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Trois questions à Olivier Ihl : "C'est assez surprenant"

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Olivier Ihl, directeur de l’Institut d’études politiques de Grenoble, revient sur les sanctions à l’encontre d’Alain DuhamelLe Dauphiné Libéré, 18 février 2007

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Page 1: Trois questions à Olivier Ihl : "C'est assez surprenant"

PRÉSIDENTIELLE Pour 79 % des Français

“Rien n’est joué”

Échos de campagneF Eric Besson s’exprimeramercredi ou jeudi. “Face auxrumeurs désobligeantes quiviennent de (son) propreparti”, Eric Besson, qui a dé-missionné mercredi de sonposte de secrétaire nationaldu PS à l’économie et la fisca-lité, a indiqué qu’il tiendraitune conférence de presse enmilieu de semaine prochaine.Il veut expliquer “les vrais rai-sons” de son départ. Il a af-firmé qu’il avait pris la déci-sion de s’exprimer “vendredisoir, avec (sa) femme”, uneprécision destinée à s’inscrireen faux contre les échos surdes difficultés conjugales.

F E n s e i g n e m e n t / r e-cherche : “une promesse degros chèque”. Gilles de Ro-bien, ministre de l’Educationnationale, ne voit dans lespro-positions de Ségolène Royalsur l’enseignement supérieuret la recherche formulées ven-dredi à Strasbourg “qu’unepromesse de gros chèque tirésur le compte des Français”.Mme Royal “promet des mil-liards d’euros pour l’ensei-gnement supérieur”. “Je re-grette de la part de quelqu’unqui brigue la magistrature su-prême qu’elle ne nous ait pasdit comment elle compte utili-ser précisément ces finance-ments exceptionnels qu’elleannonce”.

F “Où est la colonne re-cette ? ” La présidente du Me-def, Laurence Parisot, a jugéhier sur RTL qu’il était “trèsbien d’avoir des dépenses”inscrites dans les programmesdes candidats à a présiden-tielle, tout en se demandant“où est la colonne recettes”.“L’un ne va pas sans l’autre.Une économie, c’est une dy-namique”. Pour la présidentede l’organisation patronale,“ le problème c’est la crois-sance ”, et la question qui doitse poser, c’est : “ comment

fait-on pour stimuler la crois-sance dans notre pays et com-ment fait-on notamment pourfaire grossir le marché du tra-vail ? ”.

FQuand François Fillon dé-nonce… Le conseiller poli-tique de Nicolas Sarkozy nemâche pas ses mots dans unentretien à paraître au-jourd’hui dans le “Journal duDimanche”. Interrogé sur “lamontée en puissance” deFrançois Bayrou, il estimequ’“elle est liée à la faiblessede la candidate socialiste”. Etde lancer : “Refuser de choisirentre l’assistanat généraliséprôné par la gauche et la poli-tique de vérité défendue parNicolas Sarkozy est une im-passe politique”. Par ailleurs,sur ce qu’il attend de JacquesChirac dans cette campagne,il indique : “Ce qu’il fera serabien. Je souhaite qu’il sachetrouver les mots qui rassem-bleront toute la famille pourque la fin de son quinquennatpuisse s’inscrire dans une har-moniepartagée”. q

POLITIQUE ET COMMUNICATION Un débat relancé par l’“affaire Duhamel”

Ces vidéos qui viennentbousculer la campagne

Suspension inévitable ou “délit d’opinion” ?’“affaire Duhamel”- pourL utiliser un bien grand mot -

suscite en tout cas beaucoup deréactions. Le président deFrance Télévisions, Patrick deCarolis, a affirmé hier, dansune interview publiée par LeFigaro, qu’“aucune autre déci-sion n’était possible” : “Àl’heure où tout circule sur inter-net, chacun doit se souvenirque le métier de journaliste im-pose dans des périodes sen-sibles des règles strictes et ri-

goureuses”. Du côté despolitiques, les réactions sontévidemment plus nuancées.Ainsi, Dominique Strauss-Kahn a misen garde contre tout“délit d’opinion” : “La sanctionqui frappe Alain Duhamel pourdes propos privés tenus devantses étudiants de SciencesPo estinjuste et hypocrite. Injusteparce que Duhamel est unevoix libre, qui n’a jamais été lethuriféraire de quiconque, etqui n’a jamais ménagé ni la

gauche ni la droite. Hypocrite,quand certains de ses confrèresfont ouvertement campagnesous couvert d’objectivité, etcela en toute impunité”.Le député UDF de Côte-d’Or,

