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ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

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ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

MICRO-ENTREPRISESET

CADRE INSTITUTIONNELDANS

LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

parChristian Morrisson, Henri-Bernard Solignac Lecomte

etXavier Oudin

CENTRE DE DÉVELOPPEMENTDE L'ORGAI'-IISATION DE COOPÉRATlOI'-I ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES

Page 3: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DEDÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES

En vertu de l'article 1" de la Convention signée le 14 décembre 1960, à Paris, et entréeen vigueur le 30 septembre 1961, l'Organisation de Coopération et de DéveloppementÉconomiques (OCDE) a pour objectif de promouvoir des politiques visant:

à réaliser la plus forte expansion de l'économie et de l'emploi et une progression duniveau de vie dans les pays Membres, tout en maintenant la stabilité financière, et àcontribuer ainsi au développement de l'économie mondiale;à contribuer à une saine expansion économique dans les pays Membres, ainsi queles pays non membres, en voie de développement économique;à contribuer à l'expansion du commerce mondial sur une base multilatérale et nondiscriminatoire conformément aux obligations internationales.

Les pays Membres originaires de l'OCDE sont: ('Allemagne, l'Autriche, la Belgique,leCanada, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la France, la Grèce, l'Irlande, l'Islande,l'Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, laSuisse et la Turquie. Les pays suivants sont ultérieurement devenus Membres par adhésion auxdates indiquées ci-après: le Japon (28 avril 1964), la Finlande (28 janvier 1969), l'Australie(7 juin 1971), la Nouvelle-Zélande (29 mai 1973) et le Mexique (18 mai 1994). La Commissiondes Communautés européennes participe aux travaux de l'OCDE (article 13 de la Conventionde l'OCDE).

\ !.Also available in English under the lille:

MICRO-ENrnRPRISES AND 11iE INSnnmONAL FRAMEWORKIN DEVELOPING COUNTRIES

.. .

Le Centre de Développement de l'Organisation de Coopération et de DéveloppementÉconomiques a été créé par décision du Conseil de l'OCDE, en date du 23 octobre 1962, etregroupe vingt et un des pays Membres de l'OCDE: l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, leCanada, le Danemark, la Finlande, l'Espagne, les États-Unis, la France, la Grèce, /'Islande,l'Irlande, /'Italie, le Japon, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, le Portugal, le Royaume­Uni, la Suède et la Suisse, ainsi que la Corée depuis avril 1992 et l'Argentine et le Brésildepuis mars 1994.

Il a pour objet de rassembler les connaissances et données d'expériences disponiblesdans les pays Membres, tant en matière de développement économique qu'en ce qui concernel'élaboration et la mise en œuvre de politiques économiques générales,. d'adapter cesconnaissances et ces données d'expériences aux besoins concrets des pays et régions en voiede développement et de les mettre à la disposition des pays intéressés, par des moyensappropriés.

Le Centre occupe, au sein de l'OCDE, une situation particulière et autonome qui luiassure son indépendance scientifique dans l'exécution de ses tâches. JI bénéficie pleinement,néanmoins, de l'expérience et des connaissances déjà acquises par l'OCDE dans le domainedu développef7lt!.nt.

. , ,. li.

~LES lOtES EXPRIMtES ET LES ARGUMENTS AVANCÉS DANS CElTE PUBLICATIONSONT CEUX DES AUTEURS ETNE REFlÈŒNT PAS NtCESSAIREMENTCEUXDE L'OCDE OU DES GOUVERNEMENTS DE SES PAYS MEMBRES

eOCDE 1994Les demandes de reproduction ou de traduction totales ou partielles de celle

publication doivent être adressées à :M. le Chef du Service des Publications, OCDE

2, rue André-Pascal, 75775 PARIS CEDEX 16, France.

Page 4: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Avant-propos

Cette étude fait partie d'une série de travaux réalisés dans le cadre duprogramme de recherche du Centre de Développement 1990-92 intitulé « Contextepolitico-administratif et esprit d'entreprise », comprenant un projet consacré auxrelations entre, d'une part, le secteur informel et, d'autre part, les administrations etle pouvoir politique.

Les résultats, obtenus lors de sept enquêtes et exposés en détail dans une sériede « Documents techniques» du Centre de Développement d'ores et déjà publiés,sont présentés dans cet ouvrage de synthèse.

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Table des matières

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Il

Préface '" . . . . 13

Résumé................................................................ 15

Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Chapitre 1 Présentation des échantillons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Les sept pays étudiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Champ de l'étude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Profil des entrepreneurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Les entreprises ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Notes et références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

Chapitre 2 Insertion des micro-entreprises sur le marché des biens . . . . . . . . . . 55

Relations avec les fournisseurs 56

Relations avec les clients. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Notes et références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

Chapitre 3 Statut légal et relations avec les consommateurs. . . . . . . . . . . . . . . . . 79

Le statut des micro-entreprises. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

Règlements et relations avec les consommateurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

Les obstacles institutionnels à l'approvisionnement: le cas algérien. . . . . . . . . . . . . . . 89

Notes et références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

Chapitre 4 Financement et cadre institutionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 105

Les sources de financement à moyen-long terme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 107

Les sources de financement à court terme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 109

Notes et références " 112

Chapitre 5 Droit du travail et marché du travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 123

Les formes de travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 123

5

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La réglementation du travail 128Le salaire minimum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 131

La durée du travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 134

La protection sociale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 137Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 142

Notes et références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 149

Chapitre 6 Le respect des obligations fiscales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 173

Les contraintes fiscales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 173Les motifs de non-respect de la fiscalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 182Notes et références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 187

Chapitre 7 Dynamique de l'entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 209

Le démarrage de l'entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 210

Les problèmes actuels et les contraintes de la croissance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 211

La croissance des entreprises. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 218Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 223

Notes et références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 224

Chapitre 8 Conclusions et recommandations , . . . . . . .. 237

Secteur informel ou micro-entreprises? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 237Les micro-entreprises: une diversité de situations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 239Le cadre institutionnel est-il un obstacle au développementdes micro-entreprises? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 241

Pour un meilleur environnement des micro-entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 242

Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 255

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Liste des tableaux

Nombre d'entreprises dans l'échantillon, par classes d'effectifet par secteurs .

Répartition des entreprises de l'échantillon, par localités .

Répartition des entrepreneurs, par sexe et par secteurs .

Répartition des entrepreneurs, par âge et taille d'entreprise(en pourcentage) .

Thaïlande: origine sociale des entrepreneurs, par secteurs .

Équateur: emplois précédents de l'entrepreneur, par tailled'entreprise .

Niveau d'éducation de l'entrepreneur, par secteurs(en pourcentage) .

Niger/Swaziland : répartition des entrepreneurs selon le nombred'années d'études, par secteurs et par taille d'entreprise .

Type de local occupé, par secteurs (en pourcentage) .

Mode d'occupation du local, par secteurs (en pourcentage) .

Répartition de l'effectif, par statuts et par secteurs (en pourcentage) .

Répartition de l'effectif, par statuts et par taille d'entreprise(en pourcentage) .

Principaux fournisseurs (équipement), par secteurs .

Principaux fournisseurs (équipement), par taille d'entreprise .

Principales sources d'approvisionnement (matières premières,biens intermédiaires), par secteurs .

Principales sources d'approvisionnement (matières premières,biens intermédiaires), par taille d'entreprise .

Principaux marchés, par secteurs .

Principaux marchés, par taille d'entreprise .

Participation à des marchés publics, par secteurs .

Participation à des marchés publics, par taille d'entreprise .

Contraintes de demande, par secteurs .

Contraintes de demande, par taille d'entreprise .

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Degré de respect de l'obligation d'enregistrement,par secteurs (en pourcentage) .

Degré de respect de l'obligation d'enregistrement, par tailled'entreprise et par localité (en pourcentage) .

TunisielNiger/Swaziland : motifs de non-respect de l'enregistrement,par secteurs .

Contraintes réglementaires et/ou administratives perçues,par secteurs .

Contraintes réglementaires et/ou administratives perçues, par tailled'entreprise .Tunisie: respect des normes d'hygiène et sécurité, par secteurs .

Algérie: respect du régime des prix et contrôle des servicesd'hygiène et des prix, par secteurs .

Raisons de la non-participation aux marchés publics, par secteurs .

Raisons de la non-participation aux marchés publics, par tailled'entreprise .

Sources de financement de l'activité, par secteurs .

Mode de paiement des fournisseurs, par secteurs .

Mode de paiement des clients, par secteurs .

Relations avec les institutions financières, par secteurs .

Niger/Swaziland: exigences des banques, par secteurs .

Niger/Swaziland: exigences des banques, par taille d'entreprise .

Répartition des entreprises selon la structure de l'emploi. .

Composition de la main-d'oeuvre, par secteurs (en pourcentage) .

Composition de la main-d'oeuvre, par taille d'entreprise(en pourcentage) .

Respect des réglementations en matière de droit du travail,par secteurs .

Respect des réglementations en matière de droit du travail,par taille d'entreprise .

Respect des réglementations en matière de droit du travail,par locali tés .

Algérie et Jamaïque: motifs du non-respect des réglementationsen matière de droit du travail, par secteurs .

Algérie et Jamaïque: motifs du non-respect des réglementationsen matière de droit du travail, par taille d'entreprise .

Motifs du non-respect des réglementations en matière de salaireminimum, par secteurs .

Motifs du non-respect des réglementations en matière de salaireminimum, par taille d'entreprise .

Motifs du non-respect des réglementations en matière de duréemaximum du travail, par secteurs .

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Motifs du non-respect des réglementations en matière de duréemaximum du travail, par taille d'entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 166

Motifs du non-respect des réglementations en matière de paiementdes heures supplémentaires, par secteurs , 167Motifs du non-respect des réglementations en matièrede paiement des heures supplémentaires, par taille d'entreprise. . . . .. 168

Motifs du non-respect des réglementations en matièrede protection sociale des travailleurs, par secteurs. . . . . . . . . . . . . . . .. 169

Motifs du non-respect des réglementations en matière de protectionsociale des travailleurs, par taille d'entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 170Motifs du non-respect des réglementations en matière d'hygièneet de sécurité des travailleurs, par secteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 171Motifs du non-respect des réglementations en matière d'hygièneet de sécurité des travailleurs, par taille d'entreprise 172

Répartition des entreprises par degré de respect des principauximpôts et taxes, par secteurs (en pourcentage) .... . . . . . . . . . . . . . . .. 189

Répartition des entreprises par degré de respect des principauximpôts et taxes, par taille d'entreprise (en pourcentage). . . . . . . . . . . .. 191Répartition des entreprises par degré de respect des principauximpôts et taxes, par localités (en pourcentage) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 193

Algérie: motifs du non-paiement des impôts par secteurs,par taille d'entreprise et par localités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 195

Raisons du non-paiement de la patente, par secteurs . . . . . . . . . . . . . .. 196Raisons du non-paiement de la patente, par taille d'entreprise. . . . . . .. 197

Raisons du non-paiement de la patente, par localités. . . . . . . . . . . . . .. 198Raisons du non-paiement des impôts sur le revenuet/ou sur les bénéfices, par secteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 199Raisons du non-paiement des impôts sur le revenuet/ou sur les bénéfices, par taille d'entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 200

Raisons du non-paiement des impôts sur le revenuet/ou sur les bénéfices, par localités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 201

Thaïlande: raisons du non-paiement de la taxe d'enregistrement,par secteurs, par taille d'entreprise et localités. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 202Raisons du non-paiement de la taxe foncière, par secteurset par localités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 203Raisons du non-paiement de la taxe foncière, par taille d'entreprise. .. 204

Raisons du non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA),par secteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 205Raisons du non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA),par taille d'entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 206Raisons du non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA),par localités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 207

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Niger, Swaziland, Jamaïque: contraintes au démarrage,par secteurs (en pourcentage). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 225

Niger, Swaziland, Jamaïque: contraintes au démarrage,par taille d'entreprise (en pourcentage) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 226

Contraintes pendant l'activité, par secteurs (en pourcentage) , 227Contraintes pendant l'activité, par taille d'entreprise(en pourcentage) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 229Thai1ande : caractéristiques des entrepreneurs, par secteurset taille d'entreprise d'entreprise (en pourcentage)..... . . 231

Équateur et Jamaïque: niveau d'éducation des entrepreneurs,par taille d'entreprise (en pourcentage) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 231Indicateurs de la dynamique des entreprises: accroissementde l'emploi en 1989-92, par secteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 232Indicateurs de la dynamique des entreprises: accroissementde l'emploi en 1989-92, par taille d'entreprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 233Indicateurs de la dynamique des entreprises : réalisationd'investissements en 1989-92, par secteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 234

Indicateurs de la dynamique des entreprises: réalisationd'investissements en 1989-92, par taille d'entreprise. . . . . . . . . . . . . .. 235

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Remerciements

Ce projet a été réalisé grâce au concours financier du ministère des Affairesétrangères des Pays-Bas et nous tenons à lui exprimer notre gratitude pour sonsoutien.

Nous souhaitons témoigner aussi de notre reconnaissance envers les auteursdes études de cas, soit Rocine Benissad, Abderrahman Ben Zakour, Farouk Kria(Algérie et Tunisie), Naruemol Bunjongjit (Thaïlande), Isabelle Joumard, CarlLiedholm, Donald Mead (Niger et Swaziland), Emilio Klein et Viktor E. Tokmanainsi que Patricia Anderson, Pablo Andrade, Claude de Miras, Gustavo Rodrfguez etRoberto Roggiero (Équateur et Jamaïque). Il est évident que notre ouvrage reposepour l'essentiel sur les résultats de ces études et doit beaucoup aux analyses de leursauteurs. Nous avons une dette particulière envers Isabelle Joumard qui a joué un rôletrès important dans la préparation de ce projet, dans la rédaction des documentspréparatoires et dans la révision de ce texte.

Enfin, le traitement des données n'aurait jamais pu être mené à bien sans l'aideet les compétences de Jean-Roger Rakotoarijaona que nous remercions vivementpour sa coopération. Il a effectué ce travail en collaboration avec Élisabeth Marty etMaria-Teresa Zappia que nous remercions également.

Nous avons aussi bénéficié, tout au long de la réalisation de ce projet, desconseils de Élie Cohen et Bernard Colasse que nous remercions.

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Préface

Cet ouvrage s'inscrit dans le projet de recherche sur les relations entre lesecteur informel et les administrations et le pouvoir politique, projet qui faisait partiedu programme de recherche 1990-92 du Centre de Développement.

Comme les programmes d'ajustement structurel ont remis en question lesespoirs d'une croissance accélérée du secteur moderne dominé par les grandesentreprises, on a accordé de plus en plus d'attention au secteur informel parce queces activités traditionnelles naguère négligées, voire méprisées, par les autoritéspubliques sont dorénavant les seules qui semblent susceptibles de répondre au défide l'emploi. Chacun sait, en effet, la gravité de ce problème dans des pays où lapopulation urbaine croît au taux de 4 pour cent par an, sinon davantage, tandis queles capacités d'embauche du secteur moderne sont très faibles.

En raison du renouveau des thèses libérales dans les années 80, on a souventvu dans le cadre réglementaire la raison première des difficultés du secteur informel.Pour certains, ce facteur serait déterminant et il suffirait d'assouplir ou de supprimerdes règlements pour que les micro-entreprises se développent rapidement et créentde nombreux emplois.

Quelle que soit la séduction que puisse exercer cette thèse sur l'esprit desresponsables politiques toujours heureux de trouver une solution sans incidencebudgétaire à leurs problèmes, on ne saurait la leur soumettre sans vérifier son bien­fondé d'une manière scientifique. Or, pour surprenant que ceci puisse paraître, cettethèse a été défendue sans base empirique solide. Il était donc utile que le Centre deDéveloppement réalise un ensemble de travaux de terrain qui puissent confirmer ouinfirmer cette thèse. C'est ce qui a été fait en procédant à des enquêtes lourdes danssept pays en développement auprès d'échantillons de micro-entreprises représentatifsde plusieurs secteurs d'activité en milieu urbain.

Les résultats de ce travail statistique considérable témoignent de l'objectivitédes auteurs. Dans ces controverses non dépourvues de passion sur les interventionsde l'État dans le secteur informel, indispensables pour les uns et toujours nocivespour les autres, nos auteurs concluent à l'absence de vainqueurs et de vaincus.

Certes, il est vrai que des règlements comme l'interdiction d'occuper certainsemplacements, ou des taxes trop lourdes, gênent l'activité des micro-entreprises.Mais, lorsque l'on demande quels sont les premiers obstacles au développement del'entreprise, personne ne cite les règlements. C'est le manque de moyens de

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financement ou l'insuffisance de la demande que l'on évoque avant les contraintesadministratives. Ces réponses montrent que l'Etat doit jouer aussi un rôle dans cedomaine : la création d'institutions financières adaptées aux besoins de cesmicro-entreprises ou le fractionnement des commandes publiques en sont deuxexemples. Il ne suffit donc pas de supprimer des règlements, mais il faut aussichanger le cadre institutionnel au sens le plus large.

Ainsi, les auteurs invitent-ils les responsables politiques à repenser l'action del'État qui ne doit pas simplement supprimer certaines contraintes administratives,même si cette mesure aussi est nécessaire. Nous espérons qu'un tel message, quidépasse les controverses habituelles, retiendra l'attention de tous les responsables encharge de ces activités qui sont vitales pour une large partie des populations urbainesdans les pays en développement.

Jean BonvinPrésident

Centre de Développement de l'OCDEjuin 1994

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Résumé

L'idée de cette recherche est née de la crise financière et des politiquesd'ajustement qui ont marqué l'histoire de beaucoup de pays en développementpendant les années 80. En effet, ces politiques ont fait disparaître les espoirs d'unecroissance rapide de l'emploi dans le secteur moderne et entraîné un retournementdans les mentalités des responsables à l'égard du secteur informel. Pendant lesannées 60 et 70, ceux-ci considéraient ces activités traditionnelles comme marginaleset destinées à disparaître, parce que le secteur moderne allait créer les nombreuxemplois rendus indispensables par l'urbanisation accélérée. Dans beaucoup de pays,la stratégie de croissance reposait sur le protectionnisme, l'interventionnisme etl'extension du secteur parapublic. C'est ce qui explique le développement d'uneréglementation de plus en plus contraignante pour l'entreprise privée et tout à faitinadaptée aux micro-entreprises.

Les politiques d'ajustement et le coup d'arrêt porté aux investissements dans lesecteur moderne par la crise financière ont provoqué un changement radicald'attitude: on a fait du secteur informel une sorte de deus ex machina, un secteurcapable de se développer et de créer des emplois à la place du secteur moderne.

Comme cette crise coïncidait avec le succès des idées néolibérales aux États­Unis et en Grande-Bretagne, on a considéré l'État comme le premier responsable dela stagnation du secteur informel en raison des règlements et des pratiquesadministratives. Cette explication a connu un grand succès grâce à la conjonctureéconomique et politique des années 80, même si la base empirique de cette thèsenéolibérale était assez étroite.

La présente étude a pour objet d'élargir cette base à partir de sept enquêtespour vérifier si le cadre institutionnel est effectivement le principal obstacle audéveloppement du secteur informel. Parmi les sept pays étudiés, on en compte deuxen Afrique sub-saharienne, qui sont les plus pauvres, le Niger et le Swaziland, deuxen Afrique du Nord (Algérie et Tunisie), deux en Amérique du Sud (Équateur etJamaïque) et un en Asie, la Thaïlande. Dans chaque pays, on a procédé à uneenquête auprès de 300 micro-entreprises (ayant moins de 20 actifs) et indépendants;de plus, une trentaine d'entreprises dans chaque pays ont répondu à un questionnairelong pour compléter notre information. On a retenu les mêmes secteurs dans tous lespays : textile, travail des métaux, du bois, restauration et réparation mécanique. Enprincipe, chaque échantillon était partagé pour moitié entre la capitale et les villes deprovince, de telle sorte que les résultats reflètent assez bien la situation des

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micro-entreprises en ville et pas seulement dans la capitale où les contrôlesadministratifs risquent d'être plus fréquents. Dans la plupart des cas, on a procédé àdes tirages aléatoires à partir de recensements de toutes les entreprises du secteurdans cette ville ou ce quartier, de telle sorte que nos résultats sont significatifs pourdes populations importantes de micro-entreprises (exception faite de celles quiéchappent à tout recensement parce qu'elles sont clandestines et cachées, ce qui estpossible pour le textile, mais non pour la restauration ou le travail du métal).Contrairement à ce que l'on pourrait penser, beaucoup de ces micro-entreprises, sil'on exclut les indépendants, sont enregistrées ou paient certains impôts; par suite, lanotion de secteur informel, qui implique aux yeux de certains l'absence de tout statutlégal, paraît inadaptée à ces cas et nous préférons le terme de micro-entreprises àcelui de secteur informel. Les résultats que nous allons présenter montrent lacomplexité de la situation de ces entreprises, qui ne fonctionnent pas en marge de lalégalité comme on le croit, mais qui ne respectent pas non plus l'ensemble desrèglements.

Le statut légal

On ne peut appliquer un seul critère comme l'enregistrement ou le paiement dela patente pour apprécier le statut des micro-entreprises car dans plusieurs pays lesautorités ne se soucient pas de cette formalité. Par exemple, en Thaïlande,l'administration ne fait pas respecter l'obligation de s'inscrire au registre ducommerce (on a seulement 20 pour cent d'inscrits). Mais cela ne signifie pas que lesmicro-entreprises fonctionnent en dehors du cadre légal : plus des deux tiers payentla taxe sur le chiffre d'affaires. Nous avons donc retenu un double critère,enregistrement ou imposition, et considéré que toute entreprise, soit enregistrée, soitassujettie à l'impôt, fonctionne dans le cadre légal. Paradoxalement, la majorité desmicro-entreprises de l'échantillon se trouve dans cette situation, à l'exception decelles de Jamaïque et du Swaziland. Encore faut-il ajouter qu'au Swaziland, 40 pourcent des entreprises payent la taxe sur les ventes. Ces résultats contredisent l'imaged'un secteur informel fonctionnant complètement en dehors du cadre légal.

Toutefois, ces résultats pour les échantillons pris dans leur ensemble cachentdes différences très importantes au sein de chaque échantillon. En réalité, il y a deuxcatégories d'entreprises, celles de un à cinq actifs (indépendants ou entreprises dedeux à cinq actifs, y compris le patron, les apprentis, les aides familiaux) et celles desix à 20 actifs. Dans les premières, la majorité des actifs n'est pas salariée, tandisque c'est l'inverse dans les secondes. Les premières n'ont pas, en majorité, de statutlégal, tandis que les secondes sont le plus souvent déclarées ou assujetties à l'impôtdans tous les pays, y compris en Jamaïque et au Swaziland. L'autre facteurdéterminant est la localisation : à taille égale, le statut légal est d'autant moinsfréquent que la ville est plus petite. Pour résumer, on peut dire que l'entreprise de sixà 20 actifs dans la capitale fonctionne presque toujours dans le cadre légal et celle dedeux à cinq personnes (et a fortiori un indépendant) dans une petite ville ou unvillage vit dans l'informalité. On pourrait être tenté d'après ces observations degarder le concept de secteur informel en le limitant aux indépendants et aux pluspetites entreprises. Mais il n'existe en réalité aucune frontière claire et nette: une

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partie des entreprises de deux à cinq actifs respecte des règlements ; à l'opposé,certaines entreprises de six à 20 actifs ne les respectent pas. Il vaut mieux parler dudegré d'informalité juridique, étant entendu que ce degré varie de manière continuede l'indépendant à l'entreprise de 20 personnes, en fonction de la taille, de l'activité,de la localisation et même du sexe (dans certains pays, la probabilité d'un statutlégal est plus faible, toutes choses égales par ailleurs, si le chef d'entreprise est unefemme).

Normes d'hygiène, de sécurité et de qualité

Nous nous intéressons ici aux normes qui concernent les consommateurs etsont justifiées par le souci du bien-être collectif. Ces normes sont très nombreuses etparfois très contraignantes dans les pays industrialisés. Leur simple transposition àun pays pauvre n'aurait pas de sens. Mais on ne peut pas rejeter toute norme pourcette raison: dans un pays chaud, l'obligation d'un réfrigérateur pour conserver lesaliments peut être légitimement imposée même aux petits restaurants afin de ne pasmettre en danger la santé des consommateurs.

Les enquêtes nous informent sur l'application de ces normes dans cinq pays etsur leur coût pour les entreprises. A première vue, la situation dans les pays pauvresest différente de celle dans les pays à revenu intermédiaire. Au Niger, comme auSwaziland, les autorités n'imposent aucune contrainte excepté pour les emplacementsau Swaziland. Cette restriction n'est ni comprise, ni acceptée ; les personnesinterrogées y voient un obstacle au développement de leur activité parce que celaleur fait perdre des ventes.

Cependant, ces normes jouent un rôle important dans certains secteurs enÉquateur, en Tunisie et en Thaïlande. Le secteur le plus encadré par cetteréglementation dans les trois pays est la restauration à la fois pour l'hygiène et laqualité. En Tunisie, les ateliers de mécanique sont soumis à des règles pour lesemplacements et en matière d'hygiène et de propreté. Pour les tapis, un poinçonnageplombé au verso qui certifie la qualité est obligatoire avant la vente. En Thailande,on impose des normes de sécurité (extincteur, disjoncteur électrique), pour le textileet le travail des métaux. Ces normes sont respectées par la majorité des entreprises ;en Tunisie, par exemple, on enregistre les réponses « respect total » ou « partiel »pour toutes les entreprises de la restauration et les trois quarts du textile (avec unerépartition moitié-moitié entre ces deux formes de respect). Dans la mécanique, onatteint 70 pour cent de respect total et 20 pour cent de respect partiel. Ces résultatssont liés aux contrôles : en moyenne un par an en Thaïlande (plus souvent pour lesrestaurants), et en Tunisie la plupart des restaurants sont contrôlés une fois par mois,les autres entreprises une fois par an. Les sanctions sont en général modérées : desavertissements, puis des amendes; la fermeture est tout à fait exceptionnelle et n'estappliquée que dans la restauration. Les réactions à ces normes sont partagées: d'uncôté on se plaint évidemment de leur coût, mais de l'autre on reconnaît l'intérêt deces mesures pour attirer la clientèle.

En revanche, il y a deux catégories de règlements qui soulèvent une vivehostilité, ceux sur les emplacements (ou les superficies requises par machine comme

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en Thaïlande) et ceux sur l'environnement (comme l'interdiction d'une activité tropbruyante près de logements en Thaïlande). Ce genre de règlement est perçu commeune entrave pure et simple au travail dont on ne comprend pas les raisons. Il est vraique dans certains pays, c'est l'État qui, pour des raisons de prestige, freine l'activitédes micro-entreprises en leur interdisant de vendre dans les quartiers « modernes »de la capitale et est responsable en quelque sorte d'un processus d'« infor­malisation ».

Ces réponses montrent que dans les pays à revenu intermédiaire, lesmicro-entreprises ne fonctionnent pas en dehors des lois. L'État intervient assezefficacement dans les secteurs qu'il veut encadrer. On pourrait objecter que cerespect est parfois partiel et que des entreprises n'appliquent aucune norme. Mais,rien ne prouve que ce comportement ne s'observe pas aussi pour les entreprises plusgrandes comme en témoignent des drames en Thaïlande (incendie dans une usine dejouets et effondrement d'un hôtel de luxe en 1993).

Les impôts

Quelle que soit la taille de l'entreprise, il est clair que l'impôt représente lacontrainte en principe la plus pénible pour l'entrepreneur, Or les enquêtes montrentque les micro-entreprises n'échappent pas à cette contrainte. Certes, celle-ci est trèslégère au Niger et au Swaziland (au Niger, la seule obligation qui touche la majoritédes micro-entreprises est la patente). En Jamaïque, il a été impossible de poser desquestions directes sur ce sujet, mais d'après les entretiens avec 30 entrepreneurs, ilsemble que la majorité ne paie aucun impôt. La situation est, en revanche, trèsdifférente dans les autres pays. C'est en Algérie que l'administration fiscale contrôlele mieux les entreprises : plus de 80 pour cent paient la TVA et l'impôt sur lesbénéfices. En Tunisie, beaucoup (de 75 pour cent à 85 pour cent) règlent la patenteet la taxe locative. En Équateur, 70 pour cent des entreprises sont assujetties à lapatente et à l'impôt sur les bénéfices tandis que 60 pour cent s'acquittent de la taxesur le chiffre d'affaires en Thaïlande (sans compter les sous-traitants, 5 pour cent,qui en sont dispensés). Pour ces quatre pays, la vision d'un secteur informel quiéchapperait le plus souvent à toute obligation fiscale est donc contredite et mêmedans les pays africains on note soit que la majorité paie la patente (Niger) soit que40 pour cent versent la taxe sur les ventes (Swaziland).

Comme pour l'enregistrement, la taille et la localisation ont une influencedéterminante. Les indépendants échappent le plus souvent à toute imposition tandisque les entreprises de dix à 20 actifs respectent leurs obligations fiscales.D'habitude, les obligations fiscales sont plus respectées dans la capitale, mais il y ades exceptions (Algérie et Thaïlande).

Contrairement à ce que l'on pourrait craindre, il ne semble pas que la fiscalitégêne vraiment les micro-entreprises. En effet, lorsque l'on demande à ceux qui nepaient pas d'impôts les raisons de cette situation, c'est seulement en Algérie que lecoût trop élevé de l'impôt est le premier motif invoqué. Dans les autres pays, ilsrépondent soit qu'ils ne sont pas informés (Niger, Swaziland), soit que les contrôlessont très rares (Equateur, Thaïlande). Par ailleurs, en Tunisie, comme en Thaïlande, il

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semble que les sous-déclarations soient fréquentes. On a donc l'impression quel'administration fiscale, exception faite de l'Algérie, est très souple sur instruction dugouvernement. Celui-ci évite à dessein de faire peser sur les micro-entreprises unecharge fiscale trop lourde afin de ne pas compromettre leur activité qui estindispensable pour lutter contre le chômage en ville. Ainsi les micro-entreprises nevivent pas en marge du système fiscal, mais dans la pratique on ne fait souventpayer que celui qui peut payer.

Le droit du travail

Pour toutes les entreprises qui ont des salariés, le droit du travail pourraitconstituer une contrainte assez inadaptée à leur situation. En effet, ce droit est conçuhabituellement pour les moyennes et grandes entreprises du secteur moderne et ilentraîne des coûts qui peuvent être excessifs pour les micro-entreprises. Un breftableau de la situation des salariés montre que si l'on applique ce droit, c'est avecbeaucoup de laxisme.

Dans tous les pays où l'on a institué un salaire minimum, il concerne aussi cesentreprises. La majorité de celles-ci ne le respecte pas au Niger et au Swaziland,mais dans les autres pays, la législation est assez souvent observée. En Équateur, laquasi-totalité des entreprises verse ce salaire, en Tunisie, en Algérie et en Thai1ande,c'est le cas pour 60 à 70 pour cent en moyenne. Les autres n'accordent le salaireminimum qu'à certains employés ; d'autre part, on peut tourner la loi; ainsi, enTunisie, des patrons maintiennent souvent leurs employés dans le statut d'apprentispour ne pas être soumis à cette contrainte. Le respect de la loi dépend aussi dusecteur : en Thaïlande, les salaires sont inférieurs au montant légal dans larestauration, mais supérieurs dans les autres activités. D'autre part, la notion desalaire minimum n'est pas adaptée à une société traditionnelle: les patrons qui ne lerespectent pas font remarquer qu'ils accordent des primes en fonction des résultatsou qu'ils viennent au secours de leurs employés lorsqu'ils ont des difficultésfamiliales.

Il existe d'autres manières de tourner la loi : on peut faire faire des heuressupplémentaires sans les payer. Or, dans beaucoup de pays (Algérie, Jamaïque,Niger, Swaziland), souvent on ne respecte pas la législation sur la duréehebdomadaire du travail. Par ailleurs, la majorité des entreprises ne paie pas lesheures supplémentaires dans les pays étudiés, exception faite de l'Équateur. Il estdonc évident que même si le salaire minimum mensuel est respecté, ce n'est pas lecas pour le salaire minimum horaire.

Dans tous ces pays, il existe des systèmes de sécurité sociale et toutes lesentreprises du secteur moderne y sont affiliées. Pour les micro-entreprises, cettemesure représente une charge qui peut être très lourde par rapport à leurs ressources,même si elles bénéficient de taux réduits. Au Niger et au Swaziland, la sécuritésociale est ignorée par la plupart des micro-entreprises. En revanche, dans les autrespays, la majorité est affiliée (sauf en Thaïlande où la sécurité sociale n'est pasapplicable pour les entreprises de l'échantillon, à la date de l'enquête). La taille se

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révèle être le critère déterminant : pour les entreprises de deux à cinq actifs,l'affiliation est rare tandis qu'elle est la règle pour celles qui ont plus de dix actifs.

Un premier bilan

Le meilleur bilan que l'on puisse imaginer sur le poids des contraintesréglementaires nous est procuré par les réponses des entrepreneurs à cette questionclé : quels sont les obstacles actuels au développement de votre activité ? Dansaucun des pays étudiés, les contraintes administratives ne sont citées au premier ouau second rang. L'obstacle le plus souvent indiqué est le manque de moyensfinanciers; dans les pays les plus pauvres, on évoque l'insuffisance de la demande, àl'opposé, dans l'économie la plus dynamique, la Thaïlande, on se plaint du manquede main-d'oeuvre qualifiée.

Cela ne signifie pas que les contraintes administratives ne freinent jamais lacroissance de ces entreprises. Mais si on les cite, il s'agit presque toujours desmêmes sujets: la fiscalité et les emplacements. C'est au Niger, au Swaziland, enAlgérie et en Thaïlande que l'on se plaint des impôts, ce qui s'explique par lapauvreté de ces entreprises en Afrique et par le poids non négligeable de l'impôt enThaïlande et surtout en Algérie. Les plaintes sur les emplacements s'expriment dansces pays comme en Tunisie et elles concernent à la fois les lieux de production et leslieux de vente. On en déduit que les autres règlements, qu'il s'agisse de normesd'hygiène ou de qualité, ou du droit du travail, ne gênent pas habituellement lesmicro-entreprises.

On peut en tirer une double conclusion : si les autorités publiques veulentstimuler l'activité des micro-entreprises, il y a des mesures à prendre pour adapter lesystème fiscal ou la législation sur les emplacements, mais ces mesures neconstituent pas une recette miracle, puisque d'autres obstacles plus importantsfreinent le développement de ce secteur. Le second point concerne le manque demoyens financiers, qui est la contrainte la plus souvent citée, que l'on évoque ledémarrage dans le passé ou les perspectives. Les enquêtes montrent que la plupartdes micro-entreprises n'ont accès ni au secteur bancaire, ni au secteur financiertraditionnel. Si l'on pose le problème en termes de cadre institutionnel et non pasd'une manière plus étroite en termes de cadre réglementaire, on peut considérer quecette coupure entre le secteur financier moderne et les micro- entreprises est unproblème institutionnel. Si les autorités publiques veulent que ces entreprisessatisfassent leurs espoirs en matière d'activité et de créations d'emplois, c'est lepremier problème qu'elles doivent résoudre. Des éléments de réponse nous sontdonnés par l'Équateur, où, grâce à des caisses d'épargne coopératives et à un statutspécial de l'artisanat, beaucoup plus de micro-entreprises, y compris celles de un àcinq actifs, ont eu accès au crédit que dans tous les autres pays étudiés.

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Introduction

L'idée de cet ouvrage est née d'une crainte, celle d'un divorce croissant entrele secteur public au sens le plus large, ce qui implique tout le cadre institutionnel, etle secteur privé, notamment les micro-entreprises, étant donné que ce sont lesentreprises les plus petites qui ont le plus de mal à fonctionner lorsque lesinterventions du secteur public sont inadaptées ou en contradiction avec l'entrepriseprivée. Qu'un tel divorce soit très coûteux, c'est une évidence dont on est de plus enplus conscient. En effet, après les politiques douloureuses d'ajustement structurelmenées pendant les années 80 qui ont imposé une réduction des effectifs des grandesentreprises parapubliques et retiré aux grandes entreprises privées les facilités d'unesurprotection, les espoirs d'une croissance rapide de l'emploi dans les grandesentreprises se sont évanouis, du moins dans beaucoup de pays d'Amérique latine,d'Afrique du Nord et d'Afrique sub-saharienne. Face à une croissance accélérée dela population active en ville, à des taux souvent supérieurs à 4 ou 5 pour cent, on afait des micro-entreprises, souvent désignées comme activités informelles, une sortede deus ex machina en désespoir de cause, pensant que seules les créationsd'emplois par ce secteur pourraient éviter en ville des taux de chômage catas­trophiques, avec toutes les conséquences sociales et politiques que l'on peutimaginer.

La confiance soudaine accordée à ce secteur marquait un retournementpolitique important. En effet, dans les années 60 et 70, on considérait ces activitéscomme marginales et destinées à disparaître. Beaucoup de pays en développementavaient placé tous leurs espoirs dans la modernisation rapide de leurs économies. Lesgouvernements de ces pays se souciaient uniquement de construire des infra­structures modernes, de développer des activités industrielles et tertiaires sur lemodèle des pays industrialisés. Cette stratégie de développement volontaristereposait sur un interventionnisme toujours important. Les responsables politiquesconsidéraient l'artisanat traditionnel, le petit commerce ou les petits métiers desurvie, comme un legs du passé, un signe du retard économique du pays, en sommecomme des activités résiduelles qui devraient disparaître rapidement. Préoccupéesseulement par la croissance du secteur moderne et convaincues des vertus d'uninterventionnisme très étendu, les autorités développaient un cadre réglementaire deplus en plus contraignant pour l'entreprise privée, en imitant souvent les législationsdes pays industrialisés, ce qui rendait ce cadre totalement inadapté aux micro­entreprises et aux indépendants.

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C'est probablement dans les pays d'Afrique sub-saharienne que le contrasteentre ce rêve et les réalités urbaines était le plus patent. En effet, c'est là que lesindustries créaient le moins d'emplois et que les réglementations étaient les plusinadaptées. Parmi les organisations internationales, celle qui est la plus préoccupéepar les problèmes d'emploi, le Bureau international du travail (BIT), s'est souciée lapremière de ces activités marginales qui, loin de disparaître, permettaient de survivreà un nombre croissant de gens en ville. L'étude du Kenya publiée en 1972 marqueun tournant par l'attention portée à ce secteur qualifié d'informel par opposition ausecteur moderne, unique objet des préoccupations du gouvernement et desfinancements de l'État.

Au début des années 80, les excès de l'interventionnisme, le coup d'arrêt portéau secteur moderne par la crise financière, notamment dans les pays d'Amériquelatine et d'Afrique, allaient provoquer une réaction opposée dans le sens néolibéral,réaction favorisée par le succès de ces idées aux États-Unis avec l'arrivée de Reaganà la présidence. Désormais, on se soucie du secteur informel et de son dévelop­pement et l'on rend l'État responsable du retard de ce secteur. Selon cette approchenéolibérale, il y a en permanence un conflit latent entre l'État et les micro­entreprises, celles-ci ne sont pas aidées mais au contraire discriminées par lesrèglements et les pratiques administratives et les donateurs étrangers ne parviennentpas à soutenir ces activités parce que l'administration représente en quelque sorte unécran entre donateurs et bénéficiaires. A cause de ce comportement de l'État, lesmicro-entreprises se trouvent marginalisées. C'est donc l'État qui les empêche de sedévelopper et de créer des emplois. C'est l'économiste péruvien de Soto qui adéfendu avec le plus de passion cette thèse en se référant à la situation des micro­entreprises dans son pays. Ce qui est intéressant en l'occurrence, c'est moins la baseempirique de son argumentation - qui est assez étroite puisqu'elle se limite à unpetit échantillon d'entreprises péruviennes - que le remarquable succès que sa thèsea obtenu auprès des gouvernements sud-américains comme aux États-Unis. Cesuccès s'explique moins par la solidité des preuves avancées par de Soto que par laconjoncture des années 80 : l'échec reconnu des stratégies de modernisationaccélérée des années 60 et 70, le renouveau des doctrines néolibérales.

Aujourd'hui, le temps est venu de reconsidérer ces controverses sur lesrelations entre l'État et les micro-entreprises, avec un certain recul et en s'appuyantsur des bases empiriques plus solides. Cette insuffisance de base empirique a étésoulignée par David Turnham :

« Beaucoup d'analystes considèrent que l'essence du secteur informelréside dans l'absence de conformité au cadre réglementaire (enregis­trement et octroi de licence, paiement des taxes, respect de la législationdu travail, normes de sécurité sur le lieu de travail, etc.). Toutefois, d'unpoint de vue empirique, le respect des réglementations en vigueur est unecaractéristique qui ne peut pas être mesurée sans une étude approfondiesur des études de cas. Or peu d'études de ce type ont été entreprises»(Turnham, 1993).C'est pour combler cette lacune que le Centre de Développement a fait faire

sept enquêtes (chapitres 1 et 2) sur les relations entre les micro-entreprises et lecadre institutionnel avec des échantillons assez larges (300 entreprises) etreprésentatifs de plusieurs activités (textile, métal, bois, restauration, réparation

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mécanique), le cadre institutionnel correspondant aux mesures citées par DavidTurnham. Cet ouvrage fait la synthèse des résultats obtenus en considérantsuccessivement tous les domaines de réglementation, l'enregistrement, les normesd'hygiène, de sécurité, de qualité, le contrôle des prix, la législation du travail et lalégislation fiscale (chapitres 3 à 6). Le fait que dans certains pays ou secteurs,beaucoup de micro-entreprises de six à 20 actifs respectent fréquemment cesrèglements nous a conduits à préférer le terme de micro-entreprises à celui de secteurinformel, même si les entreprises de l'échantillon présentent souvent lescaractéristiques par lesquelles on définit ce secteur. Les expériences de sept paysdifférents montrent qu'il faut être très prudent: d'un cas à l'autre les réglementationset les pratiques administratives varient beaucoup de telle sorte que le cadreinstitutionnel peut avoir un impact négatif sur les micro-entreprises dans un pays,mais neutre, ou même favorable, dans un autre. Par ailleurs, la même obligationlégale peut être un handicap important pour ces entreprises dans un pays pauvre,mais non dans un pays à revenu intermédiaire. On a tenté d'établir un bilan de cetimpact du cadre institutionnel dans une perspective dynamique (chapitre 7). Ce bilanest essentiel puisqu'il s'agit de voir dans quelle mesure le cadre institutionnel a gênéle démarrage de l'entreprise ou l'empêche aujourd'hui de se développer. Il permet,dans le chapitre final, de proposer des mesures pour améliorer le cadre institutionnel.Cet objectif n'est pas irréaliste car on trouve parmi les sept pays étudiés desexemples de réglementations et de pratiques administratives adaptées aux besoins etaux particularités des micro-entreprises.

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Chapitre 1

Présentation des échantillons

Cette étude est le résultat d'une enquête réalisée dans sept pays. Après unebrève présentation comparée de ces pays, nous préciserons la définition retenue pourles micro-entreprises, qui sont l'objet de cette étude. Nous décrirons ensuite le modede constitution des échantillons avant de résumer les caractéristiques des entreprisessondées en matière de secteur d'activité, de localisation et de taille. Enfin, nousanalyserons certaines caractéristiques des entrepreneurs qui ont répondu auxquestions posées par les enquêteurs.

Les sept pays étudiés

Les sept pays retenus pour l'étude sont très variés sur le plan de l'histoire et dela culture mais aussi du point de vue économique. Nous étudierons ici deux pays duMaghreb, l'Algérie et la Tunisie, deux pays d'Afrique sub-saharienne, le Niger,francophone, et le Swaziland, anglophone, un pays d'Asie du Sud-Est, la Thaïlande,un pays andin d'Amérique latine, l'Équateur, et enfin une île anglophone desCaraïbes, la Jamaïque. Une liste des principaux indicateurs de développementéconomique et social illustre la diversité des situations économiques de ces pays.

Principaux indicateurs de développement économique et social (1990)

Pays Population % Taux de scolarisation dans PNBlhab. Taux de croissance annuel(en milliers) population l'enseignement secondaire (dollars) moyen du PIB 1980-1990

urbaine (en %)1

Algérie 25056 52 61 2060 + 2.6Tunisie 8060 54 44 1440 + 3.7Niger 7666 20 6 310 - 0.9Swaziland 797 33 50 810 +4.2Thailande 55801 24 28 1420 + 7.8Équateur 10 284 56 56 980 + 2.1Jamaïque 2420 52 61 1500 + 2.0

Source: Banque mondiale, 1992.NOie: 1 Algérie, Swaziland, Tunisie: 1989; Jamaïque, Niger, Thailande : 1988; Équateur: 1987.

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En considérant le revenu par habitant des sept pays étudiés, on peut les diviseren deux groupes : d'une part, les deux pays d'Afrique sub-saharienne, Niger etSwaziland, qui se situent en dessous des 1 000 dollars par habitant et qui sont lespays les moins avancés de l'échantillon; d'autre part, les cinq autres pays, qui ontun revenu par habitant compris entre 1 000 et 2 000 dollars (on peut y inclurel'Équateur, dont le revenu par habitant dépasse 1 000 dollars pendant toute ladécennie 1980-1990, avant de descendre légèrement en dessous de ce seuil en 1990).

Si l'on tient compte de la classification de la Banque mondiale, les pays denotre étude appartiennent tous, à l'exception du Niger, à la tranche inférieure despays à revenu intermédiaire : le revenu par habitant y est compris entre 600 et2 500 dollars (voir tableau, supra). Toutefois, ils diffèrent largement par lescaractéristiques de leurs populations et leurs performances économiques.

De tous les pays de l'échantillon, l'Algérie est le seul cas d'économiesocialiste ; engagée dans une politique volontariste de règlement de la detteextérieure, l'Algérie a par ailleurs mis en place tardivement une politiqued'ajustement structurel qui a freiné l'activité du secteur productif par la baisse desimportations, l'aggravation du chômage et un net ralentissement de la croissancedans la seconde moitié des années 80. Au contraire, la Tunisie a bénéficié d'unereprise après la période d'ajustement.

Le Swaziland, petit pays enclavé d'Afrique australe, a un revenu par habitantinférieur à ceux de ces deux pays, mais il a connu des taux de croissance plus élevésque la majorité des pays d'Afrique sub-saharienne. Des sept pays de notre étude,c'est celui dont le taux de croissance démographique, et en particulier celui de lapopulation urbaine, est le plus élevé sur les dix dernières années. Depuis la fin desannées 80, la croissance soutenue a permis d'inverser la tendance à la baisse durevenu par habitant, en dépit d'un taux de croissance de la population de 3.5 pourcent par an. Ces résultats contrastent avec ceux du second pays sub-saharien quenous avons retenu : avec un revenu par habitant très inférieur à ceux des six autrespays, le Niger est en effet le pays le plus pauvre de notre échantillon. Faiblementdoté en richesses naturelles, surendetté, il a connu pendant les années 80 une suite deprogrammes d'ajustement et la stagnation. La population y est largement rurale ettrès faiblement scolarisée.

La Thaïlande est le seul pays asiatique de notre étude; c'est également le plusimportant par sa population, et ses caractéristiques en font un cas très particulier :d'une part, la population y est majoritairement rurale, comme au Niger et auSwaziland, et le taux de scolarisation dans l'enseignement secondaire est faible ;mais, d'autre part, c'est aussi le pays le plus dynamique de notre échantillon, avecune croissance rapide et ininterrompue depuis 10 ans (le PIB a doublé entre 1980 et1990), notamment grâce au succès de sa politique d'exportation de biens manu­facturés. La Thaïlande est en passe de rejoindre dans les prochaines années le groupedes NEI (Nouvelles économies industrielles).

Quant à l'Équateur et la Jamaïque, leurs populations présentent des carac­téristiques (taux d'urbanisation et taux de scolarité) comparables à celles des deuxpays du Maghreb. En Équateur, le rythme de la croissance est passé de plus de9 pour cent par an dans les années 1970 à 1980 à environ 2 pour cent pendant ladernière décennie: le revenu par habitant a chuté de plus de 20 pour cent entre 1980et 1990 et ce n'est qu'à la fin de cette période que l'Equateur a réussi à stabiliser son

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économie, mais le pays reste lourdement endetté et le taux de chômage dépasse12 pour cent. En Jamaïque, c'est à partir de 1986 que les mesures d'ajustement ontporté leurs fruits: le taux de croissance annuel moyen de l'économie atteint 4 pourcent entre 1986 et 1990, malgré le ralentissement provoqué par les conséquences ducyclone Gilbert en 1988.

Il est important de garder à l'esprit la diversité des caractéristiques et desperformances de ces sept pays : d'une part, des différences aussi grandes deconjoncture ont influencé dans une large mesure certaines réponses des entreprisesde l'échantillon, que nous analyserons dans les chapitres 1 à 6 ; d'autre part, le poidsrelatif des contraintes juridiques et réglementaires peut varier par rapport auxcontraintes de type économique, comme nous le verrons dans le chapitre 7.

Champ de l'étude

L'objectif des enquêtes n'était pas de tracer un portrait du monde des micro­entreprises dans les pays retenus, mais d'étudier précisément la position des petitsentrepreneurs à l'égard du cadre réglementaire. Il était nécessaire d'avoir uneinformation de même nature dans les différents pays, de façon à faire la part descaractéristiques communes ou spécifiques à chaque cas. Pour cette raison, on aprocédé à des choix de secteurs d'activités, de localisation et parfois de taillesd'entreprises qui sont explicités ci-dessous. D'autre part, le Centre de Dévelop­pement de l'OCDE a publié une série de « Documents techniques» relatifs à chaquepays, lesquels présentent en détail la méthodologie utilisée pour chacune desenquêtes nationales (voir Bibliographie).

Deux types d'enquêtes ont été réalisées auprès de micro-entrepreneurs danschaque pays, dans le courant de l'année 1991. D'une part, une enquête quantitativeauprès de 2 200 entreprises a permis de rassembler des statistiques qui sontprésentées dans cette étude. Une enquête qualitative, à partir d'entretiens avec desentrepreneurs, a de plus été effectuée de façon à compléter et approfondirl'information statistique. Cette enquête était d'autant plus nécessaire que l'enquêtequantitative fournissait une information insuffisante sur de nombreuses questionsdélicates (respect des obligations fiscales ou rapports avec l'administration).

Méthodologie de l'e1lquête

Dans chacun des sept pays, un questionnaire « court» a été adressé à environ300 petites entreprises (500 en Thai1ande), soit un total de plus de 2 200 unités; parailleurs, une trentaine d'entreprises dans chaque pays (plus de 200 au total), quiétaient parfois incluses dans l'échantillon de base, ont répondu à un questionnaire« long », plus détaillé, dont les questions ouvertes ont permis la collected'informations qualitatives.

L'unité d'enquête est l'entreprise. Par entreprise, on entend toute activitééconomique menée par une personne dans le but de se procurer un revenu, qu'elletravaille seule ou avec d'autres personnes. Deux critères de taille ont été retenus

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pour définir les micro-entreprises. Ce sont, d'une part, le nombre d'actifs, d'autrepart, le niveau d'équipement. Les actifs comprennent toutes les personnes travaillantdans l'entreprise, quel que soit leur statut: propriétaires, salariés, apprentis ou aidesfamiliaux, travailleurs permanents ou occasionnels. Dans la suite de cette étude, nousavons classé ces entreprises selon le nombre d'actifs, ce qui peut être assez différentdu nombre d'employés salariés (beaucoup d'entreprises ayant deux à cinq actifsn'ont aucun salarié). Les entreprises de l'échantillon, à de rares exceptions près, ontmoins de 20 actifs - et pour la plupart (plus de 90 pour cent) moins de dix actifs.Quant au critère de niveau d'équipement, il a été appliqué de fait par le choix dessecteurs d'activité: ce sont des secteurs qui comptent un grand nombre d'entreprisesfaiblement dotées en capital.

Les micro-entreprises se distinguent des petites et moyennes entreprises par unrecours fréquent à de la main-d'oeuvre non salariée: dans presque tous les pays,malgré des différences sectorielles prononcées, les non-salariés sont les plusnombreux dans les micro-entreprises de moins de six personnes, tandis que dans lespetites entreprises de plus de dix actifs, les salariés deviennent toujours largementmajoritaires (sauf au Niger - voir tableau 1.12). Il semble donc que l'on peutdistinguer sommairement, au sein des micro-entreprises au sens large (de un à20 actifs), d'une part, les micro-entreprises proprement dites (de un à dix actifs,comprenant les travailleurs indépendants) et, d'autre part, les petites entreprises (deonze à 20 actifs), qui forment une catégorie intermédiaire entre les précédentes et lesmoyennes entreprises ayant plus de 20 actifs.

Les secteurs d'activité

Les secteurs d'activité retenus sont sensiblement les mêmes dans les septpays: ce sont des activités manufacturières (textile, métal, bois, tapis) ou de service(restauration, réparation mécanique). Parmi ces types d'activités, ce sont les secteursles plus répandus dans les pays en développement et ceux où les micro-entreprisessont les plus nombreuses; l'étude de ces différents secteurs permet de comparer lecomportement d'entreprises opérant sur des marchés différents. Le commerce àproprement parler n'a pas été retenu dans les échantillons (sauf au Niger et auSwaziland avec la vente de vêtements) car bon nombre de questions de l'enquêteétaient sans objet ou de peu d'intérêt pour les entreprises de ce secteur: normes deproduction, normes de sécurité, d'hygiène ou de respect de l'environnement,approvisionnement de matières premières, etc. Presque toutes les entreprises del'échantillon vendent directement aux consommateurs et la fonction commerciale yest parfois prédominante. Plusieurs des activités présentes dans l'échantillon, tellesque les boulangeries et les restaurants, sont d'ailleurs classées dans le commercedans certaines nomenclatures. Il est cependant possible que certaines préoccupationsparticulières aux commerçants (financement de stocks de marchandises, problèmesd'emplacement) soient trop peu traitées, mais il est peu probable que les résultats surl'attitude générale des entrepreneurs vis-à-vis des réglementations en soient trèsaffectés.

En Algérie et en Tunisie, on a étudié le textile, la réparation mécanique, larestauration, auxquels il faut ajouter la fabrication de tapis en Tunisie; pour le Niger

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et le Swaziland : le textile, la transformation des métaux et du bois, la vente devêtements et la restauration ; pour la Thaïlande : le textile, la transformation desmétaux et la restauration ; enfin, pour la Jamaïque et l'Équateur: le textile, latransformation agro-alimentaire et la réparation mécanique, auxquels il faut ajouter latransformation du bois en Jamaïque.

Le tableau 1.1 donne la répartition des entreprises de l'échantillon par secteurspour chacun des sept pays. Il convient d'être prudent dans l'analyse comparée desrésultats d'enquête: en effet, sous une même dénomination, les secteurs regroupentparfois des sous-secteurs sensiblement différents d'un pays à l'autre. Ainsi, le secteurde la réparation mécanique comprend principalement la réparation de véhiculesautomobiles, sauf en Équateur où il inclut également la réparation d'appareilsélectroménagers. Quant au secteur dit de la « restauration », il correspond à lapréparation de plats cuisinés, mais il somprend également des boulangeries­pâtisseries et confiseries en Algérie, en Equateur et en Jamaïque!. De même, enJamaïque, le secteur de la transformation du bois regroupe exclusivement desfabricants de meubles, tandis qu'au Niger et au Swaziland il comprend égalementdes artisans ébénistes fabricants de petits objets en bois.

En revanche, les autres secteurs d'activités sont relativement homogènes d'unpays à l'autre: le secteur textile regroupe les activités de confection de vêtements(tailleurs, couturières) ; le secteur de la transformation des métaux comprend toutesles activités de fabrication de produits métalliques courants (ferronnerie, chaudron­nerie, aluminium, etc.) à l'exclusion des travaux de réparation. Quant à la fabricationde tapis, elle n'est présente que dans l'échantillon tunisien; en raison des spécificitésde ce secteur, nous le traiterons souvent à part des autres activités.

Il faut noter que le choix des secteurs d'activités exclut nombre de petitsmétiers qui ont souvent retenu l'attention des analystes du « secteur informel », telsque les vendeurs à la sauvette ou les cireurs de chaussures. Les échantillonscomprennent cependant des activités de rue, surtout dans le secteur de larestauration. Ils comprennent donc moins de travailleurs indépendants que l'on enaurait en incluant d'autres secteurs, notamment le commercez. Dans les échantillons,les entreprises sont des entreprises individuelles (non des sociétés) et ont moins de20 actifs, à de rares exceptions près.

Le nombre d'entreprises de l'échantillon pour chaque activité n'est pasproportionnel au nombre des entreprises de ces activités à l'échelle nationale, nimême pour le seul milieu urbain. Dans les échantillons de certains pays (Algérie,Thaïlande, Swaziland), les activités plus nombreuses sont mieux représentées, sanspour autant que leur nombre soit proportionnel à la population totale des entreprisespar activités. Il n'a pas paru nécessaire de pondérer les résultats, le but des enquêtesn'étant pas de fournir des statistiques nationales. La majorité des résultats estprésentée par secteurs d'activité, et lorsque ce n'est pas le cas (notamment dans lesrésultats donnés par taille d'entreprises), les informations ne sont utilisées que defaçon relative, comme on l'a fait dans les comparaisons entre pays. Lorsqu'unsecteur a des caractéristiques très particulières, cela est signalé et expliqué dans letexte et les moyennes générales ne sont pas utilisées. Les moyennes nationales nesont pas des statistiques nationales non plus, d'autant plus que seules trois ou quatreactivités sont présentes dans l'échantillon. Ce sont cependant des repères utiles, quipermettent de situer un secteur par rapport aux autres.

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Localisation des entreprises

Lorsque l'on étudie l'impact des réglementations sur le comportement desmicro-entrepreneurs, il est important de prendre en compte l'environnement danslequel les entreprises évoluent : une entreprise située dans une zone rurale trèséloignée des centres administratifs sera bien moins confrontée aux règles définies parles autorités qu'une entreprise qui opère dans une grande ville; les contrôles serontmoins fréquents, voire inexistants, et l'on peut penser que l'entrepreneur aura unemoindre connaissance des réglementations et de leur évolution. De même, desdifférences peuvent également être sensibles selon que l'entreprise est située dans lacapitale ou dans une ville secondaire3.

Comme le montre le tableau 1.2, les enquêtes se sont déroulées essentiellementen milieu urbain (capitales et villes principales), pour des raisons pratiques maisaussi méthodologiques: l'étude des relations entre les micro-entreprises et le cadreinstitutionnel au sein duquel elles évoluent n'est pertinente que pour des entreprisesqui sont confrontées quotidiennement aux règles juridiques, administratives etfiscales définies par l'autorité publique. C'est donc dans les villes que l'on peutapprécier le mieux l'impact de ces réglementations sur le fonctionnement desmicro-entreprises, ainsi que les effets des éventuelles mesures de soutien aux petitesentreprises (soutien financier, services publics mis à la disposition des entreprises,etc.).

Ainsi, les enquêtes se sont déroulées à Alger et dans cinq autres Wilayas(départements) en Algérie; en Tunisie, à Tunis, à Sfax et à Kairouan (les entreprisesde l'échantillon situées à Kairouan sont exclusivement les ateliers de tapis, fortementconcentrés dans cette région) ; à Niamey, à Dosso, dans des villes secondaires et desvillages au Niger; à Mbabane, à Manzini, dans d'autres villes secondaires et desvillages au Swaziland ; à Bangkok et dans les chefs-lieux de dix autres provinces enThaïlande, réparties sur l'ensemble du territoire; à Quito et dans deux villessecondaires (Cuenca et Ambato) en Équateur; à Kingston, à St Andrew et dansplusieurs autres communes en Jamaïque.

Les capitales représentent chaque fois 50 pour cent des entreprises dansl'échantillon, sauf pour l'Algérie et la Tunisie, où les capitales pèsent d'un poidsplus lourd dans l'échantillon (respectivement 63 pour cent et 58 pour cent) et laJamaïque, où au contraire Kingston et St Andrew représentent ensemble seulement22.5 pour cent de l'échantillon. Enfin, seuls les échantillons du Niger et duSwaziland comprennent des entreprises situées dans des villages en zone rurale(respectivement 4 pour cent et 8 pour cent des échantillons).

Les résultats de l'enquête reflètent donc principalement les caractéristiques desmicro-entreprises urbaines. Cette étude ne prétend pas présenter les caractéristiquesde l'ensemble des micro-entreprises des pays en développement (le milieu ruraldevrait dans ce cas être beaucoup mieux représenté). Elle fournit une informationobtenue à partir des mêmes questions sur une grande diversité d'échantillonssectoriels, qui couvrent un large spectre de situations dans des pays différents, etc'est ce qui permet de généraliser dans la plupart des cas les résultats.

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Constitution des échantillons par pays

La constitution d'un échantillon représentatif de ce type de population présentede grandes difficultés, d'autant plus que l'on sait que beaucoup de micro-entreprisesévoluent plus ou moins en marge de la légalité, et que, contrairement aux entreprisesdu secteur moderne, elles sont parfois peu visibles (en particulier pour celles qui onttrès peu ou pas d'employés). Dans cette étude, les méthodes de constitution deséchantillons varient d'un pays à l'autre, en fonction des sources disponibles surplace: suivant que l'on a eu recours à l'utilisation de listes officielles d'entreprises,de recensements existants ou effectués pour les besoins de l'enquête ou encore à deséchantillons raisonnés, la population des entreprises de l'échantillon peut êtresensiblement différente d'un pays à l'autre. Il est donc nécessaire de présenter icisuccinctement les différentes méthodes de constitution des sept échantillons.

Dans trois pays (Algérie, Tunisie, Niger), on a utilisé des fichiers statistiquesou administratifs. En Algérie, les entreprises situées dans la capitale ont été tirées defaçon aléatoire du fichier de l'Office national des statistiques. Ce fichier est élaboré àpartir d'enquêtes régulières sur le secteur privé et est mis à jour à l'aide de sourcesofficielles comme les bulletins d'annonces légales ou les déclarations desemployeurs aux organismes sociaux ; il couvre donc très largement l'ensemble desactivités à Alger. Quant aux entreprises de l'échantillon situées dans des villessecondaires, elles ont été appréhendées directement dans des zones définies sur leterrain. En Tunisie, on a également procédé par tirage aléatoire à partir d'un fichierstatistique national, le FENA (fichier des établissements non agricoles)4. Au Niger,pour les entreprises situées dans la capitale, on a procédé par tirage aléatoire à partir,cette fois, d'un fichier de la Chambre de commerce de Niamey, en pondérantl'échantillon selon des critères de taille des entreprises. Le reste de l'échantillon(ville de Dosso, villes secondaires et villages du département de Dosso) a été tiré defaçon aléatoire d'après une étude menée auprès de plus de 18 000 entreprises5. Cestrois échantillons présentent donc certains défauts des échantillons tirés à partir delistes administratives : les entreprises de création récente sont certainement sous­représentées du fait des délais de mise à jour de ce type de listes, et des entreprisespeu visibles peuvent également ne pas apparaître dans les fichiers.

Dans deux pays (Swaziland et Jamaïque), on a pu utiliser les résultats derecensements récents. Au Swaziland, les trois quarts des entreprises ont été tirés demanière aléatoire d'une base constituée d'après un recensement réalisé en 1991auprès de tous les établissements non agricoles de moins de 50 personnes, etcouvrant l'ensemble du territoire6 ; le reste des entreprises de l'échantillon a étéidentifié selon les critères retenus de secteur, de taille et de localité. En Jamaïque,l'échantillon a été tiré d'un recensement exhaustif des entreprises non agricoles?,mené sur un cinquième des zones définies pour les recensements de population.

Enfin, dans les deux derniers pays (Thaïlande et Équateur), on a utilisé deséchantillons aréolaires. En Thaïlande, un échantillon aléatoire de blocs résidentiels aété fourni par l'Office national de la statistique à partir du zonage du recensementgénéral de la population. Un recensement préalable des entreprises des trois secteursétudiés a permis de constituer la population mère de l'échantillon (l 500 entreprisesont été recensées dans 72 de ces blocs à Bangkok). En Équateur, un zonage des

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villes choisies pour l'enquête a été effectué, à partir duquel les entreprises del'échantillon ont été choisies en fonction des critères de secteur et de taille.

L'idée de représenter également tous les différents types d'activités que l'on asouvent regroupés sous l'appellation trompeuse de « secteur informel» (il n'y a pasde secteur homogène et, comme on le verra par la suite, l'informalité est trèsrelative) est irréalisable puisque l'information nécessaire n'existe que partiellement.Les activités clandestines ne sont bien sûr pas étudiées8• Il faut néanmoins préciserque la plupart des entreprises ne peuvent de toute façon fonctionner qu'au grandjour, en particulier dans les zones urbaines: c'est le cas de celles qui s'adressent augrand public (restauration, réparation mécanique) ou de celles qui sont bruyantes(transformation du métal). Notons également que les activités à domicile sontprésentes9, et même majoritaires dans les échantillons de certains pays (voirtableau 1.9). Ainsi, la plupart des segments de ce vaste conglomérat d'activités ditesinformelles sont représentés dans l'un ou l'autre des échantillons. Des questionsidentiques ont été posées à des micro-entrepreneurs de sept pays dans troiscontinents, et les résultats quantitatifs sont accompagnés d'une informationqualitative d'une grande richesse, dont il a été fait largement usage dans l'étude. Lesobjectifs de cette étude ont pu être atteints grâce à l'adjonction de nombreux sous­échantillons qui sont autant d'études de cas. Si la diversité des échantillons interditd'interpréter les résultats comme des statistiques nationales, elle n'en constitue pasmoins une garantie de la fiabilité des conclusions.

Profil des entrepreneurs

Le but des enquêtes n'était pas de donner un profil sociologique desentrepreneurs, et peu de questions ont été posées sur les principales variables socio­démographiques. On verra la répartition des entrepreneurs par sexe et par secteursd'activité. Dans quelques cas, on dispose également d'une information sur l'âge. EnThaïlande, on connaît également l'origine sociale des entrepreneurs, et en Équateur,le statut précédent. Enfin, dans plusieurs pays, le niveau d'éducation a également étédemandé.

Sexe et âge

D'une manière générale, la proportion de femmes entrepreneurs variefortement, d'une part, d'un pays à l'autre et, d'autre part, d'un secteur à l'autre(tableau 1.3). Ainsi, on constate que les femmes sont majoritaires dans leséchantillons du Swaziland et de la Thaïlande, où elles représentent respectivement 69et 51 pour cent des entrepreneurs. Cette proportion tombe à 20 pour cent enÉquateur lO et 15 pour cent au Niger et en Jamaïque. Enfin, on trouve très peu defemmes à la tête des micro-entreprises de l'échantillon au Maghreb (Algérie etTunisie) ; elles sont néanmoins présentes dans l'artisanat du tapis en Tunisie, unsecteur exclusivement féminin dans l'échantillon ll, et parfois dans la confection enAlgérie.

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Quel que soit le pays, les femmes entrepreneurs sont très minoritaires dans lessecteurs de la mécanique et de la transformation des métaux (moins de 10 pour centdes chefs d'entreprise à chaque fois 12). Cela est également vrai, mais dans unemoindre mesure, pour la menuiserie-ébénisterie : elles comptent pour 14 pour centdes entrepreneurs dans ce secteur au Swaziland et jusqu'à 20 pour cent en Jamaïque.

En revanche, au sein des autres secteurs d'activité étudiés, il existe descontrastes marqués entre les pays. Ainsi, dans le secteur textile, elles sont nettementmajoritaires au Swaziland, en Thaïlande et en Jamaïque, avec respectivement 90, 62et 57 pour cent des sous-échantillons, mais peu présentes en Équateur et surtout auNiger (22 et 13 pour cent). De même, plus des trois quarts des restaurants sont tenuspar des femmes au Swaziland et en Thaïlande, contre moins d'un quart en Jamaïqueet en Équateur. Notons par ailleurs que, dans ces deux secteurs d'activité, lesfemmes travaillent le plus souvent seules, sauf en Équateur, où la plupart d'entreelles dirigent des entreprises employant entre deux et cinq actifs.

Enfin, rappelons que le choix des secteurs biaise parfois l'échantillon en faveurd'une plus grande représentation des hommes entrepreneurs ; c'est le cas, parexemple, du Niger et du Swaziland : dans les pays d'Mrique sub-saharienne, lesfemmes sont nombreuses à la tête des activités commerciales, or, comme nousl'avons déjà remarqué, celles-ci sont peu représentées dans les échantillons.

Les entrepreneurs des échantillons ne sont pas particulièrement jeunes. EnÉquateur, les trois quarts des entrepreneurs ont 35 ans ou plus. En Jamaïque, près de30 pour cent ont moins de 35 ans et 22 pour cent ont 55 ans ou plus. En Thaïlande,ces proportions sont respectivement de 34 pour cent et 6 pour cent, et ne diffèrentpas beaucoup par sexe. La position d'entrepreneur est donc plutôt celle de personnesayant acquis une certaine maturité plutôt que de jeunes rejetés par le marché dutravail. Il convient également de noter que les responsables des plus grandesentreprises de l'échantillon sont en moyenne plus jeunes que les indépendants, quelque soit le sexe. Ils sont aussi mieux éduqués en moyenne. Ce phénomène ne seretrouve pas en Équateur ni en Jamaïque, où les jeunes entrepreneurs sont plusnombreux parmi les indépendants.

