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ÉDITION NUMÉRIQUE GRATUITE WEBMAGAZINE #12 HIVER 2018 TROUVER DU TRAVAIL AU QUÉBEC immigrantquebec.com utile TÉMOIGNAGES FICHES PRATIQUES CARNET D’ADRESSES ANALYSES MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS ENTREVUES JONATHAN DE MOSCOVAKI « Embaucher un professionnel étranger : la réalité de l’employeur » SUZANNA DIAZ « Comment bien négocier son salaire quand on est immigrant ? »

TROUVER DU TRAVAIL AU QUÉBEC · 3 Dossier Trouver du travail au Québec Hiver 2018 - N°12 Édition gratuite téléchargeable sur Coordination éditoriale: Delphine Folliet, Basile

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ÉDITION NUMÉRIQUE GRATUITE

WEBMAGAZINE #12 HIVER 2018

TROUVER DU TRAVAIL AU QUÉBEC

immigrantquebec.com

utileTÉMOIGNAGESFICHES PRATIQUESCARNET D’ADRESSES

ANALYSESMARCHÉ DU TRAVAIL :

CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ

DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

ENTREVUES

JONATHAN DE MOSCOVAKI « Embaucher un professionnel étranger :

la réalité de l’employeur »

SUZANNA DIAZ « Comment bien négocier son salaire

quand on est immigrant ? »

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Dossier Trouver du travail au Québec Hiver 2018 - N°12

Édition gratuite téléchargeable sur www.immigrantquebec.com

Coordination éditoriale : Delphine Folliet, Basile Moratille.Rédaction : Fanny Bourel, Wilfried Devillers, Stéphanie Dupuis, Basile Moratille, Marie Pâris, Camille Teste.Graphiste : Janou Fleury.Marketing : Eva Milko.Ventes et partenariats : Julie Bourgeois. Assistante aux ventes : Pamela Soto.Équipe d’Immigrant Québec : Delphine Folliet, directrice générale. Eva Milko, responsable marketing. Julie Bourgeois, directrice ventes et partenariats. Virginie Deroubaix, coordinatrice de projets. Basile Moratille, responsable des contenus éditoriaux. Pamela Soto, assistante aux ventes.Images : Shutterstock

Contact : [email protected]

Tout le monde à son poste !Le dynamisme du marché de l’emploi au Québec est une chance pour la province, les entreprises et bien sûr pour les salariés. Ces derniers, en plus d’accéder à un large bassin d’offres peuvent même se trouver en position privilégiée dans certains secteurs particulièrement en demande et où la main-d’œuvre est rare.

Mais pour être propice à tous les acteurs économiques de la province, le marché de l’emploi ne va pas moins présenter quelques particularité. Comme partout, l’emploi au Québec n’est pas exempt de règles, dont l’assimilation est essentielle sous peine de voir les portes des entreprises rester closes, même dans un secteur en pénurie.

Comprendre le fonctionnement du marché est une première étape déterminante. Elle revient à se poser des questions en apparence anodines, mais qui ne le sont jamais : ma profession existe-t-elle au Québec dans la forme que je lui connais dans mon pays d’origine ? Sa pratique est-elle réglementée ? Où et comment dois-je organiser et mener mes recherches ? Qui peut m’aider dans mes démarches ?

Ensuite, le volet opérationnel de la recherche d’un emploi va couvrir une double réalité pour le candidat : la sienne, naturellement, mais aussi celle de l’employeur. Certaines normes sont connues et établies, comme celles qui régissent le CV québécois, l’importance de se constituer un réseau ou encore celle de la première expérience de travail au Québec. Mais trouver un travail n’est pas qu’affaire de soi. Convaincre un recruteur que l’on a les compétences et l’expérience nécessaire pour le poste est une chose ; le convaincre que l’on est en mesure de travailler selon ses valeurs et de s’intégrer au sein de ses équipes en est une autre.

Être bien informé et bien préparé constitue une étape fondamentale. Vous n’êtes pas au Québec par hasard et, bien outillés, vous parviendrez à vos fins !

Delphine FOLLIETDirectrice générale, Immigrant Québec

ÉDITO

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  ARTICLES DE FOND / ANALYSES• Marché du travail : Ce qu’il faut savoir pour bien définir son projet ......................6

• Les nouveaux arrivants à la conquête du marché du travail québécois ....................... 14

  ENTREVUES D’EXPERTS • Jonathan De Moscovaki Embaucher un professionnel étranger : la réalité de l’employeur ............................. 12

• Suzanna Diaz Comment bien négocier son salaire quand on est immigrant ? ........................... 20

   TÉMOIGNAGES • Anis Faire le pari des régions ....................8

• Yahia Au plus près du terrain...................10

• Ysimer Bien connaître le marché de l’emploi dans sa région d’installation ... 16

• Ivan Le bénévolat m’a ouvert l’accès au marché du travail .................. 18

• Felipe Du Brésil au Québec .................. 24

   ENCADRÉS• L’outil IMT en ligne, le meilleur allié

des chercheurs d’emploi ............................... 8

• Calculer son salaire net : impôt.net ............. 8

• Le mentorat pour favoriser son intégration professionnelle ...............11

• Réussir sa première expérience québécoise ..................................................17

• Discrimination à l’embauche : quel état des lieux ? ................................23

  FICHES PRATIQUES• Le « marché caché » de l’emploi :

mythe ou réalité ? ....................................22

• Le processus de recrutement : à quoi s’attendre ? ...................................23

• Trouver un emploi à distance : les bons gestes .......................................24

• Comment approcher un employeur convoité ? ................................................25

• Les agences de placement : comment ça marche ? ................................26

  CARNET D’ADRESSES• Où trouver les offres d’emplois ? ............. 27• Les outils à consulter ................................ 27• Des ressources utiles ................................ 27• Où obtenir de l’aide ? ..............................27• Des programmes à découvrir ...................27

• S’informer sur la reconnaissance des compétences ....................................27

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SOMMAIRE

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MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

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AUTEURFanny Bourel

MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

Avant même de se lancer dans la rédaction et dans l’envoi à tout-va de son CV, bien cerner son projet de recherche d’emploi est incontournable. Et, pour y

parvenir, il est essentiel de comprendre les particularités du marché de l’emploi québécois.

Première caractéristique de ce marché : son faible taux de chômage (5,6 % en août 2018 selon Statistique Canada). Depuis quelques mois, les médias n’hésitent plus à parler de pénurie et relaient les histoires de restaurants et d’entreprises à l’existence menacée par le manque de personnel.

« C’est un marché favorable aux chercheurs d’emploi », résume Valérie Roy, directrice générale de l’Alliance des centres-conseils en emploi (AXTRA). « De nombreux postes sont à combler en raison du vieillissement de la population conjugué à la baisse de la natalité. » Au premier trimestre 2018, les

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MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

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chiffres de Statistique Canada montrent une hausse de 37 % du nombre de postes vacants au Québec, comparé à l’année précédente.

LES IMMIGRANTS DAVANTAGE TOUCHÉS PAR LE CHÔMAGE

Cependant, ce contexte propice ne signifie pas que tous les nouveaux arrivants trouveront rapidement un emploi dans leur domaine. « Cela peut prendre 3 à 6 mois », avertit Corinne Cauveau, qui est notamment respon-sable du volet intégration au marché du travail au sein de l’organisme d’aide aux nouveaux arrivants ALPA.

