites du capitalplongent toute la société.

Nous sommes convaincus que c’est dans cette direc-tion qu’une issue pourra être ouverte, et non dans celled’un renforcement des institutions antidémocratiquesde la Ve République, renforcement de l’arsenal anti-démocratique approuvé, au nom de l’union nationale,par les députés de gauche comme de droite et d’ex-trême droite, à l’occasion du vote de la prolongationde l’état d’urgence à l’Assemblée nationale.

Dans le débat qui s’est développé tout au long denotre congrès, une volonté s’est affirmée : ne nous lais-sons pas abuser, ne laissons pas couvrir, par le ton-nerre des déclarations vengeresses et guerrières de nosgouvernants, la poursuite de la destruction desconquêtes sociales et démocratiques arrachées par lestravailleurs et le peuple de ce pays en 1936 et en 1945,des conquêtes démocratiques de la Révolution fran-çaise de 1789. Ne laissons pas détruire le socle de cesconquêtes politiques et sociales !

Tel est le sens de la proposition que nous vous sou-mettons. Nous vous proposons de préparer ensembleune conférence de défense des conquêtes de 1936 etde 1945 (à commencer par le droit de grève et de mani-festation) et de toutes les institutions démocratiques,telles que les communes et les départements issus dela Révolution française, la laïcité républicaine. Uneconférence défendant la souveraineté du peuple faceaux exigences du capital financier relayées par l’Unioneuropéenne et les institutions de la Ve République.

Nous vous proposons de débattre ensemble et nousnous engageons à faire de notre journal Informationsouvrières, fidèle à sa tradition de tribune libre de la luttedes classes, l’instrument de préparation d’une telleconférence. En aidant à la résistance, cette conférence,convoquée avant l’été, pourra jouer son rôle dans lasituation d’offensive généralisée qui se dessine, souscouvert d’union nationale.

Le 22 novembre 2015 �

R “Nous vous proposons de préparer ensemble une conférence de défensedes conquêtes de 1936 et 1945”

Lettre aux lecteurs d’Informations ouvrières,aux militants de toutes tendances du mouvement ouvrier

et à tous les citoyens attachés à la défense de la démocratieAdoptée à l’unanimité des délégués au Ve Congrès du POI

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Ve CONGRÈS DU POI6 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 379 Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015

Le congrès a été introduit par deuxrapports faits par des membres dubureau national. L’un a rétabli pourtous les congressistes la chronologiedes faits de l’at-

taque scissionniste, du refusde la discussion et de la démo-cratie, et de l’attaque contreInformations ouvrières et lePOI. Le deuxième rapport a présentéla proposition du bureau natio-nal, d’une conférence nationalepour la défense des conquêtesde 1936 et 1945. Ce Ve Congrès se tenait dans unesituation dramatique, au lende-main des attentats meurtriersdu 13 novembre. Une situation qui permet au gou-vernement, sous couvert desécuriser la population, d’avancer davantagedans les contre-réformes et la liquidation desconquêtes sociales.

Une situation nouvelle marquée par la promul-gation de l’état d’urgence, avec toutes les dispo-sitions contre l’exercice des libertés démocratiqueset des droits syndicaux. « Les orientations du parti doivent être définiespar la discussion entre congressistes sur les pro-positions présentées », a t-il été rappelé par le rap-porteur. Et c’est tout naturellement que, au coursdes deux jours de congrès, la discussion s’estordonnée autour de la proposition de conférencenationale pour la défense des conquêtes de 1936et 1945. Initiative qui « établit pleinement ce qu’estle POI et lui permet de s’implanter dans la classeouvrière ». Une discussion libre, riche, dans laquelle plus

d’une cinquantaine de déléguésont pris la parole pour élaborerensemble les tâches de construc-tion du POI.Les interventions des congressistesont abordé les deux aspects pré-sentés par les rapports.Les délégués des Bouches-du-Rhône ont rapporté comment,malgré l’offensive scissionnistecontre le POI dans le département,s’est manifestée une réelle capa-cité à défendre le cadre du POI :« Nous sommes partis des résultatsobtenus dans la préparation du6 juin, a expliqué une camarade,et nous avons fait appel aux adhé-

rents qui voulaient défendre le POI. Nous avonsainsi, à partir des membres du BD restés fidèlesau POI, construit notre congrès départemental,

par la libre discussion. Dix nouvelles adhésions ontété faites. »Pour l’essentiel, les différentes interventions ontcontribué, par leur richesse, à partir de la situa-tion dans les différents comités, à partir de laplace occupée par les militants au cœur de lalutte de classe, à définir, à préciser ce que doitêtre cette conférence. Uneconférence qui s’adresse à tous,militants, syndicalistes, élus,démocrates, en s’appuyant surle succès de l’assemblée du6 juin avec ses mille partici-pants, et la rencontre du17octobre, avec la création del’association Les Amis d’Infor-mations ouvrières. C’est la raison pour laquelle laplace du journal, hebdomadairedu POI et tribune libre de lalutte des classes, a été au centrede la discussion. Informationsouvrières, à l’origine de la conférence du 6 juin,de son succès, une « boussole permanente », ainsique l’a qualifié un congressiste. Un journal quiapporte tous les éléments pour aider à démon-ter la duplicité du gouvernement et le piège del’unité nationale dans lequel celui-ci entend enfer-mer travailleurs et organisations, au nom d’une« guerre », comme l’a souligné un congressiste.Un journal qui permet d’unifier les différentesinterventions des militants. Plusieurs délégués sont revenus sur l’importancede la place accordée dans les pages du journal àla formidable mobilisation des hospitaliers de