Origine

Nous considérerons ici deux informations de nature différente qui apportentdes éléments sur la connaissance du milieu des petits entrepreneurs, à travers deuxexemples. En Thaïlande, on connaît la profession des parents : 45 pour cent desentrepreneurs viennent de familles d'agriculteurs, mais cette proportion variebeaucoup selon le sexe et l'activité. Ainsi, les trois quarts des hommes entrepreneursdans le secteur du textile sont nés dans des familles d'agriculteurs, mais laproportion est de l'ordre de 35 pour cent dans le métal et la restauration. Lesfemmes sont moins nombreuses à provenir du milieu agricole. Il faut souligner queles jeunes entrepreneurs de l'échantillon originaires de familles d'agriculteurs, sontrelativement plus nombreux que leurs aînés. Ainsi, les micro-entreprises continuent àdrainer une population d'origine rurale comme cela a été souligné dans denombreuses enquêtes dès le début des années 70.

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L'Équateur nous permet d'illustrer un autre type d'information, qui estl'occupation précédente des entrepreneurs ainsi que leur première occupation. Untiers des entrepreneurs a été salarié avant de monter sa propre entreprise, un quartétait des apprentis, un quart était déjà à la tête d'une entreprise semblable. Pour cequi est de la première occupation, on trouve une majorité de salariés (44 pour cent),et un tiers qui a démarré comme indépendant ou comme responsable de petitesentreprises. Mais il est intéressant de constater les différences selon la taille del'entreprise actuelle. Les responsables des entreprises les plus importantes del'échantillon (plus de cinq personnes) sont beaucoup moins nombreux à avoircommencé comme salariés par rapport aux indépendants ou responsablesd'entreprises de moins de cinq personnes. Ces derniers commencent en majorité leurcarrière par une expérience de salarié ou d'apprenti, tandis que les entrepreneurs lesplus importants sont nombreux à commencer directement après l'école, sans autreexpérience professionnelle.

Le niveau scolaire a probablement une influence sur ces types de carrière, toutcomme l'origine sociale. Les entrepreneurs des entreprises les plus importantes, quiont un meilleur niveau scolaire que les autres, ont donc commencé d'emblée leurcarrière à un certain niveau. On verra plus loin qu'ils respectent ou connaissentdavantage les réglementations que les plus petits entrepreneurs, et leur originesociale ou leur éducation ne sont pas étrangères à cela.

Niveau d'éducation

En matière de niveau d'éducation des entrepreneurs, il existe un contraste netentre les différents pays : c'est en Équateur que le niveau moyen paraît le plusélevé ; il est un peu plus faible en Jamaïque, en Thaïlande et au Swaziland, etnettement plus bas au Niger. Ainsi, 37 pour cent des entrepreneurs nigériens ne sontjamais allés à l'école (contre 5 pour cent en Thaïlande), 35 pour cent ne sont allésqu'à l'école coranique et seuls 27 pour cent ont fréquenté l'école de type occidental.

Entre les autres pays, les situations sont également contrastées : la proportiond'entrepreneurs ayant fait des études au-delà du cycle primaire varie de 32 pour centen Thaïlande à plus de 60 pour cent en Équateur, la Jamaïque constituant un casintermédiaire avec 43 pour cent. C'est en Équateur que la proportion de patronsayant atteint un niveau d'études supérieures est la plus élevée, avec 20 pour cent descas; en Jamaïque, ces chiffres ne dépassent pas 15 pour cent, et en Thaïlande 8 pourcent.

On constate que, de manière générale, la moitié au moins des indépendants n'aqu'un niveau d'éducation inférieur ou égal au niveau primaire. De plus, le niveaumoyen d'éducation des dirigeants s'élève avec la classe d'effectif considérée13 :

ainsi, en Jamaïque et en Équateur, la proportion d'entrepreneurs ayant atteint leniveau secondaire ou au-delà est à peu près la même pour les indépendants et lespatrons d'entreprises de deux à cinq actifs (entre 12 et 15 pour cent dans les deuxcas), mais elle progresse nettement quand on considère les entreprises de plus decinq actifs (près de 40 pour cent).

Il est probable que le niveau moyen d'éducation des micro-entrepreneursaugmente d'une génération sur l'autre, comme cela se produit pour l'ensemble de la

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population. Il n'y a qu'en Thaïlande que l'information soit disponible pour mesurerce phénomène; ainsi, la proportion d'entrepreneurs dont le niveau d'éducation estfaible (niveau primaire et en dessous) est de deux tiers chez les plus âgés (plus de42 ans), contre seulement un tiers chez les plus jeunes (moins de 35 ans).

Le niveau moyen d'éducation des entrepreneurs semble se situer au-dessus dela moyenne nationale dans les trois pays où l'information est disponible. En effet, enÉquateur, en Jamaïque et en Thai1ande, le nombre relatif d'entrepreneurs ayant été àl'école secondaire est supérieur au taux actuel de scolarisation dans le secondaire,alors que l'on aurait pu s'attendre à l'inverse. Ainsi, en Équateur, 62 pour cent desentrepreneurs ont fréquenté l'école secondaire alors que le taux de scolarisationactuel dans le secondaire n'est que de 56 pour cent. En Thaïlande, on trouve 32 pourcent d'entrepreneurs, et si l'on prend les moins de 35 ans, plus proches de lapopulation scolarisée actuelle, 50 pour cent, contre un taux actuel de 28 pour cent àl'échelle nationale. Certes, ces données ne sont pas strictement comparables, maiselles prouvent que le niveau scolaire moyen des micro-entrepreneurs urbains estsupérieur à la moyenne nationale.

Les entreprises

Type de local et mode d'occupation

Le plus souvent, les dirigeants de micro-entreprises opèrent dans un local fixeindépendant de leur domicile (entre environ 60 et 90 pour cent des cas) ; toutefois, leSwaziland et surtout la Thailande font exception : la part des entreprises installéesdans des locaux de ce type est de 38 pour cent dans le premier de ces pays et à peine9 pour cent dans le second. En effet, en Thailande, la grande majorité des micro­entreprises dans l'échantillon est installée dans des locaux rattachés au domicile dupatron (tableau 1.9).

La plupart des entrepreneurs ne sont pas propriétaires de leur local(tableau 1.10) : cela est particulièrement net au Swaziland et en Tunisie, où leslocaux sont leur propriété dans respectivement 7 pour cent et 14 pour cent des cas, etdans une moindre mesure en Thaïlande, en Équateur et en Jamaïque (entre 30 et36 pour cent des cas) ; au Niger, cette proportion atteint plus de 40 pour cent. Lespatrons algériens constituent une exception en la matière : les locaux sont le plussouvent leur propriété personnelle (54 pour cent des cas) ou celle de leur famille(33 pour cent). Les raisons de « l'exception» algérienne sont les suivantes : en1981, l'État algérien souhaitait se désengager de la gestion et de la maintenance deson vaste patrimoine immobilier ; il a décidé de céder aux occupants ses biensimmobiliers à vocation commerciale ou d'habitation, à des prix très bas. La plupartdes industriels et des commerçants se sont alors portés acquéreurs, trouvant ainsi unesolution au problème crucial, en Algérie, de l'accès aux locaux commerciaux. Al'opposé, la grande majorité des patrons tunisiens loue son local, et ce quel que soitson secteur d'activité ; cette situation semble avant tout liée à l'insuffisance desressources de l'entreprise, qui ne permettent pas l'accès à la propriété.

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Taille des entreprises

Si l'on considère le détail de la répartition des entreprises par secteurs et parclasse d'effectif, que donne le tableau 1.1, on constate tout d'abord que lesindépendants (un patron sans employé ni aides familiaux) sont très minoritaires enAlgérie et en Tunisie (2 pour cent de l'échantillon dans les deux cas) et même enÉquateur (l0 pour cent) ; il n'y a qu'au Swaziland que les indépendants représententplus de la moitié de l'échantillon (57 pour cent). Même dans ce dernier cas, il estimportant de noter que les indépendants sont sous-représentés par rapport à leur partréelle dans chacune des économies considérées.

Par ailleurs, dans tous les cas, la grande majorité des entreprises del'échantillon emploie moins de six actifs (indépendants inclus) : c'est le casd'environ 70 pour cent des entreprises en Algérie et en Tunisie, 80 pour cent auNiger, en Thaïlande en Équateur et en Jamaïque, et jusqu'à 90 pour cent auSwaziland.

Quant aux entreprises de six à dix actifs, elles représentent aux alentours de20 pour cent des échantillons algérien, tunisien et thaïlandais (avec un maximum de24 pour cent en Algérie) et aux alentours de 10 pour cent dans les autres pays. Lesentreprises de plus de dix actifs représentent, elles, entre 3 et 10 pour cent desentreprises dans les différents échantillons ; elles sont très peu représentées auSwaziland et en Thaïlande (respectivement 3 et 4 pour cent).

Répartition des actifs par catégorie

Les tableaux 1.11 et 1.12 donnent le détail de la répartition des actifs parcatégories d'emploi, selon le secteur et la taille des entreprises. On constate que lesalariat est plus développé en Algérie et en Jamaïque que dans les autres paysétudiés : les salariés représentent dans ces deux pays plus de la moitié des actifs(respectivement 68 et 65 pour cent). Au Swaziland, ils représentent 50 pour cent desactifs, tandis que dans les autres pays ils ne deviennent majoritaires que dans lesmicro-entreprises qui emploient plus de cinq actifs (Thai1ande, Équateur) voire plusde dix (comme au Niger). En Tunisie, les salariés représentent apparemment moinsde la moitié de l'effectif quelle que soit la taille de l'entreprise; mais il faut tenircompte du poids du secteur du tapis, où l'on ne compte aucun salarié: si on l'exclut,le pourcentage de salariés apparaît au contraire assez élevé (entre 58 et 60 pour cent)et constant quelle que soit la taille de l'entreprise.

En terme de secteur d'activité, on peut remarquer que le salariat est surtoutdéveloppé dans le secteur textile : le pourcentage de salariés dans l'effectif y esttoujours supérieur à leur part moyenne dans la population totale des actifs par pays.

Le nombre d'apprentis est plus particulièrement élevé dans les secteurs de lamécanique, de la transformation des métaux et du bois ; il faut néanmoins noter queceux-ci représentent près du tiers des actifs dans le secteur textile au Niger et enTunisie. Par ailleurs, c'est dans ce dernier pays que l'apprentissage est le plusdéveloppé, et l'on constate que le nombre d'apprentis augmente avec la taille del'entreprise. Dans le chapitre 5, nous reviendrons plus en détail sur les formesd'emploi dans les micro-entreprises et leurs spécificités.

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Cette présentation permet donc d'apprécier les caractéristiques desentrepreneurs et des entreprises des échantillons des sept pays. La diversité des paysétudiés, ainsi que celle des échantillons expliquent les contrastes en matièred'éducation, de répartition par âge et par sexe des entrepreneurs, de même que lesdifférences dans la composition de la main-d'oeuvre des micro-entreprises. Lesattitudes des entrepreneurs dans les différents domaines de la réglementation, quenous allons voir dans les chapitres suivants, correspondent donc bien à une grandevariété de situations.

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Notes et références

1. En Équateur et en Jamaïque, c'est l'ensemble des petites entreprises de transformationalimentaire (principalement les boulangeries-pâtisseries) et non les restaurantsproprement dits qui est étudié. Dans la suite du texte, et notamment dans les tableaux,ce secteur est compté avec les restaurants.

2. En Jamaïque, par exemple, les indépendants constituent 30 pour cent des entreprisespour les quatre secteurs d'activité retenus, alors qu'ils sont 77 pour cent pourl'ensemble des activités, dans le recensement de base.

3. Certains impôts ne peuvent être levés auprès de toutes les entreprises pour des raisonstechniques, par exemple les impôts établis d'après le cadastre, lorsque celui-ci n'existepas partout.

4. Les ateliers de fabrication de tapis n'apparaissant pas dans le fichier, ils ont étéappréhendés directement sur le terrain. Pour cette raison, les résultats de ce secteur sonttraités à part.

5. Fisseha, 1990.

6. Fisseha et McPherson, 1991.

7. Statin, dans Anderson, 1992.

8. Certains auteurs estiment que les activités illégales (trafic de drogue par exemple) nerelèvent pas du même champ sémantique que la dichotomie formel-informel.

9. On entend ici par activités à domicile les activités qui sont menées sur le lieu mêmed'habitation de l'entrepreneur, sans qu'il y ait de local commercial séparé: il faut lesdistinguer des activités menées dans un local commercial rattaché au domicile del'entrepreneur.

10. Pour l'Équateur et la Jamaïque, ces pourcentages sont calculés sur l'échantillon desentreprises employant au plus dix actifs.

Il. Encore faut-il préciser que les artisanes du secteur du tapis en Tunisie n'ont qu'uneautonomie de décision limitée en tant que « chefs d'entreprises », dans la mesure où lescircuits de distribution sont largement contrôlés par quelques grands commerçants quipossèdent par ailleurs leurs propres ateliers.

12. Encore s'agit-il souvent des épouses des patrons, qui ont en charge la gestion del'atelier, le patron lui-même ne s'occupant que de la production.

13. Sauf au Swaziland, où la proportion d'entrepreneurs qui sont allés plus de 6 ans àl'école est constante quelle que soit la taille de l'entreprise.

38

Page 40: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.1. Nombre d'entreprises dans l'échantillon, par classes d'effectif et par secteurs

Effectif' Algérie Tunisie Niger Swaziland

Tex. Res. Méc. Total Tex. Res. Méc. Tapis Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Totalvêt. vêt.

1 2 2 1 5 2 - 1 4 7 15 23 8 8 16 70 74 43 5 21 24 167

[2-5] 42 87 48 177 44 73 68 23 208 47 40 26 22 36 171 27 18 6 13 27 91

[6-10] 16 34 16 66 20 19 17 4 60 6 4 18 5 3 36 4 3 4 2 11 24

>10 10 11 1 22 14 - 1 1 16 4 7 6 3 3 23 2 2 4 1 - 9

Total 70 134 66 270 80 92 87 32 291 72 74 58 38 58 300 107 66 19 37 62 291

Effectif' Tha',1ande Équateur Jamaïque

Tex. Res. Métal Total Tex. Res. Méc. Total Tex. Res. Méc. Bois Total

1 60 117 16 193 22 1 7 30 39 16 13 13 81

[2-5] 77 64 60 201 55 69 74 198 12 31 48 44 135

[6-10] 37 6 45 88 12 19 8 39 5 7 9 10 31

> 10 9 1 11 21 11 14 6 31 7 7 5 4 23

Total 183 188 132 503 100 103 95 298 63 61 75 71 270

NOIe: Il Par effectif, on entend le nombre total d'actifs, comprenant le chef d'entreprise, les salariés et les employés non salariés (aides familiaux et apprentis).

Tex. :Méc. :Res. :Ven. vêt. :

textilemécaniquerestaurationvente de vêtements

Page 41: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.2. Répartition des entreprises de l'échantillon, par localités

Entreprises de l'échantillon à Mbabane et Manzini.Entreprises de l'échantillon à Kingston et St Andrew.Pour "Algérie, outre Alger, les enquêtes ont été menées en milieu urbain dans 17 villes de petite ou moyenne taille; parmi celles-ci, la plus petite est Beni Yenni(7000 habitants), et la plus grande Blida (127 000 habitants).En Tunisie, une seule ville secondaire fait partie de l'échantillon pour les secteurs mécanique, restauration et textile (Sfax) ; toutes les entreprises du secteur tapis sont, elles,situées à Kairouan.Cette catégorie comprend Dosso et d'autres villes secondaires.En plus de Bangkok, l'enquête s'est déroulée dans les villes principales de dix provinces.En Équateur, outre Quito, l'enquête s'est déroulée dans les villes secondaires de Cuenca et Ambato.Entreprises de l'échantillon dans des" communes rurales ~ que l'on assimile à des petites villes plutôt qu'à des villages.

Capitale

Villes

Villages

Total

Notes: 11.j::. 2J0 31

41

51617181

Algérie

170

270

Tunisie

170

1214

291

Niger

150

13

300

Swaziland

90

24

296

Thanande

255

503

Équateur

150

298

Jamaïque

270

Total

1150

1041

37

2228

Page 42: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.3. Répartition des entrepreneurs, par sexe et par secteurs

Niger Swaziland ThanandeTolal

Tex. Res. Mét. Bois Ven. Tolal Tolal Tex. Res. Mét. Bois Ven. Tolal Tolal Tex. Res. Mét. Tolal Tolalvêt. (en %) vêt. (en %) (en %)

Homme 63 47 58 38 48 254 85 7 8 17 31 11 74 26 22 24 101 147 29 557

Femme 9 27 0 0 9 45 15 94 55 0 5 45 199 69 114 134 10 258 51 525

Couple 0 0 0 0 1 1 0 4 3 2 1 6 16 5 47 30 21 98 20 17

Total 72 74 58 38 58 300 100 105 66 19 37 62 289 100 183 188 132 503 100 1099

Page 43: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.4. Répartition des entrepreneurs, par âge et taille d'entreprise(en pourcentage)

Tha't1ande Équateur Jamaïque

\ 2·5 5-\0 > \0 Total 1 2-5 6-\0 Total \ 2-5 6-(0 Total

- 35 26 33 47 52 34 31 28 12 26 31 31 13 29

35-54 65 61 51 48 60 52 57 73 59 44 50 57 49

55 + 9 6 2 0 6 17 15 15 15 25 19 30 22

Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

Nombre 163 226 91 23 503 30 198 39 267 81 166 31 247d'entreprises

-

Page 44: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.5. Thailande: origine sociale des entrepreneurs, par secteurs

Activité des parents Textile Restaurants Métal Totalen %

Agriculteurs 56.1 42.3 35.2 45.5

Travailleurs dans l'industrie 5.0 3.8 15.6 7.3

Travailleurs des services 1.1 5.5 0.8 2.7

Commerce 34.4 44.5 41.4 40.0

Fonctionnaires 3.3 3.8 7.0 4.5.j::>.w

Total 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre d'entreprises l 180 182 128 490

NOle: 11 Treize valeurs manquantes.

Page 45: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.6. Équateur: emplois précédents de l'entrepreneur, par taille d'entreprise

2·5 6·10 >10 Tolal en %

Emploi précédent

Fonctionnaire 3 4 6 3

Employeur 3 5 2

Salarié 57 33 18 31 33

Indépendant 8 8 6 7

Aide familial 5 3 3 4

Apprenti 27 30 20 10 26

Même emploi qu'actuellement 10 19 46 44 25

Premier emploi

Fonctionnaire 4 5 6 3

Employeur 6 5 4

Salarié 60 33 36 31 44

Indépendant 7 8 8 6 10

Aide familial 5 3 2

Apprenti 17 30 10 13

Même emploi qu'actuellement 10 19 46 44 24

Total 100 100 100 100 100

Nombre d'entreprises 30 208 39 31 298

Page 46: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.7. Niveau d'éducation de l'entrepreneur, par secteurs(en pourcentage)

Thai1ande Équateur Jamaïque

Textile Métal Res. Total Textile Mécanique Res. Total Textile Mécanique Res. Bois Total

Aucun 3 5 6 5 - - - - - - - - -

Primaire 69 58 61 63 44 29 43 38 45 78 42 50 57

Secondaire 23 27 23 24 35 57 29 42 45 13 32 35 28

Au-delà du 5 10 10 8 21 14 28 20 10 9 26 15 15secondaire

Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

Nombre 183 188 132 503 100 103 95 298 63 61 75 71 270d'entreprises

Page 47: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.8. Niger/Swaziland: répartition des entrepreneurs selon le nombre d'années d'études, par secteurs et par taille d'entreprise

Niger Swaziland

Aucun 1 à 6 ans Plus de 6 ans Total Aucun 1 à 6 ans Plus de 6 ans Total

Textile 18 24 30 72 12 17 78 107

Restauration 32 22 20 74 18 20 28 66

Métal 26 21 11 58 5 6 8 19

Bois 11 17 10 38 9 8 20 37

Vente de vêtements 25 20 13 58 17 12 33 62

1 38 21 11 70 36 38 92 166

2-5 53 64 54 171 17 21 54 92

6-10 13 14 9 36 6 2 16 24

>10 8 5 10 23 2 2 5 9

Total 112 104 84 300 61 63 167 291

Total (en %) 37.3 34.7 28.0 100.0 21.0 21.7 57.4 100.0

Page 48: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.9. Type de local occupé, par secteurs(en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger Swaziland

Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Tapis Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Totalvêt. vêt.

Domicile 16.1 5.2 31.7 14.3 6.2 1.1 9.2 100.0 15.8 16.7 17.6 13.8 18.4 5.1 14.3 49.0 15.2 15.8 56.7 8.1 31.4

Local fixe 80.9 91.8 68.3 83.4 93.8 98.9 89.7 0.0 83.9 81.9 66.2 74.2 52.6 74.2 71.3 41.5 40.9 57.9 10.8 40.3 38.3indépendantdu domicile

Voie 1.5 2.3 0.0 1.6 0.0 0.0 1.1 0.0 0.3 1.4 10.8 6.9 10.5 13.8 8.4 1.9 24.2 0.0 10.8 32.3 14.5publique

Ambulant 1.5 0.7 0.0 0.7 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 2.7 1.7 5.3 6.9 3.0 2.9 6.0 0.0 2.8 19.3 6.8

Autres - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 2.7 3.4 13.2 0.0 3.0 4.7 13.7 26.3 18.9 0.0 9.0

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 70 134 66 270 80 92 87 32 291 72 74 58 38 58 300 107 66 19 37 62 291d'entreprises

Page 49: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.9. (suite)

Thailande Équateur Jamaïque

Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Bois Tolal

Domicile 89.6 44.7 92.4 73.6 25.0 15.5 9.5 16.7 62.0 32.8 12.0 38.0 35.2

Local fixe 10.4 7.4 7.6 8.5 57.0 55.4 69.5 60.4 38.0 67.2 88.0 62.0 64.8indépendant dudomicile

Local fixe - - - - 18.0 29.1 21 22.9 - - - - -attenant audomicile

Voie publique 0.0 47.9 0.0 17.9 - - - - - - - -

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 183 188 132 503 100 103 95 298 63 61 75 71 270d'entreprises

Page 50: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.10. Mode d'occupation du local, par secteurs(en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger Swaziland

Tex. Res. Mée. Talai Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Totalvêt. vêt.

Propriété 83.8 90.2 87.5 87.9 17.3 12.1 14.1 14.3 29.2 59.5 31 36.8 48.3 41.7 9.4 4.5 - 10.8 3.3 6.6personnellelfamiliale

Location 14.7 7.5 10.9 10.2 82.7 87.9 85.9 85.7 66.6 24.3 39.7 28.9 31.0 39.3 55.7 62.2 78.9 37.8 65.6 58.5

Association 1.47 2.3 1.6 1.9 - - - - - - - - - - - - - - - .avec lepropriétaire

Local gratuit - - . - - - - - 0.0 0.0 1.7 2.6 1.7 1.0 - - - - - -

Autres - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 4.2 16.2 27.6 31.7 19.0 18.0 34.9 33.3 21.1 51.4 31.1 34.9

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 70 134 66 270 80 92 87 291 72 74 58 38 58 300 107 66 19 37 62 291d'entreprises

Page 51: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Uto

Tableau LlO. (suite)

Thaïlande Équateur Jamaïque

Tex. Res. Métal Total Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Bois Total

Propriété 27.9 36.7 35.6 32.4 27.0 46.6 16.8 30.5 39.7 53.3 28.3 26.8 36.2personnelle!familiale

Location 61.2 51.0 40.2 52.1 66.0 52.4 82.1 66.4 49.2 30.0 60.8 49.3 48.1

Association avec - - - - - - - - - - - - -le propriétaire

Local gratuit 2.7 5.1 3.8 3.6 5.0 - - I.7 11.1 10.0 8.2 22.5 13.1

Autres 8.2 7.2 20.4 11.9 2.0 1.0 1.1 1.4 0.0 6.7 2.7 1.4 2.6

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 183 188 132 503 100 103 95 298 63 61 75 71 270d'entreprises

Page 52: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.11. Répartition de l'effectif, par statuts et par secteurs'(en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger

Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Tapis Total Tex. Res. Métal. Bois Ven. vêt. Total

Propriétaires 17.8 19.6 24.3 20.0 17.3 23.3 23.4 24.2 21.4 27.2 30.1 19.4 27.5 42.7 28.0

Salariés 76.6 66.1 59.2 67.8 47.3 49.9 42.5 0.0 42.1 27.3 38.2 22.5 22.5 23.1 27.1

Apprentis 4.1 12.9 16.2 11.0 28.1 16.7 30.4 3.0 23.0 31.4 0.4 24.1 27.5 8.7 18.9

Aides familiaux - - - - 3.8 9.9 2.4 32.6 8.0 14.1 31.3 34.0 22.5 25.5 26.0

Autres2 1.5 1.4 0.4 1.2 3.5 0.2 1.3 40.2 5.5 - - - - - -

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source: Résultats des enquêtes.NoIes: 1/ En pourcentage des actifs.

21 Tâcherons.

Page 53: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

VlN

Tableau 1.11. (suite)1

Swaziland Équateur" Thailande Jamaïque

Tex. Res. Mét. Bois Ven. Tolal Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Métal Tolal Tex. Res. Mée. Bois Tolalvêl.

Propriétaires 61.0 45.1 19.3 35.3 38.9 42.7 32.5 26.3 33.7 30.5 26.4 53.4 19.1 29.0 26.4 20.3 22.4 25 23.3

Salariés 28.7 53.5 43.0 61.3 61.1 50.2 54.5 52.9 43.7 50.5 52.3 26.7 48.8 45.7 71.6 74.4 59.7 57.8 65.3

Apprentis 10.3 1.4 23.7 3.4 0.0 7.1 5.4 4.6 21.5 10.1 17.6 0.6 30.7 19.4 1.2 0.4 14.5 15.8 8.6

Aides - - - - - - 7.6 16.2 1.1 8.9 3.7 19.3 1.4 5.9 0.8 4.9 3.4 1.4 2.8familiaux

Autres) - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

Source: Résultats des enquêtes.NoIes: Il En pourcentage des actifs.

V Les chiffres pour l'Équateur ne prennent pas en compte les indépendants; ainsi, le pourcentage de propriétaires est sous-estimé et le pourcentage des autres catégories (enpaniculier les salariés) est légèrement surestimé.

31 Tâcherons.

Page 54: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

VIW

Tableau 1.12. Répartition de l'effectif, par statuts et par taille d'entreprise(en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger

1 2·5 6·10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Tolal 1 2-5 6-10 >10 TOlal

Propriétaires 100.0 27.4 15.3 8.2 20.0 100.0 28.3 13.7 8.7 21.4 100.0 36.2 15.2 10.6 28.0

Salariés 0.0 63.2 69.1 78.0 67.8 0.0 36.9 48.5 49.8 42.1 0.0 9.3' 31.82 56.6' 27.2

Apprentis 0.0 7.7 14.2 13.8 11.0 0.0 18.5 26.3 33.9 23.0 0.0 19.0 28.0 15.4 18.8

Aides familiaux - - . - - 0.0 10.2 6.2 3.8 8.0 0.0 35.5 25.0 17.4 26.0

Autres 0.0 1.7 1.4 0.0 1.2 0.0 6.1 5.3 3.8 5.5 - - - - -

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

NoIes: 1. Y compris 2.3 pour cent de salariés permanents et 7.0 pour cent de salariés occasionnels.2. y compris Il.8 pour cent de salariés permanents et 20 pour cent de salariés occasionnels.3. y compris 21.8 pour cent de salariés permanents et 34.8 pour cent de salariés occasionnels.

Page 55: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 1.12. (suite)

Swaziland Thailande Équateur Jamaïque

1 2-5 6-10 >10 TOlal 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Propriétaires 99.4 41.9 20.9 13.8 42.8 100 31.7 13.6 8.0 29 100 34.1 15.2 nd 30.5 100.0 31.9 14.6 7.6 23.3

Salariés 1.0 50.6 70.9 74.0 50.1 0.0 39.4 55.6 70.2 45.7 0.0 45.4 67.1 nd 50.5 0.0 48.0 71.5 87.9 65.4

Apprentis 0.0 7.5 8.2 12.2 7.1 0.0 15.0 28.5 21.8 19.4 0.0 9.7 11.9 nd 10.1 0.0 [4.3 9.8 4.5 8.5

Aides - - - - - 0.0 13.9 2.3 0.0 5.9 0.0 10.8 5.8 nd 8.9 0.0 5.8 4.1 0.0 2.8familiaux

Autres - - - - - - - - - - 0.0 0.0 0.0 nd 0.0 - - - - -

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 nd 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 [00.0

nd : non disponible.

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Chapitre 2

Insertion des micro-entreprisessur le marché des biens

La faible intégration des micro-entreprises au tissu économique moderne dansles pays en développement peut être considérée comme une des principalescaractéristiques du secteur dit informel : en amont, parce qu'elles ont peu de moyensfinanciers, un faible pouvoir de négociation, voire parfois une connaissanceimparfaite des réseaux de distribution, il leur est souvent difficile d'accéder auxmarchés des intrants (biens de production et biens de consommation intermédiaire).Dans certains cas, comme en Algérie jusqu'à une date récente, il existe même unediscrimination officielle contre les entreprises privées (dont les micro-entreprises demoins de 20 actifs représentent la grande majorité) par rapport aux entreprisespubliques. Dans les pays en développement, un des signes de cette intégrationimparfaite des micro-entreprises sur le marché des intrants est qu'une partie decelles-ci ont recours à des revendeurs au détail pour s'approvisionner, alors que lesentreprises modernes s'adressent à des grossistes ou à des entreprises de transfor­mation qui fabriquent les équipements ou les produits semi-finis dont elles ontbesoin. En s'adressant aux détaillants, les micro-entreprises s'approvisionnent auxmêmes conditions que les consommateurs finals : faibles quantités, pas de créditfournisseur, taxe sur la valeur ajoutée - ou équivalent - non déductible, etc. Celapèse sur leurs résultats et constitue des freins à leur modernisation et à leurcroissance. D'une manière générale, on peut donc penser que plus les micro­entreprises s'approvisionnent auprès de grossistes ou directement auprès d'industriesde transformation, et non comme les ménages auprès des détaillants, plus le niveaud'intégration de ces entreprises à l'économie moderne est élevé.

Par ailleurs, en aval, la difficulté d'accéder à des marchés publics ou descontrats de sous-traitance peut également être un obstacle à la croissance des micro­entreprises: c'est un facteur discriminant sur le plan économique, puisqu'elles sontprivées de ces débouchés potentiels, mais aussi sur le plan institutionnel, puisqueleur échappe l'opportunité d'acquérir, dans le cadre de contrats avec le secteur« formel », un savoir-faire et des méthodes de gestion modernes, tels que le respectde normes techniques ou le calcul de coût de revient.

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Dans ce chapitre, nous étudierons les relations des micro-entreprises avec, enamont, leurs fournisseurs d'intrants et, en aval, leurs clients, afin de mieux cerner lafaçon dont elles s'insèrent sur le marché des biens.

Relations avec les fournisseurs

Biens d'équipement

Seuls les questionnaires destinés aux entrepreneurs algériens et tunisiensfaisaient référence aux fournisseurs de biens d'équipement. Entre ces deux pays,l'organisation du circuit de distribution des équipements productifs diffèrelargement:

le système algérien, longtemps très centralisé et discriminatoire à l'égarddes entreprises privées, a fortiori des plus petites, connaît depuis quelquesannées des mesures de libéralisation. Cependant, la disponibilité de cesbiens - en particulier ceux qui sont importés - demeure limitée (enAlgérie, le marché des biens et des services est caractérisé par une pénuriechronique). De plus, les dévaluations successives et l'assouplissement descontrôles des prix ont provoqué une brusque augmentation du prix de ceséq,.uipements (en particulier sur le marché « libre» non contrôlé parl'Etat), qui deviennent souvent trop chers pour les micro-entrepreneurs;

en Tunisie, au contraire, l'échec du collectivisme a poussé le régime àopter pour un système économique libéral à partir de 1970.

Comme le montre le tableau 2.1, les micro-entreprises algériennes sont encorenombreuses à s'approvisionner auprès du secteur public (49 pour cent), principa­lement auprès des industries publiques et des offices d'importation, qui souventexercent un monopole de fait auprès des petites unités qui n'ont pas les moyensd'importer elles-mêmes leur équipement. Le secteur privé local joue néanmoins unrôle important, en particulier auprès des micro-entreprises du secteur de lamécanique, dont un quart s'approvisionne auprès des détaillants privés, et du secteurde la restauration, dont 30 pour cent ont pour principaux fournisseurs des industrieset des grossistes privés. De plus, il faut noter qu'une part non négligeable des biensd'équipement provient d'« importations sans paiement », en particulier dans letextile et la mécanique (respectivement 20 et 25 pour cent). Cette opération consisteà acheter sur le marché parallèle, donc à un taux deux à trois fois supérieur au coursofficiel, le montant de devises nécessaires pour régler le fournisseur: l'opérationd'importation se déroule sans l'intervention d'une banque algérienne, donc sanspaiement visible, officiel. Ces importations ayant lieu en général par lots isolés, defaçon fractionnée, sont assimilées à des importations de biens durables, sur lesquelspèsent des droits de douane élevés qui, ajoutés au coût du change parallèle, rendentl'acquisition de matériel particulièrement onéreuse pour les micro-entreprises.

En Tunisie, au contraire, les offices nationaux ou les organismes publics nejouent aucun rôle dans l'approvisionnement en biens d'équipement (ni d'ailleurs enmatières premières) des micro-entreprises de l'échantillon, pas plus d'ailleurs que laproduction familiale et artisanale. En revanche, le marché de l'occasion est

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relativement important, puisque 48 pour cent des entreprises textiles s'y approvi­sionnent de manière principale, ainsi que 50 pour cent des entreprises de mécaniqueet 23 pour cent des restaurants. Pour les biens d'équipement neufs, la grandeentreprise industrielle est la principale source d'approvisionnement pour le textile(56 pour cent) ; dans la restauration, un tiers des entreprises s'y approvisionne à titreprincipal, et un tiers également s'approvisionne auprès des petites entreprisesindustrielles. En revanche, pour les mécaniciens, c'est le commerce de détail quifournit l'essentiel du matériel (80 pour cent).

Biens de consommation intermédiaire

On a demandé aux entrepreneurs quels étaient leurs principaux fournisseurs dematières premières. Les tableaux 2.3 et 2.4 nous donnent le détail de leurs réponsespour tous les pays.

Comparons tout d'abord les résultats par pays. De manière générale, lesrevendeurs (les grossistes et les détaillants) dominent largement les autres fournis­seurs, puisqu'entre 60 et 100 pour cent des micro-entreprises s'y approvisionnent!.Si l'on analyse plus en détail le poids relatif des grossistes et des détaillants dans lesfournisseurs, on peut distinguer deux groupes de pays, qui semblent présenter descaractéristiques distinctes.

Dans le premier groupe, on trouve autant d'entreprises qui se fournissentauprès de détaillants que d'entreprises qui se fournissent auprès de grossistes: c'estle cas en Algérie (environ 65 pour cent de l'échantillon s'adressent aux détaillants etautant aux grossistes), en Équateur (environ 50 pour cent pour chaque catégorie defournisseurs) et au Swaziland (30 pour cent pour chaque catégorie).

Notons que l'importance des revendeurs est à nuancer dans ce dernier cas, carles petites entreprises sont également un fournisseur important pour une proportionnon négligeable de micro-entreprises (27 pour cent). De plus, il faut rester prudentdans l'interprétation de ces résultats, et garder à l'esprit le niveau de développementrelatif de chaque pays : un « grossiste» au Swaziland n'est certainement pascomparable en tous points à un grossiste en Algérie ou même en Thailande, et l'onpeut penser que le niveau d'organisation du premier et le volume d'affaires qu'iltraite sont inférieurs à ceux des seconds.

Dans le deuxième groupe de pays, qui regroupe la Tunisie, le Niger et laThaïlande, les détaillants sont toujours les premiers fournisseurs des micro­entreprises, devant les grossistes: la proportion d'entrepreneurs qui déclarents'approvisionner chez les détaillants varie entre 68 et 77 pour cent. Les grossistes,eux, ne sont cités que par 30 pour cent des entrepreneurs en Tunisie et au Niger, etmême 24 pour cent seulement en Thailande.

La Jamaïque constitue un cas intermédiaire entre ces deux groupes, avec49 pour cent d'entrepreneurs qui s'approvisionnent chez les détaillants et 40 pourcent auprès des grossistes. On remarque également que dans ce pays, d'autres modesd'approvisionnement jouent un rôle important ; l'éventail des sources d'approvi­sionnement y est plus large que dans les autres pays (à l'exception du Swaziland, cfsupra) : les grandes et les petites entreprises de transformation approvisionnentrespectivement 19 et 15 pour cent des micro-entreprises; de plus, les matières

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premières provenant de l'agriculture jouent un rôle assez important pour les secteursde la restauration (44 pour cent) et du bois (17 pour cent).

On a donc un premier groupe de pays : Algérie et Équateur (pour le Swaziland,l'appartenance à ce groupe peut être contestée), où les micro-entreprises nedépendent pas principalement des détaillants pour leurs approvisionnements; c'estpeut-être là le signe qu'elles sont mieux intégrées en amont au volet moderne del'économie que celles du deuxième groupe.

Au sein du deuxième groupe (Tunisie, Niger, Thaïlande), et, dans une moindremesure, en Jamaïque, les détaillants apparaissent comme le principal type defournisseur des micro-entreprises. Cette dépendance à l'égard des détaillants setraduit par un renchérissement du coût des intrants du fait de la superposition desintermédiaires, qui, chacun leur tour, fixent leur prix de vente en y ajoutant leurpropre marge bénéficiaire. Ces surcoûts, que ne subissent pas les entreprises quis'approvisionnent auprès de grossistes ou a fortiori directement auprès desindustries, ponctionnent une partie importante du fonds de roulement des micro­entreprises. Cela est d'autant plus sensible que ces dernières ne peuvent pas, le plussouvent, répercuter intégralement les hausses de prix liées, par exemple, auxdévaluations (comme en Jamaïque) dans le cas d'intrants dont les composants sontimportés en totalité ou en partie, sans que cela ne se traduise par une difficultéaccrue à écouler la production auprès de clients dont le pouvoir d'achat est faible.De plus, la nécessité d'accepter le paiement à crédit par certains clients accentued'autant le besoin en fonds de roulement des micro-entreprises, qui, le plus souvent,ne bénéficient d'aucune assistance de la part des banques en la matière. On voit doncque le mode d'approvisionnement de ces entreprises et la nature de leursfournisseurs ont un impact important sur le financement de l'activité courante. Dansle chapitre 4, nous reviendrons plus en détail sur ces contraintes et la façon dont lesentrepreneurs y font face.

Si, à présent, l'on compare les résultats par taille d'entreprise (tableau 2.4), onconstate, dans les pays du premier groupe, que plus le nombre d'actifs est élevé, plusles micro-entreprises ont tendance à s'approvisionner auprès de grossistes, et plus lapart des détaillants diminue; le même phénomène se retrouve dans les entreprises dudeuxième groupe, mais il n'est véritablement sensible qu'au-delà de dix actifs. Cetteconstatation n'est pas une surprise: on pouvait s'attendre à ce que le moded'approvisionnement des plus grandes des micro-entreprises se rapproche de celuides entreprises du secteur moderne. Il semble donc que l'on ait ici la confirmationque les entreprises de dix à 20 personnes constituent un « sas » de transition entreles micro-entreprises au sens strict et les petites et moyennes entreprises modernes.

On peut également remarquer que, comme pour les biens d'équipement,l'Algérie est le seul pays où le secteur public joue un rôle important pour l'approvi­sionnement des micro-entreprises en biens de consommation intermédiaire : plusd'un tiers des entrepreneurs interrogés ont déclaré y avoir recours. Par ailleurs, ilfaut souligner que l'approvisionnement est l'une des contraintes les plus fortes àl'expansion des micro-entreprises algériennes. L'insuffisance et la rigiditéstructurelles de l'offre (accompagnées parfois de mesures directes de rationnementdes ventes de tissus, de riz, etc., prises par les firmes d'État) sont parmi les facteursqui empêchent les micro-entreprises de constituer des stocks d'intrants, mais le coûtélevé de ceux-ci et l'insuffisance de trésorerie pèsent également de plus en plus

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lourd. En effet, avant les mesures de libéralisation, le système des monopoles d'Étatdésavantageait systématiquement les micro-entreprises ; ces mesures, prises à la findes années 80, ont certes contribué à améliorer la disponibilité de certains intrants,mais c'est le marché parallèle (privé) qui en a bénéficié: les produits importés sontachetés par des commerçants privés à l'étranger, en devises (au taux de change du« marché noir »), et revendus aux entrepreneurs sur le marché algérien à des prixtrès élevés. Les micro-entreprises sont ainsi confrontées, depuis la fin des années 80,au problème du coût des intrants, en plus du problème ancien de leur disponibilité.

Signalons que dans certains secteurs les clients fournissent parfois eux-mêmesla matière première à l'entrepreneur: c'est dans le secteur textile que c~ cas est leplus fréquent (59 pour cent des cas en Jamaïque, 18 pour cent en Equateur et14 pour cent en Tunisie), mais on le retrouve également dans la mécanique enÉquateur (18 pour cent des réponses) et dans la menuiserie en Jamaïque (28 pourcent des réponses?

Enfin, dans l'ensemble, les cas d'importations directes de biens intermédiairessont rares. Ils ne concernent par exemple que 6 pour cent des entreprises enJamaïque, mais on note qu'une entreprise algérienne sur cinq y a eu recours(principalement par le biais d'« importations sans paiement », cf supra), ce qui peutparaître symptomatique de la difficulté des micro-entreprises algériennes às'approvisionner sur le marché intérieur.

Relations avec les clients

Principaux marchés

Lorsque l'on demande aux patrons des micro-entreprises de dire qui sont leursprincipaux clients, on constate sans surprise que les consommateurs finals(principalement les ménages) sont les plus souvent cités (tableaux 2.5 et 2.6), loindevant les entreprises de distribution et les commerçants (grossistes et détaillants) :le pourcentage d'entreprises dont les particuliers représentent le principal débouchévarie selon les pays de 80 à 90 pour cent, voire plus, comme au Niger ou enJamaïque. Plus l'entreprise est petite, plus cette tendance s'accentue ; pour lesindépendants, les particuliers représentent la quasi-totalité des ventes. Par ailleurs,c'est bien sûr dans le secteur de la restauration que cette caractéristique est la plusflagrante puisque la totalité ou presque des établissements de l'échantillon s'adresseà des particuliers.

Les revendeurs (commerçants de gros et commerçants de détail) jouentnéanmoins un rôle important dans des pays à revenu intermédiaire commel'Équateur, la Tunisie, l'Algérie et la Thaïlande, où ils sont cités par environ 15 à35 pour cent des entrepreneurs. Dans ces quatre pays, ainsi qu'au Niger, plusl'entreprise est grande, plus sa clientèle est diversifiée et plus la part desconsommateurs finals se réduit au profit des revendeurs: la différence est sensibledès que l'on franchit la barre des cinq actifs et plus encore si l'on considèreuniquement les entreprises de plus de dix actifs. Ainsi, en Équateur, les revendeurssont cités par 10 pour cent des indépendants, mais cette proportion passe à 22 pour

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cent pour les micro-entreprises employant de deux à cinq actifs et à 66 pour centpour celles qui en emploient entre six et dix. De même, en Tunisie, la part desparticuliers dans la clientèle des entreprises employant entre six et dix actifs est de75 pour cent, mais elle tombe à 13 pour cent pour les entreprises de plus de dixactifs ; en Thaïlande, ces chiffres sont respectivement égaux à 55 et 38 pour cent.Cette tendance à la diminution de la part des particuliers dans la clientèle desentreprises les plus grandes est moins sensible en Jamaïque et dans les paysd'Afrique sub-saharienne de notre échantillon : les particuliers représentent encoreles deux tiers de la clientèle des entreprises de plus de dix actifs au Niger, et même80 pour cent au Swaziland et en Jamaïque.

Les micro-entreprises ont donc dans leur grande majorité une clientèle departiculiers ; comparativement, les grossistes et les entreprises de transformation,qu'elles soient publiques ou privées, sont cités peu fréquemment. L'État et lesentreprises publiques n'apparaissent de façon significative comme clients qu'auSwaziland (pour dix entreprises du secteur textile) et en Équateur3 (pour15 entreprises de mécanique). Nous allons voir à présent plus en détail dans quellemesure et pour quelles raisons ces micro-entreprises sont très souvent exclues desmarchés publics.

Accès aux marchés publics

Dans l'ensemble, les micro-entreprises accèdent rarement aux marchés publics(émanant d'administrations, d'entreprises publiques, de collectivités locales, etc.)ainsi qu'en témoignent les tableaux 2.7 et 2.8 : c'est en Tunisie et en Équateur queles pourcentages d'entreprises ayant déjà participé à titre individuel ou collectif à cetype de marché sont les plus élevés, avec une entreprise sur cinq dans les deux cas,contre une sur dix en Thaïlande et en Jamaïque et un peu plus en Algérie (13 pourcent). La part des indépendants est tantôt quasi nulle (comme en Jamaïque4), tantôtinsignifiante (sept cas en Thaïlande, soit le chiffre le plus élevé sur les sept pays). Si,à présent, l'on exclut les indépendants, on remarque que le pourcentage d'entreprisesqui participent aux marchés publics augmente de façon continue avec leur taille,jusqu'à dépasser 20 pour cent au-delà de dix actifs en Thai1ande, en Équateur et enJamaïque, et même 30 pour cent en Tunisie; la seule exception est l'Algérie, où cepourcentage varie entre 12 et 15 pour cent quelle que soit la taille de l'entreprise.

Nous verrons dans le chapitre 3, qui traite du rôle de l'État dans lestransactions commerciales des micro-entreprises, quelles sont les raisons quiempêchent les entrepreneurs d'accéder plus souvent aux marchés publics.

Sous-traitance

Parmi les sept pays de l'échantillon, c'est en Thaïlande que la sous-traitance aété étudiée le plus en détail. Ce phénomène remonte aux années 70, lorsquel'économie thai1andaise s'est ouverte aux marchés extérieurs, dans le cadre d'unepolitique visant à exploiter ses avantages comparatifs. L'enquête montre que les deuxtiers des entreprises de plus de cinq actifs ont passé des contrats de sous-traitance.

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Ce type de contrat est très peu répandu parmi les indépendants (4 pour cent) et lespetites entreprises ayant au plus trois actifs.

Il existe une grande variété de donneurs d'ordre. Les détaillants sont les plusnombreux dans le textile (un tiers des accords de sous-traitance), ce qui témoigne del'importance croissante du marché national pour ce secteur. Les intermédiaires sontassez peu nombreux (un donneur d'ordre sur six dans le textile et dans latransformation des métaux), mais leur rôle est probablement plus important que lesrésultats de l'enquête ne peuvent le laisser penser: en réalité, beaucoup de contratsont pu être passés entre les micro-entreprises et les grandes industries ou les grandsmagasins par leur intermédiaire sans que ces derniers ne soient mentionnés dans lesréponses des chefs d'entreprise. Les contrats de sous-traitance avec d'autresentreprises sont également fréquents, en particulier dans le secteur des métaux. Deplus, il n'est pas rare que de petites entreprises travaillant déjà en sous-traitancepassent à leur tour un accord de ce type avec des micro-entreprises, afin de pouvoirrespecter les délais de livraison fixés par le donneur d'ordre. Dans d'autres cas, lesmicro-entreprises ou les indépendants peuvent se révéler particulièrement qualifiéspour une tâche spécifique ; certains fabricants dans le textile peuvent par exemple« déléguer» auprès de sous-traitants le repassage, le pliage et l'emballage desproduits finis.

Remarquons que le secteur textile apparaît à la fois comme le plus typiquement« informel» (entrepreneur d'origine rurale, faible niveau d'éducation, apprentissagesur le tas), et le mieux intégré à l'économie. Cela est entièrement le fruit dudéveloppement des accords de sous-traitance, qui ont beaucoup contribué àl'intégration des petites entreprises dans l'économie thaïlandaise. La sous-traitance aainsi permis la consolidation d'un réseau important de ces petites industries, freinantle passage de la population active à la condition de salariés dans la grande industrie.Cela explique dans une large mesure pourquoi, malgré la croissance extrêmementrapide liée au développement des industries manufacturières d'exportation, les petitesindustries occupent toujours une place importante dans l'économie thaïlandaise.

Les autorités ont peu contribué, de façon directe, à ce phénomène, mais laréglementation l'a favorisé ; en effet, les sous-traitants sont exemptés des impôts etdes obligations qui sont déjà à la charge du donneur d'ordre (notons toutefois que lesconditions d'application de cette réglementation ne sont pas claires). Ainsi, lors del'enquête, plusieurs entrepreneurs du secteur textile ont fait remarquer qu'ilsn'étaient pas assujettis à la taxe sur le chiffre d'affaires parce que leur donneurd'ordre l'était déjà.

Problèmes liés à la demande

A la lecture des tableaux 2.9 et 2.10, qui présentent les contraintes de demandeperçues par les entrepreneurs (pour tous les pays sauf le Niger et le Swaziland), onpeut distinguer deux groupes de pays : dans un premier groupe (Thaïlande,Jamaïque) on constate que près des trois quarts des entrepreneurs considèrent qu'ilsn'ont pas de problème de débouchés. Tout au plus peut-on souligner que 12 pourcent des entrepreneurs thaïs se plaignent de la concurrence, et que 14 pour cent desentrepreneurs jamaïquains citent l'instabilité de la demande comme un problème.

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En revanche, dans le second groupe de pays, qui comprend l'Algérie,l'Équateur et la Tunisie, les entrepreneurs sont beaucoup moins nombreux à répondrequ'ils n'ont pas de problème de demande (respectivement 43, 26 et 14 pour cent).On remarque que dans les deux pays du Maghreb, plus les micro-entreprises sontgrandes, plus elles sont nombreuses à considérer qu'elles n'ont pas de problème decet ordre: dans les deux cas, les entreprises de plus de dix personnes sont deux foisplus nombreuses à dire qu'elles ne sont pas confrontées à ce type de problème queles entreprises de deux à cinq actifs (68 pour cent contre 33 pour cent en Algérie,25 pour cent contre 12 pour cent en Tunisie).

Par ailleurs, au sein de ce second groupe de pays (où les problèmes dedébouchés sont fréquemment cités), les entreprises se plaignent de l'insuffisance dela demande (31 pour cent de l'échantillon en Équateur, 25 pour cent en Algérie), deson instabilité (60 pour cent en Tunisie) et de la concurrence (19 pour cent enÉquateur, 12 pour cent en Tunisie). Par ailleurs, il faut souligner qu'au Niger, le paysle plus pauvre de notre échantillon, plus de la moitié (53 pour cent) des entreprisesconsidèrent que l'insuffisance de la demande est leur principale contrainte, avantmême les contraintes financière et réglementaire (nous le verrons plus en détail dansle chapitre 7 ; voir les tableaux 7.3 et 7.4) ; au Swaziland, 17 pour cent desentrepreneurs se plaignent principalement de cette contrainte (la plus fréquemmentcitée après la contrainte financière).

Le cas de l'Algérie mérite que l'on s'y arrête : alors que la demande y esttraditionnellement excédentaire, du fait de la pénurie d'intrants, une majoritéd'entrepreneurs (54 pour cent), au moment de l'enquête, estime rencontrer unproblème de débouchés. C'est là une contrainte nouvelle: sous l'effet des récentesmesures d'ajustement structurel (contrôle des salaires, libéralisation des prix, fortedépréciation du dinar, réduction des subventions aux entreprises publiques, et depuisjuin 1992 à la plupart des produits alimentaires importés, etc.), il y a eu une érosiondrastique du pouvoir d'achat de la population. Dans ce contexte, une contraction dela demande domestique est intervenue à la suite des hausses de prix consécutives àl'augmentation rapide du coût unitaire des produits de consommation intermédiaire ;dans le textile, la concurrence des produits étrangers introduits en Algérie au moyend'importations sans paiementS a également réduit la part de marché des entreprisesdu pays. En revanche, dans la maintenance mécanique, la multiplication par plus decinq du coût des pièces détachées en 1988-92, liée à l'impact de la dévaluation dudinar sur le prix des biens importés, a relativement peu affecté la demande; en effet,l'insuffisance des moyens de transports publics fait des véhicules automobiles unactif excessivement précieux, d'où la faible élasticité de la demande dans ce secteurpar rapport aux prix.

En Tunisie, une majorité d'entreprises (60 pour cent) reconnaît que l'instabilitéde la demande est sa principale contrainte, notamment du fait que la clientèle desménages n'est pas fidélisée; l'insuffisance de la demande est citée par 13 pour centd'entre elles. Dans la restauration, c'est la saisonnalité de la demande qui expliqueson instabilité: durant les deux mois d'été (juillet et août), les entreprises et lesadministrations travaillent en journée continue - de 7 heures à 13 heures -, ce quiréduit considérablement l'activité de la petite restauration. Dans le textile,contrairement à la mécanique et à la restauration, les contraintes de demande sontressenties différemment selon la nature de la clientèle : les entreprises qui ont des

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ménages pour principaux clients (47 cas) se plaignent avant tout de l'instabilité de lademande (25 cas) ; en revanche, parmi celles qui vendent leur productionessentiellement à des entreprises de distribution (32 entreprises), la moitié se plaintde la concurrence.

Enfin, on remarque que dans deux cas (Équateur et Jamaïque), ce sont surtoutles indépendants qui sont frappés par l'insuffisance et l'instabilité de la demande: unindépendant sur quatre s'en plaint en Jamaïque, un sur deux en Équateur. Dans cedernier pays, les entreprises les plus grandes semblent avoir des débouchés plusstables.

En bref, hormis le cas de la Thai1ande et celui de la Jamaïque, la majorité desmicro-entreprises souffre de problèmes d'insuffisance et d'instabilité de la demande;ceux-ci sont liés en grande partie au pouvoir d'achat de leurs principaux clients,c'est-à-dire les ménages: ce sont des contraintes d'ordre économique, qui pèsent surla croissance de ces micro-entreprises. Il était utile de les souligner avant de nousconcentrer sur le thème de cet ouvrage, à savoir les contraintes administratives etréglementaires (chapitres 3 à 6). Nous verrons ensuite dans le chapitre 7 quel est lepoids relatif de ces deux types d'obstacles qui freinent la croissance et ledéveloppement des micro-entreprises dans les pays en développement (PED).

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Notes et références

1. Cela ne signifie pas qu'elles s'y approvisionnent de manière exclusive: pour tous lespays, sauf le Niger et le Swaziland, les pourcentages cités dans cette partie, et qui sonttirés des tableaux 2.3 et 2.4, sont calculés par rapport à l'échantillon de chaque pays- sauf précision contraire -, sachant que certaines entreprises ont pu donner plusd'une réponse (indiquer plusieurs types de fournisseurs) et que d'autres ont pu ne pasrépondre ; pour chaque pays, le total des pourcentages ainsi exprimés peut donc êtredifférent de 100. Pour le Niger et le Swaziland, nous avons fait figurer la nature duprincipal fournisseur (une réponse par entreprise).

2. Les données n'étant pas parfaitement homogènes d'un pays à l'autre, les cas où leclient est aussi le fournisseur n'apparaissent pas dans les réponses des entrepreneurs duNiger, du Swaziland et de la Tha'11ande. On sait cependant qu'ils sont relativementfréquents dans ces pays.

3. Encore faut-il préciser, dans le cas de l'Équateur, que la question posée auxentrepreneurs acceptait les réponses multiples. L'État a donc pu être cité comme clientsecondaire et apparaître dans les résultats au même rang que d'autres types de clientsproportionnellement plus importants.

4. La participation des indépendants aux marchés publics est également quasi nulle enAlgérie (un seul cas) et nulle en Tunisie, mais la faible représentation des indépendantsdans les échantillons des deux pays ne permet pas de considérer que ces résultats sontsignificatifs.

5. Néanmoins, il est à noter que cette tendance à l'ouverture a été remise en cause par unarrêté du ministère de l'Économie du 14 mars 1992, suspendant l'importation decertains tissus et vêtements.

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Tableau 2.1. Principaux fournisseurs (équipement), par secteurs'

Algérie Tunisie

Textile Restauration Mécanique Total Tolal (en %) Textile Restauration Mécanique Total" Tolal (en %)

Grande entreprise' 13 36 6 55 20 45 33 7 85 33

Petite entreprise' 3 20 2 25 9 0 36 0 36 /4

Grossiste' 13 33 7 53 20 II 0 12 5

Office d'importation 21 13 8 42 /6

Détaillant' 3 12 21 36 /3 4 16 70 90 35

Récupération 7 3 9 19 7 38 21 44 103 40

Importation directe' 18 17 20 55 20

0-Total 78 134 73 285 /06 98 107 121 326 /26U1

dont secteur 42 70 20 132 49public

dont secteur privé 36 64 53 153 57

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 /00 80 92 87 259 /00

NOIes: Il Réponses multiples; les pourcentages de la dernière colonne sont exprimés par rapport au nombre d'entreprises dans l'échantillon, et non par rapport au nombre de réponsesexprimées. C'est pourquoi les totaux sont supérieurs à 100. Taux de réponse Algérie: 97 pour cent.

21 Dans le cas de l'Algérie, il faut lire les lignes « Grande entreprise ,. et « Petite entreprise ,. comme, respectivement, « Industries publiques,. et « Industries privées,. (dansces dernières, on inclut les petites entreprises artisanales). Pour ce pays, les réponses ne penneltent pas de distinguer, panni les fournisseurs, les grandes et les petites entreprises.

31 Pour l' Algérie, la catégorie « grossistes,. comprend à la fois les grossistes privés et les grossistes publics; notons que, prises séparément, ces deux catégories sont citées toutesdeux avec la même fréquence, quel que soit le secteur considéré, chacune constituant environ 9 pour cent des réponses tous secteurs confondus.

41 Pour l'Algérie, la catégorie « détaillants,. se divise en détaillants privés et détaillants publics: dans l'échantillon total, ces derniers sont trois fois moins cités par lesentrepreneurs que les premiers (27 cas contre 9) ; on note que dans le secteur mécanique, 18 entreprises citent les détaillants privés et aucune les détaillants publics.

51 Pour l'Algérie, les importations de biens d'équipement sont opérées essentiellement par le biais d'importations sans paiement (44 cas) ; on compte également quelques opérationsd'achat par le biais de licences d'importation (II cas).

61 On a exclu du tableau le secteur tapis: dans cette activité, 16 ateliers achètent leurs équipements auprès de petites entreprises; les 16 autres n'ont pas répondu à la question.

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Tableau 2.2. Principaux fournisseurs (équipement), par taille d'entreprise

Algérie' Tunisie'

2-5 6-10 >10 Total Tolal (en %) 2-5 6-10 >10 Total" Tolal(en %)

Grande entreprise' 2 30 18 5 55 20 47 27 10 85 33

Petite entreprise' 0 18 5 2 25 9 0 28 8 0 36 /4

Grossiste] 0 28 15 10 53 20 0 7 3 2 12 5

Office d'importation 0 28 11 3 42 /6

Détaillant' 22 13 0 36 J3 0 73 17 0 90 35

Récupération 0 15 4 0 19 7 3 75 21 4 103 40

0\ Importation directe' 2 26 19 8 55 200\

Total 5 167 85 28 285 /06 4 230 76 16 326 126

dont secteur public 3 75 40 14 132 49

dont secteur privé 2 92 45 14 153 57

Nombre d'entreprises 5 177 66 22 270 /00 3 185 56 15 259 /00

NoIes: Il Réponses multiples; les pourcentages de la dernière colonne sont exprimés par rapport au nombre d'entreprises dans l'échantillon, et non par rapport au nombre de réponsesexprimées. C'est pourquoi les totaux sont supérieurs à 100. Taux de réponse Algérie: 97 pour cent.

21 Dans le cas de l'Algérie, la distinction entre grande entreprise et petite entreprise correspond dans le tableau à la distinction entre, respectivement, industries publiques etindustries privées (dans lesquelles on inclut les petites entreprises artisanales).

31 Pour l'Algérie, la catégorie ~ grossistes ~ comprend à la fois les grossistes privés et les grossistes publics; notons que, prises séparément, ces deux catégories sont citées toutesdeux avec la même fréquence, quel que soit le secteur considéré, chacune constituant environ 9 pour cent des réponses tous secteurs confondus.

41 Pour l'Algérie, la catégorie ~ détaillants ~ se divise en détaillants privés et détaillants publics: dans l'échantillon total, ces derniers sont trois fois moins cités par lesentrepreneurs que les premiers (27 cas contre 9) ; on note que dans le secteur mécanique, 18 entreprises citent les détaillants privés et aucune les détaillants publics.

51 Pour l'Algérie, les importations de biens d'équipement sont opérées essentiellement par le biais d'importations sans paiement (44 cas) ; on compte également quelques opérationsd'achat par le biais de licences d'importation (II cas).

61 On a exclu du tableau le secteur tapis: dans cette activité, 16 ateliers achètent leurs équipements auprès de petites entreprises; les 16 autres n'ont pas répondu à la question.

Page 68: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.3. Principales sources d'approvisionnement (matières premières, biens intermédiaires), par secteurs

Algérie' Tunisie' Niger

Tex. Res. Méc. Total Tolal Tex. Res. Méc. TOlal" Tolal Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Tolal

(en %) (en %) vêt. (en %)

Grande entreprise' 12 15 8 35 /3 18 0 1 19 7 0 0 1 1 5 7 2

Petite entreprise' 10 2 9 21 8 9 0 0 9 3 1 0 1 1 0 3 /

Grossiste' 57 97 22 176 65 32 47 3 82 32 9 27 13 12 21 82 27

Office d'importation 9 1 23 33 /2 - - - - - . - - - - - -

Détaillant' 28 92 52 172 64 31 84 84 199 77 61 46 40 24 32 203 68

Production familiale - . . - - - - - - - 1 1 3 0 0 5 2

Récupération 0 0 21 21 8 0 0 1 1 0 - - - - - - -Client - - - - - 11 0 2 13 5 - - - - - - -

Importation directe' 18 17 20 55 20 - - - - - - - - - - -

Total 134 224 155 513 /90 101 131 91 323 /25 72 74 58 38 58 300 /00

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 /00 80 92 87 259 /00 72 74 58 38 58 300 /00

NoIes .- Il

'}j

314151

61

Réponses multiples; les pourcentages de la dernière colonne sont exprimés par rapport au nombre d'entreprises dans l'échantillon, et non par rapport au nombre de réponsesexprimées. C'est pourquoi les totaux sont supérieurs à 100. Taux de réponse Algérie: 97 pour cent.Dans le cas de l'Algérie, la distinction entre grande entreprise et petite entreprise correspond dans le tableau à la distinction entre, respectivement, industries publiques etindustries privées (dans lesquelles on inclut les petites entreprises artisanales).Pour l'Algérie, la catégorie « grossistes" comprend à la fois les grossistes privés et les grossistes publics.Pour l'Algérie, la catégorie « détaillants" se divise en détaillants privés et détaillants publics.Pour l'Algérie, les importations de matière première sont opérées essentiellement par le biais d'importations sans paiement (44 cas) ; on compte également quelques opérationsd'achat par le biais de licences d'importation (Il cas).On a exclu du tableau le secteur tapis: dans celle activité, la plupart des ateliers achètent leur matière première auprès de grossistes (18 cas sur 32).

Page 69: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

0\00

Tableau 2.3. (suite)

Swaziland Thailande' Équateur' Jamaïque'

Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Total Tex. Res. Mée. Total Total Tex. Res. Mée. Total Total Tex. Res. Mée. Bois Total Totalvêt. (en %) (en %) (en %) (en %)

Grande entreprise 3 4 6 7 7 27 9 6 1 9 16 3 23 33 1 57 19 6 6 26 13 51 19

Petite entreprise 32 21 2 4 19 78 27 3 2 9 14 3 1 3 3 7 2 2 5 13 21 41 15

Grossiste 33 21 7 3 23 87 30 41 40 39 120 24 44 63 35 142 48 26 22 31 28 107 40

Détaillant 36 19 4 16 Il 86 29 152 152 79 383 76 47 38 64 149 50 26 44 20 42 132 49

Production 1 0 0 7 0 8 3 1 9 2 12 2 - - - - - 2 27 0 12 41 15familiale

Récupération - - - - - - - 2 3 8 13 3 - - - - 0 0 4 1 5 2

Client - - - - - - - - - - - - 18 7 17 42 14 37 1 14 20 72 27

Importation - - - - - - - - - - - - - - - - - 7 2 7 1 17 6directe

Total 105 65 19 37 60 286 98 205 207 146 558 III 133 144 120 397 133 106 107 115 138 466 173

Nombre 107 66 19 37 62 291 100 183 188 132 503 100 100 103 95 298 100 63 61 75 71 270 100d'entreprises

Note: 1/ Réponses multiples; les pourcentages de la dernière colonne sont exprimés par rapport au nombre d'entreprises dans l'échantillon, et non par rapport au nombre de réponsesexprimées. C'est pourquoi les totaux sont supérieurs à 100.

Page 70: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.4. Principales sources d'approvisionnement (matières premières, biens intermédiaires), par taille d'entreprise

Algérie' Tunisie' Niger Swaziland

1 2·5 6-10 >10 Total Talai 1 2-5 6-10 >10 Total Talai 1 2-5 6-10 >10 Total Talai 1 2-5 6-\0 >\0 Total Talai} (en %) (en %) (en %) (en %)

Grande entreprise 2 15 14 4 35 13 0 1 Il 7 19 7 1 3 2 1 7 2 7 9 9 2 27 9

Petite entreprise 0 Il 6 4 2\ 8 0 3 5 1 9 3 0 2 1 0 3 1 57 13 6 2 78 27

Grossiste 2 110 46 18 176 65 0 45 28 9 82 32 II 47 12 12 82 27 42 33 7 5 87 30

Office 1 17 13 2 33 12 - - - - - - - - - - - - - - - -d'importation

Détaillant 2 127 41 2 172 64 2 160 34 3 199 77 56 116 21 10 203 68 54 30 2 0 86 29

Production - - - - - - 0 0 0 0 0 0 2 3 0 0 5 2 7 1 0 0 8 3familiale

Récupération 0 13 8 0 21 8 0 \ 0 0 \ 0 - - - - - - - - - - - -

Client - - - - - 1 Il 0 1 13 5 - - - - - - - - - - -

Importation 2 26 19 8 55 20 - - - - - - - - - - - - - - -directe

Total 9 319 147 38 513 190 3 221 78 21 323 125 70 17\ 36 23 300 100 167 86 24 9 286 98

Nombre 5 177 66 22 270 100 7 208 60 16 259 100 70 171 36 23 300 100 167 91 24 9 291 100d'entreprises

Nole: 1/ Réponses multiples; les pourcentages de la dernière colonne sont exprimés par rapport au nombre d'entreprises dans l'échantillon, et non par rapport au nombre de réponsesexprimées. C'est pourquoi les totaux sont supérieurs à 100. Taux de réponse Algérie: 97 pour cent.

Page 71: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

-...1o

Tableau 2.4. (suite)

Thai1ande' Équateur' Jamaïque'

1 2-5 6-10 >10 Total Total 1 2-5 6-10 >10 Total Total 1 2-5 6-10 >10 Total Total(en %) (en %) (en %)

Grande entreprise 2 5 6 3 16 3 3 28 12 14 57 19 4 28 II 8 51 19

Petite entreprise 2 6 3 3 14 3 1 2 4 0 7 2 8 23 7 3 41 15

Grossiste 41 50 22 7 120 24 10 88 28 16 142 48 28 48 17 14 107 40

Détaillant 146 165 63 9 383 76 20 108 11 10 149 50 42 74 14 2 132 49

Production familiale 4 6 1 1 12 2 - - - - - - 14 22 4 1 41 15

Récupération 6 4 1 2 13 3 - - - - - - 1 4 0 0 5 2

Client - - - - - - 6 27 5 4 42 14 31 30 8 3 72 27

Importation directe - - - - - - - - - - - 0 5 3 9 17 6

Total 201 236 96 25 558 III 40 253 60 44 397 133 128 234 64 40 466 173

Nombre d'entreprises 193 201 88 21 503 I()() 30 198 39 31 298 I()() 81 135 31 23 270 I()()

Note: II Réponses multiples; les pourcentages de la dernière colonne sont exprimés par rapport au nombre d'entreprises dans l'échantillon, et non par rapport au nombre de réponsesexprimées. C'est pourquoi les totaux sont supérieurs à 100.