« Le taux de chômage des immigrants reste supérieur à celui des natifs », ajoute-t-elle. En effet, même s’il a bien baissé au cours des dernières années, le taux de chômage des immigrants arrivés depuis 5 ans ou moins demeure plus élevé que la moyenne. En août dernier, il atteignait 13,2 % au Québec, d’après Statistique Canada.

De plus, la pénurie de travailleurs ne frappe pas tous les secteurs. La liste des professions en déficit de main d’œuvre, publiée par la Commission des partenaires du marché du tra-vail, met surtout en exergue le manque d’ingé-nieurs, de techniciens, d’infirmières, d’ouvriers agricoles ou encore de mécaniciens, de pro-grammeurs et de professionnels du domaine des services financiers et de l’assurance.

Attention également à la cinquantaines (54 exactement) de professions dont l’accès est régi par les 46 ordres professionnels. Malgré la pénurie, les règles permettant d’exercer en tant qu’ingénieur, médecin, architecte, géologue, comptable ou encore infirmière demeurent strictes.

SE FAIRE GUIDER

Si le Québec a besoin de main-d’œuvre, il peut y avoir un décalage entre le marché de l’emploi et des immigrants qui arrivent dans un univers en apparence familier et pourtant parfois très éloigné de celui qu’ils ont connu dans leur pays d’origine. « Il faut vraiment s’informer sur la réalité de son métier au Québec », met en avant Corinne Cauveau. « Les titres de postes

L’outil IMT, le meilleur allié des chercheurs d’emploi

Derrière ces trois lettres signifiant Information sur le Marché du Travail, se cache un outil en ligne indispen-sable à toute recherche d’emploi. Offert par Emploi-Québec, il permet de trouver les entreprises en activité dans une région donnée, de dénicher un programme de formation, mais surtout de s’informer sur les secteurs d’activité en croissance ainsi que sur les métiers et les professions.

Concrètement, l’IMT permet d’explo-rer les métiers en fonction du niveau de compétences demandé, du salaire horaire proposé, des perspectives d’emploi ou du champ d’intérêt qu’ils recouvrent : aider les personnes, gérer, rédiger, fabriquer, travailler en contact avec la nature, etc. La recherche peut également s’effectuer selon des cri-tères comme les professions les plus en demande actuellement, celles qui sont réglementées et exigent donc une qualification ou encore celles pour lesquelles les emplois sont à temps partiel.

Enfin, pour chaque métier, est décrite la nature du travail à réaliser, les prin-cipales fonctions à remplir ainsi que les conditions d’accès.

imt.emploiquebec.gouv.qc.ca

Fanny Bourel

sont différents, certains titres n’existent même pas. Beaucoup de gens ignorent comment se nomme leur profession ici. »

Consulter l’outil IMT en ligne (voir Encadré) ou s’informer auprès d’un conseiller en emploi permet de gagner un temps précieux dans la recherche de la job tant attendue. Les spé-cialistes sont également là pour apprendre aux nouveaux arrivants comment découvrir le fameux marché caché (voir la section Fiches

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MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

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pratiques). En effet, une bonne partie des postes sont pourvus sans affichage d’offres d’emploi. Longtemps, on a estimé que 70 à 80 % du marché de l’emploi était caché. Pour Corinne Cauveau, la taille de cette partie immergée de l’iceberg s’est réduite grâce aux réseaux sociaux comme LinkedIn, mais savoir comment l’explorer reste indispensable. LES PME, EMPLOYEURS NUMÉRO 1

Bon nombre de nouveaux arrivants pensent d’abord à postuler auprès de grandes entre-prises, qui sont plus visibles. « Ce sont pour-tant les PME qui embauchent le plus au Québec », explique Corinne Cauveau. Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, plus de 9 salariés sur 10 du privé tra-vaillaient pour une PME en 2015. Les petites entreprises dominaient puisque 70 % des postes se trouvaient dans les entreprises de moins de 100 employés.

Les grandes entreprises attirent les candidats notamment en raison de la qualité de leurs avantages sociaux, mais les processus de

« Lorsqu’on arrive au Québec, c’est un atout important d’être bien renseigné sur le fonctionnement du marché du travail et les profils recherchés par les entreprises, qui peuvent être très différents d’une région à l’autre. C’est ainsi que j’ai rencontré des recruteurs aux Journées Québec, à Paris. J’ai aussi bénéficié du Service d’intégration en ligne (SIEL), proposé gratuitement par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). Il s’agit d’une formation à distance destinée à dispenser des outils sur la recherche d’emploi et ainsi faciliter l’intégration des nouveaux arrivants.

À Montréal, j’ai découvert l’existence d’organismes en employabilité, dont la mission et justement d’accompagner les immigrants dans leur recherche d’emploi : mise en contexte, démarches, information, notamment sur les transferts de compétences et de certifications, simulation d’entrevues… En outre, mon organisme organisait des sessions d’information spécifique à chaque région, ce qui est déterminant pour bien comprendre les particularités de chacune, leurs besoins et bien sûr les opportunités d’emplois en fonction de le secteur d’activité que l’on envisage. C’est dans le cadre de ce véritable programme de régionalisation que je me suis retrouvé à la Foire de l’emploi Capitale-Nationale Chaudière-Appalaches, qui se tient chaque année à Québec. C’est ainsi que, de contacts et suivis avec ma conseillère, j’ai décroché un emploi d’architecte informatique à Québec. »

Propos recueillis par Basile Moratille

Anis, Tunisie, au Québec depuis 2014

Faire le pari des régions

Calculer son salaire net avec impot.netPetite boîte à outils à destination des entreprises comme des particuliers, le site web impot.net permet notam-ment de calculer directement son salaire net. En gros la somme exacte que l’on touchera aux deux semaines ou à la fin du mois. Un petit plus bien utile dans le cas d’une négociation de salaire avec un employeur.

Rendez-vous sur le site impot.net, volet services aux entreprises/ calcul des déductions à la source. Vous n’avez plus qu’à indiquer votre situa-tion, la fréquence des période de paies et bien évidemment votre salaire de base. En quelques clics, l’outil de calcul vous donne en détails les résul-tats dont votre salaire net.

Wilfried Devillers

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MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

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recrutement peuvent être longs et la concurrence forte. Généralement, elles offrent un environnement de travail plus structuré que les PME. Et leurs départements des res-sources humaines ont mis au point des outils d’in-tégration et d’accompa-gnement à destination de leurs recrues venues d’ail-leurs. Toutefois, les PME ont l’avantage de propo-ser un environnement de travail souvent plus fami-lial, où faire preuve de polyvalence constitue un atout.

Autres avenues à considérer : la fonction pu bli que provinciale, qui représente 60 000 salariés, et fédérale, ainsi que le secteur des organismes à but non lucratif (OBNL), auquel les immigrants pensent peu quand vient le temps de trouver du travail. « En Amérique du Nord, les OBNL sont très actifs », souligne Valérie Roy. « Ils peuvent constituer des portes d’entrée intéressantes pour les nouveaux arri-vants. Les OBNL étant animés par certaines valeurs, l’intégration peut y être plus douce qu’ailleurs. »

LES RÉGIONS COURTISENT LES NOUVEAUX ARRIVANTS

Environ neuf immigrants sur 10 choisissent de poser leurs valises à Montréal et délaissent les régions. Pourtant, elles manquent cruel-lement de main-d’œuvre. Le Québec a donc entrepris un vaste effort de régionalisation de l’immigration. Résultat, la plupart des régions déroulent le tapis rouge aux nouveaux arri-vants pour les convaincre d’élire domicile sur leur territoire.

