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Trois dentistes SS pendant la Seconde Guerre Mondiale : Pr Hugo Blaschke, Dr
Hermann Pook et Dr Willy Frank.
par
Docteur Xavier Riaud
Après avoir étudié le service dentaire américain pendant la Seconde Guerre mondiale et son
adversaire sur le front, le service dentaire de l’armée allemande, après avoir présenté l’histoire
tragique de trois dentistes victimes du nazisme, la quadrilogie d’articles sur la Seconde Guerre
Mondiale ne pouvait se terminer que par l’histoire de trois dentistes1 SS. Leur ascension dans
les plus hautes sphères du nazisme a été fulgurante. Ils ont été dénués du plus élémentaire
scrupule pour y parvenir et le remord ne les a jamais harcelés. Le comportement du Pr Hugo
Blaschke, dentiste des sommités les plus importantes du régime nazi et dentiste en chef des
dentistes SS, celui du Dr Hermann Pook, dentiste en chef des dentistes SS exerçant dans les
camps de concentration et responsable principal de la récupération de l’or dentaire sur les
corps des déportés tués, et celui du Dr Willy Frank, dentiste en chef à Auschwitz ayant
participé à des sélections vers les chambres à gaz à l’arrivée des trains, posent indéniablement
la question des enjeux de l’éthique médicale sous un régime totalitaire.
En tenant compte des licenciements et des mutations, il n’y a pas eu en Allemagne, plus de
100 dentistes2 diplômés sur 16300 en 1939, qui ont exercé leur art dans les camps de
concentration. Ce chiffre inclut ceux présents dans l’administration des camps de
concentration. La plupart atteignent le grade de SS-Hauptsturmführer3 (Capitaine) et servent
dans plus d’un camp.
« Médecins SS et dentistes SS dans les camps de concentration4 »
Médecins SS Dentistes SS
Auschwitz 42 11
Buchenwald 43 8
Dachau 56 11
Flossenbürg 17 1
Gross-Rosen 8 2
Majdanek-Lublin 7 1
Mauthausen 45 7
Natzweiler 13 1
Neuengamme 16 4
Ravensbrück 20 4
Sachsenhausen 46 5
Stutthof 6 2
Total 319 57
Sur la centaine de dentistes présents dans les camps, à ma connaissance, cinq ont été
condamnés à une peine de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité (ou pour
appartenance à une organisation criminelle, en l’occurrence les services économiques de la SS
dans le cas de Pook): Pr Hugo Blaschke (10 ans), Dr Hermann Pook (10 ans), Dr Willy Frank
(7 ans), Dr Karl-Heinz Tauber (6 ans), Dr Karl Philipp Teodor Schütz5 (plus de 3 mois).
Deux ont été condamnés à mort : le Dr Wilhelm Henkel (exécuté le 28 mai 1947 pour ses
crimes au camp de Mauthausen) et le Dr Walter Sonntag6 (exécuté le 17 septembre 1948 à
Hameln, pour ses exactions au camp de Ravensbrück).
1- Pr Hugo Blaschke7 (14.11.1881- ?)
Il naît le 14 novembre 1881 à Neustadt en Prusse. Il passe avec succès son examen pour être
dentiste aux U.S.A. en 1911. De 1914 à 1918, il participe à la Première Guerre Mondiale en
tant que « médecin de campagne ». Il y reçoit la croix du mérite militaire de 2ème classe avec
épées, la croix du mérite militaire de 1ère classe et la croix d’honneur pour les combattants.
En 1931, il entre à la Nationalsozialistische Deutsche Arbeitpartei, la NSDAP, (Parti ouvrier
allemand national-socialiste) où il prend le numéro 452 082. Le 1er mars 1931, il entre dans la
Sturmabteilung (Section d’assaut), les célèbres SA de Röhm. Le 2 mai 1935, il entre dans la
Schutzstaffel (Section de protection), la SS dirigée par Himmler, en tant que SS-
Sturmbannführer, n° 256 882. Le 1er juillet 1935, il se marie. Le 20 avril 1937, il est promu au
grade de SS-Obersturmbannführer à l’état-major de Himmler. Le 20 avril 1939, il devient SS-
Standartenführer au SS-HA. Le 1er janvier 1941, il entre dans la Waffen-SS au rang de SS-
Standartenführer, Abteilungsleiter im Sanitätsamt8 (Chef de section au service sanitaire). Le
20 avril 1941, il reçoit une promotion au grade de SS-Oberführer dans l’Allgemeine-SS (la SS
générale) à l’état-major du Personalhauptamt (Service général du personnel). Le 30 janvier
1942, il est nommé SS-Oberführer (Waffen-SS) au SS-Sanitätsamt (Service sanitaire de la
SS). Le 25 juin 1943, il est nommé professeur honoraire. Le 1er octobre 1944, il est promu
Brigadeführer dans l’Allgemeine-SS. Le 9 novembre 1944, il reçoit le grade de Generalmajor
de la Waffen-SS auprès du médecin du Reich SS et de la Police.
Blaschke est l’organisateur et le responsable de tout le service dentaire de la SS et de la
Police, et le dentiste personnel de Hitler9, de Himmler, de Goering, d’Eva Braun et d’autres.
C’est une des prothèses dentaires réalisées par lui qui servira d’élément d’identification du
corps carbonisé de Hitler. Après la guerre, Blaschke est interné en tant que détenu à
Nuremberg. Il est condamné à 10 ans d’emprisonnement pour crimes de guerre et crimes
contre l’Humanité. Perdus dans les camps soviétiques, ses lieux de séjour ultérieurs
demeurent inconnus.
Traduction : Le SS-Oberführer Blaschke10 a le mérite d’avoir créé en 10 ans de travail, à partir de rien, un suivi
dentaire remarquable des commandos SS, surtout de la Waffen-SS, et ceci, envers et contre toutes les
oppositions qui ont suivi la situation d’affrontement, encore aujourd’hui inexpliquée, concernant la formation et
le statut des dentistes et dentistes non diplômés.
Entre-temps, en reconnaissance de ses compétences médicales personnelles, le Führer a nommé Blaschke,
professeur.