Page 72: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.5. Principaux marchés, par secteurs

Algérie' Tunisie Niger

Tex. Res. Mée. Total Total Tex. Res. Mée. Tapis Tolal Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Total(en %) (en %) vêt. (en %)

Consommateur Privé 49 129 63 241 89 47 92 87 15 241 83 67 69 53 36 54 279 93

final

Public 26 72 51 149 55

Entreprise - - - - - 1 0 0 0 1 0 1 0 1 0 0 2 1manufacturière

Revendeur Privé 25 2 8 35 13 32 0 0 17 49 17 3 5 2 2 4 16 5

Public 19 1 8 28 10

État - - - - - - - - - - - 1 0 2 0 0 3 1

Total Privé 74 131 71 276 102 80 92 87 32 291 100 72 74 58 38 58 300 100

Public 45 73 59 177 66

Nombre 70 134 66 270 100 80 92 87 32 291 100 72 74 58 38 58 300 100d'entreprises

Note: II Réponses multiples.

Page 73: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.5. (suite)

Swaziland Thanande Équateur' Jamaïque

Tex. Res. Métal Bois Ven. Tolal Tolal Tex. Res. Métal Total Tolal Tex. Res. Mée. Total Total Tex. Res. Mée. Bois Total Totalvêt. (en %) (en %) (en %) (en %)

Consommateur 95 64- 18 24 58 259 89 130 188 88 406 81 99 86 104 289 97 61 57 74 69 261 97final

Entreprise 0 0 0 1 0 1 0 8 0 23 31 6 5 2 7 14 5 0 0 0 0 0 0manufacturière

Revendeur 2 1 1 10 3 17 6 - - - - - - - - - - - - - - - -

dont - - - - - - - 27 0 13 40 8 17 21 0 38 13 0 2 0 1 3 1Grossiste

dont - - - - - - - 18 0 7 25 5 14 52 0 66 22 2 1 0 0 3 1Détaillant

État 10 1 - 2 1 14 5 0 0 1 1 0 4 4 15 23 8 0 0 1 0 1 0

Autres - - - - - - - - - - - - 3 6 0 9 3 0 1 0 1 2 1

Total 107 66 19 37 62 291 100 183 188 132 503 100 142 171 126 439 147 63 61 75 71 270 100

Nombre 107 66 19 37 62 291 100 183 188 132 503 100 100 103 95 298 100 63 61 75 71 270 100d'entreprises

Note: Il Réponses multiples.

Page 74: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.6. Principaux marchés, par taille d'entreprise

Algérie' Tunisie Niger Swaziland

\ 2-5 6-\0 >10 Total Toloi 1 2-4 5-10 >10 Tolal Tolal 1 2-5 6-\0 >10 Total Tolal \ 2-5 6-10 >10 Total Tolal(en %) (en %) (en %) (en %)

Consommateur Privé 4 163 56 \8 241 89 3 191 45 2 241 83 67 165 32 15 279 93 15280 20 7 259 89final

Public 3 94 37 15 149 55

Entreprise - - - - - - 0 0 0 1 1 0 0 0 1 1 2 1 0 0 0 1 1 0manufacturière

Revendeur Privé 1 18 11 5 35 13 4 17 15 13 49 17 2 6 2 6 16 5 11 5 1 0 17 6

Public 1 14 10 3 28 10

État - - - - - - - - - - - - 1 0 1 1 3 1 .4 6 3 1 14 5

Total Privé 5 181 67 23 276 102 7 208 60 16 291 100 70 171 36 23 300 100 16791 24 9 291 100

Public 4 108 47 18 177 66

Nombre 5 177 66 22 270 100 7 208 60 16 291 100 70 171 36 23 30 100 16791 24 9 291 100d'entreprises

Nole: 11 Réponses multiples.

Page 75: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.6. (suite)

Tha',lande Équateur' Jamaïque

1 2-5 6-10 >10 Total Tolal 1 2-5 6-10 >10 Total Tolal 1 2-5 6-10 >10 Total Tolal(en %) (en %) (en %)

Consommateur 184 166 48 8 406 81 32 200 31 26 289 97 81 -132 29 19 261 97final

Entreprise 4 12 11 4 31 6 0 8 5 1 14 5 0 0 0 0 0 0manufacturière

Grossiste 3 14 16 7 40 8 1 9 12 16 38 13 0 1 1 1 3 1

Détaillant ·2 9 12 2 25 5 2 36 14 14 66 22 0 0 0 3 3 1

État - - - - - - 1 18 2 2 23 8 0 1 0 0 1 0

Autres 0 0 1 0 1 0 0 6 1 2 9 3 0 1 1 0 2 1

Total 193 201 88 21 503 100 36 277 65 61 439 147 81 135 31 23 270 100

Nombre 193 201 88 21 503 100 30 198 39 31 298 100 81 135 31 23 270 100d'entreprises

NOle: II Réponses multiples.

Page 76: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.7 - Participation à des marchés publics, par secteurs

Algérie Tunisie

Tex. Res. Mée. Total Total Tex. Res. Mée. Tapis Total Total(en %) (en %)

Participation à titre individuel 4 6 8 18 7 19 16 13 0 48 16

Participation à titre collectif 3 10 4 17 6 0 0 0 0

Non-participation 58 110 47 215 80 60 76 72 32 240 83

Total 65 126 59 250 93 80 92 85 32 289 99

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 100 80 92 87 32 291 100

Thanande' Équateur Jamaïque'

Tex. Res. Mét. Total Total Tex. Res. Mée. Total Total Tex. Res. Mée. Bois Total Total(en %) (en %) (en %)

Participation à titre 6 5 25 36 9 21 14 19 54 18individuel 5 1 13 9 28 10

Participation à titre 1 0 10 11 3 0 1 3 4 1collectif

Non-participation 176 93 97 366 88 79 88 73 240 81 58 60 62 62 242 90

Total 183 98 132 413 100 100 103 95 298 100 63 61 75 71 270 100

Nombre d'entreprises 183 98 132 413 100 100 103 95 298 100 63 61 75 71 270 100

Notes: II En Thaïlande, il y a 90 restaurants à qui la question n'a pas été posée.21 En Jamaïque, les réponses des entrepreneurs ne permettent pas de distinguer entre participation aux marchés publics à titre individuel el participation à titre collectif.

Page 77: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.8. Participation à des marchés publics, par taille d'entreprise

Algérie Tunisie

2-5 6-10 >10 Total Tolal 2-5 6-10 >10 Total Tolal(en %) (en %)

Participation à titre individuel 7 8 2 18 7 0 22 21 5 48 16

Participation à titre collectif 0 14 2 17 6 0 0 0 0

Non-participation 4 145 49 17 215 80 6 185 38 Il 240 83

Total 5 166 59 20 250 93 6 207 60 16 289 99

Nombre d'entreprises 5 177 66 22 270 100 7 208 60 16 291 100

Tha"ilande' Équateur Jamaïque'

1 2-5 6-10 >10 Total Tolal 1 2-5 6-10 >10 Tolal Tolal 1 2-5 6-10 >10 Tolal Tolal

(en %) (en %) (en %)

Participation à titre 6 12 13 5 36 9 4 32 Il 7 54 18individuel 1 17 4 6 28 10

Participation à titre 1 6 4 0 Il 3 0 4 0 0 4 1collectif

Non-participation 115 164 71 16 366 88 26 162 28 24 240 81 80 118 27 17 242 90

Total 122 182 88 21 413 100 30 198 39 31 298 100 81 135 31 23 270 100

Nombre d'entreprises 122 182 88 21 413 100 30 198 39 31 298 100 81 135 31 23 270 100

NOIes: 11 En Thaïlande, il y a 90 reSlaurants à qui la question n'a pas été posée.'lJ En Jamaïque, les réponses des entrepreneurs ne permettent pas de distinguer entre participation aux marchés publics à tilre individuel et participation à titre collectif.

Page 78: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

-.l-.l

Tableau 2.9. Contraintes de demande, par secteurs

Algérie' Tunisie

Tex. Res. Mée. Total Talai (en %) Tex. Res. Mée. Tapis Total Talai (en %)

Pas de contrainte 21 58 36 115 43 9 6 2 23 40 J4

Demande insuffisante 21 43 4 68 25 15 20 4 0 39 13

Demande instable 14 29 5 48 J8 32 62 75 5 174 60

Concurrence 8 14 2 24 9 24 2 5 4 35 J2

Total 64 144 47 255 94 80 90 86 32 288 99

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 J()() 80 92 87 32 291 J()()

Thanande Équateur Jamaïque'

Tex. Res.' Mél. Total Talai (en %) Tex. Res. Mée. Total Talai (en %) Tex. Res. Mée. Bois Total Talai (en %)

Pas de contrainte 147 66 87 300 73 24 26 26 76 26 48 54 60 52 214 79

Demande insuffisante JO JO 7 27 6 39 25 28 92 3J 7 4 6 7 24 9

Demande instable 9 5 15 29 7 12 14 10 36 12 9 4 11 14 38 J4

Concurrence 12 16 20 48 12 14 22 20 56 J9 3 2 7 7 19 7

Autres 5 1 3 9 2 11 16 Il 38 13 - - - - - -Total 183 98 132 413 J()() 100 103 95 298 J()() 67 64 84 80 295 J09

Nombre d'entreprises 183 98 132 413 J()() 100 103 95 298 J()() 63 61 75 71 270 J()()

NOIes: Il Réponses multiples.21 La question n'a pas été posée à 90 restaurants.

Page 79: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 2.10. Contraintes de demande, par taille d'entreprise

Algérie Tunisie

2-5 6-10 >10 Total Tolal (en %) 2·5 6-10 >10 Total Tolal (en %)

Pas de contrainte 2 58 40 15 115 43 4 24 8 4 40 /4

Demande insuffisante 3 53 10 2 68 25 30 6 2 39 /3

Demande instable 0 37 5 6 48 /8 2 131 36 5 174 60

Concurrence 17 5 24 9 0 20 10 5 35 12

Total 6 165 60 24 255 94 7 205 60 16 288 99

Nombre d'entreprises 5 177 66 22 270 /()() 7 208 60 16 291 /()()

Tha',1ande1 Équateur Jamaïque2

1 2-5 5·10 >10 Total Tolal 1 2-5 6-10 >10 Total Tolal 1 2-5 6-10 >10 Total Tolal(en %) (en %) (en %)

Pas de contrainte 75 155 60 10 300 73 4 54 10 8 76 26 60 113 24 17 214 79

Demande insuffisante II 8 8 0 27 6 15 63 12 2 92 3/ 12 7 3 2 24 9

Demande instable 8 8 8 5 29 7 0 27 8 1 36 12 12 21 2 3 38 /4

Concurrence 7 28 8 5 48 12 7 36 5 8 56 /9 6 8 2 3 19 7

Autres 2 2 4 1 9 2 4 18 4 12 38 /3 - - . - - .

Total 103 201 88 21 413 /()() 30 198 39 31 298 /()() 90 149 31 25 295 /09

Nombre d'entreprises 103 201 88 21 413 /()() 30 198 39 31 298 /()() 81 135 31 23 270 /()()

NoIes: 1/ La question n'a pas été posée à 90 restaurants.2J Réponses multiples.

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Chapitre 3

Statut légal et relationsavec les consommateurs

Depuis que l'on a accordé une attention particulière, dans les années 70, auxmicro-entreprises dans les PED, on a mis l'accent sur le caractère informel de cesentreprises, d'où l'expression couramment en usage de « secteur informel» pourdésigner l'ensemble des micro-entreprises (moins de 20 actifs)! faiblement pourvuesen capital matériel ou humain. Cette précision sur la dotation en capital estindispensable pour éviter d'inclure des micro-entreprises qui ressemblent à touségards à celles des pays industrialisés2. Le succès de cette thèse sur l'informalité deces micro-entreprises, informalité qui ne correspond pas tout à fait à la réalitécomme nous le verrons, s'est conjugué avec un autre courant de pensée sur les droitsde propriété et d'activité. On a montré comment ces droits jouent un rôle essentielpour l'efficacité économique, en étant au coeur du système des incitations. L'articlede Scully3 en 1988 est l'une des contributions les plus importantes à ce courant depensée : on ne peut pas comprendre les succès ou les échecs en matière dedéveloppement si l'on ne se réfère pas à la structure des droits de propriété puisquela croissance dépend de l'accumulation du capital tandis que l'incitation à investirest liée aux droits de propriété.

La conjonction de ces deux courants de pensée a conduit à cette conclusion: ilexisterait un blocage institutionnel dans les PED qui empêcherait le développementdes micro-entreprises et par suite la formation d'une classe de petites et moyennesentreprises, comme celles qui existent dans les pays industrialisés4. En effet, si cesentreprises sont dépourvues de statut légal et s'il n'existe pas de droits de propriétécomplets et sûrs sans ce statut, ces entreprises sont condamnées à la stagnation aulieu de grandir, d'investir et d'embaucher. On a analysé en détail les coûts del'absence (ou de l'insuffisance) des droits de propriété : désincitation à investir,moindre mobilité des facteurs, accès impossible aux commandes publiques, manquede crédibilité vis-à-vis des banques, difficultés d'accès à des programmes d'aide oud'assistance technique et instabilité de la main-d'oeuvre (l'entreprise qui n'a pasd'existence juridique ne pouvant s'engager).

C'est l'économiste péruvien de Soto qui a rendu célèbre cette thèse enmontrant comment, dans son pays, la plupart des actifs travaillant seuls ou avec

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quelques personnes travaillaient en marge des réglementations, ce qui les gênait pourdévelopper leurs activités. Le succès de cette thèse se comprend facilement : ellepropose aux responsables politiques un moyen peu coûteux de développer un largesecteur de l'économie. Ne suffit-il pas, en effet, d'assouplir ou de supprimer cescontraintes institutionnelles pour que ces activités se développent, pour que cesmicro-entreprises deviennent petites, voire moyennes, et embauchent?

L'examen de cette thèse séduisante à partir des sept enquêtes disponibles passedonc en premier lieu par l'analyse du statut juridique des micro-entreprises. Ce pointest essentiel, car si celles-ci fonctionnent dans le cadre légal, comme c'est le casdans certains pays, cette thèse n'est plus soutenable en principe. Toutefois, l'examendu statut ne suffit pas, des micro-entreprises fonctionnant en toute légalité peuventêtre gravement handicapées pour diverses raisons : commandes publiques « engros » qui les empêchent de soumissionner, garanties exigées par les banques pourun prêt qu'elles ne peuvent fournir et règlements de sécurité les obligeant à acheterun matériel coûteux. Ces exemples montrent que les règlements inadaptés à la taillede ces entreprises entraînent une discrimination et les empêchent de se développer.Nous allons donc dans ce chapitre et le suivant examiner successivement le statutdes micro-entreprises et l'impact du cadre institutionnel dans leurs relations avecleurs acheteurs (ou leurs fournisseurs) et avec le secteur bancaire.

Le statut des micro-entreprises

Lorsque l'on parle d'activités informelles, on fait implicitement allusion à desactivités qui échappent en partie ou en totalité à la reconnaissance de l'État, la formela plus simple étant l'enregistrement (ou déclaration d'existence). En ce sens seraitréputée informelle toute micro-entreprise non recensée par l'administration, c'est-à­dire inconnue de l'État. Cette déclaration d'existence est évidemment une décisionimportante pour la personne qui la fait puisqu'à partir de ce moment l'entreprisedevra éventuellement supporter des coûts (payer une taxe ou respecter un règlementde sécurité, par exemple) et pourra bénéficier de certains avantages (accès à descrédits réservés aux artisans ou possibilité de faire de la publicité). Ce qui compte aumoment de la décision, c'est beaucoup moins le coût immédiat de l'enregistrementque ses conséquences ultérieures, positives ou négatives. Ce choix de statutconditionne la vie de l'entreprise parce que l'on ne peut plus parler de situationillégale, ou a-légale, dès lors qu'une entreprise est enregistrée. Toutefois, cettedéclaration n'entraîne pas automatiquement le respect de tous les règlements.Beaucoup d'entreprises enregistrées paient certains salariés au salaire minimumobligatoire, mais non les autres, ou règlent une taxe mais non une autre à laquelleelles sont aussi assujetties. Ainsi, il existe toute une gamme de possibilités, depuisl'enregistrement sans respecter aucun autre règlement jusqu'au respect de toutes lesobligations légales. On peut donc considérer comme des activités informelles au senslarge toutes ces entreprises qui vivent plus ou moins en marge du cadre institu­tionnel, en respectant certaines obligations, mais non les autres. Cependant, le seulfait qu'une entreprise soit déclarée a son importance, car il permet à l'administration,si elle le souhaite, de contrôler facilement cette entreprise. C'est ce qui justifie notredistinction entre trois catégories de micro-entreprises :

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les entreprises non déclarées qui fonctionnent complètement en dehors ducadre légal; selon les cas, elles travaillent dans la clandestinité ou d'unemanière visible parce que les autorités laissent faire (il s'agit soit d'unesituation illégale soit d'une situation a-légale) ;

les entreprises déclarées qui fonctionnent plus ou moins en marge desrèglements ;

les entreprises déclarées qui respectent presque tous les règlements.

Il faut souligner que la répartition des micro-entreprises entre ces troiscatégories dépend du cadre institutionnel. Dans un pays où l'administration faitrespecter avec fermeté des obligations légales contraignantes à une entreprisedéclarée, beaucoup d'entreprises vont se classer dans le premier groupe. Enrevanche, si l'administration est laxiste, beaucoup d'entreprises seront enregistréestout en ne respectant que les obligations qui ne les gênent pas.

Si l'on recense toutes les micro-entreprises qui ont de un à 20 actifs, même enexcluant celles qui sont intensives en capital matériel ou humain (comme desprofessions libérales), on constate que certaines respectent pratiquement tous lesrèglements, ce qui les classe dans la troisième catégorie. Aussi avons-nous défini noséchantillons à partir de deux critères, taille et capital, et considéré l'ensemble desentreprises qui ont moins de 20 actifs et ne sont pas intensives en capital matériel ouhumainS, au lieu de parler de secteur informel, ce qui exclurait la troisième catégorie.Il faut toutefois souligner que l'application du second critère, relatif au capital, peutêtre délicate dans certains pays. En effet, il existe des micro-entreprises dynamiquesqui dégagent assez de bénéfices pour se moderniser, acheter des équipementscomparables à ceux des entreprises plus grandes. De nouveau, on constate l'absenced'une frontière évidente, étant donné qu'une frange de micro-entreprises, habituel­lement celles ayant dix à 20 actifs, se modernise et est en train de s'intégrer augroupe des entreprises plus grandes qui sont classées dans le secteur moderne.

On peut choisir, comme indicateur du statut de l'entreprise, l'enregistrement oula patente. Le premier problème pour appliquer ces indicateurs concerne la base desondage pour notre échantillon. En principe, cette base comprend toutes les micro­entreprises (y compris les indépendants) appartenant à un secteur dans une zonedonnée et le pourcentage d'entreprises déclarées au sein de l'échantillon estsignificatif. Mais ce n'est pas le cas dans un pays où cette base provient d'unrecensement des entreprises enregistrées. D'autre part, la démarche de légalisationn'est pas nécessairement l'enregistrement. Dans certains pays, l'administration ne sesoucie pas de recenser systématiquement les micro-entreprises, mais contrôleétroitement le paiement d'une taxe. Dans ce cas, on aura par exemple 20 pour centde micro-entreprises enregistrées, mais 80 pour cent assujetties à cette taxe. Il seraitalors illogique d'affirmer que la plupart de ces entreprises fonctionnent dansl'illégalité (ou l'a-légalité) alors qu'elles paient un impôt.

Comme l'origine de l'échantillon et le cadre juridique varient d'un pays àl'autre, il faut rappeler le contexte de chaque pays pour comprendre la portée deschiffres présentés dans le tableau 3.1.

En Tunisie, chaque artisan devrait avoir une carte professionnelle obtenue souscertaines conditions et être immatriculé au répertoire des petites entreprises. D'autrepart, pour exercer, une attestation de validité du local est requise. En Algérie, toute

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entreprise a besoin d'un certificat d'immatriculation au registre du commerce. Ledéfaut d'inscription est puni par une amende et, en cas de récidive, par l'emprison­nement. Au Niger, l'entreprise doit être enregistrée au Tribunal du commerce et doitpayer une patente dont le montant est relativement élevé. Au Swaziland, l'obtentiond'une licence donne lieu à des démarches assez longues. En Thaïlande, lesentreprises doivent en principe être inscrites au registre du commerce. En Jamaïque,toute personne engagée dans une activité professionnelle doit être enregistrée et onlui donne un numéro d'entreprise. Pour cette formalité, on exige un numérod'assurance et un numéro relatif à l'impôt sur le revenu. En Équateur, les artisanspeuvent fonctionner selon le statut commun ou bénéficier d'un statut spécial. Dansce cas, ils doivent procéder à trois démarches : s'inscrire au registre des contri­buables, être agréés par l'agence gouvernementale de l'artisanat et obtenir un permisde la municipalité.

Voyons maintenant dans quelle mesure ces obligations sont satisfaites. EnTunisie, il n'y a que 3 pour cent des artisans inscrits au répertoire des petitesentreprises et 12 pour cent qui disposent de la carte professionnelle. Ces chiffresdonnent cependant une fausse image, car les autorités ne se soucient pas en réalitédu respect de ces obligations. En revanche, 61 pour cent des micro-entreprises ontleur attestation de validité du local, le pourcentage atteignant 99 pour cent pour lesrestaurants. D'autre part, le pourcentage varie de 90 pour cent à Tunis à un chiffrenégligeable pour Sfax, parce que les autorités exigent cette attestation à Tunis maisnon dans la région de Sfax. Enfin, comme nous le verrons au chapitre 6, 75 pourcent des entreprises paient la taxe locative (secteur tapis exclu). On peut doncconclure que la majorité des micro-entreprises fonctionne d'une manière officielle.Cela est lié au fait que le tirage s'est fait à partir du FENA (fichier des établis­sements non agricoles) qui ne comprend qu'une partie des micro-entreprises.

En Algérie, il est quasiment impossible pour une entreprise de fonctionner sanscertificat d'immatriculation, parce qu'elle a nécessairement des relations avec lesecteur public étant donné le rôle prépondérant de celui-ci dans toute l'économie.Cela explique que toutes les entreprises de l'échantillon, sauf une entreprise deconfection, soient déclarées. Certes, on peut objecter que le fait que les entreprisesde l'échantillon à Alger figurent toutes sur le répertoire de l'Office national desstatistiques, implique la déclaration. Mais en dehors d'Alger, les enquêteurs ontchoisi les entreprises sans utiliser de liste et le pourcentage d'entreprises nondéclarées est le même qu'à Alger. Cela s'explique par la nature des activités: pour larestauration et la mécanique, en rapport avec le grand public, la menace descontrôles divers rend impossible une activité non déclarée. En revanche, pour lesvêtements (confection), on sait qu'il existe beaucoup d'entreprises non déclarées, quifonctionnent entièrement en dehors du cadre légal, mais il s'agit d'activités cachées,avec lesquelles les enquêteurs n'ont pas pu avoir de contact.

Au Niger, la majorité des micro-entreprises est enregistrée, mais ce pour­centage varie beaucoup selon la taille et le lieu. Ainsi, il passe de 50 pour cent pourles indépendants à 90 pour cent s'il y a plus de cinq actifs. Cette obligation estquasiment ignorée dans les villages (8 pour cent), mais respectée dans la capitale(80 pour cent) (tableau 3.2). Au Swaziland, seule une entreprise sur dix a une licenceet on constate des différences en fonction du lieu et de la taille, avec 15 pour centdans les grandes villes contre 0 pour cent dans les villages, et 7 pour cent pour les

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indépendants au lieu de 25 pour cent s'il y a plus de cinq actifs. Par ailleurs, 40 pourcent des entreprises paient la taxe sur les ventes.

L'Équateur et la Jamaïque présentent des situations contrastées. En raison desavantages particuliers accordés aux artisans en Équateur, la majorité travaille entoute légalité (72 pour cent). Néanmoins, la taille de l'entreprise et sa localisationjouent un rôle (tableau 3.2) avec, par exemple, 50 pour cent pour les indépendants aulieu de 79 pour cent pour les entreprises ayant plus de cinq actifs. En Jamaïque, enrevanche, 23 pour cent seulement des personnes interrogées ont fait enregistrer leurentreprise auprès du ministère des Finances. D'autre part, il s'agit du seul pays où ila été impossible de poser des questions sur le paiement des impôts. Tout laisse doncpenser que la majorité des micro-entreprises fonctionne en marge de la légalité, dumoins par rapport au ministère des Finances, qui ne connaît pas leur existence et nepeut pas les assujettir à l'impôt. Il y a toutefois un net clivage en fonction de lataille: 60 pour cent des entreprises qui ont plus de cinq actifs sont déclarées. Ce sontdonc seulement les plus petites entreprises (indépendants ou deux à cinq actifs) quivivent en dehors du cadre légal.

En Thaïlande, les autorités n'attachent pas beaucoup d'importance àl'inscription au registre du commerce pour des entreprises individuelles, ce quiexplique le faible pourcentage d'inscrits (20 pour cent). Cela ne signifie pascependant que les micro-entreprises fonctionnent en dehors du cadre légal : la taxesur le chiffre d'affaires est payée par 60 pour cent des entrepreneurs alors que tousn'y sont pas assujettis (les sous-traitants en sont dispensés habituellement lorsque ledonneur d'ordre s'en acquitte et les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieurà 4 000 bahts par mois ne la paient pas).

Cet ensemble de résultats conduit à nuancer l'opinion habituelle sur le statutdes micro-entreprises. Dans tous les pays sauf la Tunisie et, pour l'Algérie ainsi quele Niger, la capitale, les échantillons sont représentatifs des micro-entreprises dessecteurs étudiés en milieu urbain: il n'existe donc pas de biais en faveur desentreprises enregistrées. Comme on l'a vu à propos de l'enregistrement ou del'imposition, la majorité de ces entreprises, indépendants exclus, est connue desautorités dans tous les pays, sauf la Jamaïque et le Swaziland. Il existe toutefois desdifférences importantes en fonction de la taille et de la localisation. Dans plusieurspays, la majorité des entreprises individuelles, voire celles de deux à cinq actifs,n'est pas enregistrée; il en va de même pour les entreprises établies dans les villagesou les petites villes. Il apparaît ainsi un clivage entre deux groupes: les entreprisesde un à cinq actifs et celles ayant plus de cinq actifs. Dans le second groupe, lamajorité des actifs est salariée, ce qui n'est pas le cas dans le premier groupe. Danstous les pays, y compris en Jamaïque, la majorité des entreprises (et souvent plus de80 pour cent) du second groupe est déclarée. En revanche, les micro-entreprises dupremier groupe fonctionnent plus souvent, ou même dans la majorité des cas s'ils'agit d'indépendants, en dehors du cadre officiel. La taille et, dans une moindremesure, la localisation déterminent donc pour une large part le statut officiel ou nond'une micro-entreprise. Le cas le moins probable de déclaration est celui d'unindépendant dans un village, tandis que le cas le plus probable est celui d'uneentreprise de dix actifs dans la capitale.

Ces observations sont confirmées par une analyse économétrique, à partir d'unmodèle [agit, appliquée à quatre pays: Niger et Swaziland, Équateur et Jamaïque.

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Cette analyse montre que la taille de l'entreprise et sa localisation sont les deuxfacteurs déterminants dans tous les cas sans exception. En revanche, d'autresfacteurs ne sont significatifs que dans certains pays : dans les pays africains, laprobabilité d'enregistrement est plus faible s'il s'agit d'une activité à domicile ou sil'entrepreneur est une femme. En Amérique latine, cette probabilité est plus faible enJamaïque qu'en Équateur où les avantages que procure le statut d'artisan incitent às'inscrire même s'il faut faire des démarches plus longues.

Le rôle constant de la taille et de la localisation s'explique facilement. Uneentreprise plus grande a à la fois davantage la capacité de prendre en charge lescoûts indirects liés à l'enregistrement et davantage besoin d'un statut officiel pourfonctionner. D'autre part, la surveillance des autorités est toujours plus sérieuse dansla capitale que dans les villages.

Dans certains pays, on a demandé aux entrepreneurs non enregistrés les raisonsde leur comportement (tableau 3.3). Ce qui frappe l'esprit dans ces réponses, c'estque dans tous les pays, le non-respect de l'obligation légale s'explique moins par lecoût ou la complexité des démarches, que par le manque d'information ou lecaractère inutile de l'enregistrement. En Tunisie, la complexité des démarches pourobtenir la carte professionnelle, l'attestation de validité du local ou pour être inscritau répertoire est très rarement citée (moins de 3 pour cent des réponses) ; quant aucoût de l'enregistrement, il n'est jamais cité par les entrepreneurs comme unobstacle. Ces raisons ne sont pas évoquées plus souvent au Niger ; en revanche,l'absence de contrôle y est citée plus souvent qu'en Tunisie ou au Swaziland,puisque près de 20 pour cent des personnes qui n'ont pas enregistré leur entrepriseinvoquent ce motif. Les raisons citées le plus souvent dans les trois pays sontl'absence d'information ou l'inutilité de cette démarche. Cela a été confirmé par desentretiens individuels. En général, l'absence de déclaration n'a pas gêné l'entre­preneur sauf dans quelques cas au Swaziland, où certaines personnes n'ont pu fairede la publicité pour leurs produits ou ouvrir un compte en banque parce qu'il leur aété demandé le certificat d'enregistrement. Excepté ces cas, le non-respect del'enregistrement (ou d'une formalité analogue) ne pouvait donc pas gêner sérieu­sement les intéressés. Ce résultat n'est pas surprenant: dès lors qu'un entrepreneur aeffectivement besoin d'être enregistré, il le fait puisque les coûts (en temps ou enargent) de cette démarche sont habituellement très faibles.

Règlements et relations avec les consommateurs

On s'intéressera ici aux contrôles de prix et aux nonnes de sécurité, d'hygièneet de qualité qui concernent les clients, en excluant celles relatives aux salariés del'entreprise (examinées dans le chapitre 5). Dans certains cas, un recoupement estpossible: par exemple, l'obligation d'installer un extincteur dans un atelier bénéficieaux salariés, mais cette obligation sera prise en compte ici parce que cette sécuritéprotège aussi bien les autres personnes, les équipements et les stocks.

La raison d'être de ces nonnes est en principe le bien-être collectif et l'on nepeut pas rejeter toute norme a priori. Dans un pays chaud, l'obligation d'unréfrigérateur pour conserver les denrées peut être légitimement imposée même aux

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petits restaurants traditionnels pour éviter de mettre en danger la santé des consom­mateurs. L'existence de normes pose deux problèmes, celui de la définition et celuidu coût. Comment doit-on prendre en compte les préférences des consommateurs?Doit-on appliquer les normes en vigueur dans les pays industrialisés? 11 est évidentque la simple transposition de ces normes dans un pays pauvre n'a pas de sens. Ilfaut donc les assouplir, mais dans certaines limites. Aller au-delà et risquer, parexemple, de graves maladies n'est pas acceptable même dans un pays pauvre. Cettedéfinition de normes adaptées doit tenir compte des coûts et des ressources dontdisposent les micro-entreprises. Il est impossible d'imposer un équipement dontl'achat est trop coûteux pour la plupart des micro-entreprises. Dans ce cas, ladisparition de ces micro-entreprises peut réduire le bien-être des consommateursparce qu'ils ne pourront plus se procurer certains biens ou services à bas prix. Lesnormes de sécurité, ou autres, ont ainsi des coûts et des avantages pour lesentreprises et pour les consommateurs. 11 faut donc comparer le solde de ces coûts etavantages avec le solde des coûts et avantages qui résulteraient de l'absence denormes. Lorsque des normes paraissent à la fois indispensables pour le bien-êtrecollectif et trop coûteuses, que peut faire l'État? Une prise en charge serait pensableou des compensations, comme l'absence de toute taxe pendant plusieurs années, ouencore l'accès à des crédits, à des commandes publiques. Quoi qu'il en soit, on peutsupposer que la définition et le respect des normes dépendent du niveau dedéveloppement. Les micro-entreprises d'un pays à revenu intermédiaire peuventfinancer un équipement de sécurité qui est inaccessible à celles d'un pays pauvre.

Les tableaux 3.4 et 3.5 nous donnent une première idée sur les normes tellesqu'elles sont perçues par les entreprises: on leur a demandé si elles étaient soumisesà des contraintes en matière d'hygiène, de qualité, de prix, etc. A première vue, lasituation dans les pays pauvres est différente de celle observée dans les pays àrevenu intermédiaire. Au Niger comme au Swaziland, les contraintes, excepté cellesrelatives aux emplacements, sont rarement citées. Certes, on ressent particulièrementdans ces deux pays le poids de la fiscalité, mais il s'agit d'une contrainte d'une autrenature liée à la faiblesse des ressources des entreprises. En revanche, une seule autrecontrainte joue un rôle important, celle sur les conditions d'hygiène pour lesrestaurants. Ainsi, dans l'ensemble, les gouvernements de ces pays pauvres imposentmoins de contraintes que ceux des pays à revenu intermédiaire, exception faite ducas des emplacements où les interventions sont fréquentes, notamment au Swaziland.

Si les normes jouent un rôle beaucoup plus important en Équateur, enThaïlande, et en Tunisie, ce n'est pas d'une manière uniforme, mais surtout dans lessecteurs que les gouvernements surveillent pour des raisons précises. Le premier estla restauration, qui est de loin le secteur le plus encadré dans les trois pays. Il s'agitévidemment des normes d 'hygiène le plus souvent, mais aussi des autres normes(standards de qualité, normes techniques). Cette surveillance est justifiée parplusieurs facteurs : cette restauration traditionnelle très bon marché accueille de plusen plus de salariés qui déjeunent sur place en raison de l'extension des villes. Dansdeux pays surtout, la Thaïlande et la Tunisie où le tourisme est très développé, destouristes fréquentent aussi ces restaurants ; or un cas de maladie grave peutdéclencher des milliers d'annulations de la part des agences de voyage qui assurentl'essentiel des flux touristiques. Les autres activités sont également soumises, maismoins systématiquement, à des contraintes. En Tunisie, les ateliers de mécanique

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doivent respecter des règles pour les emplacements et en matière d'hygiène et depropreté. Pour les tapis, un poinçonnage plombé au verso qui certifie la qualité dutapis est obligatoire avant la vente au marché aux enchères. En Thaïlande, on imposedes normes de sécurité (extincteur, disjoncteur pour l'installation électrique) assezcoûteuses aux activités du textile et surtout du travail des métaux, ainsi que desnormes pour le local ou le respect de l'environnement. Cet encadrement des micro­entreprises contraste avec le cas algérien, où ces normes sont rarement respectées. Ladégradation des conditions d'hygiène dans la restauration avait atteint un point telqu'un arrêté a été pris en mai 1992 pour imposer un état de propreté et faire tous lestravaux nécessaires.

Comme l'imposition de normes est liée au type d'activité, il n'existe pas derelation habituellement entre les normes et la taille de l'entreprise (tableau 3.5), àl'exception de l'Équateur. Dans ce pays, les entreprises de plus de dix personnes sontsoumises plus fréquemment à des réglementations.

Il reste à préciser l'impact de ces normes: existe-t-il des contrôles etsanctionne-t-on sévèrement les infractions? Est-ce que les intéressés se plaignent deces contraintes ? Les deux questions sont liées car si l'absence de contrôle permet defaire ce que l'on veut, personne ne se plaint.

En Thai1ande, les contrôles ont lieu habituellement une fois par an, très peu(5 pour cent) étant contrôlés plus souvent. En cas de non-respect des règlements, lasanction est une amende, mais non la confiscation de l'équipement ou de laproduction (un seul cas sur 27). On note, par ailleurs, des différences selon l'activité.Les restaurants sont contrôlés plus fréquemment, notamment en province, alors quel'on veille moins à faire respecter les normes sanitaires à Bangkok. On peut supposerque les inspecteurs exercent plus facilement leur contrôle dans des petites villes quedans une agglomération de 8 millions d'habitants. Les réactions des propriétaires àces contrôles sont ambiguës. D'une part, ils se plaignent du coût des mesures àprendre pour respecter ces normes mais, d'autre part, ils reconnaissent l'intérêt deces mesures pour attirer la clientèle. Dans les autres secteurs, notamment dans letextile, le respect des normes sanitaires fait moins l'objet de contrôles. En revanche,les normes de sécurité y font l'objet d'une surveillance plus sérieuse et lesentrepreneurs en comprennent l'utilité malgré le coût. Mais ils manifestent leurdésaccord avec les règles sur les emplacements et l'environnement. Ils n'en voientpas l'intérêt, ils les considèrent comme une gêne pour leur activité et se plaignentdes contrôles.

En Tunisie également, la fréquence des contrôles varie selon les secteurs, et lesrestaurants sont l'activité la plus surveillée: 91 pour cent sont contrôlés au moinsune fois par mois. Le secteur de la mécanique est moins contrôlé (55 pour cent unefois ou plus par an) et le secteur textile encore moins (33 pour cent une fois ou pluspar an). Les sanctions contre le non-respect des normes sont progressives et peusévères : des avertissements répétés, puis des amendes. La confiscation des produitsest tout à fait exceptionnelle et la fermeture à durée limitée n'intervient que dans larestauration, mais les autorités y recourent assez souvent, ce qui montre leur volontéde faire respecter sérieusement les normes sanitaires par ce secteur. Néanmoins, lerespect des normes, même dans la restauration, n'est pas toujours assuré. La moitiédes personnes qui travaillent dans ce secteur reconnaît ne respecter qu'en partie lesrèglements tandis que l'autre moitié les respecte en totalité. Les raisons évoquées

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pour ce respect partiel sont le coût élevé et le manque d'information6. Par ailleurs, lerespect strict des règlements domine dans la mécanique, mais non dans le textile, cequi prouve une relative efficacité des contrôles qui sont plus fréquents dans lamécanique.

Les contraintes paraissent encore plus légères dans les deux pays d'Amériquelatine. En Jamaïque, il existe seulement des normes sanitaires pour les restaurants etla préparation d'aliments. Des contrôles réguliers en assurent le respect en ville, maisdes entreprises établies ailleurs ne sont pas surveillées. En Équateur, les règlementsqui imposent des normes sanitaires sont respectés dans la moitié des restaurants.Mais dans les autres secteurs, il n'existe que très peu de contraintes sur lesconditions de production ou la qualité des produits.

A première vue, cet aperçu ne conduit pas à une vue pessimiste sur lesréglementations. Certes, l'État impose dans certains cas des normes sanitaires, desécurité ou de qualité qui entraînent des coûts pour les micro-entreprises. Le secteurle plus contrôlé, y compris dans les pays pauvres, est celui de la restauration, ce quise justifie du point de vue de l'intérêt général. Dans ce cas, le solde des coûts etavantages de normes sanitaires l'emporte sur le solde des coûts et avantages del'absence de normes. Il est rare que des normes de sécurité ou de qualité existent etsoient sérieusement contrôlées dans les autres secteurs. Lorsque c'est le cas, parexemple pour les normes de sécurité dans le travail des métaux en Thaïlande ou pourune norme de qualité des tapis en Tunisie, on n'observe pas de réactions systéma­tiquement hostiles.

En revanche, les restrictions sur les emplacements sont très fréquentes, ycompris dans les pays pauvres (plus de la moitié des micro-entreprises y sontsoumises pour la vente en Swaziland) et ces restrictions ne sont ni comprises niacceptées. Les personnes interrogées y voient un obstacle au développement de leuractivité : on leur fait perdre, par exemple, des occasions de vendre. On les empêcheaussi de produire plus. Ainsi, en Thaïlande, des ateliers de mécanique qui disposentseulement d'une pièce ne peuvent pas investir dans de nouvelles machines car ilsseraient obligés d'étendre leurs locaux pour respecter les dispositions légales. Cesinterdictions d'emplacement pour vendre ou produire n'entraînent pas nécessai­rement des coûts comme les normes sanitaires mais excluent sans recours possibleles micro-entreprises de certaines zones. Il faudrait connaître les raisons de cesinterdictions. Sont-elles justifiées par l'intérêt collectif ou s'agit-il d'un processus derefoulement? Dans le premier cas, un atelier de petite métallurgie peut être proscrit,par exemple, en raison des nuisances pour les ménages qui vivent à côté. Mais dansle second cas, il s'agit d'une « informalisation », en quelque sorte, de ces micro­entreprises par l'État. Ainsi, pour des raisons de prestige, on leur interdira de vendredans les quartiers résidentiels de la capitale? et on freinera ce faisant l'activité demicro-entreprises qui auraient pu progressivement se développer et se moderniser.

L'État peut exercer une autre forme de contrainte sur ces entreprises, par lecontrôle des prix au consommateur. Nous évoquons cette contrainte à part car elleest par nature très différente et n'existe pas dans la majorité des pays. En Thaïlandecomme en Équateur et en Jamaïque, les prix sont libres dans les secteurs étudiés. Ilen va de même au Swaziland et pour les activités étudiées au Niger. Néanmoins,dans ce pays, le quart des micro-entreprises a fait l'objet de contrôle des prix. Cescontrôles peuvent s'expliquer de deux manières: par des contrôles dans le passé (les

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prix ayant été réglementés jusqu'à une date récente) et par des interventions decirconstances (au moment du Ramadan ou lorsque les stocks sont épuisés). EnTunisie, les prix sont libres pour le textile et la mécanique, mais homologués parl'État pour la restauration. L'application de cette règle est toutefois souple, puisquela moitié seulement des entreprises respecte les prix homologués. La situation del'Algérie est particulière : la hausse des prix est une question socio-politique trèssensible en Algérie; par ailleurs, jusqu'en septembre 1991, les trois activitésétudiées faisaient l'objet d'un contrôle des prix. Comme l'enquête a eu lieuseulement quelques mois plus tard, un tiers des personnes interrogées a affirmérespecter des prix fixes comme si le contrôle existait encore. Les autres connaissaientle nouveau régime: obligation de déclaration préalable à l'administration (pour lesprix du textile), ou obligation de l'affichage des prix (pour la restauration) etobligation de fournir des factures à l'achat et à la vente. Du fait d'une libérationrapide (mais récente) des prix, il faut considérer que la plupart des entrepreneurs(83 pour cent) déclarent respecter cette nouvelle réglementation. Les contrôles del'administration exercent aussi une pression puisque près de la moitié d'entre eux ontfait l'objet de contrôle. Toutefois les personnes interrogées ont une idée souventconfuse des sanctions encourues en cas d'infraction. D'autre part, l'effectif de ceuxqui respectent la réglementation est certainement surestimé, beaucoup de personnesdissimulent en fait la vérité.

Les commandes publiques

Les relations avec les organismes publics, quand ils sont clients, ontnécessairement un caractère particulier pour les micro-entreprises qui peuvent êtrehandicapées par leur absence de statut légal ou leur taille, le montant descommandes publiques étant très supérieur aux capacités de production de cesentreprises. On a avancé à plusieurs reprises l'idée que les conditions imposées parl'État pour les commandes publiques, les délais de paiement ou d'autres contraintesempêchent les micro-entreprises de bénéficier de ces commandes et on a par la suitedemandé la suppression de ces contraintes pour développer ces entreprises.

Contrairement à cette opinion, il semble que d'autres raisons expliquentsouvent la faible participation des micro-entreprises aux commandes publiques.Comme on l'a vu (chapitre 2), cette participation est toujours modeste, elle est mêmetrès rare au Niger et au Swaziland. Lorsque l'on demande la principale raison pourlaquelle l'entreprise n'a jamais eu de commande publique, l'absence d'informationou de proposition publique paraît l'obstacle majeur en Tunisie, en Équateur et enJamaïque. Cependant, en Thaïlande, il est particulièrement intéressant de noter que laprincipale raison invoquée par les patrons pour expliquer leur non-participation auxmarchés publics concerne le non-respect des réglementations ; selon eux, leurentreprise ne remplit pas les conditions requises pour accéder à ces marchés : ellen'est pas enregistrée, et à ce titre elle n'a pas de capital déclaré à proposer commegarantie, ou il n'y a pas de comptabilité. Cette explication est avancée par près desdeux tiers des entrepreneurs dans le textile et la restauration, ainsi que par lamajorité des indépendants. Au-delà de cinq actifs, en revanche, elle vient après lacomplexité des procédures, les délais de paiement et le manque de contacts avecl'administration. Sur l'ensemble de l'échantillon, la complexité des procédures et le

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manque de contacts avec les autorités sont respectivement le deuxième et letroisième motif invoqués par les entreprises qui n'ont jamais passé de contrat avec lesecteur public. C'est là un révélateur du fossé qui sépare le cadre institutionnel dumonde des micro-entreprises. L'argument concernant le « manque de contacts », enparticulier, laisse supposer que les marchés publics sont accordés prioritairement auxentrepreneurs proches de membres du gouvernement ou des autorités locales ; lacomplexité des procédures, souvent citée également, est un autre facteur dediscrimination. D'autre part, dans tous les secteurs, mais surtout dans le textile, lespetites industries pensent qu'elles sont incapables de respecter les délais ou que levolume d'affaires que ces marchés représentent est trop important par rapport à leurscapacités. Tous ces obstacles affectent particulièrement les indépendants, et ce sontplutôt les plus petites des entreprises qui disent ne pas pouvoir accéder aux marchéspublics parce qu'elles ne sont « pas en règle ». Notons que la complexité desprocédures et le manque de contacts avec les autorités sont citées par toutes lesmicro-entreprises, quelle que soit leur taille.

Le problème des relations avec l'État se pose d'une autre manière en Algérie,économie socialiste dominée par le secteur public. Les entrepreneurs citent denombreux obstacles institutionnels (complexité des démarches, retards de paiement,sévérité des normes, montant trop élevé des commandes, délais trop courts, etc.) audéveloppement de cette clientèle. On note toutefois que la raison la plusfréquemment invoquée reste le manque d'information: les personnes interrogéesn'ont pas d'information sur les possibilités d'obtenir des marchés publics et neconnaissent pas les supports publicitaires. En dépit de ces difficultés, lesentrepreneurs voient un avantage important à travailler pour l'État: c'est le moyende nouer des relations d'affaires avec des personnalités du secteur public, relationsensuite très utiles pour accéder aux organismes distributeurs d'intrants, d'équipementet de licences d'importation.

Ces réactions en Thaïlande et en Algérie montrent que le problème descommandes publiques a aussi une dimension politique : aucune réformeréglementaire ne peut supprimer le handicap des micro-entreprises lorsqu'il s'agit denouer des relations personnelles (de diverses manières) avec des responsablespublics. D'autre part, cette réforme réglementaire aurait beaucoup moins d'impact enTunisie, en Équateur et en Jamaïque qu'en Thaïlande ou en Algérie. Il faut doncnuancer la thèse couramment admise sur les obstacles institutionnels aux commandespubliques.

Les obstacles institutionnels à l'approvisionnement: le cas algérien

Alors que dans les autres pays, il n'existe pas de problème d'approvi­sionnement lié au cadre institutionnel, en Algérie, le développement des micro­entreprises est réellement freiné par cette contrainte. Qu'il s'agisse des biensintermédiaires ou des biens d'équipement, ces entreprises dépendent étroitement dusecteur public qui vend ces biens ou délivre les licences d'importation. Cette sourceest citée dans la moitié des cas pour les produits intermédiaires, et davantage pourles biens d'équipement. Or les entrepreneurs se plaignent de pénuries fréquentes.Pour les biens intermédiaires, les deux tiers déclarent qu'ils ne parviennent pas à

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s'approvisionner régulièrement et la situation est encore pire pour les biensd'équipement. Ces difficultés touchent plus les micro-entreprises que les autres parcequ'elles ont moins les moyens d'obtenir un passe-droit (par des relationspersonnelles ou par la corruption) qu'une entreprise moyenne. Par ailleurs, elles nebénéficient pas d'un accès prioritaire aux biens importés comme les grandesentreprises du secteur parapublic. Une économie libre de marché représente le cadreinstitutionnel qui défavorise le moins les micro-entreprises en matière d'approvision­nement. A l'opposé, l'économie algérienne est un exemple d'économie étatique dansun pays en développement. Dans ce genre d'économie, la situation de pénuried'intrants est habituelle et les micro-entreprises ont moins de chances de pouvoirs'approvisionner pour deux raisons: l'une d'ordre institutionnel (accès réservé auxentreprises parapubliques), l'autre factuelle (faiblesse des micro-entreprises dans lejeu de relations soda-politiques paralégales).

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Page 92: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Notes et références

1. On distingue parfois micro-entreprise au sens strict (moins de dix actifs) et petiteentreprise (dix à 20 actifs). Ainsi la définition de l'USAID limite la taille desmicro-entreprises à dix actifs.

2. Par exemple, une entreprise de conseil en informatique ou un cabinet d'architecte.

3. G. Scully (1988).

4. C'est la thèse de l'absence d'une classe intermédiaire d'entreprises dans les PED oùl'on trouverait seulement des micro-entreprises ou de grandes entreprises.

5. Le choix des secteurs d'activité (textile, petite restauration, mécanique, etc.) exclut defacto les entreprises intensives en capital matériel ou humain.

6. L'absence de contrôle n'est presque jamais citée, ce qui s'explique facilement vu lafréquence des contrôles.

7. Sur ce genre de comportement des autorités, voir C. Maldonado (1989).

91

Page 93: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.1. Degré de respect de l'obligation d'enregistrement!, par secteurs(en pourcentage)

Tunisie Niger Swaziland Thanande Équateur Jamaïque'

Textile 5.0 84.7 11.2 16.9 63.0 17.9

Restauration 1.1 55.4 7.5 16.5 75.7 27.8

Mécanique 2.3 76.8 31.8

Métal 65.5 0.0 29.5

Bois 65.8 5.4 13.8

Commerce de vêtements 72.4 17.7

Tapis 6.33

Total 3.4 69.0 10.3 20.1 71.8 22.8

Nombre d'entreprises 291 300 291 513 298 247

NOIes: Il Obligation d'enregistrement;Tunisie: inscription au Répertoire des artisans et petits métiers.Niger: enregistrement au Tribunal du commerce.Swaziland: obtention d'une autorisation d'exercice (Trading Licence).Thanande : enregistrement au ministère du Commerce.Équateur: inscription au Registre unique des contribuables.Jamaïque: détention d'un Business Enterprise Number.

li Entreprises ayant au plus 10 actifs.31 Deux observations sur les 32 ateliers de l'échantillon.

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Page 94: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.2. Degré de respect de l'obligation d'enregistrement),par taille d'entreprise et par localité

(en pourcentage)

Tunisie Niger Swaziland Thaïlande Équateur Jamaïque'

Indépendant 0.0 50.0 6.6 10.4 50.0 3.8

2-5 actifs 2.4 69.6 12.0 25.9 70.2 26.0

5-10 actifs 5.0 88.9 25.0 23.9 79.5 60.0

+ de 10 actifs 12.5 91.3 22.3 38.1 93.5

Capitale 2.3 80.0 14.7 19.2 77.3 25.0

Villes secondaires 4.93 59.8 4.4 21.0 66.2 22.2

Villages 7.7 0.0

Total 3.4 69.0 10.3 20.1 71.8 22.8

Nombre d'entreprises 291 300 291 503 298 247

Notes: 1/ Obligation d'enregistrement:Tunisie : inscription au Répertoire des artisans et petits métiers.Niger: enregistrement au Tribunal du commerce.Swaziland: obtention d'une autorisation d'exercice (Trading Licence).Thaïlande : enregistrement au ministère du Commerce.Équateur: inscription au Registre unique des contribuables.Jamaïque: détention d'un Business Enterprise Number.

21 Entreprises de 10 actifs au plus.31 A Sfax, le pourcentage de micro.entreprises enregistrées est de 4.5 ; à Kairouan, sur les 32 ateliers de fabrication

de tapis de l'échantillon, celle proportion est de 6.3 pour cent (soit deux entreprises enregistrées).

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Page 95: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.3. TunisielNigerlSwaziland: motifs de non-respect de l'enregistrement, par secteurs)

Tunisie2 Niger Swaziland

Tex. Res. Mée. Total Total Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Total Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Total(en %) vêt. (en %) vêt. (en %)

Trop coûteux 0 0 0 0 0.0 2 0 0 2 0 4 4.3 3 2 0 0 0 5 1.9

Formalités trop compliquées 7 2 0 9 3.5 0 1 0 1 1 3 3.2 1 1 1 0 0 3 1.1

Pas nécessaire - - - - - 4 26 15 4 5 54 58.1 61 39 13 26 36 175 67

Pas de contrôle 8 2 0 10 4.4 3 2 2 4 6 17 18.3 0 0 1 0 0 1 0.4

NSP si nécessaire / Manque 61 86 85 232 91.7 1 0 0 2 1 . 4 4.3 28 16 4 7 15 70 26.8d'information

Autres 0 1 0 1 0.4 1 4 3 0 3 11 11.8 2 3 0 2 0 7 2.7

Total 76 91 0 252 100.0 11 33 20 13 16 93 100.0 95 61 19 35 51 261 100.0

Nombre d'entreprises 76 91 85 252 100.0 11 33 20 13 16 93 100.0 95 61 19 35 51 261 100.0

NSP : ne sait pas.

Notes: 1/ On ne considère ici que les entreprises non enregistrées.V Pour le secteur lapis, les données n'étaient pas disponibles.

Page 96: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.4. Contraintes réglementaires eUou administratives perçues, par secteurs

Tunisie Niger

Tex. Res. Méc. Tapis Tolal Tolal (en %) Tex. Res. Mét. Bois Ven. vêt. Tolal Tolal(en %)

Aucune contrainte 51 0 6 5 62 21.3 22 36 17 22 21 118 39.3

Nonnes d'hygiène 15 90 37 0 142 48.8

Nonnes techniques 5 0 0 6 2.1

Standards de qualité 0 0 0 27 27 9.3

Contrôle du prix de vente 8 0 0 9 3.1

\0 Restrictions 1 emplacement, local 0 44 0 45 15.5 0 0 0 0 0.3Ul

Taxation en général l 46 35 36 16 31 164 54.7

Autres2 4 2 5 0 6 17 5.7

Total 80 92 87 32 291 100.0 72 74 58 38 58 300 100.0

Nombre d'entreprises 80 92 87 32 291 100.0 72 74 58 38 58 300 100.0

NoIes: 1/ Pour le Niger, la ligne « Taxalion en général» correspond aux réponses « Impôls en général» (sans distinction, 45 réponses), « Patente» (109 réponses) et« Taxe municipalesur les marchés» (10 réponses).

21 Pour le Niger, la Iigne« Autres» correspond aux réponses« Réglementations trop restrictives» (sans dislinclion, 4 réponses), « Droits d'occupalion » (7 réponses) et« Autres»(6 réponses).

Page 97: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.4. (suite)

Swaziland Thailande' Équateur!

Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Total Tex. Res. Mét. Total Total Tex. Res. Mée. Total Totalvêt. (en %) (en %) (en %)

Aucune contrainte 79 40 10 30 31 190 65.3 - - - - - - - - - -

Nonnes d'hygiène - - - - - - - 12 62 19 93 18.5 4 70 21 95 31.9

Nonnes techniques - - - - - - - 6 29 7 42 8.3 15 26 14 55 18.5

Standards de qualité - - - - - - - 4 45 6 55 10.9 9 14 4 27 9.1

Contrôle du prix de vente - - - - - - - 2 5 3 10 2.0 3 8 2 13 4.4

Restrictions 1 emplacement, 1 8 1 1 1 12 4.1 6 25 25 56 lU 0 0 8 8 2.7local

Taxation en général 10 12 5 2 20 49 16.8 61 38 63 162 32.2 - - - - -Licence 14 5 1 1 4 25 8.6 - - - - - - - - - -Législation du travail2 3 1 1 1 3 9 3.1 - - - - - - - - - -

Autres 0 0 1 2 3 6 2.0 6 2 4 12 2.4 2 3 4 9 3.0

Total 107 66 19 37 62 291 100.0 97 206 127 430 85.5 33 121 53 207 69.5

Nombre d'entreprises 107 66 19 37 62 291 100.0 183 188 132 503 100.0 100 103 95 298 100.0

Notes: Il Réponses multiples.21 Pour le Swaziland, la ligne « Législation du travail" correspond aux réponses « Salaire minimum" (6 réponses) et « Limitation du nombre d'heures de travail" (3 réponses).

Page 98: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.5. Contraintes réglementaires eUou administratives perçues, par taille d'entreprise

Tunisie Niger

2-5 6-10 >10 Total Tolal 2-5 6-10 >10 Total Tolal(en %) (en %)

Aucune contrainte 43 15 3 62 21.3 44 60 7 7 118 39.3

Normes d'hygiène 2 110 27 3 142 48.8

Normes techniques 0 0 5 6 2.1

Standards de qualité 4 19 3 27 9.3

Contrôle du prix de vente 0 3 2 4 9 3.110-...)

Restrictions 1emplacement, local 0 33 12 0 45 15.5 0 0 0 0.3

Taxation en générall 23 101 28 12 164 54.7

Autres2 3 10 3 l7 5.7

Total 7 208 60 16 291 100.0 70 l71 36 23 300 100.0

Nombre d'entreprises 7 208 60 16 291 100.0 70 17l 36 23 300 100.0

NoIes: Il Pour le Niger,la ligne « Taxation en général» correspond aux réponses « Impôts en général» (sans distinction, 45 réponses), « Patente» (109 réponses) et « Taxe municipalesur les marchés» (10 réponses).

21 Pour le Niger, la ligne « Aulres »correspond aux réponses « Réglementations trop restrictives» (sans distinction, 4 réponses),« Droits d'occupation» (7 réponses) et« Autres»(6 réponses).

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\000

Tableau 3.5. (suite)

Swaziland Thanande' Équateur'

1 2-5 6-10 >10 Total Talai 1 2-5 6·10 >10 Total Talai 1 2-5 5-10 >10 Total Tolal(en %) (en %) (en %)

Aucune contrainte 117 55 16 2 190 65.3 - - - - - - - - - - - -

Normes d'hygiène - - - - - . 28 44 15 6 93 18.5 3 68 15 9 95 31.9

Nonnes techniques - - - - - - 11 19 9 3 42 8.3 2 25 14 14 55 18.5

Standards de qualité - - - - - - 19 25 8 3 55 10.9 1 14 6 6 27 9.1

Contrôle du prix de vente - - - - - - 0 7 2 1 10 2.0 0 10 2 1 13 4.4

Restrictions 1 8 3 1 0 12 4.1 11 30 10 5 56 11.1 0 8 0 0 8 2.7emplacement, local

Taxation en général 21 18 4 6 49 16.8 27 88 36 11 162 32.2 - - - - - -Licence 15 9 1 0 25 8.6 - - - - - - - - - - - -

Législation du travail 2 5 1 1 9 3.1 - - - - - - - - - - - -Autres 4 1 1 0 6 2.0 0 5 7 0 12 2.4 1 6 2 0 9 3.0

Total 167 91 24 9 291 100.0 96 218 87 29 430 85.5 7 131 39 30 207 69.5

Nombre d'entreprises 167 91 24 9 291 100.0 193 201 88 21 503 100.0 81 135 31 23 270 100.0

NOIe: 11 Réponses multiples.

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Tableau 3.7. Algérie: respect du régime des prix et contrôle des services d'hygiène et des prix, par secteurs

Algérie

Textile Restauration Mécanique Tolal Total(en %)

Respect du régime des prix Oui 59 124 41 224 83.0

Non 7 5 17 29 10.7

Total 66 129 58 253 93.7

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 100.0......8

Contrôles des services d'hygiène Oui 42 20 54 116 43.0et des prix

Non 23 110 9 142 52.6

Total 65 130 63 268 95.6

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 100.0

Page 102: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.8. Raisons de la non-participation aux marchés publics, par secteurs

Algérie' Tunisie

Tex. Res. Mée. Total Tolal (en %) Tex. Res. Mée. Tapis Total Total (en %)

Absence d'information 20 63 14 97 45 18 40 54 28 140 58

Pas en règle 3 1

Normes de sécurité! hygiène 3 8 2 13 6

Absence d'appuis ! relations avec 9 22 5 36 17 0 3l'administration

Formalités complexes 9 29 3 41 19 0 5 0 0 5 2

Retards de paiement 14 28 3 45 21 0 3 7 0 10 4......0

Montant commande trop élevé 19 34 4 57 27 34 10 9 0 53 22......

Délais trop courts 14 19 7 40 19 0 0 0 0

Autres 2 0 3 6 17 0 24 10

Total 90 206 39 335 156 60 76 72 28 236 98

Nombre d'entreprises2 58 110 47 215 100.0 60 76 72 32 240 100.0

Notes: Il Réponses multiples.21 On a pris ici en compte les entreprises qui ont déclaré n'avoir jamais participé à des marchés publics (voir tableau 2.7).

1

Page 103: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

......oIV

Tableau 3.8. (suite)

Thaïlande' Équateur' Jamaïque'

Tex. Res. Mét. Total Total Tex. Res. Mét. Total Total Tex. Res. Mée. Bois Total Total(en %) (en %) (en %)

Absence d'infonnation ! 61 22 18 101 28 75 75 91 241 100.0 46 51 64 66 227 94manque d'intérêt

Pas en règle 125 63 56 244 67 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Nonnes de sécurité! hygiène 23 17 8 48 13 0 0 0 0 0 0 1 1 0 2 1

Absence d'appuis! relations 72 35 31 138 38 - - - - - 5 7 6 5 23 10avec l'administration

Fonnalités complexes 82 33 44 159 43 10 3 8 21 9 1 2 7 1 11 5

Retards de paiement 78 21 39 138 38 4 5 7 16 7 6 2 9 6 23 10

Montant commande trop élevé 66 12 18 96 26 12 14 4 30 13 13 9 2 9 33 14

Délais trop courts 63 8 19 90 25 1 1 0 2 1 2 0 0 1 3 1

Autres - - - - - 0 0 0 0 0 9 8 16 8 41 17

Total 570 211 233 1014 277 84 80 86 310 129 82 80 105 96 363 150

Nombre d'entreprises2 176 93 97 366 100.0 79 88 73 240 100 58 60 62 62 242 100

Notes: 11 Réponses multiples.21 On a pris ici en compte les entreprises qui ont déclaré n'avoir jamais participé à des marchés publics (voir tableau 2.7).

Page 104: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.9. Raisons de la non-participation aux marchés publics, par taille d'entreprise

Algérie' Tunisie

2-5 6-10 >10 Total Tolal (en %) 2-5 6-10 >10 Total Tolal (en %)

Absence d'information 3 66 19 9 97 45 5 105 24 6 140 58

Pas en règle 0 2 0 3

Normes de sécurité! hygiène 0 11 2 0 13 6

Absence d'appuis! relations avec 32 3 0 36 17 0 0 2 3 1l'administration

Formalités complexes 0 34 7 0 41 19 0 5 0 0 5 2

Retards de paiement 0 33 9 3 45 21 0 10 0 0 10 4......0

Montant commande trop élevé 42 12 2 57 27 39 10 3 53 22\.>.l

Délais trop courts 35 4 0 40 19 0 0 0 0

Autres 0 3 0 0 3 1 0 20 2 2 24 10

Total 6 258 57 14 335 156 6 180 38 12 236 98

Nombre d'entreprises2 4 145 49 17 215 100 6 185 38 11 240 100

NoIes: 1/ Réponses multiples.21 On a pris ici en compte les entreprises qui ont déclaré n'avoir jamais participé à des marchés publics (voir tableau 2.8).

Page 105: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 3.9. (suite)

Thanande' Équateurl Jamaïque'

1 2-5 >5 Total Tolal 1 2-5 6-10 > 10 Total Tolal 1 2-5 6-10 >10 Total Tolal(en %) (en %) (en %)

Absence d'infonnation 1 manque d'intérêt 25 45 31 101 28 31 162 25 23 241 JOO.O 70 117 25 15 227 94

Pas en règle 67 134 43 244 67 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Nonnes de sécurité! hygiène 10 21 17 48 13 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 2 1

Absence d'appuis! relations avec 33 63 42 138 38 - - - - - - 9 12 2 0 23 JOl'administration

Fonnalités complexes 32 79 48 159 43 1 16 2 2 21 9 3 6 2 0 11 5

Retards de paiement 25 70 43 138 38 0 11 4 1 16 7 4 14 2 3 23 JO

Montant commande trop élevé 29 51 16 96 26 2 21 5 2 30 13 19 12 2 0 33 14

Délais trop courts 25 45 20 90 25 1 1 0 0 2 1 2 1 0 0 3 1

Autres - - - - - 0 0 0 0 0 0 8 21 8 4 41 17

Total 246 508 270 1014 277 35 211 36 28 310 129 115 185 41 22 363 150

Nombre d'entreprises2 115 164 87 366 JOO 26 162 28 24 240 JOO 80 118 27 17 242 100

NoIes: 1/ Réponses multiples.21 On a pris ici en compte les entreprises qui ont déclaré n'avoir jamais panicipé à des marchés publics (voir tableau 2.8).

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Chapitre 4

Financement et cadre institutionnel

L'une des principales raisons évoquées pour expliquer la stagnation desmicro-entreprises traditionnelles (cet adjectif signifiant que ces entreprises restentpauvres en capital humain et en matériel) est leurs difficultés d'accès aux sources definancement. Plus précisément, les PED seraient caractérisés par le dualismefinancier, soit la coexistence d'un système financier formel et d'un système informel,et ces entreprises manqueraient de capitaux pour se développer parce qu'elles n'ontpas accès au système formel.

Nous verrons successivement les formes de ce dualisme, ses causes et sesconséquences avant de vérifier si les données de nos sept enquêtes confirment cettethèse sur un blocage financier dû au cadre institutionnel.

Le dualisme financier exprime la coexistence d'un système financier formel,institutionnel, à orientation urbaine et répondant aux besoins des moyennes etgrandes entreprises, avec un système financier informel, non institutionnel, assurantla collecte et la distribution de l'épargne dans le milieu rural et celui des micro­entreprises traditionnelles en ville. Ce dualisme entraîne une segmentation du marchédu capital avec un marché officiel (où l'on pratique souvent des taux artificiellementbas pour stimuler l'investissement) et des marchés informels compartimentés selonles régions et les activités. De nombreuses sources montrent la coupure entre lemarché officiel et les micro-entreprises traditionnelles: d'après la Banque centraledes États de l'Afrique de l'Ouest l , les financements consentis par les banquescommerciales aux petites et moyennes entreprises s'élevaient à 5 pour cent descrédits accordés entre 1976 et 1986. Au Mali et au Burkina Faso, ils représentaientrespectivement 4 et 6.8 pour cent de 1977 à 1987. Comme la majeure partie de cescrédits va à des entreprises de plus de dix actifs, on voit que le montant des créditsreçus par les micro-entreprises traditionnelles est insignifiant. Cela concorde avec lesrésultats d'enquêtes menées auprès de ces entreprises. Au Sénégal, au Mali, auCameroun2, on constate que le financement bancaire est rarissime. Ces enquêtesindiquent l'origine des fonds : épargne personnelle, prêts ou dons de la famille,prêteurs informels et associations d'épargne et de crédit. A chaque origine des fondscorrespond un taux d'intérêt ou un coût d'opportunité différent.

Les besoins de financement des micro-entreprises concernent soit lesinvestissements, au départ ou en cours d'activité, soit le fonds de roulement. Les

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informations sur les échéanciers de paiement (soit des fournisseurs, soit de l'entre­prise par ses clients) permettent d'évaluer le besoin en fonds de roulement. Cesbesoins peuvent être réels, ainsi qu'en témoifne une étude sur des petites entreprisesde confection de chaussures aux Philippines ; comme les clients sont des grossistesqui paient 70 jours après la livraison, la plupart des entreprises demandent descrédits à leurs fournisseurs de biens intermédiaires et de matières premières. Or cesfournisseurs pratiquent des taux usuraires (116 pour cent au taux annuel au lieu de16.5 pour cent pour le taux débiteur bancaire).

Liedholm4 a montré comment les besoins de financement évoluent au cours du« cycle de vie » de l'entreprise. Au début, il s'agit de besoins à long terme pourfinancer des équipements. Ensuite, les besoins en fonds de roulement augmententavec l'activité de l'entreprise jusqu'au moment où une extension des capacités deproduction requiert de noUveau des capitaux à moyen-long terme.

Les causes du dualisme financier sont multiples. D'abord, les zones rurales, ycompris souvent les petites villes, sont ignorées habituellement par les institutionsfinancières en raison des coûts de transport et d'information dans ces zones. Certes,il existe toujours un écart entre les coûts ruraux et urbains, mais cet écart estbeaucoup plus important dans les PED que dans les pays développés en raison duretard des communications et de l'infrastructure en zone rurale. Ensuite, plusieursraisons concourent, en zone urbaine, à discriminer les micro-entreprises. Les coûtsd'opération (démarches administratives, suivis des comptes et des remboursements)ont les caractéristiques de coûts fixes, indépendants du volume des crédits accordés.Ils sont par suite excessivement élevés en termes relatifs pour un prêt à une micro­entreprise. D'autre part, l'évaluation des risques est beaucoup plus difficile pour unemicro-entreprise que pour une moyenne ou grande entreprise en raison de l'absencede comptabilité et de l'impossibilité d'une réputation dans un milieu professionnelvu la taille de l'entreprise. Ces risques sont par ailleurs plus élevés parce que lesdroits de propriété de la micro-entreprise sur ses actifs sont parfois incertains (lestatut de l'entreprise étant à la limite de la légalité) et parce que l'entreprise qui nerespecte pas certaines réglementations risque des amendes, voire une cessationtemporaire d'activité. Si la banque augmente dans une large mesure son tauxd'intérêt pour compenser ces coûts et ces risques, elle accroît ce faisant le risque dedéfaut de la micro-entreprise. En raison de cet effet pervers, les banques préfèrentrationner le crédit et accorder des prêts à un taux moins élevé à quelques entreprisessur lesquelles les informations nécessaires et les garanties suffisantes sont·disponibles.