l’AP-HP dans la nuit du 13 novembre, à la résis-tance des médecins contre la loi Touraine quiliquide l’hôpital public. (Vous en lirez quelqueséléments dans ces pages.) De nombreuses interventions ont rendu comptede la résistance et la mobilisation dans plusieurssecteurs, illustrant la volonté des travailleurs de

faire face, arcboutés sur la nécessitéde combattre pour les revendications.Il y a une recherche qui s’exprime. Ladiscussion a dégagé que l’union natio-nale, même si elle n’est pas réaliséepleinement, pèse, malgré la volontéde résistance.C’est ce que rapporte un délégué, par-lant de la grève d’un mois dans uneécole de Haute-Garonne, engagée surles conditions de travail : « 180 enfantset parfois deux agents pour les sur-veiller ! ». La grève arrache les postesnécessaires et aide à la décision d’unegrève générale de tous les services com-

munaux, le 11 décembre prochain. C’est, raconte une camarade, à Paris, le maintiendu rassemblement contre la répression des mili-tants d’EDF accueilli par l’UD CGT à la Bourse dutravail. C’est, à Toulon, ce que relate un cama-rade : la diffusion massive de tracts à l’entrée del’arsenal pour l’arrêt de la restructuration et contreun plan social qui supprime 2 000 emplois à laDCNS, au nom de la productivité. Et c’est, deuxjours plus tard, l’appel lancé par la CGT dans tousles sites pour bloquer la production. Nous pourrions citer également la poursuite desréunions de mobilisation contre la réforme des

La discussion s’est ordonnée autourde la proposition de conférencenationale pour ladéfense des conquêtesde 1936 et 1945

DEUX JOURS DE DÉBATS

Le Ve Congrès du Parti ouvrierindépendant a rassemblé 197 délégués, mandatés par 68 départements, et plusieurs dizaines d’invités,les 21 et 22 novembre 2015.

Un bon congrès ?C’est un congrès formidable,détendu, ouvert, souriant, où cha-cun a pu s’exprimer, déposer sesamendements, qui ont été pris, res-pectés, étudiés. Enfin ! On a tenu une commission, toutle monde n’est pas venu, on a refaitun tour de dépôt d’amendements.Et on a abouti à un texte ouvert,

compréhensible, court, ouvrant sur une proposition de conférencepour la défense des conquêtes de 1936 et 1945. Chaque comité local va s’emparer de cette lettre, va réfléchir surce qu’il veut en faire.Ce que nous voulons faire de notre parti, notre orientation poli-tique, sont restés intacts, malgré les horreurs intervenues la semainedernière. Ce qui ne veut pas dire qu’on est enfermé dans unebulle : on mesure pleinement ce qui est arrivé, mais on n’a pasparlé que de ça.

L’état d’urgence décidé par le gouvernement et prolongé parle Parlement, qu’en penses-tu ?Nous ne sommes pas d’accord avec l’état d’urgence. C’est unalibi. Qui cet état d’urgence va-t-il impressionner ? Sûrement pasles « fous », comme je les appelle. En revanche, on peut être empêché de réunion, de manifestation :tout va être bon pour bloquer la classe ouvrière. Le gouvernementHollande-Valls veut nous faire avaler les pires choses : s’attaquerau Code du travail, à la Sécurité sociale, à l’école. Notre adversaire,c’est la politique de ce gouvernement, ses choix, comme celui debombarder plus encore la Syrie. Il va y avoir des élections régionales, pour des régions plus grandesencore. Imagine : c’est la région, à Bordeaux, qui va gérer les trans-ports scolaires de Corrèze ou de la Creuse. Ca promet ! Quand il y aura de la neige en Corrèze, que les carsne passeront pas, c’est le président de la région, à Bordeaux, quitraitera ça ? C’est du délire.

Claude Billot-Zeller, membre du bureau national

“Etat d’urgence : pas d’accord !”

Une discussion libre,riche, dans laquelleplus d’unecinquantaine de délégués ont pris la parole

Ce compte rendu a été rédigé par la rédactiond’Informationsouvrières, sous sapropre responsabilité.Nous remercions nos correspondants,notamment pour les photos de ce reportage.

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Ve CONGRÈS DU POI 7INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 379 Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015

collèges dans de nombreux établisse-ments. Par exemple, ce que rapporte ledélégué de Haute-Savoie sur les difficul-tés de faire passer cette réforme.Avec l’état d’urgence pèsent des menacessur les droits des travailleurs. Un déléguéa fait part du refus de professeurs des écolesde son département d’ob-tempérer à la tentative d’an-nuler un stage syndical du faitde la situation. « Pourquoi nouspriver d’un droit ? », protesteun enseignant, et tous déci-dent de rester dans le stage. Une camarade indignéerelate la réaction d’unmembre du secrétariatnational de la FSU au mes-sage de la responsable de lafédération soutenant l’étatd’urgence : « L’état d’urgence,c’est la fin de l’état de droit. » Cette recherche de la résistance se heurteà de nombreux obstacles, comme l’ontfait remarquer de plusieurs délégués,conscients qu’une addition partielle desluttes ne règle pas les problèmes pourfaire reculer le gouvernement. La remiseen cause des acquis s’exprime dans tousles secteurs, et la Conférence nationaletrouve tout son sens. C’est le sentimentgénéral des congressistes.Un délégué rapporte la mobilisation desemployés de Generali, Europ Assistanceet de la Caisse nationale de prévoyance

contre un allongement de leur journéede travail. Une pétition syndicale recueilleun millier de signatures. Le camaradeconclut : « Des collègues ont pris en chargecette pétition et je pense qu’il y aura uneoreille attentive à notre conférence sur lesconquêtes de 1936 et 1945. »