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MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

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Plusieurs OBNL mettent sur pied des voyages de prospection gratuits à partir de Montréal pour découvrir la Mauricie, le centre de la province ou encore Québec et visiter des entreprises. « On en organise trois ou quatre fois par an », dit Anne Dusseault, agente de régionalisation en diversité culturelle au sein de l’organisme Accès Travail.

Stratégie Carrière, qui est situé à Trois-Rivières, se rend aussi à Montréal pour rencontrer les nouveaux arrivants et leur parler de possibles futurs employeurs. « Et, on met en place des autobus partant de Montréal-Nord le matin et revenant le soir pour amener des gens travailler dans notre région », explique son directeur général Robert Proulx. Son OBNL affiche un taux de placement de 80 %. À Victoriaville, Anne Dusseault va même en voiture chercher à la station d’autobus les personnes venues de Montréal pour passer une entrevue, avant de leur faire découvrir la ville.

Grâce à Emploi-Québec, ces organismes sont en mesure d’offrir du soutien financier aux immigrants qui souhaitent trouver du travail à

l’extérieur du Grand Montréal. Par exemple, une personne devant aller passer une entrevue en région peut être remboursée de ses frais de déplacement en autobus ou en auto. « Une aide au déménagement pouvant atteindre 1 000 dollars peut également être octroyée », indique Anne Dusseault. Dans les régions éloignées, certains employeurs sont prêts à payer le déménagement de leurs recrues. Avec le programme Projet de préparation à l’emploi d’Emploi-Québec, un chercheur d’emploi peut bénéficier d’une rémunération pendant quelques semaines, le temps d’être formé à la rédaction de CV et à l’art de réussir les entrevues.

DES EXPERTS POUR ÉVITER DE SE TROMPER

Avant de songer à s’établir en Estrie ou en Gaspésie, il faut se rappeler que les besoins varient selon les régions, chacune d’entre elles ayant développé ses propres créneaux d’excellence. De plus, les critères de financement imposés aux OBNL font que

« Journaliste de formation, j’ai d’abord commencé par multiplier les rencontres d’information avec des professionnels de mon secteur, principalement des rédacteurs en chef et d’autres journalistes. Ce premier travail a été très utile pour topographier les métiers, de même que les structures auxquelles je pourrais proposer mes services. Ces rencontres ont même abouti à quelques piges bénévoles. Mais pour utile qu’il ait été dans l’accès à une première expérience de travail québécoise, le bénévolat n’est pas une fin en soi.

Je me suis donc tourné vers le programme Interconnexion proposé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Après un stage d’un mois à la Chambre, j’ai pu bénéficier de l’aide, des conseils et des retours d’expériences d’un mentor : un journaliste chevronné, lui-même immigrant. C’est lui qui m’a réellement donné les clés de compréhension de la profession au Québec, de ses techniques et de ses particularités. Il m’a conseillé de rester ouvert à des professions et opportunités connexes au journalisme traditionnel, comme la communication et les réseaux sociaux, m’a mis en relation avec des professionnels de son réseau et m’a aidé à travailler mes supports de présentation (CV et lettres). Toutes les portes ne se sont pas ouvertes pour moi, mais cette expérience de mentorat aura été un levier dans la constitution d’un réseau et d’obtenir des informations et des conseils qui viennent de la pratique réelle du métier. »

Propos recueillis par Basile Moratille

Yahia, Algérie, au Québec depuis 2011

Au plus près du terrain

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MARCHÉ DU TRAVAIL : CE QU’IL FAUT SAVOIR POUR BIEN DÉFINIR SON PROJET

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certaines initiatives mentionnées plus haut sont réservées aux immigrants déjà résidents permanents ou ayant déjà reçu leur certificat de sélection du Québec (CSQ).

Pour s’y retrouver dans ce dédale d’informa-tions, le plus simple est de faire appel aux services gratuits d’un conseiller en emploi ou à un organisme de soutien aux immigrants.

« Se faire accompagner par un professionnel est nécessaire car il est facile de se perdre tant c’est complexe », insiste Valérie Roy. Des organismes montréalais comme l’ALPA contri-buent au mouvement de régionalisation de l’immigration. Il est donc possible d’être gui-dés vers les organismes régionaux adéquats à partir de Montréal.

Le mentorat pour favoriser son intégration professionnelleProfiter de l’expérience d’un professionnel bien intégré pour découvrir le monde du travail ? C’est l’objectif des programmes de mentorat. Aide pour la rédaction d’un CV, la recherche d’emploi ou la préparation aux entretiens, le mentor vous accompagne de façon très pratique pour bien vous faire comprendre les codes de la culture d’entreprise québécoise.

Il existe différents programmes de mentorat au Québec. A Montréal, la Chambre de Commerce du Montréal métropolitain propose gratuitement le programme Interconnexion, accessible aux titulaires de la résidence permanente. Du mentorat aux visites d’entreprises en passant par un stage non rémunéré de 4 semaine le programme Interconnexion permet de faire vos premiers pas dans en entreprise.

Wilfried Devillers

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EMBAUCHER UN PROFESSIONNEL ÉTRANGER : LA RÉALITÉ DE L’EMPLOYEUR

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EMBAUCHER UN PROFESSIONNEL ÉTRANGER : LA RÉALITÉ DE L’EMPLOYEUR

Pour mieux comprendre quelles peuvent être les réticences de certains employeurs à embaucher un professionnel étranger, nous avons discuté avec Jonathan De

Moscovaki, recruteur TI en agence de placement et bloggeur pour L’œil du recruteur, un blogue dédié à l’information, le conseil et l’accompagnement des personne en recherche d’emploi.

PROPOS RECUEILLIS PARCamille Teste

Jonathan De Moscovaki,Recruteur TI et bloggeur

Le fait d’être étranger peut-il poser pro-blème pour trouver un emploi au Québec ? JDM : Parfois, un candidat étranger peut avoir le profil idéal, mais certains recruteurs vont voir qu’il est étranger et ne même pas lire sa

candidature. Et ce, même si le candidat est sur place et que sa candidature n’implique pas de faire des entretiens à distance. Les recruteurs n’assument pas toujours cette posture-là, mais c’est une réalité.

Pourquoi une entreprise peut-elle rechigner à embaucher un étranger ?

En général, c’est une question de fit culturel. Les recruteurs craignent que le candidat n’ait pas la « culture québécoise » d’entreprise et que ça ne fonctionne pas avec l’équipe. C’est surtout le cas des petites compagnies franco-phones de type PME.

Y a-t-il parfois un problème de méconnais-sance du niveau réel de la personne ?

Effectivement, parfois le recruteur ne sait pas trop à qui il a à faire. Il ne va pas reconnaître le nom des entreprises sur le CV, et ne va pas

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EMBAUCHER UN PROFESSIONNEL ÉTRANGER : LA RÉALITÉ DE L’EMPLOYEUR

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forcément se donner la pleine de les appeler pour en savoir plus. C’est la raison pour laquelle on voit de plus en plus de gens mettre entre parenthèse l’équivalent québécois de telle ou telle compagnie sur leur CV.

D’ailleurs, je conseillerais vraiment à tout le monde de faire la même chose pour les di-plômes. Si vous avez l’équivalent d’un bac ou d’une maîtrise québécoise, il faut l’expliciter. C’est aussi une manière de voir que la per-sonne a fait ses recherches. C’est une preuve de sérieux.

Il faut bien comprendre que souvent, il y a plus de candidats qui appliquent de l’étranger que de candidats locaux. Donc pour se démarquer, c’est bien d’adopter ce genre de réflexes. De même, ça vaut la peine d’appeler directement les responsables du recrutement de la compa-gnie pour créer de l’action, montrer qu’on est présent.

