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JUSQU' L ' UBERISATION VA-Ti-ELLE ALIER? De meilleurs services pour un prix plus bas... la révolution des applis est une aubaine pour lesconsommateurs. Maiselle risque d ' accroître le chômage et la précarité . Voici à quoi nous devons nous attendre. voir son siège parisien , un simple appartement de 200 mètres carrés perché au-dessusd ' un vendeur de scootersdansle quartier du Sentier , on imagine mal que Creads puisse faire trembler les empereurs de la publicité . «EnFrance , Publicis et Havas se partagent le gâteaudepuis trop longtemps . Il faut les bousculer! » , plastronne pourtant Julien Mechin , le cofondateur de cette start-up de40salariés.Le secretdece Robespierre 2.0 pour décapiter lesmultinationales ? Quand les agencespaient desmilliers de créatifs , lui n' en salarie aucun.Il a simplement constitué un réseau de 50000travailleurs indépendants, que lesannonceurs ( Citroën , La Poste... ) peuvent mettre en compétition en quelques clics et à moindres frais . «Seulsles dix meilleurs projets sont rétribués et nous conservons la moitié des gains» , précise le patron . Au printemps dernier , 175membresdesacommunauté ont planché sur le nom d ' une carte de crédit pour la Société générale . Premier prix pour la gagnante ?200euros.Un bel exemple d ' uberisation. UBERISATION?CENÉOLOGISMEÀ LAMODEcache un tsunami économique . Grâceà la démocratisation du haut débit , des smartphones etdela géolocalisation , des petits malins lancent partout de nouvelles platesformes en ligne, le plus souvent des applications, qui mettent enrelation destravailleurs free-lance et leurs clients sans passerpar les intermédiaires classiques. Ces croqueurs de capitaines d ' industrie serémunèrent généralement à la commission . Leurs modèles ? Airbnb , l ' hôtelier sanshôtels devenu premier logeur mondial ( 1 ,5 million de chambres), et , bien sûr , liber , l ' applicationqui abouleversélesecteur ultraréglementé destaxissanssalarieraucun chauffeuret que les investisseurs valorisent désormais autant que General Motors : 51milliards de dollars. Nombreusessont les start-up qui rêvent de faire aussibien ! «Dans un tiers des demandes d ' investissement que je reçois, le business modelestbasésurdel ' uberisation» , témoigne le serialinvestisseurMarcSimoncini ,jadis créateurdusite de rencontresMeetic. Transport, logistique, tourisme , servicesà la personne, restauration , banque et même industriedu sexe ... Cettenouvelleformed ' activitéesten train de gagner du terrain de façon fulgurante dans presque touslessecteurs. Selonles experts du cabinet Deloitte , qui la qualifient d ' économie à la demande» , elledevrait peser 100milliards dedollarsd ' ici trois ans. Certes , sonchemin n' est pas tracéd ' avance , carlavieille économiefaittout pour sedéfendrecontrel ' envahisseur. Uber etseschauffeurs , par exemple, affrontent depuis desmois sur tous les continents des caillassages , des grèves etdes procès , comme celui qui s' esttenu lemois dernierenCalifornie.Maiscesescarmouchesd ' arrièregarde ne pourront que ralentir le mouvement irrémédiablement engagé . «Bientôt , tous les intermédiaires sans valeur seront balayés», confie Stanislas de Bentzmann , le président de CroissancePlus .Faut-il s' en plaindre ou s' en réjouir ? Tout dépend de quel côtél ' on se place !Du point devue du consommateur , l ' uberisation est incontestablement une aubaine. D ' abord parce que la technologie qu' elle met en branle permet d ' améliorer les services. Grâceau système de notes et d ' appréciations mis en place sur la plupart des plates-formes, par exemple, l ' évaluation desservicesrendus est permanente, et ce Tous droits de reproduction réservés Date : 01/09/2015 Pays : FRANCE Page(s) : 86-89 Rubrique : ECONOMIE SOCIAL Diffusion : 250290 Périodicité : Mensuel Surface : 0 %

UBERISATION VA-Ti-ELLE ALIER? bien de renoncer ! Chez le leader français de la locationde voitures entre particuliers , tous les véhicules sont systématiquement notés sur un barème

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Page 1: UBERISATION VA-Ti-ELLE ALIER? bien de renoncer ! Chez le leader français de la locationde voitures entre particuliers , tous les véhicules sont systématiquement notés sur un barème

JUSQU'

L ' UBERISATIONVA-Ti-ELLE ALIER?