J’appuie de toutes mes forces, sa promotion au rang de chef de Brigade de la SS générale.
SS-Obergruppenführer et Général de la Waffen-SS
Traduction :
Poste de commando, le 20 septembre 1944
Je nomme le
SS-Oberführer Dr Hugo-Johannes Blaschke
SS n° 258 882
à compter du 1er octobre 1944
au grade de
Général de Brigade SS
signé : H. Himmler11
Répertorié par le tribunal de Nuremberg sous le n°2035
Référence nazie : SS Wirtschafts-Verwaltungshauptampt (SS-WVHA)
Référence d’envoi: Chef A/Fr/B.
Tgb.Nr.892/42geh. (secret)
SECRET
Objet : Or dentaire
Adressé au Reichsführer SS
Berlin12
Reichsführer !
L’or dentaire en morceaux provenant des prisonniers morts dans les camps de concentration est, conformément à
votre ordre, livré au Service Sanitaire. Ce service l’utilise pour les soins dentaires de nos hommes.
Le SS-Oberführer Blaschke13 dispose déjà d’un stock supérieur à 50 kgs : ceci représente les besoins
prévisionnels en métal précieux pour les 5 prochaines années.
Je considère qu’il n’est pas admissible d’accumuler davantage d’or à cette fin, aussi bien pour des raisons de
sécurité, que pour la mise à profit de ce bien.
Je demande confirmation de l’autorisation de livrer désormais l’or dentaire en morceaux résultant des pertes
normales des camps de concentration, à la Reichsbank, contre reçu.
Heil Hitler !
I.V.
Commandant de Brigade SS
et Général de Brigade SS
Frank
2- Dr Hermann Pook14 (1901-1983)
Il naît le 1er mai 1901, de père dentiste. Il obtient son baccalauréat en 1921 à Berlin. Il fait ses
études pour devenir dentiste, à Berlin15, de 1922 à 1925, ce qui est le cas en mai 1925. Le 1er
octobre 1925, il travaille à son cabinet dentaire à Berlin-Lichterfelde pour la première fois. Il
obtient son doctorat en 1927. En juin 1927, il se marie. Le 1er mai 1933, il entre à la NSDAP,
n° 2 645 140. En juin, il entre dans la SS. Le 30 octobre 1934, il prend le grade de SS-
Unterscharführer. Le 30 janvier 1936, il est promu au rang de Scharführer. Le 26 avril 1934, il
devient Oberscharführer et Hauptscharführer, le 9 novembre 1936. Il reçoit le grade de SS-
Untersturmführer, le 9 novembre 1937. Le 15 août 1938, il est muté dans l’équipe sanitaire du
Sicherheitsdienst (Service des renseignements généraux et de la sécurité du Reich), le SD
alors sous l’autorité de Heydrich, le bras droit de Himmler. Le 30 janvier 1941, il est muté au
service sanitaire de la Waffen-SS. Il reçoit le grade de SS-Hauptsturmführer, le 1er juin 1941.
Le 1er juillet 1941, il est nommé Sturmbannführer au service sanitaire de la SS. Le 15 avril
1942, il est muté au commandement de la garnison SS de Berlin. Le 20 avril 1942, il devient
SS-Obersturmbannführer. Le 1er février 1943, il est muté à la division SS Panzer-Grenadier.
Le 3 septembre 1943, il arrive au SS-WVHA, le SS-Wirtschafts und Verwaltungshauptamt
(Services économiques de la SS), dans l’Amtsgruppe DIII (le groupe de bureaux DIII).
Après la guerre, lors du procès du SS-WVHA, Pook16 est condamné à 10 ans de prison pour
crimes contre l’Humanité, crimes de guerre et appartenance à une organisation criminelle. Il
fera seulement 5 ans et 9 mois. Il travaille dans un cabinet dentaire et vit jusqu’à sa mort dans
le nord de l’Allemagne, en 1983.
Le 20 janvier 1947, devant le Tribunal militaire International de Nuremberg, Hermann Pook
déclare sous serment lors du procès des dirigeants du SS-WVHA. Son propos est froid et
laconique. Il ne se reconnaît pas de responsabilités. Il n’a aucun remord.
Déclaration sous serment
« Moi, Dr Hermann Pook17, averti et rendu attentif au fait que mes déclarations volontaires
peuvent à tout moment être employées par la cour de justice militaire, contre moi ou d’autres
accusés, jure et déclare que :
Je m’appelle Hermann, Friedrich Pook. Je suis né le 1er mai 1901, à Berlin. J’ai fait ma
scolarité au Real Gymnasium de Berlin Lichterfelde et j’ai obtenu mon baccalauréat à
Pâques de 1921. De 1921 à 1925, j’ai fait des études dentaires à l’université de Berlin et j’ai
passé mon examen d’Etat en 1925. En 1927, j’ai passé mon doctorat à Berlin. De 1925 au 1er
octobre 1940, j’étais dentiste indépendant dans mon propre cabinet à Berlin-Lichterfelde.
Je suis devenu membre du NSDAP, le 1er mai 1933. Je suis entré dans la SS générale en
mars/avril 1934, plus précisément à la 7ème compagnie de cavalerie. Mon dernier grade était
Untersturmführer.
Je fus appelé le 1er octobre 1940, dans la Waffen-SS, mon dernier grade était
Obersturmbannführer. Je n’appartenais pas aux SS-Totenkopf18 (bataillons têtes de mort).
Après ma convocation dans la Waffen-SS, par le commandement militaire de district, j’ai pris
part à un stage pour médecins à Hambourg dans le bataillon de remplacement « Germania ».