Une déléguée de Seine-et-Marne, syndicalistedans le commerce,explique comment « laloi Macron fait sentir sespremiers effets », avecl’annonce de « bonifica-tions dégressives » pourle travail le dimanche auBHV : plus on travaillede dimanches, moins ona de bonifications, ledimanche tend ainsi àdevenir un jour de tra-

vail banal. Elle fait mention aussi de l’ex-tension aux postiers du travail le dimancheet, à terme, à de nombreux servicespublics. Un délégué de l’Hérault raconte com-ment les agriculteurs de son départementsont allés soutenir les trois mille ouvriersdes abattoirs en grève. Il ajoute : « Il fautaller vers cette convergence et s’inscrire dansla conférence pour défendre les acquis de1945. Les agriculteurs en profitent encore. »« Informations ouvrières peut aider à rap-procher ouvriers et paysans. C’est un mêmecombat contre tous ceux qui nous exploi-

tent », fait écho un délégué viticulteur deCharente-Maritime.Même sentiment exprimé par un autredélégué, élu de l’Hérault : « La loi NOTRes’applique à une cadence infernale. Lesélus en bas sont dépassés. Les aider, c’est lecadre de la conférence qui doit être ouverteà ces élus qui voient un monde qui s’ef-fondre » et doit permettre « le lien entreles élus, le mouvement démocratique et lemouvement ouvrier ». Un camarade insiste pour dire que « laconférence n’est pas une pseudo-centrali-sation des luttes, c’est une conférence poli-tique qui vise à poser les questionspolitiques qui sont communes aux tra-vailleurs dans tous les secteurs, dans unesituation difficile, complexe et contradic-toire. » Le congrès a réaffirmé la place d’Infor-mations ouvrières, son caractère de tri-bune libre, qu’il faut encore renforcercomme aide au débat entre militants quiveulent réfléchir pour agir ensemble. Dece congrès doivent sortir des militants quisont prêts, chacun, à discuter avec desdizaines de militants autour d’eux, dési-reux de combattre la destruction desconquêtes ouvrières.Plusieurs délégués ont fait état des pre-miers résultats de recrutement au POI.Ils ont indiqué qu’avec les réunions decompte rendu du Ve Congrès, de nou-veaux recrutements sont possibles etnécessaires. Marie STAGLIANO �

Didier Gadéa, membre du bureaunational, viticulteur

“Chez les paysans, ça explosera de nouveau”

Alors, ce congrès ?Avec ce qui s’est passé cet été, la scission du POI, on pouvait avoirdes craintes sur la réussite du caractère « ouvert » de ce congrès.Et puis, il y a eu les attentats...En fin de compte, des dizaines invités sont venus, les déléguésde quasiment tous les départements où nous sommes présentsétaient là. De manière générale, la parole a été très libre, il y a eude bons échanges. Donc, je suis plutôt content et satisfait, mêmesi, comme cela été dit, j’ai conscience qu’il s’agit d’un congrès detransition. Il va falloir maintenant travailler sur la préparation dela conférence de défense des acquis de 1936 et de 1945, et aussisur le prochain congrès.

Après les manifestations des paysans qui ont eu lieu cetété, les choses sont-elles rentrées dans l’ordre ?Non, le problème n’est pas réglé. Ça explosera de nouveau. Main-tenant, il faut être conscient que la classe paysanne est très iso-lée, parce que, déjà, on est de moins en moins nombreux. Noussommes aussi isolés sur nos exploitations, les assemblées géné-rales sont très difficiles, ça n’existe pas chez nous. Mais, cet été,on l’a vu, la FNSEA n’a pas réussi à tenir les choses, comme elleen avait l’habitude. Elle a certes fini par récupérer le mouvement,mais elle a eu beaucoup de mal à le faire. Et la nouvelle poli-tique agricole commune (PAC) va se mettre en place avec dessanctions sur des règles que les agriculteurs ignorent encore ! Amon avis, on va se retrouver dans une situation explosive. Le président de la FNSEA vient d’adresser un message, où il déclareson soutien total au gouvernement, en particulier pour la pro-longation de trois mois de l’état d’urgence. C’est, à ma connais-sance, le seul syndicat agricole qui ait pris cette position !

La conférence pour la défense des conquêtes de 1936 et1945, comment la vois-tu ?Dans le congrès, nous nous sommes réunis avec quelques pay-sans et ouvriers agricoles. On est tombé d’accord pour s’inscriredans la préparation de cette conférence. Une contribution va êtrefaite, parce que les conquêtes de 1936 et 1945, c’est la classeouvrière qui les a arrachées au patronat, mais au compte de toutela population, y compris pour les paysans, dont les ouvriers sontsouvent issus. Aujourd’hui, la Mutualité sociale agricole (MSA),qui est la Sécurité sociale des agriculteurs, est financée à hauteurde 84 % par le régime général, dans l’esprit de la coopération, del’entente entre ouvriers et paysans. Ça, c’est très important. �

La place du journal,hebdomadaire du POIet tribune libre de la lutte des classes,a été au centre de la discussion

Pascal Miralles, syndicaliste à l’usine Carbone-Savoie, à Vénissieux

“Ce gouvernement ne reconnaît que les droits des patrons”