Pour se faire embaucher au Québec, vaut-il mieux être sur place ?

À moins que ce soit un poste super spécialisé, auquel cas il est possible de se faire recruter à l’étranger, il vaut toujours mieux chercher un emploi sur place, idéalement avec un permis de travail ouvert ou, mieux encore, une résidence permanente.

Peut-il arriver que des employeurs refusent d’embaucher le titulaire d’un permis de travail temporaire, pour ce motif ?

Honnêtement, c’est un cas vraiment rare. Il peut arriver qu’une compagnie ne veuille pas miser sur quelqu’un qui va ou a des chances de repartir. Mais en ce moment on est en telle pé-riode de pénurie de main-d’œuvre que, géné-ralement, les employeurs sont ouverts, surtout dans le secteur des technologies.

Identifiez-vous d’autres freins au recrutement de personnes étrangères ?

Autre chose, il faut avoir une expérience per-tinente, c’est-à-dire avoir travaillé sur un poste similaire pendant quelques années. Ça peut pa-raître logique, mais il arrive que des nouveaux arrivants, impatients de trouver un emploi, présentent leur candidature sur une dizaine de postes dans la même entreprise. Et ce n’est pas une bonne stratégie.

DES ATELIERS POUR ACCÉLÉRER SON INTÉGRATION SOCIALE ET PROFESSIONNELLE

L’équipe du Mouvement Desjardins dédiée aux Nouveaux Arrivants et Communautés Culturelles a l’ambition d’être un acteur de choix dans l’intégration des nouveaux arrivants. Au-delà de ses services et expertises bancaires, elle met en place des ateliers gratuits sur différents sujets, dont la recherche d’emploi au Québec.

Par exemple, nous avons proposé un atelier sur « Les codes interculturels : les comprendre pour mieux s’intégrer », animé par Cécile Chartier-Lazartigue, consultante en interculturel (L’Art et la Manière). Cela a permis à plusieurs nouveaux arrivants au Québec d’avoir des outils concrets et une stratégie pour une meilleure intégration au sein de la société québécoise, à commencer par la bonne attitude à avoir dans sa recherche d’emploi.

Au cœur d’un réseau de partenaires professionnels, pour qui l’accueil des immigrants et leur bonne installation sont des préoccupations importantes, l’équipe des Nouveaux Arrivants de Desjardins est heureuse de susciter des rencontres et des synergies !

Pour plus d’informations sur nos services et ateliers (horaires, lieux, inscription) : [email protected]

Le Mouvement Desjardins, premier groupefinancier coopératif au Canada

desjardins.com

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LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

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Lorsqu’on s’est renseigné sur le secteur et le métier recherché, l’emploi en régions, que l’on a bien défini son projet et qu’est venu le temps de passer à l’action,

l’accès à l’emploi au Québec pourrait bien vous réserver quelques surprises. En effet, celui-ci répond à certains usages et subtilités qui lui sont propres, dont les nouveaux arrivants doivent être conscients pour mettre toutes les chances de leur côté dans leurs recherches. De la rédaction d’un CV aux normes à l’importance du réseau, suivons les premiers pas dans le monde de l’emploi au Québec.

LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

UN CV DANS LES RÈGLES DE L’ART

Premier outil pour mener à bien ses recherches, le CV est aussi le premier contact avec l’employeur. Pour que celui-ci soit en mesure de bien le comprendre il faut que votre CV remplisse certains critères.

Une présentation claire et originale, une touche de personnalisation, sans oublier d’indiquer vos coordonnées, voilà pour les incontournables.

AUTEURWilfried Devillers

Le CV québécois a toutefois une organisation un peu différente. « Au Québec ce qui intéresse d’abord l’employeur c’est ce que vous êtes capable de faire concrètement, d’apporter à l’entreprise. Ici la priorité est au savoir-faire », explique Karine Ferrere, coordinatrice des services en emploi pour la FRJ. On débute par un résumé de ses compétences et de ses savoir-faire avant d’enchaîner sur ses expériences professionnelles et sur sa formation. C’est ce que l’on appelle un CV mixte. Dans le volet

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LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

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expériences il est possible de développer un peu le détails des tâches accomplies. Inutile d’en faire trop, le plus important est d’indiquer pour chaque expérience une réalisation, un projet pertinent en lien si possible avec le poste pour lequel vous postulez.

Lors de la rédaction de votre CV, pensez également à adapter votre vocabulaire. Même si vous êtes francophone, le français québécois peut être très différent, particulièrement dans le monde professionnel. Il est essentiel de bien se renseigner sur les appellations de postes et de métiers qui n’ont peut-être pas la même terminologie ici.

Enfin il y a aussi des éléments qu’il ne faut pas indiquer dans votre CV. « La majorité des informations personnelles sont à éviter, parce qu’elles peuvent être une source de discrimination à l’embauche », détaille Karine Ferrere. On se gardera donc d’indiquer son statut marital, son âge, sa nationalité, sa religion et jusqu’à la photo, que l’on réservera pour LinkedIn. « Ce qui peut sembler, pour certains nouveaux arrivants, être un manque

d’information constitue en réalité la norme, ici. S’y conformer démontre sa connaissance du monde professionnel local. »

LINKEDIN, BIEN PLUS QU’UNE VITRINE DE SOI

Mais de plus en plus souvent, le CV n’est pas votre premier contact avec votre futur employeur. C’est en tout cas une vitrine deve-nue incontournable en quelques années et particulièrement au Québec où le réseau social professionnel est utilisé dans presque tous le secteurs. Attention, il ne remplace pas le CV traditionnel, mais il vous permet de vous posi-tionner en ligne et surtout de créer et d’ac-tiver un réseau, parfois avant même d’être sur place. « La proximité avec les États-Unis place le Canada dans le top 3 des utilisateurs de LinkedIn dans le monde, et le Québec n’y échappe pas. Aujourd’hui les entreprises fondent une partie de leur stratégie de recru-tement sur le réseau », explique Mathieu Laferrière. Expert LinkedIn, il conseille parti-culiers et entreprises dans leur utilisation du réseau social.

JOURNÉE CARRIÈRES

Participez à la

Lundi 19 novembre 2018 De 10 h à 16 h | Entrée gratuite

Grand quai du Port de Montréal 200, rue de la Commune Ouest, Montréal Place-d'Armes

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www.cargo-montreal.ca

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LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

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Première étape ? La création de son profil, qu’il s’agit de compléter au maximum pour augmen-ter ses chances d’apparaître dans les résultats de recherches d’éventuels recruteurs. Une fois votre profil bien charpenté vous passerez d’uti-lisateur débutant à expert, vous garantissant ainsi une meilleure visibilité. « Il faut aussi actua-liser régulièrement votre profil. Par exemple il ne doit pas y avoir de différences entre les informations de votre CV et celles de LinkedIn. Ce sont de petits détails qui peuvent éveiller des doutes chez l’employeur et faire mauvaise impression », prévient Mathieu Laferrière. « Sur LinkedIn, les recruteurs vous attendent au tour-nant. Plus vous apparaissez comme quelqu’un qui sait où il va et ce qu’il veut plus vous met-trez de chances de votre côté. »

Mais LinkedIn est aussi un puissant outil pour se bâtir un réseau professionnel, que l’on soit au Québec ou non, ce qui représente un atout de taille pour qui entend anticiper son arrivée et démarrer sa démarche de recherche d’em-ploi depuis son pays d’origine. C’est ici que

« Lorsqu’on cherche un emploi, en tant qu’immigrant, se fixer des objectifs est certes essentiel ; mais savoir si l’on va pouvoir les atteindre dans la région dans laquelle on envisage de s’installer est un préalable indispensable. Avant de choisir le Québec, mon mari et moi avons commencé par là. Nous n’avons pas choisi le Québec au hasard : lui travaillant dans le génie informatique aurait trouvé facilement partout au Canada ; dans mon domaine, le génie industriel, c’était au Québec que j’avais le plus de chances de travailler pour une grande entreprise. Mon mari a trouvé un emploi 10 jours après notre arrivée, après avoir postulé à plusieurs offres depuis la République Dominicaine. Moins bien préparée, j’ai mis plus de temps mais cela a été payant.