Le 1er décembre 1940, je revins à Berlin et je travaillai jusqu’en avril 1942, dans le service
sanitaire à Berlin, dans la section dentaire (j’étais chargé des dossiers du personnel). A
partir d’avril 1942 jusqu’à février 1943 environ, le service sanitaire berlinois de la Waffen-
SS me confia le soin de mettre en place et de diriger l’institut dentaire de la Waffen-SS à
Charlottenburg. Le 1er février 1943, je fus envoyé vers une unité de campagne, la division
« Hohenstaufen ». Pendant la période de déploiement, j’y fus dentiste jusqu’en août 1943,
date à laquelle je rentrai à Berlin. Puis, je fus nommé dentiste au service général de
l’administration économique (WVHA). Tous les médecins et dentistes dépendaient du service
III du groupe de services D et j’appartenais, en ce qui concerne mon unité, à ce service, et ce,
jusqu’à la fin. Mon activité principale était de soigner les membres de la SS et leurs proches,
les autres membres de la SS habitant à Oranienburg ainsi que les employés civils. Je
travaillais à la station dentaire d’Oranienburg. De plus, je devais transmettre le courrier
adressé par le service sanitaire aux différents camps, ainsi que le courrier envoyé par les
différents camps au service sanitaire. Je devais aussi examiner les demandes provenant des
différents camps et les transmettre au service sanitaire. Le service sanitaire, nommé plus tard
« service pour les affaires sanitaires de la Waffen-SS », dépendait du groupe de services D,
service principal de direction et était dirigé par le Gruppenführer Genzken. Les demandes
qui m’arrivaient en provenance des différents camps de concentration étaient des listes
mensuelles de matériel et de médicaments, établies par les dentistes dans les camps pour
couvrir les besoins dentaires.
Après leur transmission par moi, elles étaient traitées par le service sanitaire, service 14 à
Berlin19 et transmises ensuite au dépôt sanitaire central pour la livraison. Le fichier de ces
demandes se trouvait au service sanitaire et c’est seulement les derniers temps que les
dossiers furent transmis directement par moi au bureau du médecin du Reich, sans passer
par le service sanitaire, pour accélérer les livraisons.
Le chef du service DIII était le Standartenführer Lolling. J’étais en quelque sorte conseiller
dentaire. (...) De plus, 4 secrétaires faisaient partie de notre service, tous les 4 étaient des
Oberscharführer. Chaque camp de concentration avait un dentiste et ces dentistes
m’envoyaient régulièrement des rapports mensuels concernant les travaux effectués, rapports
que je transmettais au service sanitaire. Plus tard, sur ordre du Standartenführer Lolling, ces
rapports furent regroupés en un rapport unique sur les travaux réalisés dans les camps, puis
transmis au service sanitaire et ensuite, au médecin du Reich. J’avais pour tâche d’établir
une statistique des travaux effectués, le rapport étant écrit par Lolling. Les rapports de ces
dentistes, comme d’ailleurs tout le courrier, étaient d’abord présentés à Lolling qui m’en
transmettait une partie pour être traitée. Chaque année, un rapport médical était rédigé au
service DIII, dans lequel la pratique dentaire n’était pas oubliée. Ce rapport était lui aussi
rédigé par Lolling. Il le tapait lui-même à la machine et ne le donna jamais à un secrétaire.
De décembre 1943 à mai 1945, j’étais le responsable spécialisé pour les dentistes des camps.
En dehors des camps de concentration, une série de camps de travail et de camps extérieurs
dépendait du groupe de services D, c'est-à-dire que dans chaque entreprise industrielle qui
employait des détenus des camps de concentration, se trouvaient des camps plus petits
appartenant à un camp plus important, désigné sous le nom de camp extérieur. Ces camps de
travail et ces camps extérieurs étaient pris en charge dans le domaine dentaire par le dentiste
du camp concerné auquel ces camps appartenaient. Les dentistes des camps extérieurs
étaient subordonnés au dentiste du camp de concentration concerné et c’était en partie des
détenus qui y travaillaient, dentistes ou non (Etre dentiste dans un camp permettait aux
détenus bénéficiaires du poste de mieux manger, d’être mieux vêtu et d’être mieux logé que
les autres. Aussi, des prisonniers qui n’étaient pas dentistes de métier ont-ils souvent accepté
cette fonction pour sortir de la précarité où leur détention les avait placés.) , etc… Dans le
groupe de services D, ne se trouvaient que 17 à 18 dentistes qui travaillaient en tant que tels
dans les camps de concentration. Les demandes que je recevais chaque mois en provenance
des dentistes des camps de concentration incluaient aussi les demandes des camps de travail
et des camps extérieurs. Ces demandes faites par le dentiste détenu allaient au dentiste du
camp et étaient rassemblées par celui-ci en une liste unique, qu’il répartissait ensuite de
façon conforme à celle-ci. Je ne pouvais donc pas voir à la simple lecture de ces demandes,
s’il s’agissait de demandes pour un camp ou pour un camp extérieur. Seul le dentiste du
camp de concentration était parfaitement informé à ce sujet. (…)
En ce qui concerne les camps de concentration20, j’ai entendu au cours de conversations, à
mon époque, qu’une courbe des taux de mortalité était réalisée, donc une liste dans laquelle
les chiffres étaient reportés de façon à former une courbe. Déjà avant, à la moitié de l’année
1944, j’avais entendu quelque part au cours de conversations que des milliers et des
centaines de milliers de gens étaient tués dans les camps de concentration, mais pour moi, ce
n’étaient que des rumeurs auxquelles je ne pouvais croire.
En ce qui concerne les différents envois d’or provenant de nombreux camps de concentration,
je sais qu’on prélevait de l’or dentaire sur les détenus morts, or qui était sous forme de
dentiers, de plaquettes en or et de dents. Cet or n’est pas allé au DIII et je ne sais pas s’il n’a
pas été directement envoyé par l’administration à Berlin. Il était du ressort des dentistes des
camps de concentration de surveiller ce prélèvement des dents en or, des bridges et des
plombages, et ceci doit avoir eu lieu sur ordre du service sanitaire. L’affaire était déjà en
cours lorsque j’arrivai au groupe de services D et il y avait chaque mois, une note
concernant le poids en grammes de ces envois d’or. Lolling recevait ces notes. Je ne sais pas
à combien s’élevaient ces envois, je sais seulement que certains camps n’avaient rien du tout
et que d’autres uniquement que quelques grammes à déclarer. Les situations étaient très
diverses et je ne me souviens plus des différents chiffres. Il ne s’agissait pas de rapports, mais
juste de petites notes des dentistes des camps de concentration qui m’arrivaient et qui étaient
transmises au service sanitaire. Je me souviens aussi avoir vu en 1941 de telles notes au
service sanitaire qui concernaient les masses d’or dentaire prélevées sur les détenus morts.