Les conséquences de ce dualisme financier conduisent les micro-entreprises àchercher d'autres sources de financement et surtout à s'autofinancer vu lesinconvénients de ces sources. Les prêteurs informels réduisent le risque soit par desliens de proximité (géographiques, familiaux ou communautaires) soit par des lienséconomiques. La pression qui s'exerce sur l'emprunteur dans un cadre familial oucommunautaire peut être extrêmement forte même si élIe ne repose sur aucunecontrainte légale. Dans le cas d'un contrat liés, le prêt va de pair avec une locationde terrain, ou l'achat de biens, ou une offre d'emploi. Cette liaison entre deuxcontrats permet au prêteur de compenser éventuellement avec l'autre contrat lerisque qu'il a assumé. Dans les deux cas (relations de proximité ou contrat lié) il estévident que les conditions de concurrence entre prêteurs et emprunteurs n'existent

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pas. On a affaire à des marchés étroitement cloisonnés où l'emprunteur est ensituation d'infériorité, ce qui explique les taux d'intérêt très élevés qu'il doitaccepter. En raison de ces taux, les micro-entreprises traditionnelles recourentrelativement peu à l'emprunt. Cette contrainte de financement limite les capacitésd'investissement et par suite freine la croissance des micro-entreprises. C'est ce quiexplique les tentatives pour améliorer le cadre institutionnel financier et l'adapteraux besoins et aux spécificités de ces entreprises.

Les sources de financement à moyen-long terme

Le tableau 4.1 permet un bilan des sources de financement. Nous verronsensuite pour plusieurs pays comment ces résultats varient selon d'autres critèrescomme la taille et s'expliquent en partie par les contraintes institutionnelles.

La première évidence est une confirmation : le secteur financier formel joue unrôle négligeable dans tous les pays. Le nombre de micro-entreprises qui ontbénéficié d'un financement bancaire est insignifiant, soit moins de 5 pour cent,excepté en Jamaïque et en Tunisie. Dans ce pays, il s'agit dans la majorité des cas deprêts du FONAPRAM (Fonds national de l'artisanat et des petits métiers) qui a étécréé pour « promouvoir les projets d'investissement dans le secteur productif de lapetite entreprise ». Ce fonds est financé par des dotations prises sur le budget del'État et géré par les banques. Il est réservé aux petites entreprises puisque le coût del'investissement doit être inférieur à 25 000 dinars (soit environ 25 000 dollars).

A l'opposé, la première source de financement est l'épargne personnelle. Elleest citée, selon les pays, dans 50 pour cent à 80 pour cent des cas. On note une seuleexception, l'Algérie, avec 7 pour cent. Ce résultat surprend car les micro-entreprisesy sont confrontées aux mêmes conditions que dans les autres pays, voire plusdéfavorables s'il s'agit d'accéder au crédit bancaire. La prudence des personnesinterrogées explique peut-être ce chiffre: étant donné le contexte politique, beaucoupd'entrepreneurs craignent de reconnaître explicitement qu'ils ont accumulé des fondset de devoir en expliquer l'origine.

La seconde source de financement, excepté en Équateur, consiste en prêts parla famille ou des amis. Cette source est plus fréquemment citée en Algérie et enTunisie qu'ailleurs. Comme on l'a indiqué, ce genre de prêt dépend des liensfamiliaux et communautaires ; or ceux-ci sont particulièrement solides dans lessociétés arabes, ce qui favorise de tels prêts en minimisant les risques. En revanche,les prêts du secteur informel (y compris les prêts sur gage ou dans le cadre detontines) jouent un rôle marginal: ils sont encore plus rares que les prêts bancaires.C'est au Swaziland que l'on en compte le plus, à égalité avec les prêts bancaires.Cela montre que le secteur informel ne se substitue pas aux banques pour financerles investissements des micro-entreprises. Les demandes de crédits bancaires sontnettement supérieures à l'offre comme nous le verrons, beaucoup ne peuvent êtresatisfaites à cause des contraintes institutionnelles. Dans le secteur financierinformel, c'est probablement le déséquilibre inverse: les personnes qui s'installentou achètent de nouveaux équipements pourraient emprunter, mais elles y renoncentsouvent parce que les taux d'intérêt sont très élevés, comme on l'a indiqué, et parce

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qu'elles ne peuvent pas (ou ne veulent pas) donner des biens personnels suffisants engage. La préférence pour les prêts de la famille ou des amis s'explique aisément: lestaux sont moins élevés et les délais de remboursement plus flexibles. Ce type de prêtest le plus adapté, compte tenu de la faiblesse des ressources propres et des risques,notamment dans la phase initiale.

Les informations disponibles pour certains pays permettent de compléter cetteanalyse. Les données sur la Thaïlande distinguent le financement à la création del'entreprise et celui des investissements ultérieurs et précisent les sources definancement selon la taille. Un premier moyen pour disposer d'un capital estl'héritage: celui-ci joue un rôle significatif pour les restaurants (15 pour cent desentreprises) mais non pour les autres activités (8 pour cent pour le travail des métauxet 2 pour cent pour les vêtements). En matière d'emprunt bancaire, la taille a un rôledéterminant puisque la fréquence de ces emprunts atteint 19 pour cent pour lesentreprises ayant plus de dix actifs au lieu de 2 pour cent pour les autres. Qu'ils'agisse de création d'entreprises ou des investissements ultérieurs, les sources definancement sont les mêmes: pour 70 à 75 pour cent l'épargne personnelle, pour 15à 25 pour cent les emprunts à la famille et aux amis. Ces emprunts sont plusfréquents à mesure que la taille de l'entreprise augmente parce que les coûts étantplus élevés, l'épargne personnelle devient insuffisante. En revanche, d'autresfacteurs, comme l'âge ou le niveau d'éducation de l'entrepreneur, n'ont aucuneincidence sur les sources de financement.

On note, en Algérie, un contraste paradoxal dû à des blocages institutionnels.D'un côté, les micro-entreprises apportent des capitaux aux banques et sont enmajorité solvables, de l'autre, elles bénéficient très peu de prêts bancaires. En effet,les artisans souscrivent des bons de caisse anonymes pour faire fructifier leurépargne et pour éviter les conséquences éventuelles d'un échange de billets debanqué ou déposent des fonds à la banque. Par ailleurs, ils contestent la position desbanques qui voient en eux une clientèle à hauts risques : ils se considèrent commesolvables en majorité (57 pour cent contre 19 pour cent qui pensent l'inverse), maisils se plaignent des formalités exigées par les banques qui les empêchentd'emprunter. Les banques leur demandent les quitus de l'administration fiscale, desorganismes sociaux, les comptes d'entreprises, une copie de l'extrait du registre ducommerce et leurs titres de propriété (pour les murs et/ou le fonds de commerce). Deplus, elles prennent des hypothèques sur les biens immobiliers ou des garanties surl'outillage: or les artisans ne sont pas disposés à risquer la perte de leur patrimoine.Cet ensemble de formalités7 et de garanties les dissuade donc d'emprunter auxbanques. De plus, les banques prêtent en priorité, par tradition, aux entreprisesparapubliques, et il n'existe pas de banques spécialisées dans le financement de lapetite entreprise ou de fonds réservés aux artisans comme le FONAPRAM enTunisie.

En Équateur et en Jamaïque, la taille de l'entreprise joue le même rôle qu'enThai1ande : dans le premier pays, 21 pour cent des entreprises de un à cinq actifsempruntent aux banques contre 35 pour cent pour les entreprises plus grandes ; dansle second, ce pourcentage passe de 2 pour cent pour les indépendants à 15 pour centpour les entreprises ayant plus de cinq actifs. Si l'accès au crédit bancaire est plusfréquent en Equateur, cela tient à la tradition des caisses d'épargne coopérativesauxquelles beaucoup d'artisans appartiennent. En Jamaïque, les obstacles institu-

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tionnels jouent certainement un rôle. Alors que 20 pour cent des entrepreneurs onttenté d'emprunter aux banques, seulement la moitié d'entre eux a réussi. Parmi ceuxqui n'ont pas tenté, 32 pour cent donnent comme raison l'absence de garantiesuffisante, 28 pour cent les taux d'intérêt élevés et les autres l'impossibilité de réunirles documents exigés. Enfin, lorsque l'on demande aux entrepreneurs quelles ont étéles principales difficultés rencontrées lorsqu'ils ont créé leur entreprise, ils citent enpremier le manque de capital.

Ces réponses, de même que celles obtenues en Algérie ou en Tunisie (où56 pour cent des personnes interrogées pensent que les banques exigent de nombreuxdocuments administratifs qu'elles ne peuvent pas toujours fournir), montrent quedans beaucoup de pays, le système bancaire n'est pas adapté au financement desinvestissements des petites entreprises. L'exemple de la Tunisie où les prêtsFONAPRAM sont plus fréquents que les prêts bancaires normaux prouve qu'il estindispensable de créer des fonds ou des banques spécialisées dans ce genre definancement, avec des taux d'intérêt plus favorables et en simplifiant à l'extrême lesformalités.

Les sources de financement à court terme

Les tableaux 4.2 et 4.3 permettent de répondre à une première question : lesmicro-entreprises ont-elles des besoins de fonds de roulement particuliers en raisondes délais de paiement ? Vis-à-vis des fournisseurs, il est clair que ces entreprisesbénéficient rarement de facilités de paiement, à la différence des entreprises plusgrandes. Dans les quatre pays (Équateur, Jamaïque, Thaïlande et Tunisie), lepaiement au comptant est la règle, le paiement sous un mois est accordé dans 5 à27 pour cent des cas; en revanche, les facilités au-delà n'existent pratiquement pasen Thaïlande et en Jamaïque, tandis qu'en Équateur et en Tunisie, elles peuventdépasser un mois dans environ 20 et 15 pour cent des cas respectivement.

Si l'on compare ces délais à ceux accordés par les entreprises à leurs clients,certes le paiement au comptant par le client est aussi le mode le plus fréquent, maisdans trois pays sur quatre (Jamaïque, Thaïlande et Tunisie), la fréquence des délaisallant de quelques semaines à plus de trois mois est nettement supérieure à celle desdélais similaires consentis par les fournisseurs. Ainsi, les entreprises de ces paysconsentent plus de crédits clients qu'elles ne bénéficient de crédits fournisseurs etont un besoin spécifique de fonds de roulement pour cette raison.

Pour couvrir ce besoin, comme les autres liés à l'activité courante del'entreprise (paiement des salaires ou du loyer par exemple), l'appel au créditbancaire à court termeS est-il la règle? Le tableau 4.4 nous donne des éléments deréponse. D'abord, on note que dans deux pays, Jamaïque et Tunisie, la moitiéenviron des entreprises n'entretiennent aucune relation avec les banques, la plupartde ces entreprises étant celles ayant moins de cinq actifs. Dans les deux pays les pluspauvres, le Niger et le Swaziland, la coupure est encore plus prononcée : la plupartdes entreprises n'ont pas de relations avec les banques. Mais même dans les autrespays où ces relations sont fréquentes, le recours au crédit est assez rare : 10 à20 pour cent des cas en Algérie, Équateur, Jamaïque et Thaïlande, le chiffre

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correspondant pour la Tunisie étant encore plus faible. Si l'on exclut le Niger et leSwaziland, il apparaît donc que les micro-entreprises utilisent couramment lesbanques pour déposer de l'argent ou retirer un chèque, mais qu'elles bénéficient peude facilités bancaires pour couvrir leurs besoins de fonds de roulement. Cela signifieque les relations entre les banques et ces entreprises sont déséquilibrées : celles-cidéposent des fonds que les banques prêtent aux autres secteurs de l'économie.

Les petits entrepreneurs font part de leurs problèmes de trésorerie dans cecontexte défavorable. Ainsi, en Algérie, ils demandent que l'on rétablisse uninstrument de crédit fournisseur comme le billet à ordre qui a disparu dans lesannées 60. Ils font face à leurs difficultés de trésorerie en empruntant à la famille,aux amis, en recourant à des expédients comme le recouvrement anticipé decréances, les avances de clients, l'échange de produits finis contre des intrants,l'accélération des cadences de travail. Mais ils recourent très rarement au marchéinformel du crédit, qui est ni organisé, ni développé.

En Thaïlande, le financement du fonds de roulement est également unproblème. Celui-ci est plus aigu dans certains secteurs que dans d'autres: lesrestaurants peuvent acheter la nourriture le matin et vendre les plats le même jourtandis que dans le travail des métaux, il faut acheter des intrants coûteux quirequièrent plusieurs semaines de travail pour être transformés et vendables. Ceproblème est également plus aigu pour les plus petites entreprises : dans le travaildes métaux, les indépendants doivent toujours acheter au comptant les matièrespremières tandis que le tiers des entreprises de cinq personnes ou plus bénéficie decrédits fournisseurs. S'il s'agit de prêts bancaires ou de déficits autorisés sur le'compte courant, les indépendants y recourent très rarement (7 pour cent et 1 pourcent respectivement parmi ceux qui ont un compte en banque) tandis que cespourcentages atteignent 20 pour cent et 14 pour cent pour les entreprises de six à dixpersonnes. Ainsi, les banques acceptent éventuellement d'aider ces entreprises maisrefusent pour les plus petites (un à cinq actifs).

En Jamaïque, le manque de fonds de roulement est l'une des principalesdifficultés dans la vie courante citées par les entrepreneurs. Ce problème deliquidités s'explique en partie par le décalage entre les dépenses et les recettes :4 pour cent seulement bénéficient de facilités pour payer leurs fournisseurs alors que18 pour cent doivent en accorder à leurs clients. Ce problème se pose avec uneintensité différente selon les secteurs: il est cité par 15 pour cent des personnes dansla restauration au lieu de 37 pour cent dans la fabrication de meubles, parce que lesdélais entre l'achat et la vente vont d'un jour ou deux, dans un cas, à plusieurssemaines, voire des mois, dans l'autre. Comme en Thaïlande, la probabilité d'obtenirun crédit bancaire dépend de la taille de l'entreprise et les plus petites entreprises seplaignent d'une absence de soutien de la part des banques.

Le tableau 4.5 indique les conditions imposées par les banques au Niger et auSwaziland pour accorder un crédit. On comprend que très peu de micro-entreprisespuissent les satisfaire, notamment dans des pays pauvres comme ceux-là. Ainsi, auNiger, le candidat à un prêt doit fournir ses titres de propriété, son attestationd'enregistrement ou des bons de commande. Au Swaziland, on lui demande sesprévisions de recettes ou des documents comptables, pièces que la plupart desentrepreneurs ne possèdent pas.

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Ainsi, qu'il s'agisse du financement des investissements ou de facilités à courtterme, les conditions mises par les banques sont tout à fait inadaptées auxmicro-entreprises parce qu'elles ont été conçues pour les moyennes ou grandesentreprises. De plus, contrairement à certaines hypothèses, il n'existe pas un secteurfinancier informel de substitution ou du moins celui-ci ne joue qu'un rôle marginal.Par suite, l'entrepreneur dépend entièrement de lui-même, plus précisément de sonépargne, des prêts de la famille ou d'amis, s'il veut investir ou s'il a des difficultésde trésorerie. Cela explique à la fois sa prudence, ses hésitations à investir et àembaucher, et les échecs étant donné que des difficultés de trésorerie sans réellegravité suffisent pour faire disparaître des entreprises.

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Notes et références

1. Cité par Balkenhol, B. (1990).

2. Maldonado, C. et E. Demol (1987) ; Zarour, C. (1989).

3. Lamberte, M.B. (1989).

4. Liedholm, C. (1989).

5. Sur ce genre de contrat, voir Basu (1984).

6. Ce genre d'opération peut être mené par le gouvernement pour identifier les fortunes.

7. Il faut rappeler que l'obtention de ces documents peut prendre beaucoup de temps dansun pays bureaucratique comme l'Algérie.

8. Celui-ci peut prendre la forme d'un déficit autorisé sur le compte courant.

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Tableau 4.1. Sources de financement de l'activité), par secteurs

Algérie Tunisie' Niger

Tex. Res. Mée. Total Tolal Tex. Res. Mée. Tapis Total Tolal Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Tolal(en %) (en %) vêt. (en %)

Autofinancement, - - - - - 45 77 63 23 208 71.5 51 63 46 31 47 238 79.3épargne personnelle

Prêts famille/amis 23 46 25 94 34.8 25 11 15 5 56 19.2 4 3 4 2 1 14 4.7

Dons, héritage 13 28 7 48 17.8 2 5 2 1 10 3.4 - - - - - - -Banque 2 3 5 10 3.7 13 2 8 2 25 8.6 1 0 1 0 0 2 0.7

Aide publique, crédit 1 0 1 2 0.7 1 0 0 0 1 0.3 0 0 0 2 0 2 0.7« Emploi des jeunes»

Épargne collective 0 0 2 2 0.7 0 0 0 4 4 1.4 - - - - - - -informelle, prêts

sur gages

Autres3 4 7 9 20 7.4 - - - - - - 16 8 7 3 10 44 14.7

Total 43 84 49 176 65.2 86 95 88 35 304 104.4 72 74 58 38 58 300 100.0

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 100.0 80 92 87 32 291 100.0 72 74 58 38 58 300 100.0

NoIes: II En Algérie. la question portait sur le financement de l'investissement (équipement) ; pour les autres pays, elle portait sur le financement de l'activité en général. soit l'exploitationet les investissements.

2J Réponses multiples.31 Niger: dans la catégorie « Autres» sont aussi compris les dons de la famille et l'héritage.

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Tableau 4.1. (suite)

Swaziland' Thanande' Équateur' Jamaïque'

Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Tolal Tex. Res. Métal Total Tolal Tex. Res. Mée. Total Tolal Tex. Res. Mée. Bois Total Tolalvêt. (en %) (en %) (en %) (en %)

Autofinancement, 81 54 15 34 40 224 77.0 79 61 77 217 52.6 40 51 40 131 44 50 44 49 56 199 73.7épargnepersonnelle

Prêts famille/amis 13 7 1 1 5 27 9.3 16 10 8 34 8.2 1 1 2 4 1.3 8 13 8 15 44 16.3

Dons, héritage - - - - - - - - - - - - - - - - - 1 3 1 2 7 2.6

Banque 6 2 2 0 5 15 5.2 3 0 2 5 1.2 4 11 1 16 5.4 9 4 11 4 28 10.4

Organisme 4 0 1 1 0 6 2.1 - - - - - 0 0 0 0 0 1 1 2 2 6 2.2d'assistance, aide

publique

Épargne collective 3 2 0 1 7 13 4.5 2 0 5 7 1.7 - - - - - 1 4 1 1 7 2.6informelle, prêts

sur gages

Autres' 0 0 0 0 1 1 0.0 1 0 2 3 0.7 0 1 0 1 0.3 52 47 57 54 210 77.8

Total 107 65 19 37 58 286 98.1 101 71 98 270 65.4 45 64 43 152 51.0 122 116 129 134 501 185.6

Nombre 107 66 19 37 62 291 100.0 183 98 132 413 100.0 100 103 95 298 100.0 63 61 75 71 270 100.0d'entreprises

NoIes: II Pour le Swaziland et l'Équateur, la question portait sur le financement de l'activité en général, soit l'exploitation et les investissements.21 En Thaïlande, la question portait sur le financement des investissements courants; elle n'a pas été posée à 90 restaurants.31 En Jamaïque, la question portait sur le mode de financement au démarrage de l'entreprise; réponses multiples.41 Thanande: la catégorie « Autres» correspond à « Crédit fournisseurs» ; Jamaïque: la catégorie « Autres» regroupe, entre autres, certaines formes d'épargne personnelle,

telle l'utilisation de revenus issus d'activités secondaires.

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Tableau 4.2. Mode de paiement des fournisseurs, par secteurs

Tunisie'

Tex. Res. Mée. Tapis Total Tolal (en %)

Au comptant 60 90 83 20 253 86.9

Avances sur commandes 0 2 0 3 5 1.7

< 1 mois après livraison 24 18 15 7 64 22.0

1 à 3 mois après livraison 27 0 14 42 14.4

>-'10>-' > 3 mois après livraison 5 0 0 5 3.4

VI

Autres 0 3 5 1.7

Total 117 111 101 50 379 130.2

Nombre d'entreprises 80 92 87 32 291 100.0

NOIe: 11 Réponses multiples.

Page 117: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

............0\

Tableau 4.2. (suite)

Thaïlande Équateur' Jamaïque'

Tex. Res. Mélo Total TalaI Tex. Res. Mée. Total TalaI Tex. Res. Mée. Bois Total TalaI(en %) (en %) (en %)

Au comptant 171 181 90 442 87.9 81 86 83 250 83.9 48 55 69 65 237 87.8

Avances sur commandes 0 0 1 1 0.2 1 2 1 4 1.3 6 9 19 14 48 17.8

< 1 mois après livraison 4 1 20 25 5.0 23 44 12 79 26.5 7 11 11 9 38 14.1

1 à 3 mois après livraison 2 0 6 8 1.6 19 17 22 58 19.5 1 2 2 2 7 2.6

> 3 mois après livraison 0 0 1 1 0.2 2 0 2 4 1.3 0 0 0 1 1 0.4

Autres 3 0 12 15 3.0 9 0 5 14 4.7 4 6 2 2 14 5.2

Total 180 182 130 492 97.8 135 149 125 409 137.2 66 83 103 93 345 127.9

Nombre d'entreprises 183 188 132 503 100.0 100 103 95 298 100.0 63 61 75 71 270 100.0

NOIe: 1/ Réponses mulliples, en fonction des différents types de fournisseurs.

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Tableau 4.3. Mode de paiement des clients, par secteurs

Algérie' Tunisie'

Tex. Res. Méc. Total Tolal (en %) Tex. Res. Méc. Tapis Total Tolal (en %)

Au comptant 17 99 29 145 53.7 53 91 84 31 259 89.0

Avances sur commandes 7 8 2 17 6.3 15 2 3 11 31 JO.7

< 1 mois après livraison 29 22 45 7 103 35.4

1 à 3 mois après livraison 4 3 5 12 4.4 35 3 4 2 44 15.1

......> 3 mois après livraison 18 0 3 0 21 7.2......

-...1

Autres3 36 16 18 70 25.9 8 0 3 12 4.1

Total 64 126 54 244 90.4 158 119 139 54 470 161.5

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 JOO.O 80 92 87 32 291 JOO.O

NOies: Il Pour l'Algérie, les réponses ne permettent pas de distinguer entre les différents modes de paiement après livraison.2J Réponses multiples.31 Pour ('Algérie, la catégorie « Autres» regroupe les modes de paiement combinés: le paiement comprend plusieurs versements étalés dans le temps; dans 43 cas sur 70, une

partie du paiement est versée au comptant.

Page 119: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

......

......00

Tableau 4.3. (suite)

Thaïlande' Équateur' Jamaïque'

Tex. Res. Mét. Total Tolal Tex. Res. Méc. Total Tolal Tex. Res. Méc. Bois Tolal Tolal(en %) (en %) (en %)

Au comptant 157 98 103 358 86.7 87 137 107 331 llU 54 59 63 47 223 82.6

Avances sur 1 0 4 5 1.2 13 0 1 14 4.7 14 2 27 42 85 31.5commandes

< 1 mois après 19 0 15 34 8.2 16 21 11 48 16.1 15 12 19 10 56 20.7livraison

1 à 3 mois après 3 0 10 13 3.1 23 12 5 40 13.4 5 2 10 10 27 10.0livraison

> 3 mois après 3 0 0 3 0.7 2 1 0 3 1.0 - - - - - -livraison

Autres3 - - - - - 1 0 2 3 1.0 43 11 53 55 162 60.0

Total 183 98 132 413 100 142 171 126 439 147.3 131 86 172 164 553 204.8

Nombre d'entreprises 183 98 132 413 100.0 100 103 95 298 100.0 63 61 75 71 270 100.0

NOIes: 11 En Thaïlande, la question n'a pas été posée à 90 restaurants.21 Réponses multiples, en fonction des différents types de clients.31 En Jamaïque, la catégorie « Autres ~ correspond principalement aux réponses « Modalités de paiement flexibles ~ (114 réponses) et « Conditions spéciales (selon les clients) ~

(47 réponses).

Page 120: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 4.4. Relations avec les institutions financières, par secteurs

Algérie' Tunisie'

Tex. Res. Mée. Total Total (en %) Tex. Res. Mée. Tapis Total Total (el! %)

Aucune relation 3 12 3 18 6.7 18 59 27 31 135 46.4

Pour tirer un chèque2 60 13 59 0 132 45.466 121 54 241 89.3

Pour déposer de l'argent2 52 30 57 140 48.1

Demande de crédit 12 15 7 34 12.6 4 4 10 3.4

- Autres 2 0 0 0 2 0.7-\0Total 78 136 61 293 108.5 136 103 147 33 419 144.0

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 100.0 80 92 87 32 291 100.0

Notes: 11 Réponses multiples.'li Pour l'Algérie, les données ne pennellent pas de distinguer entre les deux réponses « Pour tirer un chèque» et « Pour déposer de l'argent ».

Page 121: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

-No

Tableau 4.4. (suite)

T1uiJlande' Équateur' Jamaïque'

Tex. Res. Mét. Total Tolal Tex. Res. Mée. Tolal Tolal Tex. Res. Mée. Bois TOlal Tolal(en %) (en %) (en %)

Aucune relation 83 118 43 244 48.5 26 38 35 99 33.2 40 30 28 35 133 49.3

Pour tirer un chèqué 16 17 18 51 17.1 9 14 18 9 50 18.585 56 69 210 41.7

Pour déposer de l'argent2 56 38 47 141 47.3 18 19 42 31 1I0 40.7

Demande de crédit 23 15 29 67 13.3 23 6 15 44 14.8 4 7 12 6 29 10.7

Autres 5 4 17 26 5.2 27 27 23 77 25.8 6 6 9 4 25 9.3

Total 196 193 158 547 108.7 148 126 138 412 138.3 77 76 109 85 347 128.5

Nombre d'entreprises 183 188 132 503 100.0 100 103 95 298 100.0 63 61 75 71 270 100.0

NOIes: II Réponses multiples.2J En Tha'.lande, les données ne permettent pas de distinguer enlre les réponses" Pour tirer un chèque" et " Pour déposer de l'argent" : une seule réponse était proposée:

" Détention d'un compte-chèque et/ou d'un compte d'épargne ".

Page 122: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 4.5. Niger/Swaziland : exigences des banques, par secteurs

Niger Swaziland

Tex. Res. Mél. Bois Ven. Tota! To/al Tex. Res. Mél. Bois Ven. vêt. TOla! To/alvêt. (en %) (en %)

Ne sait pas 1 Pas de réponse 66 64 50 38 47 265 88.3 99 62 16 37 52 266 91.4

Pas d'exigence 3 0 3 8 2.7

Documents comptables 0 0 0 0 0.3 2 0 0 0 5 7 2.4

Cash flow prévisionnel 3 0 0 5 1.7

Garanties 0 0 0 2 0.7......IV......

Enregistrement 7 0 9 18 6.0

Titres fonciers 3 0 2 7 2.3

Bons de commande 2 0 2 0 0 4 1.3

Connaissance personnelle 0 0 0 0 0.3

Autres 0 0 4 0 0 4 1.3 2 0 0 0 3 1.0

Total 72 74 58 38 58 300 100.0 107 66 19 37 62 291 100.0

Nombre d'entreprises 72 74 58 38 58 300 100.0 107 66 19 37 62 291 100.0

Page 123: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 4.6. Niger/Swaziland: exigences des banques, par taille d'entreprise

Niger Swaziland

2·5 6·10 >10 Total Tolal 2-5 6-10 >10 Total Tolal(en %) (en %)

Ne sait pas 1 Pas de réponse 65 155 30 15 265 88.3 163 76 19 8 266 91.4

Pas d'exigence 4 2 8 2.7

Documents comptables 0 0 0 0.3 0 5 2 0 7 2.4

Cash j/ow prévisionnel 2 2 0 5 1.7

...... Garanties 0 2 0 0 2 0.7NN Enregistrement 5 11 18 6.0

Titres fonciers 0 2 4 7 2.3

Bons de commande 0 2 4 1.3

Connaissance personnelle 0.3

Autres 0 2 2 0 4 1.3 0 3 0 0 3 1.0

Total 70 171 36 23 300 100.0 166 92 24 9 291 100.0

Nombre d'entreprises 70 171 36 23 300 100.0 166 92 24 9 291 100.0

Page 124: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Chapitre 5

Droit du travail et marché du travail

Les enquêtes analysées ici apportent de nombreux éléments descriptifs etexplicatifs de la situation des micro-entreprises sur le marché du travail et du poidsdes contraintes institutionnelles. En effet, les questionnaires ont repris un à un lesdifférents domaines de la législation sur le travail (salaire minimum, protectionsociale, durée du travail, etc.), s'attachant à mesurer le degré de respect desdifférentes obligations auxquelles les micro-entreprises sont soumises, et eninterrogeant les entrepreneurs sur les raisons de non-respect de leurs obligations sic'était le cas.

Nous décrirons dans un premier temps les formes ou les statuts du travail quise rencontrent dans les entreprises étudiées. Puis nous considérerons la réglemen­tation du travail et la manière dont elle est respectée ou non par les entrepreneurs. Ala suite de cela, nous examinerons plus spécialement les questions relatives au salaireminimum, à la durée du travail et enfin à la protection sociale des travailleurs.

Les formes de travail

L'une des caractéristiques essentielles et souvent décrite des micro-entreprisesest l'emploi de personnes sans statut formel de salarié, ce qui signifie qu'il n'y a pasde contrats écrits, ni de rémunérations régulières, ni de protection sociale, ni derègles de licenciement, en bref, des relations sociales fort différentes de ce quiprévaut dans les entreprises modernes. Au lieu de cela, les rapports sociaux au travailreposent davantage sur des valeurs familiales et morales non institutionnalisées.

Les enquêtes ont cependant montré que l'emploi salarié est de plus en plusrépandu dans les entreprises informelles manufacturières ou de services, au point queles salariés forment actuellement entre 45 et 70 pour cent de la main-d'oeuvrepartout sauf au Niger. Les autres composantes de la main-d'oeuvre sont lesentrepreneurs eux-mêmes, les aides familiaux, et enfin les apprentis. Dans la suite decet exposé, nous désignons par « main-d'oeuvre» ou « actifs» l'ensemble despersonnes qui travaillent dans l'entreprise, quel que soit leur statut, y comprisl'entrepreneur lui-même. Les « employés» désignent la main-d'oeuvre non compris

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Page 125: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

l'entrepreneur, c'est-à-dire les salariés, les apprentis, les travailleurs temporaires etles aides familiaux.

Structure de l'emploi

La taille moyenne des entreprises est très comparable d'un pays à l'autre, cequi montre que les enquêtes ont bien saisi le même monde dans des contextespourtant très diversifiés (tableau 5.1). En revanche, la structure de l'emploi diffèrebeaucoup selon les cas. Les salariés constituent les deux tiers de la main-d'oeuvretotale en Algérie et en Jamaïque. Dans ces deux pays, il n' y a aucun secteur où lessalariés forment moins de la moitié des actifs, ce qui montre que le salariat estrépandu dans tous les types d'activité. Dans les autres pays sauf le Niger, les salariéscomptent environ pour la moitié des actifs des micro-entreprises (tableau 5.2).Rappelons qu'il s'agit de données sur des échantillons sectoriels, avec, dans certainsdes échantillons, une sous-évaluation des travailleurs indépendants. Par ailleurs, enprenant en compte d'autres secteurs, comme le commerce, on obtiendrait proba­blement une plus grande fréquence de l'emploi non salarié, avec également desentreprises en moyenne plus petites.

Un grand nombre d'entreprises des secteurs étudiés fonctionnent toutefois sansrecours à de la main-d'oeuvre salariée. Ce n'est pas le cas en Algérie, mais c'est trèsfréquent au Niger où un quart seulement des entreprises de l'échantillon a au moinsun travailleur salarié, régulier ou temporaire. La Thaïlande se situe entre les deuxpuisque 44 pour cent des entreprises de l'échantillon n'ont aucun travailleur salarié,avec des écarts importants selon les secteurs : seulement 16 pour cent des restaurantsont au moins un employé salarié, tandis que les trois quarts des entreprises du métalsont dans cette situation ; 15 pour cent seulement de l'ensemble des entreprisesn'emploient que des travailleurs salariés, c'est-à-dire ont une structure de la main­d'oeuvre semblable à celle du secteur moderne.

Il s'agit d'une main-d'oeuvre jeune. En Équateur, par exemple, 51 pour cent dela main-d'oeuvre a moins de 25 ans, alors qu'au niveau du pays, les moins de 25 ansne représentent que 26 pour cent de la main-d'oeuvre. Pour beaucoup des salariés (etbien sûr pour les apprentis et les aides familiaux), il s'agit d'une première expériencede travail et probablement d'une position d'entrée sur le marché du travail. C'estpourquoi les éventuelles comparaisons de salaires moyens entre secteurs (formels etinformels) doivent être prudemment interprétées, puisque l'on compare des rémuné­rations qui concernent des actifs qui n'ont pas le même âge, ni la même ancienneté,ni, bien sûr, des qualifications comparables.

Il faut noter également que la proportion de femmes parmi les employés estplus élevée que parmi les entrepreneurs. En Équateur, les femmes constituent37 pour cent des employés, mais 28 pour cent des entrepreneurs. En Jamaïque, cesproportions sont respectivement 23 pour cent et 18 pour cent (la majorité commeindépendantes). Dans ce pays, la proportion de femmes dans les micro-entreprisesest nettement inférieure à la moyenne nationale (les femmes forment 45 pour cent dela population active).

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Page 126: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

La main-d'oeuvre salariée

D'une façon générale, la proportion de salariés augmente avec la taille del'entreprise (tableau 5.3). Cette croissance se fait au détriment des aides familiaux et,à partir d'un certain seuil, au détriment des apprentis. Les plus petites entreprises(avec deux ou trois actifs) ont rarement des travailleurs salariés, il faut attendre unseuil relativement élevé (autour de dix employés, avec des variantes selon lesactivités et les pays) pour que le salariat devienne la forme dominante de travail. Eneffet, entre ces deux extrêmes, le recours à de la main-d'oeuvre familiale ouapprentie est plus fréquent. Ces micro-entreprises n'ont pas atteint la taille critiquequi leur permette de supporter des charges importantes et fixes de personnel. Plusgénéralement, l'embauche d'un travailleur salarié, surtout s'il s'agit d'un employérémunéré avec un salaire mensuel (et non à la pièce) correspond à un saut qualitatifimportant, et va de pair avec d'autres formes d'intégration institutionnelle (tels quel'enregistrement ou la fiscalité). Sur le plan économique, cela signifie que l'entre­preneur parvient à produire dans des conditions normales, avec une certainerégularité, l'assurance de débouchés et de revenus. Il n'a plus besoin d'avantages telsque l'absence d'impôts ou du travail non ou peu rémunéré pour faire marcher sonaffaire.

Dans les entreprises les plus importantes, on constate une formalisation desrelations de travail avec une plus grande fréquence d'emplois salariés, l'apparition decontrats de travail et un meilleur respect du code du travail, en bref, des caracté­ristiques d'entreprises modernes. En Equateur par exemple, il n'y a quasiment plusde liens de parenté entre employeurs et employés dans les entreprises de plus de dixemployés, alors que dans la moitié des entreprises avec un employé seulement,l'employé et le patron ont un lien de parenté; il en est de même pour la mobilité dela main-d'oeuvre, stable dans les entreprises les plus importantes de l'échantillon,alors que les plus petites entreprises sont caractérisées par une grande instabilité dela main-d'oeuvre.

Malgré son importance grandissante, le statut de salarié tel qu'il est comprispar les petits entrepreneurs est très éloigné de ce que l'on entend par là dans lesecteur moderne. Tout ouvrier payé, qui ne reçoit plus de formation, est considérécomme salarié. Pourtant, de nombreuses caractéristiques des salariés et de leurs·relations avec leurs employeurs sont spécifiques au monde des micro-entreprises.L'embauche se fait sans contrat ou seulement après accord verbal; les contrats écritsde travail sont peu fréquents dans les pays étudiés l . En Thaïlande, par exemple, où ladirection du Travail a des offices spécialisés de placement dans toutes les provinces,les petits entrepreneurs embauchent leurs salariés le plus souvent par relations, etquasiment jamais par le biais d'intermédiaires, privés ou institutionnels.

Les relations familiales entre les entrepreneurs et leurs salariés jouent encoreun grand rôle, mais diminuent dans les entreprises les plus importantes. Dans le paysoù le nombre et la proportion de salariés sont les plus élevés, l'Algérie, près de lamoitié des entrepreneurs ont au moins un salarié et parfois plusieurs (la totalité dansplus de 10 pour cent des cas) membres de leur famille.

Élément fondamental du statut de salarié, le salaire ne répond pas non plus auxnormes qui régissent l'emploi dans le secteur moderne. On verra plus loin que lerespect des textes sur le salaire minimum est mitigé. Le mode de paiement est plus

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Page 127: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

souvent une rémunération à la tâche, lorsque le type de production s'y prête. C'est larègle dans le textile, dans plusieurs pays, et notamment en Thaïlande, où dans lesplus grandes entreprises de l'échantillon, orientées vers un marché de type moderne,le paiement à la pièce est systématique. En Tunisie, dans le secteur du tapis, iln'existe pas de salariés mensualisés, et les travailleuses à la tâche (les « matinales »)constituent plus de la moitié de la main-d'oeuvre, le reste comprenant lesresponsables et les aides familiaux. Lorsque la production ne peut être dénombrée, larémunération des employées peut être malgré tout liée aux résultats de l'entreprise.

Nombreux sont les patrons qui fournissent des avantages en nature : repas,logement, gratifications, prises en charge des soins en cas d'accident ou de maladie,etc. Parfois, les employés peuvent produire à leur propre compte dans l'entreprise.Autre avantage que l'on voit souvent: les employés sont autorisés à s'absenterpendant la période des travaux agricoles, et retrouvent leur emploi à leur retour. Cesavantages ne sont pas quantifiables, et devraient être pris en compte dans lesévaluations des rémunérations des salariés des micro-entreprises. En Thaïlande,l'enquête a chiffré les dépenses de nourriture prises en charge par le patron, quis'élèvent respectivement à 14, 16 et 27 pour cent du salaire dans le secteur du métal,du textile et de la restauration (à Bangkok). A cela s'ajoute le logement, qui est unavantage considérable à Bangkok (que l'on peut évaluer à un tiers du salaire). Lestrois quarts des employés sont nourris et logés par leur patron, la proportion étantplus élevée dans les plus grandes entreprises de l'échantillon.

Il s'agit donc d'une relation de travail beaucoup plus personnelle, si ce n'estfamiliale, entre les patrons et leurs employés salariés. Ces avantages en nature etcette souplesse dans les rapports sociaux permettent de nuancer les constats desurexploitation souvent avancés à propos des salariés des micro-entreprises. Certes,aucune généralisation n'est possible, ni dans un sens ni dans l'autre, et l'on trouverafacilement des exemples de conditions de travail déplorables. Les enquêtes sur unegrande échelle ne permettent pas de conclure à une surexploitation pure et simpledes employés des micro-entreprises qui sont, rappelons-le, plus jeunes et moinsqualifiés en moyenne que les employés du secteur moderne. Il faut ajouter que laposition des employés des micro-entreprises est relativement moins défavorable qu'ily a quinze ans, en raison de la dégradation des rémunérations dans le secteurmoderne dans de nombreux pays. La faiblesse des rémunérations n'est plusl'apanage du « secteur informel ».

Les entrepreneurs et les aides familiaux

Les entrepreneurs eux-mêmes forment une part importante de la force detravail : entre 20 et 40 pour cent selon les pays. Dans certains secteurs (le textile auSwaziland ou en Jamaïque, la vente de vêtements au Niger, les restaurants enThaïlande), les indépendants comptent pour une part importante du nombred'entreprises. En réalité, la proportion de travailleurs indépendants dans l'emploi estplus importante que dans les échantillons des pays étudiés, en raison du biais urbainet, dans certain cas, d'autres particularités des échantillons. Au Swaziland, parexemple, 69 pour cent de l'ensemble des entreprises de moins de 50 actifs du payssont des travailleurs indépendants, et les entrepreneurs (seuls ou avec des employés)

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Page 128: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

forment les deux tiers du nombre total des actifs de ces entreprises de moins de50 actifs2.

Partout, les femmes sont relativement plus nombreuses parmi les travailleurs àleur compte que parmi les entrepreneurs ayant des employés. Les femmes entre­preneurs sont également concentrées dans quelques activités, en général le textile etla restauration, alors qu'il n'y a aucune activité fermée aux hommes. Il y a desspécialisations par sexe à l'intérieur d'un secteur d'activité: dans le secteur dutextile par exemple, les femmes sont le plus souvent des couturières à façon,spécialisées dans les habits pour femmes, alors que les hommes ont un éventail despécialités plus large, comprenant également la couture pour femmes. Les conjointstravaillent souvent dans l'entreprise (un tiers des cas des entrepreneurs mariés enThaïlande, par exemple), et sont comptés ici dans la main-d'oeuvre familiale.

En plus du conjoint, les aides familiaux sont les enfants ou de proches parentsdes propriétaires. L'emploi d'aide familiaux est typique des entreprises de moins decinq actifs, et devient relativement peu important au-delà de cette taille. En Jamaïqueet en Thaïlande, il n'y a plus d'aides familiaux dans les entreprises de plus de dixactifs, et en Tunisie et en Équateur, la proportion d'aides familiaux dans les plusgrandes entreprises de l'échantillon tend à s'affaiblir. La main-d'oeuvre familialen'est pas rémunérée (un parent rémunéré serait compté parmi les salariés), mais estprise en charge complètement par le patron. L'enquête montre qu'à part le Niger, oùplus du quart des actifs sont des aides familiaux, cette composante de la main­d'oeuvre est assez peu importante. Elle est, de plus, concentrée dans le secteur de larestauration, et négligeable dans les autres secteurs.

Bien qu'il n'y ait pas de textes à ce sujet, il est généralement admis que lesréglementations du travail ne s'appliquent pas à la main-d'oeuvre familiale. En touscas, il ne semble pas que les autorités demandent l'application des réglementationssur le travail (y compris celles sur l'âge minimum) aux aides familiaux.

Les apprentis

L'emploi d'apprentis est très variable d'un pays à l'autre, et aussi d'une activitéà l'autre. Existant depuis plusieurs siècles, l'apprentissage est resté vivace en Tunisieet au Niger où les apprentis comptent pour plus du quart des actifs des branchesmanufacturières. En Algérie, l'apprentissage était devenu négligeable avec laprédominance du secteur public. On constate que les micro-entreprises ont toutefoisrecours à cette main-d'oeuvre, particulièrement dans la mécanique (16 pour cent).Dans les autres pays, l'apprentissage est fréquent dans les activités du métal et dansla mécanique (entre 20 et 30 pour cent de la main-d'oeuvre dans ces activités). Laproportion d'apprentis dans la main-d'oeuvre ne diminue pas avec la taille desentreprises jusqu'à dix employés. C'est seulement au-delà de ce seuil que le salariatdevient véritablement dominant.

Les réglementations sur l'apprentissage varient beaucoup d'un pays à l'autre,traduisant le poids de l'histoire. Au Niger, les apprentis doivent être déclarés àl'inspection du Travail et un certain nombre de dispositions régissent les contratsd'apprentissage. En réalité, il s'agit de contrats destinés aux entreprises modernesqui disposent ainsi d'un cadre légal pour les jeunes travailleurs formés sur le tas. En

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Page 129: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tunisie, contrairement au Niger, le législateur a cherché à s'inspirer des pratiquestraditionnelles, donnant aux représentants des corporations de métiers (les amines)un rôle de défense de leur profession, dans lequel le système de l'apprentissage estune des pierres angulaires. Les règlements sur l'apprentissage visent non seulement àprotéger les apprentis contre les abus, mais aussi à assurer le maintien d'une bonnequalification au sein d'une profession. L'État offre certains avantages aux apprentis(prise en charge des frais médicaux, notamment) et aux patrons : exonération descotisations sociales, déduction de certains frais de formation de la taxe profes­sionnelle et subvention pendant un an. Le patron doit payer son apprenti à un salairequi s'échelonne de 50 pour cent du salaire minimum la première année à 90 pourcent en fin d'apprentissage. Enfin, des conseillers participent à l'encadrement desapprentis qui, de plus, suivent des cours dans des centres spécialisés. La fréquencede l'emploi d'apprentis en dehors du cadre légal (la grande majorité) montre que lesintentions du législateur ne sont pas compatibles avec le marché du travail.

L'Équateur est doté d'une législation sur l'artisan qui prévoit des dérogationsaux dispositions du code du travail pour les apprentis. Ces derniers ne sont pasaffiliés au régime général de sécurité sociale mais à une caisse spéciale, dont lescotisations sont moins élevées. Les dispositions du code du travail sur la protectionde l'emploi ne leurs sont pas applicables. L'Algérie, où l'État cherche à promouvoirl'apprentissage, dispose aussi de règlements, mais l'apprentissage y est peu répandu(deux entreprises sur trois n'emploient pas d'apprenti). En Thai1ande, la situation estinverse, les apprentis sont relativement nombreux mais ne sont régis par aucunedisposition légale particulière. En fait, le statut d'apprenti est reconnu par lesautorités puisqu'il n'est pas demandé aux patrons de respecter les dispositions ducode du travail pour la main-d'oeuvre en formation.

D'après les enquêtes, les dispositions réglementaires sur les apprentis semblentpeu respectées. Le Niger est le seul pays pour lequel on dispose d'une informationquantitative à ce sujet. Un seul entrepreneur, un tailleur, déclare respecter lalégislation sur l'apprentissage. Ce résultat n'est pas étonnant. La relation entre patronet apprenti repose sur des critères de communauté familiale ou ethnique, et surtoutsur la confiance. Les entrepreneurs embauchent leurs apprentis sur recommandationde parents ou des voisins. L'embauche obligatoire par l'Office de la main-d'oeuvre,telle que le prévoit la loi, est complètement inadaptée aux besoins et aux critères despetits entrepreneurs.

La réglementation du travail

Tendances générales de la réglementation envers les petites entreprises

Les lois et règlements sur le travail contiennent peu de dispositions parti­culières pour les petites entreprises. Au Niger et au Swaziland, l'obligation d'avoirun représentant du personnel ou d'autres dispositions relatives aux syndicats nes'appliquent pas aux petites entreprises. En Thai1ande, les entreprises de moins de20 employés ne cotisaient pas au Fonds de compensation des travailleurs (quifinance les dépenses consécutives aux accidents du travail)3. Au Niger, lesrèglements sur les équipements d'hygiène ou de sécurité ne s'appliquent pas aux

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Page 130: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

petites entreprises. En Tunisie et en Équateur, des dispositions spéciales régissent lesartisans. En Équateur, l'entrepreneur qui relève du statut spécial d'« artisan »(environ la moitié dans l'échantillon) bénéficie de dérogations à l'égard de lalégislation du travail. Tout d'abord, il cotise pour lui et ses employés à une caissespéciale de sécurité sociale, à des taux moins élevés que dans le régime général.D'autre part, il n'est pas tenu de verser à ses employés les primes obligatoiresprévues par la loi et qui s'ajoutent au salaire. Bien que le salaire minimum légal soitplus élevé dans les entreprises dont le patron est « artisan » reconnu, les dérogationsaux dispositions générales du code du travail allègent sensiblement les chargessalariales des patrons. En Tunisie, la législation sur les artisans ne comporte pas dedispositions spéciales sur les réglementations du travail, en dehors de l'emploid'apprentis évoqué précédemment.

L'application des règlements aux enfants et aux femmes

Tous les pays ont adopté des règlements prohibant l'emploi de travailleurs endessous d'un certain âge (au moins 15 ans - sauf au Swaziland où la limite est de13 ans), suivant ainsi les recommandations du BIr. Dans plusieurs pays, l'infractionà ces règlements est punie de façon extrêmement sévère (en Algérie, par exemple),de sorte qu'ils sont assez bien respectés par les petits entrepreneurs. On trouve biendes enfants dans les petites entreprises urbaines, mais ce sont en général des enfantsdu patron qui ne sont pas soumis à des conditions de travail pénibles, et aident leursparents épisodiquement. Il reste quelques cas où le travail des enfants est encorerépandu : un employé sur cinq dans le secteur de la mécanique en Tunisie, parexemple.

Dans de nombreux pays, le travail des enfants reste une préoccupation majeurede ceux qui sont chargés du bien-être social. Cependant, rien ne prouve que le travaildes enfants soit une caractéristique des micro-entreprises urbaines. La présenced'enfants de moins de 15 ans en situation de salarié est rarissime. Le problème dutravail des enfants relève plutôt d'un secteur clandestin non saisi par les enquêtes,car caché. Il relève aussi du secteur moderne où subsistent - c'est le cas de laThaïlande - de nombreuses pratiques illégales d'emploi des enfants.

En général, l'emploi des femmes est soumis à certaines restrictions quant auxhoraires, à la pénibilité ou à certains risques du travail. A cela s'ajoutent desdispositions concernant les congés de maternité et parfois des dispositions particu­lières pour les mères de jeunes enfants. Contrairement aux lois sur le travail desenfants, il ne semble pas que ces lois protégeant les femmes au travail soientappliquées dans les petites entreprises, ni que la répression des contrevenants soitfréquente.

Les données sur le respect des réglementations du travail

Plus que d'autres résultats présentés dans cette étude, les données sur le respectdes réglementations du travail doivent être utilisées avec précaution. Ces questionssouvent délicates n'ont pas été traitées de façon strictement identique dans lesdifférents pays étudiés. En Thailande et en Jamaïque, les entreprises n'ayant pas

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d'employés rémunérés n'ont pas été interrogées sur ce sujet, ce qui explique les tauxélevés d'absence de réponses (les quelques cas d'entreprises sans travailleur salariéayant répondu sont des entreprises ayant eu des salariés dans le passé). Dans lesautres pays, l'ensemble de l'échantillon a été interrogé, et les plus petites entreprises,sans employés autres que des aides familiaux, ont été classées panni celles qui nerespectaient pas les réglementations (en Tunisie, le secteur du tapis n'est pascompté). Les « sans réponses» correspondent alors à des refus de réponses. On peuttoutefois considérer que pour les entreprises de plus de cinq actifs, les résultats sontcomparables d'un pays à l'autre puisque la quasi-totalité de ces entreprises a aumoins un salarié. De plus, la formulation des questions, ainsi que le choix desréponses (surtout pour les raisons de non-respect des réglementations) varientsensiblement d'un pays à l'autre. En Algérie ou en Tunisie, la notion de respectpartiel des réglementations (c'est-à-dire pour une partie de la main-d'oeuvre) a étéintroduite. En Thai1ande, la question portait sur l'accord des entrepreneurs sur lesréglementations et non pas sur leur respect effectif, tandis qu'en Jamaïque, unequestion préalable sur la connaissance des règlements précédait celle sur leur respect.

Les comparaisons entre pays n'ont donc pas de validité statistique pour lesentreprises de moins de cinq actifs, et ce n'est pas l'objet de cette étude d'établir unclassement par pays dans le respect des réglementations du travail. Nous présentonsci-dessous des données en pourcentages5 afin de faciliter la lecture, et pour illustrerune grande diversité de situations, par pays, par secteurs ou par taille d'entreprises,non pas pour établir une hiérarchie quelconque. Ces résultats témoignent d'unrespect partiel des réglementations. La tendance à un respect croissant selon la taillede l'entreprise apparaît cependant dans tous les pays et dans pratiquement tous lessecteurs d'activité. La hiérarchie des différents domaines de la réglementation estégalement significative. Rappelons que les moyennes par pays ne sont qu'un repèreet n'ont pas de sens statistique puisque les résultats ne sont pas pondérés par secteursni par taille d'entreprises.

Les motifs de non-respect des diverses réglementations sont encore moinshomogènes, aussi bien dans leur formulation que dans le traitement statistique desrésultats. En Algérie et en Tunisie, les réponses multiples étaient autorisées. EnThai1ande, la question n'a été posée qu'aux entreprises ayant des employés salariéset apprentis et déclarant ne pas respecter les diverses réglementations, ce qui donneun petit nombre de cas. Dans les autres pays, une réponse « pas nécessaire ou nonconcerné» regroupe ce type d'entreprises. Il faut donc davantage considérer lesdifférents motifs de non-respect des règlements avancés par les entrepreneurs commeune information qualitative, encore que certaines fréquences élevées nousrenseignent utilement sur la force ou l'acuité de certaines réponses. Les enquêtesqualitatives, qui ont permis d'intéressants développements sur ces questions délicatesde la part des entrepreneurs, ont été largement utilisées dans ce chapitre. Pour lesrésultats des enquêtes quantitatives, le lecteur dispose des informations brutes dansles tableaux en fin de chapitre.

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Le salaire minimum

Réglementation

Pour l'ensemble des pays étudiés, les petites entreprises ne bénéficient pas enprincipe de dérogations pour l'application des lois sur le salaire minimum.

L'Algérie a supprimé en 1990 des règles rigides d'uniformisation des modes derémunération de la main-d'oeuvre et a institué la liberté de négociation entre patronet salarié. Un salaire minimum légal existe cependant (3 500 dinars mensuels). Deplus, la rémunération à la tâche ou à la pièce est maintenant autorisée par la loi. EnTunisie, le salaire minimum est de 0.570 dinar de l'heure. Les ajustements de cetaux sont le fruit de négociations entre le gouvernement, l'organisation patronale etle syndicat unique (UGTT). Bien que les patrons et salariés des micro-entreprisespuissent appartenir à ces organisations, ils s'en tiennent à l'écart et ne participentdonc pas aux discussions tripartites sur le salaire minimum qui ont lieu tous les deuxou trois ans. Les ajustements sur le salaire minimum sont cependant suivis dans lespetites entreprises, avec un retard de 15 à 20 mois en moyenne et souvent à des tauxinférieurs. Au Niger, le salaire minimum est applicable dans tous les typesd'entreprises. Il n'a pas été modifié depuis 1979, mais dans le secteur moderne, il estd'usage de payer les ouvriers du bas de l'échelle au-dessus de cette somme, ou derajouter des avantages divers (13e mois, bonus, etc.) qui ne sont pas spécifiés par laloi.

En Thaïlande, le salaire minimum (salaire journalier) est régulièrementannoncé par décret du ministère de l'Intérieur et varie dans les différentes zones dupays (Bangkok et environs ou provinces classées selon des particularités géogra­phiques ou économiques). En Jamaïque, la loi sur le salaire minimum touche aussi larémunération des heures supplémentaires et le congé dominical. Elle comporte desdispositions particulières pour les travailleurs du textile dans les zones franches. EnÉquateur, les entrepreneurs bénéficiant du statut légal d'artisan sont tenus de payerun salaire minimum de 51 000 sucres, contre 40 000 pour le régime général.Toutefois, ils sont dispensés du paiement de diverses primes obligatoires quicomptent pour 43 pour cent du salaire minimum. Le coût du travail est donc moinsélevé pour les entrepreneurs qui bénéficient de ce statut.

Degré de respect du salaire minimum

Les enquêtes montrent que le respect de la législation sur le salaire minimumest partiel. Dans quatre pays (Algérie, Tunisie, Équateur et Thanande), la majoritédes entreprises paie une partie de sa main-d'oeuvre au moins au taux défini par legouvernement. L'Équateur est le seul pays où la législation sur le salaire minimumest très largement respectée. Dans les autres pays, plus de la moitié des entrepreneursne paient pas l'ensemble de leur main-d'oeuvre au salaire minimum, d'autant plusque la plupart des entreprises n'emploient pas que des salariés. Il semble d'ailleursque dans aucun des pays étudiés, l'abus de main-d'oeuvre familiale ou d'apprentisne soit dénoncé par les autorités. Cela signifie qu'un entrepreneur peut considérer

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certains de ses salariés comme des apprentis, et ainsi ne pas se sentir tenu derespecter la législation sur le salaire minimum.

Dans les pays les plus pauvres, le degré de respect du salaire minimum estfaible: 10 pour cent des entreprises au Niger (en ne comptant que celles qui ont aumoins un salarié) et 38 pour cent au Swaziland. Dans le cas du Niger, aucuneentreprise située en dehors de Niamey ne respecte le salaire minimum, alors qu'auSwaziland, le degré de respect n'est pas inférieur dans les villes secondaires (mais iln'y a aucun cas dans les villages). En Jamaïque, près de 60 pour cent des entreprisesdéclarent payer leurs salariés au moins au salaire minimum, mais la moitié desentrepreneurs avoue ne pas être au courant de la loi. Parmi ceux qui connaissent laloi, 80 pour cent la respectent.

Dans les autres pays, la législation sur le salaire minimum est assez bienrespectée. En Équateur, où l'on dispose d'informations individuelles sur les salariés,on constate que la quasi-totalité des salariés est payée au moins au salaireminimum ; un tiers environ des salariés touchent une rémunération supérieure audouble du salaire minimum et les neuf dixièmes des entreprises respectent la loi. EnTunisie, il semble que la majorité des salariés touche le salaire minimum. Mais lesentreprises embauchent très souvent des apprentis (sans le statut légal d'apprenti)justement pour tourner la loi. Au total, un quart seulement des entrepreneurs ditpayer l'ensemble de son personnel au moins au salaire minimum, tandis que 55 pourcent paient une partie de leur personnel à ce taux. En Algérie, 54 pour cent desentreprises déclarent payer l'ensemble de leurs employés au salaire minimum, et31 pour cent une partie au moins de leurs employés. Cependant, seulement 20 pourcent des entrepreneurs connaissent le montant du salaire minimum légal, qui a étéredressé à plusieurs reprises récemment. Ainsi, malgré les assurances données par lespetits entrepreneurs, on peut douter d'un respect satisfaisant des règlements sur lesalaire minimum. Dans le meilleur des cas, la réglementation est suivie avec undécalage dans le temps6. La répression en cas de non-respect du salaire minimum estpourtant lourde. Sur plainte d'un employé, un patron peut être condamné à verserdes arriérés, des dommages et intérêts et, en plus, une amende. Dans ce contexte, lesbonnes relations entre patrons et employés sont primordiales.

En Thaïlande, le salaire minimum est assez bien accepté : les trois quarts desentrepreneurs concernés (c'est-à-dire ceux qui ont des employés autres que des aidesfamiliaux) sont d'accord avec la loi sur le salaire minimum. La question portait enThai1ande sur l'accord de l'entrepreneur avec les réglementations et non pas sur lesuivi effectif des réglementations. Les salaires moyens payés correspondentcependant au salaire minimum dans le textile et le métal (à Bangkok, le salairemoyen est supérieur de 20 pour cent au salaire minimum). En revanche, dans lesrestaurants, les salaires versés sont en moyenne nettement inférieurs au salaireminimum.

Le degré de respect du salaire minimum n'est pas forcément lié à la taille del'entreprise. En Algérie, en Tunisie et en Thaïlande, il n'y a pas plus de responsablesde moyennes entreprises (plus de dix personnes) que de petites (deux à cinq) quiacceptent ou appliquent le salaire minimum (tableau 5.5). Les responsables des plusgrandes entreprises sont plus attentifs à leurs dépenses de main-d'oeuvre ou, commeen Tunisie, ont tendance à prendre des apprentis en plus grand nombre. En Jamaïque,cependant, le taux d'application du salaire minimum est fonction de la taille de

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l'entreprise: 40 pour cent de celles qui ont de deux à cinq actifs respectent la loi surle salaire minimum, alors que la totalité des entreprises de plus de dix actifs le fait.Dans la plupart des pays, les différences par secteurs sont peu significatives(tableau 5.4), de même que les différences entre villes principales et secondaires(tableau 5.6). Il n'y a guère qu'au Niger et en Jamaïque que le salaire minimum estmieux respecté dans la capitale?

Raisons du non-respect

Trois types de raisons sont en général avancés pour justifier le non-respect dusalaire minimum. Ce sont, d'une part, le coût et, d'autre part, le fait que la réglemen­tation en matière de salaire minimum ne s'applique pas à certaines catégories depersonnel de l'entreprise, et enfin la crainte des contrôles ou des plaintes des salariésà l'inspection du Travail. Ces différentes raisons ne sont cependant pas invoquéesavec la même intensité dans les pays étudiés.

En Tunisie, les entrepreneurs évoquent principalement le coût que repré­senterait pour eux le paiement de l'ensemble de leurs employés au salaire minimum.Dans le textile et la restauration, c'est l'argument fondamental (les deux tiers desréponses). L'absence de contrôle est également souvent citée, tout comme en Algérie.Enfin, d'autres motifs (relatifs au statut des apprentis auxquels l'entrepreneur n'estpas tenu de verser le salaire minimum) sont invoqués, principalement dans le secteurde la mécanique où l'apprentissage est plus répandu.

Cet argument est la raison principale de non-respect de la législation sur lesalaire minimum dans plusieurs pays : au Niger, au Swaziland et en Équateur. Dansces trois pays, on fait valoir que le salaire minimum ne concerne pas les catégoriesde travailleurs de l'entreprise : apprentis ou salariés récemment embauchés, parexemple. Au Niger, 95 pour cent des entrepreneurs avancent cette explication, lesautres notant l'absence de contrôle. Au Swaziland, le coût du respect du salaireminimum est cité en deuxième lieu (dans un quart des cas), mais l'absence decontrôle n'est jamais citée, tout comme en Équateur.

En Thaïlande, les entrepreneurs font valoir que de nombreux employés sontpayés à la tâche, mais aussi que les employés ont d'autres avantages qui compensentla différence avec le salaire minimum. C'est cependant le coût de cette mesure quiest la principale explication du non-respect du salaire minimum (un tiers desréponses). La rémunération des employés dépend donc du niveau d'activité del'entreprise. Dans le textile, par exemple, dans une conjoncture très favorable, lesouvriers payés à la pièce touchent en moyenne des rémunérations supérieures ausalaire minimum, assorties d'avantages en nature. Mais, en cas d'absence decommandes, les ouvriers restent inactifs, sans être payés. Cette situation se retrouveen Algérie, au Niger et au Swaziland. A ce moment-là, les ouvriers peuvent êtreautorisés par le patron à réaliser des travaux pour eux avec l'outillage de l'entreprise,ou à rentrer chez eux.

Les entrepreneurs algériens insistent sur la faiblesse du chiffre d'affaires oul'irrégularité de la demande pour justifier le non-paiement du salaire minimum. Ils seplaignent également de la faible productivité des ouvriers, de leur absentéisme ou deleur faible qualification. Les employés sont d'ailleurs prêts à accepter une

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rémunération inférieure au salaire minimum légal, plutôt que de se retrouver sansemploi. Le salaire minimum légal ne reflète donc pas l'équilibre du marché. Lesemployés perçoivent cependant des gratifications supplémentaires du patron, despourboires des clients, et de nombreux avantages en nature (nourriture, loyer,transports, etc.).

Partout, des entrepreneurs justifient le non-respect de la loi dans la forme parces compensations. Ces différents arguments ont été repris au cours des enquêtesqualitatives. Ils montrent que les entrepreneurs sont soucieux d'un minimum de bien­être de leurs employés, non seulement pour une meilleure productivité du travail,mais aussi parce qu'ils estiment avoir une responsabilité morale à l'égard de leursemployés. Les contraintes économiques demeurent et expliquent le non-respect dusalaire minimum dans bien des cas. Pour cette raison, et malgré les législations sur lesalaire minimum, les micro-entrepreneurs ont tendance à lier la rémunération dessalariés aux résultats de l'entreprise par le paiement à la pièce, bien sûr, mais aussipar tout un système de primes et de gratifications.

La durée du travail

Durée hebdomadaire du travail

Réglementation

Tous les pays de l'échantillon possèdent une législation limitant la duréehebdomadaire du travail, et dans aucun cas il n'y a de dispositions exemptant lespetites entreprises de la loi. En Algérie, la durée légale du travail est de 44 heurespar semaine. En Tunisie, il y a plusieurs régimes, celui applicable aux petitesentreprises étant de 48 heures hebdomadaires. Au Niger, la durée légale de travail estde 40 heures par semaine. En Thaïlande, le nombre d 'heures maximum par jourdépend du secteur d'activité (8 heures dans l'industrie8, 9 heures dans le commerce).L'obligation de repos un jour par semaine accompagne ces dispositions, si bien quela durée légale de travail hebdomadaire est de 48 heures dans l'industrie et de54 heures dans le commerce.

Degré de respect de la durée du travail

La durée hebdomadaire du travail n'est pas mieux respectée que le salaireminimum, particulièrement dans les plus petites entreprises. Au Niger, la loi estpratiquement ignorée, sauf par quelques entreprises de plus de dix actifs qui sont àpeu près celles qui versent le salaire minimum à leurs employés. Au Swaziland, enrevanche, on observe un respect de cette réglementation plus fréquent que dans lecas du salaire minimum, surtout parmi les entreprises de plus de cinq personnes(85 pour cent contre 54 pour cent dans les entreprises ayant de deux à cinq actifs).En Algérie, 30 pour cent des entrepreneurs seulement déclarent respecter la duréelégale de travail. Les entreprises les plus importantes ne respectent pas davantage cerèglement. Moins de la moitié des entrepreneurs sont au courant de la législationdans ce domaine (la moitié pense qu'elle se situe entre 48 et 52 heures !). En

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Jamaïque, plus de la moitié des entrepreneurs déclarent ne pas être au courant desdispositions légales sur la durée du travail, et le taux de respect est de 24 pour centdans les entreprises ayant de deux à cinq actifs et de 55 pour cent dans celles qui ontplus de cinq actifs. Le respect est nettement plus marqué à Kingston que dans lesvilles secondaires. En Thaïlande, près de 70 pour cent des entreprises acceptent laréglementation, quelle que soit leur taille. En Tunisie, le degré de respect dépend del'activité. Les 48 heures hebdomadaires sont largement suivies dans le textile et dansla mécanique (plus de 80 pour cent) mais assez rarement dans la restauration(19 pour cent des entreprises).

Raisons du non-respect

Partout, le fait que les entreprises ne soient pas concernées ou la mécon­naissance de la réglementation sont invoqués comme motifs de non-respect de ladurée du travail. Le premier argument est surprenant. Alors qu'il était recevable àpropos du salaire minimum qui ne concernait pas les apprentis, il ne semble pas quela durée légale du travail ne soit applicable qu'aux salariés. L'explication de certainsentrepreneurs est que les salariés payés à la pièce ne sont pas concernés par la duréedu travail, puisqu'ils sont libres de continuer au-delà des horaires habituels afind'augmenter leurs revenus.

L'absence de contrôle est aussi citée comme motif, notamment par lesrestaurateurs tunisiens et, dans une moindre mesure, au Niger et en Thaïlande(tableau 5.12). Il y a de toute évidence un grand laxisme des autorités surl'application de cette loi pour les petites entreprises. Les restaurants ne peuvent pasadapter leurs horaires de travail à ceux prescrits par la loi en raison même de lanature de leur activité. Les pouvoirs publics permettent de fait aux restaurants dedépasser la durée du travail hebdomadaire, sans exiger par exemple une rotation dupersonnel, ce qui serait une charge insupportable pour la plupart des entreprises.Cette idée ne semble d'ailleurs pas effleurer l'esprit des entrepreneurs, puisqu'il n'ya quasiment aucun cas où le motif de non-respect de la durée du travail est le coûtque pourrait représenter son application.

Heures supplémentaires

Réglementation

En corollaire des réglementations sur la durée légale du travail, les heuressupplémentaires doivent normalement être payées (c'est-à-dire selon la loi), demême que les jours fériés travaillés. Dans ce domaine encore, aucune dispositiondans les pays étudiés ne dispense les petites entreprises de payer à leurs ouvriers lesheures travaillées au-delà de la durée légale de travail.

Degré de respect des règlements sur les heures supplémentaires

Le paiement des heures supplémentaires varie beaucoup selon les secteurs. EnThaïlande, c'est une mesure moins acceptée dans le textile, en raison du travail surcommande avec des échéances précises, et des pénalités en cas de non-remise de la

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commande dans les délais. En Équateur, les heures supplémentaires sont rarementpayées dans le textile, mais assez généralement dans les deux autres secteurs, aumoins dans les entreprises de plus de cinq employés. En Jamaïque, très peu depetites entreprises suivent la réglementation dans ce domaine (10 pour cent), maisplus de 80 pour cent des entreprises de plus de dix actifs s'y conforment. En Algérie,54 pour cent des entrepreneurs ne paient pas les heures supplémentaires (proportionsimilaire quelle que soit la taille de l'entreprise). Le paiement des heuressupplémentaires est un corollaire du respect de la durée du travail et du salaireminimum. En effet, le salaire minimum correspond à une durée légale du travail ettoute heure travaillée au-delà de cette durée doit être rémunérée au tarif des heuressupplémentaires. Or, il n'est pas certain qu'il y ait une grande cohérence dans lecomportement des plus petits entrepreneurs dans ce domaine. Certains déclarentrespecter le salaire minimum mais non la durée du travail ou les heures supplé­mentaires, ce qui revient à un non-respect de l'ensemble de ces dispositions.