De meilleursservicespour un prix plus bas... la révolution desapplisest une aubaine pour lesconsommateurs. Maiselle risqued ' accroître le

chômage et la précarité. Voici à quoi nousdevons nousattendre.

voir son siègeparisien , unsimple appartement de200 mètres carrés perchéau-dessusd ' un vendeur descootersdansle quartier duSentier,on imagine mal que

Creadspuissefaire trembler lesempereurs de lapublicité. «EnFrance, Publicis et Havas separtagent legâteaudepuis trop longtemps. Il faut lesbousculer!»,plastronne pourtant Julien Mechin , le cofondateurde cettestart-up de40salariés.Le secretdeceRobespierre2.0pour décapiter lesmultinationales ?Quandlesagencespaient desmilliers decréatifs, lui n' ensalarieaucun. Il a simplement constitué un réseau de50000travailleurs indépendants, quelesannonceurs(Citroën, La Poste...) peuvent mettre en compétitionen quelques clics et à moindres frais . «Seuls les dixmeilleurs projets sont rétribués et nous conservonsla moitié desgains», précise le patron . Au printempsdernier, 175membresdesacommunauté ont planchésur le nom d ' une carte de crédit pour la Sociétégénérale.Premier prix pour la gagnante?200euros.Unbel exempled ' uberisation.

UBERISATION?CENÉOLOGISMEÀ LA MODEcacheun tsunami économique. Grâceà la démocratisationduhaut débit, dessmartphonesetdela géolocalisation,despetits malins lancent partout de nouvellesplatesformesen ligne, le plus souvent desapplications, quimettent enrelation destravailleurs free-lanceet leursclients sanspasserpar les intermédiaires classiques.Cescroqueursdecapitainesd ' industrie serémunèrentgénéralement à la commission . Leurs modèles ?

Airbnb, l ' hôtelier sanshôtels devenu premier logeurmondial (1,5million de chambres), et, bien sûr, liber ,l '

applicationqui abouleversélesecteurultraréglementédestaxissanssalarieraucunchauffeuretquelesinvestisseursvalorisent désormais autant que GeneralMotors : 51milliards de dollars. Nombreusessont lesstart-up qui rêvent defaire aussibien ! «Dansun tiersdesdemandesd ' investissement que je reçois, lebusinessmodelestbasésurdel ' uberisation», témoigneleserialinvestisseurMarcSimoncini,jadiscréateurdusitederencontresMeetic. Transport, logistique, tourisme,servicesà la personne, restauration, banque etmêmeindustriedu sexe... Cettenouvelleformed ' activitéestentrain de gagner du terrain de façon fulgurante danspresquetous lessecteurs. Selonlesexpertsdu cabinetDeloitte, qui la qualifient d ' économie àla demande»,elledevraitpeser100milliards dedollarsd ' ici trois ans.Certes,sonchemin n' estpastracéd ' avance, carlavieilleéconomiefaittout pour sedéfendrecontrel ' envahisseur.Uber etseschauffeurs, par exemple, affrontent depuisdesmois sur tous les continents des caillassages, desgrèvesetdesprocès,commecelui qui s' esttenu lemoisdernierenCalifornie.Maiscesescarmouchesd '

arrièregardene pourront que ralentir le mouvementirrémédiablementengagé. «Bientôt, tous les intermédiairessans valeur seront balayés», confie Stanislas deBentzmann, le présidentdeCroissancePlus.Faut-il s' enplaindre ou s' enréjouir ?Toutdépenddequelcôtél ' on seplace!Du point devuedu consommateur, l ' uberisation estincontestablementune aubaine. D ' abord parce que la technologiequ'

ellemet enbranle permet d ' améliorer lesservices.Grâceau systèmede notes et d'

appréciations mis enplace sur la plupart desplates-formes, par exemple,l ' évaluation desservicesrendus estpermanente, etce