François Sauvadet, co-prési-dent du groupe d’étude sur lapresseà l’Assembléenationale,a, pour sa part, dénoncé la sus-pension d’Alain Duhamel, yvoyant le symptôme du “deuxpoids deux mesures” qui, selonlui, n’est pas nouveau mais

“prend là un tour nouveau,qu[il trouve] injuste et incom-préhensible”. “On a besoin deparoles libres, qui sachent sor-tir des systèmes convenus danslesquels les pouvoirs domi-nants cherchent à enfermer cesparoles”, conclut-il.Au sein même des médias, là

encore il y a nuance. La sociétédes journaliste de RTL a ex-primé son soutien à la suspen-sion des éditoriaux d’Alain Du-hamel au nom du “principe de

neutralité de l’antenne de RTL,particulièrement en cette pé-riode électorale”.Mais Jean-François Kahn, au

nomde la rédactionde l’hebdo-madaire Marianne, a, lui,condamnéunetelledécision ens’exclamant : “Libérez AlainDuhamel ! ”. Et d’ajouter : “Seséditoriaux depuis quelquetemps évoluaient plutôt versune préférence pour NicolasSarkozy. Or nul n’aurait songéà le sanctionner pour cela”. q

Trois questions à Olivier Ihl :“C’est assez surprenant”

livier Ihl, directeur deO l’Institut d’études poli-tiques de Grenoble, revientsur les sanctions à l’encontred’Alain Duhamel

F Que pensez-vous dessanctions à l’encontre dujournaliste politique AlainDuhamel (France 2, RTL),pour avoir dit qu’il allait vo-ter pour François Bayrou ?- C’est une décision assez

surprenante, parce qu’ellesemble indiquer que les jour-nalistes n’ont pas d’opiniondéclarée, ce qui évidemmentest difficile à suivre. En pé-riode électorale, les médiassont particulièrement sou-cieux de donner l’image d’uneneutralité qui hélas n’existepas dans la société. On peutavoir plus ou moins de profes-sionnalisme, d’honnêteté, deretenue, mais de la neutralité,ça c’est assez surprenant.

D’autant qu’il s’agit dequelqu’un qui en est je crois àsa septième ou huitième ob-servation d’élection présiden-tielle. Il est intéressant de sedemander pourquoi, en 2007,cette figureconsacrée dujour-nalisme se trouve de la sortesanctionnée ?

F Justement, pourquoi ?- C’est à rapprocher d’autres

phénomènes, comme le trau-matisme d’une partie impor-tante des médias au lende-m a i n d e l a c a m p a g n eréférendaire sur la Constitu-tion européenne, qui avait vules médias s’engager asseznettement en faveur d’une op-tion proposée et la voir déju-gée par leurs lecteurs, audi-teurs et téléspectateurs. Il y aaussi le débat de ces derniersmois sur la possibilité d’être àla fois présentateur d’un jour-

nal télévisé et compagne d’unhomme politique en activité.C’est un problème assez gé-néral des médias, une sorte decrise de légitimité qui au-jourd’hui atteint une sorte deparoxysme. Cela montre queles rapports entre médias etpolitiques- qui n’ont jamaisété simples- se sont particuliè-rement dégradés.F Est-ce qu’Internet, où l’on

a pu voir la vidéo d’Alain Du-hamel, n’exerce pas une in-fluence grandissante ?- Ça renseigne sur les rap-

ports de forces entre les diffé-rents types de médias. La télé-vision semble être ici à laremorque du réseau internau-tique. C’est un élément quin’est pas sans rappeler lestransformations sociologiquesdu monde des médias ces der-nières années. La désaffectioncroissante des jeunes pour latélévision au profit d’internet,le fait que les grands médiasvoient leur public s’éroder deplus en plus. Bref on est dansun monde qui est en train dese transformer à très grandevitesse, et ce petit incident estsymptomatique.

Propos recueillispar Sébastien DUDONNÉ

“Ce n’était pasun appel à voter pour moi”

e préfère les journalistes“J objectifs dont on connaîtl’opinionàdes journalistesdonton ne connaît pas l’opinionmais qui sont tendancieux etpartisans. ” Le candidat UDFFrançois Bayrou a défenduAlain Duhamelhier, soulignantl’honnêteté du journaliste.“Comme p ro fess i onn e l ,comme interwieveur ou édito-rialiste, Alain Duhamel n’a ja-mais eu la moindre complai-sance, surtout à l’égard de ceuxqu’il aime bien”, a-t-il affirmé.“Je défends l’impartialité de