Le dentiste concerné qui envoyait la note indiquait seulement « transmis au chef de
l’administration » et ces données poursuivaient leur chemin. (…)
Je me souviens également, je ne sais pas si c’était Hinzert, que les notes furent plusieurs fois
envoyées ouvertement, sans respecter le secret de rigueur, sur quoi Lolling21 avait d’ailleurs
écrit au médecin en question pour le lui reprocher. Je connaissais son nom, mais je ne peux
plus m’en souvenir. L’or en question arrivait dans une petite caisse et était enveloppé dans
du papier. Je l’ai reçue déjà ouverte, car tout le courrier était décacheté dans le bureau de
Lolling. Je sais aussi que l’or aurait dû être livré au chef de l’administration par le médecin
de l’hôpital militaire. Je n’étais pas au courant qu’il y avait une directive du service sanitaire
selon laquelle cet or dentaire devait toujours être livré contre reçu, au directeur de
l’administration, donc au chef de l’administration du camp. (…)
J’ai lu la déclaration ci-dessus comprenant 7 pages rédigées en langue allemande et déclare
que c’est l’entière vérité en mon âme et conscience. J’ai eu la possibilité d’y apporter des
modifications et d’en souligner certains aspects. J’ai fait cette déclaration volontairement,
sans aucune promesse de récompense et je n’ai en aucune sorte été soumis à la menace ou à
la contrainte. »
Nuremberg, Allemagne, le 20 janvier 1947.
Signé Dr Hermann Pook
Traduction :SS-WVHA Oranienburg b. Berlin, le 10 août 1944
Groupe de services camps de concentration
EVALUATION
du SS-Oberturmbannführer Dr Hermann Pook22, né le 1.05.1901
Le SS-Obersturmbannführer Dr Hermann Pook, né le 1er mai 1901, remplit la fonction de dentiste directeur
auprès du service DIII. Ses connaissances et ses travaux professionnels sont bons.
Son comportement avec ses supérieurs et ses subordonnés de même qu’en dehors du travail ne donne pas lieu à
la critique. (…)
Il n’a eu aucune condamnation.
Le chef du service DIII
SS-Standartenführer
Dans sa déclaration du 21 février 1947, à Dachau, le Dr Werner Gruenuss23, médecin SS né à
Strasbourg, se souvient du comportement du Dr Pook, à son arrivée au camp de Ohrdruf.
« Je me souviens d’une visite du Dr Pook, le dentiste en chef de tous les camps de
concentration, qui venait de Berlin pour inspecter les installations dentaires au SIII et qui
déclara que les soins étaient effectués ici de manière beaucoup trop humaine, qu’il fallait se
débrouiller sans anesthésie et que les soins dentaires devaient être réalisés sans pitié. De
plus, on ne devait selon lui, effectuer sur ces détenus que les soins absolument indispensables.
La livraison de matériel, qui dépendait du Dr Pook et pour laquelle il était responsable en
tant qu’instance suprême, était déficiente au camp d’Ohrdruf et je ne pouvais recevoir le
matériel qu’avec les plus grandes difficultés de Buchenwald, en passant par les voies
administratives. Le Dr Pook, à qui je transmettais des dossiers minutieux, se moqua de ces
méthodes dignes de la bureaucratie civile et me dit qu’un traitement aussi pointu pour ces
gens-là, était exclu. Tous les efforts que je tentais afin de faire bénéficier les détenus d’une
assistance dentaire furent qualifiés par lui, de ridicules, et il ordonna qu’il ne soit fait que ce
qui relevait de l’extrême urgence, ce qui signifiait qu’il fallait seulement extraire les dents et
ne faire aucun autre soin. Ces extractions devaient être faites sans anesthésie locale.
Beaucoup de ces détenus n’avaient plus de dents et le Dr Pook m’interdit de leur faire des
dentiers. A cause de cet ordre, de nombreux détenus ne pouvaient plus mâcher correctement
leur nourriture, ce qui avait pour conséquence de graves problèmes d’estomac et aux
intestins. Ces maladies se finissaient dans la plupart des cas, par la mort du détenu. »
Werner Gruenuss24 est né le 20 février 1908. Il a le n° 98 403 en tant qu’adhérent de la
NSDAP. Il est médecin au camp d’Ohrdruf. Il est SS-Untersturmführer. En 1945, il exerce à
Buchenwald. Sa femme est également médecin.
Une liste de dentistes qui auraient été particulièrement impliqués dans la récupération de l’or
dentaire à leur profit, a été réalisée par deux anciens détenus rescapés du camp de
Mauthausen. Elle concerne principalement, ceux qui ont exercé un jour à Mauthausen25 ou
ceux qui y ont été en visite des infrastructures du camp. Le Dr Pook apparaît dans les
premières lignes.
26
L’or dentaire récupéré dans les camps était réparti de la façon suivante :
- Une partie était attribuée au SS-WVHA (les services économiques de la SS).
- Une partie servait à la réalisation de prothèses dentaires pour les officiers SS et leurs
familles.
- Une troisième partie était utilisée comme moyen de corruption à tous les échelons de la
hiérarchie SS.
3- Dr Willy Frank27 (09.02.1903- ?)
Il naît à Ratisbonne, le 09.02.1903. En 1916, il entre dans le corps des cadets bavarois de
Munich. En mars 1920, il est volontaire dans le corps franc de Ritter von Epp (régiment de
tirailleurs bavarois 21). En 1922, à 19 ans, il est membre fondateur du groupe de la NSDAP à
Ratisbonne. En 1923, il obtient son baccalauréat. De 1923 à 1931, il fait des études
d’ingénieur mécanicien à l’Ecole Supérieure Technique de Munich28. Il obtient son diplôme
d’ingénieur. De 1932 à 1934, il fait ses études dentaires à Munich. Le 01.05.1933, il adhère à
nouveau au NSDAP. Il prend le numéro 2 942 877. Le formulaire de sa première adhésion à
Ratisbonne a été perdu. En décembre 1934, il passe son examen dentaire d’Etat, à Munich. Il
a, alors, une fonction d’assistant. En février 1935, il entre dans l’unité de pilotes de planeurs
de Ulm. En septembre 1935, il obtient son doctorat.