Raisons du non-respect

L'un des arguments avancés par les patrons lorsque les travailleurs sont payés àla tâche est que ces derniers sont libres de travailler plus ou moins longtemps, ets'ils travaillent plus, ils produiront plus et seront davantage payés. Cet argument estcependant spécieux, puisque la pénibilité du travail en heures supplémentaires ou lesjours fériés, qui justifie des salaires plus élevés, n'est pas prise en compte pour lestravailleurs à la tâche. S'ils travaillent plus longtemps, les travailleurs à la tâche netoucheront pas de bonus; ils risquent même de gagner moins en raison d'une baissede leur productivité.

Le non-paiement des heures supplémentaires est certainement un moyen detourner la loi sur le salaire minimum, puisque tout en respectant formellement lepaiement du salaire minimum, les entrepreneurs peuvent, au moyen d'heuressupplémentaires non payées, faire baisser le coût horaire du travail. Le respect desréglementations sur le salaire minimum devrait aller de pair avec celui sur la duréedu travail et avec le paiement des heures supplémentaires comme on le constate enÉquateur, par exemple. Dans ce pays, les motifs invoqués pour le non-respect de cesdifférentes réglementations sont à chaque fois les mêmes et touchent au statut destravailleurs pour lesquels la loi ne serait pas applicable. Le motif du coût d'appli­cation de ces différentes mesures est avancé surtout pour les entreprises qui ontdavantage d'employés.

Congés payés

Il existe aussi une législation sur les congés payés, très variable selon les pays,mais qui semble peu respectée. Au Niger, tout travailleur bénéficie de deux jours etdemi de congés payés par mois travaillé. En Jamaïque, les congés sont garantis parla loi et dépendent de l'ancienneté des travailleurs. .

La question des congés payés a été peu évoquée lors de l'enquête qui neprésente pas de résultats statistiques à ce propos. En Jamaïque, 37 pour cent desentrepreneurs sont au courant de réglementations sur ce sujet ; un sur cinq et la

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moitié respectivement dans les entreprises de deux à cinq et de six à dix actifsdéclarent respecter la loi. Dans tous les pays, de nombreux entrepreneurs déclarentlibérer leurs employés pour les fêtes religieuses, souvent avec une gratification. Danscertains cas, les employés peuvent rentrer chez eux au moment de la saison agricole.Dans aucun des pays étudiés, les autorités n'attachent d'importance à l'applicationdes réglementations sur les congés payés.

La protection sociale

Sécurité sociale

Réglementation

Tous les pays étudiés disposent d'un système de sécurité sociale plus ou moinsétendu, mais qui couvre au minimum les dépenses consécutives aux maladies et auxaccidents survenus au travail. Ces dispositions concernent les travailleurs salariés,assimilant parfois les apprentis à ces derniers. En Algérie, en Tunisie et en Équateur,le patron doit également cotiser à la caisse de sécurité sociale pour lui-même. EnThaïlande, au moment de l'enquête (1991), les entreprises de moins de 20 employés(l'ensemble de l'échantillon) n'étaient pas concernées par la réglementation sur lasécurité sociale.

En Algérie, tous les travailleurs cotisent à l'organisme unique de sécuritésociale et d'allocations familiales (CNASAT) à un taux égal à 29 pour cent dusalaire, dont 25 pour cent à la charge du patron9. En Tunisie, l'affiliation du patron etde ses employés doit se faire dans le mois qui suit le début de l'activité. Un systèmeoriginal et contraignant consiste à inscrire automatiquement, après envoi d'une lettrerecommandée, les entrepreneurs qui auraient omis de le faire d'eux-mêmes. Étantofficiellement affiliés, ils seront considérés comme en retard dans leurs paiements etpassibles d'amendes et de poursuites judiciaires s'ils continuent à négliger de payerleurs cotisations trimestrielles.

Au Niger, la déclaration des travailleurs à la Caisse nationale de prévoyancesociale est théoriquement obligatoire pour tous les employés. Les taux sont de17 pour cent du salaire, dont 15.4 pour cent à la charge de l'employeur. La légis­lation thaïlandaise distingue la sécurité sociale proprement dite des indemnités en casd'invalidité provisoire ou permanente à la suite de maladies contractées oud'accidents survenus au travail. La sécurité sociale est un fonds alimenté par lesemployeurs, les employés et l'État. Les taux de cotisation sont peu élevés (entre1.5 pour cent et 5 pour cent des salaires selon les activités, le montant du salaire etle taux de couverture retenu, auxquels s'ajoute la cotisation au Fonds de compen­sation des travailleurs qui est du même ordre de grandeur). La couverture prévue estlarge (éducation des enfants des employés, couverture des frais de grossesse,retraites, pensions d'invalidité ainsi que prise en charge des employés en casd'accident ou de maladie). Cependant, ces dispositions, appliquées depuis 1991seulement dans les grandes entreprises, ne seront effectives que trois ans plus tarddans les entreprises de moins de 20 employés. De plus, ces dispositions nes'appliquent qu'aux travailleurs salariés réguliers.

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En Jamaïque, le National fnsurance Scheme prévoit une bonne couverture destravailleurs. Il comprend la retraite, une sorte d'assurance-vie, ainsi qu'unecouverture pour les accidents et la prise en charge des travailleurs en cas de congé­maladie. Le taux de cotisation est assez bas : pas plus de 2.5 pour cent du salaire,payable par le patron. Ce programme est accompagné d'une aide au logement(National Housing Trust) qui fournit des avantages appréciés en matière de logementpour les salariés, pour une cotisation sur les salaires de 2 et 3 pour cent payablesrespectivement par le salarié et par son patron. En Équateur, il existe une caissespéciale de sécurité sociale pour les entreprises dont le responsable a obtenu le statutlégal d'artisan. La cotisation est élevée (20.2 pour cent du salaire, dont 10.85 pourcent à charge du patron).

Degré de respect

Malgré l'existence de dispositions particulières pour les petites entreprises, lesréglementations en matière de protection sociale sont parmi les moins respectées parles entrepreneurs lO. Nous ne considérerons que le respect de la législation pour lesemployés salariés, bien qu'en Tunisie, en Algérie et en Équateur, les entrepreneursindépendants soient tenus également de cotiser à la caisse de sécurité sociale. Ledegré de respect de cette réglementation varie en général avec la taille desentreprises. Presque partout (sauf au Niger et au Swaziland), la grande majorité desentreprises de plus de dix actifs est en règle avec la sécurité sociale.

Au Niger et au Swaziland, la loi sur la sécurité sociale est largement ignorée(95 pour cent et 93 pour cent des entreprises respectivement), spécialement dans lesplus petites entreprises. Dans ces deux pays, c'est surtout dans le secteur du métalque l'on trouve la plus forte minorité d'entreprises où la loi est respectée, peut-êtreen raison des risques professionnels plus élevés. Dans les deux pays du Maghreb, lamoitié des entreprises de l'échantillon s'acquitte de ses obligations, et plus encore sil'on compte les entrepreneurs qui ne déclarent qu'une partie de leurs salariés. EnAlgérie, 12 pour cent seulement des entrepreneurs ignorent totalement la loi dans cedomaine ll . En Tunisie, le secteur de la mécanique est aussi celui où la législationdans ce domaine est la mieux suivie : neuf entreprises sur dix sont en règle,quelques-unes ne déclarant cependant qu'une partie de leurs employés. Dans letextile, en revanche, près de la moitié ne déclarent aucun de leurs employés. Cescomportements démontrent que les entrepreneurs ont conscience des risquesprofessionnels et se protègent, ou protègent leurs employés.

En Équateur, les plus petites entreprises sont peu nombreuses à affilier leursemployés à la sécurité sociale (un quart des entreprises de deux à cinq actifs,54 pour cent de celles de six à dix),. alors que la très grande majorité respecte lesdispositions du code du travail sur le salaire minimum et la durée du travail. Il en estde même en Jamaïque, où le respect des réglementations sur la sécurité socialedépend principalement de la taille des entreprises: 15 pour cent des entreprises dedeux à cinq actifs sont ainsi en règle, contre 96 pour cent des entreprises les plusgrandes de l'échantillon12. Dans les autres pays, la tendance à un plus grand respectdes obligations en matière d'assurance sociale parmi les grandes entreprises estnettement moins marquée.

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Raisons du non-respect

Les raisons citées pour justifier le non-respect de la législation sur la sécuritésociale sont le coût d'affiliation des salariés, la faiblesse des contrôles, le fait que lestatut de la main-d'oeuvre n'oblige pas les entrepreneurs à la déclarer, et parfoismême l'opposition des salariés à cette mesure.

Le coût est invoqué comme première raison de la non-affiliation des salariés enTunisie. Il est d'ailleurs significatif que plus l'entreprise est importante (entre un etdix employés), moins la part de main-d'oeuvre déclarée est élevée. Ce n'est qu'àpartir de dix employés que la tendance se retourne, et le degré de respect devientsignificatif. La faiblesse des contrôles est le principal motif cité par les entrepreneursalgériens. Cependant, si les entrepreneurs ne craignent pas les contrôles de la caissede sécurité sociale, ils se méfient davantage du contrôle des taxes sur les salaires quitouchent les salariés affiliés à la sécurité sociale. Il y a donc de leur part une gestioncomplexe de la déclaration des employés, ce qui explique le fort taux de « respectpartiel» des dispositions sur la protection sociale des travailleurs. Ajoutons que dansce pays, la médecine est gratuite, et le défaut de déclaration des travailleurs auxorganismes sociaux ne les prive pas d'une protection médicale auprès desorganismes publics de santé.

La déclaration aux organismes de protection sociale concerne partout lestravailleurs salariés, parfois les apprentis (Tunisie, Équateur), mais non la main­d'oeuvre familiale. Comme pour le salaire minimum, le principal argument cité enÉquateur ainsi qu'au Niger pour justifier une absence de déclaration est que le statutdes travailleurs ne nécessite pas l'affiliation (il en est de même pour les salariésrécemment embauchés). Enfin, dans les pays où l'inscription des travailleurs à lacaisse de sécurité sociale s'accompagne d'une cotisation élevée qui vient grever lessalaires, les travailleurs eux-mêmes peuvent manifester une opposition à leuraffiliation. C'est le cas notamment en Équateur, où ce motif est invoqué dans10 pour cent des cas.

En abordant cette question, de très nombreux entrepreneurs (en Afrique et enThaïlande, par exemple) ont fait valoir que s'ils ne déclaraient pas leurs employés àla sécurité sociale, ils leur assuraient le remboursement des frais médicaux en casd'accident du travail, et la prise en charge en cas de maladie. Il est difficile d'évaluerla valeur de cette prise en charge par les employeurs, mais il n'en demeure pasmoins vrai que l'existence de principes de solidarité traditionnelle doit nuancer unjugement trop sévère sur le respect de la protection sociale des travailleurs par lesmicro-entrepreneurs.

Indemnités de licenciement

Réglementation

Tous les pays n'ont pas instauré de réglementation sur les indemnités delicenciement. Jusqu'en 1991, le licenciement d'un employé n'était pas libre enAlgérie. Si les règlements ont été assouplis (ne nécessitant presque plus l'inter­vention de l'inspection du Travail ou des délégués syndicaux), il reste que desindemnités sont dues en cas de licenciement. En Jamaïque, une loi sur les congés

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payés et les indemnités de licenciement prévoit un préavis ou le paiement d'indem­nités. Les licenciements « économiques » sont accompagnés d'indemnités. EnThaïlande, il n'y a pas d'indemnités de licenciements. Toutefois, les conflits dutravail peuvent être portés à la connaissance de la direction du Travail, ce qui peutfinalement donner lieu au paiement d'indemnités. Cette procédure ne se produitquasiment jamais dans les micro-entreprises.

Degré de respect

En Algérie, les employés sont bien informés de ce règlement et n'hésitent pas àporter l'affaire en justice si le patron refuse de s'acquitter de ses obligations. Lestribunaux donnant systématiquement raison aux employés, les patrons sont engénéral obligés de céder. C'est pourquoi les patrons accordent une indemnitésubstantielle, décidée à l'amiable, afin d'éviter des procès longs et coûteux. EnJamaïque, les droits des employés en cas de licenciement sont les moins respectésparmi l'ensemble des réglementations sur le travail, et aussi les moins bien connuspar les employeurs. Huit pour cent des entreprises de deux à cinq actifs et 28 pourcent de celles de six à dix versent des indemnités de licenciement. Il semble qu'unmoyen de tourner la loi soit de garder les employés dans un statut de travailleurtemporaire.

En Thaïlande, les indemnités de licenciement sont la mesure qui rencontre lemoins d'avis favorables de la part des petits entrepreneurs. N'étant pour le momentpas concernés par ce type de mesure, ils ne font qu'exprimer une opinion. Lesentrepreneurs se plaignent fréquemment de la mobilité de la main-d'oeuvre (ainsique des difficultés de recrutement). Cette situation très particulière vient de l'offreinsuffisante de travail dans le pays, qui connaît actuellement une croissanceextrêmement rapide. Les employés quittent facilement leur entreprise, assurés qu'ilssont de trouver du travail ailleurs. Bien qu'il n'y ait aucun projet de loi sur lepaiement d'indemnités à des employés qui quitteraient d'eux-mêmes leur emploi, lesemployeurs, extrêmement sensibilisés à cette question, s'opposent dans leur majoritéà supporter financièrement les conséquences de l'instabilité du marché du travail.

Hygiène et sécurité des locaux et des travailleurs

Réglementation

La plupart des mesures réglementaires sur la sécurité et l'hygiène sontdestinées à protéger les consommateurs ou les ménages en général, comme on l'a vuau chapitre 3, plutôt que le bien-être des travailleurs. Toutefois, il existe desdispositions destinées précisément à assurer l'hygiène et la sécurité des employésdans l'entreprise. En Thaïlande, toutes les entreprises sont tenues de disposer detoilettes, d'eau potable et d'une trousse d'urgence pour leurs employés. Au Niger,ces facilités ne sont pas exigibles des petites entreprises. Au Swaziland, les normesd'hygiène et de sécurité sont très nombreuses, et les représentants des adminis­trations chargées de leur application sont autorisés à inspecter les entreprises à toutmoment. En Algérie, il existe également toute une série de règlements ; mais alorsque ce sont les travailleurs qui sont chargés du contrôle de leur application dans les

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grandes entreprises, ce sont les autorités locales qui s'en chargent pour les petitesentreprises. En Tunisie, il est nécessaire d'obtenir des autorités locales une attestationde validité du local pour l'activité professionnelle. Cette obligation recouvre lesdifférentes dispositions d'hygiène et de sécurité sur l'eau courante, les toilettes, lesextincteurs et sur d'autres mesures particulières à certaines activités.

Degré de respect

Al'exception du Niger et du Swaziland, on remarque une assez large adhésiondes entrepreneurs à cette réglementation. Dans tous les pays, il existe une relationtrès nette entre la taille de l'entreprise et le respect des normes d'hygiène et desécurité. Partout, les entreprises de plus de dix actifs sont deux fois plus nombreuses(relativement) que les plus petites à se conformer aux normes (tableau 5.5).

Au Swaziland, ces normes ne sont respectées que par 19 pour cent desentreprises. Dans ce pays toutefois, 42 pour cent des restaurants et 32 pour cent desentreprises du métal sont équipées conformément à la réglementation. En Jamaïque,la moitié des entreprises respecte les normes d'hygiène et de sécurité. En Tunisie,52 pour cent des entreprises respectent totalement les normes d'hygiène et desécurité, et 37 pour cent partiellement, la plupart des cas de non-respect total setrouvant dans le secteur textile, alors que dans la mécanique et surtout la restau­ration, les conditions d'hygiène pour les employés sont bien respectées. Dans cedernier secteur particulièrement, où les contrôles sont effectifs, les conditionsd'hygiène des travailleurs se confondent avec les exigences des consommateurs oude salubrité publique. En Algérie, bien que la plupart des entrepreneurs ignorent lesdispositions réglementaires sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs, ils sontnombreux à posséder l'équipement requis: eau courante, toilettes, extincteur ettrousse à pharmacie existent dans 70 à 80 pour cent des entreprises selon les cas. Deplus, 85 pour cent des entreprises disposent d'une assurance pour leur local.Cependant, il n'est pas certain que cela corresponde aux normes, beaucoup de ceséquipements étant vétustes. En Thaïlande, les normes sont très largement admises(87 pour cent des entreprises), autant dans les restaurants que dans les autresactivités. Cependant, on ne peut prétendre qu'elles soient respectées dans les mêmesproportions. Il faut souligner que les micro-entreprises ne sont pas moins respec­tueuses des réglementations sur la sécurité des travailleurs que les entreprisesmodernes13.

Raisons du non-respect

Contrairement à ce que l'on a vu à propos des règles d'hygiène destinées à laprotection des consommateurs, il y a peu de contrôle des normes d'hygiène et desécurité des employés dans l'entreprise. En Tunisie, ce sont principalement le coût(41 pour cent des réponses), l'ignorance des règlements (24 pour cent) ou l'absencede contrôle (23 pour cent) qui expliquent le non-respect des normes d'hygiène et desécurité. Partout ailleurs, la raison principale est que les entrepreneurs estiment queces normes ne sont pas applicables à leur entreprise. Les coûts sont très peu évoquésailleurs qu'en Tunisie. En Thaïlande, certains entrepreneurs font valoir qu'ils

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prennent personnellement soin de l'hygiène du local et de la sécurité des travailleurs,indépendamment des réglementations.

Conclusion

Les pays de l'échantillon présentent une grande variété quant au respect desdiverses réglementations du travail. On peut conclure à un respect partiel de cesréglementations, soit parce que seulement certaines d'entre elles sont respectées, soitparce qu'une partie des entreprises dans chaque pays se plie à pratiquement toutesles contraintes réglementaires, soit aussi parce que chaque entrepreneur ne respecteles réglementations que pour une partie de ses employés. Ce respect partiels'accompagne d'une attitude plutôt tolérante ou pragmatique de la part des autorités.Cette attitude peut certes être la conséquence d'un manque de moyens de contrôle,mais il semble surtout que l'État reconnaisse de fait que certains de ces règlementssont inadaptés aux petites entreprises.

Cadre institutionnel et attitude des gouvernements

Le cadre légal a en général été mis en place pour gouverner les relations detravail entre employeurs et salariés des entreprises modernes. Dans les paysrécemment indépendants (les deux pays d'Afrique noire et les deux pays duMaghreb), la législation s'inspire de celle des anciennes puissances de tutelle, carac­térisée parfois par une complexité sans rapport avec le niveau de développement dupays. Ainsi, il existe au Swaziland une réglementation très complexe sur la sécuritéau travail et sur les normes d'hygiène, différente selon les professions, et pas moinsde cinq administrations peuvent contrôler le respect de ces réglementations. Lesentrepreneurs du Swaziland ne se plaignent pourtant pas spécialement du poids deces contraintes, ce qui montre bien qu'en réalité, la législation est appliquée de façontrès pragmatique. Au Niger, la réglementation sur l'apprentissage est complètementinadaptée à la société nigérienne, où l'apprentissage est pourtant très répandu etancien. S'ils devaient suivre le règlement, les entrepreneurs devraient passer parl'inspection du Travail pour embaucher leurs apprentis alors que l'embauche se faitsur des critères de parenté ou de voisinage. Ils devraient suivre certaines règles quantau rythme de formation alors que traditionnellement, celle-ci est complètementlaissée à la discrétion du patron qui de plus, modulera sa formation selon lesaptitudes de l'apprenti. De fait, le système de l'apprentissage au Niger, très vivace,évolue complètement en dehors du cadre institutionnel.

Plus généralement, les textes réglementaires ne prennent pas en considérationles relations de travail spécifiques aux micro-entreprises. Lorsque la plupart dessalariés sont payés à la tâche, par exemple, les lois sur le salaire mensuel, lepaiement des heures supplémentaires, les congés payés ou le repos hebdomadairesont souvent inadaptées. Dans beaucoup de pays, les entrepreneurs se plaignent del'instabilité de la demande. Ils peuvent rester plusieurs jours sans travailler, ettravailler 18 heures dans une journée s'il y a une commande à terminer. Or les loissont faites pour des salariés stables et un travail régi par des règles précises, comme

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des horaires de travail, c'est-à-dire pour une organisation de la production qui n'apas cours dans les micro-entreprises.

Plusieurs pays ont récemment adapté leur législation, dans un souci demeilleure adéquation avec le marché du travail. C'est le cas en Algérie, avecl'abandon de règles rigides sur le contrôle des contrats de travail et de leurapplication. Les entrepreneurs privés sont maintenant dispensés de passer parl'inspection du Travail ou le syndicat unique pour l'embauche, la formulation descontrats et même le licenciement. Surtout, les salariés des micro-entreprises ne sontpas adhérents au syndicat. Bien qu'il reste un appareil juridique de protection destravailleurs et surtout une mentalité de défense des droits des salariés (beaucoup depetits entrepreneurs sont eux-mêmes d'anciens salariés), les relations contractuellesdans les petites entreprises sont principalement informelles, sans référence directe aucadre institutionnel. Cet état de fait est accepté par les salariés, en raison d'un tauxde chômage élevé, comme on l'a vu à propos de l'application de la loi sur le salaireminimum.

Certains pays (Tunisie, Équateur) ont cherché à établir un cadre légal parti­culier pour les petites entreprises. Il faut remarquer que, dans ces cas-là, lesdispositions particulières sur le travail sont moins importantes que d'autres types dedispositions (fiscales notamment). En Tunisie, toute la réglementation particulière surl'apprentissage, qui vise pourtant à la défense des professions artisanales, estlargement ignorée par les entrepreneurs. En Équateur, le statut d'artisan a rencontrésemble-t-il davantage de succès, et il est vrai qu'il offre des avantages légaux sur larémunération de la main-d'oeuvre14•

Ces changements récents dans le cadre réglementaire montrent un souci desgouvernements de s'adapter à l'évolution économique et plus spécifiquement àl'évolution du marché du travail. C'est aussi ce qui explique le pragmatisme desautorités quant à l'application des textes. En dehors de règles d'intérêt général surl'hygiène et la sécurité, respectées dans plusieurs pays, il y a peu de contraintes (entout cas, les entrepreneurs ne semblent pas en souffrir) venant des autorités. Il estvrai que dans la plupart des pays, la lutte contre le chômage est une priorité et quel'application stricte des lois sur le travail pousserait sans doute les entrepreneurs àdiminuer le nombre de leurs employés.

Enfin, dans la plupart des pays, le contrôle de l'application des réglementationsa lieu sur plainte des salariés. Les inspections du Travail n'interviennent que s'il y aun conflit, et c'est seulement à ce moment-là que les autorités peuvent exigerl'application de la loi, voire des amendes et parfois même des actions en justice. Or,dans les micro-entreprises, les relations de travail entre patrons et salariés reposentlargement sur des liens familiaux ou amicaux. Les conflits seront donc résolus par lafamille ou les autorités traditionnelles, le recours aux autorités légales étantexceptionnel. Cela explique que, dans beaucoup de pays, les autorités n'interviennentpas pour faire appliquer les réglementations.

La rémunération des employés

La disposition la plus sensible des réglementations sur le travail concerne lesalaire minimum légal. On a vu que tous les pays ont une législation dans ce

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domaine et que le degré d'application était très variable. Il faut cependant nuancerl'importance du salaire minimum légal comme indicateur du degré de respect desrèglements par les micro-entreprises. Si l'on s'intéresse aux rémunérations réellesdes employés des micro-entreprises, on doit prendre en compte plusieurs paramètres,que ce soit les éléments de la rémunération (les avantages en nature, les bonifi­cations, la durée réelle du travail, etc.) ou les aptitudes et les qualifications dusalarié.

La non-application de la législation sur le salaire minimum est ambiguë. Lessalariés sont-ils payés mensuellement en dessous du niveau requis par la loi, ou bieny a-t-il défaut du versement d'un salaire mensuel par l'employeur? Certainsentrepreneurs ont ainsi admis qu'ils ne versaient pas de salaire mensuel à leursemployés, tout en prétendant que ces employés avaient en réalité un revenu au moinségal au niveau du salaire minimum. Ainsi, en Algérie, la majorité des entrepreneursignore le montant du salaire minimum au moment de l'enquête, mais la plupartdéclarent qu'ils paient leurs employés (au moins une partie d'entre eux) au-dessus dusalaire minimum. En réalité, ces entrepreneurs ont en tête un niveau décent derémunération qu'ils estiment respecter15• En Thaïlande, bien que la majorité desemployeurs se déclare favorable à la législation sur le salaire minimum, très peul'appliquent réellement car ils ne se sentent pas concernés. Pourtant, lorsque l'onconsidère la rémunération effectivement versée aux employés (à l'exception desaides familiaux et des apprentis), on constate que la très grande majorité (sauf lesemployés des restaurants) a une rémunération réelle au-dessus du salaire minimum,si l'on tient compte des avantages en nature.

Les avantages en nature sont essentiels si l'on doit évaluer les rémunérationsréelles des employés. Bien que ces avantages puissent paraître être à la discrétion del'employeur, on constate cependant des pratiques par professions au point que cesavantages sont parfois intégrés à un contrat informel de travail. Il existe des usagesdans certaines professions, comme la prise en charge de la nourriture, du logementou de certaines autres dépenses qui peuvent atteindre des montants élevés, etauxquels un employeur ne peut se soustraire16• Bien que non écrits et bien sûr nonofficialisés, ces avantages en nature conditionnent le marché du travail particulier àune profession. Les employeurs font très souvent référence à ces pratiques, etlorsque l'on a pu en chiffrer certaines (en Thaïlande), on constate qu'elles améliorentle revenu de l'employé au point de lui faire atteindre ou dépasser le salaire minimumlégap7.

La durée du travail doit aussi être prise en compte dans l'évaluation de larémunération des employés. Si les horaires de travail existent assez généralementdans les micro-entreprises, ainsi que le repos hebdomadaire, les règles sur la duréedu travail perdent toute signification lorsque l'entreprise manque de commandes,lorsque les travailleurs sont payés à la tâche et enfin lorsque les heures supplé­mentaires ne sont pas payées.

Beaucoup d'entrepreneurs font valoir qu'ils ne peuvent payer le salaireminimum mensuel parce qu'ils n'ont pas assez de travail, mais que le niveau derémunération horaire ou journalier est égal au minimum requis. De plus, lorsque letravail vient par à-coups, certaines journées de travail peuvent dépasser les normeslégales, sans paiement d'heures supplémentaires. Le paiement des heures supplé­mentaires a un sens lorsque la durée normale de travail a été effectuée, ce qui, pour

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les entreprises qui souffrent de l'instabilité de la demande, n'est pas le cas. Enrevanche, lorsque les entrepreneurs déclarent que la rémunération dépend du niveaudes commandes (et ils font souvent état de gratifications supplémentaires lorsqu'unecommande importante est réalisée), ils considèrent que le temps de travail supplé­mentaire est rémunéré.

La fréquence du paiement à la pièce dans les micro-entreprises montre biencomment, dans ce milieu, il est essentiel de lier la rémunération au travail effectué.Cela minimise les risques et la responsabilité du patron et peut aussi mener à denombreux abus. En Équateur, par exemple, le travail donné en sous-traitance à destravailleurs indépendants, ce qui est une extension du principe du travail à la tâche,est un moyen d'éviter la réglementation sur le travail et les dépenses pour laprotection sociale des travailleurs.

Le législateur a très peu de prise sur ce type d'organisation, mais semble lestolérer. Les réglementations sur le salaire minimum, la durée du travail, le paiementdes heures supplémentaires, les congés payés et même les congés-maladie sontinadaptées à ces formes de travail. Plus généralement, il est difficile d'appliquer auxmicro-entreprises la même définition du temps de travail que celle qui est acceptéedans les entreprises modernes et l'administration. Mais les règlements d'hygiène etde sécurité restent applicables, et c'est souvent dans ce domaine que les autoritésinterviennent.

D'autres considérations justifient le non-respect des réglementations sur letravail par les micro-entrepreneurs, notamment la faible qualification de la main­d'oeuvre, ou la faible productivité des employés. Cet argument est avancé en Algérieoù le cadre juridique des relations de travail est bien ancré dans les mentalités etrelativement respecté. Il est surtout avancé à propos des apprentis. Certains entre­preneurs estiment que les apprentis leur coûtent de l'argent, non seulement par letemps qu'ils consacrent à leur formation, mais aussi par les « dégâts » qu'ilsoccasionnent lorsqu'ils se trompent, ou utilisent mal des matières premières ou desmachines.

On ne peut certes pas reprocher aux entrepreneurs de lier la rémunération desemployés à leur productivité. Il est exact également que la main-d'oeuvre des micro­entreprises est souvent peu qualifiée, jeune et peu formée. Il n'en reste pas moinsvrai que le salaire minimum est institué pour s'appliquer aux catégories les plusbasses de la main-d'oeuvre, et qu'il n'y a légalement pas de raison de payer lesemployés non qualifiés en dessous de ce seuil.

Quant au coût de la formation, il est réel et non négligeable. La formationd'apprentis dans le monde des micro-entreprises constitue de plus une économieconsidérable pour les gouvernements qui normalement devraient prendre en chargela formation professionnelle de la jeunesse. Les gouvernements semblent reconnaîtrele bien-fondé de cet argument en ne poursuivant pas particulièrement les entrepre­neurs qui embauchent des apprentis, et en admettant de fait que les réglementationssur le travail ne s'appliquent pas à cette catégorie de main-d'oeuvre, même lorsqu'ilexiste un statut légal de l'apprenti.

Ainsi, la rémunération de la main-d'oeuvre dans les micro-entreprises doit êtreconsidérée en prenant en compte tout un environnement qui échappe en grandepartie au cadre institutionnel, mais qui semble reconnu en général par les autorités.

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Statut de la main-d'oeuvre

La législation sur le travail, et en particulier sur le salaire mlmmum, nes'appliquant pas aux non-salariés, on peut se demander s'il n'y a pas, de la part despatrons, quelques abus dans l'embauche d'apprentis ou d'aides familiaux. Certainsauteurs y voient des salariés déguisés et surexploités. Ainsi, en Tunisie ou au Niger,on peut trouver des « apprentis» qui ont dépassé la trentaine. En dehors des pays oùles apprentis ont un statut légal, les pouvoirs publics ont peu de moyens de luttercontre les abus, surtout lorsqu'il s'agit de main-d'oeuvre familiale. Il est notablequ'il n'existe de législation sur la main-d'oeuvre familiale dans aucun des paysétudiés, et de toute évidence, il est admis que les règlements sur le travail ne sontpas applicables à cette main-d'oeuvre.

Pourtant, on constate que le degré de respect des réglementations augmenteavec la taille de l'entreprise, et est plus marqué dans les pays à revenu moyen quedans les pays à faible revenu. Si abus il y a, ce serait le fait de très petites entreprises(deux ou trois actifs). En devenant plus importante, et dans un environnementéconomique plus favorable, une entreprise adhère progressivement aux normesinstitutionnelles du marché du travail. Sauf exceptions, il ne se développe pas unmarché parallèle du travail où des entreprises relativement importantes (plus de dixactifs) recourraient à une main-d'oeuvre quasiment servile. La relation entre nombrede salariés (c'est-à-dire les actifs pour lesquels la réglementation en matière detravail s'applique) et taille de l'entreprise (ensemble des actifs), si elle n'est pastoujours claire entre deux et dix actifs, est en revanche systématique au-delà de dixactifs. Cela signifie que l'on peut trouver une proportion importante de main­d'oeuvre non salariée dans des entreprises qui comptent trois ou quatre personnespar exemple. Au-delà de dix, la population d'apprentis est très faible et la main­d'oeuvre familiale quasiment inexistante.

Il y a donc une forte relation entre la taille des établissements et le respect ducode du travail. Les indépendants ne sont pas concernés par les lois sur le travail, etles entreprises de moins de cinq actifs ont en général une majorité de main-d'oeuvrenon salariée. A partir de cinq actifs, on constate une meilleure adhésion auxdispositions réglementant le travail. Enfin, une très large majorité des entreprises deplus de dix actifs respecte l'ensemble des dispositions du code du travail.

Bien que les entrepreneurs aient recours à des stratagèmes pour éviter lesréglementations (emplois de temporaires comme en Jamaïque, sous-traitants, etc.), ilsne peuvent rester longtemps en dehors du cadre institutionnel du marché du travaildès lors que leur entreprise atteint un certain niveau.

Les micro-entreprises sur le marché du travail

La position des micro-entreprises sur le marché du travail est l'un des sujets lesplus souvent étudiés dans les analyses portant sur le secteur informel. Dès lespremières études sur ce sujet, on a mis en relief l'écart des revenus et des rému­nérations entre secteurs moderne et informel. Constatant que de nombreux actifs dusecteur informel percevaient un revenu inférieur au minimum légal18, l'hypothèseque le salaire minimum légal était au-dessus du prix d'équilibre du travail a été

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avancée, en même temps que d'autres contraintes institutionnelles (protection destravailleurs, critères d'embauche, etc.) contribuaient à la segmentation du marché dutravail entre secteurs. Le « secteur informel» a aussi longtemps été caractérisé par lefaible niveau d'éducation de ses opérateurs. De plus, l'échelle et les techniques deproduction qui différencient les deux secteurs expliquent de grands écarts dans laproductivité du travail, et donc des écarts de rémunérations. L'évolution économiquerécente dans les pays étudiés (plusieurs d'entre eux connaissant une baisse impor­tante du salaire minimum légal en termes réels, des licenciements dans les grandesentreprises y compris dans le secteur public ou des retards et des suspensions derémunération) amène à s'interroger sur la pertinence, aujourd'hui, d'une visiondualiste du marché du travail.

On peut faire l'hypothèse que la situation du marché du travail a profondémentchangé dans plusieurs pays, surtout dans ceux qui ont connu des politiques d'ajus­tement structurel, avec l'érosion des salaires dans le secteur moderne. Alors qu'il y atrente ans, l'administration attirait beaucoup les demandeurs d'emploi, il n'y a plusque le prestige d'une position officielle qui puisse servir de stimulus à l'entrée dansle secteur public19• Par contrecoup, les rémunérations dans les micro-entreprisessouffrent de la comparaison avec celles du secteur moderne, ce qui n'était pas vrainaguère. Cela ne fait aucun doute pour les entrepreneurs eux-mêmes. Pour ce qui estde la main-d'oeuvre, on a vu que dans la plupart des pays, les rémunérations de lamajorité des salariés étaient au moins égales au salaire minimum légal.

La mobilité des travailleurs entre entreprises de différentes tailles et dedifférents niveaux technologiques est fréquente. Ce phénomène n'est pas mesurédans nos enquêtes, mais les informations obtenues au cours des entretiens montrentqu'un certain nombre d'entrepreneurs ont été salariés d'entreprises modernes dans lepassé. Le pourcentage élevé de jeunes et notamment d'apprentis a pour corollairequ'un nombre important de ces ouvriers travaille ensuite dans des entreprisesformelles (sinon la structure de la main-d'oeuvre par âge serait équivalente à celle dusecteur moderne2Ü).

Il existe certes des barrières à l'embauche dans certaines entreprises moderneset dans l'administration, principalement les qualifications ou le niveau scolairerequis. L'élévation moyenne du niveau d'éducation de la population rend cesbarrières plus faciles à franchir. La plupart des jeunes employés dans les rnicro­entreprises ont atteint le niveau de fin d'études primaires requis pour travailler dansdes entreprises modernes. Sans que le marché du travail soit nécessairement fluide(il reste de nombreuses barrières de qualification ou réglementaires), il semble que lasegmentation du marché du travail en deux sous-ensembles se soit progressivementestompée ces dernières années.

Il en est de même pour le marché des biens. Comme on l'a vu dans leschapitres précédents, les micro-entreprises font appel aux réseaux de commercia­lisation modernes aussi bien pour l'achat de biens intermédiaires que pour vendreleur ,Production. La sous-traitance, très développée dans le secteur textile en Algérie,en Equateur ou en Thaïlande, a été un puissant facteur d'intégration des micro­entreprises sur le marché, malgré des rapports de travail que l'on pourrait qualifierde précapitalistes. Ainsi voit-on des couturières indépendantes dans des petites villesthaïlandaises qui produisent avec leurs filles des vêtements qui seront exportés enEurope ou en Australie.

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Malgré cette intégration, le monde des micro-entreprises garde ses spécificitéssur le plan des relations de travail. Celles-ci ont été longuement décrites précé­demment, mais il convient d'ajouter ici que les micro-entreprises continuent à jouerun rôle de formation pour les jeunes entrant sur le marché du travail sans formationprofessionnelle, ou sans connaissance des mécanismes urbains ou modernesd'embauche. Ainsi, les micro-entreprises continuent-elles à absorber la main­d'oeuvre originaire des campagnes. Par le biais de l'apprentissage, elles dispensentune formation à des jeunes qui n'ont pas eu la possibilité d'accéder à des écolesprofessionnelles. D'une façon générale, elles fournissent une transition entre lesrelations de travail traditionnelles et les rapports salariaux du secteur moderne.Comme on l'a vu, de nombreux jeunes formés dans des micro-entreprises continuentleur chemin dans des entreprises modernes.

Ainsi, le marché du travail n'apparaît pas à proprement parler « segmenté ». Ils'agit plutôt d'une spécialisation relative des micro-entrepreneurs qui assurentl'entrée sur le marché du travail non agricole de jeunes peu qualifiés et en partieoriginaires du milieu rural. C'est donc bien d'intégration qu'il s'agit, non demarginalisation.

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Notes et références

1. A l'exception de l'Équateur, où un quart des salariés (40 pour cent dans les entreprisesde plus de dix personnes) a un contrat écrit bien que ce ne soit pas une obligation ducode du travail. Ces règles sont propres à certaines professions (ici, le textile, où lamain-d'oeuvre est très instable).

2. Fisseha et McPherson, p. 15.

3. Cette dérogation a cependant été supprimée en 1992.

4. Les signataires de la convention du BIT No. 138 du 6 juin 1973 s'engagent à prohiberle travail des enfants de moins de 15 ans ou 14 ans (pour les pays à faible revenu etdans le cas de contrats d'apprentissage). Pour les travaux pénibles ou pouvant toucherla moralité, cette limite est portée à 18 ans. En Algérie, le travail est autorisé à partir de16 ans, et en Tunisie, à partir de 18 ans.

5. Ainsi, en raison de la complexité des données, certains pourcentages mentionnés dansle texte ne proviennent pas directement des tableaux présentés dans ce chapitre, maisdes documents de référence (voir Bibliographie).

6. La moitié des entrepreneurs n'a pas répondu à cette question. En proportion del'ensemble de l'échantillon, les pourcentages devraient donc être divisés par deux.

7. Dans les deux pays où l'enquête a également touché le milieu rural (Niger etSwaziland), aucune entreprise dans les villages ne respecte le salaire minimum. Ilconvient cependant de noter que cette information porte sur un petit nombre de cas.

8. Réduit à 7 heures pour certains travaux pénibles.

9. Il existe par ailleurs une taxe de 6 pour cent sur les salaires en Algérie.

10. En Thailande, comme les petites entreprises n'étaient pas soumises au moment del'enquête à la réglementation sur la sécurité sociale, on a demandé aux entrepreneurss'ils étaient d'accord avec les dispositions réglementaires à ce sujet, qui devaientdevenir applicables par la suite. Une énorme majorité (82 pour cent) accepte la loi,dans des proportions nettement supérieures à celles des autres réglementations envigueur.

Il. La grande majorité des entrepreneurs algériens est elle-même affiliée à la caisse desécurité sociale.

12. En Jamaïque, les congés-maladie relèvent d'une réglementation particulière qui estdavantage suivie par les entrepreneurs. Environ 40 pour cent des entreprises respectentles règlements dans ce domaine, surtout à Kingston (58 pour cent).

13. Une étude réalisée à la suite de l'accident mortel survenu dans une grande entreprise dejouets à l'Ouest de Bangkok conclut que 63 pour cent des 2 469 établissements

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contrôlés ne sont pas en règle avec les règlements sur la sécurité (Labour ChronicleNo. 9, vol. 99, Bangkok, juin 1993 - en thaï). Dans cette même étude, on apprend que71 pour cent de 32 000 entreprises (incluant donc beaucoup de petites entreprises) nerespectent pas la loi sur les heures supplémentaires ou d'autres dispositions sur lesconditions de travail ou de rémunération.

14. Le statut d'artisan ouvre surtout la porte à des possibilités de subventions et de créditsbonifiés.

15. Les nombreux ajustements du salaire minimum n'ont pas été suivis, ou avec beaucoupde retard, dans les micro-entreprises. Ce phénomène se rencontre dans plusieurs pays.

16. Il n'est pas rare de rencontrer des prises en charge de trajets annuels du villaged'origine au lieu de travail pour les employés originaires de la campagne.

17. En Thaïlande, ces usages existent aussi dans le secteur moderne, la prise en charge dulogement, des transports, de certains soins, etc., pouvant faire partie intégrante descontrats de travail indépendamment de la législation en vigueur.

18. Maldonado (op. ci!.) estime qu'entre 50 et 70 pour cent des actifs du secteur informelafricain perçoivent un revenu inférieur au salaire minimum légal.

19. Dans certains pays, on a vu se développer un phénomène de double activité,particulièrement de la part de fonctionnaires qui prennent parallèlement une occupationde travailleur indépendant ou créent une petite entreprise.

20. Il convient toutefois de signaler qu'une partie de ces jeunes quittent définitivement lemarché du travail urbain: jeunes filles qui se marient (en Algérie, dans la branche dutextile par exemple), travailleurs retournant dans leur village ou migrant à l'extérieur;enfin, une partie d'entre eux deviennent entrepreneurs à leur tour.

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......VI......

Tableau 5.1. Répartition des entreprises selon la structure de l'emploi

Algérie Tunisie Niger Swaziland Thailande Équateur Jamaïque

Tex. Mée. Res. Tex. Mée Res. Tex. Métal Res. Tex. Métal Res. Tex. Métal Res. Tex. Mée Res. Tex. Mée. Res.

Nb. moyen d'actifs 5.6 4.8 5.3 5.8 4.3 4.3 3.9 5.5 3.5 2 6 2.1 4 5.4 2 3.2 3.3 4 2.4 3.4 3

Indépendant 3% 2% 1% 3% 1% 0% 21% 14% 31% 72% 26% 70% 25% 12% 54% 25% 8% 1% 66% 21% 30%seulement

Main-d'oeuvre non 3% 9% 3% - - - 58% 59% 46% - - - 23% 14% 30% - - - - - -payée seulement

Au moins un salarié 94% 89% 96% - - - 21% 27% 23% - - - 52% 74% 16% - - - - - -

Nb. d'entreprises 70 66 134 80 87 92 72 58 74 107 19 66 183 132 188 89 89 89 56 66 54

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......VIN

Tableau 5.2. Composition de la main-d'oeuvre, par secteurs(en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger

Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Tapis Total Tex. Res. Métal. Bois Ven. vêt. Total

Propriétaires 17.8 19.6 24.3 20.0 17.3 23.3 23.4 24.2 21.4 27.2 30.1 19.4 27.5 42.7 28.0

Salariés 78.1 67.5 59.5 69.0 50.8 50.1 43.8 40.2 47.6 27.3 38.2 22.5 22.5 23.1 27.1

Apprentis 4.1 12.9 16.2 11.0 28.1 16.7 30.4 3.0 23.0 31.4 0.4 24.1 27.5 8.7 18.9

Aides fami]' - - - - 3.8 9.9 2.4 32.6 8.0 14.1 31.3 34.0 22.5 25.5 26.0

Swaziland Thailande Équateur Jamaïque

Tex. Res. Métal Bois Ven. vêt. Total Tex. Res. Métal Total Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Bois Total

Propriétaires 61.0 45.1 19.3 35.3 38.9 42.7 26.4 53.4 19.1 29.0 32.5 26.3 33.7 30.5 26.4 20.3 25.0 23.3

Salariés 28.7 53.5 43.0 61.3 61.1 50.2 52.3 26.7 48.8 45.7 54.5 52.9 43.7 50.5 71.6 74.4 57.8 65.3

Apprentis 10.3 1.4 23.7 3.4 0.0 7.1 17.6 0.6 30.7 19.4 5.4 4.6 21.5 10.1 1.2 0.4 15.8 8.6

Aides famil. - - - - - - 3.7 19.3 1.4 5.9 7.6 16.2 1.1 8.9 0.8 4.9 1.4 2.8

Page 154: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.3. Composition de la main·d'oeuvre, par taille d'entreprise(en pourcentage)

Algérie' Tunisie' Niger

indép. 2-5 6-10 >10 Total indép. 2- 5 6-10 >10 Total indép. 2-5 6-10 >10 Total

Propriétaires 100.0 27.4 15.3 8.2 20.0 100.0 28.3 13.7 8.7 21.4 100.0 36.2 15.2 10.6 28.0

Salariés 0.0 64.9 70.5 78.0 69.0 0.0 43.0 53.8 53.6 47.6 0.0 9.3 31.8 56.6 27.2

Apprentis 0.0 7.7 14.2 13.8 11.0 0.0 18.5 26.3 33.9 23.0 0.0 19.0 28.0. 15.4 18.8

Aides fami!. - - - - - 0.0 10.2 6.2 3.8 8.0 0.0 35.5 25.0 17.4 26.0

Swaziland Tha·,lande Équateur Jamaïque

indép. 2-5 6-10 >10 Total indép. 2-5 6-10 >10 Total indép. 2 actifs 3-5 6-10 Total indép. 2-5 6-10 >10 Total

Propriétaires 99.4 41.9 20.9 13.8 42.8 100.0 31.7 13.6 8.0 29.0 100.0 52.3 27.9 15.2 30.5 100.0 31.9 14.6 7.6 23.3

Salariés 0.6 50.6 70.9 74.0 50.1 0.0 39.4 55.6 70.2 45.7 0.0 25.2 52.3 67.1 50.5 0.0 48.0 71.5 87.9 65.4

Apprentis 0.0 7.5 8.2 12.2 7.1 0.0 15.0 28.5 21.8 19.4 0.0 9.3 9.9 11.9 10.1 0.0 14.3 9.8 4.5 8.5

Aides fami!. - - - - - 0.0 13.9 2.3 0.0 5.9 0.0 13.2 9.9 5.8 8.9 0.0 5.8 4.1 0.0 2.8

Nole: II En Algérie et en Tunisie, les tâcherons sont comptés avec les salariés.

Page 155: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.4. Respect des réglementations en matière de droit du travail, par secteurs

Algérie Tunisie Niger

Tex. Res. Méc. Total Tex. Res. Méc. Total Tex. Res. Mét. Bois Ven. vêt. Total

Nonnes sécurité 1 Oui 20 45 12 77 28 45 61 134 4 5 3 2 7 21

hygiène' Non 48 88 50 186 52 47 36 125 68 69 55 36 51 279

SR 2 1 4 7 - - · · 0 0 0 0 0 0

Salaire minimum Oui 20 39 26 85 .2 - - · 1 2 2 2 0 7

Non 17 42 14 73 · - - · 71 n 56 36 58 293

SR 33 53 26 112 · - · · 0 0 0 0 0 0

Durée maximum du Oui 19 40 23 82 65 17 73 155 2 2 1 1 1 7travail Non 51 94 43 188 15 75 14 104 70 n 57 37 57 293

SR 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Paiement d'heures Oui 25 40 37 102 · · · · · . - . ·supplémentaires Non 30 60 26 116 · · - · · - . . ·

SR 15 34 3 52 - · · · - · . . - ·

Sécurité sociale' Oui 48 69 40 157 36 35 56 127 1 3 8 2 0 14

Non 22 65 26 113 44 57 31 132 71 71 50 36 36 286

SR 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Nombre 70 134 66 270 80 87 92 259 n 74 58 38 58 300d'entreprises

NoIes: 1/ Pour la Tunisie, la ligne « Non» correspond au nombre d'entrepreneurs qui « ne respectent pas» la réglementation (29 cas en tout, dont 21 dans le textile, aucun dans larestauration et 8 dans la mécanique) et à ceux qui la respectent « partiellement» (% cas, soit respectivement 31, 47 et 87 dans chaque secteur).

21 Pour la Tunisie, les données sur le versement du SMIG aux salariés ne sont pas disponibles; néanmoins, les résultats de l'enquête tunisienne nous pennettent d'estimer, à partirde la proportion d'actirs touchant au moins le SMIG, que 90 à 100 pour cent des salariés touchent une rémunération au moins égale au SMIG.

31 Pour la Tunisie, les pourcentages indiqués en ligne correspondent à la proportion d'entreprises dans lesquelles les cotisations sociales sont versées pour tous les employés;néanmoins, panni les autres entreprises de l'échantillon, certaines respectent partiellement celte obligation: tous secteurs conrondus, panni les 85 pour cent d'entreprises quine versent pas intégralement (respect total) les cotisations sociales, 61 pour cent les versent pour certains de leurs employés et 24 pour cent ne les versent pour aucun de leursemployés.

Page 156: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

......UlUl

Tableau 5.4. (suite)

Swaziland Thai1ande' Équateur Jamaïque'

Tex. Res. Métal Bois Ven. vêt. Total Tex. Res. Métal Total Tex. Mée. Res. Total Tex. Res.' Mée. Bois Total

Nonnes sécurité 1 Oui 4 28 6 3 14 55 90 29 91 210 - - - - 11 19 24 20 74hygiène Non 103 38 13 34 47 235 Il 6 14 31 - - - - 6 Il 20 24 61

SR 0 0 0 0 1 1 82 153 27 262 - - - - 46 31 31 27 135

Salaire minimum Oui 8 8 4 4 24 48 72 21 79 172 90 83 % 269 17 21 25 21 84

Non 99 58 15 33 37 242 18 10 21 49 10 12 7 29 4 16 18 22 60

SR 0 0 0 0 1 1 93 157 32 283 0 0 0 0 42 24 32 28 126

Durée maximum Oui 35 31 10 7 36 119 63 19 86 168 - - - - 15 Il 20 20 66du travail Non 72 35 9 30 25 J7J 37 13 19 69 - 5 20 21 23 69- - -

SR 1 0 0 0 1 1 83 156 27 266 - - - - 43 30 34 28 135

Paiement d'heures Oui - - - - - - 53 21 65 139 82 72 93 247 10 6 9 9 34supplémentaires Non - - - - - - 39 10 28 77 18 23 10 51 8 23 24 27 82

SR - - - - - - 91 157 39 287 0 0 0 0 45 32 42 35 154

Sécurité sociale Oui 3 5 4 0 8 20 85 26 88 199 48 22 36 106 12 14 14 13 53

Non 104 61 15 37 53 270 18 7 17 42 52 73 67 192 9 21 28 34 92

SR 0 0 0 0 1 1 80 155 27 262 0 0 0 0 42 26 33 24 125

Nombre d'entreprises 107 66 19 37 62 291 183 188 132 503 100 103 95 298 63 61 75 71 270

Notes: Il La question posée était "Do you agree with the following regulations : ; par ailleurs, la question n'a pas été posée à 90 restaurants de rue.21 La ligne « Oui» correspond au nombre d'entreprises qui n 'ont pas déclaré ne pas respecter les différentes réglementations en matière de droit du travail: on y trouve donc les

entreprises qui considèrent qu'elles respectent ces réglementations et celles qui, éventuellement, n'ont pas répondu à la question.

31 Les questions sur le respect de la réglementation du droit du travail ne concernent que les entreprises ayant des actifs rémunérés; les autres apparaissent dans les lignes « sansréponse ». Par ailleurs, on a comptabilisé dans la ligne « Non» les entreprises qui déclarent respecter « parfois» la réglementation (toujours moins de 5 cas).

41 Les chiffres indiqués dans les Irois premières lignes concernent le respect de la réglementation en matière de sécurité des locaux (Occupational Safety Regularions). L'enquêlefournit égalemenlle taux de respect de la réglementation sur l'hygiène dans la restauration (Food Halldlers Pennit) : dans ce secteur, 37 entreprises déclarent la respecler, 4 nela respectent pas et 20 n'ont pas répondu.

Page 157: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

......UI0\

Tableau 5.5. Respect des réglementations en matière de droit du travail, par taille d'entreprise

Algérie Tunisie Niger Swaziland

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Normes sécurité 1 Oui 1 44 19 13 77 - - · - - 1 14 2 4 21 18 24 8 5 55hygiène

Non' 4 130 43 9 186 69 157 34 19 279 148 67 16 4 235- - · - .

SR 0 3 4 0 7 - - - · - 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1

Salaire minimum Oui 0 56 22 7 85 - - - - - 0 1 1 5 7 0 28 15 5 48

Non 0 54 15 4 73 - . - - - 70 170 35 18 293 166 63 9 4 242

SR 5 67 29 Il 112 . - - - . 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1

Durée maximum Oui 3 47 25 7 82 3 100 39 13 155 0 2 0 5 7 41 50 21 7 119du travail

Non 2 130 41 15 188 0 85 17 2 104 70 169 36 18 293 125 41 3 2 171

SR 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1

Paiement d'heures Oui 2 68 25 7 102 - - · - - . . . - - . . - .supplémentaires

Non 1 78 32 5 116 - - · · - - - - - - . - .

SR 2 31 9 10 52 - - - · - - - - - . - - - -

Sécurité sociale Oui 5 99 39 14 157 2 92 25 8 127 0 3 5 6 14 1 10 7 2 20

Non - 78 27 8 113 1 93 31 7 132 70 168 31 17 286 165 81 17 7 270

SR - - - - - 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1

Total 5 177 66 22 270 3 185 36 15 259 70 171 36 23 300 166 92 24 9 291

NOle: Il Dans le cas de l'Algérie, celle ligne correspond au nombre d'entreprises qui ne respectent aucune des obligations en matière d'hygiène et de sécurité ou qui ne respectent quecertaines d'entre elles; ainsi, par exemple, une entreprise peut disposer de l'eau courante mais ne pas avoir d'extincteur. Il faut noter que sur les 186 entreprises ainsidénombrées, seules deux d'enlre elles ne respecteni aucune des obligations, les 184 autres en respectent certaines, mais pas toutes.

Page 158: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.5. (suite)

Thanande' Équateur Jamaïque'

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Nonnes sécurité 1 Oui 10 112 68 20 210 - - - - - - 38 17 19 74hygiène' Non 1 19 II 0 31 - - - - - 3 52 5 1 61'

SR 182 70 9 1 262 - - - - - 82 42 8 3 135

Salaire minimum Oui 9 95 54 14 172 30 176 32 31 269 2 46 16 20 84

Non 2 24 18 5 49 0 22 7 0 29 2 50 8 - 60'SR 182 82 16 2 282 0 0 0 0 0 81 36 6 3 126

Durée maximum du Oui 8 91 55 14 168 - - - - - - 28 18 20 66travail Non 3 37 23 6 69 - - - - - 4 60 4 1 69"

SR 182 73 10 1 266 - - - - - 81 44 8 2 135

Paiement d'heures Oui 8 68 49 14 139 30 153 33 31 247 - 7 9 18 34supplémentaires Non 2 47 25 3 77 0 45 6 0 51 4 67 10 1 82'

SR 183 86 14 4 287 0 0 0 0 0 81 36 6 3 126

Sécurité sociale Oui 10 106 65 18 199 30 33 12 31 106 - 15 16 22 53

Non 1 24 15 2 42 0 165 27 0 192 4 80 7 1 92

SR 182 71 8 1 262 0 0 0 0 0 81 37 7 - 125

Total 193 201 88 21 503 30 198 39 31 298 85 132 30 23 270

Notes: II21

31

415161

71

La question posée était "Do you agree with the following regulations :....... ; par ailleurs, la question n'a pas été posée à 90 restaurants de rue.La ligne « Oui" correspond au nombre d'entreprises qui n'ont pas déclaré ne pas respecter les différentes réglementations en matière de droit du travail: on y trouve doncles entreprises qui considèrent qu'elles respectent ces réglementations et celles qui, éventuellement, n'ont pas répondu à la question.Les questions sur le respect de la réglementation du droit du travail ne concernent que les entreprises ayant des actifs rémunérés; les autres apparaissent dans les lignes « sansréponse ". Par ailleurs, on a comptabilisé dans la ligne « Non" les entreprises qui déclarent respecter « parfois" la réglementation (toujours moins de 5 cas).Dont quatre entreprises de la classe 2-5 qui déclarent respecter parfois la législation en matière de sécurité des locaux.Dont deux entreprises de la classe 2-5 qui déclarent respecter parfois la législation en matière de salaire minimum.Dont cinq entreprises qui déclarent respecter parfois la législation sur le maximum d'heures de travail (trois dans la classe 2-5 et une dans chacune des classes 6-10 et plusde 10).Dont une entreprise qui déclare respecter parfois la législation sur le paiement d'heures supplémentaires.

Page 159: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

.....VI00

Tableau 5.6. Respect des réglementations en matière de droit du travail, par localités

Algérie Tunisie Niger Swaziland Thanande Jamaïque Équateur

C VS T C VS T C VS V T C VS V T C VS T C VS T C VS T

Normes sécurité 1 Oui 62 15 77 - - - 19 2 0 21 32 18 5 55 122 88 210 32 42 74 - - -hygiène

Non 106 81 186 - - - 131 135 13 279 144 72 19 235 14 17 31 8 53 61' - - -SR 2 5 7 0 0 0 0 1 0 0 1 119 143 262 33 102 135 - - -

Salaire minimum Oui 48 37 85 - - - 7 0 0 7 28 20 0 48 lOI 71 172 34 50 84 139 130 269

Non 44 29 73 - - - 143 137 13 293 148 70 24 242 26 23 49 5 55 60' 11 18 29

SR 77 35 112 - - - 0 0 0 0 1 0 0 1 128 154 282 34 92 126 0 0 0

Durée maximum Oui 54 28 82 47 108 155 7 0 0 7 76 43 0 119 101 67 168 30 36 66 - - -du travail

Non 115 73 188 42 62 104 143 137 13 293 100 47 24 171 36 33 69 7 62 69' - - -SR 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 118 148 266 36 99 135 - - -

Paiement d'heures Oui 54 48 102 - - - - - - - - - - 82 57 139 19 15 34 124 123 247supplémentaires

Non 71 45 116 - - - - - - - - - - 44 33 77 Il 71 82' 26 25 51

SR 44 8 52 - - - - - - - - - - - 129 158 287 43 111 154 0 0 0

Sécurité sociale Oui 103 54 157 41 86 127 13 1 0 14 12 8 0 20 116 83 199 28 25 53 52 54 106

Non 66 47 113 48 84 132 137 136 13 286 164 82 24 270 21 21 42 10 82 92 98 94 192

SR 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 118 144 262 35 90 125 0 0 0

Total 169 101 270 89 170 259 150 137 13 300 177 90 24 291 255 248 503 73 197 270 150 148 298

c: capitale; VS : ville secondaire; V : village; T : totalNoIes: 1/ Parmi les 61 entreprises ne respectant pas la législation en matière de sécurité des locaux, quatre disent la respecter parfois, dont trois dans les villes secondaires.

21 Parmi les 60 entreprises ne respectant pas la législation en matière de salaire minimum, deux entreprises situées dans des villes secondaires disent la respecter parfois.31 Parmi les 69 entreprises ne respectant pas la législation en matière d'horaires maximum de travail, cinq disent la respecter parfois, dont quatre dans les villes secondaires.41 Parmi les 82 entreprises ne respectant pas la législation en matière de paiement d'heures supplémentaires, une, située dans une des deux villes principales, dit la respecter parfois.

Page 160: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.7. Algérie et Jamaïque : motifs du non-respect des réglementations en matière de droit du travail, par secteurs

Algérie' Jamaïque

Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Bois Total

Manque d'information 22 47 17 86

Absence de contrôle 15 18 21 54 3 3 4 5 15

Charges sociales trop élevées 24 54 14 92

Coût trop élevé 12 50 12 74 11 5 18

Démarches complexes 1Trop long et fastidieux 2 4 7 3 6 30 20 59......

Suivi trop lourd à gérer 13Ul 4 5 22\0

Production irrégulière 3 3 9 13 28

Manque de confiance dans le gouvernement 0 3 5 5 13

Aucun bénéfice en retour 0 0 0 2 2

Entreprise non enregistrée 0 0 0

Autres raisons 2 8 Il 0 0 0 2 2

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 63 61 75 71 270

Note: 1/ Réponses multiples.

Page 161: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.8. Algérie et Jamaïque: motifs du non-respect des réglementations en matière de droit du travail, par taille d'entreprise

Algérie' Jamaïque

2-5 6-10 >\0 Total 2-5 6-10 >\0 Total

Manque d'infonnation 72 11 2 86

Absence de contrôle 34 18 54 0 12 2 15

Charges sociales trop élevées 76 14 92

Coût trop élevé 2 61 11 0 74 0 18 0 0 18

Démarches complexes / Trop long et fastidieux 0 6 0 7 0 54 4 59

......16 220\ Suivi trop lourd à gérer 4

0

Production irrégulière 24 3 0 28

Manque de confiance dans le gouvernement 0 9 3 13

Aucun bénéfice en retour 0 2 0 0 2

Entreprise non enregistrée 0 0 0

Autres raisons 8 11 0 0 2

Nombre d'entreprises 5 177 66 22 270 81 135 31 23 270

Note: Il Réponses multiples.

Page 162: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

.....0\.....

Tableau 5.9. Motifs du non-respect des réglementations en matière de salaire minimum, par secteurs

Tunisie Niger Swaziland

Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mét. Bois Ven. vêt. Total Tex. Res. Métal Bois Ven. vêt. Total

Manque 1 2 1 4 1 2 2 1 1 7 12 8 4 3 6 33d'infonnationlNe sait pas si

nécessaire

Absence de 0 0 11 11 2 0 0 1 1 4 - - - - - -contrôle

Coat trop élevé 55 50 10 115 - - - - - - 8 3 5 1 4 21

Autres 7 3 50 60 1 0 0 1 0 2 - - - - - -

Nombre 80 92 87 259 72 74 58 38 58 300 107 66 19 37 62 291d'entreprises

Page 163: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.9. (suite)

Tha',lande Équateur

Tex. Res. Métal Total Tex. Res. Mée. Total

Manque d'infonnationl Ne sait pas si nécessaire 0 0 0 0

Absence de contrôle 0 0

Coût trop élevé 7 2 8 17

Non nécessaire/non concerné 3 3 7

......Les employés ont d'autres avantages 4 0 3 7a-

N

Procédures trop complexes 2 3 6 0 0 0 0

Non rentable 3 0 4

Travailleur nouveau 2 0 3

Refus du travailleur 0 0

Non exigé / statut travailleur 5 3 6 14

Autres 4 4 5 13 2 5 8

Nombre d'entreprises 183 188 132 503 100 103 95 298

Page 164: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.10. Motifs du non-respect des réglementations en matière de salaire minimum, par taille d'entreprise

Tunisie Niger Swaziland

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Manque d'infonnation/ Ne sait pas 0 4 0 0 4 1 4 2 0 7 15 17 1 0 33si nécessaire

Absence de contrôle 0 10 1 0 11 0 3 0 1 4 - - - - -

Coût trop élevé 0 75 28 12 115 - - - - - 2 14 3 2 21

Autres 0 40 18 2 60 0 2 0 0 2 - - - - -

Nombre d'entreprises 7 208 60 16 291 70 171 36 23 300 167 91 24 9 291

Page 165: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.10. (suite)

Thanande Équateur

2-5 6-\0 >10 Total 2-5 6-10 >10 Total

Manque d'infonnationl Ne sait pas 0 0 0 0 0si nécessaire

Absence de contrôle 0 0 0

Coût trop élevé 0 8 8 17

Non nécessaire/non concerné 0 4 2 7......~ Les employés ont d'autres avantages 0 3 2 2 7

Procédures trop complexes 3 2 0 6 0 0 0 0 0

Non rentable 0 3 0 4

Travailleur nouveau 0 3 0 0 3

Refus du travailleur 0 0 0

Non exigé! statut travailleur 0 10 4 0 14

Autres 7 5 0 13 0 6 2 0 8

Nombre d'entreprises 193 201 88 21 503 30 198 39 31 298

Page 166: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.11. Motifs du non-respect des réglementations en matière de durée maximum du travail, par secteurs

Tunisie Niger Swaziland Thailande

Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mél. Bois Ven. Total Tex. Res. Métal Bois Ven. Total Tex. Res. Métal Talaivêt. vêt.

Manque d'infonnationJ Ne sait 1 28 2 31 1 1 2 1 1 6 12 10 3 7 4 36 1 1 0 2pas si nécessaire

Absence de contrôle 12 22 9 43 2 0 1 1 0 4 - - - - - - 4 0 2 6

CoOt trop élevé 0 1 0 1 - - - - - - - - - - - - 1 1 0 2

Non nécessaire/non concerné - - - - - - - - - - - - - - - - 19 2 6 27

Les employés ont d'autres - - - - - - - - - - - - - - - - 1 0 4 5avantages

Procédures trop complexes - - - - - - - - - - - - - - - - 1 2 1 4

Autres 2 24 3 29 1 0 0 1 0 2 - - - - - - 10 5 5 20

Nombre d'entreprises 80 92 87 259 72 74 58 38 58 300 107 66 19 37 62 291 183 188 132 503

Page 167: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.12. Motifs du non-respect des réglementations en matière de durée maximum du travail, par taille d'entreprise

Tunisie Niger Swaziland

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Manque d'infonnationl Ne sait pas 0 27 4 0 31 0 4 2 0 6 20 15 1 0 36si nécessaire

Absence de contrôle 0 35 6 2 43 0 3 1 0 4 - - - - -Coût trop élevé 0 0 1 0 1 - - - - - - - - - -

Autres 0 23 6 0 29 0 2 0 0 2 - - - - -Nombre d'entreprises 3 185 56 15 259 70 171 36 23 300 167 91 24 9 291

.....0\ Tha·,lande0\

2-5 6-10 >10 Total

Manque d'infonnationl Ne sait pas si nécessaire 0 0 2

Absence de contrôle 0 3 3 0 6

Coût trop élevé 0 0 2

Non nécessaire/non concerné 0 10 11 6 27

Les employés ont d'autres avantages 0 4 0 5

Procédures trop complexes 0 3 0 4

Autres 14 5 0 20

Nombre d'entreprises 193 201 88 21 503

Page 168: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.13. Motifs du non-respect des réglementations en matière de paiement des heures supplémentaires, par secteurs

Tha',lande Équateur

Tex. Res. Métal Total Tex. Res. Mée. Total

Manque d'infonnation/ Ne sait pas 0 2 3 0 2 3si nécessaire

Absence de contrôle 2 0 3

Non nécessaire/non concerné 20 3 12 35

Les employés ont d'autres avantages 10 5 10 25.....0\-...J Procédures trop complexes 0 0 0 0 0 0

Non rentable 2 5 0 7

Travailleur nouveau 0 0

Refus du travailleur 0 0

Non exigé/ statut travailleur 9 Il 5 25

Autres 7 2 2 11 6 7 3 16

Nombre d'entreprises 183 188 132 503 100 103 95 298

Page 169: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.14. Motifs du non-respect des réglementations en matière de paiement des heures supplémentaires, par taille d'entreprise

Tha",1ande Équateur

2-5 6-10 >10 Total 2-5 6-10 >10 Total

Manque d'information! Ne sait pas 0 2 0 3 0 2 0 3si nécessaire

Absence de contrôle 0 0 2 3

Non nécessaire/non concerné 0 22 11 2 35

Les employés ont d'autres avantages 13 11 0 25......0\00 Procédures trop complexes 0 0 0 0 0 0 0 0

Non rentable 0 5 2 0 7

Travailleur nouveau 0 0 0

Refus du travailleur 0 0 0

Non exigé! statut travailleur 0 23 2 0 25

Autre 10 0 0 11 0 15 0 16

Nombre d'entreprises 193 201 88 21 503 30 198 39 31 298

Page 170: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.15. Motifs du non-respect des réglementations en matière de protection sociale des travailleurs, par secteurs

Tunisie Tha',lande Équateur

Tex. Res. Mée. Tolal Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Total

Manque d'infonnationl Ne sait 0 2 2 4 - - - - 2 3 6 11pas si nécessaire

Absence de contrôle 0 3 9 12 2 0 1 3 - - - -

Non nécessaire/non concerné - - - - 7 1 2 10 - - - -

Coût trop élevé 65 67 21 153 0 0 1 1 - - - -

Procédures trop complexes 0 0 1 1 1 0 0 1 1 1 7 9

Les employés ont d'autres - - - - 8 4 11 23 - - - -avantages

Non rentable - - - - - - - - 2 4 2 8

Refus du travailleur - - - - - - - - 5 7 11 23

Non exigé/statut travailleur - - - - - - - - 29 33 30 92

Démarrage récent - - - - - - - - 1 1 2 4

Travailleur nouveau - - - - - - - - 10 17 18 45

Autres 4 11 37 52 1 2 1 4 11 11 7 29

Nombre d'entreprises 80 92 87 259 183 188 132 503 100 103 95 298

Page 171: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

......-..Jo

Tableau 5.16. Motifs du non-respect des réglementations en matière de protection sociale des travailleurs, par taille d'entreprise

Tunisie Thai1ande Équateur

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Manque d'information! Ne sait pas 0 4 0 0 4 - - - - - 0 11 0 0 11si nécessaire

Absence de contrôle 0 10 2 0 12 0 0 2 1 3 - - - - -

Non nécessaire/non concerné - - - - - 0 6 4 0 10 - - - - -

Coût trop élevé 1 105 34 13 153 0 0 1 0 1 - - - - -

Procédures trop complexes 0 1 0 0 1 0 1 0 0 1 0 8 1 0 9

Les employés ont d'autres avantages - - - - - 1 13 8 1 23 - - - - -

Non rentable - - - - - - - - - - 0 6 2 0 8

Refus du travailleur - - - - - - - - - - 0 16 7 0 23

Non exigé/ statut travailleur - - - - - - - - - - 0 82 10 0 92

Démarrage récent - - - - - - - - - - 0 3 1 0 4

Travailleur nouveau - - - - - - - - - - 0 35 10 0 45

Autres 0 35 16 1 52 0 4 0 0 4 0 26 3 0 29

Nombre d'entreprises 3 185 56 15 259 193 201 88 21 503 30 198 39 31 298

Page 172: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.17. Motifs du non-respect des réglementations en matière d'hygiène et de sécurité des travailleurs, par secteurs

Tunisie Niger'

Tex. Res. Mée. Total. Tex. Res. Mél. Bois Ven. vêt. Toral

Manque d'information! Ne sait pas si nécessaire 4 24 4 32 0 4

Absence de contrôle 8 7 16 31 2 0 0 4

Coût trop élevé 39 13 3 55

Autres 2 3 6 0 0 0 2

Nombre d'entreprises 80 92 87 259 72 74 58 38 58 300

Swaziland Thailande......-.l

Tex. Res. Métal Bois Ven. vêt. Total Tex. Res. Mée. Total......