“Q uand nous avons apprisque le principal action-naire, Rio Tinto, un géant

minier, avait décidé de mettre en ventenotre entreprise à Vénissieux, nousavons décidé d’organiser une montéemassive à Paris. Rio Tinto intervient régulièrement auprèsde Macron pour qu’il obtienne deBruxelles l’autorisation de lui fournir del’électricité à un tarif préférentiel pourfaire fonctionner son aluminerie de Dun-kerque. Il encaisse par ailleurs les fondsdu CICE et bénéficie du crédit d’impôt-recherche, pour six millions d’euros l’an-née dernière. Le gouvernement doit

pouvoir intervenir et contrer cette déci-sion. Nous apprenons que nous serons reçusau ministère de l’Economie, le lundi 16 no -vembre.

COUP DE TÉLÉPHONE DU PRÉFETMais, dans la nuit du 13 au 14 novembre,à 2 heures du matin, on reçoit un coupde téléphone de la préfecture de Parisqui nous informe que notre montée estinterdite, car l’état d’urgence a été décidé. La délégation CGT, FO, CFDT et CGC estmaintenue. Quand nous sommes reçus,nous expliquons : Rio Tinto ferme l’usineavec l’argent public, l’argent de nos

impôts, vous avez la possibilité de fairepression et d’empêcher la fermeture. Onnous répond que le CICE et le crédit d’im-pôt-recherche sont des droits pour l’en-treprise et qu’on ne peut exiger aucunecontrepartie… ! Ce gouvernement qui ne reconnaît queles droits des patrons aurait-il peur queles ouvriers dont on liquide les usinesmontent à Paris ? Il a pris prétexte del’état d’urgence pour empêcher notremanifestation devant le ministère. Mais,si la montée n’a pas eu lieu cette fois,nous allons nous donner les moyens del’organiser de nouveau et de mettre enplace le rapport de force nécessaire. »�

“J e vous apporte le salutfraternel de la LibrePensée, organisation

laïque, antimilitariste, antidog-matique et sociale, association

philosophique et d’éducation populaire (…). La Libre Penséeest, depuis ses origines, adossée au mouvement ouvrier, enparticulier lors de ses épisodes révolutionnaires (…). Par ailleurs, je souligne que le POI, depuis sa création, a étéprésent dans chacun de nos congrès nationaux au titre des orga-nisations amies. Vous le savez, puisque votre parti s’y est associé, puisque Infor-mations ouvrières en rend compte de manière détaillée semaineaprès semaine, nous préparons pour le 5 décembre une mani-festation nationale à l’occasion du 110e anniversaire de la loifondamentale du 9 décembre 1905, la loi de séparation desEglises et de l’Etat (…). Avec la défense de la loi de 1905, nous appelons à manifes-ter pour l’abrogation de la loi scélérate du 31 décembre 1959,votée contre l’école de la République, la loi Debré, mère de toute

la litanie de lois antilaïques qui se sont succédé au cours de la VeRépublique. C’est l’instauration du contrat d’association de la loi Debré quipermet, depuis cinquante-six ans, de détourner vers l’école pri-vée, à 97 % confessionnelle, près de 10 milliards d’euros paran. Dix milliards enlevés à l’école publique, mise à mal parailleurs par de terribles contre-réformes, les dernières en date,mais non les moindres, étant la réforme dite des rythmes sco-laires et la terrible réforme des collèges, sans compter les atteintescontre l’Université et la laïcité dans l’Université, contenues dansla mise en place des communautés d’universités et d’établis-sements (COMUE), associant public et privé. Nous ont rejoint dans ce combat pour la manifestation, outrele POI, la Confédération générale du travail-Force ouvrière, laFédération de l’éducation, de la recherche et de la culture(FERC) CGT, la Ligue de l’enseignement, la Fédération natio-nale des délégués départementaux de l’Education nationale(DDEN), la Ligue des droits de l’homme, dont nous avonscontresigné l’appel contre l’état d’urgence, l’Union rationaliste,le PRG (…). » �

Jean-Sébastien Pierre, président de la Libre Pensée(extraits)

“Je vous apporte le salut fraternel de la Libre Pensée…”

Message du Parti de gauche« Chers camarades, Le secrétariat national (SEN) du Parti de gauche adresse unsalut fraternel à l’ensemble des délégués du congrès du POIréunis ce week-end à Paris et leur souhaite de bons travaux, Fraternellement, Sarah Legrain, secrétaire nationale aux relations unitaires et extérieures »

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Ve CONGRÈS DU POI8 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 379 Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015

Astrid Petit, syndicaliste à AP-HP

“Le personnel a afflué, avant mêmele déclenchement du plan blanc”Avant même le déclenchementofficiel du « plan blanc », leshospitaliers avaient déjà affluédans leurs services, rejoints parde nombreux médecins libé-raux ; 250 personnels supplé-mentaires à la Pitié, 150 à

Saint-Antoine, 120 à l’Hôpital européen Georges-Pompidou(HEGP)…A tel point que, à Saint-Antoine, hôpital le plus proche duBataclan, il n’a été nécessaire de rappeler aucun chirurgien,aucun anesthésiste, aucun infirmier.L’ampleur de cette mobilisation spontanée a concerné tousles agents, soignants et administratifs.Saint-Antoine a reçu cette nuit-là près de 70 blessés, 25 opé-rations ont eu lieu en quelques heures. Les neuf salles d’opé-ration ont fonctionné en continu. Aucune des ambulancesn’a été orientée sur Tenon. Ce qui fait dire à une syndicalistede Saint-Antoine que le « plan blanc », qui consiste à mobi-liser tous les services disponibles, n’a pas vraiment existé.