J’avais pour objectif de répondre à 10 offres par jour, en plus de déposer mon CV sur des sites en ligne. C’est ainsi qu’une agence de recrutement a trouvé mon profil et que j’ai obtenu mon premier poste d’agent logistique chez Bombardier, très proche de ce que je faisais avant d’arriver au Québec. Au bout d’une année, je me suis remise en recherche avec des objectifs beaucoup plus précis et ambitieux pour moi, dans les télécommunications cette fois. C’est ainsi que j’ai obtenu un poste de planificatrice d’inventaire chez Bell Canada. Aujourd’hui, je suis convaincue que ma réussite et mon épanouissement professionnel sont indissociables d’une bonne connaissance du marché de l’emploi local. »

Propos recueillis par Basile Moratille

Ysimer, République Dominicaine, au Québec depuis 2013

Bien connaître le marché de l’emploi dans sa région d’installation

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LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

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l’utilisation du réseau prend tout son sens, et demande une stratégie bien pensée. « LinkedIn c’est un peu comme un porte-voix : plus votre réseau sera construit et cohérent, plus vous aurez de chance d’être repéré, orienté, crédité. Un bon réseau se constitue petit à petit de per-sonnes qui peuvent vous aider à atteindre vos objectifs professionnels. Gros réseau ne veut pas forcément dire réseau efficace », détaille Mathieu Laferrière. L’expert recommande de commencer ses recherches via des groupes professionnels sur LinkedIn et de contacter directement les personnes qui présentent un intérêt professionnel. Tout en gardant bien en tête qu’un réseau demande d’être sans cesse entretenu, par des likes, des relais d’articles, des commentaires ou des publications bien orientées.

Mais un réseau professionnel ne se bâtit pas seu-lement en ligne. Et, au Québec, les occasions sont nombreuses de rencontrer professionnels et interlocuteurs qualifiés qui, tous à leur manière, viendront enrichir votre réseau autant que vous viendrez enrichir le leur.

DU 5 À 7 À LA CONSTRUCTION D’UN RÉSEAU PROFESSIONNEL

L’une des grandes tendances au Québec est l’organisation de 5 à 7, des rencontres théma-tiques entre professionnels de tous horizons, souvent autour d’un verre dans une ambiance décontractée. Jeune webdesigner français, Maxime Magnan a décroché son premier poste à Montréal lors d’un 5 à 7. « Dans certains domaines comme le numérique ou le marke-ting c’est la voie idéale pour se frayer un che-min jusqu’au job dont on rêve. Au Québec, ça marche beaucoup au contact, au feeling. Les recruteurs aiment qu’on vienne leur serrer la main, échanger quelques mots, et puis finale-ment il suffit que le courant passe et que l’on parle de vous. Ça ne fonctionne pas à tous les coups mais c’est un bon point de départ ». Pour trouver des évènements dans le ou les domaines qui vous intéressent, allez fureter sur des plateformes comme Facebook, LinkedIn, Meetup ou Eventbrite, où les évènements de réseautage pullulent, notamment à Québec et Montréal.

Au-delà des 5 à 7, les rencontres d’informations sont également répandues et très bien

Réussir sa première expérience québécoiseComment s’y prendre pour qu’une première expérience de travail consti-tue un tremplin vers un emploi à la hauteur de ses qualifications et de ses attentes ? Corinne Cauveau, qui travaille à l’intégration des nouveaux arrivants sur le marché du travail pour l’organisme d’aide aux immigrants ALPA, conseille de ne pas trop s’éloi-gner de son champ de compétences. « Oui à la job alimentaire mais il vaut mieux opter pour un emploi se rap-prochant de ce qu’on sait faire », dit-elle. Par exemple, une personne vou-lant décrocher un poste d’adjointe administrative a tout intérêt à travail-ler dans une boulangerie plutôt que comme préposée à l’emballage dans une usine. Servir les clients lui per-mettra de mettre en œuvre davan-tage de compétences transférables dans son futur emploi administratif que d’emballer des produits.

De plus, une première expérience de trois mois est un peu courte pour être valable sur un CV, il est préfé-rable de rester en poste au moins six mois. Aussi, les entreprises deman-dant souvent des références lors du processus de recrutement, laisser une très bonne impression à son em-ployeur est essentiel.

Le salariat n’est pas la seule voie à emprunter pour acquérir une pre-mière expérience. Au Québec, le bénévolat est reconnu au même titre qu’un emploi par les recruteurs. Exer-cé seul ou cumulé à un job alimen-taire, le bénévolat peut démontrer un savoir-faire et des valeurs qu’il eût été plus difficile à valoriser sur un CV avec le seul travail alimentaire.

Fanny Bourel

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LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

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« Après avoir suivi des cours de francisation à l’Alliance française et un certificat en affaires internationales à HEC Montréal pour maîtriser le vocabulaire et évoluer sereinement dans le milieu des affaires au Québec, j’ai saisi l’occasion de bénéficier du programme Interconnexion proposé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. J’ai pu y réaliser un stage très riche et instructif en développement des affaires à l’international, où j’ai notamment pu développer mon réseau avec des entreprises et gens d’affaires.

C’est ainsi que j’ai découvert la Chambre de Commerce Latino-américaine du Québec (CCLaQ), dont le directeur cherchait justement une personne qui accepterait d’établir bénévolement un service à l’international. Ce fut une révélation pour moi. À la fin de ce projet, j’ai été recruté par la CCLaQ pour un contrat de 16 mois pour diriger deux nouveaux projets. Et pour finir, j’ai poursuivi jusqu’à obtenir le poste de directeur de la Chambre, un poste que j’ai occupé pendant plus de 3 ans, jusqu’en juillet 2017. Au Venezuela, la pratique du bénévolat n’est pas aussi ancrée dans les pratiques qu’ici, au Québec. Mais les contraintes économiques que cela présente au départ peuvent s’avérer très payantes par la suite. »

Propos recueillis par Basile Moratille

Ivan, Venezuela, au Québec depuis 2010

Le bénévolat m’a ouvert l’accès au marché du travail

acceptées au Québec. « Il ne faut pas hésiter à contacter des personnes qui vous intéressent, pour aller boire un café. Elle pourront vous donner de bons conseils ou vous aiguiller dans vos recherches. Ici les relations professionnelles sont souvent plus informelles. Il faut aussi se dire que finalement toute les rencontres que vous faites vous rapprochent de vos objectifs. Tout est réseautage quand on vient d’arriver », insiste le jeune webdesigner.