Manque d'information! Ne sait pas si nécessaire 12 6 4 5 9 36

Absence de contrôle 0 0 3 0 0

Coût trop élevé 0 3 0 5 0 0

Non nécessaire/non concerné 6 2 9

Les employés ont d'autres avantages 5 9 3 17

Autres 0 0 2 0 3 0 2

Nombre d'entreprises 107 66 19 37 62 291 183 188 132 503

Note: Il Le respect des nOnnes d'hygiène et de sécurité n'est pas exigible au Niger.

Page 173: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 5.18. Motifs du non-respect des réglementations en matière d'hygiène et de sécurité des travailleurs, par taille d'entreprise

Tunisie Niger' Swaziland

1 2-5 6-10 >10 Tolal 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Manque d'infonnationl Ne sait pas 0 28 3 1 32 0 4 0 0 4 8 22 5 1 36si nécessaire

Absence de contrôle 0 25 3 3 31 0 3 0 1 4 1 1 0 1 3

Coût trop élevé 2 40 II 2 55 - - - - - 0 2 2 1 5

Autres 0 6 0 0 6 0 2 0 0 2 0 1 1 1 3

Nombre d'entreprises 3 185 56 15 259 70 171 36 23 300 167 91 24 9 291

......-.lN

Thanande

2-5 6-10 >10 Total

Manque d'infonnationl Ne sait pas si nécessaire

Absence de contrôle 0 0 0

Coût trop élevé 0 0 0

Non nécessaire/non concerné 6 2 0 9

Les employés ont d'autres avantages 0 II 6 0 17

Autres 0 2 0 0 2

Nombre d'entreprises 193 201 88 21 503

NOIe: II Le respect des normes d'hygiène et de sécurité n'est pas exigible au Niger.

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Chapitre 6

Le respect des obligations fiscales

La fiscalité est un problème primordial pour les micro-entreprises, pour denombreuses raisons. Pour les collectivités locales comme pour l'État, l'idée delaisser échapper à tout impôt un large secteur d'activité est inadmissible. Même sil'État ne fait pas respecter le droit du travail, les normes de sécurité ou d'hygiène, oul'obligation d'enregistrement, il reste une contrainte qu'il voudra faire respecter,celle de l'impôt. D'autre part, les moyennes ou grandes entreprises feront pressiondans ce sens en reprochant une concurrence illégale des micro-entreprises. Mais dupoint de vue de ces entreprises, cette contrainte est évidemment la plus pénible parceque la plus coûteuse. S'il s'agit d'une taxe forfaitaire assez élevée, c'est même unemenace pour la survie de l'entreprise puisqu'il faut verser à l'État une somme fixechaque année alors que les recettes sont très variables. Tirant parti de leur mode defonctionnement (absence de comptabilité, paiements en espèces), les micro­entreprises vont essayer de frauder ou de pratiquer l'évasion fiscale. Ce compor­tement peut se justifier par l'absence de contrepartie. Souvent, ces entreprises sontinstallées dans des banlieues déshéritées où la plupart des infrastructures font défautou sont mal entretenues et où les écoles n'assurent pas une formation sérieuse desjeunes. Dans ces cas, le risque est grand de voir se développer des zones qui viventcomplètement en dehors du cadre légal, avec des entreprises appartenant toutes ausecteur informel au sens strict. Ainsi, quel que soit le bien-fondé des autresréglementations, il est clair que le respect des obligations fiscales demeure lacondition même du fonctionnement d'un Etat.

Nous verrons d'abord les caractéristiques de ces obligations avant de présenternos résultats sur le respect de ces obligations dans six pays, la Jamaïque ayant étéexclue parce qu'il a été impossible de poser des questions directes sur ce sujet aucours des entretiens.

Les contraintes fiscales

La situation des micro-entreprises diffère selon qu'il s'agit de la fiscalitédirecte ou de la fiscalité indirecte. La première comprend des impôts prélevés parl'État comme l'impôt sur les bénéfices et les taxes locales. D'habitude, on pense que

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Page 175: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

les micro-entreprises paient relativement moins d'impôts directs, à la fois en raisonde dispositions légales et à cause de la fraude. Par exemple, certains impôts netouchent que les sociétés, d'autres comportent un seuil minimum au-dessous duquelles résultats de l'entreprise ne sont pas imposables. Par ailleurs, les entreprises quifonctionnent complètement en dehors du cadre légal ne peuvent être connues etcontrôlées par l'administration fiscale. Même celles qui sont enregistrées etacquittent certains impôts ont beaucoup de facilités pour frauder en raison de leurmode de fonctionnement : pas de comptabilité, des transactions en liquide, un patronqui seul assure ces transactions et connaît la situation financière de son entreprise.Notons cependant que les moyennes et grandes entreprises ont également desmoyens pour frauder ou recourir à l'évasion fiscale, même s'ils sont différents. Sil'on considère les pourcentages d'entreprises assujetties à l'impôt, ils sont moinsfaibles que l'on le croit. Par exemple, même dans un pays pauvre comme la Bolivie,une enquête révèle que 59 pour cent des micro-entreprises paient l'impôt sur lesbénéfices l . Manifestement, la politique fiscale de l'État est soumise à deuxcontraintes. Comme il existe dans beaucoup de pays en développement un déficitbudgétaire, il apparaît indispensable d'élargir la base de l'assiette fiscale, de mêmeque l'on tente d'assujettir à l'impôt sur les salaires tous les salariés du secteurmoderne. Mais en imposant le respect des obligations fiscales par des contrôles etdes sanctions, l'État prend le risque d'acculer une partie de ces micro-entreprises à lafaillite ou de réduire à rien leurs marges bénéficiaires. Comme l'accès de cesentreprises aux crédits des banques, ou du secteur financier informel, est très limité(chapitre 4), cette réduction des marges empêche tout investissement et exclut touteembauche. D'autre part, il faut rappeler que ces entreprises fonctionnent habituel­lement sur des marchés concurrentiels, tandis que les grandes entreprises, peunombreuses sur leur marché et protégées par les tarifs douaniers, bénéficient d'uncontexte peu concurrentiel qui leur permet de reporter les impôts directs sur lesconsommateurs, ce qui est impossible pour les micro-entreprises. Plus l'État accroîtla pression fiscale sur ces micro-entreprises, plus il provoque des faillites et bloquele développement de ces entreprises. Cette politique de fiscalisation est donccontrecarrée par le souci d'aider ces entreprises par des actions spécifiques afinqu'elles offrent de plus en plus de biens et de services bon marché aux ménages àbas revenus et surtout afin qu'elles embauchent, étant donné que la pressiondémographique ne cesse de s'aggraver en milieu urbain sans que l'on puisse espérerune solution au chômage du côté des grandes entreprises. Au contraire, lesprogrammes d'ajustement structurel des années 80 ont conduit celles-ci à réduireleurs effectifs.

La situation des micro-entreprises à l'égard des autorités locales, comme lesmunicipalités, est certainement moins favorable. En effet celles-ci connaissent mieuxces entreprises que l'administration centrale compte tenu de la proximité entreartisans et autorités compétentes. D'autre part, les taxes locales sont souventforfaitaires et donc de caractère régressif: elles frappent d'autant plus l'entrepriseque celle-ci est plus petite. On néglige à tort cette fiscalité locale, car elle peut êtreplus lourde que celle imposée par l'État et elle touche davantage de micro­entreprises. Cette fiscalité locale s'est beaucoup développée dans les années 80 àmesure que l'État se déchargeait de certaines dépenses sur les municipalités enraison de l'aggravation du déficit budgétaire. Dans certains cas, l'accumulation destaxes locales et nationales peut être lourde. Ainsi, au Bénin, la taxe d'emplacement

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Page 176: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

sur les marchés atteint 200 francs CFA par jour et l'ensemble des taxes dépassenettement, à revenu égal, l'impôt payé par un salarié. Ces taxes locales sont denature hétérogène : elles frappent beaucoup plus les activités visibles que les autreset elles sont parfois mal administrées ; dans certaines villes africaines par exemple,tous les tailleurs sont taxés dans une rue, mais non dans la rue suivante. Il faut enfintenir compte de la corruption : une enquête sur les chauffeurs de taxi au Niger amontré que les sommes qu'ils versent aux policiers, et au profit de ceux-ci, peuventatteindre 15 pour cent de leurs recettes totales2•

Dans beaucoup de pays en développement, la fiscalité indirecte comptedavantage que la fiscalité directe. Il est donc nécessaire d'apprécier son incidence surl'activité des micro-entreprises. Si ces entreprises fonctionnent complètement endehors du cadre légal et ne prélèvent pas une taxe à la vente au consommateur, ellesbénéficient d'un avantage sur les autres entreprises puisqu'elles peuvent vendremoins cher. En revanche, lorsque les mêmes entreprises achètent des biensintermédiaires, elles vont payer les mêmes taxes que le consommateur final alors queles autres entreprises achètent hors taxe. C'est ce que souligne de Soto3 en prenantcomme exemple les transporteurs du secteur informel qui paient les mêmes taxes surles carburants que les ménages. Un système de taxes à la vente décourage lapromotion de la sous-traitance au bénéfice des petites entreprises4 puisqu'il entraîneune accumulation de prélèvements, tandis qu'une taxe sur la valeur ajoutée est enprincipe neutre. Mais l'application de cette taxe aux micro-entreprises pose desproblèmes car elles n'ont généralement pas la comptabilité requise, ce qui lesempêche de bénéficier entièrement des mécanismes de report. Comme on le voit, ilest très difficile d'évaluer l'incidence finale de tous les impôts indirects sur lesmicro-entreprises étant donné qu'elles sont avantagées, ou désavantagées, selonl'opération et le secteur d'activité. Il faudrait procéder à des enquêtes fiscales trèsdétaillées pour dresser un bilan, ce qui n'a pu être fait dans le cadre de nos études.

Toute analyse de la fiscalité doit prendre en compte aussi les dépensespubliques en faveur des micro-entreprises, car les artisans ne sont pas nécessairementopposés à la fiscalité, mais ils veulent en percevoir la contrepartie. Ainsi, en Guinée,d'après une enquête auprès des petites entreprises (dix à 20 actifs), 20 pour cent despersonnes se plaignent de payer trop de taxes tandis que 40 pour cent se plaignentd'abord de ne pas bénéficier des services publics comme l'accès à l'eau et àl'électricitéS. Il y a là en quelque sorte un détournement des recettes fiscales auxyeux des contribuables. Ces réactions s'expliquent par le fait que, souvent, les micro­entreprises sont installées dans des quartiers défavorisés où l'État et les collectivitéslocales n'assurent pas les infrastructures indispensables6. La solution peut être unegestion conjointe des équipements ; ainsi, on a créé à Douala (Cameroun) unesociété parapublique qui collecte des recettes auprès des commerçants et entretientles installations du marché. On peut se demander, en allant plus loin, si une solutionadaptée aux micro-entreprises ne serait pas la transformation de certaines taxes,notamment celles des collectivités locales, en redevances ; la redevance étant unprélèvement obligatoire qui donne l'accès à certaines prestations.

Cette idée nous a conduit à interroger dans certains pays les personnessoumises à l'enquête pour connaître leurs réactions à la proposition d'une redevanceau lieu d'une taxe. Mais nous allons en premier lieu voir dans quelle mesure lesobligations fiscales sont respectées.

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Les tableaux 6.1, 6.2 et 6.3 réunissent une information très complète sur cesujet puisqu'ils nous indiquent le respect de chaque impôt selon le secteur, la taille etla localisation de l'entreprise. Ils nous donnent une vue d'ensemble que nouspréciserons ensuite en entrant dans le détail des systèmes fiscaux de chaque pays.Contrairement à ce que l'on pourrait croire, dans aucun pays les micro-entreprises nebénéficient d'une exemption fiscale généralisée. Néanmoins, la pression fiscale variebeaucoup d'un pays à l'autre: le poids des obligations fiscales est le plus lourd enAlgérie tandis qu'il est le plus réduit dans les deux pays les plus pauvres, ceuxd'Afrique sub-saharienne. En effet, au Niger et au Swaziland, la seule obligation quitouche la majorité des entreprises est la patente; de plus, son montant est très faibleau Swaziland. Comme la patente est liée à l'enregistrement dont les entreprises ontsouvent besoin pour fonctionner, celles-ci sont obligées de la payer. En revanche, laTVA ou l'impôt sur les bénéfices ne sont acquittés que par 10 pour cent desentreprises au Niger, tandis qu'au Swaziland 40 pour cent environ respectent la taxesur les ventes. Mais des impôts locaux comme la taxe sur les marchés ou lacontribution foncière sont respectivement payés par 41 pour cent et 29 pour cent desmicro-entreprises au Niger, ce qui confirme l'hypothèse d'une assiette plus largepour la fiscalité locale.

L'Algérie se situe à l'opposé : la majorité des entreprises y respecte les quatreimpôts: la TVA, l'impôt sur les bénéfices, la TAlC (Taxe sur l'activité industrielle etcommerciale) et la taxe foncière, et le pourcentage dépasse même 80 pour cent pourles deux premiers impôts. Dans ce pays, les micro-entreprises sont manifestementtrès contrôlées par l'administration fiscale. Le contraste est net avec le pays voisin,la Tunisie, où les entreprises sont assujetties seulement à la taxe locative et à lapatente. Mais cette dernière obligation est respectée par presque toutes les entreprisesen dehors du secteur des tapis (soit 248 sur 259). En Équateur et en Thai1ande, unelarge majorité d'entreprises règle également certains impôts: environ 70 pour centen Équateur sont assujetties à la patente et à l'impôt sur les bénéfices, 60 pour centen Thai1ande s'acquittent de la taxe sur le chiffre d'affaires (sans compter 5 pourcent qui en sont dispensées mais règlent d'a'!tres taxes). Ainsi, dans ces quatre paysà revenu intermédiaire (Algérie, Tunisie, Equateur et Thai1ande), le secteur desmicro-entreprises est fiscalisé dans une large mesure: la proportion d'entreprises quirèglent un ou plusieurs impôts varie des deux tiers à plus de 90 pour cent. Ce constatest essentiel parce qu'il contredit la vision d'un secteur informel qui fonctionneraiten partie en marge du cadre légal et notamment qui échapperait dans la majorité descas à toute obligation fiscale. De plus, même dans les pays les plus pauvres, lamajorité des entreprises est assujettie au moins à un impôt.

L'examen du degré de respect des impôts en fonction de la taille (tableau 6.2)montre que ce facteur joue un rôle très significatif : dans la plupart des pays, ilexiste effectivement des micro-entreprises qui échappent dans leur majorité à toutimpôt, mais ce sont seulement les indépendants. En revanche, pour les autres, lerespect des obligations fiscales domine et cela de plus en plus ~ mesure que la tailleaugmente. La spécificité du cas des indépendants est manifeste : au Niger, ils nepaient jamais l'impôt sur les bénéfices ou la TVA (qui sont établis sur une baseforfaitaire pour les micro-entreprises), et échappent en majorité à la patente. Demême, au Swaziland, plus des deux tiers ne paient pas la TVA. En Tunisie,l'échantillon comprend seulement sept indépendants : cinq ne paient aucun impôt.

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En Thaïlande, la taxe sur le chiffre d'affaires n'est pas réglée par 60 pour cent desindépendants tandis qu'elle l'est par 72 pour cent des entreprises ayant deux à cinqactifs. Enfin, en Équateur, les trois quarts des indépendants échappent à la patente (etles deux tiers à l'impôt sur les bénéfices) qui est payée par 73 pour cent desentreprises de deux à cinq actifs. A l'opposé, les entreprises de dix à 20 actifsrespectent dans la plupart des cas leurs obligations fiscales. Même dans les payspauvres, elles sont souvent fiscalisées : au Swaziland, la majorité paie la TVA etl'impôt sur les bénéfices, au Niger, elles règlent ces deux impôts une fois sur trois(dans les deux pays, il s'agit de forfait pour les micro-entreprises).

La localisation devrait exercer aussi une influence sur la fiscalisation desmicro-entreprises puisque l'administration contrôle plus difficilement les entreprisesdes villages ou des petites villes que celles de la capitale. Les données du tableau 6.3confirment cette hypothèse dans la majorité des pays, mais avec des exceptions.Dans les deux pays sub-sahariens, c'est très clair. Au Niger, la patente payée par plusdes trois quarts des entreprises à Niamey l'est moins souvent dans les villessecondaires et presque jamais dans les villages? La TVA ou l'impôt sur les bénéficesne sont réglés qu'à Niamey. De même, au Swaziland, personne dans les villages nepaie l'impôt sur les bénéfices. En Tunisie, on constate aussi un net contraste entre lasituation à Tunis et celle à Sfax ou pour les tapis à Kairouan : la patente et la taxelocative sont presque toujours respectées dans la capitale, ce qui souvent n'est pas lecas ailleurs. Les mêmes différences existent en Équateur, mais d'une manière moinstranchée. En revanche, la localisation n'a pas d'incidence en Algérie et en Thaïlande.En Algérie, le degré de respect des obligations fiscales est le même dans les villessecondaires qu'à Alger; en Thaïlande, on note même l'écart opposé: cet impôt (enfait une taxe sur le chiffre d'affaires), est relativement mieux respecté dans les villessecondaires qu'à Bangkok. Pour les autres impôts, il n'y a pas de différence.Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces deux exceptions. D'abord, les adminis­trations des pays pauvres manquent de moyens et ont beaucoup de mal à contrôlerles zones rurales8, tandis que les pays à revenu intermédiaire fournissent à leursadministrations les moyens de fonctionner. D'autre part, dans le cas de l'Algérie, lesecteur public joue un rôle prépondérant depuis trente ans et contrôle étroitement lesecteur privé conformément à l'option du socialisme étatique. En Thaïlande, ilsemble que le déséquilibre entre la capitale et les villes secondaires (Bangkok a8 millions d'habitants tandis que la seconde ville du pays n'a que 200 000 habitants)explique un contrôle administratif moins étroit dans la capitale qu'ailleurs. Lespratiques administratives jouent aussi un rôle; au Niger, par exemple, l'assiette del'impôt est estimée d'après le registre du cadastre, qui n'existe que dans les villesprincipales.

L'analyse de la fiscalité par pays peut se faire en allant des cas simples àl'Algérie, où le système fiscal est le plus contraignant. Les pays où ce système est defacto le plus léger sont les moins développés, Niger et Swaziland, ainsi que laTunisie.

Au Niger, le seul impôt respecté par beaucoup de micro-entreprises est lapatente. Celle-ci a un double caractère: c'est à la fois un impôt et une conditionpour une reconnaissance légale puisqu'elle est exigée pour l'enregistrement,formalité à laquelle sont astreintes en principe toutes les entreprises et dont on doitapporter la preuve en plusieurs occasions (prêt bancaire ou commande publique, par

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exemple). C'est à cause de ce lien avec l'enregistrement que la plupart des entre­prises de l'échantillon (si l'on exclut les indépendants) paient la patente. Cet impôtcomprend trois composantes :

a) un droit fixe, variable selon la classe à laquelle a été affectée l'entreprise;b) un droit proportionnel égal à 12.5 pour cent de la valeur locative (et

nécessairement égal à 25 pour cent du droit fixe) ;c) les centimes additionnels (soit 30 pour cent de la somme des deux droits

précédents).

La patente, collectée par l'administration centrale, est reversée aux collectivitéslocales dont elle représente la principale ressource9. Elle présente l'inconvénient decréer des effets de seuil qui freinent l'extension de l'entreprise (par exemple, lalocation d'une seconde pièce va relever les composantes b) et c). Par ailleurs, leclassement dont dépend le droit fixe est parfois arbitraire. Ces inconvénients serépercutent sur d'autres impôts puisque l'impôt sur les bénéfices est défini commeun multiple de la patente. En cas de contraction de la demande, cet impôt peut êtreinsupportable, car il n'est pas lié au niveau effectif des ventes ou des bénéfices, maisà une estimation de la capacité de production. Ces incohérences se manifestent pardes variations considérables du rapport patente/chiffre d'affaires. Ainsi, cette chargefiscale passe de 1 pour cent pour le commerce d'alimentation ou de vêtements à13 pour cent et 7 pour cent pour le travail du métal ou du bois. On note égalementde grandes disparités selon la localisation : de 0.5 pour cent dans les villages, à2.3 pour cent à Dosso et 6.4 pour cent à Niamey.

Les entreprises peuvent être assujetties à deux autres taxes locales: la contri­bution foncière sur les propriétés bâties et la taxe sur les marchés, qui touchent assezsouvent les entreprises de l'échantillon comme nous l'avons vu (29 et 41 pour centrespectivement). La première correspond à un pourcentage de la valeur locative de lapropriété (y compris les équipements), la seconde à une somme fixe (l00 à 200 FCFA) que tous les commerçants installés sur un marché doivent verser chaque jour.La nature de cette taxe explique qu'elle soit payée par 60 à 70 pour cent descommerçants (restauration ou vêtements) et seulement par 15 à 25 pour cent desartisans (confection, métal, bois), c'est-à-dire par tous ceux qui vendent sur lemarché. Elle est acquittée à peu près dans les mêmes proportions à Niamey, à Dossoet dans les villes secondaires. En revanche, la contribution foncière n'est perçue qu'àNiamey (57 pour cent des entreprises).

L'État prélève pour l'administration centrale l'impôt sur les bénéfices indus­triels et commerciaux et la TVA. De fait, le premier est un impôt forfaitaire pour lesmicro-entreprises, puisque c'est un multiple du droit fixe de la patente. Le second nerespecte pas la logique d'une TVA s'il s'agit de micro-entreprises, puisque c'est unforfait calculé à partir de l'impôt sur les bénéfices. Comme on le voit, le classementd'une entreprise pour la patente joue un rôle déterminant puisque ces autres impôtsen dépendent et ne varient pas quelle que soit l'évolution du bénéfice d'une année àl'autre. Mais ces deux impôts directs touchent très peu d'entreprises (environ10 pour cent) ; ils ne sont perçus qu'à Niamey, auprès de 20 pour cent des personnesinterrogées. Les entreprises sans salarié ne sont pratiquement pas concernées tandisque celles ayant plus de cinq actifs les paient assez souvent (22 pour cent pourl'impôt sur les bénéfices, 27 pour cent pour la TVA).

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Si l'on considère l'ensemble des impôts, on voit que le système fiscal du Nigera un caractère dualiste. En dehors de Niamey, les micro-entreprises ne sontassujetties qu'à des taxes locales, comme la patente et, s'il s'agit de commerçants, lataxe sur les marchés qui touchent la majorité de ceux-ci. Dans les villages, on neperçoit aucun impôt. A Niamey, en revanche, il faut ajouter trois impôts : lacontribution foncière et, pour les entreprises ayant plus de cinq actifs, l'impôt sur lesbénéfices et la TVA. Ainsi, l'administration centrale ne contrôle que les micro­entreprises de la capitale.

Au Swaziland, il n'y a pas de différence de principe quant aux obligationsfiscales selon le type d'entreprise. Toutefois, on applique, comme au Niger, desmodalités particulières aux micro-entreprises. Pour celles-ci l'impôt sur le revenun'est pas calculé en fonction des bénéfices, mais il s'agit d'un impôt forfaitairedéterminé par un fonctionnaire d'après des signes extérieurs tels que le niveau de viedu contribuable. Cette méthode entraîne dans certains cas un taux d'imposition trèsélevé. L'entreprise qui paie cet impôt reçoit un certificat dont elle a besoin pourcertaines opérations (comme acheter ou vendre des actifs, une voiture ou uncamion). Par ailleurs, les micro-entreprises doivent régler une taxe de 10 pour centsur les intrants importés. Enfin, l'acquisition de la licence donne lieu, comme nousl'avons vu (chapitre 3), à une imposition, mais dont le montant est faible. L'appli­cation de ces divers impôts dépend surtout de la taille de l'entreprise: la licence estpayée par la plupart des entreprises à l'exception des indépendants, l'impôt sur lerevenu seulement par ceiles ayant plus de cinq actifs (pour 65 pour cent), enfin,l'impôt sur les achats d'intrants touche pour moitié celles de deux à cinq actifs etpour 88 pour cent les plus grandes 10.

Dans ces deux pays africains pauvres, l'emprise de l'administration fiscale estliée à la visibilité des micro-entreprises. Au Niger, par exemple, seules les collec­tivités locales perçoivent des taxes en dehors de la capitale ; dans ce pays comme auSwaziland, les indépendants échappent pour la plupart à tout impôt tandis que seulesles entreprises de plus de cinq actifs acquittent assez souvent l'impôt sur lesbénéfices. Qu'il s'agisse du Swaziland ou du Niger où il existe une législationfiscale élaborée et assez complexe, il est clair que la faiblesse des revenus des micro­entreprises (notamment celles de un à cinq actifs) empêche toute extension dusystème fiscal.

Pour la Tunisie, il s'agit semble-t-il d'une autre raison: la pression fiscale estrelativement légère parce que les autorités veulent favoriser ce genre d'entreprises.La législation, en effet, stipule que l'impôt sur les bénéfices fixé à 35 pour cent pourles sociétés est limité à la pour cent pour les petites entreprises. De plus, elle prévoitun impôt forfaitaire (la patente) dès lors que le chiffre d'affaires ne dépasse pas15 000 à 30 000 dinars selon les secteurs. L'administration fiscale contrôle leversement de cette patente; d'autre part, toute participation à des marchés publics del'État ou des collectivités locales est subordonnée à l'attestation d'une situationfiscale en règle. Comme la taxe locative figure sur le même imprimé fiscal que lapatente, les entreprises règlent d'habitude les deux impôts conjointement. Ces impôtssont payés pratiquement par toutes les entreprises, en dehors du secteur des tapis,comme nous l'avons vu. Mais le respect de ces obligations fiscales est peut-êtresurestimé en raison de la nature du fichier de base (dont l'échantillon est extrait) quiexclut les entreprises vivant dans la totale illégalité.

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Par ailleurs, les collectivités locales sont autorisées à percevoir une redevanceau titre de l'enlèvement des déchets. Cette taxe n'a été instituée qu'à Tunis parmi lesvilles de notre échantillon. La moitié des entreprises de l'échantillon à Tunis la paie,ce pourcentage variant de 93 pour cent pour la restauration à 23 pour cent pour laréparation mécanique.

Le système fiscal en Thaïlande semble comparable à celui de la Tunisie dans lamesure où la pression fiscale sur l'entreprise est assez légère. La taxe sur le chiffred'affaires (qui vient d'être remplacée par la TVA) était fixée d'une manièreforfaitaire pour les petites entreprises, le taux allant de 150 bahts par mois (pour unchiffre d'affaires inférieur à 5 000 bahts) à 800 bahts (pour un chiffre d'affairesinférieur à 40 000 bahts). Dans les cas où ce calcul a pu être fait, on a estimé quecette taxe représentait moins de 5 pour cent de la valeur ajoutée. Comme on l'a vu,le respect de cette taxe dépend étroitement de la taille de l'entreprise. Mais le secteurd'activité joue aussi un rôle parce que dans le secteur du vêtement beaucoupd'entreprises travaillent en sous-traitance et, souvent, l'accord avec le donneurd'ordre prévoit que celui-ci réglera cette taxe. Si une grande majorité d'entrepreneurs(indépendants exclus) paie la taxe sur le chiffre d'affaires, en revanche, l'adminis­tration ou les autorités locales ne se soucient guère de faire payer d'autres taxes,comme la taxe d'enregistrement, la taxe locale ou la taxe sur les enseignes qui sontréglées seulement par 20 pour cent des micro-entreprises. Ce pourcentage sous­estime le nombre de contribuables parce que certains la paient sans y porter attentionétant donné que la taxe d'enregistrement est versée en même temps que celle sur lechiffre d'affaires. Ce tableau d'un système fiscal assez favorable doit toutefois êtrenuancé par le fait que nous n'avons pas pris en compte l'impôt sur le revenuindividuel. Or, d'après l'enquête, celui-ci touche la moitié des entrepreneurs(indépendants exclus)lI. Nous ne disposons pas d'informations sur le montant de cetimpôt, mais celui-ci peut être plus élevé que la taxe sur le chiffre d'affaires l2 et lacharge cumulée de ces deux impôts dépasse certainement celle supportée parl'artisan tunisien ayant un revenu comparable.

L'Équateur présente une situation intéressante puisque les micro-entreprisespeuvent bénéficier d'un statut spécial et d'avantages particuliers si elles sontdéclarées. Mais dès lors qu'elles sont déclarées et inscrites au registre unique descontribuables, il leur est difficile d'éviter leurs obligations fiscales. C'est ce quiexplique des pourcentages élevés de contribuables si l'on exclut les indépendantspour les trois impôts: la TVA, l'impôt sur le revenu et la taxe municipale (70 pourcent pour les entreprises de deux à cinq actifs, près de 90 pour cent pour celles ayantcinq à dix actifs). Ces pourcentages concernent uniquement les entreprises assujettiesà ces impôts, et non l'ensemble. Cette distinction est indispensable car leur statutpermet à certaines entreprises d'être exonérées ; par exemple, 15 pour cent desentreprises de six à dix actifs sont exonérées de l'impôt sur le revenu. Il est probableque les exonérations contribuent à relever ces pourcentages car elles bénéficient enpartie à des entreprises qui auraient des difficultés à faire face à leurs obligationsfiscales. D'autre part, l'existence d'un statut spécial avec des avantages et desexonérations incite les entreprises à jouer le jeu de la légalité. Le degré de respectdes taxes varie à la fois selon la taille, comme ces chiffres l'indiquent, et selon lesecteur : les pourcentages de contribuables sont nettement plus faibles dans la

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production de vêtements parce qu'il s'agit d'une activité qui peut se faire à domiciled'une manière beaucoup moins visible que la restauration, par exemple.

L'enquête sur l'Équateur nous donne une information intéressante, qui n'estpas disponible ailleurs, à savoir la date de création de l'entreprise. On constate que letaux de fiscalisation dépend de cette date. Par exemple, 92 pour cent des entre­prises l3 créées avant 1970 paient la TVA ou en sont exonérées, mais seulement56 pour cent s'il s'agit d'entreprises créées depuis 1990. De même, 92 pour cent desentreprises du premier groupe s'acquittent de l'impôt sur le revenu contre 68 pourcent du second. Ces différences importantes montrent que l'intégration des micro­entreprises dans le cadre légal prend du temps. A la différence des entreprises plusgrandes qui respectent les réglementations dès leur établissement, c'est seulementaprès quelques années que certaines micro-entreprises peuvent faire face à leursobligations fiscales ou préfèrent passer d'un statut semi-Iégal à la légalité avec tousles coûts et avantages de celle-ci.

En Algérie, la majorité des micro-entreprises respecte, comme en Équateur, sesobligations fiscales, mais pour une autre raison : la sévérité des contrôles et lesinconvénients de l'illégalité dans un pays où le secteur public, ou parapublic, estomniprésent. L'État prélève d'abord la TUGP ou la TUGPS (taxe unique globale à laproduction ou sur la prestation de services), qui ont été récemment remplacées par laTVA. Si le chiffre d'affaires est inférieur à 600 000 dinars dans les services ou900 000 dinars dans la production, ce qui est le cas pour la plupart des micro­entreprises, le contribuable a le choix entre le régime du réel et un forfait parévaluation administrative. L'inspection des Impôts du chef-lieu d'arrondissement fixece forfait après avoir demandé l'avis du contribuable, mais il est exceptionnel qu'elleen tienne compte. L'État prélève ensuite l'impôt sur les bénéfices. De nouveau, il y ale choix entre le régime du réel (auquel sont assujetties environ le quart des micro­entreprises) et le forfait. Toutefois, même dans ce cas, l'administration peut procéderà des contrôles et à des redressements.

Les principaux impôts locaux sont la TAlC (taxe sur l'activité industrielle etcommerciale) et la taxe foncière, à laquelle s'ajoute parfois la taxe d'assainissement.Il faut enfin rappeler que si l'entrepreneur a d'autres sources de revenus, ce qui estrare, il est soumis à l'impôt complémentaire sur le revenu qui est progressif.

En raison des contrôles fiscaux, la plupart des micro-entreprises (85 pour cent)tiennent au moins une comptabilité sommaire qui se résume à un recensement desrecettes et des dépenses. De plus, beaucoup (72 pour cent) recourent à un bureau decomptabilité pour les aider et surtout pour être conseillées et défendues en cas decontrôle.

Dans ces conditions, les contraintes fiscales semblent plus pesantes en Algériequ'ailleurs, à la fois parce que la pression fiscale est plus lourde et parce que lenombre d'entreprises assujetties est relativement plus élevé. On a estimé le degré depression fiscale (les impôts en pourcentage du chiffre d'affaires) pour les entreprisesde trois salariés14. On obtient les chiffres respectifs de 7 pour cent ou 20 pour centselon que l'on exclut ou inclut la TUGP et la TUGPS. Le premier chiffre est élevédans la mesure où l'on se réfère au chiffre d'affaires et non au bénéfice net quireprésente moins de 20 pour cent, ou moins de la pour cent, des ventes dans desentreprises de cette taille. D'autre part, la plupart des entreprises (83 pour cent)paient les taxes de l'État, même si le respect des impôts locaux est moins général

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(55 pour cent pour la ,TAlC et la taxe foncière). Il est significatif que le taux derespect des taxes de l'Etat est le même, approximativement, quelle que soit la taillede l'entreprise, ou la localité15• Cela prouve l'emprise de l'administration fiscale surtoutes les entreprises et sur tout le territoire, à la différence de ce que l'on a observédans d'autres pays. Tous les patrons des entreprises de l'échantillon, à une exceptionprès, ont déclaré spontanément leurs activités à l'administration fiscale, alors mêmequ'ils se plaignent de la pression fiscale ou de l'arbitraire de cette administration. Uncomportement aussi civique en apparence s'explique surtout par l'emprise del'administration fiscale et par la quasi-impossibilité d'éviter, même pour une micro­entreprise, des relations avec le secteur public ou parapublic.

Les motifs de non-respect de la fiscalité

Lorsque des entreprises ne respectent pas leurs obligations fiscales, on peutimaginer deux genres d'explications. La première serait que les entrepreneursconnaissent mal ces obligations ou qu'ils ne sont pas contrôlés. En effet, même s'ilssont au courant et si les sommes à verser sont faibles à leurs yeux, ils seront enclinsà ne pas payer s'il n'existe aucun contrôle. L'autre explication tient au coût del'impôt: un coût monétaire trop élevé par rapport au revenu du contribuable ou uncoût en temps (nécessité de longues démarches alors que ce contribuable est très prispar l'activité de son entreprise). Dans ce cas, l'entrepreneur est au courant et saitqu'il risque un contrôle. Mais il préfère prendre ce risque pour éviter un coût enargent ou en temps. Un tel comportement peut être tout à fait rationnel si, parexemple, un contribuable sur 20 est contrôlé chaque année et si l'amende s'élèveseulement au double de la somme due pour l'année. Il est intéressant de connaîtrel'importance respective de ces deux explications. Si la seconde prévaut, la fiscalitéparaît un obstacle éventuel au développement des micro-entreprises, tandis que dansle premier cas il n'existe pas à proprement parler de contrainte fiscale étant donnél'absence, ou la rareté, des contrôles.

Grâce aux tableaux 6.4 à 6.16, nous pouvons apprécier le poids respectif de cesdeux explications pour plusieurs impôts dans certains pays. On considérera succes­sivement les taxes liées au statut de l'entreprise, des impôts levés par l'État et destaxes locales.

Les réponses relatives au non-paiement de la patente, ou de la taxe d'enregis­trement, en Équateur, au Niger, et en Thaïlande concordent : pour cet impôt, le coûtou la complexité des procédures ne jouent qu'un rôle tout à fait secondaire.Exception faite des cas d'exonération, qui sont fréquents, le manque d'information etla rareté des contrôles sont les raisons le plus souvent évoquées. Comme il y a trèspeu de réponses pour la Tunisie, celles-ci ne sont pas significatives ; on peutseulement noter deux réponses invoquant le coût contre trois citant le manqued'information ou le faible contrôle.

En principe, l'impôt sur les bénéfices est plus lourd que la patente etl'explication de non-paiement par le coût devrait être pertinente. Or les tableaux 6.8,6.9 et 6.10 contredisent cette supposition. De nouveau, les contribuables citent enpremier lieu le manque d'information dans les pays africains et le faible contrôle en

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Thaïlande. Il est significatif que l'on évoque plus fréquemment en Thaïlandel'absence de contrôle, comme si les contribuables y étaient mieux informés etévitaient sciemment cet impôt. En revanche, les procédures et le coût de l'impôt sontrarement cités.

Pour le non-paiement de la TVA, la complexité des procédures serait enprincipe un motif plus plausible que le coût puisque ce dernier peut être reporté enaval sur le consommateur. Le tableau 6.14 sur les raisons du non-paiement de laTVA au Niger, au Swaziland et en Équateur montre que ce motif ne joue pas un rôlesignificatif; la seule raison invoquée est l'absence d'information, ce qui secomprend étant donné les difficultés que peut avoir un petit artisan ou commerçantpeu instruit à comprendre les mécanismes de cet impôt et à l'appliquer. Ce sont cesdifficultés, d'ailleurs, qui expliquent les pratiques de l'administration fiscale danscertains pays où la TVA est remplacée par une taxe sur les ventes ou même par unforfait (comme au Niger). Si ces difficultés vont de soi dans les deux pays africainsétant donné le niveau d'éducation des personnes interrogées, on remarque que,même en Équateur où ce niveau est plus élevé, beaucoup de personnes manquentd'information. Ce problème est toutefois lié à la taille de l'entreprise : lepourcentage de personnes qui invoquent cette raison diminue à mesure que cettetaille augmente.

Nous disposons de réponses pour une seule taxe locale, la taxe foncière, enThaïlande et en Tunisie. Ces réponses sont significatives en raison de leur nombre,beaucoup de personnes ne payant pas cette taxe. De nouveau, on constate que le coûtou la complexité des procédures expliquent rarement ce défaut de paiement. Le motifprincipal est l'absence de contrôle en Thaïlande, le manque d'information en Tunisie.

Alors que dans cinq pays les principales causes de non-paiement sont toujoursles mêmes, quel que soit l'impôt considéré, l'Algérie fait figure d'exception(tableau 6.4). Le coût élevé de l'impôt est le premier motif invoqué et la complexitédes procédures est citée assez souvent de telle sorte que ces facteurs au totalcomptent autant que le manque d'information et l'absence de contrôle. De plus, onreproche fréquemment à l'administration de fixer arbitrairement l'impôt. On ademandé, en outre, quelles étaient les conséquences de la fraude fiscale. Celles-ci nesont pas clairement appréhendées : on cite pour 45 pour cent des pénalités, maisfaibles, pour 26 pour cent une fermeture temporaire des locaux ou leur saisie, et pour22 pour cent un accès difficile au crédit bancaire. En réalité, les pénalités peuventêtre plus lourdes et en cas de non-règlement des impôts et des pénalités qui leur sontattachées, l'administration fiscale peut saisir le fonds de commerce ou le local. Deplus, même si le contribuable use de voies de recours, il reste tenu de payerimmédiatement ses dettes fiscales, le recours n'ayant pas de caractère suspensif.Ainsi, les contribuables sous-estiment souvent les moyens de contrainte de l'admi­nistration fiscale. L'Algérie étant le pays où le système fiscal est le plus contraignant,où la pression fiscale semble la plus forte et où l'administration fiscale contrôle lemieux les micro-entreprises, on comprend qu'elle fasse figure d'exception. Dans cecas, la fiscalité, par son coût, le temps perdu en démarches et l'arbitraire desprocédures, est ressentie par beaucoup d'artisans ou de commerçants comme unobstacle au développement de leur entreprise. Cette situation n'est pas surprenanteétant donné que l'idéologie du régime a été longtemps hostile à l'entreprise privée et

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que celle-ci, tolérée dans les années 70, n'a été encouragée que récemment quand adébuté la libéralisation économique.

Quelques informations complémentaires sur la Thai1ande et la Tunisie montrentque les contraintes fiscales ne pèsent pas de la même manière dans ces pays qu'enAlgérie. En Tunisie, il semble que beaucoup d'entreprises sous-déclarent le chiffred'affaires soumis au régime forfaitaire, ce qui leur permet d'être rangées dans uneclasse bien plus favorable. En Thai1ande, les personnes interrogées ne paraissent pascraindre particulièrement des sanctions lorsqu'elles ne paient pas leurs impôts.Seules quelques-unes ont évoqué le risque de payer une amende ou la nécessité dechanger souvent d'emplacement. D'habitude, les banques exigent des attestations depropriété, mais non des reçus du fisc. Quant aux grandes entreprises, elles nedemandent pas à leurs sous-traitants s'ils sont en règle avec le fisc. Par ailleurs,beaucoup de personnes disent qu'elles ne paient pas la taxe sur le chiffre d'affairesparce que leurs ventes sont inférieures à 4 000 bahts par mois mais on peut sedemander si les sous-estimations ne seraient pas assez fréquentes. Les relations avecl'administration fiscale ne semblent pas trop tendues. Certes, on se plaint d'unepratique du fisc : celui-ci suppose que chaque année les recettes augmentent, mêmelorsque ce n'est pas le cas. Quand les ventes baissent, la charge peut devenirinsupportable. Les contribuables ne reprochent pas pour autant à l'administration uneattitude systématiquement arbitraire. Ces précisions permettent de mieux comprendreet de nuancer les résultats statistiques sur les comportements à l'égard de l'impôt.

Le cas de la Jamaïque

Dans ce pays, les problèmes de fiscalité n'ont pas pu être abordés dansl'enquête statistique. Ils ont été évoqués au cours des enquêtes qualitatives avec30 entrepreneurs, ce qui permet de dégager quelques faits saillants. Pour la répa­ration mécanique, on note que quatre personnes sur dix paient l'impôt sur le revenu.Parmi les dix entreprises de vêtements, une seule s'en acquitte, enfin, dans le secteuralimentation-restauration, trois sur dix. On remarque que les entreprises qui échap­pent à l'impôt sont parfois enregistrées ; ainsi, le respect d'une réglementationn'entraîne pas nécessairement le respect d'une autre. D'autre part, l'emplacement etla taille expliquent souvent le comportement face à l'impôt. Parmi les quatre garagesassujettis, deux sont situés en plein centre de Kingston et deux sur une grande route,ce qui n'est pas le cas des autres. Pour l'alimentation et la restauration, les seulesentreprises assujetties sont celles situées en ville et d'une certaine taille.

Parmi les contribuables, certains expliquent leur respect des obligations fiscalespar le désir d'éviter des ennuis avec l'administration fiscale lors de contrôleséventuels16, même s'ils ne voient aucun avantage direct qui compenserait la chargede l'impôt. Ceux qui ne paient pas l'impôt sur le revenu avancent selon les casdivers arguments: leur chiffre d'affaires serait trop faible, ils ont besoin de garderdes ressources pour investir, payer l'impôt ne procure aucun avantage en compen­sation ou ces formalités prennent du temps (il faut tenir un minimum de comptes).Certains prétendent que plus tard ils se mettront en règle avec le fisc. Mais ils saventqu'ils ne sont pas en règle puisque quelques-uns ont expliqué qu'ils gardaienttoujours un peu d'argent liquide pour pouvoir acheter le silence d'un contrôleur.

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D'autre part, il est significatif que la plupart des entreprises qui ne paient pas l'impôtfont ouvertement de la publicité pour leur entreprise avec des panneaux devantl'établissement. En ce sens, il ne s'agit nullement d'entreprises clandestines. Laforme des entretiens ouverts met en évidence la rationalité du comportement de cesentrepreneurs: certains expliquent qu'en ne payant pas l'impôt ils perdent éventuel­lement des commandes publiques, des services ou des prêts d'agences d'aide auxartisans, mais que le solde des coûts et avantages en cas de non-paiement restesupérieur à celui résultant d'une décision de payer l'impôt. Il est donc clair que cesartisans recensent tous les avantages et inconvénients de chaque solution. En unsens, ne pas payer l'impôt est une décision qui s'inscrit dans la stratégie dedéveloppement de l'entreprise (dans l'immédiat on gagne du temps et des ressourcespour investir), quitte à se mettre en règle ultérieurement lorsque l'entreprise auradéveloppé ses activités, assurera des revenus plus élevés et plus stables, et éventuel­lement s'installera dans un quartier plus actif. En ce sens, ceux qui déclarent queplus tard ils paieront l'impôt, peuvent être sincères.

Fiscalité et services publics

Cette analyse nous conduit au dernier sujet de ce chapitre: la relation entre lesimpôts et les services rendus par l'État, ou les collectivités locales, aux micro­entreprises. D'abord, l'idée de cette relation ne va pas de soi pour les entrepreneurs.Par exemple, au cours des entretiens ouverts, des artisans tunisiens ont répondu quesi l'État voulait vraiment les aider, il n'aurait qu'à les laisser travailler en paix. Leurjugement sur le rôle idéal de l'État se résume en peu de mots : ni aide, ni impôtsupplémentaire. Ainsi ne voient-ils dans les interventions de l'État qu'un frein audéveloppement de leurs micro-entreprises. Les artisans algériens ont une vue moinsnégative alors même qu'ils supportent une fiscalité plus lourde. Ils reconnaissent quel'impôt est nécessaire pour faire fonctionner les services publics, mais ils critiquentla politique budgétaire : les dépenses ne sont pas décidées rationnellement etplusieurs services publics ne sont pas assurés d'une manière satisfaisante.

Les réponses à des questions précises nous donnent une information pluscomplète au Niger, au Swaziland et en Thaïlande. Dans les deux pays africains, trèspeu d'entrepreneurs interrogés (6 pour cent) ont bénéficié des interventionsspécifiques de l'État (programmes de formation, facilités de financement ousubventions). Lorsque l'on demande aux entrepreneurs s'ils seraient prêts à verser unimpôt supplémentaire (ou une redevance) en échange d'un nouveau type de servicepublic, les réactions sont très différentes d'un pays à l'autre. Au Swaziland, 80 pourcent sont intéressés par cette idée et le service le plus souvent demandé est l'accès àdes ateliers mieux installés (plus grands, plus propres, par exemple). Cette réponseest aussi fréquente quels que soient le secteur, la localisation ou la taille del'entreprise. Manifestement, il existe un besoin non satisfait d'ateliers appropriéspour lesquels les artisans sont prêts à verser une contribution. Ils expriment aussid'autres besoins comme des facilités de financement ou la rénovation des infra­structures (eau et électricité). En revanche, au Niger, moins de 5 pour cent despersonnes interrogées envisagent de contribuer financièrement à la mise en placed'un service par l'État. Cette réaction peut s'expliquer par l'augmentation récente de

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la pression fiscale qui n'a donné lieu à aucune action en faveur des micro­entreprises.

En Thaïlande, les réactions à la proposition d'un nouvel impôt en échange decertains services sont très positives. Ainsi, 69 pour cent acceptent un tel impôt sil'État améliore les conditions sanitaires et d'hygiène, 60 pour cent s'il s'agitd'améliorer l'accès routier, la fourniture d'eau ou d'électricité ou de créer uneagence d'aide technique. La seule mesure qui intéresse peu les personnes interrogées(37 pour cent) concerne la formation. Manifestement, on ne fait pas confiance ausecteur public dans ce domaine ou on ne ressent pas un besoin particulier deformation. Les indépendants insistent davantage sur l'utilité d'une agence d'aidetechnique, les autres sur l'accès routier ou la fourniture d'eau et d'électricité. Cettedifférence ne surprend pas : les indépendants ont des difficultés pour savoir produireet gérer tandis que les chefs d'entreprise savent mieux s'organiser mais ont besoin demeilleures infrastructures pour développer leur entreprise. Au cours des entretiens,des artisans ont critiqué l'organisation des services ou des aides fournis aux entre­prises: ils pensent être désavantagés en raison d'un biais dans la répartition de cesservices en faveur des grandes entreprises. Pour la même raison, ils sont réticents aupaiement d'une taxe pour un nouveau service, craignant qu'il y ait de nouveau unbiais à leurs dépens. C'est ce qui explique la réaction de certains qui demandent uneseule aide: des prêts à faible taux d'intérêt. Avec de tels prêts ils pensent pouvoirdévelopper eux-mêmes leur entreprise sans avoir besoin d'aucune autre aide.

Cet ensemble de réactions montre qu'il existe une marge de manoeuvre pourfaire contribuer les micro-entreprises au financement de certains services publics.Naturellement, si l'allocation des dépenses publiques est très contestable ou si l'on aaccru récemment la charge fiscale sans compensation, les petits entrepreneurs sontméfiants. Mais si l'État ou les autorités locales font preuve d'efficacité et de justicedans la répartition des services, alors de nouvelles taxes peuvent être acceptéespourvu que les contribuables obtiennent en compensation les services, ceux pour lesinfrastructures notamment, dont ils ont besoin.

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Notes et références

1. Escobar de Pabon, S. (1989).

2. Voir l'intervention de D. Mead à la réunion du 10-12 décembre 1990 sur « Secteurinformel et cadre institutionnel dans les pays en développement » (Centre deDéveloppement).

3. de Soto, H. (1987).

4. Mead, D. (1985).

5. Voir l'intervention de O. Le Brun à la réunion du 10-12 décembre 1990 sur « Secteurinformel et cadre institutionnel dans les pays en développement » (Centre deDéveloppement de l'OCDE).

6. Dès les premiers travaux sur le secteur informel, on avait souligné la nécessité deréorienter les dépenses publiques en faveur de ces zones défavorisées. Ainsi, l'étude duBIT sur le Kenya (1972) préconise l'instauration d'objectifs en termes de dépenses parhabitant pour la santé, l'éducation, les routes, etc., dans ces zones. Le respect de telsobjectifs aurait évité ce que l'on observe, par exemple, dans plusieurs pays africains:un déséquilibre entre le développement des enseignements secondaire et supérieur et leretard de l'enseignement primaire dans les quartiers défavorisés.

7. Le fait que les entreprises de l'échantillon à Niamey figurent sur le fichier de laChambre de commerce de cette ville entraîne un biais car les micro-entreprises quifonctionnent en marge de toutes les obligations légales ne sont pas inscrites.

8. Ce manque de moyens se manifeste d'abord par la vétusté et le mauvais état du parcautomobile des administrations et l'insuffisance de crédits de fonctionnement pour lesdéplacements.

9. Mais elle ne serait payée, d'après l'étude de Lallemand-Flucher (1989), que par15 000 entreprises sur les 100 000 concernées. Si cette évaluation est exacte, celasignifierait que notre échantillon comprend beaucoup plus d'entreprises fiscalisées quela moyenne nationale.

10. La nature de l'activité joue aussi un rôle. Dans la restauration, il est très rare que l'onpaie cette taxe étant donné que l'on utilise seulement des produits locaux. En revanche,dans la production et le commerce de vêtements, 80 pour cent la paient en raison durecours fréquent aux produits importés.

11. La proportion passe de 16 pour cent pour les indépendants à 49 et 57 pour centrespectivement pour les entreprises de deux à cinq actifs, et de plus de cinq actifs.

187

Page 189: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

12. Peu de temps après l'enquête, la taxe sur le chiffre d'affaires a été remplacée par laTVA qui est favorable aux micro-entreprises parce qu'elles en sont exemptées dès lorsque leur chiffre d'affaires est inférieur à 600 000 bahts, ce qui est le cas de la plupart.

13. Ces statistiques concernent seulement les entreprises ayant un à dix actifs. Une analysepour les entreprises de plus de dix actifs n'aurait pas d'intérêt car toutes respectentpratiquement leurs obligations fiscales.

14. Soit des entreprises ayant seulement cinq actifs en moyenne puisque le pourcentage denon-salariés est plus faible en Algérie que dans les autres pays (chapitre 1).

15. En revanche, les plus petites entreprises (un à cinq actifs) paient moins fréquemmentles taxes locales que les autres, ce qui laisse penser que les collectivités localescontrôlent moins étroitement ces contribuables que l'administration centrale.

16. Ces ennuis entraînent souvent un coût pour l'entrepreneur qui doit acheter le silence dufonctionnaire qui le contrôle.

188

Page 190: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

­00\0

Tableau 6.1. Répartition des entreprises par degré de respect des principaux impôts et taxes, par secteurs (en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger

Tex. Res. Méc. Total Tex. Res. Méc. Tapis Total Tex. Res. Mét. Bois Ven. vêt. Tolal

Patente Oui - - - - 90.0 100.0 %.6 0.0 85.2 77.8 54.1 65.5 55.2 74.1 66.0

Non - - - - 10.0 0.0 3.4 100.0 14.8 22.2 46.0 34.5 44.7 25.9 34.0

SR - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Impôt sur le revenu et/ou Oui 87.1 78.3 87.9 83.0 - - - - - 6.9 5.4 8.6 15.8 12.1 9.0sur les bénéfices

Non 5.7 7.5 7.6 7.0 - - - - - 93.1 94.6 91.4 84.2 87.9 91.0

SR 7.1 14.2 4.6 10.0 - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

TAlC' Oui 72.9 51.5 57.6 58.5 - - - - - - - - - -

Non 14.3 33.6 24.2 26.3 - - - - - - - - - - -

SR 12.9 14.9 18.2 15.2 - - - - - - - - - - -

Taxe foncière' Oui 50.0 58.2 47.0 53.3 87.5 96.7 67.8 0.0 74.9 12.5 28.4 29.3 42.1 43.1 29.3

Non 17.1 17.2 24.2 18.9 12.5 3.2 32.2 100.0 25.1 87.5 71.6 70.7 57.9 56.9 70.7

SR 32.9 24.6 28.8 27.8 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe sur la valeur Oui 94.3 83.6 69.7 83.0 - - - - - 9.7 2.7 17.2 7.9 25.9 12.3ajoutée'

Non 4.3 10.5 16.7 10.4 90.3 97.3 82.8 92.1 74.1 87.7- - - - -

SR 1.4 6.0 13.6 6.7 - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Nombre d'entreprises 70 134 66 270 80 87 92 32 291 72 74 58 38 58 300

NoIes: 11 TAlC: taxe sur l'activité industrielle et commerciale.2J Tunisie: la « taxe foncière" correspond à la taxe locative.31 Algérie: la « taxe sur la valeur ajoutée" correspond à la taxe unique globale à la production et/ou la taxe unique sur la prestation de services (TUGprruGPS).

Page 191: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

......\0o

Tableau 6.1. (suite)

Swaziland Thailande Équaleur

Tex. Res. Mét. Bois Ven. vêt. Total Tex. Res. Mél. Tolal Tex. Res. Mée. Total

Patente Oui - - - - - - - - - - 54.0 88.4 71.6 71.5

Non - - - - - - - - - - 46.0 11.7 28.4 28.5

SR - - - - - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0

Impôt sur le revenu et/ou sur les Oui 19.4 15.2 36.8 5.4 29.0 16.2 53.0 50.0 85.6 60.4 49.0 70.9 69.5 63.0bénéfices

Non 90.7 84.9 63.2 94.6 71.0 83.9 47.0 50.0 14.4 39.6 51.0 29.1 30.5 36.9

SR 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe d'enregistrement' Oui - - - - - - 16.9 16.5 29.6 20.1 63.0 75.7 76.8 71.8

Non - - - - - - 83.1 83.5 70.5 79.9 37.0 24.3 23.2 28.2

SR - - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe foncière' Oui - - - - - - 15.9 16.5 31.8 20.3 - - - -Non - - - - - - 84.2 83.5 68.2 79.7 - - - -

SR - - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 - - - -Taxe sur la valeur ajoutée' Oui 41.1 16.7 10.5 10.8 83.9 38.8 - - - - 31.0 49.5 40.0 40.3

Non 58.9 83.3 89.5 89.2 16.1 61.2 - - - - 69.0 50.5 60.0 59.7

SR 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0

Nombre d'entreprises 107 66 19 37 62 291 183 188 132 503 100 103 95 298

Notes: 1/ Thanande: la« taxe d'enregistrement» correspond à l'obligation d'enregistrement auprès du ministère du Commerce (Commerce Tox) ; Équateur: la« taxe d'enregistrement»correspond à l'inscription au registre des impôts.

'2J Thaïlande: la « taxe foncière» correspond à la taxe locale (District Tox).31 Swaziland: la « taxe sur la valeur ajoutée» correspond à la taxe sur les ventes (Commercial Tox on Purchases).

Page 192: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.2. Répartition des entreprises par degré de respect des principaux impôts et taxes, par taille d'entreprise (en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger

\ 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total \ 2-5 6-10 >10 Total

Patente Oui - - - - - 28.6 85.1 91.7 87.5 85.2 40.0 69.0 86.1 91.3 66.0

Non - - - - - 71.4 14.9 8.3 12.5 14.8 60.0 31.0 13.9 8.7 34.0

SR - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Impôt sur le revenu et/ou Oui 60.0 86.4 83.3 59.\ 83.0 - - - - - 0.0 8.2 16.7 30.4 9.0sur les bénéfices

Non 20.0 6.8 7.6 4.6 7.0 - - - - - 100.0 91.8 83.3 69.6 91.0

SR 20.0 6.8 9.1 36.4 10.0 - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

TAlC' Oui 40.0 58.8 57.6 63.6 58.5 - - - - - - - - - -

Non 60.0 31.6 15.2 9.1 26.3 - - - - - - - - - -

SR 0.0 9.6 27.3 27.3 15.2 - - - - - - - - - -

Taxe foncière' Oui 60.0 52.5 60.6 36.4 53.3 28.6 72.6 86.7 81.3 74.9 - - - - -

Non 0.0 19.2 18.2 22.7 18.9 71.4 27.4 13.3 18.8 25.1 - - - - -

SR 40.0 28.3 21.2 40.9 27.8 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 - - - - -

Taxe sur la valeur ajoutée' Oui 60.0 82.5 83.3 90.9 83.0 - - - - - 0.0 12.3 19.4 39.1 12.3

Non 40.0 11.3 7.6 4.6 \0.4 - - - - - 100.0 87.7 80.6 60.9 87.7

SR 0.0 6.2 9.1 4.6 6.7 - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Nombre d'entreprises 5 177 66 22 270 7 208 60 16 291 70 171 36 23 300

NoIes: Il TAlC: taxe sur l'activité industrielle et commerciale.21 Tunisie: la " taxe foncière» correspond à la taxe locative.

31 Algérie: la " taxe sur la valeur ajoutée» correspond à la taxe unique globale à la production et/ou la taxe unique sur la prestation de services (TUGPITUGPS).

Page 193: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.2. (suite)

Swaziland Thailande Équateur

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Patente Oui - - - - - - - - - - 23.3 72.7 87.2 90.3 71.5

Non - - - . - - - - - 76.7 27.3 12.8 9.7 28.5

SR - - - - - - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Impôt sur le revenu et/ou Oui 3.6 21.7 62.5 66.7 16.2 41.5 72.1 72.7 7104 6004 33.3 59.6 79.5 93.6 63.1sur les bénéfices

Non %04 78.3 37.5 33.3 83.9 58.6 27.9 27.3 28.6 39.6 66.7 4004 20.5 6.5 36.9

SR 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe d'enregistrement' Oui - - - - - 1004 25.9 23.9 38.1 20.1 50.0 70.2 79.5 93.6 71.8

Non - - - - - 89.6 74.1 76.1 61.9 79.9 50.0 29.8 20.5 6.5 28.2

SR - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe foncière' Oui - - - - - 14.5 21.9 28.4 23.8 20.3 - - - - -Non - - - - - 85.5 78.1 71.6 76.2 79.7 - - - - -SR - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 - - - - -

Taxe sur la valeur Oui 30.7 47.8 54.2 55.6 38.8 - - - - - 23.3 34.9 53.9 74.2 40.3ajoutée'

Non 69.3 52.2 45.8 4404 61.2 76.7 65.2 46.2 25.8 59.7- - - - -SR 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 - - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Nombre d'entreprises 166 92 24 9 291 193 201 88 21 503 30 198 39 31 298

NoIes: Il Thanande: la« taxe d'enregistrement» correspond à l'obligation d'enregistrement auprès du ministère du Commerce (Commerce Tax) ; Équateur: la« taxe d'enregistrement»correspond à l'inscription au registre des impôts.

21 Thanande: la « taxe foncière» correspond à la taxe locale (Dislricl Tax).31 Swaziland: la « taxe sur la valeur ajoutée» correspond à la taxe sur les ventes (Commercial Tax on Purchases).

Page 194: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.3. Répartition des entreprises par degré de respect des principaux impôts et taxes, par localités (en pourcentage)

Algérie Tunisie Niger

C VS Total C VS Total C VS V Total

Patente Oui . - - 97.7 67.8 85.2 76.7 59.9 7.7 66.0

Non - - - 2.4 32.2 14.8 23.3 40.2 92.3 34.0

SR - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Impôt sur le revenu et/ou sur les Oui 76.3 94.1 83.0 - - - 17.3 0.7 0.0 9.0bénéfices

Non 9.5 3.0 7.0 - - - 82.7 99.3 100.0 91.0

SR 14.2 3.0 10.0 - - - 0.0 0.0 0.0 0.0

TAlC' Oui 56.2 62.4 58.5 - - - - - - -

Non 29.0 21.8 26.3 - - - - - - -SR 14.8 15.8 15.2 - - - - - - -

Taxe foncière' Oui 53.9 52.5 53.3 92.9 49.6 74.9 57.3 1.5 0.0 29.3

Non 19.5 17.8 18.9 7.1 50.4 25.1 42.7 98.5 100.0 70.7

SR 26.6 29.7 27.8 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe sur la valeur ajoutée] Oui 82.3 84.2 83.0 - - - 23.3 1.5 0.0 12.3

Non 10.1 10.9 10.4 - - - 76.7 98.5 100.0 87.7

SR 7.7 5.0 6.7 - - - 0.0 0.0 0.0 0.0

Nombre d'entreprises 169 101 270 150 137 13 300

C : capitale VS: ville secondaire V: villageNotes: 11 TAlC: taxe sur l'activité industrielle et commerciale.

'lJ Tunisie: la ~ taxe foncière» correspond à la taxe locative.31 Algérie: la ~ taxe sur la valeur ajoutée» correspond à la taxe unique globale à la production et/ou la taxe unique sur la prestation de services (TUGPITUGPS).

Page 195: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.3. (suite)

Swaziland Tha',lande Équateur

C VS V Total C VS Total C VS Total

Patente' Oui - - - - - - - 74.0 68.9 71.5

Non - - - - - - - 26.0 31.1 28.5

SR - - - - - - - 0.0 0.0 0.0

Impôt sur le revenu et/ou sur les Oui 16.4 20.0 0.0 16.2 55.3 65.7 60.4 67.3 58.8 63.1bénéfices

Non 83.6 80.0 100.0 83.9 44.7 34.3 39.6 32.7 41.2 36.9

SR 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe d'enregistrement' Oui - - - - 19.2 21.0 20.1 77.3 66.2 71.8

Non - - - - 80.8 79.0 79.9 22.7 33.8 28.2

SR - - - - 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Taxe foncière' Oui - - - - 18.8 21.7 20.3 - - -

Non - - - - 81.2 78.2 79.7 - - -SR - - - - 0.0 0.0 0.0 - - -

Taxe sur la valeur ajoutée4 Oui 38.4 41.1 33.3 38.8 - - - 40.7 39.9 40.3

Non 61.6 58.9 66.7 61.2 - - - 59.3 60.\ 59.7

SR 0.0 0.0 0.0 0.0 - - - 0.0 0.0 0.0

Nombre d'entreprises 177 90 24 291 255 248 503 120 178 298

C : capitale VS : ville secondaire V: villageNotes: 1/ Tha',lande: la" taxe d'enregistrement» correspond à l'obligation d'enregistrement auprès du minislère du Commerce (Commerce Tax) ; Équateur: la« taxe d'enregistrement»

correspond à l'inscription au registre des impôts.'2J Tha',lande: la " taxe foncière» correspond à la taxe locale (District Tax).31 Swaziland: la " taxe sur la valeur ajoutée" correspond à la taxe sur les ventes (Commercial Tax on Purchases).

Page 196: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.4. Algérie: motifs du non-paiement des impôts par secteurs, par taille d'entreprise et par localités)

Secteur Taille Localité

Tex. Res. Mée. 1 2-5 6-10 >10 C VS Total Total (en %)

Manque d'information 14 46 17 2 62 11 2 45 32 77 28.5

Exonéré 8 28 3 3 27 6 3 29 10 39 14.4

Procédures trop complexes 7 28 4 1 30 8 0 27 12 39 14.4

Contrôles peu fréquents 12 44 9 2 56 7 0 39 26 65 24.1

Coût trop élevé 21 39 23 2 62 17 2 42 41 83 30.7

Fixation arbitraire du montant de l'impôt 11 13 10 0 27 7 0 16 18 34 12.6

Autres 0 2 1 0 2 1 0 2 1 3 1.1

Total 73 200 67 10 266 57 7 200 140 340 125.8

Nombre de répondants 34 86 44 4 119 34 7 95 69 164 60.7

Nombre d'entreprises 70 134 66 5 177 66 22 169 101 270 100.0

C : capitale VS : ville secondaireNote: 1/ Réponses multiples; taux de réponse: 60.7 pour cent; la question concerne l'ensemble des obligations fiscales.

Page 197: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.5. Raisons du non-paiement de la patente, par secteurs

Tunisie Niger Équateur

Tex. Res. Mée. Tapis Tolal Talai Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Talai Tex. Res. Mée. Tolal Talai(en %) vêt. (en %) (en %)

Manque d'infonnation 0 0 2 0 2 4.7 0 1 0 1 2 4 3.9 12 1 5 18 21.2

Exonéré - - - - - - 5 25 15 8 4 57 55.9 28 5 15 48 56.5

Procédures trop complexes 0 0 0 0 0 0.0 0 0 0 0 0 0 0.0 1 1 3 5 5.9

Contrôles peu fréquents 1 0 0 0 1 2.3 3 5 2 2 7 19 18.6 0 0 2 2 2.4

Coût trop élevé 1 0 1 0 2 4.7 1 0 0 1 0 2 2.0 1 1 1 3 3.5

Autres 1 0 0 0 1 2.3 7 2 3 5 2 19 18.6 4 4 1 9 10.6

Total 3 0 3 0 6 14.0 16 33 20 17 15 101 99.0 46 12 27 85 100.0

Nombre d'entreprises' 8 0 3 32 43 100.0 16 34 20 17 15 102 100.0 46 12 27 85 100.0

Nole: lIOn a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la patente.

Page 198: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.6. Raisons du non-paiement de la patente, par taille d'entreprise

Tunisie Niger Équateur

1 2-5 6-10 >10 Total TalaI 1 2-5 6-10 >10 Total TalaI 1 2-5 6-10 >10 Total TalaI

(en %) (en %) (en %)

Manque d'infonnation 0 2 0 0 2 4.7 2 2 0 0 4 3.9 11 6 1 0 18 21.2

Exonéré - - - - - - 29 24 3 1 57 55.9 9 33 3 3 48 56.5

Procédures trop complexes 0 0 0 0 0 0.0 0 0 0 0 0 0.0 0 5 0 0 5 5.9

Contrôles peu fréquents 0 1 0 0 1 2.3 8 10 1 0 19 18.6 0 2 0 0 2 2.4

Coût trop élevé 1 1 0 0 2 4.7 2 0 0 0 2 2.0 1 2 0 0 3 3.5

Autres 0 0 0 1 1 2.3 1 16 1 1 19 18.6 2 6 1 0 9 10.6

Total 1 4 0 1 6 14.0 42 52 5 2 lOI 99.0 23 54 5 3 85 100.0

Nombre d'entreprises' 5 31 5 2 43 100.0 42 53 5 2 102 100.0 23 54 5 3 85 100.0

Nole: lIOn a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la patente.