LES PERSONNELS ONT FAIT PREUVE D’UN PROFESSIONNALISME INCROYABLE ET D’UN IMPRESSIONNANT ESPRIT DE RESPONSABILITÉVoilà ce que me rapporte le secrétaire du syndicat CGT del’HEGP, « C’est une situation d’autogestion qui s’est mise enplace. Les collègues se sont présentés d’eux-mêmes et sesont appelés entre eux. La direction n’a eu besoin de procé-der à aucun rappel. Ça a roulé tout seul. Les personnels ontfait preuve d’un professionnalisme incroyable et d’un impres-sionnant esprit de responsabilité. Les services administratifsétaient aussi sur le pont. On a reçu une soixantaine de bles-sés. Quatre ou cinq salles ont fonctionné toute la nuit et lelendemain.»

DEPUIS LE SAMU JUSQU’AUX INFIRMIERS, C’EST L’ACTION DES SOIGNANTS QUI A PERMIS DE SAUVER DES VIES QUI TENAIENT PARFOIS À UN FIL Les agents de l’AP-HP, le monde de la santé, en ont pleine-ment conscience. Le gouvernement aussi. C’est la raison pour

laquelle autant de remerciements et de félicitations sont par-venus aux équipes soignantes. Marisol Touraine n’hésitantpas à parler de « héros ». Les soignants, les agents administratifs hospitaliers, ne sontpas des héros, ils ont juste assuré de façon exemplaire lacharge pour laquelle ils travaillent tous les jours, à savoir soi-gner nos concitoyens. Comme le dit un médecin de la Pitié-Salpêtrière après cette longue nuit : « L’hôpital, c’est l’essencedu service public. On le porte bien. »

Après la prise en charge aiguë du week-end, les victimesnécessitaient pour beaucoup une hospitalisation de plusieursjours. Mais les directions d’hôpitaux n’avaient pas prévu derenforcer les équipes de ces services. Ainsi, à Saint-Antoine, il aura fallu que la CGT menace la direc-tion de convoquer une conférence de presse pour dénoncercette insuffisance de moyens pour que celle-ci renforce leseffectifs.

LE TEMPS DES ÉLOGES AURA FAIT LONG FEUDès le mardi 17 novembre, au lendemain même de la lettrede Marisol Touraine aux équipes de l’AP-HP, le Sénat adop-tait le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2016,qui contient comme mesure emblématique la promulgationde trois jours de carence en cas d’arrêt maladie pour les agentsde la fonction publique hospitalière. Une belle reconnais-sance pour les « héros » !De son côté, la ministre de la Santé n’entend pas ralentir letrain des réformes, et notamment la loi santé, contre laquellel’ensemble des professionnels est mobilisé. Les agents de l’AP-HP ne peuvent pas plus attendre de remer-ciements de la part du directeur général, avec son projet deréorganisation du temps de travail, qui remet en cause leursrepos. Il souhaite valider à la fin de novembre le protocolesigné avec la CFDT. Ce mépris, les conditions de travail déplorables, alors que lesagents donnent le meilleur d’eux-mêmes, et les réformes quis’appliquent impitoyablement dans un moment où le payspanse ses plaies, ne passent pas.

Les décisions du Ve Congrès

� Le Ve Congrès du Parti ouvrier indépendant s’est tenu à Paris les21 et 22 novembre 2015 : 253 présents – délégués, observateurs,membres du bureau national sortant –, dont des invités non POI,militants de toutes tendances du mouvement ouvrier, élus, syndi-calistes, Amis d’Informations ouvrières…

� Le congrès a adopté (à l’unanimité, moins une abstention) la lettreaux lecteurs d’Informations ouvrières, aux militants de toutes ten-dances du mouvement ouvrier et à tous les citoyens attachés à ladéfense de la démocratie (voir page 5).Cette lettre revient sur la situation politique et ouvre la perspectived’une conférence nationale de défense des conquêtes de 1936 et1945… Celle-ci aura lieu avant l’été 2016.

� Soixante-quatre participants au congrès ont pris la parole : les délé-gués, Les Amis d’Informations ouvrières, le président de la Libre Pen-sée, un camarade de retour de Madrid, qui a expliqué le combat quise mène pour la défense des trois cents syndicalistes d’Espagne. Vingt-cinq participants (élus, fonctionnaires territoriaux…) se sontréunis deux fois sur la question de la défense des communes, ducombat pour l’abrogation de la loi NOTRe. Le combat dans cettedirection va se poursuivre avec les comités départementaux et locaux.Réunion également des agriculteurs pour organiser dans tout le POI,avec Informations ouvrières, la discussion avec les agriculteurs quirefusent de voir disparaître leurs petites exploitations.

� Le rapport d’activité national et son complément ont été adoptésà l’unanimité, ainsi que le rapport de trésorerie. Sur proposition dela commission de contrôle financier, le quitus au trésorier nationala été adopté à l’unanimité.

� Un nouveau bureau national, la commission de contrôle, la com-mission de contrôle financier ont également été élus à l’unanimité.Le bureau national a décidé unanimement de ne pas réélire de secré-taires nationaux. Quant au secrétariat permanent élu par le bureaunational, son rôle sera de mettre en œuvre les décisions du bureaunational et d’assurer l’échange entre les comités départementaux.Le trésorier a été réélu.