Tous droits de reproduction réservés

Date : 01/09/2015Pays : FRANCEPage(s) : 86-89Rubrique : ECONOMIE SOCIALDiffusion : 250290Périodicité : MensuelSurface : 0 %

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TAXIS

A PARIS , USER A DÉJÀDYNAMITÉ LE MARCHÉEnquelquesmois, Uber, Lecabou Heetchont ringardtsélestaxisde lacapitale. Ils y exploitent plusde 4 000 véhicules.>Gain pourle consommateurSourire, bouteille d'eau, voitureimpeccable, tarif connuà'avance, moindre attente,géolocalisation du véhiculequivientvouschercher...Lesnouveauxservices n' ont que desavantages.Leprix, lui, peut être inférieurou supérieur,selon lademande.

Conséquences socialesCommeUber n' a pasde plaque àpayer pour sesvéhicules, laprofessiondénonceune concurrencedéloyale. LeserviceUberpop( n' importe qui peut s' improviserchauffeur avecsapropre voiture)a, quant à lui, été interdit.

SEXE

TOUJOURS LE PEEP-SHOW ... MAIS À DOMICILE!Terminélesclubsdouteux où l'onentre enrasant lesmurs.Désormais, lesamateursdestrip-teasepeuvent voir lesshowsproposésendirect par despros ou desmadamesTout-le-Mondesur leurécran, via dessitesspécialisés.>Gain pourle consommateurPlusconfortable, pluspropre, plusdiscret, lesystèmea deux défauts.Leseffeuilleusesen lignen' apparaissentpasen chair eten os. Et, à 4 euros laminute,lanote peut monter très vite.>Conséquences socialesEtudiantesou ménagèrespasfarouchespeuvent gagner250 eurosde l'heure. Maislessitesmasquentsouvent desusinesàcall-girls en Europede l'Est, où lesfilles sont sordidement exploitées.

système vertueux suffit à écarter sans délai lesmauvais. Vous aviez l ' intention de mettre en location surDrivy l 'épave qui dort dans votre garage ? Vous feriezbien de renoncer ! Chez le leader français de lalocationde voitures entre particuliers , tous les véhiculessont systématiquement notés sur un barème d 'une à

cinq étoiles . Et leurs propriétaires évalués àla rubriquecommentaire . «Loueur disponible , arrangeant ,réactif.. Je le recommande vivement» , indique parexemple Julie , à propos de Gaël C ., le particulier qui luia loué un fourgon Renault Master àSaint-Maur-desFossés(94) . Sur le site de Drivy , au design bien plusintuitifque ceux d 'Avis ou de Hertz , même le temps de

CRÉDITS

PLUS BESOIN DE BANQUEPOUR EMPRUNTERDenouvellesplates-formes,comme Unilendou Pret-dunion,mettent enrelation particuliersou PMEqui veulent emprunteravecceux qui peuvent prêter.

Gain pourle consommateurTout lemonde est gagnant. Lesprêteurs empochent des intérêtssouvent supérieursau marché.Lesemprunteurs, eux, sefinancentplus vite et plus facilement,sansavoir à fournir beaucoup degaranties. Lesmécanismesdecrowdfunding (dons) peuventaussiprendre le relais lorsque lesbanquesrefusent lesprojets.

Conséquences socialesTouteslesactivités bancairestraditionnelles sont remisesenquestion.A ternie , desmilliersd'

emploispourraientêtremenacés.

LIVRAISONS

N' IMPORTE QUI PEUTS' IMPROVISER COURSIERUn repasà sefaire livrer? Uncolis

déposer? Avec DeliverooouToktoktok, plus besoindecoursiersprofessionnels. Cesont desparticuliers qui font leboulot.

Gain pourle consommateurPlusde souplesse, plus derapidité(32 minutes en moyennepour Deliveroo), une facture plusfaible et lapossibilité de suivreson colis par GPS:cesnouvellesapplis sont tout bénéficepour leclient. Et comme lesporteurssont notés, ils travaillent bien!>Conséquences socialesCeserviceva permettre à desmilliers d'étudiants, de chômeursou de précairesde gagner jusqu' à25 eurosde l'heure. Parcontre,risquede fragiliser descentainesde sociétésde coursiers.

réponse moyen du loueur est répertorié . Gare à ceuxqui mettent plus de trois heures à rappeler les clients .. .