l’attitude des journalistes quiont une opinion et cependantse comportent de façon hon-nête et objective dans leur tra-vail”, a dit le candidat lors dudiscours de clôture d’un col-loque UDF sur la culture au Sé-nat. Et “j’aurais eu la même at-titude que son choix ait été àdroite, à gauche, au centre”, a-t-il assuré.M. Bayrou a souligné que le

journaliste avait expliqué s’ap-prêter à “voter” pour lui lorsd’une rencontre en novembreavec les étudiants UDF deSciences Po. Il s’agissait d’un“cadre privé” selon lui.Car, certes “cette séance a été

filmée sur Internet et les jeunes

UDF l’ont mise ingénument surleur site”, mais “il s’agissaitd’une réunion sans consé-quence publique. Ce n’étaitpas un appel” à voter Bayrou, aplaidé le candidat.“Si une déclaration aussi

simple peut entraîner la sus-pension de son travail de jour-naliste et d’éditorialiste d’unhomme comme Alain Duha-mel, alors ça pose des ques-tions”, a-t-il estimé. “Si AlainDuhamel (…) au lieu de pro-noncer le nom de François Bay-rou avait prononcé d’autresnoms, je suis persuadé quel’écho eut été moindre”, a-t-ilaccusé. q

lors que l’écart se creuseA entre Nicolas Sarkozy etSégolène Royal (le candidatUMP est donné gagnant ausecond tour à 55 % contre45 % pour la candidate socia-liste), 79 % des Français inter-rogés estiment que “l’électionprésidentielle n’est pas jouée”et que “beaucoup de chosespeuvent se passer d’ici le 22avril” (1). 81 % des sympathi-sants PS sont de cet avis, et71 % de ceux de l’UMP. Alorsque le candidat UMP caracoleen tête, 17 % des sondésconsidèrent que l’élection estjouée en faveur de NicolasSarkozy. 27 % des sympathi-sants UMP partagent cetteopinion, et 11 % de ceux duPS. Seuls 4 % pensent que laprésidentielle est jouée en fa-veur de la candidate socialisteSégolène Royal (8 % des sym-pathisants PS, 1 % de ceux del’UMP).

Chirac et Villepin en hausseRien n’est joué donc… En at-tendant, la cote de popularitéde Jacques Chirac enregistreune hausse de 2 points en unmois, à 43 %, et celle de Domi-nique de Villepin progressede 1 %, à 38 %, dans le baro-mètre Ifop à paraître dans leJournal du Dimanche. 43 %des personnes interrogées sedisentsatisfaites de l’actionduprésident de la République,contre 41 % en janvier.

Le taux de mécontents restenettement majoritaire à 56 %,en baisse toutefois d’un point.1 % (-1) ne se prononcent pas.Le Premier ministre ras-

semble 38 % de satisfaits,contre 37 % le mois dernier.Le taux de mécontents (60 %)est inchangé. 2 % (-1) ne seprononcent pas.-----------------(1) Sondage Ifop réalisé pour

le “Journal du Dimanche”, du15 au 16 février par téléphoneauprès d’un échantillon de963 personnes représentatifde la population françaiseâgée de 18 ans et plus (mé-thode des quotas). Notice dé-taillée disponible à la commis-sion des sondages.(2) Sondage Ifop réalisé du 8

au 16 février par téléphoneauprès d’un échantillon de1.874 personnes représentatifde la population française de18 ans et plus (méthode desquotas). Notice détaillée dis-ponible à la commission des

es vidéos tournées àl’insu de responsablespolitiques ou de jour-nalistes et diffuséesL ensuite sur la toile il-

lustrent lamontéeen puissanced’internet comme instrumentdevigilancecitoyenne,avec lesrisques de dérive que cela peutentraîner.Après Ségolène Royal, qui

avait fait les frais à l’automned’un petit film diffusé sur le siteDailymotion dans lequel elleégratignait certains profes-seurs, c’est donc au tour dujournaliste Alain Duhamel dedevoir rendredescomptespouravoir confié qu’il voterait Fran-çois Bayrou. Ses propos tenusen novembre à Sciences-Po ontété mis en ligne sur Dailymo-tion par les jeunes de l’UDF quiorganisaient la réunion.Privé d’antenne par France

Télévisions, Alain Duhamel,qui a aussi décidé d’un com-mun accord avec RTL de sus-pendre ses éditoriaux sur cetteradio, a reconnu vendredi qu’iln’aurait “pas dû dire cela” de-

vant des étudiants. Mais il s’estdéclaré choqué par le fait que“des propos privés se retrou-vent en public”, assurant qu’ilignorait être soumis à une ca-méra.