� Concernant les publications internes du parti, le congrès a man-daté le bureau national pour mettre en place, d’un côté, une lettreinterne au bureau national et, de l’autre, une lettre à tous les comi-tés départementaux pour faire connaître les initiatives prises dansles différents départements.

� L’engagement a été pris à l’unanimité d’amplifier la campagned’abonnements à Informations ouvrières et la souscription finan-cière.Le bureau national se réunira le samedi 9 janvier au siège du parti.C’est au chant de L’Internationale que s’est conclu le congrès.

Jean-Charles MARQUISET, membre du bureau national �

Tu as présenté un rapport au congrès surl’offensive dont le POI a été l’objet. Quellea été la discussion sur ce point ?Il faut tout de suite dire que cette offensivevisant le POI et son journal a échoué. On voitbien que le nombre de congressistes est trèsimportant, de même que le nombre de dépar-tements représentés. Le contenu des inter-ventions très positif. Malgré toutes cesattaques, le parti est toujours debout, Infor-mations ouvrières aussi. On regagne des adhé-sions, des lecteurs.D’ailleurs, le débat ne s’est pas du tout foca-lisé sur ces attaques, bien que, naturellement,quelques camarades aient fait part des diffi-cultés qu’ils ont rencontrées ces derniers mois,mais qu’ils ont pu surmonter, en prenantappui sur le succès de l’assemblée-débat du6 juin dernier, où mille militants et élus

s’étaient rassemblés à Paris à l’invitation d’In-formations ouvrières.On a tourné la page de l’offensive qui nousvisait, pour en écrire une autre, dans unedémarche de renouveau dans la constructiondu POI, un parti ancré dans les entreprises,dans la lutte de classe, avec des militantsouvriers, des militants associatifs, pour contri-buer à stopper la politique du gouvernement.La proposition d’organiser une conférencepour la défense des conquêtes de 1936 et1945 a été reprise dans de nombreuses inter-ventions. Elle va permettre une mise en mou-vement des militants. Cette démarche d’ouverture est prometteuse,elle augure de grandes choses. Cette ouver-ture, elle s’incarne aussi dans la présence, àce congrès de membres du comité de liai-son des Amis d’Informations ouvrières. �

Dominique Canut, membre du bureau national

“On a tourné la page”

PO

I � Je souhaite prendre contact avec le Parti ouvrier indépendant

� Je souhaite adhérer

Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bulletin à retourner à : Parti ouvrier indépendant 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris

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Ve CONGRÈS DU POI 9INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 379 Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2015

C hers camarades, j’in-terviens en tant qu’amid’Informations ou -vrières. Je suis syndica-

liste FO en Haute-Loire. Commevous tous, je suis en colère : j’en-tends le président de la Répu-blique, le Premier ministre, fairedes appels à l’unité nationale, à lasécurité et, dans le même temps,comme militant syndical et insti-tuteur, je vois les dégâts de cetteréforme dite des rythmes sco-laires. Cette réforme appauvrit lesconnaissances données auxenfants dès leur plus jeune âge.Cette réforme éclate l’enseigne-ment, il n’est plus le même natio-nalement. Ce sont les maires, les associations,ceux qui ont été rejetés de l’écolede la République, qui y remettentles pieds. Même chose pour laréforme du collège ! Et tout celavous ne croyez pas que ça déses-père la jeunesse ? Vous pensez quecet obscurantisme qu’on luiimpose ne la désespérerait pas.Quand leurs parents vont êtreconfrontés à cette réforme duCode du travail ! Où entreprise parentreprise, les droits devront s’éta-blir contre les droits nationaux !Contre les droits nationauxconquis par leurs aînés, contre lesconventions collectives. Vouscroyez que cela ne désespère pasla population ? Les milliers delicenciements à Air France, les cen-taines annoncés hier à la SNCM.On nous fait des appels à l’union

nationale, dans une situation oùil faudrait abandonner nos reven-dications. J’ai entendu ce matin unsyndicaliste des douanes répondreà un journaliste : « Il est annoncé1 000 postes de plus, il y en a en réa-lité 500 ! Parce qu’on en avait sup-primé 500. Depuis le traité deMaastricht, c’est-à-dire depuis 1993,ce sont 5000 postes de douaniers quiont été supprimés. » Cette discus-sion-là, elle est partout. Elle traversetoutes les organisations syndicales. Dans une instance, qui s’est tenuerécemment, de ma confédération,un camarade résume à mon sensl’état d’esprit qui nous occupe :l’effroi devant cette barbarie, etpourtant la vie continue, la vie syn-dicale continue, nos revendica-tions demeurent.Dans une autre réunion, les délé-gués des services publics qui disent :on nous tire le chapeau maintenant,tant mieux ! Mais il faudrait quandmême arrêter toutes les contre-réformes dont on nous accabledepuis des années ! Cela traverse lesconfédérations ouvrières, FO, maisaussi la CGT. Mes camarades, avecInformations ouvrières, nous pou-vons faire un pas en avant, non paspour donner des consignes, car lespressions vont être immenses pournous faire renoncer ! Mais il y a uneferme volonté de résister, de cher-cher une voie, et je suis sûr que notrecongrès et Informations ouvrièrespourront être un point d’appui pouraider la classe ouvrière à trouverune issue. �

J e suis retraité de la SNCF et mili-tant de toujours de la CGT. Je suisinvité ici en tant qu’ami d’Infor-mations ouvrières. J’aimerais

d’abord dire ma satisfaction de la posi-tion de mon organisation syndicalecontre l’union nationale qui a lieu actuel-lement.Le 6 juin, j’ai participé, comme un millierd’autres militants, à l’assemblée-débat orga-nisée par le POI et le journal Informationsouvrières. Pourquoi ai-je accepté cette invi-tation ? Militant de tou-jours de la CGT, etpolitiquement « à gauchede la gauche », comme ilse dit habituellement, jecroyais que la politiquedu gouvernement socia-liste, que j’ai contribué àélire sans illusion aucune,serait « moins pire » quecelle de Sarkozy. Mais lafaçon dont ce gouverne-ment a traité avec méprisla lutte des salariés, l’utilisation de l’article49-3 de la Constitution au Parlement, pourfaire passer la première loi Macron, laréforme sur les collèges, au soir même d’unejournée de grève et de manifestations ultra-majoritaires, la loi NOTRe, la loi Touraine,etc. (…).Je suis sorti de cette assemblée du 6 juinréconforté qu’un millier de militants syn-dicaux et politiques comme moi prennentun week-end de leur temps pour essayerd’organiser une riposte à toutes les attaquesdu gouvernement et du Medef. Mais, d’unautre côté, quand même, je trouvais que,dans toutes les interventions, il y avait sur-tout des constats. Oui, tous les acquis de laclasse ouvrière étaient remis en cause ; oui,

les partis politiques traditionnels n’appor-taient pas de réponse au besoin des tra-vailleurs ; oui, les dirigeants syndicauxétaient trop timorés. Mais les salariés eux-mêmes n’avaient-ils pas une part de res-ponsabilité ?J’étais sorti de cette assemblée avec dessentiments un peu mitigés. Est-ce une poi-gnée de militants du POI qui peut inverserle sens de la lutte ? (…)Pourtant, les salariés se battent : Air France,hôpitaux, enseignants, cheminots, mais

restent dans l’expecta-tive. Voilà pourquoi l’idéed’un journal qui per-mettra aux travailleurs etmilitants de toutes lesorganisations de classeet de tous les courantspolitiques du mouve-ment ouvrier de s’orga-niser et de trouver lesréponses concrètes auxquestions que pose la dif-ficile lutte des classes m’a

paru intéressante, et même primordiale.Ce journal, ça peut très bien être Informa-tions ouvrières ; j’y suis abonné depuis unan et demi, il répond à toutes ces questions.Le 17 octobre, je suis revenu dans cette salle,à l’invitation du journal, et, depuis, je faispartie des Amis d’Informations ouvrières.J’ai conscience que le journal, à lui toutseul, ne résoudra pas tous les problèmesauxquels est confrontée la classe ouvrière.Mais une tribune libre de la lutte des classes,où la question de la grève générale inter-professionnelle n’est pas taboue, ne pourraqu’aider à l’émancipation. Bien sûr, ce n’estpas le journal tout seul qui décidera, maisla classe ouvrière elle-même (…).

Les Amis d’Informations ouvrièresau Ve Congrès

CAMPAGNE DE SOUSCRIPTION À INFORMATIONS OUVRIÈRES

84 129,99 euroscentralisés au 23 novembre 2015Ain : 926,88 €Aisne : 490,00 €Allier : 108,00 €Alpes-de-Haute-Provence : 840,00 €Hautes-Alpes : 80,00 €Alpes-Maritimes : 445,00 €Ardèche : 433,00 €Ariège : 210,00 €Aube : 150,00 €Aude : 680,00 €Bouches-du-Rhône : 1 962,00 €Calvados : 200,00 €Cantal : 10,00 €Charente : 150,00 €Charente-Maritime : 1 006,30 €Cher : 64,00 €Corrèze : 260,00 €Corse : 120,00 €Côte-d’Or : 210,00 €Côtes-d’Armor : 185,00 €Creuse : 200,00 €Dordogne : 312,00 €Doubs : 1 146,00 €Drôme : 280,00 €Eure : 450 €Finistère : 42,00 €Gard : 245,40 €Haute-Garonne : 428,50 €Gers : 55,00 €Gironde : 2 266,00 €Hérault : 459,50 €Ille-et-Vilaine : 200,00 €Indre-et-Loire : 407,75 €Isère : 6 358,00 €Jura : 842,00 €Landes : 8,00 €Loire : 1 325,00 €Haute-Loire : 391,00 €Loire-Atlantique : 1 583,00 €Lot : 100,00 €Lot-et-Garonne : 20,00 €Lozère : 150,00 €Maine-et-Loire : 1 588,00 €Manche : 300,00 €Marne : 230,00 €Haute-Marne : 100,00 €Mayenne : 159,50€Meurthe-et-Moselle : 103,00 €Morbihan : 450,00 €Moselle : 30,00 €Nièvre : 70,00 €Nord : 120,00 €Oise : 676,00 €Puy-de-Dôme : 585,00 €Pyrénées-Atlantiques : 735,00 €Pyrénées-Orientales : 750,00 €Bas-Rhin : 232,00 €Rhône : 2 215,00 €Saône-et-Loire : 240,00 €Sarthe : 405,00 €Savoie : 1 429,00 €Haute-Savoie : 334,00 €Paris : 23 706,00 €Seine-Maritime : 872,50 €Seine-et-Marne : 405,00 €Yvelines : 451,81 €Somme : 602,85 €Tarn : 570,00 €Tarn-et-Garonne : 1 000,00 €Var : 375,00 €Vaucluse : 98,50 €Vendée : 120,00 €Vienne : 600,00 €Haute-Vienne : 30,00 €Vosges : 100,00 €Yonne : 10,00 €Belfort : 140,00 €Essonne : 9 162,00 €Hauts-de-Seine : 2 292,00 €Seine-Saint-Denis : 3 017,00 €Val-de-Marne : 858,00 €Val-d’Oise : 2 478,00 €Divers : 690,50 €Nous vous appelons à verser pour la souscription financière pour la nouvelle formule d’IO :