Page 199: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

......\000

Tableau 6.7. Raisons du non-paiement de la patente, par localités

Tunisie Niger Équateur

Capitale Villes sec. Total Talai Capitale Villes sec. Villages Total Talai Capitale Villes sec. Total Talai(en %) (en %) (en %)

Manque d'infonnation 0 2 2 4.7 3 1 0 4 3.9 10 8 18 21.2

Exonéré - - - - 11 34 12 57 55.9 18 30 48 56.5

Procédures trop complexes 0 0 0 0.0 0 0 0 0 0.0 4 1 5 5.9

Contrôles peu fréquents 1 0 1 2.3 4 15 0 19 18.6 1 1 2 2.4

Coût trop élevé 1 1 2 4.7 1 1 0 2 2.0 3 0 3 3.5

Autres 0 1 1 2.3 15 4 0 19 18.6 3 6 9 10.6

Total 2 4 6 14.0 34 55 12 101 99.0 39 46 85 100.0

Nombre d'entreprises1 4 39 43 100.0 35 55 12 102 100.0 39 46 85 100.0

Nole.. lIOn a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la patente.

Page 200: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.8. Raisons du non-paiement des impôts sur le revenu et/ou sur les bénéfices, par secteurs

Niger Swaziland' Thanande Équateur

Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Tolal Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Total Tex. Res. Mét. Total Tolal Tex. Res. Mée. Total Tolalvêt. (en %) vêt. (en %) (en %) (en %)

Manque d'infonnation 3 0 4 1 1 9 3.3 15 8 2 5 10 40 16.4 13 20 7 40 20.1 8 5 3 16 14.5

Exonéré 58 69 48 27 49 251 91.9 61 39 13 26 36 175 71.7 27 21 2 50 25.1 39 21 23 83 75.5

Procédures trop 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 0 0 3 1.2 1 1 1 3 1.5 0 1 1 2 1.8complexes

Contrôles peu fréquents 0 1 0 0 0 1 0.4 0 0 1 0 0 1 0.4 35 43 9 87 43.7 1 0 0 1 0.9

CoOt trop élevé 1 0 0 0 0 1 0.4 3 2 0 0 0 5 2.0 8 6 0 14 7.0 1 1 0 2 1.8

Autres 5 0 1 4 1 11 4.0 2 3 0 2 0 7 2.9 2 2 0 4 2.0 2 2 2 6 5.5

Total 67 70 53 32 51 273 100.0 82 53 17 33 46 231 94.7 86 93 19 198 99.4 51 30 29 110 100.0

Nombre d'entreprises2 67 70 53 32 51 273 100.0 97 56 12 35 44 244 100.0 86 94 19 199 100.0 51 30 29 110 100.0

NOIes: 11 Réponses multiples.'li On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer les impôts sur le revenu et/ou sur les bénéfices.

Page 201: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.9. Raisons du non-paiement des impôts sur le revenu et/ou sur les bénéfices, par taille d'entreprise

Niger Swaziland' Thailande Équateur

\ 2-5 6-10 >\0 Total Tolal \ 2·5 6-10 >\0 Total Tolal \ 2-5 6-10 >10 Total Tolal \ 2-5 6-\0 >10 Total Tolal(en %) (en %) (en %) (en %)

Manque 1 5 2 1 9 3.3 21 17 1 1 40 16.4 27 4 5 4 40 20.1 5 10 0 1 16 14.5d'infonnation

Exonéré 68 141 28 14 251 91.9 115 47 11 2 175 71.7 34 7 8 1 50 25.1 13 62 7 1 83 75.5

Procédures trop 0 0 0 0 0 0 1 1 0 1 3 1.2 0 2 1 0 3 1.5 0 2 0 0 2 1.8complexes

Contrôles peu 0 1 0 0 1 0.4 1 0 0 0 1 0.4 39 40 8 0 87 43.7 0 1 0 0 1 0.9fréquents

CoOt trop élevé 1 0 0 0 1 0.4 3 2 0 0 5 2.0 10 2 2 0 14 7.0 1 1 0 0 2 1.8

Autres 0 10 0 1 Il 4.0 5 1 1 0 7 2.9 3 1 0 0 4 2.0 1 4 1 0 6 5.5

Total 70 157 30 16 273 100.0 146 68 13 4 231 94.7 113 56 24 5 198 99.4 20 80 8 2 110 100.0

Nombre 70 157 30 16 273 100.0 160 72 9 3 244 100.0 113 56 24 5 199 100.0 20 80 8 2 110 100.0d'entreprises2

NOIes: II Réponses multiples.21 On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer les impôts sur le revenu et/ou sur les bénéfices.

Page 202: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

IVo.....

Tableau 6.10. Raisons du non-paiement des impôts sur le revenu eUou sur les bénéfices, par localités

Niger Swaziland' Thailande Équateur

C VS V Total Total C VS V Tolal Total C VS Total Total C VS Total Total(en %) (en %) (en %) (en %)

Manque d'infonnation 7 2 0 9 3.3 27 8 5 40 16.4 27 13 40 20.1 6 10 16 14.5

Exonéré 104 134 13 251 91.9 92 67 16 175 71.7 30 20 50 25.1 37 46 83 75.5

Procédures trop complexes 0 0 0 0 0 3 0 0 3 1.2 3 0 3 1.5 2 0 2 1.8

Contrôles peu fréquents 1 0 0 1 0.4 0 1 0 1 0.4 47 40 87 43.7 1 0 1 0.9

Coût trop élevé 1 0 0 1 0.4 2 1 2 5 2.0 5 9 14 7.0 1 1 2 1.8

Autres 11 0 0 11 4.0 5 2 0 7 2.9 1 3 4 2.0 2 4 6 5.5

Total 124 136 13 273 100.0 129 79 23 231 94.7 113 85 198 99.4 49 61 110 100.0

Nombre d'entreprises2 124 136 13 273 100.0 148 72 24 291 100.0 114 85 199 100.0 49 61 110 100.0

C : capitale ; V : village ; VS : villes secondairesNotes: Il Réponses multiples.

21 On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer les impôts sur le revenu el/ou sur les bénéfices.

Page 203: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

IVoIV

Tableau 6.11. Thailande : raisons du non-paiement de la taxe d'enregistrementl, par secteurs, par taille d'entreprise et localités

Secteur Taille Localité

Tex. Res. Mél. 1 2-5 6-10 >10 C VS Total Talai(en %)

Manque d'infonnation 20 19 20 25 16 12 6 33 26 59 14.7

Exonéré 81 26 44 47 59 40 5 93 58 151 37.6

Procédures trop complexes 2 0 1 0 2 1 0 3 0 3 0.7

Contrôles peu fréquents 39 19 19 22 43 11 1 39 38 77 19.2

Coût trop élevé 6 0 1 4 3 0 0 3 4 7 1.7

Autres 0 2 5 1 4 1 1 0 7 7 1.7

Total 148 66 90 99 127 65 13 171 133 304 75.6

Nombre d'entreprises2 152 157 93 173 149 67 13 206 196 402 100.0

C : capitale; VS : Villes secondairesNOIes: 11 La ~ taxe d'enregistrement" correspond à l'obligation d'enregistrement auprès du ministère du Commerce (Commerce Tox).

21 On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la taxe d'enregistrement.

Page 204: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.12. Raisons du non-paiement de la taxe foncière, par secteurs et par localités

Tunisie' Thanande'

Secteur Localité Secteur Localité

Tex. Res. Mée. Tapis C VS Total Total (en %) Tex. Res. Mét. C VS Total Total (en %)

Manque d'information 1 3 16 0 4 16 20 27.4 19 30 11 34 26 60 15.0

Exonéré 0 0 0 0 0 0 0 0.0 83 58 50 101 90 191 47.6

Procédures trop complexes 0 0 1 0 1 0 1 1.4 0 0 2 2 0 2 0.5

Contrôles peu fréquents 2 0 0 0 2 0 2 2.7 38 47 17 53 49 102 25.4

Coût trop élevé 1 0 3 0 4 0 4 5.5 4 4 1 2 7 9 2.2

Autres 1 1 11 0 2 11 13 17.8 2 1 2 2 3 5 1.2

Total 5 4 31 0 13 27 40 54.8 146 140 83 194 175 369 92.0

Nombre d'entreprises3 10 3 28 32 12 61 73 100.0 154 157 90 207 194 401 100.0

C : capitale ; VS : villes secondairesNotes: Il Réponses multiples; la « taxe foncière" correspond à la taxe locative.

2J La« taxe foncière" correspond à la taxe locale (District Tox).31 On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la taxe foncière.

Page 205: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.13. Raisons du non-paiement de la taxe foncière, par taille d'entreprise

Tunisie' Thanande'

2-5 6-10 >10 Total Total 2-5 6-10 >10 Total Total(en %) (en %)

Manque d'infonnation 0 18 2 0 20 27.4 33 14 8 5 60 15.0

Exonéré 0 0 0 0 0 0.0 66 82 36 7 191 47.6

Procédures trop 0 0 0 1.4 0 0 2 0.5complexes

N Contrôles peu fréquents 0 2 0 0 2 2.7 43 46 12 102 25.4~

Coût trop élevé 2 0 4 5.5 6 2 0 9 2.2

Autres 0 11 0 2 13 17.8 2 2 0 5 1.2

Total 34 3 2 40 54.8 151 147 57 14 369 92.0

Nombre d'entreprises3 5 57 8 3 73 100.0 165 157 63 16 401 100.0

Notes: 1/ Réponses multiples; la « taxe foncière" correspond à la taxe locative.2J La" taxe foncière" correspond à la taxe locale (District Tox).31 On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la taxe foncière.

Page 206: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

IVoUt

Tableau 6.14. Raisons du non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), par secteurs

Niger Swaziland' Équateur

Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Talai Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Talai Tex. Res. Mée. Total Talaivêt. (ell %) vêt. (ell %) (ell %)

Manque d'information 3 0 1 2 0 6 2.3 3 2 0 2 0 7 3.9 13 14 12 39 2J.9

Exonéré 56 71 45 29 42 243 92.4 66 43 6 28 28 171 96.J 52 35 43 130 73.0

Procédures trop complexes 0 0 0 0 0 0 0.0 0 0 0 0 0 0 0.0 0 1 0 1 0.6

Contrôles peu fréquents 0 1 1 0 0 2 0.8 0 0 0 0 0 0 0.0 1 0 1 2 J.J

Coût trop élevé 1 0 0 0 0 1 0.4 0 1 0 0 0 1 0.6 1 0 0 1 0.6

Autres 5 0 1 4 1 Il 4.2 2 0 0 1 0 3 J.7 2 2 1 5 2.8

Total 65 72 48 35 43 263 Joo.O 71 46 6 31 28 182 102.2 69 52 57 178 100.0

Nombre d'entreprises2 65 72 48 35 43 263 JOO.O 63 55 17 33 10 178 JOO.O 69 52 57 178 100.0

NOies: Il Réponses multiples; la « taxe sur la valeur ajoutée» correspond à la taxe sur les ventes (Conunercial Tax ail Purchases).'}j On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la TVA.

Page 207: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.15. Raisons du non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), par taille d'entreprise

Niger Swaziland' Équateur

1 2·5 6-\0 >10 Total TalaI 1 2·5 6·10 >10 Total TalaI \ 2-5 6-10 >10 Total TalaI

(en %) (en %) (en %)

Manque d'infonnation 1 5 0 0 6 2.3 4 3 0 0 7 3.9 8 27 3 1 39 21.9

Exonéré 68 135 28 12 243 92.4 129 37 4 1 171 96.1 13 95 15 7 130 73.0

Procédures trop complexes 0 0 0 0 0 0.0 0 0 0 0 0 0.0 0 1 0 0 1 0.6

Contrôles peu fréquents 0 1 1 0 2 0.8 0 0 0 0 0 0.0 0 2 0 0 2 1.1

Coût trop élevé 1 0 0 0 1 0.4 1 0 0 0 1 0.6 1 0 0 0 1 0.6

Autres 0 9 0 2 11 4.2 3 0 0 0 3 1.7 1 4 0 0 5 2.8

Total 70 150 29 14 263 100.0 137 40 4 1 182 102.2 23 129 18 8 178 100.0

Nombre d'entreprises2 70 150 29 14 263 100.0 115 48 11 4 178 100.0 23 129 18 8 178 100.0

NOIes: 1/ Réponses multiples; la « taxe sur la valeur ajoutée,. correspond à la taxe sur les ventes (Commercial Tox on Purchases).2J On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la TVA.

Page 208: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 6.16. Raisons du non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), par localités

Niger Swaziland' Équateur

Capitale Villes Villages Tolal Talai Capitale Villes Villages Total Talai Capitale Villes Total Talaisec. (en %) sec. (en %) sec. (en %)

Manque d'information 4 2 0 6 2.3 4 3 0 7 3.9 24 15 39 21.9

Exonéré 97 133 13 243 92.4 97 55 19 171 96.9 60 70 130 73.0

Procédures trop complexes 0 0 0 0 0.0 0 0 0 0 0.0 1 0 1 0.6

Contrôles peu fréquents 2 0 0 2 0.8 0 0 0 0 0.0 2 0 2 1.1

Coat trop élevé 1 0 0 1 0.4 1 0 0 1 0.6 1 0 1 0.6

Autres 11 0 0 Il 4.2 2 1 0 3 1.7 1 4 5 2.8

Total 115 135 13 263 100.0 104 59 19 182 102.2 89 89 178 100.0

Nombre d'entreprises2 115 135 13 263 100.0 109 53 16 178 100.0 89 89 178 100.0

NOIes: Il Réponses multiples; la « taxe sur la valeur ajoutée" correspond à la taxe sur les ventes (Commercial Tox on Purchases).2J On a pris en compte exclusivement les entreprises qui ont déclaré ne pas payer la TVA.

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Page 210: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Chapitre 7

Dynamique de l'entreprise

La dynamique des micro-entreprises est un mouvement complexe qui semesure à différents niveaux et notamment selon les créations et les disparitionsd'entreprises, et la croissance du nombre d'employés ou de l'actif des entreprisesexistantes. Bien que les enquêtes de ce type ne puissent le mesurer!, on sait que lescréations d'entreprises sont nombreuses, y compris de la part de travailleursindépendants. Dans le même temps, beaucoup disparaissent, mais ce mouvementpermanent de créations et de disparitions de micro-entreprises se traduit par uneconstante augmentation du nombre de ces entreprises dont le moteur est finalementla croissance démographique urbaine, et plus précisément la croissance de lapopulation active. La multiplication des micro-entreprises peut être ralentie lorsquele secteur moderne est en expansion et offre de nombreux emplois. Cependant,l'expansion du secteur moderne dans les pays en développement crée une nouvelledynamique, en attirant de nouveaux migrants dans les villes ou en favorisant uneaugmentation du taux d'activité de la population. En Thaïlande, malgré unecroissance annuelle de plus de 15 pour cent du secteur manufacturier et des servicesmodernes depuis dix ans, on constate que le nombre de micro-entreprises continue às'accroître; le secteur moderne n'offre pas assez d'emplois à une population urbaineactive en rapide croissance. Malheureusement, beaucoup de pays de l'échantillon ontplutôt connu ces dernières années une contraction de l'emploi dans le secteurmoderne, et plus encore dans le secteur public. Ces conditions favorisent encoredavantage la multiplication des micro-entreprises.

La croissance des entreprises existantes est une autre manière de créer desemplois qui, elle, est mesurée dans les enquêtes. La croissance de l'emploi dans lesentreprises de l'échantillon est très variable selon les pays et ne semble pas dépendrede la conjoncture économique. Ainsi, on constate un certain dynamisme dans lespays les plus pauvres (Niger, Swaziland) alors que dans le pays le plus dynamiquede l'échantillon, la Thai1ande, les micro-entreprises stagnent. Dans les autres pays, lacroissance est très contrastée, avec un grand nombre d'entreprises qui ont embauchéen Jamaïque et en Équateur, peu en Algérie, la Tunisie étant dans une situationintermédiaire.

La dynamique des entreprises s'apprécie aussi par la perception des contrainteset des problèmes dont les entrepreneurs font état. La hiérarchie des problèmes

209

Page 211: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

exprimés par les entrepreneurs permet de bien saisir les obstacles à la dynamique del'activité dans le monde des micro-entreprises. Nous considérerons en premier lieules problèmes au démarrage de l'entreprise, avant de passer en revue toutes lesdifficultés signalées par les entrepreneurs dans l'exercice de leur activité. Enfin, nousanalyserons les informations obtenues par l'enquête sur la croissance de l'emploi etsur l'investissement dans les entreprises.

Le démarrage de l'entreprise

Lors de la création de l'entreprise, son promoteur doit surmonter de multiplesdifficultés. Il existe des problèmes d'ordre institutionnel (obtenir les diversesautorisations d'exercice et subir certains contrôles) et d'ordre financier (rassemblerles fonds nécessaires à l'achat de l'équipement et des matières premières pour lancerla production). Il faut trouver un emplacement adéquat, se faire une clientèle. Enfin,il faut embaucher des employés, dans certains cas qualifiés. Au Niger, au Swazilandet en Jamaïque, on a demandé aux entrepreneurs d'exposer les principaux problèmesqu'ils avaient rencontrés lors du démarrage de leur affaire.

Un certain nombre n'ont pas connu de difficultés particulières quand ils ontlancé leur entreprise. Ils sont 28 pour cent en Jamaïque, près de 50 pour cent auNiger, et 16 pour cent au Swaziland. Si quelques-uns de ces entrepreneurs ont héritéde leur entreprise, ils sont peu nombreux. Dans les pays où l'information estdisponible, on constate que peu d'entreprises sont reprises par héritage. Ainsi, malgréle caractère familial des relations de travail, et l'importance de l'aide de la famillepour réunir les fonds nécessaires au lancement de l'activité, la transmissionhéréditaire de l'entreprise joue un faible rôle dans la dynamique des micro­entreprises. Moins de 10 pour cent des entrepreneurs en Thaïlande, en Jamaïque eten Équateur ont repris l'affaire de leurs parents. Dans ces deux derniers pays,l'héritage est plus fréquent dans les entreprises les plus importantes de l'échantillon.En Thai1ande, c'est un phénomène lié au secteur d'activité: rarissime dans le textile(2 pour cent), la transmission de l'entreprise par les parents est plus fréquente dansle secteur du métal, et surtout dans les restaurants (15 pour cent des entreprises).

En Jamaïque, comme au Swaziland et au Niger, les contraintes administrativesau démarrage sont peu évoquées (tableaux 7.1 et 7.2). En Jamaïque, les entre­preneurs de toutes les activités citent plutôt les questions de crédit ou d'achatd'équipement comme principal problème au démarrage de leur entreprise. Laseconde difficulté a trait au local ou à l'emplacement. Les contraintes institu­tionnelles (difficultés administratives) sont très peu citées, et sont les dernières parmitoute une série de problèmes (moins de 2 pour cent des réponses). Au Swaziland,malgré la complexité des procédures d'enregistrement, les contraintes institu­tionnelles sont à peine évoquées parmi la liste des problèmes liés au démarrage del'entreprise (2 pour cent des entrepreneurs). Ce sont encore les questions financièresqui constituent la gêne principale (36 pour cent des réponses), le problème dedébouchés venant en second. Enfin, au Niger, près de la moitié des entrepreneursn'évoquent aucun problème ; les autres ont surtout été gênés par le manque dedébouchés (17 pour cent) ou par des questions financières (12 pour cent).

210

Page 212: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Pressée de préciser quelles sont les contraintes institutionnelles au démarragede l'entreprise, l'énorme majorité des entrepreneurs du Swaziland comme du Niger(78 pour cent et 89 pour cent respectivement) confirme qu'elle ne trouve là aucunsujet de récrimination. Ceux qui ont matière à se plaindre insistent principalementsur les autorisations d'exercice au Swaziland, tandis qu'au Niger, une partie desentrepreneurs se plaint de la fiscalité et l'autre des réglementations.

Il n'existe des dispositions institutionnelles d'aide à la création de petitesentreprises que dans un seul pays de l'échantillon, la Tunisie. Ont-elles un impact surla création de micro-entreprises? L'enquête révèle que 35 pour cent des entreprisesont été créées de 1985 à 1991, c'est-à-dire peu après la nouvelle législation, ce quine donne pas l'impression d'une dynamique particulière des créations, comparée àd'autres enquêtes de ce type : en Équateur, 58 pour cent des entreprises del'échantillon ont été créées depuis 1985 ; en Thai1ande, cette proportion est de56 pour cent. De plus, s'agissant d'un échantillon issu d'un fichier administratif desentreprises non agricoles, il y a une sur-représentation des entreprises ayant profitédes facilités offertes par le gouvernement et donc mieux enregistrées. Ce résultatdonne donc l'impression que les nouvelles réglementations destinées à protéger et àaider l'entreprise artisanale n'ont pas eu beaucoup d'impact sur la créationd'entreprises2•

Ainsi, sur la foi des résultats de ces quelques pays, on ne saurait affirmer queles contraintes institutionnelles sont une gêne majeure pour les personnes quidésirent créer une petite entreprise. Malgré des réglementations parfois pléthoriques,les petits entrepreneurs ne perçoivent pas là d'obstacle particulier, ou tout au moinsestiment-ils qu'il s'agit de problèmes mineurs comparés aux problèmes definancement ou de clientèle.

Les problèmes actuels et les contraintes de la croissance

Les entrepreneurs sont plus diserts sur leurs problèmes actuels. Ainsi, au Niger,il n'y a plus que 3 pour cent des entrepreneurs qui n'ont pas de problème. Bien queles problèmes exposés ne le soient pas avec une intensité semblable dans lesdifférents pays, il existe quelques constantes, notamment le faible poids desproblèmes liés au cadre réglementaire. Les principaux problèmes exposés sont lesproblèmes financiers et la faiblesse ou l'instabilité de la demande. Nous évoqueronsaussi les problèmes relatifs aux employés ainsi que quelques autres, spécifiques àcertains pays.

Hiérarchie des problèmes

L'un des résultats majeurs de cette étude est que les contraintes institutionnellessont perçues par les micro-entrepreneurs comme étant relativement secondaires parrapport à l'ensemble de leurs problèmes. Dans les enquêtes, les questions relativesaux contraintes et aux obstacles à l'exercice de l'activité ne sont pas homogènes.Dans deux pays, l'Algérie et l'Équateur, les questions sur les contraintes ou lesobstacles ne sont abordées que de façon thématique (fiscalité, questions financières,

211

Page 213: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

marché du travail, etc.) ce qui rend impossible une hiérarchisation des problèmes.On a cependant des indications sur le poids des contraintes institutionnelles pourchaque thème, abordées dans les précédents chapitres. En Tunisie et en Thaïlande,les contraintes sont aussi traitées de façon thématique, mais il y a en plus desquestions sur les obstacles à la réalisation d'investissements en Tunisie, et toute unesérie de questions sur les obstacles actuels, les projets et les difficultés en Thaïlande,d'où les réponses multiples. En Jamaïque, au Swaziland et au Niger, les questionssur les contraintes et les obstacles ont été posées deux fois: à propos de la phase dedémarrage, d'une part, et sur la période actuelle, d'autre part. Au Swaziland et auNiger, l'ensemble des problèmes ont été listés dans un premier temps, puis laquestion a porté spécifiquement sur les contraintes institutionnelles. Dans aucun despays étudiés, les difficultés avec l'administration n'apparaissent comme un obstaclemajeur: au Niger, au Swaziland et en Jamaïque, les contraintes institutionnelles sontdavantage évoquées pour la période actuelle qu'au démarrage, mais beaucoup moinsque les problèmes financiers, les contraintes relatives au local ou le manque declients.

Dans le tableau 7.3, les contraintes administratives apparaissent significatives(bien qu'étant citées loin derrière les autres problèmes) dans deux pays seulement:le Niger et la Thaïlande. Dans ces deux cas cependant, les entrepreneurs fontdavantage référence au poids de la fiscalité qu'aux contraintes réglementaires, etdans le cas de la Thaïlande qui fournit des réponses multiples, la fiscalité est très peusouvent citée comme problème principal. En Tunisie, les contraintes réglementairessont citées comme obstacle aux projets d'investissement par 5 pour cent des entre­preneurs dans la restauration et la mécanique, 3 pour cent dans le secteur du tapis etdans aucun cas par les entrepreneurs du textile. Cela est négligeable par rapport auxobstacles financiers cités par 60 pour cent des entrepreneurs.

Ce sont en effet les difficultés financières qui constituent le souci principal desmicro-entrepreneurs de ces deux pays. Au Swaziland, la contrainte financière estégalement la plus importante, mais à un degré bien moindre puisqu'un peu plus duquart des entrepreneurs l'évoquent. Les problèmes financiers sont une contraintepour seulement 13 pour cent des entrepreneurs jamaïquains, mais en réalité, leurproblème principal est le coût des équipements et des matières premières, et celapeut être assimilé à une contrainte financière.

Les cOlltraintes institutionnelles

Les contraintes d'ordre réglementaire, notamment le respect de différentesnormes édictées par les autorités, ont été vues au chapitre 3. Nous replacerons ici cescontraintes dans un contexte plus large, et nous évaluerons leur importance relati­vement à d'autres types de contraintes dans l'opinion des entrepreneurs.

Au Niger et au Swaziland, les contraintes institutionnelles ne pèsent guère pluslorsque l'entreprise est en opération qu'au démarrage. Lorsque les contraintesinstitutionnelles sont évoquées au Niger (15 pour cent des entrepreneurs à Niamey,moins de 5 pour cent ailleurs), c'est surtout pour se plaindre du poids de la fiscalité,et non pas des réglementations en elles-mêmes. L'impôt n'est donc pas bien accepté,ou tout au moins, on le trouve trop élevé ; cela s'apparente davantage à une

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contrainte financière qu'à une contrainte véritablement réglementaire. Cettecontrainte est d'autant plus mal supportée que l'impôt est souvent de caractèrerégressif comme nous l'avons vu au chapitre 6.

Au Swaziland, les plaintes sur les contraintes réglementaires sont aussi faiblesdans la période actuelle que lors de la période du démarrage. C'est l'injustice destaxes qui est alors mentionnée, puis les autorisations diverses et, enfin, lesrestrictions sur les emplacements, tout cela par un faible nombre d'entrepreneurs.Dans les deux pays d'Afrique noire, le Niger et le Swaziland, beaucoup d'entre­preneurs (la moitié au Swaziland et 28 pour cent au Niger) n'ont aucun souhait deréforme fiscale ou réglementaire à formuler. Cela montre que ces entrepreneursestiment que l'action des pouvoirs publics n'a aucune incidence sur leur activité.Presque tous ceux qui souhaitent des changements dans la politique gouvernementalementionnent la réduction ou l'abolition de diverses taxes. Très peu (moins de 5 pourcent dans les deux pays) font référence aux réglementations autres que fiscales. Enmême temps, les entrepreneurs sont peu nombreux (7 pour cent au Niger, 5 pourcent au Swaziland) à penser qu'ils bénéficient directement de l'action gouverne­mentale à travers les diverses mesures d'aide aux petites entreprises qui peuventexister. Dans ces deux pays, l'État n'est pas un élément majeur de l'environnementdes petits entrepreneurs. Ils attendent peu de l'État3 et souffrent peu de contraintesinstitutionnelles, ou tout au moins, celles-ci viennent bien après d'autres types decontraintes.

Les contraintes institutionnelles, quand il ne s'agit pas tout simplement dupoids de la fiscalité, font référence à des problèmes très précis. En Jamaïque, où laliste des problèmes cités est très détaillée, ne figure aucune référence aux réglemen­tations. Certes, la solution d'un certain nombre de problèmes dépend de l'autoritépublique (inflation, criminalité, coût élevé de l'essence, etc.), mais jamais onn'évoque directement la réglementation.

Dans la revue de l'ensemble des problèmes, les contraintes institutionnellessont donc mineures. Parmi celles-ci, les réglementations concernant le travail ne sontjamais citées. Ces réglementations, dont on a vu qu'elles étaient partiellementrespectées, sont bien admises par les entrepreneurs. Deux raisons peuvent êtreavancées pour expliquer ce phénomène. Tout d'abord, les pouvoirs publics sont engénéral moins stricts ou plus pragmatiques dans l'application des règlements sur letravail, malgré des exceptions notables (Algérie). L'Etat intervient peu s'il n'y a pasde plainte des salariés. Or, les conflits seront le plus souvent réglés à l'amiable oupar un tiers, rarement par l'autorité publique. La seconde raison est que les autrescontraintes (fiscales, techniques ou autres) sont plus sensibles, ou ont un effet plusdirect sur les résultats de l'entreprise. Bénéficiant de la tolérance des autorités dansce domaine, les entrepreneurs font porter leurs récriminations sur d'autres types decontraintes. Si les lois ne sont pas appliquées, leur principe n'est pas remis en cause.Personne ne peut contester le bien-fondé de règlements ayant pour vocationd'assurer un minimum de bien-être aux travailleurs. Elles peuvent être parfoistotalement ignorées, ce qui explique, par exemple, qu'au Niger ou au Swaziland, lesrèglements sur le travail ne soient pas cités parmi les textes qui devraient êtrerévisés, selon l'opinion des entrepreneurs.

Les règlements sur l'hygiène semblent également bien admis (chapitre 3), alorsque les autorités exercent des contrôles fréquents. En dehors de quelques plaintes

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isolées, surtout de la part de restaurants, la réglementation dans ce domaine neconstitue pas une contrainte importante pour les micro-entrepreneurs. En Tunisie,cependant, quasiment tous les restaurants évoquent les normes d'hygiène commecontrainte. Il ne s'agit toutefois pas d'un obstacle, mais de la description d'uneobligation émanant de l'autorité publique et d'une relation obligée puisque lescontrôles ont lieu une fois par mois. Il en est de même pour le contrôle des prix,avec une fréquence moindre.

Des plaintes s'élèvent également sur les réglementations concernant lesemplacements. Les mécaniciens ou les industries du métal sont soumis, en Tunisieou en Thaïlande, à des réglementations sur les emplacements. La moitié desmécaniciens tunisiens cite cette réglementation comme étant la principale contrainted'ordre réglementaire et quelques entrepreneurs de la branche métal en Thaïlandes'élèvent contre une réglementation qui leur coûterait beaucoup si elle était stric­tement appliquée (chapitre 4). De nombreuses restrictions sur les emplacements deproduction ou de vente sont appliquées (c'est, par exemple, la principale contrainted'ordre réglementaire pour les commerçants de tissu du Swaziland), mais il est rareque ce type de contraintes soit cité par les entrepreneurs comme un obstacle majeurà l'exercice de leur activité.

Il ressort de ces résultats que les micro-entreprises adhèrent assez généralementaux normes édictées par l'État. Dans les pays les plus pauvres et surtout au Niger,cette adhésion est moins prononcée. On peut se demander alors si ce n'est pas l'Etatqui est coupé du reste de la société. Même dans ce cas, il ne constitue pas une gênemajeure pour les micro-entreprises qui ignorent tout simplement un certain nombrede réglementations. Dans les pays à revenu plus élevé, on constate une adhésionmajoritaire, plus forte encore parmi les entreprises les plus importantes del'échantillon.

Problèmes liés au manque de crédit

Au démarrage comme dans la période actuelle, les difficultés de financementsont évoquées comme principal problème dans plusieurs pays : la Tunisie, laThaïlande et le Swaziland. On peut supposer qu'au démarrage, il s'agit surtout dufinancement de l'investissement, mais que par la suite, des problèmes aigus debesoins en fonds de roulement se posent également. En Tunisie, 60 pour cent desentrepreneurs, dans tous les secteurs d'activité, estiment qu'il s'agit là du principalobstacle à leurs projets d'investissement. Ce sont principalement les plus petitesentreprises (indépendants et entreprises ayant moins de cinq actifs) qui ont desproblèmes financiers. En Thaïlande, il en est de même : les deux tiers desentrepreneurs - en proportion égale dans les trois secteurs étudiés - se plaignentde problèmes financiers. Les difficultés financières se retrouvent dans toutes lestailles d'entreprises4. Au Swaziland, on constate le même phénomène, mais avecmoins d'intensité: un quart des entrepreneurs met en avant ses problèmes financiers,surtout dans les plus petites entreprises de l'échantillon. Les problèmes financierssont également cités, mais après d'autres problèmes, au Niger, dans toutes lescatégories d'entreprises.

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Le fait que les petites entreprises soient souvent plus nombreuses que lesgrandes à évoquer des problèmes financiers laisse penser qu'il s'agit surtout deproblèmes de fonds de roulement. Les avances à la production sont toujoursdifficiles pour les micro-entrepreneurs qui ne disposent que rarement de facilités dedécouvert de la part des banques ou de crédits fournisseurs. Les plus grandesentreprises de l'échantillon ont davantage de facilités dans ce domaine comme on l'avu au chapitre 4. En Jamaïque, cependant, ce sont les entreprises moyennes (de deuxà cinq et de six à dix actifs) qui ont le plus de difficultés financières. Dans ce pays,il est intéressant de constater que les problèmes financiers sont évoqués par 43 pourcent des entrepreneurs lors du démarrage, mais ne sont encore un souci que pour14 pour cent d'entre eux dans la période actuelle. C'est donc lors du financement del'équipement de démarrage que se posent les problèmes financiers ou d'accès aucrédit.

L'insuffISance de la demande

Les problèmes liés à la demande sont régulièrement cités par les micro­entrepreneurs qui se plaignent soit de l'insuffisance de la demande soit de soncaractère instable. Au Niger, le manque de clientèle est le problème principal desmicro-entrepreneurs. Déjà sensible lors de la phase de démarrage, cette difficultédevient dominante dans l'exercice de l'activité; elle est plus aiguë dans les secteursoù le nombre d'entreprises est le plus élevé: textile, vente de vêtements et restau­rations. Mais les entrepreneurs ne se plaignent pas spécialement de la concurrence.Si la demande augmentait, tout irait mieux pour tout le monde et les autresproblèmes, notamment financiers, auraient moins d'importance. Au Swaziland, c'estle deuxième problème cité par les entrepreneurs, surtout par les plus petits : 20 pourcent des indépendants, 17 et 8 pour cent respectivement pour les entreprises de deuxà cinq actifs, et de six à dix actifs; aucune entreprise de plus de dix actifs n'évoquece problème. En Jamaïque, également, la demande vient en deuxième place despréoccupations des entrepreneurs, après le prix des intrants et des équipements. Toutcomme au Swaziland, c'est un problème directement lié à la taille de l'entreprise:38 pour cent des indépendants, 22 pour cent des entreprises de deux à cinq actifs,10 pour cent des entreprises de six à dix actifs et seulement 4 pour cent desentreprises de plus de dix actifs. Ce problème est également très lié au secteurd'activité: 37 pour cent des entreprises du textile estiment que les contraintes liées àla demande sont les plus fortes, mais seulement 18 pour cent des restaurants. EnThaïlande, la demande n'est le principal problème que pour 5 pour cent desentrepreneurs. La situation économique y est extrêmement favorable, grâce à unepolitique réussie de conquête des marchés extérieurs. Le marché intérieur s'estégalement considérablement élargi, par l'accroissement des revenus, ce dontbénéficient les micro-entreprises.

En Tunisie, la quasi-totalité des entreprises, dans les trois activités étudiées, etquelle que soit leur taille, citent des problèmes liés à la demande quand on lesinterroge particulièrement sur ce point. Dans le cas des restaurants, c'est l'insta­bilité (67 pour cent des réponses), plutôt que l'insuffisance (22 pour cent) qui estmentionnée, en raison de la journée continue dans l'administration les mois d'été quiôte une bonne partie de la clientèle des petits restaurants populaires. Pourtant, c'est

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encore l'instabilité de la demande qui est le principal problème des mécaniciens etdes entrepreneurs du textile, sans que la cause évoquée par les restaurants soit icivalide. Mais dans le textile, s'opère une nette différentiation selon que les entreprisesvendent aux ménages ou à des commerçants. Dans ce dernier cas, la concurrence estplus durement ressentie que l'insuffisance de la demande. Les commerçantsdonneurs d'ordres font jouer les prix à la baisse en menaçant de s'adresser à d'autresateliers. En revanche, la relation avec les clients individuels dépend davantage de laqualité du travail ou tout simplement de la bonne entente. Ainsi, la perception desproblèmes est très différente selon le type de clientèle. Les petits entrepreneursperçoivent la concurrence dès lors que le client donne l'impression d'en tirer partipour faire baisser les prix, ce qui est le cas des commerçants.

Enfin, l'Algérie connaît une situation particulière dans ce domaine. Lesentrepreneurs ne se plaignent pas d'une insuffisance de la demande, puisque lademande est supérieure à l'offre. C'est la pénurie de biens intermédiaires, doncl'insuffisance de l'offre, qui leur pose des difficultés.

Problèmes liés au marché du travail

Dans un secteur où l'offre de travail est supposée quasiment illimitée, il estétonnant que les entrepreneurs aient des difficultés à trouver de la main-d'oeuvre. Defait, ce problème n'est cité que dans deux pays, la Jamaïque et la Thaïlande (etmarginalement au Swaziland). Pour un entrepreneur jamaïquain sur dix, dans letextile et le bois seulement, et principalement parmi les plus grandes entreprises del'échantillon, la difficulté de trouver des ouvriers qualifiés a été le principalproblème lors du démarrage de son entreprise. Cependant, en période d'activité, leproblème semble résolu puisqu'il n'y a plus qu'un seul entrepreneur pour l'évoquer.De toute évidence, en Jamaïque, le problème de départ est dû à l'accès àl'information sur le marché du travail ou à la rencontre de l'offre et de la demande.Les institutions de placement de la main-d'oeuvre ne sont pas adéquates ou peuaccessibles au petit entrepreneur et les circuits traditionnels sont insuffisants. Deplus, les problèmes d'embauche qui se posent, notamment pour le personnel qualifié,ne peuvent s'apprécier qu'en rapport avec un salaire donné. En effet, il est probablequ'avec une rémunération plus attrayante, l'offre de main-d'oeuvre serait plusélevée. Les responsables de petites entreprises offrent-ils des salaires trop bas audémarrage de leur entreprise6 ?

Le problème est tout autre en Thaïlande où, malgré une croissance annuelle deprès de 4 pour cent de la population active, l'offre de travail est insuffisante. C'estun phénomène sensible également dans le secteur moderne, et qui devient de plus enplus aigu lorsque l'on monte dans l'échelle des qualifications. C'est le problèmeprincipal des micro-entrepreneurs. La moitié d'entre eux (35 pour cent, 45 pour centet 55 pour cent respectivement dans les restaurants, le textile et le métal) déclarerencontrer des difficultés pour embaucher des employés. Dans le textile et le métal,le problème se pose autant pour les employés qualifiés que pour les non-qualifiés,alors que dans les restaurants, il n'y a pas de main-d'oeuvre qualifiée (ce sont lespatrons qui effectuent les travaux qualifiés). Un très petit nombre d'entrepreneurs se

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plaint des exigences trop élevées des candidats, ce qui montre que l'insuffisance del'offre n'est pas due à la faiblesse des salaires mais est un phénomène structurel.

Autres problèmes

Local, emplacement

Les difficultés de trouver un local adéquat pour l'activité ainsi qu'un bonemplacement sont citées comme problème dans plusieurs pays, mais n'ont d'acuitéqu'au Swaziland et en Thaïlande. Ce sont là deux conditions de réussite parmid'autres et il est révélateur que dans les deux pays, ce sont les restaurants qui ont leplus le souci d'un bon emplacement. La difficulté de trouver un tel emplacement estprincipalement une question financière, beaucoup plus qu'une question de régle­mentation : la hausse des loyers dans le centre de Bangkok oblige nombre de petitsentrepreneurs à s'éloigner de plus en plus du centre, et donc des principales zonesd'activité. Cela amène des temps de transport (pour l'achat de matières premières oules livraisons) de plus en plus longs, ce qui représente un coût non négligeable dansune ville comme Bangkok où le trafic est très dense.

Matières premières

Les difficultés d'approvisionnement sont le principal problème des petitesentreprises algériennes, ce qui entraîne une sous-utilisation des capacités deproduction. La réglementation, bien qu'assouplie récemment, restreint encore l'achatd'équipements ou de matières premières importées. La réforme monétaire, si ellefacilite les transactions avec l'extérieur, a eu pour conséquence un renchérissementconsidérable des denrées et des équipements importés. Le réseau de distribution,maintenant ouvert aux opérateurs privés, est encore largement dominé par le secteurpublic, et les banques n'octroient de crédits pour l'importation qu'aux entreprisespubliques. Cet ensemble de barrières institutionnelles n'est pas dirigé contre lesmicro-entreprises particulièrement, mais nuit à l'ensemble du secteur privé.

Le prix des matières premières, de l'essence et de l'électricité ainsi que les prixde l'équipement sont également le principal souci des entrepreneurs jamaïquains.Contrairement à l'Algérie, il y a peu de pénuries (plusieurs entrepreneurs seplaignent cependant de pénuries temporaires). Ce sont les entreprises les plusimportantes de l'échantillon qui semblent souffrir le plus du coût des matièrespremières. Cela est important et tendrait à montrer que les difficultés d'intégrationsur le marché, accompagnées comme on l'a vu précédemment d'un meilleur respectdes règlements, sont plutôt économiques que réglementaires.

L'absence de représentation

Les propriétaires de micro-entreprises ont partout du mal à faire entendre leurvoix auprès des autorités. Bien que l'absence d'organisation représentative etinfluente ne soit pas perçue collectivement comme une gêne (elle n'apparaît pas dansla liste des problèmes), les entrepreneurs ont fréquemment souligné que le manquede relations (dans les administrations surtout) leur fermait des portes ou constituait

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des barrières supplémentaires. Ce problème, souvent cité à propos de la difficultéd'obtenir des marchés publics, sans en être la cause principale, resurgit dans d'autresdomaines, tels que le droit d'importer des équipements en Algérie ou l'accès aucrédit bancaire.

Il s'agit en réalité d'une faible capacité de négociation. Les micro­entrepreneurs sont totalement absents des organisations patronales, quand bien mêmeelles leur sont officiellement ouvertes. En Algérie, les récentes Chambres decommerce et les associations patronales ne bénéficient pas aux petites entreprises,souvent mal informées et désarmées face à leur environnement et à la réglementationéconomique. La Tunisie fournit un exemple intéressant de tentative d'organisationdes micro-entreprises qui s'est appuyée sur l'organisation traditionnelle descorporations de métiers. Ce cadre institutionnel, décrit au chapitre 5, est accompagnéd'une structure financière d'appui aux entreprises artisanales. Ce n'est pas le lieu icide procéder à l'évaluation de cette politique. Relevons cependant que peud'entreprises semblent avoir bénéficié des organisations mises en place. Dans lesecteur du tapis, qui a fait l'objet d'une attention particulière de la part du gouver­nement, seulement 10 pour cent des artisanes ont connaissance du FONAPRAM,l'organisme de crédit à l'artisanat. Si les trois quarts connaissent l'amine (quicontrôle la qualité de la production et la validité des contrats de vente dans un but deprotection de la profession), aucune n'a jamais participé aux structures profes­sionnelles de type coopératif mises en place par les autorités.

Il faut relever le paradoxe de l'organisation d'un secteur par nature ou parnécessité inorganisé, que l'on rencontre dans de nombreux pays où des tentativessimilaires ont eu lieu. En voulant promouvoir les professions artisanales, ce quiimpliquait une adhésion des entreprises au cadre réglementaire, le législateur n'a puempêcher que se développe à nouveau un secteur d'entreprises échappant à laréglementation. La concurrence entre le secteur artisanal « protégé » et les autres(que l'on appelle « intrus» en Tunisie) se développe, et malgré les avantages qu'ilsreçoivent de leur statut d'artisan reconnu, les entrepreneurs se plaignent de laconcurrence déloyale des entrepreneurs vraiment informels. L'adaptation du cadreréglementaire à une partie des micro-entreprises, d'une façon dirigiste, revient en faità déplacer les frontières de l'informalité, et risque de créer une sorte d'« aristo­cratie » de l'artisanat.

La croissance des entreprises

Dans les sept pays étudiés, des questions ont été posées sur la croissance del'entreprise. Au Niger et au Swaziland, on connaît la croissance du nombred'employés depuis la création de l'entreprise, ce qui permet de calculer un tauxannuel de croissance de l'emploi. Dans les cinq autres pays, on a relevé le nombred'entreprises qui avaient augmenté leurs effectifs au cours des deux ou troisdernières années. De plus, cette même information existe pour l'investissement enAlgérie et en Thaïlande.

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L'emploi

Dans la plupart des pays, quel que soit leur niveau de revenu, seule uneminorité des entreprises ont pu embaucher, depuis leur création (Niger, Swaziland),ou dans les deux ou trois dernières années. Cependant, en Équateur et surtout enJamaïque, la majorité des entreprises a vu le nombre de ses employés augmenter.

Au Swaziland, 32 pour cent des entreprises ont augmenté le nombre de leursemployés depuis leur création, 5 pour cent ont diminué tandis que les 63 pour centrestant stagnaient. La croissance de l'emploi a été en moyenne de 16 pour cent paran parmi les entreprises de l'échantillon. Les entreprises les plus dynamiques ontconnu une très forte progression du nombre de leurs employés depuis leur création.Les entreprises situées dans la capitale ont connu une croissance moyenne nettementplus élevée. Au Niger, 38 pour cent des entreprises se sont agrandies depuis leurcréation, tandis que 45 pour cent stagnaient et que 17 pour cent déclinaient. Dansl'ensemble, on constate une croissance importante de l'emploi (7 pour cent par an),plus rapide à Niamey que hors de la capitale.

En Thai1ande, moins de 10 pour cent des entreprises créées il y a plus de deuxans (soit les quatre cinquièmes de l'échantillon) ont embauché de la main-d'oeuvredans les deux dernières années. Les deux tiers ont stagné tandis que le reste (unquart des entreprises) voyait le nombre de ses employés diminuer. Il est intéressantde souligner que très peu de travailleurs indépendants ont eu des employés dans lepassé (2 pour cent seulement, et il s'agissait en général d'un aide familial), mais quela plupart d'entre eux, surtout dans le textile, souhaiteraient pouvoir le faire. Lesentreprises de deux à cinq actifs semblent les plus actives, tout au moins dans letextile et les restaurants où respectivement une entreprise sur six et une sur quatreont embauché depuis deux ans, alors que les entreprises de plus de cinq actifs sontles plus nombreuses à avoir perdu des employés. Ces chiffres reflètent l'extra­ordinaire mobilité et variabilité des micro-entreprises dans un climat économiquepourtant éminemment favorable. Malgré ce contexte, très peu de ces entreprisesparviennent à croître. En Algérie, alors que la situation économique est difficile, onconstate également que peu d'entreprises ont pu embaucher (13 pour cent).Comparée à la Thaïlande, cette donnée est étonnante : en Thaïlande, il existe peu deproblèmes d'approvisionnement, le marché est en expansion et il n'y a aucunerigidité institutionnelle sur le marché du travail. En Algérie, c'est exactementl'inverse, et la décision d'embaucher un employé est d'autant plus risquée que lelicenciement est soumis à des règles strictes. Malgré cela, les entrepreneursthailandais font preuve d'aussi peu de dynamisme que les Algériens.

Dans les trois autres pays à revenu intermédiaire, il semble que les micro­entrepreneurs soient plus dynamiques, surtout en Équateur et en Jamaïque. Dans cesdeux pays et en Tunisie, le secteur de la restauration est parmi les plus dynamiques,tandis que le textile l'est moins (tableau 7.7). En Tunisie, 23 pour cent desentreprises ont embauché récemment, en Équateur, 44 pour cent. Mais c'est enJamaïque que les micro-entrepreneurs font preuve du plus fort dynamisme: 61 pourcent des entreprises ont embauché de la main-d'oeuvre récemment (ces chiffresexcluent les travailleurs indépendants qui ne sont pas concernés par cette question).Dans ces trois pays, plus les entreprises sont grandes, plus elles sont dynamiques.

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Ainsi, il ne semble pas y avoir de relation entre la création d'emplois dans lesmicro-entreprises et la situation économique générale d'un pays. Différentes sur cepoint des grandes entreprises, les micro-entreprises peuvent être sensibles à des aléassectoriels qui n'affectent pas la croissance économique dans son ensemble. Ellespeuvent aussi être en première ligne lors de variations conjoncturelles de la demandedes ménages, parce qu'elles proposent des produits ou des services sensibles à cesvariations. Les restaurants, par exemple, déjà soumis à des variations saisonnièresfortes (ainsi qu'à des cycles mensuels en rapport avec la paie des salariés du secteurmoderne) seront probablement atteints dans leur dynamisme lors de la contraction dela demande, de nombreux salariés préférant consommer leurs repas chez eux. Il enest de même pour le textile: l'élasticité-revenu de la demande de vêtements estpartout supérieure à 1. Le secteur du métal, qui travaille beaucoup fOur le bâtiment,est également très sensible aux moindres variations de la demande . Les entreprisestravaillant en sous-traitance (phénomène fréquent dans le textile) sont encore plusexposées aux variations conjoncturelles, puisque les donneurs d'ordre font immédia­tement supporter à leur sous-traitants toute contraction de la demande. Ainsi, pendantla guerre d'Irak, de nombreux sous-traitants du textile en Thaïlande se sont trouvésbrutalement sans commande, et donc sans revenus. Les entrepreneurs réagissent àleur tour en licenciant leur main-d'oeuvre.

Le caractère familial des relations de travail, principalement dans les pluspetites entreprises (moins de cinq actifs), tempère cependant les variations conjonc­turelles des effectifs. Les petits entrepreneurs ne renvoient pas la main-d'oeuvreexcédentaire, surtout si des liens de parenté existent entre patrons et employés. Labaisse d'activité de l'entreprise, si elle n'entraîne pas immédiatement de licen­ciements, aura cependant une répercussion sur les rémunérations des employés. Aulieu d'une réduction des effectifs, il y aura une baisse des salaires moyens. Demême, une reprise de l'activité ne se traduit pas par une embauche immédiate, maispar une plus grande activité des employés déjà présents, et une hausse desrémunérations. C'est ce type de relations de travail qui explique que les variationsd'effectifs ne suivent pas forcément la conjoncture économique dans les micro­entreprises. A partir de cinq employés cependant, il est plus difficile de continuer àentretenir des employés sans travail, et à partir de dix, les relations de travail ont uncaractère plus formel et les contraintes économiques pèsent plus lourd, ce qui nepermet plus d'entretenir des employés sans travail. Le paiement à la tâche est alorsun moyen d'affronter une conjoncture difficile: la masse salariale suit le niveaud'activité, et les employés sans travail sont libérés jusqu'à un retour des commandes.

L'investissement

Dans deux pays, l'Algérie et la Thaïlande, on dispose d'informations surl'investissement. On constate un plus grand dynamisme dans ce domaine que danscelui de l'emploi. En Algérie, 26 pour cent des entreprises ont investi ces troisdernières années. C'est dans les restaurants que la proportion est la plus importante(34 pour cent). Cependant, l'investissement entendu dans un sens large (il peut s'agird'aménagement du local ou d'achat de matériels divers) ne correspond pasforcément à un changement d'échelle de production, et, dans les restaurants tout aumoins, à un saut technologique. Une partie probablement importante de cet

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investissement correspond en réalité à un investissement de remplacement d'équi­pement déprécié.

L'étude sur la Thaïlande ne considère que l'achat de machines, à l'exclusion dupetit outillage ou des aménagements des locaux. Soixante-trois pour cent desentreprises ayant plus d'un an d'existence (il ne s'agit donc pas d'investissement dedémarrage) ont acheté de l'équipement. Parmi les indépendants, la moitié n'a rienacheté, et un quart a acheté pour une valeur inférieure à 2 000 bahts (80 dollars). Lesentreprises de plus de cinq actifs sont en revanche nombreuses (55 pour cent) à avoirinvesti pour une somme supérieure à ce montant (on estime qu'au-dessous, il ne peuts'agir que de petites machines ou de machines d'occasion, à technologie simple).

Le fait qu'elles soient plus nombreuses à investir qu'à embaucher ne permetcependant pas de conclure à une croissance capitalistique de ces micro-entreprises.En effet, cet investissement est destiné en grande partie à compenser la dépréciationet l'usure des matériels existants (il n'y a pas de provisions pour amortissement dansces micro-entreprises). Les entreprises de deux à cinq actifs sont aussi nombreuses àinvestir dans des machines qu'à embaucher, ce qui affaiblit l'hypothèse d'unaccroissement de l'intensité capitalistique8. Seules les plus grandes entreprisespourraient correspondre à ce schéma, nombre d'entre elles investissant des sommesimportantes (plus de 12 000 bahts ou 500 dollars) sans pour autant embaucher.

Taille des entreprises et caractéristiques des entrepreneurs

Tout au long de cette étude, on a vu que les plus importantes des micro­entreprises avaient une attitude différente des plus petites à l'égard des réglemen­tations, de la fiscalité ou du système bancaire. Elles sont mieux intégrées au marchéet adhèrent plus profondément au cadre institutionnel. Dans une perspectivedynamique, on pourrait penser que les plus grandes entreprises sont des petites quiont grandi sous la direction d'une même personne. Or, une étude plus pousséemontre que les responsables des entreprises les plus importantes ont souvent unprofil différent des indépendants ou des chefs d'entreprises ayant de deux à cinqactifs. .

L'enquête réalisée en Thaïlande fournit de nombreuses indications sur le profildes entrepreneurs selon la taille de l'entreprise (tableau 7.5). Ainsi, les indépendantssont en moyenne plus âgés que les plus gros entrepreneurs. On trouve davantage defemmes parmi les premiers. De plus, le niveau d'éducation des indépendants ou desplus petits entrepreneurs est en moyenne nettement inférieur à celui des autres. Plusde la moitié des responsables de restaurants de plus de cinq actifs ont ainsi atteintl'école secondaire, contre un quart parmi les responsables de petits restaurants ou lesindépendantes (qui sont toutes des femmes). La relation existe dans les autressecteurs, avec une particularité cependant dans le textile. Cette activité est ledébouché traditionnel des migrants (surtout des hommes) venant du milieu rural, oùla fréquentation scolaire est faible. Ces entrepreneurs, qui ont plusieurs employés,travaillent en général en sous-traitance pour des commerçants ou de grandesentreprises de confection. Par ailleurs, il y a dans le secteur textile un bon nombre decouturières indépendantes, d'origine urbaine, et mieux scolarisées en moyenne quecelles qui sont originaires des campagnes. Elles travaillent à façon pour les

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particuliers. Dans chacune de ces deux catégories prises séparément, on constate unerelation entre la formation et l'éducation des entrepreneurs, d'une part, et la taille del'entreprise, d'autre part, alors que la relation n'est pas visible pour l'ensemble dusecteur.

En Équateur, le niveau d'éducation des entrepreneurs ayant au moins dix actifsest nettement plus élevé que la moyenne, 38 pour cent d'entre eux étant allés au-delàde l'école secondaire, tandis que les petits entrepreneurs ne sont que 15 pour centdans ce cas. En Jamaïque, ces proportions sont respectivement de 37 pour cent pourles plus grands entrepreneurs contre 13 pour cent pour les autres (moins de cinqactifs dans l'entreprise). Il n'y a pas de différence de niveau d'éducation entre lesindépendants et les responsables d'unités de moins de cinq actifs (tableau 7.6). Dansles deux pays, la répartition des entrepreneurs par âge est aussi contrastée selon lataille de l'entreprise. Les jeunes sont moins nombreux dans les plus petites, alors quedans les plus grandes, les catégories d'âge intermédiaire dominent. Dans certainssecteurs, les plus âgés sont également davantage représentés parmi les plus petitesentreprises. Rappelons que les femmes sont relativement moins nombreuses parmiles responsables des entreprises les plus importantes des échantillons.

En Équateur, une étude particulière des carrières des entrepreneurs apporte unéclairage intéressant sur la diversité des profils des responsables d'entreprises classésselon la taille. Ainsi, presque la moitié des chefs d'entreprises de plus de cinq actifsn'ont pas eu d'autre expérience que celle qu'ils ont actuellement alors que lestravailleurs indépendants ou les responsables des plus petites entreprises ne sontrespectivement que la et 19 pour cent à ne pas avoir connu d'autre expérience. Lamajorité d'entre eux a démarré comme salarié et un sur cinq comme apprenti.

Toutes ces indications montrent que les deux types d'entrepreneurs necorrespondent pas à la même population. Le même clivage se retrouve entre lesindépendants et les responsables des plus petites entreprises (moins de cinqemployés) et les moyennes et les grandes entreprises de l'échantillon, dans les carac­téristiques socio-éducatives des entrepreneurs et dans leur attitude à l'égard du cadreinstitutionnel ou du marché. Les responsables de plus grosses entreprises, plusjeunes, mieux formés, ont créé d'emblée une affaire relativement plus importante. Ilssont davantage au fait des règlements maîtrisent mieux l'environnement institu­tionnel et économique. Ils sont également plus à l'aise pour négocier avec lesbanques. Ces entrepreneurs ne sont donc pas en général d'anciens travailleursindépendants qui ont développé petit à petit leur entreprise. Les entrepreneurs issusd'un milieu modeste et sans éducation, qui auraient commencé à partir de presquerien et agrandi petit à petit leur entreprise existent bien sûr, mais sont peu nombreux.Il s'agit de l'exception et non pas de la règle9. La modernisation ou l'intégration desmicro-entreprises au cadre institutionnel est donc davantage un phénomène degénérations et une conséquence d'une meilleure éducation générale, plutôt qu'unprocessus graduel au cours d'une carrière.

222

Page 224: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Conclusion

Le cadre réglementaire joue donc un faible rôle dans la dynamique des micro­entreprises, que ce soit à la création ou pendant la croissance des entreprisesexistantes. Le cadre réglementaire n'a pas d'effet direct important, que ce soit négatifou positif, sur cette dynamique. L'attitude des entrepreneurs face aux institutions estpresque indifférente, ou tout au moins sans hostilité ni attente particulière. Dansleurs récriminations, les entrepreneurs s'en prennent peu aux pouvoirs publics, etdans leurs souhaits, ils expriment peu de recommandations sur les réglementationsexistantes. En revanche, on peut déceler de nombreuses préoccupations quiindirectement concernent le gouvernement. En premier lieu, les difficultés d'accès aucrédit dont se plaignent les micro-entrepreneurs peuvent prêter à réflexion dans lespays où la politique monétaire et de crédit relève de l'autorité centrale. Le prix desintrants ou la pénurie de matières premières sont aussi des enjeux qui relèvent d'uneaction gouvernementale.

De plus, les micro-entreprises sont relativement bien intégrées au marché desbiens comme on l'a vu tout au long de cette étude. Les entrepreneurs sont sensiblesau climat économique en général et expriment parfois des préoccupations qui ne sontpas spécifiques aux petites entreprises. Le manque de débouchés ou les fluctuationsde la demande en sont l'illustration.

Ainsi, les aspects réglementaires sont insuffisants pour expliquer le compor­tement des petits entrepreneurs. L'environnement socio-économique auquel ils sontparfois plus sensibles que les dirigeants de grandes entreprises - ils peuvent avoirplus de difficultés à surmonter des fluctuations passagères - a certes des aspectsinstitutionnels. Mais en aucun cas, on ne peut attribuer au cadre institutionnel laprincipale responsabilité dans les difficultés des petits entrepreneurs. C'est cequ'eux-mêmes pensent, et c'est ce qui ressort de l'analyse.

223

Page 225: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Notes et références

1. Une enquête ponctuelle sur des entreprises existantes ne peut que saisir les dates decréation des entreprises de l'échantillon, sans pouvoir apprécier le taux de mortalité desentreprises. Il faudrait des enquêtes longitudinales - dans le temps - pour saisir cemouvement.

2. En Équateur, le statut spécial d'artisan ne peut être obtenu qu'après plusieurs annéesd'activité, l'expérience étant l'une des conditions de l'obtention.

3. Au Swaziland, les entrepreneurs sont nombreux à souhaiter une action du gouver­nement en vue d'améliorer l'accès à des locaux mieux adaptés ou à prix plusmodiques, et seraient prêts à payer des impôts pour résoudre ce problème.

4. Réponses multiples en Thaïlande, où la somme des pourcentages est donc supérieureà !OO, alors que dans les autres pays, ~les entrepreneurs citent leur principal problème.Plus précisément, la question financière est le principal obstacle à l'expansion de leurentreprise, le principal problème actuel étant le manque de main-d'oeuvre qualifiée.

5. L'enquête a été réalisée au Niger alors que la solde des fonctionnaires était versée avecbeaucoup de retard. C'est évidemment là une importante raison de compression de lademande.

6. Pour un employé payé à la pièce, il n'est pas très intéressant de travailler pour unpatron qui débute et a peu de commandes.

7. En revanche, le secteur de la réparation peut se maintenir, voire connaître uneexpansion lors d'une conjoncture économique difficile. Les ménages différant leursachats auront davantage recours aux réparateurs pour conserver les biens déjà en leurpossession.

8. La création d'un poste de travail nécessite normalement un accroissement du capital, etinversement. Dans la confection, la relation est presque linéaire: il faut une nouvellemachine à coudre pour chaque nouvel employé.

9. Cela ne signifie pas que les entrepreneurs « éduqués» n'ont pas démarré à un niveauplus modeste que celui où ils sont actuellement. Une étude plus approfondie permettraitd'apporter d'autres distinctions sur les profils des deux types d'entrepreneurs. Parexemple, les entrepreneurs « éduqués» sont plus nombreux à avoir eu une expériencedans de grandes entreprises modernes.

224

Page 226: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

IVIVUl

Tableau 7.1. Niger, Swaziland, Jamaïque: contraintes au démarrage, par secteurs(en pourcentage)

Niger Swaziland Jamaïque'

Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Tex. Res. Mée. Bois Totalvêt. vêt.

Aucune 43.1 64.9 36.2 42.1 51.7 48.7 9.3 19.7 15.8 18.9 24.2 16.5 41.3 31.1 21.3 19.7 27.8

Demande insuffisante 18.1 14.9 29.3 5.3 12.1 16.7 15.9 19.7 31.5 21.6 6.4 16.5 14.3 11.5 14.7 14.1 14.1

Problèmes financiers 8.3 5.4 13.8 21.1 15.5 11.7 43.9 27.3 26.3 37.8 32.3 35.7 36.5 55.9 45.3 43.3 43.3

Équipement, matières 13.9 1.3 13.8 18.4 3.5 9.3 4.7 1.5 0.0 5.4 1.6 3.1 3.2 1.6 1.3 3.3 3.3premières

Emplacement et type de local 1.4 1.3 0.0 0.0 0.0 0.7 3.7 7.6 5.2 5.4 1.6 4.5 9.5 14.8 36.0 22.2 22.2

Manque de main-d'oeuvre - - - - - - - - - - - - 7.9 4.9 9.3 7.8 7.8qualifiée

Obstacles administratifs, 6.9 4.1 3.5 2.6 6.9 5.0 1.0 1.5 0.0 0.0 4.8 1.8 1.6 1.6 2.7 1.5 1.5impôts

Autres 8.3 8.1 3.4 10.5 10.3 7.9 21.5 22.7 21.1 10.9 29.1 21.9 23.8 16.4 25.3 24.4 24.4

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 138.1 137.8 155.9 136.3 144.4

Nombre d'entreprises 72 74 58 38 58 300 107 66 19 37 62 291 63 61 75 71 270

Nole: 1/ Réponses multiples en Jamaïque; en pourcentage de la fréquence des réponses à partir de la deuxième ligne. Sur les 270 entreprises de l'échantillon, 73 (27.8 pour cent) n'onteu aucun problème. Les 197 autres ont fourni 315 réponses.

Page 227: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

IVIV0\

Tableau 7.2. Niger, Swaziland, Jamaïque: contraintes au démarrage, par taille d'entreprise(en pourcentage)

Niger Swaziland Jamaïque'

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Aucune 57.1 48.5 36.1 43.5 48.7 15.7 15.2 29.2 11.1 16.5 40.0 22.0 30.0 13.0 27.8

Demande insuffisante 14.3 15.8 22.2 21.7 16.7 17.5 16.3 12.5 11.1 16.5 14.1 14.4 23.3 0.0 14.1

Problèmes financiers 15.7 9.9 13.9 8.7 11.7 39.2 32.6 33.3 11.1 35.7 31.8 50.7 50.0 34.8 43.3

Équipement, matières premières 5.7 10.5 13.9 4.3 9.3 3.0 2.2 0.0 22.2 3.1 4.7 3.8 0.0 0.0 3.3

Emplacement et type de local 0.0 1.2 0.0 0.0 0.7 3.6 7.6 0.0 0.0 4.5 10.6 34.8 13.3 4.3 22.2

Manque de main-d'oeuvre qualifiée - - - - - - - - - - 0.0 9.1 6.7 30.4 7.8

Obstacles administratifs, impôts 2.9 5.8 2.8 8.7 5.0 0.6 2.1 8.3 0.0 1.8 0.0 1.5 0.0 8.7 1.5

Autres 4.3 8.3 11.1 13.1 7.9 20.4 24 16.7 44.5 21.9 23.5 28.0 20.0 13.0 24.4

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 124.7 164.3 143.3 104.2 144.4

Nombre d'entreprises 70 171 36 23 300 167 91 24 9 291 81 135 31 23 270

Note: Il Réponses multiples en Jamaïque; en pourcentage de la fréquence des réponses à partir de la deuxième ligne. Sur les 270 entreprises de l'échantillon, 73 (27.8 pour cent) n'onteu aucun problème. Les J97 autres ont fourni 315 réponses.

Page 228: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 7.3. Contraintes pendant l'activité l, par secteurs

(en pourcentage)

Tunisie' Niger Swaziland

Tex. Res. Mée. Tapis Total Tex. Res. Mét. Bois Ven. Tolal Tex. Res. Mét. Bois Ven. Totalvêt. vêt.

Aucune - - - - - 1.4 5.4 1.7 2.6 1.7 2.7 3.7 6.1 10.5 21.6 9.7 8.3

Demande insuffisante - - - - - 59.7 54.1 48.3 39.5 56.9 53 19.6 19.7 15.8 10.8 16.1 17.5

Problèmes financiers 57.5 n.8 51.7 56.2 60.4 18.1 20.3 12.1 23.7 13.8 17.3 30.8 21.2 21.1 29.7 25.8 26.8

Équipement, matières premières - - - - - 8.3 4.1 22.4 21.1 3.4 10.7 5.6 4.5 10.5 10.8 1.6 5.5

Emplacement et type de local - - - - - 1.4 1.2 0.0 0.0 0.0 0.7 10.3 21.2 21.1 16.2 12.9 14.7

Manque de main-d'oeuvre - - - - - - - - - - - 0.0 4.5 5.3 0.0 1.6 1.7qualifiée

Obstacles administratifs, impôts 0.0 5.4 4.6 3.1 3.4 1.4 10.8 8.6 10.5 17.3 9.3 0.9 3.0 5.3 0.0 4.8 2.3

Autres 42.5 21.8 43.7 40.7 36.2 9.7 4.1 6.9 2.6 6.9 6.3 29.1 19.8 10.4 10.9 27.5 23.2

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100,0 100.0 100.0 100.0

Nombre d'entreprises 80 92 87 32 291 n 74 58 38 58 300 107 66 19 37 62 291

NOIes: 1/ Les questions posées dans ce domaine ne sont pas strictement comparables (voir chapitre 7).2J Pour la Tunisie, la question concernait les obstacles prévus aux éventuels investissements à venir.

Page 229: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 7.3. (suite)

Thaïlande' Jamaïque

Tex. Res. Mél. Total Tex. Res. Mée. Bois Total

Aucune

Demande insuffisante 2.5 5.5 8.0 5.1 36.5 18.0 22.7 18.3 23.7

Problèmes financiers 65.0 67.1 69.6 67.0 7.9 6.6 14.7 23.9 13.7

Équipement, matières premières 0.6 1.2 1.6 1.1 41.2 54.1 48.0 45.0 48.1

Emplacement et type de local 16.6 22.0 14.4 17.9 1.6 0.0 1.3 0.0 0.7

NN Manque de main-d'oeuvre qualifiée 49.1 12.2 44.0 34.3 1.6 0.0 0.0 0.0 0.400

Obstacles administratifs, impôts 12.3 15.9 22.4 16.4

Autres 11.7 7.3 3.2 7.7 11.2 21.3 13.3 12.8 13.4

Total 157.8 131.2 163.2 149.5 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre d'entreprises 163 164 125 452 63 61 75 71 270

Notes: Il Les pourcentages sont calculés sur le nombre d'entreprises qui déclarent faire face à des contraintes en matière d'investissement (452 entreprises) ; réponses multiples.