DEUXIÈME AVANTAGE : LE PRIX . Nos membres

paient en moyenne 6 centimes par kilomètre» , seféliciteFrédéric Mazzella , le P-DG de BlaBlaCar le leadereuropéen du covoiturage . Imbattable!Certes , les tarifsdes applis ne sont pas toujours plus compétitifs queceux pratiqués par les acteurs classiques , mais ils ontle mérite d 'être quasiment toujours fixés à l 'avance , ce

qui limite les mauvaises surprises . Terminé l 'arnaquedu plombier qui , sous prétexte qu'

on l 'a appelé en

urgencepour une affaire de fuite d 'eau sans prendre le

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L'

uberisationvadétruireplusd' emploisqu' ellen' encréera"

Bruno Teboul ,chargé decours à Paris-Dauphine ,coauteur de«Uberisation

miedéchirée? »(Ed . Kawa)

" Chacun va pouvoir devenir sonpropre patron , le rêve de Marx! "

temps d '

exigerun devis,enprofite pour dévaliservotreportefeuille ! SurHellocasa, une application 100%%tricolorequi met directement enréseauclients etprofessionnels, toutes lesprestations - plomberie , peinture,électricité, bricolage, jardinage - sont régléesd ' avanceet auforfait (àpartir de 69eurosle déplacement Paris,un quart decettesommerevenantàla start-up) .Mêmeprincipe chezPopmyday, une jeune poussefondéepardeux anciens d ' HEC, qui propose dessoins àdomicile(coiffure , manucure , maquillage , etc.) sept jours sursept, de 7heures à22 heures.Lesconsommateursbénéficient aussidesavantagesdela géolocalisation, présente sur une bonne partie desapplications.Sanselle,Deliveroo n' aurait jamaispu voirle jour. Cettepépite britannique a constitué un réseaude 1200coursiers indépendants (autoentrepreneurs,étudiants, sans-emploi) pour proposerauxrestaurantsqui ne disposentpasd ' un servicede livraison de servirleurs clients à domicile à leur place.D ' un simple coupd ' oeilsur son le citadin affamé peutconnaîtreentemps réel laposition géographiquedu livreuret la distance

qu'il lui resteàparcourir .De son côté, le

restaurateur,qui aaccèsauxmêmesdonnées,peutsurveillerque la commande estbien arrivée à destinationavant

qu'elle ne refroidisse. Idem chezUber, Lecabou

Chauffeur-prive : le voyageur pressévoit s' afficher entemps réel l '

emplacement desberlines lesplus procheset le temps qu'

on mettra à venir le chercher, sansdébourserun centime deplus.Ultime avantagepour les consommateurs : l ' invasiondesbarbares sur leur territoire force lesacteurstraditionnelsà se bouger. «Pour conserver leurs parts demarché, ils doivent absolument semettre auniveaudesstart-up qui les uberisent» , explique Jean-MarcLiduena, associéstratégieet innovation chezMonitorDeloitte . Ainsi , les secteurs les plus touchés, commel ' hôtellerie, font deseffortssur lesprix etcertainschauffeursdetaxi commencent àoffrir desbouteilles d ' eauàleurs clients.Et l ' Union nationale destaxis esten trainde roder en cemoment danslesrues de Bordeauxuneapplication surie modèle de celle d ' Uber.

POURCERTAINSSALARIÉS EN POSTE, par contre,l ' uberisation estunebien mauvaisenouvelle.Ellenousprécipite en effet versun monde sansCDI, où le Codedu travail risque de devenir très vite un chiffon depapier. «Historiquement , l '

organisation de la productionàvasteéchelle avait toujours supposéla mise en placed ' une entreprise, or ce n' estplus nécessaire», observel ' économisteJeanPisani-Ferry.Certes, l '

incroyablesouplessedu nouveau systèmeva offrir bien desopportunitésauxchômeurset auxprécairesqui croupissentdumauvaiscôté dela ligne.«Aterme, etsi tout sepassedemanière idéale, le progrèstechnologique pourraitpermettreàchacun dedevenir sonproprepatron et detravailleroù et quand bon lui semble. Le rêvede Marx en

somme!», seréjouit le président du think tank libéralGénérationLibre , GaspardKoenig. «Aujourd

' hui, unemère de famille qui veut travailler uniquement quandsesenfantssont couchéspeut le faire très facilement»,renchérit leP-DGdeFouleFactory,Daniel Benoilid .Enun sens, c' estune bonnenouvelle, carcelavapermettrede dynamiter la ligne rouge qui fracture depuis desdécenniesnotre marché du travail .Le problème, c' estquecetterévolution socialevasepayerauprix fort pourlesmillions de salariésen poste.