Le 05.08. 1936, il entre dans la SS avec le numéro 289 643. Le 10.09.1939, il est promu
Untersturmführer. En 1940, il entre dans la Waffen-SS. En octobre 1940, il suit une
instruction dans la SS Germania à Hambourg. Le 30.01.1941, il est muté à la division SS
Wiking. Il participe à la campagne de Russie. Il est aussi promu au grade de Untersturmführer
de la Waffen-SS. Le 25.12.1941, il est muté pour cause de blessure au bataillon de
remplacement sanitaire SS Bad Cannstadt. Le 23.04.1942, il est muté à la station dentaire de
l’hôpital militaire SS de Dachau. Le 28.07.1942, il est muté à l’hôpital militaire SS de Minsk.
Le 10.11.1942, il est muté au SS-WVHA et délégué à la station dentaire SS de Wewelsburg.
Le 30.01.1943, il est promu au grade de Obersturmführer.
Le 28.02.1943, il est muté au camp de Auschwitz. Pour son travail dans ce camp, il est décoré
de la croix du mérite de guerre, 2ème classe avec épées. Le 21.06.1944, il devient
Hauptsturmführer. Le 15.08.1944, il est muté en tant que dentiste en chef au camp de
concentration de Dachau.
Homme de terrain et lassé de ses fonctions précédentes, il rejoint la 3ème Panzer-Division
Totenkopf, le 15.11.1944.
A la fin de la guerre, Frank est fait prisonnier par les Américains. Ils le libèrent en janvier
1947. Jusqu’au 05.10.1964, Frank a son cabinet dentaire à Stuttgart-Bad Cannstadt. Il est
condamné à sept ans de prison, lors du 2ème procès d’Auschwitz tenu à Francfort du
10.12.1963 au 10.08.1965, pour sa participation active dans les sélections des détenus à
l’arrivée des trains à Auschwitz. Ces sélections décidaient des personnes qui rejoignaient le
camp pour travailler ou qui allaient directement aux chambres à gaz. Il purge sa peine en
totalité à la prison de Butzbach. C’est là qu’il renonce à l’exercice de la dentisterie.
Traduction :
SS-WVHA Oranienburg, Berlin, le 13.05.1944
Service DIII
Dentiste en chef
Appréciation
Le SS-Obersturmführer Dr Willi Frank29, né le 9.02.1903, travaille depuis 1940 dans
différentes stations dentaires. Depuis le 21.02.1943, il est chef de la station dentaire de l’état-
major de la place au camp de concentration de Auschwitz et a acquis de nombreux mérites à
ce poste grâce à son énergie et son talent d’organisation.
En l’espace d’un an, il a su, avec peu de moyens, mettre sur pied plusieurs stations dentaires
filiales et assurer parfaitement le suivi dentaire au camp de concentration de Auschwitz.
Son domaine d’activité s’étend aujourd’hui à 21 lieux prodiguant des soins dentaires.
Ses capacités professionnelles sont irréprochables et il a su s’adapter aux méthodes de soins
modernes.
Pour des raisons professionnelles, une promotion au grade de SS-Hauptsturmführer est
instamment souhaitée, d’autant plus que Frank a déjà participé en 1923, à la marche à la
Feldherrnhalle30 en tant que vieux combattant.
SS-Obersturmführer et dentiste en chef
Le détenu Langbein31, témoin à décharge au procès de Francfort, se rappelle : « La vie ne
comptait pas. Tuer un homme était une bagatelle, cela ne valait même pas la peine d’en
parler. La plénitude de la puissance d’un SS est impossible à décrire. Ce n’est que sur cette
base que l’on peut expliquer ce qui s’est passé à Auschwitz. Il y en avait beaucoup qui n’était
pas du tout des nationalistes fanatiques ou antisémites. Le Dr médecin Vetter par exemple,
était un homme aux manières remarquables, même avec nous, les détenus. De même, les Drs
Schatz et Frank ne faisaient jamais rien de mal aux détenus. Mais, ils n’ont eu apparemment
aucun scrupule, dans l’atmosphère d’Auschwitz, à envoyer des gens se faire gazer. »
Frank était dentiste en chef à Auschwitz, alors que Schatz n’était que 2ème dentiste. Schatz
(1905- ?) est acquitté au 2ème procès d’Auschwitz à Francfort.
Roman Szuskiewicz32, n°25 122 à Auschwitz, dentiste polonais, se souvient avoir eu la vie
sauvée par les Drs Tauber et Frank. Il n’a autrement rien à reprocher à leur comportement.
« Kaduk30 avait aussi nié sa participation aux fusillades au «mur noir»; selon lui, c’étaient
des membres de la Gestapo du camp qui fusillaient. Les autres accusés Boger, Frank et
Broad seraient allés au «mur noir» avec des armes.»
Frank a succédé au poste de 1er dentiste d’Auschwitz après le départ de Tauber. Tauber
(1907-1961) est condamné à 6 ans d’emprisonnement pour crimes de guerre et crimes contre
l’Humanité. Il est reconnu coupable de participation active à la sélection des convois arrivant
au camp d’Auschwitz pour les chambres à gaz.
Enoncé du jugement du 2ème procès d’Auschwitz tenu à Francfort du 10.12.1963 au
10.08.1965, contre le Dr Frank34 :
« L’accusé Dr Frank est reconnu coupable d’avoir aidé à un meurtre de masse dans au
moins 6 cas pour 1 000…
L’accusé Dr Frank est condamné à 7 ans de prison. »
Justification du jugement prononcé contre le Dr Frank :
Conclusion :
Bien que condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité, deux de ces trois
dentistes sont morts dans leur lit.