15 mai-15 décembre 2015objectif : 150 000 euros (chèques à l’ordre d’“Informations ouvrières”)

Pascal Samouth, syndicaliste Que penses-tu de ce congrès duPOI, auquel tu étais invité ?Je participe à ce congrès en tant quemembre du comité de liaison desAmis d’Informations ouvrières. Jesuis un secrétaire national de laFERC-Sup CGT. J’ai trouvé l’invita-tion qui m’a été faite intéressante,car les réunions précédentes, cellesdu 17 octobre ou du 6 juin, avaientété extrêmement enrichissantes. Jeme suis donc dit que participer àun congrès du POI devait avoir unintérêt. Et je ne regrette pas d’êtrevenu ! C’est riche, varié, les interventionssont très diverses et j’ai beaucoupapprécié cette diversité, en parti-culier par rapport aux événementstragiques de la semaine dernière,qui a marqué le congrès.

A ce propos, que penses-tu de laprolongation de l’état d’urgence ?Comme militant, je refuse touteunion sacrée, toute union nationale.On sait très bien où cela mène ; il ya un an, on commémorait août 1914.Les socialistes sont coutumiers dufait : je me rappelle aussi 1956, lespouvoirs spéciaux lors de la guerred’Algérie.Cet appel à l’union sacrée, cet étatd’urgence, c’est un peu l’équivalentdu Patriot Act américain, c’est unetentative liberticide, contre la démo-cratie, contre les revendications destravailleurs. Je prends l’exemple d’Air France, oùil va y avoir le procès des six cama-rades, à Bobigny, le 2 décembre. Et

le gouvernement proclame l’étatd’urgence, interdit les manifesta-tions… Moi je veux bien l’état d’urgence,mais alors, que le gouvernementarrête tout ! Qu’il arrête le pacte deresponsabilité et toutes les contre-réformes qui continuent à êtrevotées ! Mais, visiblement, ce n’estpas cas !Ce que je trouve extraordinaire, c’estque Hollande dise que le pacte desécurité passe avant le pacte de sta-bilité, alors que, depuis des années,on nous disait que rien n’était pos-sible, parce qu’il n’y a plus de sous !Et là, tout d’un coup, on en trouvepour recruter des flics.On vit une situation dangereuse,parce qu’en plus il y a cette droite« extrême-droitisée » qui multiplieles amalgames. Je pense que, en tant que militants,aussi bien syndicaux que politiques,on va avoir une lourde responsabi-lité, des défis considérables dans lessemaines, voire les jours à venir.

Et la conférence pour la défensedes acquis de 1936 et de 1945 ?C’est une bonne initiative. On voitbien qu’un puzzle se met en placepour remettre en question tous lesacquis, toutes les conquêtes dumouvement ouvrier. D’ailleurs, jetrouve le supplément d’Informa-tions ouvrières sur les acquis de 1945passionnant. Il y a un gros travail d’ex-plication à faire pour les plus jeunesgénérations. C’est un travail militantet pédagogique indispensable. �

Alain Barbier, syndicaliste

Laurent Baibarac, syndicaliste(extraits)

J ’ai 27 ans. Je fais un BTS en alternance, enmécanique, dans la Somme. Depuis le mois deseptembre, j’ai participé à différentes réu-nions, je me suis abonné à Informations

ouvrières et j’ai rejoint l’association Les Amis d’Infor-mations ouvrières. Et les camarades de la Sommem’ont invité à participer à leur congrès national.Je me pose des questions depuis plusieurs années, carla situation des ouvriers se dégrade, avec une volontédu patronat d’écraser la classe ouvrière. J’ai rencontréles militants du POI à un moment où j’étais en recherchede militantisme. Cela m’a intéressé que le POI ouvre ladiscussion aux invités. Le POI et Informations ouvrières,je les vois comme un tremplin pour aider à la lutte desclasses, pour communiquer avec d’autres camarades,d’autres ouvriers. Alors, je suis ravi d’être là aujour-d’hui.Ce que je retiens, c’est que, après les attentats, il ne fautpas se laisser enfermer dans un climat de peur et oublierles enjeux de la classe ouvrière. Il faut continuer à semobiliser, à montrer qu’on est là et ne pas entrer dansle jeu du gouvernement.La conférence pour la défense des conquêtes de 1936et 1945, c’est important. Il faut savoir d’où nos droitsviennent, des gens se sont battus pour les avoir et il nefaut pas laisser les remettre en cause. A ce congrès, jeme rends compte de l’utilité d’un parti politique, pouravoir un appui, un allié dans la lutte des classes. Lejournal, aussi, est très important. Un journal, c’estsimple d’accès, ça parle à tout le monde. Alors, je croisque je vais rejoindre le POI… �

“Une tribunelibre de la luttedes classes ne peut qu’aiderà l’émancipation”

“Je pense que je vaisrejoindre le POI”

Florian

Le bureau national du POI avait invité Les Amis d’Informations ouvrières. Nous rendons compte de quelques réactions.