N' Y ALLONSPASPARQUATRECHEMINS:pour lemoment, uberisation rime avecprécarisation. Nonseulementlesnouveauxemployés«indépendants»nebénéficientd ' aucunegarantie,mais ils sontsouventpayésaulance-pierre. faut dire

qu'une bonne partie destâches

proposéespar lesapplis sont trèspeu lucratives. SurieTurcmécaniqued'Arnazon,parexemple,uneplate-formequi permet auxentreprisesdedéléguerdestâchesadministrativesàdesfoulesd' intemautes, letarif estlibrementfixépar ledonneur d ' ordre.Celatire lesprix verslebas.Ilfaut dire aussique les start-up imposent elles-mêmesune limitation desrémunérations (souvent33000eurospar an,leplafonddel '

autoentreprenariat)depeurdevoirleurs«employés»requalifiésensalariés.Ajoutons quelaquasi-totalité de cesjeunespoussesn' estpasrentable :Airbnb devraitperdre150millions dedollarscetteannéeet Uber trois fois plus. En casde faillite , desmilliers depersonnesverront fondre leursrevenus!Mais il y aplus grave: l ' économie àla demande risqued ' anéantir bien plus d '

emplois qu'elle ne va en créer.

«Jusqu' à présent, les cycles d ' innovation avaient

toujourspermis de compenser les postes détruits . Maiscette fois-cita donne va changer», pronostique BrunoTeboul, directeur scientifique chezKeyrus et coauteurde «Uberisation = Economie déchirée? » (EditionsKawa).Prenonsl '

exemplede la banque.SitesFrançaisseprêtent de l '

argent directement entre euxgrâceauxplates-formes de financement participatif (commeKisskissbankbank ou Lendingclub) et règlent toutesleurs opérations courantes(virements, etc.) depuis desapplications dédiées, à quoi diable pourront bienservir lesguichetiers ?Laclassemoyenneseralapremière àsouffrir delasituation.«AuxEtats-Unis,la olarisationdu mondedutravailadéjàcommencéet c' estinquiétant»,alerteJeanPisani-Ferry.D ' un côté lesentreprisesaméricaines sebattentpour attirer lesprofils lesplus rares, del ' autreellessoustraitentenmasselemaximum detâches.Ducoup,là-bas,un actif surtroistrime déjàenfree-lance.«Laplupartpréféreraientoccuperdesemplois bien payésetplussécurisés», arécemment regrettél ' ex-secrétaireauTravaildeBill Clinton, Robert Reich, pour qui l '

apparition de cesnouveaux jobs est un «cauchemar» . Pas étonnantqu' outre-Atlantique l ' uberisation soitprésentéecommeun sujetpharedelaprochaineprésidentielle.

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CRÉATIVESBI ENTOT LA FIN DESAGENCES DE PUB?

Sloganàtrouver, logo à dessiner...Depuisquelquesmois, dessitesmettent en relation lesdonneursd'ordreavecun réseaude milliersde créatifsindépendants. L'offreestproposéeà tout lemonde,chacunest libred'y répondre.

Gain pour le donneurd ' ordreFini lesfacturations lourdesetopaquesdesagences Aveccesystème, lesprestationspeuventcoûtercent fois moinscher.LaSociétégénérales' estainsioffert un nouveaunom de cartede crédit pour ..400 euros!

Conséquences socialesAgencesde pub et de com vont ylaisserdesplumes. Lescréatifsaussi, carseul levainqueurdel'appel d'offres est rémunéré.Lesautrestravaillent pour rien.