VERS SA PREMIÈRE EXPÉRIENCE QUÉBÉCOISE

Pour vous faire une place sur le marché de l’emploi québécois, il vous faut d’abord une première expérience (voir Encadré), souvent indispensable pour atteindre vos objectifs professionnels. Le bénévolat peut être un bon moyen de se forger cette 1ère expérience, que ce soit dans votre domaine ou dans un autre. « D’autant plus que le bénévolat est considéré comme une expérience professionnelle à part entière. Il apporte un plus indéniable à ses futures candidatures. Cette première

expérience permet de rassurer les recruteurs en leur montrant que l’on est capable de s’adapter à la culture du travail au Québec et donc en entreprise », explique Karine Ferrere.

Pratique également rencontrée au Québec, les stages ou périodes de travail non rémunérées de quelques semaines en entreprises peuvent aussi être une solution pour se familiariser avec le monde du travail et, pourquoi pas, décrocher une embauche. Le programme Interconnexion, proposé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, est un excellent moyen d’accéder à ce type d’opportunités de façon encadrée.

Reste qu’avec ces outils en main, il vous faudra tout de même un peu de temps pour vous adapter et comprendre pleinement la culture du travail québécoise. « Tout cela passe par l’intégration, il faut prendre son temps, ne pas brûler les étapes et surtout ne pas perdre espoir », insiste la conseillère FRJ. Enfin, autre facteur important : une bonne maîtrise du français et de l’anglais, souvent indispensables pour prétendre à un poste qualifié.

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LES NOUVEAUX ARRIVANTS À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ DU TRAVAIL QUÉBÉCOIS

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Depuis octobre 2015, la Fédération CJA, représentante de la communauté juive de Montréal, et l’agence Ometz, organisme à but non lucratif qui accompagne les immi-grants d’origines diverses dans leur processus d’intégration, ont lancé le programme Initiative France Montréal qui s’adresse aux nouveaux arrivants français, suisses et belges.

Mon premier emploi au Québec : rêve ou réalité ? D’une part, la facilité à trouver un emploi au Québec dépend du domaine d’activités et parfois de quotas. D’autre part, le succès de l’intégration professionnelle passe nécessaire-ment par une phase de transition culturelle parfois difficile à vivre. Laetitia Sellam* , votre interlocutrice dans le cadre du programme Initiative France Montréal, vous accom-pagne avec efficacité dans votre parcours dès le 1er contact. Le service Emploi aide également les jeunes diplômés ou professionnels francophones à comprendre les règles du marché du travail à Montréal et alentours. Jessica Banon* leur procure des outils de persuasion mis à jour en fonction de l’évolution de chaque secteur d’activités.

Immigrer dans un pays étranger ne veut pas dire que l’on déménage !Immigrer implique de grands changements dans sa vie quotidienne et professionnelle et une phase plus ou moins longue d’observation et de remise en question est néces-saire. Car accepter d’apprendre un nouveau mode d’emploi pour s’intégrer dans les meilleures conditions est incontour-nable, d’autant plus, si vous obtenez rapidement un emploi. En effet, la pression professionnelle que l’on ressent naturellement en entreprise en tant que nouvel employé et immigrant peut être un obstacle à votre adaptation. Le programme Initiative France Montréal et les conseils experts de Jessica Banon qui prendra le temps de vous expliquer le mode de fonctionnement québécois est un tremplin remarquable pour tout nouveau candidat.

Votre personnalité est votre premier atout au QuébecContrairement à l’Europe, il est habituel au Canada de placer la rubrique « Formation / Études » à la fin de votre CV. La raison est que vous allez travailler en équipe et que votre diplôme certifie un niveau de connaissances mais certainement pas votre SAVOIR-ÊTRE en entreprise qui est pourtant un atout indéniable dans le processus d’embauche. Le programme Initiative France Montréal met à votre disposition des cap-sules vidéos sur le sujet, après votre première rencontre avec Jessica Banon, afin de vous aider à mieux assimiler les élé-ments de votre transition interculturelle.

* Laetitia est consultante en intégration et Jessica est spécialiste en emploi et développement d’affaires.

Notre mission

L’agence Ometz est un organisme de bienfaisance qui offre une vaste gamme de services sociaux, scolaires, d’emploi et d’immigration pour aider les individus à atteindre leur plein potentiel et assurer l’essor et la vita-lité de la communauté montréalaise.

Comment accéder à cet accompagnement personnalisé? La communauté juive de Montréal est à votre écoute pour vous guider dans votre processus d’intégration.

Laetitia Sellam vous accueillera avec enthousiasme dès votre premier contact avec l’agence Ometz. INFORMATION : 514 343 3502 ou [email protected]

Publi-reportage

L’équipe Initiative France Montréal

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COMMENT BIEN NÉGOCIER SON SALAIRE QUAND ON EST IMMIGRANT ?

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COMMENT BIEN NÉGOCIER SON SALAIRE QUAND ON EST IMMIGRANT ?

Pour les immigrants qui arrivent sur le marché du travail québécois, il n’est pas toujours simple de savoir comme négocier son salaire. Nous avons fait le point

avec Susana Diaz, directrice du développement organisationnel et de l’emploi chez PME Montréal et conférencière.

PROPOS RECUEILLIS PARCamille Teste

Suzanna Diaz,Directrice du développe-ment organisationnel et de l’emploi, PME Montréal

Quelle est l’erreur la plus courante au moment de négocier son salaire ?SD : La première erreur que font certains immi-grants quand on leur demande quelles sont leurs prétentions salariales, c’est de répondre « je ne sais pas, je ne connais pas les salaires ici ». On ne peut pas dire ça car c’est une façon de dire

« vous pouvez me payer le plus bas possible car je ne connais pas le marché du travail ici. » Il faut vraiment se renseigner en amont.

Quelle est la marche à suivre ?De manière générale, je conseille aux gens de lire les Normes du travail du Québec, un texte court qui se lit très vite. Sans cela, on peut avoir de mauvaises surprises. Par exemple, au Québec, en 2018, on n’est pas payé si on est malade, sauf si l’entreprise consent ce type d’avantages à ses salariés. À partir de 2019 il y aura 2 journées de maladie payées par année. Cela peut surprendre certains.

Je conseille aussi de bien faire ses calculs. Si on vous propose un salaire annuel, demandez-vous si c’est pour 35 heures ou pour 40 heures par semaine. Dans les grandes entreprises, tout est très clair, mais dans des structures plus petites ce n‘est pas toujours le cas. Il ne faut pas hésiter à consulter des sites spécialisés et à lire des enquêtes pour avoir une bonne idée du salaire dans son domaine.

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COMMENT BIEN NÉGOCIER SON SALAIRE QUAND ON EST IMMIGRANT ?COMMENT BIEN NÉGOCIER SON SALAIRE QUAND ON EST IMMIGRANT ?

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Qu’est-ce qui peut jouer sur la capacité de négociation d’un candidat ? Il faut que les candidats comprennent comment sont définis les salaires.

Il y existe une question d’offre et de demande : s’il y a peu de travailleurs disponibles dans un secteur donné, ceux-ci pourront prétendre à un salaire plus élevé.

Par ailleurs, l’entreprise a l’obligation de garder une équité externe, car si l’on paie moins que la concurrence, on risque de perdre les meilleurs candidats. Elle doit aussi garder une équité interne : on ne peut pas payer plus quelqu’un qui a les mêmes responsabilités.

Et puis il y a une équité individuelle. Si la per-sonne est bilingue, si elle a des diplômes ou des certifications qui sont considérés un atout pour l’employeur, c’est valorisable.

Enfin, il y a la valeur ajoutée du candidat : si celui-ci a un bon réseau de contacts, y compris à l’étranger, ça peut vraiment jouer.