“Un effet de chocgigantesque”

Alain Duhamel a dénoncé“l’effet d’internet”, qui est “à lafois émancipateur” et “totali-taire”, parce qu’il y a “un effetde choc gigantesque”. “Je l’aidit. Je le paie. C’est dispropor-tionné”, a-t-il ajouté.L’éditeur Guy Birenbaum, qui

a relayé jeudi sur son blog la vi-déo d ’Ala in Duhamel àSciences-Po, s’est déclaré“scandalisé” par l’attitude deFrance Télévisions. “Je suisétonné de voir comment la ma-chine s’est emballée. Il y aquelque chose qui ne va pas àla télévision publique”, a ainsidéclaré le patron des éditions

Privé, dont le blog “Domained’Extension de la lutte” a am-plifié l’affaire.“Lorsque j’aiposté ma note in-

formative et interrogativesur laposition d’Alain Duhamel, lavidéo avait été vue 243 fois surle site Dailymotion. On estpassé à 68.000 en un peu plusde 24 heures. C’esthallucinant.Je n’ai pas imaginé ça une se-conde”, a-t-il dit. “Internet,c’est le meilleur et le pire”, a-t-il ajouté.“Désormais, il n’y a plus de on

the record et de off the record”,relève Laurent Gervereau, pré-sident de l’Institut des images.“Tout est on. Quelque soit l’en-droit où vous parlez, vos propospeuvent être rendus publics”,insiste-t-il.“Alain Duhamel s’est fait pié-

ger pour ne pas avoir pris encompte que désormais on estperpétuellement sous l’oeil decaméras potentielles”, a estiméM. Gervereau. L’éditorialiste,âgé de 66 ans, a l’habitude descampagnes “à l’ancienne” etparaît un peu “décalé”, pour-

suit-il. “Il y a en quelque sorteune fracture générationnelle”,considère M. Gervereau : “In-ternet est un formidable instru-mentde libertéetdepluralismede l’information mais il peut

aussi servir à toutes les mani-pulations et constituer un dan-ger”, relève M. Gervereau.

Lire également en page 2le billet de Gilles DEBERNARDI

n Mesdames, mesdemoiselles, l’information vapeut-être vous réjouir… Hugh Grant est à nouveau uncœur à prendre ! L’acteur âgé de 46 ans et son amieJemina Khan, 33 ans, héritière de la famille Goldsmith,ont en effet décidé de se séparer “à l’amiable », dit-on.C’est du moins ce qu’a annoncé l’agent du comédien,Robert Garlock. L’acteur, qui est devenu mondialementcélèbre avec les comédies à succès « Quatre mariageset un enterrement » et « Notting Hill », avait eu pourprécédente partenaire le mannequin Elizabeth Hurley.Avis aux prétendantes…

RUPTURE Hugh Grant,un cœur à prendre…

n La question était sur toutes les lèvres hier… A encroire le “Daily Mirror”, le prince Harry, troisième dansl’ordre de succession au trône d’Angleterre, servira enIrak à la fin du mois pour des missions dereconnaissance.Si l’information était avérée - elle a été démentie par leministère de la Défense -, le prince Harry suivrait ainsil’exemple de son oncle, le prince Andrew, qui avait servicomme pilote d’hélicoptère pendant la guerre desMalouines contre l’Argentine en 1982.(Photo AP/Steve DOCK)

ROYAUTÉ Le prince Harryservira-t-il en Irak ?

n De nouveaux déboires pour la star de la musiquepop ! Britney Spears, 25 ans, aurait effectué un brefséjour cette semaine au centre de désintoxication“Crossroads”, à Antigua, une île des Antilles. Cesderniers mois, la jeune femme s’est retrouvée à la Unede la presse magazine pour son divorce toujours encours d’avec le danseur Kevin Federline, père de sesdeux enfants, et pour des photos peu flatteuses où onla voyait siroter un peu trop de cocktails avec sescopines starlettes, dont Nicole Richie, inculpéerécemment pour conduite en état d’ivresse…

DÉPENDANCE Britneyen cure de désintoxication

Pour Gilles de Robien, lespropositions de Ségolène Royalsur l’enseignement supérieurs’apparentent à “une promessede gros chèque tirésur le compte des Français”.AFP / Jack GUEZ

“Pourquoi, en 2007, cette figureconsacrée du journalisme setrouve de la sorte sanctionnée ?”,s’interroge le politologue.Photo archives

Le candidat UDF a défendule journaliste hier.AFP / Stéphane DE SAKUTIN

FRANCE-MONDE

Quand la toile s’invite dans la campagne présidentielle...Le DL / Angélique SUREL

IFG-1

Dimanche 18 février 2007 page 25Le Dauphiné Libéré