Page 230: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 7.4. Contraintes pendant l'activité l, par taille d'entreprise

(en pourcentage)

Tunisie' Niger Swaziland

1 2-5 6-10 >\0 Total 1 2-5 6·\0 >\0 Total 1 2-5 6-10 >\0 Total

Aucune - - - - - 0.0 4.7 0.0 0.0 2.7 6.6 5.4 33.3 0.0 8.3

Demande insuffisante - - - - - 68.6 49.1 41.7 52.2 53.0 19.9 17.4 8.3 0.0 17.5

Problèmes financiers 57.1 65.4 50.0 37.5 60.4 18.6 15.8 19.4 21.7 17.3 23.5 33.7 29.2 ILl 26.8

Équipement, matières - - - - - 4.3 12.8 13.9 8.7 10.7 6.0 3.3 8.3 ILl 5.5premières

Emplacement et type de local - - - - - 0.0 1.2 0.0 0.0 0.7 12.7 19.6 8.3 22.2 14.7

Manque de main-d'oeuvre - - - - - - - - - - 1.8 Ll 0.0 ILl 1.7qualifiée

Obstacles administratifs, 0.0 1.9 10.0 0.0 3.4 2.9 ILl 16.7 4.3 9.3 2.4 3.3 0.0 0.0 2.3impôts

Autres 42.9 32.7 40.0 62.5 36.2 5.6 5.3 8.3 13.1 6.3 27.1 16.2 12.6 44.5 23.2

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre d'entreprises 7 208 60 16 291 70 171 36 23 300 167 91 24 9 291

NoIes: Il Les questions posées dans ce domaine ne sont pas strictement comparables (voir chapitre 7).2J Pour la Tunisie, la question concernait les obstacles prévus aux éventuels investissements à venir.

Page 231: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 7.4. (suite)

Thanande' Jamaïque

2-5 >5 Total 2-5 6-10 >10 Total

Aucune

Demande insuffisante 3.4 6.5 4.8 5.1 38.3 21.5 9.7 4.4 23.7

Problèmes financiers 73.0 63.0 66.3 67.0 7.4 17.8 19.3 4.3 13.7

Équipement, matières premières 2.0 0.0 1.9 1.1 45.6 46.6 51.5 60.8 48.1

Emplacement et type de local 20.3 19.0 12.5 17.9 1.2 0.7 0.0 0.0 0.7

IVl.;) Manque de main-d'oeuvre qualifiée 17.6 38.0 51.0 34.3 0.0 0.7 0.0 0.0 0.40

Obstacles administratifs, impôts 10.1 18.5 21.2 16.4

Autres 11.5 7.5 2.9 7.7 7.5 12.7 19.5 30.5 13.4

Total 137.9 152.5 160.6 149.5 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre d'entreprises 148 200 104 452 81 135 31 23 270

NOIe: 11 Les pourcentages sont calculés sur le nombre d'entreprises qui déclarent faire face à des contraintes en matière d'investissement (452 entreprises) : réponses multiples.

Page 232: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 7.5. Thailande: caractéristiques des entrepreneurs par secteurset taille d'entreprise

(en pourcentage)

% moins de 35 ans

Textile

Métal

Restaurants

% originaires d'un milieu rural

Textile

Métal

Restaurants

% niveau d'éducation secondaireou au-delà

2-5

-

21.7 31.9

18.8 36.8

28.7 30.8

50.0 53.8

37.5 47.4

48.5 33.3

>5

60.9

37.3

55.6

63.0

20.3

22.2

Total

36.6

34.8

30.9

55.2

34.1

41.0

Textile'

Mélal

Restaurants

39.1

25.0

26.7

39.6

38.6

37.2

37.0

37.3

55.6

38.8

36.4

32.4

Nole: Il Dans ce secleur, la profession des parents est très discriminante. Parmi les tailleurs d'origine paysanne, 14 pourcent des indépendants ou des dirigeants d'entreprises de moins de six personnes sont allés à l'école secondaire,tandis qu'ils sont 31 pour cent parmi les entrepreneurs de plus de cinq personnes. Pour les enfants d'autrescatégories professionnelles, ces chiffres sont respectivement 35 (indépendants et entreprises de moins de sixpersonnes) et 59 pour cent (entreprises de plus de cinq personnes).

Tableau 7.6. Équateur et Jamaïque: niveau d'éducation des entrepreneurs,par taille d'entreprise

(en pourcentage)

Tha"t1ande Équateur Jamaïque

\ 2-5 6-10 >10 \ 2-5 6-\0 \ 2-5 6-10

Primaire 76 70 55 39 45 41 35 52 49 50

Secondaire 19 21 34 52 41 44 27 35 39 13

Supérieur 5 9 11 9 14 15 38 13 12 37

Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

231

Page 233: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

NWN

Tableau 7.7. Indicateurs de la dynamique des entreprises: accroissement de l'emploi en 1989-92, par secteurs (en pourcentage)

Accroissement Algérie Tunisie Niger'de la main·d'oeuvre Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Tapis Total Tex. Res. Mét. Bois Vte vêt. Total

Oui 20.0 9.7 10.6 12.6 17.5 38.0 13.8 12.5 22.3 41.7 32.4 43.1 29.0 41.4 38.0

Non 74.3 86.6 83.3 82.6 82.5 62.0 86.2 87.5 77.7 58.3 67.6 56.9 71.0 58.6 62.0

SR 5.7 3.7 6.1 4.8 - - - - - - - - - -Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 70 134 66 270 80 92 87 32 291 72 74 58 38 58 300d'entreprises

Accroissement Swaziland' Thailande' Équateur' Jamaïquede la main·d'oeuvre Tex. Res. Mét. Bois Ven. Total Tex. Res. Mét. Total Tex. Res. Mée. Total Tex. Res. Mée. Bois Total

vêt.

Oui 27.1 22.7 73.7 29.7 38.7 32.0 9.0 12.0 5.8 9.3 32.0 43.7 43.2 39.6 19.1 49.2 46.7 53.5 42.6

Non 72.9 77.3 26.3 70.3 61.3 68.0 91.0 88.0 94.2 90.7 68.0 56.3 56.8 60.4' 57.1 37.7 25.3 28.2 36.3"

SR - - - - - - - - - - - - - - 23.8 13.\ 28.0 18.3 21.1

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 107 66 19 37 62 291 155 142 103 400' 100 103 95 298 63 61 75 71 270d'entreprises

NOIes: Il21

31415161

Au Niger et au Swaziland, on considère l'évolution de l'emploi depuis l'année de création de l'entreprise.En Tha',lande, l'évolution de l'emploi est considérée pour les deux dernières années. Le niveau d'emploi est resté stable dans 63 pour cent de cas pour le secteur textile, dans50 pour cent pour le secteur métallique et dans 81 pour cent pour la restauration; dans les autres cas, il a baissé.Les entreprises créées en 1990 et 1991 ne sont pas comptées.En Équateur, on considère l'évolution de l'emploi entre 1989 et 1991.Ce chiffre comprend 23 cas de diminution et 157 cas de stabilité de la main·d'oeuvre.Dans 77 des 98 cas considérés le niveau d'emploi est resté stable.

Page 234: ÉTUDES DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT

Tableau 7.8. Indicateurs de la dynamique des entreprises: accroissement de l'emploi en 1989-92, par taille d'entreprise (en pourcentage)

Accroissement Algérie Tunisie Niger'de la main·d'oeuvre

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2·5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total

Oui 0.0 18.8 9.1 22.7 12.6 0.0 18.8 31.7 43.8 22.3 0.0 46.2 58.3 60.9 38.0

Non 100.0 81.9 89.4 68.2 82.6 100.0 81.3 68.3 56.3 77.7 100.0 53.8 41.7 39.1 62.0

SR 0.0 5.6 1.5 9.0 4.8 - - - - - - - - - -

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre d'entreprises 5 177 66 22 270 7 208 60 16 291 70 171 36 23 300

Accroissement Swaziland' Thanande' Équateur' Jamaïquede la main-d'oeuvre

1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 >5 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2-5 6·10 >10 Total

Oui 0.0 12.8 75.0 88.9 32.0 0.0 16.5 8.3 9.3 0.0 38.4 56.4 61.3 39.6 0.0 62.2 51.6 65.2 42.6

Non 100.0 27.2 25.0 11.1 68.0 100.0 83.5 91.7 90.7 100.0 61.7 43.6 38.7 60.4' 79.0 15.6 19.4 30.4 36.3"

SR - - - - - - - - - - - - - - 21.0 22.2 29.0 4.3 21.1

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre d'entreprises 166 92 24 9 291 134 182 84 400' 30 198 39 31 298 81 135 31 23 270

Notes: Il2131415161

Au Niger et au Swaziland, on considère l'évolution de l'emploi depuis l'année de création de l'entreprise.En Thaïlande, l'évolution de l'emploi est considérée pour les deux dernières années.Les entreprises créées en 1992 ne sont pas comptées.En Équateur, on considère l'évolution de l'emploi entre 1989 et 1991.Ce chiffre comprend 23 cas de diminution et 157 cas de stabilité de la main-d'oeuvre.Dans 77 des 98 cas considérés le niveau d'emploi est resté stable.

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Tableau 7.9. Indicateurs de la dynamique des entreprises: réalisation d'investissements en 1989-92, par secteurs(en pourcentage)

Réalisation Algérie Tunisie' Thaïlande'd'investissements

Tex. Res. Méc. Total Tex. Res. Méc. Tapis Total Tex. Res. Métal Total

Oui 21.4 33.6 14.7 25.9 71.3 83.7 62.1 59.4 71.1 69.1 49.4 64.5 63.2

Non 71.4 61.2 77.9 68.5 28.8 16.3 37.9 40.6 28.9 30.9 50.6 35.5 36.8

SR 5.7 4.5 7.4 5.6 - - - - - - - - -

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 70 134 68 270 80 92 87 32 291 178 87 121 386d'entreprises

Notes: II Pour la Tunisie, on a pris en compte ici les projets d'investissement.21 En Thanande, on considère les investissements réalisés la dernière année. Les entreprises créées en 1992 et 90 restaurants de rue ne sont pas comptés. En outre, 12 entreprises

n'ont pas répondu.

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Tableau 7.10. Indicateurs de la dynamique des entreprises: réalisation d'investissements en 1989-92, par taille d'entreprise(en pourcentage)

Réalisation Algérie Tunisie' T1Hillande'd'investissements

1 2·5 6-10 >10 Total 1 2-5 6-10 >10 Total 1 2·5 >5 Total

Oui 20.0 28.2. 16.7 36.4 25.9 57.1 73.1 68.3 62.5 71.1 50.1 64.9 70.5 63.2

Non 80.0 66.7 80.3 54.6 68.5 42.9 26.9 31.7 37.5 28.9 49.4 35.1 29.5 36.8

SR 0.0 5.1 3.0 9.1 5.6 - - - - - - - - -

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Nombre 5 177 66 22 270 7 208 60 16 291 178 87 121 386d'entreprises

NOIes: 11 Pour la Tunisie, on a pris en compte ici les projets d'investissement.2J En Thaïlande, on considère les investissements réalisés la dernière année. Les entreprises créées en 1992 et 90 restaurants de rue ne sont pas comptés. En outre, 12 entreprises

n'ont pas répondu.

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Chapitre 8

Conclusions et recommandations

Après une analyse détaillée par catégorie de règlements, nous devons réunirtous ces résultats en quelques idées synthétiques. La première est que le secteurinformel n'est pas un concept universel, la deuxième souligne l'extrême diversité dessituations selon la taille, le secteur ou la localisation de l'entreprise, la troisièmeconsiste à relativiser la thèse illustrée par de Soto: le cadre institutionnel n'est pasl'obstacle premier en tout lieu et tout temps au développement des micro-entreprises.Il est vrai néanmoins que dans certains cas, des réglementations freinent ce dévelop­pement d'une manière aussi significative que regrettable; c'est ce qui nous conduiraà proposer, dans la seconde partie de ce chapitre, des améliorations du cadreinstitutionnel.

Secteur informel ou micro-entreprises ?

Dans tous les débats et travaux sur le « secteur informel », on a recourstoujours à deux types de définition. L'une se réfère au cadre réglementaire pourdéfinir ce secteur; comme le dit Turnham (1993) : « beaucoup d'analystesconsidèrent que l'essence du secteur informel réside dans l'absence de conformité aucadre réglementaire ». L'autre est liée à des critères économiques comme l'absencede technologie moderne ou la faiblesse en capital matériel et/ou humain. Ces critèresétant difficiles à appliquer, on propose parfois de les apprécier à travers desindicateurs comme la consommation d'électricité par actif, s'il s'agit de technologie,ou le nombre d'années d'études pour le capital humain.

On peut également rejeter ce concept d'informalité et distinguer les entreprisesseulement en fonction de la taille, comme le font Little et al. (1987) : « A notre avis,le secteur informel ne constitue pas un concept offrant une quelconque valeur analy­tique ou opérationnelle, et nous ne l'utilisons pas ». Mais, ce faisant, on devra réunirdes entreprises qui n'ont rien de commun, comme des membres de professionslibérales et des entreprises à technologie traditionnelle ou des indépendants qui ontdes emplois de survie (comme cireur de chaussures). Si les grandes entreprises despays en développement utilisent souvent les mêmes technologies que celles des paysdéveloppés, le meilleur exemple étant les compagnies aériennes, il est indiscutable

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qu'il y a un fossé entre les technologies des micro-entreprises (et la productivité dutravail) selon qu'il s'agit de pays développés ou en développement.

C'est ce qui nous a conduits à ajouter au critère de la taille (moins de 20 actifs)celui du capital matériel et/ou humain, que nous avons appliqué implicitement par lechoix des secteurs en excluant des activités intensives en capital. En revanche, nousn'avons pas retenu le critère juridique d'informalité puisque nous avons conservédans nos échantillons des micro-entreprises qui respectaient la plupart desobligations légales. Il faut souligner qu'un critère juridique est inapplicable dans unecomparaison internationale. Imaginons, par exemple, deux pays. Dans l'un, toutemicro-entreprise est assujettie à l'enregistrement et à deux taxes très lourdes parrapport au revenu, tandis que, dans l'autre, on demande seulement l'enregistrement,ces deux taxes n'étant perçues qu'au-delà d'un chiffre d'affaires que les micro­entreprises n'atteignent presque jamais. Il est probable que dans le premier pays,beaucoup de micro-entreprises ne se feront pas enregistrer pour éviter les impôtstandis que la plupart seront enregistrées dans le second pays. Ainsi, avec un nombrecomparable de micro-entreprises dans les deux pays, on aurait un secteur informelimportant dans un cas, faible dans l'autre.

Or nos sept études de cas nous ont montré que précisément les réglementationsvarie"nt beaucoup d'un pays à l'autre et que dans certains pays la majorité desmicro-entreprises (indépendants ou entreprises de un à cinq actifs exclus) respecte laplupart des règlements.

Le fait que l'on ne retienne pas la définition juridique de l'informel ne doit pasexclure un indicateur très intéressant, le degré d'informalité (au sens juridique) dusecteur des micro-entreprises. Ce degré variant comme on l'a vu selon le domainejuridique concerné, il faut le prendre en compte ainsi que nous l'avons fait au coursde cet ouvrage en évoquant successivement les principaux domaines juridiques. Il esttrès utile de connaître ces degrés d'informalité pour comprendre le fonctionnementdes micro-entreprises et les obstacles à leur développement. Le fait, par exemple,qu'un artisan soit enregistré et verse la patente n'implique pas qu'il connaisse etrespecte le droit du travail ou des normes pour l'environnement. Souvent,l'intégration à l'ensemble du cadre institutionnel officiel n'est pas possible pour desraisons culturelles, même si cette personne respecte certains règlements.

Par ailleurs, nous devons être conscients des limites de nos critères. Celui de ladotation en capital matériel ou humain (qui explique la faible productivité du travail)n'est pas aussi facile à appliquer que le critère de la taille. Dans des pays commel'Équateur, la Tunisie et surtout la Thaïlande, il existe des chefs de micro-entreprisesqui ont pu accumuler des bénéfices et moderniser leur entreprise, d'autres ont faitdes études supérieures. En réalité, il n'existe aucune limite claire et tranchée entre unsecteur moderne (avec les mêmes dotations en capital par actif que dans les paysdéveloppés) et un secteur que l'on appellerait traditionnel. Pour mieux connaître lesmicro-entreprises, il faudrait donc recourir à un indicateur comme le degré demodernisation (soit le pourcentage d'entreprises dépassant telle dotation par actif encapital physique, ou en capital humain). En prenant comme référence la dotationmoyenne dans les entreprises plus grandes (20 à 100 salariés par exemple) ayant lamême activité, ou plutôt une fraction de cette dotation, on pourrait calculer lepourcentage d'entreprises qui dépassent cette valeur seuil, c'est-à-dire le degré demodernisation. D'après nos enquêtes, il est certain que ce degré est quasiment nul

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pour les micro-entreprises (un à 20 actifs) des pays pauvres étudiés, mais ce n'estpas le cas en Thaïlande où ce degré peut être significatif parmi les entreprises de sixà 20 actifs.

Dans un pays comme la Thai1ande où les règlements sont assez adaptés auxspécificités des micro-entreprises, on aura un degré d'informalité assez faible, mais ilpeut en aller de même si la prépondérance du secteur public oblige les micro­entrepreneurs à respecter leurs obligations légales, comme en Algérie. D'autre part,si l'environnement économique est favorable et si l'économie connaît une croissancerapide comme en Thai1ande, le degré de modernisation n'est pas négligeable. Oncomprend dès lors pourquoi, dans ce pays, la notion de secteur informel n'a guère designification si ce n'est pour désigner des activités marginales dans les bidonvilles.On comprend à l'opposé le succès de ce concept dans les pays d'Afrique sub­saharienne. Ce n'est pas un hasard si c'est l'exemple d'un pays africain, le Kenya,qui a permis au BIT en 1972 de vulgariser ce concept. Plus le degré de moderni­sation est faible parmi les micro-entreprises, plus le degré d'informalité est élevé etplus ce concept a de succès. Ainsi, même si ce concept n'a pas de valeur analytiquecomme l'affirme 1. Little, le fait que les responsables de l'administration ou leséconomistes d'un pays croient que ce concept a un sens est intéressant; il révèle queles micro-entreprises de ce pays sont caractérisées par un degré de modernisationfaible et un degré d'informalité élevé. L'exemple de ces pays africains, comme celuide la Thaïlande, montre qu'il y a souvent une corrélation inverse entre le degréd'informalité et le degré de modernisation. Toutefois des exceptions sont possibles:dans un pays pauvre, l'État peut limiter les obligations des micro-entreprises à unstrict minimum de telle sorte que beaucoup respectent ces obligations, ce qui réduitle degré d'informalité sans augmenter le degré de modernisation. A l'inverse, dansun pays à revenu intermédiaire, l'admi~istration peut tomber en déliquescence pourdes raisons politiques au point que l'Etat ne contrôle plus rien, dans ce cas desmicro-entreprises en voie de modernisation vont fonctionner dans une complèteillégalité (ou a-légalité). Cet exemple montre qu'il faut distinguer les textesréglementaires et leur application. Assez souvent les pratiques administratives sontlaxistes et on ne fait pas respecter les règlements ; or, ce qui importe pour lefonctionnement de l'entreprise ce sont les pratiques et non les textes.

Les micro-entreprises : une diversité de situations

A l'intérieur d'un même pays, où s'appliquent en principe les mêmesréglementations, on a constaté la diversité de situations juridiques ou fiscales selon lataille de l'entreprise, le secteur d'activité ou le lieu de travail.

Le facteur qui joue le rôle le plus important est la taille de l'entreprise.Beaucoup d'indépendants travaillent pratiquement en dehors du cadre légal, n'étantni enregistrés ni assujettis à une seule taxe et ne respectant guère les diverses normesde sécurité, d'hygiène ou autres tandis qu'à l'opposé la majorité des micro­entreprises ayant plus de dix actifs respecte de nombreux règlements. Certes, ceschéma est un peu simplificateur : en Thaïlande, près de la moitié des indépendantspaient la taxe sur le chiffre d'affaires et, en Équateur, entre un tiers et un quartrèglent les divers impôts. Toutefois, il y a en général un fossé entre la situation des

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indépendants et celle des micro-entreprises évoquées. Les indépendants appar­tiennent presque toujours au secteur informel si on le définit par les deux critères(informalité juridique et absence de modernisation) tandis que les entreprises de onzeà 20 actifs présentent assez souvent les mêmes caractéristiques que des entreprisesplus grandes si l'on se réfère aux deux mêmes critères. Entre ces deux groupes, iln'existe pas de solution de continuité: à mesure que la taille de la micro-entrepriseaugmente, l'informalité juridique diminue, la modernisation progresse. Pour cetteraison, aucun critère de taille n'est vraiment satisfaisant, mais les chiffres de 20 oudix actifs comme limites paraissent les plus satisfaisants si l'on applique les deuxcritères d'informalité juridique et d'absence de modernisation.

Il faut nuancer l'incidence du facteur taille en fonction du secteur. Dansplusieurs pays, l'État contrôle sérieusement l'application de certaines normes dansun secteur alors qu'il néglige plus ou moins les autres secteurs. En Thaïlande et enTunisie, nous avons vu que les autorités font respecter des normes d'hygiène dans larestauration quelle que soit la taille de l'entreprise. De même, le secteur des tapis enTunisie fonctionne en dehors du cadre légal excepté pour le poinçonnage qui certifiela qualité: cette obligation légale est toujours respectée. En Equateur et en Jamaïque,l'administration contrôle étroitement toutes les micro-entreprises pour les normesd'hygiène, qu'il s'agisse de ventes de produits alimentaires ou de restauration. Dansles pays pauvres comme le Niger ou le Swaziland, l'administration manque habituel­lement de moyens pour contrôler efficacement une activité et par suite les plus petitséchappent au contrôle (sauf exception comme au Swaziland où l'administrationexerce un contrôle sérieux sur les commerces de vêtements). En revanche, dans lespays à revenu intermédiaire, on constate que l'administration est capable de fairerespecter par toutes les entreprises certains règlements. Comme le gouvernement nes'attache qu'à certains secteurs, cela entraîne une inégalité de traitement entre lesmicro-entreprises. Dans certains secteurs, les indépendants et les plus petitesentreprises (deux à cinq actifs) peuvent fonctionner au dehors du cadre légal, dansd'autres secteurs les mêmes sont obligés de respecter la réglementation.

Il existe aussi des inégalités de traitement selon la localisation. L'administrationau Niger n'exerce pas le moindre contrôle sur les micro-entreprises installées dansles villages; en Tunisie, l'attestation de validité du local est exigée à Tunis, et avecsuccès (plus de 90 pour cent l'ont obtenue), mais non à Sfax. De même, une taxelocale sur les déchets est payée par la moitié des micro-entreprises à Tunis, mais ellen'existe pas à Sfax. En Thaïlande, les normes d'hygiène ou sanitaires pour larestauration sont plus contrôlées et par suite plus respectées dans les villes deprovince qu'à Bangkok. Ainsi, la situation des plus petites entreprises (un à cinqactifs) sera différente d'un lieu à l'autre, même s'il est probable qu'elles échappentdavantage aux contrôles que les entreprises plus grandes.

D'un pays à l'autre les différences de cadre sont très importantes. Il suffit decomparer les contraintes fiscales dans deux pays voisins : en Tunisie, les entreprisessont assujetties uniquement à la patente tandis qu'elles doivent payer en Algérie lataxe unique et l'impôt sur les bénéfices. A cela s'ajoutent plusieurs impôts locaux(TAlC, taxe foncière, taxe d'assainissement) au lieu d'un seul en Tunisie. Du coup,respecter les obligations fiscales en Algérie n'a pas la même signification qu'enTunisie. Au Swaziland, l'enregistrement est une procédure longue et complexe tandisque la même formalité est relativement simple au Niger. En Thaïlande, l'affiliation à

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la sécurité sociale n'était obligatoire en 1992 que pour les entreprises ayant plus de20 actifs tandis qu'elle était imposée à toutes les micro-entreprises en Algérie et enTunisie. Ces exemples montrent que le coût du respect des règlements variebeaucoup d'un pays à l'autre. Par suite, le degré d'informalité qui caractérise lesmicro-entreprises dans un pays qui a accumulé les prélèvements et les réglemen­tations sera plus élevé que dans un pays voisin où les micro-entreprises paientbeaucoup moins de taxes et sont soumises à moins de contraintes. En ce sens, ledegré d'informalité résulte du poids des règlements et des prélèvements. Il est doncimpossible de parler des secteurs informels de deux pays et de les comparer. Il estpréférable de considérer les micro-entreprises de ces pays et de comparer le degréd'informalité qui les caractérise compte tenu du cadre institutionnel dans chaquepays.

Le cadre institutionnel est-il un obstacle au développementdes micro-entreprises ?

L'un des résultats essentiels de cette étude est qu'elle relativise dans une largemesure la thèse soutenue par de Soto. Qu'il s'agisse de difficultés rencontrées lorsde la création de l'entreprise ou des difficultés actuelles, jamais les entrepreneurs necitent au premier rang les contraintes institutionnelles. L'instabilité ou l'insuffisancede la demande et les questions de financement représentent toujours les obstacles lesplus importants. Le fait que dans sept pays ayant des réglementations différentes, desniveaux de développement différents, on constate toujours cette même hiérarchie,doit attirer l'attention de tous les responsables politiques. Ceux-ci ne doivent pascroire qu'il suffirait de changer ou de supprimer des réglementations pour assurer ledéveloppement des micro-entreprises.

Mais il ne faut pas céder à la tentation opposée, en pensant qu'aucuneamélioration du cadre institutionnel n'est souhaitable. Les réponses des entrepreneursprouvent que le système fiscal ou certains règlements gênent réellement lefonctionnement de leur entreprise. Le poids de la fiscalité est particulièrementressenti dans les pays pauvres ou socialistes. Au Niger et au Swaziland, le caractèreforfaitaire des taxes dans un environnement économique très incertain entraîne defacto la régressivité puisque ceux qui connaissent des difficultés doivent payer autantque les autres. En Algérie, l'État a accumulé les taxes et contrôle sérieusement lescontribuables. Les restrictions sur les emplacements sont un obstacle évident àl'accroissement des ventes et font l'objet de critiques dans plusieurs pays comme leNiger, le Swaziland et la Thaïlande. Dans un pays comme le Swaziland, la longueuret la complexité des procédures pour l'enregistrement sont inadaptées aux candidatscompte tenu de leur niveau d'instruction. Enfin, dans le cas de l'Algérie, le cadred'une économie étatique est manifestement un frein au développement des micro­entreprises puisqu'elles sont les plus mal placées pour s'approvisionner en biensintermédiaires, en pièces détachées ou en machines. Le simple fait que lesentrepreneurs souhaitent avoir des commandes de l'État pour se faire des relationsdans ce secteur et avoir ainsi plus de facilités d'approvisionnement est significatif.

Le problème du financement, qui est souvent classé au premier rang, comporteégalement des aspects institutionnels, même s'il ne se résume pas à ces aspects. Les

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opérations de prêt bancaire à de petits entrepreneurs ayant de faibles actifs sont detoute façon difficiles à promouvoir. Mais certains aménagements du droitcommercial et du droit du crédit en fonction des caractères spécifiques des micro­entreprises réduiraient la difficulté. On pourrait également promouvoir d'autresinstitutions de crédit, qui seraient plus adaptées aux micro-entreprises.

Ces exemples montrent que le cadre institutionnel, sans être un obstacledécisif, est toutefois un frein dans certains cas au développement des micro­entreprises. Le fait qu'il ne constitue pas un tel obstacle tient en partie à l'histoirerécente. Dans beaucoup de pays qui ont dû appliquer des programmes d'ajustementstructurel dans les années 80, les autorités publiques ont compris que les créationsd'emplois dépendaient, pour une bonne part, du développement des micro­entreprises. Elles ont donc fait évoluer la réglementation ou tout simplement laissétomber en désuétude certains règlements. Le cadre institutionnel au moment de nosenquêtes était donc moins contraignant dans certains cas que dans les années 70.L'attitude des autorités qui font efficacement respecter certaines obligations et necontrôlent pas les autres, comme en Tunisie, est très significative. Sans modifier lestextes juridiques, l'État modifie de fait le cadre institutionnel et l'adapte aux besoinsdes micro-entreprises, parce qu'il a besoin d'elles pour lutter contre le chômage.C'est pour contribuer à cette évolution que nous proposons, dans une seconde partie,des recommandations destinées à améliorer d'une manière systématique ce cadreinstitutionnel.

Pour un meilleur environnement des micro-entreprises

Le terme « environnement » est destiné à élargir notre réflexion. En effet, il nefaut pas améliorer seulement le cadre juridique, mais aussi le système fiscal, lesrelations entre ces entreprises et les banques ou leurs fournisseurs. L'objectif est deprocurer le meilleur environnement possible pour le démarrage, puis pour le fonc­tionnement et la croissance des micro-entreprises. Comme nous le verrons, ce projetne concerne pas seulement les autorités publiques, mais aussi le secteur privé (desbanques ou des grandes entreprises) et les pays donateurs. Ces derniers se soucientde plus en plus d'aider les micro-entreprises mais ne savent pas comment intervenirparce qu'une telle intervention est beaucoup plus difficile qu'une intervention enfaveur des grandes entreprises.

On considérera d'abord le cadre juridique qui concerne toutes les micro­entreprises avant d'aborder le droit du travail qui touche seulement celles qui ont dessalariés.

Le premier problème est évidemment celui de l'enregistrement (ou d'uneformalité similaire). Il nous faut répondre à trois questions : comment doit-il sefaire? Doit-il être obligatoire? Quelles contreparties doivent être offertes (comme laconfirmation du droit d'occuper un emplacement) ? Les réponses sont liées car cetteformalité ne peut être imposée que si elle est réduite au coût minimum en argent eten temps. Il faut avoir une vue concrète des conditions d'enregistrement: le candidatest le plus souvent pauvre, parfois illettré; de plus, il peut s'agir d'une femme dansune société où celle-ci est condamnée à un statut inférieur. Dans ces conditions, il

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faut exclure les fonnalités complexes, comme celles qui ont cours au Swaziland, oule paiement d'un droit d'enregistrement ou d'une patente, trop élevés pour unpauvre. Cette formalité devrait être réglée en une ou deux heures en exigeant leminimum de documents (une carte d'identité, une preuve de domicile, par exemple)et pour un coût inférieur à un ou deux dollars. En revanche, la carte délivrée devraitêtre renouvelée chaque année pour la même somme. Il serait préférable que leservice chargé de l'enregistrement ne dépende pas du ministère des Finances car,dans ce cas, les gens craignent pour des raisons fiscales de se faire enregistrer,comme on le voit en Jamaïque. Mais cette fonnalité devrait être obligatoire, la carteprofessionnelle étant exigée pour diverses démarches et sa détention contrôlée sur lelieu d'activité. Certains objecteront qu'en imposant cette fonnalité, l'administrationva créer un second secteur vraiment informel de personnes non enregistrées.L'administration peut éviter ce risque en allégeant les procédures. Par exemple, lacarte professionnelle pourrait être délivrée sur place lors d'un recensement desactivités : l'agent qui procède à cette opération ayant en même temps la capacitéd'enregistrer. Chacun pourrait ainsi démarrer quand il le veut une activité, souscondition de se faire enregistrer et de payer la somme indiquée lors de ce passageannuel du fonctionnaire en charge du recensement. Il est probable que cet allégementde la procédure est souhaitable dans certains pays pauvres, en revanche, il n'est pasnécessaire dans les pays à revenu intennédiaire. Cet allégement pennettrait de ne pascéder sur le principe de l'enregistrement qui a pour raison d'être le fait qu'un Etatmoderne ne peut pas se constituer, qu'une économie ne peut pas progresser sans unebase statistique. Or le premier intérêt de cet enregistrement serait de fournir une basestatistique mise à jour chaque année sur les indépendants et les micro-entreprises.Sans cette base, on ne peut pas concevoir une politique d'aide cohérente, et l'Etat nepeut pas intervenir pour des raisons légitimes d'intérêt général. On a vu, parexemple, comment il contrôlait sérieusement les normes d'hygiène dans la restau­ration sans que cela soulève de protestations ou gêne vraiment les personnesconcernées. Dans certains pays, l'ambiguïté du statut d'apprenti cache en réalité unsalarié; d'autre part, le contrôle de l'âge de l'apprenti est justifié. Par suite, unemicro-entreprise de deux ou trois actifs, qui n'a pas officiellement de salariés, nedevrait pas fonctionner sans que l'administration connaisse son existence.

Autant on peut accepter des mesures dérogatoires pour les micro-entreprises,comme les dispenses de telle taxe ou de l'application de telle norme, autant on nepeut tolérer un statut infonnel juridiquement, c'est-à-dire que des micro-entreprisesfonctionnent sans être recensées par l'administration. En l'acceptant, l'État laisse sefonner des zones d'illégalité (ou d'a-légalité) dans les quartiers pauvres urbains oùtout est pennis, y compris la récupération de produits volés, ou des réseaux de typemafieux. Ce genre de quartiers où il n'y a pas d'État, pas de droit, représentel'environnement le plus défavorable aux pauvres et à l'élévation de leur niveau devie. Contrairement à ce que certains prétendent, un état de droit constitue uneprotection pour les pauvres.

Si l'on objecte qu'en imposant l'enregistrement on suscite un second secteurinfonnel, c'est parce que l'on a utilisé souvent celui-ci comme instrument pour fairerespecter des obligations fiscales ou autres inadaptées aux micro-entreprises. Ducoup les gens cherchent à éviter ces obligations en ne se faisant pas enregistrer. Il ya donc une complémentarité entre la réforme du cadre institutionnel, du système

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fiscal et le caractère obligatoire de l'enregistrement. Une réforme allant dans le sensd'un allégement des obligations est indispensable pour que la formalité del'enregistrement soit respectée.

Les normes d'hygiène, de sécurité et de qualité ne peuvent pas être rejetées apriori en raison de la pauvreté en ressources des micro-entreprises. Comme nousl'avons vu, les autorités font respecter dans plusieurs pays des normes d'hygiènedans la restauration sans que cela freine le développement de ce secteur. Ces normes,comme celles de sécurité en cas de travaux dangereux (pour le travail du métal, parexemple) sont justifiées par des considérations de santé publique. L'État ne peut paspermettre des risques d'empoisonnement ou d'accident graves pour les personnes quitravaillent ou pour le voisinage, même s'il s'agit de micro-entreprises. Les enquêtesmontrent que ces normes sont généralement acceptées pourvu que les personnesconcernées en voient l'utilité. Ainsi, en Thai1ande, les entrepreneurs comprennent lebien-fondé des normes d'hygiène ou de sécurité mais contestent des normesd'environnement. De même, en Tunisie, une norme de qualité pour les tapis n'estpas contestée parce qu'elle représente une garantie indispensable à la vente. Cesexemples montrent que les normes peuvent même aider les micro-entreprises à sedévelopper en donnant à leurs produits ou à leurs services une meilleure réputation.Ces normes ont, de plus, des effets d'entraînement sur l'industrie. Ainsi, en Algérieoù l'administration fait respecter l'obligation d'avoir un réfrigérateur adapté dans lapetite restauration, plusieurs entreprises locales produisent ce genre d'équipement.Certes, il paraît difficile d'imposer à des artisans ou à des commerçants ayant trèspeu de ressources, les mêmes normes qu'aux moyennes et grandes entreprises. Maison peut résoudre ce problème en assouplissant les normes et en aidant les micro­entreprises. Les motifs de santé publique ou de protection du consommateur doiventêtre pris en compte à deux niveaux différents, l'un proche de celui des paysdéveloppés pour les moyennes et grandes entreprises (une égalité de traitementpouvant être demandée par les pays développés lorsque ces entreprises exportent),l'autre adapté aux micro-entreprises et à leur clientèle. En l'occurrence, il vautmieux établir pour ces entreprises des normes moins strictes et moins coûteuses touten les contrôlant sérieusement qu'avoir l'ambition d'appliquer les mêmes normes àtoutes les entreprises et laisser dans la pratique beaucoup de micro-entreprises n'enrespecter aucune. D'autre part, si l'entrepreneur est trop pauvre pour acheter, parexemple, un appareil imposé par un règlement, une aide financière de l'État peut sejustifier puisque cette mesure a une incidence positive sur le bien-être collectif. Parailleurs, des exemples comme celui de la Tunisie prouvent qu'une administrationpeut faire respecter efficacement certaines normes sans que cela gêne les micro­entreprises. Dans la mise au point de ce système minimal de normes, il faut régler leproblème des emplacements. Dans beaucoup de pays, les entreprises se plaignent derestrictions qui les empêchent d'accroître leur clientèle. Ce point est important carl'insuffisance de la demande est souvent le premier obstacle à la croissance desmicro-entreprises. Il faut donc examiner pourquoi on leur interdit certains empla­cements et supprimer ces interdictions excepté si elles sont justifiées par des raisonsd'ordre public, des normes de sécurité ou d'autres raisons valables. Il y a certai­nement des progrès à faire dans ce domaine car certaines interdictions nes'expliquent que par le jeu de groupes d'intérêt (comme les commerçants du secteurmoderne) ou le souci de décorum des dirigeants qui veulent cacher aux étrangers desactivités qui révèlent le retard économique de leur pays.

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Des améliorations substantielles du système fiscal sont également possibles etnécessaires. La première exigence est celle d'une administration honnête et efficace.Les exactions commises par des contrôleurs du fisc ou des policiers aux dépensd'indépendants ou de petits entrepreneurs qui n'ont pas les moyens, culturellement,socialement et politiquement, de se défendre, devraient être combattues par lesautorités. Ces exactions sont fréquentes dans certains pays, comme on l'a vu, qu'ils'agisse d'amendes indues que doivent verser aux policiers les chauffeurs de taxi etde camions, ou de taxes illégales. D'autre part, les incohérences sont aussiinadmissibles, comme celle d'imposer tous les artisans dans une rue et d'oublierceux installés dans les rues voisines.

La seconde exigence est d'adapter le système fiscal aux spécificités des micro­entreprises. On ne peut établir un impôt comme la TVA s'il n'existe aucunecomptabilité, ou demander une somme forfaitaire et constante chaque année à despersonnes dont les bénéfices varient beaucoup d'une année à l'autre. L'imposition deces micro-entreprises est évidemment une gageure pour l'administration fiscale. 11est très difficile de fixer un impôt proportionnel au bénéfice alors que l'on nedispose pas de la moindre information. Dans l'ignorance, l'administration prélève unforfait qui paraît très injuste aux contribuables parce qu'il peut varier dans un rapportde un à dix en proportion du bénéfice. La première règle devrait être celle d'unesimplicité extrême. Comme on l'a vu, la raison principale pour laquelle les contri­buables ne paient pas les divers impôts est le manque d'information. Il y a làmanifestement un problème culturel: l'administration fiscale édicte des réglemen­tations incompréhensibles pour la majorité des entrepreneurs en raison de leur niveaud'études et de leurs préoccupations immédiates (trouver des clients et produire).D'autre part, il est impossible d'imposer à tous la même fiscalité; il faut distinguerles indépendants, les micro-entreprises de deux à dix actifs et les plus grandes (onzeà 20 actifs).

Pour les indépendants, la meilleure solution est celle que l'on a observée dansla plupart des cas, l'absence de toute imposition. On peut seulement leur faire payerdes redevances, comme un droit pour vendre sur un marché aménagé ou pour utiliserun atelier. Il ne s'agit pas d'impôt mais de payer un service qu'un travailleurindépendant ne peut se procurer autrement. Les collectivités locales qui leurfournissent ce service l'aident en investissant dans des infrastructures et en subven­tionnant l'opération.

Cette proposition ne concerne pas seulement les indépendants. D'une manièreplus large, il serait souhaitable de lier plus systématiquement la fiscalité à l'offre deservices publics, en transformant certaines taxes en redevances, les versements étantproportionnels aux services fournis.

Dans le cas le plus favorable, celui des plus grandes micro-entreprises (onze à20 actifs) des pays à revenu intermédiaire, on peut éventuellement leur demanderune comptabilité élémentaire ; mais cela ne paraît réalisable que dans certainssecteurs. Cette pratique s'observe en Algérie et ne paraît pas gêner particulièrementles chefs d'entreprises. Dans ce cas, l'application de la TVA est possible, ce qui iraitdans le sens d'une intégration progressive de ces entreprises au secteur formel (parcequ'elles sont obligées de tenir une comptabilité et d'avoir des relations officiellesavec leurs fournisseurs). Ainsi, l'extension de la TVA aux micro-entreprises de onzeà 20 actifs pourrait dans certains cas être souhaitable.

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Pour les micro-entreprises de deux à dix actifs, une taxe unique au niveaunational paraît être la meilleure solution pour des raisons de simplicité. La difficultétient au calcul d'une taxe de caractère forfaitaire puisque ces entreprises n'ont pas decomptabilité. Les contribuables se plaignent que cette taxe ne baisse pas si lesrecettes diminuent, ou qu'elle augmente automatiquement chaque année comme enThaïlande même si les recettes ne progressent pas. Pour éviter ces plaintes, lameilleure solution est une taxe indirecte qui varie comme le chiffre d'affaires, parexemple une taxe assise sur la consommation d'électricité pour les secteurs qui enutilisent beaucoup et en proportion de leur activité. Toutefois, cette solution n'est pasadaptée à tous les secteurs. D'autre part, il faut fractionner le versement en plusieurséchéances dans les pays pauvres parce que le montant annuel y paraît insupportable.Cela n'est pas nécessaire dans des pays à revenu intermédiaire comme la Thaïlande,où certains contribuables se plaignent au contraire de perdre du temps parce qu'ilsdoivent régler quatre échéances par an.

Lorsqu'il existe un impôt forfaitaire (et non une taxe sur un intrant), il semblesouhaitable d'accorder des exemptions aux entreprises qui viennent d'être créées. Eneffet, les réponses aux questions sur les obligations fiscales montrent que lesentreprises nouvelles ont beaucoup de mal à respecter celles-ci. Comme on l'a vu, lemanque de moyens financiers est le premier obstacle à la création d'entreprises, cequi justifierait des exemptions sur trois à cinq ans, par exemple, consenties à titrepersonnel. Il serait aussi indispensable d'accorder des exemptions à l'ensemble desmicro-entreprises en cas de mauvaise conjoncture générale. Certes, il existe dans lesbonnes années une capacité contributive, notamment dans les micro-entreprises detaille moyenne ou supérieure (soit six à 20 actifs). Mais il n'existe pas enpermanence et dans toutes les micro-entreprises une telle capacité. Il faudrait doncimaginer un système fiscal souple qui s'adapterait aux capacités contributivesvariables de ces entreprises.

Pour la fiscalité locale, il est nécessaire d'être attentif aux comportements desmunicipalités. Souvent, la réduction des financements par l'État dans les années 80 aconduit les autorités locales à augmenter leur fiscalité au point que son poids dépassecelui de la fiscalité centrale et gêne le développement des micro-entreprises. Lameilleure solution serait la conversion de ces taxes locales en redevances, ce qui estlogique puisque l'une des raisons d'être de ces taxes est de financer des services auxentreprises. Avec la formule de la redevance, ces prélèvements seraient mieuxacceptés et l'État pourrait imposer la transparence des budgets pour chaque serviceafin que tous connaissent les coûts et les sources de financement. Ce serait un moyenpour intégrer les micro-entreprises à la vie politique locale en les associant aucontrôle de ces budgets.

Le droit du travail ne concerne qu'une partie, parfois la minorité, des micro­entreprises, celles qui ont des salariés. Il s'agit d'un sujet délicat car l'État, mêmes'il veut favoriser le plus possible ces entreprises, ne peut pas cependant tolérern'importe quelle pratique, comme le travail de nuit pour les jeunes et les femmes.Dans certains cas, aucune exemption n'est possible pour une catégorie d'entreprises,qu'il s'agisse de micro-entreprises ou de grandes entreprises. Par ailleurs, cesinterventions ne doivent pas perturber un cadre de relations traditionnel où jouentdes formes de solidarité qui peuvent être plus adaptées aux micro-entreprises que lesystème officiel de sécurité sociale. Par exemple, le patron qui ne paie pas les

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cotisations à la sécurité sociale promet parfois à ses salariés de leur rembourser desdépenses de santé. Comme on l'a souligné, les relations humaines entre un patron etses deux salariés qui travaillent et prennent leurs repas avec lui tout au long del'année, n'ont pas de rapport avec les relations d'un patron et ses 100 salariés.

Il existe des normes de santé publique qui justifient un contrôle de l'État :celui-ci ne peut pas tolérer des conditions de travail si dangereuses que l'onenregistre chaque mois de nombreux décès ou accidents graves parmi les employésdes micro-entreprises. Ce principe concerne d'ailleurs toutes les entreprises. Lesexemples d'un incendie en Thai1ande dans une usine de jouets qui a fait plus de200 morts en mai 1993 puis celui de l'effondrement d'un hôtel de luxe montrentqu'il est aussi indispensable de faire respecter les normes de sécurité par les grandesentreprises que par les micro-entreprises. L'État a de nombreux moyens pour aiderles micro-entreprises, mais il ne peut pas opter dans ce domaine pour un laissez-fairetotal dont les entrepreneurs risqueraient d'abuser, étant donné qu'il existe souventune frange de la population urbaine qui vit dans de telles conditions de misèrequ'elle est prête à tout accepter pour avoir un emploi. Les enquêtes montrent quedans certains cas l'administration fait observer des règlements dans ce domaine etque cela n'est pas une entrave au fonctionnement des micro-entreprises; ainsi, enTunisie, 70 pour cent des entreprises de mécanique respectent les règles d'hygiène etde sécurité, ce qui ne les a pas empêchées, pour la majorité, d'accroître leur activitéde 1989 à 1992.

En revanche, les deux autres problèmes, salaire minimum (ainsi que durée dutravail et heures supplémentaires) et sécurité sociale, sont plus délicats. Pour lesalaire minimum, on a constaté tous les moyens qu'a l'entrepreneur pour contournerla législation : il garde comme apprenti un ouvrier qui devrait être salarié, ou il luifait faire des heures supplémentaires non rémunérées, ce qui revient à allonger ladurée officielle de la semaine de travail sans compensation. Une autre solutionconsiste à transformer le salarié en tâcheron. Ces exemples montrent que chaque foisque l'État impose un salaire nettement supérieur au niveau d'équilibre sur le marchédu travail non ou peu qualifié, il va inciter à ces pratiques qui annulent dans laréalité les effets de sa décision. Évidemment, l'autre solution consiste à choisir untaux inférieur à l'équilibre, taux que tous vont respecter, mais cette mesure ne sert àrien. Étant donné le grand nombre d'entreprises concernées, la situation sur lemarché du travail non ou peu qualifié et le type de relations personnelles qui sedéveloppent dans une entreprise de trois ou quatre salariés, on peut se demander sitoute tentative d'imposer un salaire minimum n'est pas illusoire, à moins qu'elle selimite à prendre le taux d'équilibre comme référence. Lorsque l'on constate que laplupart des entreprises de l'échantillon n'accordent le salaire minimum au sens strict(c'est-à-dire pour l'horaire légal) qu'à une minorité de salariés, cela signifie que cessalariés ont acquis une qualification et que ces salaires seraient versés à cespersonnes même en l'absence d'une législation sur le salaire minimum. Si l'État veutrelever les salaires dans les micro-entreprises, il semble que les moyens les plusefficaces consistent à modifier l'équilibre du marché. Le contrôle des naissancescomme les progrès d'une scolarisation jusqu'à 16 ans donnant de vraies qualifi­cations, par exemple, ou le freinage de l'exode rural par le développement del'agriculture, permettent de réduire l'offre de main-d'oeuvre non qualifiée en zoneurbaine, notamment le nombre de jeunes non qualifiés que ni les moyennes ou

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grandes entreprises ni le secteur public ne veulent embaucher. Cette analyse de lapolitique du salaire minimum ne signifie pas qu'un salaire officiel égal au tauxd'équilibre ne serait pas utile. Dans un contexte où beaucoup d'actifs non qualifiés,notamment des jeunes ou des femmes, sont dans une situation très difficile, laréférence à un tel salaire peut les aider à obtenir ce niveau légal au lieu d'acceptern'importe quel salaire en raison de circonstances exceptionnelles. D'autre part, enélevant le niveau scolaire des salariés, on leur permet de mieux connaître et défendreleurs droits. Toutefois, cette réflexion sur le salaire minimum doit tenir compte durôle important que les micro-entreprises jouent en matière de formation. Souvent,elles accueillent des jeunes rejetés par le système scolaire qui n'ont plus aucunespoir de suivre un enseignement professionnel ni d'être embauchés par lesmoyennes ou grandes entreprises. Pour ces jeunes, la formation au sein des micro­entreprises représente la dernière chance pour acquérir une qualification et échapperau chômage. Dans ces conditions, il est normal que ces jeunes soient payés pendantplusieurs années en dessous du salaire minimum et l'État ne doit pas méconnaître lavaleur de cette formation et imposer le respect d'un salaire minimum.

L'affiliation obligatoire à la sécurité sociale est un autre problème difficile.Faut-il imposer cette réglementation ou en dispenser les micro-entreprises en faisantconfiance aux formes de solidarité traditionnelles ? L'exemple de l'Équateur nousfournit deux éléments de réponse. D'abord, il faut prévoir des conditions spécialespour les micro-entreprises, par exemple un taux très faible de 5 pour cent au lieu de20 pour cent pour les autres entreprises, ce qui implique, d'une part, un versementcomplémentaire par l'État, d'autre part, des prestations plus modestes. Ensuite, ilfaut tenir compte de la taille de l'entreprise : ce qui est supportable pour uneentreprise de onze à 20 actifs ne l'est pas pour les plus petites (deux à cinq actifs). Ilfaut donc combiner la sécurité sociale avec les pratiques de solidarité traditionnellesen ne rendant obligatoires les cotisations qu'à partir d'une certaine taille. Mais cetobjectif de protection minimale ne doit pas être abandonné. En effet, il est plusimportant du point de vue social que le salaire minimum. C'est la maladie, ou levieillissement qui condamnent souvent à la misère les employés des micro­entreprises et leur famille. L'État peut jouer un rôle décisif en assurant cetteprotection par ses propres contributions complémentaires et l'obligation de cotiserimposée aux « grandes » micro-entreprises. Cette politique conduirait à établir undouble filet de sécurité, l'un plus généreux pour les fonctionnaires et les salariés desentreprises de plus de 20 personnes, l'autre plus modeste pour les salariés desmicro-entreprises ayant de cinq (ou dix) à 20 actifs. Ce second filet constituerait enquelque sorte une étape intermédiaire entre le système de solidarité traditionnelle(pour les plus petites micro-entreprises) et le système moderne de sécurité sociale.Cette proposition ne peut être mise en oeuvre que si le taux de cotisation pourl'employeur reste très faible, 5 pour cent semble la limite. Sinon, les chefsd'entreprises tireront parti de la situation sur le marché de l'emploi pour éviter cetteobligation en faisant passer le salarié pour un apprenti ou en le considérant commeun indépendant. Excepté le cas d'économies très dynamiques comme la Thanande,où les entrepreneurs ont parfois des difficultés à trouver la main-d'oeuvre dont ilsont besoin, il faut voir à quel point les conditions du marché sont défavorables auxsalariés. Les réglementations ne peuvent pas changer ces conditions et l'obligationd'une cotisation plus élevée sera facilement contournée parce qu'il y aura toujoursdes demandeurs d'emplois prêts à accepter une situation d'illégalité. Ces

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propositions en matière de sécurité sociale supposent que les soins soient payants.Dans les pays comme l'Algérie et la Thaïlande, où il existe un système de santépublique qui soigne toute la population presque gratuitement, il est évident que cespropositions ne sont plus pertinentes, le problème du financement des soins seposant dans des termes tout à fait différents.

L'environnement des micro-entreprises comprend également leurs autresrelations avec le secteur public ou avec le secteur moderne. Le premier domaine oùune amélioration des relations entre ces entreprises et le secteur public serait facileconcerne les commandes publiques. Les enquêtes ont indiqué à la fois la faiblesse dece genre de relations et les raisons de celles-ci. Non seulement il faut fractionner lescommandes, ce qui va de soi puisque l'on a affaire à des entreprises qui ont defaibles capacités de production, mais il faut adapter les procédures. Un seuldocument devrait être exigé, l'enregistrement, dont nous avons vu la nécessité.Ensuite, les termes du contrat devraient être rédigés d'une manière simple, accessibleaux petits artisans. Une information gratuite devrait être largement diffusée car cespersonnes n'ont ni le temps ni les moyens d'obtenir une information en quelquesorte réservée. Enfin, le paiement immédiat (sous cinq jours, par exemple) devraitêtre la règle. Comme on le sait, dans les pays en développement, comme dans lespays développés, la longueur des délais de paiement caractérise les administrationspour des raisons de procédure ou même d'insolvabilité temporaire. Or les micro­entreprises manquent presque toujours de fonds de roulement ; elles sont doncexclues automatiquement des marchés publics si l'administration ne paie pasrapidement. D'autre part, il est indispensable que les marchés publics soientvraiment ouverts, c'est-à-dire que l'on élimine toute pratique de corruption. Lorsqueces pratiques existent, il est évident que les micro-entreprises sont de nouveauexclues car les entreprises plus grandes ont plus de moyens financiers et de relationspour acheter des complicités. Il faut donc lutter contre la corruption dans lescommandes publiques, une recommandation aussi pertinente pour certains paysdéveloppés que pour des pays en développement. Naturellement, ces propositionsconcernent aussi les collectivités locales qui sont souvent plus proches des micro­entreprises et font des commandes moins importantes.

L'autre type de relations entre les micro-entreprises et le secteur public quimérite l'attention concerne l'offre de biens et services publics. Dans tous les pays, lesecteur public et parapublic fournit des services aux micro-entreprises, qu'il s'agissed'infrastructure, d'eau, d'électricité, etc. Un mauvais fonctionnement ou des tarifsdiscriminants gênent particulièrement les micro-entreprises. Par exemple, s'il y afréquemment des coupures de courant électrique, les grandes entreprises peuventacheter des groupes électrogènes tandis que les micro-entreprises sont empêchées deproduire. Des tarifs dégressifs, en fonction de la consommation, les défavorisent sielles sont en concurrence avec des entreprises plus grandes. Dans les pays socia­listes, comme on l'a vu avec l'exemple algérien, ce problème de relations en amontest beaucoup plus aigu. Les micro-entreprises dépendent du secteur parapublic pourla majeure partie de leur approvisionnement ; or elles sont systématiquementhandicapées par rapport aux entreprises plus grandes, notamment les entreprisesd'État, et souffrent le plus des situations de pénurie. La réforme des circuits d'appro­visionnement et leur libéralisation constituent donc des mesures indispensables, enrégime socialiste, si les autorités veulent stimuler le développement des

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micro-entreprises. Quelle que soit l'idéologie du régime, la libéralisation des circuitscommerciaux pour les intrants et les équipements est la condition de cedéveloppement.

Un autre aspect également important de l'environnement institutionnelconcerne les relations entre les micro-entreprises et les banques ou les grandesentreprises. Les sept enquêtes ont toutes abouti au même constat : les mécanismesinformels de financement représentent une aide insuffisante alors que les problèmesde financement constituent dans plusieurs pays, selon les personnes interrogées, unobstacle majeur au développement de ces entreprises. Il est donc clair que seules desinstitutions bancaires ad hoc peuvent contribuer à résoudre ces problèmes.L'exemple de l'Équateur où beaucoup plus d'entreprises ont emprunté aux banquesque dans les autres pays y compris celles de un à cinq actifs, en raison de laprésence de caisses d'épargne coopératives, est intéressant. Par ailleurs, en Tunisie,les prêts accordés au titre du FONAPRAM (Fonds national pour la promotion del'artisanat et des petits métiers) sont plus fréquents que les prêts bancairesclassiques, même si les fonds dont dispose le FONAPRAM sont très supérieurs auxdemandes satisfaites. Or, le FONAPRAM procure les fonds mais ne prête pasdirectement aux artisans, la gestion des prêts ayant été réservée aux banques. Notreenquête, comme celle réalisée en 1987 par l'Office de l'emploi, montrent que denombreux blocages expliquent cette sous-utilisation des fonds disponibles alorsmême que beaucoup de micro-entreprises manquent de moyens de financement. Lesentrepreneurs sont mal informés sur les possibilités d'emprunt; les banques exigentla carte professionnelle qu'ils n'ont souvent pas, elles exigent des dossiers quel'artisan ne sait pas préparer, des garanties sur les biens propres de l'artisan, lapreuve de sa qualification professionnelle ou la preuve de la rentabilité du projet.Ainsi, les banques agissent avec ces micro-entreprises comme si elles avaient affaireà une moyenne ou grande entreprise. Cela prouve qu'il faut créer des banquesspécialisées pour prêter aux artisans et utiliser les fonds qui leur sont réservéscomme ceux du FONAPRAM ou d'autres institutions de crédit plus proches desformes traditionnelles de financement. Ces banques recruteraient des assistants (quipeuvent être d'anciens chefs de micro-entreprises) connaissant bien le milieu desartisans, qui aideraient le petit entrepreneur à présenter un dossier et à faire ses choixd'investissement; les procédures pour le dossier et les garanties seraient simplifiéeset aménagées (par exemple, l'hypothèque ne pourrait concerner que l'équipementacheté avec le prêt, ce qui minimiserait le risque pour l'artisan s'il ne peut pasrembourser). Si chacun de ces assistants s'occupait seulement d'un secteur d'activité,progressivement il connaîtrait bien la conjoncture dans ce secteur, les perspectives decroissance, les produits et les technologies et les réputations des artisans. Cesconnaissances permettraient de prêter beaucoup plus que dans le système bancaireclassique, sans accroître trop des risques qui seraient couverts par des fonds commele FONAPRAM. Il est certain que ce type de banques, avec un fonds spécial pourles ressources, et des caisses d'épargne coopératives sont deux solutions à exploreren parallèle si l'on veut résoudre le principal problème des micro-entreprises.

Cette revue de toutes les mesures à prendre pour favoriser la création puis ledéveloppement des micro-entreprises montre qu'il y a là un large champ d'action.Celui-ci dépasse les simples aménagements de la réglementation parce que seul ungouvernement peut changer, par exemple, les relations entre le système bancaire et

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ces entreprises. Ce faisant, il résout un problème de financement par deschangements institutionnels. De même, en modifiant l'organisation des commandespubliques, il accroît les débouchés pour les micro-entreprises, contribuant ainsi àrésoudre en partie un problème de demande. Il ne faut donc pas avoir une conceptionétroite du changement institutionnel en le limitant aux réglementations, maisconsidérer tous les changements institutionnels qui ont une incidence favorable pources entreprises. Il est clair que les autres agents du secteur moderne, comme lesbanques, les grandes entreprises, les unions patronales et les syndicats de salariés dusecteur moderne, se soucient de leurs intérêts, et non de ceux des micro-entreprises.Seul l'État peut prendre des initiatives pour résoudre le problème du financement pardiverses interventions : définition de nouvelles formes de caution dans le cadred'associations, par exemple, garantie des droits de propriété pour les micro­entreprises et système d'assurance en cas de défaillance des débiteurs. Ces exemplesmontrent que des mesures institutionnelles peuvent contribuer à résoudre le problèmefinancier des micro-entreprises. Ainsi, un obstacle qui apparaît au premier abordéconomique se révèle être, à un second niveau, d'ordre institutionnel, ce qui prouveque le champ des réformes institutionnelles est beaucoup plus large qu'il ne paraît àla seule lecture des réponses des micro-entrepreneurs.

C'est aussi l'État qui peut inciter les artisans à créer des associations paractivités pour défendre leurs intérêts, éventuellement pour organiser des achatsgroupés à de meilleures conditions, pour obtenir des contrats d'assurance et pourvulgariser et diffuser l'information. Ce problème d'information est crucial parce quele petit entrepreneur manque de temps et n'a pas, le plus souvent, le niveaud'instruction requis pour lire et interpréter les textes réglementaires. Il faut donc faireorganiser des programmes de diffusion de l'information conjointement par lesadministrations, les associations professionnelles et les banques spécialisées, enutilisant tous les moyens disponibles (médias, brochures très simples, visited'assistants de banques, etc.). Dans le même esprit, un office de l'artisanat pourraitorganiser des cycles de formation en deux ou trois jours où l'on enseignerait lespoints essentiels pour tout responsable d'une micro-entreprise (calculer les coûts derevient, enregistrer les recettes et dépenses, gérer ses stocks, etc.). Ce genre deformation devrait rester toujours très élémentaire, au seul niveau de ,quelqu'unsachant lire et écrire. On peut même aller plus loin en souhaitant que l'Etat prenneen charge d'une manière systématique et gratuitement la formation de la main­d'oeuvre, notamment des chefs de micro-entreprises. Il s'agit, d'une part, del'enseignement primaire qui devrait scolariser tous les enfants, car l'artisan qui nesait ni lire ni écrire sera toujours handicapé dans la gestion de son entreprise, mêmes'il connaît bien son métier. Il s'agit, d'autre part, des facilités de formationprofessionnelle sous la forme de stages courts (pour faire connaître, par exemple, unnouvel équipement plus performant ou enseigner des rudiments de comptabilité) etdes facilités d'information pour tous les sujets qui concernent le responsable demicro-entreprise (obligations fiscales, commandes publiques, sources de finan­cement, possibilités de sous-traitance, etc.). En effet, l'un des résultats les plusintéressants des sept enquêtes est que très souvent, et sur de nombreux sujets, lespersonnes répondent qu'elles ne sont pas informées. Le monde des micro-entreprisesest manifestement coupé des réseaux d'information auxquels les autres entreprisesont accès. Il est évident que l'État est responsable de cette coupure et qu'il luiappartient d'y porter remède à tous les niveaux (de l'enseignement primaire aux

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stages) et par tous les moyens (qu'il s'agisse de l'enseignement, de diffuser desbrochures ou d'utiliser la télévision). Changer l'environnement de ces entreprises enles faisant accéder à l'information est probablement l'une des actions les plusefficaces que l'État puisse mener pour développer ces activités traditionnelles.

D'après les réponses collectées, il apparaît aussi que dans certains cas, lacréation de zones urbaines réservées aux micro-entreprises peut être souhaitable,l'État finançant toutes les infrastructures requises qui font souvent défaut dans lesquartiers pauvres où se trouvent les micro-entreprises. La réaction des entrepreneursau Swaziland est significative: beaucoup seraient prêts à payer une redevance pourdisposer d'ateliers plus grands, propres et bien aménagés.

L'exemple de l'Équateur pose enfin le problème du statut de l'artisanat. Allantau-delà d'aménagements des règlements en fonction des besoins des micro­entreprises, l'État doit-il promulguer, comme c'est le cas dans ce pays, un statutspécial qui fait des artisans une catégorie à part juridiquement ? Après avoir fourniplusieurs documents, le candidat doit prouver sa qualification en remplissantplusieurs conditions : travail pendant plusieurs années comme apprenti ou ouvrier,examen de culture générale et présentation d'une monographie. Une fois reconnu,l'artisan bénéficie de nombreuses mesures de faveur : crédits réservés à desconditions favorables, exonérations fiscales, dispositions particulières pour la main­d'oeuvre et avantages sur les marchés par rapport aux entreprises plus grandes. Lesrésultats de l'enquête en Équateur laissent penser que ce statut a plusieurs effetsfavorables pour les micro-entreprises. Toutefois, il faut être conscient de sesinconvénients : par les conditions exigées, on exclut inévitablement une partie desmicro-entreprises. Le même mécanisme joue à la fois dans le sens de la protection etde l'exclusion. Les artisans refusés vont travailler soit hors de tout cadre légal, soitdans le cadre du régime commun à toutes les entreprises. Si l'on voulait leurinterdire de travailler, il faudrait revenir aux pratiques des corporations qui béné­ficiaient de monopoles comme dans la France du XVIIe et du XVIIIe siècles. Mêmesi l'activité des artisans qui ne sont pas reconnus est tolérée, l'existence de ce statutentraîne un dualisme qui présente beaucoup d'inconvénients. En effet, nous avonsmontré la nécessité pour diverses raisons de faire respecter un minimum de normes,d'enregistrer toutes les micro-entreprises, et nous avons proposé des schémas quiintègrent progressivement ces entreprises dans le cadre légal. Tout cela estimpossible dès lors que l'on institutionnalise le dualisme en créant un statut de typecorporatiste. Ces critiques ne doivent pas conduire à une conclusion entièrementnégative. Si le nombre de micro-entreprises marginalisées par ce statut est faible et sicelui-ci favorise efficacement le développement des micro-entreprises reconnues,comme c'est le cas semble-t-il en Équateur, le bilan peut être au total positif. On nedoit donc pas rejeter a priori toute réforme institutionnelle de ce genre, qui peut êtreacceptable dans un contexte particulier, mais il ne faut pas ignorer les inconvénientssérieux qu'elle entraîne.

Il faut enfin que l'État change en quelque sorte les habitudes et les mentalités.Dans beaucoup de pays, les gouvernements ont pris depuis des décennies desdécisions privilégiant les grandes entreprises dans l'idée qu'il fallait construire unebase industrielle comparable à celle des pays développés. Souvent, les adminis­trations ont multiplié les réglementations en imitant celles de pays plus développés,réglementations inadaptées aux micro-entreprises (sans parler des abus de pouvoir

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commis par certains fonctionnaires qui profitent de la condition sociale inférieuredes indépendants ou des petits entrepreneurs). Cette politique a engendré une grandeméfiance à l'égard du secteur public dans ces pays; c'est ce sentiment que résume laréponse de nombreux artisans tunisiens qui ne demandent à l'État qu'une chose,qu'il les laisse tranquilles. Il faut dans ces cas mener une action à long terme pourrenouer des relations de confiance entre les administrations et les micro-entreprisesen même temps que l'on modifie le cadre institutionnel dans le sens que l'on aindiqué.

Il faut, pour conclure cet ensemble de recommandations, voir quelle aide lespays donateurs peuvent apporter à l'aménagement d'un cadre institutionnel plusfavorable aux micro-entreprises. Une intervention très souhaitable, à l'évidence,serait de financer des banques spécialisées et des caisses d'épargne coopérative. Tantque le manque de financement est un obstacle important au développement desmicro-entreprises, il faut intervenir dans ce sens au lieu de croire que deschangements de règlements suffisent pour résoudre tous les problèmes. Cette inter­vention est particulièrement nécessaire dans les pays pauvres où les États, qui ontaccumulé des déficits budgétaires, manquent de moyens. Il ne suffit pas de transférerdes fonds, il faut aussi offrir une assistance technique pour mettre en place puis aiderces banques et ces caisses pendant de nombreuses années jusqu'à ce qu'elles soientviables. Les pays donateurs sont plus habitués au financement de grands projetsindustriels ou d'infrastructure, qui requièrent beaucoup de capitaux, alors que cesopérations de crédit se situent à une petite échelle ; il faut assez peu de ressources(du moins à l'échelle des pays donateurs), mais beaucoup de personnel qualifié, ycompris étranger. La présence de ces coopérants techniques est aussi souhaitablepour veiller à ce que tous les crédits bénéficient effectivement aux micro-entreprises.En effet, étant donné les rapports de force socio-politiques dans certains pays, onpeut craindre des détournements de fonds au profit d'entreprises plus grandes ou defonctionnaires qui utilisent des prête-noms pour emprunter.

La seconde intervention possible peut se faire dans le cadre des programmesd'ajustement structurel. Les prêts de la Banque mondiale pour ces programmes sontsouvent accompagnés par des prêts bilatéraux pour le même objet. A cette occasion,les pays donateurs peuvent demander des changements de réglementation ou mêmecompenser par leur aide les mesures qui ont un coût, comme la suppression d'unetaxe levée sur les micro-entreprises ou l'exonération de tout impôt pendant cinq anspour les nouvelles entreprises. Ils peuvent de même financer le système de sécuritésociale allégé que nous avons proposé, puisque la cotisation patronale (5 pour cent)devrait être complétée par un versement public équivalent. Les sommes en jeu sonttrès faibles (moins de 0.2 ou 0.3 pour cent du PIB du pays aidé) étant donné leniveau des salaires versés par les micro-entreprises. Ce financement, qui seraitensuite repris en charge progressivement par l'État, permettrait de réduire la pauvretéen garantissant en cas de maladie ou de vieillesse, un minimum de prestationssociales aux salariés des micro-entreprises et à leur famille. En offrant pendantquelques années un financement gratuit, les pays donateurs permettraient la créationde ce système de sécurité sociale allégé, ce qui est la décision essentielle.

Nous avons donné seulement quelques exemples d'interventions possibles,mais il est clair que les pays donateurs peuvent jouer un rôle incitatif déterminantdans tous les aspects de l'environnement institutionnel. Pour jouer ce rôle, ils

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doivent engager des moyens humains importants, qu'il s'agisse d'assistancetechnique ou de missions d'études. En effet, ces micro-entreprises représentent unensemble très complexe et très diversifié, de réalités économiques, sociales etpolitiques que les étrangers connaissent souvent très mal. Il leur est beaucoup plusfacile de fréquenter les dirigeants des grandes entreprises et des administrations et detravailler avec eux. Mais il n'y a pas d'intervention efficace possible en faveur desmicro-entreprises si l'on ne fait pas un effort à long terme pour mieux connaître leurfonctionnement. Les sept enquêtes sur lesquelles s'appuient ces conclusionsapportent d'ores et déjà la preuve que l'on peut progresser rapidement sur la voied'une meilleure connaissance de ces micro-entreprises.

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