Les dentistes SS qui ont exercé dans les camps, ont répondu aux obligations idéologiques et
militaires imposées par la SS de Himmler. Ils ont renié toute éthique médicale. Sous un
régime totalitaire, celle-ci s’arrête en effet, là où l’idéologie commence (antisémitisme,
eugénisme, etc…). A partir de cet instant, un praticien était considéré comme totalement libre
de ses actes. Ces hommes ont oublié le principe essentiel de dévotion et d’abnégation à leurs
malades que leur impose leur métier de professionnel de santé. Ils se sont laissés corrompre
par l’univers concentrationnaire et même si beaucoup ont été acquittés, peu nombreux sont
ceux qui peuvent se targuer réellement de n’avoir aucune exaction à se reprocher. Les
Américains considéraient que pour garder mille à deux mille soldats de la Werhmacht32, il ne
fallait que trois à quatre gardiens. Par contre, pour garder des SS qu’ils qualifiaient de
« rattlesnakes » (serpent à sonnettes), il fallait un garde par prisonnier. Les SS étaient des
soldats d’élite qui méritaient une surveillance de tous les instants. Leur tournure d’esprit
embrigadée dans une idéologie délétère pouvait les rendre particulièrement cruels, dénués de
tous scrupules au point de rabaisser l’être humain, et notamment les prisonniers des camps de
concentration, au rang d’animal, pire de jouet que l’on remplace à volonté quand celui-ci est
cassé. Les dentistes SS n’ont pas échappé à cette règle.
Afin que personne n’oublie…
Notes
1- Riaud Xavier, Les dentistes allemands sous le IIIème Reich, L’Harmattan (éd.), Collection
Allemagne d’hier et d’aujourd’hui, Paris, 2005, p. 127-141; 153-160.
Sur les 100 dentistes SS ayant exercé dans les camps de concentration, j’ai retrouvé les parcours militaires et
politiques de 60 d’entre eux à travers des témoignages, des documents ou des archives de procès.
A l’époque, il existe en Allemagne, de nombreux conflits d’intérêts entre les chirurgiens-dentistes diplômés qui
réclame une reconnaissance et une légitimité, et les dentistes qui cherchent à obtenir le même statut que leurs
collègues diplômés. Un chirurgien-dentiste diplômé a suivi un enseignement universitaire sanctionné par des
examens. Un dentiste n’a pas fait d’études en université. Il a juste suivi une formation dans une école appropriée.
2- Riaud Xavier, La pratique dentaire dans les camps du IIIème Reich, L’Harmattan (éd.),
Collection Allemagne d’hier et d’aujourd’hui, Paris, 2002, p. 54.
3- Liste des grades répertoriés dans la SS (MacLean French, The Camp men: the SS Officers
who ran the Nazi concentration system, Shiffer Military History, Atglen, 1999, p. 297.)
Reichsführer SS Maréchal de la SS
SS-Oberstgruppenführer Général
SS-Obergruppenführer Lieutenant-Général
SS-Gruppenführer Major-Général
SS-Brigadeführer Général de Brigade
SS-Oberführer Colonel en chef
SS-Standartenführer Colonel
SS-Obersturmbannführer Lieutenant Colonel
SS-Sturmbannführer Major
SS-Hauptsturmführer Capitaine
SS-Obersturmführer 1er Lieutenant
SS-Untersturmführer 2nd Lieutenant
SS-Sturmscharführer Sergent-Major
SS-Hauptscharführer Sergent-Chef
SS-Oberscharführer Sergent 1ère classe
SS-Scharführer Sergent d’état-major
SS-Unterscharführer Sergent
SS-Rottenführer Caporal
SS-Sturmann Caporal suppléant
SS-Oberschütze Soldat de 1ère classe
SS-Schütze simple soldat
4- MacLean French, 1999, p. 277.
Ces chiffres concernent seulement 12 camps et ne prennent en compte que les officiers.
5- Information fournie par le directeur du Musée de Lublin-Majdanek (Pologne, 2003 et 2005) où ce dentiste a
exercé de novembre 1941 à novembre 1942, puis de décembre 1942 à juillet 1943. M. le directeur n’a pas pu me
donner d’information plus précise.
6- Gartiser Pierre, manuscrit inédit daté de 1998, communication personnelle, 2005.
Pierre Gartiser est Français. Il a été déporté au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen où il a été infirmier au
revier (infirmerie).
7- Bundesarchiv Berlin, Berlin, Allemagne, 2004, © Bundesarchiv Berlin, photo prise le 11
avril 1932.
8- Schulz Wilhelm, Zur Organisation und Durchführung der zahnmedizinischen Versorgung
durch die Waffen-SS in den Konzentrationslagern während der Zeit des Nationalsozialismus,
Bonn, 1989, Dissertation, p.82.
9- Hitler avait de très mauvaises dents et une mauvaise haleine. Avant la guerre, il a demandé à Blaschke
d’immobiliser ses dents avec un bridge une bonne fois pour toute. Il souhaitait que ce bridge soit en place pour
de nombreuses années. Blaschke réalise dès lors un bridge métallique massif assez inhabituel et facile à
reconnaître (Stephenson David, Discovering the truth, the whole tooth about Hitler’s death, in
Daily Express, Londres, 29 juin 2003, pp. 54-55.).
Le 30 avril 1945, Hitler se suicide. Son corps est brûlé. Ses restes sont placés dans un cratère de bombe dans le
jardin de la Chancellerie, au milieu d’autres corps, près d’un hôpital.
Le corps du Führer n’est retrouvé que le 3 mai 1945, par des agents du Smersh, organisme de renseignements de
l’Armée Rouge. Le 8 mai, il est emmené dans un hôpital de la banlieue berlinoise pour y être autopsié. Le 9 mai,
les prothèses dentaires trouvées sur le cadavre sont reconnues par l’assistante du dentiste personnel de Hitler et
par le mécanicien dentaire qui les avait confectionnées. « Le Führer portait des bridges à la mâchoire
supérieure et à celle inférieure, et une couronne d’un genre particulier peu réalisée par un chirurgien-dentiste
contemporain. » L’assistante est arrêtée et meurt incarcérée. Le mécanicien dentaire est resté emprisonné 9 ans à
Moscou (Lamendin Henri, Anecdodontes, Aventis (éd.), 2002, p. 60-61.).