Peut-il être mal vu de demander directement à l’employeur ce qu’il en est du salaire ? Non, mais il faut le faire au bon moment. Aborder le sujet avant même de se voir offrir le poste, ça peut être mal vu.

Quand l’employeur demande quel est le salaire demandé, il vaut mieux donner une fourchette qu’un montant fixe. De cette façon l’employeur nous fera une proposition, c’est plus flexible

pour l’employeur et puis parfois, il peut être avantageux d’accepter un salaire moindre si on a d’autres avantages. En tout cas, il faut avoir préparé sa réponse. Il faut que ce soit clair et direct.

Peut-on négocier sur autre chose que son salaire ? Oui, c’est ce qu’on appelle la rémunération indirecte. On parle ici des avantages sociaux offerts par l’employeur, comme que les assurances collectives (santé, assurance vie, protection de revenu en cas d’invalidité, etc.) ou des prestations de retraite. On peut aussi négocier pour avoir des jours de maladie payés, un cellulaire ou une carte de transport.

Certaines entreprises financent des formations, d’autres proposent des rabais, cartes cadeaux, abonnement au gym, ou même des actions si l’entreprise cotiseen bourse.

Il est aussi possible de négocier sur la flexibilité des horaires ou accéder à un service de garde d’enfants. Les vacances, de même que la possi-bilité de prendre des congés non rémunérés, sont aussi un levier de négociation important.

Par ailleurs, la négociation n’a pas lieu unique-ment à l’embauche. Chaque évaluation de perfor mance peut être une manière de deman-der une augmentation salariale. Là, il ne faut pas hésiter à dire pourquoi on mérite cette augmentation. Donc, il faut prendre bien note de ses réalisations afin d’être bien préparé pour sa prochaine évaluation et négocier un meilleur salaire !

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FICHES PRATIQUES

FICHES PRATIQUES

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Selon une idée persistante, 80 % des offres d’emploi au Québec seraient inaccessibles par les canaux traditionnels de recherche d’em-ploi. Ce marché caché de l’emploi recouvre les postes qui ne sont pas diffusés via des sources formelles comme les journaux, services publics d’emploi ou Internet. Autant d’offres qui seraient plutôt diffusées à l’interne, envoyées aux contacts des employés de l’entreprise et qui circuleraient au sein de réseaux fermés.

S’appuyant sur ce chiffre inexplicablement élevé, les chercheurs d’emploi ont tendance à minimiser l’impact de la réponse à une annonce. Mais si ces fameux 80 % sont sou-vent évoqués, les études sur le sujet semblent le pointer du doigt. Et pour cause : ce que l’on

LE « MARCHÉ CACHÉ » DE L’EMPLOI : MYTHE OU RÉALITÉ ?

prend à tort pour une statistique n’a en réalité aucun fondement scientifique. Ainsi, on peut lire dans le Guide Express pour votre carrière dans le Québec Inc. (Benoît Desgroseillers, 2013) que 32 % seulement des postes sont pourvus via des voies « non habituelles », c’est-à-dire autres que par les annonces.

Afficher une offre d’emploi est la solution la plus réactive chez les conseillers en ressources humaines, une pratique qui permet par ail-leurs aux entreprises de montrer qu’elles sont actives et dynamiques. Et si un recruteur veut prioriser une référence, il se limitera rarement à ne rencontrer qu’un candidat, afin d’avoir le choix dans un large panel de candidatures.

En outre, les sections carrière des sites Internet d’entreprises, de même que certains sites d’emploi, ont tendance à se spécialiser dans divers domaines : communication, mar-keting et web (espresso-jobs.com, grenier.qc.ca, emplois.isarta.com), technologies de l’information (abacustalent.com, meeti.ca), ingénierie (lemarche.com), environnement et développement durable (enviroemplois.org), hôtellerie, restauration, service à la clientèle et au tourisme (hotelleriejobs.com), secteur juridique (droit-inc.com)...

Marie Pâris

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FICHES PRATIQUES

FICHES PRATIQUESLE PROCESSUS DE RECRUTEMENT : À QUOI S’ATTENDRE ?

Beaucoup croient qu’il ne suffit que d’un peu de temps et d’une poignée de main pour commencer le lundi suivant à travailler. Détrompez-vous. Ce scénario, bien qu’il ne soit pas impossible, ne constitue malheureusement pas une norme absolue.

Non seulement le processus de recrutement peut s’avérer long (entrée en fonction condi-tionnée ou reportée, délais avant la réponse de l’entreprise, etc.), mais en plus, il peut se décliner sous plusieurs formes.

Si vous avez postulé à une offre d’emploi et que le recruteur est intéressé par votre can-didature, il communiquera son intérêt soit par courriel, soit par téléphone. Ce premier contact avec vous forme la toute première étape de l’entretien où quelques questions très simples sont posées. La conversation se conclut par l’invitation à un entretien d’em-bauche en personne.

L’entrevue, dans sa forme classique, s’exerce en tête-à-tête avec le recruteur. Il est toute-fois probable que vous deviez assister à une entrevue de groupe. Dans les deux cas, l’em-ployeur vous pose des questions de mises en situation et vous interroge sur vos expériences de travail passées. Pendant cet entretien, il est possible qu’on vous demande aussi de réaliser ou de répondre à un cas pratique, surtout s’il s’agit d’un poste qualifié. Certains employeurs prennent leur décision à la fin de cet entretien. Parfois, s’il s’agit d’une entrevue de groupe, une dernière rencontre est organisée pour confirmer ultimement l’acceptation de votre candidature.

La période de probation n’est pas formelle-ment encadrée par la loi, au Québec. Toutefois, l’article 82 de la Loi sur les normes du travail prévoit que l’employeur peut mettre fin au contrat du salarié sans préavis dans la limite de trois mois après la prise de fonctions. Au-delà, le salarié dispose d’une semaine de préavis.

Stéphanie Dupuis

Discrimination à l’embauche : quel état des lieux ?En principe, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec interdit de discriminer toute per-sonne sur la base de sa race et ses origines ethniques ou nationale (art. 10). Dans les faits, la discrimination à l’embauche est un phénomène au-quel on assiste, malheureusement, encore trop souvent . « C’est le 2ème motif de discrimination que l’on traite dans les plaintes à l’emploi. Et c’est en hausse chaque année », déplore Amina Triki-Yamani. La chercheure pour la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse brandit une étude pour appuyer ses propos. Celle-ci montre qu’à compé-tences égales un Québécois blanc a 60% plus de chances d’être convoqué à un entretien qu’un candidat dont le nom a une consonance étrangère. « C’est tout de même contradictoire, alors que le message est de favoriser l’immigration », ajoute Mme Triki-Yamani. « On ne fait pas venir des gens d’ailleurs pour les délaisser ensuite ! Le cœur du problème est que l’on ne s’attaque pas à la discrimination sys-témique, alors que c’est justement ce système qui pose problème ».

Wilfried Devillers

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FICHES PRATIQUES

FICHES PRATIQUES

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Les entreprises québécoises recrutent de plus en plus à l’étranger, alors que le taux de chô-mage dans la province continue de baisser et que les candidats à certains postes spécialisés se font rares sur place.

Les salons de l’emploi sont une belle opportu-nités de rencontrer des employeurs québécois, d’en savoir plus sur leurs besoins et les condi-tions d’embauches et, peut-être, de déposer un CV à l’issue d’une conversation promet-teuse. Plusieurs salons en Europe rassemblent des recruteurs du Québec, comme Destination Canada (en novembre à Bruxelles et Paris) et Les Journées Québec (en décembre et en juin à Paris).