LOCATION OUD ' OBJETS

ENTRE PARTICULIERS ,C' EST MOINS CHER!DenombreuxsitescommeZylok,Ilokyouau Lamachineduvoisinproposentaux particuliersdelouer(ou de prêter) leursoutils,leurmatérielou leurséquipementsélectroménagers. Ilsrencontrentun succèsgrandissant.>Gain pourle consommateurLesystèmeestplussoupleetnettementmoinscoûteuxqu' aveclesloueurstraditionnels.Attention toutefois auxamaques,fréquentessur cessites. Lesystèmede notation et decommentairesqui permet d'écarter lesutilisateursmalhonnêtes, devraitcontribueràfaire leménage.>Conséquences socialesA terme, lessociétésde locationde matérielpourraientsupprimerdesmilliersd'

emplois.

ADMINISTRATIVESDES PETITES MAINSLIBRES ATOUT MOMENTClassementde fichiersréférencement, dépistaged'avisironiques...Cesmicrotâchestrès peuqualifiées, mais impossiblesàréaliseravecdeslogiciels, vontêtrede plusen plussouventexternalisées. DessitescommeFouleFactoryproposentde lesconfierà desmilliersdeparticuliersvolontaires. Ilsuffit qu' ilsdisposentd'un écran.

Gain pourle donneur d ' ordrePlusde souplesseet deséconomiessubstantielles.

Conséquences socialesLesystèmepermet à desmilliersde gensdans lebesoindecompléterfacilement leursrevenus( jusqu' à 3000 eurospar mois).Maisil vaprécariserun peupluslessalariésnon qualifiés.

Onn' en estpasencore%% chez nous.Pour lemoment ,nosentreprises en sont plutôt à... regarder passerlestrains.Dans un système où le premier rafle tout ( winnertakesail»), lesplates-formes dominantes ,souventaméricaines, font la pluie et lebeau temps.Certes,nouspossédonsune belle pépite : BlaBlaCar, le champion ducovoiturage, qui a levésansproblème 73 millions d '

eurosl ' an dernier pour accompagner son développementinternational . «Mais c' estun cas isolé et, pour le reste,on est encore très loin des milliards que collectent lesstart-up anglo-saxonnes» , observe Bruno Teboul.L'

explication de ce retard ?Notre lourde fiscalité , quirefroidit les business angels hexagonaux , bien sûr, labarrière de la langue (le plus souvent , les applis sontd ' abord lancées en français , ce qui ne facilite pas les

ET AUSSI

L'UBERISATION TOUCHEBIEN D'AUTRES SECTEURS

Contenusvidéo Enpermettantàchacunde partageret demonétisersesvidéos,YouTubea, lepremier, tracé lavoiede l'uberisation.Servicesàdomicile LesapplisHellocasaou Popmydayproposentdu personnelà domicilepour toutes lestâchesou presque(plomberie, coiffure, etc.).Droit Lesstart-up de conseiljuridique fleurissentsur latoileet offrent dessolutionsrapides.Habillement Plusieurssitesproposentauxparticuliersd'échangerleursvêtements.TourismeLesAirbnb Homeaway,Homeexchangeet autresdynamitentdéjà l'hôtellerie.Alimentation IIestpossiblederevendreunepartie du dînerqu' ona cuisinéchezsoi, via, entreautres, lesiteSuper-marmite.

choses)et les difficultés de nos ingénieurs àsur leurs idées et à lespopulariser.

Le plus cocasse, c' estque la solution viendra peut-êtrede nos bons vieux groupes traditionnels . Faceà ladéferlantedes start-up , certains ont en effet choisi de sejeter dans la bataille ,sanscraindre de cannibaliser leurbusiness.Pour faire revenir les jeunes bidouilleurshabituésàlouer lematériel desautres sur dessitescommeZilok ,Mr Bricolage alancé par exemplesapropre affairedeprêt d ' outils entre articuliers , Ladepanne.fr.Même

SNCF s' uberise ! Depuis qu'elle s' est offert 75%% du

capital du loueur de voitures entre particuliers Ouicar(numéro 2 en France derrière Drivy , avec 400 000membres) , tous ses clients peuvent profiter de l '

autopartage.Prenezgarde,Yankees, nous arrivons

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Date : 01/09/2015Pays : FRANCEPage(s) : 86-89Rubrique : ECONOMIE SOCIALDiffusion : 250290Périodicité : MensuelSurface : 0 %