Eva Braun a été identifiée de la même manière.
Les dents d’Adolf Hitler exposées dans un musée ukrainien
(Peu de renseignements nous sont fournis par cette photo, si ce
n’est une atteinte parodontale avec perte de support osseux sur
le bloc dentaire de gauche, pouvant expliquer la « mauvaise
haleine » du personnage. Sur le bloc de droite, on aperçoit une
couronne dentaire sur une 1ère prémolaire inférieure n°44.)
10- Schulz Wilhelm, 1989, p. 83.
Blaschke a été nommé professeur honoraire. Il n’a pas enseigné.
11- Schulz Wilhelm, 1989, p. 83.
12- Staatsarchiv Nürnberg, Nürnberg, Allemagne, 1999.
Himmler, le directeur de la SS, décrète la récupération de l’or dentaire dans la bouche des déportés, le 23
septembre 1940. Elle devient systématique le 23 décembre 1942. L’or dentaire récupéré est utilisé notamment
pour faire les prothèses dentaires des officiers SS et de leurs familles. Les soldats n’ont droit qu’aux soins, pas à
la prothèse. Dans le document présent, le calcul suivant s’impose :
50 000 g / 2 g d’or par couronne à l’époque = 25 000 dents environ.
13- Staatsarchiv Nürnberg, Nürnberg, Allemagne, 1999.
14- Gedenkstätte Oranienburg-Sachsenhausen, Oranienburg, Allemagne, 2003, ©
Gedenkstätte Oranienburg-Sachsenhausen.
15- Schulz Wilhelm, 1989, p. 85.
16- Riaud Xavier, 2002, p. 56 (ibid note n°2).
17- Centre de Documentation Juive Contemporaine, Paris, 2003, doc. CXXXII-48 du
20.01.1947, p. 1-7.
Déclaration sous serment faite au Tribunal militaire de Nuremberg, lors du procès de l’organisation SS-
Wirtschafts und Verwaltungshauptamt (Services économiques de la SS) chargée notamment de la gestion de tout
ce qui concerne les camps de concentration. Hermann Pook en est un des principaux accusés.
18- SS-Totenkopfverbände (Unités tête de mort SS) : Les SS appartenant à cette unité sont chargés de la
surveillance des camps de concentration à partir de 1934, après le démantèlement de la SA de Röhm lors de la
nuit des longs couteaux du 30 juin 1934.
19- C.D.J.C., 2003, doc. CXXXII-48 du 20.01.1947, p. 1-7.
20- C.D.J.C., 2003, doc. CXXXII-48 du 20.01.1947, p. 1-7.
21- C.D.J.C., 2003, doc. CXXXII-48 du 20.01.1947, p. 1-7.
22- Schulz Wilhelm, 1989, p. 86.
23- CDJC, 2003, doc. CXXXIII-92, 21.02.1947, p. 4-5.
24- Mac Lean French, 1999, p. 90.
25- ISD-Sachdokumenten-Ordner Mauthausen 6 seite 43, 1999, © Internationaler Suchdienst,
Bad Arolsen, Allemagne, 1999.
26- ISD-Sachdokumenten-Ordner Mauthausen 6 seite 43, 1999, © Internationaler Suchdienst.
27- Cette photo est issue du 2ème procès d’Auschwitz, tenu à Francfort du 10/12/1963 au 10/08/1965. 22 anciens
SS sont inculpés.
28- Schulz Wilhelm, 1989, p. 93-95.
29- Schulz Wilhelm, 1989, p. 96.
Lors de la déportation des Juifs d’Europe de l’Est, les nazis leur demandaient d’emmener avec eux le plus de
biens et de valeurs possibles, car les SS leur laissaient entendre qu’ils se rendaient « dans un monde meilleur »
où ils pourraient vivre en paix et exercer leur art en toute liberté. Arrivés dans les camps d’extermination, ils
étaient gazés, mais leurs valises étaient récupérées par les SS. Certains détenus arrivaient avec des bagages
pesant jusqu’à 50 kg (Picaper Jean-Paul, Sur les traces des trésors nazis, Tallandier (éd.), Paris,
1998, p. 208.). Ainsi, des cabinets dentaires complets ont pu être installés dans des camps annexes
d’Auschwitz, par exemple, avec des fraiseuses électriques provenant de ce butin (Poliakov Léon,
Auschwitz, Julliard (éd.), Collections archives, Paris, 1964.). Une note manuscrite du Dr Willy Frank
au milieu d’une liste de matériel dentaire en date du 23 janvier 1944, atteste qu’il a réussi à mettre en place 13
stations dentaires dans Auschwitz et ses kommandos (Panstwowe Museum Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne, 2003.).
Traduction :
Liste de matériel et d’instruments faite au cabinet dentaire du camp de
concentration d’Auschwitz par le Dr Frank. Il affirme par écrit « que le 23
janvier 1944, il y a 13 stations dentaires » dans le camp d’Auschwitz et de
ses kommandos.
Au-dessus de l’annotation du Dr Frank:
5 paquets de cire (rose)
Petits restes 500 gr de silicate de potassium
Petite quantité 10 paquets de cellulose (rouleaux)
A côté : Excavateur 6
Au-dessous : Pierres à aiguiser,
Scalpel
Sondes
Alcool
Stéthoscope
Au 13 mai 1944, il y a 21 stations odontologiques (voir document précédent page 16).
30- Feldherrnhalle = Portique des Maréchaux. Place de Munich.
Ce lieu constitue un des points culminants de la tentative de prise de pouvoir des nazis en 1923. Beaucoup y sont
morts et c’est après cette marche sanglante que Hitler a été incarcéré.
31- Kirchhoff Wolfgang (Hrsg), Zahnmedizin und Faschismus, Verlag Arbeiterbewegung und
Gesellschaftswissenschaft, Marburg, 1987, p. 91.
Langbein est un détenu rescapé des camps venu témoigner à décharge au 2ème procès d’Auschwitz tenu à
Francfort du 10/12/1963 au 10/08/1965.
32- Panstwowe Muzeum Auschwitz-Birkenau, 2003.