Avant de vous installer au Québec, il est impor-tant de rassembler le maximum d’informations

en amont. Renseignez-vous sur votre domaine de travail, ses perspectives d’emploi et les spécificités du marché du travail québécois via des recherches sur internet (forums, sites d’immigration, etc.).

Un voyage de prospection peut également s’avérer très utile. S’il est strictement interdit de venir au Québec avec un statut de visiteur dans l’optique de cherche un emploi, un tel voyage peut vous permettre de valider votre intérêt pour la province et la mise en œuvre de votre projet d’immigration. Vous pourrez vous familiariser avec la météo, la culture et béné-ficier des conseils et retours d’expériences, personnels aussi bien que professionnels, que pourraient vous partager d’autres immigrés.

Marie Pâris

TROUVER UN EMPLOI À DISTANCE : LES BONS GESTES

« Ma femme et moi nourrissions un projet d’immigration depuis quelques années déjà lorsque, en 2015, j’ai postulé à un emploi d’électromécanicien dans une entreprise de Sainte-Marie-de-Beauce, emploi que j’ai obtenu. Il existe plusieurs sites Internet qui présentent ainsi les offres d’entreprises locales qui souhaitent recruter à l’international. Je suis passé par celui de Québec en tête. Mon employeur a beaucoup faciliter notre arrivée et notre installation : il est venu nous chercher à l’aéroport, nous a loué un appartement pour démarrer, etc.

Mais trouver un emploi depuis le Brésil comportait un autre obstacle de taille : celui de la langue. Je travaillais alors pour une entreprise française et j’avais aussi suivi des cours de français avant notre arrivée. Mais vivre et travailler uniquement en français québécois, avec ses références culturelles notamment, a demandé plusieurs mois d’adaptation, faute de pouvoir assister à des cours du soir (je travaille le soir). Aujourd’hui, néanmoins, notre projet d’immigration s’est transformé en réel projet de vie.. »

Propos recueillis par Basile Moratille

Felipe, Brésil, au Québec depuis 2016

Du Brésil au Québec

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FICHES PRATIQUES

FICHES PRATIQUES

Une entreprise vous plaît et vous aimeriez ren-contrer son recruteur (ou tout autre personne qui pourrait vous renseigner sur l’entreprise et le métier) ? Outre la classique réponse à une offre d’emploi, vous pouvez opter pour une démarche proactive afin de bien montrer votre intérêt envers la compagnie et ainsi décrocher un entretien avec l’employeur, même si celui-ci n’a pas de postes à pourvoir dans l’immédiat. Vous pourriez bien recevoir un appel de sa part quelques mois plus tard.

Si vous avez repéré un poste vacant au sein de l’entreprise, la prise de contact directe peut être un premier pas efficace. Joignez à votre CV une lettre de présentation qui souligne en quoi vos expériences, vos qualités et vos valeurs s’inscrivent dans le poste et dans l’entreprise. Vous pouvez aussi vous présenter en personne dans les locaux de l’entreprise pour déposer votre candidature, une technique qui vous distinguera et qui pourra s’avérer payante.

COMMENT APPROCHER UN EMPLOYEUR CONVOITÉ ?

Afin de vous préparer à l’entretien, renseignez-vous au préalable sur l’entreprise. Analysez bien votre CV pour vous préparer à d’éventuelles questions sur vos points faibles. Faites des simulations d’entretien avec un proche ou assistez à des ateliers collectifs et individuels de préparation.

Lors de l’entretien, sachez avant tout être à l’écoute, ne vous imposez pas. Votre pré sen-tation doit être concise (cinq minutes environ). En outre, ayez toujours sur vous des cartes d’affaires à donner.

Après une rencontre avec un employeur (dans un salon, lors d’un évènement de réseautage, etc.), n’hésitez pas à revenir vers lui le lende-main par courriel, en le remerciant pour son temps, en soulignant votre intérêt pour son entreprise et en lui transmettant votre candi-dature.

Marie Pâris

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FICHES PRATIQUES

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LES AGENCES DE PLACEMENT : COMMENT ÇA MARCHE ?

Au Québec, beaucoup d’entreprises font af-faire avec des agences de placement pour recruter certains membres de leur person-nel. Spécialistes en ressources humaines, ces agences veillent à répondre aux critères d’em-bauche spécifiés par leur client. Elles agissent donc essentiellement à titre d’intermédiaires entre les entreprises et les employés.

Il est à noter que, lorsqu’il est recruté, le travail-leur devient salarié de l’agence elle-même et non de la compagnie dans laquelle il exerce ses fonctions. L’agence de placement s’occupe alors de fixer le salaire, payer les salariés, recevoir les plaintes ou encore d’exercer des mesures disciplinaires, si nécessaire. Elle peut également faire valoir vos capacités auprès d’un nouvel employeur, si vous en exprimez la demande.

L’un des premiers réflexes pour beaucoup de nouveaux arrivants est de se rendre auprès de ces agences de placement pour trouver rapidement du travail. Chacune d’entre elles possède son propre champ d’expertise. Il est donc judicieux de bien choisir son agence en fonction de ses capacités ou de ses intérêts sur le marché du travail.

Pour le domaine des transports, vous pouvez aller voir du côté de Drakkar, Nnumann ou encore Kartago. Si toutefois le service à la clientèle rejoint davantage vos préférences et vos capacités, optez pour Adecco, Synergie ou Selekktuss. À noter que plusieurs agences sont établies dans plus d’une branche. Pour trouver toutes les options, vous pouvez consulter le Répertoire des agences de placement du Québec. Les informations sont classées en fonction de plusieurs critères, dont le lieu et les expertises.

Stéphanie Dupuis

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CARNET D’ADRESSES

CARNET D’ADRESSES

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Les offres reçues par Emploi-Québec (coordonné par le gouvernement provincial) : 

placement.emploiquebec.gouv.qc.caLe Guichet-emplois (publié par le gouvernement fédéral)

guichetemplois.gc.ca/trouverunemploi/Indeed indeed.caJobs.ca   emplois.caKebekjobs kebekjobs.comNeuvoo neuvoo.caJobillico   jobillico.com/frJobboom jobboom.com/frWorkopolis workopolis.com/frMonster   monster.ca/frOption carrière option-carriere.caEmplois GC - Les emplois proposés par la fonction publique fédérale canada.ca/fr/services/emplois/ opportunites/gouvernement.htmlCarrières Québec - Les emplois proposés par la fonction publique provinciale carrieres.gouv.qc.caRépertoire des agences de placement du Québec agences-de-placement.ca

IMT - Information sur le marché du travail imt.emploiquebec.gouv.qc.ca

Calculateur des déductions à la source impot.net/fr/entreprises/das/

Liste des professions en demande cpmt.gouv.qc.ca/formation/professions.asp

Liste des ordres professionnels opq.gouv.qc.ca/ordres-professionnels/

liste-des-ordres-professionnels/

Le répertoire de l’intégration en emploi travailimmigrants.com

Le site d’Emploi-Québec, proposant notamment le Guide pratique de recherche d’emploi emploiquebec.gouv.qc.caRémunération globale et échelle salariale

stat.gouv.qc.ca

Le répertoire des organismes spécialisés en employabilité

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Programme Interconnexion

acclr.ccmm.ca/fr/services/main-d-oeuvre/ programme-interconnexion/Projet de préparation à la recherche d’emploi

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Qualification Québec qualificationsquebec.com/reconnaissance-

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