33- Kirchhoff Wolfgang (Hrsg), 1987, p. 91.
34- Kirchhoff Wolfgang (Hrsg), 1987, p. 93-94.
Dans le jugement du Dr Willy Frank, il est fait mention du Dr Franz Lucas. Ce dernier est un médecin SS qui a
officié à Auschwitz. Il se retrouve au banc des accusés au côté de Frank. Il sera condamné à 3 ans et 3 mois pour
crimes de guerre et crimes contre l’Humanité au procès de Francfort. Il a participé à des sélections de convois
vers les chambres à gaz, à leur arrivée à Auschwitz.
35- Yad Vashem, Jerusalem, Israël, 1995.
Témoignage en date du 20/11/1978 du Dr Samuel Glashow, dentiste de l’armée américaine.
Bibliographie :
Bundesarchiv Berlin, Berlin, Allemagne, 2004.
Centre de Documentation Juive Contemporaine, Paris, 2003.
Gartiser Pierre, manuscrit inédit daté de 1998, communication personnelle, 2005.
Gedenkstätte Oranienburg-Sachsenhausen, Oranienburg, Allemagne, 2003.
Internationaler Suchdienst, Bad Arolsen, Allemagne, 1999.
Kirchhoff Wolfgang (Hrsg), Zahnmedizin und Faschismus, Verlag Arbeiterbewegung und
Gesellschaftswissenschaft, Marburg, 1987.
Lamendin Henri, Anecdodontes, Aventis (éd.), 2002.
MacLean French, The Camp men: the SS Officers who ran the Nazi concentration system,
Shiffer Military History, Atglen, 1999.
Panstwowe Muzeum Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne, 2003.
Panstwowe Muzeum Na Majdanku, Lublin, Pologne, 2003 et 2005.
Picaper Jean-Paul, Sur les traces des trésors nazis, Tallandier (éd.), Paris, 1998.
Poliakov Léon, Auschwitz, Julliard (éd.), Collections archives, Paris, 1964.
Riaud Xavier, La pratique dentaire dans les camps du IIIème Reich, L’Harmattan (éd.),
Collection Allemagne d’hier et d’aujourd’hui, Paris, 2002.
Riaud Xavier, Les dentistes allemands sous le IIIème Reich, L’Harmattan (éd.), Collection
Allemagne d’hier et d’aujourd’hui, Paris, 2005.
Schulz Wilhelm, Zur Organisation und Durchführung der zahnmedizinischen Versorgung
durch die Waffen-SS in den Konzentrationslagern während der Zeit des Nationalsozialismus,
Bonn, 1989, Dissertation.
Staatsarchiv Nürnberg, Nürnberg, Allemagne, 1999.
Stephenson David, Discovering the truth, the whole tooth about Hitler’s death, in Daily
Express, Londres, 29 juin 2003, pp. 54-55.
Yad Vashem, Jerusalem, Israël, 1995.
Biographie :
Xavier Riaud, 34 ans, a fait ses études à Nantes. Docteur en Chirurgie Dentaire (1997), Prix
Alpha Oméga (1997) et Lauréat de l’Académie Nationale de Chirurgie Dentaire (1998), il est
également titulaire de trois diplômes universitaires (2000, 2002, 2004) et attaché en clinique à
la Faculté de Chirurgie Dentaire de Nantes. Membre de la Société Française d’Histoire de la
Médecine, de la Lindsay Society for the History of Dentistry (U.K.), de la Société
Internationale d’Histoire de la Médecine et nouvellement de l’American Academy of the
History of Dentistry, il achève actuellement un Doctorat universitaire d’Histoire des Sciences
et Techniques au Centre François Viète de la Faculté des Sciences et Techniques de Nantes. Il
est enfin l’auteur de deux livres sur l’Allemagne nazie (2002, 2005) et a apporté sa
contribution à une œuvre collective (2006) consacrée au « Conflit », tous trois publiés chez
L’Harmattan.
Résumé :
A travers l’histoire de trois dentistes SS, la démonstration est faite que l’éthique médicale
sous un régime totalitaire s’arrête là où commence l’idéologie. Le Pr Hugo Blaschke a été le
dentiste des plus hauts dignitaires nazis, mais aussi le supérieur hiérarchique de l’ensemble
des dentistes SS. Il a organisé les soins dentaires dans la Waffen-SS et à ce titre, a dû
contrôler les stocks d’or dentaire provenant de la bouche des morts dans les camps de
concentration, destinés aux prothèses dentaires de ses soldats. Le Dr Hermann Pook a été le
dentiste en chef de tous ceux en place dans les camps de concentration. Il a eu pour
responsabilité le contrôle et la statistique des soins délivrés aux détenus dans les camps. Ses
consignes ont été strictes : « Pas de soins conservateurs ni restaurateurs pour ceux-ci. Des
extractions seulement et sans anesthésie ! » Il a également eu en charge au sein des services
économiques de la SS, la récupération de l’or dentaire issu des camps. Le Dr Willy Frank,
dentiste à Auschwitz, a participé quant à lui, à des sélections de convois sur la rampe menant
aux chambres à gaz. Son implication dans la récupération de l’or dentaire dans la bouche
des morts a également été démontrée.
Tous trois ont été condamnés à des peines de prison pour crimes de guerre et crimes contre
l’Humanité.
Summary :
The story of three SS dentists shows very well that the medical code of ethics, under a
totalitarian regime, ends where ideology begins. Professor Hugo Blaschke provided dental
care to the most eminent Nazi leaders, but he also was the hierarchical superior of all the SS
dentists. He was in charge of dental care in the Waffen-SS, and therefore, he had to control
the stocks of dental gold collected in the mouths of the dead in the concentration camps, in
order to make dentures for his soldiers. Dr Hermann Pook was the dentist in charge of all the
other dentists in practice in the concentration camps. His job was to control and gather
statistics on the dental cares provided to the prisoners in the camps. His instructions were
very clear: « No preserving treatments nor restoring ones for them. Only extractions, and
with no anaesthesia! » He was also in charge of gathering the gold that was collected in the
camps, for the financial department of the SS. Dr Willy Frank, an Auschwitz dentist,